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Annexes

1.Annexes du chapitre 1

1.1.Corrigé de l’exercice 1 (paragraphe 6.1)


L’équation-bilan de la réaction d’oxydation du 2-octanol par le réactif de
Jones est donnée dans le schémaA.1.

3 + 2 CrO3 + 3 H2SO 4 3 + Cr 2(SO 4)3 + 6 H2O

A OH B1 B2 P O Q1 Q2

S A.1 : Oxydation du 2-octanol par du chrome (VI)


3 MA = 390,69 g. mol–1 ; 2 MB1 = 199,99 g. mol–1 ; 3 MB2 = 294,24 g. mol –1
3 M P = 384,36 g.mol –1
384, 36
D’où AE = = 0 , 43
390 , 69 + 199 , 99 + 294, 24
On peut aussi calculer AE à partir de la masse molaire des déchets.
MQ1= 392,18 g.mol –1; 6 M Q2 = 108,12 g.mol –1
392 , 18 + 108 , 12
D’où AE = 1 − = 0 ,43
390 , 69 + 199 , 99 + 294, 24
Dans les conditions de Noyori, l’oxydant est l’eau oxygénée (SchémaA.2).

+ H2 O2 + 2 H2O

A OH B P O Q

S A.2 : Oxydation du 2-octanol par de l’eau oxygénée


MA = 130,23 g.mol –1; M B = 36,03 g.mol –1; MP = 128,12 g.mol –1
128 ,12
D’où AE = = 0, 77
130 ,23 + 36 ,03
452 Chimie verte, concepts et applications

1.2.Corrigé de l’exercice 2 (paragraphe 6.4)


La première réaction (Schéma1.4) est une substitution électrophile aro-
matique. Elle ne donne que de l’eau comme déchet. Son rendement est de
96%. L’économie d’atomes est

213, 19
AE = = 0 , 92
168, 19 + 63, 01

Il y a une perte d’atomes sous forme de H 2O de 8%, ce qui n’est pas


négligeable.
L’efficacité massique est le rapport entre la masse du produit obtenu
(1930g) et la masse des réactants, à savoir la masse de A (1590g) et la
masse de 11,705mol de HNO 3. D’où

1930
RME = = 0 ,83
1590 + 737 , 5

Une autre façon de faire le calcul est d’utiliser l’équation (6) du cha-
pitre1, paragraphe6.3. Nous conseillons à l’étudiant de toujours utiliser les
deux méthodes, ce qui lui permettra de faire une vérification de son calcul.
Dans la formule6, le terme b est calculé à partir du rapport stœchiométrique
ϕ égal à 11,705/9,45. On trouve b=0,00649. En intégrant dans la formule
(6) le rendement ε =0,96 et l’économie d’atomes AE =0,92, on retrouve
que RME =0,83.
Pour calculer GME, on doit faire le bilan de tous les entrants. En plus des
réactants, il y a les auxiliaires. Accompagnant les réactants dans la réaction,
ce sont H2 SO4 (1,35L soit 2484 g) et H2O (10% dans les 0,55L d’acide
nitrique, soit 55g). Après la réaction pour faciliter le traitement, H 2O (34L
soit 34000g) est aussi considéré comme auxiliaire. On voit immédiatement
que c’est l’eau qui va impacter le plus l’économie de matière.

1930
GME = = 0 ,05
1590 + 737 ,5 + 2484 + 55 + 34000

Le produit B ne constitue que 5% de la masse de la matière engagée;


95% de la matière est perdue, ce qui nécessite naturellement un recyclage.
L’inverse de GME est l’intensité massique: MI =20.
Le facteur E est relié à l’intensité massique par la relation (1) du
chapitre1.
E = MI – 1 = 19
Avant de procéder au même type de calcul pour la deuxième réaction,
on doit d’abord se pencher sur son équation-bilan. Le chlorure de thionyle
SOCl2 donne intermédiairement un chlorosulfite. Du SO 2 est libéré au cours
de la réaction, ainsi que deux équivalents de HCl qui sont neutralisés par
Annexes 453

deux équivalents de NH3. Un équivalent de NH 3 est nécessaire pour faire


l’amide, si bien que l’équation-bilan qui conduit au produit C qui est effec-
tivement isolé doit tenir compte de trois équivalents de NH 3 (SchémaA.3).
Les deux équivalents de chlorure d’ammonium formés sont des déchets qui
sont éliminés dans la phase aqueuse.

O Me O Me
N N
HO N + SOCl + 3 NH H2 N N + SO + 2 NH + Cl-
2 3 2 4

O 2N Pr O 2N Pr
B C

S A.3 : Amidation par le couple SOCl2/NH 3


Le rendement de la réaction est égal à 92%. Son économie d’atomes est:

MC
AE = = 0 , 55
M B + M SOCl 2 + 3 M NH 3

45% en masse des atomes sont perdus sous forme de SO 2 et de NH4 Cl.
Les réactants comprennent le composé B (1000g), SOCl 2 (7,5mol soit
892g) et NH3 (6fois 4moles, soit 24moles, soit 408,72g). Le rapport entre
la masse du produitC et la masse des réactants donne RME =0,4.
Le calcul utilisant une expression telle que celle de l’équation(6) du cha-
pitre1 permet de retrouver cette valeur. Pour tenir compte du fait qu’il y a
deux réactifs (SOCl 2 et NH3 ) l’équation(6) devient

ε AE
RME = (1)
1 + b1 + b2

où b 1 et b2 sont les masses des excès de SOCl 2 et de NH 3 par rapport à


la masse totale des réactants théoriquement suffisants au regard de l’équa-
tion-bilan; b 1 et b2 sont calculés à partir des rapports stœchiométriques ϕ 1 et
ϕ 2. Pour ϕ2 , ne pas oublier de tenir compte du coefficient stœchiométrique de
NH 3. On trouve ϕ1=1,6 et ϕ2=1,7, conduisant à b 1=0,186 et b2=0,09.
En intégrant dans la formule (1) ci-dessus, le rendement ε = 0,92 et l’éco-
nomie d’atomes AE = 0,55, on retrouve que RME=0,4.
Les entrants sont constitués des réactants, mais aussi de solvants, toluène
(5L soit 3400g) et DMF (37 mL, soit 34,78g), eau de la solution aqueuse
d’ammoniaque (6L, soit 5460g diminué de 408,72g déjà comptabilisé dans
les réactants) et d’eau de lavage (4L, soit 4000g). D’où

920
GME = = 0 ,062
1000 + 892 ,3 + 5460 + 3400 + 34 ,78 + 4000

Le facteur E de cette deuxième réaction est égal à 15.


454 Chimie verte, concepts et applications

1.3.Calcul de l’économie de matière pour un ensemble de


séquences réactionnelles
Dans le cas de réactions linéaires, le produit final P est issu d’un composé
de départ A, les réactifs étant notés Bi . Dans le cas de réactions convergentes,
le produit final est issu de plusieurs produits de départ, 2 dans un cas rela-
tivement simple ou plus. Ils sont notés A1 , A2,etc. Les définitions des indi-
cateurs de chimie verte sont généralisées à l’ensemble des séquences, qu’elles
soient linéaires ou convergentes.
L’économie d’atomes globale est le rapport entre la masse molaire du
produit et la somme des masses molaires de tous les réactants, les masses
molaires étant affectées de leur coefficient stœchiométrique. Par simplifica-
tion, la formule suivante ne le mentionne pas, mais il faut multiplier chaque
masse molaire par le coefficient stœchiométrique de l’équation-bilan, comme
nous le verrons dans le calcul.

masse molaire du produit


GAE =
masse molaire de tous les réactants

Par analogie, on définit une économie de matière globale. Nous allons


démontrer qu’elle est proportionnelle à l’économie d’atomes.

masse du produit
GME =
masse de tous les entrants

L’inverse de GME correspond à MI généralisé à l’ensemble de la séquence.


Il est intéressant aussi de définir une efficacité massique globale de réac-
tion GRME, indicateur qui ne tient compte que des rendements de réaction
et des réactants (leur excès éventuel), à défaut des auxiliaires tels qu’ils ont
été définis dans le chapitre1. Nous allons également démontrer que GRME
est proportionnel à GEA.

masse du produit
GRME =
masse de tous les réactants

1.3.1.Réactions linéaires
Considérons que la séquence est réalisée à l’échelle x, définie comme le
nombre de moles du composé de départ A (Schéma A.4).

ν B1 B1 νBi B i νBn Bn
νΑ A P1 ... Pi ... P

Q1 Qi Qn

S A.4 : Réactions linéaires, chaque réactant étant affecté de son


coefficient stœchiométrique
Annexes 455

La masse du produitP est:

x
m P = ε1 ε2 ...ε n νP M p
νa

où MP est la masse molaire de P , où les εi sont les rendements de toutes


les réactions, où n a et np sont les coefficients stœchiométriques de A et P.
La masse du composé de départ A est xMA. Celle du premier réactif
x
utilisé B1 est ϕ1 νb1 MB 1 où ϕ1 est le rapport stœchiométrique de B1 par
νa x
rapport à A1 . Celle du réactif B2 de la seconde réaction est ϕ2 ε1 ν M
νa b 2 B 2
où ϕ2 est le rapport stœchiométrique de B2 par rapport à P 1, et où ε1 est le
rendement de la première réaction. La masse de tous les entrants peut alors
s’écrire:

x x x
xM A + ϕ1 νb1 M B1 + .... ϕi ( ε1 ε2 .. εi −1 ) νbi M Bi + ....ϕn( ε1 ε2 ..εn − 1 ) ν M +S
νa νa νa bn Bn

où S est la masse de tous les auxiliaires. D’où

x
ε1ε2 ...ε n ν PM P
νa (2)
GM E =
x x x
xMA + ϕ1 ν b1 MB1 + ..ϕi( ε1 ε2 .. ε i− 1 ) νbi MBi + ..ϕn ( ε1 ε2 ..εn −1 ) ν M +S
νa νa νa bn Bn

En divisant numérateur et dénominateur de l’équation 2 par x/n a , on


obtient:

ν p MP ∏ε i
GME = i
(3)
∑ϕ S
νaM A + i ( ε1 ε2 ...εi − 1 )νbi M Bi )+
i
x / νa

Introduisons le terme économie d’atomes globale, défini comme suit:


