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ntroduction

Avec le pape François, une nouvelle ère commence à bien des égards en 2013 :
il est le premier successeur de Pierre à choisir le nom de François, le grand
fondateur de l'ordre des frères mendiants, le premier jésuite à s'asseoir sur la
chaire de Pierre, le tout premier pape latino-américain et le premier pape à ne
pas être directement impliqué dans la rédaction et la vulgarisation des textes
du Concile Vatican II. Cet état des choses marque-t-il aussi le début d’une
nouvelle phase dans la réception du Concile ? Jusqu'à présent, il y a eu la phase
d'essor et d'enthousiasme immédiatement après le Concile, la phase des
corrections doctrinales et des frustrations parmi le peuple de Dieu et, depuis
1985, la phase d'approfondissement de l'ecclésiologie du Concile avec la notion
de « communio ». Il est possible que le pape François entame maintenant une
phase qui doit donner, pense-t-il, plus de vie au Concile grâce au terme
synodalité. Mais que signifie la synodalité ? En bref, dans l’Église protestante,
cela signifie : participation à la direction, dans l’Église orthodoxe : direction, et
dans l’Église catholique jusqu’à présent « seulement » conseil.

Un synode des évêques sur le thème de la synodalité a été tenu en 2023 ( on l’a
déjà relevé et il faut le redire : nous avons ici parmi nous un digne représentant
qui peut fièrement proclamer : « Synode sur la synodalité convoqué par le Pape
François : j’y étais »)

Ce synode a été pressenti comme l’épilogue d’un long processus synodal


mondial entamé depuis près d’une décennie aux lendemains du pontificat de
François. Avec le fort accent mis sur le thème de la synodalité par le Pape
argentin, l'idée a émergé dans la conscience de plusieurs chrétiens que des
changements structurels spectaculaires interviendront dans la vie de l’Église.
Plus que toutes les autres Églises, l’Église de Dieu en Allemagne attendait
beaucoup plus de ce synode. Le Chemin synodal des évêques allemands en
collaboration avec le Comité central des catholiques allemands a montré une
avance spectaculaire à nulle autre pareille sur les questions dites de la
synodalité jusqu’à son recadrage par le magistère du même François, bien
avant la tenue du Synode. En effet, de nombreux croyants et des bénévoles
zélés engagés à plein temps dans la pastorale ont été infectés par le virus du
changement encouragé selon eux par le pape, et se sont organisés en de petits
groupes de réforme (Maria 2.0, Outinchurch).

Mais que veut vraiment dire le pape François en mettant massivement l’accent
sur la synodalité de l’Église ? Veut-il changer les structures de l’Église, vers un
nouveau type de conciliarisme ou vers une forme d’Église de base, d’Église d’en
bas ? Se sent-il dans la peau d’un « nouveau François d’assise » avec le souci de
redonner à l’Évangile sa radicalité ?

Jusqu'à présent, il existe différentes évaluations à ce sujet. Ce travail vise donc


à aller au fond de la question.

16

INTRODUCTION

La question du travail est donc : quelle compréhension de la synodalité Le


Fragranciscus et quelle compréhension de l'Église peut-on comprendre comme
base ?

La première partie traitera en détail des déclarations du Pape au sujet de la


synodalité. Puisqu’il n’existe pas encore de travail systématique sur ce sujet, il
s’agit essentiellement d’une analyse détaillée des contributions pertinentes du
pape François. Cela permet de répondre à la première question sur la
compréhension de la synodalité par le pape François. Un premier excursus dans
la première partie est consacré aux fondements bibliques du terme parrhesia,
qui est un vocabulaire fréquemment récurrent dans la compréhension de la
synodalité par le pape François. Une deuxième digression dans la deuxième
partie est consacrée à un cas dans lequel Ratzinger est mal cité par plusieurs
auteurs, de telle sorte que sa déclaration originale est transformée en son
contraire.

Afin de catégoriser la compréhension sous-jacente de l’Église, la deuxième


partie examine un débat jusqu’alors peu remarqué à l’approche du Concile
Vatican II. Dans le débat entre Hans Küng et Joseph Ratzinger (1961) sur la
théologie du Concile, deux modèles ecclésiaux fondamentaux ont émergé qui,
de l'avis de certains commentateurs, ont déterminé l'histoire de l'Église en
Allemagne depuis le Concile Vatican II : l'Église comme Concilium ou église
comme communion. Ce débat était, contrairement à par ex. B. sur le débat
entre Walter Kasper et Joseph Ratzinger, qui n'a pas encore été traité en
termes d'histoire théologique. C'est ce qu'il faut faire ici. Elle doit être insérée
dans l’horizon temporel de l’histoire théologique et présentée en détail. Cela
permet alors d’avoir une image claire des deux catégories pour évaluer la
compréhension de l’Église qui se cache derrière l’accent mis par le pape
François sur la synodalité. Une question secondaire issue de la recherche de
Ratzinger trouve également une réponse dans cette partie. Il s'agit des
circonstances exactes du début de la collaboration entre le cardinal Joseph
Frings et Joseph Ratzinger dans le cadre du Concile Vatican II. Cela soulève
également la question de savoir ce que l'expérience,

1 Voir Wancat, The Benedikt Project, 197 et 225 ; cf. KOCH, Le Secret du Kome
Moutarde, 181 ; voir VODERHOLZER, La signification durable du pontificat de
Benoît XVL pour les années et décennies à venir, 33 ; Cf. WEIMANN,
Transmission de la foi dans le domaine de tension entre changement et
identité, 772 ; Cf. VODERHOLZER, Pionniers de la Commission Théologique
Internationale, 438. 2

Voir BUCKENMER, Église universelle sur place ; Cf. MENKE, Le principe directeur
de Joseph Ratzingers.
INTRODUCTION

a conduit le cardinal mondialement reconnu et presque sage à

faire du jeune théologien fondamentaliste de Bonn son conseiller

théologique le plus important pour cet événement historique

ecclésial spécial du Concile œcuménique. Diverses théories

circulent à ce sujet. Avec l'aide de sources inédites dans les archives

de l'Institut du Pape Benoît XVI. A Ratisbonne, la question peut

recevoir une réponse claire (excursus dans la partie II). Dans la

troisième partie, la communion-ecclésiologie que Joseph Ratzinger

a mise en jeu dans le débat avec Hans Küng est examinée plus

en détail. De quel droit peut-on la favoriser et même la considérer

comme la vision réellement catholique de l’Église et magistralement

confirmée ? A cet effet, on examine le témoignage

de l'Écriture et de la tradition, puis on examine sa réception

magistrale jusqu'au Concile Vatican II. La quatrième partie est

ensuite consacrée au développement de l'ecclésiologie de communion

chez Joseph Ratzinger, combinée à la thèse selon laquelle le

concept de communion est le grand terme générique pour

l'ecclésiologie de Joseph Ratzinger.

La cinquième partie résume les résultats individuels et

prépare la formulation de la thèse de ce travail.

En conclusion, la thèse du travail est formulée et illustrée

confronté à un contre-discours. Cela inclut également les


défis pour l’avenir ainsi que les souhaits de recherche

découlant de ces travaux.

Dans le but de relier théologie et liturgie, science et pratique

religieuse, cet ouvrage se termine par une « perspective spirituelle »

qui considère la fête du Corpus Christi comme une fête liturgique.

expression d'une Église synodale. L'annexe

contient un résumé de l'essai « Sur la théologie du

Concile » de Joseph Ratzinger, qui juxtapose la version de

1961 (Pastorale militaire) et celle de 1969 (Le nouveau peuple

de Dieu).4 On y trouve également des fac-similés de Brie-

3 Il est significatif ici si, par exemple, B. Heribert Schauf a écrit dans son journal

pour le Concile Vatican II du 23 juin 1962 : « Prof. Ratzinger (Bonn) serait le


théologien

du cardinal de Cologne. - Peut-être ai-je oublié (sic !) de dire que le

chapitre De infantibus [...] n'a pas été accepté.", SCHAUF, Journal du Concile
Vatican

II (1960-1965), 227 ; voir aussi le discours de Michel SCHMAUS du « théologiens

adolescents» lorsqu'il parle des conseillers du conseil Hans Küng et Joseph Rat-

Zinger, cité dans : KÜNG, Erkampfe Freiheit, 476.

4 Dans les notes éditoriales du JRGS 7, dans lesquelles l'article est inclus, il est

dit que « là [dans la version de 1969], à quelques endroits, il y a des réflexions

du temps après la conclusion du Concile », ce qui obscurcit quelque

peu la révision massive de l'essai « Sur la théologie du Concile » de 1961 pour

inclusion dans « Le nouveau peuple de Dieu » (1969).100


sti

INTRODUCTION

fe des archives de l'Institut du Pape Benoît XVI, qui sont particulièrement

pertinentes pour l'excursus de la deuxième partie. Également une

lettre du pape émérite. Benoît XVI à l’auteur qui, après l’avoir relu,

confirme l’exactitude historique des conclusions de cette digression.5

Fe

I. La compréhension de la

synodalité par le pape François

dans le contexte du chemin

synodal allemand

1. La réception contradictoire de la compréhension de

la synodalité par le pape François en Allemagne

En 2019, le Comité central des catholiques allemands (ZdK)

et la Conférence épiscopale allemande (DBK) proclament

une « Voie synodale » pour l'Église en Allemagne, destinée

à initier des processus de réforme que les partisans du Le

chemin synodal est convaincu qu'après le scandale des

abus, qui devrait être systématiquement traité avec la soi-

disant étude MHG¹, ils sont nécessaires pour regagner la


confiance du peuple dans l'Église. Le Cardinal Reinhard Marx

et Thomas Sternberg se voient renforcés dans le projet du

pape François, qui veut promouvoir la synodalité de l'Église

et renforcer l'indépendance des Églises locales.

« Le pape François nous appelle à devenir une Église synodale – à parcourir

notre chemin ensemble. Le Chemin synodal de l’Église en Allemagne,

que nous, en tant qu’évêques du Conseil épiscopal allemand, sert cet objectif.

6 En Allemagne, la couverture publique des cas d'abus sexuels dans l'Église a

commencé avec la lettre ouverte du recteur du Collège Canisius de Berlin, le

père Klaus Mertes SJ, au printemps 2010, voir MERTES, Lost Trust, 19-35, la

lettre ouverte en annexe, 207-209 ; Également en 2010, des cas d'abus à

l'Odenwaldschule ont commencé à être découverts après que de nombreux


étudiants

ont rendu publics leurs souvenirs à l'occasion du 100e anniversaire de l'école,

voir KEUPP et al., L'Odenwaldschule comme phare des programmes de


réforme.

Dagogik et comme lieu de violence sexualisée,

V. 7 Cf. DRESSING et al., Abus sexuels sur mineurs par des prêtres catholiques,
des diacres et

des membres masculins d'ordres religieux dans le domaine de l'Église


épiscopale allemande

conférence.

8 Président du DBK de 2014 à 2020.

9 Président du ZdK de 2015 à 2021.


1.W

UN

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Ve

B-

te

un

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Conférence et en tant que représentants des laïcs actifs au sein du Comité

central des catholiques allemands, ils souhaitent accompagner de nombreux

catholiques, religieux, prêtres et surtout des jeunes au cours des deux

prochaines années. »10

Ce qui a toutefois surpris certains, c'est la lettre du pape François

au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne, datée du 29 juin

2019. Dans cette lettre, le Saint-Père partage le « souci pour l'avenir

de l'Église en Allemagne »11. et souhaiterait « rechercher

« encourager une réponse franche à la situation actuelle »12.

Reinhard Marx et Thomas Sternberg ont fait une déclaration le jour de

la publication de la lettre dans laquelle ils ont souligné que la lettre devait

être comprise comme un encouragement pour le Chemin synodal et

que le Saint-Père avait exprimé son soutien à ce projet. Ils ont déclaré

textuellement, et cette déclaration constitue également la publication de la


lettre dans les documents publiés par le Secrétariat du Conseil allemand

« Déclarations du » publiées par la Conférence des évêques

Siège Apostolique" ajouté :

Lettre du pape François au peuple de Dieu en pèlerinage

Allemagne» est un signe d'appréciation de la vie ecclésiale de

notre pays et de tous les croyants catholiques. Nous remercions le

Saint-Père pour ses paroles d'orientation et d'encouragement et nous

considérons comme des évêques et des représentants laïcs invités

à poursuivre le processus initié dans cet esprit. Le pape François

souhaite soutenir l'Église d'Allemagne dans sa recherche de réponses

aux questions qui nous concernent tous pour une forme

durable de l'Église. »13

En revanche, Michael Fuchs, alors vicaire général du

diocèse de Ratisbonne, est convaincu que la lettre doit

conduire à des changements significatifs dans la forme et

surtout dans le contenu du chemin synodal. 14 En résumé,

Michael Fuchs écrit à la fin de sa déclaration :

«Il est certain qu'après cette lettre du Pape, il ne peut plus y avoir de

« statu quo », ni dans le contenu ni dans la forme. En fait, la lettre

appelle à une réécriture complète d'un tel processus, qui devrait se

concentrer sur l'évangélisation et le renouveau spirituel et sur les

personnes marginalisées ; un processus qui ne fabrique ni ne s'adapte

10 MARX, STERNBERG, lettre du Cardinal Marx et du Prof. Dr. Sternberg aux


croyants
d'Allemagne le 1er décembre 2019. 11

Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne,


introduction.

12 Idem.

13 MARX, STERNBERG, « Encouragement sur le chemin synodal »,

27. 14 Cf. FUCHS, Réflexions sur la lettre du Pape.

NOUS

1. RÉCEPTION CONTRADICTIVE EN ALLEMAGNE

il

œuf

6-

mais il compte sur Dieu, qui peut renouveler et convertir et nous

donne la joie de l'Évangile ; et un processus qui engage toutes les

questions avec la communauté de l'Église catholique, dans le temps

et dans l'espace. »15

Le 31 août 2019, le pape François a reçu Mgr Rudolf Voder-

Holzer en audience privée. 16 Le sujet de la conversation était la critique

de Voderholzer à l'égard du chemin synodal des Églises en Allemagne.17

Comme l'a rapporté Mgr Voderholzer dans son sermon de fin

2019, le pape François lui avait assuré qu'il rejetait un chemin synodal

considéré comme une approche sociologique. ou processus politique ou


compris comme une lutte entre les partis. 18 Déjà dans le sermon des

premières Vêpres de l'Avent, et donc au début du Chemin synodal, Mgr

Rudolf Voderholzer parlait dans la cathédrale de Ratisbonne du sens

de la lettre du pape François et de sa compréhension de la synodalité :

« D'ailleurs, cette lettre

est absolument vraie. dans l'histoire de l'Église - unique dans ce pays,

et il a même été comparé par le nonce Eterović à l'encyclique de Pie

XI de 1937 « Avec une préoccupation brûlante ». En guise de moyen-

Le Saint-Père nous recommande que le

L'évangélisation, la nouvelle évangélisation, le critère directeur est mauvais.

Toutes nos consultations doivent être complétées. Je suis moi-même né fin


août

reçu par le Pape François en audience privée, et il a également

m'a répété avec des mots emphatiques : l'essence de l'Église est

l'évangélisation. Le chemin synodal doit être une démarche

spirituelle, une écoute partagée de l’Évangile. Nous ne devons en aucun

cas confondre le chemin synodal avec un processus politique ou

sociologique, et nous ne devons certainement pas nous laisser

guider par un public médiatique qui, pour la plupart, ne

comprend rien à la nature de l'Église. »19

Lors de la conférence de presse finale de l'Assemblée générale de

printemps de la Conférence épiscopale allemande du 10 mars 2022,

l'unité d'étude de deux jours du DBK sur les thèmes du Chemin

synodal est l'un des thèmes principaux. Trois ans après la décision en
faveur du chemin synodal, deux ans et demi après la lettre du Saint-

Père au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne et deux ans

après la première assemblée synodale (30 janvier au 1er février 2020).

15 FUCHS, réflexions sur la lettre du Pape.

16 Cf. SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, Bollettino.

17 Cf. DISTRICT DE REGENSBOURG (éd.), le pape François reçoit Mgr Rodolphe


en audience

privée.

comme capitulaire de la cathédrale de Ratisbonne le 30 novembre 2019 3.

18 VODERHOLZER, sermon fin 2019 dans la cathédrale de Ratisbonne. 19

VODERHOLZER,

sermon pour les Vêpres de l'Avent avec investiture du Professeur Dr. Joseph
Kreiml

boom

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Pour la première fois, Mgr Bätzing, les évêques ont maintenu un

échange théologique intensif entre eux et sur la base de « leur

propre expertise théologique », c'est-à-dire sans intervenants extérieurs,


et « chacun a dit à la fin de ces jours qu'il était temps dépensé,

tout [...]."20

Après cette longue période de pratique de la synodalité et

d'échanges théologiques intensifs à ce sujet, la conférence épiscopale

devrait avoir une idée claire de ce que signifie la synodalité.

Au sujet de « L'engagement de l'évêque envers les organes

diocésains », où il s'agit d'un évêque qui cède légalement son

pouvoir de décision sur un certain point à un organisme diocésain,

Mgr Bätzing explique ce que le pape François entend par son

point de vue. vue par synodalité. Il dit littéralement :

« Oui, il y avait aussi les pièges de l'engagement personnel : 'Qu'en est-il

de l'autorité apostolique d'un évêque, peut-on simplement la dissoudre

formellement [...] ?'. Un évêque a dit : « Le dernier mot avec l'évêque,

mais pas l'avant-dernier mot », c'est ce que disent les autres. Cela

correspond-il encore à la logique d’une Église synodale ? C'est en fait le

sujet. Nous ne travaillons pas en vase clos, mais voulons prendre au

sérieux et traduire en actions concrètes ce que le Pape nous envoie sur le

chemin qui mène à : devenir une Église synodale. »21

Selon cette brève déclaration lors de la conférence de presse, pour

Mgr Bätzing, la synodalité signifie essentiellement une réduction

de l'autorité apostolique de l'évêque en transférant les pouvoirs

de décision finale aux organes synodaux, donc cela fonctionne

essentiellement sur la participation à la gestion.

Le soupçon selon lequel il pourrait s'agir d'une interprétation


erronée de la conception de la synodalité du pape François par le

président de la Conférence épiscopale allemande surgit lorsque l'on se

souvient de ce que le pape François a dit dans le discours tant cité.

à l'occasion du 50e anniversaire de la création du Synode romain

des évêques en ce qui concerne la relation entre synodalité et

fonction hiérarchique. Faisant référence à la relation entre le Pape et le

Synode des Évêques, qui peut être transférée par analogie à l'évêque

et à ses organes consultatifs dans les diocèses, il dit :

« Et enfin, le chemin synodal culmine dans l'écoute de l'Évêque de

Rome, appelé à être « pasteur et maître de tous les chrétiens »

[en référence à : Concile Vatican I, Dogme. Const. Pastor aeternus du 18

juillet 1870, chap. IV : Denz. 3074 ; voir aussi Codex Iuris Canonici, Can. 749,

20 BATZING, conférence de presse finale de l'assemblée générale de printemps


de la Conférence

épiscopale allemande, le 10 mars 2022.

