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A. et M.

de SAMBUCY
J.J. LAUBRY

ÉTUDE E T E M P L O I DU

IR A N IE N et É G Y P T IE N
★ ★
LA STATUAIRE PHARAONIQUE
LES CATHÉDRALES ET LA MESSE
LES CLEFS OU NEZ ET OU DIAPHRAGME
POSTURES COMMENTÉES

E
É DIT IONS D A N G L E S
38, rue de M oscou - PARIS(8)
OUVRAGES DU DOCTEUR A. de SAMBUCY

I . 'a l l o n g e m e n t v e r t é b r a l d e s r h u m a t i s a n t s . S o u s traction légère et


massage. Préface d u D r A. E. Le Play, 1951. (Le François, Édit.).
D é f e n d e z v o s v e r t è b r e s contre le rhum atism e, les m étiers debout, les
chocs, la décalcification et les traitem ents brutaux, 1956, (Éd. Dangles,
Paris). 15* mille.
M é d e c i n e v e r t é b r a l e d e t o u t e s l e s m a l a d i e s c h r o n i q u e s . 25 ans
d ’observations sur l’action des vertèbres sur les 8 sortes d ’organes.
(Éd. Dangles, Paris). 3e édition.
G y m n a s t i q u e c o r r e c t i v e v e r t é b r a l e . L a reconstruction d ’un dos so­
lide à la portée de tous. Développem ent du tronc : auto-redressem ent
du dos : Yoga suédois accroupis. (20° mille). 400 pages. 500 dessins
de l’auteur. (Éd. Dangles, Paris).
L ’e s p a l i e r s u é d o i s . A pplications médicales. Asthme. Faiblesse Pulm o­
naire. Dos voûtés. Déblocage thoracique et pleural. G randissement.
Lumbagos. Scolioses. 2® édition augmentée. (Éd. Dangles, Paris).
L e s d e u x s o u r c e s d e l a m é d e c i n e e u r o p é e n n e . Équilibration des deux
courants ennemis. Synthèse de l’A m érique à l’A rabie et au Pam ir,
du très ancien et du très m oderne. (Éd. Dangles, Paris).
A p r è s l a c r i s e , q u e p e u t f a i r e l e r h u m a t i s a n t g r a v e ? Les gymnas-
tiques nocives. A ttitudes et gestes de la fem m e au foyer. Les rares
bons mouvem ents. Le ski. Les sports. L a Godille rem usculante. La
boue qui guérit. (Éd. Dangles, Paris).
T r a i t é d e m a s s a g e v e r t é b r a l f a m i l i a l . Massage suédois et chinois,
manuel et pédestre. 336 pages ; abondam m ent illustré. (Éd. Dangles,
Paris).

En collaboration avec le D r J.-J. L a u b r y :

N ouveau t r a i t e m e n t d u r h u m a t i s m e par la V ertébrothérapie G énérale


et l’acupuncture. (Éd. Dangles, Paris). Photos des 40 usages de la
Table « La Rhum atologique ».
P o u r c o m p r e n d r e l e y o g a e t l e s l o i s b r a h a m n i q u e s (tome I) . ( É d .
Dangles, Paris).
É t u d e e t e m p l o i d u y o g a i r a n i e n e t é g y p t i e n (tome II) ( É d . Dangles,
Paris).

En collaboration avec L . L e W a l l o n :

s o u s o s c i l l a t i o n s r y t h m é e s . C ertaines lé­
M o b ilis a tio n s a r t i c u l a i r e s
sions rhum atism ales, articulaires, ou vertébrales dem andent une
« élongation directionnelle » qui n ’avait jam ais été déterminée. (Éd.
Dangles, Paris).
ISBN : 2-7033-0039-5

* © E d itio n s D a n g le s, P a ris 1973


D ro its d e re p r o d u c tio n , d e tr a d u c tio n e t d ’a d a p ta tio n
ré s e rv é s p o u r to u s p ay s
A LA MÉMOIRE DE MES MAITRES

Le Docteur Jean ARLAUD


de Saint-Joueyre (Isère) (1896-1938)
Médecin Gymnaste Suêdiste
Champion de Ski nordique intégral
Mon maître au Gymnase de 1928 à 1935

Le Docteur HANISH
de Téhéran (1844-1936)
Transmetteur du Yoga Irano-Egyptien
Mon maître par la voie du livre de 1935 à 1965

AVICENNE
Né en Iran. 1000 ap. J.-C.
Médecin. Chirurgien. Pharmacien. Astronome. Métaphysicien.
Philosophe. Pythagoricien et Néo-Platonicien. Masseur. Chiro-
practor. Allongeur de colonnes vertébrales.
Elève et Successeur d'Hippocrate dans ces techniques.
Herméteste. Alchimiste, Soufi et Yogi.
Mon illustre prédécesseur en Vertébrothérapie Générale.
Qui a tissé en lui le souffle d’avant ?
Qui le souffle d’arrière et le souffle transverse ?
Quel dieu a fixé en lui
Le souffle circulaire, dans l’homme ?
L e s V é d as , livre sacré des Aryens.
(Traduction Louis R e n o u )

« h ’eau, la diète et la gymnastique ont guéri plus de ma­


lades que moi. »
B oerh ave.

« Le perfectionnement respiratoire et le travail à plat


ventre doivent vous donner le chauffage central. »
Dr A rlaud.

« Jésus s’agenouilla, puis il se prosterna. »


L’Evangile.

« L’homme désapprend à mesure qu’il apprend. »


G o b in e a u .

« Le Christ a encore fait beaucoup d’autres choses... »


S a i n t -J e a n .

« Un homme prend conscience de lui par le respir na­


sal. »
Dr H a n i s h .

« Les Hiéroglyphes se comprennent dans toutes les lan­


gues. »
P l o t in .

« Les Attitudes pharaoniques servaient à guérir de la ma­


ladie, du péché et de l’erreur. »
Dr H a n i s h .

« Elohim (lui-les-dieux) lui envoya le souffle dans les


narines et Adam devint une âme vivante. »
H o s a r s i p -M o ïs e .
Introduction

La gymnastique finit
où le funambulisme commence.
C o l o n e l Am o r o s .

Ce livre répond aux questions suivantes :


® H anish a dit que tout le Yoga était écrit dans la pierre
en Egypte. A -t-il dit vrai ? Que peut-on voir ? Où ?
Q u’en fait-on ?

a Les gestes de la Sainte Messe ont-ils une signification


yogique, cosm ique, traditionnelle, vertébrale ?

® L a statuaire des Cathédrales, déjà étudiée par les archéo­


logues, sym bolistes, alchim istes, a-t-elle un lien avec des
attitudes identiques du Yoga ?

® L es gestes d ’appel des forces d’En-H aut, des forces du


cosmos, démarré et entretenu par Dieu, sont-ils les m ê­
m es dans toutes les religions ?

® Moïse qui a écrit sous la dictée des Prêtres égyptiens,


ses m aîtres, « E lohim lui envoya le souffle dans les na­
rines, et A dam devint une âm e vivante », a-t-il dit vrai ?
12 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

® Les opinions des anciens A ryas sur le respir et les di­


vers respirs du nez ont-elles des bases scientifiques ?
0 Quel rapport y a-t-il entre le nez et le cerveau du nez,
le rhinencéphale ? Solution par le dernier congrès de la
Salpétrière sur cette question.
s Que deviennent les poum ons et la colonne vertébrale
des enfants à nez bouchés ?
® E st-il vrai que l’intérieur du nez com m ande tous les
organes ? Peut-on m asser ce clavier général ?
h Où se trouvent les clefs osseuses des narines ?
® Peut-on améliorer ses propres narines ?

® Quels sont les m écanism es du diaphragm e ?


® Peut-on ouvrir la cage thoracique com m e une porte à
deux battants ?
® E st-il vrai qu’on peut lire le caractère dans le diaphrag­
me ?

0 Quelle est l’action du diaphragm e sur le foie et les


reins ?
s Où se trouvent les clefs osseuses du diaphragm e ?
® Com m ent devenir m aître de son souffle ?

® A quel rythm e bat votre balancier m ental ?


® Peut-on tirer de la statuaire pharaonique des exercices
pratiques et salutaires réalisables partout ?
® En quoi le Yoga irano-égyptien ancien diffère-t-il du
Yoga hindou ? Pourquoi convient-il aux Européens ?

® E xiste-t-il un pays où l’on retrouve intactes les attitudes


traditionnelles principales bienfaisantes du corps et de
l’esprit ? (
® Ces techniques qui étaient celles de la race blanche
A ryenne alors qu’elle se trouvait encore sur le plateau
INTRODUCTION 13
m ontagneux qui form e le Plateau de Pam ir, l’Iran et
l’A fganisthan, et que les orientaux appellent encore de
nos jours le Plateau d’A ryana peuvent-elles toujours
être utilisées ? Ou bien n ’a-t-on d ’autre ressource que
le discutable yoga Indo-M élanien ?
® M éprisé par les Brahm anes blancs ou presque blancs, ce
yoga tarabiscoté, figé, enroulé, tortillé, renversé, noué,
recroquevillé, va-t-il s’im poser avec le snobism e en Fran­
ce où nous avons besoin de postures vertébrales sim ples
et saines pour voûtés, malades, raides et rhum atisants ?
N ’y a-t-il pas autre chose ?
s Quel Yoga pratiquaient les Pères de l’Eglise ? Quelles
postures avaient-ils adoptées ?
® La gym nastique fin it où le funam bulism e com m ence
a dit le grand Am oros père de l’Education P hysique
Française. La gym nastique a des chapitres ortho-yogo
religieux que vous ignoriez. Vous verrez qu’il n ’est pas
indispensable pour faire du Yoga de tom ber dans le f u ­
nam bulism e Indo-nègre et de chercher à devenir la fe m ­
m e serpent du cirque B arnum ou Valentin le Désossé
de Toulouse-Lautrec.
® Mais où fin it la tradition ortho-gym no religieuse ? Où
com m ence le fu nam bulism e des désarticulés ? Vers quel
pays se tourner quand on n ’est ni désossé, ni fluorique,
n i acrobate professionnel, ni hyperlaxe congénital, qu’on
souffre, qu’on est en proie à la pétrification saturnienne
et qu’on est décidé à s’am éliorer ?
Cela vous ne le trouverez pas dans les livres ni dans
les cours, en tout cas pas dans un seul livre ou dans un
seul cours, car la tradition gym nastique yogique et ortho­
pédique est réduite par les siècles en fragm ents et ne se
rencontre qu’à l’état isolé. C’est le résultat des destruc­
tions, des auto-destructions (exem ple l’effroyable travail
de suicide de l’église rom aine actuellem ent), des guerres,
des schism es surtout, du travail dévastateur et décantateur
du tem ps, de la diversité des races et de la loi de Gobineau,
qui a dit à la fin de son célèbre ouvrage sur les races que
« l’hom m e désapprend à m esure q u ’il apprend » (voir fin
du Tome I) au cours des m illénaires, idée dont le présent
livre est la preuve.
14 YOGA IRAN IEN ET ÉG Y PTIEN

Mes m aîtres m ’ont appris tout cela, ou bien m ’ont don­


né à lire les livres anciens où j ’ai vu les pancartes indica­
trices pour trouver les chem ins au bout desquels on ensei­
gne tout cela. J ’ai m is évidem m ent beaucoup de tem ps.
« Cherchez et vous trouverez » a dit le plus grand des Gu-
rus. Certains sont obligés de s’améliorer ; ils cherchent,
conform ém ent à l’adage du tem ps des cathédrales « ora,
labora et invenies ». Ils retrouvent alors les procédés des
anciens ; ils g sont conduits inconsciem m ent par la m a­
ladie, com m e le chien malade est conduit par l’instinct de
conservation vers l’herbe qui le purge. E t ils les utilisent,
car l’hom m e est construit, com m e l’ont bien dit Pythagore,
Léonard et les autres Maîtres, sur le mode géométrique,
pour la gym nastique, qui le sauve souvent. Boerhave, le
plus grand médecin du siècle de Louis X IV , que les m an­
darins chinois consultaient par lettre, a dit ; « L ’eau, la
diète et la gym nastique ont guéri plus de malades que
m oi ». D’autres malades vivent dans l’indifférence et sont
à la charge de plus fo rts, de plus sains qu’eux. C’est pour
tous que j ’ai écrit ce livre qui ouvre de grandes perspec­
tives, les m êm es perspectives qui attiraient tous les étu­
diants du m onde ancien sur les bancs des écoles pharaoni­
ques, perses, brahm aniques, où les grands prophètes et bé­
liers de l’hum anité firen t leurs études.
Les vérifications rationnelles, scientifiques, m écani­
ques, avec la radio, les appareils de m esure, les enregis­
trem ents sur des cylindres, les observations cliniques, les
dessins, les photos ont été faites pendant des longueurs
de vie professionnelle dépassant le demi-siècle dans tous
les pays européens. Ce travail de base a été fa it notam ­
m en t par des m édecins yogis, des médecins radiologues et
gym nastes à la fois, des médecins anthropotechniciens de
l’époque 1880 à nos jours. J ’ai été longtem ps leur élève,
corporellem ent dans leurs gym nases, intellectuellem ent
par la recherche dans les bibliothèques et les m usées et
par l’application clinique su r des centaines d ’élèves, sur
des m illiers de malades. J ’ai vérifié, m oi aussi, que tout
ce q u ’ils disaient était vrai. Mes m aîtres, dont on trouvera
les nom s ici étaient des gens libres, indépendants. Ils véri­
fiaient l’expression de Sigaud : « francus hom o », l’hom ­
m e sur lequel le m ilieu de culture est sans action, et l’ada­
ge anglais de Ja Charte Norm ande arrachée à Jean Sans
Terre par Robin des Bois : « nullius hom o liber emprison-
netu r » : aucun hom m e libre ne pourra être em prisonné.
INTRODUCTION 15
Em prisonné ? Disons embrigadé, sectorisé, encadré, cha­
peronné, obnubilé, si vous préférez. Par qui ? Par la pro­
pagande de la science conform iste, analytique, chim ique,
basée sur la récitation sém itique, l’horreur du travail m a­
nuel fatigant, la haine de la mécanique.
Ces m aîtres eurent toute leur vie une grande réputa­
tion d’indépendance. La propagande officielle n ’essayait
plus d ’agir sur eux ; on les savait imperméables. C’est ce
qui faisait leur grande utilité. Nous avons parlé de Tissié
(nous avons été élève de ses élèves) dans /'E spalier Sué­
dois. Thooris qui fu t à Paris pendant cinquante ans et
plus le cham pion des remèdes naturels et de l’anti-confor­
m ism e, tout en possédant à fond la culture classique, avait
été l’élève de tous les courants qui pouvaient le nourrir. Il
avait étudié la Zootechnie, c’est-à-dire l’amélioration et
l’élevage des anim aux avec Baron, Directeur de l’Ecole Vé­
térinaire d’A lfort, la Bio-énergétique avec les électriciens,
la Mécanique avec les ingénieurs, la Chirurgie avec Le jars,
la Voix dans le Yoga avec l’Abbé Rousselot du Collège de
France (qui était arrivé à construire les larynx des oiseaux
ch a n teu rs), les ryth m es avec les sorciers nègres, les points
douloureux du corps avec les Chinois, le Yoga avec les
H indous et les Japonais, les massages avec les Chinois, les
Suédois, les Allem ands, les bains avec les Finlandais, les
baigneurs turcs et m aures, l’hydrothérapie intestinale avec
les entérocleaners viennois, les sons-paralysants avec les
ju dokas chinois et naturellem ent toutes les m éthodes de
gym nastique pendant toute sa vie avec les chefs de ces
m éthodes. Il allait travailler dans leurs gym nases et dans
leurs camps ju sq u ’à un âge très avancé. Il avait tout con­
trôlé avec les ressources des laboratoires des hôpitaux m i­
litaires ou de l’In stitu t Prophylactique. Le dim anche il
était sur les stades, com m e conseiller technique de la Fé­
dération Française d’A thlétism e. Il tâtait le ventre des
athlètes avant les records et grâce à ce m ystérieux clavier
que lui seul connaissait et savait toucher sur les intestins,
il prédisait im m anquablem ent la chute du record ou l’échec
de l’athlète. On le considérait comme le grand sorcier des
stades l II a enseigné ju sq u ’à l’âge de 90 ans, il a déblo­
qué des colonnes ju sq u ’à l’âge de 80 ans. On pouvait l’in­
terroger sur n ’im porte quoi, ce qui correspondait bien au
titre qu’il avait donné à son service « Laboratoire de Mor­
phologie hum aine et d’A nthropotechnie ». Les locaux
étaient petits, m ais un grand esprit y enseignait, connu
16 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

dans tous les pays. L ’A nthropotechnie com prend d ’ailleurs


la morphologie hum aine et naturellem ent tous les Yogas.
Nous avons synthétisé, résum é, condensé, groupé. Nous
nous som m es lim ités à un certain nom bre de têtes de cha­
pitres. Il y aurait d’intéressantes choses à dire, m ais elles
trouveront place dans un autre livre. « Qui ne sut se bor­
ner ne su t jam ais écrire » a dit Boileau. Les choses origi­
nales, fortes, utiles ayant un caractère propre, fo rm a n t un
groupem ent d’idées ayant une personnalité nourriront le
lecteur en le tournant vers des horizons nouveaux. Nous
les avons conservées, avec le nom de l’hom m e qui les a pres­
senties le m ieux, décrites et appliquées de la meilleure fa ­
çon.
Chacun ensuite pourra étoffer, élargir, approfondir
selon ses besoins une statue, une posture, un chapitre qui
lui a spécialem ent fa it du bien. Beaucoup d’élèves, de m a­
lades ont senti des phénom ènes m écaniques se passer en
eux. Selon la stupide théorie m atérialiste-m arxiste Pawlo-
vienne, ces im pressions personnelles n ’existent pas, ce sont
des rêves, des illusions dont rit le m édecin form é à regar­
der le malade com m e le chien éventré ou le cochon traver­
sé par des tu ya u x et exam iné dans une vitrine. Ce que le
cylindre enregistreur ne dit pas, ce que l’éprouvette ne
constate pas, n ’existe pas. Nous pensons au contraire que
le Maître doit pratiquer l’Identification B rahm anique, la
Vision de Pénétration Pharaonique qui perm et à l’observa­
teur de se m ettre dans la peau du personnage, pour lais­
ser arriver à la conscience des idées qui correspondent à
celles qui lui viendraient s’il se trouvait dans le cas du
patient. Les grands m agnétiseurs (successeurs des Prêtres
égyptiens) Mesmer, La Fontaine, le baron du Potet, ont
appelé cela « la mise en rapports ». Tous ces phénom ènes
internes sur lesquels roule la prem ière partie de ce livre
correspondent à des sensations respiratoires et aux états
psychologiques correspondant à ces sensations. Le présent
livre explique une bonne partie de ce qui se passe dans la
M écanique interne de l’hom m e sain et l’hom m e malade à
propos de la respiration. Cela est plus intéressant et ren­
table que de se considérer com m e un observateur « entiè­
rem ent isolé du malade com m e par une paroi de verre »,
ainsi que le veut le médecin m atérialiste. Inutile de pré­
ciser qu’hne énorm e partie du corps m édical n ’a pas em ­
boîté le pas de ces rêves sectaires et cherche à se m ettre
« dans la peau de son malade » avec patience et bienveil­
INTRODUCTION 17
lance, à la suite de la grande et belle vieille Ecole Fran­
çaise qui pense que le chem in qui mè.ie de la clinique au
laboratoire doit voir pousser le m oins possible d’espèces
botaniques, m ais ne doit pas non plus être un pipe-line,
une chaîne com m e un télébenne, ou un m onte-paquets.

Il y a aussi la question de la Destinée et des Méthodes,


des grandes m éthodes à appliquer au patient. Subtile ques­
tion où Thooris était docteur. Il y a des âges dans l’hom ­
m e, comme a bien dit Godin. « Quand une époque de la
croissance u été ratée, quand un âge endocrinologique a été
stoppé par la maladie », me disait Thooris, « il ne fa u t
pas recom m encer à appliquer les m éthodes physiques, m é­
caniques, gym nastiques qui auraient eu chance de réussir
à cet âge, ou qui, essayées, n ’ont rien donné à cette épo­
que révolue. Il fa u t essayer du nouveau ». Ce qui suppose
une vaste caisse à outils. H eureusem ent que la tradition
gymno-ortho-yogique est cette m ine inépuisable, cette vas­
te caisse à outils. Le yoga irano-égyptien peut être essayé
à toutes les phases de l’âge adulte ou de la vieillesse, c’est
un de ses grands avantages. Sur l’âge du Yoga, on revien­
dra au Tome I où j ’ai su ffisa m m en t traité de la question.

L ’art de la mécanique hum aine est im m ense. Le pré­


sent livre qui complète im parfaitem ent le précédent, sans
pouvoir tout dire, n ’est encore qu’un morceau du grand
cours transm is de m aître à élève depuis les Pyram ides,
comm encé et composé bien avant le Sphinx, bien avant la
création de ce qu’on appela plus tard la Médecine et qui
fu t enseigné il y a 5000 ans chez Im hotep, le médecin-
architecte et m aître de Sagesse du Pharaon Zoser. Une
partie de cet im m ense domaine a été pris par la Chirurgie
pour rebouter les luxations. C’est un des rares morceaux
qui soient entrés dans les Facultés et H ôpitaux, avec le si­
gne de Babinski qui fait partie du massage chinois, mais
toutes les autres sciences restent à la porte. Le massage
suédois qui, à lui tout seul, a besoin d ’une faculté et
d ’hôpitaux, l’étude mécanique de tous les tissus, le m assa­
ge chinois, la vibration : domaine im m ense et inconnu dé­
friché par les Suédois en 1850, le reboutage des tendons,
18 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

les postures égyptiennes, le Yoga hindou, le Yoga chinois,


le K uatsu, la Spondylothérapie, la Vertébrothérapie, la Chi-
ropractique, l’Ostéopathie, l’A cupuncture, l’Homéopathie,
la M étallothérapie, l’Arom athérapie et la Phytothérapie,
ainsi que le m agnétism e curatif, les morphologies hum ai­
nes et la M écanothérapie sont toujours à la porte des Fa­
cultés de Médecine, attendant leur Faculté d’A nthropotech-
nie dont la médecine officielle retarde la construction de
siècle en siècle pour ne pas ram ener à 10 % environ l’im ­
portance des trusts chim iques. Nous avons relaté ailleurs
com m ent la Chirurgie, technique d’ingénieur directe et m a­
nuelle, s’était libérée et avait ses forteresses et son Acadé­
mie.
Sur la nouvelle Faculté de Médecine de Paris, parm i les
m édaillons des grands précurseurs, on a la satisfaction de
voir un médaillon consacré à Im hotep. Mais la médecine
officielle ne s’intéresse pas à ce courant, et ne peut pas
non plus l’arrêter ; tous les efforts qu’elle a fa it dans ce
sens ont été vains. Elle a d’ailleurs su ffisa m m en t à faire
avec son propre enseignem ent qui a une grande utilité. La
mécanique hum aine vit sur un autre plan, dans un autre
espace, tri-dim ensionnel, et m êm e avec le temps-colonne,
le temps-spécial, s’écoulant à une allure spéciale pour la
colonne vertébrale, dans un espace tétra-dim ensionnel,
contre lequel les armes de la médecine officielle ne portent
pas. C’est un continuum euclidien différent, un espace-
tem ps différent, un espace-temps aryen, brahm anique et
pharaonique différent de l’espace-tem ps analytique, chi­
m ique et récitatoire et anti-m anuel de la médecine sém iti­
que ; médecine qui a d’ailleurs aussi par m om ents son inté­
rêt et son utilité. Nous avons m ontré que cet espace-temps
est au contraire très analogue à celui des chirurgiens. Pla-
nétairem ent (j ’écris ici pour les m orphologistes) l’espace-
tem ps des chirurgiens est Soleil-M ars-Jupiter et l’espace-
tem ps des médecins est M ercure-Lune-Saturne. L ’ensem ­
ble est com plém entaire pour le plus grand bien du malade,
m ais ce sont des gens différents à tous points de vue qui
s’occupent de ces deux dom aines distincts.
L ’A nthropotechnie est cette m ine contenant tout ce qui
touche la mécanique hum aine, c’est la médecine latro-m é-
canique d’A pollonius de Scytium , Scyte et peut-être russe
ou iranien du deuxièm e siècle avant Jésus-Christ. Douze
livres, que j ’ai fa it paraître, n ’ont pas du tout épuisé cette
m ine.
INTRODUCTION 19
Mais cette m ine n ’est-elle pas inépuisable ? Probable­
m ent pas, si l’on y com prend toutes les médecines non-
conform istes, non-chim iques qui réapparaissent à l’heure
actuelle, nées dans la lointaine Asie autrefois. Tout réap­
paraît, tout ressort de terre, ou de sous l’eau, faisant une
sinusoïde, conform ém ent à l’adage des Prêtres égyptiens
« Tout a un cycle ». Des médecines, dont la médecine o ffi­
cielle croyait être définitivem ent débarrassée pour les
avoir profondém ent coulées il y a 100 ans, réapparaissent
sur l’eau : la médecine des plantes, l’acupuncture, l’hom éo­
pathie, la vertébrothérapie, les innom brables gym nasti-
ques. Plus on a profondém ent coulé une bouée, plus elle
bondit ensuite hors de l’eau. La tradition ne peut pas cou­
ler. F luctuât nec m ergitur.
Thooris avait senti tout cela. A u cours de sa longue
vie (il a vu les trois dernières guerres européennes), il a
assisté à l’apparition, puis à la disparition des gym nasti-
ques, des sports de combat, de toutes les doctrines straté­
giques, de toutes sortes de remèdes, de toutes les médeci­
nes, de toutes les éducations physiques, des techniques
opératoires, des modes, des divers yogas, des massages de
tous pays. Il était blasé. Il aurait pu réciter à la fin de sa
vie le fa m e u x monologue d ’A lfred de Vigny.
N ous étions d ’accord sur le Trident que j ’ai exposé
dans le Tome I, le Trident des trois civilisations principa­
les qui ont enfanté et nourri les autres : la Pharaonique,
l’Irano-Aryenne et la B rahm anique ; pour lui tout ce qui
venait battre l’Europe et le m onde n ’était qu’une phase,
com m e on dit en Chim ie-physique, un aspect d ’un courant
venant de ces deux sources principales. Il voyait plus loin
q u ’une mode qui passe sur Paris et le m onde, plus pro­
fo n d que les vêtem ents que sont les dénom inations qu’on
donne à ce courant. Pour lui, le cycle de ces disparitions
et réapparitions des m orceaux séparés et cam ouflés de la
Tradition anthropotechnique était de 20 à 50 ans.
Mais les sources, ou tout au m oins une source, la Pha­
raonique, dem eure palpable, visible, le reste passe et tour­
ne.
E tant rem onté à la source, ou tout au m oins à quelques
points où elle continue à sourdre, nous livrons au public
ces m onum entaux sujets de m ouvem ents et de m éditation.
Nous avons vu dans le Tome I, consacré aux idées gé­
nérales sur le Yoga et au Yoga hindou, ainsi qu’aux éter­
nelles lois brahm aniques, les défauts du Yoga figé, sta ti­
20 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

que, articulaire, purem ent hindou, et ses avantages. Nous


n ’y reviendrons pas. Le présent Tome est consacré à la
com préhension de phénom ènes internes déclenchés par la
respiration et au Yoga irano-pharaonique, tel qu’il est tou­
jours visible dans la pierre ou dans les attitudes de la
Sainte Messe.
Le Yoga égyptien et persan ancien, tel que H anish nous
le transm et, est aisé, progressif, dynam ique, respiratoire,
vertébral, orthopédique. Il est vivant. Il convient aux Euro­
péens. Il est com patible avec la vie des m angeurs de va­
ches. Il est toujours correctif ; il ne contient pas de pos­
tures déform antes, anorm ales, m onstrueuses ou destruc­
tives. Il n ’est ni figé, ni statique, ni dangereux pour le cer­
veau et les articulations. N’im porte qui peut le pratiquer.
Il peut se faire assis, à genoux, au lit, sur le sol, contre
une porte, contre un arbre, à tout âge. Vous craignez d ’ou­
blier les postures qui élèvent l’âme : entrez dans les égli­
ses, à l’heure de la Messe. Elles ne sont pas encore ferm ées
par un gouvernem ent totalitaire ou transform ées en m os­
quées par la nouvelle invasion arabe. Elles sont encore
ouvertes, profitez-en, cela ne durera pas toujours. A dm i­
rez la Messe. C’est, dans un cadre parfait, construit par les
Compagnons, sous la direction du Maître d ’œ uvre, le plus
beau des Yogas, l’union du Yoga au sens étym ologique,
c’est-à-dire l’union avec les forces d’en-haut, avec la réu­
nion des attitudes parfaites, des odeurs, de la couleur et
du son. Priez, adm irez cette étonnante conservation.
La tristesse vous a replié sur vous-m êm e ? La gravité
de la terre, source de tous les vieillissem ents attire à elle
par ses ondes m ystérieuses vos vertèbres vieillies ? Il fa u t
vous étirer vers le ciel. Avec quoi donc ? Allez voir l’ins­
trum ent que tient entre ses genoux l’A lchim ie assise à la
hauteur de vos yeux sur le parvis de Notre-Dame de Paris.
Tout est prêt à vous aider. Sachez voir.
A insi H anish a dit vrai. Le Yoga est gravé dans la
Statuaire pharaonique que les ans et les vandales n ’ont
pas pu faire disparaître. Mais alors l’Egypte est une im ­
m ense m ine de renseignem ents utiles ? C’est ce que pen­
sèrent toujours les égyptologues, les archéologues, les tra­
ditionalistes, les historiens d ’art, les herm étistes, les an­
thropotechniciens, les anthropologistes, les anthroposo-
phes, les historiens de la religion, tous ceux qui s’occu­
pent de ce que les Anciens ont fait de remarquable, d’utile,
de beau, d’intéressant. Il faudrait donc une nouvelle Egyp-
INTRODUCTION 21
tologie, différente de celle de Champollion ? E videm m ent,
Les enseignem ents des Prêtres égyptiens, ces attitudes qui
redressent, élèvent, consolent, instruisent, fo n t évoluer ;
ces vertèbres et ces colonnes vertébrales, ces clefs m u lti­
ples s ’accompagnent sûrem ent d’autres textes que des con­
sidérations sur le nom bre de prisonniers fa its par le Pha­
raon dans une obscure bourgade, ou le nombre de sacs de
blé récoltés le long du Nil. Les professeurs des grands pro­
phètes et légistes qui dirigèrent l’hum anité et la dirigent
encore, avaient autre chose à raconter que ces puérilités.
Ce serait là un beau fru it sec pour l’arbre qui a produit
les 300 générations de Pharaons de M anéthon.
L ’Egypte est une des deux grandes m ines prim itives,
une des deux sources prim ordiales des cultures, des scien­
ces, des religions, des civilisations. L ’autre, celle qui s’est
dédoublée en iranienne et en brahm anique, est-elle la plus
ancienne ? Où est la source prim ordiale ? Vous en savez
peut-être plus que m oi qui l’ignore ? Où est le m anche du
Trident ? Avons-nous vraim ent besoin de le savoir ? Irions-
nous nous instruire dans ce lointain pays ? Qu’en ferions-
nous ? N ’avons-nous pas déjà du pain sur la planche avec
les exercices de Hanish et avec le travail à faire que con­
tient le présent livre qui peut occuper le lecteur toute une
vie ?

Il fa u t donc une autre clef pour faire vivre les inscrip­


tions pharaoniques. Nous proposons notre clef personnelle
vertébrale, yogique, gym nastique, orthopédique, herm éti­
que. Mais n ’ayant en Egyptologie que les modestes et indis­
pensables notions d’un anthropotechnicien, nous n ’avons
pas la prétention d ’être le nouveau et nécessaire Champol­
lion. A de plus savants que nous de s ’avancer dans cette
voie d ’extraction de la m erveilleuse m ine de Sagesse.
Mais il est certain que de jeunes égyptologues ou de
vieux savants chevronnés, que je salue respectueusem ent,
brûlent d ’être le nouveau Kircher, le nouveau Brugsch qui
attaquera la colossale m ine de préceptes et de savoir, et
synthétisera l’Egyptologie classique et solide de Champol­
lion, de Maspero, de M ariette-Bey, de D riotton, de Robichon,
d’Alexandre Varille, de Vandier, l’Egyptologie ésotérique et
arithmologique de Schwaller de Lubicz et l’Egyptologie
yogique du Docteur Hanish. Que les égyptologues se ras-
22 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

surent, nous n ’avons nullem ent l’intention de les déranger


dans leurs chaires, leurs m éditations, leurs fouilles. Nous
som m es su ffisa m m en t occupés de notre côté. Nous dési­
rons seulem ent leur poser deux questions, dont la première
est celle-ci : « Dans ce que vous voyez tous les jours, êtes-
vous sûrs qu’il n ’y a pas autre chose à voir ?» ; et la se­
conde : « Ne voulez-vous pas que nous dépouillions avec nos
lunettes personnelles la colossale m ine de docum entation
que vous accum ulez depuis Champollion ? ». « Dans ce
dépouillem ent avec les clefs nouvelles, ne voudriez-vous
pas nous aider ? »
Vous avez accum ulé p a r vos travaux savants et précis
une m ine précieuse. Nous voulons en tire r des outils p ra ­
tiques pour l’hom me. Une Revue existe, au beau titre, « le
m usée vivant » ; nous prétendons qu’on doit pouvoir dire
après lecture et essai de notre tome II : Le m usée utile, le
m usée pratique, et aussi « le m usée conservateur de pré­
cieux outils pour le travail physique et m ental de tous les
jo u rs ».
C’est là ce que m ’enseignèrent les savants qui me con­
duisaient p ar la m ain dans les musées quand j ’étais enfant.

Vous avez cessé de pratiquer depuis un certain tem ps,


égaré votre livre, et vous voulez retrouver la meilleure pos­
ture pour un Parisien fatigué et surexcité ? Qu’à cela ne
tienne. S i le Louvre est ferm é, si Turin et Louqsor sont
loin, cela n ’a pas d’importance. Les Prêtres égyptiens ont
tout m is à votre portée. Allez Place de la Concorde : la
Yogini est là sous vos yeux en pleine action sur l’O bélis-.
que. Le Yoga est partout puisque tout est dans tout.
Sam bucy.
PREMIÈRE PARTIE

Quelques aspects scientifiques


du respir nasal et diaphragmatique
Selon les enseignements de Médecins-Gymnastes
et de Médecins-Yogis Français : A r l a u d , T i s s i é , T h o o r i s ,
M a in g o t, B o n n ie r, G a u th ie r, R e d a rd , C h a p a rd , L e p rin c e

CHAPITRE PREM IER

La vie et les idées de deux grands médecins


gymnastes et yogis, Arlaud et Hanish

CHAPITRE DEUX

Le nez dans le Yoga


et le développement cérébral

CHAPITRE TROIS

Le diaphragme dans le Yoga et le respir rationnel


Ses mécanismes - Ses clefs - Son entraînement
CHAPITRE PREMIER

La vie et les idées


de deux grands médecins-gymnastes

/ . - Le Docteur Jean Arlaud (1896-1938)

Je prie les m ères de fam ille à quelque pays q u ’elles


appartiennent, de po rter attention à cet article. Si elles
ont des enfants, les m ères se refusent à « voir » leurs
enfants tels qu’ils sont, ou tels qu’ils risquent de devenir,
c’est-à-dire notam m ent sous cet angle : petits, étroits, lé­
gers, faibles, malades, hésitants, trop grands et trop m ai­
gres, voûtés, plats, déviés, asthm atiques, essoufflés, fr i­
gorifiés, trop gros, trop mous. Des enfants de ce genre
il y en a quelques m illions sur la planète. Ceux qui sont
ravis d’être ainsi, ta n t mieux, leurs am is les soigneront,
et leurs parents travailleront pour eux ; la Société paiera
pour eux dans les asiles, les sanas et les hôpitaux, et, p ar­
tiellem ent récupérés, ils travailleront à dém olir la Société.
Mais un grand nom bre parm i les faibles ne veut pas le res­
ter e t veut se transform er. Beaucoup de parents veulent dé­
velopper leurs enfants.
Je vais p arler d’un hom me, hors série dans les pays
m éridionaux, m ais d’un genre fréquem m ent rencontré dans
les pays scandinaves et germ aniques. Il s’occupait de tra n s ­
form er ses clients et ses élèves dans l’indifférence totale et
l’ignorance voulue du monde m édical officiel. Il était Mé­
decin-Gym naste : assem blage suédois de m ots qui, ensem ­
26 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

ble, paraissent incom patibles en F rance et dans les pays


du Sud, titre qui fu t porté avec gloire p o u rtan t il y a cent
ans, p ar ta n t de bienfaiteurs suédois de l’hum anité.
Ce n ’est pas le corps médical qui va le célébrer, le fêter,
consigner ses faicts et dicts, se faire son historiographe,
et quand il m ourra, pleurer en robe rouge et en bonnet
carré au bord de sa tombe, ni lui élever un Mausolée, et
encore moins donner son nom à un boulevard. Il ne s’occu­
pait en rien de ce que l’on nom m e com m uném ent la mé­
decine, et les médecins en 1927 se m oquaient de ses idées.
Il considérait la médecine comme une inutilité que peut
seule rendre valable une société mal organisée, qui élève
ses enfants comme si elle voulait en faire des m alades. En
cela d ’ailleurs, il allait un peu trop loin.
Ce sont ses élèves qui lui rendront justice. Mais ceux
qui suivent ces articles, où, en scientifique et en érudit, je
n ’ai rien voulu dire, sans m ettre en avant les bases, les
sources et les raisons, vont voir se dessiner des lois, des
faits, des discussions, des polém iques, des pam phlets, des
critiques, des caricatures, des attaques contre Arlaud. Les
grands hom mes dém esurés dans plusieurs dom aines par
rapport à la foule sont toujours dénigrés, c’est un facile
su jet de conversation.
J ’ai beaucoup à dire, car j ’ai fait un long voyage. J ’ai
fait ce voyage co n train t et forcé. « Il fau t avoir besoin
de devenir fort, autrem ent on ne le devient jam ais » a
écrit le plus féroce et le moins sentim ental des philoso­
phes, Frédéric Nietzsche (1). J ’étais un jeune intellectuel
faible, et je suis devenu un homme fort et résistant, j ’ai
changé mon corps et mon visage et retrouvé la résistance
inépuisable de certains de mes ancêtres ; il est assez n a tu ­
rel que je dise quels sont ceux qui m ’ont aidé à faire les
parcours principaux de ce form idable itinéraire. Je suis
leur fils spirituel, leur fidèle élève, et les gens à qui j ’ai per­
m is au cours de tren te années de pédagogie de faire la
même chose, ne m ’oublieront pas plus que je -n ’oublie Jean
Arlaud.
Il est am usant de constater que toutes les inventions
m atérialistes, genre téléphone, presse, ascenseur ou télé­
vision n ’ont absolum ent servi à rien pour faire connaître
plus tôt à un être hum ain la personne dont il a u ra it besoin
et qui se ferait un jeu de le dépanner, à un certain âge,

(1) G é n ia l, m a is s o u v e n t in ju s te e t f a u x .
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 27
au m om ent où certaines planètes ont été chargées de ren­
verser sa santé, sa situation, sa destinée, pour p arler com­
me Képler. L’écroulem ent brusque et la rem ontée brusque
sont ce que les astrologues depuis les Chaldéens appellent
avec justesse « la torsion brusque de la destinée p ar le
M aître-couple » ! Je ne suis pas Astrologue et ne m ’occupe
pas du tout d’astrologie, m ais cette définition qui corres­
pond à des faits est bien connue. C’est en général après
coup et p ar h asard qu’on rencontre le m étier idéal, le
m aître com pétent, l’âme sœ ur, la ville favorable. La desti­
née coule et les gens dont on a besoin ne sont pas là, assis
su r des tabourets en h a u t des ponts à vous attendre, quand
vous passez su r votre radeau, privé de godille ou d’avirons,
et cherchant une cale sèche où vous pourriez réparer.
Il y a plus curieux et plus a ttris ta n t encore : quand ils
p o urraient vous donner ce renseignem ent crucial, ils om et­
ten t de le faire — ils ne peuvent pas — ils ne savent pas
et la p lu p art du tem ps ils ne veulent pas. Quelquefois, ils
vous le donnent, m ais vous n ’entendez pas, ils vous m on­
tre n t où il faut aller, vous ne voyez pas, vous n ’êtes pas
encore réveillé. Oculos habent et non vident, a dit le Christ.
La Chiquenaude que Pascal reproche à Descartes n ’est pas
encore venue vous m ettre en rotation !
Le Docteur Jean A rlaud avait depuis une dizaine d’an­
nées mis sa plaque su r un vieil hôtel, chez une dam e d’ori­
gine espagnole apparentée à la noblesse d’Espagne, veuve
d ’un avocat et hom me politique très connu : M* Louis Ebe-
lot ; dans une de ces rues qui, ne votant pas à gauche, ne
sont pas réparées à Toulouse, ou du m oins ne l’étaient pas
quand j ’allais dans son gym nase en 1928. On y voyait
écrit :
Docteur Jean A r l a u d
E ducation physique

Com m ent les médecins ne savaient-ils pas qu’il redres­


sait des dos, ouvrait des poitrines, et m usclait des m em ­
bres ? Comment pouvaient-ils ignorer q u ’A rlaud tra n sfo r­
m ait tous ceux qui s’attachaient à ses pas, p ar le gel, l’effort
prolongé, la faim , l’altitude, le souffle et le fardeau ?
Ils voulaient l’ignorer. Comment mes professeurs de
gym nastique du Lycée, et notam m ent en M athém atiques
Spéciales quand je préparais Polytechnique, ne m ’avaient-
ils pas envoyé chez lui, qui était leur m aître à l’In stitu t de
28 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

l’Université ? Jalousie, bêtise et nullité sans doute ; les


uns et les autres m ’avaient fait perdre dix années.
Q uand je le vis, son accueil m ’étonna, cet hom me
grand, boucané et aux yeux bleu pâle, me sem bla plus que
silencieux : laconique. Je sus plus tard ses origines. Ce si­
lence form idable qui l’en to u rait comme la m uraille du châ­
teau-fort entoure le donjon était le silence des m ontagnes
et des neiges, silence que j ’aim ai plus tard , analogue au
silence de la m er. C’est dans ce silence blanc, bleu et vert
que j ’espère me retirer un jour, quand je serai vieux, con­
form ém ent aux paroles de D ürer, de Goethe et de Selma
Lagerloff, et que j ’en aurai assez de faire le garagiste pour
colonnes vertébrales, m étier que j ’adore po u rtan t, dans
les villes bruyantes, noires, sales et agitées. Il descendait
en ville entre deux séjours dans les hauteurs, enveloppé
de silence comme d’un vêtem ent fam ilier.
« Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle
pas ; travailler et se taire, voilà le chem in du Tao », disent
les livres sacrés chinois.
A rlaud me m esura et apprécia mes aplom bs, mes su r­
faces, mes volumes, mes segments, et regarda mes rai­
deurs, m a consistance. Il fit ce que devait faire 10 ans
plus tard Thooris dans son laboratoire de m orphologie à
Paris. Il écouta m on histoire, et me dit « je me charge
de vous tran sfo rm er m ais ce sera long, car vous êtes déjà
âgé, très durci p ar le rhum atism e, les agrès et les poids et
partiellem ent développé, et je veux vous appliquer toutes
les m éthodes qu’il me plaira de vous appliquer ».
J ’acquiesçai et le lendem ain j ’étais dans son gymnase,
au rez-de-chaussée de ce vieil hôtel, dont la ram pe en fer
forgé est célèbre chez les spécialistes du m onde entier, car
elle fu t sculptée dans le fer rouge par Bachelier, sous la
Renaissance.
Un rideau fu t tiré et je me trouvai dans une vaste salle
de C ulture Physique au parq u et m iroitant, entouré de gla­
ces, atm osphère qui déroute les m édecins, et- qui m ’était
fam ilière. Au m ilieu de la salle il y avait deux poteaux.
L ’un, en m étal, était peint en blanc. Il fait l’objet d’un im ­
p o rta n t chapitre de ce présent volume, c’est la colonne
christique ; l’autre, aussi droit et rigide, c’était le docteur
vêtu d’un short blanc, et chaussé de souliers blancs. II> te­
n a it en m gins des haltères et ressem blait, imm obile et hié­
ratique, aux statues de pharaons ou de grands prêtres
égyptiens q u ’on p ourra adm irer un peu plus loin.
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 29
J ’adm irai cet hom m e droit et fort, m ince pour sa taille
de 1 m 81, puisqu’il ne pesait que 70 kilos. Et comme je
me m ontrais étonné de ces curieuses coordonnées « Voilà
ju stem ent le type hum ain du grand fond et des m ontagnes,
ce sont là les m ensurations idéales décrites dans les traités
austro-allem ands de Zigmondy » me d it en ria n t mon
m aître.
A rlaud avait une colonne vertébrale d ’une droiture
m erveilleuse, en avant une large et profonde poitrine con­
ten a n t plus de six litres d’air, de belles jam bes de volume
moyen, les muscles grim peurs des bras très développés.
Sa haute taille lui donnait des enjam bées très longues et
quand on pouvait le suivre, on était capable de sem er
n ’im porte qui, su r skis ou à pied.
Ses muscles abdom inaux étaient dessinés comme ceux
des culturistes m odernes, ce qui était norm al pour un
hom m e qui faisait tous les jours plus d’une heure de
gym nastique au tapis.
Son corps n ’était pas celui de l’hercule m assif et lourd,
dont Thooris a dit q u ’il sort du sol et y reste fixé à la m a­
nière des puissants tra in s inférieurs de Maillol, m ais celui
de l’athlète grand et léger, l’hom m e à tout faire des a n th ro ­
potechniciens. Il avait de loin l’allure du tennism an anglo-
saxon, du joueur de basket, du cycliste, m ais quand on
s’approchait, on avait l’im pression de s’être trom pé en
voyant cette énorm e poitrine et la m usculature d’ouvrier
de ses bras et de ses jam bes. Cela n ’était possible que grâce
à sa très faible densité. Or, il ne s’agissait pas d’une ossa­
tu re fine, légère, faible ; l’énorm e crâne, les genoux, les
chevilles, les pieds, les m ains étaient là pour attester le
p u issan t développement osseux. C’était un corps déconcer­
ta n t pour l’anthropom étricien qui le m esurait : de g ran ­
des m ensurations et pas de poids !
En voyant cet hom m e rem arquable je fus plein de con­
fiance. Il me fit travailler une heure d u rant, en travaillant
sans cesse avec moi, com binant les m oulinets respirés per­
sans et les redressem ents expansifs à la colonne. J ’avais
en venant chez lui un thorax de volume moyen, totalem ent
raidi p ar le rhum atism e et sans expansion, comme je
l’expose dans « Défendez vos vertèbres ». C’est chez lui
que j ’appris ces lois fondam entales de l’A nthropotechnie
« l’J iom m e est su rto u t influencé p ar ce q u ’il voit », « on
ne cherche à im iter que ce que l’on adm ire », « on n ’obéit
que si le m aître vous est supérieur », « l’exemple est la
30 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

base de la pédagogie », « on ne peut donner que ce que


l’on a ».
Je ne parlerai pas ici de ces bossus, de ces obèses, de
ces am usculaires qui pérorent su r l’hom m e dans les tem ­
ples de la Science ou, ce qui est plus triste, dans les In sti­
tu ts d’Education Physique des Facultés de Médecine, com­
me c’était le cas à Toulouse en 1930. Le D octeur Arlaud
était un m aître m erveilleux que l’on cherchait à im iter.
Il avait le don du com m andem ent et de la pédagogie.
Ses m anières étaient m artiales, m artiennes, devrais-je dire
en m orphologiste. On enseigne en effet en morphologie que
Mars est celui qui com m ande, qui entraîne, qui décide. Il
est celui aussi qui s’avance droit devant lui sans crainte
des obstacles. La statu aire du Moyen-Age a inscrit dans
la pierre Saint-Michel comme modèle du Chevalier, celui
qui com bat les m auvaises tendances. A rlaud était tout
cela. La signature m artienne était dans sa dém arche raide
et talonnante, dans sa voix aigre et éclatante comme une
trom pette faite pour le com m andem ent à distance en m on­
tagne, dans la grande largeur de son estomac, signe déjà
décrit p ar P orta et Lavater, que les m odernes appellent
l’angle de Charpy, et dans son pli naso-génien, que les
m orphologistes dénom m ent le pli m artial.
Il était officier dans l’âme, chef. Ce n ’est pas pour rien
que W eygand a mis en tête de son livre sur Foch la pla­
que de m arbre qui se trouve gravée devant l’hôtel du m a­
réchal de Villars « Mars restitutor vindex et pacifer ».
Arlaud pacifia par la m ontagne l’âme inquiète de milliers
de gens et, restitutor, leur rendit la puissance et la force
vitale que la maladie ou une mauvaise manière de vivre
(Carton), leur avait enlevées.
Il était raide au physique et au m oral conform ém ent
à la loi des Hom eopathes, sa vie était un exemple pour
nous aider à nous dépasser nous-mêmes. Il m éprisait les
faibles qui veulent le rester. Ce rude savoyard avait une
g ran d ’mère bavaroise, c’était un général d’Europe Cen­
trale. Il était du pays de Joseph de Maistre et comme lui,
voyageur et indépendant. Q uand je connus ce détail, l’hom ­
me entier me fut expliqué. Il aim ait d’ailleurs peu les
Allem ands, ayant fait la guerre d’O rient de 16 à 18 contre
eux, comme jeune médecin, m ais quant à ses gestes, à Ses
pensées et» à ses m anières, il était un grim peur bavarois,
un leptosome d’Europe Centrale, car le sang est le sang et
la race ne se change pas. Les m ensonges sur les races
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 31
viennent su rto u t de ceux qui ne veulent pas avouer la leur.
Ils ont d’ailleurs tort, car chaque race a son utilité. Les
unes pour édifier, les autres pour démolir. Les races ont
été voulues e t construites p ar Dieu à des époques diffé­
rentes du Cosmos, et, pensent les savants traditionalistes,
en des endroits différents du cosmos ou, sur la même
planète, m ais dans des conditions cosmiques totalem ent
différentes. Si tous les hom m es étaient de la même race,
le monde serait immobile. Une des m eilleures preuves de
l’hérédité est le cadre que l’on se construit et où l’on s’a r­
range pour vivre. A rlaud avait choisi l’em pire blanc, les
m ontagnes, et les gym nases suédois, c’est-à-dire une atm o­
sphère typiquem ent nordique.
On a u ra it dû faire graver sur son tom beau, à Gavarnie,
la phrase p ar laquelle Jules Verne term ine un de ses plus
célèbres livres « Le Capitaine Jo h n H atteras se dirigeait
invariablem ent vers le nord ».
La vie du D r A rlaud était d’une activité qui a u ra it
épuisé tout autre que lui. Levé très tôt, il arrivait en auto
chez moi et me conduisait à la Société nautique (j’étais
devenu entre tem ps son élève, puis son a ssista n t). Nous
em m enions un de ses amis, prem ier de cordée. Nous fai­
sions une heure d’aviron, eux comme ram eurs, moi comme
b arreu r. A rlaud était le raide-type, le carbonique des ho­
m éopathes. On pensait en le voyant ram er à la fam euse
p hrase par laquelle Jules Renard a qualifié le vol de la
pie. « Son vol droit et m écanique » a-t-il écrit. C’était la
même chose dans l’outrigger. A rlaud ram ait droit, sûr,
sec, c’était un véritable m étronom e. Les tolets b attaien t
une cadence im m uable pendant quatre kilom ètres. A rlaud
p a rta it ensuite assu rer son service de médecin Inspecteur
des Ecoles. A 11 h. et demie il arrivait au Club Alpin et au
Ski-Club dont il était le Secrétaire Général et le Président.
Il s’en treten ait avec tous, signait des papiers, déjeunait en
un q u a rt d’heure comme le général sur le cham p de ba­
taille, rep artait dans les écoles ou au chem in de fer dont
il était le médecin. Vers cinq heures, il arriv ait au gym ­
nase, donnait les traitem ents lui-même, enseignait aux
groupes lui-même, puis se douchait, p a rta it dîner et re­
venait organiser avec nous le Ski-Pyrénéen ju sq u ’à 11 heu­
res ou m inuit. Le lendem ain m atin, habillé en ram eur il
frappait à ma fenêtre à sept heures.
J e ne raconterai pas le détail du traitem en t su r moi. Il
me donna onze centim ètres de plus de poitrine dans un
62 YOGA IRANIEN E T ÉGYPTIEN

seul mois, chose rare il y a trente ans, et que la diffusion


de nos m éthodes de déblocage ont rendu a u jo u rd ’hui m on­
naie courante, m ais su rto u t il changea notre conception de
l’hom m e dans le cosmos.
A la différence des trépaneurs de rats blancs et des
asphyxieurs de grenouilles form és dans les laboratoires
des Facultés et nuls su r la m écanique de l’hom me (1), il
nous ap prit que l’hom m e reçoit sa force de la N ature et
que son équilibre et sa position p ar rapport au cosmos sont
le résu ltat de son travail et de son évolution. Le cosmos
est comme un escalier. L ’hom me est, sur les barreaux de
cette échelle plus ou m oins h a u t et ses échanges p ar rap ­
port au cosmos sont différents. De cette échelle (tout est
échelle !) nous parlerons plus loin longuem ent ta n t au
point de vue suédois q u ’au point de vue ésotérique.
De même que les races ont des organism es différents,
deux êtres d’une même race ont des réponses différentes
au monde extérieur selon leur degré d’évolution. Arlaud
sem blait très perfectionné su r le plan physique et su r le
plan des résistances à tout ce qui accable l’hom m e ordi­
naire. Il sem blait qualifié pour être notre m aître en ces
m atières. Il était Notre M aître et nous l’im itions fidèle­
m ent. Il était à plusieurs barreaux au-dessus de nous, dans
la résistance au froid, à la faim, à la fatigue, à la lassitude,
au vertige, au danger de m ort. Il était là dedans un m aître
Guru et nous étions ses Chélas. Il essayait de nous am ener
au degré où il était arrivé. Mais natura non facit saltus.
Il ne p ortait jam ais de pardessus l’hiver, nous n ’en
portâm es plus. (Le perfectionnem ent respiratoire doit vous
assurer le chauffage central, nous disait-il). C’était un
curieux spectacle que cet hom me droit et raide, en plein
hiver dans les rues avec son complet veston et une simple
chem ise empesée. Il ne portait jam ais de gants, sauf à la
m ain. Dans les neiges, ses m ains étaient devenues gercées
et rouges, mais il ne sentait pas le froid. A notre tour
nous m éprisâm es les m oufles et nous ne les sortons de
notre sac au jo u rd ’hui encore que si la neige est molle et
hum ide et le parcours difficile, après cinq heures du soir.
Nu tête, il se prom enait (avec son type cérébral et ses 61
ou 62 centim ètres de tour de crâne) et nous fîmes de
même. Il était infatigable et nous eûmes à cceur de deve­
n ir des êfcres infatigables — le seul point sur lequel nous
(1) I ls o n t a u s s i le u r u t i l i t é !
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 33
ne pûm es l’im iter, est qu’il était m aître absolu de son
som m eil comme Napoléon et les Yogis de tous les temps.
Il pouvait dorm ir dix m inutes dans une paroi verticale,
attaché à un rocher ou à un piton de fer, et reprendre
l’ascension parfaitem ent reposé — nous n ’y arrivâm es
jam ais — Lui, notre m aître, se réveillait grâce à un bra-
celet-m ontre m uni d ’une sonnerie ! Cela supposait q u ’il
était m aître absolu de sa relaxation totale et instantanée,
buts que l’on n ’obtient en général q u ’après de longues
années de Yoga. Il s’était plu dans les horizons imm enses
de l’atm osphère Thibéto-Him alayenne et p rojetait d’y re­
venir avec ses élèves pyrénéens.
Il est probable que s’il était revenu dans FHimalaya,
il se serait mis à l’école des Yogis qui dans les m onas­
tères apprennent à devenir entièrem ent m aîtres de leur
tem pérature et, pour passer des examens, sortent une
n u it de tem pête où souffle le vent mongol vers quatre ou
cinq mille m ètres d’altitude, avec des paires de draps. Ils
trem pent les draps dans un to rren t après en avoir cassé
la glace, enroulent ces draps autour de leur corps nu et
les sèchent. Celui qui sèche le plus de draps devient m ajor
de la prom otion. Les gens qui ont vécu au Thibet et qui
sont mes inform ateurs (ils m ’ont appris bien des connais­
sances précieuses !) me disent que p ar ces nuits d’hiver
la tem pérature descend à — 50 et parfois à — 60° ! Les
lam as sont peu vêtus. Grâce à des exercices spéciaux, leur
peau est isolée du froid am biant. Le yoga est leur chauf­
fage central.
A rlaud était fait pour des épreuves de ce genre.
En m atière de développement de l’être hum ain, il pro­
fessait les idées suivantes, qui sont devenues les nôtres.
Un être hum ain mis au contact du creuset q u ’est la
n atu re et lancé dans un travail fatigant, se développe spon­
taném ent et harm onieusem ent, s’il peut faire les frais de
la transm utation.
C’est en effet l’Alchimie hum aine, m ais tous les sujets
ne peuvent faire les frais de cette espèce de combustion,
de transform ation. C’est la raison pour laquelle la compé­
tition ne peut donner que des catastrophes avec les êtres
faibles, q u ’elle ruine définitivement. P our une bonne partie
de ces candidats à la transm utation, un stade préparatoire
est la gym nastique rationnelle ou la culture physique
rationnelle. (On ne disait pas encore gym nastique correc-
tive, le prem ier tra ité p aru en F rance avec ce nom est
34 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

le m ien en 1942, A rlaud s’est tué en m ontagne en 1938).


P our Arlaud, il ne fallait pas perdre de tem ps à renforcer
les m em bres, bras et jam bes. L’essentiel pour lui, comme
pour tous les suédistes rationnels, c’est le tronc, qui est
la citadelle, contenant tous les organes de la vie. Dans
le tronc il y a trois parties principales : le dos ou colonne
vertébrale ; le thorax, le cœur, les poum ons ; un ventre
à m uscler solidement. Voilà les trois parties essentielles
pour l’être faible. Ces trois régions débloquées ou ren­
forcées, on le lance dans un grand travail de la natu re
puissam m ent échauffant et fatigant pour réaliser la tra n s­
m utation. On avait alors chance de la réaliser même à un
âge avancé.
P our Jean Arlaud, le travail-roi était la Montagne dont il
était dans toutes les Pyrénées le G rand-Prêtre. M ontagne
l’été et l’hiver le ski — il ajo u tait à cela les sports nau­
tiques, idéalem ent développants : natation et aviron qui
donnent toutes les possibilités quand les vertèbres et les
côtes sont débloquées. C’est pour cela q u ’il était si attaché
à ce travail d’élargissem ent et d’approfondissem ent par
le plat ventre et la colonne de fer.
Son équation qui est aussi la m ienne est donc : Un
dos + Une poitrine + Un ventre + la Neige + l’Eau
= la Force. La prem ière partie de cette équation qui est la
base même de la vie, de la régénération, de la tra n sm u ­
tation et avec laquelle on a des résultats inespérés sur
les faibles que j ’ai énum érés en tête de mon article, j ’en
fis la base de la brochure que je rédigeai à la dem ande du
M inistère de l’Education Nationale français en 1944-45,
et qui est un résum é de mes traitem ents.
Ainsi chez Arlaud nous faisions énorm ém ent de travail
à plat ventre. C’est là que nous fabriquâm es ces dos et ces
colonnes vertébrales qui nous perm ettaient le dim anche
dans les Pyrénées, à ski, de porter de lourds sacs, de
p arcourir 18 km , 35 km à allure de course forcenée ; et
aussi beaucoup de travail à plat dos pour nous faire des
m usculatures abdom inales qui nous aidaient le dim anche
à avancer su r nos skis de course au pas de Stavhugg,
rien qu’avec les bras.
Arlaud, bien q u ’il ne connut pas la Chiropractique
devenue célèbre plus tard, s’occupait très bien des colon­
nes vertébrales. Il savait :
— m asser à la suédoise,
— suspendre à l’espalier suédois,
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 35
— redresser à la suédoise,
— rem uscler à plat ventre,
— élargir à la persane,
— détordre avec des bommes.
Il ne savait pas débloquer à l’am éricaine, ni allonger,
m ais pratiquem ent son redressem ent à la colonne de fonte
débloquait brutalem ent et douloureusem ent les dorsales.
J ’avais déjà inventé des appareils dans ce dom aine et
il les adopta ; c’est ainsi que j ’avais apporté chez lui
mon appareil à poussée pédestre, pour redresser les dos,
appareil copié p a rto u t depuis que je l’ai publié en 1942 ;
à ce m om ent en 1927, les chirurgiens toulousains à qui je
l’avais m ontré n ’avaient même pas voulu l’essayer. Quel­
ques m orceaux de bois et quelques boulons perm ettent à
n ’im porte qui de redresser son dos, de débloquer ses côtes,
gardiennes m ais geôlières du poum on et de libérer le pri­
sonnier en quelques heures avec pression du pied su r un
barreau. A rlaud lui, com prit, car il avait aussi vécu la
transform ation de lui-même.
N orm alem ent, il a u ra it dû faire ses études à Lyon,
m ais très grand, très m ince et de poum on sensible, il avait
donné des inquiétudes à sa fam ille et à son oncle, un
médecin, le docteur Scholl — on l’avait envoyé dans les
Pyrénées — là, la culture physique et la m ontagne en
avaient fait l’hom m e superbe et infatigable que des m il­
liers de gens, adultes et vieux m ontagnards avaient pris
pour m aître. D’autres jeunes gens faibles, échappés des
grandes villes à tem ps, sont partis vivre à Chamonix, ont
reconstruit leur corps et sont devenus des guides célè­
bres.
A rlaud avait fait sa thèse sur la tension artérielle dans
les efforts prolongés — au lieu de prendre la tension de
m alades dans les hôpitaux, ou de faire des enregistrem ents
su r les artères du chien ou du lapin, il avait parcouru les
plus h au ts som m ets des Pyrénées françaises et espagnoles,
et toutes les courses classiques des Alpes françaises, en
p ren an t la tension de ses com pagnons et la sienne propre.
Il établit ainsi des lois nouvelles s’appliquant aux gens
des m étiers épuisants, et notam m ent les lois artérielles
su r le souffle second et la fatigue. Ces études personnelles
vécues dans son propre corps, et vérifiées par l’appareil
de Pachon, études continuées ju sq u ’à sa m ort (il est m ort
en m ontagne, comme Molière au théâtre) lui perm ettaient
d ’affirm er que la tran sm u tatio n de l’hom m e faible ou de
36 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

l’hom me m alade ne peut se faire que par travail prolongé


échauffant et à la lim ite des forces moyennes, dans la
m ontagne où l’hom me peine et sue, halète et porte des
fardeaux du lever au coucher du soleil. Voilà le milieu
de culture où l’on apprécie et où l’on transform e l’homme
Il proposait en somme à son élève la vie de M ilarepa (1) :
grâce à la dilatation des vaisseaux tout l’être hum ain est
inondé de sang riche en oxygène : il se transform e.
Il n ’y a de transform ation chez l’homme que p ar la
volonté, qui avant tout autre phénom ène physique ou psy­
chique déclenche et entraîne tout le reste ; c’est d’ailleurs
la doctrine même des Pères de l'Eglise et c’est aussi la
base de travail des anciens prêtres égyptiens et des yogis
hindous m odernes. Ce fu t la m éthode employée par Du
Guesclin dans sa jeunesse quand il était rachitique. Je ne
pense pas m ’étendre ici su r un sujet aussi vaste qui touche
à l’Ethnologie comme à la Politique, m ais je dirai seulem ent
que cet hom me typiquem ent gym nastique était un véhicule
dont le carb u ran t principal était la volonté, qui entraîne
à sa suite tous les rouages psychologiques et même bio­
logiques, c’est-à-dire organiques ; il appliquait sa m éthode
de m anière simple et extrêm em ent brutale. T out aterm oie­
m ent est intolérable aux M artiens, c’était un terrible a d ju ­
dant.
Jack London a raconté dans son livre Belliou-la-Fumée
(en anglais Sm oke-Bellew ) sa jeunesse et com m ent jeune
journaliste critique-littéraire et en quelque sorte étudiant
paresseux et existentialiste de la bohème de San-Francisco,
il devint le plus rude des coureurs de bois et des chercheurs
d ’or, vivant dans les neiges du Klondyke, les raquettes aux
pieds et le fardeau sur le dos.
Dans ce livre, qui est celui que j ’aim e le plus, l’écri­
vain raconte com m ent il porta sur le dos ses prem iers
sacs de haricots, com m ent il fut écœuré cent fois, et,
com m ent un*jour il put enfin term iner sa journée sans être
fatigué. « J ’ai reconstruit, dit-il, à un certain moment
toutes les cellules de mon corps ». L’a rt de se construire
et de se reconstruire, l’a rt d ’am ener tous les appareils,
le nerveux, le psychique, le digestif, le m usculaire, le
respiratoire à pouvoir, reconstruits, se no u rrir à fond de
la nature, voilà ce que l’on apprenait de m anière certaine
avec Arlaud, mais il n ’y avait pas de progression, c’était

(1) V o ir m o n liv r e P o u r c o m p r e n d r e le Y oga, to m e I


DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 37
la m anière rude, la m éthode de Jack London « Marche,
ou crève » disait-il. E t aussi « voulez-vous vous tran sfo r­
m er, mon am i ? Faites comme moi, montez ! Vous voulez
développer votre tronc ? Achetez des skis légers, chargez-
vous d’un sac, montez en courant » !
Il disait à ceux qui se trouvaient encore le samedi
épuisés par les parcours du dim anche précédent « vous
n ’éliminez pas et vous n ’assimilez pas — pour com m ander
vos reins et votre intestin massez-les par les muscles ». Et
il nous faisait faire 30 ans avant l’époque du Yoga tous
les exercices d’indépendance et de contraction abdominale
devant la glace, en position des Pharaons debout, les m ains
serrées sur les haltères en bois. Parfois il nous dém ontrait
ces m ouvem ents, le torse nu au soleil sur la neige, devant
quelque palace où des skieurs digéraient avec difficulté,
au chaud, de trop gros repas de midi. De l’intérieur les gens
le m ontraient du doigt, m ais Arlaud avait pour eux la
souveraine indifférence du Lam a T hibétain. Il continuait
sa dém onstration « Je vais aller les retrouver, car je suis
invité, nous disait-il, m ais auparavant, m assons nos intes­
tins au soleil ». Voilà comment, il y a 35 ans, A rlaud ensei­
gnait le Yoga, sous le soleil cher à Zoroastre, sur les mêmes
lieux élevés, entourés de cirques de m ontagnes de trois
mille m ètres brillants comme une couronne de diam ants,
où de m ystérieux ancêtres gravèrent des roues solaires et
des croix celtiques que les archéologues Pyrénéistes tro u ­
vent l’été en se prom enant. Les mêmes chefs, sur les
mêmes lieux, reviennent de siècle en siècle célébrer les
mêmes cérémonies, m ais ils ne le savent pas toujours.
Beaucoup de gens, dans les Pyrénées, avaient dû re­
noncer à le suivre, et ceux-là criaient contre lui, le tra ita n t
de brute, de destructeur, d’aliéné : la p lu p art oubliaient
de dire qu’ils avaient refusé la préparation p ar le gym­
nase qui leur au rait certainem ent perm is de tenir le coup,
et refusé aussi de dim inuer ou de supprim er le tabac, les
bons repas, l’alcool et l’utilisation à tout bout de cham p
des moyens m écaniques qui atrophient la volonté, les m us­
cles et les cœurs.
N otre m aître, dém esuré dans tout ce q u ’il faisait, consi­
dérait la natation comme un sport très bon pour élargir
les poum ons des faibles et des m alades, ou rafraîch ir la
peau : il nageait quelques m ètres en plein hiver, même
quand la Garonne était glacée, après chaque sortie en avi­
ron, m ais trouvant la natation facile et n ’étant pas capable
38 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

de nager vite, il nageait sous l’eau. Il nageait un peu la


brasse en surface et toujours la brasse sous l’eau. Sa nage
de surface était la coupe, ou turque. Il était trop raide
pour apprendre le craw l, et ne le nagea jam ais. « Nager
sous l’eau est une bonne épreuve pour le poum on, le cœ ur
et le rein, disait-il, on voit là si l’on est capable de
dem ander un effort à l’organism e rien qu’avec les moyens
du bord (c’est-à-dire sans être nourri d’oxygène) ». Il
nagea plusieurs fois sous l’eau 100 m ètres devant les
chronom étreurs de la F.F.N.S. et même 105 m ètres, ce qui
était presque le record du monde en 1930. Son corps gavé
d ’oxygène p ar les m ontagnes avait-il besoin de m oins d’air
que le com m un des m ortels ? Probablem ent, car ces exer­
cices ne sem blaient pas le fatiguer au début au m om ent
de ses prem iers exploits. Sans pratiquer le yoga il était
devenu yogi. Il connaissait les épreuves de rétention du
souffle, m ais n ’aim ait pas les faire en salle, trouvant
q u ’elles étaient anodines et à la portée de tout le monde.
La présence de l’eau, im pitoyable pour le poum on devait,
dans son idée, donner toute sa valeur aux exercices d’apnée
en élim inant le m oindre truquage. A rlaud nous faisait exé­
cuter au gym nase des exercices de souffle contrôlé en
position suédoise (Pharaon debout avec rouleaux) puis il
vérifiait notre travail au spirom ètre d’H utchinson. En
m êm e tem ps q u ’il nous exhortait à souffler lentem ent, il
consultait son chronom ètre — c’était donc une com binai­
son de la spirom étrie et du souffle contrôlé.
Mais il nous disait que cet exercice, pour éducatif q u ’il
fût, ne valait pas l’expiration lente sous l’eau avec effort.
« Les m ètres parcourus, les secondes passées sous l’eau,
voilà les véritables contrôleurs de la puissance respira­
toire » nous disait-il, en ancien physicien ami des contrôles
valables.
Les étés se succédant, je rem arquai que loin de dépas­
ser ses perform ances, il les dim inuait. Je le conjurai de
faire comme tout le m onde, de respirer en nageant et de
ne plus faire le sous-m arin ; je sentais qu’il faiblissait.
Assis sur les bords de la piscine du T.O.E.C., ses élèves
l’observaient et discouraient. « Il s’use, perd du poids
et finira p ar abîm er, à force d’exploits, ce corps in fati­
gable », entendait-on dire. Ces tours de force surhum ains,
l’am aigrfssaient et creusaient ses traits. En effet, un jo u r
de grande fête nautique, en nocturne, vêtu d’un m aillot
blanc et suivi par un projecteur il ne put dépasser 65
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 39
m ètres, alors q u ’il espérait en faire 125. Je le voyais re­
m u an t bras et jam bes, m ais n ’avançant plus, entre deux
eaux ; je criai des tribunes qu’il fallait le sortir, et notre
en traîn eu r de natation, cham pion de France de sauvetage
et de water-polo, W elcker, bondit par-dessus la balustrade,
plongea su r lui, et ressortit aussitôt, p o rta n t A rlaud demi-
inconscient, sous son bras et le m it au bord. On le hissa,
m ais sa résistance était telle que dès que l’air fu t entré
dans ses vastes poum ons il reprit conscience et ren tra seul
au vestiaire. Là il me déclara ne pas s’être rendu compte
de sa syncope. Les forces hum aines ont des lim ites, et
c’est pour avoir voulu les narguer q u ’il se tua plus tard
en m ontagne.
— Pourquoi m ’avez-vous fait repêcher ? me dem anda-
t-il.
Dans le dom aine aquatique, il se serait fait plus tard
une réputation en devenant un hom me grenouille de pre­
m ière force, car son dos ne sentait pas les charges et pour
le dosage, il l’a u ra it très bien fait, ayant été étudiant en
physique générale, au cours du célèbre Bouasse de la
Faculté des Sciences de Toulouse, avant de faire sa méde­
cine.

Jean A rlaud était aussi Médecin M unicipal et, à ce


titre, attaché au Service de l’état-civil de la m airie, il
allait certains jours du mois, délivrer des perm is d’inhur
mer. En 1930, les inondations ravagèrent le Midi de la
France. Nous allâmes avec des canoës et des bateaux,
portés en camions par l’arm ée, sauver les paysans qui
s’étaient réfugiés sur les toits des fermes. Le courant
avait pris une violence très grande et l’eau avait en cer­
tains endroits, m onté de plus de 10 m ètres. A rlaud dut
se rendre dans une m aison constater un décès. Mais le
lieu était inabordable du fait de la crue, l’eau était froide,
on était en m ars. Le m onticule où h ab itait ce cultivateur
décédé était devenu une île entourée d ’eau rapide, sale et
glacée, em m enant des anim aux crevés ou des débris de
bois. C’est l’époque de la fonte des neiges, et l’eau qui
descend des Pyrénées à cette époque n ’est pas chaude.
Notre M aître p arvint en voiture ju sq u ’à la rivière, puis
s’arrêta et descendit. Des gens s’approchèrent de lui sur
la rive et un paysan lui dem anda avec tran q u illité « Etes-
vous le médecin des m orts ? » C’est ainsi que les gens du
40 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

peuple appellent le m édecin de l’état-civil dans plusieurs


endroits du Midi. « Oui, je suis le m édecin des m orts »
répondit en souriant cet hom me qui était prodigieusem ent
le m édecin des vivants, et les tra ita it p a r la Vie elle-même.
« Voilà la m aison où il faut aller, m ontrèrent les pay­
sans, m ais c’est impossible avant plusieurs jours, et nous
n ’avons pas de bateau. Comment allez-vous faire ? »
A rlaud haussa les épaules et se déshabilla au milieu
d ’un groupe de gens étonnés. E tan t donné l’extrêm e sim ­
plification de ses ajustem ents, l’opération était toujours
rapide avec lui. Il était connu pour se transform er de
m édecin m unicipal en ram eur, et de ram eur en médecin
m unicipal en quelques m inutes, à l’E m ulation nautique.
Les personnes qui veillaient dans l’île le défunt à la lueur
des cierges eurent une forte émotion en voyant la porte
s’ouvrir et un hom m e entrer en culotte de bain, de haute
taille et d’attitude hiératique, un lorgnon sur le bout du
nez où l’hum idité l’avait fait glisser, et ten an t entre ses
dents un papier plié. A rlaud s’avança vers la fille du
défunt, et lui rem it le papier, en lui disant sim plem ent :
« Voici le perm is d ’inhum er, Madame, m on service ne
souffre aucun retard ». Puis il joignit les talons, à la
m anière gym nastique, s’inclina avec déférence devant le
défunt, se signa et rep rit la porte en silence, de ses longues
jam bes autom atiques, laissant derrière lui une traînée d’eau
su r le parquet et des femmes pâles et médusées, qui
croyaient d’abord avoir vu un fantôm e.
Au bord de la rivière, large d’une trentaine de m ètres il
aperçoit de nouveau des curieux am assés et en nom bre
augm enté, qui chuchotent « C’est le médecin des m orts,
et il n ’a pas peur ».
A rlaud, n ’ayant plus de papier à protéger, plonge et
nage sous l’eau. Il ne reparaît plus. « Il s’est noyé disent
les spectateurs, tan t pis pour lui, il l’a bien voulu, ce n ’est
pas possible que cet hom me soit un D octeur ! » m ais il
ressort sur l’autre rive et vient s’habiller, m onte dans sa
petite auto, et rentre vers la ville.
Quelques heures après le téléphone avait fonctionné et
toutes les Pyrénées se racontaient joyeusem ent la dernière
aventure du phoque m édico-gym nastique, notre Maître.

Nous allpns m aintenant parler d ’A rlaud homme social,


de ce q u ’il a créé, de ce qui reste de son œuvre, et dont les
hom m es jouissent, de ce qui est m ort avec lui, et de l’évo­
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 41
lution psychologique q u ’il a provoquée dans ses élèves et
les élèves de ses élèves ju sq u ’à la troisièm e ou quatrièm e
génération pédagogique. Car un hom m e uniquem ent actif,
et peu diplom ate, rien que par son exemple fascinant, sans
p arler et sans flatter (et Arlaud ne voulait jam ais ni ne
savait flatter personne), p ar le fait seul q u ’il agit et en­
seigne, rem ue profondém ent les m asses autour de lui. La
m asse d ’un niveau inférieur, par définition, à l’homme
d’élite, sait et raconte ce que fait le chef (est chef celui qui
organise), l’adm ire de loin et le regarde m onter les pentes.
Le chef avec ses qualités et ses défauts est le grand sujet
de conversation. Mais cette m asse peut se scinder pour
recevoir l’enseignement, se groupant au to u r des élèves
directs du m aître, (prem ière génération pédagogique) ou
des élèves form és par ceux-là (deuxième génération péda­
gogique).
C’est ainsi que font les créateurs, les gens qui ont
essayé et cherché, puis trouvé quelque chose après beau­
coup de travail et de difficultés, q u ’ils aient trouvé une
m éthode pour épiler les femmes, pour opérer les cœurs,
pour construire les m aisons ou les avions, pour collection­
ner les plantes, pour cuire les émaux, ou pour débloquer
les colonnes vertébrales.
Arlaud concevait l’Education Physique de l’Homme
d’une m anière générale, vaste, complète. Il pensait comme
Amoros qui intitula son célèbre ouvrage « Traité d’Edu-
cation Physique, Gym nastique et Morale » en 1830. Il était
gym naste par le grim per des faces nord, la varappe, l’as-
censionnism e qu’il pratiq u ait tout l’été et parfois l’hiver.
Il était Hébertiste par le porter, la vie dure, le perpé­
tuel travail dans l’air, l’eau froide, l’air froid. Il l’était
su rto u t par la pratique perm anente du déplacement. Le
fam eux déplacem ent hébertien, qui le p ratiq u a plus que
lui ? Il était nordique par la pratique constante des cour­
ses de fond et de grand fond. Il courait, et je courais avec
lui, une course de 18 kilom ètres tous les quinze jours, et
parfois tous les huit jours, tout l’hiver, à m oins q u ’il ne
m ’ordonnât d ’aller tracer dans J a neige profonde, avec les
petits drapeaux dans mon sac, un parcours de 35 kilom ètres
le samedi pour le courir le lendem ain, en compagnie des
gens des hautes vallées.
Il était suédiste par la corrective et l’espalier de Ling,
par le massage suédois.
Il était orthopédiste par le travail des colonnes. Il était
42 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

en contact avec la tradition du Moyen-Age par la pratique


constante du chant choral Pyrénéen, le plain chant qui
n o u rrit les Chakras p ar vibration, dit Laubry.
Il était social au beau sens du m ot p ar ses opinions
électorales su r le sport des dém ocraties. « Il fau t démo­
lir les tribunes, on n ’a que faire des spectateurs couverts
de pardessus, on n ’a que faire de gens qui regardent. Dans
les m ontagnes, il n ’y a pas de tribunes. Les gens du Midi
passent le tem ps à regarder des spectacles sportifs, qu’ils
m ontent donc dans les Pyrénées, et viennent suer dans la
neige » voilà ce qu’il répétait tous les ans.
Il avait beaucoup travaillé à l’expansion de la natation
scolaire, et je fis plus ta rd comme lui.
Il était culturiste perm anent, donnant lui-même la leçon
nu tous les soirs, m ais sa culture physique, combinaison
de celle de Ruffier et de celle de Desbonnet s’accom pagnait
toujours de suspension et d’extension, car il avait une
form ation suédoise et m ’avait donné à lire les livres anciens
des G ym nastik-D irektors de l’In stitu t Central de Stock­
holm, où sont pieusem ent conservés les principes de Ling
et de ses successeurs, H jalm ar Ling, Z ander, T horngren
et T hulin. Sa form ation était complète. Je lui m ontrais
des traités de Culture Physique que je recevais. « Tous ces
livres disait-il, pèchent par le même défaut. T oujours du
raccourcissem ent des m uscles et jam ais d’élongation —
jam ais de suspension, jam ais de relâchem ent en allonge­
m ent ». Les trois « techniques-reines » q u ’on apprenait et
q u ’on p ratiq u ait longuem ent chez lui, étaient le redresse­
m ent à la colonne, les m oulinets pulm onaires persans, et
le travail à plat ventre avec haltères et bâtons.
Cela, p ar les résultats inouis q u ’on peut en attendre,
devrait suffire à im m ortaliser le D octeur Jean A rlaud dans
l’H istoire de la Gym nastique.

Il y a une Chaire d’H istoire du Cinéma (évidemm ent !)


