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Droit Constitutionnel 2023 2024 Octobre 2023
Droit Constitutionnel 2023 2024 Octobre 2023
CONSTITUTIONNEL 1
Théorie générale
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Cours du professeur Martin BLEOU
Professeur titulaire des Universités
(année universitaire 2023-2024)
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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
(en ce qui concerne la théorie générale du droit constitutionnel, c’est-à-dire les
données de base et les régimes politiques)
II- MANUELS
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IV- REVUES
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INTRODUCTION GENERALE
La vie en société n’est possible et n’a de sens que si elle procure l’ordre, la
justice et la paix. A cette fin, elle est régie par toutes sortes de règles dont les lois de
la religion ou de la morale, auxquelles s’ajoutent les règles de droit. Celles-ci se
définissent comme un « ensemble de préceptes de conduite obligatoires, établis par
les hommes et pour les hommes vivant en société, et destinés à faire régner, dans
les relations sociales, l’ordre et la justice, et dont l’application peut être obtenue, le
cas échéant, par la contrainte » (Carré de Malberg). C’est dire que là où vit un seul
individu, il ne peut y avoir de droit ; le droit robinsonien n’existe donc pas.
En tant que phénomène social ou sociétal, le droit, en ses différentes parties,
régit tous les secteurs de la vie sociale. Il en va ainsi, par exemple, du droit civil qui
régit, entre autres, les personnes, les biens, la famille, et qui est donné comme le
droit commun dans le domaine du droit privé ; du droit commercial, applicable aux
activités de commerce ; du droit pénal, qui définit les infractions et les sanctions qui
leur sont applicables ; du droit administratif, qui est l’ensemble des règles
spécifiques qui, par dérogation au droit privé, s’appliquent aux personnes publiques,
dans le cadre de l’organisation et du fonctionnement des services publics, sauf
lorsqu’elles se placent dans les mailles du droit privé ou « s’habillent en civil » ; c’est
donc le droit commun de l’Administration.
Qu’est-ce, alors, que le droit constitutionnel, à côté de ces différentes
disciplines ?
Le droit constitutionnel a la particularité d’être l’ensemble des règles juridiques
régissant le pouvoir politique, pouvoir suprême, dont l’Etat est le titulaire. En d’autres
termes, et selon la formule du professeur André Hauriou, le droit constitutionnel se
présente comme « l’encadrement juridique des phénomènes politiques » (Droit
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Constitutionne l). Il tire sa source de la Constitution qui est l’acte fondateur de l’Etat,
l’acte qui crée l’Etat, au sens où elle le fait passer du stade d’élément de fait au stade
de sujet de droit en l’organisant, en lui donnant forme (Carré de Malberg ; Francis
Wodié). Ainsi, le droit constitutionnel détermine le statut du pouvoir politique en le
soumettant à des règles de droit ; celles-ci se rapportent à la conquête du pouvoir, à
l’exercice du pouvoir, à la transmission du pouvoir. Il suit de là que l’Etat, puissance
publique par excellence, est soumis au droit ; les organes dont il est doté par le droit,
à savoir les gouvernants, au moyen desquels il décide et agit en tant que personne
morale, c’est-à-dire « sujet de droit fictif » (Gérard Cornu et autres : Vocabulaire
juridique), sont soumis au droit. Ils sont tenus à l’obligation d’agir conformément au
droit, et singulièrement de respecter les droits et libertés reconnus aux citoyens ou,
d’une manière générale, aux individus par la Constitution. C’est en cela que le droit
constitutionnel apparaît, selon la formule d’André Hauriou comme la conciliation de
l’autorité et de la liberté ; c’est que le droit constitutionnel fait cohabiter dans le même
espace ces deux éléments qui semblent s’exclure : il donne à l’autorité les moyens
de son action tout en l’encadrant, tout en le canalisant aux fins d’assurer la garantie
de la liberté.
Il résulte de ce qui précède que le droit constitutionnel est la discipline juridique
qui soumet l’Etat au droit ; l’Etat, qui possède le pouvoir suprême, est lié par le
droit. Ainsi, le droit constitutionnel consacre le règne, la suprématie du droit. Il
consacre donc ce qu’on appelle l’Etat de droit – système dans lequel l’Etat est
organisé par le droit et fonctionne sur la base du droit (Francis Wodié) – qui
s’oppose à l’Etat de police, dans lequel les autorités, agissant au nom de l’Etat, n’ont
de limites qu’en elles-mêmes (Prosper Weil).
Les lignes, qui précèdent, donnent de voir que le droit constitutionnel occupe
une place particulière dans le monde du droit, à deux points de vue.
Au premier point de vue, d’abord : les disciplines juridiques sont réparties en
deux grandes branches : droit public et droit privé ; c’est la summa divisio, la division
fondamentale.
Le droit public est donné comme le droit de l’Etat, c’est-à-dire le droit applicable
aux rapports dans lesquels se trouve impliquée une personne publique ; c’est un
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droit de commandement, et par conséquent un droit d’inégalité ; sa méthode est celle
de l’acte unilatéral, acte procédant d’une seule volonté et s’imposant à ses
destinataires ou adressataires sans que leur consentement ait été préalablement
requis.
Le droit privé, au contraire, est le droit dans l’Etat ; c’est le droit applicable aux
personnes privées dans leurs rapports mutuels ; c’est un droit d’égalité ; pour cela il
repose sur le consensualisme ; la technique qu’il utilise est l’accord des volontés, le
contrat.
A l’évidence, le droit constitutionnel apparaît comme appartenant au droit public
par cela seul qu’il est le droit du pouvoir politique. Sa spécificité tient à ceci qu’à
l’intérieur du droit public, il est la discipline qui soumet le pouvoir politique au droit.
Par son objet, le droit constitutionnel s’affirme comme occupant, dans la sphère du
droit, une position particulière.
Au second point de vue, le droit constitutionnel s’offre comme la matière de
base du droit, de tout le droit, qu’il s’agisse du droit public ou du droit privé, en ce
que, jetant les bases de l’Etat, il crée le droit. Ainsi, tout ce qui se réalise à l’intérieur
de l’Etat prend sa source dans la Constitution, donc dans le droit constitutionnel. Il en
va ainsi tant du droit public que du droit privé. Ainsi, d’une manière ou d’une autre, le
droit public et le droit privé ont des bases constitutionnelles.
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On le voit, une telle approche est coupée des réalités. Or, celles-ci peuvent être
respectueuses des règles posées ou les contredire ; elles peuvent épauler les règles
ou s’en affranchir en les déformant, en les violant. Dans ces conditions, s’en tenir aux
seules règles, c’est s’interdire d’avoir une vue complète de l’espace politique ; c’est
s’interdire de saisir la place et la valeur des institutions et des règles dans l’ordre
social ; c’est donc avoir une vue tronquée de l’objet d’étude. C’est dire combien il est
important d’intégrer ou de joindre ces réalités à l’étude des règles juridiques et des
institutions constitutionnelles. C’est la raison pour laquelle l’enseignement du droit
constitutionnel s’enrichit du secours de la science politique. On comprend, dès lors,
que les ouvrages de droit constitutionnel fassent, tous, une place de choix à la
science politique qui s’attache à l’étude et à l’analyse des phénomènes politiques,
c’est-à-dire aux réalités de la vie politique qui sont, certes, le fait des acteurs
constitutionnels, mais aussi celui des forces sociales non publiques : les partis et
groupements politiques, les syndicats, les organisations non gouvernementales, les
groupes de pression…
Le champ ainsi balisé, les conditions sont réunies pour l’étude du droit
constitutionnel dont la première partie sera consacrée à la théorie générale, la
deuxième partie devant s’attacher à l’étude spécifique du droit constitutionnel
ivoirien.
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PREMIERE PARTIE : THEORIE GENERALE DU DROIT CONSTITUTIONNEL
L’Etat apparaît, avant tout, comme un produit de l’histoire. Mais, du point de vue
juridique, l’Etat se définit comme une entité ayant la personnalité morale et
présentant des rapports plus ou moins étroits avec ce qu’on appelle la nation.
L’Etat est, en tout lieu, un produit de l’histoire ; cette affirmation est vraie pour
tous les Etats. Car, en tant que structure organisée, l’Etat n’est pas un donné
naturel ; il est l’œuvre des hommes qui l’ont établi à un moment donné de leur
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histoire ; il est de l’ordre du construit ; l’Etat est donc une institution, en tant qu’il est
une création de la volonté humaine pour répondre à un but social ; l’Etat s’oppose
par là même à une création naturelle ou à un donné naturel.
