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Retranscription de l’entretien

NOM et Prénom de l’étudiant Anastassia Kokot Baïdoukova

Fiche signalétique

Libellé entreprise ou projet Confidentiel – nous l’appelerons AgriRegen


Nom de la personne Confidentiel
interviewée
Secteur Agriculture durable
Pays / Région France, principalement Loire et Occitanie
Activité de l’entreprise Culture de céréales et légumineuses en se concentrant sur
entreprise ou du projet les pratiques agricoles régénératives
Nombre de salariés dans Entre 150 et 200 salariés
l’entreprise ou d’acteurs
concernés
Entretien traduit depuis une Non, entretien en français
langue étrangère

Retranscription

Interviewer

Bonjour Monsieur, merci d'avoir accepté de passer mon entretien au sujet de la régénération au sein
de votre entreprise. Pouvez-vous avant tout présenter votre entreprise ?

Interviewé

Bonjour, et merci de m’accueillir pour cet entretien. Pour commencer, notre entreprise AgriRegen
est spécialisée dans le domaine de l’agriculture durable. Nous nous concentrons sur la culture de
céréales et de légumineuses, en mettant un accent particulier sur les pratiques agricoles
régénératives. La mission de AgriRegen est de maintenir la santé de nos sols, en augmentant la
biodiversité. En faisant cela, on enrichit les écosystèmes le but étant d’atténuer les changements
climatiques. Et pour ce faire nous collaborons beaucoup avec des partenaires locaux, des petits
agriculteurs, des chercheurs etc. Nous voulons montrer l’exemple et promouvoir l’utilisation de
pratiques durables.

Interviewer

D’accord, merci. En quoi votre entreprise s’appuie-t-elle sur une démarche de régénération ?

Interviewé

Eh bien, cette démarche se traduit dans plusieurs aspects de nos activités. D’abord on pratique
l’agriculture régénérative, qui vise donc à restaurer la santé des sols. Dans cette pratique, nous
utilisons des techniques différentes comme la rotation des cultures, la couverture végétale, la
réduction du labour, etc. Par exemple, la réduction du labour permet d’améliorer la structure du sol
et augmenter sa fertilité. On intègre aussi la biodiversité dans nos pratiques agricoles en utilisant des
méthodes de lutte biologique contre les nuisibles, et en faisant en sorte de préserver les habitats
naturels. On travaille aussi en collaboration avec l’externe, les communautés locales pour qui
puissent devenir autonomes alimentairement parlant. Ah, nous investissons aussi dans la recherche
et développement de pratiques agricoles, dans le but de continuer à améliorer notre impact
régénératif.

Interviewer

D’accord, et quel est votre rôle à vous au sein de cette entreprise ?

Interviewé

Moi je suis responsable du développement et de la mise en œuvre de stratégies d'agriculture


régénérative. Pour faire simple, je m’occupe de la coordination avec nos équipes agricoles, pour
assurer l'adoption de pratiques durables comme la rotation des cultures ou la gestion naturelle des
nuisibles. Je suis aussi impliqué dans des projets de collaboration avec nos partenaires locaux et des
experts en développement durable. Donc de manière générale, mon rôle consiste à suivre les
progrès et à évaluer l'efficacité de nos méthodes en termes de régénération des sols et de
contribution à la biodiversité.

Interviewer

Vous venez de parler de "méthodes" en termes de régénération des sols et de contribution à la


biodiversité. De quelles méthodes parlez-vous ?

Interviewé

Les méthodes que nous utilisons sont assez diverses. La première est la rotation des cultures et
polyculture qui sert à maintenir la santé du sol pour réduire la dépendance aux engrais chimiques. La
polyculture permet d’imiter les écosystèmes naturels, toujours dans le but de favoriser une plus
grande biodiversité. On utilise également des plantes de couverture et des engrais verts pour enrichir
le sol en nutriments. Cette deuxième méthode sert aussi à prévenir l’érosion des sols. Comme je l’ai
dit tout à l’heure, nous privilégions aussi l’agriculture sans labour, ou du moins réduit. D’ailleurs, l’un
des autres buts de cette méthode est d’augmenter sa capacité à retenir l’eau. Une autre méthode,
que j’ai mentionné tout à l’heure également est d’adopter des approches biologiques pour la gestion
des nuisibles, en favorisant les prédateurs naturels notamment. Enfin, nous nous mettons de plus en
plus à l’agroforesterie en intégrant des arbres à nos systèmes agricoles. Ces arbres permettent de
recréer un habitat naturel pour la faune. Mais toutes ces méthodes ne sont pas toutes utilisées en
même temps, cela dépend des spécificités régionales. Typiquement, il y a beaucoup de bassins en
Occitanie et le sol s’irrigue facilement là-bas donc il n’est pas nécessaire de mettre en place une
agriculture sans labour. Là-bas, l’agriculture est à labour réduit.
Interviewer