ν PM P
GAE = (4)
ν aM A + ν b1 M B1 + ν b2 M B2 + ....ν bi MBi + ...νbn MBn

Posons

∑M=ν M a A + νb1 MB1 + νb2 MB2 + ....νbi M Bi + ...νbn M Bn


456 Chimie verte, concepts et applications

Divisons le numérateur et le dénominateur de l’équation 3 par M. Il


vient:
S
∏ε GAE
i
i
GME =
1 +∑ b +s i
(5)
i

∏ε i est le produit des rendements de chaque étape

νbi M Bi masse des excès des réactifs


bi = [ϕi ( ε1 ε2 ...εi − 1 ) − 1] =
∑M masse des réactifs dans le cas idéal

S masse des auxiliaires


s= =
x
νa ∑M masse des réactifs dans le cas idéal

La formule5 a l’avantage d’être simple et de montrer la proportionnalité


entre GME et GAE, point essentiel qui confirme l’importance de l’économie
d’atomes (justifiant qu’un chapitre entier de ce livre soit consacré à cet
aspect). L’expression mathématique de b i peut sembler compliquée, mais sa
signification physique est très simple: b i est en fait le rapport entre la masse
totale des excès des réactifs (par rapport à A) et la masse des réactifs qui
auraient été nécessaires si les réactions étaient idéales, c’est-à-dire toutes de
100% de rendement et toutes sans excès de réactifs. Le termes est le rap-
port entre la masse totale des auxiliaires (à l’échelle x de la synthèse) et la
masse des réactifs qui auraient été nécessaires si les réactions étaient idéales.
Pour une réaction simple, b = 0 s’il n’y a pas d’excès de réactif. Pour
une séquence réactionnelle, b peut prendre une valeur négative, ce qui peut
paraître étrange à première vue, mais il ne faut pas oublier que l’on se réfère
à A dans la formulation de b (noter le signe négatif dans l’expression de
b). Cette valeur négative est rare en pratique, mais pour bien comprendre
comment cela peut arriver, donnons l’exemple suivant. Supposons qu’une
première réaction ait un mauvais rendement, par exemple 50%. Si le réactif
de la deuxième étape est en très faible excès (par rapport à P1 ), il se trouve
en défaut par rapport à A. On pourrait croire au vu de l’équation5, qu’avoir
des valeurs négatives pour bi fait augmenter l’économie de matière, mais
attention, cela vient du fait que les rendements des réactions précédentes
sont faibles et cela pénalise fortement l’économie de matière. Cela revient à
dire qu’en fin de synthèse, on a besoin de moins de réactifs qu’en début de
synthèse, et ce, d’autant plus que l’on a perdu du produit en route. Tout
doctorant engagé en synthèse totale sait qu’il aura alors à remonter de
la matière. Il sait également, et cela est confirmé par la formule, qu’il est
important que les dernières étapes aient lieu avec un rendement excellent,
Annexes 457

que la perte lors des protections/déprotections est moins grave en fin de


synthèse qu’en début, que l’utilisation d’un réactif stœchiométrique plutôt
que catalytique est absolument à proscrire en début de synthèse.
Si une partie des réactifs en excès ou si des sous-produits sont récupérés,
on doit en tenir compte comme nous l’avons montré dans le chapitre1.
Si on omet la part des auxiliaires, alors il suffit de supprimer s dans
l’équation5 pour obtenir l’expression de GRME.

GAE ∏ε i
i
GRME = (6)
1 +∑ b i
i

1.3.2.Réactions convergentes
Le problème de la convergence est essentiel dans la mesure où nombre
de réactifs de typeBi peuvent eux-mêmes provenir d’une suite réactionnelle.
Une synthèse convergente est alors constituée de plusieurs branches. Nous
avons montré [1] que, pour déterminer l’expression mathématique de GME
et GRME, il suffit de choisir arbitrairement une branche principale. À l’ins-
tar d’un bassin fluvial qui comporte un fleuve avec ses affluents ayant leur
propre affluent, il y a un certain arbitraire: doit-on tenir compte du débit
ou bien de la longueur de la rivière pour déterminer le fleuve? Pour une
synthèse totale, doit-on tenir compte des rendements ou bien de la longueur
de la séquence pour déterminer la branche principale? Tout cela n’a fina-
lement aucune importance, mais attention, une fois le choix fait, il faudra
garder une parfaite cohérence pour la suite. Nous allons illustrer ce concept
dans un exemple simple d’une synthèse à deux branches, débutant par les
composés A1 et A2. Deux alternatives se présentent alors selon le choix de
la branche principale.
Dans le premier choix, on considère que la branche partant de A1 est la
branche principale. Cela revient à dire que A 1 est la molécule de référence.
Les réactifs correspondant à cette branche qui conduit au produit final Pz
sont notés B 1,i. Les réactifs de l’affluent sont notés B2,j et cette branche
s’arrête au point de convergence P1,n+1, issu de l’addition de P1,n et de P 2,m.
(SchémaA.5)

A1 P1,n
x1 mol
P1,n+1 Pz
A2 P2,m
x2 mol

S A.5 : Arbre de synthèse pour des réactions convergentes, A 1 étant


la molécule de référence
458 Chimie verte, concepts et applications

La masse du produit PZ est:


z
x1
m =
νa1
νp Mp ∏ε
i =1
1, i (7)

où Mp est la masse molaire de P z, où n a1 et n p sont les coefficients stœ-


chiométriques de A1 et de P z , et où x1 est le nombre de moles de A1 (échelle
utilisée dans la séquence). Le terme ε 1,i est le ième rendement de la séquence
principale. Pour la réaction entre P1,n et P2,m, il faut absolument calculer le
rendement par rapport à P1,n (même si ce composé est en excès).
Dans le deuxième choix, A2 est la molécule de référence utilisée à
l’échellex 2. La séquence principale va donc de A 2 à P z , alors que la branche
secondaire s’arrête à P 1,n (SchémaA.6). La masse du produit P Z est:
z
x2
m =
νa 2
ν p Mp ∏ε
j =1
2, j (8)

ε2,j est le j ème rendement de la séquence principale. Attention, maintenant


le rendement de la réaction entre P 1,n et P 2,m doit absolument être calculé par
rapport à P2,m (même si celui-ci est en excès).

A1 P1,n
x1 mol
P1,n+1 Pz
A2 P2,m
x2 mol

S A.6 : Arbre de synthèse pour des réactions convergentes, A 2 étant


la molécule de référence
À partir des équations 7 et 8, on conclut que
z z
x1 x2
νa 1 ∏
i= 1
ε1, i =
ν a2 ∏ε j= 1
2, j (9)

Ceci nous conduit à introduire des coefficients permettant de calibrer les


deux échelles x1 et x2, définies comme suit:
z

x / νa2
∏ε
i =1
1, i
1
σ2 = 2 = σ1 =
x 1 / νa 1 z
σ2
∏ε
j =1
2, j
Annexes 459

Calculons la masse totale m T des réactants, dans le cas où la branche


principale part de A 1.
z m
x1 x2
mT = x 1 M A1 + ∑ϕ
i =1
1,i ( ε1,i ε1,2 ....ε1,i − 1 ) ν M
ν a1 b1 ,i B1 ,i
+ x 2 M A2 +
j =1

ϕ2 ,j ( ε2 ,1 ε2 ,2 ....ε2 ,j −1 ) ν
ν a2 b2 , j
MB2 ,j + S

z  m 
mT = x 1 M A1 + ∑ϕ 1, i ( ε 1, i ε 1, 2 ....ε 1, i− 1 )
x1
ν M
νa1 b1, i B1, i 
x
+ σ2 ν a2 1 M A2 +
νa1 ∑ϕ 2 ,j ( ε 2 ,1 ε 2 ,2 ....ε 2 , j −1 )
x1
ν
νa1 b 2 ,j
MB 2 ,j  + S

i =1 j =1


nombre de moles de B1, i / ν1, i
ϕ1 ,i =
nombre de moles de P1,i − 1 / νP 1,i − 1

nombre de moles de B2, j / ν b2 , j


ϕ2, j =
nombre de moles de P2 ,j − 1 / νP 2 ,j −11

S est la masse totale des auxiliaires du procédé aux échelles x 1 et x2.


z
x1
ν a1
νp Mp ∏ε i =1
1, i
GME = (10)
mT
Divisons numérateur et dénominateur de l’équation 10 par

x1
νa 1 ∑M

z m

∑ M = νa1 M A1 + νa2 M A2 + ∑
i =1
ν b1,i M B1 ,i + ∑
j =1
ν b2, j MB 2 , j

Il vient:
z
GAE ∏ε
i =1
1 ,i
GME = z m (11)
1 + a2 + ∑b i =1
1, i + ∑b j =1
2, j + s

z
GAE ∏ε
i =1
1,i
GRME = z m (12)
1 + a2 + ∑bi =1
1,i + ∑b
j =1
2, j
460 Chimie verte, concepts et applications

νa2 M A2 νb1, i MB 1 ,i
où a2 = ( σ2 − 1 ) b1,i = ϕ1,i ( ε1, 1 ε1, 2 ...ε1,i −1 ) − 1
∑M ∑M
νb 2, j MB 2 , j S
(
b2 ,j = σ2ϕ2 ,j ε2 ,1 ....ε2 ,j −1 − 1 ) s =
∑M x1
νa 1 ∑M
Dans le cas où la branche principale est celle qui part de A2, la masse
totale m T des réactants s’écrit:
n z
x1 x2
mT = x 1 M A1 + ∑ϕ
i =1
1,i ( ε1,i ε1,2 ....ε1,i − 1 ) ν M
ν a1 b1 ,i B1 ,i
+ x 2 M A2 +
j =1

ϕ2 ,j ( ε2 ,1 ε2 ,2 ....ε2 ,j −1 ) ν
ν a2 b2 , j
MB2 ,j + S

 x n
x2  z
x2
m T = σ 1  ν a1 2 M A1 +
 νa2
∑ϕ 1, i ( ε1, i ε1, 2 .... ε1, i − 1)
νa 2
νb 1,i MB1 ,i  + x2 MA2 +


ϕ2 ,j ( ε2 ,1 ε2 ,2 .... ε2 ,j −1 )
νa2
νb 2 ,j MB2 , j + S
i =1 j =1

z
x2
νa 2
νp M p ∏ε j =1
2 ,j

GME = (13)
mT
x2
Divisons numérateur et dénominateur de l’équation 13 par
νa2 ∑M
z
GAE ∏ε
j =1
2 ,j

GME = n z (14)
1 + a1 + ∑b
i =1
1,i + ∑b
j =1
2, j +s

z
GAE ∏ε
j =1
2, j

GRME = n z (15)
1 + a1 + ∑b
i= 1
1,i + ∑b
j =1
2, j

νa2 M A2 νb1 ,i M B1 ,i
où a1 = ( σ1 − 1 ) b1, i =  σ1ϕ1, i ( ε1, 1 ε1, 2 ...ε1, i −1 ) − 1 
∑M ∑M
νb2 ,j MB2 ,j S
(
b2 ,j =  ϕ2 ,j ε2 ,1 .... ε2 ,j −1 − 1 ) s =
∑M x2
νa 2 ∑M
Les valeurs de GRME obtenues par les deux méthodes donnent des valeurs
strictement identiques, alors que le produit des rendements est différent, que
les termes de type a et b sont complètement modifiés. Signalons que l’on peut
Annexes 461

aussi calculer GRME en additionnant toutes les masses de réactants à condi-


tion d’opérer à l’échellex 1 pour la première branche et à l’échellex 2 pour la
seconde. Pour le calcul de GME, cette seconde méthode est préférable; on
détermine alors la masse de tous les réactants et de tous les auxiliaires (input)
à l’échellex1 pour la première branche et à l’échellex 2 pour la seconde.

