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Royaume du Maroc

Université Abdelmalek ESSAÂDI


Faculté des Sciences Juridiques,
Economiques et Sociales
- Tanger -

Master Droit international des Affaires

- Temps Aménagé -

Module : Droit De Propriété Intellectuelle

Thème de recherche :
<< La Propriété Industrielle Et Les Nouvelles
Technologies>>

Présenté par : El Alaoui Khawla


Bakkali Hassani EL Mehdi

Encadré par : Pr. AJOUAOU LAILA


Pr. ALAOUI FAIZA

Année Universitaire : 2023/2024


Sommaire

INTRODUCTION

Partie I : Fondements juridiques de la propriété industrielle dans le contexte des


nouvelles technologies

Chapitre 1 : brevetabilité et intelligence artificielle (IA)

Chapitre 2 : analyse des principes de brevets pour les créations générés par l’IA

Partie II : L’application de la technologie Blockchain pour renforcer la protection de


la propriété industrielle

Chapitre 1 : Sécurité accrue : la Blochckain au service de la propriété industrielle

Chapitre 2 : Les contraintes de la Blockchain dans le contexte de la propriété


industrielle

CONCLUSION
INTRODUCTION

La convergence constante entre le droit de la propriété industrielle et les progrès fulgurants des
nouvelles technologies ouvre une ère nouvelle, marquée par des défis juridiques inédits. La propriété
industrielle, qui englobe les brevets, les marques, les droits d'auteur et d'autres formes de droits de
propriété intellectuelle, a longtemps été le pilier essentiel de l'innovation et de la protection des
créations intellectuelles. Cependant, dans un monde façonné par l'émergence de l'intelligence
artificielle (IA), la blockchain, les biotechnologies et d'autres avancées technologiques, il est impératif
d'explorer les ramifications juridiques qui en découlent.

La rapidité avec laquelle les nouvelles technologies transforment la manière dont nous concevons,
créons et partageons des idées soulève des questions fondamentales sur la pertinence et l'adaptabilité
des cadres juridiques existants. L'intelligence artificielle, par exemple, offre des capacités créatives
autonomes, soulevant des interrogations sur la brevetabilité des inventions générées par des
algorithmes sans intervention humaine directe. Les logiciels et les algorithmes, piliers de l'ère
numérique, posent des défis pour la délimitation précise des droits de propriété intellectuelle. La
technologie blockchain, souvent associée aux crypto-monnaies, promet également de révolutionner la
gestion des droits de propriété intellectuelle.

Ainsi, cette recherche s'attache à défricher les terres encore peu explorées de la propriété industrielle
à l'ère des nouvelles technologies. En scrutant les fondements juridiques et en explorant les enjeux
spécifiques, cette étude vise à apporter des éclaircissements sur la manière dont le droit de la propriété
industrielle s'adapte ou doit évoluer pour accompagner le rythme effréné des innovations.

Le paysage technologique actuel est caractérisé par une interconnectivité sans précédent et une
accélération des développements technologiques. Des inventions autonomes émanant de l'intelligence
artificielle aux applications révolutionnaires de la blockchain dans la gestion des droits de propriété
intellectuelle, les frontières entre la créativité humaine et les capacités algorithmiques deviennent
floues. Dans ce contexte, la propriété industrielle se trouve à la croisée des chemins, confrontée à la
nécessité de protéger les innovations tout en s'adaptant aux spécificités de ces nouvelles technologies.

1
Le dilemme central réside dans la capacité des systèmes juridiques à suivre le rythme des
développements technologiques et à offrir un cadre robuste pour la protection des droits de propriété
intellectuelle. Les critères traditionnels de brevetabilité peuvent-ils s'appliquer de manière adéquate à
des inventions générées par des algorithmes sans intervention humaine directe ? Comment les droits
d'auteur et les brevets peuvent-ils coexister de manière harmonieuse dans l'univers complexe des
logiciels et des algorithmes ? La blockchain peut-elle réellement révolutionner la gestion des droits de
propriété intellectuelle, ou pose-t-elle elle-même des défis juridiques insoupçonnés ?

Cette recherche a pour objectif d'analyser en profondeur les fondements juridiques de la propriété
industrielle dans le contexte des nouvelles technologies. En examinant les différentes branches de la
propriété industrielle, de la brevetabilité des inventions basées sur l'IA à la protection des marques
dans l'ère numérique, elle vise à identifier les lacunes, les contradictions et les opportunités
d'adaptation du cadre juridique actuel.