Donc d'après ce que vous me dites, si je comprends bien, la nature principale de ce qui est régénéré,
c'est le sol ?

Interviewé

Oui, tout à fait. C’est la régénération du sol qui est au cœur de nos pratiques agricoles régénératives.
En améliorant sa fertilité, on peut non seulement augmenter la productivité agricole durablement,
mais aussi créer des écosystèmes plus sains. Un sol sain est essentiel pour la biodiversité, notamment
depuis que les changements climatiques sont aussi violents. Donc bien que nos efforts de
régénération s’adressent à l’entièreté de l'écosystème, le sol est effectivement l'élément principal
que nous cherchons à préserver.

Interviewer

Élément principal ? quels sont les autres éléments dans ce cas ?

Interviewé

Eh bien d’abord, la biodiversité. Donc on essaie d’augmenter la biodiversité dans le sol, mais aussi
dans les écosystèmes environnants. On inclut la préservation des habitats naturels, la promotion de
la faune, celle de la flore etc. Nos efforts vont aussi comme je l’ai dit vers la gestion durable de l’eau,
en améliorant la rétention de l’eau dans le sol et en réduisant notre consommation même d’eau. La
qualité de l’air est aussi importante ; nous cherchons à réduire les émissions de gaz à effet de serre
tout en augmentant la séquestration de carbone – cela sert à réguler le climat. Enfin, le fait de
travailler avec les communautés locales, pour soutenir l’agriculture durable, rentre aussi dans ce
classement. Travailler avec les communautés permet aussi de créer des emplois plus
écoresponsables.

Interviewer

D'accord, merci. J'aimerais revenir rapidement sur les méthodes de régénération dont vous avez
parlé. Pouvez-vous expliquer la pratique d'agriculture sans labour ? Quel est le mécanisme de cette
méthode ?

Interviewé

L’agriculture sans labour vise à minimiser la perturbation du sol. On laisse le sol intact plutôt que de
le retourner par labourage. En le laissant au naturel, on maintient la structure naturelle du sol, en
préservant la matière organique, et en améliorant la rétention d'eau. Le fait d’éviter le labour permet
également de réduire l’érosion des sols. Le ruissellement des sols également d’ailleurs. Le fait
d’éviter le labour permet d’améliorer la croissance des plantes.

Interviewer

Maintenant, j'aimerais aborder les difficultés de ces pratiques. Avant tout, quelles sont les difficultés
de la mise en place de la régénération au sein de vos activités ?
Interviewé

Ces pratiques présentent plusieurs… défis en effet. D’abord ce sont des pratiques qui nécessitent un
investissement initial important, en termes de formation, d’équipement, de modifications des
anciens processus etc. Donc je dirais que le coût initial est élevé. La formation est un processus assez
complexe, c’est crucial d’éduquer et de former le personnel et ça peut être long. Ensuite, chaque
terrain est différent et chaque culture l’est également, ce qui exige des recherches multiples, des
expérimentations tout au long de l’année, etc. Il peut de plus avoir des sortes de résistances au
changement, à cause des habitudes établies, des incertitudes face à ces nouvelles méthodes. Ces
résistances concernent l’entreprise en interne autant que la communauté agricole au sens large.
Enfin, je dirais qu’évaluer l’efficacité des nouvelles pratiques, mesurer les résultats, peut prendre
beaucoup de temps. L’efficacité est donc parfois remise en question, et peut retarder également la
validation de leur impact positif. C’est pourquoi je pense qu’on ne peut pas travailler dans
l’agriculture régénérative à moins d’avoir une vraie volonté d’adaptation, et d’apprentissage
continue.

Interviewer

En tant que responsable, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Sont-elles quotidiennes ?

