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La poésie
engagée
Résistance, déportation
et libération
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Le groupement que nous proposons
envisage les divers aspects de la période
objectifs
considérée : la lutte clandestine, les
maquis, la répression et la déportation,
© Revenir et développer le savoir
mais aussi l’épuration. Les poètes étu- des élèves sur les formes poé-
diés – Robert Desnos, Paul Éluard, tiques.
René Char, Louis Aragon, Primo Levi © Établir le lien entre poésie et his-
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POÉSIE ENGAGÉE 3 e
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le Fard des Argonautes en 1919, contien- La deuxième strophe qui commence
nent des quatrains en alexandrins par « Mais » nuance : l’attente ne pèse
classiques, procédé que l’on retrouve pas mais la vie se réduit à cet « état de
dans le recueil État de veille en 1943. veille » qu’évoque le titre du recueil du
même nom et à une forme de lassitude
que suggère l’adverbe « trop » (v. 5).
2 Une construction pour Une certaine tristesse semble gagner
ceux qui attendent, marquée par les
convaincre adjectifs « éteint et perdu » (v. 8).
La troisième strophe s’oppose à la
Demain (1942) est un poème de précédente comme la synthèse à l’anti-
guerre, un poème qui exhorte à résis- thèse. Elle s’ouvre sur un « Or » qui
ter. Mais rien, quand on le lit innocem- contredit le « Mais », unit l’attente et la
ment, ne le signale explicitement. veille en une force qui est l’espoir. De
L’intérêt de l’étude est celle d’un l’attente opiniâtre à l’espoir, un mouve-
décryptage, qui commence par le titre ment s’accomplit.
que l’on peut mettre en rapport avec la
date de publication. Ce Demain qui 2. Du « je » au « nous »
résonne comme une promesse est évo- À ces articulations logiques, expri-
qué au beau milieu d’une guerre alors mant la concession pour mieux
gagnée par l’occupant nazi. En 1942, résoudre les contradictions et dire
les troupes hitlériennes occupent l’unité d’un sentiment, fait écho le
l’Europe, conquièrent une partie de choix des pronoms. Demain s’ouvre sur
l’Union soviétique et sont maîtres des un « je » désignant le poète. Ce « je »
pourtours africains de la Méditerranée. semble défier le temps.
La résistance française est embryon- Dès la deuxième strophe et le vers 5
naire, la répression triomphante. C’est à toutefois, le « nous » remplace le « je »,
l’aune de cette actualité qu’il faut lire le et revient par sept fois (v. 6, 7, 9, 11, 12)
poème. Ce terme, qui résonne comme avec des répétitions dans certains vers :
une injonction, est synonyme de vic- ainsi, à l’hémistiche, au vers 7 ou seul,
toire. C’est aussi une adresse du poète à aux vers 5 et 12, pour faire écho au
l’avenir. « j’ » du premier vers. À chaque fois, le
« nous » donne le rythme et met en
1. Un plan clair valeur la dimension collective de l’en-
Les trois quatrains du poème suivent gagement.
une progression que mettent en valeur La structure formelle du poème est
des articulations logiques. La première classique. Il s’agit d’alexandrins, qui
strophe est celle d’une attente sans comportent souvent une coupe régu-
cesse renouvelée. lière à l’hémistiche et un système de
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fois éveil et surveillance, s’apparente termes clés (« t’attendre », v. 2 ; « la splen-
aussi au travail des vestales, gardiennes deur du jour », v. 10) figurent ainsi en
de la pureté du foyer, de « la lumière et tête de vers, donnant sens au nom ou
du feu » (v. 6) qui agiraient dans au verbe qu’ils complètent. De même,
l’ombre, dans la clandestinité. le groupe verbal « Peut gémir », dont le
Enfin, sans vouloir pousser trop loin sujet est le temps, est rejeté au vers 4
l’interprétation, on pourrait dire que après une mise en apposition, pour
les cent mille ans du poète répondent bien le séparer de son sujet et signifier
au Reich de mille ans promis à son la durée.
peuple par Hitler.
À ces compléments de durée s’oppo-
sent donc des compléments ou groupes 4 Le jeu des allusions
nominaux qui traduisent l’instant, la
brièveté, ou qui projettent dans le futur On peut tout à fait oublier le
le poète et ses compagnons. C’est le cas contexte historique et lire Demain
de « demain », donné dans le titre et comme un poème sur le temps. La per-
personnifié au vers 2 pour répondre à sonnification de ce concept en « vieil-
la personnification du temps en lard » le montrerait assez. Mais un
vieillard. Par ailleurs, à la « nuit » des poème utilisant une facture aussi clas-
deux premières strophes, nommée au sique et des allusions à l’Antiquité n’est
vers 9, s’oppose le « jour », au vers 10. pas innocent. La poésie de la
Mais l’instant, c’est aussi « le matin » Résistance s’inscrit dans une lignée,
et « le soir », présentés en chiasme au elle prolonge un héritage. Les images
vers 4. La répétition de l’adjectif traditionnelles, les symboles connus et
« neuf » s’oppose également à l’image aisément identifiables, l’usage de la rhé-
du vieillard gémissant, au vers 3. torique et de la versification classiques
C’est aussi « la splendeur du jour » rappellent que le « Nous » si souvent
(v. 10) et « l’aurore » (v. 11) qui dési- évoqué est un peuple ancien, un
gnent les moments les plus beaux ou peuple de culture, face à la barbarie et à
les plus intenses du cycle quotidien. l’ignorance nazies.
