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Daniel Christmann
Professeur Émérite de Maladies Infectieuses
Faculté de Médecine
Université de Strasbourg
Membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine
1 E ÉDIT ION
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Abréviations
ACA acrodermatite chronique atrophiante
ADN acide désoxyribonucléique
AINS anti-inflammatoires non stéroïdiens
EM érythème migrant
FSME Frühsommermeningoenzephalitis
Ig immunoglobuline
IRM imagerie par résonance magnétique
PGE2 prostaglandine E2
OMS Organisation mondiale de la Santé
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CHAP IT RE 2
Données fondamentales
Bactériologie
La maladie de Lyme est une infection bactérienne due à des Borrelia, regroupées dans le complexe Borrelia burgdorferi sensu lato.
L’identification du rôle de Borrelia dans la maladie de Lyme revient à W. Burgdorfer (1982) à partir de prélèvements réalisés sur les
tiques (Ixodes) initialement récoltées dans la région de Lyme [1]. Ces bactéries appartiennent à la classe des spirochètes, à l’ordre des
spirochétales, à la famille des Spirochaetaceae, au genre Borrelia qui comprend plus de 300 espèces dont le complexe Borrelia burgdorferi
sensu lato [2].
En 2014, une révision de la nomenclature du genre Borrelia a été proposée à la suite d’analyses génomiques sur différentes
séquences protéiques. Cette étude avait identifié des marqueurs moléculaires très spécifiques qui permettaient de distinguer les
Borrelia responsables de fièvres récurrentes, des Borrelia responsables de la maladie de Lyme. Cette séparation est confortée par les
analyses génomiques et phylogénétiques des séquences de rRNA16s. Sur la base de ces éléments, il était proposé de distinguer deux
clades de Borrelia, celle des fièvres récurrentes, d’une part, pour lesquelles le nom Borrelia était maintenu et celle de la maladie de
Lyme, d’autre part, pour lesquelles le terme Borreliella était proposé [3, 4].
Cette distinction a fait l’objet de différentes critiques reposant sur des données fondamentales ainsi que sur des arguments non
scientifiques, la division du genre entraînant plus de confusion, notamment en termes de santé publique. Elle n’a pour l’instant pas
été adoptée.
Le complexe Borrelia burgdorferi sensu lato réunit 22 espèces qui peuvent être séparées en deux groupes :
▪ le premier groupe comporte des espèces qui n’ont pas été responsables d’infection chez l’Homme : B. andersonii,
B. californiensis, B. carolinensis, B. japonica, B. tanuki, B. yangtzensis, B. chilensis (en Amérique du Sud). B. americana qui
figurait habituellement dans ce groupe a fait l’objet d’une publication récente l’impliquant dans un cas de borréliose de
Lyme et la repositionnant dans le deuxième groupe [5].
▪ le deuxième groupe renferme les espèces pathogènes, ce sont : B. garinii, B. afzelii, B. spielmanii, B. burgdorferi sensu stricto,
B. bavariensis, B. valaisiana, B. bissettii, B. lusitaniae, B. finlandensis, B. kurtenbachii et B. mayonii auquel il faut donc ajouter B.
americana.
La répartition géographique de ces germes n’est pas la même à travers le monde. Aux États-Unis, les trois espèces pathogènes sont
Borrelia burgdorferi stricto sensu, très anciennement connue et largement dominante, B. americana et B. mayonii.
En Europe et en Asie ont été identifiés B. garinii, B. burgdorferi sensu stricto, B. afzelii, B. bavariensis, B. spielmanii,
B. valaisiana, B. lusitaniae.
B. burgdorferi stricto sensu, B. afzelii et B. garinii représentent 95 % des souches les plus pathogènes à l’origine d’infections localisées
et disséminées.
Morphologie et structure
Les Borrelia sont des spirochètes, bactéries spiralées à Gram négatif, mobiles, souples qui possèdent un appareil locomoteur interne
qui leur permet de se déplacer. Elles présentent cinq à dix spires régulières. Leur longueur varie de 4 à 30 microns, leur diamètre est
de 0,2 à 0,5 micron selon les espèces et les conditions de culture.
La culture de la bactérie nécessite l’usage d’un milieu complexe, le milieu Barbour-Stoener-Kelly (BSK) modifié (BSK II) avec une
température optimale de multiplication de 32° en milieu environnant micro-aérophile. Dans ces conditions optimales, le temps de
division est de 12 à 24 heures [6].
Borrelia, comme tous les spirochètes, est constituée d’un cylindre protoplasmique contenant un appareil nucléaire et le cytoplasme.
Ce cylindre est dans une enveloppe dont la structure est proche de la membrane des bactéries à Gram négatif avec un
peptidoglycane à sa surface.
Borrelia possède un chromosome linéaire de plus de 900 000 (910 725) paires de bases représentant environ 853 gènes. À côté, la
bactérie possède jusqu’à 21 plasmides linéaires ou circulaires, représentant un ensemble de 533 000 paires de bases, certaines codant
pour des facteurs de virulence. Ce nombre élevé de plasmides est une particularité de Borrelia burgdorferi spp. [7]. Leur taille est
variable. Certains plasmides sont certainement porteurs de gènes de virulence. Cette situation est suggérée par la perte de pouvoir
pathogène de Borrelia burgdorferi spp. au cours des cultures qui s’accompagnent de perte de plasmides. Ainsi, Borrelia burgdorferi sensu
stricto possède un plasmide linéaire, lp25 (linear plasmid) obligatoire pour que la souche ait un pouvoir infectieux. Le séquençage du
génome a été réalisé en 1997 [7].
Borrelia burgdorferi possède comme toutes les bactéries, des gènes qui permettent des réactions métaboliques. Elles sont, toutefois,
limitées rendant Borrelia burgdorferi spp. très dépendante de leur hôte comme source d’énergie que sont essentiellement le glucose
ainsi que d’autres hydrates de carbone. Les nutriments plus complexes sont en partie fournis par l’hôte. Ce sont des acides gras à
longue chaîne, des nucléotides, des acides aminés ou des peptides.
Les flagelles qui constituent l’appareil locomoteur sont insérés à chaque pôle de la bactérie et sont localisés dans l’espace
périplasmique, entre le cylindre protoplasmique et l’enveloppe. La bactérie s’enroule autour de l’axe formé par les flagelles.
La partie distale d’un flagelle est constituée d’une protéine : la flagelline, polypeptide de 41 kDa, présent dans toutes les espèces de
Borrelia burgdorferi sensu lato. La flagelline a un pouvoir antigénique marqué précoce mais peu spécifique. Des réactions croisées sont
possibles avec d’autres Borrelia et des tréponèmes induisant alors des réactions faussement positives vis-à-vis de Borrelia burgdorferi. Sa
constitution biochimique est spécifique des espèces.
D’autres protéines sont présentes. Parmi celles-ci, on retiendra :
Structure et pathogénie
Borrelia burgdorferi est caractérisé par la présence de protéines spécifiques, les outer surface proteins (Osp). On distingue les protéines
Osp A, B, C, D, E et F. Certaines ont un rôle majeur dans la pathogénie de ces bactéries.
▪ Osp A est une protéine de poids moléculaire compris entre 31 et 33 kDa. Elle est produite par la bactérie présente dans
l’intestin de la tique. Osp A joue un rôle dans l’adhérence des Borrelia à l’épithélium de l’intestin de la tique en se liant à des
récepteurs protéiques (tick receptor OspA [TROSPA])
▪ Osp B est une protéine de 34 à 35 kDa, elle semble nécessaire à l’adhérence des Borrelia à l’intestin de la tique.
Ces deux protéines (Osp A et Osp B) jouent un rôle dans le maintien des Borrelia dans la tique, notamment aux différentes phases
de son développement.
▪ Osp C est une protéine de 23 kDa qui intervient dans la migration des Borrelia dans les glandes salivaires de la tique. Elle se
lie à une protéine de 15 kDa (Salp 15) codée par le gène Salp15 dont l’expression est stimulée au moment du repas sanguin
de la tique. Cette forme liée (Osp C-Salp15) confère à la bactérie une protection contre les anticorps cytotoxiques de l’hôte,
situation qui permet de faciliter l’infection de l’hôte.
La protéine Salp15 présente dans la salive de la tique a également un effet immunosuppresseur et est impliquée dans la
transmission de la bactérie du vecteur vers l’hôte. Salp15 a un rôle modulateur sur la réponse immunitaire de l’hôte en inhibant
l’activation des lymphocytes T-CD4(+). L’augmentation de Salp15 par ses fonctions immunosuppressives va s’opposer au rejet de la
tique par l’hôte.
Malgré une réaction immune de l’hôte, Borrelia burgdorferi est capable de persister chez celui-ci pendant une période prolongée, à
l’origine de tableaux cliniques d’expression tardive. Différentes possibilités s’offrent à Borrelia burgdorferi pour échapper à ces
mécanismes de défense. Il y a notamment les protéines CRASP (complement regulator acquiring surface proteins) et vlsE (variable major
protein-like sequence). Le gène VlsE chez le mammifère contaminé voit certaines régions de sa séquence se modifier aboutissant à des
mutants de la protéine VlsE autorisant ce phénomène d’échappement et participant ainsi à la virulence de Borrelia burgdorferi[8, 9].
Sur le capitulum, qui est en position antérieure, se trouve une paire de pièces sensorielles les pédipalpes en position latérale,
l’hypostome en situation ventrale et les chélicères pourvues de nombreuses dents en position dorsale ; l’ensemble constituant le
rostre.
L’idiosome porte à sa face ventrale les pattes et présente un pore génital à la partie antérieure (chez la femelle) et un orifice anal
dans la partie postérieure. La larve a trois paires de pattes, la nymphe et l’adulte ont quatre paires de pattes.
Le scutum, ou écusson, est une plaque chitineuse, rigide qui couvre en partie et au niveau de la zone antérieure de l’idiosome les
larves, nymphes et adultes. Cet écusson couvre la presque totalité de l’idiosome chez l’adulte mâle et empêche ainsi sa distension et
n’autorise qu’un repas très restreint chez celui-ci.
La tique possède un certain nombre d’organes sensoriels leur permettant de repérer un hôte pour son repas sanguin ou de
rechercher un partenaire sexuel. Ainsi, la première paire de pattes porte, à la partie dorsale du tarse, une structure importante :
l’organe de Haller, qui permet à la tique de repérer ses hôtes en détectant le gaz carbonique et les substances volatiles (phénol et
lactone) qu’ils dégagent et les modifications de température engendrées par ces hôtes potentiels. À côté de ces stimuli, il convient de
rajouter le rôle possible des vibrations.
À côté des pédipalpes et de l’organe de Haller, une troisième structure sensorielle est présente, ce sont des soies situées sur
l’ensemble des téguments de la tique.
Ixodes ricinus ne possède pas d’yeux mais des cellules photosensibles à sa face dorsale.
Sur le plan anatomique, un Ixode comme les autres tiques possède différentes structures internes. Ce sont :
▪ le taux d’humidité doit rester supérieur à 80 % au cours des périodes sèches de l’année. Les tiques sont sensibles à la
dessiccation au cours des périodes de développement ou au moment de la période d’affût. Ces conditions sont présentes
dans les sous-bois, les prairies, les fourrées, etc. mais rarement dans les jardins régulièrement entretenus. Elles ne sont pas
présentes sur le pourtour méditerranéen ou en altitude.
▪ la température constitue un deuxième élément indispensable à son développement ; elle est idéale entre 15 et 30°.
Dans les régions tempérées d’Europe, la densité d’Ixodes ricinus est plus importante au printemps et en automne.
Hôtes de Ixodes
Les Ixodes n’ont pas de préférence et les hôtes, qui sont leurs victimes, sont variés, dépendant en partie du stade de développement de
la tique (cycle hétéroxène). Les larves vont plutôt se fixer sur les petits mammifères (petits rongeurs, hérissons). Les mêmes vont
être concernés par les nymphes auxquels il faut ajouter les petits carnivores, les lagomorphes et les oiseaux. Les tiques adultes
touchent plutôt les grands mammifères (ovins, bovins, chevaux, cerfs, chevreuils, sangliers, etc.) ou les grands carnivores.
L’homme est un hôte accidentel et peut être concerné par les différents stades de développement de la tique. C’est au cours de ces
repas qu’une tique indemne va se contaminer sur un hôte réservoir. Par la suite et lors d’un repas suivant, elle va transmettre les
Borrelia à son nouvel hôte. Cette transmission débute environ 20 heures après sa fixation pour se poursuivre sur une période
variable en fonction de la stase.
Mécanismes physiologiques développés lors de la piqûre de tique (rôle du repas sanguin, des
glandes salivaires et de la salive) [22-25]
Les glandes salivaires sont formées de structure en grappe avec différents acini, siège d’une sécrétion de protéines et de lipides
possédant diverses propriétés pharmacologiques et actives lors du repas de chaque stase.
En plus de la salive, ces glandes vont produire le cément permettant l’ancrage de la tique.
Propriétés de la salive
La salive des tiques possède différentes activités pharmacologiques. Il s’agit d’une action sur la coagulation, sur l’inflammation et la
douleur, ces éléments étant déjà connus depuis 1985.
Différentes molécules peuvent interférer avec la coagulation, l’agrégation plaquettaire et la vasoconstriction qui apparaît au site de
la piqûre chez l’hôte.
Activité anticoagulante
Différents facteurs vont agir sur plusieurs niveaux de la coagulation et sur l’agrégation plaquettaire. L’Ixolaris et la Penthalaris,
identifiées chez Ixodes scapularis, sont des inhibiteurs spécifiques du facteur tissulaire initiant l’activation de la voie extrinsèque de la
coagulation. Un inhibiteur Salp14 a été identifié chez Ixodes. D’autres facteurs sont présents (par exemple, apyrase).
▪ Borrelia burgdorferi : la transmission est marquée à partir du troisième jour après la piqûre. Pour d’autres espèces comme
Borrelia garinii, le délai est plus court. La bactérie est fixée à l’intestin de la tique par Osp A. Au début du repas sanguin,
Osp A ne sera plus exprimé alors que Osp C va être produite. Des Borrelias libérées du tube digestif vont migrer via
l’hémolymphe vers les glandes salivaires. La protéine Salp15 va fixer Osp C et faciliter la transmission de Borrelia burgdorferi
à l’hôte. D’autres protéines interviennent dans la transmission, la protéine decorin binding protein (DpbA, DbpB) et la Borrelia
burgdorferi fibronectin-binding protein (BBK 32) ;
▪ Anaplasma phagocytophilum : une protéine Salp16 chez Ixodes scapularis voit son expression augmenter en cas d’infection par
Anaplasma phagocytophilum et semble avoir un rôle plus spécifique. L’inhibition de l’expression de Salp16 diminue la
migration de la bactérie dans les glandes salivaires. Un délai est nécessaire, comme pour Borrelia, avant la transmission à
l’hôte ;
▪ Bartonella : la transmission par les tiques n’a pas été admise pendant longtemps mais différentes observations récentes
viennent conforter ce possible mode de transmission. Sa transmission est actuellement démontrée. Un même délai est
nécessaire avant la transmission. Chez Ixodes ricinus, un facteur salivaire « IrSPI » voit son expression augmenter au
niveau des glandes salivaires lors de l’infection par Bartonella henselae. Cette protéine joue donc un rôle dans la
transmission de la bactérie.