Cette recherche s'inscrit dans un contexte où la dynamique entre la propriété industrielle et les
nouvelles technologies redéfinit les frontières de l'innovation et de la protection intellectuelle. En
explorant les fondements juridiques et en scrutant les enjeux spécifiques, elle aspire à contribuer à la
réflexion sur l'adaptation nécessaire du droit face aux défis et opportunités de cette ère technologique.

2
Partie 1 : Fondements Juridiques de la Propriété Industrielle
dans le Contexte des Nouvelles Technologies

Chapitre 1 : Brevets et intelligence artificielle (IA)

L'avènement de l'intelligence artificielle (IA) a entraîné des discussions cruciales dans le domaine
de la propriété industrielle, en particulier en ce qui concerne la brevetabilité des logiciels d'IA1. Ce
chapitre explore les aspects législatifs et pratiques entourant cette question au Maroc, mettant en
lumière les défis et les opportunités liés à la protection par brevet des innovations générées par
l'IA.

L'émergence de l'IA a suscité des questions cruciales concernant la brevetabilité des logiciels. Au
Maroc, la législation exclut explicitement les programmes d'ordinateurs de la brevetabilité.
Toutefois, l'OMPIC reconnaît la brevetabilité des inventions liées aux logiciels d'ordinateur, sous
réserve qu'elles apportent une contribution technique. Des exemples de brevets marocains, comme
celui d'un écosystème intelligent de gestion hospitalière, démontrent l'évolution de la pratique.

Section 1 : Contexte Légal au Maroc

La protection de la propriété industrielle au niveau national est régie par les dispositions de la loi
17 -97 relative à la protection de la propriété industrielle telle que modifiée et complétée par la loi
31-05 en 2006 et la loi 23-13 en 2014

La loi n°17-97 relative à la protection de la propriété industrielle définit les éléments non
considérés comme des inventions brevetables, parmi lesquels figurent expressément les
"programmes d'ordinateurs". Cette exclusion souligne la spécificité des programmes informatiques
en tant qu'éléments de l'activité intellectuelle, mais non soumis au régime du brevet. Cependant,
l'Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC) apporte des nuances en
précisant que les inventions liées aux logiciels d'ordinateur peuvent être brevetables si elles
apportent une contribution technique à l'état de la technique. 2

1 Dubarry, M. (2019). La propriété intellectuelle à l'heure du numérique. Éditions Larcier

2
L’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale, inventer le futur final, P : 12, consulté le 03/01/2024, URL : http://www.ompic.ma

3
Le défi majeur réside dans la détermination de la brevetabilité des logiciels d'IA, étant donné que
la loi exclut explicitement les programmes d'ordinateurs. Cependant, l'article 23 de la loi précise
que cette exclusion ne s'applique que dans la mesure où la demande de brevet ou le brevet ne
concerne que les programmes d'ordinateurs considérés en tant que tels. Ainsi, la brevetabilité
dépend de la capacité du logiciel d'IA à apporter une contribution technique à l'état de la technique,
comme le souligne l'OMPIC.

Les programmes d'IA sont considérés comme une catégorie spécifique de programmes
informatiques, soumis aux mêmes critères de brevetabilité. Pour bénéficier de la protection par
brevet, un programme d'IA doit démontrer une contribution technique, se manifestant par une
solution technique à un problème, l'utilisation de moyens techniques non génériques, ou le
traitement de données. Ainsi, l'application simple d'un programme d'IA sans une fonction autre
qu'un simple traitement de données ne peut pas être considérée comme brevetable.

Section 2 : Exemples de brevets découlant de l’IA au Maroc

Malgré l'exclusion apparente des programmes d'ordinateurs, des inventeurs marocains ont réussi à
obtenir des brevets pour des innovations liées à l'IA.

Au niveau national :

Un exemple notable est les brevets de la chercheuse Hajar Mousannif qui a plusieurs brevets
d’invention en Intelligence artificielle (IA), dont un sur le "système ambiant de rétroactions et
d’évaluation des apprentissages des étudiants" et un autre sur la "diffusion de contenu personnalisé
en se basant sur la reconnaissance des émotions via les terminaux mobiles". Un autre exemple est
le brevet délivré en 2021 à deux inventeurs, Mariam Chehmat et Mohamed Taba, pour un
écosystème intelligent de gestion hospitalière. Cette invention repose sur des équipements
embarqués, des plateformes de stockage massif et une intelligence embarquée, démontrant ainsi la
volonté de l'OMPIC d'encourager la brevetabilité des avancées technologiques, même dans le
domaine complexe de l'IA.