1.3.3.Application
Nous allons illustrer le calcul sur un exemple publié récemment [2]. Il
s’agit d’une synthèse totale d’un dérivé de PEG (polyéthylèneglycol) à six
branches. La synthèse est convergente. Le composé de départ A1 est le PEG
6000 et l’autre composé de départ A 2 est le pentaérythritol. L’arbre de syn-
thèse avec les rendements correspondants est représenté dans le schémaA.7.
La synthèse elle-même figure dans le schémaA.8.

2 B1,1+ 2 B1,1'
A1 P1,1
ε1,1

ε 1,2 P1,2
6 B2,1 2 B2,2 2 B2,3
2 A2 2 P2,1 2 P2,2 2 P2,3
+ 6 B2,1' + 2 B2,2' ε 2,3 6 B1,3
ε 2,1 ε 2,2 ε 1,3
εii : rendements correspondants P1,3

S A.7 : Arbre de synthèse de P 1,3


Pour le calcul des indicateurs de chimie verte, il est utile d’établir
un tableau Excel, qui regroupe l’ensemble des données figurant dans les
tableaux ci-après. Pour des raisons pédagogiques, nous détaillons le pro-
cessus du calcul. Nous avons conservé de 8 à 9 chiffres significatifs pour
montrer la pertinence du raisonnement qui permet trois calculs différents
conduisant aux mêmes résultats avec autant de chiffres significatifs. Pour le
résultat final deux chiffres significatifs sont amplement suffisants en raison
des incertitudes expérimentales sur les pesées. 1
Afin de familiariser le lecteur à la conduite du calcul, considérons d’abord
une réaction simple, celle de la synthèse de P1,1 à partir du PEG 6000. Cet
exemple est spécialement intéressant car il fait intervenir des coefficients
stœchiométriques différents de 1 et surtout deux types de traitement, qui
induisent, en raison des auxiliaires employés (solvants), des impacts environ-
nementaux très différents. Le tableauA.1 rassemble les données expérimen-
tales concernant la réaction elle-même.

M P1,1
AE = = 0 ,962798251
M PEG + 2 M NaOH + 2 MPr Br

1 Ces incertitudes sont strictement les mêmes pour les trois méthodes de calcul, ce
qui permet une comparaison entre elles, avec 8 ou 9 chiffres significatifs.
462 Chimie verte, concepts et applications

Br O O
PEG 6000 + 2 + 2 NaOH O
n
A1 B1,1 B1,1' P1,1

OAll
HO OH
+ 6 + 6 NaOH 2 OAll
2
OH Br
HO B2,1 B2,1'
A2 HO
P2,1 OAll

2 P2,1 + 2 Br(CH2 )4Br + 2 NaOH 2 P2,2


B2,2 B2,2'
OAll OAll

2 P2,2 + 2 NaN3 2 P2,3 X O OAll


B2,3 4
P2,2 : X = Br
P1,1 + 2 P2,3 P1,2 P2,3 : X = N3

OAl l
OAll OAll OAll

O O
N O O N 4 O
4 n
OAll N N N N OAll
P1,2

6 HS(CH2)2OH
OR B1,3
OR OR OR

O O
N O O N O
OR N N P1,3 N N OR
R= (CH2 )3 S(CH2 )2OH

S A.8 : Synthèse d’un dérivé de PEG

Composé M (g) Volume Densité Masse (g) Nb moles


(mL)
PEG6000 6185 40 0,006467259
THF 30 0,8892 26,676
NaOH 40 5,34 0,1335
H2 O 11 11
BrPr 80% dans le 118,96 4,3 1,335 4,5924 0,038604573
toluène

T. A.1 : Données pour la première réaction du schéma A.8


Annexes 463

Le tableau A.2 donne les valeurs des rapports stœchiométriques de type


ϕ issus du tableau précédent, ainsi que les valeurs des termes de type b selon
leur formulation.

Rapport stœchiométrique ϕ 1,1 = mol NaOH / 2 / mol PEG 10,32121875


NaOH/PEG
Rapport entre la masse ( ϕ 1,1 − 1 ) * 2 M NaOH 0,114671178
de l’excès de NaOH et la b1 ,1 =
M PEG + 2 M NaOH + 2 M Pr Br
masse des réactants dans
le cas idéal
Rapport stœchiométrique ϕ 1 1´ = mol Pr Br / 2 / mol PEG 2,984616047
entre PrBr et PEG
Rapport entre la masse (ϕ 1 1´ − 1) * 2 M Pr Br 0,072610435
de l’excès de BrPr et la b1 1´ =
M PEG + 2 M NaOH + 2 M Pr B r
masse des réactants dans
le cas idéal

T. A.2 : Calcul des rapports stœchiométriques et des excès

Deux types de traitement ont été réalisés pour isoler P 1,1. Ces traitements
réactionnels ont une influence sur le rendement de la réaction et sur la masse
des auxiliaires, donc sur RME (par l’intermédiaire du rendement), sur MI,
GME et le facteurE qui lui sont liés. Le tableauA.3 rassemble les données
concernant les masses des auxiliaires pour un traitement par extraction/
précipitation.

M (g) Volume Densité Masse (g) Rendement


(mL)

CH 2 Cl2 200 1,3 260

KH 2PO 4 aq 80 1,1527 92,216

H 2O 40 1 40

Na 2SO 4 10

Et 2 O 450 0,7134 321,03


(précipitation)

Et2 O (lavage) 200 0,7134 142,68


P1,1 (C286H566 O141 ) 6261 39 0,96316483

T. A.3 : Auxiliaires utilisés en conditions classiques


464 Chimie verte, concepts et applications

Du tableau A.1 on déduit la masse des réactants; le tableauA.2 four-


nit les termes de type b. Quant au tableau A.3, il nous donne la masse du
produit formé et le rendement. Il nous donne aussi la masse des auxiliaires.
On en déduit directement le rapport entre la masse de P 1,1 et la masse des
réactants. On peut vérifier, en utilisant la formule du tableauA.4, que cela
conduit au même résultat (avec 10chiffres significatifs pour une preuve for-
melle). De même on peut obtenir directement GME par le rapport entre la
masse de P1,1 et la masse des entrants (réactants+auxiliaires). Le rapport
inverse correspond à MI. On en déduit également le facteurE. Le fait de
pouvoir mener le calcul de RME de deux façons permet toute vérification et
cohérence dans les données.

Masse des
mPEG + mNaOH + mPr Br 49,9324
réactants

Masse des mTHF + m H 2 O( réact.) + mCH 2Cl 2 + m KH 2 PO 4aq + m 2 m


904,7501
auxiliaires
+ 4 + mH 2O(lav ) + mNa 2SO 4 + mEt 2O + mtol

masse de P1,1 ε AE
RME RME = = 0,781055988
masse des réact. 1 + b1,1 + b1,1´

GME masse de P1,1


GME = 0,040851278
masse des réact. + auxil.

Facteur E masse des déchets 1


E = = −1 23,479038
masse de P1,1 GME

T. A.4 : Calcul des indicateurs en conditions classiques

Le tableau A.5 fournit les données obtenues avec traitement par ultrafil-
tration (3passages notés UF1, UF2, UF3).

M (g) Volume Densité Masse (g) Rendement


(mL)
H 2O UF1 160 1 160
H 2O UF2 120 1 120
H 2O UF3 120 1 120
P 1,1 6281 38,5 0,950816563
(C286H 566O 141 )

T. A.5 : Auxiliaires utilisés dans l’ultrafiltration


Annexes 465

Le tableau A.6 est construit selon la même méthode que le tableauA.4.


Nous avons cependant effectué deux calculs pour la masse des auxiliaires, un
calcul classique et un calcul qui ne tient pas compte de l’eau de l’ultrafiltra-
tion, comme cela est suggéré parfois, l’eau ayant un impact environnemental
bien moindre que les autres solvants (extraction, chromatographie,etc.). Le
tableauA.6 indique que le traitement par ultrafiltration induit des déchets
nettement moins importants que le traitement par extraction.

Masse des
mPEG + mNaOH + mPr Br 49,9324
réactants
Masse des
auxiliaires mTHF + M H 2O (réaction ) + m toluène + mH 2O (UF 438,8241
)
Masse des auxi-
liaires (sans H2O mTHF + M H 2 O( réaction ) + m toluène 38,8241
de l’UF)

masse de P1,1 ε AE
RME RME = = 0,771042449
masse des réact. 1 + b 1,1 + b1,1'

0,078771331
masse de P 1,1
GME GME = 0,433771048
masse des réact. + auxil. (sans H2O)

masse des déchets 1 11,69497


Facteur E E = = −1 1,305363
masse de P 1,1 GME (sans H2O)

T. A.6 : Calcul des indicateurs après ultrafiltration

Traitons maintenant l’ensemble de la synthèse de P 1,3 en considérant (ce


qui est arbitraire) que la branche issue du PEG 6000 est la branche principale.

MP 13
GAE = avec
ΣM
3 3

∑ M = νa1 M A1 + νa2 M A2 + ∑ν
i =1
b 1,i MB 1,i + ∑ν
j =1
b2, j MB 2, j

SM= MPEG + 2 M A2 + 2 M BrPr+2 MNaOH + 6 M SH(CH2)2OH + 6 MAllBr +6


M NaOH + 2 MBr(CH2)4Br + 2 M NaOH + 2 MNaN3
D’où GAE = 7437/8851,758 = 0,84017209.
466 Chimie verte, concepts et applications

Le rendement global par rapport au PEG est

∏ε PEG = ε 1,1 * ε1,2 * ε 1, 3 = 0, 8452687

Pour calculer le rendement global par rapport au pentaérythritol, on doit


considérer le rapport stœchiométrique ϕ entre P2,3 et P 1,1:

ϕ = nb mol de P2,3 / nb mol de P1,1 / 2 = 1 ,139607295

∏ε pent = ε 2, 1 * ε 2, 2 * ε 2, 3 * ε 1, 2 / ϕ* ε 1, 3 = 0, 41820389
On peut ainsi calculer x 2 , σ2 et a 2 (Tableau A.7).

Nb moles de PEG (réfé- x1 0,00646726


rence) A1
Nb moles de pentaérythri- x 2 = 2x 1 * Πε PEG / Πε p ent
0,02614242
tol A2

Rapport des échelles A 2/ A1 σ2 = x2 / 2 x1 = Π ε PEG / Π ε p ent 2,02113582

Rapport entre la masse de


l’excès de A 2 et la masse
a2 = ( σ 2 − 1) * 2 M A2 / Σ M 0,03141474
des réactants dans le cas
idéal

T. A.7 : Mise à l’échelle des 2 séquences

Le tableau A.8 donne les valeurs des rendements, des rapports stœchio-
métriques et des coefficients de typeb pour la branche principale.