21 Idem.

1-

1. RÉCEPTION CONTRADICTIVE EN ALLEMAGNE

§ 1] pour parler [...]. Le fait que le Synode agisse toujours cum

Petro et sub Petro - c'est-à-dire non seulement cum Petro, mais

aussi sub Petro - n'est pas une limitation de la liberté, mais


une garantie d'unité. [...] Ceci est lié au concept de

communauté hiérarchique appliqué par le Concile Vatican II :

les évêques sont liés à l'évêque de Rome par le lien de la

communauté épiscopale (cum Petro) et sont en même temps lui en

tant que chef du collège hiérarchiquement subordonné (sub

Petro). [en référence à : Concile Vatican II, Dogm. Const. Lumen gentium,

22 ; Décret Christus Dominus du 28 octobre 1965, 4]"22

Sur la base des Conciles Vatican I et II, le Saint-Père

enseigne dans ce discours que la synodalité ne remet ni

ne restreint la constitution hiérarchique de l'Église. L'autorité

apostolique du collège des évêques et du pape

reste structurellement épargnée par la synodalité.

Directement après la déclaration sur la structure hiérarchique

de l'Église, qui ne devrait pas être abolie par la synodalité, le pape

François utilise la citation de Chrysostome « Église et synode

sont synonymes », qui en Allemagne est un appel à des

réformes structurelles, notamment en ce qui concerne le leadership

et la participation est comprise.23 Ici aussi, on soupçonne que le

pape François est mal interprété.

Si les critiques et les partisans de la voie synodale se

sentent encouragés par la lettre du Pape, elle suggère

que différentes compréhensions circulent concernant

la synodalité exigée par le Pape. Et si, après deux ans

et demi de mise en œuvre du Chemin synodal en


Allemagne, on soupçonne toujours qu'il existe un malentendu

entre le Saint-Père et les évêques d'Allemagne, il

convient d'examiner de plus près la compréhension

du pape François. de la synodalité.

Alors que veut dire le Pape François lorsqu’il veut

promouvoir la synodalité de l’Église et est même convaincu que

c’est ce que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire ?24

22 Pape FRANÇOIS, discours à l'occasion du 50e anniversaire de la création de


la Bi-

Synode des évêques du 17 octobre 2015, souligné dans l'original.

23 Cf. la conférence spécialisée de l'Académie catholique "Die Wolfsburg" en


coopération

avec la Conférence épiscopale allemande et le Comité central des catholiques


allemands

(ZdK) du 1er au 2 septembre 2016, au cours de laquelle Mgr Franz-Josef


Overbeck

est intervenu dans un résumé discursif » a exigé que l'Église « cherche des
moyens

de réunir la participation et le leadership dans l'Église » : CONFÉRENCE DES


ÉVÊQUES

ALLEMANDE (éd.), communiqué de presse n° 158 du 2 septembre

2016. 24 Cf. Pape FRANÇOIS , discours à l'occasion du 50e anniversaire de


l'établissement du

Synode des évêques, le 17 octobre 2015.


I. LES SYNODALI

2. Analyse de

la compréhension

de la synodalité par le

Pape à partir de ses discours et de ses écrits

de pé

Vie

François

De nombreux commentateurs et théologiens qualifient de programmatique

le discours que le cardinal Jorge Mario Bergoglio a prononcé

devant les cardinaux assemblés avant le conclave dont il est

sorti comme pape le 13 mars 2013. 25 Quelques jours après l'élection,

l'archevêque de La Havane, le cardinal Aimé Ortega, s'est

interrogé sur le discours,

après quoi Alanie lui a remis un résumé manuscrit. Dizis kus,

le scénario a ensuite été publié par le cardinal Ortega avec la

permission de Mast Francis dans sa revue diocésaine "Palabra Nueva".

Le discours est décrit par de nombreux observateurs comme décisif

pour l'élection.27 Il y a une continuité de contenu entre le discours


de Bergoglio et le discours du pape Benoît XVI au Konzerthaus

de Fribourg, dans lequel il a appelé à une "désécularisation" de

l'Église. Tous deux s’intéressent au retour de l’Église au cœur du

message chrétien. 28 Il est également comparé au sermon de Joseph

Ratzinger, qu'il a prononcé en tant que doyen du Collège des

cardinaux lors de la messe pour l'élection papale le 18 avril 2005 dans la

basilique Saint-Pierre de Rome. Hanns-Gregor Nissing arrive

à l'analyse du pontificat de Benoît XVI. à la conclusion :

«Ce programme qui se déroule progressivement est déjà

contenu, comme dans un germe, dans le sermon que Joseph

Ratzinger a prononcé en tant que doyen des cardinaux devant le

conclave d'où il est lui-même sorti comme nouveau pape. Il y

inventa le mot « dictature du relativisme », qui est depuis devenu

un exemple de sa critique contemporaine et culturelle [...], pour

y répondre par une citation des Éphésiens (3 : 14). l'amour'"29

25 Le rédacteur en chef de l'Agence de presse catholique (KNA), Ludwig Ring-

Eifel, parle d'un discours avec « une analyse claire et [...] un appel à des
réformes

radicales », qui représente une sorte de programme du pape François.

Pontificat : RING-EIFEL, Contre une église sécularisée, 5 ; Franz Gruber le décrit

comme un « leitmotiv », façonné par « l'image pastorale et ecclésiologique »


du
Pape : GRUBER, « Un renouveau ecclésiastique urgent »,

185. 26 « L'Église est appelée à sortir d'elle-même. Discours de Jorge Mario

Cardinal Bergoglio aux cardinaux avant le conclave, traduit par KNA, dans :
Pape

FRANÇOIS, « Et maintenant nous commençons ce chemin »,

122-124. 27 Cf. GELMI, Pape François - une

révolution 12.432, qui parle même

de la haute cour de la vieillesse plus

En tant que papa, le cardinal Bergoglio n'a pas vraiment d'esclave à cause de
son

grand âge.

renouveau ecclésiastique reportable", 182.

Benedikt grote, 1; cf. OHIY, MEIERS (éd.), Désécularisation. 29

NISSING, "Qu'est-ce que la vérité, 11.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

Le discours du cardinal Bergoglio lors du pré-conclave

aurait également un programme similaire pour son pontificat. Qu'a-

t-il dit dans ce discours ?

Son point de départ est l'évangélisation. Selon lui, c'est la

raison d'être de l'Église. Le Christ lui-même exhorte l'Église à

annoncer l'Évangile aux nations et ainsi à évangéliser. Pour

ce faire, dit Bergoglio dans un premier point, l'Église a besoin


d'un « zèle apostolique »30, pour lequel il utilise le mot

parrhesia, qui doit l'aider à sortir d'elle-même et à se tourner vers

le monde géographique et surtout humain-existentiel. Les

bords disparaissent. Dans un deuxième point, il aborde

l'égocentrisme de l'Église. Comme la femme tordue de l'Évangile,

31 elle est la cause de nombreux maux. Le « narcissisme

théologique »,32, comme il appelle aussi l'égocentrisme, conduit

à dire que l'Église empêche Jésus de venir aux gens parce

qu'elle le revendique entièrement pour elle-même. Dans un

troisième point, il utilise un mot de De Lubac, « sophistication

spirituelle », pour opposer l'Église proclamatrice qui sort

d'elle-même à une Église qui se préoccupe d'elle-même,

qui vit en elle-même, par elle-même et pour elle-même "33,

et exige que les réformes au sein de l’Église soient évaluées

selon qu’elles servent ou non au salut des hommes. Dans

la traduction KNA, qui figurait dans l'édition Herder des

premiers messages du pontificat, manque le point 4 des notes

manuscrites, dans lesquelles Bergoglio aborde les exigences

du futur pape. Cela doit aider l'Église à assumer son

rôle maternel à partir de la contemplation de Jésus-Christ et du

culte de Jésus-Christ »34. Elle doit devenir une mère féconde

« qui vit de la joie douce et réconfortante de l'annonce. »35


30 "L'Église est appelée à sortir d'elle-même". Discours du cardinal Jorge

Mario Bergoglio aux cardinaux avant le conclave, traduit par KNA, dans : Pape

FRANÇOIS, "Et maintenant nous commençons ce

chemin", 122. 31 C'est évidemment sur la guérison d'une femme

le jour du sabbat dans

Lc

13, 10-17. 32 "L'Église est appelée à sortir d'elle-même. " Discours du cardinal
Jorge

Mario Bergoglio aux cardinaux avant le conclave, traduit par KNA, dans : Pape

FRANÇOIS, " Et maintenant nous commencez ainsi", 123.

33 Idem, p. 124.

34 Discours du Cardinal Jorge Mario BERGOGLIO, Archevêque de Buenos Aires,


au pré-conclave,

dans : SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES D'AUTRICHE


(éd.), Changement

de Pontificat 2013, 41 ; Dans une compilation légèrement différente, mais avec


le même

contenu, le discours se trouve dans : HESEMANN, Pape François, 26 s.

35 Discours du Cardinal Jorge Mario BERGOGLIO, Archevêque de Buenos Aires,


au pré-

conclave, dans : SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES


D'AUTRICHE (éd.), Changement

de Pontificat 2013, 41.


1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Il fait évidemment référence à l'Exhortation Apostolique

Evangelii nuntiandi du 8 décembre 1975 par le pape Paul VI, le

première lettre pédagogique par laquelle un pape transmet les impulsions du


système épiscopal

nœud ramassé. Dans la traduction officielle allemande, il est dit au

n° 80 : « [...] la joie intime et réconfortante de l'annonce de

l'Évangile [...]. »36 L'image

de l'Église qui écoute avec révérence la parole de Dieu et le

proclame fidèlement et en même temps se dépasse, est l'esquisse

d'une Église synodale qu'il revendiquera dans le futur.

Ci-dessous, les encycliques, les exhortations apostoliques, les

exhortations apostoliques post-synodales, les lettres, les discours, les sermons

et les catéchèses des audiences générales du pape François depuis

son élection comme successeur de Pierre jusqu'en mai 2022 ainsi

que sa publication de livre « Osez rêver ! » sont présentés ci-dessous.

Nous avons discuté de la compréhension de la synodalité. Puisqu'un

tel aperçu n'est pas encore disponible, l'analyse est d'abord présentée

ici sous une forme détaillée, triée par ordre chronologique, apparaissant

parfois peut-être redondante. Dans un deuxième temps, une

synthèse évaluera systématiquement cela. Les chapitres sont chacun est

intitulé avec des déclarations ou des sujets qui revêtent une


importance particulière dans l'année respective parce qu'ils sont abordés

pour la première fois ou parce qu'ils occupent plus de place.

Excursion : Parrhesia

Un terme central dans la compréhension de la synodalité par le

pape François est la parrhesia. Déjà pendant son mandat

d'archevêque de Buenos Aires, ce terme était pour lui une

préoccupation centrale pour caractériser un prédicateur éminent de

l'Évangile.38 Il l'a utilisé dans son discours au conclave en mars

2013, dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium du

n° 1. 24 - novembre 2013, dans le discours de bienvenue aux

Pères synodaux réunis pour le troisième Synode extraordinaire

des évêques en octobre 2014, dans son salut au Consistoire

des Cardinaux en février 2015, dans son discours d'ouverture à

36 PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi ; WALDENFELS,


Nouvelle évangélisation

sous le pape François, 404, déclare également que dans sa première


monographie,

BERGOGLIO / Pape FRANCIS, Esprit ouvert et cœur fidèle, le pape François cite
Evangelii

nuntiandi le plus fréquemment de toutes les lettres papales. 37 Les


sermons de la première messe à la maison d'hôtes du Vatican « Domus Sanctae
Marthae »

décrits sur la page d'accueil du Vatican comme des « méditations quotidiennes


»

ne sont pas pris en compte.

38 Cf. BERGOGLIO, Nous avons besoin d'un dialogue franc et patient, 53-61.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

Synode des évêques en octobre 2015, dans son exhortation apostolique

Gaudete et exsultate du 19 mars 2018 et à de nombreuses autres

occasions, comme par exemple. B. Visites ad limina aux conférences

épiscopales et discours à divers groupes au cours des années suivantes.

Il est intéressant de noter qu’il n’utilise pas ce terme dans le discours

prononcé à l’occasion du 50e anniversaire du Synode des

évêques, qui est considéré par beaucoup comme un résumé de sa

compréhension de la synodalité39, ni les mots « franchise » et « dialogue ».

Ici, il se concentre moins sur la parole que sur l’écoute.

Pour mieux comprendre ce terme, il est nécessaire d’examiner

de plus près son utilisation dans les Écritures. Dans son article dans

le Dictionnaire théologique du Nouveau Testament 49, Heinrich

Schlier développe les dimensions d'utilisation et de signification du


terme parrhesia depuis sa première utilisation dans la démocratie attique

au 5ème siècle avant JC jusqu'à la littérature de l'Église primitive.

L'usage du Nouveau Testament est particulièrement intéressant

pour la compréhension de la synodalité ecclésiale, car il présuppose

le concept de l'Ancien Testament, est compris à la lumière de

l'événement christique et a un caractère normatif pour la proclamation

de l'Église.

La signification fondamentale de la parrhesia pour les Grecs

est le droit d'un citoyen à part entière (contrairement aux esclaves,

aux femmes et aux autres résidents sans statut de citoyen)

de la polis grecque au sein de l'ekklesia, c'est-à-dire l'assemblée

populaire, de « tout dire » (pan - rhesia). La parrhesia du locuteur,

son ouverture et sa franchise, exprime qu'il sait s'affirmer face

à la résistance. Même dans la sphère privée, la parrhesia

signifie principalement la franchise dans la parole.41 Le terme est

rarement utilisé dans l'Ancien Testament grec. Au-delà des

dimensions de sens du terme hellénistique, parrhesia acquiert ici une

signification divine. Dieu est l'auteur de la parrhesia du peuple, la

parrhesia appartient à la Sophie divine elle-même, et le croyant

est capable d'exprimer la parrhesia aussi envers Dieu réalise ce

qui présuppose sa position dans la justice, c'est-à-dire

l'accomplissement de la loi. Parrhesia envers Dieu signifie un libre

accès à Lui, et cela se réalise dans la prière (cf. Emploi). Si du parrhe


39 Cf. GRECH, lettre à tous les évêques sur l'envoi du document préparatoire à
l'assemblée

générale du Synode des évêques d'octobre 2023 du 20 mai 2021, dans laquelle
il

souligne que le Saint-Père lui-même avait souhaité « ce texte de base de le


synode

40

dal way". SCHLIER, Art.

παρρησία, παρρησάζομαι, 869-884. 41

Cf. ibid., 870 s.

Puisque Dieu lui-même est la parole, le moment de la révélation

et le moment de la parole, de la parole, s'expriment en même

temps.42

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Le nom apparaît 31 fois dans le Nouveau Testament (une

fois dans l'Évangile de Marc, 13 fois dans l'Évangile de Jean

et la Première Lettre de Jean, huit fois dans Paul, cinq fois

dans les Actes, quatre fois dans Hébreux). Le verbe dérivé ils-

apparaît deux fois dans le livre des Actes et deux fois dans

Paul. Dans l’ensemble, le terme a un caractère clairement christologique


et pneumatologique. Dans l'Évangile de Jean (ainsi que dans

l'Évangile de Marc), la parrêsia est un attribut de Jésus. Il parle

ouvertement dans le monde, ne proclame aucune doctrine secrète, mais

sa parole ouverte reste cachée à ceux qui ne croient pas en lui

car elle a le caractère d'une référence à la vie au-delà, spécialement au

Père. Jésus œuvre publiquement, mais n'est pas encore révélé. Sa

« révélation » ne se produit que lorsqu'il est exalté par le Père et que

le Saint-Esprit conduit ses disciples dans toute la vérité (Jean

16 : 13). Il devient alors évident à quoi indiquaient ses signes et ses

prodiges. La Première Lettre de Jean parle de la parrhesia de l'homme

et signifie ainsi son ouverture à Dieu et son droit de dire n'importe

quoi à Dieu (prière). L’ouverture à Dieu, qui se traduit

eschatologiquement par un libre accès à Dieu, requiert une bonne

conscience. Ceux qui croient en Christ par le Saint-Esprit et gardent ses

commandements ont une bonne conscience. 43 Les opposés de la

parrhesia sont la honte et la peur.

Dans les Actes des Apôtres, la parrhesia est avant tout une

caractéristique ou une activité des apôtres et est utilisée presque

comme synonyme de « sermon ». Elle inclut essentiellement la

confession du Christ et est habilitée par le Seigneur à travers des signes

et des prodiges. Elle a lieu dans le Saint-Esprit et est donc un

charisme des apôtres.44 Le terme parrhesia est utilisé de la même

manière dans les lettres de Paul. Un facteur encore plus important

ici est, outre l'ouverture à Dieu, aussi l'ouverture aux


personnes qui lui sont confiées. Paul inclut parrhesia aussi une

affection pour les croyants basée sur la foi en Christ.

La lettre aux Hébreux apporte une autre composante à la

concept tamental de parrhesia. Il y apparaît comme une caractéristique

du chrétien, comme une manière de réaliser son état de foi,

42 Cf. ibid., 872-875.

43 Cf. PETERSON, Sur l'histoire du sens de la Parrhesía, 358.

44 Cf. SCHNEIDER, Les Actes des Apôtres, 348 s. et 360.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

qui repose sur le sacrifice de Jésus et présuppose la purification et

le baptême, et qui lui donne confiance et ouverture dans la parole

et la prière.45 Dans l'Église primitive, la parrhesia est principalement

attribuée au martyr. Peterson résume son analyse comme suit

ensemble:

« Le martyr a une double parrêsia : une sur terre et une au

ciel. Sur terre, il manifeste sa parrêsia contre les autorités hostiles


à la foi. [...] Mais après sa mort, il a la parrhesia avec Dieu, car

il est déjà au paradis et peut maintenant tout lui demander en

tant qu'ami de Dieu. Le martyr fait cela aussi ; Il prie pour

les vivants et ainsi le mot parrhesía devient un concept central

dans l'Église grecque dans l'enseignement de l'intercession

des martyrs, puis des saints en général. »46

Pour preuve, Peterson cite des déclarations exemplaires de Jean

Chrysostome, qui était lui-même connu pour sa culture de la

parrhesia, dans le sens d'une apparence intrépide envers les

autorités. 47 En

résumé, on peut dire que la parrhesia dans le Nouveau Testament

Le tament est d’abord une caractéristique de Jésus. Il peut parler à

Parrhesia car il est le logos. Les apôtres reçoivent part à la parrêsia de

Jésus dans le Saint-Esprit dans la mesure où ils le confessent. Par l'annonce

et les sacrements, tous les croyants reçoivent également une

part s'ils s'accrochent à la foi au Christ et à l'observance de ses

commandements, ce qui était considéré comme acquis dans l'Église primitive

pour les martyrs.