Au niveau international :

4
Google - Brevet sur l'apprentissage automatique pour les recommandations de contenu3 :

 Description : Ce brevet concerne un système d'apprentissage automatique qui analyse les


préférences de l'utilisateur pour générer des recommandations de contenu personnalisées,
que ce soit des vidéos, des articles, ou d'autres types de médias.
 Application : Amélioration des recommandations de contenu sur les plateformes de
streaming, de médias sociaux, ou de commerce électronique.

IBM - Brevet sur la détection de la détresse émotionnelle dans la voix (IBM Watson Tone
Analyzer)4 :

 Description : Ce brevet concerne un système utilisant l'IA pour analyser les caractéristiques
vocales et détecter des signaux de détresse émotionnelle dans la voix d'un individu.
 Application : Soutien émotionnel automatisé, par exemple dans les centres d'appels ou les
applications de santé mentale.

Microsoft - Brevet sur la prédiction de pannes d'équipements industriels 5 :

 Description : Ce brevet concerne l'utilisation de l'apprentissage automatique pour analyser


les données provenant d'équipements industriels, prédisant ainsi les pannes potentielles et
permettant une maintenance préventive.
 Application : Amélioration de l'efficacité opérationnelle et réduction des coûts de
maintenance dans l'industrie.

Tesla - Brevet sur la conduite autonome 6 :

 Description : Tesla possède plusieurs brevets liés à l'IA pour la conduite autonome. Ces
brevets couvrent des technologies telles que la détection d'objets, la planification de
trajectoire et la prise de décision en temps réel.

3https://www.unite.ai/fr/
4 https://www.ibm.com/products/natural-language-understanding
5 https://info.microsoft.com › 157-GQE-382 › images

6
https://www.tesla-mag.com › un-nouveau-brevet-chez-te...

5
 Application : Amélioration des fonctionnalités de conduite autonome dans les véhicules
électriques.

Bank of America - Brevet sur l'analyse de comportement pour la détection de fraudes 7:

 Description : Ce brevet concerne l'utilisation de l'IA pour analyser le comportement des


utilisateurs dans les transactions financières afin de détecter des anomalies indiquant
potentiellement une fraude.
 Application : Renforcement de la sécurité dans les transactions financières en ligne.

La brevetabilité des logiciels d'IA est un domaine en constante évolution. Les critères actuels, bien
que clarifiés par l'OMPIC, pourraient nécessiter des ajustements pour refléter les avancées rapides
de l'IA. Les débats sur la définition de l'inventeur, souvent une personne physique, et la
reconnaissance juridique des inventions générées par des machines sont des questions cruciales
qui pourraient influencer l'avenir de la brevetabilité des logiciels d'IA.

Ce chapitre met en lumière les défis et les opportunités liés à la brevetabilité des logiciels d'IA au
Maroc. Malgré l'exclusion apparente des programmes d'ordinateurs, des exemples concrets
montrent que des innovations dans le domaine de l'IA peuvent être brevetées lorsqu'elles apportent
une contribution technique significative. Les ajustements futurs pourraient être nécessaires pour
refléter l'évolution rapide de l'IA et garantir une protection adéquate aux inventeurs dans ce
domaine en constante mutation.

Chapitre II : Analyse des Principes de Brevets pour les Créations


Générées par l'IA

La complexité de décrire en détail le fonctionnement interne des inventions générées par l'IA pose
des défis, notamment en relation avec les principes de brevet. La nécessité d'adaptation aux
évolutions rapides des algorithmes d'IA et la question de l'inventeur, souvent une personne
physique, sont des considérations essentielles.

L'émergence de créations générées par l'intelligence artificielle (IA) soulève des questions
complexes quant à leur brevetabilité. Ce chapitre se penche sur les principes fondamentaux qui

7 https://fastercapital.com/fr/startup-sujet/detection-et-de-prevention-de-la-fraude.html

6
guident la brevetabilité de ces créations, en mettant en lumière les enjeux éthiques, les implications
juridiques et les perspectives d'avenir.

Section 1 : Critères de brevetabilité

Les critères de brevetabilité définissent les conditions qu'une invention doit remplir pour être
éligible à l'obtention d'un brevet. Ces critères varient d'un pays à l'autre, mais ils partagent
généralement certaines caractéristiques fondamentales. Voici quelques-uns des critères de
brevetabilité couramment considérés dans de nombreux systèmes juridiques 8 :

Nouveauté : L'invention doit être nouvelle, c'est-à-dire qu'elle ne doit pas avoir été divulguée au
public avant la date de dépôt de la demande de brevet. Aucune information préalablement
disponible ne doit révéler l'ensemble de l'invention.