à la Sorbonné. Mieux vau d rait une Chaire d’H istoire des
m éthodes gym nastiques. Ce serait plus utile à l’hum anité
avec au-dessus de la Chaire, la statue de Daily, le méde­
cin-gym naste qui, au siècle dernier, a réuni dans un gros
livre (introuvable) la succession des doctrines gym nasti­
ques des Pyram ides à nos jours.
Pour en term iner avec l’horizon de l’enseignem ent d’Ar-
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 43
laud, disons qu’il était Yogi par la sobriété, l’ascétism e, la
sagesse de la vie, la régularité, et p ar son rayonnem ent.
C’est le Yoga de la Volonté q u ’il enseignait et que son
exemple répandait ; exemple qui serait précieux pour la
jeunesse de m aintenant, tellem ent fatiguée, tellem ent fai­
néante et veule, systém atiquem ent opposée à l’effort ! Mais
la jeunesse ne suit pas les ascètes.
Le m om ent du travail social d’A rlaud était le dim an­
che, septièm e jo u r de la Genèse. L’Abbé Jean Plaquevent,
psychologue, psycho-technicien, philosophe, érudit et pé­
dagogue à qui le gouvernem ent avait confié les enfants
délinquants et anorm aux, m ’expliquait que l’activité h u ­
m aine ne peut jam ais présenter d’ennui si l’on fait comme
les anciens, et les hom m es du Moyen-Age et de la Renais­
sance, qui, chaque jo u r, se livraient à une activité déter­
m inée en accord avec les jo u rs et leurs planètes. Ce sys­
tèm e serait assez difficilement appliqué dans les usines où
le technicien ouvrier, lime, perce ou ajuste toujours la
même pièce avec les mêmes gestes chers à Taylor ju sq u ’à
l’abrutissem ent intégral. Mais il donnait de très bons
résultats sur les artistes, penseurs, artisans et savants du
Moyen-Age et de la Renaissance.
A rlaud avait choisi le dim anche, jo u r du Soleil pour les
Aryas Iraniens de Zoroastre, jo u r du Seigneur. Le jo u r
du Seigneur pour les Sémites arabes é ta n t le vendredi, jo u r
de Vénus, dont ils brandissent l’étendard vert et pour les
Sémites ju ifs le samedi, jo u r de Saturne. Sa doctrine était
la suivante — le dim anche, le citoyen français doit chan­
ger de peau, de tem pérature, d’habits, de vocables, d’alti­
tude, de contrée ; il doit suer, rem plir son nez d’a ir glacé,
son poum on d’air pur, épuiser ses jam bes, qui sont recro­
quevillées sous lui toute la sem aine à son bureau, dérai­
dir ses genoux en tom bant et en se relevant, cuire sa peau
au soleil, se tordre les chevilles, chanter à pleins poum ons,
pousser des cris d’appel à travers la forêt, éprouver la
faim et la soif et les satisfaire au cours de repas joyeux
et pantagruéliques, m ais m érités par l’effort.
Il doit changer d’attitude, comme le dem ande l’Evan­
gile ; et rien n ’est heureux pour assouplir le caractère
d ’une femme prétentieuse comme de se trouver avec le
fond du pantalon déchiré et une spatule cassée au fond
d’une forêt, sans avoir à son aide un cortège de flatteurs
ou de dom estiques. Rien n ’est favorable pour l’hum ilité
d ’un professeur de Faculté pontifiant comme de tom ber
44 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

le nez dans la bouse de vache, ou, pour un grave m agistrat,


de plan ter ses skis dans une racine de sapin et de se retro u ­
ver assis dans un abreuvoir caché au ras de la neige.
L’idée d ’A rlaud était de faire du dim anche un jo u r de
purification p ar la n ature, d’oubli p ar la m igration, de fra ­
ternisation par le groupe, de lu tter contre le refoulem ent
p ar le chant choral (hérité du Moyen-Age lui-même l’ayant
pris aux Anciens) d’obtenir le dédoublem ent et la décéré­
bration par le travail rythm ique du ski, qui, comme toutes
les gym nastiques rythm ées, amène la paix dans nos m em ­
bres et surtout dans notre sym pathique p ar la répétition
des mêmes gestes su r un rythm e. Le ski actuel est un ski
de contractions violentes statiques, sans rythm e combiné,
avec des attentes prolongées devant les téléphériques, les
télé-sièges, les tire-fesses, genre m étro et autobus. Le ski
Scandinave, que Jean A rlaud nous fit p ratiq u er était dyna­
mique. Il est toujours pour nous, qui le pratiquons encore,
un Yoga, car il est rythm é ; m em bres, cœur et poum ons
m archent sur un rythm e et le psychism e se libère. Le
rêve et l’oubli viennent à l’homme. Pour ce yoga, le bon
jo u r était le Dimanche.
C’était un jo u r de renouvellem ent du cœur, du cerveau
et du corps, un renouvellem ent complet des trois élém ents
de Saint-Paul, corpus, anim a, spiritus, une purgation, une
assim ilation intense et facilem ent réalisée des forces du cos­
mos, une transm utation. Comme creuset la neige l’hiver,
la m ontagne l’été, pour réaliser l’application de la célèbre
phrase de FEcclésiaste « Levavi oculos ad m ontes unde
veniet auxilium m ihi ». (1)
Il voyait la transform ation heureuse des populations
m éridionales de la France, p ar ce travail dom inical au
contact des Pyrénées, comme d’autres au même m om ent le
faisaient dans les Alpes. T ravail préparé par deux heures
de culture physique par sem aine en salle. Il est de fait que
ce mode de préparation qui était le nôtre et qu,i était celui
d’hom mes qui avaient l’âge d’être nos pères, nous perm et­
tait le dim anche d’aller à une très bonne allure aussi bien
en m ontée que sur le plat et en descente, sans pour cela
habiter en altitude.
J ’ouvre ici une parenthèse géologique, géom étrique,

(1) « J ’a i le v é m es yeux v e rs le s m o n ta g n e s , d ’e lle s me v ie n d r a le


s e c o u rs . »
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 45
ethnographique, gym nastique, anthropologique. L ’hom m e
sur la terre peut se déplacer suivant deux directions prin­
cipales, le vecteur horizontal et le vecteur vertical. Le vec­
te u r horizontal, qui le pousse à s’éloigner devant lui, dans
l’horizon, sans m onter ou descendre, c’est la direction,
l’im pulsion du cham elier dans les déserts, du cavalier dans
les steppes slaves, du gaucho dans les pam pas, du Suédois
et du Finlandais dans leur pays neigeux, du m arin sur
le dos m ouvant de Neptune, de l’autom obiliste su r l’auto­
route. Le sens du lointain s’accorde avec l’esprit m igratoire.
C’est ce vecteur qui a fait écrire à Borodine son air fam eux.
C’est un sens spécial, un sens racial, et l’on trouvera dans
le livre du Professeur R agnar Num elin, chez Payot, « Les
m igrations hum aines », des renseignem ents très sûrs et
des chapitres très approfondis.
Cet esprit horizontal est celui du coureur de fond à
skis, du touriste hivernal à skis qui veut aller « au-delà
de ces m ontagnes que l’on voit là-bas » — Il s’oppose à
l’esprit grégaire de proxim ité qui groupe les skieurs (pa­
resseux et buveurs) près de l’hôtel, su r les pistes de des­
cente, pour rem onter toujours avec la ficelle. Sportifs sans
pouvoir de rêve, êtres m usculaires, adroits et forts, mais
de fonctionnem ent bref et violent. Très rares sont ceux qui
se prom ènent au loin, poètes, gens du lointain, êtres à
grande longueur d’onde, silencieux et endurants.
Le second vecteur qui anim e l’hom m e et le second plan
qui accapare l’hom me est le plan vertical, c’est su r ce plan
vertical que se sont entassés les étages des nouveaux im ­
meubles gratte-ciel des Américains.
Cet étagem ent provoque l’angoisse des horizontaux de
même que l’horizontalité pure déclenche l’ennui chez les
verticaux. Le Corbusier dit que l’entassem ent est le seul
moyen de libérer l’horizontalité pour laisser des espaces
libres et verts afin de ne pas conserver, comme dans la
banlieue parisienne, ou l’ancien port de Marseille, une ju x ­
taposition de taudis et de m asures. En ce sens il a raison.
Mais un homme est horizontal ou vertical, rien ne le chan­
gera, et il se dirigera suivant ses im pulsions personnelles
et son type racial et m orphologique comme nous le m on­
trerons dans un livre qui p a ra îtra peut-être un jour.
Ceux qui sont en proie à la verticalité ont besoin de
grim per. M onter est le signe de la volonté, l’épreuve du
courage, le symbole de l’ambition. C’est le tem péram ent
bilieux qui monte, infatigable et toujours plus haut. La-
46 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

vater qui s’y connaissait s’exprim ait ainsi : « Quo non


ascendam ? ».
A rlaud avait voulu que le vecteur-force vertical soit
celui des skieurs du Dimanche. Il tira it de la montée une
éternelle jeunesse, et c’est bien vrai que la m ontée conserve
jeune. Les m ontagnards d ’été de 80 ans et plus qui conti­
nuent à courir tout l’été dans les hauteurs, sont nom breux
dans tous les pays et A rlaud arriva dans les Pyrénées à
une époque où les Pyrénées françaises et espagnoles avaient
été explorées p ar des hom m es qui, devenus des barbes
blanches célèbres, traversaient le m assif tout seuls avec des
skis à longue spatule retenus à la hau teu r du pied p ar un
dispositif simple de fer et de cuir, comme sur les pierres
Scandinaves préhistoriques (Falisse, etc.). La combinaison
de la m ontée à skis avec peaux ou farts (Arlaud nous inter­
dit toujours les peaux) action verticale, avec les traversées
de forêts lointaines, action horizontale, était le ski complet
vers lequel il voulait diriger toutes les villes pyrénéennes
ou juxta-pyrénéennes le dimanche. « Le ski est un a rt
d ’équilibre » a dit Huitfeld. La descente doit être méritée
par la montée déclarait solennellem ent Arlaud. Mais les
foules qui font m aintenant du ski ne pensent plus comme
cela, ou bien, elles ont peur de penser ainsi.
Arlaud nous avait dressés en vue de ce rêve : faire de
toute la jeunesse française m éridionale une jeunesse Scan­
dinave, dure au froid, à la fatigue, athlétique et infatiga­
ble. Il nous dressa de façon terrible, nous in terdit l’emploi
de peaux de phoque, nous obligea toujours à m onter avec
les abdom inaux et les bras, et un fartage norvégien bien
réussi, m enaçant de nous expulser de l’équipe de course
s’il nous voyait assis dans le chem in de fer à crém aillère
qui rem ontait si agréablem ent ces pentes sans fatigue. Il
était en fer et nous voulait de fer. Nous lui donnâm es sa­
tisfaction ; mais un fossé se creusa entre nous et la masse
des skieurs pyrénéens. La foule ne peut être de fer. Le
peintre Eugène Carrière disait « Si tous les hommes étaient
de fer, l’hum anité serait une grille ».
A l’origine Arlaud avait été l’homme étonnant qui avait
créé des clubs de ski dans les plus lointains villages des
Pyrénées, (je l’im itai aussi dans cette activité) dégageant
peu à peu la jeunesse de l’abrutissem ent de l’alcool domi­
nical. VingJ ans de ces pèlerinages incessants sur un do­
m aine de cinq cents kilom ètres de long, de cent kilom ètres
de hauteur, avaient fait de lui un hom me célèbre. Il était
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 47
en même tem ps un puissant dirigeant de m ontagne d’été,
com m andant à d’autres hom m es d’un m ilieu sensiblem ent
différent. Là aussi il exerçait une autorité dictatoriale, mais
il la conserva toujours car la m ontagne d’été ne change
pas dans la m anière de la gravir, tandis que le ski après
avoir été Scandinave, puis autrichien, est devenu français,
tout au m oins le ski de tout le monde en France, le ski
des foules, celui qui perm et aux stations de vivre, de gagner
de l’argent.
Cinq ans s’écoulèrent encore, cinq ans d’efforts pour
engager les jeunes à courir des courses de 18 kilom ètres
et de 35 kilom ètres, que nous courions nous-m êmes, puis
ces m anières de voir s’écroulèrent et il fallut cesser d’or­
ganiser ces courses, car on ne trouvait plus personne pour
s’inscrire dans ces terribles épreuves. Plus personne non
plus pour attendre au fond des forêts le passage des cou­
reurs pendant des heures. Je n ’ai garde d’oublier la der­
nière course de 35 kilom ètres avec sac chargé à 7 kg où
nous ne nous trouvâm es que trois au départ, et que je ne
pus disputer car il fallut l’annuler. A rlaud l’avait gagnée
l’année précédente. Ces courses de fond à ski sont a u jo u r­
d’hui quasi abandonnées en France. La mode est à la
facilité. Sauf peut-être dans le Ju ra .
C’est que l’Autriche, dans le cœ ur des sportifs français,
avait rem placé la Norvège. La terrible Norvège avait été
rem placée p ar la délicieuse et pratique Autriche.
Comment ce changem ent avait-il pu se passer ?
En 1930-31, A rlaud avait voulu que je fusse l’élève d’un
des derniers cours scandinaves, traditionnellem ent faits
dans les Pyrénées depuis 1900, chaque année, par les m aî­
tres du ski norvégien. Les Pyrénées de 1906 à 1934 ont
été scandinaves, norvégiennes et uniquem ent norvégiennes
de cœur, de costum e et de technique. Que ce soit en m on­
tée, en descente ou su r le plat.
Je pris là l’occasion d’adm irer sans réserve l’athlétique
m oniteur norvégien, bondissant et d’une audace et d’une
adresse adm irables. Dans le tem ps que nous passâm es avec
lui, la neige était comme du bois ou comme une vitre à
d’autres endroits, de belle couleur bleu som bre ; dans les
descentes, aucune hésitation n ’était tolérée et, pour ne pas
m ériter les reproches d’A rlaud nous suivions notre cher
m aître norvégien Swein Simonsen, célèbre sauteur qui se
déplaçait sur cette neige effrayante comme un oiseau et s’y
48 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

aggripait comme un insecte (1). On ne nous attendait pas.


Il fallait suivre. A la fin du cours, A rlaud vint nous ins­
pecter. Les coudes et les genoux, je veux dire la peau de
ces endroits, était arrachée, les étoffes qui devaient les
couvrir étant depuis longtem ps disparues, le nez, les pom ­
m ettes des élèves étaient couverts de sparadrap, la peau
des poings étaient enlevée, plusieurs m archaient avec peine,
et une partie des élèves passa plusieurs jo u rs à prendre
des bains chauds et à dorm ir avant de pouvoir ren trer à la
m aison. Je dus en m asser et en soigner plusieurs. Bien
entendu tout moyen de rem ontée m écanique était interdit
— on rem ontait en courant sur les cure-dents et si le fart
ne m ordait pas, nos dorsaux et nos abdom inaux in fa ti­
gables les rem plaçaient !
Ce n ’était pas là le ski que pourraient pratiq u er les
foules qui, sous notre direction, com m ençaient à envahir
les stations. Mais que veulent' les foules ? Nous allons le
voir quatre ans plus tard. L’arrivée en 1933 du jeune Au­
trichien de l’école de Saint-Anton, élève de H annes Schnei­
der avec un feutre vert, une petite plume, un costum e con­
fortable et des skis larges et faciles à m anœ uvrer nous
rassura. Ce jeune hom me, un étudiant, qui était de notre
force, nous apporta un air nouveau, m ais n ’influa que p a r­
tiellem ent sur nous. La Conversion ne devait se faire que
l’année suivante, grâce à un grand m aître de PArlberg,
le Dr Rybiczka.
Un super-cours de ski autrichien eut lieu en 1934 pour
les plus forts skieurs des Pyrénées, les chefs m oniteurs
de chaque club, groupant des noms qui plus tard furent
célèbres dans toute l’Europe.
Le M aître Benno Rybiczka, compagnon et représentant
de Hannes Schneider leur fit faire des évolutions sur des
pentes de plus en plus inclinées, avec un a rt gradué et sûr.
Un jour, vers la fin du cours, il les am ena en h au t des
neiges sur une pente si raide que l’on pouvait la toucher
à la m ain. Il y évolua, puis s’y arrêta, dessin-ant l’S, la
gracieuse signature de Schneider. Installé face à la pente
à l’endroit le plus difficile, il prononça ces paroles qui ne
sont pas près d ’être oubliées dans les Pyrénées :
« Vous allez vous a rrêter en to u rn an t à ma hauteur

(1 ) L es c a r r e s d ’a c ie r n ’e x is t a ie n t p a s à c ette é p o q u e . E lle s f u r e n t
in v e n té e s p a r l ’A u tric h ie n L e ttn e r e t a p p a r u r e n t s o u s le n o m d ’« A rê te s
L e ttn e r » e n 1930.
P la n c h e IV
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET HA N ISH 49
— vous ne devez ni tom ber ni to urner brusquem ent ni ac­
célérer — vous repartirez ensuite lentem ent, vous ne devez
pas faire couler en bas la neige.
Vous devez être m aîtres d’une allure régulière sur
n ’im porte quelle pente de n ’im porte quelle neige, avec une
allure calme et une stabilité p arfaite ».
Les grum eaux détachés par les Stemmbogen roulaient
rapidem ent le long de la pente à avalanche...
Les m aîtres pyrénéens n ’oublièrent jam ais cette leçon
de Rybiczka. Au ski de fond, norvégien, naturel, dans
lequel les descentes se prenaient avec une redoutable au ­
dace, succédait un ski savant, m oins dangereux pour qui
n ’était pas né au pays de Gôsta Berling et de Grieg.
La n u it sur la neige au clair de lune, le jour, dans les
épaisses forêts, nous continuons de to u rn er tranquillem ent
notre Stemmbogen, sûr et inofïensif. Le ski a évolué. La
mode n ’a pas agi su r nous. Le ski m oderne, le ski « fra n ­
çais » a de grands avantages, le ski traditionnel de l’hum a­
nité dem eurera et restera éternellem ent à la disposition
des prom eneurs.
Le skieur préhistorique to u rn ait en chasse-neige sur
les pierres runiques. Le skieur de dem ain ne pourra voya­
ger s’il ne sait pas le ski préhistorique.
A rlaud s’acheta des guêtres et un joli chapeau vert.
T out le ski pyrénéen app aru t aussitôt en guêtres et coiffé
de chapeaux verts ! Et en l’espace de deux ans les m illiers
de skieurs qui déferlaient dans les gares, au grand éton­
nem ent des employés de chem in de fer, ap p aru ren t en
loden gris ou vert, avec des coquins de petits chapeaux.
En même tem ps au lieu de réciter les quelques mots norvé­
giens difficiles à prononcer que nous avions appris en dé­
chiffrant les étiquettes de fart de chez Ostbye ou Bratlie,
on s’interpellait en allem and, Skiheil ! A rlaud avait com­
plètem ent changé de silhouette. Sa chevelure dorée abon­
dante et hirsute dépassait de p artout sous le chapeau vert
à plume, trop petit, q u ’il portait, car il n ’avait pu trouver
chez les chapeliers à loger son énorm e crâne. Son pantalon
tyrolien genre pantalon de charpentier descendait au bas
de ses longues jam bes. Son lorgnon et une serviette qu’il
po rtait sous un bras même à ski achevaient de lui donner
une allure unique.
Nous reçûmes l’ordre d’apprendre le ski autrichien
aux foules. Nous l’apprîm es nous-m êmes et nous l’ensei­
gnâmes. C’est un ski facile pour les femmes cellulitiques de
50 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

plus de quarante ans, les hom mes bedonnants, les jeunes


gens faibles ; de plus il pouvait se faire avec un sac sur
le dos, les inventeurs autrichiens, et le pape du ski tyro­
lien H annes Schneider, un ancien cordonnier, véritable
bienfaiteur de l’hum anité par la mise au point d’une mé­
thode simple et facile de ski, l’affirm èrent. E t c’était bien
vrai. Ce cher ski autrichien de l’Arlberg je l’aim ai — je
l’aime toujours et le pratique encore quand je suis là-haut
dans les forêts et les alpages. C’est un ski pratique et
commode pour tous âges, tous terrains, toutes neiges, tous
équipem ents ; c’est un sk i réel com plet, un sk i toujours
possible, un ski auquel on revient sur le tard, à l’époque
où l’on cherche la fraîcheur et la solitude des forêts et des
alpages avec un petit sac sur le dos, lorsqu’il n ’y a dans
le voisinage personne pour vous secourir, en cas de choc
violent contre un rocher.
Les skis s’étaient hum anisés, ce n ’étaient plus les fa­
m euses baguettes étroites des scandinaves qui laissent à
celui qui a su s’en servir des souvenirs inoubliables, les
cure-dents avec lesquels il était impossible de to urner dans
la neige profonde et qui ne convenaient q u ’à la m ontée et
au plat. C’étaient des skis larges comme la m ain avec de
solides fixations alpines du type A ttenhoffer Alpine, avec
de bonnes courroies ten an t le talon, c’était un peu le même
rap p o rt qui existe entre une m otocyclette de course et un
autobus !
Nous pouvions enfin diriger nos skis ! Les progrès deve­
naient faciles, rapides. Les élèves progressaient dans une
seule journée. Et tout le m onde était content.
Nous allions consulter au Secrétariat du Club Alpin le
livre du D octeur Arnold Fanck et de Hannes Schneider,
nous ne le com prenions pas car il était en allem and, m ais
l’étude des photos nous dirigeait suffisam m ent.
E t nous tenions des discussions interm inables su r la
position du pied intérieur du Stemmbogen, le pied qui
traîn e et qui freine.
Nous étions enfin m aîtres de la neige profonde, inégale
et changeante des Pyrénées, nous étions heureux.
« Voilà bien la m éthode q u ’il nous faut pour les six
mille skieurs inscrits dans nos clubs pyrénéens » disait
A rlaud dans une conférence où se pressaient tous les spor­
tifs de la Tttlle, tandis qu’il agitait, pour obtenir le silence,
une énorm e cloche à vaches. On fit des conférences dans les
théâtres, les cafés, les salles de cinéma, dans les innom ­
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 51
brables petites villes des im m enses Pyrénées, dans les ciné­
m as, dans les écoles. A rlaud entouré p a r notre équipe,
p a rla de la transform ation de la santé des citadins par le
ski autrichien. Je dém ontrais la gym nastique sur skis sur
la scène et avec mes m aîtres et mes élèves nous faisions
des décompositions du Stemmbogen. Le b ru it des skis sur
le parquet affolait, en général le directeur du ciném a. Et
tous coiffés de chapeaux verts, nous avons échangé nos
pull-over norvégiens aux couleurs sévères de noir et blanc
ou bleu sombre et blanc contre des vêtem ents de couleurs
plus gaies et plus riantes, à l’image du joyeux Tyrol. Nos
skis avaient doublé de largeur (1).
Nous m ettions des peaux de phoque sous nos skis et
nous m ontions dans les crém aillères et les téléphériques,
alors que jusque-là nous n ’y entrions pas plus q u ’un chré­
tien dans une mosquée. E n tre nous, à voix basse, nous nous
disions toujours norvégiens et haussions les épaules sur
notre propre sybaritism e, sur notre paresse, sur notre chan­
gem ent, sur ce confort nouveau des crém aillères (Bergbahn)
et la sécurité des skis larges auxquels nous n ’étions pas
habitués. Mais nous faisions ce que voulait la foule. E t que
veut la foule ? Un plaisir facile, et c’est tout.
Le ski d ’A rlaud était un ski pour hom m es athlétiques,
une synthèse du ski Scandinave, du ski de m ontagne, de
la gym nastique rationnelle et du yoga pulm onaire et ver­
tébral, un ski pour ascètes, pour m usculaires secs, m ais
A rlaud qui était célibataire (un célibataire adm iré de tou­
tes les sportives) et qui avait l’habitude de com m ander les
Pyrénées par ukases, oubliait l’élém ent essentiel de la
foule : les femmes.
Les femmes célibataires suivent le M aître, m ais l’hom me
suit les jolies femmes et le m ari suit sa fem m e ou du m oins
tient com pte du niveau de ski de sa femme. Et les courses
de 18 et de 35 kilom ètres n ’étaient ni une distraction pour
jolies femmes, ni un moyen de m aintenir en bonne form e
les épouses. Q uant aux hom m es ils les regardaient passer,
en fum ant leur pipe. Us n ’étaient pas attirés par le ski de
facteur ru ra l Scandinave ou suisse ou autrichien le seul
p o u rtan t qui donne à la fois le rêve et la santé.
A rlaud ne tenait pas compte de la foule.
Il était trop habitué à la diriger dictatorialem ent sans
jam ais vouloir l’écouter. Il avait fait sienne la m axim e des

(1) L es p u l l s n o r d iq u e s a c tu e ls s o n t b e a u x c o m m e d e s v itr a u x .
52 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Despotes éclairés du siècle des lum ières, la m axim e de


Catherine II, de Joseph II, de Frédéric II « T out pour le
peuple m ais rien p a r le peuple ». Il n ’était pas dém ocrate !
Le surhom m e est coupé de la foule qui l’adm ire sans l’im i­
ter, m ais qui aime à le regarder passer.
La foule accom plit déjà en so rtan t du théâtre habituel
du gain de sa vie, à l’occasion du Dimanche, un effort très
m éritoire. La m eilleure preuve est que plusieurs m illiers
de skieurs se déplacent rien qu’à Toulouse, alors q u ’on est
à deux heures de la neige, tandis que des dizaines de m il­
liers de gens devraient s’y rendre, puisque la ville a 300.000
habitants. Il en est de même pour Paris et les roches de
Fontainebleau, où l’on rencontre peu de monde en hiver.
Les déplacem ents de m asse dans le Midi de l’Europe
sont fondés sur le plaisir et peu sur l’effort. Jam ais sur
l’effort violent et prolongé !
Vouloir baser une régénération profonde de l’organis­
me sur le travail physique violent des m asses dominicales
est une utopie.
Voilà les lois d’Anthropo-biologie que nous vîmes pren­
dre corps. Dans les pays scandinaves les gens ont le sens
du lointain, habitués à m igrer de village à village, de ville
à ville, ils font de longs parcours sans moyens m écani­
ques, ils acquièrent par ce sport une force et une santé
merveilleuses. La m ère et ses enfants vont voir à skis
des am is au village voisin de 25 kilom ètres et ren tren t à
skis. Total, dans la journée du dim anche 50 kilom ètres de
pas alternatifs combinés avec peu de descente. Le prési­
dent Kekkonen visitant son fief, la Finlande, allait, suivi
des officiels, à skis à l’allure de 40 kilom ètres p a r jo u r !
Voyez-vous cela chez nous ?
J ’ai été form é par des m aîtres scandinaves et ensuite
p ar des élèves des plus célèbres Professeurs scandinaves
(comme Thor Tangvald) et je continue à les adm irer sans
réserve.
Leur ski, complet et épuisant, impossible pour la foule,
form ait des athlètes, m ais il ne coûtait rien. Le ski facile
et pratique de l’Arlberg était l’idéal pour tous, mais il nous
ruinait, car c’était un ski de rem ontées m écaniques et
l’essentiel de nos élèves était des étudiants, comme nous-
mêmes. Et notre terrible A djudant d ’Europe Centrale nous
disait « vous voulez des cartes pour rem onter g ratuite­
m ent ? Vous voulez devenir comme les croquants que vous
dirigez, avec des jam bes molles et des muscles cardiaques
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 53
atrophiés parce qu’ils ne m ontent jam ais ? Vous n ’aurez
jam ais ces cartes ! Remontez à ski, faites comme moi. La
fonction entretient l’organe ». Et après avoir raju sté son
lorgnon et nous avoir jeté un regard m éprisant il p a rta it
en courant en m ontée en tap an t des skis. Que pouvions-
nous faire d’autre, nous autres pauvres étudiants, sans
tickets et sans argent sinon nous précipiter derrière lui ?
Nos cœ urs infatigables et nos muscles inépuisables naqui­
ren t grâce à cet homme.
La gigantesque expérience que j ’ai vécue avec A rlaud
m ’avait appris bien des choses. En dirigeant avec lui les
grands clubs, en organisant les grandes épreuves ou en
les courant, en donnant des leçons de gym nastique sué­
doise, de culturism e rationnel et de Yoga respiratoire,
j ’avais appris à devenir un chef, un conférencier, un orga­
n isateu r et un guide, un berger. On dit au jo u rd ’hui un
Guru.
Vers ces années-là une évolution sociale s’était pro­
duite, les partis de gauche avaient fait voter des lois so­
ciales et avaient lancé les Loisirs, idée et principe hau te­
m ent utiles et louables en eux-mêmes, Loisirs dont Léo
Lagrange était le M inistre. Cette évolution sociale sportive
était due à la création de sports travaillistes, de grandes
fédérations sportives ouvrières, dirigées p ar des gens très
dévoués et idéalistes. En même tem ps les jeunes employés,
ouvriers, artisans qui faisaient du cyclotourism e pendant
l’été et souvent pendant l’hiver, avaient entendu p arler du
ski, à cause de la propagande géante que nous avions faite
pour A rlaud et notre club. J ’avais été détaché le dim anche
comme m oniteur am bulant dans des skis clubs populaires
et des clubs ouvriers. Mes prêches avaient changé la vie
de beaucoup de jeunes et de vieux. Mais la haine politique,
inhérente au cœur des Gaulois, comme le racontait déjà
l’au teu r des « Com m entaires » il y a 2.000 ans, ne pouvait
pas ne pas se m ontrer.
T oujours soucieux de creuser davantage le fossé entre
les classes travailleuses et les classes aisées, les partis
d’extrêm e-gauche avaient fondé des Fédérations Sportives
d ’ouvriers et d’employés copiant nos organisations de skis
et im itant nos épreuves. C’était un moyen comme un
autre de continuer la lutte des classes, chère aux judéo-
m arxistes sur le plan du sport et du grand air, et de faire
croire aux gens du peuple que leurs m uscles et leurs a rti­
culations ne devaient pas fonctionner au voisinage im pur
54 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

et in fectan t de ceux et de celles des bourgeois et aristocra­


tes qui com posaient les vieux ski-clubs.
Nos vieux ski-clubs dirigés p ar des lettrés, des profes­
seurs de lycée, des m édecins, des avocats, des m agistrats
et des prêtres férus de m ontagne, des in stitu teu rs de villa­
ges m ontagnards, des hôteliers, quelques officiers en re­
traite et quelques banquiers, faisaient le m eilleur visage et
le m eilleur accueil à tous les nouveaux am ants de la m on­
tagne et des neiges, et leur enseignaient les techniques
sans s’occuper de leur m étier ou de leur fortune. C’était
un élém ent de paix sociale, une suite de l’œ uvre rem arqua­
ble de Frédéric le Play, nous voulions unir. Unir p ar la
m ontagne, par la neige, u n ir p ar la m ontée, les fardeaux,
la forêt, l’effort de petits groupes dans la solitude, comme
le ch an tait le Tyrolien Luis T renker dans « Les chevaliers
de la m ontagne », notre ch an t favori.

Les Chevaliers de la Montagne


par A nton G u n th e r et B ecce

Tous unis par les liens de l’am itié


Unis dans la peine et dans la joie
Nous avons déjà cent fois défié
La pâle m ort qui cherchait une proie.

Sur la cime blanche de nos glaciers,


M archant sur le roc ou sur la neige
P a r la même corde tous reliés
Un même idéal toujours nous protège.
E t le soir lorsque nous redescendrons,
Montés su r nos skis sûrs et rapides,
A toute vitesse et sans soubresaut
Nous longerons les crevasses perfides.

R efrain

Vers les som m ets et vers les pics


Avec prudence et courage
Au b ru it sonore de nos pics
Nous nous frayons un passage.
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 55
Un seul désir entretient notre ardeur
Un même am our fait palpiter nos cœ urs
Vers les h auteurs dès le réveil
Nous nous en allons gaiem ent
Voir les m ontagnes au soleil
Se couvrir de diam ants.

Mais les partis d’extrêm e-gauche préfèrent la lutte des


classes. Ils veulent décanter, séparer. Ils veulent démolir,
faire éclater. Ils éclateront avec leur chère bombe atom i­
que.
Je choisis ce m om ent pour frapper un grand coup.
Le ski était devenu une activité dom inicale toute spé­
ciale, prenante, dangereuse, rapide, des pans de forêt
avaient été abattus avec des explosifs pour aller plus vite,
sur des neiges artificiellem ent polies et durcies, et ces
m oyens m écaniques se m ultipliaient dans l’Europe entière.
Le rêve m éridional sém itique et négroïde de la jouissance
avec suppression com plète des fatigues s’était em paré du
ski. Les foules citadines de plus en plus nom breuses
affluaient, des chirurgiens osseux s’installaient dans tous
les centres de ski, au pied des pentes et faisaient fortune
à raccom m oder tout l’hiver les jam bes fragiles des femmes
de la ville, mises brusquem ent à un travail m ortel sans
aucune préparation, prises dans une fixation contraire à
la n atu re, car, à cette époque 1934-1940, les fixations de
sécurité étaient quasi inconnues. C’était l’époque où triom ­
ph ait la longue lanière. La lanière était longue et après
la fractu re la rem ontée sur les skis était longue ! Les sta ­
tions ne possédaient pas encore la commode barquette et
je me prom enais le dim anche avec dans mon sac le pré­
cieux traîneau-ski Pourchier (3 kg 500) p rêt à toute éven­
tualité !
Le ski Scandinave et autrichien de nos rêves, le moyen
idéal de com m unier avec la n ature, la forêt, la fatigue,
la solitude, la tem pête, la n u it et le fardeau et de sentir
ch an ter en nous les pensées profondes et les rythm es cos­
m iques ancestraux était m ort et enterré. Notre ski était
une religion, un Yoga. Cela ne convient pas à la foule.
Le ski casse-jam bes était né, sport rapide, facile et dan­
gereux. Cela convient à la foule.
Un changem ent du m atériel avait am ené un change­
m ent gym nastique, ce changem ent gym nastique, un chan­
gem ent psychologique et m oral.
56 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Le ski allégé, instable et bondissant des norvégiens,


très sportif, très dangereux et de haute valeur cardiaque
et m ontagnarde avait disparu. C’était la fin du prem ier
acte.
Le ski autrichien lourd, lesté, lent, tranquille, facile,
commode, avec un m atériel lourd, large et stable et des
prises de pied solides su r le ski l’avait rem placé, perm et­
ta n t la m aîtrise facile en neige non préparée, rendant les
prom enades idéales. C’était le second acte.
Mais un troisièm e stade diabolique était apparu. La
neige profonde était rapidem ent délaissée en 3 ou 4 années
et ce m atériel large lourd et stable était utilisé pour des
gestes bondissants et rapides sur les pistes dures et tassées
seul endroit où le ski norvégien pouvait se pratiquer aupa­
ravant. P endant les deux prem iers actes, la neige édredon
était aimée et recherchée, on fuyait la neige de fer.
Au troisièm e acte, la douce neige édredon était pros­
crite comme une neige m ortelle et tout le monde était
canalisé sur le toboggan de fer, ou plutôt de m arbre.
On avait seulem ent changé de m atériel, on avait éli­
m iné rapidem ent le rêve, la brum e, la nuit, le calme, la
lenteur de la forêt pour revenir aux pistes dures et diabo­
liques, et ne plus en sortir.
Les fixations de sécurité n ’étan t pas encore apparues
(la D.R. existant en France depuis 1932 était peu ache­
tée) les années allant de 1935 à 1940 fu ren t celles de la
form idable augm entation des fractures dans toutes les
stations.
Arlaud ne connut aucune fracture. Il avait seulem ent
tran sp o rté les vieilles fixations de ses anciens skis étroits
faits en 1927 sur ses nouveaux skis larges de genre suisse
et autrichien et il continuait à lever le talon.
Il ne connut jam ais, étant m ort en 38 les savants et
commodes blocages des skis m odernes.
L ’ancien ski où le pied de l’hom me gardait ses mouve­
m ents physiologiques était m ort en 1938 et le grand m aî­
tre du fond et des hautes courses à ski en m ontagne est
m ort avec lui. Le com m un des m ortels ignore que le chan­
gem ent des outils et du m atériel change la vie des hom ­
mes et les gestes des hom m es. Les historiens le savent.
Les Anthropologistes l’expliquent. Les m ilitaires l’ont cons­
taté. ,
Dans le h au t moyen-âge, la charrue était non pas tirée
mais poussée par le poitrail du cheval, il fallait de un à
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 57
trois paysans pour diriger l’incommode attelage. Après les
Croisades, où les Européens, au contact des T urcom ans
ap p riren t l’a rt savant du harnachem ent asiatique, cet atte­
lage fut rendu simple et efficace.
Le résu ltat fu t la construction des cathédrales p ar des
corporations de paysans rendus libres et devenus com pa­
gnons m açons et charpentiers.
L ’hom m e m odifie l’outil, l’outil m odifie l’hom m e.
Le genre de ski com m ande l’hom m e et lui donne sa
m entalité. Le genre de Yoga modèle l’hom m e et lui donne
sa m entalité.

A rlaud était devenu une sorte de généralissim e, avec


des secrétaires et des bureaux, des m achines à écrire et
des téléphones, dans une m ultiplication de cartes, de dos­
siers, d’archives, de form alités. L’ascète était devenu m an­
darin. Mais il n ’était pas devenu gras comme un m andarin.
Il était toujours droit et sec.
Je décidai le schisme, la réform e, la séparation, le dé­
p a rt, dans une partie des Pyrénées encore vierge et sau­
vage, vers l’A ndorre de Charlem agne, là où il n ’y au rait
aucun moyen de rem ontée m écanique et où on po u rrait
appliquer l’Arlberg, le vrai Arlberg d’avant les peaux de
phoques. Je fus excommunié, m ais je p artis et je fus suivi.
C’était en 1934.
Beaucoup de jeunes qui hésitaient à s’em brigader dans
les fédérations politiques et qui, riches de muscles et de
jeunesse, possédant le sens du lointain, ne pouvaient se
suffire du ski m ondain et ruineux des téléphériques, des
télébennes et des tire-fesses, me firent escorte par centai­
nes. Nous nous dirigeâm es vers l’A ndorre aux neiges pro­
fondes de plusieurs m ètres et dont les routes n ’étaient dé­
gagées que trois mois p ar an, à cette époque. (Elles sont
dégagées m aintenant en perm anence tout l’hiver, grâce à
des chasse-neiges hélicoïdaux).
Une station du ski neuf, m ais dans un pays sauvage
et grandiose à haute altitude voilà ce q u ’il nous fallait.
Nous serions là en paix. Il n ’y avait pas de Palace Hôtel
nous n ’aurions pas le danger d’aller nous y am ollir. Pas de
téléphérique, pas le m oindre ski-lift, les pauvres étudiants
que nous étions n ’au raien t pas un sou à dépenser.
Nous y construisîm es un refuge de bois et nous nous
58 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

im provisâm es charpentiers et couvreurs ; comme j ’étais


ouvrier en bois depuis mon enfance, je posai la couverture.
E t nous fîmes là une expérience sociale, gym nastique,
ethnographique, psychologique, sanitaire et sportive de
quatre hivers.
J ’avais divisé le travail en deux parties.
La prem ière, c’était le Yoga des neiges, la partie Asie
centrale de la m éthode. La seconde, le Yoga gym nastique,
était le travail pulm onaire et vertébral qui se faisait, en
semaine, le soir à Toulouse, au gymnase. La m éthode en­
seignée était naturellem ent celle de l’Arlberg qu an t au ski.
Notre ski pratiqué dans les neiges profondes, nous dé­
veloppait à fond, et nous form ions là nos élèves à la m a­
nière Scandinave et alpine. C’était notre laboratoire, notre
« petite Am érique » (1), notre « petit Canada ». Nous
avions ce refuge toujours rem pli de parisiens. Les femmes
surtout, étaient enthousiastes. Rien ne les rebutait, ni
d’aller chercher de l’eau au to rre n t dans une lessiveuse
enfilée su r une poutre et portée par 4 ou 6 personnes, ni
de boucher avec du papier de chocolat les trous dans les
planches. J ’enseignais de 1930 à 33 puis de 34 à 40 à Puy-
m orens A ndorre la Gym nastique sur ski de Z arn et Bar-
blan, j ’avais ajouté à la série suédoise les méthodes de
barre de fer légère ou bâton de Napoléon Laisné. La plus
grande partie de ce livre-ci ou de « Gym nastique corrective
vertébrale » peut se faire sur skis. On p a rta it en Andorre
le m atin, on ren trait de n uit dans la tem pête et l’on faisait
du chant choral ju sq u ’à une heure avancée de la nuit.
J ’appliquais de m anière intégrale le ski de Jean Arlaud,
la doctrine de Jean Arlaud, sous l’œil mi-figue, m i-raisin
du m aître lui-même (qui venait de tem ps à autre nous
voir), ce qui était littéralem ent la vérité, puisqu’il nous
avait appris à nous n o u rrir à midi de figues sèches, de rai­
sins secs, de respiration nasale et de chant choral !
Il y avait toujours davantage de parisiens chaque année
et il fallut agrandir le refuge. C’était devenu uné Univer­
sité des neiges. Je raconte tout cela dans mon livre « Mon
refuge au clair de lune ».
Nous form ions les élèves et les visiteurs p a r les cours
de neuf professeurs. Ces neuf professeurs ne badinaient
pas, il fallait obéir et se form er sinon les choses allaient
«
(1 ) N o u s lis io n s et r e lis io n s th e fa m o u s book of A d m ir a i R ic h a r d
B y rd « A lo n e ».
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 59
m al. Pas de retardataires ! Mais les élèves adm iraient pro­
fondém ent ces m aîtres et rep artaien t à P aris com plète­
m ent transform és.
Ces neuf m aîtres étaient les quatre neiges fondam en­
tales des scandinaves, la tôle, la croûte, la poudre et la
colle (1), la nuit, la solitude, la fatigue, la tem pête et le
fardeau. Voilà quelques grands m aîtres du Yoga thibé-
tain, comme je ne le sus que plus tard. Je ne lisais pas
encore M ilarepa, m ais Guido Lam m er et Em ile Javelle.
Ces chaires devinrent célèbres. Je rem plis des train s
pour am ener des gens à leurs cours et je vidai en partie
la station de Superbagnères, où, généralissim e en chapeau
vert, Arlaud assistait à la ruée canalisée dans des corri­
dors de forêt d ’une foule qui rem ontait en tire-fesses. Con­
trairem en t à toute sa doctrine ! C ontrairem ent à tout ce
q u ’il avait enseigné et dém ontré pendant 20 ans !
Peu im porte la moisson de résultats que nous consi­
gnâm es su r l’influence de la haute altitude, du vent vio­
lent et du soleil d’Espagne su r les poum ons, les psychis­
mes, la santé générale, la résistance au froid et la psycho­
logie des élèves. Disons seulem ent quelques m ots au point
de vue social et au point de vue des activités.
Les Parisiens ont leur thérapeutique n" 1 dans le billet
de chem in de fer qui les éloigne de la grande ville. P a rtir,
pour eux, c’est revivre ; c’est changer de peau et de pou­
m ons. Les Parisiens sont heureux de se trouver en m on­
tagne, peu leur im porte la qualité de la neige, ils sont
sortis de Paris et heureux d ’être dans le grand air pu r et
glacé. Ils sont disciplinés, ne s’éloignant pas en ballade et
restent dans la station.
D’ailleurs, ils ne peuvent m onter, ils ne peuvent s’éloi­
gner : ils ont les pieds collés, dom estiqués com m e les ani­
m aux d ’un zoo ou d ’un cirque. Ils sont parfaitem ent cana-
lisables, dirigeables. Nous reviendrons su r cette hypnotisa-
tion des foules, qui a commencé pour le m auvais Yoga et
qui est la raison prem ière de ce livre, et qui ne durera
peut-être pas toujours. Le cheval, anim al libre des steppes
a été attelé et bridé, l’ours, le libre prom eneur des forêts
a un anneau dans le nez, et l’habitant des villes a perdu
une articulation, il a les talons collés. H eureusem ent, les
h abitants du pays de V oltaire et des syndicats ne s’en sont
pas encore aperçu !

(1) S k a re , K lis te r, M ix e t M éd iu m .
60 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Les Parisiens sont la p lu p art du tem ps dans un état


physique déplorable, c’est ju stem ent dans cette paradoxale
opposition que siège le fait intéressant. Physiquem ent hors
de form e pour la m ajorité ! Ils sont heureux de faire du
ski rapide et artificiel dans la station.
Les femmes de P aris donnent p ar leurs jolies jam bes
bien gainées de soie l’im pression de la solidité. Il suffit de
leur dem ander de faire, près d ’une table où elles s’appuient
avec le petit doigt une dizaine de flexions de cuisses (s’ac­
croupir et se relever) pour q u ’elles soient obligées de s’in­
terrom pre. On voit cela à P aris dans les gym nases.
Le ski de promenade, le ski Scandinave par excellence
ou ski autrichien, voilà donc ce qu’il faudrait aux séden­
taires des villes, voilà ce qui m asse leur foie, développe
peu à peu leurs jam bes et leur fait vivre un corps m ortel­
lem ent touché par les ascenseurs, les voitures autom obiles,
le téléphone, le tabac et les bons repas.
M alheureusem ent, le ski moderne qui se développe dans
le monde est un ski de descente aussi éloigné du ski Scan­
dinave que du ski autrichien com plet, un ski d’adresse,
de réflexes, de vitesse, d ’efforts violents m om entanés en
contraction statique de groupes m usculaires toujours les
m êm es, les yeux et la colonne vertébrale toujours dirigés
vers le bas, com m e en automobile. Il n ’a plus aucune va­
leur sanitaire, ni psychique m ais il développe adresse et
audace.
Le seul ski à signification biologique dans tous les
états est encore le ski m ilitaire.
Le général Dausse, chef de l’arm ée des Alpes (les fa­
m eux chasseurs alpins français) disait un jo u r à A rlaud
« Les courses de cinquante kilom ètres, elles-mêmes pour­
tan t les plus dures et les plus longues en F rance (en Suède
on court la coupe du Roi Gustave W asa E rikson sur
90 km , c’est le W asa L opet), ne donnent pas une valeur
exacte de ce que vaut un soldat alpin. Celui-ci doit être
évalué sur des fatigues d u ran t du lever au coücher du
soleil, tandis que les courses de 50 km , d u ren t au m axi­
m um six heures ». Mais tout cela n ’a rien à voir avec le
ski des foules, basé su r les m aîtres — m ots suivants :
— absence totale de préparation gym nastique ;
— m atériel artificiel commode pour virer ;
— suppression anorm ale d’une des principales articu ­
lations du corps (la cheville, spéciale à l’hom m e et à
l’ours) ;
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 61
— plaisir, am usem ent, soleil ;
— élim ination de toute fatigue cardio-pulm onaire ;
— confort, facilité, proxim ité.
C’est p ar m om ent, fo rt agréable. Nous le pratiquons
chaque année, m ais équilibré p ar le ski Scandinave.
Un jo u r nous descendons, le lendem ain nous m ontons.

Les expéditions de plusieurs nations s’étaient succé­


dées au pays du Yoga, dans l’H im alaya et avaient conquis
m aints sommets. En 1931, était passé à Toulouse le guide
géant suisse Marcel Kurz, qui revenait de l’Him alaya. Ce
grand B ergführer nous fit une conférence avec de très
beaux clichés.
Nous adm irâm es, m ais nous ne pensions pas q u ’un jo u r
A rlaud p a rtira it dans ces m ontagnes dém esurées. Les
Français décidèrent de m onter une expédition et Jean
A rlaud fu t du voyage.
Q uand nous fûmes inform és dans les Pyrénées de son
départ, nous allâm es poser à A rlaud de m ultiples ques­
tions qui portaient sur le ski, l’alpinism e ou la géographie
— questions entrem êlées de plaisanteries variées, n atu rel­
lem ent, auxquelles Arlaud répondait avec bonne hum eur.
Comment s’habillerait-il pour p a rtir ? Dem anderait-il
la nationalité thibétaine ? Em m ènerait-il une femme avec
lui ? Se m arierait-il là-bas avec une princesse hindoue ?
A pprenait-il l’anglais ou le sanscrit ? S’installerait-il là-bas
pour la gym nastique ? Ou au contraire, m ettrait-il au re­
tour sur sa plaque « G ym nastique Hindoue » ? Ram ène­
rait-il un yak pour porter son sac dans les Pyrénées, etc,
etc.
A mon tour, je lui dem andai :
« Vous allez trouver là-haut des m aîtres du Yoga.
Allez-vous vous m ettre à leur école ? » Mais m a question
le m it en colère.
— Je n ’ai pas le tem ps de m ’occuper de Yoga. Je vais
dans l’Inde parce que le Hidden Peak est dans l’Him alaya.
S’il était en Afrique, j ’irais en Afrique, je m ’occupe de
l’ascension de ce pic uniquem ent, mes préoccupations sont
uniquem ent celles de l’alpiniste qui veut grim per un pic
difficile et le réussir. Le reste m ’est égal ».
Il était tout entier le leptosome d’Europe Centrale
aggripé dans sa paroi, le cérébro-respiratoire lancé dans
62 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

son record. Personnellem ent, c’est le contraire qui m ’in ­


téresse et la conception M ilarepa uniquem ent.
La m ontagne n ’est pour moi que le cadre et le support
qui perm et la libération du psychism e supérieur et la com ­
m union avec le cosmos, c’est la conception des Lam as et
des B rahm anes, c’est la conception Guido Lam m er et Gui-
do Rey opposée à la conception Em ile Javelle.
Il p a rtit comme m édecin et cuisinier de l’équipe fra n ­
çaise, il s’éleva à skis ju sq u ’à l’altitude de 6.000 m, je
crois, et les jo u rn au x l’annoncèrent. Ce fu t pendant long­
tem ps la plus haute altitude à skis. Mais il fut su rto u t un
cuisinier incom parable pour l’équipe.
Il re n tra avec une longue barbe rousse et un bonnet
thibétain qui firent l’adm iration de ses com patriotes. Il
avait toujours été très fort cuisinier. Sa bibliothèque était
riche de livres sur l’alim entation. Dans les camps d’été
il ne craignait pas, après des journées épuisantes occupées
à gravir des sommets lointains en F rance et en Espagne,
pour construire son livre « Guide Jean A rlaud » (1) de
faire la cuisine pour cinquante personnes dans des chau­
drons que les Pyrénéistes avaient amenés su r leurs dos.
Sa m anière de calculer la nou rritu re est assez pitto­
resque. Au réveil fort repas — dans la journée rien — ,
le soir fort repas. Ce système, il l’appliqua dans l’Him alaya
et au retour on put constater que les alpinistes n ’avaient
pas m aigri.
« Mon équipe est la seule expédition de l’Histoire de
l’Him alaya qui n ’ait pas m aigri, grâce à m a cuisine », nous
disait-il fièrem ent au retour. Dans la journée, Arlaud dis­
trib u a it à ceux qui criaient fam ine lors des courses pyré­
néennes une pincée de cacahuètes, en buvant un peu d ’eau
au creux d’un rocher et en faisant du respir nasal, propre
à assim iler l’oxygène, et le P râna qui abonde dans les m on­
tagnes (2).
A rlaud se pesait souvent devant nous, dans la salle de
culture physique. « Le paquet d’os a-t-il augm enté ou di­
m inué ? » dem andaient à voix basse certains skieurs qui
à taille égale pesaient 20 kilogs de plus que lui et qui le
regardaient se peser, m ais qui étaient incapables de le
suivre dans les montées, même avec des peaux de phoque.
Il perdait souvent du poids m ais le récupérait avec une
t

(1) I l v a p a r a î t r e : 2.000 p a g es.


(2) I l e s t y a n g .
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 63
grande facilité. Son systèm e d’assim ilation sem blait à ses
ordres, comme sa' tem pérature, ses m uscles, son sommeil,
sa m ém oire rem arquable, sa résistance à la fatigue, et su r­
tout, son rapide nettoyage des fatigues surhum aines que
la perpétuelle com pétition sur 18 kilom ètres im posait à
ses reins (1) et à ses glandes surrénales. Mais les su rré­
nales lui obéissaient aussi ! Il était comme les Yogis m aî­
tre des poisons.
La cuisine d’Arlaud le soir était lourde, on ch an tait en
chœ ur en m angeant et les plats se succédaient, très n u tri­
tifs, souvent trop riches. Parfois, d’une succession, d’une
abondance, d ’une lourdeur effrayantes pour les estom acs
délicats des enfants des villes. Je me souviens d ’un repas
au M arcadau à Noël 1929, où le soir d’une journée de ski
très active il nous confectionna 3 plats successifs. Maca­
roni, saum on, brandade de m orue, le tout précédé n atu rel­
lem ent de la soupe fondam entale et accom pagné de rasa­
des de vin d’A licante et term iné p ar un entrem ets glacé.
Mes com pagnons digérèrent. L’un d’eux se trouva un peu
alourdi. Ce fut trop fort pour moi !
Je croyais encore passablem ent à la m édecine à cette
époque, puisque je faisais mes études, et je m ’en ouvris
à A rlaud, lui dem andant s’il n’avait pas quelque m édica­
m ent à me donner, pour am éliorer m on état.
« — Je n ’en em porte jam ais l’hiver, me dit-il d’un
air bienveillant, l’été j ’ai toujours avec moi des ampoules
contre le venin des serpents. H eureusem ent à cette époque
de l’année ils dorm ent sous la neige. Il n ’y a rien à crain­
dre. »
Comme j ’avais l’air déçu, il ra ju sta son lorgnon, et
ajouta d’un air supérieur :
« — Les intolérances gastro-intestinales sont la preuve
d’un tube digestif faible. Madame votre Mère m ’avait bien
dit que vous aviez besoin de vous renforcer. La m ontagne
finira p a r vous faire un œsophage comme un tube de caout­
chouc et un estom ac comme une poche de cuir. Ne restez
pas au chaud. Le froid guérit toutes les m aladies. Chaus­
sez-vous et allez faire une heure de ski. Les m ouvem ents
feront du bien à l’intestin. Les viscères ont besoin d’être
m assés ».
T out en causant avec lui je sortis au clair de lune et
je chaussai. Comme je piquais mes bâtons su r la neige

(1) U n d e n o s é q u ip ie r s en e s t m o rt.
64 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

gelée en regardant le magnifique paysage des hautes m on­


tagnes, il rouvrit la porte de fer du refuge et me cria de
sa voix claironnante et nasillarde : « J ’ai mis un deuxiè­
me entrem ets à glacer pour dem ain, en allant d’ici au
to rre n t n ’allez pas passer dessus à skis, je ne vous le p a r­
donnerais pas ! Faites attention ! Et rentrez sans réveil­
ler personne ».
— Encore des entrem ets glacés ! Lui dis-je, m ais vous
allez ru in e r nos intestins !
— Vous n ’y entendez rien. On vous a bourré le crâne
dans les hôpitaux. L’entrem ets glacé rétablit la circulation
de la paroi gastrique trop congestionnée p ar les alim ents
hypercarburants. Bonne nuit !
J ’avoue que cette thérapeutique q u ’on n ’enseigne pas
dans les hôpitaux me réussit parfaitem ent. N atura medi-
catrix ! C’était la m éthode Jean Arlaud, m ais ses confrères
n ’étaient pas du tout de son avis.
Un de mes am is d’enfance, dont l’ancêtre était un
com pagnon d’arm es du roi Henri IV, faisait de la m onta­
gne pour renforcer une santé fragile. C’était un jeune hom ­
me grand et mince, fort distingué. Fidèle élève d’Arlaud,
il se fatiguait beaucoup intellectuellem ent à accum uler des
titres officiels dans les U niversités pour entrer dans la c ar­
rière diplom atique et devenir le conseiller des rois comme
l’avaient été plusieurs de ses ancêtres. Il p a rta it en m on­
tagne d’été très fatigué. Le régim e culinaire d’Arlaud lui
nuisait énorm ém ent, et aussi les m arches épuisantes de
ce chef plus infatigable q u ’un ours et sans pitié pour les
débutants.
Une année, Arlaud le rendit à sa m ère en bien m auvais
état. Dans les Pyrénées espagnoles, qui com prennent les
vallées les plus sauvages, les plus belles, et les plus inac­
cessibles en plein cœ ur du m assif, A rlaud s’était perdu et,
redescendant, il avait été obligé de faire passer une nuit
à ses élèves les pieds dans un m arécage en pleine brum e,
car il était dangereux de bouger sans voir où l’oii était.
La brum e et le jo u r levés, on avait attaqué en signe
d’allégresse un soi-disant petit déjeuner pantagruélique,
et le soir on était retom bé dans d’autres m arécages ; fina­
lem ent, au bout du mois, le jeune hom me était ren tré fié­
vreux et horriblem ent m alade. Ce qui su rp ren ait Arlaud,
qui résistait ‘à tout, ayant échappé au choléra et au typhus
dans l’Armée d ’O rient en 1917. Il trouvait bénin de dorm ir
dans un m arécage au m ilieu des m oustiques, des salam an­
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 65
dres et des insectes. Beaucoup de jeunes étaient rentrés
chez eux triom phants avec des figures boucanées, des accès
de fièvre, et des échantillons de salam andres et d’insectes
ram assés dans ces m arais. Les fam illes furieuses avaient
fait appeler des médecins.
Ceux-ci avaient dit aux parents « vous êtes com plète­
m ent fous de confier cet enfan t au Docteur Arlaud. Il
épuisera votre fils, c’est un véritable m ulet ». Après cette
aventure qui avait servi de su jet de conversation à toutes
les Pyrénées certains m ontraient du doigt A rlaud quand
il passait sur les trottoirs. « C’est un docteur qui dort dans
les m arécages », disaient-ils à des gens qui trouvaient
su rp re n a n t q u ’un hom m e droit, correct et d ’allure sévère
ait choisi ce genre de couchage.
L ’année suivante, le jeune hom m e avait déclaré à sa
m ère ne pas pouvoir se passer de la compagnie lettrée et
charm ante de tous les intellectuels qui faisaient escorte à
A rlaud dans les m ontagnes bleues et dont les conversa­
tions, les disputes au sens latin, les échanges de vues et les
citations d’auteurs rendaient les bivouacs si délicieux. Sa
m ère lui acheta alors un âne et A rlaud fut très surpris de
voir ap p araître le jeune diplom ate à cheval su r un petit
âne. Dans les sentiers escarpés les m ontagnards disaient à
A rlaud qui m archait en tête avec son carnet de notes, son
appareil à tension artérielle et son chaudron posé en h a u t
d ’un sac m onstrueux « q u ’il y avait m aintenant dans
l’équipe un vertébré m am m ifère comme lui-même, qui lui
était bien supérieur pour la sûreté du pied, le tra n sp o rt des
fardeaux et la puissance de la voix ». E t A rlaud riait de
bon oceur.
A son retour de l’H im alaya, il fu t décoré et je lui con­
seillai de prendre un peu de repos, car, lui disais-je, « Il
y avait à P aris à m ettre su r pied un program m e de tra ­
vail éducatif pour les écoles françaises, du point de vue
vertébral, pulm onaire et nerveux, la F rance n ’ayant encore
q u ’un camouflage de fum isteries sportives, et que lui,
Arlaud, serait précieux ». On était en 1938.
Il me répondit que le poum on vit d’air glacé, les m u s­
cles vivent de contractions et le cerveau de dangers et de
difficultés, ce qui est vrai. Thooris me répétait souvent
cela puisque c’est la base de la doctrine Sigaudienne, et,
ayant continué à faire à la tête de groupes de m ontagnards
des ascensions dans les Pyrénées, éprouvant une peine
extrêm e (il n ’est pas le seul) à passer un dim anche en
66 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

ville, il alla se tu er en grim pant une m isérable paroi ro­


cheuse ; son jo u r était certainem ent arrivé. « Nul ne sait
l’heure où p érira l’hom m e » dit la chanson lapone. Car
la m ontagne était de difficulté moyenne, m ais le rocher
auquel A rlaud était fixé se détacha de la paroi et p a rtit
dans le vide, lui écrasant la tête. A rlaud n’eut jam ais
d ’Astrologue. Les surhom m es n ’en veulent pas. Leur étoile
doit toujours leur obéir, m ais elle finit p ar se lasser.
Ainsi m ourut R ichard Gœur-de-Lion, le chevalier le
plus courageux et le plus vigoureux du Moyen-Age qui,
après être sorti vivant d’effroyables batailles contre les
Sarrazins, au lieu de ren trer réorganiser l’A ngleterre, qui
en avait bien besoin, trouva une m ort inutile devant le
château de Chalus q u ’il assiégeait au cœ ur de la France,
sous le puéril prétexte q u ’on y disait un trésor caché. Un
m énestrel du Moyen-Age, son ami fidèle, Blondel de Nesle,
fit sur lui cette chanson que W alter Scott a retrouvée :
« Son destin fu t d’aller sur la terre étrangère
Au pied d’un château-fort m ourir obscurém ent
E t son nom, des E tats la terreu r passagère,
N’est qu’un lieu de ballade, un sujet de rom an ».
Mais le m ontagnard n ’est-il pas toujours en quête d’un
trésor ?
C’est la sublim ation de lui-même. C’est l’assim ilation
de la force cosmique à l’état libre dans les m ontagnes.
C’est la Queste du Graal.
A rlaud avait glacé de terreu r et de regrets tous les p ar­
ticipants du banquet qui lui était offert pour sa nom ina­
tion de Chevalier de la Légion d’H onneur à son retour de
l’Him alaya. Il m ontra bien là q u ’il n ’était en rien l’homme
de la Renaissance italienne qui vit pour l’agrém ent et le
plaisir raffiné, sceptique et dilettante, m ais l’homme tout
d ’une pièce du Moyen-Age nordique carolingien et méro­
vingien.
Il tin t le discours suivant, classique chez nos 'ancêtres
les Gaulois, et qui est encore typiquem ent courant chez les
guerriers germ aniques depuis Tacite. D’une voix sonore,
le verre en m ain, le dos droit, regardant l’assemblée de
son air dom inateur, de son œil bleu pâle comme la porce­
laine de Copenhague, il porta le toast suivant : « Je sou­
haite ne jam ais subir la vieillesse et la m aladie, je sou­
haite trouver la m ort dans la hauteur, en pleine force, et
ne jam ais connaître l’état d ’hom me décrépit ».
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 67
Il vida son verre et ce discours a rrê ta com plètem ent la
digestion des convives. Il y avait de quoi ! Sans doute le
fait d’avoir vu dans le lointain l’Everest, le Chomoolung-
m a (la déesse m ère des Neiges), le K achenjunga, le Hidden
Peak, le M akalu, la T our de Mustag, le Nanga P arbat, la
N anda Devi et autres merveilles hors de la portée des hom ­
mes ordinaires et seulem ent accessibles aux sherpas, aux
tigres (1) et aux grands m aîtres ascensionnistes, auprès
desquelles les hautes m ontagnes de l’Europe sont des col­
lines, et l’étonnem ent de se retrouver au m ilieu de taxis,
de tram w ays, de gens avec un pli au pantalon et des cra­
vates, et de tout l’arsenal de la vie des villes, les papiers
de la voiture, le carnet de rendez-vous, le carnet de chè­
ques et le bracelet-m ontre, lui avait un peu secoué la cer­
velle. Il était bien excusable.
Peu après A rlaud se tu a it en m ontagne.
On ne l’a pas rem placé.
Il reste notre M aître, celui qui nous a mis sur la voie
de la force physique et m orale, de la droiture vertébrale,
de la résistance, du Souffle dans l’air et sous l’eau par
les chapitres des m oulinets persans respirés, du travail
à la colonne et du travail à plat ventre. Il fu t un grand
G uru, un vrai tran sfo rm ateu r. Il fu t un grand yogi, une
sorte de M ilarepa m oderne, sans nous avoir jam ais parlé
de Yoga, car à cette époque, ce mot n ’avait pas cours.
Il est évident q u ’A rlaud a réalisé son rêve, de ne pas
connaître la vieillesse et la décrépitude de la deuxième
partie de la vie du citadin. Si l’on com pare les dates de
sa naissance et de sa m ort — 1896 et 1938 — on voit bien
q u ’à 42 ans il avait déjà quitté les m ontagnes et les gym­
nases.
Mais à ce fam eux banquet où il porta ce toast fatal,
et bien peu diplom atique, il était entouré de têtes chenues.
Beaucoup de m ontagnards âgés des Pyrénées Centrales ont
fait de la m ontagne ju sq u ’à 80 ans, comme par exemple
Ledorm eur et Soubiron qui l’écoutaient, sans connaître
fatigue, ni m aladie. Se b asan t sur ce fait, bien connu dans
les Pyrénées, pas mal de gens dirent que le souhait
d’A rlaud au fam eux banquet n ’était que de la forfanterie,
q u ’il ne pensait pas ce q u ’il disait.
D’autres dirent que c’était de la clairvoyance. Que
l’H im alaya avait développé ses Chakras. Ce qui est certain,

(1 ) Ce s o n t le s g u id e s - c h e fs s h e r p a s .
68 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

c’est q u ’A rlaud réalisa ses exploits de m ontagnard d’été,


de coureur de fond et de grand fond en ski (18 et 50 km )
au m om ent de la vie où l’hom m e est capable de la plus
grande résistance, de la plus grande expérience, au mo­
m ent où l’hom me dispose au m axim um de ses muscles, de
son cœur, de son rein, de ses articulations, de sa volonté,
de son cerveau, de son enthousiasm e, de son entrain, de
sa gaîté, au m om ent où la colonne vertébrale est souple et
puissante, dans toute sa force.
Il est certain q u ’A rlaud étan t m ort à 42 ans, le souve­
n ir que nous en gardons pour toujours, nous autres, ses
fidèles élèves, est celui de l’hom me droit comme le poteau
auquel il nous fixait, du coureur infatigable dans les m on­
tées, du phoque insensible au froid, du M aître de Gymnase
impeccable, véritable G ym nastik-D irektor Suédois toujours
vêtu de blanc, du général lucide et dom inateur, de l’ascète
m éprisant l’hum anité jouisseuse et paresseuse, d’un grand
et terrible guru.
Angelo Mosso, le célèbre physiologiste italien du siècle
dernier, p ren an t en h a u t du Mont-Rose le pouls de son
guide m arqua sur sa feuille « Pouls identique au départ,
surhom m e ».
A rlaud fut cela, un surhom m e.
Il reste su rto u t pour nous le surhom m e que la m ort
su rp rit brusquem ent. E t dont la F rance avait encore besoin
pendant bien longtemps pour diriger le ski de la jeunesse
vers un sport actif où l’on m onte et où l’on s’éloigne. Lors
de la m ort de D. W. Freshfield la strophe suivante p a ru t
dans la revue du Club Alpin F rançais ; citant l’article de
PAlpine Club de Londres
« W rap t in some sudden curl of change
He crossed unfeld the pass of death
To walk, beyond life’s circle range.
In heights to rare for m ortal breath ».
C’est-à-dire :
E m porté par le soudain flux d’un changem ent (de tem ps)
Il a passé sans le savoir le col de la Mort
P our se prom ener, par delà le cirque de m ontagne qui
[entoure la vie
Sur des som m ets où l’air est trop subtil pour la respiration
' [des hommes.
Ces m ots s’appliquent égalem ent à notre homme. Ha-
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 69
nish, lui, a vécu, droit aussi, fo rt aussi, et grand général
lui aussi, cinquante ans de plus.
Q u’au rait fait A rlaud, com m ent aurait-il évolué s’il
avait vécu cinquante ans de plus, et sa constitution ro­
buste combinée à sa vie régulière et ascétique lui auraient
peut-être perm is d’y arriver ?
C’est le sujet des conversations des h abitants des chau­
m ières des hautes vallées pyrénéennes, qui, pendant ta n t
d’années sur la place du village se groupaient, aux jo u r­
nées fédérales, le dim anche m atin (1), pour voir un intel­
lectuel, un m onsieur de la ville arrivé en auto, un « doc­
teu r » comme ils disaient, s’élancer en courant en m ontée
su r ses skis étroits, batailler pendant des heures, et enlever
u n 18 km ou un 35 km, ne m ontrer aucune fatigue à
l’arrivée, tel un demi-dieu du ski Scandinave ; se doucher
à l’eau glacée, se rhabiller et p a rtir siéger à la m airie pour
adm inistrer un secteur du ski pyrénéen.
Cela, ils ne le verront probablem ent plus jam ais.
Les surhom m es ne se fabriquent pas en série.
Le siècle où triom phe le règne de la qu an tité pour p a r­
ler comme René Guénon ne veut plus de héros. Ils sont
trop fatigants à suivre.
Chaque français a m aintenant sa voiture, son télé­
phone, son ascenseur, sa télévision et son frigidaire. L’ère
de la vie debout est term inée. L’ère de la vie assise a com­
mencé et durera des siècles. L ’occident s’est assis, bientôt,
com m e les orientaux il va vivre couché. Les m uscles com­
m encent à s’atrophier, la form e à augm enter, la fonction
à dim inuer, d irait Thooris.
Mais peut-être que les pays à vie debout pourraient
de nouveau venir conquérir les peuples accroupis ! Et faire
lever avec le knout les gens endorm is dans leurs fauteuils !
Alors les pouvoirs publics chercheront des Docteurs
Jean Arlaud, pour essayer de rem uer la jeunesse et de
rééduquer les foules, ram ollies par les sports passifs et
assis, m ais ils seront passés à l’état de Mythe, on n ’en
trouvera pas plus que de peaux de phoque, ou de fixations
avec le talon libre, pour s’élever à skis dans les m ontagnes.
On conteste au jo u rd ’hui l’existence de Thésée, de Jason
et d’Hercule. Les Anglais, causant avec les jeunes gens et
jeunes filles français qui vont passer les vacances chez eux
pendant l’été, leur disent qu’ils nient l’existence de Napo-

(1 ) L e f o n d le m a tin , le s la l o m a p r è s m id i, f o r m u le n o rd iq u e .
70 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

léon et de Jeanne d’Arc, et dans cinquante ans les gens


vous diront de bonne foi « le Docteur A rlaud ? un homme
comme cela n ’a jam ais existé ! ».

Saint-A nton am Arlberg


Noël 1964.

(Portrait d’Arlaud, Planche I, Fig. 1).


La croix dans la roue solaire
dans l’étoile des mages, avec
la triple enceinte. La croix
octogone est celle des Tem­
pliers, des Cathares, des
Gnostiques, des Pythagori­
ciens.

II. - Le Docteur Hanish (1844-1936)

La croix solaire, c’est-à-dire la croix grecque à b ran ­


ches égales inscrite dans le cercle est dans le monde entier,
le signe de ralliem ent du courant mazdéen de H anish. La
croix celtique est visible en de nom breux endroits de
Bretagne au carrefour des routes, et l’on sait que Ram
est parti, selon la tradition, de l’île de Sein pour arriver
à Ceylan, en passant p a r l’Iran. De là cette croix qui sera
plus tard la croix chrétienne. Le Soleil, lié au feu sacré
des Mages, est un élém ent fondam ental de la belle reli­
gion de Zoroastre. Elle existe toujours en Iran, m ais les
P arsis, actuellem ent, y sont en m inorité.
Ce symbole est bien entendu en tête du livre de Hanish.
Il est propre aux races aryennes qui form ent la plus grande
partie de la race blanche. Le soleil rouge seul, est toujours
l’emblème des races jaunes et leur sert de symbole natio­
nal, c’est notam m ent le drapeau japonais.
La croix celtique a été prise comme signe de ralliem ent
p ar les m ouvem ents folkloriques bretons et britanniques,
les m ouvem ents druidiques, archéologiques, religieux, et
même politiques de ces deux nations.
Ici c’est un m otif pharaonique.
Le feu, c’est le feu sacré des Mages, le feu du Soleil
et de la vie, la troisièm e force de la trilogie Indo-Irano-
Aryenne prim itive. Voir Tome I.
Nous allons m aintenant p arler d’un hom me plus clas-
72 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

sique, qui était yogi et qui le savait, d’un hom m e qui avait
été l’élève des yogis, qui enseignait un Yoga, qui connais­
sait ce mot, qui l’utilisait rarem ent, et qui était donc un
yogi conscient, par opposition à Arlaud qui était, lui, un
yogi inconscient.
Nous allons donner quelques points, quelques aspects
de sa doctrine, de ses idées. Q uand un m aître a beaucoup
écrit — et c’est le cas de H anish — le m ieux est de lire ses
livres, de les étudier, de les résum er et de m éditer ces
résum és. Nous connaissons son livre fondam ental; il y en a
d ’autres qui sont secondaires. Ce livre, nous l’étudions et
l’appliquons, nous le scrutons et nous l’avons à peu près
appris p a r cœ ur au cours de 30 années de lectures et re­
lectures. Il ne nous a jam ais lassé. Il nous repose de la
p o u rritu re am biante, des « blousons noirs », de l’obnubi-
lation p ar des questions d’argent, de l’asphyxie des villes,
des jo u rn au x consacrés au crim e, du ciném a sauvé par
la pornographie, de l’individu étouffé par le troupeau, de
la préparation intensive de la prochaine guerre p ar les
chim istes et les physiciens et des maffias qui dirigent la
société. Il console, élève, allège et tran sp o rte ailleurs. Ne
somm es-nous pas au siècle des transports, au siècle de
l’aéropostale ouvert p ar Mermoz et Lindberg, avec le tapis
d ’Aladin à la portée de presque tout le m onde ? Mais le
principal tran sp o rt est le voyage par l’esprit.
Nous sommes devenu l’élève d’A rlaud en 1927-28, puis
nous avons découvert le livre de H anish en 1935. Nous
avions déjà un grand acquis ortho-gym nastique.
T out ce q u ’on pouvait apprendre au contact d’un gym­
naste suédo-alpin comme Arlaud, nous le savions, nous
l’avions écrit dans notre corps, qui s’était transform é,
nous perm ettant de rivaliser avec les professionnels des
neiges et de la rivière, m ais nous avions encore bien des
choses à apprendre. « On apprend toute sa vie », a dit Le
Titien. Nous n ’avons pas fini. Estim er qu’on a fini d ’ap­
prendre, c’est avoir fini d’évoluer.
Nous avions aussi appris p ar des Nageurs égyptiens
faisant leurs études à Toulouse en 1928 le principe du
travail du train supérieur des Postures Egyptiennes, m ais
un livre explicatif nous m anquait.
L’aspect yogique, l’aspect vertébro-psychopulm onaire,
nous l’avons a p p ris plus tard dans Hanish. Notre rh u m a­
tism e costo-vertébral s’était bien adouci, au point de nous
perm ettre de courir en m ontagne avec sac chargé sur des
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 73
neiges inégales et de devenir un bon ram eur disputant des
régates. Je péchais aussi le sable sur la Garonne, avec les
hercules qui font ce m étier, à mes m om ents de loisirs,
après les cours de la Faculté. Je pouvais m onter du fond
de la rivière, de trois ou quatre m ètres de profondeur le
sable doré, avec une drague en bronze au bout d’une lon­
gue perche, et m ettre deux tonnes dans le bateau en quel­
ques heures.
C’est dire que mon corps d’intellectuel faible, élevé
dans les salons et les bibliothèques s’était profondém ent
transform é, était devenu le corps d’un ouvrier. Un p rêtre
ouvrier a écrit « com m ent pourrions-nous penser de la
même façon m aintenant que nos corps d ’intellectuels sont
devenus des corps d’ouvriers ? » Avoir un cerveau d’in­
tellectuel dans un corps d’ouvrier était justem ent le but
des Sages anciens. C’est ce que signifiait la fam euse for­
m ule latine « mens sana in corpore sano », et le but de
la règle de Saint Benoit qui exigeait le couplage travail
intellectuel — travail d’ouvrier pour faire des êtres équi­
librés. J ’avais changé de corps. Je m ettais en pratique la
m axim e de Roger Bacon.
Mais le déblocage des côtes et des vertèbres par soi-
même, le respir profond apaisant et complet, qui m et le
psychism e en état de détente et de rêve, le travail qui finit
p ar faire jouer les régions vertébrales encore figées, ser­
rées, durcies et plus ou m oins rhum atisantes, tout cela
m ’était encore inconnu. Je le dois à H anish.
Sa m éthode a, en bonne partie, rem placé pour m a
colonne rhum atisante l’ostéopathie, com plètem ent inconnue
des médecins en province à cette époque, et dont l’existence
avait été révélée à un public restreint de gym nastes et de
culturistes p ar l’article de Desbonnet dans « La Culture
Physique », en 1926, m ais dont les dém onstrations et les
applications n ’existaient q u ’à Paris. Encore, l’article ne
disait-il pas que cette m éthode s’appliquait aux rh u m ati­
sants.
Avoir un dos droit et puissam m ent m usclé, avoir une
poitrine qui s’ouvre largem ent, avoir un cœ ur obéissant
qui peut prendre toutes les allures sans danger, c’est une
chose. Sentir la plénitude, l’indépendance, l’équilibre,
l’ataraxie de Pythagore, de P laton et de Plotin, c’est autre
chose. Se sentir fort comme disait C. C. Pagès c’est bien,
sentir en soi la souveraine indifférence chinoise, l’ataraxie
grecque d’une détente p arfaite est au tre chose. Les pre­
74 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

m iers résultats s’adressent aux couches inférieures, aux


m écanism es de base, les derniers aux m écanism es supé­
rieurs.
Les prem iers résultats, donnés au plus h a u t point par
la suédoise, influent aussi heureusem ent su r les m écanis­
mes supérieurs, car les chakras sont liés. Mais les seconds
résultats influant sur les chakras supérieurs sont par excel­
lence donnés p ar la prière et le Yoga.
M élangeant Yoga et prière, les m usulm ans font les deux
en m êm e tem ps. Je dis cela pour m ontrer la parenté et
l’identité des pratiques dans certaines races et religions.
J ’ai donc im m ensém ent appris dans H anish. Il ne com m en­
çait pas ses livres p ar une m étaphysique ardue ferm ée aux
non-spécialistes, comme trop de livres hindous. Il entre,
sans term inologie m ystérieuse, dans le vif du sujet, m élan­
geant exercices, conseils, appréciations, jugem ents, classe­
m ents. C’est un peu le continuum chinois, le flou oriental,
le m élange hétéroclite, m ais un mélange de choses rem ar­
quables et nutritives. Il suffit de relire, de choisir, de p ra ­
tiquer. Dans l’Evangile, qui est oriental, to u t au m oins dans
sa rédaction, c’est aussi un sublim e et efficace mélange de
phrases précieuses et inopinées.
Nous avons retenu dans l’ensemble des textes de H anish,
divisés en chapitres et en exercices principaux, avec la
grande partie gym nastique vertébrale à la fin, une trentaine
de points que nous com m enterons plus ou m oins longue­
m ent suivant leur im portance et suivant q u ’ils ont ou non
une résonance avec les volumes où nous essayons d’en­
ferm er nos idées sur le Yoga.
— L ’âge des nerfs et du cerveau. — Il a commencé avec
les arm es m odernes. L’âge de l’épée fu t celui des muscles
et du courage, l’âge des explosifs fu t celui de l’astuce et de
l’intelligence (deux dom aines qui s’opposent, quoi qu’en
disent les m atérialistes). Ce dernier âge perm ettan t de dé­
tru ire des arm ées et des populations dix fois plus facile­
m ent, lesdites arm ées et populations é ta n t dix fois plus
nom breuses q u ’à l’âge de l’épée. Siva-Saturne se perfec­
tionne dans son travail d ’anéantissem ent en même tem ps
que V ichnou-Jupiter augm ente le nom bre des hum ains et
leur habileté à se conserver. Cassandre fu t toujours mal
vue. Il en existe à toutes les époques, m ais elles ne peu­
vent ni prendra la parole, ni écrire dans les jo u rnaux. La
consigne est de ronfler. Le peuple ne doit pas être réveillé.
Sauf p a r les déclarations de guerre.
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 75
Sur ce sinistre m écanism e, les livres d’histoire sont
m uets. Ce m écanism e se développe p o u rta n t devant nous.
Nous ne le voyons pas, ou bien nous n ’osons pas le voir. Le
m onde m oderne aura-t-il besoin d’un Savonarole ou d ’un
Nietzsche, de gens dépourvus de sensibilité et décrivant la
réalité avec lucidité, de voyants féroces et utiles à la fois ?
Nous nous sommes longuem ent étendu dans le prem ier
volume (1) su r cet âge des nerfs et du cerveau, on vou­
dra bien s’y reporter.
Les gym nastiques (il y en a cinq systèm es fondam en­
taux depuis les Pyram ides) ont pour rôle le développement
des os, des m uscles, des organes, des nerfs, des ligam ents.
Certaines am éliorent nerfs et cerveau, m ais passé cinquante
ans, une partie de la population ne cherche plus le dévelop­
pem ent du corps, m ais la libération des articulations deve­
nues rhum atisantes et l’oxygénation et la détente d’un cer­
veau surm ené.
Il y a de plus en plus de gens comme cela dans la société
m oderne. C’est pour cela que H anish est fondé à dire que
nous sommes dans l’âge des nerfs et du cerveau. Nous y
serons hélas de plus en plus et une partie de la population
d’ici à cent ans sera dans l’état du « Grand L unaire » re­
présenté su r le dessin du tome précédent. J ’écris ces lignes
en re n tra n t de vacances de Pâques en m ontagne, où j ’ai
pu constater la disproportion entre le nom bre des prom e­
neurs à ski en forêt, en neige inégale, avec des fixations
de prom enade genre Alpina, et celui des descendeurs de
téléphérique à talons collés.
La proportion m ’a semblé être de un pour cinq cents
environ (2). Les réflexions des skieurs de téléphérique
canalisés dans une descente om nibus sont très instructives.
Il fau t les écouter sans protester, sans faire un pli de
visage. Elles sont en nom bre lim ité et prouvent que tous
les élém ents qui attire n t et fixent le forestier, le prom eneur,
le baladeur, l’ascensionniste à skis, l’explorateur de forêts
et d ’alpages n ’effleurent même pas le crâne de ce troupeau,
canalisé, au dem eurant fort pacifique et sym pathique. T out
le monde n ’est pas sylvestre. Au bout de quelques descen­
tes, je changeais de paire de skis, reprenais mes cure-dents
norvégiens et p artais sur le versant opposé m onter seul
dans les forêts pendant plusieurs heures. J ’aboutissais à

(1) P o u r c o m p r e n d r e le Y o g a (D a n g le s, é d it.) .
(2) E n F ra n c e .
76 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

un délicieux chalet auprès d’un lac, et de là, tout en me res­


tau ra n t, j ’apercevais à la lunette sur le versant opposé les
gens u sa n t leurs nerfs et vidant leur cerveau sur les pistes
tassées, alors qu’ayant fait e n trer la force par les muscles
et le poum on, je trouvais mes nerfs et mon cerveau p a r­
faitem ent détendus.
Bien entendu, j ’étais seul ! ou avec m a femme qui p a r­
tage mon point de vue nordique. Mes enfants, m odernes et
athlétiques étant restés sur la glissière pour pieds collés.
Il y a donc m atière à conversation. Les nerfs et le cer­
veau se régénèrent, si l’on veut, p ar voie m usculaire et
respiratoire nasale. C’est le déplacem ent de Hébert. Nous
voulons p arler naturellem ent d’un déplacem ent tranquille
et rythm é, et assez durable, un déplacem ent pour fac­
teurs ruraux, ravitailleurs de refuges et vieux m essieurs ou
adultes vétérans qui, p ren an t de l’âge, ont com pris depuis
longtem ps que le seul bienfait que peut apporter le ski,
c’est en m archant et en m ontant q u ’on l’éprouve ; c’est en
balançant d’une allure rythm ée ces grands pendules que
sont les jam bes avec les skis au bout.
Reposer les nerfs et le cerveau, recharger les nerfs et
le cerveau peuvent se faire aussi en m ettan t com plètem ent
les os et les muscles au repos et en faisant travailler uni­
quem ent le respir, c’est le travail décrit dans ce livre,
c’est le Yoga.
— Hanish parle des pieds, partie du corps peu prisée
en Europe et en Occident, et qui, toujours, a retenu l’atten ­
tion des O rientaux, pour les am éliorer, ou pour les détruire
chez les femmes (Chine ancienne) et en faire des super­
esclaves, des esclaves qui ne peuvent plus m archer. Je
rappelle que le beau pied comme la grande oreille sont des
signes de reconnaissance des Bouddahs vivants. On voit
sur la photographie les m agnifiques oreilles de m usicien
de H anish. On trouvera dans le livre du D octeur Mac Au-
liffe les photographies des oreilles de tous les m usiciens
illustres. (Amédée Legrand éditeur).
H anish conseille les soins des pieds, m assage, étirem ent,
déblocage, et certes le pied étant un résum é de l’état céré­
bral, m édullaire, nerveux et sciatique, il a raison. Toutes
les graves déform ations congénitales des pieds sont des
m aladies d’origine cérébrale. Les anciens savaient que le
pied est lié a« sexe ; la p lu p art des pieds bots sont des exci­
tés sexuels. Pour nous, vertébrothérapeutes, qui dit pied
dit vertèbres lombaires et nerf sciatique.
DEUX GRANDS MÉDECINS .’ ARLAUD ET H A N ISH 77
Il y a des centres nerveux im portants dans les pieds,
l’acupuncture les connaît. N’oublions pas que le Christ a
lavé les pieds des Apôtres : il n ’y a pas de fait sans raison.
Ne m éprisons donc pas les exercices de pieds contenus dans
certains livres de Yoga.
Le m asseur attaché au M andarin, après son massage,
lui m assait et lui débloquait les pieds tous les m atins. Les
Sémites, fidèles im itateurs de l’O rient, connaissent ces p ra­
tiques et les appliquent dans les bains m aures. H anish
s’étend aussi sur la m anière dont le poids du corps est ré­
p arti su r le pied. Il n ’est que de voir m archer les Sémites
pour constater q u ’ils ne suivent en rien les conseils de
Hanish. Le prem ier caractère de la race, c’est sa dém arche.
La dém arche est le prem ier caractère fidèlem ent hérédi­
taire, car c’est celui qui frappe le prem ier de très loin, et
les conseils gym nastiques d’appuyer sur telle ou telle partie
du pied le poids du corps sont inopérants. On a la dém ar­
che de ses ancêtres. Seuls peuvent agir un m étier ou un
sport déform ant ou m odificateur : ski Scandinave de fond,
cheval, boxe, etc. Et bien entendu, les m aladies acquises,
notam m ent vertébrales.
J ’aurais un livre à écrire sur le pied dans le ski Scan­
dinave et dans le ski alpin. Les théories de H anish sont
évidentes ici. C’est le jo u r et la nuit. Les Européens conti­
nentaux n ’ayant jam ais circulé avec le soulier, le ski et la
fixation lapone, nous ne nous étendrons donc pas su r ces
questions q u ’on ne peut sentir que lorsqu’on les a vécues.
En tout cas, les exercices de H anish sur la pression
du corps sur le pied sont excellentes ; avec un peu plus
d ’im agination, F ournier et Babinski devraient les avoir in­
ventés.
A rlaud faisait faire un exercice de Yoga pour les pieds,
rem arquable, que nous décrirons à sa place, qui est celui
des exercices pharaoniques m archés avec rouleaux.
— Hanish rappelle la liaison bien connue du pied avec
les oreilles. T out le m onde sait que le refroidissem ent des
pieds amène rhum es et otites. H anish va plus loin et lie
l’am élioration des pieds à l’am élioration de la fonction a u ­
ditive, et même, en véritable hom o sapiens d’O rient, à
l’am élioration du h a u t entendem ent. De là sans doute la
signification symbolique du geste du Christ.
— H anish, parlan t de la respiration, décrit un m éca­
nism e dont on n ’a je crois jam ais parlé dans les Facultés
de Médecine ; nous ne l’exposerons pas ici.
78 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Nous verrons q u ’il y a bien des m anières de respirer.


