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I. Une rencontre
a. Une scène paysanne pleine de lieux communs : le froid, un pauvre homme
« les ânes revenaient du marché de la ville / portant les paysans accroupis sur leur bâts »
→ l'on joue ici des stéréotypes du conte des personnages présenté par leur statut ainsi que du
milieu paysan.
Les parallélismes posent un état stable du mendiant v. 8 et 9. ≠ « une niche au bas de la montée »
de demi-hémistiche disant la fragilité de l'état social et de son ascension // roue de fortune.
→ Volonté de construire une poésie narrative, vivante et circonstanciée propre à captiver le lecteur.
II. Un don
a. L'évocation de l'état d'immobilité et de silence du mendiant est rompue de manière contrasté par
le verbe « je lui criai »
Le poète évoque le fait d'un don mais produit dans la bousculade et l'injonction « venez vous
réchauffer » / « entrez, brave homme » impératif d'invitation ?
b. Hugo joue là encore sur les lieux communs d'une scène d'aumône judéo chrétienne / le bon
samaritain.
Le don d'une jatte de lait symbole de pureté, on peut s'interroger sur le choix du
mot jatte renvoyant encore au réseau sémantique du chien, visant à destituer le mendiant.
« le pauvre » // l'ermite de la tradition judéo chrétienne celui qui s'écarte de la
société pour adorer dieu et trouver la sagesse.
e. Le vers 15, montre encore une impossibilité au dialogue, les deux personnages semblent habiter
des espaces différents.
a. Le texte insiste sur la tonalité pathétique à cause de l'insistance sur l'état de pauvreté du mendiant
« grelottait de froid », « mouillés », « tout mangé de vers », « piqué de mille trous », « haillons
désolé » . Le poète est pris de pitié de l'état de souffrance dans lequel vit le mendiant.
b. Cette notation de l'humidité s'oppose par antithèse à « l'âtre », « chaude fournaise », « lueur »
ces notations parviennent à dire le don que le poète à la chaleur de sa cheminée fait au mendiant.
c.Toutefois, dans une esthétique romantique d'amplification à la correspondance aux éléments
« chaude fournaise « //l'enfer le mendiant est porteur v. 23
de toute l'eau du monde qui semble dévaler dans l'amplification par l 'énumération « d'où
ruisselait la pluie et l'eau des fondrières » cette redondance est de tonalité biblique en renvoyant
au déluge, et c'est Noé qui semble arriver là, « cet homme plein de prières »
Le poète est pris d'une vision : les trous du manteau se transforment en étoiles, le sens
visuel prend le dessus « je voyais des constellations » , « sourd à ce que nous disions » Cette
rencontre prend donc la forme d'une révélation quasi biblique qui fait du mendiant un être pieux, en
contact avec dieu et l'ensemble des éléments. Son manteau à la fin se métamorphose en « bure
». Ce personnage est celui de l'ascète, et du sage dont le renoncement à la contingence élève à
Dieu. Cela procède donc du même renversement du cynique au sage.
→ Hugo évoque ainsi un renversement du don. En échange d'une jatte de lait et d'un peu de
chaleur, le mendiant à offert au poète un accès à l'infini, par la vision poétique
.
Ainsi, l'on peut voir que la boue dont parle Hugo est celle de la purification et du dénuement que
la poésie permet de faire émerger. L'or est ici celui de la spiritualité qui s'oppose à la contingence,
à la vanité, à l'enfer.