2.1 Déclarations du pape François sur la synodalité de l'Église

2.1.1 ... en 2013 : Synodalité et œcuménisme

Il y a un échange régulier de délégations de haut niveau

entre l'Église catholique romaine et le Patriarcat œcuménique

de Constantinople à l'occasion des fêtes patronales

commémorant les apôtres Pierre et Paul à Rome et l'apôtre


André à Istanbul. Le 28 juin 2013, le pape François a prononcé

un discours à l'occasion de la visite de la délégation

orthodoxe dans lequel il a également évoqué la synodalité.

Le Pape y rappelle l'importance de la relation entre

45 Cf. SCHLIER, Art. voir aussi WEISS, Départ et

probation, 106.

47

Voir note 58 ci-dessous.

46 PETERSON, Sur l'histoire de la signification de Parrhesía, 359.

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Synodalité et primauté pour les relations œcuméniques entre

les Églises occidentales et orientales. La Commission mixte pour

le dialogue théologique (dirigée par le cardinal Kurt Koch et le

métropolite Ioannis Zizioulas) étudie le sujet en vue de publier un

texte commun. Le Saint-Père explique que son équipe consultative

composée de huit cardinaux promeut la synodalité dans l'Église

catholique. Il veut dire par là que les différents épiscopats du


monde peuvent s’exprimer dans la direction de l’Église.48

Dans le sermon de la solennité de Pierre et Paul du 29 juin 2013

il parle de la mission de Jésus à Pierre de fortifier ses frères (cf.

Lc 22, 32). François relie le renforcement à la foi, à l'amour et à

l'unité. La synodalité représente un moyen important de

renforcer l'unité. Ici, il parle seulement du Synode des Évêques et de

son intégration dans la constitution hiérarchique de l'Église enseignée

par le Concile Vatican II (en référence aux LG 18, 19, 22). le

Synode des Évêques en harmonie avec la primauté. Nous devons suivre

ce chemin de synodalité, nous devons grandir en harmonie

avec le service de la primauté. »49 Lors de

la rencontre avec les représentants du clergé, les personnes

consacrées et les membres des conseils pastoraux du 4 octobre 2013

Le pape François s'exprime à l'occasion de sa visite pastorale à Assise

sur le synode diocésain comme outil de gouvernance d'une église

locale. Il est important que ce que le Saint-Esprit dit aux laïcs

soit également entendu. Ils devraient reprendre conscience de

leur grâce baptismale. Dans un synode diocésain, ce que signifie

avancer ensemble en tant que peuple de Dieu est particulièrement

visible. La parole de Dieu est ici d’une importance centrale.

Parce que l'Église est « la communauté à l'écoute du Seigneur

pleine de foi et d'amour ».50 L'évêque a la tâche de maintenir

l'unité. Il est frappant qu'en plus de la synodalité, le service de

Les évêques sont très mis en


avant.51 Étonnamment, le terme « synodalité » n'apparaît qu'une

seule fois dans l'exhortation apostolique Evangelii Gaudium, la

première grande déclaration du Pape. Dans le chapitre sur le

dialogue œcuménique, le Saint-Père souligne ce que les catholiques

48 Pape FRANÇOIS, discours à une délégation du Patriarcat œcuménique de


Constantinople

le 28 juin 2013, voir aussi le discours du 27 juin 2015. 49 Pape FRANÇOIS,

sermon à l'occasion de la remise de la pallia aux nouveaux archevêques


métropolitains

le 29 juin 2013 dans la Basilique Saint-Pierre. 50

Pape FRANÇOIS, Discours à la rencontre avec les représentants du clergé, les


personnes

consacrées et les membres des conseils pastoraux éternels. octobre 2013 dans
le

Cathédrale de San Rufino à

Assise. 51 Le Saint-Père parle six fois de « l’évêque » et cinq fois du « synode ».

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

L’Église peut apprendre de ses différents interlocuteurs. Elle

pourrait apprendre quelque chose des Églises orientales sur le


sens de la collégialité épiscopale et sur l'expérience de la

synodalité.52 En substance, la synodalité se retrouve également dans

les déclarations sur le dialogue interreligieux, où le Saint-

Père souligne que le dialogue doit avoir lieu de manière attitude

d'ouverture dans la vérité et l'amour. 53 Dans les remarques

sur le sermon, le Saint-Père aborde également des éléments de la

synodalité (entendre, écouter, la parole de Dieu, le langage du

peuple, les soucis quotidiens, l'échange dans l'Esprit Saint),

sans les relier ici explicitement au terme apporte. Cela poserait la

question d’une éventuelle « évolution » de sa proclamation,

qui ne peut être approfondie ici.

2.1.2... en 2014 : Un synode n'est pas un parlement

Dans son discours à l'Assemblée générale de la Conférence épiscopale

italienne du 19 mai 2014, François a déclaré que l'Assemblée générale

de la Conférence épiscopale italienne était aussi une expérience

de synodalité. Il est évidemment principalement concerné par la

prise de décision communautaire et les échanges entre eux en tant

que formes de synodalité. La synodalité est comprise comme une

forme d'interaction entre les évêques, l'ouverture à l'œuvre du Saint-

Esprit étant décrite comme particulièrement importante. La

participation des laïcs ne joue ici aucun rôle.54

Le 5 octobre 2014, le pape François a inauguré la III. Assemblée

générale extraordinaire du Synode des Évêques dans la

Basilique Saint-Pierre. Elle se réunira du 5 au 19 octobre 2014 pour


discuter des défis pastoraux de la famille dans le contexte de

l'évangélisation. Dans son sermon, il présente le synode comme

une coopération dans la vigne du Seigneur. L'Église a l'appel à

participer au plan de Dieu visant à créer un peuple saint. Pour y

parvenir, elle doit se laisser guider par le Saint-Esprit. Cela

protège contre l’avidité ou l’hypocrisie de mettre ses propres intérêts

au premier plan et permet en retour de travailler généreusement

dans une vraie liberté et une humble créativité. »55

52 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium », n° 246.

53 Voir ibid., n° 250 s.

54 Cf.

Pape FRANÇOIS, discours à la 66ème Assemblée générale de la Conférence

épiscopale italienne dans la salle du Synode le 19 mai 2014.

55 Pape FRANÇOIS, sermon d'ouverture du III. Assemblée générale


extraordinaire du Synode

des Évêques le 5 octobre 2014 dans la Basilique Saint-Pierre.

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ


Le 6 octobre 2014, le pape François accueille les Pères synodaux

du Synode extraordinaire des évêques au Vatican. A

sa demande, le Synode des Évêques dispose d'un plan de travail

spécial sur la famille. Cela fonctionne en deux étapes. La

première étape est l'assemblée extraordinaire de 2014, qui vise à

saisir le statut des questions et à recueillir les suggestions des évêques

sur la manière dont l'Évangile peut être annoncé et vécu de

manière crédible pour la famille. La deuxième étape consiste

en l'Assemblée ordinaire du Synode des évêques en 2015. Celle-ci

est chargée d'adopter des lignes directrices concrètes pour la

pastorale. 56 Le public interprète cette approche, qui implique une

enquête auprès de l’ensemble de la population ecclésiale sur les

questions du synode, comme une innovation du pape François.

La possibilité pour tous les croyants de remplir un questionnaire

est considérée comme un signal clair de l'importance

que le pape François veut accorder à la synodalité et donc à la

voix du peuple. 57 Dans son salut aux Pères synodaux, le Saint-Père

affirme que l'esprit de « synodalité » doit également se refléter

dans l'élection des diverses charges. C'est pourquoi il a renoncé

à son droit de nommer les « présidents délégués » et a accepté

la proposition de le Conseil post-synodal a adopté. Il cite la

conversation ouverte comme condition fondamentale de la

synodalité. Chacun est autorisé à exprimer ce qu’il se sent obligé

de faire dans le Seigneur. Franchise dans la parole - humilité


dans l'écoute. Ici François utilise à nouveau le terme parrhesia58 (cf.

Marc 8,32 ; Jean 7,4 ; Actes 2,29 etc.), qu'il avait déjà utilisé dans

le discours au conclave qui l'a élu pape. La présence du Pape

et donc le principe cum et sub Petro est dans le Synode des Évêques

« garantie pour tous et garantie de la foi » 59

Il aborde la signification particulière de la primauté dans

son discours plus détaillé à la fin du III. Assemblée générale

du Synode extraordinaire des évêques du 18 octobre 2014.

Tout d'abord, en repensant à l'assemblée, il parle des tentations

auxquelles ont dû faire face les participants au synode.

56 Cf. SYNODE DES ÉVÊQUES (éd.), document préparatoire du III. Synode


extraordinaire

des évêques.

57 Cf. HAHN, Magistère et sens de la foi, 184 et s.

58 Sur le terme Parrhesia, voir l'excursus Parrhesia sous 1.2. Jean Chrysostome,
qui disait

que l'Église et le synode étaient synonymes, était connu pour avoir cultivé la
parthésie ;

c'était un de ses traits de caractère qui était connu pour montrer qu'il n'avait
pas

peur de censurer les puissants, comme il le faisait selon son Les croyances
chrétiennes se manifestent en paroles et en actes, voir HÜBNER, introduction,
58 et

suiv. 59 Pape FRANÇOIS, discours pour la terre

d'octobre 2014.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

eu : Premièrement, la tentation d'une rigidité hostile : Elle conduit au fait que


vous ne pouvez plus être surpris par Dieu parce que vous vous enfermez dans
ce qui est écrit, par exemple dans la loi, et n'acceptez rien d'autre.
Deuxièmement, la tentation d'une attitude bienveillante destructrice : elle
conduit à ce que les problèmes ne soient pas combattus en découvrant les
causes, mais simplement en les dissimulant et en prétendant que le problème
n'existe pas. Le concept de miséricorde est alors utilisé à mauvais escient à
cette fin. Troisièmement, la tentation de transformer des pierres en pain pour
mettre fin à un jeûne long, difficile et douloureux (Luc 4 : 1-4) ou, à l’inverse, de
transformer du pain en pierres pour les jeter sur les pécheurs et leur imposer
des fardeaux. Quatrièmement, la tentation de descendre de la croix : par là, le
Saint-Père oppose l'obéissance à Dieu à l'écoute de « l'esprit de mondanité »
(italien « spirito mondano »). Cinquièmement, la tentation de négliger le
depositum fidei. Le Saint-Père pense ici à une attitude qui montre les acteurs
non pas comme des « gardiens » mais comme des « maîtres » du dépôt de la
foi. Ou d’un autre côté, ne pas percevoir suffisamment la réalité et utiliser un
langage qui n’a que peu ou rien à voir avec la réalité.

Faisant indirectement écho à certains commentateurs du synode, le Saint-Père


explique clairement ce qu'il imagine être une Église synodale. Il ne s’agit pas
d’un groupe divisé dans lequel une partie lutte contre l’autre. Ce combat serait
une indication que l’existence ou la puissance du Saint-Esprit serait mise en
doute. Au contraire, les différents charismes au sein de l’Église devraient
s’exprimer collectivement afin de pénétrer ensemble plus profondément dans
l’essence de l’Évangile, guidés par l’Esprit Saint. Cela vous donne la force de
suivre Jésus dans votre propre vie. Cette expression communautaire doit avoir
lieu dans le calme et la tranquillité, cum et sub Petro. Le sensus fidei est le don
du Saint-Esprit qui rend possible cet échange communautaire.

François conclut ensuite par une brève exposition de l'autorité de la fonction


papale en tant que ministère le plus élevé, basée sur les pensées du pape
Benoît XVI. à. Il cite un extrait plus long du discours prononcé à l'audience
générale du 26 mai 2010, dans lequel Benoît XVI. il est clair que l'exercice du
pouvoir dans l'Église doit toujours avoir un caractère de service. Il clarifie les
déclarations doctrinales pertinentes du Concile Vatican II dans le décret
sacerdotal Presbyterorum Ordinis avec l'image du Bon Pasteur, qui illustre la
norme pour les actions des décideurs au sein de l'Église. Avec Benoît XVI il
déclare:

34

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

«[C]elle est la norme suprême du comportement des serviteurs de Dieu, un


amour inconditionnel, comme celui du Bon Pasteur, plein de joie, ouvert à
tous, attentif à ceux qui nous sont proches et attentif à ceux qui sont éloignés
[...]. ..], sensible aux plus faibles, aux humbles, aux simples, aux pécheurs, pour
révéler la miséricorde infinie de Dieu avec les paroles encourageantes de
l'espérance [...]."60

Il considère donc la fonction d'enseignement des évêques comme un service


d'obéissance à la volonté de Dieu, à l'Évangile du Christ et à la tradition de
l'Église. Pour garantir cette obéissance, le Pape dispose, comme le dit le CIC, de
« la pleine autorité ordinaire, suprême, pleine, immédiate et universelle dans
l'Église » (CIC 331-334, cité du Pape François).61

Dans son sermon lors de la célébration eucharistique à l'issue du Synode


extraordinaire des évêques et de la béatification du Pape Paul VI. Le 19 octobre
2014, il revient sur cette rencontre avec gratitude. La synodalité et la
collégialité ont été mises en pratique. Il cite comme expériences positives du
Synode des Évêques : l'inclusion de tout le peuple de Dieu, y compris les laïcs,
dans la préparation et l'expérience de l'œuvre de l'Esprit Saint, qui s'est
manifestée dans une vraie liberté et une humble créativité"62 du Les
participants. Avec une citation du Pape Paul VI, il rappelle que la création du
Synode était le fruit de la perception des "signes des temps", des "besoins
croissants" et des "conditions changeantes de la société".63

Le 28 octobre 2014, le Saint-Père a mis en garde les participants à la rencontre


internationale des mouvements populaires de ne pas enfermer leurs efforts
communautaires dans des « structures rigides », car le synodal dans l’Église «
marcher ensemble » exige des rencontres libres avec des dynamiques.64

Lors de la conférence de presse sur le vol de retour de son voyage vers la


Turquie en novembre 2014, le pape François a été interrogé sur la manière
dont le « Synode de la famille des évêques » avait traité la question de
l'homosexualité.

60 BENOÎT XVI, discours à l'audience générale du 26 mai 2010, cité de : Pape


FRANÇOIS, discours à la fin du III. Assemblée générale du Synode extraordinaire
des évêques le 18 octobre 2014 dans la salle du Synode au Vatican.

61 Cf. Pape FRANÇOIS, discours à la fin du III. Assemblée générale du Synode


extraordinaire des évêques, le 18 octobre 2014 dans la salle synodale de Va-
Tikan. 62 Pape FRANÇOIS, sermon à l'issue du Synode extraordinaire des
évêques et béatification du pape Paul VI. le 19 octobre 2014.

63 PAUL VI, Motu proprio "ApostolicaSollicitudo" du 15 septembre 1965. 64 Cf.


Pape FRANÇOIS, discours aux participants de la rencontre internationale de

Mouvements populaires du 28 octobre 2014 dans l'ancienne salle synodale du


Vatican.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

35

Chen. Il répond à cette question de fond spécifique par une déclaration


générale. Il ne faut pas confondre un synode et un parlement. Ce devrait être
un espace d’église protégé dans lequel le Saint-Esprit peut œuvrer. Il soutient
cette affirmation en décrivant les nombreuses étapes d’édition d’un texte
synodal. En fin de compte, aucune voix ne pourra prévaloir sur aucun point. Il
appelle également les journalistes à ne pas se concentrer sur la personne. Les
opinions individuelles peuvent effectivement entrer en jeu, mais seulement
dans un sens matériel et non personnel.65

Lors de l'audience générale du 10 décembre 2014, le pape François a rendu


compte du déroulement du Synode des évêques. Il souligne que le synode doit
être un espace protégé dans lequel les gens peuvent s'exprimer ouvertement. Il
peut aussi y avoir des disputes, comme il y en eut entre les apôtres. Les
disputes ne sont pas mauvaises en soi, « à condition qu’elles soient faites avec
humilité et avec l’intention de servir la congrégation des frères ». Il faut
cependant noter qu’un synode n’est pas un parlement. « Il n'y a pas de choc
entre partis comme dans un parlement, où c'est légal, mais plutôt un échange
entre les évêques [...]. »67 Il faut le préparer et le suivre au mieux pour qu'en
fin de compte « le bien de le peuple, les familles, l'Église et la société68.

2.1.3 en 2015 : Être une « Église synodale ».

Dans son discours d'ouverture du consistoire du 12 février 2015, le pape


François a évoqué la réforme de la Curie. Ce faisant, il exprime la conviction
que l'efficacité et la transparence dans la coopération entre les diocèses et les
offices sont des conditions nécessaires à la réalisation de la synodalité et de la
collégialité. Il souligne ensuite la fonction auxiliaire de la Curie. Leur identité est
d'aider le Successeur de Pierre dans l'exercice de sa charge pastorale suprême
« au service de l'Église universelle et des Églises particulières ».69

65 Cf. Pape FRANÇOIS, conférence de presse sur le vol de retour à Rome,


Voyage apostolique du Saint-Père en Turquie du 28 au 30 novembre 2014,
question de Pa-

Tricia Thomas.

66 Pape FRANÇOIS, discours à l'audience générale du 10 décembre 2014.

67 Idem.
68 Idem.

69 Pape FRANÇOIS, salutation aux cardinaux au début du consistoire du 12


février 2015 dans la salle synodale.

36

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Dans son discours à la délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople


le 27 juin 2015, le pape François a évoqué la signification œcuménique de la
synodalité. Il dit : « L'étude attentive [de la commission mixte] de la manière
dont le principe de synodalité et le service du président de présidence
s'expriment dans l'Église constituera une contribution importante au progrès
des relations entre nos Églises. »70

Dans son Motu proprio Mitis Iudex Dominus Jesus du 15 août 2015, par lequel
il a reréglementé les procédures de déclaration d'annulation de mariage au CIC,
il a décrété, entre autres, que la procédure d'appel devrait à nouveau avoir lieu
dans les sièges métropolitains. partout (en Allemagne, c'était aussi le cas
auparavant). Il décrit l’autorité des métropoles comme un signe reconnaissable
de la synodalité.71

Lors de la visite ad limina des évêques portugais en septembre 2015, le Saint-


Père a salué les efforts visant à impliquer davantage les fidèles dans l'œuvre
d'évangélisation et de sanctification des personnes. Il décrit cet effort comme
le développement de « la synodalité comme option pour la vie pastorale ». A
titre d'exemple, il cite l'enquête sur la foi et la croyance au Portugal suite à «
l'accueil chaleureux » du pape Benoît XVI. en mai 2010. François lie à nouveau
la synodalité et la primauté du Successeur de Pierre. Il décrit la visite papale
comme le point culminant des années au cours desquelles les évêques
portugais ont renforcé la synodalité pastorale.72

Dans son discours d'ouverture à la Première Congrégation générale du Synode


des Évêques, le 5 octobre 2015, le Saint-Père a exposé son image du Synode en
ce qui concerne sa structure, sa localisation ecclésiologique et sa méthodologie
de travail.