H anish indique une technique simple qui fait du tem ps
m ort q u ’est habituellem ent l’expiration un tem ps m ajeur
au point de vue nerveux, et psychique. On verra cela dans
l’étude du respir m azdéen. Cette pratiq u e sort un peu du
respir classique physiologique habituel (sans toutefois faire
p artie des apnées expiratoires carrém ent antiphysiologi­
ques) ; elle ne peut être réalisée q u ’après une longue p ra ­
tique du souffle m aîtrisé et des attitudes du gril. On la
trouvera dans Hanish.
— R eprenant une grande idée hippocratique, c’est-à-
dire égyptienne, puisque H ippocrate fu t élève dans les F a­
cultés de Médecine fondées par Im hotep, H anish affirme
l’identité du plan physique et du plan m ental pour les
toxiques. Elim iner sur le plan physique, c’est élim iner sur
le plan m ental, dit-il. Assim iler sur le plan physique c’est
assim iler sur le plan m ental. Voilà qui est toujours ensei­
gné en Faculté.
Nous savons que, lorsque le foie est ferm é, l’hum eur
est fermée, que les constipés sont des acariâtres ; nous
savons que si le rein se ferm e, le cerveau se congestionne
(Le grain de sable dans l’urètre de Cromwell, disait Pascal)
et que la confusion m entale accom pagne l’augm entation
exagérée de l’urée. Robinet physique = Robinet m ental.
« Pisser ou m ourir » a dit Guyon.
O r le poum on est une im m ense voie d’élim ination des
gaz du sang, des graisses, des toxiques de toutes sortes. Le
chien qu’on force à courir m eurt d ’intoxication si on lui
a m is une muselière, car ses poils l’em pêchent de suer.
Ces antiques idées asiatiques sont en p a rfa it accord avec la
Science moderne. Mais depuis l’ère des m oteurs qui sue
encore ?
— H anish continue la doctrine de l’assim ilation du
P râ n a par le nez des anciens Aryas. Pour lui, comme pour
ses antiques prédécesseurs, le principe atom istique de vie
se trouve dans le cosmos et s’assim ile avec le Pfâna. Res­
pirer, c’est a ttirer en soi la grande vie du cosmos, thèm e
habituel au brahm anism e dont la doctrine fut comm une
aux Persans et aux Hindous avant la descente des Aryas
chez les nègres.
— Pour Hanish, la moelle a une petite vibration ainsi
que le cervsau à chaque cycle respiratoire. On ne peut
m asser la moelle ni le cerveau, c’est la respiration qui le
fait. J ’ai lu autrefois dans un vieux tra ité de Physiologie
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 79
de Magendie cette phrase : « Le cerveau et la moelle b atten t
à chaque m ouvem ent du cœ ur et des poum ons ». Nous
verrons plus tard le très rem arquable m assage du cerveau
p a r le sang réalisable grâce à la com binaison du Respir
et des Postures égyptiennes.
— Les Psycho-physiologistes de l’école contem poraine
(Charles Henry, de la Sorbonne, et ses successeurs mo­
dernes) ont longuem ent étudié la relation entre les émo­
tions et les fonctions, entre les ém otions, les sensations, le
pouls, le respir. L’école du respir profond est favorable au
m aintien du sang-froid et à la lutte contre le désordre pro­
voqué dans le cycle respiratoire p ar les émotions. T out le
monde sait que les Chakras touchés sont abdom inaux, so­
laires et cervicaux. D iarrhées de peur, blocage du pylore et
de la vésicule p ar l’émotion, serrage des cordes vocales sont
bien connus. H anish parle de tout cela dès le début. Je
parle naturellem ent des ém otions désagréables. Si on vient
vous annoncer que votre fils est reçu ou que vous avez
gagné le gros lot, votre plexus solaire chauffe et vos coro­
naires se dilatent, comme le dit Rabelais !
— L ’utilité de la liaison rythm e m usculaire - rythm e
respiratoire n ’est connue dans les salles de culture physi­
que que depuis l’ère de la corrective en France, c’est-à-dire
depuis 42 environ. Les principes suédistes bienfaisants et
logiques n ’étaient appliqués ju sq u ’à cette date que par de
rares gym nastes suédistes de la lignée Tissié. Jusque-là,
seuls les nageurs, par obligation formelle, les connaissaient.
Encore ne s’agissait-il que de la respiration buccale, la
seule possible en natation. La Corrective a rendu dans ce
sens un grand service en faisant connaître la liaison geste-
respir. H anish en fait la base de ses exercices m entaux et
spirituels dont nous ne parlons pas ici et qu’on trouvera
dans l’A rt de la Respiration, et dans son Yoga à genoux.
—- H anish expose son in terprétation du « carpe diem ».
Ce qui veut dire en latin utilise le jo u r fut le m aître mot
de la doctrine d’Epicure. Epicure était Grec et spiritualiste ;
les Rom ains, m atérialistes, l’in terp rétèren t de leur m anière
bestiale habituelle, et cette doctrine ainsi présentée par eux
fit h o rreu r au monde. Revenons aux Chakras. Epicure vou­
lait dire « Tout in sta n t du tem ps qui s’écoule est aussi
bon que l’au tre pour agir et être heureux. Le tem ps est
notre m aître : on peut tout en sachant l’utiliser. Il nous est
offert, utilisons-le au mieux, avec les Chakras supérieurs.
Ecoutons la m usique comme Pythagore, allons au gym nase
80 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

lancer le disque comm e Platon, philosophons comme Dio-


gène, m éditons comme Plotin ». Sa m axim e était jum elle
de celle d’Horace « Fugit irreparabile tem pus », c’est-à-
dire le tem ps s’écoule et les m om ents favorables s’enfuient
de m anière irréparable. Cette m anière de voir s’opposait à
celle des sauvages accroupis ou couchés une partie de leur
vie, considérant q u ’à l’in sta n t actuel aucune incitation plus
forte que les autres ne les pousse à une action quelconque.
E picure voulait que ce tem ps précieux fu t employé p ar les
C hakras du h au t, pour faire œ uvre utile pour soi ou les
autres. Mais les Rom ains ne com prirent pas du tout son
enseignem ent comme cela.
Alors que T itus disait un soir m élancoliquem ent « J ’ai
perdu m a journée », car il n ’avait pas eu l’occasion d’ac­
com plir une action élevée ou utile au peuple, Vitellius,
bien au contraire, à la fin des banquets, p résentait sa
bouche ouverte à un esclave spécialisé qui lui g rattait la
gorge avec une plume. Il vom issait alors dans un bassin que
tenait un au tre esclave et recom m ençait, l’estom ac soulagé,
un au tre banquet. Ses convives l’im itaient en crian t « carpe
diem » et louaient le grand philosophe grec, qui n ’avait
jam ais enseigné cela. Héliogabale éventrait le plus grand
nom bre possible d’am is ou d’esclaves dans sa journée.
Tous ces em pereurs voulaient utiliser à fond la journée.
Le règne de la q u an tité d’h orreurs, voilà ce q u ’ils avaient
fait de la sage m axim e d ’Epicure, le tra n sp o rt d ’une phi­
losophie d’un pays à un autre n ’est pas toujours sans dan­
gers.
Aussi ces em pereurs et ces Rom ains de la décadence
(liquidés p a r les invasions germ aniques) avaient-ils m érité
le nom de pourceaux du troupeau d ’Epicure (Epicuri de
grege p o rc u m ), ce qui était peu flatteur.
S’opposant à la fatalité des Sémites m usulm ans, à l’ex­
pectative et à la tem porisation (cunctatio) de l’école astro ­
logique asiatique chaldéenne, H anish, s’appuyant su r les
m aximes de Z oroastre (que Nietsche a indignem ent tra ­
vesti et adultéré dans son Zarathoustra) enseigne que les
segm ents du tem ps sont égaux en im portance et en possi­
bilités de belle réalisations. Ce fut aussi la théorie d’Azaïs
philosophe du siècle dernier (1).
L’âge d’or que tout le monde attend est m aintenant,
dit-il. Il faut se dépêcher de com m encer à agir. N ous tou-

(1 ) V o ir D ic tio n n a ir e P h i lo s o p h iq u e d e F r a n c k .
DEUX GRANDS MÉDECINS I ARLAUD ET H A N ISH 81
chons là un problèm e philosophique to u jo u rs débattu et
to u jo u rs passionnant. La doctrine des jo u rs favorables a
dom iné le monde ancien, c’est la conséquence de l’ensei­
gnem ent des P rêtres égyptiens. Il y a des raisons basées sur
les faits. Les paysans savent que les époques favorables
sont la base de l’agriculture. Les m édecins savent que les
m aladies sont cycliques, ils en connaissent les m odalités.
Les derniers médecins vitalistes de l’Ecole de M ontpellier
étaient renom m és pour pronostiquer le jo u r où la fièvre
allait tom ber, le jo u r où l’abcès allait se vider, comme les
médecins chaldéens. Mais ce q u ’H anish a voulu dire c’est
que la vie de l’Homme est une sorte de curseur qui se
déplace sur la spire du tem ps. L’hom m e est un homme-
tem ps, comme l’a bien m ontré la Relativité m oderne. La
m atière est un condensé de l’Espace et du tem ps. De plus,
l’hom m e a dans son corps sa spire et son curseur per­
sonnel (le grand ressort à boudin vertéb ral). Si l’on attend
encore le Tem ps de ce Tem ps, le tem ps au carré qui est
en nous, le tem ps qui vit dans le curseur et q u ’on ne l’u ti­
lise pas, la vie se passe sans réalisation.
« Ne perdez pas de tem ps, m ettez-vous en chem in et
ne vous arrêtez que lorsque vous aurez attein t le b u t» ,
dit R am akrischna. Même chose chez H anish. Dans son
Yoga, comme les alchim istes, il veut m ettre Saturne de son
côté. Si l’on veut se regénérer, il faut s’y m ettre, com m en­
cer. H anish est entièrem ent opposé à Lao-tseu qui con­
seille la m éditation im m obile au fond d ’une rue où il ne
passe personne, en se g ard an t d’agir sur soi ou su r qui­
conque « Oh ! q u ’il était sage Ho-Pei ! Il vivait dans un
réduit au fond d’une ruelle, il n ’espérait rien, etc. ». H anish
est un précurseur. Il est aryen, occidental. Il pense avec
Goethe q u ’au com m encem ent était l’activité. Il est du côté
de Leibniz, de Lyautey. Il est d ’ailleurs pour certaines bio­
graphes Slave, né et élevé en Perse, et non pas Chinois,
Arabe ou Hindou.
On se référera avec profit aux aphorism es de Mada-
thanus. Car si l’on veut s’am éliorer, c’est long. Il faut com­
m encer. « Ars longa, vit a b revis », disait l’élève d ’Im hotep.
Un exemple rem arquable de ce non-agir catastrophique,
dans l’atten te d’événem ents qui devaient rendre toute ini­
tiative vaine, fut l’an mille, avec ses fam ines.
— Un point qui vaut la peine q u ’on s’y arrête est celui
où H anish écrit cette loi simple : « Le principe vital con­
tenu dans l’air ne s’attache qu’à ce qui l’attire ». Cette
82 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

assertion est en contradiction form elle avec la science offi­


cielle. Peu im porte. La science officielle a ses trésors, la
tradition a les siens. Peu im porte si ces trésors ne sont pas
superposables. Dans le livre, introuvable a u jo u rd ’hui, de
Ram a Prasad « Les Forces subtiles de la n a tu re » on voit
décrits les 4 éthers, qui pour les B rahm anes correspondent
à 4 supports différents des phénomènes vibratoires diffé­
rents que sont la gravité new tonnienne, la lum ière, le son
et la chaleur. Ce sont de ces vibrations, différentes pour les
Anciens, que parlaient les Grands P rêtres de l’Egypte
quand ils disaient avec T hot « je suis m aître du Poids, de
la Lum ière et du Son. » Pour les B rahm anes le P ra n a est
différent des gaz contenus dans l’air. Il a son plan de vi­
bration. H anish dit qu’il ne vient que si on désire l’aspi­
rer. Il ne se fixe que si on m et en vibration p ar la pensée
la tram e broncho-pulm onaire sur laquelle il p e u t’i lr e reçu.
Le Yoga dit : « In sp irez en dem andant que ce qui est
utile se fixe dans votre organism e et cela en trera et se
fixera » Je trouve cela évident et tout à fait norm al. Les
effets dém ontrent que c’est vrai. C’est un postulat. Mais les
imm eubles et les m achines ne sont-ils pas construits sur
le postulat d’Euclide ? Indém ontrable. Le monde n ’en est
pas plus m alheureux. Il utilise imm eubles et autos sans se
dem ander su r quel principe ils sont basés.
H anish affirm e la répercussion de l’attitude sur les
fonctions cérébrales. L’attitude c’est notre image, notre
image physique est le résu ltat de notre image m entale. C’est
lié, comme le savent les psychologues et les comédiens.
L’extérieur est l’écriture de l’intérieur, a dit il y a mille
ans Ibn Guebirol.
— Tout être vivant, dit Hanish, prend conscience de
lui-m êm e en respirant par le nez et ne prend conscience
de lui-même q u ’en resp iran t p ar le nez. C’est pour cela que
le plus illustre des élèves des P rêtres égyptiens a dit, au
com m encem ent de la Genèse : « Lui-les-Dieux lui envoya
le souffle dans les narines et Adam devint une Ame
vivante ».
La conscience q u ’a l’hum anité de soi est un sujet qui
m ériterait un livre à lui tout seul.
L’observation à longueur de vie de m alades couchés
su r des tables m ’a am ené à découvrir des faits par m illiers,
qui gonfleraient les livres de neurologie déjà énorm es si on
voulait les étudier soigneusem ent.
La prem ière constatation est que les F rançais confon-
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 83
dent le dos et le ventre, ce qui est déjà assez curieux comme
désorientation. Q uand on leur dit « couchez-vous sur le
dos », ils se m ettent su r le ventre, et réciproquem ent, avec
une constance comique et décourageante. La seconde est
que la m oitié de la population est ailleurs que dans son
corps. Les gens sont-ils dans la planète Mars ou dans le
pays voisin ? voilà ce que je n ’ai pu déterm iner.
Ce qui est sûr, c’est que l’hum anité-robot (robot dé- |
traqué) est m ûre pour subir bien d’autres influences encore
que la radio, la télévision, la politique et l’exploitation com­
m erciale. Tous les espoirs sont perm is.
Le respir nasal p o u rrait les réveiller. Ou les éveiller :
« Réveillez-vous », a dit le Christ.
Le m eilleur moyen, c’est le Yoga. Mais cela va gêner
les m archands et les politiciens. On est si bien à moitié
lucide ! On est si facile à conduire, ou plutôt à téléguider !
A la naissance, le cri commence avec le prem ier respir.
Nous reparlerons de tout cela.
— Des forces en puissance d’être existent dans l’hom m e,
dit H anish. A utre célèbre expression du livre égyptien de
Moïse (voir Fabre d ’Olivet). C’est ce que les Germains ap­
pellent le devenir (w erden). C’est l’avenir en puissance dans
le présent immobile pour l’hom m e porté su r la rivière du
tem ps einsteinien. Oui, des bonnes et des m auvaises. Les
m auvaises inspirées p ar les Chakras inférieurs, que Sig-
m und Freud, rendons-lui justice pour cela, a parfaitem ent
énum érées, datent de l’âge des cavernes : Instinct de conser­
vation, instinct grégaire, instinct sexuel, instinct du vol et
du crim e. Elles relèvent des Chakras inférieurs, il n ’est
aucun besoin de les développer, la civilisation consiste au
contraire à les m odérer. Les autres, les hautes, les bonnes,
sont difficiles à développer, c’est le but du Yoga et des
religions.
L ’image répétée dans tout l’orient du bouton de lotus
ouvert ou ferm é et en occident de la rose m ystique des
cathédrales, ouverte ou fermée, symbolise justem ent les
dons en puissance dans l’être hum ain et dont le travail et
les conseils des m aîtres peuvent déclencher l’éclosion.
Comment ces dons pourraient-ils éclore dans l’im m obilité
orientale ? Le polyèdre platono-képlérien hum ain roule sur
le plan incliné du tem ps, il rebondit et se cogne à d’autres
polyèdres hum ains. L’hom m e est un anim al social, a dit
A ristote, Zoon politikon, d’où l’utilité occidentale de l’ac­
tion. Répétons donc avec Gœthe, avec Lyautey, avec Leib-
84 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

nitz, « E tre c’est agir ». Action qui bien entendue doit


être dirigée p ar les M aîtres, surtout au m om ent des tra n s­
form ations sous l’influence des Forces cachées presque là.
Quels sont ces dons souhaitables ?
H anish les énum ère : la lucidité, l’intuition, la synthèse,
la réalisation, et d’autres. Certes, le Yoga s’il ne les rend
pas transcendantes, et s’il ne les ouvre pas forcém ent dans
les cerveaux totalem ent obtus, en favorise le développe­
m ent.
La science m atérialiste n ’adm et pas cela, m ais les homi-
niculteurs ont bien été obligés de se m ettre à l’école de
l’O rient, à l’école des sages, des philosophes.
Si, pour changer les caractères, sonder les reins, pour
p arler comme Bossuet, et faire évoluer les cerveaux on
n ’avait que les piqûres e t les rayons, les psychopédagogues
et pédo-techniciens seraient bien dém unis.
— H anish effleure le sujet difficile de la concentration
qui fait l’objet de ta n t de pages et de ta n t d’années d’en­
seignem ent des Bouddhistes, des B rahm anes et de Mila-
repa. Il n ’y a aucune hypnotisation dans H anish sur ce
su jet difficile entre tous, aucune obnubilation ; les buts de
H anish sont su rto u t vertébraux et pulm onaires ; on peut
p ratiq u er son Yoga sans aucun exercice cérébral fati­
gant, c’est ce qui fait son charm e.
La concentration c’est d’être tout entier centré sur la
partie qui travaille, sur l’organe que l’on veut influencer.
C’est être, par la volonté et l’image, centré tout entier sur
le point du corps que l’on veut influencer pour y a ttire r
la force psychique que l’on est en droit d’attendre, après
une attention et une volonté soutenues. C’est impossible, ou
difficile, ou fatigant, c’est le travail courant de tout ce qui
est Yoga hindou ou chinois. Les exercices de ce genre
abondent dans le Yoga de M ilarepa. Les buts de Hanish
sont autres. Bonne attitude, respir et gestes qui libèrent
les m uscles et les vertèbres et épanouissent le poum on
suffisent, et la détente survient sans aucune recherche
épuisante de concentration. Le cerveau asiatique réalise
plus facilem ent cette concentration.
Un savant du monde officiel, un physicien professeur
à la Faculté des Sciences, envoyé par un gouvernem ent eu­
ropéen au Thibet où il a passé des années, me parle de
cette concentration telle que les Lam as la p ratiq u en t : « Un
lam a ne peut être m alade, dit-on dans les lam asseries ;
être m alade c’est avoir un organe en m auvais état, mais
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 85
le sang est le plus grand des m édecins, il soigne et guérit
tout là où il va ». Il suffit donc au lam a, p ar la concentra­
tion, d’accum uler le sang dans cet organe et tout s’a r­
range ; c’est la base de la théorie de Salmanoff ; c’est la
réalité dém ontrée par toutes les recherches de l’In stitu t
P asteu r et tous les centres scientifiques. Les chirurgiens
ont toujours été de cet avis : circulation égale n u trition
qui égale défense, ont-ils toujours dit. Nous aurons l’occa­
sion de revenir su r la conception M étalnikoff-M arbais du
cerveau défenseur des organes et surveillant de l’im m unité.
Il existe une concentration invisible et perm anente du
m ilieu intérieur p a r le cerveau et le sym pathique.
— Super-nourriture et super-élim ination sont les con­
ditions du renouveau d’un tissu quelconque. Je parle n a­
turellem ent de qualité et non de quantité. On sait que
les yogis asiatiques font obéir leurs organes, les enregis­
trem ents l’ont prouvé, m ais ces exercices de concentration
et ces recherches m édicales me sem blent en dehors des
préoccupations de ce livre. Le Yoga de H anish détend les
muscles, assouplit les articulations, augm ente le jeu pul­
m onaire et détend le cerveau ou le rem plit progressive­
m ent d’une certaine façon. C’est déjà énorme. Tant m ieux
si d ’autres Yogas développent la concentration. Nous
n ’avons pas la prétention de l’enseigner e t d ’arriver à la
réaliser ici. Nous connaissons des m alades qui, à force de
concentration, sont arrivés (pour le plexus solaire notam ­
m ent) à une hyperidentification, à une hypersensibilisation
d ’une région. C’est déplorable ensuite ; n ’étant, comme je
l’ai dit dans le tome I, ni un A rhat brahm anique, ni un
Lam a thibétain, ni un Bonze arrivé à l’extrêm e détache­
m ent, je n ’ai pas la prétention de m ener le lecteur à des
réalisations difficiles, rares et dangereuses. T rente ans du
Yoga de H anish m ’ont donné des résultats dans le triple
dom aine énum éré tout à l’heure ; je trouve que c’est déjà
suffisant. Bien entendu, quand on cause, comme je le fai­
sais dernièrem ent, avec un authentique guru de H atha-
Yoga, la prem ière chose dont il vous parle c’est la concen­
tration. « La posture n ’est que le départ, me disait-il, le but,
le travail profitable c’est la concentration su r la posture et
grâce à la posture ». Je veux bien, m ais prendre la posture
est déjà un bon travail pour le corps. La com plétera qui
pourra par le travail de concentration. Un raide, un rhum a­
tisan t, un bloqué au ra suffisam m ent de quoi s’occuper avec
une posture égyptienne à genoux ! On com prend d’ailleurs
86 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

intuitivem ent et sans pouvoir le dém ontrer, pas plus qu’on


ne peut dém ontrer l’évident Postulatum d ’Euclide, que la
posture est la condition sine qua non de la concentration.
On ne conçoit pas un individu se concentrant tandis que
ses os, ses m uscles, ses articulations, les étages de son
corps se tortillent et s’agitent dans des m ouvem ents a n a r­
chiques. Il p o u rrait obtenir le dédoublem ent incohérent
involontaire, m ais la lucide concentration dem eurerait im ­
possible.
Ce livre est un m anuel à buts modestes, faciles à attein ­
dre et très bienfaisants. Ne forçons pas notre talent.
— Les deux respirations de l’hom m e et de la fem m e,
la respiration pulm onaire et la respiration abdom inale, H a­
nish les oppose com plètem ent comme influence psychique.
La respiration haute influence les Chakras du haut (les
intellectuels ou spirituels) — la respiration du bas influen­
ce surtout les Chakras du bas (m atériels ou anim aux). Il
va plus loin en affirm ant que selon l’état d’évolution des
gens, ceux-ci respirent du h a u t ou du bas, selon q u ’ils ont
une propension spirituelle ou m atérielle — cela peut être
vrai. En tout cas, le b u t de toutes les écoles de gym nasti­
que rationnelle est de réaliser la respiration complète. La
fem m e su rto u t a besoin d’apprendre la respiration du
h au t, car lorsque le diaphragm e ne peut plus descendre
su r le ventre occupé p a r l’enfant, il est bon que la cage
m onte libre et épanouie. Ce sont des choses que les phy­
siologistes et anatom istes su ren t de tous tem ps. H anish
com plète ces idées en opposant le respir superficiel, géné­
ra te u r ou accom pagnateur d’idées superficielles, et le res­
pir profond contem porain des idées profondes. Idées qui
nous sem blent évidentes pour nous qui savons les diffi­
cultés scolaires des insuffisants respiratoires des deux
sexes, et l’ém otivité m aladive des filles, jeunes filles et
fem m es à poitrine bloquée, dont le nom bre semble forte­
m ent dépasser ce que l’on adm et en médecine officielle.
H anish a, bien entendu, raison. Ignace de Loyola est là
pour l’approuver.
— H anish nous parle des êtres vam pirisants. Il classe
l’hum anité en deux catégories : ceux qui rayonnent et
ceux qui absorbent. C’est à croire que H anish a été péda­
gogue, m asseur, psychanalyste ou confesseur. Il a proba­
blem ent été tout cela. Car seuls ceux qui n ’ont pas donné
d’eux-mêmes aux m alades sont d ’avis contraire.
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 87
Il pose ainsi la question de la cage du m aître et la solu­
tionne de façon très belle.
Equilibre du corps puissant et sain et d’un esprit libre,
savant et bienfaisant, voilà la form ule qui sauve le m aître
du vam pirism e du m alade. La grande personnalité rayon­
nante rend inutile la cage quand il y a absence de désirs.
Les rayonnem ents qui tom bent sur ces m aîtres deviennent
sans objet. Quand il n ’y a pas de peau sensible au soleil,
il ne peut y avoir de coup de soleil, m ais des sages de ce
niveau, débarrassés des dix enchaînem ents, comme disent
les Bouddhistes, sont rares. H anish fu t renom^né dans le
m onde entier et la fière allure qu’il avait encore dans sa
vieillesse (il est m ort à 92 ans) m ontre bien q u ’il n ’avait
besoin d’aucune cage de protection. Il en est ainsi des
dom pteurs, me disent les gens du voyage. La peur a une
odeur. Les tigres sentent q u ’on n ’a pas peur. Ils obéissent.
Si le dom pteur a peur en en tran t, les anim aux se jette n t
sur lui. Ainsi la « cage » du dom pteur c’est l’aura qu’il
projette autour de lui p ar son assurance. Chacun a donc
sa cage autour de lui, m ais on ne la voit pas ! J ’ai vécu
ces questions et ces opinions il y a vingt ans chez les dé­
linquants.
— H anish est Jupitérien, il est Vichnouite, il parle sans
cesse de construire. D étruire, dit-il, est inutile, pourquoi
s’en occuper ? Cela se fait tout seul. T out se ruine, s’écroule
et disparaît quand le tem ps est venu ; ne nous occupons
pas de jeter bas, de nier, de détruire physiquem ent et mo­
ralem ent. D’autres forces du cosmos s’en chargent. P ré­
occupons-nous d’organiser, d’enseigner, de construire, de
renforcer, d’am éliorer. Il n ’y a pas de pages négatives dans
son enseignem ent. On ne rencontre m êm e pas cette tona­
lité d’anarchie négativante si fréquente en O rient.
— H anish n ’ignore rien des attitudes et des respirs de
l’O rient et il nous propose page 101 de son livre (1) un
exercice d ’Hésychasme, fort simple, analogue à ceux de
l’école orthodoxe et que p ratiq u en t les moines du Mont
Athos, qui, pour la dureté de l’ascèse, égalent absolum ent
les lam as m urés dans leurs logettes. On trouvera des im a­
ges d’ascètes pren an t ces positions yogiques dans les livres
de Georges D uthuit « Le Feu des Signes » et de L acarrière
« les Hommes ivres de Dieu. » J ’en parle en fin de volume.
L ’A ir est pour les anciens Zoroastriens de l’Ira n la

(1) L ’A r t d e la R e s p ir a tio n (152, lx l S t- G e r m a in ).


88 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

nourriture parfaite et complète. L’air contient en effet


les élém ents nécessaires à la nutrition, l’eau et les m étaux
utiles. La chimie classique trouve une foule de substances
dans l’air, et les gaz rares : krypton, xénon, argon, hélium
et le gaz d’ém anation du radium . J ’ai lu dernièrem ent dans
un livre inspiré des B rahm anes que ces cinq gaz rares
seraient une sorte de gaz d ’éclairage pour les 5 Chakras
principaux. Cette idée me semble naturelle. Je crois la
chose fo rt possible. L’air n ’est donc pas vide, il pèse
1,293 g par litre et il est plein de substances connues et
inconnues. H anish, h éritier d’une tradition qui rem onte
aux prem iers yogis aryens arrivés sur les plateaux de la
Perse, nous enseigne p ar des exercices spéciaux curieux et
efficaces, à aspirer l’eau utile ou les m étaux en plaçant
d ’une m anière qu’il indique la bouche, la langue, etc. Ces
exercices rem arquables, très simples, et dont on peut véri­
fier im m édiatem ent l’efficacité, se trouvent à la fin de son
livre.
— Hanish affirm e la parenté de la souplesse des doigts
et de la souplesse m entale. C’est le dom aine de M ercure et
les anciens le savaient bien. Les violonistes et les pianistes
en sont depuis longtemps persuadés.
— P our les régimes, Hanish est draconien : c’est un
végétarien farouche. Il déclare q u ’avec un peu d ’huile la
lam pe hum aine éclaire suffisam m ent, et q u ’une dose con­
venable d’huile et de fru its suffit pour accom plir un travail
épuisant. Ce sont là des idées qui sont niées en Europe.
On voudra bien se reporter au tome I où j ’effleure ces
sujets.
Des exercices de H anish nous donnerons seulem ent une
classification som m aire :
Une première série d ’exercices qui viennent sans doute
des prem iers âges du monde et qui sont représentés par
les postures des P haraons ou des personnages des bas-
reliefs égyptiens, sont destinés à faire évoluer l’élève et
à rép a rtir harm onieusem ent son électrism e et son m agné­
tism e. Nous n ’en parlerons pas ici. Ils ap p artiennent au
livre de H anish et on les y trouvera.
Ce sont des postures pharaoniques, des gestes, des a tti­
tudes égyptiennes combinées avec le respir, très simples
d’ailleurs, très droites, très belles.
Une seconde série d ’exercices com prend la p artie gym­
nastique, vertébrothérapique, orthopédique systém atique
des postures diverses ; nous en analyserons en détail quel­
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 89
ques-unes. Elles sont encore pratiquées en Egypte et me
fu ren t enseignées en 1928 p ar un athlète égyptien qui les
connaissait ; plus tard, en 1935, je les retrouvai dans H a­
nish avec les bases de travail à genoux qui les rend plus
efficaces. Ces séries sont à mon avis infinim ent supérieures
au Yoga hindou tel qu’on le pratique en E urope dans les
diverses écoles.
Ces séries sont seules à pouvoir disperser et libérer les
raideurs, blocages, adhérences de l’insuffisance respira­
toire, des blocages scapulaires, pleuraux, costaux, costo-
vertébraux. H onneur à H anish pour les avoir classées, ré­
vélées et enseignées.
Elles sont à la portée de tous. C’est là leur imm ense
et prem ier avantage.
Nous les détaillerons longuem ent plus loin dans la tro i­
sième partie.

Position de Hanish vis-à-vis du yoga hindou

Il ne faut pas s’im aginer que H anish ignore les buts


de guerre des gens qui font du Yoga hindou difficile. Il
les connaît p arfaitem ent et les énum ère ; il s’en moque
même un peu lourdem ent m ais justem en t et pour le bien
des p ratiq u an ts : « F aire évoluer les centres supérieurs ?,
dit-il, « Commencez donc par établir une circulation vaste
et souple dans votre poum on. Une bonne partie de votre
systèm e pulm onaire est en friche, mettez-le d ’abord en
état. » (Il parle en suédiste) « M aîtriser les Chakras du bas,
détenteurs de la vigoureuse anim alité ? », dit-il en substan­
ce. « Commencez donc par assouplir votre bassin et assu­
rer votre équilibre debout, assis et à genoux, postures u ti­
les de tous les jours. » (Il parle en neurologue). « Faire
passer des courants supérieurs dans votre colonne ? »
« Commencez par libérer les adhérences qui bloquent
toutes vos vertèbres dans les régions essentielles, gagnez
d’abord la liberté costale et vertébrale. » (Il parle en ortho­
pédiste, en rhum atologue, en vertébrothérapeute). Com­
bien de décades H anish a-t-il d ’avance su r la rhum atologie
et la neurologie m oderne ? Son livre a p aru en anglais à
Chicago en 1902 ! « Prononcer des m ots hindous m ysté­
rieux à longueur de journée ? dit-il. Mais non, laissez les
m antram s tranquilles, chantez à pleine voix les belles
voyelles et les chants religieux de toutes les religions,
voilà qui vous fera davantage évoluer. » (Il parle comme
90 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

un musicologue pythagoricien ou un moine du Mont


A thos).
Dans ces conseils H anish donne sa m esure. Il reste les
pieds sur le sol, occidental, pratique et rationnel, anato­
m ique, médical, orthopédique.
Et il divise, suprêm e sagesse, les exercices q u ’il a tirés
des gym nastiques égyptiennes anciennes, encore connues
en Egypte, des antiques gym nastiques de l’arm ée perse, des
bas-reliefs égyptiens et des exercices des Soufis, en deux
catégories :
Les uns à but psychique, électrique, m agnétique, calo­
rifique, sym pathique et spirituel, que nous ne donnons pas
ici et qui sont lim ités à 7 (et su rto u t à 4) trois étant à la
fois gym no-orthopédiques et psycho-respiratoires), et q u ’on
trouvera dans YA rt de la Respiration ; les autres form ant
une longue série m erveilleuse pour la colonne, les vertè­
bres, le poumon, les plèvres, les articulations des épaules
et la circulation cérébrale, qu’il appelle « Exercices égyp­
tiens ». Ce sont ceux-ci que nous rapportons à leurs sour­
ces et preuves staturales, que nous com m entons avec des
détails en fin d’ouvrage.
On peut faire les uns sans faire les autres. C’est une
des nom breuses raisons pour lesquelles nous préférons de
beaucoup le Yoga irano-égyptien ou encore Parsi-égyptien
au Yoga hindou.
Il faudrait aussi parler de l’antique religion Parsie, des
enseignem ents de Zoroastre, de la m orale et de la Socio­
logie qui se dégagent de l’Avesta, prem ier code et prem ier
livre pour la race aryenne, m ais pour cela il fau d rait re­
tran scrire Burnouf, son livre su r l’Avesta, où il met à
chaque page en opposition chaque caractère aryen et
chaque caractère sém itique dans la vie de tous les jo u rs ;
celui de son élève De Laffont, sur le Mazdéisme, la reli­
gion de Z oroastre et ses merveilleux enseignem ents en
tous points identiques à l’Evangile — (qui en vient). Il
n ’est pas question ici de nous lancer dans cet iiùm ense et
utile travail, mais qui sort du cadre de notre livre. Les
3 livres de base, PAvesta, B urnouf et De Laffont doivent
être lus à part. Nous ne pouvons pas nous engager ici dans
des études de m orales et de religions comparées, en rap ­
port avec les races, les époques, et leurs Yogas, études
d ’ailleurs profitables et pratiques à l’heure actuelle de mé­
langes hum ains m ondiaux, plus ou moins heureux. Nous
allons donner avec l’aim able autorisation de Mme Ger­
DEUX GRANDS MÉDECINS : ARLAUD ET H A N ISH 91
m aine Bungé D irectrice des Editions M azdéennes de Paris
quelques citations de H anish, tirées de l’A rt de la Respi­
ration.
(Portrait de Hanish âgé, Planche II, Fig. 2).

DOCTEUR HANISH
(né à T éhéran en 1844 — m ort à Los Angeles en 1936)

L ’attitude « royale » torse bien droit, épaules m aintenues


bien en place, reins cambrés, le corps tout entier dé­
tendu et à l’aise perm et le libre exercice des facultés
mentales.
Il fa u t savoir « m agnétiser et électriser » chaque parcelle
de l’organisme en chantant doucem ent ou vivem ent
selon l’effet désiré, et en s’accompagnant de m ouve­
m ents rythm és ; chaque cellule entre alors en rapport
avec les ondes et vibrations circulant dans l’atm osphère
et l’organisme entier se trouve finalem ent « accordé ».
Assouplir la nuque est fondam ental, les vertèbres de l’atlas
sont rarem ent dégagées et libres, mais présentent chez
la plupart des concrétions qui en gênent le libre jeu. Il
fa u t alors m asser et pétrir la nuque m atin et soir, fra p ­
per délicatem ent du poing la septièm e cervicale.
L ’enfant de base physique a une tendance à rem onter légè­
rem ent les jam bes au corps pendant le som m eil, et à
utiliser la respiration abdominale.
L ’enfant de base intellectuelle aime à rester étendu de
tout son long et à respirer avec la poitrine bien déga­
gée.
Celui de base spirituelle cherche à s ’étendre sur le côté et
utilise la respiration costale. Chacun des trois recher­
che la respiration qui est pour lui la plus confortable
pour la libération m axim um du diaphragme.
A m esure que l’on apprend à contrôler sa respiration, on
se rend compte de la situation exacte de chaque organe
dans le corps.
Chez l’animal, les poum ons ne servent q u ’à entretenir la
vie matérielle. Chez l’hom m e, ils pourvoient en outre
au développem ent cérébral et à la vie mentale.
L ’assouplissem ent de la nuque confère une concentration
mentale plus efficace, plus d'attention et de présence
d’esprit dans toute situation , m êm e critique. Les
conducteurs d’automobile et les aviateurs devraient se
92 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

traiter de la sorte afin de toujours disposer de tous


leurs m oyens et facultés (/).

Si nous voulions résum er en quelques mots et quelques


lignes la doctrine de H anish nous pourrions dire

1 La Rectitude vertébrale.
La liberté vertébrale.
La maîtrise vertébrale.

2 La liberté nasale.
La maîtrise diaphragmatique.
La liberté vocale par le chant.
3 La Sobriété et le végétarisme.

Il n ’est pas de plus beau program m e.


Tels fu ren t les enseignem ents des Yogis, des Mages,
des Rois Mages qui conduisaient et in stru isaien t nos loin­
tains ancêtres les aryas descendant du plateau de P am ir
pour fonder toutes les nations européennes.
Enseignem ents sim ples et merveilleux qui ont toujours
la m êm e valeur au jo u rd ’hui, car les costum es ont changé
m ais les colonnes vertébrales n ’ont pas changé. Une race
vaut ce que vaut sa colonne, voilà le cadeau que firent à
leur race les M aîtres d ’autrefois. C’est en revenant à ces
im m ortels enseignem ents que Ling en 1800 régénéra les
Suédois.

La croix solaire dans les ailes pharaoniques.

(1 ) H a n is h é c r iv a it ceci e n 1902.
CHAPITRE DEUX

Le nez dans le Yoga


et le développement cérébral

Le Nez,
Vestibule du Rhinencéphale

• Correspondance Brahmanique :
les chakras Ajna et Sahasrara
• Correspondance g la n d u la ire :
Hypophyse et Pinéale, Thyroïde
• Correspondance o r g a n i q u e :
le cerveau

H anish dans ses descriptions respiratoires, répète à


propos de plusieurs exercices que l’éducation du respir
nasal amène un développement des dispositions ou per­
fectionnem ents, ou encore avantages suivants :
— discernem ent spirituel et alim entaire ;
— discernem ent et m odération sexuelle ;
— intuition ;
— prém onition ;
— orientation et défense contre les dangers ;
94 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

— téléacousie ou hyperacousie ;
— télépathie et analyse du m ilieu am biant ;
— plaisir p ar la propreté et l’eau ;
— puissance de l’attention. Prudence ;
— m ém oire norm ale ou hyperm nésie, etc.
A utrem ent dit H anish considère que non seulem ent
une très bonne fonction naso-respiratoire donne seule la
possibilité de l’utilisation des fonctions habituelles du cer­
veau, m ais encore qu’elle perm et de développer les super­
sens, dons supérieurs augm entant le niveau psycho-intel­
lectuel et perm ettant de réaliser toutes les possibilités
anatom o-physio-psychologiques connues ou inconnues des
hom m es supérieurs.
Si nous lim itons les sens aux cinq que décrit Aristote,
nous voyons que la Vue, l’Ouïe, le Goût et l’O dorat sont
des sens de tête, des sens centrés dans des trous de la
tête, le dernier, le T oucher étant m édullaire et com m un
à toutes les parties de la peau.
Ainsi quatre sens prim ordiaux sont dans la tête et
même qu atre et demi, car l’oreille n ’est pas seulem ent
chargée de l’audition m ais de la très im portante équilibra­
tion. Or, toute la tête est construite autour du nez, de ses
cavités et du système de la respiration. Le nez c’est le cen­
tre du crâne. La médecine classique enseigne depuis tou­
jours, et mon vieux m aître le Professeur Escat un des créa­
teurs de la Science O.R.L. nous le répétait souvent, que,
si les structures nez, gorge, oreille sont anorm ales ou m a­
lades, toute la tête est m alade, l’individu n ’est plus bon à
rien. Il en est de même des dents. Un nez creux, des n a ri­
nes ouvertes, une bonne olfaction, de bonnes fosses n a ­
sales, des sinus larges et propres, une oreille interne bien
débouchée, et toute la tête est prête à servir.
Les pédagogues, les m orphologistes, les gym nastes, les
psychiatres, les neurologues, les psychotechniciens, les m u­
siciens nous avaient déjà dit :
E n fan t à nez bouché = enfant retardé ! Et les méde­
cins, les phtisiologues ajo utaient q u ’un pareil enfant était
un aném ique ou un tuberculeux en puissance, par absence
de ventilation pulm onaire et d’hém atose.
La médecine classique qui a ses grandes richesses et sa
valeur savait tout cela.
Mais elle n ’osait pas en dire plus.
Comment nous expliquait-elle ce que nous savions ?
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 95
— L ’orientation par rapport au m ilieu am biant ?
Les asiatiques, les arabes, les chasseurs du Moyen-Age
savaient bien que le faucon encapuchonné ne peut s’orien­
ter aisém ent. Nous au tres skieurs ou prom eneurs en m on­
tagne nous avions rem arqué que les oreilles fortem ent
obturées p ar des bonnets de cuir ou des cagoules, nous ne
pouvions plus nous orienter en recevant dans les conques
des pavillons les bruits, ondes, vents, réflexions-radars des
parois voisines.

— Le discernem ent alim entaire ? Que faut-il ou non m et­


tre dans la bouche ?
Nous pensions sim plem ent que le goût était notre guide,
et que le nez était un précieux appréciateur des bonnes ou
m auvaises cuisines, des vins frelatés ou précieux. L’exem­
ple du cheval était là, qui jam ais ne boit sans avoir hum é
la surface de l’eau et approché ses cils vibratiles.
Mais nous n ’allions pas plus loin.
— Com ment se faisait la délicate appréciation du senti­
m ent sexuel ?
C’est, pensions-nous, le résultat cybernétique d’une fou­
le de m écanism es psycho-cérébraux et affectifs qui jouent
autom atiquem ent à notre insu. C’est aussi la réception des
ondes inconnues qui frappent ceux de nos chakras prépo­
sés à la réception des ondes du m ilieu am biant. Nous pen­
sions que les Im pératifs K antiens m oraux, sociaux et reli­
gieux se com binaient avec des télécom m unications et nous
avions certainem ent raison. Nous étions fondés à penser
que la réponse était ju ste de la m achine neuro-psychique
cybernétique que nous portons en nous.
Mais évidem m ent nous a 'ions conscience d’en ignorer
de nom breux fils, bien des com m utateurs et su rto u t le
Centre contrôleur suprêm e (centre régulateur que Vénus
peut s’am user à détraquer à tout m om ent !).
— L ’intuition et la prém onition, que la science m oderne
poursuit de ses sarcasm es au profit du concasseur per­
fectionné de la Raison (qui ne crée rien ), nous pensions
q u ’elles apparaissent chez certains et jam ais chez les
autres. Nous nous dem andions pourquoi la femme, moins
épuisée que nous par des études genre sém itiques basées
sur la récitation devant le réveille-m atin, est supérieure à
96 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

l’hom m e dans ce dom aine. Et pourquoi le sauvage y est


plus doué que le civilisé.
On se gardait dans le m onde médical de la préparation
aux concours, basés sur le nom bre m axim um de m ots pro­
noncés dans le m inim um de m inutes, de révéler que sans
intuition, le cham pion du réveille-m atin n ’est qu’un pho­
nographe et que les m athém atiques ont m is l’intuition au
prem ier rang.
La vision directe, la synthèse, la découverte, l’hypo­
thèse explicative, l’idée créatrice, tout ce qui est à la base
de l’invention, ont dit les plus grands des m athém aticiens,
vient de l’Intuition. Poincaré dixit. La longue patience ne
suffit pas. Il faut une illum ination ; il fau t que du monde
des idées un message parvienne à notre m ental.
Or, pour découvrir, pour avoir la vision directe, il vaut
m ieux un nez débouché. On le savait. Mais la science offi­
cielle ne pensait pas (on affirm ait cela dans le m onde des
érudits et des occultistes) q u ’il y avait des organes de
l’intuition, des disques de la réception du monde des idées,
et du m onde am biant. On n iait même la possibilité du fait
m algré tous les travaux de l'Ecole M étapsychique, côté
Richet, côté Osty, côté Blavastsky, ou côté Rochas. Encore
que les faits e t les constatations perm anentes des gens du
com m un prouvassent la réalité du fait.

— L a défense contre tout ce qui est opposé à la conserva­


tion de l’espèce.
On en faisait une conséquence du niveau m ental, du
sens comm un. Quand on avait vu Voltaire, ce scintillant
esprit, ce critique étincelant, en arriver à m anger ce que
l’hom m e norm al se garde de toucher, on avait dit « c’est
la fin, c’est le ram ollissem ent du cerveau, il en est à la
confusion m entale ». Et c’était exact.
Mais on ne pensait pas que des organes palpables m a­
tériellem ent, pouvant servir de sujet d’étude, perm ettaient
l’astuce du sauvage, de l’anim al de la nature, la méfiance,
la discrim ination im m édiate de l’anim al en liberté, la p ru ­
dence utile et vitale.

— L ’Hyperacousie.
On la connaissait. Les O.R.L. et les m usiciens (souvent
ils sont les deux) savaient bien qu’il n ’y a pas d’oreille
avec un nez bouché, et tout homme ayant eu au moins
P lanche V
Planche VI
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 97
dans sa vie un rhum e en avait fait la constatation. Exagé­
rée, elle est du dom aine du psychiâtre.

— Le plaisir par la propreté ?


On en faisait un sens autom atique de défense de l’ani­
m al contre la m aladie, et on pensait avec ju ste raison que
l’hom m e ou la fem m e qui se com plaisent dans un état
repoussant avaient un cerveau altéré; ou, selon les astro­
logues, qu’ils étaient nés sous certaines influences et desti­
nés p ar l’influence saturnienne à devenir des clochards. On
ne pensait pas q u ’il y avait une localisation cérébrale de
la propreté, ni du plaisir à être propre. Chaque époque
a ses affirm ations et ses négations. T out est mode. Ainsi
l’am our de l’eau, l’am our de la natation, des plans d ’eau,
des rivières, des m ers, des piscines, a peut-être ses centres
cérébraux.
Il est en tout cas lié à la race et à l’hérédité. De plus,
il y avait beaucoup à dire su r le rap p o rt des chakras avec
le plan d’eau, source de pensée et de rêve, support princi­
pal de la psychogénèse, le m iroir de la lune, comme le
disent bien les Lam as. Claude Monet a passé une partie
de sa vie à Giverny à représenter ce plan d’eau qui console
et fait rêver.

— La mém oire et l’attention ?


La mémoire, cette vision instantanée et directe du pas­
sé, ce don que certains envient et dont les m athém aticiens
et les yogis se débarrasseraient volontiers car ils l’ont à un
degré em barrassant, on savait q u ’elle m arche de pair avec
le développement général de l’encéphale et que ce déve­
loppem ent est arrêté chez les adénoïdiens qui respirent
avec la bouche.

— L ’attention.
Ce don précieux, de plus en plus précieux dans une
société de plus en plus pourrie, où une faute d’attention
peut vous coûter la vie, par les accidents et les agressions,
les anim aux l’ont au suprêm e degré. Dans sa psychologie
de l’attention, Théodule Ribot a m ontré que l’hom m e est
tan tô t en rapport avec le monde intérieur, tan tô t avec le
monde extérieur ; il est tan tô t au balcon de l’observation
98 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

extérieure, tan tô t au balcon de l’observation du monde


m ental interne. E tre m aître de rester à l’un de ces bal­
cons, lucide sans lassitude, précis sans hallucination, est
le propre des grands observateurs, des grands m éditatifs.
C’est l’objet des chapitres les plus difficiles de Saint-Jean
de la Croix et du Bouddhisme ésotérique. C’est la m aîtrise.
Tous les pédagogues ont, depuis Pestalozzi, rem arqué que
les enfants ne peuvent le réaliser que quand ils sont en
possession de leur santé, de leurs moyens. L’Ecole Péda­
gogique m oderne sait que les nez bouchés ne peuvent le
faire. De là, l’utilité d ’observer au M iroir de Glatzel la per­
m éabilité nasale, et d ’opérer chaque année des végétations
des m illiers d’enfants.
Mais on ne connaissait pas de centre cérébral de l’a tte n ­
tion et de la prudence. On savait seulem ent que la libre
circulation de l’air sous le cerveau était indispensable pour
l’attention, c’était déjà une utile acquisition. Il suffit de
p arco u rir les catalogues de publications de la science psy­
chologique officielle pour voir que l’attention a fait l’objet
de travaux consciencieux et nom breux, su rto u t depuis le
développement des tests psychotechniques. La grande m a­
ladie de l’enfant m oderne occidental étan t en effet l’in atten ­
tion. A ttention suppose silence. Il faudra bien que ces mes­
sieurs de la pédagogie officielle choisissent entre le chahut
négroïde et le silence japonais.

D em andons-nous m aintenant pourquoi on en était resté


à des explications sim ples et d ’ailleurs parfaitem ent vala­
bles de ces correspondances, dans le m onde officiel. « On
ne sait le tout de rien », dit le philosophe, e t « chaque fois
que l’on m onte une m ontagne on découvre une plus
haute encore à l’horizon », dit la Sagesse chinoise. Le fin
m ot de ces liaisons m anquait.
Ces liaisons, sans en savoir la vraie raison, je les fai­
sais étudier aux élèves de mon école de kinésithérapie et
aux m oniteurs d’E tat d ’E.P. qui appliquaient mes travaux,
dans le livre rem arquable et m alheureusem ent épuisé
m aintenant de W orm s et Bolotte, anciens O.R.L. du Val
de Grâce, « L ’insuffisance respiratoire nasale » où tout ce
que nous venons de dire est longuem ent exposé, et où l’on
tra ite aussi de bien d’autres sujets touchant le nez. Mais
les centres de ces dons subtils de l’anim al, de l’homme
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 99
civilisé ? Où était leur localisation ? Où se trouvait leur
centre directeur suprêm e ? On l’ignorait. Pourquoi ?
Parce que la doctrine des localisations m atérielles de
quelque chose de psychologique, de quelque chose de céré­
bral, de caractériel, de m oral, de psychique, qui était le
rêve de la grande époque de Charcot, suivit un rythm e si­
nusoïdal — les époques se succédèrent — . A certains mo­
m ents, les savants triom phaient. Ils venaient de trouver
une localisation. Les expériences, les autopsies leur don­
naient raison. L’exagération accom pagnait ces succès et
l’on en venait à affirm er la localisation dans le cerveau de
tel don de l’esprit, de telle m aladie, de tel m écanism e ner­
veux. Puis d’autres époques arrivaient où l’on dém ontrait
le contraire, et les théories des savants s’écroulaient. On
ria it des illusions des savants précédents, défunts en gé­
néral, les m andarins vivants étan t rarem ent contredits bien
q u ’ils soient souvent de bon caractère et ouverts aux con­
tradictions. Mais on ne veut pas leur faire de peine de leur
vivant.
Il en fut ainsi de la phrénologie de Gall et de Spurzheim
— affirm ée pendant un demi-siècle, niée et ridiculisée pen­
dant le demi-siècle suivant ; elle réapparaît ensuite et tro u ­
ve un terrain plus solide en se contentant de grandes do­
m inantes de morphologie caractérielle de la tête (Corman,
etc.) et d’anthropologie des races.
Si on avait affirm é il y a trente ou q u arante ans q u ’on
avait trouvé un centre du discernem ent sexuel ou un cen­
tre de la discrim ination chim ique des alim ents ou un
centre de la prudence, le monde officiel a u ra it poussé les
hauts-cris. Quel tollé ! On en est p o u rtan t là m aintenant.
E t la doctrine des localisations retrouve sa grande vogue
de l’époque de Broca, de W ernicke, de Pierre Marie (le
quadrilatère) et de bien d’autres.
C’est que les chercheurs de tous les pays du monde
ces trépaneurs de chats et de rats, ces électriseurs de sin­
ges et de cobayes et de lapins n ’ont jam ais relâché leurs
efforts dans le m onde entier. De se connaître leur a perm is
de recouper leurs découvertes, de les contrôler, de les affir­
m er ; nous avons parlé irrévérencieusem ent de ces cher­
cheurs spécialisés sur l’anim al ou l’hom me dans notre
livre « Médecine vertébrale de toutes les maladies chroni­
ques » où nous avons énum éré la correspondance d’une
vertèbre, ou d’un groupe de vertèbres avec les organes,
100 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

d’après les A m éricains (1885 !) et d ’après nos propres dé­


couvertes.
C’est que les chercheurs n ’ont jam ais encore vu la co­
lonne, c’est qu’ils n ’ont jam ais encore parlé de vertèbres
ni de vertébrothérapie, alors que l’Asie traditionnelle et
l’Egypte pharaonique savaient tout cela il y a 5.000 ans.
Galien ostéopathisait et chiropractisait les plexus b ra­
chiaux et les plexus lom baires au Cirque, à Rome, à l’épo­
que du Christ, et les neurologues m odernes se dem andaient
quand je fis mes études il y a 30 ans à quoi les vertèbres
pouvaient servir !
Beaucoup d’entre eux sont encore, ou veulent encore
rester su r ce su jet dans une ignorance totale. Elle pourra
leur coûter cher, car des gens s’installent, experts dans
ces questions, et le public a pris l’habitude de s’adresser
à eux. Car ils ont des résultats. En prenant le contrepied
total de tout ce que les Facultés ont enseigné sur les ver­
tèbres pendant 100 ans, ils guérissent les gens.
Mais si le monde officiel confond encore toutes les cor­
porations s’occupant de la colonne (il y en a 9 ou 10 !)
ou fait sem blant de les confondre pour des raisons de
sectarism e, d ’orgueil offensé, ou d’intérêt comm ercial, ne
nous y arrêtons pas. Ne nous en offusquons pas. D’ailleurs,
chiropractique et ostéopathie sont m aintenant pratiquées
dans le monde entier, et nos méthodes personnelles, les
neuf tem ps Sam buciens sont connus et pratiqués dans
30 pays de l’O.N.U. Ne pleurons donc pas, nous avons
m ieux à faire. Instruisons-nous. Eclairons le lecteur.
Dans quelle direction se sont portés les efforts de tous
les savants neurologistes, neurophysiologistes, neuro-élec-
trologistes, neuro-pathologistes du m onde entier ?
Est-ce vers la colonne, ses vertèbres et la liaison avec
les organes ? Nullement. Il y a trente-cinq ans, je me pro­
m enais un peu parto u t, avec deux livres, l’un énorme,
l’autre tout petit. Dans mon gym nase personnel', ou dans
celui d’Arlaud, dans mon bateau, dans ma bibliothèque ou
sur la neige, je lisais. Je m éditais, je devenais Russe pen­
dant quelques heures. Je me transportais en esprit dans
d’im m enses laboratoires de la Russie des Tzars en 1900. Je
lisais Bechtereff. Des recherches systém atiques m ’avaient
amené à trouver dans la poudre des rayons près du pla­
fond, chez les bouquinistes, ces deux ouvrages. On ne tro u ­
ve que ce que l’on sait, a dit le philosophe. On ne trouve
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 101
su rto u t que ce que l’on cherche pendant longtemps. Les
spiritualistes prétendent q u ’à point nom mé votre ange gar­
dien vous tourne le nez vers les rayons q u ’il faut, et vous
fait tendre la m ain vers le dos de bouquin qui va vous
éclairer. J ’ai toujours été persuadé q u ’il en était ainsi. Ma
m ain se dirigea un jo u r vers Bechtereff. Mais voir une
pomme est une chose et se dem ander pourquoi elle tombe
en est une autre. J ’avais dans Bechtereff la liste, segment
de moelle p ar segm ent de moelle, la correspondance tro u ­
vée par lui-même et ses élèves, avec l’organe correspon­
dant. C’était énorme. S urtout que la m édecine officielle
nous enseignait parallèlem ent à ce su jet une doctrine tout
à fait réconfortante. « Il n ’y a aucun rapport (c’est la p h ra ­
se chérie des m édecins), entre le systèm e nerveux et les
organes. La moelle sert à la contraction des muscles et aux
sensations. Q uant à la colonne vertébrale, ce sont les « os
du dos », elle ne sert à rien, les vertèbres non plus, elles
ne peuvent d ’ailleurs se déplacer ».
Je laissais dire ces bourdes solennelles, et je lisais
Bechtereff ; mes condisciples, stupéfaits se dem andaient
pourquoi je me plongeais dans des livres trad u its de l’alle­
m and en 1900 (les Germains sont interm édiaires entre les
Gaulois et les Slaves). Abîmé m ortellem ent quelques
années plus tôt p a r le rhum atism e articulaire aigu, j ’avais
des raisons de com prendre l’intérêt de l’illustre savant de
Saint-Pétersbourg pour la liaison centres nerveux-organes.
L’interm édiaire m ’échappait : la colonne, la m aison de la
moelle. A quelle h au teu r fallait-il agir pour libérer la force
de la moelle vers tel organe (poumon, intestin, rein, etc.).
Bechtereff n ’en parlait jam ais. Il n ’en a jam ais parlé. Il
est m ort sans savoir q u ’il est avec V ulpian le fondateur
de l’ostéopathie, côté médecine officielle. Il n ’a jam ais su
le m ot ostéopathie. Si, un jo u r un m oujik-rebouteux lui
a rem is en place des vertèbres, et si certain organe s’en
est trouvé mieux, il n ’a jam ais fait le rapprochem ent, du
m oins il ne l’a pas écrit. Mais Bechtereff a déjà donné au
m onde un livre merveilleux (on le trouve pour quelques
sous sur les quais) ne lui en dem andons pas plus. Il fut
l’hom m e de la moelle-viscérale, conception géniale m ais
venue trop tôt, comme le Professeur Mac Lean de Boston
est l’hom me du viscéral-Brain, du cerveau viscéral, du cer­
veau qui comm ande les organes. Mais si Bechtereff n ’a pas
été lu et appliqué, Mac Lean, par contre, es>t célèbre, lu,
et suivi, et j ’espère que ces pages attire ro n t l’attention
102 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

des lecteurs studieux su r le livre m oderne où il a écrit


un chapitre.
P our M arbais, ancien sous-directeur de l’In stitu t P as­
teur, poursuivi p ar la haine officielle jusque devant les
trib u n au x pour avoir répandu son vaccin genre Friedm ann
anti B.K. qui faisait concurrence au vaccin officiel et qui
est m eilleur que lui, pour les lam as thibétains, pour les
prêtres égyptiens, le cerveau com m ande les viscères. Mais
n ’anticipons pas. Nous avons tout le tem ps. Dans ce même
livre, plus loin, nous allons en reparler.
Nous pouvons en résum é écrire l’équation :
Bechtereff : moelle —» organes
Mac Lean : cerveau —■>- organes
Dans les tem ps m odernes, grâce au Docteur Andrew
T aylor Still de Chicago, les am éricains écrivirent l’équation
(en 1885)
Still : vertèbres — organes
Si nous additionnons m em bre à m em bre ces équations
rem arquables, nous avons
Mac Lean + Bechtereff + Still :
cerveau + moelle + vertèbres — organes
c’est l’équation de l’ostéopathie m oderne, de la vertébro-
thérapie moderne.
Mais les analogies et les rapprochem ents sont in terd its
dans les Facultés de Médecine, ou très m al vus. Faites
fonctionner votre rhinencéphale, organe de la prudence.
Attendez pour faire des rapprochem ents de ce genre d’être
sorti de la Faculté ! C’est plus prudent.
Ainsi nous avons enfin en circulation dans le monde
de la médecine officielle et de la librairie officielle, celle
qui a l’im prim atur, l’idée « cerveau viscéral ». Béjouissons-
nous-en.
Avons-nous en circulation l’idée « vertèbres viscérales ».
Nullem ent. Mais comme tre n te ans de recherche en librai­
rie ne nous avaient pas perm is de trouver le livre vertè­
bres viscérales dont nous avions besoin, m on ' Ecole l’a
composé et fait paraître — c’était plus sim ple que d ’a tte n ­
dre encore un siècle.
Mon élève Mahieu, de Belgique a écrit « Vertèbres et
Organes » donnant la correspondance de chaque vertèbre
avec les organes qui en dépendent, et la latéralité. E t j ’ai
écrit moi-mêttne « groupe de vertèbres et organes », ensem ­
ble de vertèbres proches ou lointaines associées pour dé­
bloquer un organe ou agir su r un syndrom e déterm iné
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 103
d ’organes, c’est le livre « Médecine vertébrale de toutes les
Maladies chroniques ». Je retom bai su r les localisations
de Bechtereff. Je savais enfin quelles vertèbres bouger pour
agir su r la tranche de moelle ou le groupe de tranches de
moelle qui com m ande un organe.
J ’étais rem onté avec les outils au niveau d’Abram s de
Bechtereff et de D éjerine, des grands précurseurs de 1900.
J e n ’avais perdu que 30 ans. C’est peu, d irait un géologue.
Mon bon m aître M onsieur Cartailhac me disait que l’hom ­
me pour se perfectionner a mis un m illion d’années ; ces
vieux savants sont consolants.
« Il vous a u ra it suffi de venir en 1928-1930 dans notre
université d’ostéopathie, me disent les am éricains, nous
enseignons tout cela depuis 1885 ». Exact. T riste pour
l’E urope et la France. Très triste pour les Facultés de Mé­
decine françaises. Celles-ci ont organisé et entretenu un
étouffem ent total pendant un demi-siècle. Mais le public
a fini p ar être inform é. E t m aintenant, la médecine o ffi­
cielle ne sait plus com m ent arrêter l’hérésie. Il est diffi­
cile dans les tem ps m odernes de faire comme à M ontségur.
A P aris pratiquem ent tout le monde s’est fait au m oins
une fois débloquer quelque vertèbre et sait donc, pour
l’avoir appris en soi-même, que les slogans des Facultés
ju sq u ’à au jo u rd ’hui étaient des mensonges.

Le livre, p aru en 1961 « Les grandes activités du R h i­


nencéphale » Tome II Physiologie et Pathologie du R hinen­
céphale (1), sous la direction du P rofesseur A lajouanine
est consacré à l’étude de la fonction nasale, du cerveau
nasal, des centres cérébraux en rapport avec le sens nasal,
le sens olfactif.
Cet ouvrage passionnant, dont la lecture est su rto u t ré­
servée aux médecins, m ais que les gens in stru its suffisam ­
m ent en Sciences N aturelles peuvent lire, est écrit p ar une
série de savants spécialisés dans l’étude du cerveau olfac­
tif. Ces savants sont su rto u t des anglo-saxons et des fra n ­
çais, ou des auteurs de langue anglaise et de langue fra n ­
çaise. Les germ aniques, les slaves, les latins et les autres
savants d’Europe n ’ont-ils donc rien à dire su r le rh i­
nencéphale ? Cela m ’a surpris. En tout cas, cette série

(1) \f a s s o n , é d ite u r , 1961.


104 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

d’articles nous ouvre des horizons imm enses et nous ras­


sure. C’est ce livre qui vient apporter les preuves des affir­
m ations de H anish, des Lam as, des B rahm anes, des P rê­
tres Egyptiens.
Le m ot rhinencéphale veut dire « cerveau olfactif »

« ou cerveau du nez ». Expliquons cette expression. Il


existe un cerveau m usculaire comme il existe plusieurs
sortes de cerveau, c’est-à-dire de m écanism es spécialisés
hautem ent organisés ayant un but défini dans le cerveau.
On dit « le cerveau m oteur, le cerveau sensitif, le cerveau
optique, le cerveau olfactif, le cerveau auditif » ce ne sont
pas des cerveaux différents, ce sont des systèm es différents
dans le même cerveau. Bevenons au cerveau qui fait m ar­
cher nos muscles. Il com prend des fibres destinées aux
muscles, des centres de régulation, des localisations à la
surface du çerveau, etc. un système, un dom aine pour le
m ouvem ent. De même, il y a un cerveau visuel, des nerfs
optiques, des centres, des localisations à la surface du
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 105
cerveau (nuque) un dom aine consacré à la vue. De même
il y a un cerveau consacré à l’olfaction, au nez, des fibres
d’amenée, des centres, une localisation à la surface du
cerveau, un dom aine consacré à l’odorat, à l’olfaction,
mieux, au nez. C’est le cerveau olfactif, c’est le rhinencé­
phale.
La Science a com plètem ent renversé sa vapeur quant
à ce cerveau du nez, comme nous allons le voir.
Le cerveau est au-dessus des fosses nasales et du nez,
il est donc norm al que le cerveau du nez soit un cerveau
inférieur et que les centres soient sous le cerveau.
Le rhinencéphale est inférieur. Il fait le tour du cer­
veau par-dessous.
L’article du savant belge H. Seuntjens O.R.L. commence
p ar un titre de chapitre suggestif : « Quelques idées faus­
ses su r le rhinencéphale ». Autrefois, en effet, on disait —
ce cerveau ne sert que pour les anim aux.
— Chez l’hom me il est atrophié, il ne sert plus ;
— Ces centres ne servent qu’à l’odorat ;
— L’hom me n ’en a plus besoin ;
— Il n ’a pas d’autres fonctions que l’odorat.
Tout cela est com plètem ent faux. Seuntjens le dém on­
tre, autrem ent dit tout l’enseignem ent qui était basé dans
les centres scientifiques su r ces affirm ations ne signifie plus
rien.
Il prouve au contraire que :
— C’est l’hom me qui a le plus grand cerveau-nez ;
— Il n ’est nullem ent atrophié. Il sert to u jo u rs ;
— Les centres servent à d’autres choses q u ’à sentir ;
—- Ces fonctions sont très hautes et utiles.
J ’ai parlé dans le Tome I Pour comprendre le Yoga du
com portem ent stupide de rats dressés auxquels on a donné
des tranquillisants. T otalem ent abrutis et rassurés, ils
s’em poisonnent et s’électrocutent avec une tranquillité p ar­
faite.
Seuntjens nous décrit ici des poissons, des vairons
auxquels on a lésé l’intérieur du nez ; ne sentant plus, si
l’on peut s’exprim er ainsi pour des anim aux vivant sous
les eaux, ils vont dans la partie de l’aquarium où se tro u ­
vent des toxiques et m eurent en masse. C’est la même cho­
se que pour les rats.
Le savant conclut que le cerveau du nez sert pour la
prudence et la prém onition.
Ceux qui veulent en savoir davantage trouveront dans
106 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

ce long article des idées nutritives et de h a u t intérêt cul­


turel.
Green, de Los Angeles, entre autres phénom ènes cu­
rieux, nous m ontre le com portem ent ab erran t de chats
auxquels on a modifié certains points du cerveau-nez. Ces
anim aux com plètem ent déboussolés m ontrent un froid mé­
pris pour une chatte des plus avenantes et se m ontrent
fortem ent actifs vis-à-vis de lapins, et de jouets en pelu­
che ! Mac Lean, un peu plus loin, m ontre de même des
chats posés sur des chiens, des singes, des poulets.
Le chat de nos appartem ents et de nos jard in s, si p ru ­
dent et si progressif à l’ordinaire a perdu tout discerne­
m ent lorsque son rhinencéphale a été lésé.
Mac Lean consacre son article à la grande circonvolu­
tion limbique. C’est ainsi q u ’un grand savant de chez nous,
Broca, le fondateur de l’anthropologie avait nom mé le cer-

9 Qc L

veau olfactif, le cerveau-nez en 1878. Broca avait prévu, si


l’on peut dire le succès ultérieur du grand anneau cérébral
du cerveau-nez, puis on avait parlé d ’autre chose et la
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 107
question avait été enterrée, sous prétexte que l’hom m e n ’a
plus besoin de son odorat !
Mac Lean m ontre la progression des cerveaux olfactifs
du bas en h au t de l’échelle vivante.
Mac Lean, de toutes ses expériences, conclut que le
cerveau-nez sert à la prudence, au discernem ent, à la
sexualité norm ale, à la conservation de l’espèce.
L’anim al dont on a modifié l’anneau cérébral cerveau-
nez m ange n ’im porte quoi. Le singe avale des boulons et
des écrous, croyant déjeûner. Il ne sait plus se défendre
contre des dangers q u ’il redoutait et évitait auparavant
(feu, etc.).
Dans son article, Liberson de Chicago, m ontre que la
m ém oire du danger, qui ju stem ent chez l’anim al, l’enfant,
le boxeur, l’ascensionniste, l’explorateur, le sauteur en ski,
le com battant et aussi le délinquant, est la base des réfle­
xes de protection, n ’existe plus. Plusieurs fois de suite le
singe se brûle avec des allum ettes enflammées. Il oublie
d ’une fois à l’autre. A utrem ent dit, la m ém oire m édullaire
et cérébrale, base des expériences chez le jeune anim al
sauvage, comme le jeune civilisé, a disparu brusquem ent
comme par l’action d’une gomme à effacer.
L’article de Passouant et Cadilhac porte page 176 ces
m ots extraordinaires et révélateurs « l’hypothèse de Papez
(1937) fait de l’hippocam pe le centre même des phéno­
m ènes ém otionnels » c’est l’effroyable am nésie im m édiate
du long apprentissage de la vie et un peu plus loin « Dans
cet ensemble, la corne d’Ammon, représente une stru ctu re
où se trouve « construit » le processus émotionnel, qui par
les voies connues, est transm is au cortex cingulaire d’où
il irradie aux autres régions corticales ». La m aîtrise des
phénom ènes ém otionnels est un des buts suprêm es des
Yogis. Seul celui qui a m onté beaucoup de degrés de la
fam euse échelle est au-dessus du contre-coup de l’épreuve
émotionnelle (ne confondons pas, s’il vous plait, la dom i­
nation des ém otions avec le sens bien occidental de l’indi­
gnation devant les légitimes émotions d’a u tru i). M aître
de la peur, du désir, de la colère, il baigne dans l’équilibre
inaltérable de Lao-Tseu ! Il est Brahm an, il est A rhat, il
est Jiw an-M ukta, il est délivré-vivant.
Le centre émotionnel ! Hippocampe et corne d ’Ammon
sont des régions du bas-fond du cerveau-nez. Régions vo­
lum ineuses et im portantes (inférieures et latérales).
La Corne d’Ammon a la form e d’une corne de bélier.
108 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Le nom est celui du tem ple pharaonique d ’où nous tirons


les merveilles des m ouvem ents vers le h au t, le tem ple
d’Ammon.
La corne de bélier, qu’im ite à s’y m éprendre la form a­
tion du cerveau ? Que vient-elle faire là ? Nous allons tro u ­
ver une autre coïncidence étonnante plus loin.
La corne d’Ammon, bas-fond de l’anneau cérébral du
cerveau-nez est aussi en rapport avec l’épilepsie. Le cer­
veau-nez en rapport avec tout ce qui est m ouvem ent invo­
lontaire et libération de l’activité désordonnée du faisceau
pyram idal ? Voilà ce qui explique peut-être les crises d’épi-
lepsie (rares) dues à de grands excès de yoga respiratoire
m al conduit. Les Brahm anes-yogis sont capables de provo­
quer p ar le respir et les postures des trem blem ents, des
vibrations, de les entretenir, de les calm er. Ne cherchons
pas ces pouvoirs hors série. Craignons de déclencher ce
que nous ne pourrions probablem ent pas arrêter. E ntre
ta n t de chapitres décevants de la neurologie, celui des
trem blem ents (Parkinson, sclérose en plaques) est un des
plus désespérants.
En tout cas, pour la prem ière fois probablem ent dans
la médecine officielle, nous avons une base d ’explication
sur le fait que le yogi respirateur est un hom me m aître de
son mode ém otif et de ses m ouvem ents volontaires et su r­
tout involontaires.
Mais une discussion s’ouvre. Le centre num éro 1 de
l’ém otion c’est le plexus solaire, c’est le chakra central,
c’est M anipura. Quel lien y a-t-il entre lui et la corne
d ’Ammon ? Les savants n ’en parlent pas. Le savent-ils ?
Où est le vrai centre, celui qui com m ande à l’autre ? Est-ce
le cerveau qui comm ande à M anipura, est-ce M anipura qui
com m ande la corne d’Ammon ? Peut-être le savez-vous ?
Moi je l’ignore.
Quelques lignes de l’article du Professeur J. de A juria-
g u erra ont pour nous une résonance particulière. Toute
l’éducation gym nastique, toute l’éducation corrective, yogi-
que, posturale respiratoire est liée au tem ps, à la soudure
entre deux expériences de gestes, de plusieurs am éliora­
tions de gestes et d’attitudes. Or, il dit que le dessous du
cerveau comme nous l’appelons en abrégé, gouverne la
liaison entre les expériences actuelles et les expériences
passées ( l ) ^ E t il est exact qu’il est impossible d’apprendre

(1) N o tio n d u e à K le ist.


LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 109
les am éliorations du schém a postural aux nez bouchés, aux
ignorants de la fonction naso-gym nastique, naso-posturale,
naso-pulm onaire. Il y a donc une liaison m ém oire-fonction
nasale. Il y a une liaison entre l’utilisation et l’écoulement
du tem ps et le nez. On est donc autorisé à écrire l’équa­
tion
Ecoulem ent du tem ps = écoulem ent de l’air dans le nez.
« O tem ps suspends ton vol » écrivait L am artine.
« P our cela suspends ton respir » répondaient les Brah-
m ânes
J ’espère que je ne vous en ai pas tro p dit. Gardez-vous
d ’appliquer intégralem ent cette méthode.
Si nous étions encore à l’époque pharaonique (peut
être cette époque est-elle éternelle et le m om ent où toutes
ces lois fondam entales fu ren t gravées dans la pierre est-il
un zéro élargi des coordonnées du tem ps, avant le savoir
m oderne et après la rédaction des lois éternelles), si nous
étions encore à l’époque de Soser, disons-nous, nous pour­
rions écrire comme conclusion du chapitre précédent,
l’équation suivante, si simple, et si riche de com m entaires
et d’applications

Je laisse aux décrypteurs le soin de la développer. On


peut écrire un gros livre là-dessus. Ils y trouveront la ver-
tébrothérapie, la radiesthésie, la m écanique céleste, l’ostéo-
logie, l’orthopédie vertébrale, l’horlogerie, les coordonnées
polaires, l’acoustique. Mais si nos modestes cervelles peu­
vent ainsi résum er ce chapitre, c’est que cette équation doit
se trouver depuis longtemps sur les m urs de Louqsor ou
d’Edfou. Nous pensons avoir retrouvé, nous ne pensons
pas avoir inventé.
110 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Le brossage du clavier des organes


par le respir nasal.

L’intérieur du nez présente un imm ense intérêt du


point de vue organique. Faire com prendre à une popula­
tion entière l’intérêt de la bonne respiration nasale ensei­
gnée dès l’école prim aire est une œ uvre qui doit toujours
être reprise.
Le bienfaisant D octeur Tissié, connu seulem ent dans
le m onde de la gym nastique suédoise et non dans le monde
m édical, y travailla entre 1890 et 1930. D’autres hygiénis­
tes le suivirent. Tout est mode en F rance et, les divers
courants de 1850 à 1940 plus ou moins oubliés, la Correc-
tive elle-même passa au troisièm e plan, quand les esto­
m acs p u ren t être rem plis et que les os se redressèrent.
Après 1940, elle se plaça en effet au troisièm e rang après
le sport et l’éducation physique de m ouvem ent, et voici
que la mode du Yoga perm et m aintenant de s’occuper de
nouveau du nez et de ce qui se passe dedans.