Du point de vue juridique, l’Etat est une personne morale, c’est-à-dire un être
fictif auquel sont attribués des droits, mais qui est également soumis à des
obligations. L'Etat a la personnalité juridique, comme les personnes physiques. Ce
qui veut dire que l’Etat est un sujet de droit, qui peut agir au sens où il peut prendre
des décisions, entretenir des rapports avec les autres sujets de droit, ou ester en
justice… Mais, l’Etat est substantiellement différent des autres personnes, car les
droits de l’Etat sont supérieurs à ceux dont jouissent les autres personnes. Il en est
ainsi parce que l’Etat possède le pouvoir politique qui est le pouvoir suprême. L’Etat
est donc l’institution qui possède le pouvoir politique, et c’est au nom de l’Etat que le
pouvoir s’exerce. C’est la raison pour laquelle le professeur Georges Burdeau
enseigne que « l’Etat est le pouvoir institutionnalisé. »
L’Etat, ainsi compris, a des prérogatives que n’ont pas les autres personnes,
car l’Etat est au-dessus de toutes les autres personnes à l’intérieur de ses frontières.
C’est dire que l’Etat est la personne morale de droit public par excellence, en tant
qu’il est le titulaire du pouvoir suprême.
L’Etat, tel que présenté, est donné par certains auteurs, tels Maurice Hauriou ou
Carré de Malberg, comme la personnification de la nation. Ce qui veut dire que pour
ces auteurs l’Etat est le produit de la nation, la nation étant le corps social parvenu à
une unité certaine à travers le temps et s’organisant volontairement sous la forme
étatique. Pour ces auteurs, donc, la nation est à l’origine de l’Etat, et l’Etat est la
nation élevée à la dignité de sujet de droit. Mais, qu’est-ce que la nation ? Ici, la nation
se définit comme une âme, un principe spirituel, une conscience morale, un vouloir-
vivre collectif (Ernest Renan). La nation est ainsi une « communauté de conscience,
de civilisation, qui s’est créée au cours d’une longue histoire commune de laquelle il
est résulté une unité de langue, renforcée, dans certains cas, d’une unité de
religion » (Carré de Malberg).
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Il est, certes, vrai qu’il existe des rapports entre l’Etat et la nation, mais, le
propos mérite d’être nuancé : certes, les Etats européens, dans leur quasi-totalité,
ont été créés à partir d’une volonté nationale ; la nation est, dans ce cas, antérieure à
l’Etat. La nation, ici, précède l’Etat, et l’Etat procède de la nation ; ainsi, l’on peut dire
que la nation est productrice d’Etat.
Il en va différemment d’autres Etats, notamment des Etats africains,
anciennement colonisés. Ces Etats ont été, pour la plupart, créés ex nihilo par les
anciennes puissances coloniales qui en ont déterminé et tracé les frontières en
tenant compte essentiellement des besoins de l’entreprise coloniale. De tels Etats,
rassemblant des peuples divers, et parfois désunis, ne peuvent être considérés
comme formant une nation. A l’évidence, ces Etats précèdent la nation, et pour qu’ils
se consolident et perdurent, ils doivent s’assigner l’obligation de construire la nation,
une nation détribalisée, époutiée de tout relent tribal.
On retiendra également l’exemple de la Palestine qui est incontestablement une
nation, disséminée à travers le monde, mais non encore parvenue à se constituer
sous la forme étatique. On peut mentionner également l’exemple d’Israël qui n’est
parvenu à se constituer en Etat que depuis 1948, alors même que la nation juive
existe depuis des temps immémoriaux parce que depuis les temps bibliques. Il suit
de là que l’Etat et la nation ne coïncident pas toujours. Ils peuvent coïncider ou se
disjoindre.
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Paragraphe premier : L’élément charnel : la population
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Le peuple, au contraire, est une notion juridique et politique : il est une partie
seulement de la population ; plus précisément, le peuple est l’ensemble des
nationaux qui constitue le corps politique, ou l’ensemble des citoyens ayant la
propriété du pouvoir politique en régime démocratique ; en d’autres termes, le
peuple, c’est l’universalité des citoyens ; le peuple, ainsi entendu, est investi de droits
politiques, tels le droit de désigner les gouvernants ou le droit d’exercer directement
le pouvoir politique par la voie du référendum…
Enfin, en régime démocratique, le peuple, c’est le titulaire du pouvoir politique.
Le territoire est l’un des éléments qui permettent au corps social de réaliser son
unité. C’est en ce sens que Maurice Hauriou a pu écrire que l’Etat est une formation
territoriale.
Le territoire présente une importance telle qu’il est impossible d’imaginer un
Etat qui n’ait pas d’assise territoriale. Le territoire est donc indispensable à
l’avènement et à la vie de l’Etat, car c’est au moyen du territoire que l’Etat peut
affirmer son indépendance ; c’est, également, au moyen du territoire que l’Etat va
pouvoir imposer sa propre puissance et repousser éventuellement l’intervention de
toute puissance étrangère (Carré de Malberg).
Le territoire, ainsi compris, est constitué de deux ou trois éléments, selon la
position géographique de l’Etat : il y a, d’abord, le territoire terrestre.
Il y a, ensuite, la couche atmosphérique qui surplombe le territoire terrestre,
c’est-à-dire qui est située au-dessus du sol. Son survol est autorisé pour les avions
civils étrangers en temps de paix, en vertu de la convention de Chicago, signée le 7
décembre 1944. Ces deux composantes se retrouvent dans le territoire de tout Etat.
Il y a, enfin, une troisième composante du territoire, que possèdent les seuls
Etats ayant un débouché sur la mer. Cette troisième composante est constituée des
portions de mer qui baignent les côtes ; cet espace s’appelle la mer territoriale. C’est
dire que les Etats enclavés, tels le Mali, le Burkina Faso ou le Niger n’en possèdent
pas.
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Paragraphe 3 : L’élément politique : la souveraineté
La question à examiner ici est celle des fonctions incombant à l’Etat, à tout Etat.
L’Etat, quel qu’il soit, assume deux types de fonctions : d’une part, des
fonctions politiques et, d’autre part, des fonctions juridiques.
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d’Etats ; on comprend également qu’à l’intérieur de l’Etat ces fonctions évoluent à
travers le temps. On peut distinguer, à cet égard, d’après les données de l’histoire,
trois types de fonctions politiques au regard de l’intensité de la mission que l’Etat
s’assigne.
A- L’Etat-gendarme
B- L’Etat-providence
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déficitaires afin de prévenir des troubles socio-économiques. L’Etat est allé même
au-delà des aides et secours en procédant, dans certains cas, à des nationalisations,
lesquelles consistent à transférer à la collectivité étatique la propriété de certains
biens de production jugés vitaux pour la vie de la nation.
C- L’Etat interventionniste
A- La fonction législative
Cette fonction consiste dans la production ou l’édiction des lois qui sont des
règles de caractère général et impersonnel, destinées à régir la société étatique.
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Cette fonction est confiée, dans l’Etat, à un Parlement, et le Parlement est soit
monocaméral soit bicaméral selon les Etats. Son œuvre législative consiste à poser,
en règle générale, les principes, sans descendre dans les règles de détail, lesquelles
ressortissent à l’exécution de la loi.
B- La fonction exécutive
C- La fonction juridictionnelle
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est organisé différemment selon les Etats ou les groupes d’Etats : dans certains
Etats, c’est l’unité de juridictions ou le monisme juridictionnel qui a été retenu ; dans
un tel système, les mêmes juges sont compétents, sauf exceptions, pour connaître
de toutes les affaires. Ce système avait été retenu par la Côte d’Ivoire jusqu’à la
révision constitutionnelle du 2 juillet 1998 ; ce système est en vigueur dans quelques
Etats africains et dans la totalité des Etats anglo-saxons.
Dans d’autres Etats, au contraire, le système juridictionnel retenu est la dualité
de juridictions ou le dualisme juridictionnel ; le propre de ce système consiste en ceci
qu’il comporte, d’une part, des juridictions judiciaires, compétentes pour juger les
affaires opposant les personnes privées entre elles, ne pouvant juger les personnes
publiques qu’à titre exceptionnel, singulièrement lorsque celles-ci « s’habillent en
civil », ou se comportent comme des personnes privées ordinaires, et d’autre part,
des juridictions administratives, qualifiées pour connaître des affaires mettant en
cause les personnes publiques ou personnes morales de droit public que sont :
l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées et les établissements publics ; ce
système est celui retenu et appliqué en France.
Enfin, une troisième modalité d’organisation juridictionnelle doit être signalée ; il
s’agit du système juridictionnel mixte, combinant des éléments du monisme
juridictionnel et des éléments participant du dualisme juridictionnel ; le Sénégal a
expérimenté ce système de 1992 à 1998 ; le système juridictionnel ivoirien, issu de la
Constitution de la Troisième République, en date du 8 novembre 2016, voulu ou
qualifié de dualiste par les rédacteurs du texte, présente, au contraire, les
caractéristiques du système juridictionnel mixte si l’on s’en tient aux dispositions de
la Constitution : il comporte, au sommet, une Cour suprême, comprenant une Cour
de cassation et un Conseil d’Etat, qui en sont donc des Chambres ou Sections,
improprement baptisées juridictions suprêmes en matière judiciaire et en matière
administrative ; la consécration d’une Cour suprême est un élément du monisme
juridictionnel.
