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D413 - Droit des contrats

Pi - Introduction générale

Introduction

Didier Baraderie
INTRODUCTION GENERALE

1. Il y a quelques décennies les juristes ont été quelque peu décontenancés par le
développement de l’informatique. En effet l’approche juridique classique ne permet pas
d’appréhender les particularités de ces créations immatérielles qui ne rentraient pas
dans les catégories habituelles de notre droit des contrats ou des biens.

Il est ensuite apparu évident que les règles classiques de droit pouvaient parfaitement
s’appliquer à l’informatique ce qui représentait un premier pas fort positif. En effet la
règle de droit trouvait un nouvel objet, l’informatique, les seules vraies difficultés
résidants dans cette première étape dans l’adaptation de l’une à l’autre.
Incontestablement donc, l’informatique a précipité l’évolution des modèles contractuels
car le bon usage des diverses clauses requiert une rédaction précise et adaptée et plus
encore, une connaissance exacte de leur portée. En revanche il convient de rappeler que
le recopiage de contrats préexistants ou de modèles types peut entraîner des effets
catastrophiques du fait même de leur généralité. Bon nombre des contrats proposés par
les entreprises sont « clonés » et leur valeur probatoire est loin d’être absolue. En
revanche tout ne doit pas faire l’objet d’une critique destructrice et ces contrats types
constituent tout de même une aide – parfois précieuse – pour rédiger un document
contractuel en quelque sorte modélisé mais soigneusement adapté.

Par la suite, les travaux de différents auteurs et la maîtrise de ces contentieux


spécifiques par les tribunaux ont donné naissance à une véritable science nouvelle, le
droit de l’informatique qui a très rapidement su trouver son autonomie n’en déplaise à
certains auteurs.

Par ailleurs ce droit qui s’est initialement appliqué aux logiciels puis aux bases de
données a vu apparaître le multimédia et l’Internet et son formidable développement
allant de pair avec l’équipement croissant des foyers en micro-informatique et l’essor de
la société « informationnelle » ainsi que de nouveaux médias.

Du fait de ses ramifications internationales ce droit ne pouvait pas rester cantonné


dans tel ou tel type de législation nationale. On doit donc s’intéresser à ses aspects
internationaux régis par les accords signés en 1993, à Marrakech.

2. Pour ce qui nous concerne directement, au sein de l’Europe, de nombreuses directives


ont été prises pour harmoniser ce droit de l’informatique. Si la tâche fut rude du fait
des disparités existant entre les diverses législations et systèmes de droit nationaux,
ces directives ont assuré l’harmonisation, en 1991, de la protection des programmes
d’ordinateurs qui se trouvaient, avec le logiciel au cœur de ce nouveau droit, en 1995,
des données à caractères personnel ou encore en 2001 du droit d’auteur dans le domaine
de l’informatique.

Les pays européens ont l’obligation de transposer ces textes communautaires dans leur
législation interne dans des délais raisonnables.

Finalement c’est surtout l’Internet que l’on rencontre de délicats problèmes


d’application du droit international privé, un domaine réservé à certains spécialistes.

Pour mieux comprendre ce droit de l’informatique une présentation générale du droit


doit être effectuée au préalable dans une partie préliminaire sans pour autant faire un
cours de droit classique mais en cherchant à mettre en évidence les points les plus
utiles pour éviter aux praticiens de l’informatique de tomber dans quelques pièges
classiques.

Pourront alors être présentés et étudiés les principaux contrats portant sur les
systèmes informatiques ainsi que sur l’Internet…

Une deuxième partie sera consacrée à la question cruciale de la protection des biens
informationnels. On sait que le Parlement européen a voté en septembre 2003 le
principe de la brevetabilité des logiciels et que la transposition de ce texte en droit
interne français a soulevé bien des difficultés.

La troisième partie du cours aura pour but de présenter la réglementation et la police


de l’informatique. La Commission nationale de l’Informatique et des Libertés (C.N.I.L.)
jouant ici un rôle de toute première importance avec en particulier la publication –
toujours attendue et même redoutée - de son Rapport annuel.

La quatrième partie apportera d’utiles précision sur le droit de la preuve, sur les
questions juridiques soulevées par la signature électronique ou encore sur le
contentieux de l’informatique et les expertises souvent nécessaires pour éclairer les
parties et les magistrats au cours d’un procès.

Enfin dans la cinquième partie très simplifiée du fait de contraintes de programme, il ne


sera pas inutile d’attirer l’attention des informaticiens sur la question de l’assurance du
risque informatique proposée par toutes les compagnies d’assurances et les mutuelles de
nos jours.

3. Sur le plan bibliographique plusieurs ouvrages peuvent être signalés :

« Droit de l’informatique » », Eléments de droit à l’usage des informaticiens par Hervé


Croze et Yves Bismuth, Economica, 1986. Cet ouvrage essentiel n’a malheureusement pas
fait l’objet d’une réédition et accuse donc son âge.

« Droit de l’Informatique et de l’Internet », par A. Lucas, J. Devèze et J. Frayssinet,


Collection Thémis, PUF, 2001

« Lamy informatique 2006 ». Ce gros ouvrage annuel assorti d’un guide, d’un formulaire
et surtout de mises à jour mensuelles est extrêmement complet et constitue la
référence classique en la matière.

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