La médecine officielle nous a appris que le nez est le


couloir où l'air se réchauffe avant d’entrer dans les bron­
ches et le poum on et où il commence à se dépoussiérer.
Elle n ’enseigne guère autre chose comme connaissances
populaires indispensables du point de vue sanitaire.
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 111
Bien entendu, dans les services d ’O.R.L., les hôpitaux,
les spécialistes connaissent p arfaitem ent les notions et les
faits dont nous allons parler, et même ils sont nom breux
à se servir du clavier nasal réflexothérapique com m andant
plus ou m oins les organes, ou en to u t cas correspondant
aux organes, que nous allons décrire. Mais ce chapitre, en
ta n t que moyen d’action sur les viscères et les m aladies,
est tout de même extrêm em ent réduit dans l’arsenal thé­
rapeutique. Dans les facultés on n ’en parle guère. Le m on­
de officiel a même com battu fortem ent l’expansion de ce
moyen d’action pour le nier ou tout au m oins le lim iter
au m axim um . Il en a été de la réflexothérapie nasale com­
me de l’ostéopathie, de la vertébrothérapie, de l’acupunc­
tu re et de l’hom éopathie. Les livres des précurseurs de
cette thérapeutique ont disparu -— il est difficile de les
retrouver au jo u rd ’hui.
Nous conseillons donc la lecture d’un des seuls ouvra­
ges que l’on trouve encore à la disposition du public qui
cherche à s’in stru ire : « Le Traité pratique de R éflexothé­
rapie » par le Docteur Albert Leprince,. âgé de 90 ans et
retiré à Nice. Cet ouvrage édité chez Dangles, est toujours
en vente.
Cet ouvrage com prend tout l’historique de la Réflexo­
thérapie et ensuite la description des nom breuses réflexo-
thérapies. Car il y en a beaucoup. La réflexothérapie c’est
le moyen de tra ite r l’intérieur p ar l’extérieur. Il y a plu­
sieurs de ces moyens. On trouvera dans ce riche petit ou­
vrage la description de la Réflexothérapie endo-nasale, de
la V ertébrothérapie, de l’A cupuncture, de la Spondylothé-
rapie, qui est une percussion des vertèbres connue des
Anciens et qui fait partie du trésor irano-égyptien tra n s ­
mis et enseigné par H anish, m éthode que le Docteur
Abram s de San Francisco a fait pénétrer dans le monde
officiel vers 1900 et qui est com plètem ent oubliée depuis
(nous nous en servons parfois et nous en parlons plus
loin). Le nom le plus connu de la Réflexothérapie par l’in­
térieur du nez, dans l’époque actuelle, est celui du Docteur
Gillet de Monte-Carlo. Le nom français le plus ancien est
celui du Docteur Bonnier de Paris, dont nous p a rla it Thoo-
ris, qui publia ses principes en 1908. Mais, bien avant
Bonnier, dit Leprince, avant ses émules, ses élèves et ses
continuateurs, un Espagnol, le Docteur Sune y Medan, de
Barcelone, exposait en 1904 ses procédés dans sa thèse
inaugurale de Barcelone, line pléiade d’auteurs espagnols,
112 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

dont les nom s sont cités par Leprince (p. 62) s ’illustra
dans ces questions. On voudra bien se reporter au livre
de Leprince.
De nom breux O.R.L. ou spécialistes de l’A sthm e p ra ti­
quent ces touches en France.
A l’occasion de ces recherches, les Cartes des points
du nez influençant les organes fu ren t améliorées, préci­
sées, m ultipliées et publiées. On ne devrait plus ignorer
a u jo u rd ’hui qu’un clavier com m andant les organes, ou tout
au m oins correspondant aux organes, se trouve sur le che­
m in de l’air respiré dans le nez.
Les techniques d’excitation ou de cautérisation de ces
points ne nous occupent pas ici, m ais il est norm al que
nous disions com m ent ce clavier a été découvert, car il est
de prem ière im portance pour notre sujet.
Le vestibule-analyseur du rhinencéphale est en rap ­
p ort avec tous les organes. Pour em ployer une phrase plus
sim ple et plus grossière : nous avons tous les organes dans
le nez !
D’où l’im portance
de la gym nastique suédoise,
de l’éducation des narines,
du Yoga,
de la qualité d’a ir respiré,
des parfum s, des odeurs.
Les O rientaux ont parfaitem ent raison d’étudier et de
décrire de nom breux modes de respir nasal — fréquence,
force, rythm e, vitesse. T out cela a une base biologique.
Nous rem ercions donc notre éditeur, M. Dangles, qui a mis
à notre disposition ce dessin du Docteur Leprince repré­
sen tan t la correspondance de la m uqueuse nasale et du
bulbe, d ’après Bonnier.
Le bulbe est la source de tous les nerfs crâniens, de
la com m ande poum on, oœur, vom issem ent, glycosurie,
action su r tous les organes du tronc, etc...
Bonnier, le précurseur français de la Réflexothérapie
endo-nasale, a dédié son prem ier T raité de Réflexothérapie
au bulbe, « Bulbo Ignoto » a-t-il écrit en latin, c’est-à-dire
au bulbe m éconnu, dont le rôle est imm ense. La neurologie
classique savait bien ce rôle, m ais la liaison nez-bulbe en
tan t que m éthode d’action ne fait pas partie de la m éde­
cine officielle, c’est un à-côté !
Rappelons que ce bulbe fondam ental pour la vie —
P lan ch e VIII
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 113
tous les anim aux n ’ont pas un cerveau développé, m ais
tous ont un bulbe — est entouré par deux bagues osseuses :
l’atlas et l’axis, à sa partie inférieure. De là sans doute
l’im portance im m ense de ces deux vertèbres pour tout ce
qui est cérébral, m édullaire et nasal.
N’oublions pas que « c’est le cœ ur et les poum ons qui
b atten t la m esure de la vie de l’hom m e » comme l’a dit
Thooris, et que c’est le bulbe qui fait m archer le cœur
et les poum ons, c’est donc notre bulbe qui est le centre
de la vie autom atique cardio-pulm onaire.
Ce long préam bule était nécessaire pour expliquer
com m ent le dessin de Bonnier est passionnant et directe­
m ent en rapport avec notre sujet.
Pas de Yoga sans respir nasal, pas de respir nasal
sans friction du clavier organique par l’air attiré et cana­
lisé.
On com prend m aintenant d ’une p art pourquoi Moïse,
sous la dictée de ses m aîtres, les prêtres égyptiens, a écrit
dans la genèse « Elohim lui envoya le souffle dans les n a ri­
nes et Adam devint une âme vivante », et d’autre p art
pourquoi toute la science hindoue de progression spiri­
tuelle et de développement des chakras est basée sur le
respir nasal.
Nous pensons, sachant cela, et après 35 ans de Respir
nasal en gym nastique, en aviron et su rto u t en altitude, dans
le monde enchanté des forêts enneigées, que le respir
nasal est plus im portant que les acrobaties articulaires
des Hindous. Avec cette différence essentielle, que si nous
ne pouvons pas égaler les Hindous su r le plan de l’acro­
batie hyperlaxitaire, nous pouvons faire aussi bien q u ’eux
su r le plan du respir nasal.
S’il y a respir nasal, même sans aucun travail a rti­
culaire, l’hom me revit, évolue, s’améliore. S’il y a seule­
m ent techniques articulaires, il pourra y avoir am élioration
du corps et assouplissem ent des articulations, mais il n ’y
a u ra q u ’am élioration pulm onaire, sans évolution cérébrale
complète.
A p a rtir du respir nasal tout devient possible. L’adage
de la Renaissance qui se trouve en exergue au début du
Tome I est m aintenant mieux com pris p ar le lecteur. Dum
Spiro Spero : pourvu que je respire, j ’espère ; pendant que
je respire, j ’espère ; dans la m esure où je respire, j ’espère.
Il serait tem ps que tout cela, que connaissaient les
Anciens, soit enseigné dans nos écoles.
114 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Le nom bre des analphabètes, des m atérialistes bornés


aux chakras inférieurs, des anxieux et des tuberculeux
dim inuera.
On trouvera dans « G ym nastique corrective vertébrale »
la déform ation des têtes osseuses infantiles p ar l’o b tura­
tion nasale — chaque visage d’enfant porte la signature
osseuse de son genre d ’obturation nasale. Il y a une dou­
zaine de types principaux que l’on rencontre sans cesse —
m es images devraient être su r les m urs de toutes les
écoles. Il n ’en est rien, naturellem ent.
Le travaux de M. Macary, de P aris, professeur à l’Ecole
D entaire, font autorité sur la liaison du respir nasal avec
les arcades dentaires et leur am élioration chez l’enfant.
Sa répu tation est internationale. M. M acary a inventé une
m éthode de gym nastique de la tête osseuse de l’enfant.
Cette m éthode perm et de modifier la form e et les dim en­
sions d’un m axillaire, sans recourir à la chirurgie. T héra­
peutique précise, efficace, trop peu connue.

La diastolisation nasale et l’enseignement de Thooris.

Mon vieux m aître, le Docteur Thooris, que l’Hébertisme


combiné au Yoga m ena ju sq u ’à l’âge de 94 ans, enseignait
après Claude Sigaud qui avait été son m aître, que chaque
sens présente un vestibule, puis un analyseur de sensation
puis d ’autres organes, à m esure q u ’on va de l’extérieur au
centre nerveux, base de ce sens dans le cerveau. Pour
l’odorat le vestibule est le nez et la narine, l’analyseur est
la fosse nasale avec ses papilles et ses cils vibratiles (reliés
au R hinencéphale).
Thooris connaissait p a r la p ratique ou p ar la tra d i­
tion la somme de possibilités du rhinencéphale. Il avait
vécu en Asie et connaissait la science traditionnelle de
l’action des parfum s su r le psychism e et le cerveau. Il
considérait comme indispensable le respir nasal dans les
m ilieux autres que l’eau, m ais il disait que si l’on veut tire r
le p a rti m axim um de ce nez, il ne fau t pas se contenter du
respir nasal qui brosse le clavier du sym pathique, il fa u t
m asser ce tlavier sym pathique, il fa u t m asser l’intérieur
du nez, pour en rénover la circulation, pour en raviver
le contenu nerveux et sym pathique. Ses cours avaient lieu
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 115
à l’In stitu t Prophylactique en 1938, date à laquelle Claoué,
président de la Société de morphologie, me dirigea vers
lui pour q u ’il me prenne pour élève.
Dans un petit livre fort n u tritif et instructif, le Doc­
teu r Landry, Professeur à la Faculté de Médecine de Reims,
nous décrit et nous explique l’im portance de la circulation
des fosses nasales et com m ent elle est en rapport avec la
circulation de l’hypophyse, général en chef des glandes et
ordonnateur des centres sexuels, des glandes sexuelles, des
horm ones sexuelles et des chakras sexuels (1).
Nous n ’avons pas ici du tout l’idée de tra ite r p ar le
respir nasal mazdéen des m alades graves de la sphère
sexuelle, nous donnons cette liaison culturelle et biblio­
graphique à l’appui de notre docum entation et pour baser
su r des faits l’im portance du nez interne, analyseur du
Rhinencéphale.
— Masser la m uqueuse nasale ? Lui dem andai-je, m as­
ser l’intérieur du nez ? Comment ? C’est impossible, ou
alors il fau t fro tter l’intérieur avec des instrum ents en­
foncés p ar le nez. Mais cela relève de l’oto-rhino.
— Ignorant, me répondit Thooris, toujours im passible,
et qui avait l’air d ’un vieux Lam a (qu’il était en effet).
Allez à l’Odéon vous trouverez à l’entrée de la rue un
m agasin qui s’appelle « P ulvérisateur V aast » vous leur
donnerez ceci. Ensuite vous reviendrez ici. Je vous m asse­
rai le nez.
— Bien, M onsieur.
— L’ordonnance p ortait : deux canules à diastolisation
nasale, une petite poire. Je partis au pas gym nastique.
Peu après, j ’étais de reto u r à l’In stitu t Prophylactique.
Après m ’y être quelque peu perdu dans un dédale auprès
duquel le dédale d’Auxerre et celui de C hartres ne sont
rien, j ’arrivai chez Thooris. Des éducateurs physiques, des
gym nastes suédois, des m édecins l’entouraient. Ainsi, n a tu ­
rellem ent que des M orphologistes, Typologistes, Physio-
gnom onistes, Psychotechniciens, Caractérologues, Grapho­
logues, E ducateurs des norm aux et des délinquants, etc.
qui après des recherches infructueuses aboutissaient chez
lui, qui savait tout.
— Nous allons lui faire découvrir les agrém ents du
m assage du sym pathique nasal annonça Thooris de sa voix

(1) L e s d é fic ie n c e s s e x u e lle s m a s c u lin e s , la f r i g id ité f é m in in e , le u rs


tr a ite m e n ts p a r le s tr e s s n a s a l (M a lo in e 1 962).
116 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

claire de général, to u jo u rs aussi portante que dans sa jeu ­


nesse et qu’on entendait au loin, comme lancée p ar la
longue corne de m étal des Suisses.
Il me fit asseoir, lava les canules dans l’eau salée, m ’en
introduisit une dans une narine, y fixa la petite poire
grosse comme une balle de ping-pong et pressa dessus en
cadence. J ’avais senti le bout ferm é de la canule fran ch ir
les fosses nasales et sortir p ar les choanes dans la gorge,
sans aucune gêne.
— Etes-vous enrhum é ? me dem anda-t-il.
— Non Monsieur, répondis-je.
— C’est im portant, nous enseigna-t-il. S’il y a coryza
ne faites jam ais ceci. Que sentez-vous, me dem anda-t-il ?
— Je sens une pulsation régulière dans la tête osseuse
entière, répondis-je.
— Cela suffit, dit Thooris, il ne fau t pas m asser long­
tem ps. Traitez, vous-même, l’autre côté. J ’obéis et pour la
prem ière fois je p ratiq u ai sur mon nez la diastolisation
nasale.
Pourquoi l’appelle-t-on diastolisation et non systolisa-
tion dem andai-je à Thooris ?
— Parce que le tem ps actif n ’est pas celui que vous
croyez, me dit le m aître, vous écrasez d’une pulsation
rythm ée le sym pathique, les vaisseaux de la m uqueuse. En
vertu du principe de l’action et de la réaction, celle-ci
accom plit aussitôt après un travail actif inverse de votre
travail qui pour elle est passif.
Il est exact que peu de tem ps après on sent vivre son
nez, on a toute la tête allégée.
— Le Rhinencéphale est le lieu de réflexes cérébraux
très im portants pour l’homme, la femme et l’enfant. Com­
m ent voulez-vous que ces réflexes aient lieu quand on a
arraché la m uqueuse, raboté les cornets, le nez est m ort
avec ces opérations. Les cornets sont de prem ière im por­
tance pour la vie du systèm e respiratoire et,n erv eu x , il
faut les m asser pour les régénérer, non les arracher. Ainsi
parlait Thooris.
E t beaucoup d’oto rhino l’approuvaient. Cette méthode
est peu connue. Elle m érite d’être révélée et utilisée. Elle
fu t fondée par G authier en 1900 c’est aussi l’époque de
la découverte de la sym pathicothérapie endonasale par
Bonnier.
Je la fis appliquer aux nez bouchés dans des dispen­
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 117
saires de gym nastique médicale que je créai, avec succès
la p lu p art du tem ps.
Elle ne s’applique pas seulem ent aux nez bouchés, mais
aux oreilles déficientes, aux vues basses, aux m aux de tête,
aux am nésies, aux insom nies. J ’ai fait évoluer des enfants
retardés également avec cette m éthode, donnant ainsi une
confirm ation des dires des neurophysiologistes ultra-
m odernes sur l’em pire très vaste du rhinencéphale (Evolu­
tion partielle évidem m ent).
La Corne d’Ammon vibre-t-elle quand vibrent les fosses
nasales ? Je le pense.
Pourquoi pas ? Puisque T out vit, T out vibre !
Là encore le vieux et célèbre Lam a médecin complè­
tem ent inconnu des médecins français de province, et bien
connu dans tous les m ilieux m édicaux m ilitaires, para-
m édicaux, m orphologistes, caractérologues et pédagogues
physiques et m oraux de la région parisienne m ’avait appris
quelque chose de simple et d ’utile. Thooris est toujours
vénéré des gens qui l’ont connu. Il était en avance sur son
temps.

La clef du nez et,


peut-être la clef du rhinencéphale.

La médecine se charge de soigner les nez bouchés. Les


O.R.L. opèrent même les cloisons déviées. Ils opèrent l’exté­
rieur des fosses (1) et enlèvent les cornets en m auvais
état. Les gym nastes respirateurs, les yogis, Thooris, qui
étaient très forts sur toutes questions de nez, de respir et de
voix étaient opposés à cette opération. Il y a bien des choses
à faire avant cette opération m utilante, ce sont les méde­
cins O.R.L. qui le disent eux-mêmes. La climatologie a toutes
sortes de traitem ents non-m utilants pour les pauvres nez
malades. A Luchon, à C auterets et ailleurs on soigne habi­
lem ent les nez par les vapeurs soufrées, les douches in ter­
nes, etc.
Nous allons parler d ’un m écanism e qui est à peu près
inconnu des malades et des médecins et que nous avons vu
réussir souvent. Les Am éricains le préconisent depuis 1885.

<1 ) C 'e s t-à -d ire la p a r o i e x te rn e .


118 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Still en a m ontré l’efficacité et les brochures de propagande


des chiropractors centrées sur l’image de la colonne et de ce
q u ’elle comm ande ont mis où il fau t le dessin concernant
ce dont je parle.
La comm ande du nez est sous la tête, c’est le groupe
des vertèbres A tlas Axis.
Le nez droit, la narine droite, la fosse nasale droite
sont comm andés p ar la partie correspondante des plexus
sym pathiques en rapport avec C1C2 droit. De même, pour
le côté gauche.
J ’ai débouché bien des demi-nez bloqués et contractés
en dégageant sous la tête l’Axis, la plus facile des deux à
rem ettre en place.
Dans son article du livre consacré au Rhinencéphale
le Professeur Aubry énum ère toutes les causes d’o b tu ra­
tion nasale, d ’anosmie c’est-à-dire de perte de l’odorat.
Il cite bien entendu les traum atism es. Tous les tra u m a ­
tism es q u ’il énum ère ju stem ent sont des traum atism es très
graves que nous voyons parfois en vertébrothérapie. Au
contraire, nous rencontrons souvent le cas du choc de la
tête dans la glace de la voiture, du choc de la tête su r le
m acadam (passages cloutés), sur la glace (patinage), ou
le choc par la malle arrière, traum atism es qui, à to rt ne
passent pas pour graves, car, quelques jo u rs après, l’ac­
cidenté n ’y pense plus. Les obturations nez-fosse nasale
se rencontrent assez souvent ensuite. Céphalée, anosmie,
etc. Or le public ignore la liaison Nez-Atlas-Axis, les méde­
cins de même. Il faut répandre cette utile notion.
Les vertèbres de l’œil et de l’oreille sont les premières
sous la tête. Ce sont aussi les vertèbres des fosses nasales
et surtout des narines ou d’une narine.
H anish a publié des exercices et des dessins pour se
m obiliser soi-même Atlas et Axis, pour se vibrer soi-même
l’Axis. Nous ne les conseillons pas, car les gens les p rati­
quent sans massage préalable et avec rapidité, brutalité.
Mais elles existent et dans certains cas peuvent rendre de
grands services. Sachez en tout cas ceci :
N arines = Atlas + Axis. Nous l’apprenons en Europe.
L ’Asie l’a toujours su et les U.S.A. l’enseignent depuis
1885.
Nous pensons que les vertèbres qui libèrent le nez
peuvent ai\ssi avoir un rôle sur le Rhinencéphale, d’abord
en libérant la porte d’entrée du Rhinencéphale, le nez,
ensuite en libérant la circulation cérébrale, par l’Hexagone
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 119
de W illis et donc en libérant les artères allant à la grande
circonvolution lim bique et à la corne d'Am m on. T out se
dégrade et se libère à la fois pour le m onde cérébral p ar
la dégradation ou la libération de l’Atlas et de l’Axis.
La vertèbre ellipse et la vertèbre sphinx tiennent sous
leur dom ination tout ce qui est céphalique et bien d’autre
chose au-dessous et en bas. Le Yoga contribue à déboucher
le nez, comme d’ailleurs le respir nasal suédois de la cor-
rective, m ais avant de se lancer dans le Yoga, si le nez
est bouché je conseille le déblocage préalable.

Telle narine, tel poumon.


(Thèse de Chapard, élève de R edard)

En 1896 un m édecin français Chapard, élève du célèbre


m édecin-gym naste Redard chirurgien orthopédiste à Paris,
fit sa thèse su r le rôle des narines sur le poum on.
Voici le schém a de ces expériences.

On attache avec un fil de laiton une narine d’une série


de lapins nouveau-nés. On observe ensuite leur dévelop­
pem ent. On constate q u ’à chaque narine obturée corres­
120 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

pond par la suite un poum on atrophié et une colonne sco-


liotique.

NO = narine ouverte,
NF = narine fermée,
PN = poum on norm al,
PA = poum on atrophié,
CN = colonne norm ale,
CG = colonne gondolée.

R em arquables expériences qui devraient être enseignées


dans toutes les écoles et affichées dans toute l’Education
Nationale.

A ppliquant à l’hom m e ses idées et les vérifiant su r des


squelettes d’enfants m orts dans les hôpitaux. Chapard a
réuni une collection de squelettes p résentant en même
tem ps l’obturation des voies aériennes supérieures et la
déviation de la colonne vertébrale.
O n peut donc dire « Telle narine, tel poumon » et « Tel
nez, telle colonne ». Ce n ’est q u ’une vérification scientifique
m oderne, les Anciens l’enseignaient déjà.

Exercices simples d’ouverture


et de musculation des narines.

Souffle exhalé et inhalé, vue, ouie,


Infin itu d e et F initude,
Souffle transverse et superne, Parole, Conscience
Se m etten t en marche avec le corps.
Les V édas, L ivre sacré des A ryens .
Traduction Louis Renou.

Les exercices de narines sont peu nom breux et extrê­


m em ent simples.
Ils s ’adressent aux nez obturés, aux orifices narinaires
nettem ent insuffisants, aux m usculatures narinaires atro­
phiées. «
Il y a deux systèm es de m usculature de la narine. La
m usculature qui ferm e et celle qui ouvre.
LE NEZ ET LE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL 121
La plus im portante est celle qui ouvre au m om ent de
l’inspiration.

Voici com m ent la développer :


1. Appuyer légèrem ent avec les deux index su r les
narines. L utter avec la m usculature des narines pour ouvrir
l’orifice contre la force des doigts. Il fau t naturellem ent
appuyer très légèrem ent. En même tem ps on inspire dou­
cem ent et d ’une m anière continue.

2. Passer les petits doigts dans les narines pour les dila­
ter doucem ent en tira n t avec les doigts vers l’extérieur.
Inspirer en même tem ps.
CHAPITRE TROIS

Le Diaphragme dans le Yoga


et le respir rationnel

Le diaphragme et ses clés.

Le Diaphragm e est chez l’être vivant le grand ouvrier


de la respiration et par conséquent le grand ouvrier de la

L’aigle et le serpent,
l’esprit et la matière.
L E DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 123
vie. Il sépafe le h au t du bas ; il sépare le monde respi­
ratoire, en haut, du monde digestif, en bas. Il sépare le
m onde aérobie, en h au t, du monde anaérobie, en bas. Il
rem ue ces deux mondes. Limite et frontière comm une
m ouvante avec ces deux mondes, il les associe. En h a u t le
monde respiratoire, l’aigle. En bas le monde digestif, le
serpent. En h au t le segment qui s’épanouit et s’épanche,
en bas le segment p a r lequel tout s’élabore, se construit
et se conserve, comme l’a dit le D octeur R.P. Verdun. La
lim ite com m une perpétuellem ent m ouvante, c’est la cou­
pole diaphragm atique.
Le D iaphragm e ne s’arrête jam ais.
Il commence son m ouvem ent avec le prem ier cri du
nouveau-né, il s’arrête avec le dernier soupir du vieillard.
Il m arche jo u r et n uit sans se fatiguer.
Il ne fait pas que nous faire respirer, en rem plissant
et en vidant le poum on ; en bas il masse sans cesse les
organes. Nous reviendrons sur cette action en p arlan t des
idées de Thooris et de Tissié.
Il est sous notre com m andem ent, ou bien il m arche tout
seul.
C’est la seule fonction que nous puissions com m ander
si nous le voulions, de là, son im portance aux yeux de la
T radition et des O rientaux, il est norm al de prêter une
attention spéciale à un outil qui nous a été confié, à un
outil dont il nous a été perm is de nous servir.
Il sépare le monde supérieur, en h au t, du monde infé­
rieur en bas : il sépare les chakras du haut, des chakras
du bas.
La séparation du monde du haut, le train supérieur,
les chakras supérieurs, le segm ent qui s’épanouit et s’épan­
che et du monde du bas, le train inférieur, les chakras in ­
férieurs, le segment du nourrissem ent et de la conservation,
se fait, comme par hasard par un point d ’inflexion (D12L1).
Au-dessus les vertèbres sont en arrière, en bas les ver­
tèbres sont en avant.
Le gorille n ’a pas cette constitution merveilleuse, avec
le serpent vertébral qui va tan tô t en avant, tan tô t en
arrière de la verticale selon les segments et les fonctions.
Il est voûté de la nuque au bassin et construit sur
un au tre plan d’idées. Il a une autre architecture, d ’autres
buts, une autre mécanique. Nous en parlerons ailleurs.
Reprenez m aintenant le schéma de l’hom me bras levé
124 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

en H m ajuscule, le prem ier exercice du Yoga confucéen


du Tome I Pour comprendre le Yoga.

E n tre les deux U, l’U vers le h a u t et l’U vers le bas


(voir dessin) se trouve le diaphragm e qui m onte et des­
cend suivant le rythm e de la respiration, et qui peut obéir
absolum ent à notre volonté.
Dans les angoisses, les anxiétés, les dyspnées les m ala­
dies pulm onaires, les m aladies bronchiques, les m aladies
pleurales, les m aladies cardiaques, les m aladies vertébrales,
directem ent ou indirectem ent influencée, la grande cou­
pole diaphragm atique, nourrisseuse en oxygène (en h aut)
et m asseuse des organes abdom inaux (en bas) s’immobilise,
ou tout au m oins se paralyse et se freine.
On peut lui rendre im m édiatem ent sa liberté en lui
appliquant les trois points fondam entaux sanbuciens.
m asser m asser
allonger ou débloquer
débloquer allonger
Mais t6 u t cela ne sera pas enseigné avant cent ans dans
les Facultés de Médecine, engluées dans la chim ie arabe.
Il suffit de lire un traité de Physiologie de la R espiration,
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 125
ou de Pathologie de la R espiration, en vente dans les librai­
ries médicales avec le sacro-saint im p rim atu r des M anda­
rins pour en être convaincu. Si les Facultés de Médecine
veulent en rester à des considérations anatom iques m ortes,
à l’anatom ie sans vie des cadavres, où toute considération
m écanique, au sens de la m écanique rationnelle et de la
m écanique appliqée des Ingénieurs, est interdite, si ces
m essieurs n ’accordent leur « Nihil obstat » q u ’à des livres
de physiologie où toute considération vertébrothérapique
et de m écanique hum aine est absente, m ais où triom phent
d’effroyables pages de physique électrique et su rto u t de
chimie, pourquoi s’en alarm er ? Pourquoi s’en offusquer ?
(Aucun médecin ne lit ces livres inutilisables). Et surtout
pourquoi attendre un revirem ent de gens qui se gargarisent
de la fam euse form ule « Depuis que la chim ie a rem placé
la m écanique » ?
Dans 30 pays de l’O.N.U., on trouve des gens qui ap­
pliquent les principes sam buciens ou les principes suédois,
qui m assent, débloquent, allongent.
Dans 63 pays de l’O.N.U. et depuis 30 ans, bien avant
la parution de « Défendez vos vertèbres », on trouvait en
cherchant bien, l’O stéopathe Stillien, le C hiropracteur Pal-
m érien, le m asseur chinois ou suédois, ou plus sim plem ent
le Rebouteux, héritier du m anuélism e des Cavernes (que les
Facultés de Médecine ont eu mille ans pour utiliser et
étudier, rien qu’en Europe) qui en débloquant la colonne
et en craquant les Vertèbres respiratoires, chères à Tissié,
pouvait rem ettre le diaphragm e en m ouvem ent. Beaucoup
de m alades à force de chercher, (cherches, tu trouveras dit
le C hrist) arrivaient à trouver ces praticiens et étaient sou­
lagés. M alheureusem ent, le médecin était rarem ent averti
de ce qui s’était passé et quand on l’avertissait, il faisait
Ja sourde oreille ou p arlait d’autre chose.
Or, quelles sont les Vertèbres respiratoires ? Je réponds :
elles sont nom breuses.
Si l’on demande quelles sont les vertèbres de la circu­
lation, on doit répondre toutes. Et si l’on dem ande quelles
sont les vertèbres de l’élim ination (rénales ou intestinales)
on doit répondre : toutes.
Cette idée q u ’une région vertébrale ou un organe pos­
sède plusieurs fonctions était absolum ent étrangère à la
médecine classique d’autrefois. Depuis 100 et su rto u t 60
ans, cette idée, a conquis droit de cité. Les découvertes de
l’endocrinologie ont m ontré (pie certains organes avaient
126 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

deux fonctions, une visible et une cachée ; une externe et


une interne (on a u ra it même dû ajouter une troisièm e :
psychique). Conform ém ent au principe pharaonique : ce
qui est en h au t est comme ce qui est en bas. Ce qui est vu
est comme ce qui est caché. Et l’étude toujours plus appro­
fondie du Foie a prouvé q u ’il avait une m ultitude de fonc­
tions, les 10 ou 12 découvertes, et... celles à découvrir. Cela
assouplit les idées. Leriche enfin dans ses leçons du Collège
de France sur les os groupa ce qui avait été fait avant lui
(depuis Louis XVI) chez les médecins et chez les vétéri­
naires et prouva que les OS étaient le plus grand labora­
toire de l’hom m e, et non pas seulem ent des colonnes de
soutien. « T out est dans tout » enseignait-on chez Im hotep
et tout sert à bien des choses.
Mais la colonne vertébrale, on ne s’en occupait pas,
c’étaient les m éprisables « os du dos » dont un grand m an­
darin, a dit, il y a dix ans « les vertèbres n ’ont aucun
rapport avec les organes ». P hrase qu’il a répandue par
voie de livres et de revues (ces m essieurs ont la presse à
leur disposition) et phrase q u ’il doit m aintenant se m ordre
les doigts d ’avoir prononcée.
Les vertèbres n ’ont aucun rapport avec les organes ?
Une phrase comme cela, tom bant ex-cathedra des lèvres
d’un grand-pontife, classe son niveau de com préhension
des m écanism es de l’homme.
Alea Ja cta est ! Elle a été écrite, répétée, répandue.
T rop tard m aintenant pour la nier.
Le public m algré les savants barrages officiels com­
mence à savoir l’action que l’on peut avoir su r les organes,
il ne lit heureusem ent pas les revues médicales où l’on nie
cette action.
Comme je l’ai exposé dans « Défendez vos vertèbres » et
dans « Médecine vertébrale de toutes les m aladies chroni­
ques », un dispositif de barrage des nouveautés est en place
et fonctionne efficacement. Plantons, surveillants, senti­
nelles, articles de jo u rnaux, chausses trapes, •— piquets,
chevaux de frises, barrières, sont a u to u r de l’Ingeniering
vertébrothérapique comme au to u r d’Alésia !
Il s’agit de sauver les sacro-saints tru sts chim iques !
Q u’arriverait-il si l’im m ense masse de la population m on­
diale se m ettait à se soigner avec au tre chose que la chi­
mie et les( piqûres ? Une im m ense catastrophe financière.
II fau t l’em pêcher à tout prix. Nous au tres directeurs d ’éco­
les d’E tat de gym nastique médicale, m assage, orthopédie,
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 127
etc., en savons quelque chose. Le m assage vertébral n ’est
pas au program m e. Tu as bien lu, lecteur ! L’enseignem ent
de la m obilisation vertébrale par le tronc est interdit. La
m écanique vertébrale enseignée comme l’a rt de l’ingénieur,
p ar le dessin géom étral et des travaux pratiques, n ’est pas
au program m e, m ais m ieux encore on dissuade les direc­
teurs d’école de l’enseigner chez eux. Les deux présents
livres sont un tout petit chapitre de m on cours m onum en­
tal. L’enseignem ent du m assage vertébral n ’est pas p rati­
qué dans les écoles de K inésithérapie de province et sa
pratiq u e est interdite aux élèves ! Néanm oins vous voyez
écrit su r tous les m urs de F rance L iberté ! — Liberté ! —
Liberté ? De quoi ? E t su rto u t pourquoi ? E t pour qui ?
Revenons à nos m outons, ou plutôt à nos vertèbres.
Nous cherchons la clef du diaphragm e, les deux clefs
la grande clef, la petite clef.
La grande clef c’est la clef du m oL/em ent, c’est la clef
de libération spatiale. La petite clef c’est la clef de com­
m ande nerveuse. Ces clefs ne sont pas chim iques. Elles
sont ostéopathiques. C’est Ankh, la clef de vie des P rêtres
Egyptiens, ce sont des Vertèbres.
L ’une ouvre la porte, libère le m ouvem ent. L’au tre presse
su r le bouton du m oteur. La prem ière est la plus im por­
tante. Les Yogis la connaissent de tout tem ps c’est le groupe
vertébral sur lequel le D iaphragm e est attaché.
Dans les :
T raum atism es
Subluxations
I Pulm onaires

I
Pleurales
Bronchiques
Cardiaques
j V ertébrales Rhum atism ales
Angoisses — Anxiétés
ceci pour le m onde du haut.
E t pour le monde du bas dans les :
gastriques
I pyloriques
Affections > duodénales
I rénales
l intestinales
128 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

La zone du point d’inflexion, le centre du K de Tissié


est paralysé.
Là s’attache le Diaphragm e, là se collent à la colonne
les piliers m usculaires et fibreux du D iaphragm e, rendant
impossible la respiration, fonction chim ique, psychique,
cardiaque, etc., etc.
Théoriquem ent le D iaphragm e s’attache sur L2 et L3,
en réalité les vertèbres diaphragm atiques s’échelonnent sur

Les vertèbres
du Diaphragme.

10 centim ètres de long ; au point d’intlexion la vraie zone


de libération diaphragm atique c’est D12 L1 L2. C’est évi­
dent m athém atiquem ent. La courbe au point d’inflexion se
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 129
colle en hau t et en bas à la tangente, le point idéal est en
réalité un segment de droite ; ici pour l’hom m e il a 10 cm
de long et souvent davantage dans les colonnes délabrées
p ar les chutes ou le rhum atism e (courbures renversées).
Dès que ces vertèbres ont craqué, ou m êm e dès qu’une
de ces vertèbres a joué, tout change, l’étouffem ent dim i­
nue et psychiquem ent tout change aussi, car l’anxiété di­
m inue : le grand parapluie de Tissié a fait un pas vers la
liberté. Voilà ce qu’il fau d rait que le Public sache si les
Facultés de Médecine ne veulent pas le savoir ni l’enseigner.
La petite clef, c’est celle qui ouvre la porte vertébrale
au nerf com m andant la m arche du D iaphragm e. Ce nerf
bien connu en Médecine est le P hrénique qui sort de C4,
c’est-à-dire de la quatrièm e cervicale, au beau milieu du
cou (c’est la vertèbre dont Im hotep il y a 5000 ans étudiait
les traum atism es et les com pressions dans son tem ple
d’E dfou).
C4, la petite clef c’est l’accélérateur.
DXII, L1 L2 la grande clef, c’est le frein.
Il ne faut pas lancer la voiture si les freins sont ser­
rés ! Il faut d ’abord libérer le m ouvem ent possible, on peut
ensuite le com m ander. La médecine classique connaissait
déjà et enseignait une idée analogue avec les organes p ara­
lysés par des barrages. Si un m alade a des œdèm es disait-
on dans les hôpitaux, n ’excitez pas le cœ ur pour le renfor­
cer. Enlevez d’abord les barrages, c’est-à-dire les épan-
chem ents de la plèvre, du péritoine, des jam bes, le cœur
ainsi soulagé, vous pourrez alors solliciter sa reprise par
la digitale. Ici, c’est pareil. Le barrage c’est l’em prisonne­
m ent du Diaphragm e à son attache vertébrale. L’excitation
du D iaphragm e libéré à se rem ettre en m arche, c’est le
cou qui la donne.
Il y a d ’ailleurs d’autres barrages diaphragm atiques
biefi connus de la Médecine classique et dont nous parle­
rons plus loin.
Nous allons passer, m aintenant que nous avons expli­
qué ces notions, au fam eux K de Tissié, com plètem ent in­
connu dans les facultés de médecine et dont nous avons
appris l’existence dans le Gymnase de Jean Arlaud, où tra ­
vaillaient deux Professeurs de Gym nastique élèves du Ling
français. Son représentant à Toulouse, le Com m andant
Laulhé, docteur en Education Physique de l’Université de
Gand, m ort au jo u rd ’hui, nous en parlait aussi.
130 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Le K de Tissié.

Correspondance B rahm anique : les Chakras M anipura et


Svaddistana.
Correspondance Sym pathique : les plexus solaire et mésen-
térique.
Correspondance Vertébro-Respiratoire D 10 à L 2.
Correspondance Vertébro-organique D 6 à L 2.
En anatomie artistique : la taille.

Une région capitale du corps hum ain


Le K de Tissié
Le K et le Respir.
Le K et l’Asthme.
Le K et le Sym pathique.
Le K et l’Intestin.
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 131
La branche verticale du K, c’est la colonne dorso-lom-
baire.
Le point de rencontre du K, le point com m un aux
quatre branches.
Ce point rem arquable, comme on d irait en m athém a­
tiques ( je fus ingénieur avant d’être m édecin), tombe
sur la vertèbre. L1 ou entre L1 et L2. Là s’arrête la moelle
dans le tunnel vertical de la colonne. Là s’attache le dia­
phragm e.
Sur une colonne schém atique, droite, le K. de Tissié se
lit facilem ent (dessin A).
a) Branche verticale supérieure de la colonne dorsale
basse,
b) Branche verticale inférieure de la colonne lom baire
haute,
c) B ranche oblique haute, le diaphragme, c’est là que
s’attache le parapluie de Tissié, le plancher en coupole
qui m onte et descend, le m iroir courbe de l’alchim iste Van
Helmont, élève de Paracelse et ami de Leibnitz.
d) Branche oblique basse, le psoas, ce muscle occulte
q u ’on ne voit ni ne touche, et qui tire (heureusem ent) le
fém ur en h au t pour courir, danser et donner les coups
de pied, et qui tire (m alheureusem ent) les lom baires en
avant, déséquilibrant le bassin et provoquant les ensellures
douloureuses.

Le K. réel.
C’est celui du dessin B. Il a une partie curvilique.
La branche supérieure monte, courbe ouverte en avant,
la branche inférieure descend, ouverte en arrière. C’est la
rencontre de deux mondes.

Le K. de la N utrition du docteur Tissié.


C’est le dessin C.
De la partie supérieure du K. descendent les racines
vertébrales qui form ent le nerf splanchnique, le grand nerf,
non seulem ent de l’intestin m ais de la rate, du foie, des
reins, du pylore, de tout ce qui se trouve au-dessous du
parapluie diaphragm atique.
Ce nerf sort au niveau des piliers du diaphragm e, il
descend com m ander tous les organes autres que cœ ur et
132 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

poum on (Thèse du professeur Servelle). Il donne sa sensi­


bilité frénatrice à l’intestin pour la circulation de ce tube,
comme le disait déjà Bechterew de Moscou en 1910, dans
un livre où il annonçait prophétiquem ent les localisations
m édullaires des organes.

Le K. de la respiration de Tissié.
C’est au point quadruple que s’attachent les piliers du
parapluie, du parachute respiratoire ; ces piliers sont de
puissantes cordes attachées à ces vertèbres.
Ces vertèbres, à la lim ite des deux mondes, cardio-res­
piratoire et élimino-digestif, p ortent en elles des élém ents
nerveux très im portants, splanchnique, phrénique, etc...,
etc... des centres sym pathiques, les ganglions-plexus.
Faire jouer ostéopathiquem ent ce centre du K, c’est :
libérer le parapluie de Tissié,
libérer le phrénique,
libérer le nerf du rein et de l’intestin,
libérer le plexus solaire.
Action form idable qui transform e le respir de l’asth ­
m atique, du rénal, du cardiaque du psychique, de l’insom-
nique, de l’intestinal.
Le courant de vie se trouve rétabli de h au t en bas par
un courant de force vitale changeant le m étabolism e de
l’intestin, chose énorm e pour un être hum ain, l’hum eur
étan t fille de l’intestin, ont dit les Chinois il y a 4.000 ans.
De h a u t en bas par m assage du foie et du rein grâce à
l’action du parapluie diaphragm atique de Tissié.
Le courant vital se trouve rétabli vers le h au t par la
libération cœur-poum on, action psychique im m édiate, tout
dyspnéique étant un anxieux. N’oublions pas la maxime
italienne de la Renaissance : « Dum spiro, spero » (Pourvu
que je respire, j ’espère).
Voilà ce qu’est cette zone extraordinaire dont on ne
parle jam ais dans les facultés de Médecine et où l’on ignore
ses significations.
Com ment agir sur le K. de Tissié ?
Voici comm ent, par la m éthode sam bucienne des 9
tem ps.
Par massage profond en descendant les dorsales.
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 133
P ar allongem ent doux et tortillem ent dans m a table,
la Rhum atologique (à 40 usages).
Cet allongem ent doux, qui n ’a rien à voir avec la tra c ­
tion violente dans les tire-vaches de ces M essieurs de la
rhum atologie officielle, favorise le relâchem ent de DX et
LU et prépare le travail ostéopathique ultérieur.
P a r déblocage ostéopathique classique couché su r le
côté.
J ’aurais encore bien des choses passionnantes à dire
su r le centre de ce K., m ais on voudra bien se reporter à
m on livre « Médecine vertébrale de toutes les m aladies
chroniques » où l’on v erra l’im portance des centres qui se
trouvent en superficie et en profondeur au niveau du
fam eux K. Centres de vie, centres de réception des émotions,
centres de prém onition, centres de digestion, etc..., etc...
C’est pour protéger l’avant du K. que les êtres déchus
s’enroulent en position foetale au to u r du plexus solaire
afin d’entourer ces chakras d’im portance capitale.
Il n ’y a pas seulem ent des êtres, m ais des races entières
enroulées en avant au to u r du plexus solaire ; on se doute
que le caractère m anque de gaieté quand l’architecture en­
tière est dans cette position de défense et de déclin.
C’est pour cela que le grand Tissié com plètem ent in­
connu des facultés de Médecine (sauf de celle de Bordeaux
à laquelle il a donné 20 ans de sa vie) a dit : « La joie est
en extension, la tristesse en cyphose. »
Nous allons trouver dans les exercices accroupis sué­
dois correctifs classiques de l’Education Scolaire des exer­
cices qui m ettent en tension le K de Tissié et qui apaisent
le plexus en avant à la h a u te u r correspondante. Voir pa­
ge 262.
134 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Le parapluie de Tissié.
Messieurs, disait Tissié à ses élèves (des médecins, des
chirurgiens, des professeurs de gym nastique suédoise) :
« le diaphragm e c’est un parapluie.
— Il a la form e d’une coupole ;
— II se déplie en s’écartan t ;
— Il s’appuie sur une périphérie souple ;
— Il a un pourtour dentelé ;
— Il est m ince et im perm éable ;
— Il a son m oteur en son centre ;
— Il s’abaisse en son centre pour se m ettre en tension ;
— Quand il se replie sa péri­
phérie descend et son centre re­
monte. — II obéit à notre vo­
lonté !
— Tout perm et de la com pa­
rer à un parapluie. »
Cette rem arquable com parai­
son gym nastique et m écanique
m anque dans les livres de Phy­
siologie.
O r le Diaphragm e, comme le
nez, est la base du Respir, de
la Science respiratoire.
Comme il n’existe en librairie,
à notre connaissance aucun li­
vre qui s’appelle « le D iaphrag­
me », nous avons décidé de m et­
tre dans le présent ouvrage les
chapitres que nous enseignons
dans notre école depuis vingt
ans et qui sont des m orceaux de
la grande tradition Gymno-Yogi-
que.

«
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 135

La charnière de Tissié.

La respiration costale est un acte articulaire, beaucoup


plus que musculaire.
Dr T issié .

Correspondance chinoise le M éridien de la Vessie por­


tant les points d’assentim ent de tous les organes.
Il n ’est pas dans notre intention de nous lancer dans
une savante description anatom ique ou orthopédique de
la question. Nous lasserions nos lecteurs, encore que cette
question sur l’organism e vivant, si elle est présentée de
m anière vivante, puisse devenir pittoresque et attachante.
Nous donnerons seulem ent deux dessins et quelques gran­
des idées simples. Cela rendra beaucoup plus de services.
Car le nom bre de gens qui étouffent par m om ent et qui
respirent habituellem ent avec difficulté est grand. Les
causes, nous n ’en parlerons pas ici. Une longue liste de
m aladies po u rrait être établie. Ce serait faire de la méde­
cine. Nous ne parlons que de m écanique hum aine.
La m écanique hum aine est entravée et supprim ée en
certains endroits par les m aladies. Nous n ’en citerons
qu’une : le rhum atism e, qui a tte in t toute l’hum anité à tous
les âges. Le rhum atism e costo-vertébral est en effet l’abou­
tissem ent habituel des nom breuses m aladies de la longue
liste que nous ne citons pas.
Le rhum atism e suffit à em pêcher les gens de respirer,
sans aller chercher les 20 m aladies graves qui arrêtent
le respir. On respire avec ses côtes et pas seulem ent avec
le diaphragm e.
Or, les côtes s’attachent à la colonne par des articu la­
tions, et le rhum atism e bloque ou supprim e les articula­
tions. Tissié a dit : « la respiration costale est un acte arti­
culaire plus qu’un acte m usculaire ».
Sans vouloir nier ce que tout le monde sait, que les
muscles lèvent et ouvrent les côtes, il affirm e l’im portance
des articulations.
Le rh u m atisan t dont les muscles sont infiltrés, durcis
et douloureux, mais intacts et très forts, étouffe parce que
les articulations sont bloquées.
Ces articulations sont à droite et à gauche de la colonne,
12 de chaque côté. Les côtes sont fixées aux vertèbres. C’est
la charnière de Tissié, analogue à la charnière d’une porte.
136 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Diverses techniques m obilisent en groupes ces deux ch ar­


nières. Nous ne les étudierons pas ici.
Il existe un dispositif qui lève à la fois les bras et les
côtes et redresse le dos, c’est le principe appelé « Echelle

de Lerousseau » exposé dans le livre Nouveau Traitem ent


du R hum atism e. Le Yoga mobilise ces charnières. Le m ou­
vem ent par m oulinets respirés persans est très actif pour
rem uer powmon par poum on, les hém ithorax.
P our les charnières de Tissié com plètem ent figées dans
les rhum atism es aigus, chroniques, etc., il faut faire jouer
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 137
les têtes costales ostéopathiquem ent, c’est-à-dire p ar une
m anœ uvre à la m ain, après le massage du dos. L ’im pres­
sion de soulagem ent est im m édiate, le cham p pulm onaire,
et donc l’hém atose, change im m édiatem ent. Les postures
de H anish m ains liées ou appuyées agissent aussi sur la
charnière de Tissié, ainsi que tout le travail à l’espalier.
Suspendu par une m ain ou en prise décalée. Bien entendu,

quelques m inutes de déblocage ostéopathique sont plus


efficaces que des mois de suspension à l’échelle ou des
m oulinets respirés persans, si le rhum atism e a coagulé et
fixé solidem ent les 24 élém ents des charnières de Tissié.
Une libération des vertèbres du diaphragm e est efficace
m ais incom plète si on ne libère pas les charnières ; on
libère le parapluie de Tissié, m ais les côtes ne s’ouvrent
pas.
Une libération des charnières soulage im m édiatem ent
cœ ur et poum ons et élargit la cage thoracique, m ais n ’aug­
138 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

m ente pas la m ontée et la descente du P arapluie de Tissié.


II fau t faire les deux.
Le Yoga donne alors un résultat cardio-pulm onaire
im m édiat. On ram ène en quelques m inutes le yogi ou can­
didat yogi à 10 ou 20 ans en arrière, à l’époque où il ne
s’était pas encore lancé dans le Yoga, m ais où il respirait
facilem ent avec des articulations libres.
C’est une hérésie de forcer sur les muscles respiratoi­
res, si les articulations ne sont pas libres. C’est pousser
une porte de force, alors que les charnières sont rouillées.
La porte ne s’ouvrira pas.
La phrase de Tissié fut écrite en 1900 à une époque
où on avait dém arré avec les nouveaux moyens de recher­
ches électriques, chim iques et m icroscopiques, de belles
études physiologiques sur les nom breux muscles respira­
toires, le diaphragm e com pris, m ais où l’on ne s’occupait
que rarem ent du dos et de la colonne.
C’est ce qui fait que si peu de gens, médecins ou m a­
lades, savent l’im portance du K de Tissié et de la char­
nière de Tissié, au contraire, l’école vertébrothérapique
ancienne, les Persans anciens, les Chinois, les Hindous
pensaient à la colonne. Et l’école ostéopathique am éricaine
avait basé son travail de libération respiratoire non sur
les muscles qui ne peuvent mieux faire, m ais sur les a rti­
culations. Et c’est avec des buts pulm onaires et psychi­
ques que le suédois Ling a centré toute sa m éthode en 1810
sur la colonne vertébrale.
Tout ce qui se trouve dans ce chapitre est connu depuis
toujours des gym nastes suédistes.
A sthm atiques, em physém ateux, cardiaques, pulm onai­
res, broncho-pulm onaires, pleuraux de toutes sortes, et
vous aussi traum atisés vertébraux et rhum atisants verté­
braux et costo-vertébraux, cessez de tirer désespérém ent
sur vos muscles respiratoires im puissants. Vous n ’arrive­
rez q u ’à vous étouffer un peu plus et à rem onter vos épau­
les sous les oreilles et à voûter votre haut du dos dans
une position bien connue. Cessez cela !
Votre problème est articulaire. Solutionnez ce problè­
me de verrous articulaires : ces verrous poussés, les portes
du Respir s’ouvriront à deux b attants ! vous pourrez vous
livrer aux délices du Yoga.
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 139

Les blocages du mouvement diaphragmatique


dans les maladies.

Exposons de façon simple et com préhensible les blo­


cages abdom inaux du D iaphragm e. Il s’agit de l’im possi­
bilité ou de la difficulté pour le D iaphragm e à descendre
librem ent en refoulant la m asse abdom inale et en s’ap­
puyant sur elle. D’une p a rt des m alades atteints de l’une
ou de l’autre des affections que nous allons décrire peuvent
être amenés à faire de la Gym nastique Corrective Suédoise
ou du Yoga (dont les buts et souvent les techniques sont
les m êm es), pour essayer d’am éliorer la liberté diaphrag­
m atique. D’autre p a rt des gym nastes, des yogis p ratiq u an t
le respir profond constatent assez souvent une gêne à la
descente du Parapluie de Tissié, ils en cherchent la cause,
il fau t les renseigner. Ces causes sont connues, ces notions,
au contraire des notions m écaniques et ostéopathiques
niées ou ignorées des Facultés et des Hôpitaux, sont
connues et enseignées en Médecine, m ais mal groupées, ou
pas groupées du tout. A propos d’une m aladie d’organe on
parle souvent de dyspnée, de gêne respiratoire, de difficulté
à « respirer ju sq u ’au fond », m ais on trouve rarem ent ces
notions groupées. Les médecins les connaissent bien. Mais
il est bon, nous semble-t-il de les grouper en tableaux, de
les rapprocher à propos du Yoga.
N’oublions pas que Tissié a dit « le P arapluie descend
en s’appuyant su r son centre » et Thooris « Un diaphragm e
qui ne peut s’appuyer solidem ent en son centre sur une
masse abdom inale ferm e et contenue par de bonnes parois
abdom inales, fonctionne de façon inefficace ».
Nous avons donc deux cas principaux (parfois liés et
confondus chez le m alade). L’appui est trop ferme le dia­
phragm e ne peut descendre. Il y a lim itation. L’appui est
douloureux l’acte m écanique est freiné, inhibé, arrêté par
la douleur. Nous allons décrire toute une série de gênes
dans ces deux phénom ènes. On les rencontre plus souvent
q u ’on ne croit chez l’adulte. Non m alade ou demi-malade.
Nous n ’avons pas l’intention d’étudier toutes les rai­
sons médicales et surtout chirurgicales qui em pêchent la
libre respiration abdominale. Regarder un ventre respirer
et dire s’il respire ou non est une des prem ières leçons des
chirurgiens dans les hôpitaux. Les chirurgiens sont des
gens qui dans des leçons courtes, mais qu’on n ’oublie pas,
140 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

disent peu de choses, rem arquables p ar leur im portance.


Mondor dans ses livres, fu t un modèle du genre. Nous écri­
vons un livre sur le respir en général et sur le respir du
Yoga ou de la gym nastique corrective en particulier, aussi
nous ne nous étendrons pas sur la partie chirurgicale. Il
est évident qu’en présence d’un ventre qui ne respire abso­
lum ent pas et qui souffre, il faut cesser de penser au Yoga
et appeler le médecin.
Faisons une coupe du patient par un plan frontal pas­
sant p ar les épaules et les hanches, représentons le patient
p ar une ellipse, un ovale, pôle respiratoire en h au t, pôle
digestif en bas, séparés p a r la Coupole, par le P arapluie de
Tissié.
Im aginons que l’ovoïde est fixe latéralem ent (parois
abdom inale et dorsale) en h au t (cage thoracique) en bas
(diaphragm e p én n éal). Tenons-nous en à des schém as sim ­
ples de grandes idées.

1) Foie.
Quelle que soit la m aladie du foie, il peut y avoir gêne
à la liberté diaphragm atique et quelle que soit la posture
employée le respir profond ne se fera pas.
— gros foie des coloniaux,
— gros foies des alcooliques, des gros m angeurs, des
obèses, crise de foie des bilieux et su rto u t des ner­
veuses et des bilieuses,
— infections des voies biliaires,
— vésicules gonflées, bloquées, enflamm ées.
Les m aladies du foie sont très nom breuses, très fré­
quentes, celles de la vésicule aussi ; un gros foie n ’est pas
forcém ent indispensable à la gêne de la descente du Dia­
phragm e dans le respir profond, un foie de volume norm al
m ais sensible, sensibilisé par la m aladie, fragile en un
m ot est souvent un obstacle.
Nous ne nous étendrons pas là-dessus davantage, c’est
de la médecine.
Disons seulem ent qu’un signe com m un à tous ces foies
sur lesquels le D iaphragm e ne peut s’appuyer, ne peut
prendre appui fortem ent et librem ent, c’est qu’ils ne sup­
portent pas non plus la position à plat ventre où tout le
poids du tronc pèse dessus.
Pour ces gens-là, pas de yoga à plat ventre, pas de
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 141
gym nastique corrective à plat ventre. Si on les m aintient
à plat ventre, ils se congestionnent, s’étouffent.
T raitem ent :
1. Les vertèbres du foie.
2. Les vertèbres du diaphragm e.
3. Les m édicam ents de la médecine classique.
4. La gym nastique abdom inale du foie quand on peut
arriver à la pratiquer.
5. Le régime donné p a r le médecin.

Dans cette catégorie des foies non lésés m ais qui sont
sensibles toute la vie et ont besoin d ’égards, les héréditaires
du Foie, c’est-à-dire les races de l’hum idité chaude, les Sé­
m ite, les O rientaux. Parfois des Aryens et des Occiden­
taux à la colonne droite m ais fils d’hépatiques, et finale­
m ent aussi sensibles et délicats du foie que les races
sém itiques m ais en général moins découragés et moins dé­
pressifs, m oins pessim istes et fatalistes q u ’eux.
Le Prophète, je veux dire M ahomet, qui était un Sé­
mite a fait à toute sa race un cadeau royal : une techni­
que corporelle sous couleur de religion qui m asse le foie
de ses fidèles plusieurs fois dans les 24 heures, par appli­
cation géniale du Yoga Irano-Egyptien longuem ent décrit
142 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

plus loin. Tout se tient. Au lieu de nous m oquer des A ra­


bes qui font la prière, essayons de com prendre les trésors
cachés de ce geste traditionnel. Les Dom inicains et Domi­
nicaines, le font et le refont longuem ent devant l’autel,
tous les jours, c’est leur Yoga, fidèlement hérité des P rê­
tres Egyptiens p ar l’interm édiaire des couvents grecs.
Le Salut au Soleil des Yogis est exactem ent le même
que les Salutations devant le Tabernacle des Dominicains.

2) Estomac.
Les estom acs gonflés d’air, la « poche d ’Air » bien
connue des Radiologues, des Médecins et... des m alades
eux-mêmes est un obstacle à la libre descente. Ces m alades
présentent :

— de faux signes cardiaques ;


— de l’anxiété — de l’angoisse ;
— des troubles nerveux variés, des syncopes, des ver­
tiges ;
des blocages de la respiration.
Ce sont encore des patients à qui le travail à plat ven­
tre ne conyient pas toujours.
Les femmes gonflées d’air, à diaphragm e bloqué, abon­
dent dans la population dans tous les milieux et toutes
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 143
les professions et su rto u t les professions où la femme est
sédentaire, assise après les repas et ne m arche pas.
T raitem ent :
— vertèbres de l’estom ac (elles viennent de haut !) ;
— vertèbres du diaphragm e ;
— régime ;
— m édicam ents classiques des diverses médecines.
L ’application à ces m illions de m alades des libérations
vertébrales du Diaphragm e et de l’Estom ac est encore in ­
connue des médecins —- nous réussissons souvent p a r cette
voie — pas toujours. Cette affection est bien connue des
médecins et ceux-ci ont bien raison de dire que c’est une
affection plus complexe que sa sim plicité apparente. En
tout cas, la libération vertébrale est leur remède fonda­
m ental et le plus probable. Les cardiologues m odernes
accordent une très grande im portance à ces troubles de
l’air gastrique et de la gêne diaphragm atique dans les
troubles du cœ ur (qui n ’a rien à l’E.G.). P our ces m alades,
et pour ceux de la catégorie suivante, ne pas se laisser
aller à une solution de facilité en pensant établir une
com pensation respiratoire, une sorte de skodisme m oderne,
en augm entant le travail gym nastique et yogique du train
supérieur. Ne dites pas « Il ne peut, ou elle ne peut res­
p ire r par en bas, on va augm enter la respiration du hau t
par les techniques du haut, et faire du travail bras, cage
thoracique, cou et somm ets du poum on ». R ésultat m au­
vais : on ne rem place par rien la liberté diaphragm atique.
Il faut comm encer par rétablir celle-ci.

3) Intestin.
Masse intestinale énorme. Intestin douloureux, coliti-
que. Epiploons m onstrueux, obèses. Pléthoriques, œ uf co­
lonial. Mégacolons. Intestins gonflés d’air, constipés chro­
niques, etc.
Toute la clientèle des établissem ents d’am aigrissem ent
et de Chatelguyon est énum érée ici. Sur l’intestin doulou­
reux des grands m alades, le diaphragm e n ’appuie pas sans
gêne su rto u t quand il s’agit d’obèses. L ’œ uf colonial est
trop connu pour qu’il soit besoin de le décrire. Le m ilitaire
est obligé de rem onter son ceinturon, il ne tolère pas de
pression, car il y a à la fois dans l’intérieur foie délabré,
cellulite inflam m atoire autour de tous les organes, notam ­
144 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

m ent de la vésicule, intestin délabré augm entation des


graisses inutiles, etc., etc.
Ces m alades, dont nous n ’avons même pas l’intention
d ’écrire la nom enclature, sont pour la médecine classique
qui tra ite ra les m aladies aiguës ou chroniques et non pour
des gym nastiques brutales. Ne pouvant respirer librem ent,
ils doivent être traités p ar le médecin avant de se lancer
dans le Yoga, ou Culture Physique.
Toutefois, ils doivent savoir que la vertébrothérapie
associée au Yoga doux (Postures assises ou accroupies)
peut les libérer en rétablissant une base de physiologie nor­
male.

— vertèbres de l’Intestin
— vertèbres du diaphragm e.
Dans certains cas (ce que la médecine ignore et ce
q u ’on ne nous a jam ais appris en F aculté), la libération
des vertèbres intestinales, libère le sym pathique qui fait
m archer l’intestin et tous les organes au-dessous du dia­
phragm e. En quelques heures le tube dans lequel passe
une vie nquvelle peut se m ettre à m archer différem m ent.
Cela vaut la peine d’être su et dit.
On peut alors faire du yoga de respir profond sur un
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 145
ventre dont évidem m ent le poids et le contenu n ’a pas
changé, mais dont l’a ir s’évacue et dont le m écanism e vital
a changé. Le serpent n ’obéit pas à notre volonté comme
le poum on, m ais il obéit au sym pathique vertébral. Si on
le libère.

Pour ces deux dernières catégories les postures, tête


en bas sont bonnes pour l’évacuation de l’air en trop dans
le serpent digestif. Nous verrons plus loin les nom breuses
réserves à faire du point de vue osseux et circulatoire,
mais il est évident que l’air, comme dans une bouteille,
s’en va par en haut.
La tête mise en bas, le hau t c’est le rectum et l’anus.
146 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

4) Les Reins, (fig. page 145).


Les Reins sont ju stem en t attachés au-dessous du Dia­
phragm e, ils chevauchent la dernière côte, ils sont moitié
thoraciques, moitié lom baires. Des auteurs ont justem ent
fait des recherches su r le m assage du rein par le parapluie
de Tissié et l’action m assante de la pression régulière du
diaphragm e. Elle est certaine. Le respir profond aide le
rein et incite le m alade à urin er (Travaux de Lefébure).
La position idéale est le yoga su r le dos, car cette a tti­
tude, région lom baire soutenue p ar un coussin mince, est
idéale pour le Rein. Le respir profond des divers chapitres
de la gym nastique et du yoga donne alors tous ses effets.

T raitem ent :
— les vertèbres du rein (elles sont m ultiples), ;
— les vertèbres du diaphragm e ;
— la m édication classique ;
— le yoga.
Adhérences pulm onaires (fig. ci-dessus).
La lectpre du Traité de mécanique pulm onaire de Pa-
rodi est passionnante pour l’ingénieur — au lieu de voir
des microbes ou des form ules de produits chim iques on
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 147
se croit revenu au Cours de m écanique rationnelle de notre
jeunesse : on voit des Forces, des Vecteurs, c’est-à-dire la
Vie en m ouvem ent visible pour l’observateur. La chimie
é ta n t la vie en m ouvem ent invisible pour l’observateur.
Le Poum on est une éponge élastique à l’état norm al.

Il ne l’est plus à l’état de m aladie. Dans ce cas le Dia­


phragm e ne descend plus librem ent car il tire sur un pou­
mon raidi, abîmé, sclérosé, qui a perdu son élasticité. Le
parapluie ne descend plus, les baleines ne jouent plus.
Une cause fréquente de blocage est le pincem ent du sinus
costo-diaphragm atique autour de la cage. On n ’y peut pas
g ran d ’ chose. C’est une affaire de déblocage thoracique
148 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

moyen. II fau t revenir à la suédoise qui est souvent inopé­


rante.

Hernies D iaphragm atiques. (fig. page 147).


C’est un trou dans le diaphragm e, une petite poche di­
gestive fait saillie.
Le diagnostic est difficile — les m alades sentent toutes
sortes de signes — certains ont de la gêne à respirer —
d’autres non. Tout dépend de la hernie et du m alade. Il
vient en général consulter pour brûlures, gêne, parfois
dyspnée. Parfois il n ’y a ni douleur, ni dyspnée et la h er­
nie a été trouvée p ar un radiologue patient. J ’ai guéri un
cas avec radios avant et après, ce qui enlève toute possi­
bilité de négation. J ’en ai soulagé plusieurs autres. Mon
traitem ent est vertébrothérapique et yogique. N’ayant pas
l’intention de faire de la reptation égyptienne (voir plus
loin) devant les revues pharm aceutiques et les m andarins
de la médecine, m a découverte n ’au ra pas les honneurs des
revues à Im prim atur. Ce qui m ’est totalem ent indifférent.
Mais par ce livre l’idée sera mise en circulation dans
les 30 pays de l’O.N.U. où on me lit, ce qui rendra peut-
être service à des m alades. Seuls la pratique et les faits
im portent.

Vom issem ents et hoquets.


Des m alades viennent dem ander au yoga la guérison
du vom issem ent ou du hoquet.
Les techniques d ’expiration prolongées soulagent du
hoquet et de la tachycardie — c’est bien connu.
Le traitem ent du vom issem ent est vertébrothérapique.
Nous savons en médecine qu’on vom it avec ses méninges,
son bulbe et son péritoine. Les uns et les autres sont en
relation avec les vertèbres.
Ce sont les vertèbres diaphragm atiques qui doivent
être libérées.
J ’ai souvent guéri des vom issem ents chroniques par
cette m éthode, inconnue je crois des Facultés de Médecine,
m ais connue des Anciens. Il s’agissait de femmes qui
avaient été traitées p ar des piqûres et des m édicam ents
en abondance sans le m oindre succès pendant des années.
Une seule séance a tout changé. E nsuite elles ont pu se
servir intégralem ent de leur diaphragm e, par la suite.
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 149
Term inons pour être logique et com plet p ar les grandes
obstructions physiologiques et pathologiques de la cavité
abdom inale, la grossesse d’une part, les ascites, fibromes
et tum eurs d’autre part, ceux-ci sont des m alades à diriger
sur le chirurgien. La femme enceinte peut faire du yoga,
postures dos, assise, accroupie, flanc.
C’est pour elle un rem arquable exercice que d’élim iner

Les deux coupoles


musculaires du tronc
diaphragme et périnée.

ses toxiques p ar voie aérienne. Toute la gym nastique cor-


rective accroupie peut être faite ainsi que les m oulinets
respirés assis ou debout. La natation est rem arquable.
La médecine n ’a pas voulu me suivre : j ’allonge les
colonnes vertébrales des femmes enceintes et je leur dé­
bloque les vertèbres lombaires depuis 20 ans. C’est par
m illiers dans les derniers mois qu’elles ont besoin de ce
traitem ent. Complètement inconnu m alheureusem ent des
intéressées. Elles finiront par le savoir.
La préparation par la gym nastique et la relaxation de
l’accouchem ent sans douleur com porte d’ailleurs le roulis-
roula exposé au volume précédent.
Quand une actrice, ou une souveraine enceinte, se sera
150 YOGA IRANIEN E T ÉG Y PTIEN

fait débloquer la 5e lom baire pour sciatique ou fatigue


lom baire, alors toutes les femmes enceintes le sauront et
se feront allonger et débloquer. Les Facultés et Hôpitaux,
où ju sq ue là la consigne est de ronfler, se m ettront b ru s­
quem ent à faire réciter tout cela !
Car les jo urnaux de femmes l’auront fait savoir. Ils
jouent un rôle fort utile. La femme aryenne joue un rôle
civilisateur.
C’est parce qu’on lui apprend à lire.
C’est Clothilde qui a civilisé Clovis.
Renseignez-vous, m esdam es. Et luttez contre l’obscu­
rantism e.
Ce que femme veut, Dieu le veut !
Nous n ’avons naturellem ent pas traité la question des
dyspnées et des blocages complets du diaphragm e. C’est de
la médecine pure.
La com m ande du diaphragm e est m édullaire, c’est la
zone de Legallois découverte en 1800, qui se trouve dans
la moelle cervicale qui assure la vie diaphragm atique. Le
nerf du diaphragm e est le Phrénique qui sort environ au
m ilieu du cou à C4. Dans les délabrem ents du cou, ce nerf
est quelquefois touché. On trouvera dans « Médecine Ver­
tébrale de toutes les m aladies chroniques » (3e éd.) un
petit chapitre avec dessin sur cou et diaphragm e.

Automassage du diaphragme.

L’autom assage du diaphragm e est une pratique à la


fois m assothérapique, yogique, mazdéenne et suédoise. On
ne peut évidem ment sentir et m asser le diaphragm e enfoui
sous le bord des côtes m ais on peut prom ener une pression
sur toute son insertion au pourtou r costal. C’est en effet là,
que s’attachent les pointes des baleines du parapluie de
Tissié.
On est mieux placé pour faire ce m assage soi-même
que le m asseur. En effet, la m ain hum aine pliée dans la
position de saisir se trouve ju ste à hau teu r pour attrap er
le rebord costal, le saisir et le suivre sur un long parcours,
du stern u m iau x flancs chez les gens m aigres la chose est
très facile ; chez les gros et les gras impossible. Chez les
athlètes musclés la tension des abdom inaux lutte contre
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 151
les doigts et les empêche d’enfoncer, m ais la chose est pos­
sible.
Ce travail fait quelques secondes ou m inutes tonifie
la respiration profonde, et élargit les régions antérieure et
latérale de la cage thoracique.
Il est bienfaisant, m ais, naturellem ent insuffisant à lui
seul.

La phrénoscopie du Docteur Maingot (18 8 3 -19 6 2 ).

Les anciens ont dit « Dum spiro spero » et les Hindous


ont basé la m aîtrise du m ental sur la m aîtrise du respir.
Certains ont écrit comme St-Yves d’Alveydre, le plus inté­
ressant, avec Sédir, des traditionnalistes m odernes, q u ’il
existe dans les Him alayas, dans des lieux où nul profane
ne peut pénétrer, donc nul dém olisseur, des universités
brahm aniques où se font des expériences de psychologie
et de psychophysique. Je suis persuadé, sans les avoir ja ­
mais vues, que si elles n ’existent plus, elles ont existé au
m om ent où le Yoga s’est divisé en trois branches pour
aller ensem encer les trois pays principaux décrits au volu­
me précédent. Si ces laboratoires existent ou ont existé,
c’est au m anche du trident q u ’ils se trouvent.
Car l’énorm e im portance du diaphragm e pour le m en­
tal, la comm ande du diaphragm e par le m ental et la com­
m ande du m ental par le diaphragm e sont des faits connus
de tout tem ps. Il est logique de penser que les expériences
m ettant ces liaisons et comm andes en évidence sont aussi
connues de tout temps.
La psychologie m oderne, je veux dire la psychologie
des cent dernières années, jeta un pont, d’abord modeste
pont provisoire, ensuite pont suspendu perfectionné, sur
la rive abrupte mais solide de la physique, d’où l’on pou­
vait com m uniquer avec sa cousine instable et m ultiform e,
la physiologie. On com para les pouls et les états d’âme, on
enregistra, on établit des lois. Il fut prouvé, on le savait
déjà avant le Déluge, que le cœ ur « ce qui bondit en nous
comme le cerf dans le hallier », pour parler comme Thoo­
ris, est le témoin fidèle des émotions, angoisses, anxiétés,
peurs, joies. Le laboratoire de Psycho-physiologie appelé
Laboratoire des Sensations fut surtout célèbre à p a rtir de
Charles Henry. Tout cela est devenu banal au jo u rd ’hui.
152 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

On suivait d’ailleurs le déroulem ent des phénom ènes émo­


tifs et nerveux au pouls du tem ps des Chinois. Q uand vin­
rent les cylindres enregistreurs avec Marey, on enregistra
aussi le respir ; c’est même à ce m om ent q u ’on découvrit
la liaison entre l’expiration et le ralentissem ent du cœur.
Le Yoga le savait depuis P a tan ja li ! Mais il nous m anquait
un grand signalisateur visible facilem ent et servant de
m anom ètre respiratoire aux états m entaux. Cet incom pa­
rable signalisateur, cet index énorm e fut découvert par
un médecin radiologue des H ôpitaux de P aris, le Docteur
Maingot, qui fut, avant de prendre sa retraite, m on radio­
logue et qui me révéla la phrénoscopie. A mon tour j ’en­
seignai ce principe rem arquable dans mon école d’E tat
d’orthopédie et de kinésithérapie. M aingot eut la bienveil­
lance de recevoir mes élèves par groupes et de leur dé­
m o n trer la Phrénoscopie.
Les spécialistes du Yoga connaissent l’existence de la
Phrénoscopie, qui ne m ’a jam ais été enseignée en Faculté
(l’y con n aît-o n ? Je l’ignore). On trouve en effet dans la
bibliographie du livre : « Etudes instrum entales des tech­
niques du Yoga. E xpérim entation psychosom atique » par
le D octeur Thérèse Brosse, introduction du Professeur
Jean Filliozat, édité chez Maisonneuve, 11, rue Saint-
Sulpice, cet alinéa :
M aingot (G.), La Phrénoscopie. Etude du caractère
d’après l’acte respiratoire. Bulletin de l’In stitu t général de
Psychologie, 1920, n " 4 et 6.
Ce renseignem ent est instructif. Depuis 1920, c’est-à-
dire depuis 44 ans, les professeurs d’éducation physique
de gym nastique corrective, de gym nastique suédoise, les
m asseurs m édicaux (qui m assent le plexus solaire des
anxieux depuis 4000 a n s), les psycho-techniciens, pédo-
tcchniciens, les éducateurs et hom iniculteurs de toutes sor­
tes auraien t applaudi à la découverte de Maingot. Bien peu
l’ont su. E t j ’en ai m oi-même eu la révélation seulem ent
en 1944, en ta n t que technique d’observation directe in te r­
ne du diaphragm e, avec un appareil de radio. M aingot m ’a
donné plusieurs fois la plaquette q u ’il avait éditée su r sa
phrénoscopie, mais évidem m ent un pareil trésor ne restait
pas longtem ps su r les tables de mon école ou de mes bi­
bliothèques. Les éducateurs s’en saisirent. Elle disparais­
sait rapidem ent. A ujourd’hui il y a un moyen de lire le
texte de Maingot : on le trouve en effet à la fin du gros
volume édité par les soins du docteur M artiny : Traité de
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 153
Médecine Bio-typologique, chez Doin. Sorte de traité bio­
typologique faisant le pendant du Traité de médecine m or­
phologique de Thooris. Ce texte com porte h u it pages. Les
idées principales sont les mêmes dans les deux textes. On
peut donc lire dans le livre de M artiny « La phrénoscopie
de Maingot » les quelques passages suivants que nous en
avons extrait :
« La Phrénoscopie, dit Maingot, est la contem plation
du diaphragme qui respire dans le thorax de l’hom m e vi­
vant. »
J ’envoyai souvent chez M aingot des m alades angoissés,
anxieux, insom niques, nerveux, irritables, instables, dé­
pressifs, des m alades chez lesquels j ’avais des raisons de
suspecter des blocages diaphragm atiques dus à des anom a­
lies des organes sous-jacents, longuem ent décrits plus haut.
L’analyse et le rapport de M aingot me confirm aient dans
mon hypothèse : il y avait gêne du diaphragm e ; à moi
d’en faire jouer les clefs vertébrales im hotepiennes. J ’agis­
sais. J ’avais presque toujours l’am élioration du respir.
L’am élioration m entale, la paix m ento-respiratoire suivait
toujours.
Les gestes sont l’expression du m ental. « Observez les
jam bes » me disait une rem arquable psycho-technicienne
dans les services d’enfants délinquants, « les m ouvem ents
involontaires des jam bes, ce sont les décharges du m en­
tal »-. Elle disait vrai. Or, que dit M aingot :
« Les gestes internes dévoilés p ar la phrénoscopie sont
analogues à ceux de la vie de relation. Ils sont donc comme
ceux-ci en m esure de servir à la connaissance du carac­
tère. Mais le geste interne, le geste respiratoire, qui est à la
base même de la phrénoscopie est un acte qui n ’a jam ais
été enseigné, et qui n ’a que très rarem ent été contrôlé par
son auteur. Celui-ci pour se contrôler devrait regarder
dans une glace l’image radioscopique de son thorax ».
Voilà une nouvelle m éthode de Yoga ! Mais que le lec­
teu r se rassure. Maingçt, qui était un hom m e d’esprit, n ’a
jam ais conseillé l’achat individuel d’appareils de radiosco­
pie pour les cours de Yoga !
Mais ce q u ’il dit est précieux. Supposez un m alade qui
croit respirer et qui est en réalité bloqué. Menez-le chez
le radiologue, m ontrez-lui le pauvre jeu de son diaphrag­
me. Débloquez-le. Ramenez-le chez le radiologue après un
mois de Yoga et régalez-vous de son étonnem ent. Il est
non seulem ent étonné m ais convaincu et de plus in stru it :
154 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

il a appris l’existence du geste intérieur, tém oin fidèle de


ses états d’âme, et il sent cette liberté intérieure.
« C’est une gnom onie » dit Maingot. Ce term e est aris­
totélicien. De là est venu le latin gnosco je connais. Il veut
dire m éthode pour connaître. Le nom bre de gnomonies
est très grand. T out est gnomonie : le visage, le regard, la
m ain, le pied (Thooris et les Chinois), la form ule sanguine,
(Léone Bourdel), les tests de la psychotechnique moderne.
C’est bien ce que dit M aingot en fin d ’article. C’est à ces
gnom onies q u ’est consacré le livre si riche du D octeur Mar-
tiny et des savants biotypologistes (Pende, Viola, Thooris,
Verdun, etc.).
« Le sujet est derrière l’écran : on lui répète plusieurs
fois de suite et de façon im pérative « Respirez fort », en
faisant com prendre p ar le ton et le geste q u ’il faut à p artir
de m aintenant et pour toute la durée de l’examen, respirer
très profondém ent. A peine l’ordre est-il donné, le dia­
phragm e commence-t-il précipitam m ent une série de res­
pirations profondes ? le caractère est docile, l’individu em­
pressé. Si les respirations conservant longuem ent la même
intensité, c’est un signe de fidélité et de persévérance ;
inversem ent, si le rythm e se ralen tit après deux ou trois
m ouvem ents, l’être est volage et prom et plus qu’il ne
donne ».
« On voit dans le jeu du diaphragm e celui qui dure
et celui qui change. Une des principales banques de Paris
ne confie jam ais des responsabilités im portantes à un em­
ployé qui m onte en grade sans me l’avoir fait exam iner »,
me dit un jo u r Maingot.
Voici com m ent lire les changem ents d’allures du res­
pir :
« Il y a des débuts inspiratoires brusques ; le départ
du diaphragm e ressem ble à un déclic, puis presque aussi­
tôt, le déplacem ent phrénique se ralentit. Un tel aspect
donne à penser que les actes précèdent la réflexion, mais
q u ’à peine engagé l’individu se ressaisit et àgit avec cir­
conspection.
A la fin de l’inspiration, une contraction diaphragm ati-
que exprim e la ténacité. Les am ours et les haines sont
durables et dem andent des satisfactions acharnées. Tel
n ’est pas le mode respiratoire des esprits superficiels et
volages. ‘
L’expiration, image du repos, est avant tout le reflet
du sommeil. Le début expiratoire correspond au moment
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 155
qui suit im m édiatem ent le coucher. Les particularités du
réveil se déduisent de la fin de l’expiration. Le prem ier
q u a rt de la durée expiratoire, c’est le prem ier q u a rt de la
n u it ; la moitié, c’est la m oitié de la n u it et ainsi de suite !
Les hésitations, les reprises inspiratoires au com m en­
cem ent de l’expiration apprennent que le sommeil est re­
tardé par des pensées obsédantes, des com binaisons, des
projets.
Les ébauches de reprises inspiratoires tém oignent d’agi­
tation physique en même tem ps que de grandes obsessions
m orales.
M aingot donne encore bien d’autres révélations su r le
caractère et la m anière de travailler.
Mise au travail rapide le m atin : fin d ’expiration ra ­
pide et attaque franche de l’inspiration.
« Les fainéants, dit Maingot, tra în en t en longueur la
fin de l’expiration et m ettent un intervalle entre l’acte pas­
sif et l’acte actif. En voyant la fin du m ouvem ent expira­
toire s’éterniser, on sent q u ’il en coûte de se lever du lit ».
Les calculateurs, les esprits déductifs respirent sans
que la form e du diaphragm e se modifie. La coupole phré­
nique s’abaisse régulièrem ent.
Les artistes (bohèmes et anarchistes en général, M ain­
got ne le dit pas, je le dis pour lu i), les intuitifs, ont un
diaphragm e bien différent, dansant, irrégulier :
« La périphérie du diaphragm e se déform e, des sillons
se creusent et s’effacent. Il semble que le diaphragm e soit
m û p ar une m ultitude de petits êtres ayant chacun son
activité propre », etc...
Avant de donner les lois de Maingot, faisons un dessin
pour voir clairem ent dans l’espace le parapluie de Tissié et
ce q u ’il fait :

Première loi de la Phrénoscopie.


L’inspiration est le schém a de toutes les form es de
l’activité physique et psychologique du su jet examiné.

Seconde loi de la Phrénoscopie.


L’expiration est le schém a de toutes les form es de l’état
de détente et de repos.
Troisième loi de la Phrénoscopie.
Le passage de l’inspiration à l’expiration est l’image
du passage de l’activité au repos.
156 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 157
Quatrième loi de la Phrénoscopie.
Le passage de l’expiration à l’inspiration est l’image
du passage du repos à l’activité.

Loi d’interpolation morale.