Le synode se caractérise donc par l'esprit de collégialité et de synodalité. Les


attitudes importantes des acteurs sont : la parrhesia, le zèle pastoral et
pédagogique ainsi que la sagesse et la sincérité. Les objectifs primordiaux sont :
le bien-être de l’Église, le bien-être de la famille et le salut des âmes.73

70 Pape FRANÇOIS, discours à une délégation du Patriarcat œcuménique de


Constantinople le 27 juin 2015, voir aussi le discours du 28 juin 2013.

71 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique sous forme de Motu Proprio «


Mitis Iudex Dominus Iesus ».

72 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux évêques du Portugal à l'occasion de leur


visite « ad

Limina Apostolorum" le 7 septembre 2015.

73 Le terme « salut des âmes » est ici étrangement cité du Canon 1752
CIC/1983, qui traite de la mutation d'un pasteur. Le Canon serait plus évident
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

37

Il rappelle ensuite qu'il ne faut pas confondre le synode avec des


rassemblements laïcs, comme un parlement ou une conférence spécialisée. Il
souligne le caractère ecclésial du synode.

« Le Synode est l'Église qui réfléchit sur sa fidélité au dépôt de la foi, qui n'est
pas pour elle un musée à visiter ou à conserver, mais une source vivante dont
l'Église se désaltère. .] »74

Il oppose le concept de bonne foi au concept de bien de la vie.

opposé. Le bien de la vie doit être illuminé par la bonne foi. L'œuvre du Saint-
Esprit est constitutive du synode. Pour que cela soit efficace, le synode doit être
un espace ecclésiastique protégé. Cela exige que les participants se distinguent
par leur courage apostolique, leur humilité évangélique et leur prière
confiante. Enfin, le Saint-Père rappelle qu'un synode n'est pas un parlement et
demande à l'Esprit Saint de remplacer les opinions personnelles des personnes
impliquées par la foi en Dieu, la fidélité à la fonction, le bien de l'Église et le
salut des âmes.75

Quelques jours après l'ouverture du Synode sur la Famille en 2015, le Saint-


Père a parlé, lors de l'audience générale, principalement des défis de fond
auxquels le synode doit faire face. Mais il montre aussi quelle est la tâche du
synode de son point de vue, à savoir interpréter une certaine partie de
l'enseignement de l'Église pour aujourd'hui. Il n’y a aucune possibilité que le
synode change la doctrine par rapport à ce discours. Le Saint-Père semble
supposer le contraire.76

Une semaine avant la fin du Synode des évêques sur la famille en 2015, le
Saint-Père invite à une célébration du 50e anniversaire de la création du
Synode des évêques. De nombreux observateurs considèrent son discours sur
ce sujet comme d'une importance centrale pour sa compréhension de la
synodalité. Dans ce discours, le Saint-Père parle pour la première fois d'une «
Église synodale », par laquelle il entend une Église qui entend, écoute et
écoute, dans laquelle chacun répond les uns aux autres.

747.2, où au début du III. Dans le livre, le service de prédication de l'Église est


attribué au « salut des âmes » comme objectif primordial.

74 Pape FRANÇOIS, discours introductif à la I Congrégation générale de la XIV


Ordonnance

l'assemblée générale du Synode des évêques du 5 octobre 2015, souligné dans


l'original. 75 Cf. Pape FRANÇOIS, discours introductif à la Ière Congrégation
générale de la XIVe.

Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques du 5 octobre 2015. 76


Pape FRANÇOIS, Audience générale du 7 octobre 2015.
38

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

tout le monde écoute le Saint-Esprit. Le point de rassemblement concret de ce


processus dynamique est le Synode des Évêques. »

Le pape François explique que la revalorisation du Synode des évêques était


pour lui une préoccupation importante dès le début de son pontificat. Dans une
lettre datée du 1er avril 2014 adressée au cardinal Lorenzo Baldisseri,
secrétaire général du Synode des évêques, il écrit qu'il a examiné les signes des
temps et qu'il est convaincu que pour exercer la charge de Pierre, il est
nécessaire de maintenir un lien avec les évêques du monde entier pour
intensifier cette action. Il décrit le Synode des Évêques comme l'un des
héritages les plus précieux des dernières sessions du Concile. Ses
prédécesseurs ont déjà développé le Synode des évêques et il souhaite
désormais poursuivre sur cette voie afin que la coopération dans tous les
domaines de la mission au sein de l'Église puisse être accrue. Ce type de
synodalité est que,

ce que Dieu attend de l'Église du troisième millénaire" 78

Il développe ensuite sa compréhension de la synodalité en cinq points, que l'on


peut écraser comme suit : I. Synodalité du peuple de Dieu et sens de la foi des
croyants, II. Synodalité et constitution hiérarchique de l'Église, III. Synodalité
aux différents niveaux de l'Église, IV. Synodalité et œcuménisme et V.
Synodalité de l'Église pour toute l'humanité.
L'idée de peuple de Dieu du Concile Vatican II et la doctrine du sens de la foi
des croyants, qui selon LG 12 est infaillible si tous les membres de l'Église
expriment quelque chose d'accord sur questions de foi et de coutumes. Cela
inclut l'infaillibilité du Pape dans les questions de foi et de morale formulées
par le Concile Vatican I. En conséquence, il ne peut y avoir de séparation stricte
entre les Églises enseignantes et apprenantes. Ce qui est important pour les
bergers, authentiques gardiens et interprètes de la foi, c’est d’être à l’écoute
des gens. L'écoute mutuelle doit permettre un véritable échange de dons
spirituels. Le Saint-Père qualifie le Synode des Évêques de lieu de
rassemblement

77 Cf. aussi les discours de Noël à la Curie romaine en 2016 et 2017, le discours
lors de la visite pastorale aux diocèses de Piazza Armerina et de Palerme à
l'occasion du 25e anniversaire de la mort du bienheureux Pino Puglisi le 15
septembre 2018, l'exhortation apostolique post-synodale Querida Amazonia"
du 2 février 2020, n° 103 (Accès des femmes aux ministères et offices de l'Église
qui ne nécessitent pas l'ordination) le discours aux diacres permanents du
diocèse de Rome du 19 juin 2021, le discours aux fidèles du diocèse de Rome le
18 septembre 2021, le discours du

Ouverture du synode le 9 octobre 2021.

78 Pape FRANÇOIS, discours à l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement


du Synode des évêques, le 17 octobre 2015.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ


39

écoute. L'écoute de l'évêque de Rome est le sommet du chemin synodal. Il est


le berger et le maître de tous les chrétiens, comme le pape François le précise
en référence au Concile Vatican I.79 Le synode, qui a lieu cum et sub Petro,
garantit l'unité du peuple. La communauté hiérarchique est importante : les
évêques sont liés au Pape dans une communauté collégiale et en même temps
lui sont subordonnés hiérarchiquement.

Il présente ainsi le lien entre la synodalité et la constitution hiérarchique de


l'Église : L'Église est l'avancée commune du peuple de Dieu vers le Seigneur.
Personne ne peut être exalté au sein de cette communauté. La structure de la
hiérarchie ecclésiale est celle d’une pyramide inversée. Au sommet, qui
représente le fondement, se trouvent Jésus, puis Pierre avec les apôtres.
L'autorité est toujours au nom du service. Les personnes qui constituent la
majorité de la pyramide se trouvent au sommet. Le servir est la tâche du
ministre.

L'effet de la synodalité sur les différents niveaux de l'Église devrait être le


suivant : Au niveau des Églises particulières, il y a les synodes diocésains, puis,
comme organes consultatifs, le conseil des prêtres, le collège des consulteurs,
le chapitre cathédral et le conseil pastoral. . Tous les membres de ces comités
doivent rester connectés aux gens et comprendre les problèmes de la vie
quotidienne. Le niveau suivant est celui des provinces ecclésiastiques et des
régions ecclésiastiques, des conseils particuliers et des conférences
épiscopales. Il s’agit d’un exemple intermédiaire de collégialité. Selon la
volonté du Saint-Père, la décentralisation et la subsidiarité devraient être
renforcées à ce niveau en particulier. Le troisième niveau est l'Église
universelle. Le Synode des Évêques est ici une expression de la collégialité
épiscopale au sein d'une Église synodale. La distinction entre collégialité
affective et collégialité effective est importante à ce niveau80.
79 Cf. PAROLIN, sermon dans la Basilique Saint-Jean ; tandis que le président de
la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg BÄTZING, a assuré au Saint-
Père lors d'une audience peu avant le sermon que le Chemin synodal n'est pas
un chemin particulier, voir le communiqué de presse DBK n° 113 du 24 juin
2021. souligne qu'un chemin synodal aboutit à l'obéissance au magistère, à la
tête duquel se trouve l'évêque de Rome. À plusieurs reprises dans son sermon,
Parolin cite la lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du 29 juin
2021, en particulier les déclarations qui abordent de manière critique la forme
spécifique du chemin synodal en Allemagne : le mauvais chemin de la confiance
d'une Église en soi. méthodes et la propre intelligence et l'implication de
chaque église dans tout le corps de l’Église, le peuple saint et fidèle de Dieu. 80
Sur les termes de collégialité « affective » et « effective », voir WINTERKAMP,
The Bishops’ Conference between « affective » and « effective » collégiality, cf.
aussi Bu

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

40

La synodalité présente un grand potentiel pour l’œcuménisme1. Elle peut aider


à comprendre la primauté du Successeur de Pierre comme une « présidence
dans l’amour »82 et faciliter ainsi l’adhésion d’autres communautés ecclésiales
à l’Église catholique. Pour le Pape François, cela a aussi un impact positif sur
l’humanité toute entière : l’Église peut aider à redécouvrir la justice et la
fraternité.83

Lors de la rencontre avec les représentants du congrès national de l'Église en


Italie, le 10 novembre 2015, il a parlé de l'attitude nécessaire au sein de l'Église
face aux processus de changement. Il lui tient à cœur que le pouvoir ne
devienne pas un but en soi, mais que l’Église reste toujours humble, altruiste et
bénie. Ce faisant, elle doit diriger son regard vers le Seigneur exalté et se laisser
guider par lui. En utilisant l'exemple du personnage fictif de "Don Camillo", il
montre clairement comment il imagine l'Église : dans la prière vivante et dans
une grande proximité avec le peuple de Dieu. Concrètement, il suggère d'initier
un processus d'approfondissement d'Evangelii Gaudium. à tous les niveaux de
l’Église afin d’en déduire des critères pratiques et de mettre en œuvre des
instructions, ce qu’il appelle « synodalité d’en haut » dans son discours du 20
mai 2019 à la Conférence épiscopale italienne. 84

2.1.4... en 2016 : La synodalité comme moyen contre le cléricalisme

Dans son discours aux participants à l'assemblée plénière de la Congrégation


pour la Doctrine de la Foi, le 29 janvier 2016, le Saint-Père a loué la structure
collégiale de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui, avec de nombreux

CKENMAIER, Magistère des Conférences Épiscopales ?, 48-54. 81 La question se


pose de savoir si François est seulement, ou du moins principalement, le

églises en vue. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer que lorsqu'il rencontre des
représentants de l'Église évangélique d'Allemagne, qui a une structure de
direction clairement synodale, il ne les mentionne pas du tout, mais parle
uniquement du témoignage commun pour le Christ et aborde les divergences
sur les questions. de foi et de morale, cf. Pape FRANÇOIS, discours à la
délégation du Conseil de l'Église évangélique d'Allemagne le 6 février 2017 ;
également dans le discours à l'Eku-
Lors de l'événement menian à l'occasion du 500e anniversaire de la Réforme à
Malmö le 31 octobre 2016, il n'aborde pas la synodalité. 82 Cf. RATZINGER, «
Présider dans l'amour », cf. aussi : RATZINGER, « Notre Rédempteur vit, a

un visage et un nom : Jésus-Christ. » 83 Cf. Pape FRANÇOIS, discours à


l'occasion du 50e anniversaire de la création de la Bi-

Synode des évêques du 17 octobre 2015. 84 Cf. Pape FRANÇOIS, discours lors
de la rencontre avec les représentants du Ve Congrès national de l'Église
d'Italie, le 10 novembre 2015 ; Cf. Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence
épiscopale italienne du 20 mai 2019.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

41

len consulteurs et autres membres de l’église mondiale. Il qualifie la réunion de


la Congrégation pour la doctrine de la foi avec les représentants des
commissions pédagogiques des conférences épiscopales européennes, qui a eu
lieu au cours des mois précédents, de expressément « synodale ». Il apparaît ici
clairement que la « synodalité » peut également être limité aux responsables
de l’Église. Du point de vue du Pape, pour pouvoir qualifier un processus
synodal, il n'est pas nécessaire qu'un laïc soit impliqué.85

Dans l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, qui conclut le


premier « chemin synodal » du Saint-Père, il réfléchit également sur la
méthode synodale, affirmant que la situation de la famille dans le monde a été
ouvertement présentée à travers les enquêtes et que, par conséquent, Les
débats synodaux se sont basés sur un tableau complexe : une évaluation
magistrale des situations doit osciller entre deux extrêmes, ou plutôt résister à
deux tentations : soit de tout changer sans réflexion suffisante, soit de vouloir
tout résoudre par des règles générales. la réflexion, menée par les bergers et
les théologiens, doit être non seulement créatrice, mais aussi fidèle à l'Église.86

Dans son discours à l'Association internationale des supérieures générales


(UISG) le 12 mai 2016, François a mis en garde contre deux tentations qui
existent dans l'Église : le féminisme et le cléricalisme. Il décrit la synodalité
comme un moyen contre le cléricalisme. Il précise également ce qu'il entend
par cléricalisme. Si un prêtre ne dispose pas de conseils comme le prescrit le
CIC - en Allemagne, il s'agit du conseil paroissial et du conseil administratif
paroissial - et décide tout seul comme un entrepreneur, alors, selon les mots
du pape François, il agit de manière cléricale. . En revanche, quiconque travaille
avec des laïcs dans les conseils agit de manière synodale.87

Le discours traditionnel lors de la réception de Noël de la Curie romaine


remonte aux premières années du pontificat du pape François.

85 Pape FRANÇOIS, Discours aux participants à l'Assemblée générale de la


Congrégation pour la doctrine de la foi, le 29 janvier 2016. 86 Voir Pape
FRANÇOIS, Exhortation apostolique post-synodale « Amoris Laetitia ».

87 Pape FRANÇOIS, discours à l'Association Internationale des Supérieurs


Généraux (UISG), le 12 mai 2016 ; voir aussi le concept de cléricalisme de
Joseph Ratzinger, qui reconnaît un « progressisme néo-clérical » dans une
compréhension fonctionnelle du ministère, chez un prêtre qui agit comme un «
acteur » à la fois dans la liturgie et dans les questions de réforme structurelle
de l'Église, contribue à la question s'interroge sur la raison pour laquelle cette
fonction est refusée aux femmes : RATZINGER, Dix ans après le début du
Concile - où en sommes-nous ?, 1038, cf. aussi RATZINGER, Foi, Histoire et
Philosophie, 331, cf. aussi RATZINGER, Sel de la terre, 363.

42

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

La réforme de la Curie était le thème de chaque ciscus. Ce fut également le cas


en 2016. Sur fond de message de Noël, de renversement de la logique du
monde, de réduction de Dieu qui veut être aimé de nous, il parle des
orientations de la réforme de la Curie. Outre onze autres lignes directrices,
comme la subsidiarité, la catholicité et le professionnalisme, il mentionne
également la synodalité. Comme tous les processus ecclésiaux, le travail de la
Curie doit également avoir un caractère synodal. Concrètement, il devrait y
avoir des réunions régulières des chefs de dicastères sous la présidence du
Pape, des audiences régulières des chefs de dicastères et des réunions
régulières des dicastères entre eux. Le travail au sein des différents dicastères
doit également être synodal. A cet effet, les réunions habituelles devraient être
tenues plus fréquemment. La scission en départements spécialisés doit être
évitée afin de réduire le risque de voir les départements devenir
égocentriques.88

2.1.5... en 2017 : La synodalité mène au zèle pastoral

Dans une lettre de janvier 2017, le Saint-Père a annoncé la tenue du Synode


des Jeunes aux jeunes et leur a remis le document préparatoire. Il leur assure
que l'Église veut écouter leur voix. Les jeunes doivent faire connaître leurs
opinions « dans la communauté » afin de pouvoir atteindre « les bergers ». Se
référant à la Règle de Benoît, qui dit que le Seigneur révèle souvent aux plus
jeunes ce qui est meilleur89, il les assure de l'ouverture et de la disponibilité à
l'écoute du collège des évêques qu'il dirige. Il appelle cette approche
synodale90.

Dans le discours aux membres de l'Action catholique d'Italie à l'occasion de leur


150e anniversaire, le Saint-Père rappelle que la véritable synodalité consiste
dans le fait que chacun dans le peuple de Dieu peut contribuer à une
interprétation des signes des temps. afin d'accomplir la volonté de Dieu de
pouvoir comprendre et vivre. Le Saint-Père encourage les laïcs à le faire -
conformément à leur appel à vivre la sainteté au quotidien - et à se renforcer
ainsi ensemble. François encadre ses déclarations avec un peu d'ecclésiologie. Il
indique la structure épiscopale de l'Église, qui, en tant qu'Église mondiale, se
compose d'Églises locales, qui à leur tour

88 Pape FRANÇOIS, discours lors de la réception de Noël de la Curie romaine le


22 décembre 2016.

89 François se réfère à la Règle de saint Benoît III, 3.

90 Cf. Pape FRANÇOIS, lettre aux jeunes sur la présentation du document


préparatoire du XV. Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques

à partir du 13 janvier 2017.


2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

43

divisé selon la structure des paroisses. Il nous exhorte expressément à


préserver et à accepter la structure paroissiale.91

Dans son discours à la Conférence épiscopale italienne du 22 mai 2017, il a


encouragé les évêques. La réalisation de la collégialité épiscopale dans
l'échange commun des préoccupations et des besoins est une expression de la
synodalité, qui est constitutive pour l'Église comme « être en marche ensemble
». Il comprend la synodalité comme être en marche ensemble dans l'Église avec
un zèle pastoral pour le but de renouveler la pastorale, qui doit être adaptée à
la mission de l’Église dans le monde d’aujourd’hui.92

Dans un discours prononcé devant les participants à un cours organisé par la


Cour de la Rote romaine en novembre 2017, François a évoqué les origines de
la synodalité dans le Nouveau Testament. Dans la première communauté de
Jérusalem, la pratique synodale était que Pierre, avec les autres apôtres et la
communauté entière, s'efforçait et, avec l'aide du Saint-Esprit, d'agir
conformément aux instructions du Seigneur. Cela inclut l’esprit de
communauté et de fraternité, la parole ouverte et l’acte de discrimination. Ici, il
associe le concept d’esprit synodal à celui d’encouragement pastoral. Les
participants au cours devraient concrétiser ces deux aspects par des actions
concrètes en tant qu’employés fidèles de leur évêque.93

Une idée œcuménique entre en jeu dans le discours de Noël 2017 en lien avec
la synodalité. Comme l’année précédente, il s’agit de la réforme de la Curie.
Cette fois sous l'aspect particulier de l'effet de la Curie ad extra, c'est-à-dire «
les relations de la Curie avec les pays, avec les Églises particulières, les Églises
orientales, le dialogue œcuménique, le judaïsme, l'Islam et les autres religions,
c'est-à-dire avec les monde extérieur. »4 Le Saint-Père tente de rapprocher
l’Église romaine et les Églises orientales en qualifiant, d’une part, la primauté
du Pape de « primauté diaconale »95, qui est au service de l’unité de l'Église
unique. Cette unité doit également se refléter dans l'élection de nouveaux
évêques. La communion avec le successeur Pe-

91 Pape FRANÇOIS, discours aux membres de l'Action catholique d'Italie à


l'occasion du 150e anniversaire de sa fondation, le 30 avril 2017.