Étape 1 donnant P 1,1 ε1,1 après purification par UF 0,950816563


Rapport stœchiomé- ϕ1,1 = molNaOH / 2 / molPEG
10,32121875
trique NaOH/PEG
Rapport entre la masse
de l’excès de NaOH et
la masse des réactants b1 ,1 = ( ϕ1 ,1 − 1 ) * 2 M NaOH / ΣM 0,08424287
dans le cas idéal, par
rapport au PEG
Rapport stœchiomé- ϕ1 1´ = mol Pr Br / 2 / molPEG
2,984616047
trique PrBr/PEG
Annexes 467

Rapport entre la masse


de l’excès de bromure
de propargyle et la b1 1´ = ( ϕ1 1´ − 1) * 2M Pr Br / Σ M 0,05334306
masse des réactants
dans le cas idéal
Étape 2 donnant P 1,2 ε1,2 0,948803923
Étape 3 donnant P 1,3 ε1,3 0,936936937
Rapport stœchiomé-
trique HS(CH 2) 2OH/ ϕ1,3 = mol HS( CH2 )2 OH / 6 / mol P1 ,2 4,6164421
P1,2
Rapport entre la
masse de l’excès de
HS(CH 2)2OH et la b1, 3 = ( ϕ 1, 3 ε 1, 2 ε1,1 − 1 ) * 6 M HS( CH 2 ) 2OH / ΣM 0,16760411
masse des réactants
dans le cas idéal, par
rapport au PEG

T. A.8 : Rapports stœchiométriques et excès des réactifs pour la


branche principale

Le tableau A.9 donne les valeurs des rendements, des rapports stœchio-
métriques et des coefficients de type b pour la branche secondaire (partant
du pentaérythritol) sachant que l’on se réfère toujours par rapport au PEG.

Étape donnant P2,1 ε2,1 0,747438763


Rapport stœchiomé- ϕ2,1 = molNaOH / 3 / molA2 1,50557318
trique NaOH/A 2
Rapport entre la 0,055391516
masse de l’excès de
NaOH et la masse des
b2,1 = ( σ2 ϕ2 ,1 − 1) * 6 M NaOH / Σ M
réactants dans le cas
idéal, par rapport au
PEG
Rapport stœchiomé- ϕ2 1´ = molAllB r / 3 / molA2 1,50353629
trique AllBr/ A2
468 Chimie verte, concepts et applications

Rapport entre la 0,167194043


masse de l’excès de
bromure d’allyle et la
b2 1´ = ( σ2 ϕ2 1´ − 1) * 6 MAllBr / Σ M
masse des réactants
dans le cas idéal, par
rapport au PEG
Étape donnant P2,2 ε2,2 0,728932412
Rapport stœchiomé- ϕ2 ,2 = molNaO H / molP21 9,859230769
trique NaOH/P 2,1
Rapport entre la 0,125571404
masse de l’excès de
NaOH et la masse des
b2 ,2 = ( σ2 ϕ2 ,2 ε2 ,1 − 1) * 2 MNaOH / Σ M
réactants dans le cas
idéal, par rapport au
PEG
Rapport stœchiomé- ϕ2 2´ = molBr( CH 2) 4Br / molP 2,1 1,250574159
P
trique Br(CH 2)4Br/ 2,1
Rapport entre la 0,043378873
masse de l’excès de
dibromobutane et la b2 2´ = ( σ2 ϕ2 ε 2,1 − 1) * 2 M Br( CH 2 ) 4Br / Σ M
2´
masse des réactants
dans le cas idéal, par
rapport au PEG
Étape donnant P2,3 ε2,3 0,983996563
Rapport stœchiomé- ϕ2 ,3 = molNa N 3 / mol P 2 ,2 1,098593293
trique NaN3 /P2,2
Rapport entre la masse b2 ,3 = ( σ2 ϕ2 ,3 ε2 ,1 ε2 ,2 − 1 ) * 2 MNaN 3 / ΣM 0,003080923
de l’excès de NaN3 et
la masse des réactants
dans le cas idéal, par
rapport au PEG

T. A.9 : Rapports stœchiométriques et excès des réactifs pour la


branche secondaire
Annexes 469

L’application de la formule 12 à cet exemple donne


3
GAE ∏εi=1
1 ,i
GAE * ε 1, 1 * ε 1, 2 * ε 1, 3
GRME = = = 0 ,41020332
3 3
1 + a2 + ( b1 ,1 + b1 ,1´ + b1 3 ) + ( b2 1, + b2 ,1´ + b2 2 + b2 2´ + b2 3, )
1 + a2 + ∑b
i=1
1, i + ∑b
j=1
2, j

Noter qu’il n’y a pas de terme b 1,2 puisqu’il n’y a pas de réactifs rajoutés
(en dehors de P1,1 et P 2,3) dans la réaction de convergence correspondante.
La valeur trouvée pour GRME correspond tout à fait (avec les 8décimales)
avec celle calculée en additionnant toutes les masses des réactifs et en fai-
sant le rapport entre la masse de produit P1,3 et la masse des réactants aux
échelles x 1 et x2. L’application de la formule15 donne également strictement
le même résultat.

1.4.Corrigé de l’exercice 3 (paragraphe 8.1)


La formation d’une mole de chaux (56,08g) s’accompagne de la libération
d’une mole de CO2 (44,01g) à partir d’une mole de CaCO 3 (Schéma1.4).
Le ciment étant formé de 62% de chaux, l’émission minimale de CO 2 est de
44, 01
0, 62 = 0, 49 kg par kg de ciment produit.
56 , 08
1.5.Corrigé de l’exercice 4 (paragraphe 8.1)
La réaction de combustion (Schéma A.9) montre que 8 moles de CO 2
sont émises lorsqu’on brûle une mole d’octane (114,23g), soit 163,19mL.
8 × 44, 01
Pour 1L consommé, on rejette = 2 ,157 kg de CO 2 soit 6fois plus
163 ,19
aux 100km, c’est-à-dire 12,95kg. Cela correspond à 129g par km parcouru.
L’automobile ne serait pas aux normes si on la fixait à 120g par km.
L’automobiliste émet 2,157kg de CO 2 par litre consommé. Si le coût de
1 kg de CO2 émis était fixé à 3centimes d’euros (correspondant à la valeur
arbitraire de 30 € la tonne), alors le coût de CO 2 correspondant à un litre
d’octane consommé serait de 6,47centimes.
Le calcul peut être affiné en utilisant les valeurs expérimentales d’émis-
sions de CO 2, à savoir 2,34 (essence), 2,57 (kérosène) et 2,68 (diesel) kg de
CO 2 par litre de carburant, ce qui conduirait à une augmentation respective
de 7 (essence), 7,7 (kérosène) et 8 (diesel) centimes par litre de carburant
consommé.

C8H18 + 12,5 O2 8 CO2 + 9 H2 O

S A.9 : Réaction de combustion de l’octane


470 Chimie verte, concepts et applications

1.6.Corrigé de l’exercice 5 (paragraphe 8.1)


Les enthalpies standards de réaction sont calculées à partir de la loi de
Hess. L’enthalpie standard de réaction est la différence entre les enthalpies
standards de formation des produits et celle des composés de départ. Il
faut affecter à chaque composé ou produit son coefficient stœchiométrique,
tel qu’il apparaît dans l’équation-bilan, et faire très attention de bien spé-
cifier l’état du produit, solide, liquide ou gazeux. Par exemple, l’enthalpie
de formation de l’eau liquide est de –285,8kJ/mol alors celle de l’eau gaz
est de –241,8kJ/mol. La différence est naturellement liée à la vaporisation
de l’eau, mais la confusion conduit souvent à des erreurs. Ainsi l’enthalpie
standard de la réaction de combustion du méthane où l’eau est liquide, les
autres composés étant gazeux est:

Dr H° = DfH°(CO 2) + 2 D fH°(H 2O)liq – DfH°(CH 4 ) – 2 Df H°(O2)

DfH°(CO 2 ) = –393 kJ / mol Df H°(H2O) liq = –285,8 kJ / mol

DfH°(CH 4) = –71,3 kJ / mol D fH°(O2 ) = 0

D’où ∆ rH ° = −893 , 3 kJ / mol

2.Annexes du chapitre 2
2.1.Corrigé de l’exercice 1 (paragraphe 2.1.4)

Equation-bilan du procédé Monsanto


N N
SH + MeNH 2 + 1/2 O2 SNHMe
S S
MA = 167,25 g . mol-1 MB= 31,06 g . mol -1
MP= 196,29 g . mol -1
1/2 M C= 16 g . mol -1
+ H2O

Equation-bilan du procédé classique


N N
SH + MeNH 2 SNHMe
S + 2 NaOH + Cl2 S
+ 2 NaCl
2 MD = 80 g . mol -1
ME = 70,91 g . mol -1

S A.10 : Équations-bilans des deux procédés


Annexes 471

Dans le procédé Monsanto (Schéma A.10) appliqué à la méthylamine,


196 ,29
AE = = 0, 92
167 ,25 + 31 ,06 + 16

196 ,29
Dans le procédé classique, AE = = 0 ,56
167 ,25 + 31 ,06 + 80 +70 ,91

L’économie d’atomes est nettement améliorée dans le procédé Monsanto.


La perte d’atomes n’est que de 8%. Les déchets dans le procédé classique
ne sont certes pas toxiques, mais ils sont très importants (44% en masse).
De plus l’oxydant utilisé est du chlore qu’il faut produire par électrolyse de
NaCl, procédé coûteux en électricité. Le chlorure de sodium obtenu comme
déchet dans la réaction peut cependant être recyclé pour redonner du chlore
mais le coût énergétique demeure. En ce qui concerne le chlore, gaz toxique,
des mesures spéciales sont à prévoir.

2.2.Corrigé de l’exercice 2 (paragraphe 4.3.2)


L’équation-bilan des réactions d’hydrocarboxylation des alcènes avec
l’acide formique et avec CO 2 + H2 montre que ces réactions ont une écono-
mie d’atomes de 100% (SchémaA. 11):

+ HCO2 H R1 R2
R1 R2

+ CO2 + H2 H CO2 H

S A.11 : Hydrocarboxylation d’alcènes avec formation d’acides


carboxyliques
Nous avons vu que le CO2 peut se réduire en acide formique (voir dans
le chapitre1 le paragraphe8.3), mais ici, le catalyseur à base de rhodium
favorise plutôt la réaction du gaz à l’eau inverse (voir Schéma6.4) donnant
ainsi du CO et de l’eau. Dès lors, le mécanisme est celui d’une hydroxycar-
bonylation (SchémaA.12).