Interviewé

Je dirais que la plus grosse difficulté, c’est gérer les attentes, internes et externes. Les pratiques
régénératives sont assez récentes, et comme je l’ai dit, beaucoup sont incertains quant à leur
efficacité. Donc gérer ces attentes est compliqué, surtout que les bénéfices de ces pratiques
apparaissent avec le temps. Et la deuxième difficulté renforce ce premier point : il faut constamment
s’adapter aux conditions climatiques et environnementales changeantes, et il faut donc que je cultive
cette volonté d’adaptation afin d’avoir les résultats nécessaires pour répondre aux attentes. Je pense
que ce sont les deux difficultés principales ; bien sûr une autre difficulté que j’ai est la coordination
entre les différents départements de l’entreprise, mais c’est un problème que tous les responsables
rencontrent. Notamment entre la R&D et le département finance.

Interviewer

Que faites-vous pour limiter ces difficultés ?

Interviewé

On met en place plusieurs stratégies. D’abord on investit beaucoup dans la formation continue du
personnel, pour qu’ils maîtrisent parfaitement les nouvelles pratiques régénératives. Nous avons des
méthodes de planification très détaillée, et un bon système de suivi pour ajuster toutes nos
approches en conséquence des résultats. Et pour que l’information passe vite, on met la
collaboration au sein de toutes nos stratégies, notamment avec les experts et les chercheurs pour
qu’ils partagent plus facilement leur opinion sur les meilleures pratiques. Ce n’est pas parfait bien
sûr, il y a parfois des problèmes de communication et de coordination mais on est sur le bon chemin.
Interviewer

Donc je vois que vous avez plusieurs méthodes de régénération, qui ont l'air bien en place. Y'a-t-il un
ou certains de ces mécanismes qui ne sont pas au point, et qui nécessiteraient peut-être de suivre
des voies d'amélioration ?

Interviewé

Il existe toujours des domaines qui peuvent être améliorés. Par exemple, bien que la gestion des
nocturnes que nous avons mis en place est efficace, il faut constamment équilibrer les méthodes
biologiques d’intervention, donc trouver un moyen d’améliorer ce processus peut être très utile. La
mesure de nos résultats à long terme pourrait aussi être améliorée, pour nous permettre de mieux
comprendre nos résultats, et pour mieux les quantifier. Et puis en général, l’agriculture régénérative
est un secteur en constante évolution, donc il faut continuellement chercher de nouvelles approches
pour améliorer les résultats et le processus.

Interviewer

J'aimerais que vous me parliez de la philosophie de l'entreprise au sujet de la régénération. Quelles


sont les raisons de cette démarche ? Avez-vous des raisons personnelles ? Y'a-t-il des raisons
économiques ou autres ?

Interviewé

Notre culture est ancrée dans la conviction que les pratiques agricoles durables sont essentielles
pour notre planète, pour son avenir. Nous avons d’abord des convictions environnementales ; les
écosystèmes doivent être préservés et en bonne santé, et la lutte contre le changement climatique
est notre mission. Bien sûr nous sommes une entreprise, il y a donc un aspect économique. A long
terme, les sols sains et l’agriculture durable permettent une meilleure productivité. Notre conviction
est aussi de favoriser les pratiques équitables. On contribue donc au développement durable rural en
soutenant les communautés locales etc. Il y a donc aussi un aspect social. Personnellement, je suis
motivé par la passion que j’ai pour l’écologie, et je suis convaincu que nous pouvons faire une
différence positive pour l’environnement.

Interviewer

Merci beaucoup, c’est très clair. En parlant de votre passion qui vous a poussé à travailler dans ce
domaine, je sais que vous étiez de ceux qui ont décidé d'intégrer des pratiques régénératives au sein
de votre entreprise. Quelles ont été vos sources d'inspiration ?

Interviewé

Eh bien, comme je suis passionné par ce domaine, je suivais beaucoup d’études sur l’agriculture
régénérative, qui montraient ces effets positifs sur la santé des sols. Donc naturellement l’idée m’est
venu de là. Les techniques agricoles durables ont montré leur efficacité et j’ai donc décidé d’aider à
les intégrer. J’ai aussi été inspiré par quelques personnalités qui sont pionnières dans le domaine de
l’agriculture durable.
Interviewer

Pouvez-vous me donner des noms de leaders dans le domaine de la durabilité qui vous ont inspiré ?

