Introduction Les premières traces d’une tradition poétique remontent à l’Antiquité, le terme poésie vient d’ailleurs du grec ποιησις. En France cette tradition s’installe à partir du Moyen-Age, avec l’apparition de formes fixes, ballades et rondeaux. Depuis, elle n’a eu de cesse de se diversifier dans ses thèmes et ses formes, mais elle s’est aussi codifiée, jusqu’à être respectée par la majorité des poètes et être érigée comme modèle à suivre. Effectivement le paysage poétique est monochrome, le talent des poètes s’exprime sous couvert de codes strictes. Or Sylvain Tesson écrit, dans Un été avec Rimbaud : « Rimbaud est un barbare. Son but : détruire l’ordre classique et sur les ruines du temple, bâtir du nouveau. » Rimbaud est donc présenté ici comme étranger au monde poétique traditionnel, en profanant par ses écrits les normes séculaires. Ainsi dans quelle mesure dans son tout premier recueil, Cahiers de Douai, Rimbaud participe-t-il d’une révolution poétique ? Certes Rimbaud invente une langue poétique nouvelle, il s’inspire cependant de la tradition. Conclusion Arthur Rimbaud, seulement âgé de seize ans, bouleverse les normes poétiques de son époque en inventant une langue nouvelle, tout en restant proche des thèmes et des formes de la poésie traditionnelle. De plus, la révolte de Rimbaud contre les normes sociales et poétiques est déjà perceptible dans Cahiers de Douai, ce recueil a donc contribué à repousser les limites de l’expression poétique séculaire. Dans ce premier recueil cependant, Rimbaud n’est pas encore le « barbare » qu’évoque Sylvain Tesson. On peut parler de la poésie rimbaldienne comme on peut parler du fauvisme, on peut parler de l’émancipation formelle comme de la liberté du pinceau, on peut parler de l’expression des sentiments comme de l’expression de la couleur.