92 Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence des évêques italiens à l'ouverture


de la 70e Assemblée générale, le 22 mai 2017.

93 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants d'un cours organisé par la Cour
de la Rote romaine le 25 novembre 2017.

95 Idem.

94 Pape FRANÇOIS, discours lors de la réception de Noël de la Curie romaine le


21 décembre 2017.

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

44
tri et tout le collège des évêques est constitutif pour cela. D’autre part, il
honore la tradition synodale des Églises orientales et appelle à un
approfondissement dans l’Église romaine. Se référant à l’exhortation
apostolique post-synodale Ecclesia in medio Oriente du pape Benoît XVI, il met
en jeu le concept de communion, qui apparaît ici comme un lien possible entre
primauté et synodalité.96

2.1.6 ...en 2018 : La synodalité est une collégialité vécue

Rencontrant les évêques dans la sacristie de la cathédrale de Santiago du Chili,


le Saint-Père a mentionné la synodalité et le discernement comme deux
qualités essentielles pour le prêtre du futur. La façon dont le Saint-Père
imagine concrètement le prêtre apparaît clairement quand il dit :

« J'avoue que je suis préoccupé par la formation des séminaristes. Ils doivent
devenir des pasteurs qui servent le peuple de Dieu comme un berger, avec
l'enseignement, avec la discipline, avec les sacrements, avec leur proximité,
avec des œuvres de charité – mais toujours avec la conscience de faire partie
du peuple. Les séminaires doivent veiller à ce que les futurs prêtres soient
capables de servir le saint peuple fidèle de Dieu, en reconnaissant la diversité
des cultures et en rejetant la tentation de toute forme de cléricalisme. Le
prêtre est un serviteur du Christ ; Le Christ est la figure principale qui devient
présente dans tout le peuple de Dieu. »97

Cette citation montre particulièrement clairement que le Saint-Père comprend


la synodalité comme une coexistence entre ministres et croyants, dans laquelle
le ministre exerce son ministère d'enseignement et de sanctification, mais doit
le faire dans une relation communautaire avec les croyants. Il n’est pas
question ici de mélanger ou même d’échanger les rôles du clergé et des laïcs.
Semblable à son discours aux Supérieurs généraux en mai 2016, François
propose également ici la synodalité comme moyen contre le cléricalisme.
96 Sous la forme « ecclesiastica communio », telle qu'utilisée par le pape
François,

il se concentre aussi simplement sur la question canonique de l'appartenance à


l'Église (cf. can 96

CIC/1983). A propos de la référence à Benoît XVI. mais il est

proche de la réflexion sur le concept ecclésiologique de communion, qui est lié


à l'Eucharistie

l’ecclésiologie chrétienne est étroitement liée. 97 Pape FRANÇOIS, discours de


salutation aux évêques dans la sacristie de la Cathédrale de Santiago du Chili
lors du Chef Apostolique de l'Arte de Peru le 16 janvier 2018.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

45

Lors de sa rencontre avec la communauté du Mouvement des Focolari, on a


demandé au Saint-Père ce qui pourrait être fait de mieux à Loppiano. Il
commence sa réponse par une description de la situation et dit que le style
synodal du voyage ensemble en tant que peuple de Dieu est déjà vécu à
Loppiano. Se référant à Mt 23,10, il explique ensuite un peu la conception du
peuple de Dieu, qui se caractérise par le fait que chacun s'oriente vers le
Seigneur et Maître, qui est le seul à enseigner et à guider. Elle se caractérise en
outre par l’écoute mutuelle et l’échange de cadeaux.99

À l'occasion du 25e anniversaire de la mort du bienheureux Pino Puglisi, le


Saint-Père s'exprime sur la Piazza Europa, à Piazza Armerina, en septembre
2018. Compte tenu de la situation laïque et ecclésiastique désolée et des
projets du diocèse local pour la nouvelle évangélisation, François encourage les
gens de ce projet et donne des pistes pour une église du futur. Au début, il
clarifie le contexte général et relie les termes mission, église synodale, parole
de Dieu, amour missionnaire et communauté eucharistique en une seule
phrase.

Le premier aspect est la perspective d'une « Église synodale, une Église de la


Parole de Dieu »100. Dans une Église de la Parole de Dieu, il faut s'écouter les
uns les autres et surtout le Seigneur. La Parole de Dieu est le noyau de la
communauté chrétienne, à laquelle il ne faut rien préférer. Concrètement, il
recommande la « lectio divina » pour être proche de Jésus. Tout le monde
devrait lire l’Évangile cinq minutes par jour. Ici, il place plusieurs fois côte à côte
la Parole de Dieu et l’Église/communauté synodale. Ensemble, ils constituent
une main tendue pour tous ceux qui demandent une Église miséricordieuse. Le
deuxième aspect est l’Église missionnaire. Tout le monde, et pas seulement les
employés à temps plein, devrait descendre dans la rue pour proclamer la
bonne nouvelle et, dans un esprit de charité, œuvrer pour ceux qui sont dans le
besoin. Le troisième aspect est l’Église en tant que communauté eucharistique.

98 Fondée en 1943 à Trente par Chiara Lubich, 23 ans, comme communauté


spirituelle catholique, en 1962 par Jean XXIII. Agréé, aujourd'hui environ 140
000 membres, travaille avec des sous-organisations politiques et économiques,
entretient environ 35 colonies, dont Loppiano, qui est la plus ancienne colonie
des Focolari, où le mouvement possède également diverses entreprises, un lieu
de rencontre et, depuis 2018, une université. fonctionne.
99 Voir Pape FRANÇOIS, discours lors de la rencontre avec la communauté du
Mouvement des Focolari le 10 mai 2018 à Loppiano.

100 Pape FRANÇOIS, discours lors de la visite pastorale aux diocèses de Piazza
Armerina et de Palerme à l'occasion du 25e anniversaire de la mort du
bienheureux Pino Puglisi, le 15 septembre

2018.

46

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

L'Eucharistie est la source où les membres de l'Église puisent l'amour du Christ.


L'Eucharistie est nécessairement liée au sacerdoce ministériel. Les prêtres
doivent bien travailler avec leur évêque et entre eux. Pour les croyants, ils
doivent être des bergers et des témoins de l'amour de Dieu 101. Ils devraient
être les premiers à prier, les premiers à se réconcilier et les premiers à aimer.
102

Au début du Synode des Jeunes en 2018, François s'adresse à tous les


participants dans la salle synodale. Dans son salut, il remercie expressément les
jeunes pour leur conviction qu'il vaut la peine d'entrer en dialogue avec l'Église
comme mère103 et maîtresse qui, malgré les faiblesses humaines, transmet le
message impérissable du Christ. Il veut leur montrer sa vision du Synode des
Jeunes comme un synode qui ouvre la voie aux jeunes vers un avenir
ecclésiastique et croyant. Pour ce faire, il caractérise d’abord le synode lui-
même : le synode est un moment de partage. C’est pourquoi la parrêsia est
importante car elle allie liberté, vérité et amour. Il souligne qu'il est important
que le synode soit un lieu où les gens écoutent humblement et parlent avec
audace. L’objectif est de créer un véritable dialogue, libre de préjugés et
d’hypothèses. Le fruit de ce dialogue est que chacun est ouvert à la nouveauté
et prêt à changer ses croyances et ses attitudes, ce qui ne signifie pas des
convictions religieuses.104

Un autre aspect du synode est que, selon François, il s'agit d'un acte ecclésial
de discernement. La distinction est une attitude intérieure qui s’enracine dans
un acte de foi. C'est à la fois une méthode et un objectif, fondé sur la conviction
que Dieu œuvre dans l'histoire du monde et peut être reconnu. escroquer-

101 Voir aussi MARX, Church. En tant que peuple de Dieu en chemin : « Comme
le Christ l’a fait

Il aime l'église, un pasteur doit aimer sa congrégation et un évêque doit aimer


son diocèse. Mais le prêtre n'est pas seulement le président de l'association
paroissiale, qui peut être démis de ses fonctions puis remplacé à volonté,
comme un homme politique élu, il est aussi l'ambassadeur du Christ lui-même
dans cette paroisse par l'intermédiaire de l'évêque.

102 Cf. Pape FRANÇOIS, discours lors de la visite pastorale aux diocèses de
Piazza Armerina et de Palerme à l'occasion du 25e anniversaire de la mort du
bienheureux Pino Puglisi, le 15 septembre 2018.

103 Le pape François relie l'idée de la « maternité pastorale de l'Église » à Henri


de Lubac, comme l'explique CASARELLA, Henri de Lubac et la théologie du
présent, 36.
104 Cf. le discours d'ouverture du Synode des Évêques demande que les
opinions personnelles des participants soient remplacées par celle du 5 octobre
2015, où il a exprimé la foi en Dieu, la fidélité à la charge, la lutte pour le bien
de l'Église et de la salut des âmes du peuple (voir ci-dessus).

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

47

Concrètement, il y aura trois minutes de silence après cinq interventions lors


du Synode des Jeunes.105

L'écoute est une partie essentielle de la synodalité pour le pape François. Il doit
s’agir d’une véritable écoute, d’une volonté d’entendre de nouvelles choses
sans réagir directement avec des réponses toutes faites. Cela nécessite avant
tout une ouverture sans préjugés ni clichés.

Une attitude qui va à l’encontre de cette synodalité est le cléricalisme. Le


cléricalisme considère la fonction comme un instrument de pouvoir et découle
d'une vision élitiste et exclusive de la vocation. Le Saint-Père oppose la notion
de pouvoir à la notion de service, caractérisée par l'altruisme et la générosité.
Le cléricalisme amène les gens à cesser d’écouter parce qu’ils croient tout
savoir. Il oppose au mal du cléricalisme un autre mal que l’on pourrait
rencontrer parmi les jeunes du synode : l’autosuffisance. Il s’agit d’une attitude
dans laquelle on suppose que l’on ne dépend pas des expériences des autres.
Empêcher les deux attitudes
la synodalité.106 Lors d'une rencontre avec des séminaristes, le Saint-Père
prononce un discours improvisé. Il y aborde la question de savoir ce qui
constitue réellement la spiritualité du prêtre diocésain. Ces relations sont : la
relation avec l'évêque, les relations entre eux et la relation avec le peuple de
Dieu. Ici aussi, il apparaît clairement que le Saint-Père veut promouvoir la
communauté dans l'Église, mais qu'il maintient la distinction entre les offices et
prestations de service. Il parle bien sûr du prêtre qui fait face au peuple de Dieu
pour le servir. Dans le discours préparé qu'il fait lire aux séminaristes, il évoque
quatre concepts clés du récit d'Emmaüs : le chemin, l'écoute, le discernement
et la mission. Concernant la mission, il a rappelé que le Synode des Jeunes
accordait une grande valeur à l'aspect synodal de la mission. Que signifie ici la
synodalité ? Cela signifie témoigner du Christ ensemble et se sentir partie
intégrante d’une communauté, sans penser que l’on peut être un missionnaire
individuel efficace. Les disciples d'Emmaüs servent de modèle, puisqu'ils
retournent à Jérusalem par deux et rejoignent la communauté des apôtres.
Cela répond également au besoin d’auto-relativisation en faveur de
l’intégration dans la communauté. L'Eir

105 Cf. l'élargissement de la réglementation lors du « Synode Amazonien » en


2019. 106 Cf. Pape FRANÇOIS, discours d'ouverture du Synode des Jeunes du 3
octobre 2018.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

47

Concrètement, il y aura trois minutes de silence après cinq interventions lors


du Synode des Jeunes.105
L'écoute est une partie essentielle de la synodalité pour le pape François. Il doit
s’agir d’une véritable écoute, d’une volonté d’entendre de nouvelles choses
sans réagir directement avec des réponses toutes faites. Cela nécessite avant
tout une ouverture sans préjugés ni clichés.

Une attitude qui va à l’encontre de cette synodalité est le cléricalisme. Le


cléricalisme considère la fonction comme un instrument de pouvoir et découle
d'une vision élitiste et exclusive de la vocation. Le Saint-Père oppose la notion
de pouvoir à la notion de service, caractérisée par l'altruisme et la générosité.
Le cléricalisme amène les gens à cesser d’écouter parce qu’ils croient tout
savoir. Il oppose au mal du cléricalisme un autre mal que l’on pourrait
rencontrer parmi les jeunes du synode : l’autosuffisance. Il s’agit d’une attitude
dans laquelle on suppose que l’on ne dépend pas des expériences des autres.
Empêcher les deux attitudes

la synodalité.106 Lors d'une rencontre avec des séminaristes, le Saint-Père


prononce un discours improvisé. Il y aborde la question de savoir ce qui
constitue réellement la spiritualité du prêtre diocésain. Ces relations sont : la
relation avec l'évêque, les relations entre eux et la relation avec le peuple de
Dieu. Ici aussi, il apparaît clairement que le Saint-Père veut promouvoir la
communauté dans l'Église, mais qu'il maintient la distinction entre les offices et
prestations de service. Il parle bien sûr du prêtre qui fait face au peuple de Dieu
pour le servir. Dans le discours préparé qu'il fait lire aux séminaristes, il évoque
quatre concepts clés du récit d'Emmaüs : le chemin, l'écoute, le discernement
et la mission. Concernant la mission, il a rappelé que le Synode des Jeunes
accordait une grande valeur à l'aspect synodal de la mission. Que signifie ici la
synodalité ? Cela signifie témoigner du Christ ensemble et se sentir partie
intégrante d’une communauté, sans penser que l’on peut être un missionnaire
individuel efficace. Les disciples d'Emmaüs servent de modèle, puisqu'ils
retournent à Jérusalem par deux et rejoignent la communauté des apôtres.
Cela répond également au besoin d’auto-relativisation en faveur de
l’intégration dans la communauté. L'Eir
105 Cf. l'élargissement de la réglementation lors du « Synode Amazonien » en
2019. 106 Cf. Pape FRANÇOIS, discours d'ouverture du Synode des Jeunes du 3
octobre 2018.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

47

Concrètement, il y aura trois minutes de silence après cinq interventions lors


du Synode des Jeunes.105

L'écoute est une partie essentielle de la synodalité pour le pape François. Il doit
s’agir d’une véritable écoute, d’une volonté d’entendre de nouvelles choses
sans réagir directement avec des réponses toutes faites. Cela nécessite avant
tout une ouverture sans préjugés ni clichés.

Une attitude qui va à l’encontre de cette synodalité est le cléricalisme. Le


cléricalisme considère la fonction comme un instrument de pouvoir et découle
d'une vision élitiste et exclusive de la vocation. Le Saint-Père oppose la notion
de pouvoir à la notion de service, caractérisée par l'altruisme et la générosité.
Le cléricalisme amène les gens à cesser d’écouter parce qu’ils croient tout
savoir. Il oppose au mal du cléricalisme un autre mal que l’on pourrait
rencontrer parmi les jeunes du synode : l’autosuffisance. Il s’agit d’une attitude
dans laquelle on suppose que l’on ne dépend pas des expériences des autres.
Empêcher les deux attitudes

la synodalité.106 Lors d'une rencontre avec des séminaristes, le Saint-Père


prononce un discours improvisé. Il y aborde la question de savoir ce qui
constitue réellement la spiritualité du prêtre diocésain. Ces relations sont : la
relation avec l'évêque, les relations entre eux et la relation avec le peuple de
Dieu. Ici aussi, il apparaît clairement que le Saint-Père veut promouvoir la
communauté dans l'Église, mais qu'il maintient la distinction entre les offices et
prestations de service. Il parle bien sûr du prêtre qui fait face au peuple de Dieu
pour le servir. Dans le discours préparé qu'il fait lire aux séminaristes, il évoque
quatre concepts clés du récit d'Emmaüs : le chemin, l'écoute, le discernement
et la mission. Concernant la mission, il a rappelé que le Synode des Jeunes
accordait une grande valeur à l'aspect synodal de la mission. Que signifie ici la
synodalité ? Cela signifie témoigner du Christ ensemble et se sentir partie
intégrante d’une communauté, sans penser que l’on peut être un missionnaire
individuel efficace. Les disciples d'Emmaüs servent de modèle, puisqu'ils
retournent à Jérusalem par deux et rejoignent la communauté des apôtres.
Cela répond également au besoin d’auto-relativisation en faveur de
l’intégration dans la communauté. L'Eir

105 Cf. l'élargissement de la réglementation lors du « Synode Amazonien » en


2019. 106 Cf. Pape FRANÇOIS, discours d'ouverture du Synode des Jeunes du 3
octobre 2018.

48

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Les individus doivent se considérer comme faisant partie d'un groupe et lui
soumettre leurs idées. La synodalité est à ce stade une forme de collégialité.
107

2.1.7 en 2019 : La synodalité requiert Sensus ecclesiae


François aborde également le thème de la synodalité dans son discours aux
participants à l'assemblée générale de la Congrégation pour le Culte Divin. Il
affirme que les relations du Saint-Siège, et donc aussi de la Congrégation, avec
les évêques doivent être façonnées dans un esprit de coopération, de dialogue
et de synodalité. Il s’agit ici d’une coexistence harmonieuse, qui reconnaît aux
deux parties leur droit à l’existence (« le Saint-Siège ne remplace pas les
évêques »). Il entend ici la synodalité comme une unité harmonieuse dans la
diversité.108

Le style synodal est de cultiver la communion, de s'écouter les uns les autres et
d'écouter ensemble l'Esprit Saint, souligne le Saint-Père dans son discours à la
famille charismatique des Camilliens le 18 mars 2019.109

Dans l’exhortation apostolique post-synodale Christus vivit, deux aspects sont


particulièrement intéressants lorsque l’on s’interroge sur la compréhension de
la synodalité par le pape François. Premièrement, il affirme que la pastorale des
jeunes doit être synodale en soi, et deuxièmement, il approfondit le
discernement spirituel, qui est un élément essentiel de sa compréhension de la
synodalité. Ce qui est constitutif de la pastorale synodale des jeunes, c'est
qu'elle est ouverte aux différents charismes et à l'œuvre de l'Esprit Saint en
chaque croyant. La participation et la responsabilité partagée de l’Église sont
importantes.