▪ Babesia : les étapes de la transmission de Babesia ne sont pas totalement élucidées. Les Babesia sont présentes dans les
glandes salivaires avant le repas de la tique mais le développement du parasite nécessite un certain temps et sa
transmission à l’hôte n’est effective qu’après quelques jours. Ce délai est variable selon l’espèce de Babesia.
▪ Virus, virus TBE : il est transmis dès le début de la piqûre d’Ixodes car déjà présent dans les glandes salivaires de la tique.
Épidémiologie
La Borréliose de Lyme est une zoonose dont la répartition correspond à celle des tiques du genre Ixodes. Il s’agit principalement des
régions humides et boisées de l’hémisphère nord.
La borréliose de Lyme a été décrite chez l’Homme mais aussi chez les mammifères sauvages et domestiques en particulier le chien,
les équidés et les ruminants. D’autres espèces peuvent être porteuses de Borrelia sans développer de signes cliniques. Il s’agit en
particulier des petits mammifères, des oiseaux ainsi que des lézards.
Répartition géographique
Elle correspond à la zone tempérée de l’hémisphère nord recouvrant essentiellement l’Eurasie et les États-Unis. La répartition n’est
pas homogène avec des variations en fonction des régions et des pays.
En Europe, la répartition est inégale avec un gradient d’ouest en est.
En France, à l’exception de la bordure méditerranéenne, toutes les régions sont concernées sauf les zones localisées à plus de
1 200 mètres d’altitude. Certaines régions sont plus nettement concernées comme le nord est et l’ouest et de façon moins marquée, la
région Centre.
Les données restent incomplètes mais la sensibilisation des professionnels de santé à ce problème permet de corriger en partie ces
données épidémiologiques.
Aux États-Unis, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a mis en place une surveillance qui a permis une meilleure
évaluation des particularités épidémiologiques. En 2003, l’incidence annuelle était estimée à 5,1 cas pour 100 000 habitants [26-28].
En Europe, l’incidence varie selon les pays de 0,3 cas pour 100 000 habitants au Royaume-Uni à 130 cas pour 100 000 habitants en
Autriche [26-32].
En France, l’incidence nationale est estimée à 16 cas pour 100 000 habitants avec des zones plus endémiques comme le Limousin
(42 pour 100 000 habitants) ou l’Alsace (86 pour 100 000 habitants) [30, 33-36].
Variation saisonnière
Conséquence des particularités biologiques des tiques, le risque de contamination de l’Homme et des autres mammifères est limité à
la période d’activité avec un risque plus important au printemps et à l’automne et une légère diminution saisonnière en été.
Il faut, néanmoins, rappeler que cet aspect correspond à la période de contamination et donc cliniquement à celle de l’érythème
chronique migrant (ECM). Les autres manifestations cliniques des phases secondaires et tertiaires doivent être envisagées toute
l’année en pratique clinique [37-43].
Transmission des Borrelia
Il s’agit d’une transmission vectorielle par les tiques du genre Ixodes spp. dont il existe de nombreuses espèces selon les régions
géographiques [44-46]. Sont impliqués :
Comme autre mode de transmission chez l’Homme, il faut rappeler la possible transmission transplacentaire avec une
contamination du fœtus sans qu’il y ait de risque de malformation, ni de borréliose congénitale, contrairement à ce qui est observé
avec une autre infection à spirochètes, la syphilis congénitale. Cette situation peut exister pendant la phase bactériémique, phase
primo-secondaire de l’infection. La fréquence de ce risque de transmission est faible et seule une cinquantaine d’observations ont été
rapportées dans la littérature dans une étude systématique sur une période de 50 ans.
Références
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CHAP IT RE 3
Ces premiers éléments permettent ainsi d’écarter d’autres diagnostics et notamment une réaction inflammatoire transitoire liée à la
piqûre. Dans son aspect le plus typique, la région cutanée entre le point de piqûre et l’érythème a souvent repris un aspect
subnormal, voire normal donnant alors un aspect de cible (« bull’s eye rash » aux États-Unis). Cette lésion classiquement arrondie
ou ovalaire a parfois une forme irrégulière (fig. 3.2).
Cette évolution ne serait pas totalement identique selon l’implication de Borrelia burgdorferi sensu stricto ou de Borrelia afzelii.
Lorsque cette dernière est impliquée, la partie centrale s’éclaircirait dans 80 % des cas alors qu’elle n’est plus que de 9 à 37 % des cas
lorsque Borrelia burgdorferi sensu stricto est responsable. Borrelia garinii donne une lésion dont l’évolution est très proche de celle de
Borrelia afzelii. Dans près de 25 % des cas, la lésion reste uniquement érythémateuse (fig. 3.3). Il est parfois noté une petite
desquamation ou de petites vésicules de contenu clair, trouble ou hémorragique (fig. 3.4).
FIGURE 3.3 Érythème migrant atypique.
Zone érythémateuse diffuse. Creux poplité.
FIGURE 3.4 Érythème migrant.
Aspect atypique. Forme desquamante.
Cette lésion, en l’absence de traitement, sera de résolution spontanée, en général en trois à quatre semaines.
En Europe, l’érythème migrant lié à Borrelia garinii semble avoir une expansion plus rapide. Cette symptomatologie, qui se résume
en fait à la zone érythémateuse, explique souvent son absence d’identification en particulier lorsque l’EM n’est pas très grand ou
siège dans une zone anatomique difficile à examiner lors de l’auto-examen (cuir chevelu, région rétro-auriculaire chez l’enfant,
région dorsale ou périnéale).
L’EM siège le plus souvent aux membres inférieurs, en particulier au niveau du creux poplité ou au niveau de l’aine. Dans un
quart des cas, la lésion siège au niveau du thorax ou de l’abdomen (région péri-ombilicale) ou dans les autres cas au niveau de la
partie supérieure du corps notamment chez l’enfant.
Cette lésion caractéristique ne nécessite aucun examen complémentaire pour retenir le diagnostic. Il est ainsi possible d’écarter
d’autres atteintes cutanées comme une infection mycosique (surtout dans les régions inguinales et axillaires), un érysipèle dans
lequel la fièvre est élevée, associée à une réaction inflammatoire biologique, ou d’autres pathologies comme une réaction à une
piqûre d’insecte, une urticaire, un eczéma de contact ou un granulome annulaire.
Le traitement antibiotique devra être débuté immédiatement, sans données sérologiques préalables.
Parmi les formes atypiques, il a été décrit des formes à centre bulleux, ulcéré, nécrotique.
L’aspect peut être particulier au niveau d’un membre à partir duquel Borrelia peut migrer sur la circonférence de la zone concernée
et alors se traduire par deux bandes circonférentielles (anneaux) érythémateuses de part et d’autre du point de piqûre (fig. 3.5).
FIGURE 3.5 Érythème migrant.
Aspect atypique. Zones érythémateuses sous le genou et au niveau de la cheville.
Signes associés
Un certain nombre de manifestations cliniques peuvent être associées à cet EM. Leur fréquence est de 80 % aux États-Unis alors
qu’elle ne serait que de 23 à 50 % en Europe. Cette différence serait le reflet de la variation de virulence entre Borrelia burgdorferi, d’une
part, et Borrelia afzelii et Borrelia garinii, d’autre part, avec notamment pour Borrelia burgdorferi une stimulation plus marquée des
macrophages qui sécrètent plus de chemokine ou de cytokine.
Les symptômes les plus fréquents sont une sensation de malaise général (10 à 80 %), des céphalées (28 à 64 %), de la fièvre et des
frissons (31 à 59 %), des myalgies et des arthralgies (35 à 48 %) et, moins fréquemment, nausées, anorexie, vertiges, difficultés de
concentration.
En ce qui concerne les signes physiques généraux, il a été noté aux États-Unis des adénopathies régionales (23 à 41 %).
Il faut, enfin, souligner qu’il n’a pas été décrit de lésions des paumes des mains, ni de la plante des pieds, ni de lésions muqueuses.
Sur le plan épidémiologique, il y a deux pics d’âge pour l’EM : de 5 à 14 ans et de 45 à 54 ans. Enfin, en raison d’une transmission
plus marquée par les nymphes et, par ailleurs, d’un contact plus important de l’homme avec la nature, cette lésion aura une
fréquence plus élevée à la fin du printemps et en été.
Dans près de 50 % des cas, les patients n’ont pas de souvenir de la piqûre de tique.
L’analyse histologique ne révèle pas de lésions spécifiques. Il existe en bordure un infiltrat lymphocytaire prévasculaire, superficiel
et profond.
Phase primo-secondaire
Non traitées, les bactéries, qui diffusent de façon superficielle au niveau de la peau, vont également se propager en profondeur et
pénétrer dans les capillaires pour atteindre la circulation générale entraînant une bactériémie souvent asymptomatique à l’origine de
la diffusion des germes dans l’ensemble de l’organisme avec localisations secondaires des germes dans différents organes ou tissus
dans lesquels ils vont se multiplier et être à l’origine des formes localisées de la phase secondaire (ou disséminé précoce).
Dans un certain nombre de cas, cette période bactériémique peut être symptomatique (25 à 50 % des cas des patients ayant eu un
EM). La traduction clinique la plus fréquente est alors un syndrome pseudo-grippal associant de façon variable fébricule, céphalées,
signes mineurs d’encéphalopathie lentement régressifs en trois à quatre semaines, arthralgies et myalgies. La discrétion habituelle
des signes explique le fait qu’elle passe, en général, inaperçue.
M éningoradiculites
Encore appelées syndrome de Garin-Bujadoux-Bannwarth, les méningoradiculites sont observées dans 67 à 85 % des cas de
neuroborréliose en Europe. Le délai de survenue s’échelonne de trois semaines à trois mois après la contamination. La piqûre de
tique qui reste un élément important dans l’orientation diagnostique lorsqu’elle est connue, ce qui n’est pas toujours le cas, va être
suivie par l’apparition d’un érythème migrant qui n’est pas régulièrement identifié. Il s’agit d’une radiculite sensitive avec
installation de douleurs radiculaires aiguës dans presque tous les cas. Ces douleurs sont variables dans leur intensité, lancinantes,
souvent marquées par une recrudescence nocturne et devenant alors insomniantes. La description est variable, sensations de
brûlures, de morsures, de broiements, de paresthésies. La topographie est habituellement radiculaire en général dans le territoire de
la piqûre de tique ou de l’érythème migrant. Ces phénomènes peuvent ne pas rester localisés mais déborder sur les métamères
voisins, voire se généraliser. L’examen clinique est pauvre, très habituellement sans particularité, avec une étude de la sensibilité
normale. L’atteinte motrice, si elle est présente, est très discrète. L’analyse du liquide cérébrospinal (LCS) révèle une pléïocytose
lymphocytaire. L’enregistrement électromyographique confirmera l’atteinte axonale.
Une particularité de cette atteinte est le peu d’efficacité des anti-algiques banals. En fait, seule l’antibiothérapie adaptée va être très
rapidement efficace avec, en général, disparition des douleurs dans les 48 heures après le début de son administration.
M éningoradiculite crânienne/crâniospinale
La méningo-radiculite crânienne se développe quelques semaines après l’érythème migrant et concerne l’atteinte des nerfs crâniens.
Tous les nerfs crâniens peuvent être concernés mais l’atteinte du nerf facial (VII) prédomine nettement chez l’adulte comme chez
l’enfant. Sa traduction est une paralysie faciale périphérique, en général unilatérale mais parfois bilatérale. Ainsi, une paralysie
faciale en zone endémique connue doit toujours faire rechercher une borréliose de Lyme. Les autres nerfs crâniens peuvent être
touchés, en particulier les nerfs oculomoteurs (III, IV, VI). L’atteinte du trijumeau se manifeste par des troubles sensitifs de
l’hémiface.
Dans toutes ces situations, il est utile de rechercher l’atteinte méningée qui est cliniquement toujours discrète.
La traduction clinique de ces méningoradiculites peut être moins caractéristique avec parfois une atteinte à prédominance motrice.
L’analyse du LCS met en évidence les anomalies de la méningite borrélienne.
Le pronostic est bon avec ou sans traitement antibiotique. La paralysie faciale va très habituellement régresser. Néanmoins, sur
les données cliniques et électrophysiologiques, de minimes séquelles peuvent être notées chez 50 % des enfants ayant présenté une
paralysie faciale trois à cinq ans auparavant.
M éningite
Isolée, la méningite est notée dans 2 à 5 % des neuroborrélioses. Cette fréquence est aussi variable selon les régions. Elle touche les
adultes mais plus volontiers les enfants. Sa traduction clinique est beaucoup plus modérée, comparée aux autres méningites
bactériennes. Cliniquement, le syndrome méningé est discret avec, en général, peu de céphalées. La raideur de nuque n’est pas
franche. Une fièvre modérée est observée dans environ 40 % des cas. Dans certaines situations, en raison de sa discrétion, cette
méningite peut passer inaperçue et évoluer de façon chronique avec surtout des céphalées modérées et prolongées qui finissent par
régresser en quelques mois.
L’analyse du LCS, nécessaire dans toutes les manifestations neurologiques, va dans tous ces cas confirmer la réaction méningée
avec une cellulorachie peu marquée à prédominance lymphocytaire (100 à 200 cellules/mm3), une protéinorachie à environ 1 g/l, la
glycorachie qui est parfois modérément abaissée, soulevant l’hypothèse d’une méningite tuberculeuse qu’il convient d’éliminer. La
culture classique est stérile de même que celle sur les milieux adaptés, la présence de Borrelia étant très faible dans le liquide. La
réalisation d’une technique d’ampliction génique (PCR) sur ce LCS a permis d’identifier cette Borrelia dans un certain nombre
d’observations.
Le diagnostic sera surtout confirmé par la sérologie positive dans le sang et dans le LCS avec le calcul de l’index de synthèse
intrathécale, qui sera significatif, permettant d’éliminer une diffusion passive des anticorps dans ce liquide à partir du sérum. Le
traitement repose sur l’antibiothérapie.
Encéphalites aiguës
Les encéphalites aiguës représentent 0,5 à 8 % des neuroborrélioses. L’examen clinique est très variable avec, sur le plan fonctionnel,
des troubles mnésiques, parfois majeurs, ou une désorientation temporospatiale ou des troubles du sommeil. Certains traits
psychiatriques (dépression) ou une labilité émotionnelle peuvent être observés.