Le système ivoirien actuellement en vigueur comporte également des tribunaux
judiciaires et des tribunaux administratifs, prévus par la Constitution, mais leur
création est confiée à la loi ; ce sont là, incontestablement, des éléments relevant du
dualisme juridictionnel…
Toutefois, l’on observe, avec surprise, que l’organisation juridictionnelle définie
par la loi organique relative à la Cour suprême et les lois ordinaires consacrées
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respectivement à la Cour de cassation et au Conseil d’Etat (27 décembre 2018) est
presque en tous points identique à celle retenue par la France ; c’est dire que les lois
d’application de la Constitution se sont écartées de celle-ci pour offrir à la Côte
d’Ivoire un système juridictionnel dualiste. Cette contradiction a pris fin par l’effet de
la révision constitutionnelle du 19 mars 2020 qui confirme la dualité de juridictions
réalisée par le législateur.
On observera que quel que soit le système juridictionnel retenu par les Etats,
les décisions rendues par le juge sont revêtues de l’autorité de la chose jugée ; ce
qui veut dire que ces décisions bénéficient de la force de vérité légale ; ces décisions
sont exécutoires et doivent, par conséquent, être exécutées. Toutefois, la loi offre
des voies de recours, telles que l’appel ou le pourvoi en cassation, contre lesdites
décisions…
Il convient de préciser que lorsque l’organe juridictionnel a rendu sa décision, il
a épuisé par là même ses pouvoirs ; il ne lui appartient pas d’assurer l’exécution de
sa décision ; le principe de séparation entre les autorités administratives et judiciaires
s’y oppose ; l’exécution de la décision de justice incombe au pouvoir exécutif, en
vertu des différentes Constitutions.
En final, l’on doit noter que par-delà les points communs à tous les Etats, dont
on vient de rendre compte, il existe des différences entre les Etats du point de vue de
leur forme ou organisation.
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unique ou qu’il a « un centre multiple de puissance » (Carré de Malberg), c’est-à-dire
plusieurs centres de décision, on parle d’Etat simple ou d’Etats composés.
Comme l’indique son nom, l’Etat unitaire est un Etat unique, c’est-à-dire un Etat
organisé sur la base du principe de l’unité. L’idée fondamentale qui informe l’Etat
unitaire, c’est-à-dire qui le structure, c’est qu’il n’y a pas de partage de la
souveraineté entre l’Etat unitaire et les autres personnes morales de droit public
créées par l’Etat ; autrement dit, dans la relation entre l’Etat unitaire, qui constitue le
centre, et les autres personnes morales de droit public qui forment ce qu’on appelle
la périphérie, il n’y a qu’un centre unique d’animation et de décision ; ce centre
unique, c’est l’Etat. Cela veut dire que l’Etat unitaire seul possède le pouvoir politique
dans son entièreté ; il a, seul, la souveraineté pleine et entière à l’intérieur de ses
frontières. C’est dire que les collectivités territoriales, créées par l’Etat, n’ont pas part
au pouvoir politique. Elles ne jouissent que de l’autonomie administrative et nullement
de l’autonomie politique qui est l’apanage des Etats fédérés.
Aujourd’hui, les Etats unitaires sont les plus nombreux à travers le monde ;
c’est le cas de la France, de la Côte d’Ivoire et des autres Etats africains de
succession française.
L’Etat unitaire, qui est animé du principe de l’unité, peut conduire, selon la
formule de Lamennais, « à l’apoplexie au centre et à la paralysie aux extrémités. »
C’est pourquoi, de nos jours, l’Etat unitaire est organisé selon des modalités tendant
à en corriger les inconvénients afin d’avoir l’efficacité nécessaire.
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près. » Pour cette raison, il a été conçu et consacré deux techniques permettant
d’assouplir la centralisation, et ces deux techniques se rencontrent, dans bien des
cas, dans le même espace étatique ; ce sont la déconcentration et la
décentralisation, qui tendent à rapprocher l’administration de l’administré et, par
conséquent, à faire en sorte que le pouvoir administratif ne s’exerce plus totalement
depuis la capitale, mais en partie, sur place.
1- La déconcentration
2- La décentralisation
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1- Les unions personnelles
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Ainsi, la base de l’alliance, c’est-à-dire l’acte constitutif de la confédération
réside dans un traité qui est un acte de droit international ; car, le traité traduit
l’accord de volontés de deux ou plusieurs sujets de droit international.
Il y a lieu de préciser que dans l’histoire, la confédération a constitué parfois la
première étape vers la formation de l’Etat fédéral. Ce fut le cas de la Suisse qui n’est
plus une confédération, mais que l’on continue d’appeler improprement la
Confédération helvétique ; ce fut également le cas des Etats-Unis d’Amérique, qui
ont été d’abord une confédération d’Etats avant de devenir l’Etat fédéral que l’on
connaît aujourd’hui.
L’Etat fédéral se forme de deux manières différentes : soit par intégration, soit
par dissociation.
La formation de l’Etat fédéral par intégration, c’est l’hypothèse dans laquelle
plusieurs Etats souverains renoncent à leur souveraineté pour former un seul Etat,
un super-Etat, qui est l’Etat fédéral. On peut citer, à cet égard, les exemples
américain et suisse.
La formation de l’Etat fédéral par dissociation procède, quant à elle, de
l’éclatement d’un Etat unitaire, consécutivement à des difficultés internes ou à des
problèmes politiques internes débouchant sur la création d’Etats fédérés à l’intérieur
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du grand ensemble. L’on parvient ainsi à régler un problème politique grave
menaçant d’implosion l’Etat originel ; ainsi, à défaut d’accéder à l’indépendance, les
unités internes, qui avaient exprimé des velléités d’indépendance, obtiennent
l’autonomie politique, qui se situe entre l’appartenance à l’Etat unitaire et
l’indépendance. C’est de cette manière que la Russie tsariste est devenue l’URSS,
Etat fédéral.
Quel que soit son mode d’établissement, l’Etat fédéral repose sur trois
principes, et ces principes sont cumulatifs et non alternatifs ; ce sont : le principe de
superposition, le principe d’autonomie et le principe de participation.
) Le principe de superposition
) Le principe d’autonomie
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peut intervenir sont limitativement énumérées, alors, techniquement, l’Etat fédéral
jouit d’une compétence d’attribution.
Il suit de ce qui précède que les Etats fédérés jouissent, quant à eux, d’une
compétence de droit commun ; les Etats fédérés bénéficient d’une compétence
générale se traduisant par ceci que tout ce qui n’a pas été attribué à l’Etat fédéral va
aux Etats fédérés.
En vertu des compétences qui leur sont ainsi reconnues, les Etats fédérés ou
Etats membres disposent d’un pouvoir d’auto-organisation. Ce pouvoir se traduit par
le droit pour les Etats fédérés de s’organiser librement, sans ingérence de l’Etat
fédéral, mais dans le respect de la Constitution fédérale. Au nom de cette autonomie
politique conférée par la Constitution fédérale, l’Etat fédéré se dote d’une
Constitution qui est réglée sur la Constitution de l’Etat fédéral. En conséquence,
l’Etat fédéré possède un Exécutif, un Parlement et des tribunaux propres ; il possède
même un drapeau et un hymne national.
) Le principe de participation
Ce principe veut que les Etats fédérés ou Etats membres participent à la vie
juridique et politique du super-Etat qu’est l’Etat fédéral. Cette participation se traduit
par la représentation des Etats fédérés au sein des instances fédérales. C’est la
raison pour laquelle dans l’Etat fédéral, le Parlement est organisé sur la base du
bicaméralisme ou bicamérisme : l’une des Chambres représente les Etats fédérés, et
l’autre le peuple. La participation des Etats fédérés s’étend même, parfois, à
l’exécutif, comme ce fut le cas en ex-URSS.
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Chapitre 2 : Le cadre juridique du droit constitutionnel : la Constitution
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A- La distinction fondée sur la forme
En dehors des situations de coup d’Etat où l’Etat vit sans Constitution, tous les
Etats fonctionnent sur la base d’une Constitution : comme l’énonce le Doyen Francis
Wodié, on peut dire que tout Etat, par cela seul qu’il existe et vit, a une Constitution,
en ce sens que tout Etat fonctionne sur la base d’une organisation politique et
juridique. Mais, si toutes les Constitutions ont le même objet, qui est celui de régir le
pouvoir politique, toutes les Constitutions n’ont pas la même forme. Car, elles
n’obéissent pas au même mode d’établissement. On distingue, à cet égard, deux
types de Constitution : la Constitution au sens matériel et la Constitution au sens
formel.
Ici, ce qui est pris en compte pour la qualification de la Constitution, c’est l’objet
sur lequel portent les règles ; en d’autres termes, ce qui compte, c’est l’objet des
règles, c’est la matière sur laquelle portent les règles ; il suffit, dès lors, que cette
matière-là soit le pouvoir politique ; en l’espèce, il n’est pas tenu compte de la
solennité dans laquelle les règles ont été établies. Ainsi, lorsqu’on se trouve en
présence de règles régissant le pouvoir politique, l’on est fondé à dire que l’on se
trouve en présence d’une Constitution matérielle. Et tout Etat, du seul fait qu’il existe
et qu’il possède des règles régissant le pouvoir politique, se trouve, par là même,
pourvu d’une Constitution au sens matériel du terme.