Le passage de l’interpolation m orale à la charité est
comme le passage de l’expiration à l’inspiration, du repos
à l’activité.
Un soir, vers 1950, j ’étais allé voir Maingot, il y avait
une soirée de Phrénoscopie et je voulais aussi lui dem an­
der des renseignem ents su r le travail statique du soléaire
dans le pédalage, car M aingot était un grand cycliste. Après
avoir fait des dém onstrations su r un vélo de course, dans
la vaste cour de son hôtel particulier de la rue de Gre­
nelle, nous rentrâm es et nous nous groupâm es au to u r de
l’appareil de radio. Il y avait là une dizaine de personnes
de la m eilleure société.
M aingot to urna le bouton et la séance de divination du
caractère p ar le jeu du parapluie de Tissié commença. La
p lupart des personnes se connaissaient, aussi les révéla­
tions du M aître étaient-elles accueillies fort gaiem ent.
J ’étais passé comme tout le monde derrière l’écran et
j ’avais fait m archer mon piston intérieu r au gré de Main­
got. Un des hôtes de Maingot avait am ené un ami, person­
nage souriant et gracieux m ais fort secret. Le bouton fut
tourné et toutes les têtes s’entassèrent derrière l’écran.
— Eh bien, Monsieur, vous ne respirez pas ? lui dit
Maingot ; allons, respirez !
Mais le diaphragm e était toujours immobile. M aingot
rallum a. L ’hom m e souriait m ystérieusem ent, m ais il ne
respirait pas.
— Vous m ’avez bien com pris ? lui dit l’inventeur de la
Phrénoscopie. Faites comme ceci, etc...
E t l’on se replongea dans l’obscurité. Les têtes étaient
encore plus penchées vers l’écran. Le diaphragm e m ontait
et descendait de quelques centim ètres. Il n ’y avait aucune
am plitude.
— Décidez-vous à respirer, M onsieur lui disait M ain­
got, q u ’attendez-vous ?
J ’entendis une voix qui chuchotait à mon oreille :
« C’est un prudent, il est intim idé par tout ce q u ’il a en­
tendu raconter à notre propos ». Une autre voix disait à
voix basse : « Il nous donne une bonne leçon : c’est le si­
158 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

lence diaphragm atique ». Une voix de femme m u rm u rait :


« C’est un yogi spécialiste de l’apnée ». Il fallut bien rallu­
m er. Le m ystérieux m onsieur souriait toujours. Il n ’y avait
pas à insister. Et la réunion se term ina p ar des échanges
variés de civilités sans que nous ayons, su r les m ouvem ents
et la psychologie de ce m ystérieux diaphragm e et de son
discret propriétaire, le m oindre renseignem ent.
De même que la voix ou la dém arche ou l’écriture, la
Phrénoscopie est spécifique de l’être. M aingot dit qu’en
cinquante et un ans de phrénoscopie il n ’a pas vu deux
respirs absolum ent semblables.
Cela veut dire q u ’il y a des types principaux de m ou­
vem ents diaphragm atiques m ais qu’il n ’y a pas deux res­
pirs intégralem ent superposables. Nous le pensions bien
déjà.
C’est la raison pour laquelle il faut à chacun son mé­
tronom e respiratoire, et q u ’on ne peut grouper des respirs
analogues dans un cours que dans une certaine m esure
et seulem ent à une allure moyenne. C’est ce que font les
bons Gurus.

BIBLIOGRAPHIE

Maingot (G.) : La P h rén oscop ie. Etude du caractère d’après


l’acte respiratoire. Bulletin de l In stitut Général de P sychologie,
20, 1920, n” 4-6.
Le Dr Maingot, Ancien Médecin électro-radiologue des Hô­
pitaux de Paris, Gymnaste, Cyclotouriste, Montagnard et Judoka,
est décédé en 1962 dans son hôtel de la rue de Grenelle à l’âge
de 79 ans.
In Etudes In strum entales des techniques du Yoga. Expéri­
mentation Psychosomatique par le Docteur Thérèse Brosse, In­
troduction du Prof. Jean Filliozat.
(Maisonneuve, Editeur, 11, rue St-Sulpice, Paris).
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 159

Autorégulation consciente de Ruiz Arnau.


Pendule intérieur mental.
Métronome diaphragmatique.

Le cœur et le Poum on battent la mesure. Le Bulbe veille


à la sécurité.
T hooris .

Thooris me m it un jo u r entre les m ains un petit livre.


Il s’intitu lait « L ’hygiène de l’attention et l’autorégulation
consciente » (1), par Ruiz A rnau, un Am éricain du Sud.
« Vous trouverez là-dedans, me dit Thooris, des idées fon­
dam entales sur geste et rythm e et respir et rythm e ». Nous
discutions en effet à ce m om ent-là de l’allure à donner aux
séances de gym nastique corrective et respiratoire, selon le
type m orphologique du sujet, son âge, sa m aladie, etc.
Thooris m ’avait offert un exem plaire de sa rem arquable
conférence « Le rythm e de sécurité - Ses trois étapes »,
où il étudie en résum é la constitution nerveuse des verté­
brés, du serpent à l’hom me, en passant par les m onstres
préhistoriques, et où il m ontre que ta n t que l’anim al n ’est
surtout qu’une moelle et un bulbe, il obéit à cette moelle
et à ce bulbe qui la règle et la comm ande et que quand
l’être vivant en arrive à avoir ses centres nerveux autom a­
tiques recouverts par le pallium , l’écorce, siège de la pen­
sée et des m ouvem ents raisonnés, il se croit tout perm is et
oublie que c’est le bulbe qui bat la m esure. Il se dérythm e,
ce dérythm age l’use et le tue finalem ent s’il persévère trop
longtemps dans l’anorm al. Le bulbe et la moelle cervicale
contiennent en effet les com m andes de la respiration et
c’est leur rythm e cardiaque et respiratoire q u ’il faut suivre
si on ne veut pas se dérythm er.
Mais on en arrive à se dem ander « quel est le rythm e
de l’individu ? » et aussi « com m ent connaître son rythm e
personnel ? ». Tout être hum ain, ont dit les Romains, con­
naît au bout d’un certain âge son rythm e pour les événe­
m ents habituels de la journée et de la vie. Il peut alors
être son propre médecin. Au sujet des rythm es on pourra
consulter l’intéressant livre de Robert Tocquet « Cycles et
R ythm es ». Tout dans la nature est rythm é. Les Prêtres

(1) D o in , E d ite u r .
160 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

de l’Egypte ont dit il y a longtem ps « T out vibre. T out a


u n cycle ».
Comment connaître son cycle personnel ?
L ’enfant le subit m ais l’ignore. A m esure qu’on avance
en âge, on découvre l’allure de rotation de son pédalier
personnel. C’est pour cela que l’usage du tandem est si
délicat !
Le cycle respiratoire est d’environ 16 p ar m inute. Le
pouls varie entre 60 à 80 p a r m inute, il tourne a u to u r de
la seconde pour les êtres de taille moyenne. Mais ce n ’est
pas une indication suffisante, car au cours de la m utation
que vient de subir l’hum anité, toute la population a aug­
m enté de cinq à dix centim ètres sa taille moyenne. Toutes
sortes de facteurs entrent en jeu pour ce rythm e intérieur
personnel qu’il serait fastidieux d’énum érer. Le type m or­
phologique, l’hérédité, la taille, la race, la latitude de nais­
sance, la m anière de vivre avec ou sans ém otions (et réac­
tio n s), avec ou sans efforts violents, avec ou sans bruit,
avec ou sans responsabilités sont les coordonnées les plus
im portantes.
On a naturellem ent le caractère de son type m orpholo­
gique, de son poids, de son respir.
Le pas est un bon critère du rythm e. Il est naturelle­
m ent lié lui aussi à la taille et à toutes les coordonnées
énum érées plus haut.
La courte cuisse ne m arche pas comme le long jam bon,
pour parler le vieux français. Celui qui possède six litres
de cylindrée ne nage pas comme celui qui en a deux. A cha­
cun son allure, le pouls du m oineau n ’est pas celui de
l’éléphant.
Il y a donc un rythm e pendulaire saturnien du train
inférieur. L ’attache du pendule étant la hanche, la tige
la jam be et la m asselotte le pied. T out cela est bien connu.
P our le rythm e intérieur organique, c’est le cœ ur et
le poum on qui b atten t la m esure. Le pouls et le cycle dia-
phragm atique au repos renseignent im m édiatem ent. Mais
il y a plus, il y a le rythm e psychique, le rythm e de l’atten­
tion, car de même que le but et la fin du systèm e nerveux
tout entier, c’est la voie pyram idale, la contraction des
m uscles, le geste, l’action, de même le but du travail psy­
chique c’est la pensée et tout ce qui vient s’agglomérer
a utour dei cette pensée dans le monde des images et des
idées. Une pensée succède à une autre pensée, ou la com­
plète, ou la remplace, suivant en cela les lois de l’associa-
P lan ch e IX
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 161
tion des idées. L’attention sur une pensée déterm inée et
sur celles qui logiquem ent s’agglom èrent à celle-ci consti­
tue ju stem ent la fam euse concentration des asiatiques,
q u ’ils soient mazdéens (aryens), brahm aniques (indo-euro­
péens), lam aïques (jaunes), bouddhistes (jaunes su rto u t).
L’oscillation de la concentration, tan tô t vers ce groupe
articulé des pensées, tan tô t vers le monde extérieur par
où arrivent les sensations, est physiologique, norm ale,
comme l’a bien exposé Théodule Ribot dans son petit livre
« l’A ttention ». C’est une sinusoïde. T antôt dehors, tan tô t
dedans. L ’hom me qui est toujours en dedans, c’est l’intra-
verti des psychologues, le m athém aticien d istrait. Henri
Poincaré, so rtan t de son cours de la Sorbonne, fu t arrêté
un jo u r rue Claude B ernard : il tenait en m ains une cage
pleine d’oiseaux q u ’il venait de voler chez un m archand
d ’oiseaux de cette rue, sans s’en être aperçu. Il cherchait
alors à solutionner le problèm e des trois corps, les lois
d’attractio n réciproque de 3 planètes dans l’espace et il
fu t seul au monde à pouvoir le résoudre, en inventant des
fonctions nouvelles. Peut-être que le m ouvem ent des
oiseaux dans la cage lui rappelait le m ouvem ent brownien
éternel et spontané et, comme a dit Jean P errin, lui servit
de support intellectuel.
L’individu en rapport uniquem ent avec l’extérieur et
qui ne m arche à l’intérieur q u ’autom atiquem ent et sans
participation personnelle, c ’est l’extraverti des psycholo­
gues, c’est le Chariot des « Tem ps Modernes », l’ouvrier
robot qui ne pense pas, création du grand artiste.
Le rythm e de la sinusoïde dehors-dedans-dehors-dedans
est ju stem ent le passage autom atique de l’état d’intraverti
à l’état d’extraverti.
Le but des études du Jnana-Y oga, des méthodes
bouddhistes et brahm aniques, et chrétiennes (Saint-Jean de
la Croix) est justem ent la découverte pour chacun de la
vitesse et de l’am pleur de cette courbe alternante sinusoï­
dale, le contrôle pour l’observation extérieure, des sensa­
tions apportées par les sens, l’observation, pour l’observa­
tion intérieure, de l’association des agglom érations de pen­
sées, de leur rectitude d ’articulations entre elles, et de l’éli­
m ination des idées cancers, colères, hallucinations, h a n ti­
ses, pensées anorm ales de toutes sortes. C’est cela le Jnana-
Yoga, c’est la m aîtrise du m ental.
Pour découvrir ce rythm e, Ruiz-Arnau propose un pro­
cédé très simple.
162 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

A une distance de deux m ètres environ, placez deux


objets (deux pièces de m onnaie, deux photographies, deux
petits livres, peu im porte). Soyez assis ou accroupi en
accroupi facile, car un accroupi intolérable provoque des
douleurs et la pensée ne peut être libre. L’assis pharaon
est excellent (avec dossier) et l’accroupi dans l’angle du
m ur, dos appuyé, aussi.
Allez de l’une à l’autre image. Voici le critérium qui
perm et de passer de l’une à l’autre, d’après Ruiz A rnau,

vous pouvez passer de la prem ière image à l’autre quand


vous percevez très bien la prem ière, q u ’elle correspond à
travers la fenêtre des yeux à un enregistrem ent photogra­
phique p arfait dans le cerveau, c’est l’affaire d ’une seconde
ou d’une fraction de seconde. L ’angle a m esure le batte­
m ent de votre pendule intérieur psychique. T raditionnel­
lem ent le chiffre de ce battem ent alterné est le chiffre oo,
le chiffre sablier dont la courbe entoure successivem ent
les deux images. C’est le chiffre saturnien du pendule.
Dès que vous connaissez bien ces deux images, l’an­
gle a doit dim inuer, car vous éprouvez le besoin d ’aller
plus vite de l’une à l’autre.
Supposez un cours de Yoga ou de gym nastique respira­
toire dans une pièce. Disposez les élèves en assis au m ur,
jam bes légèrem ent écartées. Les élèves doivent deux à deux
être en face. On com m ande « respirez et faites osciller
votre attention ». On voit alors certains élèves d ’une série,
dem ander, à leur vis-à-vis d’écarter, et plus souvent de
rapprocher leurs pieds. Au bout de quelques m inutes l’ac­
cord est fait, et chacun fait osciller son attention le regard
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 163
fait le oo d’un pied à l’autre, en accord avec son pendule
m ental personnel. Au bout de cinq m inutes la relaxation
ap p arait souvent. Il y a parfois besoin de sommeil au
bout de dix m inutes, comme si l’on percevait un bercem ent
intérieur.
A u bout d’un certain tem ps de cet exercice, on s’aper­
çoit qu’il y a une certaine liaison entre le contact avec les
images et le rythm e diaphragm atique au repos.
Non pas avec le rythm e diaphragm atique du respir

I AA/\AAA1

1vv v v i/\/i
prolongé et étudié du Yoga ou de la corrective respiratoire,
qui est un rythm e en quelque sorte détendu, délayé, a rti­
ficiellement dans un but thérapeutique m ental ou physi­
que, m ais avec le respir involontaire de tous les instants
qui est plus court.
Notre diaphragm e est en effet comme un piston, donc
comme un pendule (c’est la transform ation et la corres­
pondance d’un m ouvem ent circulaire continu en mouve­
m ent rectiligne altern atif qui est sa projection su r un
axe de référence).
La figure ci-contre m ontre bien le phénomène, le point
où est suspendu le pendule qui correspond au battem ent
du diaphragm e est bien entendu fictif — on peut le placer
où l’on veut. Voilà notre pendule intérieur physique. Voilà
notre m étronom e intérieur phrénique. Ruiz A rnau conseille
l’oscillation sur deux images. C’est bien. H anish conseille
la fixation successive de deux images m entales internes
successives sur lesquelles oscille l’attention entre les deux
positions extrêm es du diaphragm e — l’inspir complet et
l’expir complet.
164 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

1” image :
Rem plissage — plein.
Activité.
Plénitude physique.
Plénitude m entale.
Entrée du cosmos.
N ourriture — Assim ilation.
Flux m arin m ontant.

2* image :
Vidange — vide.
Repos.
Vacuité physique.
Vacuité m entale.
Ressortie du cosmos.
E lim ination — Nettoyage.
Flux m arin descendant.
Ce travail ainsi effectué et réalisé en relaxation physi­
que aussi bonne que possible tend à chasser de la scène
bouddhique toute au tre pensée que le travail du respir
avec ses corrélations et y réussit souvent.
On y réussit difficilement dans les cas d ’anxiété, d’an­
goisse, d’insom nie, de tension nerveuse, de vidange ner­
veuse, préoccupation. Mais c’est ju stem en t dans ces cas
que le Yoga est utile. Comme nous l’avons dit dans le
Tom e I, les Jésuites élèves de l’Asie, ont inclus dans leurs
fam eux exercices de m éditation, la respiration profonde.
Ce n ’est pas pour rien. Même si ce travail n ’aboutit pas à
libérer la scène de tout ce qui nous gêne, il fait grand bien.
Les positions les plus favorables sont celles que l’on verra
plus loin, et su rto u t à notre avis, l’assis pharaon et l’ac­
croupi banal appuyé.

«
J
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 165

La formule respiratoire.

Om nia in num éro, pondère, m ensura (Principe Pharao­


nique).

On nomme form ule respiratoire la proportion qui existe


entre les quatre tem ps de la respiration.
1. Inspiration.
2. Apnée en inspiration.
3. Expiration.
4. Apnée en expiration.
Nous avons longuem ent parlé de ces tem ps à propos
de la phrénoscopie de Maingot. J ’espère q u ’ils sont fam i­
liers aux lecteurs. Deux seulem ent, bien entendu, étant
naturels et m oteurs, les deux autres interm édiaires étant
artificiels quand ils sont m aintenus longtemps, et dépen­
d an t seulem ent de la gym nastique et du Yoga.
Il est indispensable d ’adopter une unité de m esure,
sinon ces tem ps du respir sont incom m ensurables. Or, il
est facile de leur donner comm une m esure en les rappor­
ta n t à un élém ent com m un, un battem ent d’appareil, un
phénom ène pendulaire intérieur, le pouls, ou le battem ent
oscillatoire m ental du tem ps physiologique.
Comme pour une partie de l’hum anité le pouls corres­
pond approxim ativem ent à la seconde et que, de plus, le
pouls représente le cycle de base de l’être hum ain, le ry th ­
me de sécurité, nous pensons avec H anish qu’il est bien
plus simple d’adopter le pouls ou pulsation, nous dirions
q u ’une inspiration est m esurée par le chiffre 7 si elle dure
7 pulsations, etc...
Or, on ne doit norm alem ent sentir ni son cœ ur ni son
pouls. On peut essayer de régler sa respiration en m ettant
son pouce su r la carotide homologue, ou su r le poignet
opposé. E nsuite on sent approxim ativem ent le rythm e choi­
si. H anish considère la respiration courante de deux sortes
d ’exercices : exercices vertébraux de fin de volume et exer­
cices sym pathico-psychiques du début du livre comme
correspondant à la form ule :

ou
7 — 3 — 7 — 3
7 _ 4 _ 7 _ 4.
166 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

A utrem ent dit, des inspirations et des expirations de sept


pulsations, des apnées de 3 ou 4 pulsations.
C’est une form ule reposante, calm ante, nutritive parce
q u ’on a le tem ps d’absorber l’a ir n u tritif lentem ent par
le nez, et aussi le tem ps de laisser rep a rtir ses toxiques à
loisir par une tranquille expiration.
Mais c’est une form ule qui ne convient ni aux nerveux
à la respiration hâtive, ni aux petites poitrines, vite rem ­
plies, ni aux expirations hâtives des poitrines raides, ni
aux inspirations difficiles des cages bloquées p ar les m a­
ladies rhum atism ales.
Nous pensons que le débutant, en m archant, ou en
assis pharaon, ou en accroupi facile,'se trouvera bien de
4 — 2 — 4 — 2 au début.
11 p ourra augm enter progressivem ent l’expiration pour
m aîtriser son élim ination et bien com m ander son dia­
phragm e et passer à
4 _ 3 — 6 — 3 etc...
Les com binaisons m athém atiques de ces 4 nom bres sont
en quantité presque infinie, et il arrivera peu à peu en
dosant son air à des form ules telles que 7 — 12 — 12 — 7.
Rien ne s’oppose à ce q u ’il fasse ensuite 10 — 12 — 12 —
12 puis 12 — 12 — 12 — 12, etc...
Faire d u rer une inspiration est un très bon exercice m en­
tal, cela ne veut pas dire rem plir d’a ir exagérém ent car
ensuite la tenue de l’air est pénible, on force coeur et pou­
m on au lieu de les am éliorer, m ais cela veut dire prendre
peu d’air à la fois par le nez-pendant longtemps.
Les respirations au repos dans la salle de Yogti ou
dans le gym nase n ’ont rien à voir avec le respir de l’effort,
ce que Thooris appelait le respir sauvage, violent, inopiné,
irrégulier, le respir des m aladies pulm onaires et cardia­
ques.
En m ontant un sentier de m ontagne sans chargem ent,
vous ferez :
4 — 0 — 4 — 0 ou
4 — 0 —2 — 0
chargé, vous ferez :
3 — 0 — 3 — 0 ou
3 — 0 — 2 — 0.
I.E DIAPHRAGME ET LE RESP1R RATIONNEL 167
Endorm i, la respiration est toute différente. En vous ré­
veillant vous constaterez que vous inspirez plus longue­
m ent, puisque votre poitrine s’affaisse brusquem ent en
expirant et que. vous vous reprenez alors longuem ent et
bruyam m ent de l’air, soit :

4 — 0 — 2 — 3

Si vous dessinez, la form ule est encore changée, abi-


mée peut-on dire, vous ne respirez plus et la form ule ne
peut être écrite. C’est l’apnée des dessinateurs, bien con­
nue, et mauvaise.
Dans les états de dilatation de la cage thoracique, l’em­
physème, p ar exemple, il est dangereux de faire

4 — 10 — 4 — 8

Car vous dilatez, donc vous abîmez un peu plus le pou­


mon, le oœur droit, au contraire si vous faites
4 — 0 — 12 — 4

Vous aidez l’expiration, su rto u t si vous vibrez la cage avec


les doigts ou les poings pendant l’expiration. Vous réveil­
lez par réflexes la contraction des alvéoles et vous aidez
les muscles expirateurs.
Ne faites pas non plus 4 — 12 — 4 — 0 ou 4 — 1 2 —
4 — 4 si vous avez un cœ ur m alade, vous le dilatez et vous
l’abîmez. Ne conservez pas l’air en apnée m ais au contraire
faites une inspiration douce et semi-prolongée qui attire
le diaphragm e en bas et comme le diaphragm e aide le
oœur dans une certaine m esure, celui-ci se trouve aidé
pour se rem plir, décomprimé. Faites ou bien

8 — 0 — 4 — 0 ou
6 — 0 — 3 — 0 selon votre force.

Passons aux bons et vastes poumons.


Nous rem arquons que dans la form ule respiratoire les
chiffres se groupent deux à deux. Les deux prem iers (rem ­
plissage et conservation) varient ensemble, car plus une
cage est vaste, plus elle peut tenir le souffle facilem ent en
durée. Mais passé un certain chiffre, une cage ne peut dé­
passer un m axim um sans être une cause d ’étouffem ent et
168 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

gêner la tenue en apnée. L’alvéole pulm onaire distendue


est en situation anorm ale et dem ande à se vider. Un chiffre
moyen de 10, p ar exemple, est com patible avec un second
d ’apnée à 20 ou 30, m ais un prem ier à 20 ne peut pas
être suivi de 20 ou 30, sinon on abîm e le poumon.
Les deux derniers chiffres varient en sens inverse.
Après une vidange poussée, il y a anémie du poum on et
angoisse, il faut rem plir, on peut faire :

10 — 20 — 30 — 3, m ais il ne faut pas faire


10 — 20 — 30 — 10, et encore moins
10 — 20 — 30 — 20.

Après le souffle m aîtrisé, il ne faut pas rester vide.


Les apnées respiratoires ne sont pas des exercices nor­
maux, ce sont des exercices de m aîtrise respiratoire pour
le gym nase ou chez soi.
L ’apnée en plénitude étouffe à la longue, c’est la raison
pour laquelle en plongée il faut arriver à prendre le
m axim um d’air possible, m ais pas plus, on ne peut le g a r­
der (voir les leçons de Thooris sur la respiration sous
l’eau et la m éthode de L alym and). C’est ju stem ent là
la grande difficulté de la vie sous-m arine. Arlaud excellait
dans ce travail. Il faut distinguer la station sous l’eau à
poste fixe, c’est ce qui est le plus facile, et la natation pro­
longée sous l’eau, c’est tout différent. Là on se rend compte
combien l’exagération des deux prem iers chiffres est anor­
male et combien il est gênant de faire mouvoir un système
locom oteur avec une poitrine bourrée d’air et qui ne se
vide pas.
L ’apnée en vacuité anémie le poum on et provoque une
im pression de faim d ’air pénible. Elle engendre à la lon­
gue la névrose d’angoisse. Il faut la proscrire des séances
de Yoga, bien que les Hindous en fassent grand cas. Mon
m aître le Swami la proscrivait (voir tome I)'. Dites-vous
que pour cœ ur et poum on malades, aucune exagération
n ’est bonne. Plus le poumon est plein d ’air, plus il est
plein de sang, ont dit les physiologistes. Soit. Mais il n’est
pas bon de bourrer d ’air, c’est-à-dire de sang des m alades
comme les tuberculeux pulm onaires, les scléreux pulm o­
naires, le^ pleuraux et anciens pleuraux restés bridés, etc.
Une plèvre bloquée, des adhérences, un hém ithorax
LE DIAPHRAGME ET LE R E SPIR RATIONNEL 169
ferm é, un demi-dos raidi, un h a u t de dos figé ne doivent
pas être rem plis avec violence, ni durée tro p grande. On
augm ente la gêne, c’est tout ce que l’on obtient. C’est au
massage suédois, à l’ostéopathie américaine, à la gym nas­
tique redressante et débloquante à libérer cette région. Il
ne faut pas la considérer comme un bateau portatif, une
tente ou un avion gonflable q u ’il fau t pressurer pour les
déplier coûte que coûte. Débloquer d’abord, rem plir ensuite
est la loi du bon sens.
Le poum on qui se gonfle est certes le sculpteur caché
qui aide à briser les résistances am biantes, et sans le tra ­
vail interne de poussée dû au poum on — sculpteur —
caché, il est vain d’espérer la libération de la prison exter­
ne (plèvre et cage), m ais ne pas oublier que le pneum ati­
que ne doit pas finalem ent éclater.
A utrem ent dit, il faut q u ’il y ait harm onie entre la
cham bre et le pneum atique, entre le contenant et le conte­
nu. C’est ce qu’on enseignait à toutes les époques dans la
science herm étique. Les Mages persans, les P rêtres égyp­
tiens, puis Plotin, ensuite Avicenne et ses élèves ne p ar­
lèrent jam ais autrem ent. Le fabuliste a répandu cet ensei­
gnem ent pratique sous la form e plaisante de la grenouille
qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. L’E xtérieur et
l’Intérieur doivent se fournir le m utuel appui, cher à Ra­
belais, s’aider m utuellem ent pour s’am éliorer ensemble.
Pas d’ostéopathie-déblocage sans remplissage respira­
toire ni non plus de remplissage respiratoire intérieur sans
ostéopathie-déblocage de la prison m usculo-articulaire am ­
biante. D’où les neuf tem ps Sambuciens.
Tissié savait tout cela, il a essayé de lancer en 1890-
1900 le déblocage des cages thoraciques des enfants fra n ­
çais, son slogan était « il faut faire de la place au poumon
des enfants ». On a étouffé ses idées, m ais l’étouffem ent
n ’est plus possible au jo u rd ’hui.
Ayant bien identifié les 4 tem ps du respir, il est bon de
faire connaître au lecteur une liaison physiologique classi­
que. Le prem ier élément de la form ule et le troisièm e sont
liés à l'allure du ca'iir.
Le prem ier, l’inspiration, accélère norm alem ent le
cœur, le troisièm e le ralentit.
170 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Nos pouvons donc écrire la liaison :

Le ralentissem ent des tachycardies ém otives se fa it en


prolongeant et en vibrant doucem ent avec la voix l’expi­
ration. On ne doit jam ais, pour obtenir ce résultat, faire
d’inspiration ni brusque ni forte. Mais on ne doit pas non
plus insister exagérément en durée et en intensité sur ce
temps qui sert à calmer le cœur.

Entraînement du diaphragme.
Souffle maîtrisé.
Expiration contrôlée.
De 1940 à 1944 on parlait beaucoup au sujet de la maî­
trise du Diaphragme (et donc du mental) de souffle m aî­
trisé et de Spirotechnie. Un instituteur du midi, professeur
d’éducation physique et grand spécialiste de respiration
pour les scolaires, M. Plent, publiait et faisait connaître
des appareils très ingénieux basés sur le principe du spi­
romètre pour entraîner les enfants ne sachant pas respi­
rer, par voie d’expiration contrôlée et raisonnée. Des com­
bats de doctrine eurent lieu. Toutes sortes de> slogans de
bataille furent émis. Certains disaient « qui ne sait expirer
ne sait respirer » ; d’autres « respirer c’est avant tout ins­
pirer » ; d’autres « la maîtrise pulmonaire c’est la maî­
trise de la retenue de l’air », etc., et aussi « le spiromètre
est un appareil de mesure, ce n’est pas une méthode édu­
cative ». I*a vie respiratoire est multiple et tous avaient
raison. En tout cas, le nom de Plent bien connu des réédu­
cateurs d ’enfants malades du poumon mérite de passer
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 171
dans les noms classiques de l’A rt de la R espiration. Plent
inventa des appareils sim ples et ingénieux nom m és « res-
p irators » destinés à perm ettre à l’enfant de suivre à tout
m om ent la vidange de son poum on p ar un travail dia­
phragm atique. Ils existent toujours. Il est évident que souf­
fler c’est chanter, que souffler à fond c’est nager, que
souffler c’est perm ettre ensuite de rem plir, que souffler
c’est éliminer.
Toutes ces discussions passionnantes de l’époque 35-45
se trouvent dans m on livre G ym nastique Corrective verté­
brale dès la 3° édition. On m esure seulem ent a u jo u rd ’hui
où commence l’ère du Yoga en Occident l’intérêt et la va­
leur de ce m ouvem ent lancé et entretenu par des gens
venant d ’horizons et de professions diverses, et qui, étouffé
p ar les pouvoirs publics, n ’arriva jam ais au contact des
p arents intéressés à construire des poitrines et des dos
aux enfants français. Les défilés et les records étaient plus
électoraux.
En 45 paraissaient aussi dans les revues de gym nasti­
que rationnelle et de kinésithérapie des articles d’un pro ­
fesseur d’éducation physique, M. Dréano, qui avait mis
au point diverses techniques qu’il appelait « le souffle
m aîtrisé ». C’était l’a rt de souffler longuem ent en calcu­
lant la durée de l’expiration.
Nous n ’entrerons pas dans le détail de ce travail, m ais
nous nous devons d’en parler globalem ent car c’est une
des bases du Yoga connues de tous tem ps.
Il y a diverses m anières d’expirer :
Expiration nasale silencieuse progressive (celle que l’on
fait habituellem ent).
E xpiration nasale vibrée bouche close.
Expiration buccale dans un respirator.
Expiration buccale sur une voyelle.
1. Travail thibétain (Aum, etc.).
2. Travail mazdéen (gathas de Z o ro a stre).
3. Travail pythagoricien (voyelles).
3 bis. Hésychasm e du m ont Athos (litanies).
4. Travail pharaonique (papyrus Ebers, voyelles).
5. Travail des soufis (préceptes du Coran, nom
d’Allah, etc.).
6. Chant grégorien.
7. Prière dite sans respirer (litanies) Hanish.
8. Expiration sous l’eau, etc.
172 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Si nous voulions entrer dans le détail de toutes ces


techniques, il nous fau d rait leur consacrer un livre entier.
Enfin quelque chose de très simple et de rem arquable
qui faisait ju stem en t l’objet des articles de Dreano en
1945 et 46 : com pter des chiffres sans reprendre haleine.
Cette technique, à condition de surveiller la poitrine ou de
se surveiller, est simple et efficace, fait travailler le dia­
phragm e de façon progressive et donne une idée exacte de
la m aîtrise du souffle par le nom bre de chiffres que l’élève
peut prononcer sans reprendre haleine — 30 — 40 -— 50 —•
60 ? L’a rt dram atique p a r la récitation des alexandrins
donne aussi de bons résultats. Les anciens am ateurs de
th éâtre n ’oublieront jam ais la vaste poitrine d’Albert Lam ­
b ert qui triom phait dans Ruy Blas, l’Aiglon et Cyrano.
Une poitrine de ténor capable de tenir la scène et de chan­
ter les Huguenots — l’A fricaine ou F au st ou les partitions
w agnériennes, n ’a pas besoin de faire du Yoga pour se
développer le souffle !
T out est dans la m achine à souffler, nous disait Ninon
Vallin, sans diaphragm e et sans abdom inaux il n ’y a pas
de chanteur.
Du point de vue du Yoga, c’est le point d ’orgue sur
des voyelles apaisantes qui font le bon Yoga respiratoire
(chœ urs alpins, pyrénéens, cosaques) H anish propose de
ch an ter les gathas de Zoroastre, très belles stances philo­
sophiques des prêtres mazdéens de l’Iran ancien.
Telle est la question du souffle m aîtrisé, du souffle
contrôlé, du souffle continué et prolongé, que les P rêtres
égyptiens enseignèrent à Pythagore et que celui-ci rendit
célèbre en Grèce. Ils chantaient, en position de Yoga, les
voyelles face au soleil levant, comme ils le disent eux-
mêmes dans le papyrus Ebers de Leyde. C’est pour cela
q u ’il est difficile de savoir qui a enseigné les m antrains
chantés avec les postures correspondantes, aux trois b ran ­
ches du trid en t (voir tom e I). Je conseille aux oreilles no r­
males, pour les libérer des grincem ents d e s'c h a n te u se s
actuelles totalem ent privées de voix, des hurlem ents et
des hululem ents de trop de disques actuels (voix qui h u r­
lent et qui pleurent, disait Victor Hugo dans les D jinns),
de se procurer le disque des chœ urs de l’Armée Rouge ;
elles pourro n t entendre alors les profondes et magnifiques
voix ru ssei (je ne suis pas com m uniste) ou un disque qui
s’appelle « dans les cathédrales russes » et qui est en
réalité sim plem ent orthodoxe, aussi bien grec que russe
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 173
(un Saint-Jean Byzantin se trouve sur l’enveloppe). Ce dis­
que se term ine p ar l’Evangile selon Saint-Jean chanté par
un vieux moine, basse noble de voix absolum ent prodi­
gieuse com parable à une cloche (bourdon). Voilà ce que
peut donner un vaste poum on dressé p ar le Yoga grégo­
rien.
Le Yoga exécuté en écoutant ces disques donne, grâce
à la parole chantée, une im pression différente de celle pro­
curée p ar Brahm s, Bach ou Vivaldi. En écoutant les pre­
m iers, il y a sensation d’activité personnelle en rap p o rt avec
l’activité du cosmos dirigée p ar Dieu, c’est l’imm ergence
brahm anique indo-aryenne, blanche ou qui fut autrefois
blanche ; en écoutant les derniers, sensation de passivité,
d’oubli, de dédoublem ent, c’est l’imm ergence bouddhique,
asiatique, jaune. En écoutant la m usique basée sur le to r­
tillem ent du croupion contenant les chakras inférieurs et
les organes génitaux, c’est l’imm ergence négroïde dans le
dom aine autom atique anim al et sexuel. Im m ergence dans
l’insouciance et la liesse qui peut avoir son utilité p ar mo­
m ents, m ais dont il serait vain d’attendre une nou rritu re
pour les chakras supérieurs des blancs, p ar définition
même. Thooris, élève des sorciers nègres, s servait de l’im-
m ergence négroïde et d’un Yoga spécial pour des buts ova­
riens, On voudra bien se reporter à ses livres. Je préfère
la gym nastique ovarienne suédoise classique de Thure
B randt, plus indiquée pour les blancs, et aussi efficace.
En gros tout au moins.
Chacun selon ses besoins et ses états d’âme sentira s’il
faut disperser ou concentrer le m ental (pour p arler com­
me les acupuncteurs !).
Il faudrait un livre pour développer ceci. C’est là le but
du Jnana-Yoga, de la m étaphysique thibétaine, de la m édi­
tation de Saint-Jean de la Croix et des ascètes de l’Eglise
orthodoxe du Mont-Athos, du Zen, de M ilarepa, etc...
Mais ne nous avançons pas davantage sur le terrain
m ystérieux et dangereux de la Parole, du Son, des m an-
tram s, conseillons plutôt aux apprentis yogis de se conten­
ter des voyelles qui suffisent à épanouir et épancher l’être,
en faisant vibrer la cage thoracique, le segm ent du corps
par lequel l’être hum ain s’épanouit et s’épanche, comme
le dit si bien le R.P. Verdun, neurologue et morphologiste
( 1).

(1 ) L e C a ra ctère e t ses c o r r é la tio n s (2 v o l.) ( B a illiè re , P a r i s ) .


174 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Méthode d’adaptation Thooris,


Armée française 19 13 .

— On verra ci-contre la m éthode d ’adaptation respira­


toire inventée ou plutôt mise au point par Thooris, alors
m édecin-m ajor des arm ées, pour les conscrits et surtout
les inaptes de l’Armée française en 1914. Cette m éthode est
su rto u t inspirée de la Suédoise.
« Des hom mes qui furent refusés comme inaptes à
cause de leur faible tour de poitrine, fu ren t ainsi récupérés
et étonnèrent ensuite le m onde », disait mon m aître. Pour

lui, changer de tour de poitrine et de force respiratoire


c’était changer de personnalité, et perm ettre aux dons d’in­
telligence et de courage de se m anifester. Il cite à l’appui
de ses dires une série de nom s de héros de la guerre 14-18,
oubliés au jo u rd ’hui mais parm i lesquels on trouve ceux
de Latham , de Védrines, de Nieuport, et de quelques autres
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 175
de l’aviation française qui ont m aintenant un renom m on­
dial.
Le principe de Thooris était une com binaison du déblo­
cage respiratoire de Tissié et de la mise en jeu énergique
et combinée du système diaphragm atique et de la m uscu­
lature des parois du tronc.
Quelques m inutes chaque jo u r à l’infirm erie ou au
gym nase régim entaire, et les systèm e K de Tissié, m uscu­
lature du dos, m usculature du ventre jouaient ensemble
assu ra n t un choc d’expansion.
P our ce travail un banc seul était utile. Voici ces exer­
cices, fort simples. Ils sont au nom bre de trois.
1 ) Couché sur le dos, table ou banc.
Inspiration profonde lente et complète en lu ttan t contre
la pression légère de la m ain du m oniteur qui appuie sur
le ventre pendant l’inspiration. Il s’agit d’assurer au centre
du parapluie de Tissié un appui ferm e et de lim iter la res­
piration abdom inale. Avant cet exercice et comme préam ­
bule on fait l’initiation respiratoire suivante.
a) Apprentissage du respir thoracique
b) A pprentissage du respir abdominal
c) Apprentissage de la respiration complète.
Le m alade, seul chez lui, peut parfaitem ent faire le
même exercice en travaillant à la m anière de l’Em pereur
Néron et des Anciens, en rem plaçant la m ain du m oniteur
par un gros dictionnaire ou mieux par un sac de sable au
niveau du ventre.
2) Couché à plat ventre sur un banc de bois. Cette po­
sition, pour parler gym nastique, cette posture, pour parler
yoga, était bien connue ; c’est à la fois une position sué­
doise, pieds coincés sous un barreau d’espalier, cuisses
appuyées sur le banc suédois, ou encore la position de
l’apprentissage de la natation suspendu à la ceinture b ras­
sière. C’est aussi le plat ventre de départ du rem arquable
m ouvem ent d’Arlaud, le prem ier m ouvem ent quant au dé­
veloppem ent de la m usculature vertébrale et à l’expansion
de poitrine.
Le m oniteur accroupi est à cheval sur les talons. Inspi­
ration profonde en rem ontant, les bras en croix. Il n ’y a
guère de différence avec le m ouvem ent d ’Arlaud.
3) Mouvement agissant directem ent sur le K de Tissié.
Bras en croix pour tenir l’équilibre élévation de jam bes
176 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

tendues en inspiration. Mouvement déplorable pour les


régions lombaires douloureuses des rh u m atisan ts et les
cinquièm es lombaires gravem ent touchées, m ais excellent

pour les gens norm aux du point de vue vertébral et rhu-


m atologique — analysons un détail intéressant :
La traction des psoas qui sert à lever les jam bes se
fait sur le centre du K et attaque directem ent sur l’inser-
Planche XI
P lanche XII
LE DIAPHRAGME ET LE R E SP IR RATIONNEL 177
tion du P arapluie de Tissié pour tire r le centre du K en
avant. Mais en même tem ps comme les jam bes se lèvent,
le bassin bascule et la région lom baire se renverse en
a rrière reculant le centre du K et allongeant la distance
lom baires-sternum .
Ce rem ue m énage complet du K, et donc aussi de la
m écanique diaphragm atique, débloque bien la respiration.
F ait individuellem ent c’est le m ouvem ent du pas de
l’oie allem and, tristem en t célèbre en France, m ais connu
de tout tem ps des Suédois sous le nom de pas suédois,
enseigné, pratiqué de tout tem ps dans les gym nases suédois,
p ratiqué a u jo u rd ’hui dans les salles de culturism e am éri­
cain avec des sabots de fonte aux pieds pour m uscler les
m uscles visibles de la jam be (les invisibles font le vrai
tra v a il), et dont le b ut est une puissante stim ulation de
l’attache du diaphragm e. C’est tout à fait rem arquable
comme exercice échauffant.
Pour un gym naste s’adonnant aux joies de l’espalier
suédois le même exercice se fait suspendu à l’espalier,
élévation alternative des jam bes tendues, puis sim ultanée
avec inspiration profonde.
Ce n ’est naturellem ent pas un exercice pour malades,
rh u m atisan ts et vieillards, m ais pour ceux qui peuvent le
faire il est évidem m ent puissam m ent diaphragm atique.
Bien entendu cette élévation brutale des jam bes tendues
avec puissante inspiration, c’est-à-dire avec brusque pres­
sion du diaphragm e su r les organes abdom inaux est à
interdire form ellem ent chez tous les éclopés sous-diaphrag-
m atiques énum érés longuem ent au chapitre du blocage
du diaphragm e, ainsi que chez les cœ urs fragiles et tachy-
chardiques qui reçoivent un violent coup de bas en haut
p ar la poche à air gastrique ou les poches à air intestinales,
ainsi que chez les gens lésés et âgés pour qui le coup de
bélier circulatoire au cerveau est dangereux, car ce sont en
général des congestionnés et des athérom ateux de la circu­
lation cérébrale.
La gym nastique du jeune hom me ou de la jeune fille
norm ale à développer n ’est pas la gym nastique de l’hom me
et de la femme adultes gravem ent m alades, ne confondons
pas.
SECONDE PARTIE

L’antichambre du Yoga
par le Docteur J.-J. LAUBRY

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Manière de se comporter à table

CHAPITRE DEUX

Comment combattre
nos mauvaises habitudes

CHAPITRE TROIS

Exercices pratiques de Yoga


Introduction

Le Yoga, et en particulier le Hatha-Yoga, s’infiltre de


plus en plus à travers les principes de la civilisation occi­
dentale.
Ce phénom ène répond au besoin naturel de retrouver
en chacun de nous le grain de divinité qui a été confié.
Selon la parabole, ce grain qui est enferm é dans la coque
de l’égoïsme doit, par nos soins, germ er et m ourir pour se
m étam orphoser en l’arbre de la vie divine. Cette m uta­
tion ne peut s’accom plir tan t que l’on refuse de s’appli­
quer à dissoudre l’enveloppe herm étique dans laquelle nous
m aintenons le grain enfermé. Cette enveloppe est notre
ego (plus com m uném ent désigné p ar sa m anifestation :
l’égoïsme).
L’ego dissous laisse pénétrer, p ar le Divin Am our, la
soum ission et l’union avec le cosmos, ses lois et sa volonté :
c’est-à-dire l’acceptation du joug accordé p ar Dieu. Le
m ot joug, par son ascendance latine jugum est intim em ent
lié au term e sanscrit Yoga. « Mon joug est doux et m on far­
deau léger » nous dit le Christ, et le yogi « c’est celui qui
fait la volonté de mon Père ».
Il existe plusieurs façons de se soum ettre au Joug
Divin. Les Yogas sont nom breux, m ais la civilisation sata­
nique que nous subissons actuellem ent nous a parfois m a­
térialisés à un tel point que nous sommes incapables,
même si nous avons em brassé une religion (rem arquer
que ce m ot évoque égalem ent l’idée de Joug) de concevoir
le T résor divin qui nous est confié.
Le Hatha-Yoga est, de beaucoup, le Yoga le plus abor­
dable pour l’Occidental, parce q u ’il résoud le problème
182 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

p ar le plan physique, celui qui préoccupe le plus, de nos


jours, l’homme de la civilisation occidentale. P a r cette voie,
insensiblem ent, sans nous en rendre compte, il nous est
ainsi possible de nous soum ettre à la divine Volonté et de
découvrir peu à peu les trésors que la chute dans l’intel­
ligence (ou ensemble des facultés intellectuelles) ne lui
perm ettait plus de percevoir. Hélas, le Hatha-Yoga tel q u ’il
est pratiqué p a r les Hindous, même lorsqu’ils ten ten t de
l’abaisser à notre portée, aboutit souvent à des désastres
parce q u ’il est situé encore trop au-dessus de la condition
où nous sommes tombés. Au sein d’une civilisation dite
m atérialiste, nous sommes obligés de constater la p lupart
du tem ps que la m atière même n ’est plus respectée. Chez
90 % des individus, le corps physique est dans un état de
délabrem ent effrayant. Les athlètes eux-mêmes sont sou­
vent dans un équilibre physique plus que précaire. C’est
pourquoi, même en se confiant à un M aître hindou de
Hatha-Yoga (et il n ’y en a que peu ou pas dans nos pays)
qui entreprendrait de nous entraîner dans leur sage pro ­
gression, on risquerait d’encourir des accidents. En effet,
le palier de départ de l’Occidental est bien au-dessous de
celui de l’O riental, ta n t son être vit loin des conditions
essentielles orginelles de l’espèce hum aine.
Nous avons fait personnellem ent l’expérience du Hatha-
Yoga sans le secours de ce que l’on appelle un Guru en
O rient, c’est-à-dire non un professeur m ais un m aître).
Nous avons essuyé m aints échecs et m aints accidents,
m algré une discipline que nous croyions sévère et un res­
pect que nous croyions fidèle des principes de base (sans
lesquels il est impossible de tenter l’expérience). Nous
avons com pris que m algré notre bonne volonté et notre
esprit de soumission, notre corps pas plus que notre esprit
n ’étaient aptes, au début, à se plier aux exigences des
prem iers balbutiem ents du Hatha-Yoga.
C’est pourquoi nous nous sommes décidés à rédiger ce
petit m anuel qui constitue, nous l’espérons, comme nous
l’avons baptisé, « l’A nticham bre du Yoga ». Le fu tu r
yoghin y trouvera des exercices qui, s’ils sont pratiqués
régulièrem ent tous les jo u rs au moins une fois par jour,
prépareront l’organism e aux différentes disciplines du Yoga.
Ces exercices ont pour but :
— De prendre conscience, dans son détail et dans son
ensemble, de la colonne vertébrale, l’arbre de la vie divine,
si m alm enée par notre civilisation.
INTRODUCTION 183
— D’exhum er de notre torpeur (satanique) les fonc­
tions vitales essentielles dont nous avons pu prendre, par
m om ents, sinon la conscience de leur existence, du m oins
la notion du véritable rôle qui leur est attribué p ar la
m ère N ature, à savoir : les fonctions de la respiration, de
la nutrition, de la sexualité, de l’excrétion, de la relaxation,
du sommeil, de l’activité corporelle, de l’activité m entale.
Bref, il s’agit de vivre en conscience et en harm onie
avec l’Univers ou cosmos, ou Dieu, et non en ignorant et
en révolté (voire p ertu rb ateu r) contre lui.

En Occident, la principale incom patibilité que l’on


rencontrera et qui, à elle seule, peut faire échouer les meil­
leures volontés, c’est la perte de la notion de l’abus de
toutes choses.
L’Hindou, habitué à vivre dans un pays où l’on s’a t­
tend à chaque in sta n t à voir ap p araître la fam ine, sait
reconnaître la dose optim a qui perm et de subvenir à ses
besoins et, de ce fait, a gardé intacte la notion de l’équi­
libre.
Il n ’en est pas de même pour les civilisés occidentaux
et particulièrem ent pour les F rançais qui ont tendance à
considérer comme norm ale la dose qui, déjà, dépasse la
m axima. C’est pourquoi, la p lu p art du tem ps, nous avons
affaire, nous autres médecins, à des patients dont l’orga­
nism e est surchargé et surm ené à tous points de vue, car
un abus en entraîne des quantités d’autres. S’il ne s’agis­
sait que des m alades apparents, le danger serait minime,
m ais l’homme dit norm al et bien p o rtan t vit déjà dans
l’excès. Lorsqu’il se présentera devant un yogi véritable,
ce dernier, habitué, s’il est Hindou, à guider des gens sobres,
pourra com m ettre quelques erreurs qui au ront pour consé­
quence, non seulem ent de décourager ses bonnes intentions,
mais de perturber une santé que les excès auront rendue
précaire. Ceci se m arquera d’a u ta n t plus que le yoghin
habitué à la plus grande franchise, sera souvent trom pé par
je ne sais quelle pudeur que chacun m et à dissim uler ses
travers.
Le Yoga, et en particulier le Hatha-Yoga, est incom pa­
tible avec un organism e soumis à un ou des excès. Celui
qui désire tenter cette discipline doit être averti q u ’il lui
184 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

fau d ra abandonner, tôt ou tard, ses m auvaises habitudes


s’il veut obtenir un résu ltat et s’il veut progresser. S’il
pouvait soupçonner la récom pense qui l’attend en échange
de ses sacrifices, il n ’hésiterait pas une seconde. Q u’il
se rassure toutefois et qu’il ne se fasse pas un monde
effrayant de ce qui p o u rrait lui être demandé, tout se dé­
roule naturellem ent.
Déjà les quelques exercices préparatoires que je pro­
pose lui feront retrouver une bonne dose de P aradis terres­
tre et avec elle un peu de la conscience spontanée de ce
qui nous est réellem ent profitable et m auvais. En a tte n ­
d an t qu’il soit un peu avancé, voici sur quoi il devra
veiller :
1°) Eviter le plus possible, sinon com plètem ent, les
boissons alcoolisées, quel qu’en soit le degré d’alcool.
2°) Eviter le plus possible, sinon com plètem ent, l’usage
du tabac.
3°) Eviter le plus possible, sinon com plètem ent, l’usage
des toxiques m édicam enteux.
4°) Elim iner com plètem ent les ersatz alim entaires.
5°) Ne pas abuser des stim ulants naturels tels que :
viande, thé, café, etc. Nous sommes depuis des générations
om nivores à prépondérance carnivore, et le plus souvent
les livres de cuisine contiennent 90 % de recettes de plats
de viande où les légumes et les fru its sont considérés
presque uniquem ent comme garnitures. La préparation au
Yoga sera fortem ent aidée si l’ensemble de notre n o u rri­
tu re est constitué p ar 30 % de fruits, 30 % de légumes,
30 % de m ets du groupe laitage, œ ufs et entrem ets sucrés,
et enfin il ne nous restera que 10 % pour la viande ou
le poisson.
CHAPITRE PREM IER

Manière de se comporter à table

Le repas doit être considéré comme un rite, c’est-à-


dire avec beaucoup de respect, et y p rêter énorm ém ent
d ’attention. On devra s’abstenir de lire, écouter la radio,
regarder la télévision et même si possible de p arler pen­
dant que l’on m angera.
Au début du repas, sachez apprécier les plats qui vous
sont présentés et rem erciez la Providence qui vous a per­
mis, une fois de plus d’avoir la possibilité de vous rassasier.
Complétez cette considération par l’émission du vœu que
tous les êtres soient dans le même cas que vous.
Si vous êtes seul à table, vous attaquerez votre repas,
sinon, vous vous assurerez que chacun a ce qu’il lui faut.
Vous ne commencerez que lorsque vos convives seront
pourvus du nécessaire et q u ’ils auront avalé la prem ière
bouchée.
Ne mangez pas gloutonnem ent, tout en pensant à autre
chose, mais au contraire m astiquez posém ent en dégus­
ta n t votre nou rritu re avec déférence m ais sans gourm an­
dise. (Notons en passant que la pensée dirigée et concen­
trée sur un acte en cours favorise le bon accom plissem ent
de l’acte lui-m êm e).
Dans l’art de m anger, le séjour des alim ents dans la
bouche doit retenir votre attention. On ne doit absolum ent
pas, ou le moins possible, boire en m angeant, m ais avec
de bonnes ou m auvaises dents, voire sans dents, chaque
bouchée devrait être m astiquée pendant au moins trente
secondes avant d’être avalée. On serait ainsi plus av anta­
186 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

geusem ent nourris pour une quantité m oindre. Du reste,


vous devrez toujours sortir de table sans la sensation d’être
com plètem ent rassasié.
Si vous êtes allé ju sq u ’à la lourdeur et la somnolence,
vous pouvez vous considérer comme véritablem ent intoxi­
qué. Déjà sim plem ent en observant ces conseils élém en­
taires, vous devez constater une nette am élioration dans
tous les dom aines de votre vie quotidienne et je serais
surpris que vous soyez victim e de quelque m aladie que
ce soit et encore m oins de troubles du tube digestif.
Si, bien q u ’ayant observé scrupuleusem ent les règles
énoncées plus haut, vous veniez à tom ber m alade, avant de
vous précipiter sur n ’im porte quel m édicam ent, observez
un jeûne de vingt-quatre à q uarante-huit heures en obéis­
sant seulem ent à la soif, soit par des tisanes ou tout sim ­
plem ent de l’eau additionnée du ju s d’un citron ou d’une
orange p ar litre. Si la m aladie se prolonge et ne régresse
pas le m oins du monde, alors, m ais alors seulem ent, vous
pourrez, vous devrez même, appeler le médecin. Vous
aurez ainsi débarrassé votre cas de tout ce qui a u ra it pu
entraver l’élaboration du diagnostic. Si la m aladie, au
contraire, cesse à ce régime, vous aurez fait une économie
de médecin et vous aurez évité à ce dernier l’occasion
de com m ettre une faute, voire même une série de fautes,
parce q u ’à notre époque où tout le monde est archi-pressé,
la médecine laisse de moins en m oins de place au bon
sens. Dans ce dom aine, ce ne sont m alheureusem ent pas
les plus haut-placés qui donnent souvent le bon exemple,
la form ation et les concours qui m ènent aux places en vue
favorisent les bonnes m ém oires essentiellem ent livresques.
Pour faire un bon médecin, il fau d rait être capable de
donner à ses m alades un peu de science et beaucoup
d’am our, mais la p lu p art du tem ps les m alades sont pris
d’assaut par des com battants agressifs, atta q u an t avec les
arm es redoutables que leur fournit une science ignorante,
affirm ative et contradictoire à la fois. Q u an t au term e
am our, même pour les m édecins de l’âme, il sert à désigner
la form e la plus basse de la sexualité.
CHAPITRE DEUX

Comment combattre
nos mauvaises habitudes

Il est évidem m ent très facile de dire, ainsi que nous


l’avons fait plus h a u t : « Evitez de vous adonner à telle
ou telle m auvaise habitude ». Il est autrem ent plus facile
de le dire que de le faire, ceci nous le savons tellem ent
bien que nous employons un term e im pératif atténué du
fait que nous prenons soin de dire : évitez et non cessez.
Il est quelquefois même dangereux de cesser une m au­
vaise habitude qui est devenue une partie intégrante à
nous-même, c’est-à-dire ni plus ni m oins q u ’une toxico­
m anie ; la cesser brusquem ent en traîn erait des troubles
plus ou moins graves, voire même parfois m ortels.
Comment doit-on procéder ?
T out d’abord, nous devons apprendre à considérer cette
habitude et la juger dans une sorte de dédoublem ent,
comme si elle ap p artenait à un autre nous-même. Bien
souvent, nous nous entêtons à garder une habitude parce
que nous nous refusons de la regarder en face de peur
de la ridiculiser, par conséquent, de nous ridiculiser avec
elle. Lorsque nous aurons touché au fond du ridicule, il
nous sera facile de trouver le remède évitant un aspect
de violence ou de châtim ent.
Exem ple : Le fum eur enragé qui décide du jo u r au
lendem ain de ne plus fum er, cesse d’abord trop brusque­
m ent ce qui, comme nous l’avons dit plus haut, est non
seulem ent une erreur, m ais un danger. Ensuite, il jette
188 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

au feu tout son attirail de fum eur, évite de se trouver avec


des fum eurs pour ne pas être tenté, puis succombe fina­
lem ent à la tentation de tire r une bouffée, puis recom­
m ence de plus belle à fum er, avec, en plus, un complexe
de culpabilité qui n ’existait pas auparavant. A plusieurs
reprises, il essaiera de la sorte et, à plusieurs reprises, il
échouera parce que, sans s’en rendre compte, il s’attaquera
à l’effet et non à la cause. En effet, il n ’est pas devenu
fum eur parce qu’il avait des cigarettes m ais parce q u ’il a
eu envie de fum er ces cigarettes.
P our garder le même exemple, voici un des procédés
que nous pensons devoir appliquer :
Ne cessons pas de fum er, même partiellem ent, du jo u r
au lendem ain ; nous avons attendu ju sq u ’à a u jo u rd ’hui
pour cesser, nous ne sommes pas pressés.
Observons-nous en tra in de fum er, soit en nous repré­
sentant notre attitude m entalem ent, soit en nous regardant
attentivem ent devant la glace dans notre attitude de fu­
m eur. Exam inons ce que cette attitude a de faux et de con­
ventionnel ou de naturel et d’élégant. De quoi avons-nous
l’air ? Quel plaisir trouvons-nous à jouer à la locomotive
à vapeur, à la chem inée d ’usine ?
Pourquoi avons-nous pris cette habitude de nous noir­
cir les poum ons, les dents, d ’im poser à ceux qui nous en­
to u ren t de vivre dans un nuage de fumée, de soum ettre à
leur odorat le parfum âcre des goudrons de tabac qui im ­
prègne, non seulem ent notre corps, m ais aussi nos vête­
m ents ? et tout cela pour le seul plaisir de nous détruire
à petit feu.
Nous continuerons ainsi à nous observer et faire le
procès de notre cas, sans jam ais toutefois nous condam ner.
Le fait d’avoir perdu, si nous estim ons que la cause est
indéfendable, nous au ra fait parcourir plus de la moitié du
chem in vers la guérison.
Au stade suivant, nous devrons nous efforcer d’acqué­
rir un certain m anque d ’em pressem ent a u ta n t à fum er
q u ’à ne pas fum er. P a r exemple, si l’envie de fum er nous
prend, concentrons notre pensée sur notre respiration en
nous efforçant de trouver un rythm e apaisant comme nous
en indiquerons par la suite au cours de cet ouvrage. Au
bout de quelques respirations nous aurons passé la phase
impérative» du geste réflexe soumis à l’habitude. A ce
m om ent-là il se peut que l’envie de fum er subsiste m algré
tout, m ais il se peut aussi qu’elle ait disparu pour un cer­
COMMENT COMBATTRE NOS MAUVAISES HABITUDES 189
tain tem ps. De même, si distraitem ent vous avez allum é
une cigarette et que vous vous en êtes aperçu, ne vous
empressez pas de l’éteindre ni de la finir rapidem ent,
m ais au contraire, fumez-la lentem ent, tout en la consi­
dérant et en observant votre com portem ent à son sujet,
d’une façon sim ilaire à celle que vous avez pratiquée pour
faire le procès de l’usage du tabac avant de vous décider
à le supprim er. Souvenez-vous que nous ne cherchons nul­
lem ent à supprim er le tabac et la cigarette, m ais à anéan­
tir l’envie de fum er.
P etit à petit, vous vous orienterez vers une sorte de
redressem ent de vos qualités m orales, si j ’ose dire, de vos
sens olfactifs, en vous h ab itu an t à vous réjouir de sentir
un parfum naturel de fleur et d’apprécier, lorsque vous
serez à la cam pagne ou dans un jard in public ou privé, la
fraîcheur de l’air p u r dépourvu de toutes les souillures
imaginées par l’homme. La pratique de la respiration vous
aidera énorm ém ent dans cette voie, et bientôt vous vous
apercevrez à quel point l’usage du tabac peut altérer notre
odorat et de combien de joies saines nous nous privons
lorsque nous fumons.
Au bout de quelques mois nous tenterons de ne plus
fum er le m atin, puis nous arrêterons la journée entière,
ensuite tous les deux jo u rs, puis tous les trois, puis défini­
tivem ent.
Nous pourrons procéder d’une façon sim ilaire pour
n ’im porte quelle petite toxicom anie que nous entretenons,
m ais lorsqu’elles atteignent des degrés d ’im prégnation plus
profonds, il sera préférable de s'adresser à des spécialistes,
voire même à des centres hospitaliers spécialisés.
CHAPITRE TROIS

Exercices pratiques de Yoga

Exercice n i . - Relaxation.

S’étendre sur un tapis ou sur une couverture à plat


dos, la tête si possible au nord, les m em bres supérieurs soit
le long du corps, soit les m ains posées sur le ventre, de
telle sorte que la m ain gauche repose sur la m ain droite.
Chercher la détente m usculaire la plus complète. Pour
ce, observer les procédés suivants :
1°) Respirer en douceur en dégustant l’air qui semble
engourdir les poum ons.
2°) Se servir de l’im agination pour créer la sensation
que l’air frais filtre à travers la paroi des poum ons pour
envahir, peu à peu, tout le corps et créer un engourdisse­
m ent progressif et total.
3°) Les yeux mi-clos, les muscles des paupières déten­
dus, essayer de visionner, sans le m oindre effort, un ciel
bleu et une m er calme.
4°) Se laisser envahir l’audition par le b ru it intérieur
continu de l’oreille ou essayer d’im aginer, en évitant tout
effort de recherche, une ligne de chant douce, émise par
une voix ou un in stru m en t suave et irréel.
5°) Si l’on n ’y parvient pas bien, se répéter comme
une lente et obsédante litanie des m ots comme : calme,
douceur, paix, etc...
6") Le relâchem ent m usculaire, plus ou moins complet,
doit être obtenu au bout d’un tem ps relativem ent court,
EXERCICES PRATIQUES DE YOGA 191
sinon il sera bon de procéder à la prise de conscience
détaillée des différents groupes m usculaires en essayant de
les relaxer séparém ent. P our ce, si la tâche paraît trop
dure, elle sera facilitée en p ratiq u an t une forte contraction
avant la relaxation. Ce systèm e a l’avantage de rendre plus
aisée la prise de conscience des différentes régions m uscu­
laires du corps.
La relaxation du corps pourra être considérée comme
totale lorsqu’on au ra l’im pression de ne plus pouvoir com­
m ander ni diriger quoi que ce soit de ce qui est ordinai­
rem ent sous le contrôle de la volonté.
En cas de fatigue après les exercices qui vont suivre,
il sera bon de se relaxer.

Exercice n 2. - Marche sur la pointe des pieds.

Debout, les m ains aux hanches, aussi droit que possible,


le m enton rentré légèrem ent, les muscles du cou légère­
m ent tendus, m archer avec souplesse, sans bruit, pieds nus,
au to u r de la pièce dans laquelle vous vous trouvez.
R ythm er la respiration su r les pas en s’efforçant de
p ratiq u er la respiration complète. Un des rythm es que l’on
p ourra adopter et qui nous semble un des m eilleurs sera
celui-ci :
Inspiration : 6 pas
Suspension de souffle : 4 pas
Expiration : 10 pas
Suspension de souffle : 4 pas
On com m encera p ar faire en tout, chaque jour, soixante
pas ainsi pendant une semaine, puis on augm entera de
vingt pas chaque semaine, ju sq u ’à concurrence de cent
vingt pas.

Exercice n 3. - Exercice de la chaise.

Assis à califourchon su r une chaise face au dossier,


le buste le plus droit possible, le m enton légèrem ent ren­
tré, on pratiquera la respiration alternativem ent par les
deux narines, de la façon suivante :
1“) Poser la m ain gauche sur le dossier de la chaise.
192 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Après avoir expiré à fond, boucher les deux parties entre


le pouce et l’index de la m ain droite, de façon à ce que
le pouce obture la narine droite et que l’index obture la
narine gauche, sans serrer exagérém ent le nez. Lever ensuite
le pouce et inspirer p ar la narine droite, ainsi libérée, le
plus lentem ent possible, et le plus à fond possible sans
toutefois trop forcer et distendre les poum ons désagréable­
m ent. A ce m om ent, boucher les deux narines.
2°) Après avoir m aintenu une seconde ou deux les deux
narines bouchées, lever l’index et expirer p ar la narine
gauche aussi lentem ent et aussi profondém ent que possi­
ble. La durée de l’expiration devra être au m oins aussi
longue, sinon plus que la durée de l’inspiration. Boucher
les deux narines à la fin de l’expiration.
3°) Sans observer, cette fois, de tem ps d’arrêt, du
m oins très court, lever l’index et inspirer p ar la narine
gauche en observant les recom m andations indiquées pour
la narine droite au paragraphe (1°). Boucher ensuite les
deux narines.
4°) Après avoir observé, comme au paragraphe (2°) un
tem ps d’a rrêt d ’une ou deux secondes, les deux narines
bouchées, lever le pouce et expirer par la narine droite en
observant les recom m andations indiquées pour la narine
gauche au paragraphe (2°). Boucher les deux narines. Nous
avons ainsi réalisé un tour complet de respiration alternée,
il n ’y a plus qu’à recom m encer en levant le pouce pour libé­
rer la narine droite comme au paragraphe (1°).
Six respirations de ce genre constituent un cycle respi­
ratoire, on se reposera quelques instants puis on en re­
com m encera un autre.
Pour que l’on tire quelque bénéfice de cet exercice, il est
recom m andé de p ratiquer au moins deux cycles le m atin
et deux le soir.
*
**

L’inspiration se fait par une narine et l’expiration par


l’autre. Pendant que l’on exhale et que l’on inhale par une
narine, l’autre doit toujours rester bouchée.
Une expiration doit toujours être suivie d’une inspira­
tion par la même narine.
EX ERCICES PRATIQUES DE YOGA 193

Exercice ri 4 . - Assouplissement de la colonne ver­


tébrale.
Assis à califourchon su r une chaise, solide a u ta n t que
possible, face au dossier, les m ains appuyées de p a rt et
d’au tre sur le h a u t du dossier :
1°) E xpirer le plus à fond possible en pliant toute la
colonne vertébrale en avant.
2°) Inspirer aussi lentem ent et aussi à fond que possi­
ble, tout en se redressant pendant la durée de l’inspiration
en cam brant à fond, la tête droite, le m enton légèrement
rentré afin de tendre la m usculature de la nuque le plus
possible. T out en resp iran t le plus à fond possible, il est
recom m andé de ne pas distendre les poum ons exagérément,
m ais de rester dans les lim ites du bien-être.
3°) Après avoir retenu le souffle en inspiration pendant
quelques instants, expirer aussi lentem ent et aussi à fond
que possible, tandis que l’on se penchera du côté gauche
le plus bas possible, sans perdre l’équilibre et en ayant soin
de régler la vitesse d’exécution du m ouvem ent sur la durée
de l’expiration.
4°) L’expiration term inée, on inspirera aussi lentem ent
et aussi à fond que possible, tandis que l’on redressera le
tronc ju sq u ’à la position de départ.
On exécutera à nouveau le 1° et le 2°, puis on passera
au 3° et au 4°, mais cette fois-ci on les exécutera à droite.
Ces m ouvem ents seront exécutés trois fois à gauche et
trois fois à droite. S’efforcer de les p ratiq u er lentem ent et
sans jam ais forcer l’opposition de la douleur.
L’action de ce m ouvem ent se fait sentir par le dégage­
m ent de la cinquième vertèbre lombaire et l’assouplisse­
m ent de la colonne vertébrale par l’étirem ent des ligam ents
latéraux, généralem ent ankylosés chez les civilisés, puis in ­
téresse tous les organes du petit bassin et libère la circu­
lation des jam bes.

Exercice r i 5. - Assouplissement de la colonne ver­


tébrale.
Assis à califourchon sur une chaise, dans ïa même a tti­
tude qu’au depart.de l’exercice n “ 4.
194 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

1°) Les m ains posées de p a rt et d’autre sur le h au t


du dossier, laisser le dos se relaxer naturellem ent et la
colonne vertébrale fléchir en se courbant en avant, cepen­
dant que l’on expirera à fond.
2°) Ceci fait, inspirer aussi lentem ent et aussi à fond
que possible tout en redressant le dos en acecntuant le
plus possible la cam brure et la tension des muscles de la
nuque en re n tra n t le m enton. Pour accom plir cet exercice,
on évitera de s’aider de ses bras, ce sont uniquem ent les
muscles de la face postérieure du tronc et du cou qui doi­
vent m ener le jeu.
3°) Après avoir retenu le souffle en inspiration pendant
quelques instants, on laissera le dos se relaxer doucement
tout en expirant à fond pendant une durée légèrem ent plus
longue que celle de l’inspiration.
P endant l’exécution de cet exercice, on veillera à bien
synchroniser les m ouvem ents m usculaires avec la respira­
tion. On l’exécutera trois fois com plètem ent, en concen­
tra n t sa pensée le plus possible sur la colonne vertébrale
et les muscles de la face postérieure du tronc.
L’action de ce m ouvem ent se fait sentir par la mise
en place du squelette de la colonne vertébrale dans sa posi­
tion naturelle et norm ale, par le massage général de toutes
les parties molles de la colonne vertébrale, p ar le dévelop­
pem ent des muscles du dos, la réanim ation de tout le sys­
tème innervé par le systèm e sym pathique vertébral et l’éveil
des fonctions des différents organes du corps entier, y com­
pris les fonctions cérébrales.

Exercice n 6. - Assouplissement de la colonne ver­


tébrale.
Assis à califourchon sur une chaise comme dans les
exercices précédents :
1°) Les m ains posées de p art et d’autre su r le h au t
du dossier, laisser le dos Se relaxer naturellem ent et la
colonne vertébrale fléchir en se courbant en avant, cepen­
dant que l’on expirera ù fond.
2°) Ceci fait, poser l’avant-bras droit le long du haut
du dossit^r de la chaise de façon à ce que la main droite
tienne le m ontant que tenait la m ain gauche et qui doit
être m aintenant pendante le long du tronc, puis inspirer
EXERCICES PRATIQUES DE YOGA 195
aussi lentem ent et aussi à fond que possible tout en effec­
tu a n t sim ultaném ent un redressem ent du dos et une torsion
de la tête et du tronc de droite à gauche, tandis que les
yeux, suivant le m ouvem ent, regarderont le plus à gauche
possible. La colonne devrait exécuter un m ouvem ent de
torsion le plus complet possible du bassin à la tête et dans
le même sens, sur toute sa longueur.
3°) Après être resté quelques in stan ts ainsi en rete­
n a n t le souffle, on expirera aussi lentem ent que possible
tout en revenant face au dossier de la chaise et en relaxant
le dos p a r un fléchissement naturel en avant de la colonne
vertébrale. Puis, en plaçant l’avant-bras gauche sur le hau t
du dossier de la chaise, d’une façon sym étrique à celle qui
avait été observée précédem m ent pour le bras droit, on p ra­
tiquera à droite ce que l’on au ra pratiqué à gauche.
On exécutera cette torsion, en tout, trois fois à gauche
et trois fois à droite.
L’exécution de ce m ouvem ent achève de donner la pos­
sibilité d’une libération totale de la colonne vertébrale, à
condition de l’exécuter tous les jours avec m éthode et assi­
duité, comme un rite quasi-religieux.
La femme qui au ra la patience suffisante pour p rati­
quer cet exercice tous les jours, tout en observant les règles
de vie énoncées au début de notre ouvrage, verra non seu­
lem ent disparaître peu à peu cette abom inable cellulite-
cauchem ar, mais se rétablir com plètem ent son équilibre
neuro-circulatoire et glandulaire.
Docteur Laurry .
TROISIÈME PARTIE

LE YOGA
visible et utilisable
dans
La Statuaire Pharaonique

La Sainte Messe

L’Art des cathédrales

Postures de Hanish commentées


CHAPITRE PREMIER

Postures pharaoniques debout

Le pharaon Ranaphir.

Voici d’abord une statue app arten an t au Musée du


Caire.
(Planche III. Fig. 3).

Le sujet est en position droite parfaite. C’est le Pharaon


R anaphir en costum e de prêtre, c’est-à-dire nu, rasé, le
bassin couvert d’une sorte de jupe à l’écossaise, un bonnet
collant sur la tête, torse nu, pieds nus. Les pieds sont
longs, c’est le pied du coureur des m orphologistes français,
tarse et m étartase forts, longs doigts, m oyennem ent plats.
Jam be puissante, mollet decendant bas, m ais non en rota­
tion à l’extérieur, ce qui serait un signe afro-asiatique.
Forte et belle jam be. Ventre m oyennem ent plat, sans ré­
traction. Pectoraux saillants. Epaule large et, ce qui est
rare dans la statuaire égyptienne, épaule à la suédoise en
bas et en arrière. Quand l’épaule est légèrem ent rem ontée
sous les oreilles on obtient le type sém itique habituel des
statues pharaoniques, poussé au m axim um dans les colosses
que nous verrons plus loin, où le cou est en im plantation
nettem ent décalée vers le sternum .
Donc, très belle attitude gym nastique et orthopédique.
Le cou a été brisé, soit par suite de la chute de la statue,
soit par les coups de m arteau des vandales iconoclastes.
Il faut dire aussi que les historiens spécialisés en Egyp-
tologie vous décrivent l’évolution de ce pays comme une
succession de dynasties séparées par des révolutions comme
200 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

en Chine. Beaucoup de dynasties et beaucoup de révolu­


tions, avec des périodes très im portantes d ’anarchie com­
plète, où naturellem ent il ne devait pas y avoir que des
adm irateurs respectueux de la sculpture. Quoi q u ’il en soit,
la tête est en place et le cou norm al chez le Pharaon Rana-
phir. Il n ’est nullem ent hypertrophié chez ce superbe sujet,
ni grêle comme celui de Tout-Ank-Amon, ni consolidé par
cette espèce de bloc cubique que l’on voit sur la p lu p art
des statues de P haraons et qui probablem ent a dû, au cours
des âges, renforcer énorm ém ent la solidité du cou, en en
doublant le volume. La tête est bien dolichocéphale, comme
le dit le Docteur Naguib Riad dans son livre ; l’oreille est
grande et belle, elle n ’a pas de replis exagérés. Le bras est
puissant. La m ain tient le classique rouleau. La position
du pouce m ontre que le poing est serré au m axim um .
Il s’agit bien du prem ier exercice du Yoga iranien-m az-
déen décrit par le Docteur H anish, sous le nom de posture
égyptienne n° 1.
R em arquons aussi la longueur rem arquable du pouce
et sa prem ière phalange très puissante, signe de force et
de volonté. Cette im pression est confirm ée p ar le visage.
Le Nez ->st long et fort. La Bouche a des lèvres fines,
nullem ent négroïdes ; le M enton est petit m ais puissant.
Passons à présent au regard : il est redoutable : on ne peut
dire, su r une photo, s’il s’agit d’une légère exophtalm ie ou
si le personnage est en colère ou en proie à une résolution
très forte.
De toute m anière, la statue est très belle, aussi bien
du point de vue anatom ique que du point de vue orthopé­
dique. R em arquons le nom bre de têtes que fait le su jet :
c’est un hom me de grande taille.
D ans le fond de la salle se tient une statue de femme
dans la même position. Elle donne une im pression de force
énorm e, concentrée.
POSTURES PHARAONIQUES DEROUT 201

Le colosse de Ramsès II du temple de Louqsor.


(Planche IV. Fig 4.).

Donnons quelques explications su r ce colosse.


Il m esure cinq m ètres de haut. Il se trouve dans l’une
des cours du fam eux temple. On le voit, on le com prend et
on l’adm ire, surtout dans le grand livre de Schwaller de
Lubitch (Editions C aractères). Car il est non seulem ent
photographié sous divers aspects, m ais égalem ent redessiné
au tra it p ar Lucie Lamy.
On adm ire la form idable puissance de cet hom me en
m arche, et l’on peut étudier la position des m em bres, qui
est instructive ; m ais ce qui est le plus extraordinaire, c’est
la présence, derrière lui, de la partie supérieure de son
crâne au talon, de deux colonnes de caractères hiérogly­
phiques (voir page 203).
Si j ’ai choisi cette image dans la collection Violet, c’est
que le jo u r passant su r le côté m et rem arquablem ent en
valeur le bras, bien raide et tendu. Il s’agit, en effet, d’un
exercice à la fois d’extension et de contraction que nous
expliquerons plus loin.
Les m ains sont serrées sur d’énorm es rouleaux de bois,
de pierre, de bronze ou de fer. Le m étal peut avoir une
im portance.
Mais il y a peu de recherche de proportion et de vérité
dans ces statues, le but du M aître de Sagesse qui les a fait
exécuter étant de faire du solide et du durable, et de donner
une im pression de m assivité. Dire que la solidité de la sta­
tue, son caractère lié et m assif lui a perm is d’arriver
entière ju sq u ’à nous, est une m anière de flatter notre épo­
que. Or il nous faut penser que nous nous déplaçons sur
le plan incliné, ou sur la spire du tem ps et que notre épo­
que n ’a peut être pas plus d’im portance qu’une autre dans
100 ou 200 ans. Peut-être le colosse est-il là pour des gens
plus lucides et plus attentifs que nous qui nous succéde­
ront et qui en tirero n t profit ! A-t-il transm is son message
à ceux qui en avaient besoin ou le transm ettra-t-il dans
longtemps, nous n ’en savons rien.
Les fam euses jam bes de Maillol, qui sont parfois vraies
anatom iquem ent, m ais qui sont élargies dans une certaine
proportion, ont pour but de donner, de loin, une im pres­
202 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

sion de puissante assise servant de socle au corps et m on­


ta n t de la terre.
Astrologiquem ent, ces réalisations sont « train infé­
rieur » et « terre ». D’autres statues de la même époque
ne donnent nullem ent cette im pression et sont fines, comme
p ar exemple la statue de femme qui se trouve dans l’ombre,
au pied de la statue, et qui le touche avec le geste rituel de
la m ain levée au mollet. E t Maillol lui-même a parfois créé
de ces femmes longues et hautes de terre, comme « l’Ile
de France », si attachante, car il exécutait dans tous les
genres.
Tout cela a des significations, que l’on pourra lire dans
le livre en 3 volumes in-quarto où Schwaller désocculte
le grand tem ple (2 fois la longueur de N otre-Dam e). Regar­
dons les dessins, c’est-à-dire les hiéroglyphes qui descendent
le long de la colonne vertébrale de ce colosse. Au niveau du
point d’inflexion dorso-lombaire, au niveau où la colonne
change de sens de courbure, et qui est aussi le niveau où
elle se casse dans les accidents et les chutes, et qui est une
des régions vitales, celle de l’attache du diaphragm e, des
reins et des surrénales, comme aussi celle de l’anxiété et
des douleurs solaires, le m êm e cartouche se trouve des deux
côtés. Pour les égyptologues qui prétendent q u ’il n ’y a rien
à désocculter dans les tem ples égyptiens et que ceux-ci ont
été mal construits par des architectes qui ne savaient pas
bien dessiner, cette rem arque n ’a aucune valeur et cette
pure coïncidence ne signifie rien. Schwaller de Lubicz a,
prouvé la puérilité des dédains des modernes.
Personnellem ent n ’étan t pas égyptologue, m ais étudiant
sur des m illiers de m alades les rapports des localisations
des m aladies avec les vertèbres, et sachant combien cette
région est im portante et dangereuse, je fais le rapproche­
ment. Ceux qui veulent en savoir davantage pourront se
reporter aux chapitres de mon livre : « Médecine Nouvelle
Vertébrale » consacrés à cette région fondam entale.
C’est la région du K de Tissié longuem ent .étudiée plus
haut.
Rodin a représenté un homme assis qui va se lever.
On croit déjà le voir q u itter son appui. Il s’agit ici d’une
mise en jeu spéciale. Ce n ’est pas le coureur au départ qui
va dém arrer en donnant dès le début toute sa force, c’est
le sujet à l’énergie concentrée ; c’est un poids sur une
étagère ; c’est une m asse d’eau qui n ’est pas encore a rri­
vée à la turbine et qui presse contre la vanne pour entrer
POSTURES PHARAONIQUES DEROUT

Inscriptions le long de la co­


lonne. Chercher les deux
grands cartouches identiques
(d e s sin d e L ucie L am y )
204 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

dans la conduite forcée ; c’est un arc bandé non encore mis


en tension. Les poings sont serrés sur les rouleaux. Loin
d’épuiser la force générale, ils la m ettent au contraire en
m ouvem ent. Les m uscles autres que les m ains et le dos sont
relâchés et tous les ligam ents du corps sont détendus.
La chaleur envahit lentem ent les m ains, puis la colonne,
tandis que la cage joue librem ent. Les contractions inutiles,
le corps s’en débarrasse en les envoyant dans les m ains
et la colonne.
Telle est la signification de ces géants immobiles aux
poings serrés.

Exercice de Yoga et de Suédoise corrective


du schéma postural.

L ’OFFICIER DU ROI
(Planche IV. Fig. 6).