Activité inventive : L'invention doit impliquer une activité inventive, ce qui signifie qu'elle ne
doit pas être évidente pour une personne compétente dans le domaine technique concerné. Il doit
y avoir une certaine originalité ou une avancée significative par rapport à l'état de la technique
existant.

Applicabilité industrielle : L'invention doit être applicable industriellement, c'est-à-dire qu'elle


doit pouvoir être fabriquée ou utilisée dans un domaine industriel ou commercial.

Clarté et exhaustivité de la description : La demande de brevet doit contenir une description


suffisamment claire et complète de l'invention pour permettre à une personne compétente dans le
domaine technique de la reproduire ou de l'utiliser.

Non-soumission préalable : Dans certains systèmes, l'inventeur doit déposer une demande de
brevet avant toute divulgation publique de l'invention. La divulgation préalable peut affecter la
nouveauté de l'invention.

8
CRÉATION ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : LA PROTECTION PAR LE DROIT D’AUTEUR EN VOIE DE
LÉGITIMATION ? ALEXANDRA MENDOZA-CAMINADE Référence de publication : Revue Lamy Droit de l'Immatériel, Nº
169, 1er avril 2020

7
Non-exclusion de la brevetabilité : Certains domaines tels que les découvertes scientifiques
naturelles, les méthodes mathématiques abstraites, et les idées artistiques ne sont généralement pas
considérés comme brevetables. L'invention doit appartenir à un domaine technologique spécifique.

Section 2 : Critères de Brevetabilité et l'IA:

Dans le contexte de l'intelligence artificielle (IA) et des algorithmes, la question de l'intervention


humaine directe peut également influencer les critères de brevetabilité. Le système juridique
marocain exige une contribution humaine significative pour qu'une invention soit brevetable,
tandis que d'autres peuvent être plus flexibles en reconnaissant les créations autonomes générées
par des algorithmes. 9

Lorsqu'on examine les critères de brevetabilité pour les Intelligences Artificielles (IA) dans le
contexte juridique marocain, plusieurs considérations complexes émergent. Le débat sur
l'intervention humaine directe. Traditionnellement, les brevets ont souvent été attribués à des
inventions résultant d'une activité humaine créative. Cependant, avec l'avènement de l'IA, des
innovations émergent sans l'intervention directe d'individus 10.

Un autre défi réside dans la nature souvent algorithmique des inventions liées à l'IA. Les critères
traditionnels de brevetabilité peuvent ne pas être aisément applicables à ces développements
technologiques11. De plus, il est crucial de clarifier la question de la nouveauté et de l'évidence
dans le contexte des inventions basées sur l'IA. Comment évaluer l'originalité d'une innovation
lorsque l'algorithme a analysé une immense quantité de données pour générer une solution ? Ces
questions nécessitent une réflexion approfondie et des ajustements au niveau des critères de
brevetabilité afin de refléter la réalité évolutive des avancées technologiques.

Il est à rappeler que l'article 23 de la Loi n°17-97 relative à la protection de la propriété industrielle
au Maroc énumère les éléments non considérés comme des inventions brevetables. Parmi eux, les
" les programmes d'ordinateurs" 12 qui sont expressément exclus.

9
CRÉATION ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : LA PROTECTION PAR LE DROIT D’AUTEUR EN VOIE DE
LÉGITIMATION ? ALEXANDRA MENDOZA-CAMINADE Référence de publication : Revue Lamy Droit de l'Immatériel, Nº
169, 1er avril 2020
10
’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, Op.cit.
11
Vallée, T. (2018). "L'intelligence artificielle, vecteur de bouleversement du droit des brevets." Revue Internationale du Droit
d'Auteur, 256, 84-94.
12
Loi 17-97

8
Cependant selon l’OMPIC, précise que les inventions liées aux logiciels d'ordinateur peuvent tout
de même être brevetables dans le contexte marocain, à condition que le logiciel apporte une
contribution technique à l'état de la technique 13.

Et c’est dans la même sens que l’article précédente de la loi n°17-97 relative à la propriété
industrielle telle que modifiée et complétée par les lois 23-13 et 31-05, dispose que « Les
dispositions du présent article n’excluent la brevetabilité des éléments énumérés auxdites
dispositions que dans la mesure où la demande de brevet ou le brevet ne concerne que l’un de ces
éléments considérés en tant que tel ».14

Dans ce cadre on peut considérer les programmes d'intelligence artificielle, comme une catégorie
de programmes informatique, et considérer que les critères de brevetabilité qui s'appliquent à eux
sont les mêmes que ceux pour les programmes informatiques en général. Par conséquent, pour
bénéficier de la protection par brevet, un programme d'intelligence artificielle doit démontrer une
contribution présentant un caractère technique. L'application simple d'un programme d'intelligence
artificielle sans une fonction autre qu'un simple traitement de données, dépourvu d'apport
technique réel, ne peut donc pas être considérée comme brevetable.