Toutefois, le terme de Constitution matérielle ou de Constitution au sens
matériel s’applique, en règle générale, aux Etats qui sont dotés d’une Constitution
coutumière. Dans ces Etats, l’essentiel des règles constitutionnelles, c’est-à-dire des
règles régissant le pouvoir politique, procèdent de la coutume ; c’est l’hypothèse
même de la Grande-Bretagne. Certes, il existe dans cet Etat quelques lois écrites à
valeur constitutionnelle. Mais, l’essentiel des règles régissant le pouvoir politique
procède de la coutume, et les lois à valeur constitutionnelle n’obéissent pas, pour
leur édiction ou élaboration, à une procédure particulière.
Au total, l’on retiendra que la Grande-Bretagne vit sous une Constitution au
sens matériel du terme.
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2- La Constitution au sens formel
Selon sa force ou son autorité, c’est-à-dire selon la place qu’elle occupe dans
l’ordonnancement juridique, la Constitution peut être qualifiée de souple ou rigide.
1- La Constitution souple
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Il résulte de là qu’une telle Constitution se situe au même niveau que la loi
ordinaire. En règle générale, les Constitutions souples sont des Constitutions
coutumières ; mais, il convient de préciser qu’il n’y a pas toujours coïncidence entre
Constitution coutumière et Constitution souple. A cet égard, les historiens du droit
rapportent qu’en France les lois du Royaume, qui étaient des règles coutumières, ne
pouvaient être modifiées ou révisées au moyen de la loi ordinaire.
Par ailleurs, du point de vue technique, rien ne s’oppose à ce qu’une
Constitution écrite soit souple comme ce fut le cas des Constitutions des Etats
communistes, et notamment de l’ex-URSS.
Au total, la Constitution souple peut être coutumière ou écrite…
2- La Constitution rigide
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L’élément objectif résulte de la pratique ou de la répétition de faits ou
comportements, de façon constante et sans rupture, dans la vie politique.
Quant à l’élément subjectif, il fait appel à des considérations psychologiques ;
c’est le sentiment de l’obligation juridique, généralement désigné par l’expression
latine opinio juris ; c’est, plus précisément le sentiment que les faits, agissements ou
comportements que l’on répète, de façon constante, dans la vie politique, ont fini par
acquérir force juridique et que désormais les acteurs politiques doivent s’y conformer
dans leurs actes et leurs comportements.
Il suit de ce qui précède que l’établissement de la Constitution coutumière
n’appelle pas de longs développements ; il en va différemment de l’établissement de
la Constitution écrite dont il faut examiner les questions qu’elle pose.
L’autorité compétente pour doter l’Etat d’une Constitution est appelée pouvoir
constituant originaire (PCO). Ici, comme on le voit, le PCO a un sens organique. Il
convient de l’identifier avant de s’interroger sur sa mission et sa condition.
Qui, dans l’Etat, est le PCO ? En d’autres termes, à qui, dans l’Etat, revient-il de
doter l’Etat d’une Constitution ? La réponse à la question que voilà n’est pas fournie
par le droit au moment où s’établit la première Constitution de l’Etat ; car, à ce
moment-là il n’y a pas encore de Constitution. Or, la Constitution est la source du
droit dans l’Etat. C’est dire que la réponse à la question posée est à rechercher et à
trouver en dehors du droit ; c’est donc vers la conception dominante du moment qu’il
convient de s’orienter. La réponse à la question soulevée est donc d’ordre politique.
Le PCO peut ainsi s’identifier au peuple lorsque la conception dominante dans
la cité est que le pouvoir politique appartient au peuple en corps et que l’Etat doit être
bâti sur les principes de la République.
Le PCO peut relever d’autres instances : il en est ainsi lorsque le pouvoir
politique est compris comme appartenant à un groupe d’individus ou à un monarque.
Bref, le PCO, c’est le titulaire du pouvoir politique.
30
Le propriétaire du pouvoir politique, ainsi identifié, est tout désigné pour
organiser l’Etat en le dotant d’une Constitution.
31
C- La condition du pouvoir constituant originaire
La question est celle du statut du pouvoir constituant originaire : est-il lié par le
droit ou dégagé de toute soumission au droit ?
Selon la plupart des auteurs, la Constitution est la source du droit dans l’Etat.
C’est dire qu’avant la Constitution il n’y a que du fait. Il suit de là que le pouvoir
constituant originaire, qui est appelé à créer la Constitution, donc le droit, ne saurait
être lié par le droit qui n’existe pas encore, au moment où il se déploie ; le pouvoir
constituant originaire est ainsi dégagé de toute obligation juridique au moment où il
intervient pour doter l’Etat d’une Constitution.
Toutefois, et selon les vues pertinentes exposées par le professeur Georges
Burdeau, le pouvoir constituant originaire est politiquement lié en ce sens qu’il est
conditionné par ce que Burdeau appelle l’idée de droit ; celle-ci n’est pas le droit ;
elle est plutôt la représentation du droit que se fait la collectivité au moment où
s’établit la Constitution ; l’idée de droit, c’est donc l’idée que l’on se fait du droit à
naître ; c’est la représentation mentale que la collectivité se fait du droit à naître ;
c’est donc le droit désirable…
Ces procédés reposent sur des volontés autres que celle du peuple. L’histoire
politique en fournit deux exemples ; ce sont l’octroi et le pacte.
1- L’octroi
32
Louis XVIII, comme l’exprime la formule finale du préambule, ainsi conçue : « Nous
avons volontairement, et par le libre exercice de notre souveraineté royale, accordé
et accordons, fait concession et octroi à nos sujets de la Charte constitutionnelle qui
suit… »
A la vérité, cette Constitution, présentée comme un don du monarque, est plutôt
le produit de la conjoncture politique du moment, en ce sens que le roi était obligé
d’en arriver là pour sauver son trône. Ce n’est donc pas véritablement une
Constitution octroyée, mais, plutôt, une Constitution née de la situation politique
défavorable au monarque.
Le deuxième exemple à retenir, c’est celui des Constitutions octroyées par les
militaires par suite d’un coup d’Etat. On peut citer, à cet égard, l’Acte constitutionnel
du 27 décembre 1999, édicté par les militaires consécutivement à la suspension de
la Constitution ivoirienne du 3 novembre 1960.
2- Le pacte
33
distingue principalement deux : ce sont la technique de l’Assemblée constituante
souveraine et la technique de l’Assemblée constituante non souveraine.
34
l’avait élaborée, comprenait en son sein les représentants des différentes
composantes du corps socio-politique ; d’autre part, le texte, ainsi élaboré ou rédigé,
fut soumis au peuple par la voie du référendum constituant les 23 et 24 juillet 2000.
Mais, fondamentalement, cette procédure se détache de la technique de l’Assemblée
constituante non souveraine, car le peuple n’a pas été placé en situation de décider
en toute sérénité. Ce qui s’est passé rappelle plutôt le plébiscite, qu’il faut distinguer
du procédé de l’Assemblée constituante non souveraine : le propre du plébiscite est
que le peuple intervient, mais de façon passive ; il n’est pas libre de faire un choix,
étant conditionné ou régenté, alors que dans le référendum le peuple se détermine
en toute liberté.
La Constitution, qui est le statut organique de l’Etat, est faite, en règle générale,
pour une durée indéterminée. La question se pose de savoir si un tel acte dont
l’établissement requiert beaucoup de soins et dont la fonction est de protéger contre
les abus du pouvoir peut être révisé. Dans l’affirmative, qui a qualité pour le faire ?
A- La nécessité de la révision
35
amenée à se passer d’elles, et la vie politique et sociale se dérouler en dehors
d’elles.
D’autre part, il ne serait pas bon que les générations présentes lient
définitivement les générations futures en les privant du droit de modifier la
Constitution pour l’adapter aux exigences de leur temps (Jean Waline). Il suit de là la
nécessité de la révision de la Constitution et, par conséquent, la nécessité de
consacrer le principe de la révision de la Constitution afin que celle-ci s’adapte
constamment aux aspirations du corps social. Ce point résolu, surgit une autre
question qui est celle de savoir qui a qualité pour procéder à la révision de la
Constitution.
A- L’initiative
36
1- Les limites de l’initiative
37
Il existe une troisième possibilité, qui est celle en vigueur dans la plupart des
Etats, tels la France ou les Etats africains de succession française ; la formule
retenue est celle réalisant l’équilibre entre les deux pouvoirs politiques que sont
l’exécutif et le législatif. Selon cette formule, l’initiative appartient concurremment au
pouvoir exécutif et aux membres du Parlement. Ainsi, l’initiative peut donner lieu soit
à un projet de loi constitutionnelle soit à une proposition de loi constitutionnelle.