À l’examen peuvent être notés une hémiparésie, une ataxie cérébelleuse, un syndrome extrapyramidal ; les troubles de la
conscience sont rares. L’analyse du LCS retrouve souvent les anomalies précédemment décrites mais moins marquées.
L’électro-encéphalogramme présente des anomalies avec un tracé ralenti comportant des ondes lentes et, dans 4 % des cas, des
éléments épileptiques. Le scanner cérébral est habituellement normal ainsi que 70 % des IRM (imagerie par résonance magnétique).
Les anomalies, qui ont pu être observées dans les autres cas, étaient des hypersignaux en T2 dans les régions temporales et dans la
moelle. La réalisation d’une tomographie par émission de positons (TEP) mettait en évidence, dans certaines observations, des
signes d’hypermétabolisme en rapport avec le phénomène inflammatoire au niveau des pédoncules cérébelleux.
Vascularites cérébrales
Les vascularites cérébrales sont rares et vont se traduire par des accidents ischémiques récidivants chez des patients souvent jeunes
sans facteur de risque vasculaire particulier. Si les différents axes vasculaires peuvent être concernés, l’angiographie ou l’angio-IRM
met surtout en évidence des atteintes artérielles des axes postérieurs avec présence de parois artérielles épaissies et de sténoses unique
ou multiple en rapport avec une vascularite de nature inflammatoire, d’origine infectieuse. Cette vascularite peut être à l’origine de
récidive si le traitement antibiotique n’est pas fait [71-74].
Les atteintes vasculaires peuvent parfois être à l’origine d’hémorragie sousarachnoïdienne ou intracérébrale [68]. Il est souvent
observé quelques semaines à quelques mois avant ces accidents vasculaires des périodes de céphalées, de malaises, d’atteintes de nerfs
crâniens ou de méningoradiculites. Le diagnostic sera, une fois de plus, orienté par les antécédents de situation à risque de
contamination par piqûre de tique.
Certains tableaux neurologiques très atypiques ont été rapportés comportant surtout une symptomatologie fonctionnelle chez
des patients ayant une sérologie de borréliose de Lyme positive. La responsabilité de Borrelia dans ces situations est parfois difficile à
confirmer et peut justifier la mise en route d’une antibiothérapie adaptée.
Les manifestations cliniques vont être fluctuantes avec des douleurs migratrices d’intensité variable. Ces douleurs concernent une
ou plusieurs articulations et, alors, de façon plutôt asymétrique. En l’absence de traitement, ces atteintes régressent lentement avec
des poussées douloureuses successives devenant plus prolongées. À l’inverse, avec une antibiothérapie adaptée, la résolution des
signes est assez rapide. Seuls les patients porteurs d’un groupe HLA B27 présentaient des arthrites d’évolution prolongée parfois
sur des périodes de plusieurs mois.
À l’examen clinique, les articulations concernées sont tuméfiées, sans grande augmentation de chaleur locale. L’épanchement
articulaire est d’importance variable, parfois discret. Peuvent être associées une asthénie inhabituelle, parfois une fébricule, des
sueurs nocturnes. L’examen radiologique ne révèle pas, à ce stade, de lésion spécifique en dehors, parfois, d’un épaississement des
parties molles. Seules sont présentes les anomalies existantes antérieurement.
Les données biologiques standards sont peu contributives au diagnostic, elles sont, en général, normales, sans véritable
syndrome inflammatoire qui, s’il était présent et net, exclurait une arthrite de Lyme. Les leucocytes sont parfois légèrement
augmentés. Une cryoglobulinémie et des immuns complexes peuvent être présents. La recherche des facteurs rhumatoïdes et
d’anticorps antinucléaires est négative.
L’analyse du liquide synovial est indispensable. Il s’agit d’un liquide inflammatoire, non purulent. Les leucocytes sont compris
entre 500 et 50 000 cellules/mm3 à prédominance de polynucléaires neutrophiles (80 %). La concentration en protéine est comprise
entre 3 et 6 g/l. Ce liquide contient peu de Borrelia, qu’il sera difficile d’isoler en culture. En fait, dans cette localisation, les Borrelia
sont majoritairement en localisation intracellulaire, dans les synoviocytes. À ce stade, la recherche des anticorps (immunoglobuline
G [IgG]) dans le sérum permet d’orienter le diagnostic. Cette recherche est de peu d’intérêt dans le liquide synovial. La recherche de
l’ADN par PCR peut être envisagée dans le liquide ou le tissu synovial dans les observations difficiles. À ce stade, le problème est
surtout diagnostique, notamment chez l’adulte pour lequel il convient d’écarter d’autres atteintes articulaires, soit infectieuses
(bactériennes ou virales), soit microcristallines, soit réactives, soit inflammatoires, notamment dans le cadre de maladies de système
(polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux disséminé) ou d’une arthrite au cours par exemple d’un psoriasis [84].
Rattacher une atteinte articulaire à Borrelia peut s’avérer difficile. Le diagnostic repose sur les données anamnestiques, sur les
résultats biologiques, sur l’analyse du sang et du liquide articulaire et sur l’évolution sous antibiothérapie. En l’absence de
traitement, les poussées articulaires vont progressivement s’espacer et devenir moins intenses pour disparaître mais avec le risque
d’une atteinte tardive dans le cadre d’une forme tertiaire de l’infection chez le patient non traité. La symptomatologie, à cette phase
tardive, sera la même avec, à l’examen radiologique, présence possible mais peu fréquente d’images d’érosion des surfaces
articulaires.
L’orientation diagnostique doit tenir compte du contexte épidémiologique, anamnestique et clinique. Il conviendra de rechercher
un séjour en zone à risque, une notion de piqûre de tique ou d’érythème migrant ou d’autres pathologies entrant dans le cadre
d’une borréliose de Lyme.
M anifestations cliniques
Les premiers symptômes qui pourraient traduire une atteinte musculaire sont parfois présents dès la phase primaire au stade de
l’érythème migrant pendant laquelle existent des signes généraux et en particulier des myalgies. Aucune étude n’a, cependant,
rapporté de données, notamment biologiques ou électromyographiques, qui pourraient confirmer cette lésion.
Très souvent, les signes sont plus significatifs en deuxième, voire en troisième phase de la borréliose de Lyme avec essentiellement
des myalgies, souvent localisées à un groupe musculaire, plus ou moins important, notamment au niveau des membres. Cette
atteinte localisée serait une des caractéristiques car des myalgies diffuses sont beaucoup plus rares.
Les autres signes sont une faiblesse musculaire et une fatigabilité anormale, localisées à ces zones algiques.
L’examen clinique note parfois une sensibilité des masses musculaires mais reste en général sans grande particularité.
Sur le plan biologique, il existe, dans quelques cas, une petite augmentation des enzymes musculaires (CPK-MB).
L’électromyogramme enregistre un tracé traduisant une atteinte myogène, souvent associée à des signes d’atteintes nerveuses. Il
s’agit d’enregistrement de potentiels moteurs polyphasiques, principalement dans les muscles proximaux, ainsi que de tracés brefs de
fibrillation au repos.
L’examen microscopique de biopsie musculaire met en évidence des infiltrations lympho-histiocytaires dans plus de la moitié des
cas, discrètes, localisées essentiellement dans les zones périvasculaires. Ces infiltrats sont surtout des lymphocytes T CD4 + , des
macrophages et moins souvent des lymphocytes T CD8 et beaucoup plus rarement des lymphocytes B.
L’atteinte inflammatoire est très discrète et il existe parfois des nécroses de quelques fibres musculaires.
L’ensemble de ces éléments signe bien l’existence d’une myosite.
Une observation fait état d’une rhabdomyolyse très importante avec des créatines phosphokinases (CPK), une myoglobinémie et
une myoglobinurie à l’origine d’une insuffisance rénale aiguë nécessitant une dialyse [91].
Sous l’effet du traitement antibiotique, l’ensemble de ces signes disparaît en quelques semaines. Le processus sous-jacent à cette
atteinte n’est pas clairement élucidé.
Différentes hypothèses peuvent être envisagées :
▪ une lésion directe des fibres musculaires par Borrelia burgdorferi mais les fibres en contact de Borrelia burgdorferi ne montrent
pas systématiquement des signes de dégénérescence ;
▪ ou une réaction immunitaire contre des antigènes produit par Borrelia ou directement contre Borrelia burgdorferi avec
atteintes secondaires musculaires.
Une observation de dysfonction du détrusor compliquant une infection à Borrelia a été rapportée [93].
Dermatomyosite
Sept publications rapportent chacune une observation de dermatomyosite touchant des patients ayant contracté une borréliose de
Lyme [94-99]. Ces observations soulèvent la possibilité d’une implication de Borrelia burgdorferi comme élément déclenchant de cette
dermatomyosite. Dans ces cas, l’évolution était favorable après le traitement antibiotique.
Cette situation peut être la traduction d’un tableau de myosite associée à des anomalies cutanées soit, comme dans une des quatre
observations, être un élément venant exacerber le tableau de dermatomyosite préexistante. Il est sans doute, dans ces conditions,
souhaitable de rechercher une borréliose de Lyme dans ce type de pathologie.
Manifestations cardiaques
Les manifestations cardiaques sont moins fréquentes mais devraient être recherchées systématiquement.
Les premières observations ont été rapportées dans les années 1980. Il s’agit d’une pathologie dont la fréquence est mal précisée et
comprise dans une fourchette assez large de 0,5 à 10 %. Cette fréquence n’est pas la même en Europe dans laquelle elle est estimée à
0,3 à 4 % qu’aux États-Unis où elle est comprise entre 1,5 et 10 %.
Il s’agit d’une atteinte qui, très majoritairement, a été décrite en phase secondaire (disséminée précoce). Elle apparaît quelques
semaines à quelques mois après la contamination. La prédominance est masculine dans un rapport de 3 sur 1.
Au niveau lésionnel, les trois tuniques peuvent être atteintes, péricarde, myocarde et endocarde [100-127]. Cette dernière,
longtemps méconnue est possible. Seules une dizaine d’observations documentées a été rapportée.
Les manifestations cardiaques sont souvent peu marquées, derrière des tableaux neurologiques ou articulaires plus
symptomatiques et prédominants. À l’inverse, il s’agit d’une atteinte qui peut être présente isolément.
La présentation clinique n’est pas spécifique et les symptômes sont très variables, habituellement discrets, peu typiques, voire
absents. Il s’agit surtout de palpitations, de sensations d’arythmie, de douleurs thoraciques atypiques, de dyspnée, de syncopes. Il
est à noter que quelques cas de mort subite ont été rapportés.
À l’examen clinique, 35 % des patients sont plutôt bradycardes, 15 % à l’inverse ont une tachycardie.
Atteinte myocardique
L’atteinte myocardique est véritablement une myocardite infectieuse avec, à l’analyse histologique, des biopsies la mise en évidence
d’un infiltrat inflammatoire lymphocytaire. La présence de spirochètes peut parfois être observée au sein de ces infiltrats, localisés
entre les fibres myocardiques. Cette myocardite peut être focale ou diffuse [100].
Le rôle pathogène direct du spirochète peut être envisagé mais il faut noter la différence entre la faible densité de bactéries
observées et l’importance de la réaction lymphocytaire qui pourrait être la traduction d’une composante immunitaire de cette
atteinte.
La traduction clinique comporte alors soit des troubles de la conduction ou du rythme, soit des signes d’insuffisance cardiaque.
M yocardite/péricardite
La sévérité de cette atteinte est très variable dans son intensité avec une expression clinique allant de la forme totalement
asymptomatique à celui d’un tableau d’insuffisance cardiaque.
L’exploration myocardique par la réalisation d’une IRM peut mettre en évidence un œdème pariétal ou des anomalies de la
cinétique ventriculaire, témoin de la myocardite.
De la même façon, l’atteinte péricardique est variable avec parfois un épanchement allant jusqu’à la tamponnade. Ces
épanchements sont réversibles et l’atteinte péricardique n’évolue pas vers la forme constrictive. Il faut toutefois souligner que la
résorption de l’épanchement peut être très lente, obtenue en quelques mois à quelques années [121].
Cardiomyopathie dilatée
Bien qu’encore discuté, le rôle de Borrelia burgdorferi dans sa survenue a été évoqué devant plusieurs arguments :
▪ sa plus grande fréquence dans les zones géographiques dans lesquelles la prévalence de la borréliose de Lyme est élevée ;
▪ la présence de Borrelia burgdorferi sur l’étude du myocarde, donnée déjà anciennement connue par l’analyse de biopsie
endomyocardique ;
▪ enfin l’amélioration de la cardiomyopathie après une antibiothérapie adaptée.
La présence de Borrelia burgdorferi a également été confirmée par la recherche de Borrelia par technique PCR sur les biopsies
myocardiques.
Atteinte endocardique
L’atteinte endocardique a longtemps été écartée du fait de l’absence des critères classiques nécessaires à l’établissement du diagnostic
d’endocardite infectieuse. Les hémocultures habituelles restent, en effet, négatives, Borrelia nécessitant des milieux de culture adaptés
et des incubations longues. Les techniques d’amplification génique (PCR) ont été appliquées sur des prélèvements de valve mitrale
ou aortique et ont bien confirmé la présence de l’ADN de la bactérie dans ces lésions. Une revue de la littérature a ainsi permis de
réunir six observations présentant une endocardite [114, 122-127]. Il est possible que la sensibilité du germe, notamment aux
bêtalactamines explique son efficacité sur ces lésions lorsque l’antibiothérapie est administrée pour une autre localisation de Borrelia.
Pancardite
Neuf observations de pancardite ont été rapportées chez des patients présentant une mort subite. L’analyse anatomopathologique
révélait la présence de Borrelia burgdorferi dans huit de ces observations ; dans le dernier cas, la sérologie de Borrelia était très positive.
L’examen histologique montrait une atteinte qui était majoritairement myocardique, associée parfois à une extension vers le
péricarde ou la région sous endocardique alors siège d’une fibrose.
Le diagnostic d’atteinte cardiaque doit donc être évoqué plus régulièrement au cours d’une borréliose de Lyme, notamment en
présence de manifestations fonctionnelles révélatrices d’un trouble du rythme ou plus rarement de la conduction ou des signes
mêmes mineurs d’atteinte myocardique ou péricardique.
Si l’analyse de la littérature a permis d’identifier neuf décès documentés, majoritairement en raison d’une myocardite aiguë
lymphocytaire, probablement à l’origine d’un trouble du rythme, ces atteintes cardiaques restent globalement de bon pronostic
après la mise en route d’un traitement antibiotique.
Pathologies de surface
L’atteinte conjonctivale est prédominante, déjà possible à la phase primaire. La fréquence de la conjonctivite est de l’ordre de 4 à 5 %
en Europe, 11 % aux États-Unis. Le diagnostic étiologique peut être difficile à établir. Des kératites superficielles ou interstitielles,
plus ou moins étendues, sont possibles. Elles sont de nature immunologique, réagissant à la corticothérapie mais pas à
l’antibiothérapie systématique. Elles sont à distinguer des kératites, possibles complications d’une paralysie faciale. Sont également
possibles aux différents stades de l’infection des sclérites ou des épisclérites.