Les principes de brevetabilité traditionnels exigent une invention d'être nouvelle, inventive et
applicable dans l'industrie. Pour les créations générées par l'IA, la nouveauté est souvent atteinte
par la capacité de l'IA à traiter de grandes quantités de données. Cependant, la question de
l'inventivité demeure délicate, car elle implique généralement une activité créative humaine.
Certains estiment que l'IA, agissant selon des algorithmes préprogrammés, manque d'inventivité
véritable.

Une approche possible consiste à exiger une contribution humaine significative pour la
brevetabilité. Cela signifie que bien que l'IA puisse générer des résultats, l'intervention humaine
dans le processus créatif doit être substantielle pour mériter un brevet 15. Cela souligne l'idée que
la créativité véritablement novatrice reste le domaine exclusif des individus.

13
Site de L’office Marocain de la propriété intellectuelle consulté le 03/02/2024
14 Loi 17-97
15
L’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale, inventer le futur final, P : 12, consulté le 03/01/2024, URL : http://www.ompic.ma

9
En somme, le défi pour le Maroc est de mettre en place des critères de brevetabilité qui reflètent
fidèlement la nature évolutive des technologies liées à l'IA tout en maintenant un équilibre entre
la protection des droits de propriété intellectuelle et la stimulation de l'innovation dans le pays.

Section 3 : Responsabilité et Éthique et nécessité d'Adaptation Juridique

La question de la responsabilité éthique se pose également. Si une création générée par l'IA enfreint
des droits existants ou cause des dommages, qui en est responsable ? Le créateur de l'algorithme,
l'utilisateur de l'IA, ou l'IA elle-même ? Il devient crucial d'établir des normes éthiques claires pour
guider le développement et l'utilisation de l'IA16, tout en garantissant une protection adéquate des
droits de propriété intellectuelle.

Les lois actuelles sur les brevets sont souvent le produit d'une époque où l'IA n'était pas aussi
omniprésente. Il est impératif d'adapter ces lois pour refléter les réalités contemporaines 17. Cela
nécessite une compréhension approfondie des capacités de l'IA, ainsi que des implications
juridiques et éthiques associées à sa contribution à l'innovation.

L'avenir de la brevetabilité des créations générées par l'IA dépendra en grande partie de la manière
dont les systèmes juridiques s'adaptent à ces nouveaux défis. Des réformes législatives pourraient
être nécessaires pour reconnaître l'IA en tant qu'entité créatrice à part entière, tout en préservant
les droits et responsabilités des acteurs humains impliqués.

L'analyse des principes de brevets pour les créations générées par l'IA met en évidence la nécessité
d'une réflexion approfondie sur la définition de l'inventeur, les critères de brevetabilité et la
responsabilité éthique. Les systèmes juridiques doivent évoluer pour rester pertinents dans un
contexte où l'IA joue un rôle croissant dans le processus d'innovation. L'harmonisation des normes
éthiques et juridiques à l'échelle mondiale sera essentielle pour garantir une protection adéquate
des droits de propriété intellectuelle tout en favorisant un développement technologique éthique et
durable.

16 Jouët, J. (2019). "Éthique de l'intelligence artificielle et démocratie." Réseaux, 220(4), 187-212


17 https://books.openedition.org/putc/6172lang=fr consulté le 31/01/2024

10
Partie II : L’application de la technologie Blockchain pour
renforcer la protection de la propriété industrielle

Chapitre 1 : Sécurité accrue : la Blochckain au service de la


propriété industrielle

La blockchain, en tant que registre distribué sécurisé, offre des solutions novatrices pour
l'enregistrement et la gestion des droits de propriété industrielle. Ce chapitre explore les
applications concrètes de la blockchain dans l'enregistrement transparent des brevets, des marques
et des droits d'auteur, ainsi que dans la gestion efficace des licences et des transferts de droits.

La Blockchain, initialement conçue comme la technologie sous-jacente des cryptomonnaies, a


évolué pour devenir une innovation transformatrice dans divers secteurs, y compris celui de la
propriété industrielle. Ce chapitre explore comment la Blockchain offre des solutions innovantes
aux défis actuels liés à la gestion des droits de propriété industrielle, offrant transparence,
immuabilité et efficacité.