Enfin, dans certains Etats, il est prévu la possibilité pour le peuple d’intervenir
sous la forme d’une proposition de loi constitutionnelle au moyen d’une pétition ; ce
système est en vigueur en Suisse et dans les Etats fédérés des Etats-Unis
d’Amérique.
Elle n’est pas l’adoption du texte proposé. Elle consiste simplement à donner
suite à l’initiative. Elle tend à prendre en compte l’idée même de la révision de la
Constitution. Plus exactement, la prise en considération consiste dans l’examen du
point de savoir si l’initiative qui a été prise mérite qu’on lui accorde un intérêt. C’est à
cette condition seulement que l’organe compétent pourra passer à l’examen du texte
au fond. Il s’agit d’apprécier le sérieux de l’initiative. Ainsi, la prise en considération
de l’initiative apparaît comme une précaution dont le but est d’écarter les révisions
intempestives, inopportunes ou inconsidérées. Elle conduit donc à filtrer les
initiatives.
L’on doit préciser que toutes les Constitutions ne contiennent pas de
dispositions relativement à la prise en considération de l’initiative ; c’est le cas, par
exemple, de la Constitution du Sénégal ; d’autres Constitutions, au contraire,
consacrent cette exigence ; c’est le cas de la Constitution ivoirienne du 1er août 2000
ou de celle du 8 novembre 2016, qui prévoit que la prise en considération de
l’initiative intervient à la majorité qualifiée…
Au total, la prise en considération se donne comme la recevabilité du projet ou
de la proposition de loi constitutionnelle. Elle n’est donc pas l’adoption.
B- L’adoption ou la décision
38
modifié que par l’autorité qui l’a établi et dans les formes selon lesquelles l’acte a été
établi : c’est ce qu’on appelle le parallélisme des formes. Appliquée à la révision de la
Constitution, cette solution conduit à retenir que la révision ne peut être que l’œuvre
de l’autorité qui a établi la Constitution ; cette solution fut retenue par les
Constitutions françaises de 1793, 1795 et 1848 ; établies par une Assemblée
constituante, ces Constitutions ont confié le soin de leur révision à une nouvelle
Assemblée constituante. Dans la logique de cette solution, lorsque la Constitution a
été adoptée par le peuple, sa révision doit être le fait du peuple agissant au moyen
d’un référendum constitutionnel.
La deuxième solution consiste à exclure le parallélisme des formes, mais à
rendre la révision de la Constitution plus difficile que l’établissement de la loi
ordinaire. Dans cette hypothèse, la Constitution confie à des organes institués par
elle le soin de sa révision ; et ces organes agissent en se conformant aux
prescriptions constitutionnelles.
En règle générale, la technique juridique qu’on vient de voir est le mode normal
de révision de la Constitution. Mais, en doctrine, il semble admis que par des
pratiques il soit possible de modifier la Constitution ; c’est la question de la coutume
constitutionnelle.
39
Il suit de ce qui précède que la Constitution coutumière et la coutume
constitutionnelle, quoique distinctes, se forment de la même manière ; mais, elles ne
naissent pas dans le même environnement : la Constitution coutumière se présente
comme la Constitution de l’Etat, au même titre que la Constitution écrite ; la
Constitution coutumière existe là où il n’y a pas de Constitution écrite, et c’est elle qui
tient lieu de Constitution.
Au contraire, la coutume constitutionnelle intervient dans un environnement
politique et juridique où existe déjà une Constitution écrite ; et la coutume
constitutionnelle, ainsi définie, peut présenter un double visage, elle peut avoir un
double statut : la coutume constitutionnelle peut avoir pour objet d’épauler la
Constitution existante, de combler ses lacunes ; dans ce cas, la coutume
constitutionnelle est qualifiée de coutume supplétive ; elle se donne alors comme
une coutume sage.
Mais, et c’est là que la doctrine se divise, la coutume constitutionnelle peut
avoir la prétention d’abroger et de remplacer certaines dispositions de la Constitution
écrite. Elle peut avoir pour ambition et objet de modifier la Constitution écrite.
Lorsqu’il en est ainsi, la coutume constitutionnelle est dite abrogatoire. Pour cette
raison, les auteurs la qualifient de coutume sauvage ou folle. Ici, la difficulté vient de
ce que la coutume constitutionnelle résulte de la pratique des gouvernants. Alors, la
question est de savoir comment ce qui vient des gouvernants peut s’autoriser à
abroger des dispositions de la Constitution écrite, adoptée par le peuple souverain.
C’est la raison pour laquelle le concept même de coutume constitutionnelle de type
abrogatoire est rejeté par bon nombre d’auteurs.
40
Paragraphe premier : La Constitution, loi fondamentale et suprême
41
A- Le contrôle par un organe politique
42
sont, d’une part, le contrôle par voie d’action et, d’autre part, le contrôle par voie
d’exception.
a) Définition
43
b) L’instance compétente pour réaliser le contrôle
Il s’agit, dans tous les cas, d’une instance juridictionnelle, c’est-à-dire d’une
juridiction dont la dénomination varie d’un Etat à l’autre, d’un groupe d’Etats à
l’autre : en Suisse, par exemple, l’organe compétent est le Tribunal fédéral ; dans la
principauté d’Andorre, l’organe compétent est le Tribunal constitutionnel ; en France,
en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Sénégal, le juge compétent s’appelle Conseil
constitutionnel ; au Bénin, en Afrique du Sud, au Gabon, l’organe compétent porte la
dénomination de Cour constitutionnelle, comme en Autriche. Dans les Etats où la
juridiction constitutionnelle, prévue ou créée par la Constitution, n’a pas encore été
installée, comme ce fut le cas pour le Cameroun jusqu’à une date récente, de même
que dans les Etats où il n’existe pas de juridiction constitutionnelle, le contrôle de
constitutionnalité de la loi est confié à la Cour suprême.
44
les particuliers, peuvent saisir la Cour constitutionnelle aux fins de lui soumettre le
contrôle de constitutionnalité des lois soupçonnées de violer la Constitution.
45
2- Le contrôle par voie d’exception
Ici, les choses se présentent différemment : l’hypothèse est celle dans laquelle,
à l’occasion d’un procès devant le juge ordinaire, le plaideur conteste une loi qu’on
veut lui appliquer en arguant de son inconstitutionnalité. La loi en question a été
promulguée et est entrée en vigueur sans qu’elle ait fait l’objet d’un contrôle de
constitutionnalité. Dans l’hypothèse que voilà, on dit que le plaideur a soulevé
l’exception d’inconstitutionnalité. L’exception soulevée, que s’ensuit-il du point de vue
procédural, et quel est le sort de la loi ainsi contestée ?
a) La procédure
Deux situations doivent être envisagées : La première est celle dans laquelle le
juge ordinaire devant lequel l’exception a été soulevée n’est pas compétent pour en
connaître ; dans ce cas, l’exception soulevée constitue pour le juge ordinaire une
question préjudicielle qui l’oblige à surseoir à statuer et à renvoyer le plaideur devant
le juge constitutionnel normalement compétent, en lui impartissant un délai à cet
effet. Et le juge ordinaire ne reprendra l’examen de l’affaire dont il a été saisi au
principal qu’une fois que le juge constitutionnel a rendu une décision sur la question
de la conformité ou de la non-conformité de la loi à la Constitution. Ce système est
en vigueur en Italie, en Allemagne, en Côte d’Ivoire et dans plusieurs Etats africains,
par exemple.
Il existe, en France, depuis la révision constitutionnelle de 2008, entrée en
vigueur en 2010, un procédé semblable : c’est ce qu’on appelle la question
prioritaire de constitutionnalité (QPC). En vertu de cette technique, lorsque devant le
juge ordinaire la question de l’inconstitutionnalité d’une loi déjà promulguée et entrée
en vigueur est soulevée à l’occasion d’un procès, le juge ordinaire renvoie ladite
question soit au Conseil d’Etat soit à la Cour de cassation, qui procède à un filtrage
et décide de transmettre ou de ne pas transmettre au Conseil constitutionnel,
compétent, la question de la constitutionnalité de la loi.
La seconde solution est celle où le juge ordinaire devant lequel l’exception a été
soulevée est compétent pour en connaître. Ici, l’exception d’inconstitutionnalité
constitue pour le juge ordinaire une question préalable qui relève de sa compétence
et qu’il doit trancher avant de passer à l’examen de l’affaire dont il a été saisi au
principal. Ce système est en vigueur aux Etats-Unis d’Amérique.
A l’issue des procédures, que voilà, la question se pose de savoir quel est le
sort de la loi ainsi critiquée.
46
b) Le sort de la loi critiquée
Deux situations doivent être distinguées : celle où la loi est reconnue conforme
à la Constitution et celle où la loi est jugée contraire à la Constitution.