Uvéites
Possibles aux différents stades, les uvéites sont plus fréquentes au stade tardif. Il s’agit en général d’uvéite antérieure
granulomateuse associée à des précipités rétrocornéens ou à des synéchies iridocristalliniennes. Des uvéites intermédiaires avec
hyalite et postérieures ont été décrites.
Choroïdites
Les choroïdites, comme les vasculites, doivent également faire rechercher une possible borréliose de Lyme. Certaines atteintes
inflammatoires peuvent entraîner une diminution sévère de la vision, parfois même une cécité [157].
M anifestations neuro-ophtalmologiques
Les manifestations neuro-ophtalmologiques sont les plus fréquentes, souvent associées à des atteintes encéphalitiques. Différents
signes sont possibles : diminution de l’acuité visuelle, photophobie, amputation du champ visuel, troubles de la vision des couleurs.
Le tableau d’une névrite optique est proche des formes observées dans les affections démyélinisantes.
Paralysies oculomotrices
Les paralysies oculomotrices sont présentes dans près de 5 % des cas, en général en phase secondaire et tertiaire. Elles peuvent
concerner les troisième, quatrième et sixième paires crâniennes, ces dernières étant les plus concernées. L’évolution après traitement
antibiotique est le plus souvent favorable.
M yosite orbitaire
Quelques cas ont été décrits entraînant parfois une légère exophtalmie. L’IRM confirme l’infiltration des muscles orbitaires [150, 153,
167].
ECM multiple
L’ECM multiple est lié à la diffusion au niveau cutané de Borrelia burgdorferi à partir de la lésion initiale. Il est décrit aux États-Unis
dans près de 50 % des cas, la fréquence en Europe étant d’environ 5 %. Cette lésion concerne davantage les enfants (7 %) que les
adultes (2 %). Il s’agit d’une lésion qui est en tout point ressemblante à l’ECM initial développé au point d’inoculation avec, comme
différence majeure, l’absence de point de piqûre. L’évolution est classique avec une régression spontanée en une à trois semaines,
délai très réduit sous traitement antibiotique.
Lymphocytome cutané bénin ou lymphocytome borrélien
Le lymphocytome cutané bénin ou lymphocytome borrélien est possible à la phase secondaire mais aussi parfois en phase
tertiaire [168-172]. Il est plutôt lié à la contamination par Borrelia afzelii, moins souvent par Borrelia garinii. L’aspect réalisé est celui
d’une lésion nodulaire ou de plaque infiltrée. Au cours de la borréliose de Lyme, le lymphocytome cutané bénin siège
préférentiellement au niveau du lobule de l’oreille, de la région périmamelonnaire ou au niveau du scrotum. La lésion est
habituellement indolore, infiltrée, rouge ou parfois violacée. À l’histologie, il existe une infiltration par des macrophages et quelques
éosinophiles. Les Borrelia sont présentes dans la lésion. Sur le plan évolutif, la régression est obtenue spontanément en quelques
semaines, plus rapide sous antibiotiques. Elle ne laisse pas de séquelles. L’examen histologique met en évidence un infiltrat
inflammatoire dense dans lequel prédominent les lymphocytes B, lésion pouvant mimer un lymphome B cutané.
Autres manifestations
Parmi ces situations cliniques, on notera les manifestations hépatiques et certains autres tableaux pour lesquels la possibilité d’une
borréliose doit être évoquée mais n’est pas formellement prouvée pour l’instant.
Manifestations neurologiques
La neuroborréliose traduit à ce stade la persistance des Borrelia dans le système nerveux central et le LCS, conséquence d’un
diagnostic non établi auparavant ou d’un traitement antibiotique antérieur insuffisant. Ces complications sont moins fréquentes,
représentent moins de 10 % des neuroborrélioses. Deux tableaux sont identifiés : la polyneuropathie axonale et l’encéphalomyélite
chronique.
Polyneuropathie axonale
La polyneuropathie axonale se manifeste par des troubles sensitifs, souvent associés à une acrodermatite chronique atrophiante
(ACA). Sa recherche doit être systématique car présente dans 50 % des cas devant cette lésion cutanée. Cliniquement, le patient
présente des dysesthésies et des douleurs des membres inférieurs. L’électromyogramme confirme l’atteinte axonale. Des formes en
l’absence d’ACA sont possibles. Le diagnostic qui repose sur la biologie (sérologie), sera plus difficile à établir et devra notamment
éliminer les autres principales causes de polyneuropathie.
Sous l’effet du traitement antibiotique, on note une amélioration des signes neurologiques, amélioration qui est souvent lente
(plusieurs mois) et incomplète avec une amyotrophie résiduelle séquellaire.
Encéphalomyélites chroniques
L’atteinte du système nerveux central se traduit par des tableaux très variés, l’aggravation se faisant de façon progressive, ou par
poussées successives et de gravité variable.
Les encéphalomyélites chroniques vont se traduire par des symptômes encéphalitiques divers comme les troubles cognitifs, des
syndromes pyramidaux ou extrapyramidaux, des signes cérébelleux.
L’atteinte médullaire est possible se traduisant par des déficits moteurs, des troubles sphinctériens.
Certaines manifestations neurologiques, à ce stade, peuvent se confondre avec d’autres atteintes neurologiques connues comme la
sclérose en plaques ou la sclérose latérale amyotrophique. La recherche des anticorps spécifiques anti-borrelia sera toujours positive
au niveau du LCS et dans le sérum. Un traitement antibiotique en cas de doute persistant, pourra finalement préciser le diagnostic.
La réalisation d’une IRM visualisera des hypersignaux en T2 dans la substance blanche ou la moelle épinière, ces signes n’étant
pas spécifiques. L’analyse du LCS révèle une réaction lymphocytaire ainsi qu’une hyperprotéinorachie modérée. La recherche des
anticorps confirme le diagnostic avec un index de synthèse intrathécale positif.
Manifestations articulaires
Il s’agit d’arthrite chronique qui évolue sans rémission complète pendant plusieurs mois ou plusieurs années. Elle touche
préférentiellement les genoux, moins souvent les autres articulations. Là aussi, les doigts sont généralement épargnés. L’examen
clinique met en évidence une tuméfaction articulaire avec présence d’un épanchement d’importance variable. L’articulation est peu
inflammatoire. À ce stade, l’imagerie est en général anormale contrairement à ce que l’on observe dans la phase secondaire pendant
laquelle l’examen radiologique standard est en principe sans particularité. Différentes anomalies ont été décrites. Il peut s’agir de
pincement articulaire, de calcifications de cartilage ou des ménisques et d’érosion intra ou péri-articulaire.
Le diagnostic sera confirmé par la sérologie qui est souvent très positive. Cette atteinte prédomine plutôt chez l’adulte et seuls
quelques cas pédiatriques ont été décrits. Malgré un traitement antibiotique efficace, il n’y a plus de régression de la lésion qui sera
alors cicatricielle. Des nodules fibreux peuvent être présents en regard des articulations dans cette atteinte cutanée.
Le lymphocytome cutané bénin peut également se déclarer à cette phase. La description et la localisation sont les mêmes que dans
la phase secondaire avec une évolution identique sous traitement antibiotique.
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CHAP IT RE 4
Méthodes directes
Les méthodes directes de détection de Borrelia burgdorferi sont l’examen microscopique direct, la culture et la technique d’amplification
génique (PCR). Ces techniques sont, en particulier les deux premières, limitées par le nombre très restreint de germes dans les
prélèvements. Il n’y a en effet pas de test direct et sensible qui soit rapide pour le diagnostic.
Examen microscopique
L’examen microscopique [12], soit après coloration, soit sur fond noir, ne permet pas de conforter le diagnostic, s’agissant
uniquement de l’identification très rare d’un spirochète. Seule la coloration argentique est applicable mais sensibilité et spécificité
sont faibles.
Culture [13-15]
Si la méthode est le gold standard avec une spécificité de 100 %, la culture est peu sensible et nécessite une incubation longue, compte
tenu de la multiplication lente de la bactérie. Elle nécessite des milieux spécifiques adaptés aux possibilités métaboliques limitées de
Borrelia burgdorferi. Il s’agit notamment d’un milieu BSK (Barbour-Stoenner-Kelly) modifié, BSK II. Compte tenu de la croissance
lente, ces cultures seront examinées régulièrement par microscopie à fond noir ou microscopie par fluorescence, éventuellement par
les techniques d’amplification génique. Ces cultures seront maintenues pendant plusieurs semaines.
Le résultat de cette technique, qui reste essentiellement réservée à la recherche, exceptionnellement à la clinique, dépend des
échantillons étudiés, de l’expertise du laboratoire et de l’espèce de Borrelia en cause. Il faut rappeler qu’aucun traitement antibiotique,
même une dose unique, ne doit être administré au préalable.
Parmi les prélèvements de peau sur un érythème migrant, la sensibilité de cette méthode est de l’ordre de 40 à 60 %. La culture
d’un prélèvement de peau au cours d’une acrodermatite chronique atrophiante est peu sensible. La positivité d’une hémoculture ne
peut être envisagée qu’en phase primaire ou en primo-secondaire mais la sensibilité est également faible de l’ordre de 40 %. Les
hémocultures au cours des formes secondaires ou tardives sont exceptionnellement positives comme les cultures de LCS ou de
liquide articulaire.
Méthodes indirectes
Ces méthodes sont très classiquement utilisées pour le diagnostic et vont identifier la réponse immune chez l’hôte par le dosage et le
typage des anticorps synthétisés. Dans la pratique, il s’agit d’un examen, qui vient compléter une première approche diagnostique
basée sur des données épidémiologiques, anamnestiques et cliniques. En l’absence de ces conditions et en particulier de la présence
des signes cliniques, il n’est pas recommandé de faire une sérologie. Dans les suites d’une piqûre de tique contaminante, va se
développer une réaction immune mais seuls 5 % des patients faisant une séroconversion ont présenté cette symptomatologie
clinique.
La démarche est une technique en deux temps avec un premier test de dépistage qui, s’il est positif ou en cas de doute, sera
complété par un test de confirmation selon la méthode de Western Blot [23-36].
Le test de dépistage est en général un test Elisa (parfois une immunofluorescence indirecte) dont la sensibilité est très satisfaisante,
permettant d’identifier les anticorps pour toutes les espèces de Borrelia potentiellement impliquées. Le dosage séparé des IgM et des
IgG permet, en outre, d’avoir une indication sur l’ancienneté de l’infection. Les IgM présentes en début d’infection vont, après un
passage au pic, progressivement diminuer pour se négativer en général après un an qu’il y ait eu ou non un traitement
antibiotique. Les IgG qui se positivent quelques jours après les IgM vont rester présentes pendant des années en l’absence de
traitement ou diminuer lentement, sans se négativer après le traitement antibiotique. La technique de Western Blot ou d’immuno-
empreinte permet d’identifier les différents anticorps synthétisés contre les antigènes des différentes espèces de Borrelia burgdorferi
sensu lato. Il existe différents tests pour lesquels les recommandations d’interprétation des fabricants doivent être respectées. Ainsi,
la conjonction des deux techniques, de dépistage, d’une part, et de confirmation, d’autre part, permet d’avoir les meilleurs
arguments pour établir définitivement le diagnostic.
Au cours de la phase primaire lorsque l’infection est localisée, la production d’IgM et leur mise en évidence nécessitent un délai de
quatre à six semaines après la morsure de tique. En effet, le délai nécessaire à la production de ces anticorps fait que cette recherche
ne doit pas être proposée pour confirmer un érythème migrant. Le diagnostic de ce dernier est strictement clinique, et ne peut pas
être exclu par une sérologie qui serait encore négative.
Il convient également de rappeler que la mise en route rapide d’un traitement antibiotique peut également interférer avec la
synthèse des anticorps avec comme conséquences des données non significatives.
La persistance d’une positivité en IgM au début de la période précoce doit être interprétée avec beaucoup de prudence en
recherchant d’autres infections ou processus dysimmunitaires pouvant entraîner une synthèse d’IgM. On retiendra l’infection à
Parvovirus B19 et l’infection à virus Epstein-Barr.
Au cours de la phase disséminée précoce (phase secondaire), les anticorps sont présents dans 70 à 90 % des cas.
L’histoire clinique est un élément important pour le diagnostic. Elle n’est, cependant, parfois pas toujours notée avec précision. La
sérologie aura donc une importance majeure dans les tableaux cliniques moins fréquents comme les atteintes cardiaques ou certains
tableaux neurologiques, notamment en phase tardive pendant laquelle la confusion avec d’autres pathologies immunologiques est
possible.
Dans les atteintes neurologiques, cette sérologie est faite en même temps sur le liquide céphalospinal (LCS) avec le calcul de l’index
de synthèse intrathécale pour éliminer une recherche positive dans le LCS qui serait uniquement le fait d’une diffusion passive des
anticorps à partir du sérum.
D’autres tests ont été proposés mais l’intérêt n’a pas été confirmé. Il s’agit des tests de transformation lymphocytaire dont la
spécificité est médiocre et de la détermination des marqueurs CD57 des cellules NK qui ne sont pas spécifiques.
Certains auteurs ont utilisé le xénodiagnostic sur des modèles animaux (macaques). Cette technique fait appel à l’usage de tiques
(Ixodes) chez un hôte avec secondairement étude de la tique à la recherche de Borrelia.
Plus récemment, des tests de détection rapide (TDR) et d’autodiagnostics ont été mis à disposition mais sont de spécificité et de
sensibilité insuffisantes.
Au cours des atteintes oculaires de la borréliose de Lyme, et notamment les uvéites, des recherches d’anticorps spécifiques par les
techniques d’immunofluorescence ont été réalisées. Par analogie avec la mesure de l’index de synthèse intrathécale, une même
évaluation a été faite dans l’humeur aqueuse. Sur les données obtenues, ces coefficients étaient négatifs et le résultat ne permettait
pas de retenir ce type d’analyse pour conforter ce diagnostic d’atteinte oculaire.
D’autres techniques restent pour l’instant au stade expérimental comme le dosage d’interleukine, de marqueurs d’activité de la
maladie, et la détection d’ADN dans les urines.
Dans de très rares formes tardives, des observations avec une sérologie négative ont été rapportées, notamment chez des patients
atteints d’un déficit immunitaire.
Il faut rappeler que la positivité d’un test ELISA est le témoin d’un contact récent ou ancien avec Borrelia burgdoferi sensu lato mais
ne traduit pas obligatoirement une forme évolutive dont le diagnostic sera retenu sur la présence ou la persistance unique des
signes cliniques. Il s’agira, le plus souvent, d’IgG isolés, anticorps qui persistent parfois pendant des années avec ou sans traitement
antibiotique. Dans certaines formes comme l’ACA, le taux d’anticorps est souvent très élevé sans notion de gravité associée.
