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Fournier, Eliott

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Lecture critique en histoire


HST-1000

Compte rendu
(1000 mots)

Travail présenté à
Nathan Murray

Université Laval
Département d’histoire
Jean-Noël Allard et Pascal Montlahuc, « La construction genrée des émotions dans les
mondes grec et romain », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 47, 2018, mis en
ligne le 03 janvier 2021, consulté le 03 octobre 2023. URL :
http://journals.openedition.org/clio/13967

Introduction

Le compte rendu qui suit porte sur l’article scientifique « La construction genrée
des émotions dans les mondes grec et romain » qui est publié dans la revue Clio.
Femmes, Genre, Histoire (revue scientifique sur l’histoire des femmes et du genre). C’est
une étude portant sur les liens entre émotions et constructions de genre dans les sociétés
grecques et romaines. Cette étude se situe à l’époque de l’antiquité, plus précisément de
la Grèce archaïque à la Rome impériale.
Les deux auteurs sont agrégés ainsi que docteur en Histoire. Ils sont également
membres associés du laboratoire ANHIMA1. Jean-Noël Allard est docteur en Histoire
grecque à l’université Panthéon Sorbonne de Paris alors que Pascal Montlahuc lui est
docteur en Histoire romaine de l’université Paris Diderot. Dr Allard a publié d’autres
articles en lien avec le sujet comme : « Mascarades masculines. Genre, corps et voix dans
l’Antiquité gréco-romaine ». Du côté de Dr Montlahuc, « Le pouvoir des bons mots :
“faire rire” » et « Politique à Rome du milieu du IIIe siècle a. c. jusqu’à l’avènement des
Antonins, sous presse » sont des articles qui représentent bien son champ d’expertise2.
À l’aide de l’histoire sociale et culturelle ainsi que des sources primaires (texte
d’auteurs anciens) et secondaires (étude plus récente sur le sujet), l’objectif des auteurs
est de démontrer que : « […] une approche constructiviste qui mène à concevoir les
émotions et le genre comme les produits d’interactions sociales contextualisées et
évolutives. » (Page 24). C’est-à-dire qu’on ne doit pas seulement considérer les rapports
hommes-femmes, mais de prendre également en considération les rapports sociaux entre
les individus dans la cité.
Les auteurs ont opté pour un plan systématique afin d’organiser leur argumentaire.
Ils commencent par démontrer la classification de certaines émotions selon le genre dans
la littérature grecque et latine ancienne puis réfutent ce point soutenant que la relation
entre le sexe et le type d’émotion qu’une personne exprime n’est pas fixe ni uniforme
dans le temps. On analyse ensuite la question en considérant que c’est le contrôle de soi
qui influence la façon dont nous vivons ces émotions. Le point suivant lui considère que
c’est plutôt les rapports sociaux et l’utilité des émotions pour la cité qui influence la
façon de les vivre. Pour terminer, on indique que le critère du rang social avait souvent
plus d’importance que le genre pour expliquer la gestion des émotions.

1
ANHIMA : laboratoire de recherche sur l’Antiquité.
2
Jean-Noël Allard et Pascal Montlahuc, « La construction genrée des émotions dans les
mondes grec et romain », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 47, 2018, mis en
ligne le 03 janvier 2021, consulté le 03 octobre 2023. URL :
http://journals.openedition.org/clio/13967
Synthèse