C’est enfin le « présent » du vers 12 qui D’autre part, on sent bien, à lire ces
rime avec les présents, offrandes de la vers, que Desnos décrit la « nuit » de
nature. l’Occupation, l’attente de jours
meilleurs, de la prochaine libération.
3. La construction du vers et la N’oublions pas les messages de la
thématique de l’attente Résistance diffusés par Radio Londres,
Les choix formels du poète lui per- d’une grande force poétique, à l’instar
mettent de jouer sur le sens en le sus- du fameux incipit verlainien (« les san-
pendant par l’usage du rejet. Certains glots longs des violons de l’automne… »)
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POÉSIE ENGAGÉE 3 e
1 Le poète
Paul Éluard naît en 1895 à Saint-
Denis. Ses premiers poèmes paraissent
en 1913, mais c’est sa participation au
mouvement dada et surtout au surréa-
lisme qui marque sa véritable entrée en
littérature. Jusqu’en 1938 environ, sa
poésie incarne les thèmes privilégiés du
courant mené par André Breton :
l’amour, le désir, le rêve, mais aussi la
révolte contre une esthétique classique,
rationaliste, incarnée par les « têtes de
Turc » du mouvement comme Anatole
France. Des recueils comme Capitale de
la douleur, l’Amour la poésie, la Vie immé-
diate ou les Yeux fertiles traduisent cette
dominante lyrique du poète.
La montée du péril fasciste et la
guerre d’Espagne donnent une tonalité
plus grave à l’œuvre d’Éluard. En 1942,
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il entre dans la clandestinité, après avoir n’avaient pas vendu la France et elles
retrouvé le parti communiste où il ne n’avaient souvent rien vendu du tout. Elles
militait plus guère. Il constitue pour la ne firent, en tout cas, de morale à personne.
zone Nord l’influent Comité national Tandis que les bandits à face d’apôtre, les
des écrivains, dont le rôle sera détermi- Pétain, Laval, Darnand, Déat, Doriot,
nant lors de la Libération. Jusqu’à sa Luchaire, etc. sont partis. Certains même,
mort en 1952, il restera un poète connaissant leur puissance, restent tran-
engagé, favorable à la cause commu- quillement chez eux, dans l’espoir de
niste, jusqu’à certains de ses égarements recommencer demain ». Claude Roy note
staliniens. quant à lui l’indignation d’Éluard,
Les recueils les plus importants de lisible dans « l’écriture bouleversée » du
cette période ne portent pas tous la manuscrit2.
trace des aveuglements esthétiques du
parti. Ainsi, Le temps déborde, écrit en
1948 après la mort de Nusch, et le 3 Le portrait d’une victime
Phénix, qui en 1951 célèbre la ren-
contre avec Dominique, permettent 1. À travers les noms
d’oublier bien des poèmes de circons- Une figure féminine traverse le
tance lus lors de congrès dans les pays poème, celle de la « victime », ainsi nom-
du socialisme réel… mée au vers 5. On notera cependant la
progression des termes qui la désignent
depuis l’épigraphe dans laquelle le
2 Les circonstances du poète évoque « des filles ». L’emploi du
déterminant indéfini montre le carac-
poème tère aléatoire de la vengeance. Le mot
« filles » annonce la « fille galante » du
L’édition de la Pléiade apporte vers 14. Cette fille est d’abord la « mal-
des informations précieuses sur heureuse » du vers 3, qui suscite la pitié
« Comprenne qui voudra » publié dans et qui devient, au vers 16, « La plus
le recueil Au rendez-vous allemand aimable bête » et, au vers 19, « Une bête
(1944). Elles reprennent un article prise au piège / Des amateurs de beauté ».
publié dans les Lettres françaises 1 : « réac- De victime, elle devient animal traqué
tion de colère. Je revois, devant la boutique par des prédateurs. Un dernier nom la
d’un coiffeur de la rue de Grenelle, une désigne, au vers 23 : « Cette image
magnifique chevelure féminine gisant sur le idéale / De son malheur sur terre »,
pavé. Je revois des idiotes lamentables trem- expression qui rassemble et synthétise
blant de peur sous les rires de la foule. Elles les diverses dénominations. La jeune
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la naïveté de la victime. Là encore, puisque les vrais coupables ont souvent
selon qu’on dit ou qu’on lit l’enjambe- su l’éviter 3. Un même passé simple
ment, on met en valeur la complétive immobilise ou immortalise la victime
« Qu’elle est souillée » ou bien on insiste au vers suivant.
sur « qui n’a pas compris », comme si la Le titre du poème paraphrase une
bêtise (au sens étymologique) de ces expression figée, « comprenne qui
femmes restait l’essentiel. pourra », et lui ajoute une dimension
Enfin, et c’est le cas des trois pre- morale. Celui qui « voudra » acceptera
miers vers, le vers se termine sur un d’être responsable de la flétrissure com-
verbe, et donc sur une suspension du mise, il fera le choix de la victime
sens. Le lecteur attend le complément contre ses bourreaux. Mais ce choix est
pour saisir le sens, atteindre l’objet. librement assumé : le subjonctif laisse la
L’infinitif « dorloter » (v. 22) joue un rôle porte ouverte, il s’adresse à tous les lec-
voisin. teurs, contemporains des faits.