Dans la première hypothèse, qui est celle où la loi est reconnue conforme à la
Constitution, ladite loi s’applique à l’espèce en cours. Tel est le point commun aux
différents systèmes juridiques ; par-delà ce point commun, des différences
s’observent : dans certains systèmes, en effet, la loi s’applique non seulement à
l’espèce en cours, mais également aux situations à venir ; et une telle loi échappe à
toute contestation ultérieure ; cette solution est en vigueur, à titre d’exemple, en
France et en Côte d’Ivoire.
Dans d’autres Etats, au contraire, la loi reconnue conforme à la Constitution
s’applique, certes, à l’espèce en cours ; mais, cette loi peut être contestée par la voie
de l’exception d’inconstitutionnalité à l’occasion d’autres affaires, sauf si la décision
de conformité a été rendue par le juge suprême (Etats-Unis d’Amérique).
Qu’en est-il maintenant du sort de la loi déclarée contraire à la Constitution ? Ici
également, les solutions sont diverses et variées : dans le système américain, par
exemple, la loi jugée contraire à la Constitution est écartée de l’espèce en cours ; le
jugement rendu, ayant un effet relatif, c’est-à-dire un effet entre les seules parties au
procès, la loi, déclarée contraire à la Constitution, peut trouver à s’appliquer aux
espèces à venir, sauf si la décision de contrariété a été rendue par le juge
suprême ; dans ce cas, cette décision s’impose à toutes les juridictions, et la loi ne
peut plus faire l’objet de recours.
La seconde solution, qui est celle en vigueur en France, en Côte d’Ivoire ou
dans d’autres Etats africains, consiste dans l’abrogation de la loi jugée contraire à la
Constitution. Abrogée, une telle loi disparaît de l’ordonnancement juridique pour le
présent et l’avenir ; elle ne produira donc plus d’effets. La décision d’abrogation,
rendue par le juge, a un effet absolu en ce qu’elle produit effet à l’égard de tous ; ce
qui signifie qu’elle s’applique à tous : la loi est abrogée pour tous.
Qu’en est-il des effets que la loi a pu produire avant la décision d’abrogation ? Il
est reconnu au juge le pouvoir de « déterminer les conditions et limites dans
lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d’être remis en
cause ». Il suit de là que les effets de la loi abrogée peuvent subsister ou être
anéantis en tout ou partie. C’est au juge d’apprécier et de décider.
47
CHAPITRE 3 : LE POUVOIR POLITIQUE
L’on doit à l’Abbé Siéyès la paternité de cette théorie dont il faut découvrir la
signification avant d’en examiner les conséquences.
48
nationale ne saurait appartenir aux citoyens ni au monarque. D’où la formule
suivante, consacrée par la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen
de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside, par essence, dans la nation.
Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »
B- Les conséquences
49
B- Les conséquences de la souveraineté populaire
1- La démocratie directe
50
2- La démocratie semi-directe
51
en premier lieu au point de savoir qui a le droit ou le pouvoir de prendre part ou
d’avoir part à l’expression de la souveraineté parce qu’ayant déjà part à la
souveraineté ? Cette question en évoque d’autres, et celle notamment touchant les
formations politiques qui sont données comme concourant à l’expression du suffrage.
C’est le droit de prendre part au vote ou à la prise des décisions dans la Cité.
Fondé sur la conception du pouvoir, le droit de suffrage a été ou est différemment
réglé selon que la souveraineté est monarchique, nationale ou populaire. Ainsi, le
droit de suffrage a connu une évolution dans le temps et dans l’espace, évolution
qu’il faut suivre avant de rendre compte de l’organisation du suffrage.
Le suffrage a été, d’abord, restreint, avant de prendre la forme actuelle qui est
celle du suffrage universel.
1- Le suffrage restreint
52
Il doit être noté que si le monopole de la vie politique était réservé aux hommes,
ceux-ci n’avaient pas, tous, le droit de vote.
La deuxième forme ou modalité du suffrage restreint, c’est le vote censitaire.
C’est celui auquel donnait droit le paiement d’un cens, c’est-à-dire d’un certain chiffre
d’impôt. Ce système, qui tendait manifestement à exclure les prolétaires et à assurer
le règne de la bourgeoisie, a existé dans nombre d’Etats dont la France, la Grande-
Bretagne, les Etats-Unis d’Amérique. Sa consécration reposait sur l’idée selon
laquelle ceux qui payaient un certain chiffre d’impôt étaient ceux-là mêmes qui
jouaient un rôle important dans la vie de l’Etat ; par conséquent, eux seuls devaient
se voir reconnaître le droit de prendre part à la désignation des gouvernants autant
qu’aux décisions.
Enfin, le suffrage capacitaire : en vertu de ce système la jouissance du droit de
vote était attaché à certains titres ou capacités intellectuelles. Pour voter, en effet, il
fallait présenter certaines qualités conduisant à penser que l’on comprend le sens de
son vote et, par conséquent, le sens de la vie dans la société étatique. Le suffrage
capacitaire a existé en France au 19 ème siècle, et même sous la IVe République. Il a
existé également aux Etats-Unis d’Amérique où l’objectif visé par sa consécration
était, essentiellement, d’éliminer les Noirs de la vie politique. Il était, en effet, exigé,
entre autres, de pouvoir lire et commenter la Constitution américaine pour avoir le
droit de vote. Or, les Noirs étaient en grande partie analphabètes…
Aujourd’hui, l’évolution de la vie politique a abouti, presque partout, à la
disparition du suffrage restreint et à l’avènement du suffrage universel.
2- Le suffrage universel
Il se définit comme le système dans lequel tous les nationaux ont le droit de
vote dès lors qu’ils remplissent certaines conditions. Ce sont, généralement, des
conditions tenant à l’âge, à la moralité, à la capacité. Ce système n’est pas sans lien
avec la conception démocratique du pouvoir politique.
Il convient de rappeler que si la lutte a abouti relativement tôt à la consécration
du suffrage universel pour les hommes (France, 5 mars 1848 ; Angleterre, 1885), le
suffrage ne sera véritablement universel que beaucoup plus tard, car les femmes ne
sont admises à voter que depuis une époque récente (Etats-Unis d’Amérique : 1869 ;
Danemark : 1815 ; Grande-Bretagne : 1918 ; URSS : 1918 ; Allemagne : 1919 ;
53
Espagne : 1931 ; France : 1944 ; Italie : 1945 ; Belgique : 1948 ; Suisse et Andorre :
1971).
Les modes de scrutin, encore appelés systèmes électoraux, sont des procédés
techniques destinés à départager les candidats à une élection. Les modes de scrutin,
ainsi définis, sont connus avant la tenue du scrutin. Mais, leur mise en œuvre
intervient après le vote. Les modes de scrutin sont divers et variés. Ils varient d’un
groupe d’Etats à l’autre. Ils sont choisis en fonction des objectifs que l’on poursuit ou
du but recherché. Ainsi, l’on choisira tel mode de scrutin plutôt que tel autre soit pour
obtenir des majorités cohérentes et stables, soit pour accentuer la victoire d’un parti
politique, soit encore pour accuser la défaite d’autres formations politiques.
Comme on le voit, les raisons soutenant le choix des modes de scrutin sont
diverses. Ainsi, on peut également choisir les modes de scrutin dans un but de
justice politique. Il s’ensuit que les modes de scrutin se conjuguent au pluriel.
Certains d’entre eux sont les plus usités à travers le monde. Ces modes de scrutin
en sont les principaux. Il y en a deux ; ce sont, d’une part, le scrutin majoritaire et,
d’autre part, le scrutin à la représentation proportionnelle.
A- Le scrutin majoritaire
56
En revanche, lorsque le scrutin est à deux tours, au premier tour, l’élection n’est
acquise qu’à la majorité absolue des voix ou suffrages exprimés. La majorité
absolue, c’est, au moins, la moitié des voix ou suffrages exprimés plus une voix. A
défaut, c’est-à-dire dans l’hypothèse où la majorité absolue n’a pas été obtenue au
premier tour, il est organisé un second tour, au titre duquel la majorité simple suffit
pour être élu. Mais, en règle générale, ne prennent part au second tour que les deux
candidats ou listes de candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix au
premier tour. De sorte que la majorité simple exigée au second tour tend à se
confondre avec la majorité absolue…
Il faut distinguer deux niveaux : d’une part, les effets sur la représentation
parlementaire et, d’autre part, les effets sur les partis politiques.
D’abord, les effets sur la représentation parlementaire : dans la mesure où le
parti ayant obtenu la majorité requise remporte tous les sièges dans la circonscription
électorale considérée, alors, le scrutin majoritaire tend à écarter l’opposition de la
représentation parlementaire ou, en tout cas, à lui conférer une place insignifiante.
Relativement aux partis politiques, le scrutin majoritaire conduit à la disparition
des petits partis ou à leur fusion, dans la mesure où en tant que tels ils n’ont aucune
chance de remporter des sièges aux Assemblées parlementaires. Ainsi, le scrutin
majoritaire produit comme conséquence le multipartisme tempéré et, dans certains
cas, le bipartisme, comme en Grande-Bretagne.