Le contrôle de la sérologie au décours immédiat d’un traitement antibiotique n’est pas recommandé. Il y a souvent, dans ces
conditions et au décours de cette antibiothérapie, une augmentation du taux des anticorps qui mettront par la suite trois à quatre
mois avant de véritablement chuter sans se négativer.
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CHAP IT RE 5
Tableau 5.1
Adulte
1 re ligne Amoxicilline 1 g x 3/j 14-21 jours
Doxycyline 100 mg x 2/j
2 e ligne Céfuroxime-Axétil 500 mg x 2/j 14-21 jours
3e ligne si CI 1 re et 2e lignes ou allergie Azithromycine 500 mg x 1/j 10 jours
Tableau 5.2
Enfant
1 re ligne
< 8 ans Amoxicilline 50 mg/kg/j en trois prises 14-21
jours
> 8 ans Amoxicilline 50 mg/kg/j en trois prises 14-21
jours
Doxycyline 4 mg/kg/j en deux prises
maximum 100 mg/prise
2 e ligne Céfuroxime- 30 mg/kg/j en deux prises maximum 14-21
axétil 500 mg/prise jours
3 e ligne si CI 1 re et 2 e lignes ou allergie Azithromycine 20 mg/kg/j en une prise maximum 10 jours
500 mg/prise
Tableau 5.3
Tableau 5.4
Tableau 5.6
Plusieurs familles d’antibiotiques n’ont pas montré d’activité contre Borrelia burgdorferi. Il s’agit des aminosides, des monobactames
et des fluoroquinolones.
La diffusion des antibiotiques doit permettre d’obtenir des concentrations efficaces. Ceci est important dans les cas de
neuroborréliose nécessitant alors des posologies plus élevées, compte tenu de la faible diffusion des bêtalactamines dans le liquide
cérébrospinal et le tissu cérébral.
Le traitement de l’érythème migrant (EM) est important et permet la limitation rapide de la diffusion de Borrelia évitant ainsi la
survenue possible des autres localisations secondaires. La posologie des antibiotiques chez l’enfant sera adaptée en fonction du
poids sans dépasser les posologies adultes. L’usage des cyclines, doxycycline en général, doit tenir compte de leur contre-indication
chez les enfants de moins de huit ans, en raison des risques de pigmentation des dents à la suite de fixation de ces molécules sur les
bourgeons dentaires. Cette famille d’antibiotiques est également contre-indiquée chez la femme enceinte.
Traitements complémentaires
Différents traitements complémentaires ont été proposés. Ils concernent les corticoïdes, les anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS), en particulier les salicylés, la synoviorthèse et la synovectomie.
En ce qui concerne l’injection intra-articulaire de corticoïdes, elle soulage immédiatement les symptômes de l’arthrite mais cette
administration ne doit être pratiquée ni avant ni pendant l’antibiothérapie. L’infiltration pourrait être proposée devant la
persistance de l’épanchement après l’antibiothérapie, en vérifiant l’absence d’ADN de Borrelia dans les prélèvements articulaires. Cette
proposition n’a, cependant, pas été évaluée de façon formelle [19]. De la même façon, une synoviorthèse, voire une synovectomie,
pourrait être envisagée mais des études complémentaires s’avèrent nécessaires.
Une corticothérapie par voie générale n’a pas fait l’objet d’étude spécifique mais n’a pas sa place dans le traitement. Seuls
pourraient être utilisés les salicylés en cas de persistance de l’arthrite [19].
Des études prospectives n’ont pas permis de proposer l’administration de corticoïdes ou de salicylés au cours des atteintes
cardiaques même sévères.
Dans les atteintes oculaires, l’usage local de corticoïdes peut être proposé en cas de conjonctivite, épisclérite, sclérite et uvéite
antérieure. Les corticoïdes, par voie générale, sont proposés dans les formes postérieures sévères et les atteintes neuro-
ophtalmologiques. Les immunosuppresseurs sont contre-indiqués.
L’évolution sous traitement est favorable et d’autant plus rapide que ce traitement est institué tôt. La surveillance post-
thérapeutique se fait sur les données cliniques. La sérologie de contrôle est, en effet, de peu d’intérêt à ce stade, le taux des anticorps
diminuant lentement, souvent tardivement et de façon incomplète.
La persistance de symptômes (asthénie, arthromyalgies, céphalées, troubles sensitifs, troubles de la mémoire ou de la
concentration) proches des manifestations décrites dans la fibromyalgie ou le syndrome de fatigue chronique, après un traitement
antibiotique bien mené, a fait évoquer un « syndrome post-Lyme ». Il s’agit de manifestations très subjectives pour lesquelles un
traitement antibiotique prolongé (ceftriaxone, cyclines ou macrolides associés à l’hydroxychloroquine pendant trois à six mois) n’a
pas montré de différence dans des études comparatives à un placebo [30-34].
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CHAP IT RE 6
Mesures générales
Elles ont pour objectif de réduire la densité des vecteurs en empêchant leur prolifération et en perturbant leur cycle par le contrôle,
notamment des animaux réservoirs et en agissant sur le biotope par le nettoyage et la protection des zones à risque (forêts, sous-
bois, friches, etc.)
L’information doit également être faite chez les personnes exposées du fait de leur profession mais aussi par leurs loisirs et, d’une
façon générale, auprès du grand public. Cette information doit porter sur les données générales concernant cette infection, les
vecteurs et les premiers signes cliniques qui doivent faire consulter [1].
Mesures individuelles
L’objectif de ces mesures est d’éviter le contact des hommes avec les tiques.
Les mesures préventives mécaniques portent sur l’usage de vêtements protecteurs (chemise à longues manches et pantalon), le
port d’un chapeau et/ou de gants, en particulier pour les personnes travaillant en forêt.
Répulsifs [2]
Il s’agit de produits comme le DEET (N,N-diéthyl-3-méthyltoluamide), qui sont habituellement utilisés pour éviter les piqûres de
moustique. L’efficacité pour des tiques va se traduire par une durée d’action, en général, moins longue (4 à 5 heures), situation qui
exige l’application répétée du produit pendant la journée sur toutes les zones cutanées exposées. Cette situation peut être difficile à
obtenir. Il faut également tenir compte de leurs contre-indications qui concernent avant tout le jeune enfant et la femme enceinte. La
concentration en principe actif doit être au minimum de 30 %.
D’autres répulsifs sont utilisables. La picaridine est recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la
prévention de piqûres d’arthropodes mais son action spécifique sur Ixodes n’a pas été évaluée. D’autres produits naturels ont été
proposés avec une efficacité moindre et de durée plus limitée.
L’application de répulsif comme le DEET sur les vêtements est également préconisée avec une action beaucoup plus prolongée qui
peut atteindre quatre à six semaines.
La permethrine a une action plus marquée et prolongée dans le temps, pouvant atteindre quatre à six mois.
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CHAP IT RE 7
Différentes publications portant sur des cas isolés ou des petites séries concernant les femmes enceintes ont été publiées, ne
permettant pas de conclusion formelle [1-12]. Il n’y a actuellement pas de données claires sur l’évolution naturelle et les
conséquences précises de la borréliose de Lyme sur la grossesse. Globalement, il ne semble pas y avoir de différence significative avec
l’évolution chez une femme non enceinte, en particulier lorsqu’un traitement antibiotique est mis en place [1, 2].
Il faut rappeler qu’à la phase précoce de l’infection (phase primo-secondaire) il existe une bactériémie transitoire. À cette période,
la transmission transplacentaire de Borrelia burgdorferi a été observée. Cette contamination a été confirmée sur des modèles animaux
comme les souris, les chiens et les chevaux [8, 9, 12]. Cependant, les observations de contamination du fœtus sont très limitées,
parfois insuffisamment documentées. Il n’y a pas d’étude fiable sur l’évolution d’une borréliose de Lyme survenant chez les femmes
enceintes traitées.
Dans une série d’une centaine de patientes traitées pour un érythème migrant avec de la ceftriaxone pendant 15 jours, il n’a pas
été noté de différences dans l’évolution et l’éventuelle survenue de complications, comparé à des femmes enceintes non infectées.
Dans près de 90 % des cas, l’évolution était normale. Les enfants indemnes à la naissance ont une évolution psychosomatique
normale.
Dans les autres observations des femmes enceintes atteintes, il a été noté deux cas d’avortement, deux observations de naissance
avant terme et quatre enfants avec des atteintes congénitales.
Dans toutes ces observations, il n’a pas pu être établi de relation formelle avec l’infection à Borrelia. Néanmoins, le principe retenu
dans cette situation est de traiter systématiquement une femme enceinte piquée par une tique, sans attendre la survenue d’un
érythème migrant (Conférence de consensus [13]).
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CHAP IT RE 8
Co-infections
Les tiques Ixodes sont en général porteuses d’un certain nombre de micro-organismes dans leur tube digestif et dans les glandes
salivaires. Ainsi, à l’occasion d’une piqûre, certains de ces germes peuvent être transmis à l’hôte avec la possibilité d’entraîner une
infection spécifique ou d’engendrer une deuxième ou une troisième infection associée à la borréliose de Lyme [1, 2].
En l’absence de leur prise en compte, ces co-infections peuvent, dans certaines circonstances, être à l’origine d’échec thérapeutique.
Seront abordées les infections à Anaplasma phagocytophilum, à Bartonella henselae, à virus TBE et à Babesia.
La transmission de Francisella tularensis a été rapportée mais non associée à Borrelia burgdorferi. Elle ne pose pas d’importants
problèmes diagnostiques, son expression aiguë comportant habituellement une fièvre, des adénopathies localisées, sensibles. Le
diagnostic repose sur la sérologie et le traitement actuel sur une fluoroquinolone ou une cycline.
Anaplasmose
Parmi les différentes infections transmises par Ixodes, l’anaplasmose est d’identification relativement récente chez l’homme.
Initialement décrite aux États-Unis, elle l’est également en Europe où elle représente une infection importante chez les animaux [3-
7]. Son extension suit celle des tiques avec des zones de contamination qui deviennent plus vastes [3-21].
Microbiologie
Anaplasma phagocytophilum appartient à l’espèce Anaplasma, bactérie à développement intracellulaire appartenant à l’ordre des
rickettsiales, à la famille des Anaplasmataceae.
La bactérie présente une membrane externe bilamellaire caractéristique, identique à celle des germes à Gram (-). Le génome ne
possède pas de voie de biosynthèse codant pour les lipopolysaccharides, le peptidoglycane, la glycolyse et le glutamate.
La bactérie circule dans la nature entre un réservoir, la tique (Ixodes) et un hôte (mammifère) en s’adaptant à ces deux situations
pour survivre. Les bactéries sont dans des endosomes des polynucléaires neutrophiles ou des granulocytes. Ces bactéries vont se
multiplier dans ces endosomes pour former des microcolonies, les Morulae, visibles en microscopie optique sur un frottis de sang
après coloration au Giemsa. Anaplasma phagocytophilum a été obtenu en culture sur des cellules pro-myélocytaires de leucémie. Cette
culture peut également être obtenue sur des lignées de cellules embryonnaires de tique. Le séquençage complet du génome
d’Anaplasma phagocytophilum a été réalisé ; il a été reconnu que cette bactérie possède au moins 100 gènes paralogues qui codent pour
une protéine majeure de surface (Msp2).
L’expression d’une importante diversité antigénique chez un hôte infecté pourrait expliquer l’infection persistante chez ces hôtes
alors réservoirs.
Épidémiologie
L’anaplasmose granulocytaire est une zoonose. Son vecteur est Ixodes scapularis au nord-est des États-Unis et Ixodes pacificus dans la
partie nord de la Côte pacifique. La séroprévalence est comprise entre 8,9 et 36 %, dans les populations étudiées dans lesquelles la
notion de piqûre de tique n’était notée au maximum que dans un cas sur cinq. Un certain nombre d’anaplasmose granulocytaire a
été identifié en Europe chez les patients originaires essentiellement d’Europe de l’Ouest [11]. Cette séroprévalence est mal évaluée,
variable, notamment en fonction de l’âge. Chez la tique Ixodes ricinus en Europe, on observe une transmission transstadiale
d’Anaplasma alors que la transmission transovarienne paraît inefficace.
Chez l’homme, une transmission transplacentaire a été publiée avec notamment contamination du fœtus, à partir de la mère qui
était infectée [18].
La possibilité de co-infection avec Borrelia burgdorferi a été illustrée par quelques observations [4-7, 11, 15, 18].
Manifestations cliniques
Après la contamination, l’incubation varie de 5 à 21 jours. Le tableau réalisé est essentiellement celui d’une infection fébrile, non
spécifique, qui va évoluer sur une période de 2 à 11 jours. Les manifestations cliniques comportent de la fièvre (60 à 95 % des cas),
fièvre supérieure à 38,5 °C, des myalgies, des céphalées et une sensation de malaise général. Un certain nombre de patients rapporte
également des arthralgies ou des troubles neurologiques parmi lesquels figurent notamment des phénomènes confusionnels. Il
existe, par ailleurs, quelques manifestations digestives ainsi que des troubles respiratoires, traduisant parfois une véritable
pneumopathie atypique [17]. Une petite éruption cutanée peut être parfois présente. Cette infection peut avoir une expression plus
généralisée mais rarement engager le pronostic vital. C’est la notion d’une piqûre de tique qui va permettre une orientation
diagnostique [14, 16, 21].
La bactérie peut avoir un impact sur l’immunité de l’hôte [2, 8, 13].
Elle peut dans certains cas entraîner une infection sévère avec nécessité d’une hospitalisation parfois en soins intensifs. Le
pronostic peut être engagé en cas d’immunodépression [8, 9, 14].
Diagnostic
Les patients n’ont habituellement pas d’anomalies biochimiques particulièrement marquées au niveau sanguin. Une numération
formule associant leucopénie et thrombopénie à une élévation des transaminases est présente dans la majorité des cas, ces éléments
étant importants dans une première orientation diagnostique, mais elles vont se normaliser rapidement vers la fin de la deuxième
semaine, rendant le diagnostic plus difficile. La confirmation de ce diagnostic peut être basée sur l’analyse d’un frottis sanguin
coloré au Giemsa au début de l’infection. De 20 à 80 % des patients présentent des Morulae dans les neutrophiles au cours de la
première semaine de l’infection. Une PCR peut aussi permettre de confirmer le diagnostic au début.
Les sérologies par immunofluorescence détectent les IgM et les IgG et surtout une séroconversion. Il s’agit du test le plus sensible
pour confirmer le diagnostic. Les IgM sont présentes dans les deux premiers mois, les IgG vont persister pendant des mois et des
années sans qu’il y ait de signe d’évolution clinique particulière. Le taux d’anticorps, quant à lui, ne va pas être déterminant pour la
surveillance de l’efficacité du traitement antibiotique.