Interviewé

J’ai lu plusieurs livres de Vandana Shiva. C’est une activiste indienne qui a beaucoup étudié la
protection de l’agriculture indigène. Un homme passionnant que j’ai beaucoup écouté, Wes Jackson,
qui lui s’est concentré sur la protection des sols. Il est le fondateur de Land Institute d’ailleurs. Je
pense que ces deux auteurs m’ont beaucoup influencé car ils ont montré l’importance de
l’agriculture régénérative.

Interviewer

Et donc vous avez décidé d'intégrer ces pratiques régénératives car vous avez été inspiré par
d'autres, ou parce que vous pensez que la régénération est essentielle ? Je sais que vous avez parlé
de ces deux aspects, mais lequel vous a réellement poussé à le faire ?

Interviewé

L’inspiration que j’ai tiré des personnes que j’ai mentionné a sûrement joué un rôle, mais je n’aurais
jamais cherché à intégrer des pratiques régénératives si je n’étais pas convaincu que l’avenir de
l’agriculture et la santé de la planète est en jeu ! Donc je dirais que j’avais déjà la passion nécessaire,
et que voir certaines actions d’autres personnes m’a définitivement convaincu.

Interviewer

Et êtes-vous satisfait aujourd'hui de ce que vous avez accompli ?

Interviewé

Oui, je suis très satisfait de nos progrès c’est sûr. Bien que le chemin vers la totale régénération
agricole soit long, voir l'impact positif de tous nos efforts jusqu’à présent, c’est très gratifiant. Il reste
encore beaucoup à faire, mais les résultats montrent que nous sommes sur la bonne voie. Et cela
renforce la conviction de l’entreprise et de nos partenaires que la régénération est réalisable et
bénéfique à long terme.

Interviewer

Je constate que vous avez un certain état d'esprit au sujet de la régénération. C'est quelque chose
qui vous tient à cœur. Pensez-vous qu'il est nécessaire d'avoir cet état d'esprit pour travailler dans la
régénération ? Ressentez-vous parfois un gap entre votre mentalité et celles de partenaires externes
par exemple ?

Interviewé

C’est certainement un atout pour travailler dans ce domaine, mais il est important de comprendre
que différentes personnes et organisations peuvent avoir des perspectives différentes, qui ne
divergent pas forcément mais différentes c’est sûr. Il arrive que notre approche soit écartée de ce
qu’attendait nos partenaires. Mais avec de la compréhension et du dialogue tout est faisable.

Interviewer

En parlant de partenaires externes, qui sont-ils et quels sont leur rôle ?

Interviewé

Oui, alors nous en avons plusieurs. D’abord nous sommes partenaires avec des organismes de
recherche qui nous aident à développer nos pratiques, à les évaluer etc. Ils mènent toutes sortes
d’études pour évaluer l’impact des pratiques. Par exemple actuellement, on travaille avec des
agronomes qui testent l’efficacité de nouvelles rotations de cultures que nous avons mis en place.
Nous avons aussi des fournisseurs pour nos équipements spécialisées. Les entreprises
technologiques que nous avons choisis comme fournisseurs nous aident par exemple à intégrer des
systèmes de gestion de l’eau, ou des suivis de la santé des sols etc.
J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises mais nous travaillons aussi étroitement avec les communautés
locales et les petits agriculteurs. Ah et aussi avec des organisations environnementales et les ONG
pour que les pratiques qu’on a mis en place respectent les normes environnementales, mais vous
vous doutez qu’on a rarement des problèmes avec eux.

Interviewer

Merci beaucoup pour votre réponse. Pour revenir rapidement sur les valeurs, avez-vous - votre
entreprise - des valeurs communes avec vos partenaires externes ou différentes ? Pensez-vous qu'il
est nécessaire de partager des valeurs ?

Interviewé

Oui bien sûr, par exemple l'engagement envers la durabilité. Il en faut entre partenaires pour que la
collaboration soit efficace. Sans objectif partagé c’est difficile d’être partenaires. En revanche, il peut
y avoir des différences dans les approches ou les priorités. Partager une vision c’est bien, mais il faut
aussi faire attention aux méthodes de chacun pour que le processus soit fructueux.

Interviewer

Et est-ce que ces partenaires externes participent à la prise de décision ? si oui, pouvez-vous donner
un exemple récent ?