CO 2H + HOAc
+ HOAc
Rh

H2O

O Rh OAc
Rh-OAc

CO2 + H2 CO

S A.12 : Mécanisme de la l’hydrocarboxylation des alcènes par CO 2 +H2


472 Chimie verte, concepts et applications

2.3.Interactions entre molécules ou fragments de molécules


Dans la théorie de la perturbation [3], l’expression mathématique de
l’énergie d’interaction (positive ou négative selon qu’il y a répulsion ou
attraction) comprend trois termes. Le premier est un terme de répulsion
électronique entre orbitales remplies et correspond à ce qu’on appelle cou-
ramment la répulsion ou encombrement stérique. Le deuxième terme est un
terme d’attraction ou répulsion coulombienne proportionnel aux charges,
appelé de ce fait facteur de charge. Le troisième terme est le terme d’inte-
raction orbitalaire entre molécules ou fragments de molécules, correspon-
dant à toutes les interactions entre leurs orbitales pleines et leurs orbitales
vacantes de même symétrie. Chacune de ces interactions est inversement
proportionnelle à la différence énergétique entre les orbitales concernées.
L’apport de Fukui a été de préciser que l’interaction entre les orbitales
frontières est primordiale du fait de la différence énergétique minimale qu’il
existe entre elles. De ce fait on ne retient dans ce terme orbitalaire extrê-
mement complexe que la partie correspondant à l’interaction entre la HO
(orbitale la plus haute occupée) du nucléophile et la BV (orbitale la plus
basse vacante) de l’électrophile. Ce terme appelé terme de Fukui a une
importance considérable en chimie organique car c’est très souvent le terme
prépondérant.
QQ
Le terme de charge est proportionnel à k l où Q k et Q l sont les charges
d
sur les atomes k et l et où d est la distance entre ces atomes.

kl
( cnk cel βkl )2
Le terme de Fukui simplifié est où cnk et cel sont les
EBV − EHO
coefficients des orbitales atomiques k et l dans les orbitales moléculaires HO
(n) du nucléophile et BV (e) de l’électrophile, où β est lié à l’approche des
réactants (recouvrement d’autant plus grand que l’approche est frontale) et
où EBV –EHO est la différence énergétique entre les orbitales BV de l’électro-
phile et HO du nucléophile.
Lorsque le terme de Fukui l’emporte sur le terme de charge, on dit que
l’on est sous contrôle frontalier. C’est un cas extrêmement fréquent en chimie
organique, d’où l’importance de la théorie des orbitales frontières. Dans cer-
tains cas cependant, notamment lorsque le développement des charges est
important, le terme de charge l’emporte et on dira que la réaction est sous
contrôle de charge.
Cette dichotomie rend compte des différentes régiosélectivités rencon-
trées (O versus C-alkylation, addition 1,2 versus addition 1,4 par exemple).
L’oxygène étant électronégatif, il est logique que la O-alkylation soit obte-
nue lorsque le facteur charge l’emporte (avec notamment Me 3SiCl où la
liaison Si-Cl est polarisée), alors que la C-alkylation sera obtenue avec des
Annexes 473

électrophiles à liaison polarisable (iodure d’alkyle par exemple), car c’est le


carbone en α du groupe carbonyle qui a le plus gros coefficient de type c nk
dans la HO de l’énol et de l’énolate.
De même, l’addition1,2 sera privilégiée avec les nucléophiles durs (charge
concentrée) car le carbone lié à l’oxygène porte la charge δ+ la plus grande,
alors que l’addition1,4 sera obtenue préférentiellement avec les nucléophiles
mous (charge dispersée) car le carbone à l’extrémité du système π conjugué
a le plus gros coefficient de type c el dans la BV de l’accepteur de Michael.

2.4.Corrigé de l’exercice 3 (paragraphe 7.1)


La réaction de Diels-Alder est sous contrôle frontalier et on peut appliquer
la théorie des orbitales frontières de Fukui. Considérons le diagramme des
orbitales frontières du butadiène et de l’éthylène (FigureA.1). L’interaction
prépondérante est celle qui existe entre la HO du butadiène et la BV de
l’éthylène. Elle est insuffisante pour que la réaction ait lieu entre ces parte-
naires. Cependant, si on enrichit le diène par des groupements donneurs, cela
entraîne une élévation du niveau de la HO. Parallèlement, si on appauvrit
l’alcène par des groupements attracteurs, cela fait baisser le niveau de sa
BV. La différence énergétique est ainsi amoindrie et la réaction a lieu. Cela
correspond à la règle d’Alder.
Si on abaisse très fortement la BV du diène en lui greffant des groupes
attracteurs et si on élève fortement la HO de l’alcène par des groupes don-
neurs, alors on peut espérer avoir une interaction suffisamment forte. C’est
le cas lors de la réaction de Diels-Alder à demande inverse.

BV
BV
interaction prépondérante 10,6 eV

interaction plus faible 11,5 eV


HO
HO
butadiène
éthylène

F. A.1 : Interactions entre orbitales frontières


Le cas le plus fréquent est celui où le diènophile comprend un groupe
attracteur, tel que cétone, ester, nitrile. L’oxygène ou l’azote de ces groupes
peut alors se coordiner à un acide de Lewis rendant alors le diènophile
encore plus électrophile par abaissement de sa BV.
Nous avons vu l’importance de la différence énergétique E BV –E HO.
Intéressons-nous maintenant aux coefficients c nk et c el. Pour que l’interac-
tion soit attractive, il faut que ces coefficients aient le même signe. Dans
l’exemple choisi, afin de simplifier la démonstration on ne s’intéresse qu’à
la HO d’un diène riche et la BV d’un diénophile pauvre en électrons (dans
474 Chimie verte, concepts et applications

le cas contraire, la démonstration est tout aussi facile). Dans la figureA.2,


les cercles blancs et noirs représentent les coefficients de type c nk et c el avec
leur signe respectif, positif et négatif. On peut imaginer deux approches,
qui donneront deux régioisomères, mais dans les deux cas, l’approche est
supra-supra, les signes positif et négatif se faisant face. En regard de la
représentation picturale de ces coefficients, on a mentionné la valeur de leur
carré: x et y sont de ce fait des nombres positifs, m et n aussi pour rendre
compte de l’importance du carré du coefficient correspondant [4].

Première approche
X X
x y Z Z

x+m y+n
X: groupe donneur
Deuxième approche Z: groupe attracteur
X X
x y+n

Z Z
y
x+m

F. A.2 : Représentation des coefficients orbitalaires rendant compte de la


régiosélectivité de la réaction de Diels-Alder
Dans la première approche, le numérateur du terme de Fukui s’écrit

xy + ( x + m)( y + n ) = 2 xy + nx + my + mn
Pour la deuxième approche on a

x( y + n) + y( x + m ) = 2 xy + nx + my
La différence entre ces deux approches est représentée par mn qui est
positif, rendant la première approche majoritaire et expliquant la régiosélec-
tivité observée. Le lecteur retiendra que l’interaction gros-gros, petit-petit
est supérieure à l’interaction gros-petit, petit-gros. Au-delà de ce moyen
mnémotechnique, tout se passe comme si l’interaction importante sur les
sites à population orbitalaire élevée était la force motrice pour la réaction.
Encore faut-il qu’il y ait une différence énergétique entre BV et HO suffi-
samment faible ainsi qu’une approche facile des réactifs et c’est là qu’inter-
vient le paramètre βkl .
La démonstration par les orbitales frontières permet aussi de comprendre
facilement la stéréospécificité de la réaction de Diels-Alder, ainsi que son
Annexes 475

endosélectivité. Pour l’endosélectivité, ce sont des interactions orbitalaires


secondaires qui sont primordiales.

2.5.Corrigé de l’exercice 4 (paragraphe7.3)


Les deux méthodes les plus courantes pour préparer RN 3 sont:
y la substitution nucléophile d’un dérivé bromé (éventuellement chloré)
par NaN3. Il est impératif de ne pas utiliser le dichlorométhane comme
solvant car celui-ci réagit avec NaN 3 pour donner CH 2 (N3) 2 très ins-
table et explosif. Dans cette méthode il y a une perte atomique sous
forme de NaBr (ou NaCl);
y l’utilisation d’un réactif de transfert de diazo, tel qu’un azoture d’imi-
dazole-1-sulfonyle [5]. Là encore, il faut prendre toutes les précautions
d’usage car ces sels sont des matériaux très sensibles au moindre choc
[6].
L’azoture d’imidazole-1-sulfonyle doit être préparé à partir d’imidazole,
de SO2Cl 2 et de NaN 3, conduisant à une perte atomique sous forme de NaCl.
D’autre part, la réaction de transfert de diazo est loin d’avoir une économie
d’atomes maximale puisqu’il se forme un acide sulfamique comme déchet
(SchémaA.13)

H
N N
+ SO2 Cl 2 + NaN3 Cl N SO2 N3 + NaCl
N

H H
RNH2
N N
Cl N SO2N 3 Cl N SO2 NH2
- RN 3

S A.13 : Préparation d’un azoture par un réactif à transfert de diazo


Si on prend en compte l’économie globale d’atomes, ce qui est légitime,
alors on voit que l’utilisation de la réaction de Huisgen est loin d’avoir une
économie d’atomes optimale, bien que la réaction de Huisgen elle-même soit
une réaction économique à 100% en atomes. Cet exemple permet de com-
prendre que nous devons avoir une vision globale avant de faire tout choix
de synthèse et tout choix de produit à synthétiser.

3.Annexes du chapitre 3
3.1.Corrigé de l’exercice 1 (paragraphe 3.1.1)
Nous sommes ici dans le domaine d’application du principe de Curtin-
Hammett (SchémaA.14) où les constantes de vitesse k A et kB sont faibles
476 Chimie verte, concepts et applications

par rapport aux constantes de vitesse de l’équilibre. Soit K la constante


d’équilibre.

kA K
kB
A' A B B'

S A.14 : Schéma général concernant le principe de Curtin-Hammett


Les vitesses de formation de A’ et de B’ sont respectivement:
d [A´] d [B ]
vA = = kA [ A ] etv B = = k B[ B ] = k BK [ A ]
dt dt
vB k K
Donc = B
vA kA
L’équilibre étant rapide par rapport à la formation des produits, le rap-
port [ B ] / [ A ] reste inchangé au cours de la réaction, donc K est constant.
K = 1/10,7 d’après l’expérience de RMN. Le rapport entre les produits
formés est donc:

[B´] k K
= B
[A´] kA
Le rapport kB /kA vaut 580, si bien que le rapport entre les énantiomères
formés est:

[S ] 580
= = 54 ,2
[R ] 10 ,7

54, 2
D’où [ S ] = 100 = 98 % et [R ] = 2 % , soit un excès énantiomérique
54 ,2 + 1
de 96%, conforme à l’expérience.
D’après la loi de Eyring, on peut écrire que:

kB ∆G A≠ − ∆G B≠
= exp
kA RT
où DGA≠ et DG ≠B sont les enthalpies libres d’activation des réactions don-
nant A’ et B’, où R est la constante des gaz parfaits et T la température. La
différence entre les enthalpies libres d’activation est donc:
kB
= 15 , 76 kJ .mol 1 à 298 K.

∆∆G ≠ = RT Log
kA
Annexes 477

3.2.Corrigé de l’exercice 2 (paragraphe 3.2.1.4)


À partir du Schéma3.38, on peut écrire l’équation-bilan de la dihydroxy-
lation asymétrique de Sharpless (Schéma A.15).