Concernant le discernement spirituel, le Saint-Père répète ici ce qu'il a déjà dit


dans l'exhortation apostolique Gaudete et exsultate. Il s'agit de reconnaître si
quelque chose de nouveau vient de Dieu ou du diable. La raison et la prudence
sont importantes, et elles sont renforcées par la foi en Dieu et son plan pour
nos vies. La condition préalable est la formation de sa conscience, dans laquelle
on comprend les critères et les intentions des décisions de Jésus.
107 Voir Pape FRANÇOIS, discours aux séminaristes de l'archidiocèse
d'Agrigente le 24 novembre 2018.

108 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants à l'assemblée plénière de la


Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 14 février

2019.

109 Voir Pape FRANÇOIS, discours à la famille charismatique des Camilliens le


18 mars 2019.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

49

devrait faire le vôtre. Les conditions fondamentales d’un bon discernement


spirituel sont le silence et la solitude. 110

Dans son discours à la Conférence épiscopale italienne en mai 2019, le Saint-


Père a de nouveau parlé de la synodalité. En raison des projets possibles des
diocèses italiens pour un processus synodal commun au niveau national, il
rappelle des éléments de sa compréhension de la synodalité qu'il avait déjà
exprimés les années précédentes et s'appuie également sur le document de la
Commission Théologique Internationale (CIT) sur la synodalité. . Il a souligné
aux évêques italiens que la synodalité est un élément constitutif de l'Église, que
Dieu attend pour l'Église du troisième millénaire. 111 Du document de l'ITC, il
cite le passage dans lequel il est dit que la synodalité est un modus vivendi et
operandi de l'Église en tant que peuple de Dieu. Chacun est appelé à prendre
une part active à l’évangélisation. Il cite en outre le passage qui relie la
synodalité et la collégialité des évêques, dans la mesure où la collégialité est
une forme spécifique de synodalité aux fins de leadership. En outre, le
document précise qu'à l'inverse, toute forme de synodalité dépend de
l'exercice de l'épiscopat collégial. La collégialité épiscopale fait essentiellement
partie de la synodalité. La collégialité, à son tour, se réalise dans la communion
entre les Églises particulières d'une région et dans la communion de toutes les
Églises particulières de l'Église universelle. Il souligne ensuite qu’il existe deux
directions lorsqu’on réfléchit à un processus synodal national : le synode
ascendant et le synode descendant. La première est la participation des laïcs,
des conseils et des paroisses. Il ne développe pas ici ce dernier point, mais se
réfère au discours du 10 novembre 2015 à Florence et affirme que la direction
de haut en bas est également constitutive. 112 Lors de la rencontre avec les
responsables de la pastorale des vocations

ral en Europe le 6 juin 2019, il utilise le terme synode

lité dans un sens plus général. Faisant référence à la douleur que Jacob
souffrirait si son Benjamin lui était enlevé (cf. Gn 44, 30), le Saint-Père précise
que

110 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique post-synodale « Christus viviť


», n° 280.

111 Cf. également ses déclarations dans le discours prononcé à l'occasion du


50e anniversaire de l'établissement du Synode des évêques, le 17 octobre
2015. 112 Cf. Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence épiscopale italienne du
20 mai 2019.
50

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Cela fait partie de l’être humain que nous soyons attachés les uns aux autres,
que nous soyons unis les uns aux autres et devenons ainsi un peuple. C'est
pourquoi la pastorale des jeunes doit aussi être synodale. Il fait référence au
numéro 206 du Christus vivit, dans lequel la synodalité est décrite comme une
bonne unité, où chacun est valorisé et personne n'est exclu. Le Saint-Père
conclut ce paragraphe en affirmant que la synodalité est fille de la convivialité.
113

Un an après le Synode des Jeunes, soit en juin 2019, le Conseil Pontifical pour
les Laïcs organise le XI. Forum international de la jeunesse. Le Saint-Père assure
aux jeunes qui y participent qu'ils font partie d'une Église synodale parce qu'ils
sont considérés comme des membres actifs, comme des « protagonistes ».114

La seule lettre dans laquelle il aborde le thème de la synodalité - outre la lettre


aux jeunes annonçant le synode des jeunes de janvier 2017 - est également un
document pertinent, à savoir la lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en
Allemagne de Pierre et Paul. Journée en 2019 à l'occasion du chemin synodal
prévu en Allemagne. Sur la question de la compréhension de la synodalité, le
pape François se réfère à son discours à l'occasion du 50e anniversaire de la
création du Synode des évêques et s'inspire principalement de l'exhortation
apostolique Evangelii Gaudium sur la question de la réforme de l'Église. Il écrit
que la synodalité est essentiellement « un chemin commun sous la direction de
l'Esprit Saint »115. Ce chemin doit être parcouru « avec toute l'Église »116. En
référence à son discours du 20 mai 2019, il rappelle que la synodalité a deux
directions, de bas en haut et de haut en bas.117 Il poursuit ici en expliquant ce
qu'il entend par synodalité d'en haut. L'exercice du ministère épiscopal de
pasteur et de maître dans la communauté de tous les évêques, avec l'évêque
de Rome à sa tête, est une synodalité d'en haut. D'une part, il se réfère au LG
23, qui traite des relations entre les Églises particulières et l'Église entière, et
plus spécifiquement au CD 3, la mise en œuvre de celui-ci dans le décret
épiscopal, pour ainsi dire, où l'enseignement épiscopal est à nouveau
explicitement indiqué.

113 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants au Congrès des responsables

114 pour la pastorale vocationnelle en Europe du 6 juin 2019.

le 22 juin 2019.

Voir Pape FRANÇOIS, discours aux participants à l'Int. Forum des jeunes

116 Idem.

115 Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du


29 juin 2019, n° 3.

117 Voir Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence des évêques italiens le 20


mai 2019.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ


51

et la fonction pastorale des évêques individuels pour leur église particulière


ainsi que de tous

Les évêques, avec le Pape en tête, sont appelés pour toute l'Église

devient. S'appuyant sur un ouvrage d'Yves Congar, il souligne particulièrement


que

que les changements dans l'Église nécessitent avant tout beaucoup de patience
et de longs processus de maturation. 118 Un processus de changement,
comme le chemin synodal en Allemagne, nécessite une conversion pastorale.
La conversion pastorale amène chacun à vivre et à rendre transparent
l'Évangile dans la vie de tous les jours. Un processus de changement ne doit pas
simplement répondre « aux faits et aux besoins [...] »119. L’évangélisation doit
avoir la primauté. L’évangélisation n’est pas une adaptation à l’air du temps ou
à tout autre changement externe ou structurel, mais plutôt un changement.
des individus de cœur qui expérimentent à nouveau la joie de l’Évangile.120

Selon le pape François, une question centrale est le type de communication, la


question de savoir comment l'Église aborde les gens, en particulier les faibles,
et leur transmet la joie de l'Évangile. Ce n’est donc pas le contenu mais la
forme de la proclamation qui doit être réformée.

En ce qui concerne le processus synodal spécifique, le Saint-Père le formule


ainsi :
« Tous les efforts d'écoute, de conseil et de discernement visent à rendre
l'Église chaque jour plus fidèle, plus disponible, plus adroite et plus
transparente dans l'annonce de la joie de l'Évangile, base sur laquelle toutes les
questions peuvent trouver lumière et réponse. ]."121

Le développement de la synodalité à tous les niveaux de la vie ecclésiale


(paroisse, diocèse, « État-nation », Église universelle, ordres et communautés
spirituelles) fait partie du processus de réception du Concile Vatican II, qui n’est
pas encore achevé.

Un critère essentiel pour la justesse des processus synodaux est l'intégration


dans la communion de l'Église en tant que corps du Christ.

118 Cf. Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne


du 29 juin

2019, n° 3 en référence à : CONGAR, Vera e falsa riforma nella Chiesa, 259. 119
Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du 29
juin 2019, n° 6.

120 Cf. Emmeram H. RITTER sur Mgr Rudolf Graber : « Non pas une fausse
indulgence envers certaines tendances contemporaines, mais la proclamation
opportune de la parole immuable de Dieu, tel est le but qu'il a en tête dans
toute son œuvre. », RITTER, Proclamation de la Parole de Dieu,

121 Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du


29 juin 2019, n° 8.
52

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

ti, qui s'exprime dans la communion de l'Église universelle dans et à partir des
Églises particulières. 122 Le Pape fait référence au sensus ecclesiae, qui nous
rappelle que tous les membres et parties de l'Église font partie d'un corps plus
vaste. Cela ne peut pas être changé avec des idées soi-disant progressistes. Il
appelle le peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne à se mettre en route en
tant que « corps apostoliques »123 sous la direction de l'Esprit Saint. C'est ici
que s'exprime l'apostolicité de la communauté ecclésiale. Juste avant, il parle
du « saint et peuple fidèle de Dieu" 124. Il devient clair que pour lui, la fidélité à
la tradition apostolique et l'ouverture à l'œuvre de l'Esprit Saint sont
importantes, par lesquelles l'Esprit amène l'Église, comme il le dit dans DV 8, «
à tendre vers la plénitude de la vérité divine ». il distingue la synodalité des
moyens laïques de parvenir à un consensus ou même à un compromis.
L'évangélisation et le sensus ecclesiae sont des éléments déterminants de la
synodalité. Pour une bonne synodalité, de la vigilance et

Conversion par le jeûne et la prière préalables nécessaires. Le Saint-Père


s'adresse aux représentants de l'Église gréco-catholique d'Ukraine le 5 juillet
2019. Ils sont venus à Rome à son invitation. Dans la continuité du projet
pastoral que leur synode avait adopté quelques années plus tôt, il leur
recommande de prêter attention à trois éléments essentiels dans sa mise en
œuvre : la prière, la proximité et la synodalité. Par la prière et la vie spirituelle,
l'Église doit contribuer à la sanctification des personnes ; par la proximité avec
les personnes, des canaux de communication doivent être créés entre les
bergers et les personnes. Être une église signifie être une communauté. Cela
comprend un dialogue intensif et un échange de dons spirituels. La structure de
direction synodale de l’Église orientale doit être complétée par une synodalité
de la vie quotidienne qui inclut tous ceux qui croient en Jésus dans la vie de
l’Église.

Il explique ensuite trois aspects de la synodalité : l'écoute, la responsabilité


partagée et l'implication des laïcs.

122 Ici, il fait à nouveau référence à LG 23.

123 Dans une première version, on l'appelait encore « corps », comme il est dit
aussi dans la traduction allemande du CIC au canon 336 : « Dans le collège des
évêques, dont le chef est le Pape et dont les membres en vertu de la
consécration sacramentelle et hiérarchique communion le chef et les membres
du collège sont les évêques, le corps apostolique continue pour toujours ; Avec
sa tête et jamais sans cette tête, il est aussi porteur du pouvoir suprême et
total.

À l’égard de l’Église dans son ensemble » [souligné GW]. 124 Pape FRANÇOIS,
lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du 29 juin 2019, n° 10.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

53

L'écoute et la responsabilité partagée concernent le niveau des fonctionnaires.


Cela signifie qu'en tant qu'évêque, vous écoutez vos confrères et assumez
également vos responsabilités envers vos confrères. Les laïcs sont autorisés à
faire des suggestions et doivent être entendus. Enfin, la synodalité a également
une dimension œcuménique car toutes les communautés ecclésiales
cheminent ensemble. De cette façon, vos propres horizons devraient s’élargir.
L’évêque de Rome garantit l’unité et tient toutes les ficelles en main.125

Le 2 septembre 2019, le Saint-Père recevra à nouveau les représentants de


l'Église gréco-catholique d'Ukraine. Au lieu de prononcer un discours, il se
réfère à un article de l'Osservatore Romano126 sur l'Esprit Saint et le Synode.
En quelques phrases formulées spontanément, il précise qu'il ne faut pas
confondre synode et parlement. Le Saint-Esprit et l’identité de l’Église sont
constitutifs du synode.127

Lors de l'ouverture du « Synode d'Amazonie », le 7 octobre 2019 à Saint-Pierre,


le Saint-Père a différencié le synode des autres rassemblements : le contenu
était le même, mais sans le citer directement, il l'a exprimé comme le Pape Paul
VI, le 22 septembre 1974, lors de l'Angélus, a expliqué ce qu'est, ou plutôt ce
qu'il n'est pas, le nouveau Synode des évêques. La phrase centrale de l'époque
était, et elle est souvent répétée par le pape François : « Un synode n'est pas
un parlement ». . "128 Mais Il rejette non seulement cette forme politique de
réunion à titre d'exemple, mais également les tables rondes, les congrès ou
d'autres formes de discussion. Il décrit l'Église avec Ignace de Loyola comme «
la sainte mère, l'Église hiérarchique [...] ».129 Le facteur décisif qui distingue le
synode de tous les autres rassemblements est l'Esprit Saint, qui est l'acteur
principal du synode. avoir de la chaleur

125 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux représentants de l'Église gréco-catholique

d’Ukraine le 5 juillet 2019. 126 Voir MASCIARELLI, Sinodalità e Spirito santo, 6.

127 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux évêques de l'Église orthodoxe grecque
d'Ukraine réunis pour un synode à Rome le 2 septembre 2019. 128 Cf. son
discours à l'ouverture du Synode des évêques du 5 octobre 2015, le discours
discours aux évêques ukrainiens le 2 septembre 2019 et discours à la
Conférence épiscopale italienne le 30 avril 2021.

129 IGNACE DE LOYOLA, Cahier 353, cité de : Pape FRANÇOIS, salutation à


l'ouverture des travaux de l'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour la
Région Pan-Amazonie le 7 octobre 2019 ; sur l'utilisation de la citation d'Ignace,
voir aussi le discours à l'audience générale du 5 novembre 2014, où il dit que la
maternité de l'Église s'exprime particulièrement dans le service de l'évêque,
garant de la foi et représentant du Christ pour le peuple de Dieu.

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

54

Pour exprimer l'esprit spirituel, la prière intensive, la parrhesia, l'écoute et le


discernement sont nécessaires. Concrètement, il suggère qu'après quatre
discours, il y ait quatre minutes de silence pour la réflexion. 130

De la considération du récit des Actes sur le Concile des Apôtres (Actes 15 et Ga


2, 1-11), le Saint-Père tire des critères pour les processus synodaux dans la
catéchèse lors de l'audience générale du 23 octobre 2019. Il soutient que le
dialogue doit être la méthode du synode. Cela consiste en une écoute patiente
et une prise de décision à la lumière du Saint-Esprit. La présence du Saint-Esprit
est le critère de distinction entre le synode et un parlement. 131

En novembre 2019, le Saint-Père remercie la Commission théologique


internationale (CIT) pour son travail jusqu'à présent, y compris le document sur
la synodalité. Il précise que pour lui la synodalité est un style d'église qui n'est
ni comparable à une fête avec des enfants ni à une prise de décision via des
sondages d'opinion. Il voudra peut-être exprimer ainsi que le style ne doit pas
être sous-interprété comme une simple unité non pertinente et non
contraignante, ni sur-interprété unilatéralement comme une sorte de
démocratie directe. C'est un style, une manière de réaliser l'Église créée à
l'image de la Trinité de Dieu. Et surtout, l’âme de la synodalité, c’est le Saint-
Esprit. 132

2.1.8... en 2020 : Déformations de la synodalité

Dans l'exhortation apostolique post-synodale Querida Amazonia, François dit


que les communautés de base offrent de véritables expériences de synodalité
parce qu'elles ont combiné l'engagement communautaire pour leurs droits
avec l'annonce missionnaire et la spiritualité (cf. n° 96). La synodalité de l’Église
signifie également qu’elle permet aux femmes de prendre visiblement et
efficacement leur place dans l’Église. Ils devraient de plus en plus trouver leur
place dans des services et des tâches qui ne nécessitent pas de consécration.
Là, ils doivent conserver leur style féminin. 133

130 Par rapport au Synode des Jeunes de 2018, ce moyen est ici élargi. 131

Pape FRANÇOIS, audience générale du 23 octobre 2019. 132 Pape FRANÇOIS,


discours aux membres de l'Internationale Théologique

Commission le 29 novembre 2019.

133 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique post-synodale « Querida


Amazonia », n° 103.
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

55

Le 25 novembre 2020, dans sa catéchèse lors de l'audience générale, le Saint-


Père parle du verset des Actes des Apôtres, qui décrit la première communauté
de Jérusalem comme une communauté qui adhère à l'enseignement des
apôtres, à la fraction du pain. et des prières (cf. Actes 2:42). François note que
l'on identifie ici quatre critères constitutifs de l'Église parce qu'ils permettent à
l'Église de rester unie au Christ : « premièrement, écouter l'enseignement des
Apôtres ; deuxièmement, la préservation de la communauté mutuelle ;
troisièmement, la fraction du pain et quatrièmement, la prière. « 134 Ces
quatre coordonnées » sont également la base de la prise de décision au sein de
l'Église. Un chemin synodal qui ne prend pas en compte les quatre critères
n’est pas ecclésiastique mais laïc. Le respect des quatre critères garantit la
présence du Saint-Esprit. Et cela, comme le Saint-Père cite le Catéchisme,
rappelle à l'Église le Christ et introduit toute la vérité.

(cf. CCC 2625), 135 Dans son livre « Osez rêver ! », dans lequel il tire les leçons
de la pandémie du coronavirus, le pape François aborde également clairement
sa compréhension de la synodalité, qui est à la base de l'enseignement des
contraires de Romano Guardini, qui distingue l'opposition de la contradiction et
lui attribue un potentiel créatif et dynamique, 136 Si deux opposés sont tolérés
et si l'on tente de comprendre dans le dialogue les raisons des différences, une
nouvelle synthèse peut être trouvée à un niveau plus profond pour les
personnes impliquées. se confient à Dieu dans un tel processus, un «
débordement » de grâce peut même se produire.
Selon François, le concept de synodalité devrait précisément conduire à cela,
tant dans le domaine séculier que dans le domaine ecclésiastique. Il se
préoccupe avant tout de gérer les différences tout en maintenant l’unité. Il en
voit le premier modèle dans le Concile des Apôtres. De plus, la participation du
peuple de Dieu lui tient particulièrement à cœur. D'une part parce qu'avec LG
12, il considère le sens de la foi des croyants comme infaillible, et d'autre part
parce qu'il veut suivre l'ancien principe de l'Église Quod omnes tangit ab
omnibus tractari debet". Par quelques changements structurels au Synode de
Evêques, il a voulu que les synodes « soient plus libres et plus dynamiques et
disposent de plus de temps pour des discussions honnêtes et pour

134 Pape FRANÇOIS, audience générale du 25 novembre 2020.

135 Cf. ibid.

136 Voir DETTLOFF, Romano Guardini (1885-1968), 325.

56

L. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Proposez d'écouter [...].»137 En ce qui concerne le contenu des négociations


du Synode, il précise plus clairement dans son livre que dans ses discours que
l'enseignement de l'Église n'est pas sujet à débat.
« Lorsqu’on parle de synodalité, il est important de ne pas confondre la
doctrine et la tradition avec les normes et méthodes de l’Église. Ce qui est
discuté lors des assemblées synodales, ce ne sont pas les vérités traditionnelles
de l’enseignement chrétien. »138

Le synode devrait se préoccuper du « comment » de la foi chrétienne dans le


monde contemporain et non du « quoi ».