Interviewé

Oui, en particulier quand il s’agit de projets collaboratifs ou de décisions qui touchent directement
leurs domaines d'expertise. Par exemple, récemment, on a eu un projet d'agroforesterie en
partenariat avec une organisation environnementale assez reconnue, qui a beaucoup participé dans
les décisions car ils avaient de l’expertise en matière de conservation de la biodiversité. Le projet
visait à intégrer des arbres dans nos systèmes agricoles. L’organisation a recommandé les espèces
indigènes qui s’adaptent bien à l’écosystème local, ce genre de choses. Donc leur aide a été très
précieuse et typiquement, ils ont beaucoup participé à la prise de décision. Nos partenaires sont
justement nos partenaires pour leur compétence et leur expertise, donc c’est assez naturel qu’ils
participent à la prise de décision.

Interviewer

Avez-vous déjà eu des expériences négatives avec des partenaires externes, qui concerneraient vos
activités de régénération ?

Interviewé

Oui bien sûr, il y a eu des situations où le partenariat était compliqué. Par exemple, il y a ey un cas
spécifique avec une entreprise de fourniture d'équipement agricole, il y a quelques mois. Nous
avions collaboré pour développer un nouveau type de matériel, pour l'agriculture sans labour, mais
des divergences sont apparues quant aux délais de livraison. L’entreprise se concentrait sur un
équipement plus généraliste, alors qu’on avait besoin de quelque chose de spécifiquement adapté à
nos conditions de sol et à nos méthodes. En plus il y a eu plusieurs retards répétés dans la livraison,
et ça a perturbé tout notre calendrier de plantation et donc nos résultats. Donc cet exemple montre
bien que quand les objectifs sont différents et que la communication est mauvaise, toute l’activité
peut être perturbée.

Interviewer

Pour continuer sur ce thème, rencontrez-vous des difficultés d'organisation ?

Interviewé

Oui bien sûr, notamment avec la gestion des ressources. La coordination de la rotation des cultures
sur différents terrains par exemple, même avec le travail des experts. Il faut que tout soit planifié
minutieusement, que tout soit synchronisée pour être efficace. Donc oui c’st assez difficile mais avec
du travail nous y arrivons. Au début surtout, nous avons eu du mal à aligner nos calendriers de
plantation entre les différents champs ; certains champs étaient prêts pour la plantation alors que
d'autres étaient encore en phase de préparation du sol ou de repos, et on a eu pas mal de retard à
cause de ça. Mais typiquement, on a pu surmonter ça en revoyant notre planification et notre
coordination. On a intégré de nouveaux outils de gestion de projet. Et nous avons aussi formé le
personnel à ce moment-là.

Interviewer

Et des difficultés d'organisation avec les partenaires externes ?

Interviewé

Oui, et ces problèmes sont principalement liés à l'alignement de nos calendriers et de nos priorités.
Récemment nous avons eu un projet de recherche, en collaboration avec une université. Et
synchroniser nos calendriers de travail, avec les délais académiques de l'université, c’était un enfer.
Leurs périodes de recherche étaient souvent en décalage avec notre cycle agricole, ce qui a causé
beaucoup de retard pour obtenir des résultats pertinents. Encore une fois, on a dû communiquer
plus régulièrement pour répondre à ces grosses contraintes de temps.

Interviewer

Merci beaucoup. Je saute du coq à l’âne, mais pensez-vous qu'il existe un ancrage territorial au sein
de vos activités ?

Interviewé

Oui, bien sûr, on fait tout pour travailler en harmonie avec l'environnement local, les communautés.
On se doit de comprendre et de respecter les spécificités de la région.

Interviewer

Merci pour toutes vos réponses. A présent, j'aimerais passer à l'aspect un peu plus technique, pour
comprendre comment vous mettez en place toute cette régénération. Avant tout, quel est l'outil de
pilotage que vous utilisez ?

Interviewé

On utilise un système de gestion agricole intégré, AgriSmart. Il combine des technologies de pointe
avec des méthodes traditionnelles de gestion, c’est très complet et efficace. Avec on peut suivre les
cultures, leur cycle de vie, les rotations, les rendements etc. Le sol peut aussi être analysé avec, le
logiciel est connecté à des capteurs dans les champs qui mesurent l’humidité, la composition du sol
et d’autres éléments. Ces capteurs permettent aussi d’analyser des données précises sur les besoins
en eau de chaque parcelle. C’est très précis, donc ça permet de réduire drastiquement le gaspillage
d’eau. Il y a plein d’autres outils intégrés, je ne me souviens pas de tout bien sûr. Il y a des outils de
cartographie, de suivi d’émissions de gaz à effet de serre, de rapports détaillés… Et il y a aussi une
interface intégrée très utile pour communiquer avec nos partenaires.