Rares sont les verbes dans ce poème,
2. Un autre temps qui développe pour l’immortaliser
Bien qu’écrit en 1944, Comprenne qui l’image de cette femme tondue. Le
voudra semble se situer bien après les présent de vérité générale du vers 10
faits, comme en témoigne le « En ce (« Qui sont morts pour être aimés ») révèle
temps-là », suivi de l’imparfait, placé en le sentiment profond du poète qui, en
épigraphe. Cette mise à distance est ex-surréaliste, voyait dans l’amour une
aussi une manière pour le poète révolte contre l’ordre social, contre la
témoin de se distinguer de ce « on » puissance mortifère de la société.
anonyme qui prétend punir au nom de Enfin, on peut opposer le Comprenne
la Résistance. Il s’en distingue dès le qui voudra du titre et du premier vers,
début du poème par « Moi mon remords au conditionnel « Voudrait » du vers 22
ce fut », dans lequel le redoublement par qui traduit à la fois le vœu et son
le pronom personnel et l’adjectif pos- impossible réalisation. Au pronom qui,
sessif dit ce qui l’oppose aux « amateurs très général, inclut hommes et femmes,
de beauté » (v. 20). Le passé simple s’op- s’oppose, au vers 21, la « mère / femme »,
pose également à l’imparfait de l’épi- seule capable de comprendre la portée
graphe en replaçant l’événement dans symbolique de ce qui s’est passé.
un temps déterminé, celui de la
Libération et des règlements de
compte d’une épuration injuste,
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de France vécue sur le front d’Alsace, gète de Char, ce nom d’Hypnos est celui
Char passe à la Résistance et, de 1942 à d’un personnage imaginaire, auteur des
1944, il devient dans le maquis de Feuillets. Pour le poète, ils n’appartien-
Céreste le « capitaine Alexandre ». nent pas à son œuvre poétique ; c’est un
Cette expérience trouve son écho dans texte en prose et une fiction. Dans le
les Feuillets d’Hypnos qui paraissent en bandeau de l’ouvrage, Char écrit notam-
1946, mais figurent ensuite dans le ment : « L’auteur des Feuillets d’Hypnos
recueil Seuls demeurent (1945), suivi par affectionne les mots de Nietzsche :“ J’ai tou-
Fureur et Mystère (1948). D’autres jours mis dans mes écrits toute ma vie et toute
recueils suivront dont les Voisinages de ma personne. J’ignore ce que peuvent être des
Van Gogh en 1985, mais nous nous problèmes purement intellectuels ”. »
contenterons avec la classe d’en indi- Ce lien établi entre l’homme et
quer les titres. l’œuvre 5, les références nombreuses et
explicites à des épisodes de lutte et aux
2. Le titre du recueil compagnons du maquis vont à l’en-
Ce recueil (1943-1944) porte un titre
qui renvoie dans la mythologie grecque
au Sommeil, frère de Thanatos, la Mort.
Hypnos a pour demeure une caverne, • 5. Cf. Marie-Claude Char, Dans l’atelier
du poète, Gallimard, « Quarto », 1996. Elle
éternellement sombre, traversée par les rappelle ce que ce recueil peut avoir de « bio-
eaux du Léthé. Selon Paul Veyne, exé- graphique ».
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duc », fragment 30), des initiales (« B. » 3. Les valeurs de la Résistance
fragment 138) ou le pronom « il » des a) Les références du poète
fragments 30 et 42. Dans ce dernier De même que nous avons pu oppo-
cas, le combattant désigné est l’homme ser un « eux » à un « nous », on pourra
courageux et désinvolte face à la mort, distinguer les idéaux du résistant à ce
que le poète admire. Le « il » généralise, que l’on trouve chez ses ennemis. Le
désigne une attitude plus qu’une per- poète combattant qu’est Char refuse la
sonne, procédé que l’on retrouve pour littérature : ce serait « S’étaler » (frag-
les ennemis. ment 31). L’écriture fragmentaire cor-
respond à la nécessité du moment, aux
b) Les ennemis exigences que connaît le chef de
Parmi ceux-ci, apparaît « La France » maquis, à ses responsabilités. Écrire,
qu’une métaphore compare à une c’est s’éloigner, s’« absenter ». Une image
« épave dérangée dans sa sieste » (fragment tirée de l’iconographie chrétienne
24). Au cœur de cette entité, qui carac- résume cela : « L’adoration des bergers
térise le pays abattu par la défaite de n’est plus utile à la planète », les temps
1940 et par le renoncement pétainiste, idylliques ne sont plus. C’est le
on trouve « une sorte d’homme » (frag- moment de crise, le moment de vérité.
ment 28) qui, dans la violence de Le fragment 30 présente Archiduc,
l’image « en avance sur ses excréments », personnage emblématique. Il « a décou-
correspond aux collaborateurs et zéla- vert sa vérité ». Le résistant est un
teurs les plus méprisables du régime en homme généreux, qui éprouve des sen-
place. Cette « sorte d’homme » n’appar- timents sincères. Il transforme les senti-
tient plus à l’humanité au sens où Char ments à la façon de l’alchimiste qui
l’entend, celle de l’Homme révolté, pour transforme la matière. Ici, les termes
reprendre un titre de Camus, par s’opposent : avant, « acteur de sa vie »,
ailleurs dédicataire du recueil, l’homme « frondeur », « soupçonneux », empoisonné
qui ferme « souverainement les yeux », par l’« insincérité », d’une « tristesse
pour reprendre l’expression employée stérile ». « Aujourd’hui il aime » : la mise
dans le fragment 59. en avant du verbe met en relief l’essen-
Le poète s’adresse aussi aux prudents tiel ; la série de cinq verbes ou groupes
qui se taisent ou restent indifférents verbaux apporte la confirmation.