Il suit de ce qui précède que bien qu’il donne des majorités cohérentes et
stables pour gouverner, le scrutin majoritaire est un scrutin injuste, à tout le moins,
inéquitable. Pour s’en apercevoir, il convient de prendre l’exemple d’une
circonscription électorale de cinq sièges à pourvoir, et dans laquelle s’affrontent
quatre listes. Les résultats du scrutin sont les suivants :
Liste A : 35 000 voix
Liste B : 21 000 voix
Liste C : 12 000 voix
Liste D : 7 000 voix
Sur la base du scrutin majoritaire, la liste A, qui a obtenu 35 000 voix – ce qui
correspond à 46,66% des suffrages exprimés (majorité relative) – remporte la
totalité des cinq sièges, c’est-à-dire les 100% des sièges. Or, 46,66% n’est pas égal
57
à 100%. D’où le caractère injuste du scrutin majoritaire. On comprend, dès lors, que
ce mode de scrutin soit critiqué par certains qui lui préfèrent le scrutin à la
représentation proportionnelle, encore appelé la représentation proportionnelle ou,
tout simplement, la proportionnelle.
B- La représentation proportionnelle
58
L’attribution des restes, c’est-à-dire des sièges non encore pourvus, peut se
faire sur le plan national ou au niveau de chaque circonscription électorale.
La technique du report des restes sur le plan national consiste, d’abord, à
additionner, pour chaque formation politique, l’ensemble de ses voix inutilisées dans
toutes les circonscriptions. Ensuite, il est procédé au calcul du quotient électoral en
divisant par le nombre de sièges non pourvus l’ensemble des voix obtenues. Et,
alors, chaque formation politique aura autant de sièges qu’elle contiendra de fois ce
quotient.
En règle générale, c’est la technique d’attribution des restes sur le plan local qui
est retenue. Et l’on recourt, alors, à deux méthodes qui sont utilisées, non pas
cumulativement, mais alternativement ; il s’agit de la méthode des plus grands restes
et de la méthode de la plus forte moyenne.
La méthode des plus grands restes consiste à attribuer, dans l’ordre
décroissant, les sièges non pourvus, aux partis suivant l’importance des voix
inutilisées.
La méthode de la plus forte moyenne consiste, quant à elle, en ce qui suit : l’on
s’appuie sur les sièges de quotient, et l’on attribue à chaque formation politique un
siège fictif ; après quoi, l’on calcule les moyennes en divisant le nombre de voix
obtenues par chaque liste par le nombre de sièges réels obtenus par elle plus le
siège fictif ; le parti qui obtient la plus forte moyenne remporte le premier des sièges
non encore attribués, et l’on recommence l’opération jusqu’à ce que tous les sièges
soient pourvus ; en fait, seule est recalculée la moyenne de la formation politique
venant d’obtenir un siège, parce que sa situation a changé.
Un exemple pratique permettra de cerner les mécanismes qu’on vient
d’exposer : supposons une circonscription électorale de grande taille, avec les
données suivantes, à l’issue des élections législatives :
Nombre de sièges à pourvoir : 5
Liste A : 35 000 voix
Liste B : 21 000 voix
Liste C : 12 000 voix
Liste D : 7 000 voix
59
ATTRIBUTION DES SIEGES DE QUOTIENT :
Calcul du quotient électoral
Récapitulatif partiel
3 des 5 sièges viennent d’être pourvus ; 2 sièges restent donc à pourvoir.
35000 35000
Liste A = 2sr+1sf = = 11 666
3
21000 21000
Liste B = 1sr+1sf = = 10 500
2
12000 12000
Liste C = 0sr+1sf = = 12 000
1
7000 7000
Liste D = 0sr+1sf = = 7 000
1
La liste C, ayant la plus forte moyenne, remporte le premier des deux sièges à
pourvoir. On recalcule, alors, la moyenne de la liste C qui vient d’obtenir un siège
60
réel.
12000 12000
Liste C = 1sr+1sf = = 6 000
2
A quelques exceptions près, l’on rencontre les partis politiques aussi bien dans
les Etats dits libéraux que dans les Etats socialistes, aussi bien dans les Etats
développés que dans ceux qualifiés de sous-développés ou en voie de
développement.
L’apparition des partis politiques est liée à l’existence d’un parlement et à des
élections disputées. Mais, les partis politiques peuvent tout aussi bien naître et se
développer dans un régime où les élections n’offrent pas la possibilité de choix entre
des candidats de tendances opposées.
62
A- Définition des partis politiques
Les partis politiques sont divers. On peut les classer de deux manières
différentes : soit selon leur organisation, soit selon leur place dans l’Etat (Charles
Debbasch et Yves Daudet : Lexique de termes politiques).
On distingue d’un côté les partis de cadres et les partis de masse, et de l’autre
les partis rigides et les partis souples.
Les partis rigides sont les partis ayant une organisation interne hiérarchisée et
imposant une discipline de vote à leurs élus.
Les partis souples, au contraire, sont ceux qui ne possèdent pas une structure
hiérarchisée et bien établie, mais qui reposent essentiellement sur des comités locaux.
Ils laissent la liberté de vote à leurs élus.
63
2- Classification des partis politiques selon leur place dans l’Etat
Ce sont les partis qui, au sein de l’Etat, se disputent le pouvoir à travers des
élections concurrentielles. Les partis concurrentiels existent dans un environnement
marqué par le pluralisme politique. Ces partis s’affrontent démocratiquement en vue
de la conquête, de l’exercice et de la conservation du pouvoir politique.
64
TITRE 2 : LES REGIMES POLITIQUES
65
Chapitre premier : Les régimes de séparation des pouvoirs
La théorie de la séparation des pouvoirs qui informe ces régimes ou leur sert de
fondement mérite d’être rappelée avant d’exposer ou de présenter les régimes
politiques qui se réclament du principe de la séparation des pouvoirs.
66
doctrine classique, les organes auxquels sont confiées les trois fonctions étatiques
ne sont pas séparés, isolés, indépendants les uns des autres. L’idée, préconisée par
Montesquieu, était de disposer les choses de telle sorte que « le pouvoir arrête le
pouvoir », c’est-à-dire que, comme le rappelle Charles Eisenmann, « tout organe
politique trouve un autre organe qui puisse s’opposer à sa volonté, l’empêcher de
l’imposer ». Pour Montesquieu donc, la distinction des fonctions ou la séparation des
pouvoirs s’accompagne de la collaboration des pouvoirs : le pouvoir législatif, pouvoir
d’édicter les lois est donc confié, non au seul parlement, mais, conjointement au
parlement et au gouvernement. C’est qu’en la matière « le monarque dispose d’un
veto absolu contre les textes adoptés par les chambres » et « ces textes ne
deviennent lois que du consentement du monarque » (Charles Eisenmann).
Le pouvoir exécutif est, certes, confié au gouvernement ; mais, celui-ci ne
l’exerce cependant pas souverainement. Montesquieu reconnaît au parlement le
droit de contrôler l’activité exécutive. Il écrit à cet égard : « Dans un Etat libre, la
puissance législative a le droit et doit avoir la faculté d’examiner de quelle manière
les lois qu’elle a faites ont été exécutées ».
S’agissant, enfin, de la fonction juridictionnelle, elle est, en principe, confiée aux
tribunaux. Mais, lorsque l’intérêt de la justice l’exige, les chambres peuvent connaître
de certaines affaires criminelles.
Il suit de ce qui précède que dans la théorie de Montesquieu, les organes
étatiques ne sont pas séparés fonctionnellement. Par ailleurs, dans le système de
Montesquieu les autorités disposent de moyens d’action réciproques. Montesquieu
veut voir reconnaître au gouvernement le droit de convoquer le parlement ainsi que
le droit de le proroger. Quant aux ministres, ils doivent rendre compte de leur
administration, justifier leur conduite devant le parlement.
Telles sont les grandes lignes de la théorie de la séparation des pouvoirs telle
que conçue et exposée par Montesquieu qui, avec Jean-Jacques Rousseau, Voltaire
et quelques autres, a considérablement inspiré les auteurs de la déclaration
française des droits de l’homme et du citoyen : faisant de la séparation des pouvoirs le
fondement et la raison d’être de la Constitution, les révolutionnaires de 1789 ont
consacré le principe de la séparation des pouvoirs par l’effet de l’article 16 de la
déclaration, ainsi rédigé : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est
pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ».
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Le principe de la séparation des pouvoirs que voilà a été reçu par les Etats,
interprété et appliqué de différentes manières. Ainsi, l’on a d’un côté les régimes de
séparation souple des pouvoirs, et de l’autre, les régimes de séparation rigide des
pouvoirs. A ces régimes s’ajoute une troisième catégorie ; c’est celle qui combine
séparation souple et séparation rigide des pouvoirs, et qu’on nomme régimes mixtes.