Interviewer

En tant que responsable, comment utilisez-vous cet outil ?

Interviewé

Moi je l’utilise surtout pour la planification, donc pour planifier les rotations de culture typiquement.
Je m’occupe aussi de surveiller les données, du sol et de l’eau notamment, pour être sûr que les
méthodes sont efficaces. Comme je planifie la plupart des méthodes, je me sers également de l’outil
pour partager les informations nécessaires, attribuer les tâches, ce genre de choses.

Interviewer

Et donc c'est vous qui jugez de la performance de chaque mécanisme de génération c'est cela ?
Interviewé

Oui, en tant que responsable mon rôle principal est d’évaluer la performance des mécanismes qu’on
a mis en place. Et pour évaluer cette performance, on utilise plusieurs critères de succès. Pour
donner quelques exemples, les critères sont la santé du sol, les rendements de nos cultures, le suivi
des réductions des émissions, etc. Je dois évaluer les performances, et prendre les décisions
nécessaires pour les améliorer.

Interviewer

Dans quel cas considérez-vous qu'un projet de régénération soit réussi ?

Interviewé

Un projet est considéré comme réussi quand les objectifs sont atteints, qu’ils soient
environnementaux ou économiques. Par exemple, notre projet de rotation des cultures a été un vrai
succès. Nos rendements ont augmenté, tout comme la fertilité des sols – ce qui en est la cause
naturellement. Et grâce à l’amélioration de nos rendements, nos coûts d’intrants se sont réduits,
c’est comme un cercle vertueux. Ça montre bien que l’approche intégrée peut être bénéfique à la
fois à l'environnement et à la rentabilité.

Interviewer

De quoi parlez-vous quand vous parlez "d'objectifs sociaux" ? Quels sont les apports attendus (aux
clients, aux actionnaires, aux salariés, aux habitants etc.) ?

Interviewé

Les objectifs sociaux, ce sont nos objectifs qui concernent les communautés et les individus qui sont
impliqués dans nos activités. Les individus dont je parle, ce sont les clients, nos actionnaires, nos
salariés, et les habitants locaux. Il faut que l’on tienne notre engagement envers toutes les parties
prenantes.

Interviewer

Merci beaucoup pour vos réponses qui sont très pertinentes. C'est bientôt la fin de cet entretien,
mais avant ça j'aimerais terminer par une question comparant la régénération aux méthodes non
régénératives : y'a-t-il une différence de pilotage entre ces deux genres de méthodes ?

Interviewé

Il y a des grosses différences dans le pilotage de ces deux sortes de méthodes. Par exemple dans le
cas de la gestion du sol, l’agriculture régénérative se concentre sur la santé long terme du sol. Les
pratiques qu’on utilise comme le non-labour vise justement à améliorer la qualité du sol. Au
contraire, les méthodes traditionnelles se concentrent sur des solutions à court terme. Ils utilisent
des engrais chimiques et ne prennent pas en compte la santé du sol. Ou encore dans la gestion de
l’eau, nous cherchons à maximiser l’efficacité, mais sans léser les ressources hydriques. Alors
qu’encore une fois, les méthodes traditionnelles cherchent seulement l’efficience et gaspillent les
ressources en eau. Ça montre bien que nos pratiques ont une approche plus holistique, plus durable.
Nous prenons en compte l’impact environnemental.

Interviewer

Et finalement je voulais savoir, avez-vous des activités qui ne sont pas régénératives ? Si oui,
pourquoi ? Ne peuvent-elles pas l'être ?

Interviewé

Bien que notre focus principal soit sur les pratiques régénératives, certaines de nos activités ne le
sont pas encore pleinement. Cela peut être dû à diverses raisons - contraintes techniques,
financières, ou limitations en termes de ressources. Par exemple, certaines de nos machines plus
anciennes ne sont pas conçues pour des pratiques régénératives, et leur remplacement pourrait
nous coûter cher. De plus, la transition vers des méthodes complètement régénératives, c’est tout un
processus, très progressif, qui nécessite du temps pour la recherche.

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