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Unidad Curricular: Literatura Francesa y Francófona I

Profesora: Rosa M. Tejada

LES DIFFÉRENTS FORMES POÉTIQUES

Les Poèmes à Forme Libre ou en Vers Libres

Un poème en vers libres est un poème qui ne présente aucune structure régulière ou
forme particulière : ni vers mesurés, ni rimes, ni strophes. Cependant, il conserve certaines
caractéristiques du vers : retours à la ligne, présence d’alinéas, surtout les jeux de
sonorités et la recherche du rythme sont essentiels à la création du poète.

La poésie en vers libres est apparue à la fin du XIXe siècle (période symboliste), et
au début du XXe siècle, dans la poésie contemporaine. Les auteurs désiraient amener la
poésie plus loin, ce que les formes fixes ne permettaient pas. Ce changement permettrait
à de nouvelles possibilités créatrices d'émerger, puisque le poème de forme libre ne
répond à aucune règle, tant sur la longueur des vers, la longueur des strophes, la
disposition du poème sur la page, etc. Même la rime n'est plus un élément indispensable
dans cet univers poétique.

Vers la fin du XIXe siècle, quelques poètes, notamment Gustave Khan, Marie Krysinska
et Jules Laforgue ont voulu créer une poésie qui, tout en gardant le souvenir des éléments
traditionnels, expérimente –et se révolte même- contra les pratiques de la poésie
classique. Il est très difficile de déterminer le nombre des syllabes dans un vers libre
surtout parce que les règles classiques concernant l’e muet ne fonctionnent plus.
Certains de ces vers libres ont abandonné le principe même de la métrique syllabique,
adoptant un rythme personnel basé sur des accents subjectifs. Voici des vers libres d’Alfred
Jarry :
La
gondole spectre que hala
la mort sous les pots de pierre en ogive,
illuminant son bord brodé
de-
rive.
(Les Minutes de sable mémorial, 1894)
Les surréalistes ont expérimenté avec un automatisme psychique et avec la transcription
des rêves pour traduire les mouvements de la pensée hors de tout contrôle conscient.
Leurs poèmes sans perdre tout à fait un souvenir de la tradition poétique, fonctionnent
sans contraintes métriques. Voici quelques vers de Benjamin Péret :
Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de cristal
(Dormir, dormir dans les pierres, 1927)
Parmi les différentes expériences qui ont été tentées, on peut noter aussi celle qui
consiste à allonger les vers. Louis Aragon, par exemple, compose des vers de dix-sept
syllabes dans Le Fou d’Elsa (1963) :
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Profesora: Rosa M. Tejada
Ô petite fille pareille à la fleur subite de l’agave
Mensonge improvisé qui ne distingues point le jeu de la vie
Complice du crime innocent au milieu des rires soudain grave
On ne t’a pas donné d’entrer en scène. Et quand la fausse Elsa vit…

Les formes poétiques à forme libre ou en vers libres les plus courantes ou le plus
connues :
 Le verset
 Le poème en prose

Le verset
Depuis le début du XXe siècle, des poètes, prenant pour modèle la Bible, ont composé
des versets. Plus long que le vers traditionnel et basé sur le rythme du souffle humain, le
verset est une unité qui comprend plusieurs lignes de longueurs variées. Il se différencie
de la prose par l’importance accordée au rythme ; c’est une forme poétique sans rime et
sans mètre. Selon Paul Claudel, le verset est apte à exprimer les grandes émotions et à
évoquer le désir de dépasser les limites de la condition humaine pour entrer en contact
avec un monde spirituel inconnu.

Ce poème est considéré comme une forme intermédiaire entre le vers libre et le poème
en prose. L’auteur ou poète s’intéresse d’abord, à la composante graphique des versets :
la typographie et la ponctuation. Elle aborde ensuite la question controversée de la
« survie » de la tradition métrique dans la poésie moderne. Pour finir, elle s’efforce de
montrer comment l’unité du verset est assurée par son organisation rythmique, phonétique
et syntaxique. Une place importante est accordée aux constructions parallèles et
répétitives participant à l’organisation structurelle des poèmes.

Depuis Paul Claudel, le verset se pratique de plus en plus. Des poètes français (Saint-
John Perse, Jules Supervielle, Pierre Emmanuel, René Char, Blaise Cendrars), de poètes
québécois (Suzanne Paradis, Yves Préfontaine, Louki Bersianik) et d’autres poètes
francophones (Léopold Senghor, Aimé Césaire) l’emploient.

Le Poème en prose
Le poème en prose apparaît au XIXème siècle, notamment grâce à Aloysius
Bertrand, auteur méconnu qui n'a pu publier de son vivant. Mais, il a écrit le
premier poème en prose. Cependant, c’est Rimbaud, plus connu, qui renouvelle le
genre.

Le poème en prose ne présente pas de retour à la ligne permettant d'identifier des vers.
Il ne présente donc pas de rimes.
Il se distingue d'un texte normal par sa dimension poétique : sonorités, rythme des
mots, utilisation de figures de style.

Ce poème en vers libre est composé de paragraphes et ne comporte ni strophes, ni vers.


Il se présente souvent comme un récit bref, mais s'en distingue par la langue riche en
images et en sonorités, et les impressions fortes.

Le poème en prose est un genre qui pousse encore plus loin les limites de la poésie et
qui lance en effet un plus grand défi à la distinction traditionnelle entre la prose et la poésie.
Charles Baudelaire vise dans ses Petits poèmes en prose la création « d’une prose poétique,
musicale sans rythme e sans rime, assez souple et assez heurté pour s’adapter aux
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mouvement de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscienc ».
D’autres poètes ont suivi ce chemin, parmi lesquels : Arthur Rimbaud, Francis Jammes,
Pierre Reverdy, René Char, Henri Michaux, Claude Esteban et France Théoret. C’est ainsi
qu’au XXe siècle les marqueurs de la spécificité poétique sont devenus beaucoup plus flous.
Le poème en prose substitue à la rime e u mètre des recherches rythmiques et phoniques.
On peut dire que les poètes contemporains ont la plus grande liberté. Ils peuvent opter
pour un vers métrique traditionnel, ou bien, composer à leur guise des vers non-mesurés,
des versets, ou des poèmes en prose.
Souvent on n’a pas tort de chercher des mètres traditionnels qui, sous-jacents, ancrent
pour ainsi dire, les vers tout en permettant au poète d’être affranchi de la mesure
traditionnelle.
En fin de compte, il faut avouer que le vers ne se libère jamais complètement de
l’empreinte de la versification traditionnelle.

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