(fragment 22), êtres « dont la maison ne Ce goût de l’engagement total ne
pleure pas ». souffre pas de demi-mesure, de limite,
Enfin, il y a l’ennemi, les SS qui exé- comme en témoigne le fragment 2.
cutent « B. ». Un simple « eux » les L’« ornière des résultats », c’est ce à quoi
oppose à « nous ». Mais on devine qu’ils on est habitué, ce qui n’ouvre aucun
sont aussi de la « sorte d’homme » dési- horizon, la médiocrité d’une politique
gnée dans le fragment 28. à courte vue par ailleurs fustigée. Dans
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le fragment 50, le colt symbolise la pleure pas », leur feu n’éclaire pas plus
révolte contre cette médiocrité, cette qu’il ne réchauffe, c’est un « garde-
compromission désignée par le pronom malade ». Leur manque de générosité les
« tout », l’ensemble « TOUT CELA » en détruit de l’intérieur : « Votre cancer a
majuscule. Le démonstratif désigne ce parlé. »
qu’on ne saurait nommer, comme les Au-delà d’eux, cette médiocrité
excréments du fragment 28. L’avenir coupable atteint la France entière
est une « promesse de soleil levant » que décrite comme une « épave dérangée
l’on distinguera justement de « l’ornière dans sa sieste ». La France n’est pas le
des résultats ». « pays natal » du fragment 22, lequel
Le courage n’exclut pas la légèreté, la ressemble à celui que décrit le poème
désinvolture. Ainsi, pour ce combattant « Qu’il vive ! » dans les Matinaux, « vœu
qui, au bord de mourir, abattu par deux de l’esprit, contre-sépulcre ».
balles ennemies, « eut le temps d’appeler
une mouche : “ Madame ” » (fragment
42). L’humour est signe de liberté et de
générosité. Cette liberté prônée en son 3 L’art du fragment
temps par les surréalistes, on la retrouve
dans l’ultime fragment du recueil, liée à Différencier les types d’écriture
« la Beauté », allégorie reconnaissable à employés par Char est une tâche diffi-
sa majuscule. On pourra faire le rap- cile, notamment pour des collégiens.
prochement avec le fragment 81, non On pourra néanmoins s’appuyer sur
proposé (« L’acquiescement éclaire le leurs connaissances en matière de
visage. Le refus lui donne la beauté »), mais valeur des temps et d’emploi des pro-
aussi indiquer que ces Feuillets noms (en somme ce qui est du ressort
d’Hypnos sont placés sous le signe de de l’énonciation) pour nommer cer-
Georges de La Tour, peintre souvent tains genres ou techniques.
évoqué par Char qui avait placé au mur
de sa pièce une reproduction du 1. L’anecdote ou le récit
Prisonnier. La Beauté est aussi dans le Le plus aisé à identifier est l’anecdote
dialogue entre les époques, dans la per- ou le récit, parfois long, comme dans le
manence de certaines valeurs. fragment 138, avec un emploi du passé
composé dont l’usage rappelle celui
b) Un monde rejeté qu’on en fait dans un journal de bord :
L’apostrophe « vous » du fragment 22 les feuillets distinguent les jours, les
a quelque chose, sinon de méprisant, instants. L’anecdote peut être brève,
du moins d’agressif. Les « prudents » confinant à l’illustration, d’un trait,
sont des gens réalistes, incapables de comme dans le fragment 42 avec ses
s’émouvoir, d’aimer. Leur maison « ne deux verbes au passé simple.
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2. La note de journal
Elle se reconnaît à l’emploi du « je », 4 Conclusion
du présent d’énonciation et à celui de
la parataxe (fragment 31). Quelques Les Feuillets d’Hypnos que nous avons
propositions juxtaposées suffisent à dire étudiés rompent avec une certaine idée
l’urgence. que se font les élèves de la poésie. Nous
ne saurions, au terme de cette étude,
3. Le portrait définir le poétique. Le travail de
C’est un autre procédé reconnais- décryptage que nous avons proposé
sable : celui d’Archiduc est un portrait ouvre des pistes. La densité de l’expres-
moral, dressé à l’imparfait et au présent. sion est un indice, le travail de l’image
Il repose sur une série d’oppositions en est un autre, mais on ne saurait, heu-
entre « jusque-là » et « Aujourd’hui ». reusement, expliquer toutes les méta-
phores employées par Char.
4. L’aphorisme On peut néanmoins montrer que le
La plupart des fragments s’apparen- travail du poète n’est pas incompatible
tent à des aphorismes : on y trouve le avec le combat du résistant, qu’au quo-
présent de vérité générale et la densité, tidien les deux se sont trouvés indisso-
le goût de l’image parfois violente qui lublement liés.
caractérise ce genre. C’est le cas du La poésie est un écart, une liberté
fragment 28. L’aphorisme peut aussi se que les hommes s’offrent face au réel et
réduire en une simple note, phrase avec le langage, ce que résume parfaite-
nominale très sèche, comme pour le ment l’expérience de l’homme blessé
fragment 50. Le fragment 237, par la à mort appelant une mouche
reprise des termes « une place […]. Toute « Madame ».
la place », rappelle que l’aphorisme a une
dimension morale non négligeable. Ce
que prouve aussi le fragment 59, phrase
hypothétique qui met en relief un idéal,
d’autant que l’homme est pris ici au
sens générique d’humain. On retrouve
cet idéal dans les phrases injonctives
(fragment 2) et dans les apostrophes aux
« prudents » (fragment 22).