Section 1 : Fondements de la Blockchain

La Blockchain est une technologie de registre distribué qui enregistre les transactions de manière
sécurisée, transparente et décentralisée. Chaque bloc de données est lié de manière
cryptographique au bloc précédent, formant une chaîne inaltérable d'informations18. Cette structure
garantit l'intégrité des données et élimine le besoin d'intermédiaires centralisés.

Dans le contexte de la propriété industrielle, la transparence est cruciale. La Blockchain permet la


création de registres immuables et transparents, fournissant une traçabilité totale des droits de
propriété. Les détails des brevets, des marques déposées et d'autres actifs intellectuels peuvent être
enregistrés de manière sécurisée sur la Blockchain, offrant une source unique et incontestable
d'information.

La nature décentralisée de la Blockchain rend les données quasiment invulnérables aux altérations
malveillantes. Les protocoles de cryptographie garantissent l'intégrité et la sécurité des

18
Comprendre les blockchains : fonctionnement et enjeux de ces nouvelles technologies, Rapport n° 584 (2017-2018), déposé le 20
juin 2018

11
informations enregistrées. Les risques de falsification de documents ou de litiges liés à la propriété
intellectuelle sont significativement réduits, renforçant la confiance dans le système.

Section 2 : Contrats Intelligents pour la Gestion des Droits :

Les contrats intelligents, exécutés automatiquement lorsque des conditions prédéfinies sont
remplies, peuvent être intégrés à la Blockchain. Dans le domaine de la propriété industrielle, ces
contrats peuvent automatiser des processus tels que le renouvellement de brevets, la gestion des
licences et le transfert de droits. Cela simplifie les procédures administratives et minimise les
erreurs humaines.

Les systèmes traditionnels de gestion des droits de propriété industrielle impliquent souvent des
intermédiaires coûteux et des délais importants. La Blockchain offre la possibilité de contourner
ces inefficacités en créant un écosystème où les transactions peuvent être effectuées directement
entre les parties concernées19. Cela peut potentiellement réduire les coûts et accélérer les processus
liés à la propriété intellectuelle.

Bien que la Blockchain offre des avantages significatifs, des défis subsistent, notamment en
matière de réglementation, d'interopérabilité et de confidentialité. Les autorités réglementaires
doivent élaborer des cadres adaptés pour encadrer l'utilisation de cette technologie dans le domaine
de la propriété industrielle.

La Blockchain offre un potentiel immense pour transformer la gestion de la propriété industrielle.


À mesure que la technologie évolue, des collaborations entre les secteurs public et privé pourraient
favoriser l'adoption généralisée de la Blockchain. Les innovations futures, telles que l'intégration
de l'IA et des technologies de contrats intelligents avancées, pourraient encore renforcer l'efficacité
du système.

En conclusion, la Blockchain émerge comme une technologie prometteuse pour la propriété


industrielle. Son potentiel à améliorer la transparence, la sécurité et l'efficacité dans la gestion des
droits de propriété intellectuelle en fait un sujet d'intérêt croissant. Cependant, les défis
réglementaires et techniques doivent être surmontés pour pleinement réaliser ces avantages. Ce

19
FasterCapital, Introduction aux contrats intelligents ; https://fastercapital.com/fr/startup-sujet/Introduction-aux-contrats-
intelligents.html

12
chapitre souligne l'importance de continuer à explorer et à adapter cette technologie innovante
pour répondre aux besoins évolutifs du domaine de la propriété industrielle.

Chapitre 2 : Les contraintes de la Blockchain dans le contexte de la


propriété industrielle

L'adoption généralisée de la blockchain rencontre des obstacles, tels que sa complexité technique,
ses coûts associés et les divergences législatives. Des considérations sur la législation en matière
de propriété industrielle et les défis liés à la sécurité des données et à la vie privée nécessitent une
attention particulière20.

Bien que la Blockchain offre des solutions novatrices, elle n'est pas exempte de limites, notamment
dans le contexte complexe de la propriété industrielle. Ce chapitre explore de manière critique les
défis et les limites associés à l'utilisation de la Blockchain dans la gestion des droits de propriété
intellectuelle.

Section 1 : Contraintes d’utilisation

 Évolutivité et Performance :

La Blockchain rencontre des défis d'évolutivité et de performance. En raison de la nature distribuée


de la technologie, le processus de validation des transactions peut être lent, en particulier à mesure
que le nombre de transactions augmente. Cela peut entraîner des retards dans la gestion des droits
de propriété industrielle, ce qui est une préoccupation majeure pour un domaine où la rapidité de
traitement est cruciale.

