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Bonjour à tous, dans cet exposé, je commencerai par présenter le texte De l’incertitude
de notre jugement à travers différents thèmes. Ces derniers sont : la contradiction entre
les opinions bonnes, la guerre, la fortune, la raison et le scepticisme. Puis, dans une
deuxième partie beaucoup plus courte, je présenterai la forme de l’essai. Je terminerai
l’exposé par mes deux questions de discussion.
Le premier thème du texte semble être la contradiction entre les opinions bonnes.
Ce thème est introduit par les premiers mots de l’essai : « C’est bien là ce que dit ce
vers ». Par cette préambule, Montaigne laisse paraitre que ce qu’il s’apprête à dire est
surprenant et controversé. Le vers qu’il va citer veut dire ce qu’il veut dire, même si sa
signification étonne.
Quel est donc ce vers ? Il vient de l’Illiade : « On peut fort bien parler partout et pour et
contre »
En ce sens, selon ce vers, pour toutes questions, des positions bonnes et contradictoires
peuvent être défendues. Je peux bien argumenter pour et contre le troisième lien par
exemple.
Il ne semble pas y avoir de position unique et appropriée à une question.
C’est une thèse qui étonne, puisque pour beaucoup de question, il nous semble qu’une
seule réponse est valable. Rares sont ceux qui pensent que le troisième lien est à
construire et à ne pas construire par exemple.
Revenons au texte.
Tout de suite après avoir cité ce vers étonnant, Montaigne essaie de prouver qu’il est vrai.
Pour se faire, il présente six questions et à chacune, il montre que l’on peut défendre à la
fois le pour et le contre en montrant que les deux positions sont appuyées par des
exemples dans l’histoire. Mais ces questions ne portent pas sur n’importe quel sujet. Elles
ont tous affaire à la guerre.
Le philosophe amorce ainsi son deuxième thème soit la guerre, tout en continuant de
traiter du premier qui est: la contradiction des opinions bonnes sur la guerre.
Dans la suite de mon exposé, j’expliquerai rapidement les six questions et les
contradictions défendues par le penseur.
Première question : doit-on poursuivre l’armée ennemi après une victoire.
Montaigne défend d’abord le pour :
Il dit que ceux qui n’achèvent pas leur ennemi sont « enivrés par la réussite ». Leurs
célébrations perturbent leur jugement. Ils ne voient pas que l’ennemi est à son plus faible
et que c’est le moment parfait pour remporter complètement la guerre.
Cette distraction permet à l’ennemi de s’enfuir, de se réorganiser, de s’échauffer et de
réattaquer après.
Il donne pour exemple César qui put réorganiser ses troupes après sa défaite contre
Pompée, car son ennemi ne le poursuivit pas. Ce dernier put même emporter la guerre
après en gagnant une bataille et en poursuivant Pompée.
Nous arrivons à la deuxième question : doit-on parer ses soldats d’armes prestigieuses
Montaigne défend d’abord le pour :
Avoir des belles et luxueuses armes augmente la fierté des combattants et les pousse à se
dépasser au combat.
Il nomme quelques généraux qui suivaient cette règle, soit Brutus, César, Serorius,
Philopoemen.
La troisième question que pose Montaigne est « doit-on insulter l’ennemi lors d’une
bataille ? »
Montaigne défend d’abord que l’on doit le faire.
Injurier l’ennemi motive les troupes à gagner le combat. L’insulte rend toute paix
impensable, puisque l’opposant est outragé. La victoire semble alors la seule solution
pour sortir du conflit et les soldats alliés deviennent motivés à gagner.
Puis, le penseur soutient l’inverse parce qu’insulter l’ennemi peut le motiver et le rendre
plus puissant. Par exemple, en traitant l’armée de l’empereur romain Othon de molle, le
prétendant Vitellius déclencha sa colère et rendit la bataille périlleuse.
Montaigne défend d’abord qu’on doit déguiser le chef pour éviter qu’il se fasse tuer et
que l’armée parte en déroute.