Le Saint-Esprit est un élément essentiel. Il faut donc parler librement et écouter


humblement pour que son œuvre ne soit pas ignorée.

Revenant sur trois synodes, il parle aussi de difformités et de tentations. Les


aberrations doctrinales comprennent une obsession de la pureté doctrinale et
une insistance sur « des critères progressistes qui sont incompatibles avec
l'Évangile et la tradition ». 139 Les participants étaient tentés de considérer le
synode comme un parlement et de diffuser leur propre position par le biais de
tactiques politiques (par exemple par le biais d'appels, de sondages d'opinion
ou via les médias). Il voit également un danger pour le synode dans la
polarisation et l’escalade médiatique. Cela conduit à une pensée en noir et
blanc, que le chemin synodal vise à éliminer.

Enfin, le Saint-Père cite trois conditions préalables à la renaissance de la


synodalité de l'Église primitive : l'écoute respectueuse les uns des autres, le
débordement de nouveautés et la patience. 140 Dans le discours de Noël à la
Curie en 2020, le Saint-Père différencie clairement sa compréhension de la
synodalité des malentendus. Toutes les interprétations erronées qui naissent
du conflit entre différents groupes, majorités et minorités, différentes
fonctions, de droite ou de gauche, ont un défaut crucial : elles éloignent l'Esprit
Saint du concept de synodalité et ne comprennent pas l'Église comme un corps
vivant. Il précise également que la réforme de l’Église ne consiste pas à changer
l’Église elle-même, mais seulement son apparence. Le corps reste le même,
seul le vêtement est renouvelé.

137 Pape FRANÇOIS, Osez rêver !, 110.

138 Ibid., 111.

139 Idem, p. 112.

140 Cf. ibid., 103-122.

141 Voir Pape FRANÇOIS, discours à la Curie romaine lors de la traditionnelle


réception de Noël du 21 décembre 2020.

57

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

2.1.9 ... en 2021 : La synodalité est communion en pratique

Dans son discours aux participants de l'assemblée générale du Mouvement des


Focolari, François a évoqué un aspect de la synodalité qui concerne la
gouvernance de la communauté. Promouvoir la synodalité dans la
communauté signifie donc rendre le leadership transparent et intégrer des
processus consultatifs.142
Lors de la catéchèse de l'audience générale du 14 avril 2021, le Saint-Père parle
de la prière. Il précise que les processus de réforme au sein de l'Église qui
oublient la prière et donc l'ouverture à l'Esprit Saint ne sont pas des processus
ecclésiastiques. 143

Lors de la messe de la Fête-Dieu dans la basilique Saint-Pierre le 6 juin 2021, le


pape François souligne que les rassemblements religieux ne peuvent être
synodaux s'il manque l'adoration et l'émerveillement devant la présence du
Seigneur dans l'Eucharistie. De l’ouverture et de l’humilité envers le Seigneur
dans l’Eucharistie naît la véritable ouverture envers les personnes.144

Le 19 juin 2021, le Saint-Père s'adressera aux diacres permanents du diocèse de


Rome. Il place le terme « synodal » à côté de « missionnaire » et de « diaconal
», qu'il décrit comme constitutifs de l'Église. La synodalité est donc une ligne
d’action à laquelle l’Église est obligée en raison de son fondement trinitaire.145

Le 18 septembre 2021, le pape François s'adressera aux croyants du diocèse de


Rome dans la salle d'audience avec une introduction passionnée et très vivante
au processus synodal mondial. Il conclut par un appel qui montre clairement ce
que le Saint-Père veut réaliser avec sa motivation pour une synodalité vécue :

« En cette période de pandémie, le Seigneur insiste sur la mission d’une Église


qui soit sacrement de soin. Le monde a lancé son cri et exprimé sa vulnérabilité
: le monde a besoin de soins. »146

142 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants de l'Assemblée générale de la

Mouvement des Focolari le 6 février 2021. 143 Pape FRANÇOIS, Audience


générale du 14 avril 2021.
144 Cf. Pape FRANÇOIS, Sermon pour la solennité du Corps et du Sang du Christ
du 6 juin

2021 dans la Basilique Saint-Pierre.

145 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux diacres permanents du diocèse de Rome
et aux membres de leurs familles, le 19 juin 2021.

146 Pape FRANÇOIS, Discours aux fidèles du diocèse de Rome, le 18 septembre


2021.

58

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Dans ce contexte, il expose clairement sa vision du processus synodal. C’est


censé être un processus d’écoute du Saint-Esprit. D’une part, il distingue cela
des sondages d’opinion, des études et des parlements. D’un autre côté, cela
affirme la nécessité d’écouter chacun, non seulement ce qu’il dit mais aussi ce
qu’il ressent. Même les insultes doivent être entendues parce que le Saint-
Esprit peut parler à travers elles. Il va même jusqu'à dire que le Saint-Esprit
peut parler à travers n'importe quelle créature (en référence à l'âne dans
Nombres 22). Rien ni personne ne doit donc être ignoré.

Une déclaration centrale sur la compréhension de la synodalité par le pape


François dans ce discours est la suivante :
« Le thème de la synodalité n'est pas un chapitre d'un traité d'ecclésiologie,
encore moins une mode, un mot à la mode ou un nouveau terme à utiliser ou à
exploiter dans nos réunions. Non! La synodalité exprime la nature de l'Église, sa
forme, son style, sa mission. Il faut donc parler de l'Église synodale, mais éviter
de la considérer comme un titre parmi d'autres, comme une vision avec des
alternatives. »147

La source la plus importante, il parle d'un manuel, car la synodalité est les Actes
des Apôtres. Pour lui, la synodalité n’est pas une question de théorie, mais une
question de pratique. La synodalité ne peut se substituer à l’ecclésiologie de
communion. En même temps, il précise que la synodalité prétend se référer à
l'ensemble de l'Église ; il parle même de son essence. "Synodal" n'est donc pas
une autre caractéristique de l'Église une, sainte, catholique et apostolique,
mais exprime plutôt la forme et le style de cette église connue dans la nota
ecclesiae. L'"église synodale" est l'église en exécution connue dans le Credo. Le
pape François attache une grande importance aux Actes des Apôtres comme
référence durable et souligne particulièrement le rôle principal de l'Esprit Saint
et l'ouverture des apôtres à son œuvre qui les a conduits à Rome.148

Pour une mise en œuvre concrète, il lui tient à cœur de faire l’expérience d’une
coopération réelle et égale. Personne ne devrait se sentir trop repoussé et
rabaissé. Car toute personne baptisée et confirmée est autorisée à la dignité de
la fonction prophétique du Christ (en référence à LG 33-35). Il considère
comme base la théorie du sensus fidei, qui est infaillible en matière de foi.
Celui-ci vient

147 Idem.

148 Voir ibid.


2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

59

Cependant, cela ne s'applique pas lorsque les gens expriment leurs évaluations
personnelles de certains éléments de l'enseignement et de la discipline de
l'Église, les comparent les uns aux autres et déterminent ensuite l'opinion de la
majorité. Ce serait l’approche d’un parlement. Il nous rappelle que les groupes
qui se considéraient comme des leaders d'opinion dans l'histoire de l'Église ont
"toujours" (sic !) fini dans les hérésies (comme les Gnostiques, les Pélagiens et
les Jansénistes). La synodalité, en revanche, devrait aider tous les chrétiens.
reconnaît le don que Dieu lui a fait à travers sa vocation et se demande
comment il peut transmettre ce don aux autres.149

Le 7 octobre 2021, le Saint-Père rencontrera le groupe de travail mixte


orthodoxe-catholique de Saint Irénée. Il remercie les membres d'avoir publié
l'étude : « Au service de la communauté. « Repenser le rapport entre primauté
et synodalité » 150 Il souligne particulièrement que

"Grâce au dialogue constructif patiemment mené, notamment avec les Églises


orthodoxes, nous comprenons mieux que la primauté et la synodalité ne sont
pas deux principes concurrents qu'il faut maintenir en équilibre, mais deux
réalités qui s'unissent au service de la communauté, se justifient et se
soutiennent mutuellement". .151
La synodalité, comme la primauté, a pour tâche de servir la communauté
("comunione"). La synodalité et la primatialité seraient donc, pour ainsi dire, le
mode de vie de l'Église en tant que communion. Il le précise encore une fois, en
référence à le document de la Commission théologique internationale « La
synodalité dans la vie et la mission de l'Église » (2018, n° 64), que la synodalité
qu'il réclame ne remplace pas la hiérarchie de l'Église, mais la présuppose : « La
synodalité dans l'Église catholique » L’Église peut être considérée au sens large
comme une articulation de trois dimensions : toutes, certaines, une. Car la
synodalité implique l'exercice du sensus fidei de l'Universitas fidelium (tous), la
fonction de gouvernement du collège des évêques, chacun avec son presbytère
(certains), et la fonction d'unité de l'évêque et du pape (un) [. ..]."152

149 Voir ibid.

150 Cf. CERCLE DE TRAVAIL MIXTE ORTHODOXE-CATHOLIQUE ST. IRENÄUS, Au


service de la communauté.

151 Pape FRANÇOIS, discours au groupe de travail conjoint orthodoxe-


catholique Saint Irénée le 7 octobre 2021, traduction allemande du nonce
Nikola Eterović dans son salut aux évêques allemands à l'occasion de leur
assemblée générale de printemps le 7 mars 2022.

152 Idem.

60

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ


Le 9 octobre 2021, le pape François ouvrira dans la salle synodale le processus
mondial de préparation du Synode des évêques de 2023, qui s'étalera sur trois
ans, sous le thème « Pour une Église synodale : communauté, participation et
mission ». Le Saint-Père souligne que le synode n'est ni un parlement ni un
sondage d'opinion car l'Esprit Saint est l'acteur principal de ce processus. Il
détaille ensuite les trois termes du sous-titre du chemin synodal. Il qualifie de «
communauté », « comunione » italienne, comme concept ecclésiologique de
communion et le lie au concept de mission. Le Concile Vatican II a enseigné que
l'Église imite la vie du Dieu trinitaire dans la communauté et la mission,
notamment intérieurement sous forme de communauté et après à l'extérieur.
sous la forme de la mission. Le pape Paul VI a décrit ces deux termes comme les
lignes directrices du Concile (en référence à son discours de l'Angélus du 11
octobre 1970). À la conclusion du Synode des évêques de 1985, le pape Jean-
Paul II a réaffirmé que l'essence de l'Église est la communion (en référence à
son discours à l'assemblée finale du deuxième synode extraordinaire des
évêques, le 7 décembre 1985). Dans son discours final, Jean-Paul II a également
appelé à ce que les synodes des évêques se tiennent, si possible, avec la
participation de tous les croyants.

doit être bien préparé dans les églises locales. Le pape François décrit ainsi la
relation entre synodalité et communion :

« Les concepts de communauté et de mission risquent de rester un peu


abstraits à moins de cultiver une pratique ecclésiale qui exprime le caractère
concret de la synodalité à chaque étape du chemin et de la procédure et qui
encourage la participation réelle de chacun. Je voudrais dire que la célébration
d'un synode est toujours belle et importante, mais elle n'est vraiment féconde
que lorsqu'elle devient une expression vivante d'être une Église, une action
caractérisée par une participation authentique. " [Herv. dans l'original] 153
Pour le pape François, la synodalité est donc une pratique ecclésiale qui
correspond à la description par l'Église de son essence de communion. Il
reconnaît un déficit dans la pratique antérieure en matière de participation de
tous les baptisés à la mission de l'Église. On pourrait dire qu'il veut promouvoir
une participatio actuosa, qui rend possible la constitution liturgique pour tous
ceux qui sont réunis pour la liturgie, pour toute la vie de l'Église, en fonction de
l'office et du charisme.

153 Pape FRANÇOIS, discours d'ouverture du synode le 9 octobre 2021.

61

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

Il évoque les risques du synode : formalisme, intellectualisme et immobilité.


Vous faites face à trois opportunités : devenir une Église synodale, devenir une
Église d’écoute, devenir une Église de proximité. Ces trois « styles » sont une
expression pratique de l’Imitatio trinitatis : l’Église doit devenir synodale non
seulement « occasionnellement, mais structurellement », en italien : « non
occasionnellement ma strutturalmente » [Herv. dans l’original], de sorte qu’elle
soit un un lieu ouvert « où chacun se sent chez lui et peut participer. »154 Afin
de devenir une église à l’écoute, il faut d’abord apprendre à écouter l’Esprit
dans l’adoration. « Combien l’adoration nous manque aujourd’hui ! »155
Ensuite, l’église peut aussi entendre les besoins des croyants du monde entier
et reconnaître les signes que la vie concrète donne sur place. Il souligne ici une
fois de plus la primauté de la dimension verticale de la synodalité. Il termine
son discours par une citation d'Yves Congar (en référence à Vraie et fausse dans
la réforme de l'Église, Paris 1950), dans laquelle il souligne qu'il ne s'agit pas de
changer l'Église, mais bien de la fermer, même si le l'Église peut être reconnue
dans le monde dans son altérité.

Dans la Messe par laquelle il a ouvert le processus synodal mondial 2021-2023


le 10 octobre 2021, il a utilisé l'exemple de Jésus pour illustrer ce qu'il imagine
être la synodalité dans l'Église. En interprétant la péricope de la rencontre de
Jésus avec l'homme riche qui lui demande comment il peut hériter de la vie
éternelle (cf. Mc 10, 17), il a mis en évidence trois comportements de Jésus qui
sont également importants pour le chemin synodal de l'Église : la rencontre ,
écoutez, distinguez. L’accent mis sur la dimension verticale de la synodalité est
clairement visible. Premièrement, Dieu doit être écouté, Dieu doit être
rencontré dans l’adoration, Sa Parole doit être prise en compte pour le
discernement. Cette priorité de Dieu devrait alors permettre des rencontres
humaines véritables, libres et ouvertes, susceptibles de changer la vie. Il
souligne une fois de plus que le synode « n’est pas une convention ecclésiale,
une conférence d’étude ou un congrès politique, qu’il n’est pas un parlement,
mais un événement de grâce, un processus de guérison sous la direction du
Saint-Esprit. »156 L’Église devrait redevenir véritablement ouvert aux gens.

Le 22 octobre 2021, le pape François appelle les participantes au chapitre


général des Filles de Marie Auxiliatrice à vivre de manière synodale au sein de
leur congrégation. Ce qu'il veut dire, c'est que

154 Idem.

155 Idem.

156
Pape FRANÇOIS, sermon à l'ouverture du Synode des Évêques le 10 octobre
2021.

62

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Ils doivent gérer les différences entre les membres en termes d'âge et d'origine
de manière à ce que les relations fraternelles puissent se développer et que se
crée une communauté capable de travailler ensemble de manière familiale. «
Ne fuyez pas vers d’autres congrégations parce que vous ne pouvez pas
supporter la vôtre. C'est une manière concrète pour vous de vivre la synodalité
[...]. »157 La condition préalable à cela est la soumission à l'Esprit Saint.

Le 2 décembre 2021, le pape François rencontrera des prêtres, des religieux,


des diacres, des catéchistes, des associations ecclésiastiques et des associations
à la cathédrale maronite Notre-Dame de Grâce de Nicosie. Il leur résume ce
que devrait être le processus synodal de l’Église universelle : la prière et
l’écoute pour rendre l’Église obéissante à Dieu et ouverte aux hommes.158

Lors de la conférence de presse sur le vol de retour de son voyage vers la Grèce
et Chypre le 6 décembre 2021, il explique le sens de la synodalité comme
dynamique de la différence entre clergé et laïcs au sein de l'unique peuple de
Dieu. Cela nécessite une écoute mutuelle intensive. 159

Le 3 décembre 2021, le Saint-Père prendra la parole à la cathédrale orthodoxe


de Nicosie lors de la rencontre avec les évêques du Saint-Synode de l'Église de
Chypre au cours de son voyage apostolique à Chypre et en Grèce. Il parle de la
manière correcte d'annoncer l'Évangile et présente comme exemple éloquent
Barnabas, dont le surnom (Barnabas) signifie à la fois « fils de consolation » et «
fils d'avertissement ». Les deux sont nécessaires à l’annonce de l’Évangile : la
vérité et l’amour. Et la mise en œuvre des deux fonctions uniquement en
communauté, et pour cela la redécouverte de la dimension synodale de l'Église
est nécessaire, pour laquelle un échange œcuménique est nécessaire.

utile aux églises orthodoxes. 160

Dans son discours de Noël, le pape François a inculqué aux cardinaux réunis
l'attitude d'humilité que Dieu lui-même a pratiquée au plus haut degré dans
son incarnation. humilité

157 Pape FRANÇOIS, Discours aux participantes au Chapitre Général des Filles

Marie Auxiliatrice, le 22 octobre 2021. 158 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux
prêtres, religieux, diacres, catéchistes,

associations et associations ecclésiales le 2 décembre 2021. 159 Cf. Pape


FRANÇOIS, réponse lors de la conférence de presse sur le vol de retour de
l'Apostolique

voyage français en Grèce et à Chypre le 6 décembre 2021.

160 Cf. Pape FRANÇOIS, discours lors de la réunion avec le Saint-Synode de


l'Église orthodoxe de Chypre le 3 décembre 2021.
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

63

et la modestie sont également des conditions préalables nécessaires au


processus synodal, qui doit aider chacun, clergé et laïcs, à se considérer comme
membres du peuple de Dieu. La synodalité est un style auquel les membres de
la Curie romaine doivent se convertir.161

Lors de la messe de Noël du 24 décembre 2021, il parle à nouveau de « l'Église


synodale ». Elle devrait prendre l'exemple des Mages et se rendre à Bethléem
pour adorer. Il parle du fait que l'Église doit retourner à ses origines : l'essence
de la foi, au premier amour, au culte et à la charité. »162 Ici aussi, il souligne
que l'Église ne peut devenir une communauté humaine féconde (incarnation
horizontale) qu'en reconnaissant la primauté de Dieu (incarnation verticale).

2.1.10 ... en 2022 : Synodalité, liturgie et droit

Le pape François appelle les membres d'une délégation de l'Action catholique


France le 13 janvier 2022 à participer activement au processus synodal de
l'Église universelle. Il nous rappelle que la synodalité ne doit pas être comprise
comme une sorte de processus parlementaire. La synodalité fait partie de la
nature de l’Église et n’est pas un ajout qui peut être accepté ou rejeté de temps
en temps.

« La synodalité n’est pas non plus la recherche du consensus de la majorité.


C’est ce que fait un parlement, comme on le fait en politique. Ce n'est pas un
plan, ce n'est pas un programme à mettre en œuvre. C'est un style à adopter
dans lequel l'acteur principal est l'Esprit Saint, exprimé avant tout dans la
Parole de Dieu lue, méditée, partagée ensemble. »163

Il précise ainsi que la synodalité est une question de pratique ecclésiale et qu'il
faut donner la primauté à la Parole de Dieu, et donc à la dimension verticale.