 . Problèmes de Confidentialité Coûts Initiaux et Complexité Technique :

Bien que la Blockchain garantisse la sécurité des données, elle soulève des préoccupations en
matière de confidentialité. Les informations enregistrées sur la Blockchain sont accessibles à tous
les participants du réseau, ce qui pourrait compromettre la confidentialité des détails sensibles liés
à la propriété intellectuelle. La gestion appropriée de ces questions de confidentialité devient
essentielle pour éviter des conséquences indésirables.

20 Par Benoit de Jessey, La blockchain : origine, définition, avantages et limites, Publié le


10/02/2023 ;https://www.capital.fr/crypto/la-blockchain-origine-definition-avantages-et-limites-1459913

13
La mise en place d'une infrastructure Blockchain nécessite des investissements initiaux importants
et une expertise technique. Les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises,
peuvent trouver difficile d'adopter cette technologie en raison des coûts élevés et de la complexité
associée à son intégration dans leurs systèmes existants.

 Interopérabilité entre les Systèmes :

L'interopérabilité entre les différentes Blockchain et les systèmes existants est un défi majeur. Pour
que la technologie puisse être largement adoptée, elle doit pouvoir fonctionner de manière
transparente avec les systèmes déjà en place. Les efforts visant à établir des normes
d'interopérabilité sont cruciaux pour surmonter cet obstacle.

Section 2 : Contraintes juridiques et légales

 Contraintes Réglementaires :

Le domaine de la propriété industrielle est soumis à des réglementations strictes. L'adaptation de


la Blockchain à ces cadres réglementaires existants pose des défis. Les autorités doivent définir
des normes et des protocoles pour garantir que l'utilisation de la Blockchain dans la gestion des
droits de propriété intellectuelle respecte les exigences légales.

 Défis Légaux et Juridiques :

Les contrats intelligents sur la Blockchain soulèvent des questions légales complexes. La
programmation de conditions précises dans les contrats peut ne pas toujours refléter la complexité
des accords juridiques dans le domaine de la propriété industrielle. Cela peut conduire à des litiges
et à des incertitudes juridiques. Bien que la Blockchain soit conçue pour être sécurisée, elle n'est
pas invulnérable aux attaques. Des scénarios tels que les attaques de 51% et les attaques de double
dépense peuvent mettre en péril l'intégrité du système. Il est crucial de mettre en place des
mécanismes robustes pour prévenir de telles menaces.

La technologie offre certes, des avantages significatifs, mais une approche prudente et réfléchie
est nécessaire pour surmonter ces obstacles. L'identification et la résolution de ces limites sont
essentielles pour garantir que la Blockchain puisse véritablement réaliser son potentiel
transformateur dans la gestion des droits de propriété intellectuelle.

14
CONCLUSION

L'évolution rapide de l'intelligence artificielle (IA) et l'émergence de la blockchain ont


profondément transformé le paysage de la propriété industrielle. Ces avancées technologiques
suscitent des réflexions essentielles sur l'adéquation des cadres législatifs existants et soulignent la
nécessité urgente d'ajustements pour accompagner ces évolutions. La convergence de l'IA et de la
blockchain pose des défis substantiels, tant sur le plan juridique que réglementaire, et requiert une
adaptation proactive du droit de la propriété intellectuelle.

L'impact de l'IA sur la propriété industrielle est particulièrement manifeste dans le domaine de la
brevetabilité. La question cruciale de savoir si des créations générées par des systèmes d'IA doivent
être brevetables soulève des débats profonds. Les algorithmes et les modèles d'apprentissage
automatique peuvent produire des innovations sans intervention humaine directe, remettant en
question les fondements traditionnels de la propriété intellectuelle. Par conséquent, des
ajustements législatifs sont indispensables pour clarifier la brevetabilité de ces créations et garantir
une protection équitable des droits des inventeurs et des entreprises.

Parallèlement, la blockchain, en tant que technologie de registre distribué et transparent, introduit


des défis uniques dans le domaine de la propriété industrielle. Son potentiel de révolutionner la
gestion des droits de propriété intellectuelle, notamment par le biais de contrats intelligents
automatisés, nécessite une réflexion approfondie sur la manière d'adapter le cadre juridique
existant pour tirer parti de ces innovations tout en garantissant une protection adéquate.