Nous prendrons comme base de description de cet exer­


cice la statue ci-contre du Musée du Louvre de la collection
Giraudon. C’est un officier du Roi, c’est-à-dire du Pharaon,
en tra in de faire le prem ier exercice.
C’est un exercice de Yoga nerveux.
C’est un exercice de découverte de son image postu-
rale.
C’est un exercice de fixation des jam bes pour les ins­
tables.
C’est un exercice de suédoise vertébrale.
C’est un exercice de m ontée de chaleur hindou et thi-
bétain.
C’est un exercice qui sert à tout ce que l’on veut. Il
suffit de savoir le faire.
Le gym naste a un visage serein et non le regard farou­
che du Pharaon. Epaules très larges et jam bes puissantes,
p ar contre bassin très m enu, type fréquent de la statuaire
de ces pays. Bras et jam bes longs, poing ferm é arriv an t à
mi-cuisse, donc type hum ain à rayons longs de Thooris.
Nous abrégerons la description de l’exercice suédois de
Tissié. Prise de sol p ar les pieds. Possession du sol, con­
traction des muscles plantaires, comme si on voulait serrer
POSTURES PHARAONIQUES DEROUT 205

le tapis. Pression égale des deux pieds. Poids du corps


égalem ent réparti sur les pieds.
Mollets contractés, sans aucune élévation sur les poin­
tes. Prise de conscience de toute la m usculature de la
jam be. Pas de tétanisation.
Cuisses contractées devant et derrière. Devant pour dé­
velopper la cuisse p a r travail statique, comme dans l’exer­
cice de Yoga confucéen q u ’on verra ailleurs ; et derrière
pour tendre les ischio-jam biers, ce qui fixe le bassin en
position correcte. N aturellem ent quand on est rh u m atisan t
et en période de sciatique, il ne s’agit pas de faire cet
exercice, on déclenche une crise !
Fesses contractées en arrière et ventre m oyennem ent
rentré en avant. Pour fixer le bassin. Il s’agit de donner une
assise solide à la colonne vertébrale, posée sur le socle du
bassin, devenu ferm e comme de la pierre. P ren an t appui
sur ce socle, on va m aintenant redresser le haut.
On doit chercher à dim inuer les courbures. Cela va se
faire aussi bien au niveau des reins q u ’au niveau du dos.
Les courbures redressées, il y a allongem ent de la taille,
m ais c’est absolum ent impossible si le tra in inférieur n ’est
pas fixé de m anière im m uable et corrigé comme l’a bien
m ontré l’Ecole Suédoise.
On peut adm irer, m aintenant qu’on connaît le rôle des
sacro-iliaques dans l’équilibre du bassin, l’insistance de
l’Ecole Suédoise du siècle dernier à s’occuper du bassin et
de sa mise en bonne position avant de s’occuper de la
colonne.
Le bassin m is en place et corrigé, to u t le h a u t du sujet
m onte et se fixe en position parfaite. Le dos se m et droit,
toute la cage thoracique m onte et s’avance plus ou moins.
Le cou se m et dans la position correcte.
Le cou, pour qui sait lire une attitude, dit tout de la
colonne, de l’âge, du vieillissem ent, de la race, du m étier.
Il est l’indicateur im pitoyable de l’orthopédie, de la psycho­
logie du sujet, de sa force, de son poids, des sports q u ’il
pratique. Il ne fau t pas creuser la nuque et coller cette
nuque au trapèze comme font les cyphotiques en se redres­
sant. Les sujets à cou court ne peuvent faire autrem ent,
m ais le su jet norm al, ou qui vient d’être débloqué, doit
essayer de placer sa tête correctem ent. Le cou recule, c’est
l’attitude dite du double m enton suédois. Le visage reste
détendu et c’est le cas ici.
L’épaule. Très im portant. C’est de cette position de
206 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

l’épaule que va dépendre la découverte des som m ets pul­


m onaires en avant, car le m assif m usculaire énorm e de
l’épaule gêne ou facilite la circulation de l’air, le cou
bien placé tira n t p ar des muscles puissants le m assif cos­
tal antérieur. L’épaule doit être en arrière d ’abord, en bas
ensuite. Très bien fixée. Le bras contracté sans exagéra­
tion. Le poing bien ferm é su r lui-même ou sur des rou­
leaux. Il suffit de se scier des m orceaux de m anche à balai.
C’est un bon appui.
La très grande difficulté est de contrôler le h a u t du
corps, sans oublier le bas ! Au début, c’est impossible. On
y arrive peu à peu.
Voici m aintenant l’exercice réchauffant. Je rends hom ­
mage au livre « L’Art de la R espiration » dans lequel je l’ai
trouvé et appris il y a 30 ans. Dans cet ouvrage où sont
exposées toutes les idées du Yoga de Z oroastre, et les pos­
tures égyptiennes, on donne l’exercice suivant.
Le contrôle que nous venons de décrire étant obtenu,
on reste le dos droit et contracté, la poitrine bien sortie,
et on apprend à faire des inspirations progressives en
serran t progressivem ent les m ains sur les rouleaux. On doit
se trouver en inspiration complète, poings bien serrés. On
garde un peu l’air, puis on le laisse rep a rtir en desserrant
les m ains. La chaleur m onte rapidem ent dans le dos. Quand
on est m aître de cet exercice, on le rend bien plus efficace
en m ontant sur la pointe des pieds pendant le serrage pro­
gressif. L’air c’est très im portant — doit être attiré puis­
sam m ent par le nez pendant le rem plissage de la cage ; il
brosse fortem ent les claviers sym pathiques de la cavité
nasale et, agit ainsi sur le système nerveux. C’est par sac­
cades régulières, égales, successives q u ’on attire l’air dans
le nez. Sinon on ne sollicite pas suffisam m ent le frotte­
ment du clavier sym pathique.
J ’ai vu dans mes cours à Bruxelles des m aîtres gym­
nastes suédistes déjà m aîtres de leur respir .être obligés
d ’alléger leur vêtem ent au bout de quelques m inutes pour
avoir fait ces exercices. Si tout le monde apprenait cela à
l’école, les gens obligés de rester immobiles dans le froid
sauraient comm ent se défendre contre ce froid, et notam ­
m ent dans le cas de cet accident où de nom breux touristes
se trouvèrent bloqués dans des cabines de téléphérique au-
dessus de la vallée blanche. Cet exercice a u ra it rendu des
services, ainsi récemment que pour ces m alheureux m ineurs
POSTURES PHARAONIQUES DEBOUT 207
enterrés sous une colline et ram enés ainsi à l’âge des ca­
vernes.
Cet exercice peut naturellem ent se faire couché et
assis, m ais il est surtout efficace debout. Vous savez donc,
grâce à H anish, dont je vous ai retransm is la technique,
com m ent vous réchauffer par tem ps froid.
La com binaison du respir, de la contraction et de l’a t­
titude est enseignée depuis toujours dans les lam asseries,
pour lu tter contre le froid. E tant donné que dans l’Inde
et en Egypte on n ’a guère besoin de se réchauffer, je pense
que cet exercice a été inventé au Thibet ou en Asie Cen­
trale. On s’honore en citant ses sources. Je vous annonce
donc que cet exercice fait partie du Yoga mazdéen, tout
différent du Yoga hindou, et que l’ensemble des exercices
de ce genre se trouve aux Editions Mazdéennes à Paris,
152, boulevard Saint-Germain.
Sandow et Desbonnet, mon M aître, ont, il y a 50 ans
et plus, obtenu des résultats analogues en faisant travailler
les culturistes les m ains serrées sur des haltères à ressort.
Il y a bien entendu des inconvénients aux haltères à
ressorts, que connaissent tous les G ym nastik-D irectors,
m ais comme a dit le Docteur Pagès, seuls les ouvriers ont
des m ains et une tonicité parce que seuls ils serrent des
outils à longueur de vie.
208 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Un détail du Yoga marché


d’après les statues précédentes.

Les m arches sont intéressantes. Elles com binent le


déplacem ent d’Hébert, le rythm e pendulaire du tra in infé­
rieu r et, à la longue, le travail insensible sur le diaphragm e
p ar le K de Tissié. P endant que la m oitié inférieure du
corps fa it ce travail, la partie supérieure peut se livrer au
Yoga avec le plus grand avantage.
Toutes les postures redressantes du tra in supérieur,
toutes les postures corrigeant le cou, toutes les postures
o uvrant puissam m ent la poitrine et l’hom me antérieur
peuvent être prises. Cela ouvre im m ensém ent l’éventail
des possibilités du Yoga.
Voilà ce que m ’ap p rit jadis le Docteur A rlaud en 1928
au gymnase. Elève des Suédois, il enseignait les m arches
correctives, les m arches respirées, les m arches grandissan­
tes, rythm ées sur le cœ ur et les poum ons, et les pratiquait.
Ce sont des choses qu’on peut appliquer toute sa vie.
A rlaud nous faisait exécuter une m arche qu’il appelait
« Talons-dos corrigé». C’est une application de la position
couchée corrigée sans ensellure de la gym nastique correc-
tive suédoise sur le dos, au parquet.
C’est la même a ttitu d e que cette statue, m ains serrées
sur le m anche (gros) de bois des haltères, m ais su r les
talons, pieds en extension. Il y a contraction perm anente de
la loge antérieure de la jam be, c’est bon pour le ski de des­
cente et pour les sciatiquants de toutes sortes. T enir la
posture est fatigant et efficace. Une autre très bonne m a­
nière de travailler est de prendre la posture des porteurs de
trib u t du socle des genoux de Louqsor, bras raides en a r­
rière, m ains croisées entre elles, poitrine ouverte à fond.
Chakra pulm o-cardiaque médio-pectoral A nahata tiré à
fond en avant.
A faire sous bois, dans les pinèdes, dans les chem ins de
cam pagne en vacances, et sur les routes gelées. Respir
rythm é sur les pas, naturellem ent. Que font les Pharaons
et les colosses debout en position vertébrale corrigée ? Ils
ont le pied gauche en avant. Ils m archent !
CHAPITRE DEUX

Moulinets respirés persans très anciens


et Prise de force
M éthode d ite des Mils ou Massues

Nous ne ferons pas ici des recherches spéciales sur


l’historique des m oulinets respirés. Cette technique est
persane d’abord et d’une authenticité indiscutable. Les
arm ées de D arius la connaissaient ; elle se pratique encore
en Perse. Elle est sans doute d ’origine égyptienne très
ancienne, comme on va le voir.
Cette technique est enseignée en E urope de tem ps en
tem ps au cours des siècles, puis elle tombe dans l’oubli et
l’on n ’en parle plus pendant un certain tem ps. A certains
m om ents, elle passe pour ridicule et inefficace, car il y a
lutte entre les m éthodes comme entre les hom m es ou entre
les races. Tout cela est sans im portance pour le su je t qui
nous occupe ici.
Voici les statuettes égyptiennes en bois conservées dans
notre Bibliothèque Nationale. Nous rem arquons que la p a r­
tie mobile est seulem ent la ceinture scapulaire, les épaules
ont été séparées du tronc et peuvent to u rn er dans leur plan
vertical toutes les deux. Elles peuvent faire le m oulinet,
elles ne peuvent même faire que ce m ouvem ent, à l’exclu­
sion de tout au tre ; elles sem blent avoir été sculptées et
m ontées pour le m ouvem ent dont nous allons parler. Le
pied gauche est traditionnellem ent porté en avant, comme
pour le précédent colosse. A utre signe que nous devons
210 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

voir, la seule partie saillante du visage est le nez. Comme


tout est voulu dans la statuaire égyptienne : il s’agit de
la partie principale, de la partie but de la construction. Les
nez sont énorm es et convexes, alors qu’ils sont discrets et
concaves dans presque toute la statuaire égyptienne. Ici,
nous avons le profil en pignon des m orphologistes français,
le nez respiratoire du type respiratoire. La bouche qui sert
à l’expiration est bien indiquée, les yeux n ’ont pas été tra i­
tés. Le bras droit a été percé pour ten ir une arm e ou un
rouleau comme celui du colosse. Rouleau ou haltère, c’est
la même chose, ou encore en Iran, m assue, mil. (Planche IV
Fig. 5).
Indiquons m aintenant sur quels principes orthopédi­
ques ce travail est basé. Un prem ier principe est que le
m oulinet du bras échauffe l’articulation de l’épaule et le
très volum ineux groupe m usculaire qui le compose. Ce p rin ­
cipe n ’est pas nié p ar la médecine des hôpitaux et des facul­
tés Le second principe est que ces m uscles tira n t et éle­
vant la cage thoracique vers le h a u t dans toutes les direc­
tions jouent un rôle su r le poum on, c’est la base de la
doctrine suédoise qui a fait ses preuves et nous savons que
c’est parfaitem ent vrai : toutes les gym nastiques, tous les
sports, natation en tête, sont là pour en tém oigner. Ce p rin ­
cipe est nié p ar certains médecins, car pour eux rien n ’est
en rapport avec rien.
A présent, depuis la libération, toutes les techniques
correctives et suédoises, ainsi que chiropractique et ostéo-
pathiques ayant pris leur essor m algré la médecine, ces
discussions ont perdu de leur intérêt. Mais on pouvait re­
cevoir vers 1950 des lettres de ce genre : « Cher Docteur,
j ’ai mené mon fils au gym nase de votre élève, qui a, bien
que notre médecin ne soit pas d’accord, débloqué un côté
de la cage thoracique. Actuellem ent un poum on respire
bien mieux. Votre élève m ’a dem andé de conduire mon fils
voir le médecin, ce que j ’ai fait. Mais le docteur ne voit
pas de différence, sauf à la radio. C’est très désagréable
parce que mon fils dit q u ’il respire d’un côté et q u ’il étouffe
de l’autre. Je l’ai donc ram ené au gym nase, mais le kinési­
thérapeute refuse de débloquer l’autre côté tan t que le
docteur n ’a pas constaté l’am élioration et donné une or­
donnance de six séances de plus. J ’ai revu le médecin. Il
s’y refusç. Je vous prie donc de m ’adresser par retour une
ordonnance de six séances supplém entaires, car mon fils
est m écontent, il ne peut rester dans cet état. »
M OULINETS R E SP IR É S PERSANS ET P R IS E DE FORCE 211
Les gens du q u a rtier à qui cette histoire a été racontée
p a r l’intéressé y prenaient un plaisir extrêm e, et grâce à
cela, l’idée du déblocage respiratoire faisait quelques pro­
grès dans la population m algré le m onde officiel des étouf-
feurs. Il s’agissait du déblocage respiratoire que l’on ap­
pela en 44 le « Débloc-Respir » et que faisaient les m oni­
teurs suédistes de la ligue du D octeur Tissié pour obéir à
l’adage du célèbre m édecin-gym naste « faire de la place au
poum on des enfants français », noble b ut auquel il avait
voué sa vie.
Ce débloc-respir se faisait soit p ar des moyens suédois,
soit p ar des moyens irano-égyptiens (c’est moi qui les fis
adopter dans les écoles tout au moins pour un tem ps, con­
form ém ent à la décourageante loi de Gobineau...), soit par
des moyens ostéopathiques am éricains, soit au moyen de
mon appareil à Poussée Pédestre, soit p ar les quatre suc­
cessifs et réunis, comme je le préconisais, ce qui peut tout
changer en une heure.
Le troisièm e principe que je form ulais dans les m anuels
de gym nastique de 1943, pour la prem ière fois en France,
principe que les Rom ains connaissaient bien, est celui-ci :
« Le poum on est le sculpteur caché qui pousse et développe
la cage de l’intérieur ». Ce point était aussi nié p ar les
médecins, et à ce sujet, des discussions sans am énité écla­
taient dans les hôpitaux de Paris, le m atin, dans certains
services d’orthopédie. « Le poum on agit contre la pression
thoracique p ar le phénom ène de « l’air sauvage » disaient
mon m aître Thooris et les n aturistes hébertistes. Ceux-ci
avaient raison, voulant dire dans leur langage que dans les
courses, les luttes, les efforts soudains et violents, le pou­
mon en se rem plissant brusquem ent d’air brisait la résis­
tance de la cage thoracique am biante pétrifiée.
Le phénom ène du poum on sculpteur caché, briseur de
résistance am biante, était bien connu des Rom ains et nous
en parlons dans le travail rom ain de la gym nastique d’op­
position qui se fait en position couchée. On trouvera ces
techniques à la position de Yoga « couché sur le dos ».
Dans le cas présent, si le bras se lève chargé d’un rou­
leau, d’une haltère légère ou d’une m assue persane, com­
biné avec une inspiration nasale et profonde, on sent le
poum on qui se rem plit en lu tta n t contre la rotation et
contre la charge. Le résultat est une puissante pression
contre la paroi costale, et une ru p tu re de la ceinture qui
212 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

em prisonne le développement du poum on et le glissem ent


des plèvres.
On trouvera dans « Gym nastique Corrective V erté­
brale » (7* édition, 20“ mille) toute la série des m oulinets
respirés. Il y en a dix séries. La m anière de prendre l’air
est longuem ent et m éthodiquem ent expliquée. On peut
faire comme toujours en Yoga des m oulinets su r une seule
inspiration, et c’est ce qui convient aux asthm atiques,
anciens tuberculeux ou bloqués pleuraux, dont il faut me­
ner doucem ent la ru p tu re de raideur thoraco-pleurale, ou
des m oulinets m ultiples, déjà connus des anciens Egyp­
tiens et enseignés dans le Yoga irano-égyptien de Zoroas-
tre, et qui se trouve dans les livres du D octeur Hanish
(Prem ière édition à Chicago, en 1888). Si l’on est en perte
de vitesse m entale et en perte de force m orale, on peut
faire n ’im porte où ce merveilleux m ouvem ent connu des
Hindous, des T hibétains et des Chinois depuis les tem ps
les plus reculés. Le m ouvem ent à m ain libre est suffisant
pour un but m ental. Il suffit de ferm er le poing.
Ainsi l’attitude du colosse de Ramsès II que nous ve­
nons de voir prend toute sa valeur et toute sa signification.
Il a été dit au sujet de ce m ouvem ent bien des choses
qui sortiraient du cadre de ce livre.
Les m oulinets respirés irano-égyptiens sont capables
de transform er une paire de poum ons, une paire de plèvres
ou une plèvre m alade, une paire d ’épaules ; c’est déjà
beaucoup.
Ces m ouvem ents doivent, pour donner le m eilleur ré­
sultat, être exécutés dans un air froid ou pu r et face au
soleil. Ils étaient destinés dans le Yoga des anciens maz-
déens à assim iler les forces cosmiques dont le soleil est
le d istributeur perm anent.
Ces admirables m ouvem ents fo n t entrer une force pul-
m o-psychique sans comparaison avec tous les autres m ou­
vem ents possibles, sauf le m ouvem ent d’Arlaild à plat ven­
tre. On peut les exécuter (m alades déficients, très graves,
etc.) assis en position pharaonique. Au fu r et à m esure que
l’on sera plus exercé on trouvera une différence entre le
m ouvem ent d’A rlaud à plat ventre et les m oulinets respi­
rés, — l’A rlaud comme tous les plat-ventre amène la Force
(le trophism e général) dans tout le rachis, tout le dos ; on
sent la force vitale rem plir le dos. Les m oulinets persans
respirés donnent une autre im pression, même sans engins,
MOULINETS R E SP IR É S PERSANS ET P R IS E DE FORCE 213

poings ferm és ; cette im pression est pulm onaire et m en­


tale.
Ils sont bien plus efficaces debout, c’est pour cela que
le colosse est debout. On peut faire avec eux le Tum m o
thibétain, c’est-à-dire le réchauffem ent de la colonne et du
dos ; il suffit de graduer le serrage sur les rouleaux ou les
m orceaux de m anche à balai, ou en se rra n t les poings.
Mon élève en orthopédie, M. Baisse de Chamonix, P ro­
fesseur d’Education Physique et en traîn eu r de ski Scan­
dinave de l’équipe de F rance m ilitaire de fond, représen­
ta n t la France à T éhéran pour un concours m ilitaire in te r­
national de ski, les a vus exécuter p ar des athlètes persans
dans les sous-sols de la banque Méli. Ces superbes athlètes
font encore comme au tem ps de D arius les efficaces m ou­
vem ents échauffants et développants avant de se livrer à
la lutte. La grande tradition aryenne n ’est pas perdue en
Iran, pour m ainte antique technique.
On n ’a pas com pris en France le travail des m oulinets
respirés persans, en rotation ; on n ’a su y voir qu’un
assouplissem ent de l’articulation de l’épaule avec des m as­
sues de poids ridicule. L’incom parable m assue persane
(Mil) a d’autres buts et d’autres possibilités.
Rem arquons en passant que le mot Milh dans les lan­
gues Indo-Européennes veut dire m oulin. En anglais, no­
tam m ent c’est mill, m iller, c’est m üller en allem and. Le
m oulin à vent, inventé en Perse en l’an 500 de notre ère,
fait tourner ses bras. Tout s’enchaîne.

N o t a : le mot persan pour désigner la m assue est gorz.


Nous ignorons de quel pays d ’orient vient le m ot mil ou
milh qui prévaut depuis toujours dans la gym nastique tra ­
ditionnelle des langues européennes.

Nous rem ercions M onsieur Godard A rchitecte du Shah,


restau rateu r des m onum ents de Téhéran et Madame Go­
dard, Archéologue, de la belle photo des Yogis Persans au
travail avec les antiques m assues, q u ’ils m anipulent en
chantant.
(Planche XX, Fig. 31).
Tels sont les exercices traditionnels et bienfaisants
q u ’Arlaud enseignait dans son gymnase.
CHAPITRE TROIS

Bras en chandelier
Cercueil du prêtre Taho

Voici un bas-relief du Musée du Louvre, fort instructif.


Il comporte des images lisibles pour l’orthopédiste, le gym ­
naste, le prêtre, le m écanicien du corps hum ain, le Yogi
surtout, et des images m ystérieuses dont nous ne parlerons
que pour finir.
(Planche V. Fig. 7).
Cette posture ne se trouve pas seulem ent en grand
comme su r ce sarcophage, m ais en bien des points des m u­
railles du Temple de Louqsor, telles q u ’on les voit repro­
duites sur les planches du grand livre de Schwaller de
Lubitch. Ce sont alors de petits dessins, ou des hiérogly­
phes, de toute petite dim ension, comme les lettres qui
com posent les cartouches verticaux.
Etudions cette double figure.
Les deux sujets m archent ; ils ont un pied en avant,
il est difficile de dire lequel. Le bras est parfaitem ent ho­
rizontal, les deux b ras sont exactem ent dans le prolonge­
m ent l’un de l’autre, les épaules ne sont pas rem ontées
sous les oreilles. Nous reviendrons sur ce point fondam en­
tal orthopédiquem ent tout à l’heure. Les avant-bras sont
parfaitem ent verticaux et donc perpendiculaires aux bras.
Les m ains sont sur le prolongem ent des avant-bras. Les
m ains sont fines et très longues, les doigts longs, ce sont
des m ains de prêtres ou d ’intellectuels, les m ains de ma-
nouvriers, paysans et ouvriers étant de construction toute
différente. Il y a trois dim ensions dans les m ains : la Ion-
BRAS EN CHANDELIER 215
gueur, la largeur et l’épaisseur, ces deux dernières, les vec­
teurs horizontaux ont la même signification et sont d’ail­
leurs liées. Sigaud, le célèbre iédecin des hôpitaux de
Lyon, a bien décrit, après tan t d’autres, les liaisons des
m ains avec la form e générale du corps ; les m ains m er­
veilleuses représentées ici sont des m ains féminoïdes, de
longues m ains délicates où la force est peu développée et
où l’esprit est prédom inant.
Ces m ains rem arquables sont tournées vers le ciel.
La posture signifie — et c’est là ce qui su rto u t est im ­
p o rta n t — que le dos est plat et que les deux élém ents
du bras sont dans le plan du dos ; en effet, si le but cher­
ché est vertébral, yogique et vital, il ne peut y avoir cha­
leur vertébrale que si l’attitude est suédoise et elle semble
l’être parfaitem ent ici. Cette attitude est souverainem ent
bénéfique pour le poum on et la cage thoracique. Le mieux
pour l’étudier est de faire ce que les suédistes appellent
l’exercice du m ur : il consiste à se coller le dos contre le
m ur, et à prendre la posture. La très grande difficulté
pour les dos voûtés et su rto u t pour les attitudes contrain­
tes de la partie supérieure du dos est de coller les m ains
contre le m ur sans creuser les reins et sans décoller du
m ur.
Cela est absolum ent impossible pour tous les cyphoti-
ques des dorsales hautes. Les épaules rem ontent sous les
oreilles et le cou s’allonge. L’exercice ne vaut rien. Pire
encore, il engendre im m édiatem ent des contractures du
cou. On a vu des gens peindre leur plafond et passer des
rouleaux au plafond dans cette position et a ttrap e r des
infarctus du m yocarde en faisant cela.
P our tous ceux qui savent que les nerfs du cœ ur sor­
tent du cou, cela n ’a rien d’étonnant. Cœur et cou, c’est la
même chose pour Abram s, les réflexothérapeutes, les spon-
dylothérapeutes, les vertébrothérapeutes et les ostéopathes.
La tête est tournée vers la droite et l’on voit à la diffé­
rence des profils que l’un des sujets est concave et l’autre
convexe. Le convexe précède d’ailleurs le concave, d irait
Thooris !
E ntre les sujets, et à dessein, bien entendu se trouvent
une tête d ’agneau en haut, et une tête de bélier. Cette der­
nière qui porte la spirale, loi générale du cosmos, est signe
d’autorité et de com m andem ent. La crosse de nos évêques
est une corne de bélier. C’est l’insigne du chef. Les druides
tenaient en m ain la crosse Ramide.
216 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Les deux sujets sem blent sur une estrade ou un plan­


cher comm un.
Ce que nous allons dire sort de notre sujet tout au
m oins en apparence, m ais nous ne pouvons pas ne pas
rem arquer le personnage étrange qui se trouve sur la droi­
te. Son corps est le même que les prêtres ou yogis en po­
sition de chandelier, sauf q u ’il n ’a pas de tête !
Que penser de ces étranges personnages ? Des esclaves
sans cervelle et pourvus seulem ent de muscles qui tirent
su r une corde (sur quelle corde ?). Ou bien l’image du ca­
davre que contient le tom beau et où se trouve le soma,
la cérébralité et l’âme ayant disparu ? On voit parfaite­
m ent que les cous sont puissants et vont ju sq u ’au bout
des cervicales, m ais à la place du bulbe il y a deux anten­
nes, comme chez un insecte.
Voilà qui est stupéfiant, m ais que nous ne pouvons
expliquer. Laissons à des gens plus perspicaces l’explica­
tion de cette partie étrange du bas-relief. Peut-être quelque
égyptologue ésotériste nous dira-t-il ce que signifient des
hom m es insectes ? Il s’en trouve ailleurs dans le monde,
dans la statuaire (1). Nous ne pouvons nous em pêcher de
rapprocher ces hom m es sans tête, m ais de tronc norm al,
de l’hom me appelé « le M artien » découvert par Henri
Lhote sur des bas-reliefs du Sahara. Ce dernier dessin a
une tête très petite et casquée et un tronc anorm alem ent
long. L’un, l’Egyptien est totalem ent anencéphale, l’autre,
le saharien est m icrocéphale.
Mais là, ils signifient les êtres hum ains-anim aux d’il y a
dix ou vingt m illions d’années, non encore spiritualisés,
et qui, comme nous le disait Thooris, ont encore le cer­
veau à peine plus gros que la moelle. Voilà bien ces dociles
robots aux m ains adroites, obéissantes et coordonnées,
pourvus de moelles et de bulbes, m ais privés de cerveau
dont nous parlions au volume précédent. P our les états
totalitaires, voilà l’idéal des hom mes à conduire. Voilà
ceux que l’on peut conduire par les réflexes condition­
nels de Pavlofî : une lampe bleue s’allume : ils dorm ent ;
une lam pe rouge : ils com battent. Une lam pe verte : ils
vont au meeting. Les antennes reçoivent, le pouvoir cen­
tral émet ; ils obéissent.
Chaque posture principale égyptienne est un domaine,

(1) D e n is S a u ra t. L iv r e s u r les H o m m e s -ln s e c te s .


BRAS EN CHANDELIER 217

une demeure, une tête de chapitre. On trouvera dans nos


livres la suite et les com m entaires nécessaires.
Le Yoga et la tradition Ortho-Gymno-Religieuse sont des
créations purem ent Indo-B rahm aniques. Ménès, comme le
racontent les traités d’histoire hindous et les livres sacrés
hindous venait de l’Inde. In stru it par les Brahm es, il fit
un schisme et se sépara de ses m aîtres, gagnant l’Egypte
p ar le même chem in que p rendront plus tard Z oroastre
(Souryastra en sanscrit) pour aller en Perse, et encore plus
tard l’Etoile des Mages pour venir en Galilée conduire les
Trois Rois, qui venaient du même centre (le m anche du
T rident dont nous décrivons les branches au tome prem ier).
L ’Egypte sacerdotale est une colonie B rahm anique, ont
dit Gobineau, Brugsh Jacolliot etc. Dix-huit dynasties de
P haraons s’étaient succédées pendant trois mille ans, avec
ce que cela com porte comme études, quand enfin Moïse
paru t, naquit, s’instruisit, et su rto u t utilisa ce qui lui avait
été enseigné dans les Tem ples où, nous dit Saint Paul, il
fu t com plètem ent formé.
D ans l’Ancien T estam ent, qui n ’est nullem ent le testa­
m ent de nos ancêtres, on voit se dérouler une succession
de récits répugnants, de faits révoltants. On y chercherait
en vain le Yoga vertébral. Nous n’avons, nous autres Indo-
Européens rien à tire r des exploits de Caïn, d’Esaü, de
Loth, de Zorobabel, de Jéroboam , ou des frères de Joseph,
à l’esprit si pratique. C’est po u rtan t ce q u ’on essaie de nous
faire avaler dans les Eglises depuis le concile. Mais les
conciles passent et les form es de colonne vertébrale restent.
« Votre loi », disait dédaigneusem ent le C hrist aux Hé­
breux, car il était venu réinstaller celle de Manou. Lisez
donc Saint Jean. Les prêtres continuent à faire à la Messe
le beau geste du P rêtre Taho, mais de peur que les écailles
tom bent des yeux des fidèles, ils ordonnent de m ettre les
écrits de Saint Jean à la soupente ! M alheureusem ent le
Christ a dit en propres term es que Saint Jean est toujours
là, ce qui réduit à peu de chose les efforts destructeurs du
concile.
218 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Les préoccupations hautes du sacerdoce égyptien.

C’est ici par m a prière,


Yeux et m ains levés vers le ciel,
Que je veux te vénérer,
O pouvoir divin su. „u
E sprit rénovant le corp.
Chant des Aryas
Gathas de Zoroastre.

P la n c h e VI. Fig. 8).

Cette statue en bois ma semble être avec la femme ailée,


la plus riche en spiritualité de toutes les statues pharaoni­
ques.
Les bras en chandelier sont placés, pour que le doute
ne soit pas possible, au-dessu^ du crâne au niveau du
ch ak ra coronal. Les avant-bras, stylisés et réduits à un
cylindre lisse sont parfaitem ent verticaux. Les m ains sont
longues, les doigts très longs, le pouce, signe de volonté,
de force et de richesse vénusienne (sur tous les plans)
sont atrophiés, m inuscules, cela veut dire que la dem ande
est toute intellectuelle, toute spirituelle. Il est fait abstrac­
tion du monde vénusien. Cette m ain s’oppose radicalem ent
à celle du Saint-Jean Climaque du V atican qui tend ses
pouces vers le ciel. Les yeux sont levés au ciel, imm enses
et lum ineux. Comme dans nos prières. Cette statue suffit
à prouver les tendances spirituelles du sacerdoce d’Amon-
Râ.
Je ne suis pas en adm iration béate devant le culte et
le sacerdoce égyptiens, pas plus que ne le fû t A khénaton,
le jeune pharaon qui, pressentant l’unité utile et la prédo­
m inance de l’esprit su r tout ce qui est anim al, essaya dans
une réform e célèbre de revenir à un m onothéism e simple
et sain. On sait q u ’il échoua. N atura non facit- saltus. Sous
prétexte sans doute, de m atérialiser les concepts religieux,
les Tem ples étaient devenus une sorte de m énagerie mi-
hum aine, puisque les statues avaient une tête de bête et
un corps d’homme. Les m orphologistes de la Renaissance,
qui ne se faisaient pas d’illusion sur les tendances cachées
de la natu re hum aine, avaient basé leur second système
de m orphologie hum aine sur la ressem blance avec les ani­
m aux. Ce système était celui de P o rta (Le prem ier et le
BRAS EN CHANDELIER 219

plus im portant, qui reste le plus rem arquable et le plus


actuel, étan t constitué p ar les éternels personnages de la
mythologie grecque). Il y a, dans l’Apocalypse, des alinéas
pour légitim er plus ou m oins cette m anière de voir. Quoi
q u ’il en soit, P orta décrivait l’hom me-poisson, l’homme-
lion, l’hom me-oiseau, l’hom m e-sanglier, l’homme-aigle,
l’hom m e-chouette. L ebrun le grand peintre du siècle de
Louis XIV, peintre de la Cour et du Roi Soleil, voyait aussi
l’hom m e comme cela. Il écrivit un tra ité où l’on voit des
planches rem arquablem ent dessinées représentant la tra n ­
sition progressive entre l’hom m e-grenouille et l’homme,
entre l’hom m e-chat et l’hom me, etc. Les anciens traités de
morphologie contiennent ces planches précieuses. Mais en
Egypte, les têtes étaient purem ent et sim plem ent des têtes
d’hippopotam e, de lion, de faucon. Les archéologues, les
sym bolistes, les historiens des Religions nous ont déjà dit
que ces images ne représentaient l’hom me-bête que pour
les couches les plus stupides et les plus débiles m entale­
m ent de la population. Nous avons parfaitem ent com pris
cela, m ais il est tout de même évident q u ’il y en avait un
peu trop et q u ’on avait to rt de les adorer.
De là, la terrible réaction de Moïse et de Mahomet, qui
sont allés trop loin en sens inverse et qui ont été à l’ori­
gine, comme le dit bien Burnouf, de la destruction de l’Art.
Les hordes sém itiques reçurent l’ordre, qu’elles ont tou­
jo u rs exécuté avec em pressem ent, de détruire le visage
hum ain, qui n ’est p o u rtan t pas celui des bêtes, m ais dont,
au contraire le sculpteur est Dieu, p artout où ils le ren­
contraient, et ensuite l’interdiction de ne le représenter en
peinture et en sculpture sous aucun prétexte. Les sémites
ordinaires obéirent ponctuellem ent à cet ordre et essayè­
rent d’am ener à leur opinion les peuples qu’ils avaient
soum is par le sabre et pétrifiés par le Koran.
Les Iraniens, sém itisés en partie par la conquête des
m ahom étans, n ’obéirent jam ais à cet ordre et le sabre des
arabes s’ébrécha sur eux sans jam ais les convaincre. P o u r­
quoi ? Parce qu’ils sont d’origine aryenne, comme ils le
disent eux-mêmes avec fierté, et que ce com m andem ent ne
les concernait pas, eux qui avaient la peinture et la sculp­
ture dans le sang. Il y a encore a u jo u rd ’hui dos expositions
de peinture iranienne par d’excellents artistes.
Cette affirm ation d ’origine se lit sur l’inscription repro­
duite dans tous les m anuels d ’Archéologie et d’Histoire,
que D arius 1" le Grand fit graver en 500 avant Jésus Christ,
220 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

et que nous retrouvons notam m ent dans le livre si bien


résum é, et si in stru ctif de F uron sur l’Ira n (Payot) :
« Je suis D arius, le Grand Roi, le Roi des Rois, Roi des
pays où se parlent toutes les langues, Roi de cette terre
étendue, Achéménide, Perse, fils de Perse, l’origine Aryen­
ne. »
Il est donc intéressant de rem arquer q u ’à côté de cette
m ultitude d’hom mes à tête d’anim aux, on trouve cette pure
et ravissante image du double vital du P haraon Hor de la
XIIe Dynastie dont le psychism e et le centre religieux du
cerveau sont dirigés vers le haut. Il y avait donc tous les
courants, toutes les adorations, toutes les croyances, toutes
les m anières de prier, les plus vulgaires et les pures,
comme dans l’Inde. C’est bien ce que nous avons dit dans
le Tome I en citan t les paroles de l’hindouiste germ anique
Van Glasenapp.
Le christianism e a progressivem ent rem placé en Egyp­
te, p ar conséquent, un culte varié, m ais qui n ’avait rien
d’horrible et de repoussant, et qui était allié aux plus h au ­
tes spéculations scientifiques, puisque la bouche du sphinx
m esure 2 m 30 écrivant ainsi le nom bre de base des loga­
rithm es Népériens (eî- = — 1), puisque la grande pyra­
mide est consacrée au nom bre ir et à la distance de la
terre au soleil (etc...).
Comparons ce phénom ène de niveau et de rem place­
m ent à celui qui a eu lieu en Amérique du Sud.
Là aussi, nous trouvons des connaissances scientifi­
ques, qui d’après les spécialistes, valent celles des Egyp­
tiens, des concordances extraordinaires, des m étaux incon­
nus, des calendriers troublants et naturellem ent des pyra­
mides.
Ainsi l’a rt m aya et l’a rt inca valaient l’a rt égyptien sa­
cerdotal, disent ces savants.
Mais Diodore de Sicile, Hérodote et tous les savants du
m onde ancien, sont dem eurés pleins d’adm iration en dé­
couvrant la Science, la Sagesse et la Religion égyptiennes.
Ils ont demandé à devenir élèves des Temples. Pythagore
d ’abord et surtout.
Au contraire, q u ’a trouvé Cortez en arrivant, en ma
tière de religion ? Quelque chose de tellem ent hideux, que
ses lieutenants se sont empressés de décrire la chose et
d’envoyer leurs lettres en Espagne. Ils n ’avaient po u rtan t
pas le cœur sensible et les nerfs im pressionnables. C’étaient
BRAS EN CHANDELIER 221
des conquistadors de la Renaissance, ils tuaient avec tra n ­
quillité ! En se servant, pour subjuguer les indiens des
bombes atom iques de l’époque, l’arquebuse et le canon, et
en faisant pour eux avec les chevaux, anim al inconnu, ce
q u ’avaient fait H am ilcar et H annibal avec les éléphants.
Prenez l’intéressant ouvrage biographique. (C’est plus
q u ’une biographie, c’est un rom an vécu), qui m ontre que
la gloire est passagère et que l’or ruine les nations s’il
n ’est pas créé p ar le travail. Prenez la vie de H ernan Cor-
tez dans la collection « le livre de poche » p ar Salvador de
M adariaga. (Calmann-Lévy éditeur).
Vous lirez au début le dégoût et l’ahurissem ent des lieu­
tenants de Cortez pénétrant dans le Temple. Que virent-
ils ? Un super-culte de Kali. Des m assacres de victim es h u ­
m aines quotidiennes, un arrosage des m urs du Temple
avec ce sang, et su rto u t ils voient avec h o rre u r les prêtres.
Ceux-ci ont leur chevelure inculte fixée et augm entée
chaque jo u r par une douche de sang hum ain coagulé.
On com prend que ce culte horrible auquel Cortez a mis
fin (il a m alheureusem ent aussi mis fin à la vie, à la ri­
chesse et à la civilisation aztèque p ar ses m assacres systé­
m atiques) n ’était pas dirigé vers les forces d ’En-H aut, m ais
vers celles d’En-Bas. Le Temple aztèque n ’était pas une
m étropole spiritualiste. Le Temple hindou n ’est tout de
même (dans les villes) q u ’un abattoir à chèvres, tandis que
le Tem ple Inca était un abattoir hum ain.
Adm irons donc davantage la vitalité à recharge céleste
du P haraon Hor avec son appel vers le Ciel.
C’est un autre pays heureusem ent, une autre longitude,
un m éridien battu par d’autres ondes, le fam eux m éridien
de la grande pyram ide, une autre race, mêlée bien entendu,
elle aussi, comme l’a bien dit Hanish, m ais où le blanc
dom ine et hautem ent évoluée. La science et la religion
y sont acceptables et nutritives. Tout cela allait in struire
et n o u rrir la race blanche. Les religions du sang et de la
m ort venant du culte noir sont vouées à la mort.
222 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Le vent d’Arno Breker.

La position d ’invocation m ains horizontales


Analyse du « Vent » d’A rno Breker

(Planche VII. Fig. 9).

Arno Breker est un Allemand, un Rhénan, c’est-à-dire


presque un Français, car du tem ps où la France étendait
son dom aine au lieu de le perdre ou de le vendre, les Rhé­
nans étaient F rançais ou presque, sous Charlem agne, sous
3 XiV, sous Napoléon, par exemple.
B reker est un élève de Maillol, le célèbre sculpteur ca­
talan. Il a fait de très belles choses, souvent m onum en­
tales, colossales diraient les Germains, m ais non défor­
mées et toujours belles, toujours em preintes d’un idéal
élevé. C’est un vrai rafraîchissem ent pour l’esprit que de
voir ces statues, et pour le corps que de prendre les pos­
tures. Je n ’adm ire pas tout dans Breker, pas plus que dans
aucun sculpteur, car les plus illustres ont des h auts et
des bas. Mais on ne peut refuser à Breker l’élan, le mouve­
m ent, la proportion, car il s’est affranchi des train s infé­
rieurs un peu éléphantiasiques de son m aître. Pour plu­
sieurs bas-reliefs, il donne l’im pression de Rude ou de
Bourdelle. Les corps sont toujours grands et beaux. Ce
n ’est évidem m ent pas Carpeaux dans le léché, ni Rodin
dans le brut, et ju stem ent ici dans cette très rem arquable
Psyché, le visage est un peu trop uni. La juvénilité du su­
je t ne perm et même pas de rides au front très large, beau
et pur. P o u rtan t une femme qui regarde vers le ciel a son
front qui se ride, surtout quand c’est une femme de Lune,
et c’est évidem ment le cas ici.
Il a appelé sa statue « Le Vent » ; en réalité il a re­
présenté l’âme hum aine. L’Isth a r des P rêtres Chaldéens,
levée vers le haut, et cherchant la source d’où'elle est des­
cendue, se tourne vers son créateur, le visage parfaitem ent
poli, et sans la m oindre ride... Inclinons-nous, c’est la per­
fection que le grand artiste allem and a voulu représenter,
le Yoga d ’ailleurs enlève les rides quand on arrive à la dé­
tente parfaite. Sa Psyché est en pleine sérénité. Elle a réa­
lisé l’uniofi !
Etudions la posture. Pied droit en avant. Thooris la
v errait médioligne très longiligne. C’est une fille germ ani­
BRAS EN CHANDELIER 223
que, et elle p o u rrait avoir encore plus de fourche et de
tra in inférieur ; m ais cela enlèverait un peu d’im portance
au beau geste du tra in supérieur qui est le trésor de la
statue. Elle est suffisam m ent haute de terre avec des ja m ­
bes belles m ais déliées et sans lourdeur.
Il ne s’agit pas du tout de l’exercice décrit au début à
propos du Pharaon ten an t les rouleaux. Ici pas de recher­
che du schém a postural, les jam bes sont un sim ple sup­
port, m ais ne sont ni tenues, ni contractées. La cam brure
des reins est norm ale, et en pren an t la posture de cette
belle statue, on verra q u ’il n ’est pas facile de se m ettre
dans cette position de m ains en laissant les reine peu cam ­
brés. C’est que le cou est bien sorti long et libre, et su r­
tout que le hau t du dos est libre. Les b ras sont u i î peu plus
élevés que le bras carré de la posture précédente.
Parlons des m ains qui sont adm irables. Elles sont non
dressées vers le haut, m ais à l’horizontale, en parallélism e
presque avec la terre, les doigts sont décontractés et p a r­
faits, la m ain semble recevoir un rayonnem ent solaire et
planétaire. Cette position de m ains, on le verra, se retrouve
dans le Yoga de Confucius et dans des postures de m ains
du Yoga de Bouddha. Elle dem ande la liberté du poignet
et elle est bien plus difficile que les bras carrés-chandeliers
de la posture précédente...
Je vous conseille de chanter dans cette belle position.
Si les plâtriers toulousains avaient des voix aussi belles
que leurs confrères italiens, c’est parce q u ’autrefois ils
chantaient à tue-tête les airs de grand opéra tout en pas­
sant et repassant la truelle sur les plafonds. Cela leur mo­
delait de belles cages thoraciques et des souffles inépuisa­
bles. N’oublions pas que c’est en tira n t les bateaux le long
de la Volga avec une corde autour de la poitrine que Cha-
liapine a construit sa voix puissante.
Les exercices de chant en travaillant bras levés au-
dessus de la tête ou en levant en cadence la barre de fer
au-dessus de la tête, étaient codifiés et enseignés aux je u ­
nes filles du couvent des Oiseaux par leur m aître Napoléon
Laisné, élève d’Amoros, sous Charles X et sous Louis-
Philippe. Ces exercices durèrent ju sq u ’en 1900.
J ’ai publié, comme vous le savez, cette m éthode com­
plète pour l’Education Nationale dans mon livre « Correc-
tive Vertébrale ».
Il faut faire la liaison entre les techniques et entre les
m ouvem ents, comme les liaisons des form ules chim iques.
224 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Ce chapitre de la position que nous avons appelée Chan­


delier ou Bras Carré, nous donne l’occasion de p arler des
positions bras en carré au-dessus de la tête, aussi bien en
espalier, qu’en bâton, ou en barre de fer, ou en suédoise
à m ains libres.
Il ne fau t pas com m encer p ar la posture de la Psyché
d ’Arno Breker, m ais p ar celle du bas-relief égyptien, car
le renversem ent des m ains en assiettes horizontales a trop
tendance à créer l’ensellure lombaire. Le chandelier, tel
q u ’on le voit su r le sarcophage est bien plus facile. Ni
l’une ni l’autre de ces positions ne doit être prise p ar les
voûtés du hau t et du m ilieu du dos, ni p ar les gens à cou
court ou à cou contracturé, ni à cou dévié, ni les conges-
tifs du cou ni les cardiaques. On ne ferait que les abîm er
u n peu plus.
Toutes les races d’A frique du Nord, dévorées p ar la
cellulite rhum atism ale avec cou plus ou m oins court et
épaules rem ontées, doivent être d’abord traitées p ar le
m assage du trapèze (bien pénible au début) et la traction
de la tête doucem ent, assis su r tabouret. On ne changera
guère la position de la colonne qui vient du lointain des
âges, m ais au m oins on ne fera pas de m al et on dim inuera
les douleurs.
Cette position de la Psyché d’Arno Breker est utilisée
p a r certains éducateurs en faisant des m arches ; elle est
m oins fastidieuse et provoque un travail vertébral intense.
Ne l’essayez pas dans la rue à Paris, ce qui pourrait, bien
que le passant soit blasé, provoquer des réactions, mais
su r les routes et su rto u t en forêt. Em ettez des sons, comme
on le faisait dans les écoles de Pythagore ; la combinaison
de la posture de la m arche et du son donne de bons ré­
sultats. « Je suis m aître du Poids, de la Lum ière et du
Son » a dit Thot.
Voilà des exercices qui s’accordent parfaitem ent avec
les enseignem ents de notre chère et regrettée Ninon Vallin
et que je recom m ande à ses élèves qui sont, sür sa recom ­
m andation, devenus les miens.
Pas de voix sans cage thoracique, pas de voix sans
cous, pas de voix sans diaphragm es m usclés, pas de voix
sans m uscles du dos, pas de voix sans bras levés, pas de
voix sans abdom inaux, pas de voix sans côtes et vertèbres
libres. Mats dans les conservatoires on enseigne souvent
le contraire !
BRAS EN CHANDELIER 225

Mastabah du Musée du Louvre.

Mains parallèles au plafond


Coudes dans le plan du dos

(Planche VIII. Fig. 10).

Voici un m ouvem ent exécuté p ar de petites danseuses


rituelles qui, du fait de leur sexe et de leur jeune âge, ont
des ligam ents dociles. Ce m ouvem ent consiste à se tenir
les b ras demi-pliés dans le plan du dos, les paum es des
m ains tournées vers le ciel, les doigts joints et étendus ; la
m ain est une palette, ongles s’affrontant dressée vers le
ciel, parallèle au ciel ou au plafond.
A ttitude rem arquable, très efficace pour la cage th o ra­
cique, et l’expansion pulm onaire et pleurale, m ais bien
difficile à réaliser. Aucun hom me, aucune femme raide ne
p o u rrait la réaliser. Elle reste l’apanage des souples, des
m ous, des assouplis par le Yoga, de ceux dont aucun rh u ­
m atism e n ’a jam ais raidi le m assif scapulaire, de ceux
qui n ’ont jam ais eu les épaules nouées par un dur m étier
de m ains et de bras, et p ar les races non raidies en haut
du dos, en bas du cou.
Après l’exercice chandelier et la pose de Breker, quand
l’épaule est déjà plus libre, il fera grand bien. Il donnera
su rto u t une im pression physique rafraîchissante p ar le
soulèvem ent antérieur et antéro-latéral du gril costal. Ce
m ouvem ent s’apparente à des exercices à la colonne que
nous indiquerons plus loin.
En h au t du bas-relief se trouvent trois signes que l’on
distingue parfaitem ent, car ils ont une grande dimension,
la longueur de l’avant-bras des danseuses. Ces dessins re­
présentent un cylindre coudé su r lui-même, ou une boucle
tordue. La proportion est la grosseur d’un m anche à balai,
par rapport à la longueur. C’est en somme une longue
corde.
Les U renversés ont une branche plus longue, la b ran ­
che fixe, et une branche plus courte qui est la branche
pliée vers l’avant, ou bien pliée vers l’arrière. Au milieu,
c’est la boucle tordue.
Ces trois m ouvem ents indiquent la flexion avant, la
flexion arrière et la torsion. Ces trois m ouvem ents résu­
m ent tout le Yoga et une partie de la gym nastique. On ne
226 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

peut dire q u ’elles résum ent toute l’orthopédie vertébrale,


car celle-ci com prend : allonger, redresser, détordre, com­
me je l’ai établi depuis quinze ans dans tous mes livres.
Ici nous trouvons torsion et flexion, avec ses deux mo­
dalités principales en avant et en arrière, flexion pour un
fil de fer est la même chose que redressem ent. Il m anque
évidem m ent allongem ent, car on ne peut allonger un corps
que par points fixes extérieurs à lui.
O n peut se dem ander si ces trois hiéroglyphes extrê­
m em ent com préhensibles au point de vue m ouvem ent ne
sont pas une codification des gestes de danse de Yoga et
de rituel, avec le pied, le bras, etc.
Les trois principaux m ouvem ents de la colonne verté­
brale sont donc écrits sur la pierre d’Egypte.
On ne p o u rrait mieux faire au jo u rd ’hui en m atière de
nom enclature, de codification, d’enregistrem ent.
Les P rêtres égyptiens ont peut-être déjà inventé, réalisé
et figuré su r leurs m urs la carte perforée. C’est probable.

Accroupis asym étriques de torsion

Il en est d’eux comme pour tout le Yoga. Ils sont n a­


turellem ent su r les pierres de l’ancienne Egypte. Ils trô ­
nent au m ilieu de P aris, su r les faces de l’Obélisque de
Louqsor, place de la Concorde, sous form e d’un hiérogly­
phe. Un hiéroglyphe est aussi intéressant q u ’un grand des­
sin.
(Planche VIII. Fig. 11).

Voici le hiéroglyphe en question : avec une base cons­


tante, il peut varier ses positions du tra in supérieur, soit
m êm e encore tenir une croix ansée.
C’est un accroupi asym étrique. Une fesse (c’est-à-dire
une m oitié de bassin) est posée su r une cheville écrasée
au sol. Un fém ur est donc horizontal et l’au tre oblique. Un
genou est collé au sol, un au tre en l’air. Cette position
convient à des torsions de la ceinture scapulaire p ar rap ­
p ort à la ceinture pelvienne. Ces exercices sont classiques
en Hatha-Yoga hindou.
Or, regardons au-dessus des m usiciens assis en accrou­
pi dissym étrique. Que voyons-nous au m ur au-dessus
d ’eux : toute une codification de gestes p ar des notations
qui sont pour nous m écaniques typiquem ent. Les trois
BRAS EN CHANDELIER 227

plus rem arquables notations qui, pour nous orthopédistes


sont providentielles sont : deux U allongés encadrant une
torsade ; ces deux U présentent une particu larité très im ­
p o rtan te : une branche est plus longue que l’autre. La
branche constante c’est la plus longue ; la branche qui
varie, c’est la courte. Le prem ier U représente la flexion
arrière de la colonne, le second U la flexion avant, au
centre : la torsion, facile à com prendre.
Ainsi, sur le sol, les m usiciens causent, avec la nota­
tion écrite au m ur.
Ils pratiq u en t donc la flexion arrière, la flexion avant
et la torsion, comme dans le Yoga irano-m azdéen, et ceci
en m usique. La m arque de vibration est inscrite au-dessus
du harpiste.
La flexion arrière, la flexion avant et la torsion, nous
les retrouverons au-dessus du Christ à Vézelay, un peu
plus loin.
228 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Quelques applications correctives du chandelier.

COMMENT SE RÉCHAUFFER
AVEC DEUX MANCHES A BALAI

1. Placez-vous dans l’encadrem ent d ’une porte, après


l’avoir ouverte.

Une porte a généralem ent soixante-dix de 1-arge, ou, au


plus, si elle est à un seul battan t, 80. On peut donc facile­
m ent s’y appuyer. On peut déjà travailler avec la petite
porte de 60.
Mettez-vous en position chandelier. Appuyez-vous les
avant-bras sur les m ontants verticaux, coudes bien collés,
m ains à plat. Mettez un pied en avant. Poussez le corps
vers l’avant. Les bras et avant-bras form ant équerre se
collent su r le cham branle. Le tronc avance. Gardez les
BRAS EN CHANDELIER 229
reins plats. Ne tirez pas au début su r l’articulation de
l’épaule limitée par la porte. Inspirez profondém ent et len­
tem ent en poussant en avant. N’y restez pas.
Cet exercice fait partie de l’antique gym nastique sué­
doise de Ling (Elève de Guths M uths, lui-mêm e élève du
célèbre médecin Iatro-m écanicien et vitaliste allem and F ré­
déric H offm ann). Dans les gym nases suédois se trouvent
deux perches verticales de la grosseur de l’avant-bras, ces
deux colonnes jum elées servent à toutes sortes d’exercices
correctifs. Ici les m ontants de la porte les rem placent.

2. Exercice des bâtons en croix.

Cet exercice m ’a été enseigné par mon confrère et col­


lègue en gym nastique rationnelle le Dr Balland il y a vingt
ans, au m inistère de l’Education Nationale (commission de
gym nastique médicale des enfants faibles).
Prenez un prem ier manche à balai. Enfoncez-le der­
rière votre ceinture, le long de votre colonne vertébrale, de
m anière à ce q u ’il soit collé à votre dos, appuyé sur l’occi­
put en haut, sur le sacrum en bas. Prenez un autre m an­
230 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

che à balai de gym nastique. Prenez-le en m ains, à pleines


m ains, mettez-vous en position de chandelier, de telle m a­
nière que le m anche à balai horizontal (allant d’une m ain
à l’autre) se trouve derrière le m anche à balai vertical.
En faisant glisser, toujours horizontalem ent, le m anche à
balai que vous tenez, respirez profondém ent.
Deux positions extrêm es, le grand V fait avec les bras,
toujours en ten an t le bâton horizontal, et les m ains aux
épaules ; position interm édiaire : le chandelier, double
équerre. Exercice violent pour les articulations des épau­
les, rem arquable pour la cage thoracique, les plèvres, les
poum ons, le psychism e. Position la plus favorable pour
faire cet exercice ultra-échauffant : l’assis pharaon. Le
tra in inférieur étan t tranquille et décompensé aux reins
p ar l’assoiem ent qui relève un peu le bassin, le tra in su­
périeur est au m ieux pour profiter de l’exercice sim ple et
de h a u t rendem ent, qui est connu depuis toujours en
Suède. Or, vous avez vu dans le tom e I d ’où vient la sué­
doise.
BRAS EN CHANDELIER 231

Le Yoga place de la Concorde.

J ’ai laissé ma carte de visite à l’hum anité.


C h a m p o l l io n .

Les hiéroglyphes se lisent dans toutes les langues.


P l o t in .

COMMENTAIRE DE LA YOGINI DE L’OBELISQUE

Ce dessin passionnant gravé dans la pierre dit beau­


coup de choses à qui prend la peine d’observer. L’Obélis­
que de Louqsor est un message du plus célèbre Tem ple du
m onde à sa capitale, P aris. Placé au m ilieu de la ville, avec
Notre-Dame, elle-même construite su r le Tem ple d’Isis et
se trouvant sur le même axe q u ’elle, il a pour b ut de favo­
riser nos réflexions, nos m éditations, de les encourager, de
les catalyser, de les n o u rrir. Or, peu de gens le regardent.
Je passe tous les jo u rs à son pied et j ’observe. Très
rares sont ceux qui le scrutent.
Certains le photographient à m i-distance. P our beau­
coup ce qui compte c’est le nom bre de m ètres q u ’il fait, le
nom bre de tonnes q u ’il pèse. Le reste n ’attire pas leur
attention. On ne leur en a pas m ontré les beautés à l’école.
C’est probablem ent le niveau d’intérêt très bas des m a­
nuels scolaires qui, au m om ent où l’on révèle l'Egypte aux
enfants, n ’en m ontrent que des aspects qui relèvent de la
m atérialité la plus simple, comme s’ils s’adressaient à des
débiles m entaux, qui en est pour une bonne partie respon­
sable.
Les m aîtres de Platon, de Pythagore, de Solon, d’Hip-
pocrate, de Galien, des astronom es, des arithm éticiens, des
chim istes, des géomètres grecs q u ’on apprend ensuite aux
enfants à adm irer au cours des études, étaient autre chose
que des potiers, des laboureurs, des bateliers, des m açons
et des teinturiers. Comme le dit bien Schwaller.
Le nivellem ent par en bas ten an t dans notre pays (de­
puis peu) un rôle de plus en plus grand, je ne désespère
pas avant de m ourir de voir le K am arade-K uré dire la
messe en salopette, du train dont vont les choses. Les
aspects hauts, profonds et sublim es sont rarem ent présen­
tés aux enfants et pas du tout en ce qui concerne les An-
232 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

ciens et la haute valeur de l’Egypte sacerdotale, architec­


turale, scientifique et traditionnelle.
Le résultat est que les gens se dem andent à quoi sert
l’Obélisque de Louqsor au milieu de la place de la Con­
corde (le seul nom q u ’on puisse lui donner qui ne fâchera
personne, disait Louis-Philippe, qui était très diplom ate).
Mais ces déterm inants égypto-m athém atico-sym boli-
ques a ttire n t les regards de bien peu de gens. Je vois en
p assan t peu de nuques en flexion, bien peu de regards
m ontants.
Avec les explications scolaires de bas niveau destinées
à éviter le réveil des intelligences et des intuitions, à am or­
tir les élans spiritualistes, à étouffer toute illum ination,
à a rrê te r l’embryogénie de tout idéal, l’idéographie, a rt pro­
digieux des P haraons et des M andarins est synonyme de
désuétude, de démodé, de stupidité, à l’époque de la m a­
chine à écrire.
Je ne sais ce que disent les hiéroglyphes lus avec la
clef officielle, si l’on peut dire, de Champollion ; c’est sans
doute intéressant.
Mais Champollion m algré son génie n ’était ni herm é-
tiste, ni Yogi, ni vertébrothérapeute, ni gym naste, ni ortho­
pédiste, je ne crois pas q u ’il ait jam ais dit que le Yoga,
que la h au te Sagesse gym no-m entale, étaient représentés
su r cette pierrè, et q u ’il fallait la lire autrem ent q u ’avec
des idées courantes, autrem ent qu’avec les clefs hiérogly­
phiques et gram m aticales q u ’il avait découvertes. Je me
trom pe peut-être.
En tout cas, je n ’ai jam ais encore rien trouvé là-dessus
dans lés Bibliothèques et su r les catalogues des livres liant
le Yoga aux trésors de l’égyptologie, comme ceux que nous
écrivons, H anish mis à p a rt bien entendu. S’il en existe,
mes lecteurs seront gentils de me les signaler.
J ’ai beaucoup d’adm iration pour Champollion et je
viens de lire (je vous conseille d’en faire au tan t) sa vie
p ar Madeleine Pourpoint (1), ouvrage in stru c tif'e t passion­
n an t, biographie n u tritive et pleine d’esprit, qui vient à
son heure et comble une lacune dans notre époque de bio­
graphies, de résurgences, de ré-apparitions de grands gé­
nies trop vite oubliés, et qui sont des piliers de notre cul­
ture. Vous verrez com m ent le m onde officiel a essayé de
le faire taire, com m ent arriv an t d’Egypte avec des idées

(1 ) E d it io n s L a tin e s.
BRAS EN CHANDELIER 233

trop neuves et su rto u t d’un rendem ent trop efficace, il fut


aussitôt stoppé, et perdit de longues années, comme tous
les inventeurs.
A l’étranger, le monde archéologique, scientifique, his­
torique, invita Champollion à faire partie des Sociétés Sa­
vantes. Toute l’Europe l’invita. Il fut fait aussitôt Docteur
Honoris Causa de toutes les Universités du monde. En
France, l’accueil fut un peu différent.
Le M inistre de l’In térieu r de Charles X le tin t enferm é
dans le lazaret de Marseille, m algré la protection du duc
de Blacas, autre M inistre, qui l’adm irait, au-delà du délai
réglem entaire quand il rentra. On espérait que ce gêneur,
qui apportait la solution d’un secret jusque-là herm étique,
d isp a ra îtra it et q u ’on serait enfin débarrassé de ce cerveau
qui allait plus vite et plus profond que les cerveaux offi­
ciellem ent célèbres.
Cham pollion était en effet m alade du poum on. Il a rri­
vait d’un long séjour dans un clim at torride et souffrait
d’avoir eu les plèvres balayées par le m istral glacé.
C’est un peu comme cela que les choses se passent en
médecine. Au contraire, le monde académ ique est plus ré­
ceptif, plus ouvert dans les m athém atiques, l’astronom ie,
la physique. Cauchy a bien gardé dans ses papiers pen­
dant 20 ans de trop, puis perdu les travaux d’Evariste
Galois, m ais on sait bien q u ’il ne l’a pas fait exprès. T an ­
dis que d’Haussez faisait exprès de garder Champollion
enferm é au lazaret de Marseille.
Or, c’est à Champollion que l’on doit la présence à P a­
ris de ce m agnifique Obélisque qui résum e la Sagesse des
cerveaux les plus savants et les plus profonds de l’Histoire.
C’est Champollion qui l’a choisi, qui l’a acheté, qui a
convaincu le Khédive, etc. comme le dit fort bien sa bio­
graphe Madeleine Pourpoint.
Son nom n ’est même pas sur l’Obélisque. Allez donc
voir pour vérifier. Le plus joli c’est que c’est avec son
argent de poche q u ’il a acheté beaucoup de trésors a u jo u r­
d’hui au m usée du Louvre, pour les offrir à son pays !
Nous sommes vraim ent le peuple de la Reconnaissance.
Mais haussons-nous à la h au teu r du m ilieu de l’obé­
lisque, face à la Cham bre des Députés, vide de son conte­
nu. C’est plus facile à faire que de se hausser au niveau
du savoir des M aîtres de Sagesse, des Grands P rêtres
d’Ammon-Ra qui ont tracé, choisi, disposé les hiéroglyphes,
im peccablem ent, harm onieusem ent.
234 YOGa ir a n ie n e t é g y p t ie n

Ceux-ci sont disposés avec un équilibre, un espace, une


proportion, une netteté qui font l’adm iration des dessina­
teurs et des décorateurs m odernes. C’est que les savants
pharaoniques connaissaient les divisions proportionnelles,
l’hom othétie et toutes les géométries. Us les enseignèrent
à H ipparque de Samos, à Thalès de Milet, à Ménélaüs,
l’hom m e des transversales, à ses collègues Pappus et Jean
de Sceva, à Diophante, nos m aîtres grecs.
Voici ce que nous voyons :
De h a u t en bas :
(Planche X. Fig. 13).
— Un bâton avec un renflem ent m édian. Un rouleau à
pâtisserie, ou un m anche à balai réparé par le m ilieu, pour
les m atérialistes. N’en parlons pas, ce serait trop long,
c’est classique dans la Tradition.
— Une sorte de pince de philatéliste, ou de pincette
ou de diapason ou de pince ophtalm ologique pour opérer
les orgelets devenus chalazions ?
N’en parlons pas non plus.
— Une onde vibratile horizontale. Nous en avons lon­
guem ent parlé au Tom e I, n ’y revenons pas (voir chapitre
su r la vibration).
— Un canard volant au-dessus du sol. Parlons un peu
de ce volatile, qui n ’a pas été gravé sur cet obélisque pour
des buts culinaires. Le canard dans l’herm étism e, la sym ­
bolique, l’ésotérism e, est l’image, le hiéroglyphe de la li­
berté dans les trois mondes. Il nage, plonge même, vole
et m arche.
On a dit de lui q u ’il vole moins bien que l’hirondelle,
q u ’il nage et plonge m oins bien que le poisson et m arche
m oins bien que le chien. C’est vrai. Mais l’hirondelle ne
nage pas sous l’eau, le poisson ne m arche pas et le chien
ne vole pas. D’aucuns pensent qu’il s’agit du symbole de
la lim itation dans la pluralité des dons.
Il est de nouveau représenté en bas, en compagnie
cette fois du Tore autre su jet de cogitations et de disputes.
Passons. Un livre n ’épuiserait pas la question. Les élèves
de M aurice d’Ocagne seront de mon avis.
Rem ontons. Au-dessous du canard se tient la chouette,
anim al qui voit la nuit, avec sa physionom ie étrange et un
peu sinistre et, ses splendides yeux dorés. L’anim al chéri
de Pallas Athéné est le symbole de la vision privilégiée, de
BRAS EN CHANDELIER 235
ce que les autres ne voient pas. C’est le symbole de la sa­
gesse qui voit les signes utiles cachés ou difficiles à décou­
vrir. Les signatures des choses, signatura rerum pour p a r­
ler comme le célèbre cordonnier. Elle ne voit d’ailleurs pas
ce que les autres voient en plein soleil. Elle est la vision
saturnienne et lunaire, antithèse de la vision solaire, com­
m une et facile. Elle regarde, avec sollicitude, semble-t-il,
la femme faire son Yoga.
Décrivons m aintenant celle-ci.
Il s’agit d’une femme accroupie, avec le tra in supérieur
en chandelier. Les m ains e n tr’ouvertes et de longs doigts
com m e d’habitude. La statuaire pharaonique, aime les
longs doigts ! Comment l’en blâm er quand on a lu d’Arpen-
tigny et Desbarolles ? Les Egyptiens excellaient à sculpter
de belles longues m ains d’artistes, d ’intellectuels, de phi­
losophes. Voyez notam m ent la m ain sculptée dans le vo­
lum e de planches, a tte n an t au traité d’Egyptologie du P ro­
fesseur Vandier, de l’In stitu t (Picard éditeur).
Le train inférieur est en ferm eture du chakra sexuel,
un pied écrasant le ch ak ra orange. C’est évident, vous di­
sent les acupuncteurs. Elle ferm e le courant électrique en
coupant le m éridien de la sexualité. Le com pteur électri­
que est ferm é, nous pouvons m onter dans l’ascenseur et
p a rtir en vacances. Aucun danger d ’incendie p ar court-
circuit.
Ah ! comme c’est intéressant de s’in stru ire ! On n ’en­
seigne donc pas tout dans les Facultés de Médecine ?
Et voilà pourquoi votre fille est m uette. Conclusion
de la leçon du dessin :
Appel des forces d ’en haut, spirituelles. F erm eture
des forces d ’en bas, matérielles.
Voilà qui est clair et bien commode.
C’est, nous disent les B rahm anes qui enseignent la
même chose que les prêtres de l’Egypte (qui n ’est plus
q u ’un livre de pierre) la position de m éditation idéale des
gurus errants, des saddhus farouches, de Paphnuce sépa­
ré de Thaïs, vivant comme les p arfaits cathares, sans p ar­
tenaire, sans fam ille, sans descendance et surtout sans
soucis et sans travail.
C’est la gym nastique des ascètes !
Il y a, n ’est-ce pas, des choses curieuses au m ilieu de
la place de la Concorde, centre d ’une ville tout à fin non-
ascétique. Le remède est à côté du mal, dit l’adage.
Au-dessous, un œil, le droit. Pourquoi ? Nescio. Au
236 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

niveau du train supérieur un rectangle allongé, au niveau


du train inférieur, trois de ces rectangles, ce sont évidem­
m ent des lettres. J ’en ignore la vraie valeur.
Une verticale rem arquable représentant évidem m ent la
colonne est visible au m ilieu du sujet. Elle se continue avec
l’étagère sur laquelle la chouette est juchée. Un renflem ent
au niveau du M uladhara chakra, une flèche au niveau du
S ahasrara voilà qui m ontre bien la signification et le but
du m ouvement. T out est écrit. Il n ’y a qu’à lire. J ’ai de­
m andé à mon photographe de grossir ces instructifs petits
dessins qui nous dom inent de leur savoir — pour parler
comme Bonaparte. Les historiens disent d’ailleurs q u ’il
a u ra it reçu en Egypte un enseignem ent ésotérique qui lui
a u ra it beaucoup servi plus tard. C’est possible. Ce qui est
certain c’est que, grand travailleur, de Brienne au sacre
il constitua toujours un dossier su r toute question histo­
rique, économique, biographique ou m ilitaire im portante.
De là son savoir et sa docum entation qui faisaient l’étonne-
m ent de ses contem porains.
Relisons m aintenant le petit texte de Plotin sur la com­
préhension internationale des hiéroglyphes.
« Les Sages de l’Egypte me paraissent avoir fait preu-
« ve d’une science consommée ou d’un merveilleux ins-
« tinct, quand, pour nous révéler leur sagesse ils n ’eu-
« rent point recours aux lettres qui exprim ent des mots
« et des propositions, qui représentent des sons et des
« énoncés, mais qu’ils figurèrent les objets p ar des hié-
« roglyphes et désignèrent sym boliquem ent chacun d’eux
« par un emblème particulier dans leurs m ystères. Ainsi
« chaque hiéroglyphe représentait une espèce de science
« ou de sagesse et m ettait la chose sous les yeux d’une
« m atière synthétique, sans conception discursive ni ana-
« lyse ; ensuite cette notion synthétique était reproduite
« discursivem ent et énonçait les causes pour lesquelles les
« choses sont ainsi faites, quand leur belle disposition
« excite l’adm iration ». Plotin Ennéades V, 8, 6. •
En voici un exemple concret. Il existe pour la publicité,
et pour la rédaction de notices concernant des produits
vendus dans des pays de toutes langues, un sabir com pré­
hensible sous toutes les latitudes, grâce à des images et
à des signes. Les P rêtres d ’Amon avaient déjà inventé cela.
A pied ,et sans escabeau, le dessin est tout petit. Les
gens lestes peuvent m onter sur le toit de leur voiture. Je
conseille d’em porter des lorgnettes.
BRAS EN CHANDELIER 237
A quand une T our d’étude autour de l’obélisque avec
un escalier en spirale amovible ?
— Comme autour des fusées, me direz-vous ?
Mais peut-être est-ce une fusée... intellectuelle, ou, di­
sent d’autres, un parato n n erre pour radiations cosmiques
inconnues ? Elle est tout cela. C’est pour cela qu’elle est là.
Mais il fau d rait aussi, l’H iérophante, le Sigisbée, le
Semnothée. Où sont-ils ?
Certains me répondent : « Mais non, il ne les fau t pas »
« capiat qui capere potest » disent les latins. Tandis que
l’Evangile affirme « Frappez et l’on vous ouvrira ».
Qui suivre ? Qui croire ?
En attendant regardons !
CHAPITRE QUATRE

Le Yoga à la messe
Chapitre dédié à la m ém oire d’un des Abbés
de Sam bucy, Am bassadeur de France au
Vatican, secrétaire du Sacré-Collège des Car­
dinaux de 1815 à 1826.

Voici un texte extrait du livre de mon m aître le Swami.


En effet, dans « Quelques aspects de la Philosophie
Védantique » (p. 112), on peut lire :
« A proprem ent parler, il n ’y a pas de différence entre
ceux qui, en O rient et en Occident, ont eu des expériences
spirituelles semblables ; ils se servent à peu près des mê­
mes expressions. C’est dans les symboles, la liturgie et les
cultes que les différences se m anifestent, car il y a plu­
sieurs façons d’exprim er la vérité dans la vie de chaque
jour.
« A ce sujet, je désire vous lire quelques lignes extrai­
tes d’un article consacré à l’Inde qui a p aru dans la revue
des Jésuites m issionnaires, cahier n° 3 du mois de mai
1941, sous le titre « les Hindous m odernes » ;
« Hindouism e et C hristianism e : A prem ière vue on
p o u rra it se dem ander ce que le Christianism e apporte de
neuf à la vie religieuse indienne. Révélation (cruti), Inspi­
ration (rsi), E criture sacré (véda), T radition sm rti), Con­
tem plation (darçana), Culte des saints (arcana), Extase
(dyana), Sacrifice (Y ajna), Culte divin (p u ja), Rites (kar­
m an ), Pèlerinages (p ariv rajy a), Purification (çuddi), Ascé­
LE YOGA A LA MESSE 239
tism e (tapas), Recueillem ent (sam adhi), Croyance (dhar-
m a), E sprit de foi (craddha), Abandon (tyaga), Dévotion
(bakti), E sprit intérieur (yoga), Renoncem ent (sam nyasa),
Grâce (prasada), Incarnation (av atara), etc.
« L’Indien trouve tous ces élém ents psychologiques de
la vie religieuse dans l’hindouism e. Son âme semble donc
meublée et hum ainem ent satisfaite ; on ne p o u rrait guère
escom pter chez lui, pour l’am ener au catholicism e, une soif
de psychologie religieuse q u ’il ne parviendrait pas à étan­
cher aux sources q u ’il trouve chez lui.
« On ne peut pas davantage essayer de disloquer p ar la
critique le systèm e religieux de l’hindouism e, car précisé­
m ent l’hindouism e ne se préoccupe pas d’être un système.
Il ne réagit pas contre ses propres travers ; il absorbe les
élém ents les plus disparates : il n ’est q u ’un fait complexe
et m ultiform e, il ne prétend pas à une existence juridique.
La critique logique est aussi im puissante à le réduire que
la satire des Anglais à d étruire l’Angleterre. Il est pareille­
m ent inutile pour vaincre l’obstination de l’Hindou, de la
déprécier en l’appelant orgueil ou durcissem ent. Les re­
proches et les réprim andes réussissent quelquefois su r les
individus, jam ais su r les collectivités, su rto u t quand elles
sont fières. D’ailleurs l’obstination de l’H indou ne tient pas
à l’orgueil, mais elle provient de l’intensité de sa vie reli­
gieuse. Q uand on parle à un Indien orthodoxe d’une idée
religieuse nouvelle, il écoute respectueusem ent parce que
tout ce qui est religieux lui semble digne d’estime, m ais à
aucun m om ent il n ’a envie de l’adopter parce q u ’il est déjà
satu ré de dévotion. Il est un peu comme un Franciscain
qui écouterait avec plaisir un beau panégérique d’un Do­
m inicain sans que sa conviction à lui soit même ébranlée.
« Dans l’héritage de l’hindouism e, nous trouvons des
trésors précieux : l’idée du détachem ent — travestie sans
doute, et défigurée, m ais qui purifiée et rectifiée est bien
la seule porte d’entrée vers les béatitudes et la Cité divi­
ne ; la place prépondérante et presque unique q u ’il donne
à ce qui est religieux. Là où le Grec classique (1) et le
Rom ain ne voient que la terre et l’hum ain, l’Hindou y
trouve des valeurs d’éternité et réalités divines, le « ca­
tholicism e » instinctif. L’Indien ne doute pas de la fin
transcendante et spirituelle de l’homme, de sa destinée au

(1 ) I n ju s t e p o u r la G rèce d e P y th a g o re et d e P la to n .
240 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Bien suprêm e, ni p ar conséquent de l’unicité de la véri­


table Religion ».
L’auteur a fait là un excellent travail. Je me garderai
de discuter les conclusions q u ’il en tire. Constatons q u ’un
esprit ouvert au contact de notre culture ne peut pas ne
pas reconnaître la grandeur de notre idéal philosophique
et religieux ; q u ’il le veuille ou non, il en subit l’influence.
L ’assim ilation de n o tre pensée p a r l’Occident s’effectue
ainsi p ar des voies diverses ; sur le plan de l’égalité, l’Inde
fidèle à sa tradition ne m anquera pas d’accueillir avec
sym pathie tout apport étranger pourvu q u ’il ne soit pas
en opposition avec son héritage spirituel...
...Le Christianism e a mis en valeur la g randeur de
cette conception m orale. L ’exemple de Jésus lui donne
d ’ailleurs un relief particulier. Le C hrist n ’a pas hésité,
pour sauver l’hum anité, à lui faire don de sa propre vie.
Cette même idée, cette même aspiration anim e toutes les
religions hindoues ; le concept du sacrifice est la base du
m ysticism e : c’est l’idée m aîtresse qui soutient l’édifice re­
ligieux. Supprim ez la notion du renoncem ent et d’abnéga­
tion, vous ruinez du même coup la vie spirituelle ; elle en
est la pierre d’angle et la clef de voûte. L ’idée de renonce­
m ent ne peut, comme un décret ou une ordonnance, être
imposée à tous les hom mes. Je suis d ’avis contraire pour
les Hellènes. Ce n ’est pas une illusion, comme le prétend
Freud ; ce n’est pas non plus un aspect pathologique,
comme ont tenté de le dém ontrer un B ernard H art ou un
Leuba ; c’est le support de toute expérience m ystique ; la
loi m orale possède une valeur universelle, et la découverte
de cette loi constitue l’éthique de la véritable religion.
Selon les conceptions hindoues, l’idée de sacrifice re­
m onte à l’origine de la vie hindo-aryenne. Elle s’annonce
déjà dans les Védas. Au point de vue religieux, elle s’affir­
me notam m ent dans le Rig Véda, dont l’apparition rem on­
te entre 4000 et 3000 avant J.C. La m anifestation entière
est un sacrifice que l’E tre Suprême s’impose à lui-même,
le P u ru sh a (l’Aine universelle) s’immole pour créer le
monde sensible.
Ainsi p arlait le Swami Siddesw arananda dans ses cours
à la Faculté des Lettres de Toulouse de 1942 à 1944.
Un jour, au prem ier rang, je vis une série im portante
de prêtros, c’étaient des théologiens. Ils sortirent souriants
et approbatifs. Le swam i était un grand esprit qui in stru i­
sait et enchantait tous ses auditeurs.
LE YOGA A LA MESSE 241

La messe est le plus beau des Yogas.


R egarder la Messe en surveillant l’évolution de la mode
fém inine dans les chapeaux des femmes est une piètre
occupation. A ssister de corps à la messe, som atiquem ent
debout ou assis, tout en faisant ses comptes su r un carnet
est un com portem ent lam entable ; m ieux vaut, dans ce
cas, dorm ir si l’esprit ne peut être présent, ou faire le tour
de l’église en m archant, car la m arche peut faire évoluer.
Certains sont-ils surpris quand on leur dit cela, c’est qu’ils
ont perdu la T radition. C’est q u ’ils sont coupés de la Na­
ture.
La posture su r son espalier, de Saint Jean Climaque
en est la preuve : il y a deux mille ans l’hom m e était
encore entier. Saint Jean Climaque p ria it en chandelier
sur son espalier ou se redressait contre un pilier, comme
on fait en Suède, où l’église est tapissée d’espaliers ; le
culte redresse l’esprit et l’espalier redresse le dos. Les la­
tins sont ahuris quand on leur parle ainsi. Je m ’excuse
d’être très Scandinave, tout en étan t né au pied des Pyré­
nées. Le tem ple suédois de Paris com porte un gym nase.
P our bon nom bre de gens, la messe ne présente aucun
m ystère passionnant dans ses gestes et dans son déroule­
m ent. Quelle erreu r ! La messe est le conservatoire du
Yoga le plus dépouillé, le plus pur, le plus ancien, le plus
beau. Centrée sur quatre m aîtresses postures, l’élévation
des m ains vers le ciel, la réception m ains ouvertes en po­
sition vertébrale hiératique, les agenouillem ents et l’offran­
de des forces que l’on vient de recevoir aux assistants, elle
est un spectacle unique et synthétique de tous les Yogas
décrits dans ce livre, et surtout de tout ce q u ’il y a de plus
beau comme positions droites et vers le haut.
Nous ne donnerons pas l’histoire de la messe et de ses
gestes, pour ne pas em piéter sur un terrain qui fut celui
de certains Sambucy, célèbres dans l’Eglise et connus dans
l’Histoire, m ais qui dépasse notre compétence.
Nous nous bornerons à décrire deux attitudes : celle
des prêtres m ains vers le haut, et celle du prêtre, ou du
Roi de France, m ains aux épaules et dos droit, tirées de
l’Histoire de l’Art. J ’y ajoute, sans figure, la description
rapide d’une très belle attitude que je vis et adm irai à
Vézelay à la messe, lors d’une de mes nom breuses visites.
Le prêtre, sur le côté gauche du choeur, debout en a tti­
242 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

tude hiératique, ten an t à h au teu r de son cou l’Evangile


su r ses m ains horizontales. Cette attitu d e de présentation
et d’offrande aux forces d’En-H aut, comme pour leur faire
lire le texte du livre, était magnifique. Le Grand Livre
était appuyé sur la gorge, sur Visuddha. Ce qui fu t rem ar­
quable aussi, c’est le tem ps très long que resta le prêtre
dans cette attitu d e hiératique, très fatigante à la longue.
On peut voir la même position de m ains su r le hau t
de l’Obélisque de Louqsor à Paris.
Décrivons donc la position m ains unies vers le haut,
à la fois comme attitude religieuse et comme exercice de
régénération zoroastrien, brahm anique et égyptien. C’est
une des positions de salut au Soleil. Le Soleil de Æoroastre,
dans la religion catholique, c’est l’ostensoir, cercle d’or
rayonnant.
Sur l’ostensoir et les vêtem ents sacrés de l’officiant
lisez le petit livre de R. Em m anuel « La messe vue par les
yeux de l’esprit » — ouvrage passionnant et in stru ctif
pour le sujet qui nous occupe.
Une quatrièm e position que nous ne décrivons pas ici
(il fau d rait analyser toute la Messe) est celle qui est étu­
diée à p a rtir de la belle Psyché de Breker.