R1 R1 R2
R2 + 2 K 3 Fe(CN)6
+ 2 K4 Fe(CN)6 + 2 KHCO3
+ 2 K2CO 3 + 2 H 2O HO OH

S A.15 : Équation-bilan de la dihydroxylation asymétrique de


Sharpless
La masse des déchets est importante. La masse de 2moles de ferrocya-
nure de fer est de 736,72g; celle de 2moles d’hydrogénocarbonate de potas-
sium est de 200,24g. Si on considère que l’on prépare un alcool de masse
molaire égale à 500g.mol –1, alors l’économie d’atomes est égale à

736 ,72 + 200 ,24


AE = 1 − = 0 ,35
736 ,72 + 200 ,24 + 500
La perte atomique est donc de 65% en masse pour un alcool de masse
molaire élevée comme dans l’exemple choisi. Elle est encore plus importante
pour un alcool de masse plus petite. Notons que le calcul ne tient pas compte du
ligand chiral, puisque celui-ci ne rentre pas dans l’équation-bilan. Cet exemple
montre de nouveau qu’il est impératif de savoir écrire une équation-bilan, ce
qui n’est pas toujours facile, pour calculer une économie d’atomes.
La réaction est intéressante pour préparer des produits énantiomériquement
purs et à haute valeur ajoutée. Comme dans toute synthèse énantiosélective,
on évite ainsi un dédoublement, consommateur de produits et générateur de
déchets. La dihydroxylation de Sharpless est, en termes de chimie verte, d’au-
tant plus intéressante qu’elle intervient en fin de synthèse (voir la démonstration
sur l’économie de matière dans une séquence réactionnelle au paragraphe1.3).

3.3.Corrigé de l’exercice 3 (paragraphe 5.1)


Le principe de l’état stationnaire postule que la vitesse d’apparition du
complexe ES (Schéma 3.120) est égale à sa vitesse de disparition, ce qui
conduit à:

k1[ E ][ S ] = ( k 2 + k 3)[ ES ]
L’inverse de la constante d’équilibre est la constante de Michaelis K M
définie par la relation (16).
[E ][S ] k + k3
= 2 = KM (16)
[ ES ] k1

La vitesse de la réaction (apparition de P) à t = 0 est: v = k 3 [ ES ] .


478 Chimie verte, concepts et applications

Pour exprimer cette vitesse initiale en fonction des données choisies par l’ex-
périmentateur (concentration en substrat [S], concentration en enzyme [E T]),
il suffit d’exprimer [ES] et donc de remplacer dans l’équation(16) l’inconnue
[E] (quantité d’enzyme libre) par [E T]–[ES]. On obtient alors l’équation(17).
[ S] [S ]
v = k3 [ ET ] = Vmax (17)
K M + [S ] K M + [ S]

On retrouve les points caractéristiques de la cinétique de Michaelis-Menten:


quand [S] tend vers zéro v = V max /K M [S]
quand [S] = KM v = V max /2
quand [S] tend vers l’infini v = Vmax = k 3 [E T]
En exprimant 1/v par rapport à 1/[S], on obtient l’équation(18).
1 K 1 1
= M + (18)
v Vmax [ S ] Vmax

Pour déterminer expérimentalement les paramètres cinétiques (K M


et Vmax ), on réalise ce que l’on appelle un essai enzymatique, c’est-à-dire
une mesure des vitesses initiales en fonction de différentes concentrations
[S] de substrat. Cela peut être réalisé par spectrophotométrie UV ; un
exemple classique est l’observation de la formation de NADH à 340 nm
(εmax =6220M–1 .cm–1 ) alors que le coefficient d’extinction du NAD + (voir
paragraphe5.5 du chapitre3) est quasi nul à cette longueur d’onde, permet-
tant de quantifier au bout d’une minute l’état d’avancement de la réaction
enzymatique correspondante, donnant ainsi sa vitesse initiale.
Dans le cas où la réaction enzymatique suit la cinétique de Michaelis-
Menten, l’équation 1/v =f(1/[S]) sera alors représentée par une droite de
pente K M /Vmax , d’ordonnée à l’origine 1/V max , droite qui coupe virtuellement
l’axe des abcisses à –1/K M.
Si le milieu contient un inhibiteur réversible compétitif, alors celui-ci
rentre en compétition avec le substrat pour le site actif de l’enzyme. Il y a
formation d’un complexe, enzyme-inhibiteur (EI) défini par une constanteK I
(équation19) de même nature (en termes d’interactions moléculaires) que le
complexeES, mais qui ne peut pas évoluer vers la formation d’un produit.
En quelque sorte, l’inhibiteur, en occupant le site actif, va gêner la for-
mation du complexeES. En ce qui concerne les nouveaux paramètres ciné-
tiques, le Vmax sera inchangé (l’inhibiteur compétitif ne gêne pas la cascade
réactionnelle issue de ES) mais le nouveau K M sera augmenté, en fait mul-
tiplié par 1+[I]/KI . On voit donc que l’on diminue l’efficacité de l’enzyme
d’autant plus que la concentration [I] en inhibiteur est importante et que
la constante d’inhibition K I est petite (elle exprime l’affinité de l’inhibiteur
pour l’enzyme). Si [I] =KI , alors le nouveau K M est multiplié par2.
[ E ][ I ]
KI = (19)
[EI ]
Annexes 479

3.4.Corrigé de l’exercice 4 (paragraphe 5.6.2)


La réaction enzymatique effectuée se fait dans le sens de l’aldolisation où
l’énamine formé entre le DHAP (voir Schéma3.152) et une lysine de l’en-
zyme attaque la face si de l’aldéhyde. Seul l’énantiomère (R) est attaqué car
il est substrat de l’enzyme. Par contre l’énantiomère (S) n’est pas substrat
et n’a donc pas été consommé dans la réaction.
On a ainsi réalisé un dédoublement cinétique car le racémique a été
dédoublé grâce à une cinétique très différente de ses deux énantiomères. Le
paramètreclé du dédoublement cinétique enzymatique est explicité au para-
graphe5.3 du chapitre3.
En chimie, le paramètreclé d’un bon dédoublement cinétique est le rap-
port k 1/k2 des constantes de vitesse des deux énantiomères. On peut expri-
mer ce rapportE, appelé énantiosélectivité, en fonction du taux de conver-
sionc et de l’excès énantiomérique ee S de l’énantiomère n’ayant pas réagi
(équation 20).
k1 Log ( 1 − c)( 1 − ee S )
E= = (20)
k2 Log (1 − c )( 1 + ee S )

4.Annexes du chapitre 4
4.1.Constantes physiques des solvants
4.1.1.Permittivité relative
La permittivité relative ou constante diélectrique ε r , notée également
ε, est une mesure de l’effet d’un champ électrique sur un milieu, la réfé-
rence étant le vide. Cette grandeur (Tableau A.10) intervient dans la loi
de Coulomb qui exprime la force électrique s’exerçant entre deux charges
ponctuelles q+ et q – immobiles distantes de r +– :

1 q +q −
felectrique =
4πε 0ε r r+2−

où ε0 est la permittivité du vide (ε 0 = 8,854187 10 –12 F.m–1 )


Elle est donc liée à la polarisabilité des molécules constituant le milieu.
ε r reflète le pouvoir de dissociation des espèces ionisées dans le solvant.
Celles-ci sont sous forme de paires d’ions pour des solvants de faible per-
mittivité relative (ε r <20) alors qu’elles sont dissociées dans des solvants de
permittivité relative élevée (εr >40).

4.1.2.Densité d’énergie de cohésion et paramètre de solubilité


d’Hildebrand
La densité d’énergie de cohésion (ced) représente l’ensemble des forces
attractives qui agissent dans un liquide. Elle s’exprime comme le rapport
480 Chimie verte, concepts et applications

de l’énergie de vaporisation et du volume molaire: ced = D vapU0 /Vmol avec


D vapU0 = U 0 – Ul sat
L’énergie de vaporisation est la différence entre l’énergie interne du gaz
idéal à pression standard et celle du liquide saturé à la même température et
la même pression. La signification physique de cette grandeur correspond à
l’énergie nécessaire pour porter les entités (molécules ou atomes) depuis leur
distance d’équilibre dans le liquide jusqu’à une distance infinie.
L’énergie de cohésion, encore appelée pression de cohésion, rend compte
de la force des interactions moléculaireset donc de la structure du liquide
(Tableau A.10). Elle s’exprime en unités de pression et ne doit pas être
confondue avec la pression interne du liquide, définie comme le changement
d’énergie interne lors d’une légère expansion isothermique. La densité d’éner-
gie de cohésion de l’eau est anormalement élevée (23000bars à température
ambiante) alors que sa pression interne est faible. La densité d’énergie de
cohésion de l’eau augmente avec la température jusqu’à atteindre un maxi-
mum à 150°C, alors que sa pression interne décroît avec la température [7].
La racine carrée de la densité d’énergie de cohésion est appelée paramètre
de solubilité de Hildebrand: δ = ced
Hildebrandt a observé que deux liquides dont les valeurs de δ ne dif-
fèrent que de 3-4unités (exprimées en MPa 0,5) sont miscibles. L’inverse n’est
cependant pas vrai: l’éthanol et l’eau sont parfaitement miscibles en toutes
proportions et leurs valeurs de δ sont respectivement de 26,0 et 47,9 MPa 0,5 .

4.2.Paramètres empiriques pour la classification des solvants


4.2.1.Échelles de polarité de Dimroth et Reichardt (ET(30) et ETN)
Ce sont les échelles de polarité empiriques les plus utilisées. Elle sont fon-
dées sur le comportement solvatochromique d’une bétaïne, le 2-6-diphényl-
4-(2,4,6-triphényl-1-pyrido)phénolate (FigureA.3)dans un solvant donné à
25°C et sous 1bar (cette bétaïne est le 30e colorant qui figure dans une liste
proposée par Reichardt, voir [8]).

F. A.3 : Bétaïne utilisée dans l’échelle E T(30)


Annexes 481

Les déplacements solvatochromiques résultant de la différence des énergies


de solvatation entre l’état fondamental et l’état excité de ce composé sont
remarquables: la gamme d’énergie de transition π → π* va de 14kJ. mol –1
kcal . mol (soit 810nm) dans le diphényl ether à 264kJ.mol –1 (soit 453nm)
dans l’eau. La valeur de ET (30) pour un solvant donné (TableauA.10) est
l’énergie (en kcal. mol–1 ) du maximum de la première bande d’absorption de
cette bétaïne. Les valeurs normalisées E TN prennent comme référence l’eau
et le tétraméthylsilane(TMS) avec des valeurs respectives de E T (30) égales
à 63,1 et 30,7kcal.mol–1.

ET ( solvant ) − 30, 7
ET N =
32 , 4
Ces valeurs sont très faciles à obtenir expérimentalement mais le fait
d’avoir une valeur unique pour rendre compte de la polarité présente cer-
taines limites puisque la part relative des différents phénomènes physi-
co-chimiques n’est pas exprimée.