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2. L’image arsenal, comme en possèdent les bandes
a) Les couleurs et la disposition de truands et groupes terroristes.
Trois couleurs dominent : le blanc, le
noir et le rouge. Le blanc est rare : c’est 3. Le texte
celui de la question posée en majuscule a) Le message
et celui du fond des photos, apparem- L’essentiel du message figure en haut
ment le mur crépi de la prison contre et en bas de l’affiche : à une question
lequel on a photographié les membres répond une exclamation. Au doute
du réseau Manouchian. Le noir est répond une certitude. Les mots « libéra-
celui des photos, il suggère le crime, la tion » et « libérateurs » apparaissent dans
mort. Mais c’est, bien sûr, le rouge qui les mêmes caractères, mais au blanc,
domine : rouge du sang et du crime, symbole de pureté, succède le rouge,
rouge comme la couleur du commu- associé au meurtre, avec l’expression
nisme, identifié par les nazis au crime. « l’armée du crime », qui déforme l’idée
Ce rouge donne son nom à l’affiche. de troupe militaire organisée et hiérar-
L’affiche est de forme verticale. Les chisée.
dix portraits figurent en médaillon dans Un tract fut également diffusé à cette
un triangle et six photos d’attentats de époque, dont le texte de commentaire
forme rectangulaire sont disposées sous précisait ce que disait l’affiche : « Si des
ce triangle, dans un désordre apparent, français pillent, volent, sabotent et tuent, ce
certaines photos se chevauchant. Le tri- sont toujours des étrangers qui les comman-
angle a pour sommet la photo de dent : ce sont toujours des chômeurs et des
Manouchian désigné par une flèche criminels professionnels qui exécutent ; ce
comme le « chef de bande ». Ce triangle sont toujours des juifs qui les inspirent.
pointé vers les photos d’attentats peut C’est l’armée du crime contre la France 7. »
être lu comme une flèche d’implica-
tion. b) Le commentaire des photos
La cible visée par les propagandistes
b) Les photos nazis est claire : ce sont les « étrangers ».
Sous les médaillons qui présentent Rien n’assure que tous les membres de
en gros plan les « criminels », apparais- l’Affiche rouge le soient, mais le mes-
sent les faits dont on les accuse : trois sage passe. Le tract est explicite. Les res-
images de déraillement (on ignore bien ponsables sont désignés à la fin du mes-
sûr la nature des transports et on laisse sage, la victime n’est pas l’Allemagne
croire qu’il s’agit de voyageurs civils), mais la France. En somme « libérer la
un torse nu criblé de balles et un
cadavre de civil impossibles à identifier.
Enfin, la photo placée au centre, sous le
portrait de Manouchian, est celle d’un • 7. Op. cit., p. 91.
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tances par rapport à sa foi communiste térisation justifie en partie le message :
et revient sur son passé. il s’agit de rendre leur place aux résis-
Ce long et imposant parcours est tants étrangers, ceux de la Main-
également synonyme de formes d’Œuvre immigrée que l’on avait for-
variées, puisque Aragon est passé de tement tendance à oublier dans la geste
l’avant-gardisme des années 20 à la résistancialiste8 « qui préférait évoquer la
défense et illustration de la tradition Résistance française sans envisager l’origine
poétique classique, notamment pen- de ses combattants ».
dant la guerre et la clandestinité. La désignation met en relief le
Le poème est écrit en alexandrins, patriotisme de ces partisans anonymes.
avec des rimes croisées régulières, sans Ils aiment charnellement le pays pour
ponctuation indiquée et sans enjambe- lequel ils luttent, ils lui dédient leurs
ment rompant la régularité du vers. dernières paroles. L’antithèse « étran-
gers » et « nos frères » évoque lointaine-
2. Les partisans et le peuple ment la parole évangélique, elle traduit
a) Des combattants anonymes surtout le sentiment du poète qui
Le poème ressemble à un discours marque ainsi combien les deux termes
adressé à des absents, ou à une épitaphe sont solidaires, quoique apparemment
désignant ceux qui ne sont plus. Un différents.
« vous » six fois répété (v. 1, 4, 6, 11, 12, Dès la première strophe, ces oubliés
18) désigne ces anonymes qui figu- de l’Histoire sont unis par une qualité :
raient sur l’Affiche rouge, et se trouve la discrétion. Un jeu de négations sou-
repris par le possessif « vos » (v. 6) qui ligne leur modestie : « Vous n’avez
s’oppose à « nos » au même vers. Ce réclamé la gloire ni les larmes / ni l’orgue
« vous » se transforme en « ils » au vers ni la prière aux agonisants » (v. 1-2) et
31, repris par son attribut « vingt et leur désir d’efficacité au combat, mis en
trois », mais c’est seulement dans les vers valeur par « simplement » au vers 4.
suivants que ces « vingt et trois », Deux temps s’opposent : le passé com-
répétés quatre fois, deviennent identi- posé, temps d’un passé plus proche que
fiables grâce à : le plus-que-parfait (« Vous vous étiez
• des relatives : « qui donnaient leur servi », v. 4), temps de l’Occupation et
cœur avant le temps » (vers 32) ; « qui de la lutte. La mort de ces résistants
criaient la France en s’abattant » (v. 35) ; s’apparente à une renaissance que tra-
• des noms : « étrangers et nos frères duit le verbe « fleurirent », employé
pourtant » (v. 33) ; comme image, au vers 31.