Les éléments de présomption du diagnostic vont donc être :
Les diagnostics différentiels sont très nombreux compte tenu du tableau très aspécifique ; il peut s’agir d’infections virales,
d’infections bactériennes ou de pathologies simplement inflammatoires. Sur la notion d’une piqûre de tique en zone d’endémie, il
conviendra bien entendu d’écarter les autres zoonoses vectorielles.
Traitement
Le germe est sensible aux cyclines, à la rifampicine. Le traitement reposera donc sur la doxycycline qui est le traitement de choix à
raison de 200 mg par jour avec chez l’enfant de plus de huit ans une posologie de 4,4 mg/kg/jour sans dépasser la posologie pour un
adulte. La résolution des signes est rapide, la durée du traitement étant en moyenne de sept à dix jours. Cette durée peut être
modifiée s’il y a une co-infection avec Borrelia burgdorferi, la durée du traitement sera alors de 14 jours. La rifampicine, qui a une
excellente activité in vitro, sera le choix possible chez les enfants et chez la femme enceinte avec de bons résultats dans les
observations publiées. Le choix se portera sur la rifampicine chez les enfants, notamment de moins de huit ans ou chez la femme
enceinte ou en cas d’allergie à la cycline. Le pronostic à long terme est bon, la mortalité signalée étant comprise entre 0,2 et 1 %. Il
convient de remarquer qu’un certain nombre de publications font état d’une résolution spontanée de l’infection sans antibiotique
avec une évolution également satisfaisante dans les deux mois qui suivent le début de l’infection.
Il n’y a pas de séquelles, ni d’évolution vers une forme chronique.
Prévention
Dans le cadre de la prévention, il n’y a actuellement pas de vaccin et celle-ci repose sur la prévention des piqûres de tique.
Bartonella henselae
Maladie de s griffe s du chat
La maladie des griffes du chat ou lymphoréticulose bénigne d’inoculation a été décrite par Robert Debré en 1950 chez des enfants
victimes d’une griffade de chat présentant des adénopathies parfois suppuratives. Les premières données microbiologiques ne
permettaient pas alors d’isoler de germes. En 1983, un petit coccobacille a été mis en évidence sur du tissu lymphatique mais ce n’est
qu’en 1988 que ce germe a été identifié et nommé initialement Afipia felis. Un autre micro-organisme est noté en 1992, Rochalimaea
henselae, dans ces maladies des griffes du chat. Ce germe a aussi été impliqué dans l’angiomatose bacillaire. Par la suite, à l’analyse, les
séquences de rARN 16S de Rochalimaea henselae et de Bartonella étaient très proches, appartenant au même genre. Bartonella ayant une
antériorité par rapport à Rochalimaea, le genre est renommé Bartonella henselae [22-38].
Microbiologie
Bartonella henselae est un petit bacille à Gram(-) cultivant sur milieu au sang frais, sur milieu BCYE et sur culture cellulaire (cellules
endothéliales) dans une atmosphère enrichie de 5 % de CO2.
Le réservoir est surtout constitué par les jeunes chats qui présentent un portage buccal mais aussi bactériémique
asymptomatique. D’autres animaux peuvent être porteurs (lapins, furets). Ce germe a une croissance intracellulaire chez l’animal
infecté.
Différents modes de contamination ont été observés : la griffade de chat, la morsure ou le léchage. Le rôle des puces et notamment
de la puce du chat est évoqué dans la transmission entre ces animaux [39, 40].
Pathogénie
Sur le plan pathogénique, ce germe est responsable de la maladie des griffes du chat mais dans un certain nombre d’observations,
l’atteinte peut être plus sévère et localisée à d’autres tissus entraînant des atteintes oculoglandulaires (syndrome de Parinaud), des
encéphalites, des atteintes neurorétiniennes, des pneumonies, des ostéomyélites, un érythème noueux, des atteintes articulaires ou
un purpura thrombopénique.
Ce germe est reconnu comme étant responsable également de l’angiomatose bacillaire (péliose) chez les sujets immunodéprimés.
Bartonella henselae peut entraîner une prolifération néovasculaire par l’action d’une adhésine A. La bactérie possède aussi neuf
protéines de surface (Osp, outer surface protein), parmi lesquelles une Osp de 43 kDa est une protéine majeure qui est capable de se lier
aux cellules endothéliales.
Épidémiologie
L’infection des félins (chat) est importante. Vingt-huit pour cent des chats ont des anticorps vis-à-vis de ce germe aux États-Unis.
En Californie, les hémocultures faites chez les chats domestiques de moins d’un an étaient positives dans 56 % des cas et dans 34 %
chez les chats plus âgés.
Des résultats d’autres régions des États-Unis ont également permis de souligner cette fréquence de l’infection.
Ces bactéries ont également été isolées de puces portées par les chats infectés. En fait, il s’agit d’une transmission par ces puces qui
est très efficace alors que la transmission à l’homme par celles-ci n’a pas été identifiée.
Longtemps non reconnue [39-41], la transmission de Bartonella henselae par les tiques du genre Ixodes a fait l’objet de quelques
publications avant d’être récemment confirmée [34, 40-53]. La transmission associée à celle de Borrelia burgdorferi a été rapportée par
différents auteurs [26, 38, 51, 52, 54-58].
Manifestations cliniques de la maladie des griffes du chat [23, 24, 29, 38, 56, 59-66]
Au niveau cutané et après l’inoculation, 90 % des patients présentent une ou plusieurs papules rouge-brune de 3 à 5 mm de
diamètre survenant trois à dix jours après cette inoculation. Cette lésion régresse en une à trois semaines alors qu’une adénopathie
régionale se développe. La lésion est, en général, unique dans plus de la moitié des cas, les localisations étant surtout axillaires,
cervicales ou inguinales. Ces adénopathies sont légèrement sensibles, la peau en regard est plus chaude. Elles vont régresser
lentement en deux à quatre mois, parfois ce délai est plus long, atteignant 12 mois. Dans 10 à 30 % des cas, ces adénopathies vont
être le siège d’une suppuration.
Des signes généraux sont notés dans près de la moitié des cas : asthénie, malaises (29,4 %), fièvre (28 %), anorexie (14,5 %),
céphalées (13 %), toux (7 %), arthralgies (2,5 %).
Des atteintes du système nerveux central sont présentes dans 5 % des cas de maladie des griffes du chat [30, 55, 56]. La traduction
clinique comporte, outre les céphalées, des troubles de l’humeur, des crises convulsives, des myélites, des neuropathies périphériques
transitoires et des rétinites [60, 62].
Parfois existent des douleurs abdominales en rapport avec une hépatite granulomateuse.
Une étude sur des adénopathies chroniques a identifié la maladie des griffes du chat dans près de 90 % des cas.
Les formes les plus sévères étaient associées à la persistance et à un plus grand nombre de ganglions atteints.
D’autres formes atypiques sont possibles comme une bactériémie [64], une endocardite, une ostéomyélite, des arthrites [61], des
pneumonies atypiques. L’atteinte du système nerveux central peut se traduire par différentes atteintes comme des encéphalites, des
crises épileptiques, des myélites [65], des neuropathies périphériques et des neurorétinites [59], une vascularite avec infarctus
cérébral [63].
L’encéphalite survient dans environ 2 à 4 % des maladies des griffes du chat associant des signes de confusion, agitation,
désorientation, céphalées allant rapidement vers un coma. L’analyse du liquide cérébrospinal est, en général, normale ou note des
anomalies non spécifiques. Le scanner et l’IRM sont généralement normaux. L’évolution de cette atteinte est rapide, régresse en deux
à dix jours sans séquelle en dehors, parfois, de quelques troubles cognitifs.
Une myélite transverse a été également décrite de même que l’atteinte des nerfs crâniens, notamment le nerf facial ou des nerfs
périphériques. La résolution de ces lésions se fait en général en quelques mois.
Données de laboratoire
Les données les plus classiques pour le diagnostic clinique reposent en fait sur la sérologie.
Les cultures ne sont pas recommandées en routine. Elles peuvent être envisagées dans des formes systémiques comme des
encéphalites, des neurorétinites ou des endocardites.
La sérologie est la technique la plus classique mais peut, parfois, être négative chez les patients immunodéprimés.
Cette sérologie est intéressante dans les atteintes du système nerveux central ou l’atteinte oculaire. La recherche d’anticorps de
type IgM et IgG est la démarche la plus classique en tenant compte des normes associées à ces analyses. L’étude par la technique de
Western Blot est très sensible et spécifique, présentant notamment un intérêt dans le diagnostic des endocardites pour lesquelles
l’application d’une technique PCR a également montré son intérêt.
Parmi les autres examens complémentaires, l’analyse histologique d’un ganglion met en évidence une lésion granulomateuse et
nécrosante.
Traitement
Le traitement repose, bien entendu, sur une antibiothérapie qui doit faire appel à des antibiotiques à diffusion intracellulaire. On
retiendra ainsi l’usage de l’azithromycine, de la doxycycline ou de la rifampicine. D’autres antibiotiques ont été envisagés comme la
ciprofloxacine, la gentamycine ou l’association triméthoprime-sulfaméthoxazole.
Dans les formes localisées, le traitement classique repose sur l’azithromycine pendant cinq jours, la posologie étant adaptée au
poids chez l’enfant.
La doxycycline est également envisageable à raison de 200 mg par 24 heures pendant 15 jours. Dans les formes plus sévères,
comme les endocardites, le traitement repose sur une association doxycycline-gentamycine pendant 15 jours, puis doxycycline seule
pendant encore quatre semaines.
Prévention
La prévention repose, bien entendu, sur l’éviction des chats dans l’entourage, en particulier des sujets immunodéprimés.
Le virus TBE appartient au deuxième groupe transmis par les tiques avec, à ce niveau, deux clades : le virus TBE d’une part et le
virus Tyuleniy. La différenciation entre ces deux virus repose sur des données antigéniques.
On distingue actuellement trois sous-types de virus TBE :
Un quatrième sous type a été identifié. Il s’agit du virus TBE-Him (pour Himalaya), virus qui a été isolé en 2018.
Les vecteurs sont respectivement Ixodes ricinus pour le virus TBE-Eu et Ixodes persulcatus pour les deux autres virus (TBE-Si et
TBE-FE). Dans un sous-type, la variation est relativement limitée entre les virus, de 2,2 à 5,6 %.
Le virus TBE est un virus icosaédrique enveloppé de 50 nanomètres de diamètre. Il s’agit d’un virus à RNA. L’enveloppe comporte
trois protéines de structure différente, respectivement les protéines C, M et E.
La protéine C : il s’agit d’une protéine de la capside de 30 nanomètres de diamètre qui contient l’ARN formé d’environ
11 000 nucléotides (11 kb). L’ARN code pour les trois protéines de structure et pour sept protéines non structurantes, nécessaires à
la réplication du virus. Les protéines E et M sont incorporées dans la membrane virale. La glycoprotéine E, composant majeur de la
surface virale au plan antigénique, est responsable de la synthèse d’anticorps neutralisants protecteurs. L’analyse par anticorps
monoclonaux a permis de noter que les différents isola de virus étudiés sont homogènes dans toutes les zones endémiques d’Europe
(TBE-Eu) et peu susceptibles à des variations antigéniques significatives dans un environnement naturel.
Les virus S-TBEV et FE-TBEV sont étroitement liés aux sous-types européens avec 96 % d’identité dans la séquence d’acides
aminés de la protéine E (souche Neudörfl).
Il s’agit d’un virus thermosensible qui peut être inactivé par pasteurisation, sinon il peut survivre dans le lait, sur des périodes
prolongées même en passant dans le milieu acide de l’estomac.
Le virus TBE-Eu est endémique dans des zones dispersées en Europe centrale, de l’Est et du Nord. La souche FE-TBEV avec la
souche So/jin est endémique en Lettonie, Russie et Asie avec des formes plus sévères à l’extrême Est de la Russie.
Épidémiologie
Les principaux hôtes et réservoirs du virus sont les petits rongeurs. Les tiques sont des réservoirs et des vecteurs. L’homme est un
hôte accidentel. La transmission se fait par Ixodes ricinus en Europe de l’Ouest et par Ixodes persulcatus en Europe de l’Est et en
Russie.
Au Japon, le virus FE-TBE a été isolé de Ixodes ovatus. Environ 0,1 à 5 % des tiques portent le virus en zone endémique avec, dans
certaines régions, des taux de contamination qui peuvent être beaucoup plus importants et atteindre 30 % (Bavière).
L’infection est saisonnière de mars à novembre.
Un autre mode de contamination est possible par la consommation de lait non pasteurisé de chèvre ou de vache contaminée et en
phase virémique ; cette voie de contamination reste très limitée. Le virus peut persister de façon chronique chez la tique avec une
possible transmission transstadiale. Il peut de la même façon être transmis de façon transovarienne.
L’incidence la plus élevée notée est celle de Lettonie avec 30 cas pour 100 000 habitants par an suivie de l’Estonie avec 16,5 cas, la
Slovénie avec 14 cas et la Lituanie avec 11,2 cas pour 100 000 habitants par an.
Pathogénie et pathologie
La principale porte d’entrée du virus est la piqûre de tique. Après la contamination va se produire une multiplication locale au site
d’inoculation, en particulier dans les cellules de Langerhans (cellules dendritiques) qui transportent le virus vers les ganglions
locaux pour atteindre les lymphocytes T. À ce niveau, les virus vont se multiplier dans ces cellules T mais aussi B et les
macrophages situés dans les zones ganglionnaires, le thymus et la rate.
Après multiplication dans ces organes lymphatiques, le virus TBE va, par voie sanguine, atteindre le système nerveux central.
Une production importante de virus est nécessaire dans la première étape de cette évolution pour qu’un passage de la barrière
hémo-encéphalique se fasse à travers les cellules endothéliales, celles-ci n’étant pas facilement infectées. Par la suite et au niveau des
structures nerveuses, le virus va se multiplier dans des zones dans lesquelles il y a une infiltration plus marquée.
Les méninges (cérébrales et spinales) sont le siège d’une infiltration diffuse de lymphocytes et parfois de leucocytes. La zone
méningée la plus atteinte est située autour du cervelet.
Le cerveau est œdémateux et hyperémique et des lésions microscopiques sont présentes dans presque toutes les parties du système
nerveux central en particulier dans le bulbe, le cervelet, le tronc cérébral, les ganglions de la base, le thalamus et la moelle.
Les lésions sont localisées dans la substance grise et consistent en une infiltration lymphocytaire périvasculaire, une
accumulation de cellules gliales, des nécroses neuronales et des phénomènes de neuronophagie. Il est à noter que les cellules de
Purckinje du cervelet et celles de la corne antérieure de la moelle sont fréquemment atteintes.
Ces infiltrations et raréfactions des cellules sont aussi notées dans le mésencéphale et le diencéphale. Les modifications, au niveau
du cortex cérébral lui-même, sont à peu près limitées à l’aire motrice avec, d’une part, dégénérescence et nécrose des cellules
pyramidales et, d’autre part, accumulation de lymphocytes et prolifération gliale proche de la surface.