Le 27 janvier 2022, le pape François parlera de la synodalité dans le système


judiciaire à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire de la Rote romaine.
Cela s'exprime, notamment dans les processus de mariage, par le fait que
toutes les personnes impliquées n'ont qu'un seul intérêt, à savoir la vérité.

161 Pape FRANÇOIS, discours lors de la réception de Noël de la Curie romaine


le 23 décembre 2021.

162 Pape FRANÇOIS, sermon à la messe de Noël du 24 décembre 2021.

163 Pape FRANÇOIS, discours à la délégation de l'Action catholique française

le 13 janvier 2022.

64

signifie découvrir. Pour réaliser cette « unité de but » (en référence à Pie est
une expression de la synodalité, qui est devenue libératrice
Dans son discours aux participants à l'assemblée générale de la Congrégation
pour les Églises orientales du 18 février 2022, le Saint-Père met en garde contre
une compréhension du processus synodal comme un parlement. Le Saint-Esprit
est constitutif de la synodalité contrairement aux processus laïques de
formation d’opinion et de prise de décision. Il compare le processus synodal à
l'assemblée liturgique dans laquelle la manière d'agir n'est pas influencée par
les changements d'opinions et les analyses sociologiques nécessaires mais par
« la parole et l'esprit du Ressuscité ».

Dans le discours aux membres de la Commission pontificale pour la protection


des mineurs du 29 avril 2022, le Saint-Père appelle à l'aide et à la supervision
des conférences épiscopales afin qu'elles puissent fournir des instruments
utiles pour l'accompagnement des victimes d'abus, pour la protection des les
enfants et les jeunes et pour le traitement équitable des auteurs d’abus. Le
pape François décrit cette obligation de la Commission de protection de
l'enfance comme une sorte d'autorité de contrôle à l'égard des conférences
épiscopales comme une expression du caractère synodal de l'Église.

2.2 Résumé et évaluation des déclarations papales sur la synodalité de l'Église

2.2.1 La synodalité comme fil conducteur du pontificat

Pour analyser la compréhension de la synodalité du pape François, tous les


documents pertinents de son pontificat jusqu'au 21 mai 2022, y compris le
discours du pré-conclave et son livre "Osez rêver !", ont été évalués.

164 Cf. Pape Fans, discours d'ouverture de l'année du jugement des Romains

Rotation du 27 janvier 2022


165 Pape FRANÇOIS, discours aux participants à l'assemblée plénière de la
Congrégation pour les Églises orientales du 18 février 2022

166 Voir Pape FRANÇOIS, discours aux membres de la Commission pontificale


pour la protection des mineurs, le 29 avril 2022.

167 Toutes les encycliques, exhortations apostoliques, exhortations


apostoliques post-synodales, Motu Proprien, lettres sélectionnées
(ecclésiastiques, à usage général/destinataire), toutes

65

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

il parle du thème de la synodalité six fois par an. Les années 2019 et 2021 sont
frappantes, au cours desquelles il parle respectivement de onze et treize fois de
la synodalité. En 2019, le chemin synodal a été annoncé en Allemagne et en
2021, il a ouvert le processus synodal mondial pour la mise en œuvre du
Synode des évêques en 2023. Pour la première fois, il a parlé explicitement de
la « synodalité » lors de la réunion avec la délégation de l'Église œcuménique.
Patriarcat de Constantinople le 28 juin 2013. Il s'agit d'un signal œcuménique
selon lequel la primauté dans l'Église catholique romaine ne doit pas être
considérée indépendamment de la synodalité. Dans l'exhortation apostolique
ultérieure Evangelii Gaudium, il parle - ainsi que déjà esquissé dans le discours
au pré-conclave - de nombreux aspects de sa compréhension de la synodalité
sans les nommer comme tels. Il se préoccupe de l'évangélisation, de la
parrhesia, de la franchise dans la parole, de l'humilité dans l'écoute, des
bergers qui écoutent le peuple de Dieu et servent avec lui son annonce de la
sanctification du peuple de Dieu. Plus tard, il résumera tout cela sous le terme
de synodalité. Lors de la célébration du 50e anniversaire du Synode des
évêques en octobre 2015, il parle pour la première fois de « l'Église synodale »,
qui , cependant, n'introduit pas une nouvelle catégorie ecclésiologique, mais
doit être compris comme une forme abrégée de « l'Église qui met en œuvre la
synodalité ».

Qu’entend le pape François par synodalité ? Pour lui, il s’agit d’une manière
d’être Église basée sur le comportement communautaire de la première
communauté et qui a été récemment exigée par le Concile Vatican II. Il s'agit du
style, de la manière de traduire ce qu'est l'Église dans la réalité. Il est convaincu
que la volonté de Dieu est que la synodalité soit vécue plus intensément dans
l'Église en ce troisième millénaire.

Trois formes de synodalité peuvent être distinguées : la synodalité liée à la


direction de l'Église, la synodalité liée à la pastorale, la synodalité liée à la vie
des croyants et de tous. Il est également possible de distinguer la mise en
œuvre structurelle et culturelle de la synodalité dans l'Église.

2.2.2 Synodalité de la direction de l'Église ou synodalité hiérarchique

En ce qui concerne la direction de l'Église, la synodalité comprend toutes les


formes de coopération, d'échange et de consultation entre les évêques, les
fonctionnaires à plein temps et les autorités. L'autorité du Me-

Discours et catéchèses sélectionnées pour le grand public (série de catéchèses


au contenu approprié), soit un total de 1.514 documents, dont 48 pertinents.
66

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

Les trophées sont tout aussi possibles pour la mise en œuvre de la synodalité
que la création du conseil consultatif pontifical composé de huit cardinaux de
l'Église universelle. Les réunions régulières des dirigeants du dicastère au
Vatican sont également des exemples d'objectifs de leadership synodal. Il s’agit
de relations mutuelles, notamment entre le Siège Apostolique et les évêques
de l’Église universelle. Les évêques locaux doivent également entretenir des
échanges animés, des consultations mutuelles et une coopération entre eux ; il
en va de même pour les prêtres d'un diocèse. Pour lui, la collégialité est la
forme spécifique sous laquelle s’exprime la synodalité. Et la collégialité se
réalise dans la communion des Églises particulières. La synodalité n'abolit pas la
hiérarchie, mais lui permet plutôt de retrouver le caractère de service qui lui
est propre.

2.2.3 Synodalité pastorale ou synodalité pastorale

L'idée du Peuple de Dieu du Concile Vatican II et la doctrine du sens de la foi


des croyants (LG 12), dans laquelle est ancrée l'infaillibilité du Pape, ajoutent
une idée supplémentaire importante, peut-être la plus importante pour
François. On pourrait la qualifier de synodalité de pastorale. Les bergers, c'est-
à-dire les authentiques gardiens de la foi et de la doctrine, doivent être à
l'écoute du peuple de Dieu, ensemble ils doivent écouter l'Esprit Saint. Les
pasteurs et les théologiens sont appelés à entreprendre un acte ecclésial de
discernement afin de réinterpréter finalement une partie de l'enseignement de
l'Église pour aujourd'hui. Pour cela, ainsi que pour la synodalité de direction, il
convient d'utiliser les structures existantes : au niveau de l'Église universelle, le
synode des évêques, au niveau entre l'Église universelle et les Églises
particulières, les conférences épiscopales, au niveau au niveau des églises
particulières, du conseil des prêtres, etc. Collège des consulteurs, chapitre
cathédral et conseil pastoral et, au niveau paroissial, les conseils. Il ne
s'intéresse pas à ce que les laïcs soient toujours activement impliqués, mais
plutôt à ce que toutes les personnes impliquées sachent comment et ce que
pensent les croyants ordinaires.

2.2.4 La synodalité de vie, une question de style

Une troisième forme de compréhension de la synodalité par le pape François


peut être appelée une compréhension générale de la synodalité pour la vie.

168 Le pape FRANÇOIS appelle à de telles réunions régulières dans sa


Constitution apostolique « Praedicate Evangelium » du 19 mars 2022, article
10, mais sans plus d'informations sur le format et la fréquence.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DE PAPOT FRANCIS SUR LA SYNODALITÉ

67

les croyants et même tous les gens comprennent. Ce qui l’intéresse, c’est de
comprendre que les humains, et plus encore les croyants, sont des êtres
sociaux. Le style synodal consiste alors à cultiver la communion fraternelle, à
s'écouter les uns les autres et à écouter ensemble l'Esprit Saint. Tout le monde
doit être valorisé et personne ne doit être exclu. Dans son livre « Osez rêver ! »,
il suggère également ce style pour les processus laïques car il permet de
maintenir l'unité d'une communauté malgré les différences existantes.

2.2.5 La synodalité mal comprise : interprétations erronées et malentendus Il


est frappant de constater qu'au cours des huit années de son pontificat, le
Saint-Père met de plus en plus en garde contre les interprétations erronées et
les malentendus de la synodalité ainsi que contre les tentations des acteurs des
processus synodaux. Les interprétations erronées et les malentendus sur la
synodalité consistent généralement à retirer le Saint-Esprit en tant qu'acteur
principal du processus synodal. En revanche, le pape François a déclaré à
plusieurs reprises qu’un synode n’est pas un parlement et ne devrait pas se
dérouler comme un consensus laïc ou même comme un processus de
recherche de compromis. À un moment donné, il parle également d'une
interprétation erronée, caractérisée par le rejet du processus synodal comme
une forme de vie communautaire non contraignante et plus ou moins
pertinente (image d'enfants se tenant la main). Les tentations des acteurs
individuels sont également liées au fait de négliger le Saint-Esprit en tant
qu’acteur principal du processus. Par exemple, il parle de la tentation d'être
doctrinalement fermé, de la tentation d'être un bienfaiteur superficiel, de la
tentation de succomber à l'air du temps, de la tentation de négliger la doctrine
de l'Église ou de la tentation seulement partiellement percevoir la réalité. Un
mal contre lequel il s’oppose à la synodalité est le cléricalisme. Il s'agit d'une
fausse compréhension du pouvoir et d'un isolement du peuple de Dieu et n'est
donc pas propre aux « clercs ».

2.2.6 Synodalité et doctrine

Le Saint-Père souligne à plusieurs reprises dans ses discours que les processus
synodaux au sein de l'Église ont un système de coordonnées clair.
169

Voir Pape FRANÇOIS, Ma vie, mon chemin, 121 f, où il rend compte de la «


culture de la rencontre » qu'il a proposée à la politique et à la société
argentines avec une compréhension générale de la synodalité comme solution
à leur fragmentation. Ibid., 126 : " Vous devriez avoir des dialogues, avoir des
dialogues, avoir des dialogues [...]."

68

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ

doit avoir : La verticale est donnée dans une seule direction en relation avec
Jésus-Christ. Elle est conservée en fidélité à sa tradition, qui est conservée dans
l'église par les apôtres avec Pierre en tête et leurs successeurs avec le Pape en
tête (cf. l'image de la pyramide inversée dans le discours à l'occasion du 50ème
anniversaire de la création du Synode des Évêques le 17 octobre 2015, voir
note 78 ci-dessus). L’autre direction de la verticale montre le but de l’Église : la
communauté éternelle du Dieu trinitaire. Par l’œuvre du Saint-Esprit, l’action
synodale de l’Église est déjà liée à cette communauté. L'accent mis sur l'Esprit
Saint en tant qu'acteur des processus synodaux se retrouve dans presque
toutes les déclarations synodales du Saint-Père, et il formule à plusieurs
reprises les conditions préalables qui doivent être présentes pour cela :
courage apostolique, audace, humilité, prière et protection. , décor d'église.
L'horizontale relie les synodes à l'Église de tous les lieux et de toutes les
époques. Dans la lettre aux pèlerins d'Allemagne du 29 juin 2019, il met
particulièrement l'accent sur le concept de sensus ecclesiae, qui garantit
l'intégration de l'Église dans la communion en tant que corps du Christ,
constitué dans et à partir d'Églises particulières. Ceci est souligné par Walter
Kasper, qui déclare de manière presque apodictique à propos de la relation
entre synodalité et doctrine dans sa contribution commémorative au cardinal
Koch :

« Le pape n'a aucunement l'intention de mettre de côté l'enseignement de


l'Église et les commandements de Dieu, les considérant comme insignifiants,
comme le craignent certains au sein de l'Église catholique. Il n’est pas intéressé
par le christianisme à prix réduit. Il veut faire briller dans son contexte
intérieur, dans sa beauté originelle et dans son attrait et le parfum de l'Évangile
redistribué l'Évangile entier et complet (EG 237), qui est annoncé dans l'Église,
cru et témoigné dans la vie (EG 237). 34 ; 39). Il veut montrer que la foi n'est
pas une lagune fade, mais une source toujours fraîche et rafraîchissante (EG 11)
et une vérité qui ne se démode jamais (EG 265)."170

2.2.7 Synodalité puisée aux sources

Les sources de sa compréhension du Nouveau Testament sont principalement


l'histoire d'Emmaüs (Luc 24 :13-33), la description de la première communauté
de Jérusalem (Actes 2 :42) et le Conseil des Apôtres (Actes 15 et Gal 2 :1). -10),
la compréhension de la primauté, qui inclut l'autorité enseignante suprême du
successeur de Pierre (Pastor aeternus, Chapitre IV ; LG 22), le

170 KASPER, La vision œcuménique du pape François, 25.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

69
Idée Peuple-Dieu du Concile Vatican II (LG 9-14), en particulier la doctrine du
sens de la foi des croyants (LG 12), le concept de communauté hiérarchique et
de collégialité des évêques 171 (LG 22 et 23 ), la charge pastorale des évêques
(LG 27), la conception des signes des temps (GS 4; 11) et la conception de
l'évangélisation du Pape Paul VI. Du point de vue théologique, il convient de
mentionner : la doctrine des contraires de Romano Guardini (1885-1968), 172
la compréhension de la réforme par Yves Congar (1904-1995), 173 la
description de la mondanité spirituelle par Henri de Lubac (1896). -1991), 174
Michel de Certeau (1925-1986) et à travers lui surtout Peter Faber (1506-1546)
et Jean-Joseph Surin (1600-1665).175 On retrouve aussi des idées du
romantisme démocratique du XIXe siècle en Argentine, qui se reflètent dans un
poème de José Hernández intitulé Martín Fierro16 décrit comme une épopée
nationale et dans d'autres classiques de l'art et de la littérature comme
Manzoni, Dostoïevski et Hopkins. 177

2.2.8 L'« Église synodale »

François parle à plusieurs reprises de « l'Église synodale ».178 Il s'agit d'une


nouvelle formulation du magistère de l'Église. Dans l'actuel

171 Cf. aussi la distinction entre collégialité affective et effective, entre attitude
collégiale et exercice concret en différentes étapes, que JEAN-PAUL II dans son
exhortation apostolique post-synodale "Pastores gregis", 8, dans
l'interprétation de Lumen gentium 22 s. a réalisé.

172 Voir la thèse « L'opposé comme structure de la pensée quotidienne et de


l'annonce chrétienne » commencée par Jorge BERGOGLIO en 1986, dans
laquelle Romano Guardini avec son œuvre « Le Contraste. Tentatives pour une
philosophie du vivant et du concret, Mayence 1925 » a été le focus, cf. BAUER,
From Have to Being, 52, note 71, mais sans citer de sources ; voir aussi à ce
sujet
KASPER, Pape François, 31 f. 173 Cf. Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu
en pèlerinage en Allemagne du 29 juin 2019, n° 3, note 9.

174 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique "Evangelii gaudium", n° 93-


97 ; cf. précédemment, même avec la mention d'Henri de Lubac dans le texte
lui-même, le pape FRANÇOIS, adresse aux représentants pontificaux les jours
de prière et la réflexion sur l'Année de la foi du 21 juin 2013, n° 3.

175 Voir BOGNER, Formative Influence, 21-24. 176 Voir Pape FRANÇOIS, Ma
vie, mon chemin, 202 : « Je voudrais vous inviter à reprendre le poème. Ne le
faites pas par intérêt purement littéraire, mais écoutez plutôt la sagesse de
notre peuple, qui a pris forme dans cette œuvre unique. Vous constaterez
qu'au-delà des mots, au-delà des actes, un certain sentiment perdure en nous :
le désir de tourner le bras autour de chaque injustice et de chaque mensonge
et de continuer à travailler sur une histoire de solidarité et de fraternité, sur un
terrain commun, sur qui peuvent tous grandir à la manière humaine. »

177 Cf. KASPER, Pape François, 27 et 31.

178 Voir note 77 ci-dessus ; voir aussi COMMISSION THÉOLOGIQUE


INTERNATIONALE, Synodalité dans la vie et la mission de l'Église, n° 5, 11, n° 9,
14, n° 10, 15, n° 57, 50,

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA SYNODALITÉ


On ne le trouve pas dans la version 70 du recueil des croyances et des décisions
doctrinales de l'Église. 179 La question se pose de savoir quelle qualité le pape
François donne à cette expression. On est enclin à y voir une alternative à
l'expression « Église hiérarchique », voire une caractéristique supplémentaire
(nota) de l'Église. Andreas Batlogg SJ écrit un article Église suite à «
l'introduction » du terme par le pape François en octobre 2015. » pour les voix
de l'époque. L'article sur « l'Église synodale » se limite ensuite à une analyse de
la compréhension de la synodalité par le pape François, telle que nous l'avons
présentée ici plus en détail. La nouveauté de la déclaration n'est pas expliquée
plus en détail. Une nécessité, Batlogg n’en tire pas l’idée de changer
l’ecclésiologie.180 Dans la Quaestio disputata (2020) éditée par Markus
Graulich et Johanna Rahner, qui discute du document de la Commission
théologique internationale sur la synodalité dans l’Église, la formulation n’est
pas spécifiquement éditée.181 Avec l’expression « Église synodale », le pape
François ne veut pas ajouter une cinquième aux quatre notae ecclesiae de
l’Église une, sainte, catholique et apostolique, comme si l’Église avait une
structure constitutionnelle synodale. . Il ressort plutôt clairement de ses
déclarations qu’il parle de l’Église qui vit et travaille de manière synodale. Cela
inclut : l’ouverture, l’écoute, la rencontre, la discrimination. Il s’agit du style
avec lequel l’Église hiérarchiquement constituée proclame la parole de Dieu et
œuvre dans le monde, et surtout pour le monde. La synodalité est une attitude
qui correspond à l'essence de l'Église fondée sur la Trinité. Mais il ne s’agit pas
de leur être, mais de leurs actions. François parle aussi d’Église diaconale ou
missionnaire.

3. Implications œcuméniques de l’accent mis par le pape François sur la


synodalité

3.1 L'œcuménisme avec l'orthodoxie à la lumière de la synodalité

Depuis 1998, Jorge Bergoglio, comme archevêque de Buenos Aires, est


également évêque des fidèles catholiques de rite oriental.
N° 67, 56, n° 68, 57, n° 109, 88.

179 Cf. DENZINGER, Compendium des Credos et Doctrines de l'Église

divorces.

180 Cf. BATLOGG, Église synodale, 73-74.

181 Voir GRAULICH, RAHNER (éd.), Synodalité dans l'Église catholique.

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