• un adjectif suivi de son complé-
ment : « amoureux de vivre à en mourir »
• 8. Cet adjectif est employé par Henry
(v. 34). Rousso dans son Syndrome de Vichy, Le Seuil,
Ce passage de l’anonymat à la carac- « Points histoire », 1987.
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combat lucide des partisans, leur
4 Le poème dans acceptation d’un destin inscrit dans le
le poème combat.
2. La lettre de Manouchian
1. Une œuvre de mémoire On peut également lire la lettre de
L’emploi des temps, et en particulier Missak (ou Michel) Manouchian
celui du passé composé, temps de l’ac- comme une façon de raviver le souve-
tion achevée, est un indice qui nir de cet homme et du groupe qu’il
confirme ce que dit le titre. Il s’agit là dirigeait. Manouchian était poète et,
de strophes « pour se souvenir » écrites en reprenant ses mots, Aragon rend hom-
1955, en une période où le souvenir de mage au combattant et à l’artiste.
la guerre et de la Résistance s’estompe. Les phrases de Manouchian repré-
En outre, comme nous l’avons dit, les sentent douze vers écrits en italique.
membres de l’Affiche rouge sont les Ces mots adressés à Mélinée, sa femme,
oubliés de l’Histoire. Le poème reprennent la dernière lettre écrite par
d’Aragon, mis en musique et interprété le poète, au jour de sa mort : en
par Léo Ferré, leur rend justice. complément, le professeur pourra dis-
Mais il faudra attendre les années tribuer aux élèves la lettre de
quatre-vingt et le téléfilm de Mosco, Manouchian à sa femme (cf. annexe).
Des terroristes à la retraite, pour que D’autres destinataires sont nommés à
l’épopée de ces hommes sorte complè- travers le vœu de « Bonheur » adressé :
tement de l’oubli et suscite une polé- « à ceux qui vont survivre » (v. 19), ce qui
mique. Peu avant, en 1976, un film de révèle la grande humanité de celui qui
Frank Cassenti intitulé l’Affiche rouge va mourir.
évoquait leur histoire. Les mots de Manouchian confirme
Cet oubli est signifié dans le poème, ce que l’adverbe « calmement » (v. 18)
dès le troisième vers, avec la répétition révèle de l’homme : il est serein, meurt
de la durée (« Onze ans ») et l’emploi « sans haine » (v. 20). Le champ lexical
des adverbes « déjà » et « vite » que l’ab- du bonheur domine : « Bonheur »
sence de ponctuation rend plus fluide revient deux fois (v. 19) ; « heureuse »
encore. À qui ce vers est-il destiné ? (v. 23) ; « plaisir » (v. 21). D’autres
Peut-être au poète lui-même. champs confirment cette impression,
À cette fluidité du temps qui efface en particulier celui de la nature dans
le souvenir s’oppose la dernière sa beauté : « les roses » (v. 21) ; « lumière »,
strophe, bâtie comme une épitaphe sur « vent » (v. 22) ; « beauté des choses »
une plaque ou pierre tombale, mais (v. 24) ; « Un grand soleil d’hiver éclaire la
aussi le présent de vérité générale qui, colline » (v. 26) ; « Que la nature est belle »
dans le cinquième vers, évoque le (v. 27).
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quotidien sans histoire : « Vous qui
2 Les sources du poème vivez » (v. 1) ; « Vous qui trouvez » (v. 3).
C’est aussi le quotidien du détenu,
Deux textes ont inspiré ce poème du
celui « qui peine » (v. 6) ; « Qui ne connaît
10 janvier 1946. L’un est la Divine
pas de repos » (v. 7) ; « Qui se bat » (v. 8) ;
Comédie de Dante, souvent cité par
« Qui meurt » (v 9) ; « Qui a perdu »
Levi. On se rappelle peut-être le cha-
(v. 11) ; « que cela fut » (v. 15). Ce verbe
pitre « Le chant d’Ulysse », dans Si c’est
« être » au passé simple semble inscrire
un homme 10, dans lequel le narrateur
dans l’histoire les faits, souligne leur
racontait à son ami Jean dit « le Pikolo »
caractère irrémédiable.
un épisode du poème de Dante. Les
Par opposition à l’indicatif factuel,
« Considérez si c’est un homme […] si
concret, l’impératif est le mode de la
c’est une femme » qui rythment le
prière, de la demande, voire de l’in-
poème sont inspirés du poète du début
jonction : « Considérez » (v. 5 et 10) ;
de la Renaissance italienne.
« N’oubliez pas », au vers 15, répété au
L’autre source est propre à la liturgie
vers 16 ; « Gravez ces mots » (v. 17) ;
juive, à sa principale prière, le Shema,
« Pensez-y » (v. 18) ; « Répétez-les »
qui donne son sous-titre au poème. Les
(v. 20). Ce dernier verbe marque l’in-
premiers vers en sont : « Écoute Israël
sistance, ce que l’on appelle, parfois
l’Éternel notre Dieu, l’Éternel est
à tort aujourd’hui, le « devoir de
Un. » Cette prière, que le juif doit
mémoire », mais qui dans ce contexte
connaître et pouvoir dire au moment
prend tout son sens.
de sa mort, est la plus importante. Faite
Le subjonctif par lequel se clôt le
de recommandations répétées avec
poème est le mode de l’imprécation, de
insistance, elle donne son cadre au
la malédiction propre aux prophètes :
poème de Primo Levi. Bien qu’in-
« que votre maison s’écroule » (v. 21) ;
croyant, il connaissait cette prière et
« Que la maladie vous accable » (v. 22) ;
retrouve, dans les conseils et injonc-
« Que vos enfants se détournent de vous »
tions dont elle est porteuse, l’écho de
(v. 23). L’emploi des noms et pronoms
son désir de survivant.
est à mettre en relation avec ce qui pré-
cède.