Solvants εr ced (MPa) E TN


Eau 78,3 2300 1
Formamide 111 1573 0,799
Éthylène glycol 37,7 891 0,790
Méthanol 32,66 873 0,762
Éthanol 24,55 658 0,654
Carbonate de propylène 64,92 762 0,491
Acétonitrile 35,94 582 0,46
Diméthylformamide 36,71 582 0,404
Acétone 20,56 394 0,355
Dichlorométhane 8,93 414 0,309
Acétate d’éthyle 6,02 342 0,228
Diéthyléther 4,2 250 0,117
Toluène 2,38 332 0,099
Hexane 1,88 219 0,009

T. A.10 : Valeurs des paramètres ε r , ced et E TN à température ambiante


482 Chimie verte, concepts et applications

4.2.2.Échelle de polarité de Kamlet et Taft [9]


Afin de mieux rendre compte des diverses interactions des solvants,
Kamlet et Taft ont proposé une échelle de trois paramètres choisis pour
différencier les interactions soluté-solvant.
π*: indice de polarité/polarisabilité
α: capacité du solvant à donner des liaisons hydrogène (acidité)
β : capacité du solvant à accepter des liaisons hydrogène (basicité)

4.3.Corrigé de l’exercice 1 (paragraphe 2.2)


Une solution idéale est une solution dont les constituants, qu’ils soient
identiques ou non, ont tous des interactions identiques. Par exemple dans
un mélange de dichlorométhane et de toluène qui forme un mélange idéal,
chaque molécule de dichlorométhane peut être entourée indifféremment par
une molécule de dichlorométhane ou de toluène; de même, chaque molécule
de toluène peut être entourée indifféremment par une molécule de dichlo-
rométhane ou de toluène. Le volume du mélange est égal à la somme des
volumes des constituants. Il en est de même de toutes les grandeurs thermo-
dynamiques, à l’exception de l’entropie.
Ce n’est absolument pas le cas dans un mélange eau/éthanol, l’étha-
nol pouvant se glisser dans les cavités formées par la structure de l’eau.
Cela explique que le volume du mélange Vexp soit inférieur à la somme des
volumes des constituants, V eau et Vméthanol. On dit que le volume d’excès V E
qui mesure l’écart à l’idéalité est négatif.
Vexp < Veau + Vméthanol
VE = Vexp - Vidéal avec Vidéal = Veau + Vméthanol
D’une façon générale, l’écart à l’idéalité se quantifie par des grandeurs
thermodynamiques d’excès. Si on considère la grandeur thermodynamique
notée A, sa valeur d’excès sera alors:
AE = Aexp - Aidéal où Aexp est la valeur déterminée expérimentalement et où
Aidéal peut être calculé à partir des grandeurs thermodynamiques des consti-
tuants et de leur fraction molaire.
Dans un mélange non idéal comme eau-éthanol, la loi de Raoult n’est
plus linéaire et le diagramme de phase binaire liquide-vapeur montre l’exis-
tence d’un azéotrope.

4.4.Corrigé de l’exercice 2 (paragraphe 2.4)


L’acide dodécylbenzènesulfonique forme une micelle à l’intérieur de
laquelle on a les produits organiques hydrophobes, acide carboxylique et
alcool, favorisant leur réaction. Celle-ci donne de l’eau qui est immédiate-
ment rejetée dans le milieu aqueux à l’extérieur de la micelle permettant
ainsi un déplacement de l’équilibre en faveur de l’ester.
Annexes 483

4.5.Corrigé de l’exercice 3 (paragraphe 4.3)


Il s’agit d’une réaction de Williamson qui nécessite une base. La base
la plus accessible est la soude aqueuse. C’est un sous-produit de l’industrie
du chlore produit par électrolyse du chlorure de sodium. Cependant on voit
d’entrée de jeu qu’on aura une perte d’atomes importante, avec formation de
sel. L’équation-bilan est donné dans le schémaA.16. Le mécanisme de cette
substitution nucléophile aromatique est celui d’une addition-élimination, le
groupeNO2 jouant le rôle d’un accepteur de Michael.

O2 N O 2N

OH + F + NaOH O

A B C P

+ NaF + H2 O
MA= 94,11 g.mol -1
MB= 141,1 g.mol-1 MP= 215,2 g.mol -1
MC= 40 g.mol-1

S A.16 : Équation-bilan de la formation du 2-nitrophényl phényl éther


MP
AE = = 0 ,78
M A + M B + MC

Pour déterminer le facteur E de Sheldon, il faut calculer l’intensité mas-


sique MI, ou bien l’économie d’atomes GME (inverse de MI).
Masse des entrants = 25+1,2+100+37,48+100+106=369,68g

masse des entrants 369 ,68


MI = = = 6 ,8
masse du produit 54 ,31

E = MI − 1 = 5 , 8
Compte tenu de la valeur très moyenne de l’économie d’atomes, la valeur
du facteurE n’est pas excessivement élevée. Ceci provient du fait qu’il n’y a
pas d’excès de réactif en dehors de la soude, qu’il n’y a pas d’extraction et
que l’isolement du produit se fait par simple décantation.
À 75°C, on est en présence de deux phases, une phase organique conte-
nant les deux réactants (phénol et orthonitrofluorobenzène) et une phase
aqueuse contenant la soude. Le catalyseur (bromure de tétrabutylammo-
nium) se partage entre les deux phases. Dans la phase aqueuse, il est en
équilibre avec l’hydroxyde de tétrabutylammonium, qui peut alors passer
dans la phase organique, d’où le nom de catalyse par transfert de phase au
procédé. La réaction en présence des ions OH – a alors lieu dans la phase
organique libérant du fluorure de tétrabutylammonium qui passe dans la
phase aqueuse pour donner par échange avec la soude du fluorure de sodium,
484 Chimie verte, concepts et applications

déchet ultime qui reste dans la phase aqueuse. Le produit reste par contre
dans la phase organique. Par simple décantation, on peut le récupérer.
L’intérêt du procédé est celui de la catalyse par transfert de phase per-
mettant d’isoler le produit par décantation évitant ainsi toute extraction
consommatrice de solvant. Le deuxième intérêt vient du fait que le dichlo-
rométhane qui est souvent utilisé dans ce type de procédé, a pu être évité
limitant les risques toxiques (voir Tableau4.3). Le troisième intérêt vient du
fait que le 2-MeTHF permet de s’abstraire de la pétrochimie au profit de la
végétalochimie utilisant des déchets agricoles ou sylvicoles.

4.6.Corrigé de l’exercice 4 (paragraphe 5.2)


La réaction a une économie d’atomes de 100% comme le montre l’équa-
tion-bilan (Schéma A.17).

S A.17 : Réaction de Friedel-Crafts catalysée en milieu liquide ionique


Le catalyseur se trouve dans la phase liquide ionique. C’est pourquoi la réuti-
lisation de cette phase donne de nouveau un rendement quantitatif. La réaction
a lieu dans la phase liquide ionique où se trouve le catalyseur et où les réactants
se solubilisent partiellement. Il s’agit donc de catalyse homogène. En revanche,
le produit est relargué en phase organique, permettant sa décantation.
Le cyclohexène, en présence de l’acide de Lewis, donne intermédiairement
un ion carbénium qui est l’espèce électrophile de la substitution électrophile
aromatique qui s’ensuit. Cet intermédiaire est stabilisé dans le liquide ionique
en raison de la polarité de celui-ci. Un bon paramètre pour mesurer la polarité
des liquides ioniques est le paramètre empirique E T(30) qui est égal à 52,5 pour
[bmim] SbF6 [10]. Cela correspond à la valeur normalisée E TN = 0,67, ce qui est
une valeur élevée (comparer cette valeur à celles données dans le tableauA.10).

4.7.Corrigé de l’exercice 5 (paragraphe 5.2)


L’équation-bilan montre que le seul déchet est l’eau (SchémaA.18), ce
qui conduit à une économie d’atomes élevée

H H
NH 2 N N
2 + CO2 + H 2O
O
M A= 99,17 g.mol-1 MB= 44,01 g.mol -1 MP = 224,34 g.mol-1

S A.18 : Équation-bilan de la formation de la dicyclohéxylurée

MP
AE = = 0 ,93
2 MA + MB
Annexes 485

En fin de réaction, le milieu devient pâteux car la dicyclohéxylurée est


peu soluble dans le liquide ionique. En ajoutant de l’eau, le précipité formé
peut être facilement filtré. Par contre CsOH soluble dans l’eau ainsi que
le liquide ionique parfaitement miscible à l’eau restent dans le filtrat. Ils
peuvent donc être recyclés pour une deuxième, voire une troisième réaction.
Dans une première étape, il se forme le cyclohéxylcarbamate de cyclo-
héxyle. Celui-ci n’est pas un bon électrophile et on ne peut pas additionner
une autre molécule de cyclohéxylamine en milieu organique conventionnel.
Le fait que la dicyclohéxylurée puisse précipiter dans le milieu réactionnel
est un facteur essentiel qui permet de comprendre que la réaction ait lieu en
liquide ionique. Il est cependant impératif d’utiliser une base forte comme
CsOH afin d’exalter la nucléophilie de la cyclohéxylamine pour que cette
deuxième étape difficile ait lieu dans le liquide ionique.

5.Annexes du chapitre 5
5.1.Corrigé de l’exercice 1 (paragraphe 2.2)
Pour bien comprendre les valeurs des facteurs environnementaux figurant
au schéma 5.4, il est utile de rappeler l’équation(2) du chapitre1:

1 masse des auxiliaires


MI = +
RME masse du produit
Si on considère que la réaction se fait sans solvant, sans catalyseur et
sans aucun autre auxiliaire et si on fait abstraction du traitement réaction-
nel, alors on peut définir une intensité massique de réaction MI réact et un
facteur environnemental de réaction Eréact telle que:

1
MI réact = = E réact + 1
RME

On peut donc affirmer que les valeurs de E réact du schéma5.4, uniquement


pour les réactions sans solvant, correspondent très précisément à 1/RME -1,
alors que toutes les valeurs de E réact-isol correspondent aux valeurs du facteur
environnemental de Sheldon défini au chapitre1. Si le rendement des réac-
tions était de 100% et s’il n’y avait aucun excès de réactif, E réact serait alors
égal à 0 pour les réactions sans solvant.

5.2.Corrigé de l’exercice 2 (paragraphe 6.1)


Pour avoir un écoulement peu différent de l’écoulement piston, il faut que
le nombre de Bodenstein B 0 soit supérieur à 100, c’est-à-dire que le nombre
de Fourier F0 = B0/β soit supérieur à 100/48 pour les canaux à section cir-
culaire ou 100/30 pour les canaux à section carrée.
486 Chimie verte, concepts et applications

Le temps de résidence étant le produit du nombre de Fourier par le temps


de diffusion transversale, on en conclut que le temps de résidence t R doit
être supérieur à (100/48)*(d/2) 2/DM pour les canaux à section circulaire ou
(100/30)*(d/2) 2/D M pour les canaux à section carrée. L’application numé-
rique figure dans le tableau A.11. Il apparaît clairement qu’il vaut mieux
une section circulaire. Pour les réactions rapides, il est impératif d’avoir une
section de diamètre faible.