M éningite
La méningite va se traduire par une fièvre élevée, des céphalées, des nausées, des vomissements, des vertiges associés à des signes
d’irritation méningée assez peu marqués. L’analyse du LCS notera une pléiocytose lymphocytaire.
Encéphalite
L’encéphalite va se traduire par des troubles de la conscience allant de la somnolence à la stupeur, rarement au coma. On note, par
ailleurs, une agitation, une hyperkinésie des membres et des muscles de la face, un tremblement lingual, des convulsions, des
vertiges et des troubles de la parole. S’il existe des atteintes de nerfs crâniens, ce sont surtout des atteintes des nerfs oculaires, du
nerf facial et des nerfs pharyngés qui sont concernés. Certains patients présentent un tableau de délire ou des tableaux
psychotiques. Le signe le plus typique dans cette phase est le phénomène ataxique.
M éningo-encéphalo-myélite
Il s’agit de la forme la plus sévère de l’infection comportant des douleurs importantes des bras, du dos, des membres inférieurs qui
précèdent souvent le développement de phénomènes parétiques. Les membres supérieurs sont plus souvent atteints que les membres
inférieurs et le segment proximal plus souvent que le segment distal. Il peut exister une myélite seule, ce qui est rare et souvent les
lésions prédominent au niveau du tronc. Il y a une atteinte des noyaux des nerfs crâniens et des motoneurones spinaux à l’origine
de paralysie flasque du cou et des membres supérieurs.
L’atteinte du bulbe et de la partie centrale du tronc cérébral est associée à un mauvais pronostic.
En cas d’évolution défavorable, le décès survient dans les cinq à dix jours après le début des signes neurologiques et en général est
secondaire à une atteinte du bulbe ou à une atteinte œdémateuse diffuse du cerveau.
Parfois, l’infection à virus TBE peut être associée à une atteinte dysautonomique avec fluctuation du rythme cardiaque.
L’atteinte concomitante par virus TBE et Borrelia burgdorferi entraîne une atteinte neurologiquement plus sévère [69] La mortalité
liée à FE-TBE est plus importante (15 à 20 %) que celle liée à W-TBE (1 à 4 %)
Formes pédiatriques
La gravité du virus TBE augmente avec l’âge chez l’enfant. Des formes sévères sont possibles avec risques de séquelles permanentes.
Chez l’enfant et l’adolescent, la méningite prédomine, élément de meilleur pronostic.
Pronostic
Le syndrome post-encéphalitique est possible notamment à la suite d’un tableau aigu sévère entraînant une morbidité plus élevée à
long terme avec dans 35 à 58 % des cas un impact sur la qualité de la vie et un impact économique. Les plaintes à ce stade sont
variées comportant des troubles de la mémoire, des céphalées, une diminution de l’acuité auditive, des troubles psychologiques
mineurs, des phénomènes d’épuisement, des troubles de la marche qui devient instable. Dans environ 27 % des cas, des séquelles
sont notées évoluant sur des périodes supérieures à trois mois.
La majorité des cas (90 %), avec séquelles modérées ou sévères, avait une méningo-encéphalo-myélite alors que les séquelles sont
plus modérées dans le cadre de méningo-encéphalite.
Tests diagnostiques
L’analyse sanguine révèle, dans la première phase de l’infection, une neutropénie, une thrombopénie et dans 10 à 20 % des cas une
augmentation des enzymes hépatiques. Au cours de la deuxième phase de l’infection, on note plutôt une augmentation des globules
blancs, de la CRP et de la vitesse de sédimentation.
La sérologie va rechercher les IgM et les IgG par un test Elisa. Il existe parfois des réactions croisées avec d’autres Flavivirus. Dans
ces conditions, un test complémentaire de neutralisation est nécessaire pour écarter ces faux positifs.
Le patient, avec une vaccination TBE incomplète, peut faire une infection à virus TBE, la sérologie ne permettra alors pas de
conclusion. Dans cette situation, il conviendra de faire la sérologie dans le liquide céphalorachidien.
La réalisation d’une PCR est utile dans la première phase de l’infection mais rarement dans la deuxième phase.
Au niveau de l’analyse du liquide cérébrospinal, la glycorachie est habituellement normale de même que les lactates. Les protéines
sont augmentées de façon modérée et il existe une pléiocytose. Elle peut au début atteindre 1 000 éléments/mm3 à prédominance de
polynucléaires neutrophiles puis, très rapidement, on note en moyenne 60 éléments faits de cellules mononucléées.
Les protéines sont à environ 1 g/l. Au début, il existe une synthèse intrathécale des anticorps IgG une fois sur quatre, IgM
deux fois quatre. Après 15 jours, tous les patients ont des anticorps présents. Il est à noter que dans les formes les plus sévères,
l’évolution était associée à une cellulorachie intrathécale plus importante et à un taux d’anticorps moins élevé.
Imagerie
L’imagerie ne révèle pas souvent des anomalies qui ne sont présentes que dans 18 % des cas environ, ces lésions siégeant
essentiellement dans la région thalamique et, parfois, au niveau du cervelet. On les observe également au niveau du noyau caudé,
des ganglions de la base et du tronc cérébral.
L’électro-encéphalogramme est anormal dans 75 % des cas mais les tracés ne sont pas spécifiques.
Diagnostic différentiel
Il convient d’écarter toutes les autres infections potentiellement transmises par piqûre de tique comme Borrelia et Anaplasma, mais
cette distinction est assez simple, la clinique n’étant pas superposable. Le diagnostic reposera sur la sérologie.
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique et au cours de cette infection, le traitement ne sera que symptomatique avec un équilibre hydro-
électrolytique et un apport calorique à assurer. Parfois, l’usage d’anticonvulsivants est nécessaire. La physiothérapie sera importante
dans un deuxième temps. L’usage de fortes doses d’immunoglobulines anti-TBE, autrefois déjà proposé, a été réactualisé dans les
formes sévères ou en post-exposition [71].
Prévention
Il y a en termes de prévention une possibilité de vaccination efficace. Deux vaccins à base de virus inactivés sont disponibles en
France ; il s’agit des vaccins Ticovac® et Encepur® destinés aux adultes et aux enfants avec des schémas de vaccination légèrement
différents selon le vaccin.
Le vaccin Ticovac® est réalisé à partir d’une souche Neudörfl, le vaccin Encepur® à partir de la souche K23.
Dans quelques autres pays d’Europe, un autre vaccin est également disponible ; il s’agit de FSME-Immun® à partir de la souche
Neudörfl.
Il existe un haut degré d’homologie entre les souches Neudörfl et K23. Le vaccin sera donc efficace sur les différentes souches de
virus TBE, cette efficacité atteignant 99 %.
Il s’agit de vaccins qui se font par voie injectable en intramusculaire, plutôt au niveau du muscle deltoïde.
Compte tenu du schéma vaccinal qui comporte trois injections à un mois d’intervalle chacune, quel que soit le vaccin utilisé, la
vaccination doit idéalement débuter en hiver pour avoir une efficacité dès le printemps suivant.
Il existe également pour ces deux vaccins des schémas de vaccination rapide qui là aussi diffèrent légèrement selon le vaccin utilisé.
Les deux vaccins sont interchangeables pour les réinjections, si cela s’avère nécessaire.
Prophylaxie post-exposition
Il n’y a pas de vaccination active en post-exposition. Si deux injections ont déjà été réalisées, une injection complémentaire dans les
48 heures suivant la piqûre de tique est proposée sans preuve formelle d’efficacité.
La tolérance au vaccin est bonne sur plus de 10 000 sujets surveillés. On note simplement des réactions locales à type de douleurs,
d’infiltration et de rougeurs plus ou moins associées à un œdème. Les autres signes généraux sont très transitoires et minimes
(céphalées, douleurs musculaires, malaise, fatigue).
Babésiose [77-89]
Les babésioses sont des zoonoses émergentes touchant relativement rarement l’Homme. L’agent responsable est un protozoaire du
genre Babesia contaminant les hématies et transmis par piqûre de tique.
De nombreuses espèces ont été décrites mais seules quatre d’entre elles sont observées en pathologie humaine [77, 78]. On
distingue :
Les espèces MO-1 et WA-1 (proches de Babesia divergens) sont de description récente.
Le premier cas décrit chez les bovins l’a été en 1888 par Babes. Les premiers cas humains ont été décrits il y a une soixantaine
d’années. La difficulté diagnostique est liée à sa traduction clinique aspécifique, expliquant probablement une sous-estimation de
l’infection chez l’homme.
La réponse de l’homme à cette infection reste encore incomplètement connue alors qu’elle présente une réelle gravité chez le sujet
immunodéprimé ou splénectomisé.
La babésiose est fréquente chez certains animaux domestiques comme les chiens, les chevaux et les bovins. Elle est rare chez les
ovins et exceptionnelle chez les chats. Dans la faune sauvage peuvent être atteints les rongeurs, les cervidés qui sont en général
asymptomatiques.
Les chiens peuvente être infectés par Babesia canis dont le vecteur est une tique, Dermacentor reticulatus ou Rhipicephalus
sanguineus [77, 78, 83, 84].
Données microbiologiques
Les Babesia sont des hémoprotozoaires appartenant à la famille des Babesiidae, à l’ordre des Piroplasmidora, au phylum Apicomplexa.
Les Babesia sont dans les globules rouges et vont se multiplier par scission binaire.
À l’examen microscopique, on distingue la forme annulaire (0,5 à 2,5 µ) qui ressemble à Plasmodium falciparum et la forme en poire
(de 1,5 à 5 µ) parfois reliées par deux ou par quatre (donnant un aspect de « Croix de Malte »).
La distinction avec Plasmodium repose sur l’aspect et la taille.
▪ la gamogonie correspond à la reproduction sexuée qui se produit dans le tube digestif de la tique. Elle concerne les
gamétocytes ingérés par la tique lors du repas sanguin. Les éléments piriformes sont détruits. Les gamètes vont fusionner
formant un ookinète qui évolue vers un sporokinète mobile qui va passer dans les cellules intestinales puis va diffuser
dans l’hémolymphe de la tique avec la contamination de ses glandes salivaires. Au cours de cette migration, il peut y avoir
une contamination de l’appareil génital avec multiplication dans les œufs d’où vont éclore des larves déjà contaminées ;
▪ la sporogonie représente la reproduction asexuée du parasite dans les glandes salivaires de la tique. Chez la tique, la
transmission va également, par la suite, être transstadiale. Les sporokinètes vont se différencier en sporozoïtes dans les
glandes salivaires. Les sporozoïtes seront inoculés au mammifère lors d’un nouveau repas sanguin. La transmission se
fera à la fin de ce repas sanguin, le sang étant nécessaire à la mobilisation de Babesia chez la tique ;
▪ la mérogonie correspond à la reproduction asexuée chez le mammifère. L’infestation des globules rouges après
l’inoculation par la tique est directe, en général par invagination de la membrane formant une vacuole parasitophore qui
va disparaître, laissant le parasite libre dans le cytoplasme. Les divisions vont se faire par bourgeonnement, puis fission
binaire donnant des mérozoïtes. Ces mérozoïtes vont détruire le globule rouge et être libérés dans le sang avec la capacité
d’infester d’autres globules rouges. Certains sporozoïtes n’ont pas cette évolution mais vont devenir des gamétocytes.
Données épidémiologiques
Répartition géographique : la babésiose humaine concerne les régions tempérées du monde. La France semble le pays européen le
plus touché, notamment dans les régions ouest. Ceci concerne Babesia divergens mais des atteintes à Babesia microti sont également
décrites, notamment aux États-Unis.
L’incubation des formes liées à Babesia divergens est d’une à trois semaines. Par la suite s’installent souvent brutalement fièvre,
frissons, lombalgies, sueurs profuses, céphalées et douleurs abdominales. À l’examen, il est noté un ictère cutanéomuqueux, une
hépatosplénomégalie, des urines foncées, tableau en rapport avec l’hémolyse.
Données biologiques
Les données biologiques mettent en évidence une anémie hémolytique avec une hémoglobinémie. L’haptoglobine est basse, la
bilirubine est élevée ainsi que l’hémoglobinurie. Le taux de réticulocytes est élevé et souvent il existe une thrombopénie associée.
Dans la forme à Babesia microti, l’incubation est d’environ huit jours mais peut aller jusqu’à six semaines après la morsure de
tique. Quatre tableaux cliniques sont possibles :
Dans les formes symptomatiques, les signes les plus courants sont fièvre, sueurs profuses progressives, une asthénie, un malaise
général, des céphalées, une anorexie, des myalgies.
Évolution
Guérison
La guérison est obtenue après plusieurs semaines, voire plusieurs mois, associée à une convalescence prolongée. Les données
biologiques ne sont pas spécifiques. Les formes graves sont rares.
Pronostic
Parmi les complications les plus fréquentes, on relève une détresse respiratoire aiguë par œdème pulmonaire, une coagulation
intravasculaire disséminée, une insuffisance cardiaque, une insuffisance rénale liée à l’hémolyse.
Dans les formes très graves, des troubles de la conscience peuvent apparaître suivis d’un coma précédant le décès [88].
Diagnostic
Chez l’homme, il convient avant tout de penser à cette infection sur la base d’arguments épidémiologiques que sont un séjour à la
campagne, une activité rurale et surtout une notion de piqûre de tique. Rappelons que l’évaluation du terrain est importante
(immunodépression, splénectomie).
Le diagnostic biologique repose sur les frottis sanguins examinés après coloration de Giemsa, le diagnostic différentiel étant
surtout celui de Plasmodium falciparum, la taille du parasite étant de 1 à 5 µ, en général bigéminée, rarement en tétrade. L’évaluation
de la parasitémie est importante ; elle est généralement inférieure à 1 % mais peut atteindre 85 % dans le cas de splénectomie.
Il existe d’autres méthodes de diagnostic avec notamment la PCR qui doit être corrélée à la sérologie. Il s’agit d’une méthode
sensible qui permet le diagnostic d’espèces.
À côté de l’examen direct, les méthodes indirectes reposent sur l’immunofluorescence indirecte avec recherche d’IgG et d’IgM.
Cette méthode n’a pas beaucoup d’intérêt pour un diagnostic en urgence, les anticorps n’étant présents qu’une semaine après
l’hémoglobinurie.
Traitement et prévention
Le traitement curatif repose sur l’association clindamycine en intraveineux ou per os, à la quinine en intraveineux. Chez l’adulte, les
posologies sont respectivement de 600 mg toutes les 6 heures pour la clindamycine et de 650 mg toutes les 8 heures pour la quinine.
Ce traitement doit être assuré pendant huit jours.
L’autre option repose sur l’association atovaquone + azithromycine, association qui s’avère efficace.
Des effets secondaires assez fréquents sont à noter ; le traitement, dans ces conditions, doit être fait en milieu hospitalier.