3 La construction du poème Une apostrophe domine, adressée à
« vous ». Le pronom est repris de façon
1. L’emploi des modes anaphorique au début, revient à travers
et des pronoms l’emploi des verbes à l’impératif, puis
Trois modes organisent le poème. dans les trois derniers vers, à travers les
L’indicatif est le mode des faits, du menaces qui sont autant de malédic-
tion. L’emploi de déterminants posses-
• 10. Robert Laffont, 1996, pp. 146 à 156. sifs (« votre maison », « vos enfants ») pro-
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duit un effet d’insistance. Le « vous » n’est pas seulement se salir, c’est aussi
employé comme complément d’objet perdre sa dignité et risquer de rester au
second ou complément d’objet indi- sol, de vivre l’humiliation11. L’homme
rect (« vous accable », « se détourne de du Lager est celui qui n’est plus maître
vous ») donne l’impression que le fait de son sort, voué à l’absurdité d’un
de ne pas écouter ni transmettre ne monde dans lequel il n’y a pas de pour-
laisse aucune échappatoire. quoi et qui « meurt pour un oui pour un
À ce « vous » s’opposent « un homme » non » (v. 9).
(v. 5) et « une femme » (v. 10). Le premier Quant à la femme, elle est sans visage
nom est repris à quatre reprises par les humain, puisqu’elle « a perdu son nom et
relatifs « qui » ou « celui qui » (v. 6 à 9). ses cheveux » (v. 11) et qu’elle a « Les
Le second par un « celle qui » (v. 11). La yeux vides » (v. 13). Son apparence, les
répétition en tête de vers résonne attributs constitutifs de sa beauté ont
comme quelque chose de lancinant qui disparu : elle a « le sein froid / Comme
suggère la condition pénible du déporté une grenouille en hiver » (v. 13-14). Ayant
qui n’est plus tout à fait un homme. perdu « jusqu’à la force de se souvenir »
(v. 12), elle n’est plus de ce monde dans
2. Les mots et leur sens : lequel on se reconnaît entre « visages
l’homme, la déportation amis ».
Le mot « homme » prend des sens dif- La condition du déporté tient en un
férents dans le titre et dans le poème. pronom démonstratif neutre, comme si
Dans le premier cas, il désigne l’humain le mot même était imprononçable :
de façon générique, par opposition à c’est « cela » (v. 15), au milieu du poème.
l’animal ou au végétal. Dans le poème,
c’est par opposition à la femme qu’il
est situé. La condition des deux êtres VI. Textes complémentaires
est, comme on le verra, différente pour
le poète. (fiches élève 7 et 8)
L’homme du titre est l’homme libre,
celui qui connaît la paix (« la quié- En guise de prolongement, on
tude »), la chaleur d’un foyer, qui mange pourra étudier avec les élèves le poème
à sa faim et n’est pas seul. C’est de Robert Desnos, la Voix et celui de
l’homme debout, droit, au contraire de Paul Éluard, Courage, que nous présen-
celui qui perd son humanité : celui qui tons accompagnés d’un questionnaire.
« peine dans la boue », qui ne « connaît pas
N O R B E RT C Z A R N Y,
de repos » (v. 6 et 7). Les expressions sont
académie de Versailles
à prendre à la lettre, surtout lorsque
l’on sait l’importance de ce thème de la • 11. Voir, par exemple, dans Lilith, le récit
boue chez Levi : tomber dans la boue « Capaneo », Liana Levi, 1987, p. 8.
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annexe
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DEMAIN
QUESTIONNAIRE
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COMPRENNE QUI VOUDRA
QUESTIONNAIRE
1. Faites une recherche dans votre livre 4. Comment cette victime est-elle décri-
d’histoire ou dans des encyclopédies te ? Relevez les jeux d’opposition.
sur l’épuration en 1944 et sur les 5. En quoi l’épigraphe donne-t-elle une
femmes tondues. Retrouvez si possible indication sur l’époque ? Appuyez-vous
un document photographique sur ces sur l’expression « en ce temps-là »
faits. pour répondre et sur l’emploi des
2. Commentez la disposition de ce temps dans l’épigraphe et le poème.
poème en mettant en valeur le rôle 6. Quel regard le poète porte-t-il sur la
des enjambements et rejets. En quoi le scène ? Commentez le titre : quelle
sens est-il parfois modifié ? différence voyez-vous, par exemple,
3. Quels termes désignent la victime ? avec l’expression « comprenne qui
Quelle progression notez-vous ? pourra » ?
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1
GE
PA
FEUILLETS D’HYPNOS
Ú©
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2
GE
PA
prix. Qu’est-ce qu’un village ? Un vil- place pour la Beauté. Toute la place est
lage pareil à un autre ? Peut-être l’a-t-il pour la Beauté.
su, lui, à cet ultime instant ?
René CHAR, Fureur et Mystère,
237
Gallimard , « Poésie », 1996.
Dans nos ténèbres, il n’y a pas une
QUESTIONNAIRE
1. Recherchez le sens des mots suivants : valeur des temps, le choix des noms et
« ornière », « caréniers » (cf. « carène » pronoms, essayez de classer les frag-
ou « carénage »), « alchimiste ». ments dans le tableau qui suit.