Section d (cm) F 0 minimal t R minimal t R minimal


(s) (min)
Circulaire: 0,03 2,083 46,8 0,8
diamètre d
Circulaire: 0,05 2,083 130,2 2,2
diamètre d
Circulaire: 0,1 2,083 520,8 8,7
diamètre d
Carrée: côté d 0,03 3,333 75,0 1,25
Carrée: côté d 0,05 3,333 208,3 3,5
Carrée: côté d 0,1 3,333 833,3 13,9

T. A.11 : Valeurs minimales du temps de résidence à respecter avec


DM = 10–5 cm 2 . s–1

5.3.Corrigé de l’exercice 3 (paragraphe6.2.7)


1. La première colonne monolithe se retrouve sous forme M-POPh 2 .
2. La résine QP-BZA piège l’aldéhyde qui n’a pas réagi.
3. Cette réaction utilise un gaz (H 2), on peut donc utiliser un réacteur
Tube in Tube (TiT).
Ce réacteur favorise les contacts gaz-liquide. Il convient de placer des
régulateurs de pression dans le système.

F. A.4 : Montage utilisé pour la réaction


Annexes 487

4. La colonne QP-BZA sert à neutraliser l’acide acétique, tandis que la


colonne d’alumine basique piège le chlorure ferrique acide.
5. Le flux de 0,35 mL/min transporte 0,035 mmol/min de composé
de départ. Sachant que le rendement est quantitatif, on obtient donc
0,035mmol/min d’acétonide, soit une productivité de 2,1mmol/h.
6.

O O
H O

F. A.5 : Structure de l’aldéhyde formée dans le réacteur R1


7. La réduction d’un ester en aldéhyde par l’hydrure de diisobutyl alumi-
nium exige un strict respect de la température et de la stœchiométrie de la
réaction, ce que permet la technologie en flux.
8. Les deux colonnes IRA-743 servent à piéger les complexes d’aluminium
et de bore, respectivement.
9. Le temps de résidence, rapport entre le volume du réacteur et le débit,
est de 1min.
10. Le méthanol évite la précipitation du triflate d’ammonium.
11. Le temps de collecte est la somme du temps de passage dans les
boucles contenant les composés de départ, du temps de résidence dans le
réacteur et du temps de passage dans la colonne omnifit:
Temps de passage dans les boucles: 2/0,15 =13,33min
Temps de résidence: 10/(0,15*2)= 33,33min. (Le débit dans le réacteur
de 10mL est la somme des débits des deux pompes.)
Temps de passage dans la colonne: 8/0,3 = 26,66min
Temps de collecte: 73,33 min
12. La colonne de résine permet de piéger le diester de l’acide borique
formé dans la réaction.
13. On peut utiliser le même montage que celui du schéma 5.49.
14. Le débit de la phase organique est de 2mL/min. Au bout de 15min,
on a donc collecté 30mL.
15. La solution de NH4Cl permet d’extraire le triflate d’ammonium formé.
16. Ce système peut être basé sur l’utilisation d’un séparateur de
phase à membrane ; voir un exemple figure 5.9 (pour un exemple d’uti-
lisation de systèmes commerciaux, voir [11, 12]; pour un exemple de sys-
tèmes non commerciaux, voir [13] ; pour une vidéo voir : https://www.
zaiput.com/liquid-liquid-separators?qt-liquid_liquid_separators=1
- qt-liquid_liquid_separators).
17. On pourrait utiliser des agents de traitement supportés (voir para-
graphe 6.2.7).
488 Chimie verte, concepts et applications

6.Annexes du chapitre 6
6.1.Corrigé de l’exercice 1 (paragraphe 2.2)
Dire que le méthane a un effet de serre 25 fois supérieur au CO 2 sur
une période de 100 ans signifie que le forçage radiatif dû à l’absorption
infrarouge du gaz qui renvoie vers le sol le rayonnement solaire réémis est
25fois plus important pour le méthane que pour le gaz carbonique sur une
durée de 100 ans. En fait le méthane réémet dans l’infrarouge beaucoup
plus que le CO2 mais se dissipe aussi beaucoup plus vite, sur une période de
10ans (contre 100ans pour CO 2), par suite de réactions avec les radicaux
hydroxyles de la haute atmosphère (redonnant du CO 2).
Selon notre hypothèse, l’épandage de 5 tonnes de biomasse conduit à
3tonnes de CO 2 de plus que dans la méthanisation. Le même effet de serre
serait produit avec 3000/25 =120kg de CH 4. Ceci pourrait constituer la
fuite maximale tolérable. En considérant que 3tonnes de méthane sont obte-
nus lors de la méthanisation, cela correspond à une fuite de seulement 4%
de méthane. Cet exercice montre l’extrême vigilance qui doit entourer toute
installation d’usine ou d’unité de méthanisation.

6.2.Corrigé de l’exercice 2 (paragraphe 3)


L’équation-bilan de la fermentation du glucose par cette bactérie généti-
quement modifiée est représentée au schémaA.19.

C 6H 12O6 C4H 8 + 2 CO2 + 2 H2O

S A.19 : Fermentation du glucose en isobutène


La transformation de l’isobutène en ETBE se fait en présence de bioétha-
nol (voir Schéma6.10), ce qui permet d’avoir une filière entièrement végétale
pour cet antidétonant ajouté aux essences.
L’alkylation de l’isobutène par l’isobutane est représentée au schémaA.20.

S A.20 : Alkylation de l’isobutène en isooctane


La réaction a une économie d’atomes de 100%, ce qui est la rend viable
sur le plan économique, d’autant plus qu’elle est déjà réalisée sur de gros
tonnages en pétrochimie.
En milieu acide, on forme le cation tbutyl tertiaire. Ce cation s’addi-
tionne sur l’isobutène pour donner selon un mécanisme de type Markovnikov
un autre ion carbénium. Un hydrure est ensuite transféré de l’isobutane sur
cet ion carbénium formant l’isooctane et régénérant le cation tbutyl ter-
tiaire. Le processus en chaîne peut alors continuer (SchémaA.21).
Annexes 489

Initiation H+

Propagation addition
électrophile
+

transfert de H -
+ +

S A.21 : Mécanisme de l’alkylation de l’isobutène

L’avantage de cette innovation est qu’elle produit un hydrocarbure qui


constitue déjà une plateforme dans l’industrie. L’isobutène peut en effet être
transformé en ETBE et peut aussi être transformé en différents carburants
en utilisant des procédés déjà parfaitement mis au point, ce qui est un gros
avantage en termes d’investissement industriel. Les biocarburants ainsi for-
més sont des hydrocarbures, c’est-à-dire des biocarburants désoxygénés, les
meilleurs en termes énergétiques.
La contrepartie vient du fait que la matière végétale est oxygénée et
qu’il y a nécessairement une perte d’oxygène. Cette perte est inhérente à
la réaction de fermentation et se traduit par la libération de CO 2 et d’H 2O.
À ce stade l’économie d’atomes calculée à partir de l’équation-bilan du
schémaA.19 est extrêmement faible (AE=0,31) rendant la récupération du
CO 2 indispensable, par exemple pour l’alimentation de bassins de microal-
gues en vue de la production de biocarburants de troisième génération.
D’autres possibilités peuvent être envisagées donnant au concept de bioraf-
finerie tout son sens.

6.3.Corrigé de l’exercice 3 (paragraphe 4.1.1)


Le procédé Zeachem est représenté au schéma A.22. La fermentation
d’une mole de glucose donne trois moles d’acide acétique avec 100% d’éco-
nomie d’atomes. Les trois moles d’acide acétique sont alors estérifiées en
acétate d’éthyle, ce qui consomme trois moles d’éthanol et libère trois moles
d’eau. Les trois moles d’acétate d’éthyle formées sont alors hydrogénées
pour conduire à six moles d’éthanol.
À partir d’une mole de glucose et de six moles d’hydrogène, on forme
donc trois moles d’éthanol avec une perte de trois moles d’eau, ce qui per-
met d’augmenter l’économie d’atomes de 51 % (fermentation alcoolique)
jusqu’à 72% (procédé Zeachem) pour la production d’éthanol à partir du
glucose.
490 Chimie verte, concepts et applications

fermentation
Glucose acétique 3 CH3CH 2OH
C6 H12O6 3 CH3CO2 H 3 CH 3CO2CH 2CH3
H+

Lignocellulose 3 H2O
gazéification
Résidus 6 H2

6 CH3CH2 OH

S A.22 : Procédé Zeachem de production d’éthanol

6.4.Corrigé de l’exercice 4 (paragraphe 4.5.2)


La suite des réactions figure dans le schémaA.23. Pour calculer l’écono-
mie globale d’atomes GAE, il faut faire le bilan des réactants, nommés A,
B, C et D sur le schéma; les composés intermédiaires n’interviennent pas
car ils sont réutilisés.

MP
GAE = = 0 ,45
M A + M B + MC + M D
Pour vérification, le calcul peut être effectué à partir des sous-produits
Q1 et Q2 .

M Q1 + M Q2
GAE = 1 − = 0 ,45
MA + MB + MC + MD

+ Cl2 + H2O Cl + HCl


A B C OH Q1

Cl + NaOH + NaCl + H2 O
OH O Q2
D

+ H2O OH
O OH
P
MA = 42,08 g.mol -1 MP = 76,09 g.mol-1

MB = 70,91 g.mol -1 MQ1 = 36,46 g.mol-1

MC = 18,02 g.mol-1 MQ2 = 58,44 g.mol-1

MD = 40 g.mol-1

S A.23 : Préparation du propylène glycol à partir du propène


Annexes 491

L’hydrogénation du glycérol (Schéma A.24) a une économie d’atomes


égale à 0,81 nettement plus élevée. Le produit désiré est oxygéné. Il est donc
a priori judicieux de le produire à partir de la biomasse végétale, elle-même
oxygénée. Dans ce cas précis, on utilise un sous-produit de l’industrie des
huiles végétales, le glycérol, dont la valorisation est impérative. Une seule
étape de réduction est nécessaire.
En revanche, dans le processus issu de la pétrochimie, on a deux étapes
d’oxydation, en plus de deux autres étapes (élimination et addition). La pre-
mière étape d’oxydation (non mentionnée sur le schéma) est liée à l’obtention
du propène par vapocraquage du pétrole. La deuxième étape d’oxydation
nécessite du chlore, produit par électrolyse de chlorure de sodium consomma-
trice d’une énorme quantité d’énergie. Dans cet exemple, la végétalochimie
permet donc de s’abstraire à la fois de la pétrochimie et de la chlorochimie.

OH OH
HO OH + H2 OH + H2O

S A.24 : Préparation du propylène glycol à partir du glycérol

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