Parmi les autres options thérapeutiques, citons la pentamidine ou le cotrimoxazole, possibilités envisagées en cas
d’immunodépression ou d’infections sévères. En cas de parasitémie supérieure à 5 %, l’exsanguino-transfusion s’avère
habituellement nécessaire.
Prophylaxie
Il n’y a actuellement pas de vaccination possible. Il convient, dans ces conditions, d’éviter les zones à risque, en particulier pour les
sujets aspléniques et immunodéprimés et mettre en place les précautions classiques face à une potentielle piqûre de tique.
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Conclusion
La borréliose de Lyme est certainement l’infection bactérienne transmise par les tiques du genre Ixodes la plus fréquente dans
l’hémisphère nord.
Sa symptomatologie est anciennement décrite avec une prédominance des aspects cutanés, neurologiques et articulaires. À la suite
de l’identification des Borrelia dans les tiques et sur la base des données épidémiologiques et anamnestiques ont été développées des
méthodes sérologiques fiables et parfaitement adaptées à l’établissement du diagnostic chez ces patients. Ces données sérologiques
ont également permis de reconnaître d’autres aspects cliniques de cette infection dont l’expression est véritablement multiviscérale.
Le traitement reste simple, reposant sur une antibiothérapie dont les principes ont été définis, évitant notamment des
thérapeutiques inadaptées ou inutilement prolongées.
Moyennant cette prise en charge correcte, il faut bien souligner qu’il n’y a pas d’évolution vers des formes chroniques de cette
infection. Si la symptomatologie potentiellement très riche au cours d’une borréliose de Lyme ne se résolvait pas, il conviendra dans
ces conditions d’évoquer d’autres problèmes pathologiques en particulier dans le cadre d’affections spécifiquement neurologiques ou
auto-immunes.
Parfois contestées pour certaines d’entre elles mais bien confirmées et présentes, les co-infections ne doivent pas être ignorées car
elles relèvent d’une démarche diagnostique et d’un traitement adapté.
La transmission de Borrelia exclusivement liée à une piqûre de tique, si l’on excepte la très rare transmission materno-fœtale, dicte
les mesures préventives. En effet, en l’absence d’effets protecteurs des anticorps produits par une première contamination et, bien
entendu, en l’absence de vaccin disponible, les seules mesures prophylactiques reposent sur la prévention des piqûres de tique.
Moyennant ces recommandations, la prise en charge d’un patient atteint d’une borréliose de Lyme ne doit pas poser de
problèmes, patient qui mérite des explications simples et claires de sa symptomatologie, explications qui reposeront toujours sur des
bases scientifiques validées.
Index
A
Acarien, 8
Accident ischémique récidivant, 27
Acrodermatite chronique atrophiante (ACA), 19, 40
Activité
anticoagulante, 13
anti-inflammatoire et anti-algique, 13
Adénopathie, 77
régionale, 23
Adulte, 8, 9
Afipia felis, 76
Agent transmetteur, 11
Aminoside, 61
Amyotrophie, 40
Anaplasma, 11
phagocytophilum, 14, 73
Anaplasmose granulocytaire, 74
Anémie hémolytique, 88
Angiomatose bacillaire, 77
Anorexie mentale, 36
Antibiotique, 57
Anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), 61
Arthralgie, 29
Arthrite, 29, 78
de Lyme réfractaire, 28
Atovaquone, 90
Atteinte
axonale, 26
congénitale, 70
dysautonomique, 83
médullaire, 40
myogène, 31
neurorétinienne, 77
oculoglandulaire, 77
péricardique, 34
Autodiagnostic, 54
Avortement, 70
Azithromycine, 79, 90
B
Babesia, 11, 14, 86
Bactériémie, 24, 78
Barbour-Stoenner-Kelly (BSK)
milieu, 6, 52
modifié, 52
Bartonella, 11, 14
henselae, 73
Bêtalactamine, 57
Biopsie endomyocardique, 34
Biotope de repos, 10
Bloc auriculoventriculaire (BAV), 33
Borrelia
afzelii, 6
americana, 5, 6
andersonii, 5
bavariensis, 6
bissettii, 6
burgdorferi, 14
burgdorferi fibronectin-binding protein (BBK 32), 14
burgdorferi sensu lato, 5
burgdorferi sensu stricto, 6
californiensis, 5
carolinensis, 5
chilensis, 5
finlandensis, 6
garinii, 6
japonica, 5
kurtenbachii, 6
lusitaniae, 6
mayonii, 6
spielmanii, 6
tanuki, 5
valaisiana, 6
yangtzensis, 5
Bradykinine, 13
Bulbe, 83
Bursite, 29
C
Capitulum, 8
Cécité, 37
Cellule
de Langerhans, 81
dendritique, 81
Cellulorachie, 27
Cément, 12
Céphalée, 25
Chélicère, 8
Choroïdite, 37
Chromosome, 6
Cindamycine, 90
Ciprofloxacine, 79
Coagulation intravasculaire disséminée, 89
Co-feeding, 12
Co-infection, 73
Coma, 83
Concentration minimale
bactéricide (CMB), 57
inhibitrice (CMI), 57
Conjonctivite, 37
Contre-indication
enfant, 58
femmes enceintes, 58
terrain allergique, 58
Corticoïde, 61, 70
Coxiella, 11
CPK-MB, 31
Crise épileptique, 78
Cryoglobulinémie, 30
Culture, 51
Cycle de développement, 9
Cycline, 57
D
Decorin binding protein (Dpb), 14
DEET (N,N-diéthyl-3-méthyltoluamide, 65
Dépression, 36
Dermatomyosite, 32
Détection d'ADN dans les urines, 54
Détresse respiratoire aiguë, 89
Détrusor, 32
dysfonction, 39
Dosage de l'interleukine, 54
Douleur radiculaire, 25
Doxycycline, 61, 79
E
Écusson, 8
Électro-encéphalogramme, 27
Encéphalite, 25, 77, 78
aiguë, 27
Encéphalomyélite
chronique, 39
Encéphalopathie, 36
Encepur, 85
Endocarde, 32
Endormissement, 36
Endosome, 74
Épanchement articulaire, 29
Épisclérite, 37
Érythème chronique migrant (ECM), 38
multiple, 38
Érythème migrant (EM), 19
Examen microscopique direct, 51
Exophtalmie, 37
Exsanguino-transfusion, 90
Extraction, 66
F
Faiblesse musculaire, 31
Fasciite
à éosinophiles, 39
nodulaire, 39
Fatigabilité, 31
Femme enceinte, 69
FE-TBEV, 80
Flagelle, 7
Flagelline, 7
Flaviviridae, 80
Flavivirus, 80
Fluoroquinolone, 61
Fœtus, 69
Forme
chronique, 39
tardive, 39
Frottis sanguins, 89
FSME-Immun, 85
G
Gamogonie, 87
Garin-Bujadoux-Bannwarth (syndrome de), 25
Gène
Salp15, 7
Gentamycine, 79
Germe tolérant, 57
Glande salivaire, 9
Glycorachie, 27
Griffade, 76
Grossesse, 69
H
Haller (organe de), 9
Haptoglobine, 88
Hémoculture, 52
Hémoglobinémie, 88
Hémoglobinurie, 88
Hémolyse, 88
Hémopathie, 70
Hémoprotozoaire, 86
Hémorragie
intracérébrale, 28
sousarachnoïdienne, 28
Hépatite
granulomateuse, 39, 78
Hépatosplénomégalie, 88
HLA B27, 30
Hôte, 11
Humeur aqueuse, 54
Hypersignal en T2, 40
I
Ictère cutanéomuqueux, 88
Idiosome, 8
Imagerie par résonance magnétique (IRM), 27, 34, 40
Immunité, 13
acquise, 13
innée, 13
Immuno-empreinte, 53
Immunofluorescence indirecte, 53
Immunoglobuline
anti-TBE, 85
G, 53
M, 53
Immunosuppresseur, 62, 70
Immuns complexes, 30
Incidence, 15
nationale, 15
Index de synthèse intrathécale, 27, 53
Infarctus cérébral, 78
Infectious Diseases Society of America (IDSA), 67
Infiltration lympho-histiocytaire, 31
Inhibiteur Salp14, 13
Insuffisance
cardiaque, 33, 89
Interleukine-2, 13
Irritabilité, 36
Ixodes
dammini, 16
ovatus, 81
pacificus, 8, 16
persulcatus, 8, 16, 81
ricinus, 8, 15, 81
scapularis, 16
spp, 8
Ixodida, 8
Ixolaris, 13
K
Kératite
interstitielle, 37
superficielle, 37
Kyste poplité, 29
L
Langerhans (cellules de), 81
Larve, 8, 9
œuf, 10
Lésion
granulomateuse et nécrosante, 79
lymphomateuse cutanée, 39
Lipocaline, 13
Liquide
articulaire, 52
cérébrospinal (LCS), 26, 52, 53
synovial, 30
Localisation intracellulaire, 57
Lyme chronique, 41
Lymphocyte
B, 12
NK, 88
T-CD4(+), 8, 12, 88
Lymphocytome
borrélien (LCB), 38
borrélien, 19
cutané bénin, 19, 38, 41
M
Macrolide, 57
Macrophage, 12
Maladie
auto-immune, 41
de Pick-Herxheimer, 40
Marqueur
CD57, 54
d'activité de la maladie, 54
Méninge, 25
Méningisme, 25
Méningite, 25, 26, 82
Méningo-encéphalite, 82
Méningo-encéphalomyélite, 82
Méningoradiculite, 25
crânienne, 26
Mérogonie, 87
Métalloprotéinase, 28
Monobactame, 61
Morsure, 76
Mort subite, 34, 35
Mortalité, 83
Morulae, 74
Mue, 10
Muscle
orbitaire, 37
Myalgie, 31
Myélite, 78
transverse, 78
Myocarde, 32
Myocardite
infectieuse, 33
Myosite, 31
N
Naissance avant terme, 70
Nerf
crânien, 25, 26, 78
facial (VII), 26
oculomoteur, 26, 37
trijumeau, 26
Neuroborréliose, 24
Neuropathie périphérique, 78
Neurorétinite, 78
Nodule fibreux, 41
Nœud
auriculoventriculaire, 33
intra-auriculaire, 33
intra-ventriculaire, 33
sino-auriculaire, 33
Nymphe, 8, 9
femelle, 10
mâle, 10
O
Œdème pulmonaire, 89
Œil, 36
Organe de Haller, 9
Organotropisme, 25
Ostéomyélite, 77, 78
Outer surface proteins (Osp)
A, 7, 12
B, 7
C, 7, 12
P
Pancardite, 35
Panniculite, 39
Paralysie faciale périphérique, 26
Parasitémie, 89
Parinaud (syndrome de), 77
Pathologie de surface, 37
Patient greffé, 70
Pédipalpe, 8
Penthalaris, 13
Péricarde, 32
Périvasculaire, 31
Permethrine, 66
Persistance d'une positivité en IgM, 53
Phénomène
ataxique, 83
d'échappement, 8
Picaridine, 66
Pick-Herxheimer (maladie de), 40
Plasmide
circulaire, 6
linéaire, 6
Pléïocytose lymphocytaire, 26
Pneumonie, 77
atypique, 78
Poche de lyse, 12
Polyneuropathie
axonale, 39
Polynucléaire neutrophile, 12
Processus dysimmunitaire, 53
Protéine
BIP (B-cell inhibitoring protein), 13
CRASP, 8
de 60 kDa, 7
de 93 kDa, 7
majeure de surface (Msp2), 74
P39, 7
Salp15, 7, 12
Salp16, 14
VlsE, 8
Protéinorachie, 27
Protozoaire, 86
Puce, 77
Purpura thrombopénique, 77
Q
Quinine, 90
R
Radiculite sensitive, 26
Réaction croisée, 84
Repas sanguin, 9
Réservoir, 11
Rhabdomyolyse, 31
Rickettsia, 11
Rifampicine, 75, 79
Rochalimaea henselae, 76
Rostre, 8, 12
S
Salive, 13
Salp14
inhibiteur, 13
Salp15
gène, 7
protéine, 7, 12
Salp16
protéine, 14
Scanner cérébral, 27
Schizophrénie aiguë, 36
Sclérite, 37
Sclérodermie localisée, 39
Sclérose
en plaques (SEP), 40
latérale amyotrophique (SLA), 40
Scutum, 8
Sérologie, 27, 52, 84
Sialostatine-L, 13
Signe cérébelleux, 40
Soie, 9
Somnolence, 83
Spirochète, 6, 51
Sporogonie, 87
Stade, 9
Stase, 9
S-TBE, 80
Stupeur, 83
Syndrome
de Garin-Bujadoux-Bannwarth, 25
de Parinaud, 77
extrapyramidal, 40
post-Lyme, 41, 62
pseudo-grippal, 24
pyramidal, 40
Synovectomie, 61
Synoviocyte, 30
Synoviorthèse, 61
Synthèse intrathécale des anticorps, 84
Système nerveux
central, 25
périphérique, 25
T
Talalgie, 29
Tamponnade, 34
TBE (tick-borne encephalitis virus), 11, 79
TBE-Eu, 80
TBE-FE, 80
TBE-Him, 80
TBE-Si, 80
Technique d'amplification génique (PCR), 51, 52
Température, 10
Ténosynovite, 29
Test
de confirmation, 53
de dépistage, 53
de détection rapide (TDR), 54
de transformation lymphocytaire, 54
Elisa, 53
Tick receptor OspA (TROSPA), 7
Ticovac, 85
Tique exophile, 10
Tire-tique, 66
Tomographie par émission de positons (TEP), 27
Transfusion, 88
Transmission
transovarienne, 74
transplacentaire, 16, 69
transstadiale, 74
Triméthoprime-sulfaméthoxazole, 79
Trouble
cognitif, 40
de la conduction, 33
de la mémoire, 36
U
Uvéite, 37
antérieure, 37
intermédiaire, 37
postérieure, 37
V
Vaccin, 66
Encepur, 85
FSME-Immun, 85
Ticovac, 85
Valve
aortique, 35
mitrale, 35
Vascularite, 78
cérébrale, 27
Vasculite, 37
Virus, 14
FE-TBEV, 80
S-TBEV, 80
TBE (tick-borne encephalitis virus), 11, 79
TBE, 73
TBE-Eu, 80
TBE-FE, 80
TBE-Him, 80
TBE-Si, 80
W-TBEV, 80
Voie
de conduction, 33
W
Western Blot (technique), 53
W-TBEV, 80
X
Xénodiagnostic, 54
Z
Zoonose, 74
Table des matières
Couverture
Page de titre
Page de copyright
Abréviations
Introduction
Bactériologie
Épidémiologie
Phase primo-secondaire
Méthodes directes
Méthodes indirectes
Traitements complémentaires
Mesures générales
Mesures individuelles
Chapitre 8: Co-infections
Anaplasmose
Bartonella henselae
Babésiose [77-89]
Conclusion
Index