2. Quels sont les lieux évoqués dans ces Attention : certains fragments sont
fragments 1 ? inclassables ou peuvent appartenir à
3. Relevez dans chaque fragment les per- plusieurs catégories.
sonnages (noms, pronoms, allégorie 2) 8. René Char classait ses Feuillets
et les sujets grammaticaux nommés. d’Hypnos parmi les textes en prose et
Classez-les selon qu’ils incarnent des fictions. Il les a revus, corrigés après la
valeurs positives ou négatives. guerre. En quoi diriez-vous toutefois
4. Certains mots sont en italique ou en qu’ils ont une dimension poétique ?
petites capitales. Relevez-les et, en
vous appuyant sur le contexte, dites • 1. Céreste est un village du Lubéron, en
pourquoi. Provence.
5. En vous appuyant sur les fragments 2, • 2. Allégorie : expression d’une idée par
30, 42, 50, 59, 237, dites quelles valeurs une métaphore animée. L’allégorie se signale
positives la Résistance incarne aux souvent par une majuscule. Aphorisme :
phrase sentencieuse qui énonce une pensée
yeux du poète ?
ou une règle en quelques mots. La maxime
6. Faites le même travail sur les frag- s’apparente à l’aphorisme par sa densité et sa
ments 22, 24 et 28, pour montrer ce complexité formelle (cf. Évelyne Amon et Yves
qu’ils rejettent. Bomati, Vocabulaire du commentaire de texte,
7. En vous appuyant sur l’emploi et la Larousse, 1990).
Récit Maxime
Portrait Note Réflexion
ou anecdote ou aphorisme
N° du fragment
Justification
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L’ A F F I C H E
ROUGE
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GE
PA
Ú©
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POÉSIE ENGAGÉE 3 e
QUESTIONNAIRE
1. Cherchez dans un dictionnaire des
Le poème dans le poème
noms propres : Erivan ou Erevan.
2. Cherchez dans un dictionnaire ou un 89. Expliquez le titre du poème.
manuel d’histoire ce qu’est l’Affiche Pourquoi, selon vous, Aragon a-t-il
rouge. voulu célébrer les membres de
l’Affiche rouge ?
Les procédés de dénomination 10. Montrez que la lettre poème de
Manouchian introduit une rupture :
3. Quels sont les noms ou pronoms
• par la façon dont Aragon
sujets ? Comment comprenez-vous le
l’introduit ;
passage du « vous » au « ils » entre la
• par son contenu : quels champs lexi-
première et la septième strophe ?
caux s’opposent ?
4. Quels termes (noms ou adjectifs) dési-
11. À qui s’adresse-t-elle ?
gnent les membres de l’Affiche rouge ?
12. Quelle vision du monde Manouchian
5. Comment le peuple français est-il
a-t-il ?
désigné dans les deuxième et troi-
13. Quelle vision de la poésie s’en
sième strophes ? Quelle est son atti-
dégage ? Appuyez-vous notamment
tude ? Relevez les liaisons logiques et
sur le dernier fragment pour
montrez qu’ainsi le poète oppose l’ap-
répondre.
parence et la réalité.
6. Quelles qualités le poète met-il en
valeur dans les première et septième
strophes ?
L’atmosphère de l’Occupation
et la Résistance
7. En quelle saison les faits se déroulent-
ils ? Quelles images traduisent le cli-
mat ?
88. Quelle image l’affiche donne-t-elle
des résistants ?
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1
GE
SI C’EST UN HOMME
PA
(SHEMÀ)
QUESTIONNAIRE
1. Trois modes structurent le poème : dans le titre ? Quel sens prend-il dans
quelle est ici la valeur de l’indicatif, de le poème ?
l’impératif, du subjonctif ? 4. Quel type de proposition Levi
2. Qui sont les sujets, ou les personnes emploie-t-il pour désigner l’homme ?
apostrophées dans le poème ? Quel effet est produit par la
3. Quel sens prend le mot « homme » répétition ?
Ú©
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2
GE
PA
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LA VOIX
15 Ne l’entendez-vous pas ?
QUESTIONNAIRE
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COURAGE (1942)
1
GE
PA
Ú©
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2
GE
QUESTIONNAIRE
1. Quand le titre est-il8 repris dans le
poème ? Qu’en déduisez-vous quant
à la valeur de ce titre ? Quel autre
vers contient un verbe à l’impératif ?
2. Au présent de description
8 s’oppose
un autre présent. Quelle est sa valeur ?
3. Quelles sont les 8deux apostrophes
(ou sujets) qui structurent le poème ?
Faites un relevé des pronoms et
adjectifs possessifs employés.
4. Quelle image le poète8 donne-t-il de
Paris ?
5. Relevez les verbes8 décrivant un état
ou qualifiant la ville.
6. Relevez les adjectifs8 et comparaisons.
7. En quoi l’apparence 8 et la réalité de
Paris s’opposent-elles ?
8. En quoi Paris est-elle
8 faite d’anti-
thèses ?
9. Comment le poète 8 désigne-t-il le
peuple de Paris ? Relevez les termes.
10. Relevez tous les termes suggérant la
vie ou la régénérescence.
11. En quoi le poète oppose-t-il ce
peuple à l’ennemi ?
12. Éluard emploie le vers libre et ne
ponctue pas, contrairement à Desnos
dans « Demain », par exemple.
Qu’apporte ce type de vers au
poème ?
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