Puis, le philosophe soutient la thèse opposée. Déguiser le chef le rend parfois
méconnaissable. L’armée se met à croire qu’il est mort ou qu’il a déserté. Elle perd le
courage qu’apporte sa présence et s’affaiblit.
Puis, après avoir repassé tous ces avantages, Montaigne soutient que malgré ces derniers,
François Premier décida de défendre son territoire. Le philosophe fait alors une deuxième
liste exhaustive des avantages auxquels a dû penser le roi, mais cette fois en faveur de la
position adverse. J’en nomme quelques-uns.
Connaissant son territoire, François Premier peut déplacer ses troupes efficacement.
Ses soldats sont plus motivés, car ils défendent leurs maisons.
Il peut décider quand attaquer et faire patienter son ennemi autant qu’il veut.
Il peut faire mourir ses ennemis de froid.
Ses ennemis n’ont aucun endroit où se soigner s’ils tombent malade, ils n’ont pas de
connaissance du pays pour éviter les embuches, ils ne peuvent se sauver s’ils perdent une
bataille.
Et justement, en restant sur son territoire, François Premier vainquit Charles Quint dont
l’armée fut décimée par la famine.
Mais Montaigne ne conclut pas cette section en soutenant que l’option de défendre son
territoire est la meilleure. Comme il l’écrit : « Les exemples en faveur de l’une ou l’autre
solution ne manquaient pas ».
En ce sens, dans l’histoire plusieurs l’ont emporté en défendant leur territoire, mais
plusieurs ont perdu en le faisant comme Hannibal. Aussi plusieurs ont vaincu en attaquant
comme Scipion et plusieurs ont perdu en attaquant comme Nicias.
Nous arrivons à la prochaine partie du texte qui contient les deux thèmes principaux, la
raison et la fortune. Par raison, nous signifions la faculté de raisonner, de réfléchir à notre
expérience et d’induire des principes, ou de poser directement des principes par
déduction. Par Fortune, nous signifions le cours des choses qui nous dépasse.
Dans ce paragraphe, Montaigne exprime ce qu’on peut conclure de la contradiction entre
nos opinions bonnes. Les évènements obéissent à la fortune et non à nos raisonnements.
En effet, si nos raisonnements restaient vrais avec le temps, nous pourrions dire que la
raison a une emprise sur les évènements et que nous sommes capable de déterminer ce
qui va arriver et ce qui fonctionne. Le général qui gagnerait sa guerre l’aurait gagné à
cause de sa stratégie et de sa raison, il aurait eu une emprise sur les évènements.
Or, comme l’a montré Montaigne à travers ses exemples sur la guerre, nos raisonnements
ne restent pas vrais avec le temps. Les thèses contradictoires ont l’avantage
dépendamment des moments dans l’histoire pour des raisons différentes.
Il s’ensuit que nous avons beau trouver des arguments fondés sur l’expérience pour
défendre une position, finalement, le cours des choses n’en a rien à faire de nos
prévisions et de nos arguments, il suit son chemin sans nous consulter comme le montre
le poème de Manilius cité : « la fortune n’approuve pas et n’assiste pas les causes qui le
méritent, mais elle va sans choix, errant parmi tous »
Et en ce sens, Hannibal a beau réfléchir sur les nombreuses raisons qui rendent
nécessaires de rester défendre son pays, le cours des choses ne l’écoute pas et décide que
cette décision le mène à sa perte.