Tout d’abord, les auteurs viennent mettre de l’avant la division des émotions en
lien avec le genre qu’on peut constater dans les écrits d’auteurs anciens. Les auteurs
exposent plusieurs exemples de cette bipartition des émotions par les auteurs de
l’Antiquité. Entre autres, ils mentionnent qu’Euripide décrit lâcheté comme étant
incompatible avec le statut d’aner qui est le modèle d’homme socialement valorisé dans
la cité à cette époque. D’autres exemples sont utilisés par les docteurs afin d’en venir à la
conclusion que dans la littérature ancienne, on considérait qu’il y avait des émotions «
féminines » et des émotions « masculines ». On se servait donc de ces codes genrés pour
pointer le fait que les femmes avaient beaucoup plus de difficulté à contrôler leurs
émotions. On se servait ensuite de cette soumission aux émotions des femmes comme
argument pour les exclurent de la vie civique.
En deuxième lieu, on tente de déconstruire ce régime genré des émotions avec des
exemples qui prouvent que l’association entre le sexe et les émotions n’est pas toujours
respectée durant l’Antiquité. En effet, on peut constater qu’il y a des textes anciens ou
certains personnages masculins pouvaient exprimer des émotions qui étaient
traditionnellement considérées comme des émotions féminines. On évoque aussi une
évolution dans la manière de contrôler ses émotions du côté des hommes. Les auteurs
appuient cet argument en démontrant une évolution entre l’Iliade et l’Odyssée3. En
somme, la relation entre le sexe et l’émotion n’est pas fixe ni uniforme dans le temps et
on peut l’associer davantage à une caractéristique de la démocratie athénienne qu’à
l’ensemble du monde grec.
Dans la troisième partie du texte, on revient sur le lien entre émotions et genre.
Cependant, on considère cette fois que c’est le contrôle des émotions qui est au centre de
la classification genré de celles-ci. En effet, les émotions ne sont pas masculines ou
féminines à la base, mais c’est plutôt la manière de les vivre et de les exprimer qui vient
les diviser selon les sexes : « […] les individus masculins ne succombent à l’émotion que
lorsque la charge émotive est trop forte pour que l’affect soit contenu. De leur côté, les
femmes apparaissent, dans la littérature antique, comme victimes de leurs émotions […] »
(Page 32). Avec l’extrait précédant, on présente les hommes comme vivant leurs
émotions calmement ou en privé et les femmes comme vivant leurs émotions de manière
exubérante et en public. Encore une fois, on se sert de l’interprétation précédente pour
exclure les femmes des rôles importants dans la cité : « […] les citoyens d’importance
devaient paraître insensibles ou peu sensibles et, par conséquent, exprimer leurs
sentiments avec mesure. » (Page 33-34).
La partie suivante du texte se concentre sur les rapports sociaux dans la cité et
l’utilité des émotions dans celle-ci : « Dans la cité d’Athènes, le bon citoyen devait certes
se maîtriser, mais il pouvait occasionnellement laisser place à ses émotions s’il en
contrôlait, voire en utilisait, la force au profit de la cité. » (Page 34). Alors, la position
qu’on pouvait prendre face à certaines émotions était fortement influencée par ses effets
sur la cité. Les auteurs exposent une situation ou Pompée fut exclu de son rôle civique à
cause de l’émoi amoureux envers son épouse qui était mal vue à Rome. En somme, les
études sur le sujet ont permis de conclure que le régime genré de l’émotion provient

3
L’Iliade et l’Odyssée : œuvres d’Homère (poète) qui sont des bases de la culture occidentale.
principalement de sources littéraires alors que si on s’attarde aux sources épigraphiques
ou iconographiques, c’est plutôt le statut social qui a de l’importance.
La dernière partie du texte vient déconstruire le régime genré des émotions pour
se tourner vers un régime genré de l’émotion : « […] les constructions genrées
s’articulaient autour des comportements sociaux d’individus, hommes et femmes, face à
toute forme d’émotion plutôt qu’elles ne reposaient sur une immuable bipartition entre
émotions “masculines” ou “féminines”. » (Page 39). C’est en analysant les discours des
orateurs de l’époque que les auteurs proposent une perméabilité entre les émotions et la
rationalité. Les orateurs anciens se servaient donc des émotions dans leur discours
comme moyen de persuasion : « […] en s’appuyant sur une évaluation réfléchie du
paysage mental des auditeurs, l’orateur mobilisait ou provoquait des émotions qui tiraient
leur efficacité des stéréotypes genrés. » (Page 39). Dans ce contexte, il pouvait arriver
que les orateurs usent d’émotions dites « féminines » pour faire valoir leurs idées. Enfin,
on revient sur l’idée principale de l’article, c’est le critère du rang social, la plupart du
temps, qui influence la gestion des émotions plutôt qu’une construction genrée de celles-
ci.

Bilan

En outre, l’article vient ajouter un élément dans la construction genrée des


émotions. Le rang social permet de voir sous un nouveau jour la bipartition des émotions.
C’est en considérant le rang social comme influence sur la façon dont les émotions
étaient vues et perçu à l’époque de l’Antiquité qui nous permet d’arriver à la conclusion
de ce travail. C’est le rang social qui domine sur la construction genrée.
Cependant, les sources du texte présentent principalement des acteurs de
l’aristocratie. Il est donc important de se poser la question suivante. Est-ce que la façon
de vivre les émotions durant l’Antiquité était uniforme à toutes les classes sociales ?
Bibliographie

ALLARD, Jean-Noël et MONTLAHUC, Pascal. « La construction genrée des émotions


dans les mondes grec et romain », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 47,
(2018), mis en ligne le 03 janvier 2021, consulté le 03 octobre 2023. URL :
http://journals.openedition.org/clio/13967

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