Messe de Saint-Grégoire.
(Planche IX. Fig. 12).
Voici une posture que nous trouvons plusieurs fois au
cours de la Messe. Elle est simple et belle, c’est une pos­
ture de la série « m ains en h a u t » analogue à celle du
Kong-Fou, au bras carré double égyptien (chandelier). Elle
consiste dans une extension des bras vers le h au t, un appel
des forces d’En-Haut. G ym nastiquem ent, elle se pratique
d’une m anière codifiée p ar le Yoga mazdéen iranien ancien.
Voici com m ent (postures égyptiennes, H anish.'P A rf de la
Respiration) :
Les deux bras levés et tendus, les m ains jointes ou bien
les doigts joints, les paum es décollées ou encore les bouts
de doigts joints, les m ains légèrem ent séparées, sans con­
traction, on étire to u t le tra in supérieur vers le h a u t et
l’on essaietd’avoir à la fois les bras tendus et dans le plan
du dos. C’est très difficile, m ais le seul fait de l’essayer
fait du bien. Les jam bes font aussi le triangle, légèrem ent
LE YOGA A LA MESSE 243

écartées, le dos droit, on cherche à tout m om ent l’exten­


sion, le redressem ent, l’allongem ent, le déroulem ent, la
verticalité, qui sont le propre de l’hom m e jeune aux a rti­
culations libres. On peut, soit rester dans cette attitude,
p ratiq u er l’inspir progressif et l’expir lent pendant une di­
zaine de secondes ou lever les bras p a r les côtés comme
le fait le prêtre et réu n ir les m ains, en resp iran t progres­
sivem ent tout l’air possible et garder la poitrine pleine en
rétention du souffle une dizaine de secondes, puis laisser
retom ber les bras en expirant.
On corrigera la position de son dos et on essaiera de
244 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

garder les bras dans le plan du dos, comme dans la m er­


veilleuse attitu d e du prêtre médiéval de la messe de Saint-
Grégoire le Grand, cela suffit à am ener une grande chaleur
dans le dos.
On assiste m alheureusem ent souvent à des messes où
les attitudes sont recroquevillées, les agenouillem ents esca­
motés, les étirem ents des m ains vers le ciel raccourcis, les
ouvertures des bras vers les fidèles à m oitié fermées. Ce
sont les messes m odernes où le Yoga est m ort et où le
p rêtre ne com prend pas la beauté de ses m erveilleuses a tti­
tudes héritées des prêtres égyptiens et zoroastriens. Com­
m ent les gens qui assistent dans la nef à ces messes esca­
motées pourraient-ils être transportés vers le h a u t par un
desservant recroquevillé ou attiré p ar le bas, la fatigue, la
m aladie qui gêne ses superbes gestes rituels ?
Pourquoi ne pas lire les m ains dans les poches le cé­
lèbre texte du voyant de Patm os qui vient en droite ligne
des stances brahm aniques antédiluviennes de Dzyan ?
La lum ière qui vient créer le monde se propage en li­
gne droite pour venir féconder le chaos, il fau t que le dos
de celui qui lit le récit de cet exploit soit droit aussi.
Il existe un exemple curieux et très joli du hiératism e
yogique des spectateurs dans le christianism e ancien.
Dans son bel ouvrage en deux volumes su r l’E ucha­
ristie dans l’A rt (1), Eugène Vloberg nous m ontre la messe
dite de Saint-Gilles, qui est un tableau du xve siècle, de la
N ational Gallery de Londres. Charlem agne, ou Charles
M artel, le héros de Poitiers, est à genoux et conform ém ent
à la légende, m arque son étonnem ent en pren an t la pos­
ture m ains ouvertes et offertes en avant, poignets aux épau­
les. La légende, qui est le su je t du tableau, représentée par
Vloberg dans son ouvrage extrêm em ent fourni en tableaux
célèbres, ne nous occupe pas ici.
Cette posture est celle du p rêtre pendant la lecture du
livre posé su r l’autel. C’est cette posture de Yoga q u ’il
prend souvent au cours de l’office.
Cette attitude est aussi celle de beaucoup de Bouddhas
thibétains. Les poignets sont aux épaules, les positions de
m ains diffèrent et sont l’une ou l’autre des m udras des
Brahm anes. C’est une attitu d e hiératique de réceptivité,
d’attention, de com m unication, de redressem ent, de su r­
veillance de soi. C’est cette attitu d e qui est prise notam -

(1 ) A rth a u d é d ite u r.
LE YOGA A LA MESSE 245
m ent pendant la lecture des évangiles. On voit bien là dans
la m esse l’héritage des belles attitudes sacerdotales des
m illénaires antérieurs. C’est typiquem ent égyptien, ph arao ­
nique. C’est le m ain aux épaules de la Suédoise.
C’est là, dans n o tre messe, que se trouve la preuve du
génie des Pères de l’Eglise, des prem iers chrétiens, d’avoir
franchi p ar un pont (pontife : constructeurs de ponts)
l’horrible boucherie — charcuterie — rôtisserie des tem ­
ples juifs, contre laquelle les prophètes ju ifs eux-mêmes,
écœurés, tonnaient, d’avoir franchi par une seconde arche
la partie récente et dégénérée du culte égyptien tombé lui
aussi dans les statues à tête de bête et dans les sacrifices
d ’anim aux et d’être rem ontés au contact des prières des
prem iers hom m es du centre prim ordial (Egyptien ; Ira ­
nien, Hyperboréen ?) où l’homme, le chef de fam ille, le
prêtre, le mage, installés en attitu d e gym nastique et ver-
tébro-rituelle simple et efficace de réception et d’adoration,
dem andaient des forces à leur Créateur.
La messe est un cérém onial de reprise et de recharge­
m ent des forces de l’hom m e au contact du divin ; on en
verra les détails dans le petit livre passionnant de R. Em ­
m anuel « La Messe vue avec les yeux de l’E sprit » (1).
C’est le plus beau et le plus sacré des Yogas. R em arquons
en passant que la Sainte-Messe est la synthèse de gestes
propres au Christianism e et de pratiques cérém onielles des
religions antérieures. P ar exemple, la com m union sous les
espèces du pain et du vin est tout à fait traditionnelle ;
elle se pratiq u ait aux antiques m ystères grecs des fêtes de
Cybèle où les participants recevaient aussi le pain et le
vin et le m angeaient. En disant « faites ceci en m ém oire
de moi » le Christ a confirmé et continué une antique tra ­
dition.
L’époque où fu t créée cette cérémonie unissant l’ancien
et le m oderne n ’est pas indifférente. Le Christ est apparu
au m om ent synthétique calculé par les prophètes num éro­
logues de toutes les races et de toutes les civilisations
comme l’a bien m ontré Lacuria.
Les gestes que l’on voit a u jo u rd ’hui ont subsisté depuis
les âges les plus reculés du C hristianism e. Quels sont ceux
qui sont tombés dans l’oubli ? Pourquoi, quand et com­
m ent ? Nous l’ignorons. Mais nous sommes absolum ent
certains que le rite très prim itif de l’Eglise, et peut-être

(1) E d it io n s A n dré, 13, ru e E m ile D u c la u x , P a r is .


246 YOGA IRANIEN E T ÉGYPTIEN

les techniques enseignées aux apôtres p ar le Christ, étaient


bien plus étendues.
Telle est une de nos hypothèses, et celui qui lira et
essaiera le livre, ém ettra probablem ent la même.
Si m aintenant on lit les dernières lignes de l’Evangile
de Saint-Jean, dont on lit à la messe (ou plutôt dont on
lisait avant la lam entable initiative du dernier concile)
l’autre extrém ité (le début) ces prem ières lignes qui sont
la transcription résum ée des stances antédiluviennes de
Dzyan, il n ’y a u ra plus le m oindre doute. Les voici « Jésus-
Christ a fait encore beaucoup d’autres choses s’il fallait
écrire tout ce q u ’a fait le Christ, je ne pense pas que le
monde p u t contenir les livres q u ’on com poserait ». Je
pense, q u ’après une pareille déclaration écrite p ar le plus
grand cerveau de l’entourage du Christ et son élève préféré,
écriture que l’église chrétienne de Rome ou de Byzance tient
pour parfaitem ent authentique, on peut considérer le chris­
tianism e comme considérablem ent élargi et comme tout
à fait légitime le christianism e ésotérique.
Peut-être q u ’un jo u r Rome révélera aux chrétiens éton­
nés ce que fait le prêtre pendant la messe avec ses gestes,
leur conseillera de faire les m êm es gestes en m êm e tem ps,
et leur révélera le cham p im m ense d’enseignem ents du
Christ, dont parle Saint-Jean et dont il n ’a jam ais été
question. Sera-ce après la prochaine guerre, le prochain
concile, le prochain déluge ou plutôt le prochain schism e ?
T out approche si rapidem ent, si l’on en croit le message
de F atim a !
P our que les trois oriflam m es des libérateurs européens
du Saint-Sépulcre, R ichard d ’Angleterre, Philippe-A uguste
de F rance et Frédéric Barberousse de Germanie partis en­
semble de Vézelay puissent rester plantés en terre sarra-
zine, il fallait la présence des Tem pliers, que l’Eglise, tou­
jo u rs bien inspirée envers ses défenseurs, a fait brûler.
P our que les gestes de la Messe perdurent dans la même
terre hostile, il fallait la présence de l’armée' franque, de
l’arm ée européenne. Mais l’Eglise a déclaré qu’elle était au-
dessus des Armées, des A dm inistrations, des Peuples, des
N ations, des Langues et même des Races, ce fait indis­
cutable dont la m ultiplicité assure la m arche de l’Histoire.
Bien sûr, l’Eglise de Rome est au-dessus des petites dis­
putes entire races et nations, m ais à force de s’élever au-
dessus des nuages on finit par perdre son terrain d ’a tte r­
rissage. Les anciens Papes étaient extrêm em ent therm o­
LE YOGA A LA MESSE 247

dynam iques, ils faisaient beaucoup brûler ; le Dim anche


était en Espagne un jo u r de feu, de fum ée et de h u rle­
m ents : l’Eglise faisait brûler quelques sémites « ju ifs et
m aures, lie du m onde » disait le grand Pie V, le pape de
Lépante. Les derniers papes sont pour l’em brassade. Ils
sont ostéopathes et veulent p ar l’em brassade débloquer la
colonne difficile des sémites, quel perfectionnem ent !
Personnellem ent, je suis contre les bûchers et pour l’os­
téopathie. L’idée des nouveaux papes d’ériger l’em brasso-
thérapie en technique générale pour influencer les Sémites
serait belle en santé publique, m ais politiquem ent elle n ’est
qu’une fausse m anœ uvre de plus après ta n t d’autres. La
preuve en est dans les jo u rn au x qui nous donnent, dans
de petits entrefilets, les m oins visibles possible, des nou­
velles q u ’il est impossible d’em pêcher de filtrer m algré les
ordres donnés.
Voici ces nouvelles peu rassurantes « Depuis le départ
des F rançais d ’Algérie, quatre cents églises ont été trans­
form ées en mosquées ». Succès complet de la diplom atie
du Vatican ! (400 su r 567 !).
Dans qu atre cents églises chrétiennes, et vous vous
rendez compte de l’im portance im m ense que ce chiffre
représente, le sabre du prophète (seule m éthode des sémites)
a expulsé les gestes adm irables de la messe. A ujourd’hui
même, « Le gouvernem ent tunisien vient d’interdire aux
églises chrétiennes qui restent ouvertes de faire sonner les
cloches ». Il y a évidem m ent bien des choses qui clochent
au Concile !
Comme fiasco, il est difficile de faire mieux. H eureu­
sem ent nous console un peu la réconciliation des Eglises
chrétiennes. Phénom ène possible de réconciliation entre
appartem ents d’une même m aison, entre dem eures m om en­
taném ent cloisonnées de la Maison du Père.
Q uant à l’expansion au dehors « Voire » dit Panurge.
Que Gaspard, Caspar, la Caspienne, la race blanche
aryenne descendant du Nord, Melchior et B althazar, le
Ja u n e et le Noir (mais il est beaucoup d’autres in terp ré­
tations pour ces deux derniers) venant tous trois du m an­
che du trident, soient venus saluer le Christ dans son ber­
ceau, c’est sûr. Mais que Rome rem place le B rahm anism e,
le Bouddhisme, l’Islam ism e, le Shintoïsm e, c’est m oins sûr.
C’est bien ce que pense le savant jésuite dont je donne
le texte plus haut. Ce qui est possible, et même souhai­
table c’est, autour de la Messe, l’union de toutes les reli­
248 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

gions dont les gestes sacrés sont les m êm es . ceux du Yoga,


ceux de l’antique tradition.
Voilà à quoi les Papes peuvent travailler. Mais en
parle-t-on au concile ? Pas à m a connaissance.
La repousse de la tonsure des clercs, le raccourcisse­
m ent de la cuculle des nonnes, la transform ation de la
soutane en pantalon pour les prêtres en ville, occupent
de graves entretiens ; espérons que les successeurs d’Hi-
laire, de Cyprien, d’A thanase et de Polycarpe confèrent de
sujets plus actuels que ces am usettes bonnes tout au plus
à rem plir les colonnes des journalistes.
Dans ces am usettes, que les jou rn au x ravis entourent
d’un cadre, il fau t ranger la nouvelle m achine à laver
l’histoire, dernière trouvaille des vénérables cardinaux
judéo-m arxistes, car il en existe, hélas ! Les catholiques,
pas plus qu’ils n ’ont depuis quinze cents ans, découvert le
Yoga dans la Messe, ne se sont aperçus de l’effrayante
transform ation qui se fait en sourdine dans l’Eglise, en ce
m om ent. Sancta Sim plicitas ! Mais les cardinaux m arxistes
passeront, c’est un phénom ène historico-socio-psychologi-
que qui n ’est pas nouveau puisque le com m unism e a existé
chez les chrétiens prim itifs, après avoir existé chez les
Pythagoriciens et chez les Esséniens. C’est un phénom ène
cyclique de l’Histoire qui passe, échoue, puis reparaît, nous
disent les historiens des doctrines politiques et des Reli­
gions (1). Mais le symbolisme vertébral et gestuel du hié­
ratism e de la messe et du yoga reste, dem eure. Il est plus
ancien que le sphinx, et il est éternel comme la T radition.
Comme l’au rait d it à peu près Vigny, la T radition re­
garde passer les générations et les conciles successifs.
Les conciles, pressés de porter des coups à l’Eglise de
Jean qui croît pour renforcer l’Eglise de Pierre qui dim i­
nue (pour parler comme le farouche yogi Essénien succes­
seur des M ages), ont supprim é l’Evangile de Saint-Jean
à la fin de la messe, le plus beau texte qui soit sorti d ’une
plum e inspirée. Des m illions de chrétiens in stru its sont
indignés. Cela n ’a pas d ’im portance ni de conséquence
puisque la signification h au te de ce texte n ’a jam ais été
expliquée aux fidèles ignorants, pas plus d’ailleurs que
l’Apocalypse. Que tout ce qui est grec, et par conséquent
Irano-A ryen, traditionnel, européen et d’avenir soit d étruit
f

(1 ) G. W elter : H i s to ir e d e s S e c te s C h r é tie n n e s d e s O rig in e s à n o s jo u r s .


E d it io n s P a y o t, P a r is .
LE YOGA A LA MESSE 249
progressivem ent au bénéfice de tout ce qui est juif, sémi­
tique, proche asiatique relevant du passé, périm é et ne nous
concernant pas, n ’em pêchera pas la Lum ière de continuer
à venir du soleil de Z oroastre faire vibrer le chaos, pour
p arler comme les stances de Dzyan, ou b a ra tte r le cosmos,
pour p arler comme dans les Védas, ou n o u rrir les P arfaits,
pour p arler comme mes ancêtres les Cathares.
E t nous continuerons à lire, à m éditer et à adm irer la
pensée et les écrits de Saint-Jean. Comme nous adm irons
le Yoga visible dans la messe. Il n ’est pas encore question
de détruire la messe, ni d’interdire la lecture du 4* évan­
gile, le seul qui soit européen.
Cela viendra, car le Beau offusque les p artisans du
Laid, car la Lum ière gêne les Ténèbres.
Espérons que, d’ici là, un vent nouveau lâché par
N eptune au ra nettoyé le m onde, et que des m illions de
gens qui dorm ent (voir Tome I) se seront réveillés. T an ­
dem ! Je crois qu’ils se réveilleront, je crois que le doigt de
l’Ange les réveillera in extrem is, et les com pagnons l’ont
justem en t gravé dans la pierre des cathédrales parce que
cela arrivera (cathédrale d’A utun xie siècle).
Le Pape, au m om ent où nous écrivons ces lignes rentre
de l’Inde. Flos Florum est allé se prom ener dans l’Arya
varta, la terre sacrée des Brahm anes. Comme me le disait
le Swami, mon cher m aître, l’Inde est d ’abord religieuse
et avant tout religieuse. Elle l’a bien m ontré et le nouvel
ascète blanc du Vatican y a été reçu, suivi, regardé et fêté
comme l’a u ra it été le Christ, si au lieu d ’aller naître dans
un des nom breux pays où la to rtu re était élevée au rang
des beaux-arts, il était apparu chez Vishnou là où tous
les prophètes, tous les M aîtres sont respectés et salués,
écoutés, adm irés, adm is, com pris et suivis. Paul VI a dit
la Messe, et dans les dizaines et peut être les centaines
de m illiers d’yeux exercés et avertis qui l’ont observé, ont
pu se refléter les images hiératiques du Yoga éternel de
la tradition. Presque toutes les attitudes du présent livre
se trouvent dans la messe, et les B rahm anes ont pu voir
que ces gestes magnifiques existent encore en Europe et
servent de pont entre l’hom me et les forces du Cosmos.
C’est bien ce que le Père Hue racontait à Pie IX en ren­
tra n t de voir au T hibet les cérémonies Lam aïques. Les
jo u rn au x font sem blant de dire que c’est Saint-Thom as et
les N estoriens qui ont apporté ces gestes en Asie il y a
deux mille ans. C’est assez am usant. Mais sur les bas
250 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

reliefs de Louqsor, d’Edfou, de M emphis et de toute l’Egyp­


te qui donc les y a installés deux ou trois mille ans plus
tôt ? Et qui les a enseignés aux Aryas d’il y a dix mille
ans ? Qui les a installés, h auts de trente m ètres, su r les
m ontagnes des Andes atlantéennes ?
Cela ils n ’en parlen t pas. Ce problèm e est un peu trop
fort pour eux, et la solution obligerait à p arler de choses
désagréables, de ces choses utiles à savoir pour ceux qui
cherchent à com prendre, m ais qui ne peuvent franchir le
filtre à nouvelles dont les m ailles électroniques sont con­
trôlées et gouvernées p ar le comité politique qui surveille
la salle de rédaction.
Quoi q u ’il en soit, la terre des Aryas a reçu une insigne
visite. Chacun possède devant ses yeux selon son niveau
d’évolution ses écailles et ses lunettes personnelles. P er­
sonne n ’a les mêmes, car l’égalité n ’existe pas dans la n a­
ture. Les m endigots hindous ont vu un grand personnage,
objet d’un cortège, encore que le Pape dans sa modestie,
ait refusé l’ap p arat oriental ; les pouilleux, les estropiés,
l’effrayante cour des m iracles perm anente q u ’est ce pays
affamé ont adm iré un père bienveillant, les diplom ates ont
adm iré un diplom ate, les prêtres de toutes religions ont vu
un ascète vêtu de blanc comme les neiges du Mont Mérou,
les intellectuels hindous, qui, disent les journaux, étaient
plutôt hostiles, ont pu voir un savant de leurs propres tra ­
ditions et écrits sanscrits sacrés, ce qui n ’a pu que les
flatter, et les B rahm anes et Yogis évolués ont pu évaluer
de leurs yeux pénétrants que donne une vie de Yoga un
pontife rayonnant du désir de paix, d ’union, de synthèse.
E t ces rayons, dont est évidem m ent entouré le B rahat-
m ah des chrétiens, ils les ont vu sûrem ent.
L’Asie se plaint que l’Europe lui envoie plus de m ar­
chands, de techniciens et de généraux que de sages. Cette
fois ils ont vu un A rhat, un Sanyasin. Ils peuvent être
contents.
N aturellem ent cet heureux voyage avait été préparé par
un hom me supérieur, le Cardinal-archevêque de Bombay.
Cela ne veut pas dire que l’Occident puisse influencer
l’O rient. Ne nous faisons pas d’illusions, le sort de la statue
de Ferdinand de Lesseps, du tom beau du M aréchal Lyau-
tey, le sort de tout ce que nous avions créé en Afrique et
en Asie qst là pour nous ouvrir les yeux sur la précarité de
nos apports et la haine déclenchée par nos créations. Les
q u atre vingt millions de Yogis hindous qui ont pris l’habi­
LE YOGA A LA M ESSE 251

tude de passer leur vie accroupis à ne rien faire ne vont


pas se m ettre à travailler. On ne change pas plus les races
que les hérédités, que les latitudes, que les longitudes, que
les traditions, que les clim ats. Cela n ’empêche pas de s’ob­
server, de s’étudier, d’échanger des notions utiles, des con­
naissances, des trésors culturels, s’ils sont assim ilables.
Chacun peut dire, revenu chez lui, en O rient ou en Occi­
dent, la phrase d’Ambroise Paré « Il faut ôter ce qui est
gasté et conserver ce qui est bon » et appliquer le sage et
profond conseil de Sédir « Echangeons les coupes de vin,
les coupes de thé, gardons notre présence d ’esprit. »
CHAPITRE CINQ

Travail à plat-ventre

Extension au sol et reptation.

II existe des exercices qui sont curieusem ent à la limite


d ’exercices de chasse et de guerre, d’exercices d’éducation
physique et de m ouvem ents app arten an t à l’orthopédie des
m alades graves ou à la rééducation de grands grabataires
et à des séries de Yoga.
Le magnifique m ouvem ent du Pharaon Ramsès II pré­
sentant une offrande à la divinité est un de ceux-là.
Cette statue date de trois mille cinq cents ans et c’est
m iracle q u ’elle nous soit arrivée entière. Du point de vue
m écanique du m ouvem ent, elle est vraie et il n ’y a rien
à dire.
(Planche XI. Fig. 14).
On rem arque les longs bras, signature asiatique, mais
la taille totale peut être grande, les géants de deux m ètres
se rencontrent souvent dans les pays arabes (Ibn Séoud,
plus de deux m ètres). La tête regarde l’horizontale, elle
est en extension. La colonne vertébrale surtout attire l’a t­
tention : elle est m erveilleusem ent allongée vers le haut,
la région dorsale est redressée par l’étirem ent en avant des
bras et des m ains. Les reins sont mis à plat par le relève­
m ent du bassin dû à la jam be gauche mise en avant.
Avec le train inférieur, il fait le Grand Pas des Pharaons
(voir Schvjaller de L ubitch), mais au lieu de le faire avec
les jam bes, comme sur tan t de bas-reliefs, il le fait avec
ses genoux. Ceux-ci sont écartés au maximum .
TRAVAIL A PLAT-VENTRE 253
Les grands m édecins-gym nastes (tel Ruffier) (1) ont dit
« le grim per est une reptation verticale, le ram per est un
grim per horizontal », c’est un déplacem ent soit croisé, soit
à l’amble au ras du sol. C’est évidem m ent une position ri­
tuelle, comme toute attitude représentée p ar les Egyptiens.
Que conclure pratiquem ent de cette m erveilleuse, dis­
crète et p arfaite oeuvre d’a rt ?
Que les positions de progression au ras du sol ou d’éti-
rem ent au ras du sol sont un Yoga bienfaisant.
M ahomet a retenu la salutation bras et m ains en exten­
sion en avant et front touchant le sol, à p a rtir de la posi­
tion assis-talons. C’est une excellente attitu d e d’extension
de la colonne, c’est la plus facile.
Ici nous avons un m ouvem ent supérieur et plus com­
plexe. C’est aussi la prière m ahom étane, m ais en fente
complète des cuisses, genoux aussi loin que possible l’un
de l’autre.
Cette attitu d e fait partie du Yoga iranien-m azdéen ré­
vélé p ar Hanish. On peut faire, à p a rtir de cette base, un
travail du train supérieur dans les quatre azim uths, comme
en p a rta n t de l’assis talons du Général du Musée du Louvre.
C’est d ’ailleurs beaucoup plus difficile. Le travail du bassin
est plus intense.
Une sacro-iliaque tourne en avant, celle de la jam be
arrière, l’autre, celle du genou avant, pivote en arrière.
Ce n ’est pas un m ouvem ent pour cinquièm e lom baire
m alade, m ais on pourra faire ce travail au bout de quel­
ques mois, après avoir pris d’autres postures plus faciles.
Le sujet com plètem ent à plat ventre, la reptation se fait
su r le ventre et su r le dos, m ains collées aux cuisses, c’est
la traction avant p ar le m assif des épaules, comme dans le
crawl ou dans le dos crawlé.
Ce m ouvem ent était enseigné p ar le Docteur Arlaud, le
célèbre culturiste, dans ses gym nases. Il le considérait
comme un très bon m uscleur et m obilisateur du tronc.
Ces m ouvem ents déclenchent chez celui qui les exécute seu­
lem ent quelques m ètres une chaleur intense et une grande
ventilation pulm onaire.
Un orthopédiste allem and que les m ilieux de la gym nas­
tique médicale et d’orthopédie des hôpitaux officiels ont
enfin découvert a mis au point une m éthode de m arche
sur les coudïs et les genoux et de reptation qui est très

(1) I l v ie n t de m o u r ir à N ice à l’â g e d e 90 a n s .


254 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

bonne pour les colonnes vertébrales, c’est la m éthode de


Klapp.
C’est un geste de Klapp que fait Ramsès II, et ce geste
allonge à fond son pilier Djed, ascenseur perm anent et
m aison protectrice de ses courants nerveux et psychiques.
Les m ains très belles sont fortes, avec des doigts très
longs, signes rituels eux aussi.
P our les genoux m oyennem ent touchés des rh u m ati­
sants, cet exercice est extrêm em ent efficace, à condition de
pouvoir se m ettre dans cette posture. Les cas graves ne
peuvent pas.
Conclusion : posture bénéfique
pour la région dorsale
pour la région lom baire
pour le bassin et ses articulations
pour les genoux
pour réchauffem ent général du corps.
On trouvera, bien entendu, dans le Yoga zoroastrien de
H anish toutes les variantes, toutes les m odalités des fentes
et positions de genoux dont cette image est la révélation
et la posture centrale-clef.

Le travail à plat-ventre, son utilité.


Le travail à plat-ventre est de toutes les postures la
prem ière pour rem uscler la colonne vertébrale. La position
à plat-ventre (et ses dérivés) est une position rituelle du
C hristianism e. Les prêtres sont à plat-ventre pour l’ordi­
nation, les évêques sont à plat-ventre à un m om ent de la
cérém onie à Rome.
L’essentiel du travail à plat-ventre est publié dans la
« Corrective vertébrale ». On y trouvera le fam eux mouve­
m ent d ’Arlaud, inventé p ar m on m aître pour m uscler le
dos avec haltères légers à plat-ventre et les m ouvem ents
de la suédoise scolaire classique su r le banc d’école. J ’ai
écrit un traité sur le travail à plat-ventre. Il com prend 100
positions, les unes fortes et puissam m ent m usclantes, les
autres faibles ou très faibles pour les dos ruinés. Cet exer-
cice-ci est, tiré de la posture que présente une fem m e du
m usée égyptien du Louvre : c’est une cuiller à parfum . La
posture est analogue à celle du Sphinx : bras croisés ap­
TRAVAIL A PLAT-VENTRE 255

puyés au sol. La tête est relevée au m axim um . Les muscles


se contractent ju sq u ’au bas du dos.
Ce n ’est pas une attitude de gym nastique corrective,
m ais une attitude de Yoga. Du point de vue orthopédique,
elle serait incorrecte, car un travail de ce genre est an ti­
suédois et aboutit à ren trer le cou dans les épaules et nouer
toute la nuque. Mais faite sans forcer en respirant, c’est
excellent pour un cou faible n ’ayant pas déjà des m asses
hypertrophiées et nouées. Toute la m usculature postérieure
travaille. Noter les fesses petites m ais très musclées, en
contraction.
Le travail à plat ventre se divise en travail de m uscu­
lation et travail d’assouplissem ent. C’est entièrem ent op­
posé. Le travail de m usculation fait partie de la Corrective
et de l’O rthopédique ; le travail d’assouplissem ent fait
partie du Yoga. Il agit su rto u t sur les reins et les articu ­
lations. Il n ’est pas applicable aux rh u m atisan ts grave­
m ent touchés. Il s’adresse à des norm aux voulant progres­
ser.
Le travail de m usculation ne sau rait convenir aux rh u ­
m atisants gravem ent touchés parce que dans ce travail les
reins se cam brant violem m ent en arrière am enant le rap ­
prochem ent brusque des vertèbres, ce qui écrase les nerfs
lom baires et sciatiques et am ène aussitôt la crise. L’assou-
plissem ent-torsion au contraire, tel q u ’il est exposé au
Tome I est l’idéal des rhum atisants. Cet idéal réalisé, le rh u ­
m atisan t peut étendre (prudem m ent) le cercle de ses
exploits. Confucius a donné comme conseil social de base
« Il ne fau t pas éveiller la susceptibilité du M andarin ».
Conseil d’ailleurs de grande valeur, m ais basé sur l’hypo­
crisie. Nous pouvons donner au rh u m atisan t qui veut élar­
gir p ar le Yoga le cercle de ses possibilités articulaires le
conseil suivant : « Il ne fa u t pas éveiller la susceptibilité
des nerfs abîmés et enflam m és » dans une colonne vieillie
prém aturém ent p ar les accidents et l’inflam m ation rhum a­
tism ale.
256 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Le Sphinx.
Source archéologique du travail à plat-ventre.
T out le monde sait ce q u ’est le sphinx. Voilà pas mal
de tem ps q u ’il est co n stru it en Egypte puisque les P rêtres
Egyptiens dirent à Hérodote que, lorsque les prem iers
Egyptiens arrivèrent en Egypte, il s’y trouvait déjà ! A utre­
m ent dit, aucune dynastie ancienne ne l’a vu construire.
Il est là d’avant le déluge. On pense q u ’il fu t co n stru it par
les A tlantes, prédécesseurs des Egyptiens sur ce m éridien
si spécial, sur cette terre bénie. On a tout dit sur le sphinx,
su r ses m esures, sur ce q u ’il contient, ou ne contient pas,
su r son rôle, su r son utilisation, to u t cela est passionnant
et nous intéresse. Mais, posant sur les rayons de la biblio­
thèque les discours m athém atiques, théologiques, a rtisti­
ques, ésotériques, architecturaux, et même pyram idologi-
ques (les plus passio n n an ts), parlons tout sim plem ent de
la position du sphinx.
Elle est celle d’un hom m e couché à plat-ventre et qui
regarde devant lui appuyé su r ses avant-bras.
Si le Sphinx, n ’a plus de nez, la faute en est au secta­
rism e religieux des m usulm ans, dont nous parlions page
119. C’est en effet un chef Arabe, il y a bien longtemps, qui
tro u v an t le sourire du Sphinx diabolique, le fit d étruire à
coups de canon ! Ce sourire, comme celui de la Joconde,
était seulem ent profond, complexe et m ystérieux, comme
la sagesse des Anciens qui regarde passer les générations
(Vigny). Les dirigeants m odernes de l’Egypte, in stru its et
éclairés, font au contraire tout leur possible pour sauve­
garder les trésors inestim ables de leur im m ortel pays, aidés
en cela par les savants et mécènes de toutes nations. Ils ont
com pris que l’Egyptologie n ’ap p artien t pas aux seuls
Egyptiens, m ais que la Science Pharaonique et la Science
Brahm anique sont les deux bases de la culture, hum aine.
Il est facile de voir des sphinx, il y en a partout.
Au Louvre, dans les salles, et dans le sous-sol. Celui
du sous-sol doit peser un nom bre respectable de tonnes.
Les égyptologues nous m ontrent dans leurs livres des pho­
tographies d ’allées de Tem ples décorées tout au long par
une série de sphinx. Les sphinx abondaient en Egypte et
vous en avez peut-être un en plâtre ou en pierre dans votre
jard in . Quand B onaparte rentra, ayant échappé à la flotte
TRAVAIL A PLAT-VENTRE 257
anglaise, les fabricants de m eubles en m irent partout, et
ils firen t bien, car rien n ’est plus décoratif. Mais de colonne
vertébrale, il n ’est toujours pas question.
Voici : la position-sphinx est la base de la gym nastique
vertébrale corrective à plat-ventre. Elle peut être prise p ar
n ’im porte qui. Elle est le point de départ des exercices les
plus sim ples, les plus faciles, les plus naturels. Les chiens,
le m atin, se m ettent dans cette position, et, s’appuyant sur
les coudes et to rtilla n t des jam bes allongées ; ils font leur
yoga vertébral de redressem ent-étirem ent. Cet exercice est
donc une posture naturelle. Nous ne partiro n s pas à fond
dans le détail des centres vertébraux de redressem ent qui
jo u en t dans cette posture. N aturellem ent, il y a ensellure,
m ais pas bien forte, à peu près comme dans la position
debout. Tous ces détails relèvent de la m écanique verté­
brale et seraient oiseux ici.
Le sim ple m ouvem ent de lever la tête en insp iran t
profondém ent am ène une contraction tout le long du dos,
sans aucun danger. T out une série de m ouvem ents gym-
nastiques p a rt de la posture du sphinx. Ils ont tous, ceci
de com m un : ils font travailler la m usculature vertébrale
et le respir pulm onaire postérieur. Ils augm entent l’en-
sellure cervicale et lom baire. Ils s’accom pagnent de dé­
tente et d’extension du tra in inférieur. Dans le yoga h in ­
dou cette posture est appelée posture du cobra. Nous pré­
férons dire : la posture du sphinx.
Dans les traités de gym nastique corrective, le m oni­
teur, pour développer cou et dos, appuie doucem ent la m ain
derrière la tête pour faire lu tter la m usculature du dos.
On peut agir seul avec un fil de caoutchouc ou un sac
de sable tenu entre les m âchoires. Le dos doit rester plat.
Toutes sortes de com binaisons peuvent se faire à p a rtir
de la position du sphinx. Nous conseillons aux rh u m ati­
sants lom baires gravem ent touchés de ne pas faire le
soulevé brusque de la cuisse en arrière, cela écrase les
lom baires et L5 déjà mises en position de Kissing. Mouve­
m ent classique des salles de gym nastique, de danse et de
yoga et comme à ce m om ent la tête est lancée en général
en arrière, les racines nerveuses du cou sont écrasées aussi.
Tout cela est pour les norm aux et subnorm aux.
La position sphinx est p ar excellence celle des débu­
tan ts, des faibles, des m alades, com m ençant le travail à
plat-ventre.
Elle est inoft'ensive. La position bras croisés à plat
258 YOGA IRANIEN E T ÉGYPTIEN

ventre est identique, ou à peu près, au point de vue verté­


bral. C’est celle de la cuillère à parfum s de notre photogra­
phie. La position plat ventre m enton posé sur le sol est
congestionnante pour le cerveau car la tête est basse et le
redressem ent amène un sang énorm e dans le rachis et
la moëlle. La position sphinx, où la tête est h au te n ’est
pas congestionnante p our le cerveau. C’est un grand avan­
tage.
(Planche XI. Fig. 15).
Les inclinaisons vers le sol en face d’un objet véné­
rable sont propres à l’Asie ou plutôt sont venues de l’Asie,
où elles se trouvent aux degrés les plus variés. Elles vont
de l’inclinaison de tête la m ain sur le cœur, à la révérence
les m ains unies sur la poitrine, et à la prosternation com­
plète à plat ventre, Isha Schwaller de Lubicz dans son Her
Bak Disciple nous m ontre l’enfant se p ro stern an t devant
le G rand-Prêtre. Les choses n ’ont pas changé en Asie. Dans
l’Eglise Jau n e les prosternations se font toujours et même
les triples prosternations devant les Sages et A rhats a rri­
vés aux suprêm es degrés de la Sagesse (aux derniers b ar­
reaux de la petite échelle).
L’Eglise catholique héritière de la T radition a conservé
ces attitudes. Lors de l’ordination des prêtres et lors du
sacre des évêques et des cardinaux on voit les religieux à
plat ventre, bras croisés face au tabernacle. C’est tout sim ­
plem ent la position du Sphinx, la prosternation de l’Eglise
Prim itive Traditionnelle. Rite ém ouvant et superbe se per­
pétu an t à l’époque des fusées interplanétaires, qui d’ailleurs
ne font que reprendre la tradition, elles s’appellent Vima-
nas dans les Védas, et aussi à l’époque où le cam arade-
concierge serre devant les journalistes la m ain du cam a­
rade-m aréchal pour les besoins de la politique, comme si
l’égalité existait dans la N ature !
CHAPITRE SIX

Étude générale des accroupis

L’accroupi oriental parfait


impossible aux occidentaux et aux rhumatisants.

Commentaire du Bouddha en Lotus complet


Donnons un bref com m entaire de cette belle statue de
petite taille en pierre noire. L’Hom othétie est une belle
chose, qui transform e les dim ensions des figures sans alté­
rer leur forme.
(Planche XII. Fig. 16).

Im aginons par la pensée que ce Bouddha est de gran­


deur naturelle, c’est-à-dire de un m ètre environ de haut,
au lieu de trente centim ètres, et voyons quelle est sa pos­
ture.
A ttitude correcte du tronc, poitrine ouverte et dos droit.
Ne nous attardons pas su r les positions du bras et des
m ains, c’est du bouddhism e qui n ’a q u ’un rapport partiel
avec l’essentiel, qui sont les attitudes des articulations, sur
le plan pratique de ce livre.
Parlons su rto u t des jam bes.
Le Bouddha est en lotus complet et p arfait, c’est-à-
dire q u ’il a les pieds rem ontés sur les cuisses. T out le
m onde peut-il prendre cette position ? Certes non. Beau­
coup de gens à la belle époque de la G ym nastique correc­
tive ne pouvaient même pas s’accroupir dans les gym nases
et n ’y arrivaient que grâce à des cales en bois que l’on
découvrait opportuném ent dans les coins. Toute cette
260 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

question est traitée dans le livre « Corrective V ertébrale »,


inutile d’y revenir. Cette position est une posture pour
hanches com plètem ent libres, sans le m oindre rhum atism e
et sans la m oindre atteinte de coxarthrose, pour des bassins
libres et dont les sacro-iliaques ne sont ni bloquées ni dou­
loureuses ; pour les fém urs en bon état, le fém ur est tordu
su r son axe et les fracturés de cet os, même jeunes, ne
peuvent prendre cette posture.
P our ceux, et c’est la m ajorité de l’O rient, qui y sont
habitués depuis leur enfance, cette posture est facile. Un
de mes élèves qui vient de passer deux ans à l’Ecole d ’os­
téopathie de Londres, a eu l’occasion de débloquer souvent
des colonnes vertébrales d’Hindous. Elles sont hyperlaxes.
Les sacro-iliaques bâillent à volonté et flottent. Elles sont
faciles à faire jouer. C’est le résultat de m illénaires de
végétarism e et de Yoga. Les nôtres sont différentes et ne
peuvent pas toujours prendre cette posture. T ant mieux,
pour ceux qui peuvent la prendre. P our les m aladroits et
les raidis du rhum atism e, à l’intention de qui ce livre est
écrit, c’est impossible. On verra plus loin qu’il ne m anque
pas d’autres accroupis.
Ceci c’est l’accroupi hindou type des Yogis. On va voir
un peu plus loin que l’accroupi égyptien prôné par H anish
et le courant mazdéen est autrem ent commode et peut
être pris par tout le monde.
De plus, cet accroupi-ci est le point de départ de cer­
taines postures. Les accroupis faciles sont le point de
départ d ’autres postures, rem arquables pour le dégage­
m ent vertébral, et notam m ent pour la cinquièm e lombaire,
vertèbre le plus souvent touchée dans l’hum anité.
Désolé de ne pas être de l’avis de tous les yogis clas­
siques. Nous ne considérons pas cette posture comme la
posture om nibus, facile, commode et destinée à tous, mais
déjà comme une petite acrobatie, surtout pour placer la
seconde jam be.
La statue n ’en reste pas moins fort belle et intéres­
sante.
Stabilité, ferm eture, verrouillage, immobilité, tout est
ici préparé pour l’esprit, la position de la tête est très spé­
ciale, nous n ’avons pas le tem ps de l’analyser. Nos buts
ne sont pas bouddhiques, m ais articulaires et gym nastiques
et nous avoirs plutôt besoin d’un accroupi de départ vers
l’activité. La statue suivante va nous le fournir.
P our favoriser l’évasion de la pensée p ar la m éditation
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 261
bouddhique, le corps a en quelque sorte été m is ici en
emballage, il est au garage, replié. Ce n ’est f ^ s tout à fait
ce que je recom m ande dans ce livre, quels que soient l’élé­
vation et le détachem ent de cette posture.
Les professeurs de Hatha-Yoga le savent bien et doivent
graduer les difficultés des accroupis.

L’accroupi à la portée de presque tous.


Commentaire du Scribe accroupi.

(Planche XII, Fig. 17).


C’est une des plus célèbres statues du Musée du Louvre.
Elle provient d ’une époque ancienne de l’Egypte. L’accrou­
pi est le plus simple : c’est celui que presque tout le monde
peut prendre : jam bes très puissantes, épaules larges et bien
dessinées, sans exagération, cou court des Sémites, m ais
non engoncé dans les épaules. L’épaule est en effet à sa
place et n ’est pas rem ontée sous les oreilles.
Visage très fin, trop fin et qui fait penser à la femme
ou à l’enfant (on se souvient du reproche adressé au Buo-
naro tti pour le visage d ’enfant de sa P ièta). Bouche fine,
bien ourlée, le m enton volontaire et carré, quoique petit,
que l’on retrouve souvent en Egypte. La grande oreille
de la sculpture égyptienne, analogue à la grande oreille
des Bouddhas extrêm e-orientaux, signe du grand entende­
m ent. L’œil est prodigieux de dim ensions, de lum ière, il
y a convergence des vestibules (pour p arler comme Sigaud)
vers celui qui dicte.
La form e du crâne est tout à fait curieuse : c’est un
crâne au très grand développement des pariétaux et de la
région occipitale.
Cet accroupi est celui que prennent naturellem ent tous
les O rientaux, même su r des fauteuils. On peut fort bien
prendre des cours écrits dans cette position, le dos au
m ur de la salle, il n ’y a aucune fatigue. Il m ’est arrivé
autrefois de faire des cours dans une salle absolum ent
nue, absolum ent dépourvue de sièges, les élèves se m et­
taient au pied des m urs en accroupis.
Le DOS du Scribe est très instructif. Sa colonne est
droite, il est musclé, il n ’a aucune vertèbre apparente,
262 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

la rigole m édiane au fond de laquelle sont les épineuses


est belle, bien dessinée.
Le galbe du g rand dorsal est absent comme l’épanouis­
sem ent du respir costal bas ; c’est très curieux et suffit
à faire reconnaître la statuaire égyptienne ; les losanges
c’est-à-dire les espaces entre la taille et les bras sont égaux
et bien sym étriques (Planche XII, Fig. 18).

Accroupis respirés de la gymnastique suédoise.

Mains à la nuque

Le dos étan t correct, m ettre les m ains très plates, doigts


tendus et unis derrière les parties latérales de la nuque.
La partie centrale de la palette que form ent les doigts ap­
puie fort sur la m astoïde, derrière l’oreille, pouce collé.
Les doigts ne doivent pas se con­
tracter pour donner une saillie
des grosses phalanges ; elle ne
doit pas non plus s’effondrer
avec une avancée de l’intérieur
de la m ain au niveau de l’oreille.
La m ain est une palette rigide,
dure et élastique.
Tout le contrôle nerveux doit
être employé à empêcher l’avan­
cée de la tête et le m ollissem ent
de la m ain ou sa ferm eture.
Le départ se fait coudes en
avant plus ou m oins unis, la
m ain venant alors se coller contre l’oreille, des deux côtés,
la poitrine aux trois-quarts vide d’air. Les doigts appli­
quent fortem ent des deux côtés du crâne ; les m ains se
redressent en planchettes et les coudes se Reculent au
m axim um avec conscience d’un travail énergique de ten­
sion dans le dos. L’a ir est aspiré de façon continue et la
cage se rem plit ju sq u ’en bas.
La tête, tenue en double m enton, est le bloc central
rigide sur lequel les m ains font leur appui ; à aucun m o­
m ent elle ne doit s’avancer, car elle donnerait une des
m auvaises positions du cou — celle étudiée sous le num éro
8 des cous articulés. Surveiller les débutants raides — elle
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 263
cesserait de donner un appui fixe aux m ains. A utre défaut
classique : le dos est rond, la zone ingrate n ’est pas cam ­
brée. T ravail déplorable à ne pas continuer. La ceinture
pelvienne est raide et le tube tu te u r ne se porte pas en
avant au-dessus des jam bes croisées. Au lieu de poser sur
le sol par les tubérosités ischiatiques, le su je t est assis par
les fesses et le bas du dos. Lui faire tire r sur la pointe
de ses pieds en avançant la poitrine ju sq u ’à ce que l’ac­
croupi soit correct.
L’air doit être inspiré lentem ent et progressivem ent.
Comme le m étronom e poum on est notre seul guide, les cou­
des tirero n t à petits coups en arrière ju sq u ’à ce que le fond
des poum ons soit plein d’air. Les bras doivent attendre le
poum on. « C’est le poum on qui bat la m esure. » (Thooris)
M ains à la poitrine
Alors que tout à l’heure les m ains étaient perpendiculai­
res au sol, elles sont à présent des plaquettes rigides paral­
lèles au sol, paum e vers le sol, ongles en dessus, pouce collé à
la poitrine un peu au-dessus des m am elons; les coudes sont
légèrem ent tirés en arrière.
Dos creux, tête en double
m enton. Ne pas hausser les
épaules. Que la ceinture sca-
pulaire ne m onte pas engon­
cer le cou. Baisser les épaules,
cela fixe l’omoplate en bas
par la pointe. Poitrine aux
trois-quarts vide ou au sim ­
ple repos ; inspirer narines
béantes en tira n t lentem ent
les épaules en bas et les cou­
des en arrière. La traction des coudes pliés en arrière, cor­
respondant à un bras de levier dim inué de moitié, agit puis­
sam m ent su r les muscles du dos. La prem ière moitié, ou
les trois-quarts de l’inspiration parcourus ainsi, on finit le
rem plissage du poum on en allongeant les bras sur les
côtés (1). Cet allongem ent des bras su r les côtés est bien
secondaire, c’est l’ouverture puissante du thorax p ar tra c ­
tion latérale des bras raccourcis qui est l’essentiel. Chacun
s’en rendra facilem ent compte. F autes : tête avancée, dos
rond ou dos insuffisam m ent creux à surveiller. O btenir le
craquem ent des articulations antérieures du thorax. Penser
au m étronom e poum on.
264 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Bras en croix
Accroupi habituel bien tiré en avant.
Bras en croix, paum es vers le sol. Mains bien plates en
palettes rigides, bien sym étriques (réalisation impossible
aux inattentifs, aux incoordinés), pouce décollé, car il va
servir de signal indicateur de la rotation.
L’inspiration narines béantes commence, le pouce se
lève, le bras tourne. A p a rtir du m om ent où le pouce dé­
passe la verticale pour
aller vers l’arrière, le
gril costal, partie su­
périeure, est rem ar­
quablem ent rempli. Les
zones sous-claviculai-
res se rem plissent en
pren an t ce pouce et en
agissant su r lui comme
sur un levier ; on aug­
m ente encore l’éléva­
tion du gril (Maître à
genoux.)
Le m ouvem ent ne donne rien si le départ a été fait avec
l’axe com m un des bras en avant. Reculer donc en abais­
sant les deux épaules avant de donner aux bras le m êm e
axe.
Tête, visage, cou : surveillance habituelle. 10 à 15 m ou­
vem ents. Repos couché, abdom inaux ou repos accroupi cor­
rectif.
Ce m ouvem ent est le m eilleur pour renvoyer toute la
ceinture scapulaire en bas et en arrière. Regarder en le
faisant le dessin des ceintures au chapitre « A rchitecture ».

Mains aux hanches


N’est pas à com parer comme
résu ltat avec les autres. Mouve­
m ent classique p o u rtan t. Il
consiste, poitrine bien offerte, à
appuyer non pas la m ain mais
le poignet sur la hanche, à la
h au teu r de rebord iliaque abou­
tissan t à l’épine iliaque antéro-
supérieure ; le plat de la paum e
doit appuyer fortem ent sur le
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 265
bassin, pour que la pointe de l’om oplate vienne se coller au
thorax. Le pouce est en arrière, la phalange onglée derrière
les dernières côtes. Le pouce est dressé, la m ain reste im ­
mobile. Epaule bien basse. Inspiration profonde. Les coudes
se reculent et s’effacent, le bas surtout du gril costal est
intéressé. Expiration sans vider à fond (1) la poitrine (ané­
mie du poum on, m alaise). A faire 10 à 20 fois. Repos cou­
ché ou accroupi.
Cercles plans du dos
Cet exercice est un des rares m ouvem ents arrondis et
continus qui nous soient utiles. Il consiste d’abord à m ettre
les m ains à la nuque, ensuite, à
p a rtir de cette position très exac­
tem ent obtenue, c’est-à-dire cou­
des très en arrière dans le plan
du dos, à faire des ronds avec
les m ains sans q u itter ce plan
du dos qui oblige à une érection
parfaite du tronc ; les coudes
décrivent un cercle tout petit, les
m ains un cercle beaucoup plus
grand qui touche en h a u t le
point le plus hau t qu’elles peu­
vent atteindre bras tendus, la
respiration se fait profonde et
indépendante des cercles. Lais­
ser redescendre les bras par
m om ents. Se reposer. Reprendre.
R ésultat : C ontraction statique absolum ent parfaite du
dos, très bon exercice d’ouverture du gril en élévation.
Mains aux épaules
Exercice très difficile, donnant
de très bons résultats : c’est une
sorte de sondage de l’espace
comme si le su jet cherchait à y
trouver des ondes bienfaisantes.
Se placer m ains aux deltoïdes,
les m étacarpiens form ant équer­
re avec les doigts. Les doigts
sont durs, réunis, tendus et ef­
fleurant la peau qui recouvre le
deltoïde. Le coude est en avant
266 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

et collé au grand dorsal. Le poignet est en arrière le plus pos­


sible
Dans cette position désagréable, le m assif de l’épaule a
tendance à rouler en avant ; les doigts restent plus ou m oins
bien collés à l’épaule, m ais le poignet s’avance et tombe
vers le grand pectoral ; le coude se recule et bras et
avant-bras, qui devraient être le plus possible tous deux
dans le plan du dos, pivotent en avant. On devra donc con­
trôler cette position qui dem ande une rem arquable a tte n ­
tion : dos (coudes), de profil (regarder si les poignets et os
des bras sont assez en a rriè re ), de face (doigts énergique­
m ent en équerre).
P a rta n t de cette position, avec une inspiration profonde,
on essayera d’exagérer encore le recul des poignets et on
reviendra à la position initiale.

Elévation alternative tendue


P a rta n t de cette position, une m ain (et une seule à la
fois) s’élèvera en arrière, en haut et sur le côté, doigts ten­
dus vers le haut, form ant une palette verticale. L’inspira­
tion doit com m encer à m esure que la m ain m onte. La m ain
étan t arrivée en h a u t de sa
course, le coude parfaitem ent
tendu et le gril costal bien élevé,
la tête en double m enton, on doit
attendre, bras en h au t, que le
poum on soit p arfaitem ent rem ­
pli. Poum on d’abord. M étronome
poumon.
Les raides ont une extrêm e
difficulté à lever le bras. Non
seulem ent il leur est im possi­
ble de lever le b ras vers l’arrière,
m ais de le lever à la verticale.
Ils doivent alors intercaler vingt
poussées pédestres à mon cadre
(dix de chaque pied) entre les
élévations ou les m ouvem ents
respiratoires analogues accroupis que nous décrivons ici.
Ne pas lever à la verticale. Lever su r le côté. Le bras
fait la m oitié de I’y de T i s s i é . Lever le bras trop à la ver­
ticale, c’est gêner la respiration ; le lever à 30° su r le côté
et passer en arrière, c’est provoquer une efficace bascule
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 267

de la ceinture scapulaire en arrière et lever tout le gril.


Le dessin représente la perfection d’élévation.
Elévation sim ultanée
Sans com m entaire pour
l’être norm al.
P our l’être anorm al, on de­
vra profiter longtem ps de ce
m ouvem ent d’Y accroupi pour
le prendre en respiration ai­
dée. Le m aître, debout der-
rière lui, appuie un genou
fléchi dans la zone ingrate. Il
cueille — c’est le m ot — les
côtés cubitaux des m ains au
m om ent où, en s’élevant, elles
arrivent à la h a u te u r de la
tête ; il les tire en arrière, en
haut et sur les côtés, élevant
le su je t tout entier (1), soula­
geant la pression q u ’il exerce
sur le parquet, perm ettan t une expansion totale du gril
costal. Le gril costal est comme la grille qui entoure l’as­
censeur. Ici, au contraire, le m aître élève la grille et l’ascen­
seur descend. Im pression très agréable pour les anxieux
et les inquiets. L’air baigne le fond des cavités destinées
à le recevoir ; il en résulte fraîcheur, détente, confiance.
Lever de bras alternatif
Le lever de bras alternatif,
c’est du culturism e, ce n ’est pas
de la corrective pure. En effet, le
tronc a tendance à s’incliner en
arrière et les muscles de la
nuque et du trapèze supérieur
à se nouer. Ce m ouvem ent ne
doit être fait que par les élèves
qui travaillent les gestes classi­
ques avec un dos p arfait. A ce
stade, c’est un très bon geste, qui
donne assurance, équilibre et
coordination. Bras très tendu
(1) J e m ’e x c u s e d ’a v o ir d û s u p p r i m e r d es il l u s t r a t i o n s n o m b re u s e s .
268 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

et respiration su r plusieurs m ouvem ents. H altères toujours


très au-dessous des possibilités du sujet.

Respiration percutée
Respiration aussi ancienne que les civilisations ; elle
est classique en respiration hindoue et en respiration maz-
déenne. Elle est bien simple : elle consiste à accom pagner
l’inspiration profonde pratiquée en position fondam entale
d ’un tapotem ent soit avec la pointe des doigts, soit avec les
phalanges dans le poing ferm é ; ces percussions se font en
com m ençant au niveau des creux sous-claviculaires puis
en descendant su r la ligne m am elonnaire. Percussions demi-
dures. Les poings ou phalanges descendent encore en ta ­
p a n t plus en arrière pour a ttrap e r les insertions du grand
dentelé sur les côtés. L’ouverture latérale est alors portée
à son m axim um . On peut aussi percuter sous les bras et
dans le dos. La respiration percutée est décrite dans tous
les traités orientaux. Elle peut servir de guide à l’enfant
pour apprendre à sentir vivre les différentes régions de la
poitrine et pour s’identifier avec ces régions souvent im ­
portantes au point de vue nerveux et sym pathique. Un nom ­
bre considérable de gens sont ailleurs que dans leur corps
cela vient d’un trouble de synthèse de leurs étuis B rah­
m aniques, phénom ène expliqué dans le livre précédent,
et la percussion est un bon moyen de s ’identifier avec
leur segm ent-dur-thorax.

Accroupi attaché.
(Planche XII. Fig. 19).

L ’accroupi attaché avec la corde de m éditation


Nous avons un exemple de l’utilisation d’un engin pour
faciliter l’accroupi. La corde ou la bande de sangle est clas­
sique. Ceci nous am ène à donner quelques explications o r­
thopédiques fort utiles pour les gym nastes et les m alades.
Le relèvem ent du tra in inférieur, genoux pliés, a un
avantage lom baire et un inconvénient lombo-sacré. L’avan­
tage lom baire est la suppression de Pensellure et l’allonge­
m ent des muscles des reins, la suppression du creux des
reins, pour employer un langage vulgaire.
On voit ici un jeune sujet, à l’âge où le rhum atism e est
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 269

rare et qui présente une ensellure trop m arquée ; on peut


faire avec le train supérieur des exercices de développe­
m ent, tandis que les genoux sont fixés à la poitrine par la
sangle. On peut serrer plus ou m oins la sangle.

Le très grand inconvénient d’une posture de ce genre,


pour une personne rhum atisante, est que la 5e lombaire
est écrasée comme dans un casse-noisette ou un coupe-
boulons. Tout s’écrase en profondeur et les lésions sont ir­
réversibles. La position est d’ailleurs intolérable pour la
p lu p art des m alades de la 5' lombaire.
Le yogi que nous décrivons a attaché la bande de sangle,
genoux écartés. Cette position est tout à fait spéciale. Il est
facile à presque tous les non-rhum atisants de la 5e lom­
baire de la prendre, avec simple corde ou ficelle ou longue
ceinture. Cette position crée un berceau lom baire fort
agréable par appui postérieur. La m eilleure position n ’est
pas celle que prend le yogi mais celle où la corde passe
plus bas sous le genou, le fém ur peut alors prendre l’écar-
tem ent norm al, on peut rester longtem ps dans cette posi­
tion.
270 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

La bande ou corde est nommée corde de m éditation.


A noter l’exophtalm ie (signe bien connu de m étissage)
et le nez trop en pignon du bon yogi Agastya.
Cette attitude est excellente pour un raide qui veut faire
du bâton respiré ou les m ouvem ents suédois de la série pré­
cédente. Un bottin sous chaque fesse, et le raide peut faire
du Yoga !
Il est en effet norm al que nous nous m ettions à la por­
tée du lecteur sain ou m alade.
Tout le n inde n ’est pas un hyperlaxe, un acrobate, un
gym naste désarticulé, ou un yogi professionnel.
T erm inons en n o tan t que la sangle ou la corde vient
s’appuyer sur une région essentielle dont nous avons lon­
guem ent parlé plus h a u t : le bas des côtes, le h a u t des reins,
c’est le K de Tissié.

Accroupi groupé de repos.


(Planche XIII. Fig. 20).

Com mentaire de la fem m e accroupie du Musée du Louvre


Décrivons un peu cette statue de femme en pierre noire.
Elle représente une jeune femme assise par terre, les
coudes autour des genoux. Ce n ’est, au point de vue ortho­
pédique, q u ’une variante de l’accroupi avec la corde ou la
bande et, en tan t que position m écanique, c’est aussi déplo­
rable pour les 5' lom baires m alades. Mais comme position
de repos pour les norm aux ou rh u m atisan ts légers, c’est
très bien. C’est d’ailleurs à la piscine, su r les stades, dans
les prairies, la position que prennent norm alem ent les spor­
tifs entre les efforts. Bien entendu, le carbonique, le raide
se plie rarem ent su r lui-même comme une araignée m alade
ou un accordéon au repos. Celui qui se hanche, qui se
coude, qui se tord, qui se replie, c’est le phosphorique, c’est
le fluorique, ce sont les anti-hiératiques, les anti-postures,
les anti-contractions.
Parlons donc un peu plus de cette posture pliée. Que
signifie-t-elle ? Est-ce la momie péruvienne qui a perdu
toute vie et qui n ’est dans cette position que parce q u ’elle
a été attachée ? Non. Voici ce que signifie cette statue.
Elle représente la protection et l’occultation du plexus
solaire ; elle représente la ferm eture p ar barrières m ulti-
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 271
pies du C hakra central de l’être hum ain, celui de l’anxiété
ou de l’allégresse — en même tem ps q u ’elle représente
l’attente, la surveillance, l’attention.
Le visage, sans ride, détendu et très doux, aux très
grands yeux, regarde par-dessus la form idable b arrière des
deux tra in s réunis en protection combinée devant la poi­
trine. Le nom bre le plus im portant d’articulations combi­
nées et groupées est ju ste devant la gorge, le lecteur averti
en tire ra la conclusion qu’il voudra. Belle et simple oreille.
Réunion un peu forte des m asses sourcillières autour de
l’œil de Shiva.
Statue très simple q u ’on ne se lasse pas de regarder et
d’adm irer. On la trouve au m usée du Louvre, au rez-de-
chaussée de la grande salle d’Egyptologie et Assyriologie.

Le meilleur des accroupis : assis-talons.


A nalyse de la statue du Général fa isa n t son Yoga
Cette statue de grande taille se trouve au Musée du
Louvre. On peut la voir en h a u t de l’un des escaliers qui
descendent à l’un des sous-sols d’Egyptologie, la grande
salle qui la contient é ta n t elle-même consacrée à l’Egypto-
logie et à l’Assyriologie.
Nous adm irons sans réserve cette statue, qui synthétise
tout le Yoga de H anish que nous prisons par-dessus tout.
Ce n ’est pas sans raison que Ling, le régénérateur des
Scandinaves et que l’on continue de respecter dans la moi­
tié de l’Europe (il est inconnu en France !) a consacré une
de ses positions fondam entales à l’agenouillem ent.
Ceci n ’est pas un agenouillem ent d’im m obilism e défi­
nitif, m ais bien au contraire un agenouillem ent-départ, un
agenouillem ent-tête de chapitre, un agenouillem ent à p a rtir
duquel on peut faire toutes sortes de m ouvem ents verté­
braux.
(Planche XIII. Fig. 21).

La statue précédente était un accroupi statique.


La statue présente est un agenouillem ent dynam ique.
La précédente convient aux O rientaux. Imm obilité, évasion
de l’esprit. La position présente convient aux Occidentaux.
Renforcem ent des nerfs et du cerveau, prise de force, acti­
vité.
272 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Le chef m ilitaire, nous l’appellerons, pour abréger, le


général, a une tête qui semble juvénile ou fém inine. L ’oreille
basse et immense, aux courbes très harm onieuses bien que
sim ples, nous rassure. Le regard est porté vers le lointain.
La position du cou est naturelle. Les épaules trop larges
p ar rapport à la taille sont bien dans la form e égyptienne.
Les avant-bras sont collés aux cuisses, très étendues, en
attitu d e rituelle, comme celles du P haraon Am enem eth III
que nous avons choisi, il y a vingt ans, comme type de la
position debout fixe dans nos prem ières éditions de la gym­
nastique corrective.
Les m ains sont rem arquablem ent longues, ainsi que les
doigts. La m ain longue décontractée et étirée est présentée
p ar H anish comme la position de recherche de relaxation,
tandis que le poing ferm é est la position de prise de force.
V ingt-neuf ans de pratique du Yoga de H anish (je n ’en ai
pas épuisé toutes les possibilités) m ’ont m ontré q u ’il a
raison.
Passons au tra in inférieur qui est la partie la plus re­
m arquable de la statue. C’est un agenouillem ent assis, ce
n ’est pas un accroupi. C’est une posture que presque n ’im ­
porte qui peut prendre. Voilà l’imm ense avantage. Des ge­
noux qui ne sont pas parfaitem ent libres et qui sont légè­
rem ent rhum atisants, peuvent se m ettre ainsi, comme d’ail­
leurs des hanches un peu raides.
Parlons en détail des chevilles. Point très im portant. Ici
le général est assis su r les talons, et les orteils reposent
su r le sol en léger appui. La vraie posture de travail verté­
bral est différente. Le pied doit essayer de se m ettre en pro­
longem ent sur la jam be, on est alors assis sur les chevilles.
C’est très douloureux au début. Je conseille de m ettre, pour
isoler le pied du sol, un pull-over roulé ou un coussin. La
libération de la cheville, quand elle ne sent plus la douleur,
procure de la détente dans la colonne, conform ém ent à la
loi braham m ique et extrêm e-orientale qui dit que chaque
articulation est en rap p o rt avec les autres et avec le psy­
chisme. Mais on peut com m encer comme le fait le général.
A p a rtir de cette position idéale, nous allons décrire le
travail selon Hanish.
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 273

Le travail à partir de la posture irano-égyptienne


fondam entale
La posture du général à genoux-assis perm et les oscilla­
tions dans les quatre azim uths.
En avant (prière m ahom étane)
En arrière. Yoga postérieur
Sur les côtés, vers le sol, travail latéral.
Le travail en avant est très facile : 450 m illions de
m usulm ans prennent cette posture plusieurs fois par jo u r
au m om ent de la prière, bras tendus allant en avant au sol.
Le travail sur les côtés est facile. On peut le rendre plus
facile encore ; comme nous le verrons plus loin.
Le travail en arrière est très difficile.
L’hom me ne connaît pas et n ’explore jam ais l’espace
postérieur qui représente pour lui l’inconnu. Seuls le p ra ­
tiquent, et avec quelle difficulté d’apprentissage, les plon­
geurs au trem plin élastique et les plongeurs de h a u t vol, et
aussi les danseuses et les acrobates. Il fau t comm encer très
jeune.
La connaissance de l’espace postérieur prouve la m aî­
trise suprêm e de l’équilibre, et aussi la décontraction p ar­
faite de l’hom me antérieur, le plus vieux, le plus ty ra n ­
nique. L’hom me antérieur qui rem onte les épaules sous les
oreilles ; L’hom me antérieur qui voûte l’hom m e autour de
son plexus solaire, c’est le paléohom me, l’hom m e de la faim ,
de la peur, de la méfiance, du froid, de la haine et de la
souffrance. C’est le plus difficile à com m ander et à oublier.
En résum é, disons donc que cette posture perm et le tra ­
vail dans les quatre directions de l’espace. Disons com m ent
s’effectue ce travail. La base reste im m uable. Le train supé­
rieur varie ses positions. Il peut prendre toutes les posi­
tions correctives
m ains à la nuque
bras en croix
chandelier, c’est-à-dire bras carré
m ains aux épaules suédoise
m ains devant le front ou sur la tête
m ains aux hanches
m ains croisées derrière la taille
etc...
Le Yoga irano-égyptien de H anish commence par des
positions un peu différentes de cette énum ération purem ent
suédoise. Il fait m ettre les poings ferm és aux clavicules. Le
274 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

dos bien droit, on va vers les qu atre azim uths. En avant on


cherche à toucher de l’une et de l’au tre oreille, et face à
soi, p a r terre. C’est relativem ent facile. Les positions sur
les côtés consistent à toucher les coudes sur le sol et à se
relever. A ssouplissem ent rem arquable de toute la colonne.
C’est aussi relativem ent facile. Si l’on n ’arrive pas à tou­
cher au début, on place sur les côtés de gros livres, et les
coudes viennent s’y reposer. E nsuite on supprim e progres­
sivem ent les livres. La respiration n ’est pas indifférente.
On p a rt poitrine pleine, on garde l’air et on le renvoie en
revenant au milieu. C’est assez du r au début.
Le secret de la position a rrière est le suivant : il fau t se
faire ten ir les genoux au début et ne pas chercher à aller
toucher le sol trop tôt.
La série des postures, (elle me fu t apprise il y a plus de
tren te ans, avant même d’avoir découvert le livre de H anish,
p a r un gym naste égyptien), est longuem ent développée
dans le livre de H anish « L ’A rt de la R espiration ». J ’en
ai schém atisé quelques postures dans le chapitre « Exer­
cices correctifs orientaux » de m on ouvrage « Gym nastique
Corrective ».
La série des postures des bras perm et de faire succes­
sivem ent jouer to u t ce qui existe comme jeu pulm onaire,
pleural nerveux et m usculaire dans la m oitié supérieure du
corps de l’hom me et ce Yoga laisse loin derrière lui tout
au tre travail de quelque partie du monde qu’il vienne.
Le Yoga irano-égyptien com porte une série de mouve­
m ents, une vingtaine su rto u t d’im portance inégale. On vou­
d ra bien se reporter aux traités spécialisés, à celui de
H anish notam m ent.
Du point de vue vertébral et organique, la grande figure
centrale est naturellem ent cette statue du général accroupi,
ou plutôt agenouillé. Une ou deux positions des bras, et
même uniquem ent celle que nous avons décrite, suffisent à
tran sfo rm er un dos et des poum ons. La com binaison de ce
qui est suédois et correctif avec ce qui est égyptien pour
le tra in supérieur, avec la base de la statue et les quatre
azim uts, donne une grande variété de postures.
Donnons en une preuve tirée de la pierre de Louqsor.
Il existe un fragm ent de bas-relief. Il représente le Pharaon
faisant s o n ‘Yoga. Il est en agenouillem ent comme le général
du Louvre, m ais le train supérieur est en position bras
carré-chandelier.
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 275
On p o u rrait aussi bien travailler avec la corde ou le
bâton.
Chaque statue de l'Egypte ancienne com porte une dom i­
nante. Ici il convient de rem arquer la longueur du F ém ur
et su rto u t l’énorm e volume des genoux. On peut dire que
cette statue est consacrée aux genoux. La lecture et l’étude
des photos et dessins de Schwaller de Lubitch du Tem ple
de Louqsor m ontre que chaque partie du corps est augm en­
tée et représentée d’une m anière plus saillante, dans le dé­
roulem ent du temple.
Ici, tout est genoux. C’est en effet tout le poids du corps
qui est en tra in d’écraser l’articulation des genoux, et le
reste du corps est relâché. J ’aurais bien des choses à dire
su r cette statue que j ’aime et adm ire particulièrem ent, m ais
je term ine en citan t une des phrases du livre de H anish :
« Il est un âge de la vie où il faut se décider à plier les
genoux, q u ’on soit chrétien ou juif, païen ou m usulm an ! »
Nous ajoutons « n ’attendez pas d’avoir les genoux blo­
qués p ar le rhum atism e pour essayer cette posture ». E t si
vous ne pouvez pas la prendre, essayer de vous m ettre à
genoux su r les talons, comme le général, m ais en gardant
vos chaussures : ce sera déjà plus facile. Si encore vous ne
pouvez pas, m ettez entre fesses et talons un coussin, peu à
peu les genoux se relâcheront. Et si ce n ’est encore pas
possible, c’est que vous êtes un m éprisablem angeur de
vaches (ou de foie gras, ce qui est bien m eilleur !), un c ar­
nivore raidi, un viveur trop bien nourri, un pauvre rh u ­
m atisant (une moitié de l’hum anité est dans ce cas). Faites
comme les Japonais, les Rom ains, nos m aîtres, allez suer
dans les bains, ou comme les Finlandais, allez ruisseler au
sauna, et ensuite vous pourrez vous m ettre comme le géné­
ral égyptien de la trentièm e dynastie. Nous sommes des
nourrissons, nous autres, nous n ’en sommes q u ’à la tro i­
sième race de Rois et à la cinq ou sixième République. Nous
avons l’avenir devant nous et du tem ps pour nous débloquer
les genoux. S urtout que ceux qui ont des m énisques bloqués
ne se laissent pas tom ber à genoux dans la posture du géné­
ral, de graves déboires les atten d raien t s’ils faisaient cela :
on peut bloquer le m énisque et ne plus pouvoir déplier la
jam be. On se relève alors dans la position du héron du
ja rd in zoologique, avec un pied qui reste obstiném ent collé
aux fesses. On n ’a plus q u ’à ren trer chez soi, en taxi n a­
turellem ent, et à faire appeler le médecin. La conclusion
de cette m ésaventure est en général la chirurgie d’urgence.
276 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Commentaire de quelques postures principales


du Yoga irano-égyptien du Docteur Hanish.

« Jésus s’agenouilla
puis il se prosterna ».
l’Evangile.

Le but de cette posture est d’assouplir la colonne ver­


tébrale en même tem ps q u ’on dispose les bras et les m ains
de m anière à provoquer un respir profond et un déblo­
cage m usculo-pleuro-pulm onaire et m êm e musculo-pleuro-
pulm o-vertébral, car souvent les vertèbres jouent en fin
de m ouvem ent. C’est là ce q u ’ont de rem arquable les postu­
res irano-égyptiennes prônées p ar le Dr H anish.
A ttitu d e de base. — T rain inférieur.

C’est l’agenouillem ent du général du Musée du Louvre


(aux orteils près) Cet agenouillem ent n ’est pas nécessai­
rem ent exécuté pieds-nus. Au contraire, il est beaucoup
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 277
plus facile à exécuter en g ard an t ses chaussures pour réus­
sir la plus difficile des postures, la posture arrière.
Faite pieds nus, ou en pieds de bas, un travail in h a ­
bituel d ’extension a lieu pour la cheville, dû au fait que
le pied est en extension sur la jam be ; le pied est en effet
dans le prolongem ent de la jam be avec le poids du corps
posé dessus. C’est souvent douloureux pour la cheville. On
peut m ettre un coussin sous la cheville. La posture devient
alors facile. Le genou obéit assez facilem ent. Dans la pos­
tu re sans chaussure, la course du genou est m axim um ,
c’est-à-dire qu’il est plié au m axim um , ce que les genoux
rh u m atisan ts ne supportent pas toujours. Au contraire,
avec le fort soulier su r le talon duquel le bassin vient re­
poser, le genou est plié aux 4 /5 '. Il ne souffre pas, les liga­
m ents ne sont pas distendus, les m énisques ne sont pas
écrasés. Tout le monde, même les rh u m atisan ts (50 %
de l’hum anité après 40 an s), peut se m ettre ainsi. Le travail
des genoux am orce le relâchem ent de toutes les autres
articulations. A p a rtir d’un certain âge, a dit H anish, il
fau t se m ettre à genoux, q u ’« on soit aryen ou juif, chré­
tien ou m usulm an ! Le corps doit aller en avant à droite
et à gauche — en arrière à toucher le sol. Etudions ces
postures d’une im portance capitale pour la colonne verté­
brale et la santé. Les p ratiq u an t depuis 30 ans avec profit,
nous en avons découvert tous les avantages et tous les
détails.
Posture avant. — Les poings serrés sont collés aux creux
sus-claviculaires. Cette posture a plusieurs avantages :
1. A pprendre à concentrer l’énergie du bras dans le
poing ferm é pour, comme le dit H anish, décontracter le
reste du bras et le corps entier.
2. Coller le poing près du som m et pulm onaire. Ainsi
278 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

faire une réaction de pression pour contrôler le rem plis­


sage de ses som m ets pulm onaires. Il est difficile d’y laisser
le poing. Il s’écarte. Il faut l’y ram ener, au début.
3. T irer à fond su r le bas du thorax — car chaque fois
que le bras est tiré dans une direction, il y a tension,
traction, extension, réaction du poum on dans la région op­
posée. Ce principe rem arquable q u ’on ne trouve que dans
dans le Yoga de H anish va être systém atiquem ent exploité
et appliqué à toutes les régions pulm onaires et pleurales.
4. A chaque posture du bras correspond aussi une trac­
tion-élongation de certains ligam ents de l’épaule et de la
colonne. Ainsi tous les ligam ents de l’épaule, les uns après
les autres, seront sollicités p a r ces postures sans jam ais de
b ru talité ni de rapidité : ce qui rend ce yoga possible pour
les rhum atisants.
Plongée avant. — Il faut faire ce m ouvem ent sur une
surface glissante, un carrèlem ent poli, un linoléum (l’idéal)
ou un parq u et bien ciré, ou m ettre devant soi un jo u rn al
qui glisse et qui sert de support aux coudes pendant la
prosternation. P a rtir en avant — plonger ou planer —
appuyer les coudes au sol, puis aller plus en avant, coller
le fro n t au sol — appuyer, en to u rn a n t la tête, l’une puis
l’au tre oreille, se relever comme on p o u rra — le m ieux est
de prendre appui avec les poings quelques centim ètres de
long su r le linoléum puis, d ’un coup de reins, finir de se
relever en ram enant les poings aux creux sus-claviculaires.
Im pression de détente pulm onaire
de chaleur rapide dans le dos
de travail lom baire intense
d’écrasem ent des genoux et chevilles.
La m anière de respirer est très im portante et bien dé­
crite dans H anish :
— Inspirer doucem ent et profondém ent avant de plon­
ger en avant sur 4 ou 6 secondes ou pulsations.
G arder l’air pendant la prosternation au sdl et ro ta­
tion de la tête.
Renvoyer l’air en b ourdonnant pendant la rem ontée —
ou après être rem onté. Ne pas prendre trop d’air avant de
p a rtir sinon on serait obligé d’en laisser échapper pen­
d an t la prosternation au sol, ce qui d ’ailleurs n ’a pas d’in­
convénient. '
Ne laisser les poings aux creux sus-claviculaires que le
tem ps de descendre et de rem onter.
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 279
E nsuite on p ourra faire les 4 postures sans ôter les
poings de leur position.
La rem ontée est active, vertébrale m otrice, lombaire, la
prosternation est passive, vertébrale passive et surtout
localisée dans le dos et le tra in supérieur. L’assouplisse­
m ent du cou en bas quand on tourne pour toucher succes­
sivem ent des oreilles est intense. Souvent les vertèbres du
cou se débloquent im m édiatem ent seules. Il n ’y a jam ais
m ouvem ent forcé ni torticolis.
Travail latéral — vertébral — pleural — cérébral.
Les poings dans la même position, p a rtir latéralem ent
et aller toucher le coude au sol — y rester — rem onter. Ce
m ouvem ent n ’en a pas l’air, c’est p o u rta n t le plus efficace
m ouvem ent de gym nastique qui existe pour bien des p a r­
ties du corps. Aller toucher le coude au sol est impossible
pour un raide ou un rhum atisant. Or, si l’on veut bien
com m encer p ar m ettre su r les côtés des bottins télépho­
niques ou des livres, tout le monde peut arriver à toucher
le sol. Il suffit de quelques jo u rs pour les raides, de quel­
ques sem aines pour les rhum atisants. Dans ce m ouvem ent,
la traction latérale est à son m axim um , aussi forte que
dans les m ouvem ents de la Suédoise de plain pied ou à
l’espalier.
— L’élongation-traction-assouplissem ent est m axim um
pour le côté opposé où l’on s’abaisse, dans les poum ons,
la plèvre, les muscles latéraux du tronc et la colonne lom­
baire. Le danger est pour les disques.
— Mais voici qui est plus intéressant : un travail céré­
bral spécial se fait, unique dans le Yoga. A m esure q u ’on
va vers le sol, on sent une m oitié (la m oitié correspondant
au coude qui s’abaisse) du cerveau qui se congestionne et
se rem plit, une m oitié de la tête et du cou se congestionne
et s’alourdit, on sent le rem plissage dans les gros vaisseaux
du cou. Ne pas rester longtemps, ni en apnée de rem plis­
sage, ni en inclinaison vers le bas, rem onter doucement,
renvoyer l’air.
Ainsi il existe, comme le dit H anish, un moyen de m as­
ser le cerveau p ar l’in térieu r de côté ! Les lam as ont donc
raison. Nous conseillons de faire cet exercice progressive­
m ent pour les personnes adultes ou âgées en ne prenant
pas tro p d’air. Un cycle 7-4-7-4 convient pour les jeunes ;
un cycle 3-1-3-1, puis 3-3-3-3 convient pour les gens plus
âgés, plus congestifs, plus raidis.
On peut parfaitem ent l’essayer au début sans la m oin­
280 YOGA IRANIEN E T ÉGYPTIEN

dre respiration, en laissant le poum on respirer comme il


peut et veut. Ce m ouvem ent rem arquable donne une véri­
table mise en m arche cérébrale aux fatigués et anémiés. A

m esure q u ’on le fait, la circulation cérébrale change, on


sent que le travail se fait du côté qui s’incline, m ais sans
plus sentir la m oindre lourdeur ou congestion.
Il arrive souvent q u ’après l’avoir fait, en se relevant
du sol, on sent une innervation plus vivante dans tous les
m uscles des jam bes, ce qui n ’a rien d’étonnant puisqu’on
a m ieux irrigué le cerveau. Mais si cela, du point de vue
encéphalique et névraxique, n ’est pas étonnant, c’est p a ra ­
doxal du point de vue périphérique, car on n ’a rien fait
pour envoyer de la vie dans les jam bes, de ce que l’on fait
d ’habitude pour obtenir ce résultat, ni contraction sta ti­
que, ni exercices de tonicité à la m anière de Sandow ou
Menzendyk, m ais bien au contraire un brisage des toni­
cités p a r écrasem ent en flexion et élongation forcée des
articulations des jam bes. Or, après quelques fourm ille­
m ents, on se trouve fort des jam bes ; nul doute que ce
ne soit la libération vertébrale qui envoie en bas un meil­
leur trophism e.
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 281
Travail en arrière. — C’est l’exploration de l’espace pos­
térieur du Saint des Saints de Louqsor et du N arthex de
Vézelay.
Voici com m ent agir pour le débutant :

M ettre le coussin sous les tibias. Conserver les chaus­


sures m ontantes qui seules perm ettront de form er un socle
solide pour le poids du corps p a rta n t en arrière.
Si le sujet est vertigineux, anxieux, contracté du plexus
solaire, cyphotique, écrasé avec rhum atism e douloureux des
lom baires, le m aître doit se tenir accroupi en face du débu­
tan t, les m ains posées sur les genoux. S entant ses genoux
retenus, l’élève p a rtira sans crainte en arrière.
Aller en arrière à une inclinaison m oyenne, par exem­
ple 45" et revenir — prendre peu d ’air au début — ne
jam ais p a rtir sans air — car H anish a dit :« l’air aide,
porte, soutient. » Plus on travaille, plus on com prend q u ’il
a raison. Une poitrine pleine constitue un bloc souple.
m ais cohérent qui p a rt en arrière. Nous ne conseillons pas
en Europe d’aller en arrière ju sq u ’à toucher le sol, l’écra­
sem ent des chevilles est intense et la traction sur les abdo­
m inaux aussi, l’air difficile à garder.
Plaçons derrière nous à bonne distance une chaise ou
un sofa ou un lit bas de 40 à 50 cm. Aller toucher là-dedans,
poser une seconde et retom ber ensuite en avant est très
beau.
P our un m alade, un rhum atisant, un raide, c’est déjà
un gros travail, et quand il y sera arrivé, un grand bienfait.
En même tem ps q u ’il y a exploration de l’espace incon­
nu arrière, et qu’il y a condensation de l’homme arrière,
comme dans la poutre de la résistance des m atériaux, il
y a extension de l’hom me avant, du paléo-homm e toujours
contracté et rétracté.
Dans la position arrière, un travail de l’homme avant
282 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

très spécial et bienfaisant se fera au niveau du plexus


solaire et des régions m usculaires et cutanées correspon­
d an t aux chakras abdom inal, gastrique (solaire) et car­
diaque. Ils sont projetés en avant p ar le gonflem ent de la
respiration abdom inale totale ; ils sont détendus, dépliés,
distendus, soulagés. C’est pour les nerveux, anxieux, ré­
tractés, insom niques, crispés un m erveilleux travail que ce
soulèvem ent, ce gonflem ent, cette projection en avant en
élongation du paléo-homme, de l’hom m e antérieur dont
nous parlions tout à l’heure.
Voici le canevas architectural, m écanique, postural,
azim uthal qui va servir à toutes les postures pulm onaires,
vertébrales ultérieures.
Le schém a des 4 points cardinaux (les 4 côtés de la
grande Pyram ide, les 4 courants vitaux terrestres qui en
viennent, etc...) est le m êm e pour toutes les postures. Ce
schém a correspond aux 4 m usculatures du corps, aux 4
raideurs qui peuvent l’affecter. Toute l’orthopédie verté­
brale est centrée sur ces 4 plans et directions principales
qui com m andent tout dans la m écanique hum aine.
S i cet exercice de plongée avant est impossible, on se
contentera au début de ce qu’on appelle en médecine l’a t­
titude de la prière m ahom étane. A genoux comme le géné­
ral Egyptien du Louvre, on plongera en avant pour toucher
le sol des m ains le plus loin possible. C’est déjà un exer­
cice salutaire.
Seconde posture : Poings aux aisselles.
P osture bien plus facile, où déjà, conform ém ent au
principe suédois (créé en 1820) la difficulté dim inue parce
que le bras de levier, c’est-à-dire la distance des m ains à
la base de la posture dim inue.
Les phalanges doivent fuir les m uscles puissants an­
térieu rs ou postérieurs de l’aisselle (les pectoraux en avant,
les dorsaux en arrière) et se coller su r les os, c’est-à-dire
su r le gril costal. Celui-ci doit être senti se dilater à l’ins­
piration.
Les coudes sont tirés en arrière.
La traction dégage la partie antérieure de la cage.
Une gêne existe au début dans les poignets et muscles des
avant-bras, puis cette tension n ’est plus ressentie.
La posture antérieure se fait au début en perte d’équi­
libre. E t il est nécessaire d’avancer les coudes pour se rece­
voir, puis le corps s’équilibre et on réussit plus ou moins
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 283
facilem ent à toucher en avant. Il est bon de placer un
gros coussin ferm e en avant pour se recevoir.