La sagesse en vient à être moquée par Montaigne parce qu’elle ne gouverne pas le cours
des choses, comme il le défend dans l’essai XXIV du livre I, Conséquences différentes
d’un même dessein : « C’est une chose bien vaine et frivole que l’humaine sagesse, et au
travers de tous nos projets, de nos réflexions et précautions, la fortune garde toujours la
possession des évènements »
Tout ce que la raison peut faire, c’est d’énoncer le probable, comme le laisse paraitre une
citation de Cicéron dans l’apologie de Raymon Sebon : « vous devez vous souvenir et
que moi, qui parle, et que vous, qui écoutez, nous sommes des hommes, en sorte que, si
je ne dis que le probable, vous ne devez rien réclamer de plus (p.617) » En ce sens, la
raison ne peut que faire des hypothèses sur ce qui va arriver et ce qui est le mieux à partir
de son expérience, mais jamais elle n’a d’emprise sur ces évènements.
La fortune pour sa part en vient à être une force divine. En contrôlant le cours des choses
sans écouter nos raisonnements, elle est au-dessus de nous et nous gouverne. Elle a un
plus grand contrôle sur notre vie que nous même, parce que nous avons beau raisonner
sur ce qui va arriver dans notre existence, nos raisonnements ont peu ou pas emprise sur
ce que la fortune réserve pour nous. Comme le laisse entendre le poème Manilius : « il y
a une puissance supérieure qui nous domine, nous gouverne et qui tient sous ses lois les
choses »
Puis, dans le dernier paragraphe du texte, Montaigne avance encore sur les même thèmes
soit la raison et la fortune. Il soutient que la raison, en plus de ne pas pouvoir convaincre
la fortune, participe à la fortune. En ce sens, nos raisonnements sont bien moins des choix
établis et déterminés par nous-mêmes, qu’ils sont déterminés par le cours des choses : « il
semble que nos desseins et nos décisions dépendent bien autant de la fortune que les
évènements et les résultats et qu’elle engage aussi nos raisonnements dans son trouble et
son incertitude »
En ce sens, nos idées sur le monde, nos positions, nos raisonnements pour la plupart nous
échappent. Hannibal ne conclut pas qu’il doit rester en sa ville pour la défendre par un
raisonnement complètement sien. Ce raisonnement lui vient en tête selon ses désirs et
selon les circonstances. Le philosophe développe sur cette participation au hasard de
notre raison dans son essai Sur l’inconstance de nos actions. Il soutient que notre pensée
suit notre volonté du moment, nos désirs provisoires et que ces mêmes désirs ne sont pas
contrôlés par nous, mais déterminés par les circonstances : « Notre façon ordinaire de
faire, c’est de suivre les inclinaisons de notre désir à gauche, à droite, en haut, en bas
selon que le vent des circonstances nous emporte. Nous ne pensons que ce que nous
voulons qu’à l’instant où nous le voulons et nous changeons comme cet animal qui prend
la couleur du lieu où on le pose (p. 411) »
La pensée en vient à être non pas une série d’idées contrôlées, mais une suite de pensées
qui défile selon les circonstances et qui est déterminée par la fortune : « Chaque jour une
nouvelle idée et nos pensées se meuvent avec les mouvements du temps (p. 411) »
Ainsi, transparait à partir de cet essai un dernier thème qui n’est pas exploité directement,
mais qui est sous-entendu, soit le scepticisme. En effet, nous avons vu trois grands
éléments dans le texte et chacun d’eux peut être une raison d’être sceptique et de croire
que nous n’avons pas accès aux principes des choses, à ce qui les explique et qui permet
de les prédire.
Premièrement, nos pensées bien argumentées se révèlent en contradiction. Cette
contradiction entre nos opinions bonnes laisse paraitre que nous n’avons pas les facultés
pour parvenir à une vérité universelle sur les choses.
Deuxièmement, notre raison n’a pas d’emprise sur les évènements. Ces derniers étant
régis par la fortune, ils ne peuvent être prédits adéquatement par notre savoir. Le principe
à la base des évènements reste alors hors de notre porté et sourd à nos requêtes.
Troisièmement, notre raison qui cherche à comprendre ces principes participe elle-même
au hasard. Ce ne serait donc pas un moi libre et raisonnable qui trouverait un principe aux
choses, si on en trouvait un, ce serait la fortune qui guiderait notre raison vers ce principe.