Vous êtes sur la page 1sur 2

La France rappelle son ambassadeur en Italie à la

suite d’« attaques sans précédent »


Le ministère des Affaires étrangères déplore des « accusations répétées » et des
« déclarations outrancières » de la part de Rome.

Publié le 7 février 2019

De gauche à droite, Luigi Di Maio, le ministre du Travail, Giuseppe Conte, le premier ministre italien, et
Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur, le 17 janvier à Rome. RICCARDO ANTIMIANI / AP

La France rappelle son ambassadeur en Italie pour consultations face à « une situation
grave » qui « n’a pas de précédent depuis la fin de la guerre », a annoncé jeudi
7 février la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll,
déplorant des « accusations répétées », des « attaques sans fondement » et
des « déclarations outrancières ». « Les dernières ingérences constituent une
provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix
démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent
entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus », souligne Mme von
der Mühll, dans un communiqué.

Peu après cette annonce, les deux chefs politiques du gouvernement populiste italien,
Matteo Salvini et Luigi Di Maio, se sont déclarés « disponibles » pour dialoguer avec le
gouvernement français. « Nous sommes tout à fait disposés à rencontrer le président
Macron et le gouvernement français », a écrit M. Salvini, patron de la Ligue (extrême
droite) dans un communiqué, assurant qu’il ne voulait pas de conflit avec Paris.

Macron, un « très mauvais président »

Le Quai d’Orsay avait déjà dénoncé mercredi une « provocation inacceptable » après
une rencontre la veille entre le vice-président du Conseil italien et chef politique du
Mouvement 5 étoiles (antisystème), Luigi Di Maio, et des représentants des « gilets
jaunes » en France. Mardi, c’est M. Di Maio lui-même qui a annoncé cette réunion sur
les réseaux sociaux, en ajoutant : « Le vent du changement a franchi les Alpes. Je
répète : le vent du changement a franchi les Alpes. »
Cette rencontre faisait suite à une série de propos d’une rare violence de M. Di Maio
comme de M. Salvini à l’encontre de l’exécutif français. Matteo Salvini, patron de
l’extrême droite italienne et homme fort du gouvernement Conte, a ainsi dit espérer
que le peuple français se libère bientôt d’un « très mauvais président », des propos
totalement inédits entre responsables de pays fondateurs de l’Union
européenne. « Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des
fins électorales en est une autre », a poursuivi la porte-parole.

Matteo Salvini tente d’organiser un front européen de l’extrême droite contre les
proeuropéens, incarnés notamment par le chef de l’État français, en vue du scrutin
du 26 mai. « La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le
manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie, a dit Agnès Von Der
Mühll. Tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du
gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France. » En déplacement au
Liban, Giuseppe Conte, s’est néanmoins voulu rassurant : « Les relations entre les
deux pays sont si anciennes que toute mauvaise passe, même institutionnelle et un
peu vive, pourra être dépassée. »

De leur côté, les présidents des organisations patronales française (Medef) et italienne
(Confindustria) ont appelé jeudi soir « au dialogue constructif » entre les deux pays,
dans une lettre adressée à MM. Macron et Conte. « L’économie veut unir ce que la
politique est en train de diviser. L’Italie et la France sont des pays amis et nous ne
souhaitons pas qu’une crise provoquée de façon planifiée puisse nous diviser »,
déclarent Geoffroy Roux de Bézieux et Vincenzo Boccia, soulignant que la France et
l’Italie sont le deuxième partenaire commercial l’un pour l’autre.

https://www.lemonde.fr/international/reactions/2019/02/07/la-france-rappelle-son-ambassadeur-
en-italie-et-denonce-des-attaques-sans-precedent-depuis-la-fin-de-la-guerre_5420480_3210.html

Vous aimerez peut-être aussi