L'adaptation du droit de la propriété intellectuelle au contexte de l'IA et de la blockchain est un


enjeu complexe qui requiert une collaboration étroite entre les acteurs juridiques, les décideurs
politiques et les experts de l'industrie. Les débats approfondis sur la brevetabilité des créations
générées par l'IA doivent être menés de manière inclusive, en tenant compte des implications
éthiques, sociales et économiques. De même, la résolution des défis associés à la blockchain exige
une approche holistique, intégrant des solutions innovantes pour la gestion des droits de propriété
intellectuelle. L'évolution rapide de l'IA et l'émergence de la blockchain imposent une réflexion
profonde et une action coordonnée pour adapter le droit de la propriété intellectuelle à ces avancées
technologiques. Les ajustements législatifs, les débats approfondis et la collaboration étroite entre
les parties prenantes sont essentiels pour assurer une protection efficace des droits de propriété
intellectuelle dans ce nouveau contexte complexe et dynamique.

15
BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages :

"Droit des marques et nouvelles technologies" par Michel Vivant, éditions Litec.
"Droit de la propriété industrielle" par Isabelle Corpart et Stéphane Lemarchand.
"Propriété intellectuelle et nouvelles technologies" par Lionel Thoumyre.
"Droit de la propriété industrielle" par Franck Macrez.
"La propriété industrielle en pratique" par Michel Vivant et Françoise Chabas.
"Droit de la propriété industrielle" par Christophe Geiger et François-Xavier Train, éditions Dalloz.

Articles :

‘Le rôle de la propriété intellectuelle dans la renaissance industrielle de l’Europe’ Par António
CAMPINOS Président de l’OEB

"Blockchain et propriété intellectuelle : enjeux et perspectives" par Anne-Catherine Chriqui dans la


Revue Propriétés Intellectuelles.
"La protection des inventions liées aux nouvelles technologies" par Dominique Foray, publié dans la
Revue internationale de droit économique.
"Brevetabilité des logiciels et nouvelles technologies" par Marc Lefèvre, disponible dans la Revue du
droit de la propriété intellectuelle
"Propriété intellectuelle et nouvelles technologies" par Olivier Hugot, publié dans la Revue Lamy Droit
des Affaires.
"Les enjeux de la propriété intellectuelle dans le secteur des nouvelles technologies" par Isabelle
Pinzelli, publié dans la Revue Internationale de la Propriété Industrielle (R.I.P.I.)
"Blockchain et propriété intellectuelle : une nouvelle ère juridique" - Par Sophie Dubois et Vincent
Nanni, publié dans la Revue Propriétés Intellectuelles.
"Intelligence artificielle et propriété intellectuelle" par Arnaud Casalonga dans la Revue Internationale
de la Propriété Industrielle (R.I.P.I.).

Webographie :

https://univ-droit.fr/formations/31818-du-propriete-industrielle-et-nouvelles-technologies

16
https://www.wipo.int/about-ip/fr/frontier_technologies/frontier_conversation.html

https://www.wipo.int/about-ip/fr/frontier_technologies/

https://books.openedition.org/editionscnrs/19467?lang=en

https://www.soulier-avocats.com/expertise/propriete-intellectuelle-nouvelles-technologies/

http://www.ompic.ma/fr/content/comprendre-la-propriete-industrielle-1

https://www.annales.org/ri/2020/ri-novembre-2020/2020-11-21.pdf

17
Table de Matières

Sommaire ...................................................................................................................................1
INTRODUCTION .....................................................................................................................1
Partie 1 : Fondements Juridiques de la Propriété Industrielle dans le Contexte des
Nouvelles Technologies .............................................................................................................3
Chapitre 1 : Brevets et intelligence artificielle (IA) .......................................................................... 3
Section 1 : Contexte Légal au Maroc ................................................................................................ 3
Section 2 : Exemples de brevets découlant de l’IA au Maroc ............................................................ 4
Chapitre II : Analyse des Principes de Brevets pour les Créations Générées par l'IA .................... 6
Section 1 : Critères de brevetabilité ................................................................................................. 7
Section 2 : Critères de Brevetabilité et l'IA: ...................................................................................... 8
Section 3 : Responsabilité et Éthique et nécessité d'Adaptation Juridique ...................................... 10
Partie II : L’application de la technologie Blockchain pour renforcer la protection de la
propriété industrielle............................................................................................................... 11
Chapitre 1 : Sécurité accrue : la Blochckain au service de la propriété industrielle ..................... 11
Section 1 : Fondements de la Blockchain........................................................................................ 11
Section 2 : Contrats Intelligents pour la Gestion des Droits : .......................................................... 12
Chapitre 2 : Les contraintes de la Blockchain dans le contexte de la propriété industrielle ......... 13
Section 1 : Contraintes d’utilisation................................................................................................ 13
Section 2 : Contraintes juridiques et légales ................................................................................... 14
CONCLUSION ....................................................................................................................... 15
BIBLIOGRAPHIE :................................................................................................................ 16
Webographie : ......................................................................................................................... 16

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