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La troisième ferme à droite de la route, dans les près, avec une fontaine dont le canon ..

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Thème du rêve
Le narrateur nous guide ensuite dans un labyrinthe géographique qui sera l’image du roman. La montée nous
expose à la découverte de la beauté, la descente nous mène vers le dernier des V. Le décor qui précède la
présentation de ce jeune homme devient de plus en plus poétique mais aussi de plus en plus sombre. Tout
d’abord, avant d’arriver à sa ferme, on trouve une fontaine et des roses trémières. C’est un décor médiéval où,
comme dans les contes, on s’arrête devant un seuil initiatique. « Les roses trémières » sont une allusion à un
poème de Nerval. Or, M. V. lit un roman de Nerval. Nous sommes ici dans un procédé d’intertextualité clair.
Lorsque le narrateur se reprend en disant « C’est pourquoi je dis, Sylvie, là, c’est assez drôle », il fait une ellipse
car le lecteur a compris qu’il s’agissait de « lire Sylvie. La nature est comparée à un gisement minier. Les
métaphores abondent et présentent le paysage comme laid et monstrueux. Le narrateur nous étonne ici, lui qui
est censé être un chroniqueur posé, par le déferlement d’images chaotiques qu’il décrit : il n’y a plus trace de
l’humain, seuls se mêlent les règnes végétal, minéral et animal. L’humour des apartés du narrateur (« Je ne sais
pas moi », « là, c’est assez drôle ») introduit dans le magma de cette vision horrifiante une note de légèreté.
Plus sombre est le paysage, plus sombre est la nature humaine. Le portrait que le narrateur fait du descendant
de M. V. est celui d’un rêveur qui se réfugie dans les livres. A plusieurs reprises, comme une image fixe, on dit
qu’« il lit », qu’ « il lisait ». La superposition du présent et de l’imparfait semble arrêter l’action, la figer dans un
hors-temps. On remarquera que le portrait de ce V. est celui d’un noiraud, « brun » et sec, que l’on associe au
Moyen-Âge au personnage « mauvais ». Quant à la ferme, dont le nom, mélange de poésie et de réalisme
provincial (« les Chirouzes ») n’est pas sans rappeler le titre du recueil de Nerval, les Chimères, elle est vue
comme isolée, minée par la peur (de soi), sans arbre (sans hêtre) pour abri.
« Tout discours est traversé par le discours des autres » Michel Foucault
« dans un petit jardin » : antéposition de l’adj : allusion à Verlaine
« un jeune homme très brun » : les sœurs de charité : Arthur Rimbaud
« ce gris sournois » : personnification

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