Les régimes dits de séparation souple des pouvoirs sont les régimes
parlementaires. Par-delà la diversité de ces régimes – monistes ou dualistes – les
régimes parlementaires présentent des caractéristiques communes. La plupart des
auteurs notent que le régime parlementaire se caractérise par quatre éléments, à
savoir : en tout premier lieu, le dualisme de l’exécutif, c’est-à-dire un exécutif
constitué de deux organes, le chef de l’Etat et le gouvernement, lequel a à sa tête un
Premier ministre ou un Chancelier, indépendant du Chef de l’Etat.
Le deuxième élément, c’est l’irresponsabilité politique du Chef de l’Etat. Ce qui
veut dire que politiquement la représentation nationale ne peut pas mettre fin aux
fonctions du Chef de l’Etat.
Le troisième élément, c’est la responsabilité ministérielle ou gouvernementale
consistant dans le pouvoir pour l’organe législatif de mettre en jeu la responsabilité
du gouvernement, et donc de le renverser, à travers les deux techniques ou
procédés que sont la motion de censure et la question de confiance. Ainsi, en régime
parlementaire, la chambre basse du parlement, élue au suffrage universel direct,
contrôle le gouvernement et peut, à l’occasion, le renverser. C’est le cas en
Allemagne, en Italie, au Japon, en Israël ou en Grande-Bretagne.
Enfin, le quatrième et dernier élément, c’est le pouvoir de dissolution reconnu
au pouvoir exécutif, et consistant dans la possibilité pour lui de dissoudre la chambre
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basse du parlement, c’est-à-dire la chambre élue au suffrage universel direct. Les
deux pouvoirs politiques étant égaux, le pouvoir de dissolution se présente comme le
pendant ou la contrepartie du pouvoir reconnu au législatif de mettre en jeu la
responsabilité gouvernementale.
Le parlementarisme a vu le jour en Grande-Bretagne. Ainsi le régime politique de
la Grande-Bretagne apparaît comme le prototype ou le modèle du régime
parlementaire. D’où l’intérêt s’attachant à l’examen du régime politique de la Grande-
Bretagne.
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La Chambre des Lords, maintenant : c’est l’une des chambres du parlement
britannique. Elle comprend des membres, non pas élus, mais, pour la plupart,
nommés à vie par la Couronne. La Chambre des Lords, ainsi constituée, joue,
surtout, un rôle de magistère moral. Elle contribue à la formation de l’opinion, et
apparaît comme une chambre de réflexion plutôt que d’action.
Telles sont les institutions britanniques apparaissant comme des vestiges du
passé, mais auxquelles le peuple reste attaché. Elles cohabitent avec des institutions
démocratiques auxquelles appartient la réalité du pouvoir. Il s’agit de la Chambre des
Communes et du gouvernement.
La Chambre des Communes est la chambre basse du parlement. Ses membres
sont élus au suffrage universel direct. Elle exerce le pouvoir législatif ainsi qu’un
contrôle sur le gouvernement. Celui-ci a à sa tête un Premier ministre, nommé par le
monarque. Mais, le monarque dispose, en la matière, d’une compétence liée, car il
est obligé de nommer au poste de Premier ministre le leader du parti vainqueur aux
élections à la Chambre des Communes. Le gouvernement a la réalité du pouvoir
exécutif. Il est responsable devant la Chambre des Communes qui peut le renverser.
En contrepartie, le Premier ministre a le pouvoir de dissoudre la Chambre des
communes qui est la chambre basse du parlement. C’est en cela que le régime
britannique est parlementaire d’un parlementarisme moniste…
Le régime présidentiel peut être défini comme celui dans lequel il est établi une
séparation dite rigide ou tranchée des pouvoirs. Cette rigidité se traduit par la
séparation organique des deux pouvoirs politiques que sont le pouvoir législatif et le
pouvoir exécutif. Mais, comme l’avait prévu et préconisé Montesquieu, la séparation
des pouvoirs n’exclut pas tout contact entre les deux pouvoirs.
Le régime présidentiel, ainsi défini, se caractérise par les éléments suivants : en
tout premier lieu, le monocéphalisme de l’exécutif, lequel appartient tout entier au
Président de la République, les ministres n’étant que des exécutants.
Le deuxième principe, c’est l’égalité entre les deux pouvoirs politiques que sont
le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
Le troisième principe, enfin, c’est la séparation dite rigide des deux pouvoirs
politiques, du point de vue organique. Cette séparation s’exprime par l’absence de
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moyens d’action réciproques : le parlement ne peut pas mettre en jeu la
responsabilité politique du gouvernement ni celle du président de la République. Il ne
peut donc renverser ni le président de la République, ni a fortiori le gouvernement qui
n’a de pouvoirs que délégués par le président de la République. Et, dans la mesure où
les deux pouvoirs politiques sont égaux, le président de la République ne peut
dissoudre la chambre basse du parlement.
Le régime présidentiel, tel que voilà, a été inauguré par la Constitution des
Etats-Unis d’Amérique de 1787. Ainsi, le régime américain apparaît comme le
prototype ou le modèle du régime présidentiel.
Ce régime comprend un parlement et un président. Le parlement, appelé
Congrès, est constitué de deux Chambres pour des raisons tenant au fédéralisme :
d’une part, la Chambre des représentants, qui représente le peuple américain ;
d’autre part, le Sénat, qui représente les Etats membres ou Etats fédérés.
Le Congrès dispose du pouvoir législatif et du pouvoir budgétaire. Ce qui signifie,
d’une part, que le Congrès a le pouvoir de faire les lois, à l’exclusion de toute
intervention directe du Président américain, d’autre part, que c’est à lui qu’il revient
de voter le budget, ce qui fait de lui un organe puissant en face du Président…
Quant au Président, il constitue, à lui tout seul, le pouvoir exécutif : élu au
suffrage universel indirect, à travers une procédure longue, complexe et coûteuse, le
Président des Etats-Unis d’Amérique est le détenteur exclusif du pouvoir exécutif. Il
est, à ce titre, chef de l’Etat et chef du gouvernement ; il dispose du pouvoir
réglementaire, il est le chef de l’Administration fédérale ; il nomme et révoque les
fonctionnaires fédéraux ; il est responsable de la politique étrangère, qu’il détermine
et que met en œuvre le Secrétaire d’Etat qui l’assiste…
Le propre de ce régime tient à l’absence de moyens d’action réciproques : le
parlement ne peut mettre en jeu la responsabilité politique du Président, à distinguer
de la responsabilité pénale résultant de la procédure d’ « impeachment ». Celle-ci
comprend deux étapes : la mise en accusation par la Chambre des représentants,
puis la culpabilité et la condamnation relevant du Sénat, présidé à l’occasion par le
Président de la Cour suprême.
Les deux pouvoirs politiques étant égaux, le Président des Etats-Unis
d’Amérique ne peut dissoudre aucune des deux chambres du Congrès américain.
Il est à préciser, toutefois, que bien que le régime soit présidentiel et postule
l’isolement des deux pouvoirs, des rapports existent entre eux : il est vrai que du
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point de vue constitutionnel, le Président ne dispose pas de droit d’initiative en matière
législative. Mais, dans la réalité, les messages du Président ainsi que ses contacts
personnels ne laissent pas d’influer sur la procédure législative.
Par ailleurs, le Président, chargé de promulguer les lois, dispose du droit de véto,
lequel véto ne peut être surmonté qu’à la majorité des deux tiers des membres de
chaque Chambre…
Quant au Congrès, il peut freiner, à tout le moins, gêner l’action du Président au
moyen de son pouvoir législatif, financier, et de son pouvoir de ratification des traités
conclus par le pouvoir exécutif…
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Chapitre 2 : Les régimes de confusion des pouvoirs
Le propre de ces régimes est que tous les pouvoirs sont détenus par un organe
et un seul. Dans ce cas, les autres institutions étatiques dépendent de lui. Ces
régimes présentent une grande diversité.
Ce sont les régimes qui s’inscrivent dans la logique de l’absolutisme. Dans ces
régimes, le pouvoir exécutif détient la totalité du pouvoir d’Etat, et cela à l’exclusion
de contre-pouvoirs efficaces.
Le régime dictatorial se présente comme un régime autoritaire, parfois établi
par la force. Il présente un caractère d’exception, et c’est un régime illégitime. Il se
manifeste par la personnalisation excessive du pouvoir ; il fait de la violence son
mode de gouvernement.
Un tel régime peut naître d’un coup d’Etat ou d’une révolution. Il peut aussi
s’établir par les voies légales et dégénérer par la suite. L’exemple le plus illustratif est
celui du régime d’Hitler.
Au total, les régimes dictatoriaux sont ceux dans lesquels l’exécutif nie les
libertés, ne connaissant de limites que voulues par lui. Tel est le cas des régimes
militaires et, bien des fois, celui de certains régimes civils, tels la plupart des régimes
africains, arabes ou latino-américains, dans lesquels le chef de l’Etat régente et étouffe
les autres institutions constitutionnelles, en même temps qu’il écrase les libertés…
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Section 3 : Les régimes marxistes
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TABLE DES MATIERES
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