Les positions latérales sont très faciles. La posture


arrière, en raison du raccourcissem ent du bras de levier,
est facile. On peut aller loin sans déséquilibre. On sent
les m oindres variations de replétion de la cage grâce à la
pression des poings.
En résum é, posture abordable et facile.
Positions bras derrière le dos — Poings sur la colonne
vertébrale.
Les posi ions bras vers le h a u t dégagent le bras.
Les positions b ras en avant dégagent l’arrière.
Les positions b ras en arrière dégagent l’avant.
Les adhérences, pour p arler comme H anish, c’est-à-
dire un blindage de raideurs qui entourent le poum on
su r plusieurs épaisseurs, sont au m axim um en avant. Dans
les cas de poitrines rétrécies, faibles, déform ées, lésées à
l’in térieu r dans le tissu pulm onaire, dans les cas de rh u m a­
tism e des articulations des côtes, etc., ouvrir la poitrine
en avant, « lui perm ettre de se gonfler comme un ballon »
284 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

disaient les vieux Suédois d’il y a 100 à 130 ans. C’est un


beau et salutaire travail.
Les postures bras derrière le dos donnent un très bon
résu ltat pour cela.
Le travail n ’est pas agréable au début. Les périarth rites
de l’épaule si fréquentes dans le rhum atism e, et le rhum a­
tism e occulte de l’épaule, si fréquent dans les rétrécisse­
m ents de poitrine, brides m usculaires, pectorales, étouf­
fan t la cage, les raideurs pleurales de pleurite ancienne,
n ’ont pas de m eilleure thérapeutique que ce m ouvem ent
m ains derrière le dos et les suivants.

P a rtir toujours de l’agenouillem ent type du Général


du Musée du Louvre.
Placer peu à peu les poings derrière le doS. En placer
un en l’aidant de la m ain ouverte opposée. Puis ferm er
le 2' poing à côté du prem ier.
On doit arriver avec chaque avant-bras à réaliser la
douloureuse position de la torsion du bras derrière le dos
utilisée dans le Jiu -Jitsu de 1900 p a r les policiers pour
am ener les ivrognes au poste. Cette position doit être réali­
sée sans aucune douleur, peu à peu, grâce à un travail pro­
fond de relâchem ent qui se fait dans les ligam ents anté­
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 285

rieurs de l’épaule, et contribue douloureusem ent, m ais très


efficacement, à l’augm entation de liberté du som m et pul­
m onaire correspondant. Au début, c’est un travail de
rom ain, puis peu à peu la posture devient plus facile, les
poings rem ontent insensiblem ent le long de la colonne ver­
tébrale.
A ce m om ent, on peut prendre les qu atre postures, les
postures latérales et postérieure sont de loin les plus fa­
ciles.
Q uand on y parvient, le gril costal en avant au niveau
des som m ets pulm onaires et de la région médio-pulmo-
naire est libre comme dans l’enfance.
Cette posture, pour les très raides et les rhum atisants,
peut très bien s’étudier au début en assis-pharaon, c’est-à-
dire chez soi ou au bureau, aux m om ents de détente, sur
n’im porte quelle chaise.
Arrivé à coller la partie dorsale des poings l’une à
l’autre, si l’on p a rt latéralem ent (qu’on soit debout, assis
ou accroupi) on au ra souvent le déblocage de la difficile et
précieuse région dorsale (respiration et digestion).
Coudes pris derrière le dos.
But analogue à la prise précédente.
A rriver à a ttrap e r le coude dans la m ain. Essayer de
rem onter le poing ferm é le plus h a u t possible dans le
dos pour préparer la prise suivante.
Ne pas se lasser.
Les longs bras avec dos étroit le font facilem ent.
Les longs bras avec dos large ont une difficulté due aux
raideurs. Ils y arrivent.
C’est bien là q u ’on voit la bêtise de ceux qui vous disent
« le Yoga est fait pour tout le monde et tout le monde peut
prendre les postures ». On ne peut entourer un gros paquet
d’un fil trop raide ou d’une ficelle trop courte.
Prendre les quatre postures, T antôt un bras, tantôt
l’autre. Sortir doucement de la posture. Rem ettre lente­
ment le bras en place, sinon on abîme l’épaule.
Im pression finale de cet exercice : une puissante tra c ­
tion sur le deltoïde et le somm et des poum ons vers le bas
et vers l’arrière, ce qui est l’idéal suprêm e du travail sué­
dois : lutter contre le trapèze et la voûssure du haut du
dos, qui n’atteint pas seulem ent la race sém itique mais
beaucoup d’êtres saturniens de la race a ry im e .
L’énorm e m assif de l’épaule étant en effet une partie du
286 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

corps qui ne dem ande dans un tas d’états psychiques q u ’à


aller en h a u t et en avant, alors que sa position idéale,
comme l’on dit les prem iers les Suédois, est d’être en bas
et en arrière.

Duchenne, dit de Boulogne, qui fu t un des plus grands


connaisseurs du systèm e locom oteur hum ain, p a rla n t du
trapèze, a dém ontré que cet étrange m uscle en losange est
form é de deux parties bien opposées : un triangle supérieur
agité, contractile et très excitable et un chef inférieur, le
triangle inférieur, celui qui est correctif, qui est stable,
calm e et peu excitable.
La rem ontée des épaules sous les oreilles est l’attitude
du froid, de la peur, de l’agressivité, elle m arche avec les
m aladies du foie, de l’estom ac et des nerfs. La descente
des épaules à leur place est la préoccupation constante
de l’école suédoise. Mais les Yogis hindous ignares ignorent
l’existence de l’école suédoise, p o u rta n t fille de la T radition
A ryano-Irano-B rahm anique.
Bras-m ains croisés en h u it derrière le dos :
C’est un des buts des postures précédentes :
Faire du système latéral des b ras un ensemble qui se
croise aussi bien devant que derrière le corps.
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 287
T rès difficile au début, H anish ne parle pas des mouve­
m ents éducatifs perm ettan t d’arriver à cette très favora­
ble posture. Les voici : P rendre une ficelle, ou mieux, une
serviette roulée en corde et chercher à dim inuer la distance
entre les m ains après l’avoir saisie. Q uand les 2 poings se
touchent, on est bien près du succès. On peut considérer
q u ’on a obtenu ce que l’on voulait quand on arrive à croi­
ser solidem ent une m ain avec l’autre. On oscille alors en
avant (jusqu’où l’on peut) latéralem ent et en arrière.

Le travail d’oscillation p erm ettra de se rendre compte


que cette posture difficile m ais fructueuse mobilise sou­
vent les vertèbres quasi im possibles à débloquer chez bien
des m alades du h a u t de la zone que j ’ai appelée ingrate en
1941 dans ma G ym nastique Corrective (1" édition). Les
vertèbres D1 D6 sont en rapport avec C7 ; D1 les nerfs
et la circulation des bras ; D1 D3 le foie ; D3 D4 D5 les
bronches et l’asthm e ; de C7 à D6 la crosse aortique.
On voit la form idable région qui est prise chez les voû­
tés et les raidis du h au t du dos. Ceux qui veulent en savoir
davantage trouveront tout ce q u ’il fau t dans « Médecine
V ertébrale de toutes les m aladies chroniques » (Dangles,
E diteur).
288 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Cette région entre le bas du cou (C7 la vertèbre du


cœ ur et D6 le m ilieu de la voûssure du dos), joue souvent
pendant les oscillations latérales avec les doigts croisés de
la posture égyptienne.
Si toutes ces postures vous sem blent impossibles, reve­
nez à la Corrective qui est la meilleure préparation au
Yoga. Allez au chapitre « L’ouverture de l’hom m e anté­
rieu r » et faites la posture des porteurs de trib u t du Socle
de Ram sès II (Planche XI. Fig. 14) il n ’est pas de m eilleure
préparation, et cela tout le monde peut le faire.
Nous avons donné un com m entaire de quelques-unes
des postures égyptiennes transm ises p a r H anish, su rto u t
efficaces pour « Poum on-plèvre-épaule, colonne vertébrale ».
Dans le même chapitre, H anish donne d’autres com binai­
sons de celles-ci. On voudra bien se reporter au livre « L’Art
de la Respiration ».
On se trouve bien de répéter certaines notions. L’age­
nouillem ent est parfois difficile, l’écrasem ent des chevilles
souvent ne peut être réalisé, et comme nous l’avons dit, on
se trouve bien d’abandonner le rêve de l’assouplissem ent
p arfait des chevilles, de se chausser de souliers de ski ou
m ontagne, et de p a rtir com m odém ent en arrière en s’ap­
puyant dessus. Il vaut infinim ent mieux cela que de ne
rien réussir du tout. Mais les Egyptiens ont, comme d’habi­
tude, gravé dans la pierre la réalisation parfaite du m ou­
vement. Au chapitre suivant, la Fem m e Ailée, on pourra
adm irer l’accroupi-talons p arfait avec l’escam otage inté­
gral de la cheville et le pied dans le prolongem ent exact de
la jam be.
Autom assage et percussion cou-dos.
Les Anciens, nos m aîtres, ont tout prévu, comme dit
souvent Hanish.
On peut, en position agenouillée, se p étrir le cou et la
nuque à pleines m ains (pouce en bas, s.v.p.), pendant que
l’autre poing fermé cogne la colonne et les muscles du dos.
Facile et bienfaisant.
Peut se faire surtout en lin de séance.
H anish donne toute une m éthode de percussion des
vertèbres avec les m arteaux en bois, q u ’on fait très bien
soi-même. Les Chinois la préconisent également.
La percussion est trophique, c’est-à-dire attire le sang
qui alim ente et élimine à la fois, et réflexe, c’est-à-dire
q u ’elle provoque par un choc extérieur au corps une répon-
P la n ch e XVII
P lan ch e XVIII
ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACCROUPIS 289
se interne dans les organes. Elle est le quatrièm e tem ps du
m assage suédois classique (effleurage, m assage, pétrissage,
percussion), enseigné en E urope depuis 1840 environ et
venant de la Chine ancienne.
A genouillem ent de la Chevalerie.
Cet agenouillem ent tout à fait traditionnel est celui
de la Chevalerie pour l’adoubem ent.

Position rituelle Pharaonique.


(Voir atlas de Vandier)

La position du tra in supérieur prise ici est celle de la


prière chrétienne, ou encore celle du salut hindou. Ici les
pouces sont croisés comme ceux de l’évêque lors de l’ordi­
nation pour im poser les m ains sur le C hakra coronal. Le
gym naste prend ensuite les 4 inclinaisons : en avant, en
arrière, à droite et à gauche. Cette attitu d e un genou à
terre fixe à m erveille le bassin et perm et en suédoise de
faire des déblocages de vertèbres et de côtes. En suédoise,
on peut aussi faire des m ains à la nuque, aux épaules, etc...
et le chandelier, bien entendu, ainsi que les 2 bâtons en
croix.
290 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

L’essor de l’Ame par la libération des dorsales.


L ’âm e est liée au corps au niveau des bronches
P ythagore.

Com mentaire de la F em m e ailée


Voici un dessin plus beau, plus riche de spiritualité
que la femme accroupie.

(Planche XV. Fig. 24)


Le précédent se referm e. C’est un coffre-fort. C’est la
fem m e affaissée su r le sol et fermée su r ses secrets. Voici
la femme qui s’envole, la femme ailée.
Placée en tête du sarcophage de Ram sès III, cette figure
est un accroupi ; car tout p a rt de la base d’une figure. Tout
départ suppose en balistique, en gym nastique ou en ortho­
pédie une base. Cette base c’est l’accroupi.
A l’in stan t T la femme était en assis-talons, pieds dé­
roulés sur son siège. Voici l’in stan t T + a T, elle décolle. L’es­
p rit a quitté le cadavre, m uni de ses belles ailes aux rai­
nures taillées de façon parfaite, on croirait voir une figure
de l’optique moderne.
Dessin adm irable des courbes du tra in inférieur plié
su r lui-même. Une chose reste étrange : il n ’y a pas détente
du tra in inférieur. Les talons restent collés aux fesses, alors
que l’élasticité jo u an t au genou, le talon devrait revenir
vers sa position norm ale, qui serait celle où, en décollant
le talon, le poids du corps ne l’écrase plus sur le siège. Elle
reste avec les jam bes m athém atiquem ent parallèles au
siège, ce qui donne une jolie image effilée. Le pied est aéro­
dynam ique. Le socle (mais est-ce un socle ?) se répète dans
l’objet qui se trouve posé sur sa tête et augm ente encore
l’im pression de finesse et de liberté aérienne de la figure.
P o u r Schwaller de Lubitch, ces figures em pruntées au cer­
cle signifient non le croissant de lune, mais des corbeilles,
des caisses à outils des paniers à techniques, c’est la cor­
beille de Dyonisyos.
Etudions le train supérieur. Il signifie la torsion. Or,
la torsion des épaules, bassin fixé, ou la torsion du bassin,
épaules fixes, c’est-à-dire les deux techniques habituelles
de déblocage de l’ostéopathie ou de la m obilisation suédoise,
libèrent les dorsales, donc le poum on, et dans l’intérieur le
ASSIS PA RFA IT DES PHARAONS 291
sym pathique solaire et l’intestin. Cette figure signifie ver-
tébralem ent libération D1 D12, ou D1 L l, c’est la libération
des côtes, donc du poum on, donc du respir, donc de l’espoir
et du m ental supérieur. C’est la libération aussi coeur-bron­
ches, et c’est la libération p ar les dorsales basses du splan-
chnique, donc de l’intestin et de tous les organes sous-
diaphragm atiques.
Les ailes s’attachent d’ailleurs vers D4, vertèbre des
bronches (et de l’asthm e) et s’a rrêten t vers L l.
Le m ouvem ent utilise le balancier des bras. Ce mouve­
m ent suffit à tout débloquer dans un être hum ain, debout,
à genoux ou couché, c’est le m ouvem ent p a rfa it et complet,
le m aître m ouvem ent du systèm e torsion. (J ’ai dém ontré
q u ’il n ’y a que trois actions orthopédiques su r l’être h u ­
m ain : allonger, redresser, détordre, comme en résistance
des m atériaux. Ceci est détordre. Ces trois actions sont
elles-mêmes reliées entre elles naturellem ent, ce qui re­
dresse, allonge, ce qui allonge, détord, etc...).
P ureté parfaite du profil. Regard horizontal au loin.
Sous le siège sem i-lunaire, le m ystérieux chiffre 11.
Répétez parto u t, vous ferez œ uvre sociale utile, que res­
pirer c’est espérer, q u ’espérer c’est respirer, que l’on res­
pire avec sa colonne, que la colonne se débloque p ar to r­
sion, que le plexus solaire est le centre de l’anxiété, que les
vertèbres du plexus solaire sont dorsales, et que les dor­
sales jouent dans la posture de l’Ame du P uissant P haraon
qui quitte le corps pour gagner l’Am enti et être pesée.
Faites ce travail utile. On vous bénira.
P endant ce tem ps on enseigne à la Faculté de Médecine
que le plexus solaire n ’a rien à voir avec le respir, que
le respir n ’a rien à voir avec l’anxiété, que l’anxiété n ’a
rien à voir avec le diaphragm e, que le diaphragm e n ’a
rien à voir avec l’ostéopathie vertébrale, que, etc., etc.
Ce qui, pour nous qui avons libéré le Respir (avec un
grand R, s’il vous plaît, car il est le m étronom e et le
n ourrisseu r de l’hom me) de m illiers et de m illiers de gens
p ar la torsion de ce dessin, n ’a absolum ent aucune im por­
tance, pour p arler comme les B rahm anes !
Ne connaissant pas l’Egyptologie, nous avons cherché
dans le Larousse et vu que ce dessin m erveilleux a été exé­
cuté il y a plus de trois mille ans.
Nous ne pouvons que saluer le dessinateur inconnu, le
poète, l’ingénieur, l’architecte, le m aître de Sagesse enfin,
qui ont conçu, ordonné, tracé, contrôlé cette merveille.
CHAPITRE SEPT

Assis parfait des pharaons

Position assise des trois perpendiculaires

Ce n ’est pas du trièdre trirectangle cartésien q u ’il est


question ici, m ais de la perpendicularité deux à deux des
élém ents du tronc et des jam bes que dém ontre cette statue
du P haraon O usertosen I", du Musée du Caire.
Le tronc est perpendiculaire aux cuisses.
Les cuisses perpendiculaires aux jam bes.
Les jam bes perpendiculaires aux pieds.
D ans cette orthogonalité triple, chaque joint, pour p ar­
ler comme les Anglais, est à son m axim um de repos, les
m uscles qui y aboutissent au m axim um de relâchem ent.
L’étude orthopédique de chaque articulation m ontre
q u ’elle est dans les conditions idéales pour jo u er latérale­
m ent, n ’étan t sollicitée ni en avant, ni en arrière, par
aucune prédom inance de tension ou de contraction.
Le dos est parfaitem ent droit ju sque vers la 3° ou la 4'
dorsale. L ’attache du cou semble un peu en avant. Nous ne
nous y arrêtons pas, et ne tenons pas le cou comme les
Sémites, m ais ici ce n ’est q u ’un détail.
A vant-bras et m ains sont posés su r la cuisse.
Ne parlons pas des longueurs relatives des segments
osseux com parés des m em bres, su r lesquels Rertillon avait
basé sa prem ière A nthropom étrie, m ais disons q u ’ici il
semble q u ’il y ait un assez grand tra in inférieur et une
m ain qui semble éloignée du genou. Cet hom m e n ’est
ASSIS PARFAIT DES PHARAONS 293
p o u rta n t pas un m acroskèle de M anouvrier, il semble être
un Médioligne très longiligne de Baron-Thooris, sans être
longiligne franc, car alors son buste serait tout petit. Ces
considérations sont im portantes, car le bréviligne est très
bien assis, il est fort, équilibré si la h a u te u r du siège cor­
respond à son tibia. E t c’est ici le cas.
Le longiligne n ’est bien que debout, son tra in inférieur
trop long est pour lui une gêne. Replié su r lui-m êm e dans
les petites voitures m odernes, il ne sait où m ettre ses
jam bes.
Le tra in inférieur germ anique (ou anglo-saxon, ce qui
est la même chose) ou nègre n ’est bien que debout. Le
grand tronc latin et sém itique est à l’aise assis. De même
l’asiatique tout en tronc et aux courtes jam bes. Le mongo­
loïde triom phe à cheval, ce support semble avoir été fait
pour lui, ou aux agrès, sa grande envergure lui donnant la
m aîtrise.
Les grands m em bres font facilem ent du Yoga dans les
exercices hindous, où les m em bres cherchent à se rejoin­
dre p ar leurs extrém ités devant ou derrière le tronc.
Les bras et les jam bes courtes, avec un grand tronc, se
trouvent bien assis ou accroupi, m ais ils ne peuvent se re­
joindre a u to u r ni derrière le corps. Ce sont les gens jeunes
ou adultes qui ne peuvent a ttra p e r leurs doigts derrière le
dos, ni nous faciliter les prises d’ostéopathie. Nous ne
savons com m ent les travailler.
Quel est l’exercice qui convient en position de Pharaon
assis ? C’est un exercice respiratoire et un exercice de
relaxation.
Nous ne pouvons m ieux faire que de suivre les conseils
et ordres du D octeur H anish, dans son livre su r « l’A rt
de la R espiration» (Edit. M azdéennes). L ’exercice com­
prend deux parties :
1) la relaxation
2 ) le respir.
1) Exercice de décontraction des q u atre m em bres, l’un
après l’autre. On doit relâcher tous leurs segments et es­
sayer de les oublier. Il faut du tem ps pour y arriver. Le
tronc repose alors su r les os du bassin sans effort.
Le poids des bras doit être oublié par un judicieux appui
su r les cuisses ; comme sur un guidon de vélo.
Les Allem ands avaient inventé, il y a plus de 60 ans un
petit appareil destiné à dorm ir com m odém ent en wagon,
294 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

en position assise. C’était un double accoudoir accroché


au bord du filet à bagages. Il p ortait le poids des bras.
L’effet est très bon su r la relaxation. Les cathèdres du
moyen-âge, les grands fauteuils espagnols Philippe III sont
basés sur ce principe.
Un bras tire su r le cou et l’ensemble presse su r les
dorsales. Les cardiaques ne peuvent porter leur bras gau­
che. H anish recom m ande aussi la décontraction intérieure
et extérieure de la tête.
2) Respiration.
Montée et descente du diaphragm e, le parapluie de Tissié
qui ouvre et ferm e le poum on et m asse les organes. Le
respir nasal lent et profond se fait comme il est enseigné
dans « Gym nastique Corrective vertébrale » au chapitre
« Segment du r thorax ». On voudra bien s’y reporter.
Le rôle du diaphragm e est de m asser tous les organes
abdom inaux à chaque cycle, foie, reins, etc.
C’est lui le pendule du corps hum ain ; c’est lui qui bat
la m esure, a dit Thooris, mon m aître, form é par le yogi
japonais N akam ura aux environs de 1900. C’est à propos de
cette posture que le Dr H anish a dit : « Q uand on m et le
vase sous la fontaine, il se rem plit, prenez une pose cor­
recte pour respirer et l’air en trera de lui-mêm e » ; voici
la pose fondam entale : cette posture peut être prise au
bureau, n ’im porte où l’on peut s’asseoir.
Le regard, conform ém ent aux enseignem ents de H anish,
doit être horizontal, détendu, lointain. Ou si l’on veut : faire
l’exercice du pendule m ental, fixé vers le sol à deux m ètres
en avant sur un tout petit objet (pièce de m onnaie).
T out ce qui touche le regard a une influence su r l’a tti­
tude, le tonus des m uscles, la détente générale ou la con­
traction, l’équilibre, la position du cou, etc.
Or, le cou, c’est la base de l’équilibre, comme Tarkanoff,
A ndré Thom as et Thooris l’ont prouvé. On trouvera tout
ce qui touche le cou dans le chapitre « Cou » de Gymnas­
tique Corrective.
Dangers de cette posture et de cet exercice.
Les vertigineux ne doivent le faire q u ’avec leur cou
débloqué par le vertébrothérapeute. Les gens qui sont
trop aném iques, les gens qui n ’ont jam ais fait de respira­
tion, ne doivent pas com m encer par cet exercice. Ils éprou­
vent un veitige et peuvent tom ber. D’autres ont une sensa­
tion de vide cérébral.
P our les gens norm aux, l’exercice est rem arquable. Le
AMIS PA RFA IT DES PHARAONS 295

rem plissage conscient et réglé du tronc p ar le souffle est


la base même de tous les Yogas.
E n tant que position-clef, position tête de chapitre.
Cette rem arquable posture du P haraon Assis se prête
à une progression. On peut faire diverses choses : T ravail
suédois de bras
— m oulinets de bras à la m anière zoroastrienne et maz-
déenne
— travail au bâton
— travail aux rouleaux égyptiens
— travail aux m assues persanes
— travail à la barre de fer.
Ce n ’est plus alors du Yoga pur, m ais du Yoga déve­
loppant ; c’est de la gym nastique rationnelle pulm onaire
et vertébrale de développement, à base de position ortho­
pédique parfaite, comme le veulent les Suédois et comme
faisaient les Iraniens.
C’est la synthèse de toutes les m éthodes correctes du
monde.
Chacun peut faire ce qui correspond à ses besoins.
Sur la face latérale du socle, la colonne vertébrale est
représentée, en hiéroglyphe, plusieurs fois.
Nous ne pouvons nous étendre ici sur ce sujet ; nous
en parlerons plus loin.
CHAPITRE HUIT

Travail couché sur le dos

La position couchée en Yoga.

Il y a un tra ité à écrire su r la position couchée.


Disons en trois m ots ce q u ’il est utile de savoir au
point de vue médical.
— La position couchée est la prem ière pour le repos de
la circulation.
— Elle est sans rivale pour le repos du foie et du rein
(organe).
— Elle est p arfaite pour les colonnes vertébrales gra­
vem ent touchées (tout le monde le sent et le sait).
— Elle congestionne la moelle, et le cerveau éveillé !
—- Les étuis anim aux (surface électrique du corps) et
psychiques ne sont pas dans le même état couchés et de-
bouts. Les courants qui circulent horizontalem ent autour
de la terre ne baignent pas le corps de la m êm e manière
debout et couché. T out le monde le sent et le sait. Seule
m anque l’explication m agnétique que la science officielle
se refuse à reconnaître au siècle des radiations ; cela
viendra.
— Le travail couché ne convient ni aux excités de la
moelle, ni aux excité sexuels, ni aux obsédés m entaux, pour
les raisons précédentes, auxquelles il fa u t ajo u ter le fait
que le sang ne trav aillan t plus dans les m em bres, se retire
au m axim um dans la tête et le tronc, augm entant l’hyper-
vascularisation m édullaire, cérébelleuse et bulbaire déplo­
TRAVAIL COUCHÉ SUR LE DOS 297

rable pour les obsédés et excités sexuels, qui sont im m é­


diatem ent en proie (en quelques m inutes) à une suractivité
des chakras inférieurs et à des rêveries déséquilibrantes.
C’est la raison des m atines, éveil et prière des religieux
entre le prem ier et le second sommeil.
P a r contre, beaucoup d’anxieux respirent m ieux la ré­
gion dorsale m ise à p lat su r du dur, et su rto u t tous les
contracturés des m em bres sont amenés au repos et vers la
relaxation p ar la position couchée.
Un point im portant est le soulèvem ent de la nuque pour
éviter la congestion cervelet-bulbe-nuque qui prédispose à
un état som no-som nam bulique bien des gens, congestion­
n a n t le cerveau en général, le cerveau postéro-inférieur en
particulier, et favorisant ainsi l’absence de contrôle supé­
rieu r su r les centres inférieurs, et l’autonom ie désagréable
de ceux-ci, comme nous l’avons dit.
La position d’un cadavre su r une table d’autopsie, qui
est celle de cette belle statue de la Renaissance française,
est l’idéal que cherche le yogi qui veut oublier son corps
— si ta n t est qu’un hom m e ordinaire (c’est-à-dire norm al)
puisse y arriver intégralem ent dans la veille. Idéal à m ain­
ten ir un tem ps assez court. Les reins non soutenus sont
dans le vide — le pont lombaire, comme tous les ponts,
vers la clef de voûte, ont besoin de gabarits. Somme toute,
c’est u n idéal pour un certain nom bre de m inutes et quel­
ques qu arts d’heure (1 ou 2) au plus.
La position idéale de repos du corps hum ain est quand
il figure la lettre Z couchée c’est-à-dire dans la position
inventée (ou retrouvée) p ar le docteur Pascot, avec son
fauteuil dit «surrepos », où les ja rre ts sont pliés, et les
cuisses en léger angle avec le tronc. Cette position de tout
tem ps utilisée dans tous les hôpitaux est celle qui décon­
tracte au m axim um un systèm e ostéo-arthro-m usculaire
d’adulte.
Les anxieux, dont le plexus solaire, le C hakra solaire,
est un rad a r en perpétuelle alerte se trouvent souvent bien
couchés, car ils sont débarrassés du poids de la cage tho-
racique et des épaules que leur colonne faible et irritée ne
peut porter.
La décontraction s’obtient p a r le respir nasal profond,
tel q u ’on l’enseigne dans « Corrective » et dans les salles de
Hatha-Yoga. Les variantes sont en grand nom bre et basées
su r les com binaisons possibles de 4 nom bres : nez droit,
nez gauche, aspir, expir. On trouvera dans tous les livres
298 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

de Yoga les exercices de décontraction basés su r le phé­


nom ène dit de l’oubli des m em bres et de la tête. Ce très
bon exercice est bien décrit dans H anish à propos de l’assis
P haraon où on doit le faire dès que l’on a pris la position
assise correcte.
On relâche et essaye d’oublier l’existence d’une jam be,
p a r exemple. On commence p a r décontracter et essayer
d ’oublier les muscles du pied et le poids du pied. On fait
ainsi ju sq u ’à la racine de la jam be. On opère de même
pour les 4 m em bres. Mais il fau t savoir que pour les con-
tra c tu ré s et rh u m atisan ts, une jam be ne peut se décon­
tra c te r que si elle est légèrem ent pliée p ar exemple en
m ettan t un coussin ou un livre sous le ja rre t, si l’on est
couché. La tête peut se décontracter à p a rtir de la décon­
traction de la m âchoire et de la relaxation de la langue,
exercices décrits dans tous les livres de Yoga et dans
H anish, notam m ent.
Tous les exercices debout, poings ferm és, décrits au
début peuvent se faire couchés. Ils ne donnent naturelle­
m ent pas les mêmes résultats. La position debout a pour
b ut la prise de force, la mise en tonicité de tout le sys­
tème locom oteur et l’élévation de la tem pérature — la po­
sition couchée a pour but avant tout la relaxation, l’oubli,
la détente, le sommeil ou l’ataraxie en demi-sommeil, le
repos lucide des yogis. Mais la position couchée n ’est pas
que cela. La position couchée, — et les anciens le savaient,
puisque le plus pu issan t des exercices couchés est irano-
égyptien, publié p a r H anish, sert aussi à fiixer une
force énorm e dans la colonne vertébrale, de la nuque au
sacrum .
L’avantage imm ense du travail correctif vertébral cou­
ché, connu et enseigné p ar Ling, est de rem uscler une co­
lonne vertébrale et de lui donner une puissance m uscu­
laire énorm e, sans qu’elle bouge.
Cette m éthode, dont j ’ai été le prem ier descripteur en
F rance en 43, s’appelle le travail en cou — couché (1).
Une grande variété d’exercices est à la disposition de celui
qui veut la pratiquer, dans mon livre « Corrective verté­
brale », au chapitre Cou. Elle sert à bien des choses.
Cette position couchée est aussi la position de départ
pour la gym nastique pulm onaire d’opposition à la m anière
des Anciens iet que les Em pereurs rom ains (Néron notam -

(1) L in g le c o n n a i s s a i t e t r e n s e ig n a it.
TRAVAIL COUCHÉ SUR LE DOS 299

m ent) pratiq u aien t sous la direction de leurs gym nasiar-


ques (comme Exarque ou T étrarque) pour la voix.
La gym nastique d’opposition se faisait chez les Ro­
m ains avec des moules de plomb ayant la form e de la poi­
trin e et de poids variables. « C hartram plom bam pectore
sustinere » dit Suétone, c’est-à-dire soutenir avec la poi­
trin e des chartes de plomb.
C’est un Yoga de prem ier ordre.
P our les poitrines extrêm em ent faibles, le prem ier de­
gré est de lever le poids de ses propres bras croisés. Il
suffit de com m encer p ar la position d’A khénaton et de
continuer p ar le Kong-Fou.
E ntraînés à p a rtir de ces exercices de début, les athlè­
tes des cirques brisent des chaînes, telle est la puissance
d ’un poum on qui a appris à pousser la cage thoracique
loin de lui.
La position couchée « perinde ac cadaver ». Je cite ici,
à dessein la phrase classique de Loyola, sans rien avoir
d ’un Jésuite moi-même, pour m ontrer quel est le but que
cherchent certains p ratiq u an ts du Yoga, m aîtres en dé­
contraction. Le but est de se retirer dans son esprit, ayant
abandonné intégralem ent son corps aux fonctions de di­
gestion, de respiration autom atique et de circulation. P en­
sez à la phrase célèbre de Marc-Aurèle, Pythagoricien,
donc gym naste et yogi, l’un des derniers et des plus grands
stoïciens (Retire-toi dans ton âme, etc.).
Je conseille de rechercher le sommeil, de chercher
aussi à être m aître de son déclenchem ent de sommeil,
comme le fu ren t beaucoup d’hom m es célèbres, et plus près
de nous, comme était mon m aître Jean Arlaud. Il pouvait
au cours d’une ascension en paroi verticale, s’attacher à
des pitons contre la paroi, dorm ir dix à vingt m inutes dans
une anfractuosité et rep a rtir com plètem ent décontracté.
C’est bien utile dans la vie. Arlaud se faisait réveiller par
un bracelet-m ontre à m usique à l’heure voulue.
Je déconseille form ellem ent les exercices de concentra­
tion du regard sur le centre inter-sourcillier (le Chakra
hypophysaire). Cette pratique engendre des troubles. Lais­
sez les Hindous le faire, s’ils le veulent. Ce n ’est point une
base du Yoga. On a souvent constaté la perte du sommeil.
Le sommeil est plus im portant que le Yoga — et le Yoga
doit faciliter et libérer le sommeil, l’am éliorer en profon­
deur et en durée et non pas le tran sfo rm er en relaxation
—- insom nie lucide.
300 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Toute une m éthode de rééducation, lancée à l’époque


de Sandow, et enseignée plus tard p ar Mme Bess Menzen-
dyk peut se p ratiq u er couché pour les : paraplégiques, pot-
tiques, paralysés, opérés, écrasés, polyomyélitiques, typhi-
ques démuselés, tuberculeux opérés, aném iques récupérés,
etc...
On trouvera cela parto u t, ou en soi. Je rappelle que
rien ne se fait sans entrée nasale du P râna, et que le res-
pir est le m aître de toute prise de force dans l’être hum ain,
d ’abord, et ensuite que, tout organe, tout m uscle est com­
m andé par une vertèbre. Massage, puis libération verté­
brale d ’abord, contraction isolée des m uscles, en position
couchée ensuite.
Mais dans le m onde officiel, on enseignera cela après la
prochaine guerre probablem ent !

Perfection du cou couché.


Exercice de la statue.

Cet exercice est em prunté à H anish. C’est un exercice


de Yoga qui est passé depuis des siècles dans toutes les
m éthodes de gym nastique de tous les pays du monde.
A un m om ent en gym nastique corrective, il était réap­
paru, les m oniteurs le nom m aient exercice du bonhom me
en bois. Il consistait à se rendre rigide comme le bonhom ­
me en question. Le cours se divisait en deux, une rangée,
couchée faisait le bonhom m e en bois, la rangée d’élèves
qui restait debout soulevait en les pren an t p ar la nuque
à deux m ains croisées les élèves rigides. Il est facile de se
préparer à cet exploit en suivant la progression des cous-
couchés de notre chapitre « cou » dans la gym nastique
corrective vertébrale. Chaque m ouvem ent augm énte le bras
TRAVAIL COUCHÉ SUR LE DOS 301

de levier, puis le bras de levier est doublé quand on arrive


au bassin.
L’ensemble peut faire bloc : le dos est assez fort.
On peut alors essayer de faire varier le bras de levier
des jam bes en se plaçant de la façon suivante : assis par
terre, en to u rn a n t le dos à un lit bas (50 cm) ou à un ca­
napé, on place une chaise sous les cuisses, puis on éloigne
la chaise, on la m et aux mollets, puis aux talons. Le sys­
tèm e nuque talon est la réalisation de l’exercice oriental.
On peut aussi le faire avec 3 ou 4 bottins qu’on place à la
nuque et aux talons. Cet exercice est un exercice statique
du dos, il doit chez les êtres faibles être précédé p ar le
m ouvem ent d ’Arlaud à plat ventre ou p ar le sphinx.
CHAPITRE NEUF

L’ouverture de l’homme antérieur

(Planche XVI. Fig 26)

Les deux êtres qu’il y a en chacun de nous.

L’Homme est divisé p a r une cloison qui passe p ar sa


colonne vertébrale, comme nous le décrivons dans les pre­
m iers dessins de Gym nastique Corrective. Cloison virtuelle,
car sa colonne vertébrale est curviligne, cloison com para­
ble à un rideau de lattes à la m anière des rideaux de fe­
nêtres m odernes, qui divise l’hom me en deux parties bien
connues des orthopédistes, des neurologues, des gym nastes
correctifs, des suédistes, des embryologistes, des anthropo­
techniciens, des anthropologistes, des anthroposophistes.
L ’hom m e antérieur, qui est presque tout l’homme, en vo­
lume comme en im portance fonctionnelle, l’hom me anté­
rieur com prend la boîte dure, les côtes avec le poum on et
le cœ ur dedans, et la boîte molle, le ventre avec tous les
organes de la digestion, et une m usculature de recouvre­
m ent. T out cela a bien été dessiné et établi par Cruveilher.
Dans son traité, on voit, bien décrits, l’hom me mou et
l’hom me dur et leur recouvrem ent par les deux m uscula­
tures prim ordiales, l’antérieure et la postérieure (voir Gym­
nastique Corrective au prem ier chapitre de l’architecture).
D errière la cloison mobile se trouvent les muscles du dos.
Pas d’organes. Rien que des muscles. C’est l'hom m e arriè­
re. «
L’homme antérieur est le plus vieux. L’homme posté­
rieur est le plus récent. Récent ? Oui, de quelques centai-
l ’o u v e r t u r e d e l ’ h o m m e a n t é r i e u r 303
nés de m illiers d’années, ou de quelques m illions d’années,
car en Paléontologie et en Préhistoire, les zéros ne coûtent
pas cher à écrire !
Mais il est certain que l’hom m e postérieur est le plus
récent. Il ne se dresse, il ne se redresse, il ne regarde vers
le ciel, il n ’est Homo E rectus probablem ent que depuis
q u ’il est Homo Sapiens, ou plutôt l’Homo habilis comme
disent les savants m aintenant. Dans le ski, l’aviron, le p ati­
nage, l’équilibre en h a u t des échelles et l’a rt de se déplacer
dans un salon ou su r une scène, il fau t une longue adapta­
tion. L’hom m e n ’est pas encore tout à fait adapté à cette
position verticale.
P o u r un oui, pour un non, il s’effondre en avant, attiré
invinciblem ent p ar la gravitation et p ar les ondes de la
terre (ce sont des ondes invisibles et terriblem ent présentes
qui a ttire n t les objets vers le sol, on ignore leur n a tu re ).
L ’hom m e arrière, celui de derrière la cloison, déclare
forfait, et l’hom m e avant a tout le loisir de se livrer à sa
vieille inclination pour le bas.
L ’hom m e arrière est en effet celui qui tire vers le haut,
l’hom m e avant celui qui tire vers le bas. T out est double,
tout est bipolaire, tout est comme le Inn et le Yang en
perpétuel équilibre, dans le dos et dans la statique hum aine
comme dans toute chose. On a vu, plus h au t, dans le Mas-
tabah, la barre de fer pliée en arrière, pliée en avant et pliée
en torsion. Ce sont trois modes du m ouvem ent hum ain de
pied ferm e, il n ’y en a pas d’autre. L ’hom m e a 3 m uscula­
tures pour ces trois actions et Pagès a m ontré que l’exercice
travail des ouvriers se réduit à ces 3 vecteurs.
Les savants appellent paléom usculature la m usculature
avant, celle qui tire vers le sol, qui voûte, qui referm e la
poitrine, qui réunit les épaules en avant. Us appellent néo­
m usculature la m usculature arrière, celle qui redresse, qui
ouvre la poitrine, qui étire, qui fait lever la tête vers le haut,
etc. La m usculature avant, la vieille, l’anim ale, celle du
repliem ent en boule pour protéger le plexus solaire, celle
qui voûte, qui replie, qui raccourcit, qui donne l’aspect
vieux et effondré, est une m usculature dynam ique qui tra ­
vaille dans tous les m étiers, où l’on se sert heureusem ent
du poids du corps. Elle est form ée de m uscles construits
p o u r fonctionner dynam iquem ent, c’est-à-dire avec des
contractions vives, séparées p ar des repos. La m usculature
postérieure, la récente, l’hum aine, celle de l’homo sapiens,
celle de l’hom me droit et de l’homo erectus, est une m uscu­
304 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

lature statique, en perpétuelle contraction invisible, en


perpétuelle tonicité, en perpétuelle surveillance, elle est sta­
tique. L ’hom m e ne la com m ande pas. Il n ’en prend posses­
sion que dans les m om ents où il s’aperçoit q u ’il se voûte,
q u ’il s’effondre, q u ’il se plie, qu’il vieillit, et cherche alors,
avec une chance plus ou m oins grande, à la contracter pour
se redresser. Si les vertèbres sont bloquées, il n ’y arrive pas.
Des fam illes entières, des fam illes hum aines entières
sont droites, d’autres sont effondrées et pliées en avant.
La m usculature avant travaille dans tous les m étiers et
dans tous les sports. Elle est facile à m ettre en jeu, et ne
dem ande à tous les âges q u ’à se contracter, à se raccourcir
et à se figer.
La m usculature arrière, la redressante, ne travaille que
dans les gym nastiques qui redressent et corrigent, dans la
suédoise q u ’on a étouffée en France, et q u ’on a bien dû
laisser ap p araître pour que le peuple français en connaisse
l’existence, sous form e et sous appellation de gym nastique
corrective, de 1942 à 1947. Ensuite, elle a disparu comme
dans une trappe.
A yant rédigé le prem ier tra ité im portant sur ces m atiè­
res, pour l’Education Nationale F rançaise en 1945 (le livre
en était à sa troisièm e édition et tous les éducateurs le
savaient déjà p ar cœ ur depuis 1942), je connais toutes les
raisons, les unes inévitables, les autres lam entables, qui
ont fait enterrer ce m ouvem ent, p o u rta n t si utile au peuple
français.
Il fallait un calculateur, ce fu t un danseur qui l’obtint.
César nous a trouvé anarchistes, nous le serons toujours
et toujours chez nous le sérieux, l’utile sera sacrifié à la
fum isterie. S urtout quand un m ouvem ent révélerait au
public de m agnifiques perspectives, m ais sans rem uer des
m illiards et sans en richir personne et révélerait aussi de
form idables déficiences, dont il fau t su rto u t ne pas parler.
« Il n ’était rien qui fu t caché à ses yeux, et il je ta it un
voile su r tout ce qu’il avait vu » est-il écrit su r le socle du
Grand P rêtre du Musée du Louvre, en position droite h iéra­
tique !
Nous serons aussi discret que lui.
Mais le Yoga se développe et, comme nous l’avons vu,
le Yoga ce sont de grandes têtes de chapitres, de grandes
positions-clefs et, naturellem ent, comme le Yoga est avant
tout vertébral, directem ent ou indirectem ent, il peut rem ­
placer la gym nastique corrective partiellem ent inconnue
P lan ch e XÏX
P lan ch e XX
l ’o u v e r t u r e d e l ’ h o m m e a n t é r i e u r 305
des fam illes françaises. Il peut la remplacer, la précéder, la
compléter, l’expliquer, être pour elle une introduction.
Le Yoga peut ouvrir les yeux des gens et leur apprendre
l’existence de leur position, de leur schém a postural, leur
faire découvrir la courbe q u ’ils décrivent dans l’espace et,
s’ils sont sous la dom ination de l’hom m e antérieur, du vieil
hom me, du très vieil hom m e d’il y a des m illions d’années,
ou s’ils sont sous la dom ination de l’hom m e nouveau, droit,
qui regarde le ciel. Le très, très vieil hom m e était, semble-
t-il, fait pour être com plètem ent penché vers le sol ; la
m auvaise position, le peu de solidité, la friabilité, la faci­
lité de déboîtem ent de sa cinquièm e lom baire en sont la
preuve, et Le Double l’a bien dit.
T andis que l’hom m e actuel est droit, ou devrait l’être.
E n tre les deux se situe l’hom m e ancien d’il y a vingt
m ille ou trente mille ans, qui était probablem ent p arfai­
tem ent droit car la Vénus de Lespugue, et les statues de
cette époque m ontrent des masses graisseuses énormes dont
se gaussent les observateurs. On parle beaucoup des fesses
m onstrueuses de la Vénus de Lespugue, on pourrait se
décider à regarder sa colonne et à l’adm irer ; son dos est
impeccable, sa colonne tombe verticalem ent, à croire q u ’elle
était une dém onstratrice de suédoise et de Yoga.
C’est pourquoi certaines personnes se dem andent p our­
quoi les savants représentent l’hom m e des cavernes,
l’hom m e de N éanderthal, bossu et m onstrueux et se tenant
comme un Idiot de Bourneville, ou un vertébral a tte in t de
la m aladie de Klippel-Feil (absence des vertèbres du cou).
Et com m ent il se fait que les statues préhistoriques repré­
sentent des femmes au cou bien sorti et au m agnifique dos
droit, alors que l’individu du sexe mâle, son fils, son père,
son frère ou son m ari, est figuré par les préhistoriens par
un homme privé de vertèbres cervicales, paralysé du cou
et bossu.
Tout cela est peu com préhensible et les savants, bien
entendu et heureusem ent, ne sont pas d’accord. Comme
d’habitude !
La science officieuse explique tout cela, et dans les
livres de Madame Blavatsky on peut lire tout ce que les
plus savants des Brahm anes et des T hibétains ont enseigné
à leur élève à ce sujet. A parler de livres qui sentent le
fagot, mais qui heureusem ent rem uent des idées, dont tous
ceux qui veulent savoir ont soif, citons ta n t que nous y
sommes le très rem arquable ouvrage d ’Em m anuel « Récon­
306 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

ciliation avec la vie », ouvrage q u ’on n ’enseigne évidem­


m ent pas dans les Facultés des Sciences. Les professeurs
officiels en tom beraient de saisissem ent, on y trouvera sur
la Cosmogénèse, l’Anthropogénèse, des idées et des hypo­
thèses passionnantes, les mêmes qui fu ren t enseignées à
H.P.B. dans les tem ples brahm aniques, les prêtres égyp­
tiens n ’étan t plus là pour nous faire asseoir su r les bancs
de cette école où Moïse et Pythagore firent leurs études
avec Hérodote, H ippocrate, Solon, Cicéron et quelques
autres.
Mais si les prêtres égyptiens ont disparu, ils n ’o nt dû
disp araître que parce que leur m ission était accomplie, ils
ont laissé les livres de pierre où beaucoup de choses sont
écrites ; cet enseignem ent est symbolique, il fau t l’étudier,
l’observer, réfléchir longuem ent.
Les clefs, les lunettes d’étude sont l’orthopédie, la gym­
nastique, le Yoga, l’H istoire, la tradition, la médecine, les
m athém atiques, l’Histoire des religions.
Les égyptologues nous ont révélé et expliqué beaucoup
de choses. M alheureusem ent, les livres scolaires par les­
quels nous avons, enfants, pris contact avec la belle Egypte
ancienne, n ’utilisent pas les clefs de décryptage et les lunet­
tes de désoccultation citées plus haut. On ne sait d ’ailleurs
pas pourquoi. Les savants qui ont fait ces livres savent
probablem ent tout cela, car ils sont doctes, m ais ils n ’en
disent mot. On en garde l’im pression (fausse) que l’Egypte
ancienne n ’a qu’une valeur pittoresque et que tout ce q u ’elle
a gravé dans la pierre est lointain, vieux, inactuel, inutile,
poussiéreux, démodé. C’est faux.
Nous allons donc com m enter en com parant les deux
interprétations de ce bas relief.
D’après l’interprétation officielle, il s’agit tout sim ple­
m ent de porteurs de tribut. Ces hommes, tous de même
taille, ont les tra its am aigris, le sillon naso-génien creusé,
les lèvres saillantes ; ils viennent de loin, ils sont affam és ;
ils portent derrière le dos, sur le bassin, un lourd paquet,
c’est le trib u t envoyé au Pharaon par le souverain vaincu.
Ce sont sans doute de pauvres gens prom is à un triste
devenir. Ils viennent de loin et n ’iront pas loin une fois
leur paquet déposé. Il est fort possible, en effet, q u ’histori­
quem ent, ce ne soit q u ’un défilé de porteurs de tribut. Le
point de tu e historique n ’est q u ’une clef prim aire, un
rideau derrière lequel il faut regarder.
Schwaller de Lubitch, le désocculteur du Temple de
L ’OUVERTURE DE L'H O M M E ANTÉRIEUR 307

Louqsor a dit, après avoir passé une partie de sa vie à


étudier ce tem ple: « L’Egypte n ’est q u ’un seul et unique
geste rituel ». En d’autres term es, to u t ce qui est figuré
comme sculpture à Louqsor ou comme dessin su r ses parois
est geste rituel ; tout a une signification d’enseignem ent
comme la symbolique des cathédrales. Nous sommes abso­
lum ent de cet avis et nous posons m aintenant quelques
questions concernant ces porteurs de trib u t :
Pourquoi n ’ont-ils pas de jam bes ?
Que signifie la corde nouée aux coudes ?
Pourquoi la poitrine est-elle ainsi ouverte ?
1) Des porteurs qui m archent sans jam bes ? Non. Il
s’agit de m ettre la dom inante su r le torse m agnifiquem ent
ouvert, su r la poitrine, su r le tra in supérieur, qui porte,
qui est fixé, et qui est ouvert.
2) La corde esL-elle un ornem ent ? Un tra it curviligne
élégant et inutile ? Ces porteurs ont-ils les m ains liées der­
rière le dos, les coudes liés derrière le dos ? Oui. La corde
est-elle sim plem ent celle qui lie le fardeau ? Non, la corde
est un accessoire de travail bien connu en Yoga, comme
nous l’avons déjà vu à propos du yogi assis de T rivandrum .
Prenez une cordelette, une corde ou une ceinture, liez-vous
les coudes derrière le dos quelques instants, vous verrez
aussitôt quel rem arquable résu ltat cela donne su r l’ouver­
ture pulm onaire, sur le respir antérieur.
Il y a plusieurs m anières de travailler poings croisés
derrière le dos, vous trouverez tout cela décrit dans « Gym­
nastique Corrective ».
3) Il y a plusieurs m anières de placer les bras et les
m ains derrière le dos pour ouvrir systém atiquem ent la
poitrine en avant. La série complète de ces postures se
trouve décrite et énum érée en détail dans le traité de Ha­
nish « L ’A rt de la R espiration» (Editions M azdéennes).
Ce bas-relief est donc une posture-clef, une posture tête
de chapitre : elle ouvre un livre complet de travail. Elle est
bien une Posture Egyptienne principale, dont le déroule­
m ent se trouve dans la gym nastique corrective et dans le
Yoga mazdéen.
Cette posture nous enseigne plus encore. Elle peut en
effet être tournée en avant de 90°, le su jet est alors hori­
zontal et couché à plat ventre, attitu d e idéale du travail
vertébral et du renforcem ent de l’hom me postérieur pour
redresser et ouvrir l’hom me antérieur.
L’utilisatipn de la corde est celle du m ouvem ent dit « de
308 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Lerousseau », inventé p ar un professeur de culture physi­


que et de gym nastique médicale de P aris, Georges Lerous­
seau, fort savant en Cinésiologie. Ce m ouvem ent se trouve
dans notre G ym nastique Corrective vertébrale, page 380.
Le voici :

« Redressem ent actif avec la cordelette.


« M ouvement de plat-ventre actif, très efficace, basé sur
« La transm ission de l’ensellure à la région haute chez
« l’adulte raidi. Ce m ouvem ent pratiqué p ar Georges Le-
« rousseau est très bon le m atin pour s’étirer, se redresser,
« faire craquer les ankylosés intervertébrales qui cèdent
« avec un bru it sec. Se placer les semelles coincées contre
« la barre de pieds d’une table lourde, ou au dernier bar-
« reau de l’espalier, si on en possède un. Saisir les corde-
« lettes que l’on aura passées et nouées a u to u r de la tra-
« verse ou du barreau de l’espalier, tirer des b ras en inspi-
« ra n t p ar le nez ».
Le m ouvem ent est ici représenté avec un espalier. Cet
engin n ’est pas utile. Il suffit d’une cordelette q u ’on passe
a u to u r du pied sous les talons, on raidit la corde en prenant
le plus loin possible et l’on tire des deux bras en les rac­
courcissant. Il n ’est pas indiqué pour un malaîde de se re­
dresser comme sur le dessin, au contraire, la poitrine peut
fort bien rester au sol ; le recul des épaules et le redresse­
m ent partiel ou m arqué des reins et de la région dorsale,
assurent une ouverture très bonne de l’hom m e antérieur.
La position est celle du bas-relief de Louqsor ; la résul­
tan te finale est bien la cage thoracique ouverte en avant,
comme sur le bas-relief de Louqsor.
Nous nous excusons de ne pas lire plus savam m ent les
l ’ o u v e r t u r e d e l ’h o m m e a n t é r i e u r 309

livres de pierre composés p ar les prêtres égyptiens, nous


n ’avons m alheureusem ent pas été à leur école. Seule l’étude
com parée des gym nastiques selon les époques, les races et
les religions, poursuivie depuis notre adolescence parallèle­
m ent à toutes nos autres études, nous a amené à percevoir
quelques lueurs.
II y a un monde im m ense à explorer.
On rem arquera le Jo in t ou rain u re dans la pierre qui
u n it toutes les septièmes cervicales des porteurs.
Ce jo int suggère-t-il le sort qui leur sera réservé quand
ils auront déposé leur sac d’or ? Les P rêtres de Louqsor ne
sont plus là pour nous le dire. Le reste est hypothèse.

Seconde psyché de Breker.


(Planche XVII. Fig. 28).

L ’ouverture de la poitrine supérieure


Voici une autre statue très belle du même sculpteur.
Elle représente Psyché, l’Ame hum aine. Visage très clas­
sique, front contracté avec le deuxième rang de petites
bosses avancé, regard songeur perdu sous l’arcade sourcil-
lière, cou bien sorti, crâne légèrem ent penché en avant.
Epaule en position idéale suédoise en bas et en arrière,
im peccablem ent correcte orthopédiquem ent ; coudes en
arrière, position de la m ain de réception antérieure. Poi­
trine supérieure ouverte au m axim um . Expansion possible
au m axim um des somm ets pulm onaires. Suppression totale
de la raideur pectorale. Elle semble écouter en position
réceptive. Posture à prendre dans toutes (ou presque) les
positions fondam entales. Le m aintien de cette posture en
m arche, assis, debout, immobile, à genoux ou couché relâ­
che les raideurs sterno-costales, la pression sur le médias-
tin dim inue, il en résulte pour le C hakra cardiaque une
agréable im pression de fraîcheur.
Cette attitude se trouve dans la suédoise scolaire. Dans
mes accroupis correctifs, c’est la fin de la posture « m ains
à la poitrine », n ’im porte qui peut chercher à prendre cette
posture. La seule difficulté est la descente en bas et en
arrière d’une épaule encore raidie. Il suffit de dire à l’élève
de reculer ses coudes en appuyant sur les deux épaules et
en lui dem andant de tourner les paum es des m ains en
310 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

avant, to u t vient se placer comme il faut. C’est une des a t­


titudes de la messe, quand le prêtre to u rn a n t le dos à l’autel,
s ’adresse aux fidèles.
On a vu dans les chapitres sur le diaphragm e que les
deux respirations : poitrine supérieure et poitrine infé­
rieure s’opposent. L’une est celle de la femme (la supé­
rieure) l’autre celle de l’hom m e (l’inférieure) ; on a vu
aussi que la poitrine haute est le centre du respir spirituel.
Les B rahm anes s’en occupent et en parlen t longuem ent.
C’est ce'le que développe cette posture-ci.
Les Grecs, élèves de Pythagore, savaient cela. On pourra
lire avec fru it dans le 2e ouvrage de A. Em m anuel « Pleins
feux su r la Grèce antique » l’in stru ctif chapitre sur Psyché,
ainsi que le chapitre in titulé l’Isth a r des Chaldéens, dans le
livre bien connu de Schuré « L ’évolution divine, du Sphinx
au C hrist ».
On peut à la rigueur rem placer cet exercice p ar une
m arche avec un m anche à balai, une canne ou un p a ra ­
pluie, ou une branche d’arbre derrière les bras, en travers
du dos. On voit des m alades pleuraux ou pulm onaires a rri­
ver quelquefois dans les centres de traitem en t avec cet
engin. Ce sont ceux pour qui l’ouverture de la poitrine
antérieure est indispensable.
Cette m erveilleuse attitu d e de la Psyché de B reker peut
être prise soit debout, soit en accroupi facile, soit mieux
encore en assis-parfait des Pharaons. On sentira au bout
d ’un m om ent la poitrine haute, la poitrine psychique se
dégager. Cette délicate et parfaite sculpture vaut un
Canova ou un Falconnet. J ’en dem ande une reproduction
pour le m usée du Louvre.
CHAPITRE DIX

Apprentissage de l’espace postérieur


De Louqsor à Vézelay

Qui a tissé en lui le souffle d’avant ?


Qui le souffle d’arrière et le souffle transverse ?
Quel dieu a fixé en lui
Le Souffle Circulaire, dans l’hom m e ?
L e s V éd as, L iv re S a c ré d e s A ry e n s
Traduction Louis Renou

Nous trouvons sur les m urs de Louqsor des figures qui,


à un examen superficiel, sem blent évidem m ent représenter
des femmes qui font le pont. Des gym nastes ou des acro­
bates dans le fam eux tem ple de Louqsor, consacré à
l’Homme et à sa croissance ? C’est possible, m ais il semble
qu’il y ait plusieurs clefs pour lire ce ravissant dessin au
tra it dans la pierre. Là aussi l’incrustation a sauvé le
dessin des destructions. Le m ouvem ent est bien visible, c’est
presque un dessin animé. Le but est l’assouplissem ent des
reins le redressem ent de la courbure dorsale, la m aîtrise
de l’espace arrière de l’hom me, si peu connu, si inquiétant
pour lui et auquel il ne se confie q u ’au m axim um de la sou­
plesse de la période juvénile. Le Yoga irano-égyptien ju ste ­
m ent enseigne progressivem ent cet espace à p a rtir des ac­
croupis. La position de départ est ce que nous appelons
l’accroupi du Général. A p a rtir de cette position, on peut
312 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

m ettre les m ains aux épaules, les m ains aux hanches, les
b ras en croix, les b ras croisés devant ou derrière le tronc
et p a rtir en arrière à la conquête de cet espace.
Nous allons voir que cette position classique en Yoga
vertébral et respiratoire a intéressé aussi les m ystiques et
les sculpteurs du Moyen-Age. Q uant au tem ple de Louqsor,
c’est un grand tem ple égyptien, c’est tout dire. Le m oindre
détail a une signification rituelle, dit Schwaller de Lubitch.
Voici ce que dit à ce su jet Pégyptologue Alexandre Varille,
un officiel qui n ’a pas crain t de se lancer à fond dans la
Sym bolique et la Signification de tout ce qui surprend et
laisse désorienté l’observateur. Je trouve, dans la revue
A tlantis (Archéologie scientifique et traditionnelle n° 174,
1954) un im portant article nécrologique sur A. Varille et
des extraits de ce savant parus dans « Le m usée vivant » :
« Les statues et les bas-reliefs que l’on prétend inache­
vés, comme si l’artiste en avait brusquem ent abandonné
l’exécution en apprenant la m ort de son m aître, sont en
réalité le fait d’un program m e précis. Personnages dont les
pieds seuls sont figurés, figures divines dont seuls les trônes
sont gravés, coiffures réduites à deux plumes, pour ne citer
que trois exemples, sont l’expression symbolique d’états
incom plets ou passagers.
« L’Egypte pharaonique a inscrit dans la pierre la plus
étonnante tradition. Ses sages ont su figurer au moyen de
symboles une représentation vraie des valeurs cosmiques ;
ils n ’ont jam ais cessé de répéter la correspondance totale
de l’hom me à son univers. »
Tout cela explique la présence su r un chapiteau de
Vézelay de la gym naste nue qui fait le pont exactem ent
comme à Louqsor. Ces chapiteaux, on le sait, sont consa­
crés soit à l’Alchimie, soit à l’Histoire Sainte.
Mais nous allons donner davantage d’explications sur
cette posture peu habituelle dans les lignes qui vont suivre,
en regardant avec des paires de lunettes successives trois
m otifs bien connus de la blanche Basilique burgonde.
Il me semble en m ontant à Vézelay m onter le raidillon
de Saint B ertrand de Comminges, l’église cathare aux pan­
neaux m ystérieux, consacrés à l’herm étism e. Les visites aux
hauts-lieux ont quelque chose d’une ascension avec une
récompense au sommet. Ici, c’est la lum ière cluse et la
sculpture. C’est un clos lucé blanc bourguignon.
Le pays de Gondebaud a un clim at continental idéal
pour la régénération du Parisien (ou soi-disant tel) épuisé
APPRENTISSAGE DE L ’ESPACE PO STÉRIEU R 313
et vidé p ar son travail. L’air sec, froid ou chaud convient
au Yoga respiratoire. Le Rom an bourguignon ravit l’œil et
le cerveau du traditionaliste. Les trésors anciens abondent ;
songez que l’archevêque de Sens au Moyen-Age venait après
le Pape et com m andait à la Gaule et à la Germanie. Que
de cornes de bélier Ram ides dans son trésor !
Arrêtez-vous à Sens, allez voir ce trésor de la Cathé­
drale. Visitez St-Thibaut, plus secret. E t suivez les routes
des pèlerinages d ’autrefois.

Les trois figures tourbillonnantes de Vézelay.

De la petite cam pagne que je possède près de Vézelay, je


vais, chaque fois que je le peux, dans cette basilique. Je
m ’y prom ène. J ’y médite. J ’y respire. J ’y fais du Yoga. J ’y
prie. J ’y regarde des paysages. J ’y discute (une fois sorti).
Je m ’y instruis. J ’adm ire. J ’y écoute L aubry jo u an t de
l’orgue. J ’y oublie, c’est à tout cela que servent les cathé­
drales.
Il y a pour moi contem poranéité et identité entre les
basiliques rom anes de la cité cathare et Vézelay, m ais les
cathédrales du Midi, assez souvent, sont trop noires. Les
cathédrales burgondes sont claires, gaies, et Vézelay est le
tem ple de la lum ière, les m urs blancs sont inondés de clarté.
Il n ’y a pas besoin de projecteurs : c’est le palais blanc.
Les visiteurs étrangers qui s’y prom ènent à longueur de
journée en sont étonnés. Ils prennent des photos sans arrêt.
La pierre dorée de Bourgogne, les voûtes im m enses, les
grandes baies, tout contribue à provoquer une im pression
prodigieuse à celui qui entre par le N arthex. Mais qu’est-
ce que le N arthex ? Le N arthex est quelque chose qui fut
sublim e et qui n ’existe plus dans les tem ps m odernes :
c’était la partie de l’église où étaient parqués les non-bapti-
sés, ceux qui n ’avaient pas le droit d ’aller plus loin. Ils
étaient d ’ailleurs dans la partie la plus belle, la plus éton­
nante. Us n ’étaient pas à plaindre, m ais ils ne le savaient
pas.
A ujourd’hui où n ’im porte qui entre n ’im porte où, pour
dire ou faire n ’im porte quoi d’inepte, de stupide ou
de m auvais en général, cette lim ite surprend. De
nos jo u rs on n ’est plus capable de rem ettre les gens à leur
314 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

place. Le concept de N arthex est anti-dém ocratique. Il n ’y


en a nulle p a rt : c’est la cohue.
La lim ite entre le N arthex et la nef, entre l’apprentis­
sage et la m aîtrise, pour p arler compagnons, entre l’igno­
rance et le savoir, entre l’indignité et la dignité, et pour
p arler Yoga, entre la gêne et la libération, entre la raideur
et la souplesse, est une porte m onum entale, coupée à m oitié
h a u te u r par un des plus célèbres tym pans du monde, sur
lequel se trouve gravé tout ce que l’on veut pour occuper
les chercheurs. Le tym pan du N arthex de Vézelay, c’est un
peu M ontségur pour les chercheurs du Duché du Tém é­
raire. On trouvera l’analyse de ce tym pan de 4 m de large
environ su r 3 m de h a u t dans bien des ouvrages consacrés
à Vézelay, et actuellem ent dans un num éro spécial d’Atlan-
tis, le n° 212 de 1962. Ce tym pan est analysé successive­
m ent p ar des archéologues, des architectes, des trad itio n a­
listes, des historiens des religions, des tailleurs de pierre,
des alchim istes et des Druides, des religieux, des géomètres.
Chacun trace des droites, des lem niscates et des triangles.
T out a pour centre m athém atique un Christ assis oblique­
m ent en position très curieuse, les genoux très en évidence
et très en avant. Mais nous ne parlerons pas ici de cette
région capitale, ni du m aître personnage de ce tym pan.
Source rafraîchissante des Philosophes, boussole de la Che­
valerie E rran te pour parler comme Cervantès. Ju ste au-
dessus de la tête du Christ, à la place d’honneur, p ar consé­
quent, se trouvent trois figures curieuses. Le grand demi-
cercle des signes du Zodiaque a été in terrom pu pour elles
qui n ’en font pas partie. On leur a laissé le centre. Ces

Figures rem arquables sont appelées le Chien, l’Acrobate et


la Sirène. «Elles sont célèbres sous ces nom s innocents. C’est
un usage courant de rabaisser le m erveilleux et de donner
toujours à chaque chose, non point la ju ste désignation
APPRENTISSAGE DE L'ESPA CE PO STÉRIEUR 315
chinoise, m eilleure encore que la définition aristotélicienne,
m ais de se tenir à un niveau ra ssu ra n t de débilité m entale,
et d’y m aintenir les spectateurs. La p hrase employée géné­
ralem ent est le m ot « seulem ent » ou le m ot « n ’est que »
ce n ’est que, ou c’est seulem ent... C’est évidem ment, à pre­
m ière vue, un chien, un acrobate, une sirène. A prem ière
vue, le chien, anim al traditionnel de la Lune, est en posi­
tion de serpent qui se m ord la queue. L ’anim al de Diane,
les Chakras supérieurs et inférieurs au contact, le nez dans
le sexe, se m aintient lui-même, les pattes su r la colonne
vertébrale (rem arquez bien ceci, il s’aide de la colonne et
to u rn e). Le sexe est en haut. Tête et sexe sont en haut.
P our un chien, il est adroit ! C’est le chien de l’acrobate,
direz-vous. Evidem m ent : En réalité des dresseurs de cir­
que m ’ont affirmé que jam ais un chien ne fait le saut péril­
leux dans cette position. J ’ai, moi-même toujours vu les
chiens de cirque to urner appuyés sur leur colonne verté­
brale qui fait tout le travail. A utrem ent d it cette sculpture
est toute conventionnelle.
La sirène, anim al traditionnel de N eptune et de Vénus
aquatique, Téthys, est aussi en rapprochem ent tête-queue,
à m oitié poisson, comme nous fûm es tous il y a des m il­
lions d ’années ; elle est encore m oitié terrestre, moitié
m arine. Elle se tient la queue d’une seule m ain, car de
l’au tre elle semble tenir un cordage (autre form e des héli-
coïdes). Elle regarde vers l’avant et semble s’éveiller. Elle
est en torsion du tronc. Son corps décrit un m ouvem ent
hélicoïdal. Ainsi N eptune est lié à tout ce qui est hélice,
tourbillons aspiratifs, cyclones... On le savait. N’en disons
pas plus sur le m ouvem ent de la sirène, c’est un su jet trop
varié et difficile. Le visage est sérieux, très attentif, alors
que l’hom m e est hébété, ahuri. Les tailleurs de pierre du
Moyen-Age savaient donner une expression aux visages
q u ’ils taillaient. Rien n ’est fait à la légère.
C’est évidem m ent l’acrobate qui a dressé la sirène...
(ou le co n traire).
Prenons l’hom me qui semble hypnotisé par sa propre
rotation. Si c’est un exercice de Yoga, c’est possible, m ais
son nez et son œil ne sont pas norm aux. L’œil est énorme,
le nez est m ars-saturne.
L’anim al lunaire regarde vers le haut. L’anim al neptu-
nien regarde à h auteur. L’hom m e regarde vers le bas.
Il est extrêm em ent curieux q u ’il ait le sexe en h a u t et
la tête en bas. C’est ainsi, comme les gym nastes faisant le
316 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

pont sur les m urs de Louqsor, m ais il ne p o u rrait se tenir


su r le nez et la pointe des deux pieds. Nous allons voir
plus loin com m ent il est en réalité. Il n ’a pas les pieds sur
le sol, il ne fait pas le pont. Ce qui est plus im portant et
plus révélateur encore, c’est que l’hom m e tourne appuyé
contre sa colonne vertébrale. Le chien lunaire est en enrou­
lem ent flexion, l’hom m e en enroulem ent extension, la sirène
m arine en enroulem ent torsion. Ces figures rem arquables
donnent les 3 (et les 3 seules) m odalités du Yoga vertébral,
flexion avant, flexion arrière, torsion. L’homme, m aîtresse
figure à la verticale du Christ, est donc en résum é une
figure du Yoga. Sexe en haut. Tête en bas. Pieds sur la tête.
Il fait ce que conseille Dante, il se m et les pieds à la place
de la tête et réciproquem ent, c’est un anti-conform iste.
Mais ces figures ont-elles leur plan sagittal vertical,
autrem ent dit, tournent-elles comme des cerceaux ? Pas du
tout. Elles sont à l’horizontale. Diane, N eptune et l’Homme
(le Soleil) sont installés dans de grandes cuvettes, en lan­
gue d ’Oc grésals ou graals. Ils cuisent. Ce sont des plats ?
Peut-être. Mais alors, pour savoir ce q u ’ils veulent dire,
pour savoir ce que signifie la cuisson de la Lune, du Soleil
et de N eptune en rotation directe et en torsion ? Je vous
conseille de chercher sur le bottin à la rubrique « Alchi­
m istes ». Dès que vous en aurez trouvé un, il vous expli­
quera tout cela. C’est trop fort pour moi.
Car le chien et l’hom me, c’est la m atière to u rn a n t dans
deux sens différents, et la sirène, c’est l’électron qu ittan t
son plan de rotation pour une prom enade hélicoïdale,
c’est-à-dire une m utation. Ne dites su rto u t pas cela à un
chim iste, car lui p ren d rait le Bottin à la rubrique « Psy­
chiatres ». Il en trouverait vite, sur une centaine, un qui
veuille s’occuper de vous.
Aussi, croyez-moi, opinez du bonnet à Vézelay quand
votre voisin dira en m o n tran t ces figures: cet hom me repré­
sente un acrobate qui était venu à Vézelay d istraire les ou­
vriers. Opinez, c’est un exercice vertébral qiïi détend les
muscles de la nuque fatigués à regarder, là-haut, tourner
l’acrobate, et cela vous vaudra la considération de vos
voisins.
Comme vous, vous avez été baptisé, franchissez le por­
che d’un pas léger et allez voir d ’autres chapiteaux. Et si
certains vt»us p ortent à monologuer, vérifiez bien que vous
êtes seul, c’est plus prudent.
Les touristes se sont m aintenant évanouis du Narthex,
APPRENTISSAGE DE L ’ESPACE PO STÉRIEU R 317

pour aller dans le chœ ur chercher la colonne carrée au


m ilieu des colonnes rondes. Pauvre form e carrée aimée des
Chinois, com m ent a-t-elle m érité de représenter, au milieu
des fûts ronds, le tra ître pendu ! Asseyez-vous en h auteur,
su r les m arches de l’escalier sans m ain-courante qui m onte
aux galeries, et, dom inant ce cube énorm e de lum ière q u ’est
le N arthex, regardez les trois poulies au-dessus du chef des
chefs, du chef du Christ. Sur cet axe se trouve la direction
principale ; il se continue en bas p ar la colonne qui sépare
les deux portes. La colonne porte tout et form e avec le
h a u t un Tau m assif, l’in stru m en t cher à Saint Antoine du
T. Le couteau du bourrelier dit Pied-D roit lui ressemble
beaucoup, que nous reverrons au pays cathare. Cette co­
lonne qui porte l’im m ense croix ansée est le pilier Djed de
Vézelay.
Les trois cuves tournent, c’est ce qui procure cet état
de fixité chez le chien, d’ahurissem ent chez l’homme, de
réaction pour sortir de la rotation chez la sirène qui re­
garde comme un être so rtan t du sommeil. Elles ne se tou­
chent absolum ent pas, m ais on peut im aginer q u ’un pro­
duit antifriction qui perm ettait leur contact a disparu.
Elles ont dû se toucher et to u rn er ; elles ne to u rn en t plus
m aintenant. Peut-être tourneront-elles dans un Kalpa.
Lucien Carny, dans son article sur le tym pan (Atlantis
n° 212) a bien rem arqué ce q u ’il nom me ju stem ent le sens
giratoire de certaines figures et Roger Pouyaud en parle
dès le début.
Quelle est la poulie m otrice, et quels sont les pignons
satellites ?
Est-ce Neptune qui est l’arbre m oteur et l’homme, la
poulie de renvoi ?, et Diane suivrait-elle le m ouvem ent ?
Toutes les opinions sont respectables et les Compagnons de
jadis, plus près que nous des géomètres grecs amis du cer­
cle, ont dû en discuter longuem ent. Mais je pense que le
prem ier m oteur est le Christ, car l’axe de l’hom me est celui
de sa tonsure. Le centre du cercle de rotation de l’homme
se trouve sur le grand axe de l’ellipse de deux m ètres con­
ten an t le Christ, ellipse qui avec le linteau et le pilier cen­
tral, form e une belle et légère croix ansée de huit m ètres
de haut. Le Christ occcupe le m édaillon, l’ovale de Vénus,
le corps de la vertèbre, le pilier solide qui porte tout, puis­
que la croix ansée a la form e exacte de la vertèbre, ou plu­
tôt que la N ature, c’est-à-dire le Créateur, a construit la
vertèbre sur la form e de la croix ansée. Le Christ est donc
318 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

dans le m iroir. Il est à la fois pilier vertébral, Père-Mère,


Pierre (Petra autem erat Christus) et Miroir, M aître des
Trois Mondes, comme l’ont dit les Rois-Mages, et bien d ’au­
tres choses, Source des Spirales notam m ent.
Les trois graals to u rn en t dans l’a u ra im m édiate de sa
tête. La tradition dit q u ’il est descendu de la lumière, c’est
Lui qui fait m archer cette usine dans laquelle Diane,
l’Homme et Téthys to u rn en t comme dans des centrifugeu­
ses. « J ’étais au Commencement (Bereschit) avec le Père

quand II a tout établi » nous dit-il dans l’Evangile. Ce Com­


m encem ent qui a ta n t fait hésiter Goethe au début du pre­
m ier F aust, ce com m encem ent où les atom es ont commencé
leur ronde.
Le N arthex est calme, un groupe im portant descend
dans la crypte, sous la conduite d ’un com m entateur. T an ­
dis que ces am ateurs d’ancien vont à la chapelle-de-dessous-
terre, traçons avec un crayon sur la m arche les hiérogly­
phes qui se trouvent en h au t des danseuses rituelles qui
tiennent les m ains à plat vers le ciel au M astabah du Musée
du Louvre. Ceci, nous l’avons vu plus haut, n ’est rien m oins
que la flexion arrière de la colonne vertébrale, la flexion
APPRENTISSAGE DE L ’ESPACE PO STÉRIEU R 319

avant et la torsion. Tout est dans tout. Ce qui est repré­


senté su r les tem ples d’Egypte est à Vézelay, la T radition
est une. L acuria l’a bien dit. Là-bas la torsion est entre la
flexion avant et la flexion arrière. Ici, la torsion est à l’ex­
térieur. La flexion arrière, le redressem ent m axim um de la
colonne vertébrale occupe la place d ’honneur au centre. La
flexion avant est propre aux anim aux, le redressem ent,
l’extension arrière sont propres à l’hom m e.
Si nous regardons m aintenant ces trois figures à la suite,
c’est-à-dire le Chien en haut, et la Sirène en bas (la Sirène
qui était venue d istraire les ouvriers !), nous voyons les 3
m ondes. En h a u t la Lune et le m onde planétaire, au m ilieu
la T erre et l’Homme.
En bas, le monde sous-m arin et souterrain de Neptune.
Le T out dans l’axe de la tête du Christ, qui est, comme
l’ont dit les Mages, le M aître des trois mondes.
Rem ercions de ces leçons les Compagnons. Sortons du
Tem ple de la Lum ière, allons revoir le soleil bourguignon.
E t nunc erudim ini.
Au su jet de la spirale aim ée d ’A rchim ède et du colonel
Choisnard, ancien professeur à l’Ecole Polytechnique, dont
le livre « La Spirale dans la N ature » est devenu introuva­
ble, nous conseillons la lecture du tra ité de morphologie de
Houssaye (Gauthier-Villars) qui passe en revue tout ce que
la n a tu re a créé « de m ore geometrico », et les livres de
Robert Pouyaud sur la spirale (Im prim erie générale de la
Nièvre, Clamecy). Le concept géom étrique gêne ceux dont
les yeux ne voient pas les form es, m alheureusem ent. Dieu
est m athém aticien, ont dit Pythagore, Plotin et Platon, élè­
ves des prêtres égyptiens. T an t pis pour ceux qui ne veulent
pas voir l’espace.
Et Vézelay est une sym phonie de Nombres, invisibles et
présents dans un espace délim ité p ar les lois harm oniques.
La Beauté est le résultat, dans notre cerveau, des radiations
qui rayonnent des figures harm onieuses, parce qu’elles sont
construites sur les divines proportions bien connues des
Compagnons. Ils savaient. R afraîchissons nos yeux à leur
contact.
Descendons le moyen-âgeux raidillon. Ne regrettez pas
ces choses m erveilleuses que vous avez laissées là-haut,
vous pouvez dire comme les anciens « om nia mecum fero »,
je porte tout avec moi. Le chien ? l’anim al de la lune ?
qui vous sera fidèle après que vos am is vous auront aban­
donné ? La Société protectrice des anim aux vous en pro­
320 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

posera de tous poils et de tous types m orphologiques.


Comme l’a prouvé Thooris vous choisirez toujours le type
conform e à votre type à vous, ou, comme pour la femme,
le com plém entaire.
L’acrobate ? m ais c’est vous, puisque vous êtes Yogi,
puisque vous pratiquez le Yoga des Pyram ides, puisque
vous avez obligé votre colonne à retrouver son ancienne
souplesse serpentine. Que vous m anque-t-il alors ? P res­
que rien ! Il vous reste à trouver la Sirène... Allez à Copen­
hague. Elle a retrouvé sa tête. Elle attend l’âme sœur.
Posée sur la pierre, accroupie souplem ent elle rêve en
regardant les vagues bleues qui l’entourent, elle a les ailes
du M ercure aquatique à ses pieds. Que vous faut-il de plus ?
CHAPITRE ONZE

Le redressement du Pilier Djed

Le redressement du Pilier Djed.

Nous avons déjà fait connaître ce dessin de Lucie Lamy,


qui est, si l’on peut dire, la photographie géom étrique d ’un
bas-relief égyptien, publié dans un livre de M adame Isha
Schwaller de Lubitch, Her Bak. C’est l’histoire de l’édu­
cation progressive d ’un petit enfant égyptien élevé dans le
tem ple, livre délicieux et très in stru ctif qui a fait son
chem in depuis.
Le tableau représente au m oins trois personnages. Osiris
coiffé de la m itre, qui sera, sans changem ents im portants,
celle de nos évêques plus tard, avec en m oins le serpent
Uréus sur le front ; et la Spirale (chère au colonel m athé­
m aticien C hoisnard), qui résum e toutes les courbes du
cosmos, se trouve en face d’Isis. A eux deux, ils soutiennent
et relèvent le pilier Djed, la colonne vertébrale de l’homme.
O siris tient la colonne de ses deux m ains ; l’une, corres­
pond sur la colonne au C hakra cardiaque ou au gastrique,
l’autre est sous la m âchoire.
Isis, pieds rapprochés, la natu re est toujours vierge et
toujours féconde, porte sur sa tête un escalier. Est-ce l’es­
calier des sages ? Il semble présenter trois degrés : le pre­
m ier facile, le second très difficile, le troisièm e interm é­
diaire. Cet escalier à trois degrés se retrouve ailleurs dans
les représentations égyptiennes. Elle a placé ses deux m ains,
l’une avec celle d’Osiris, l’au tre en h a u t de la tête.
322 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Au su jet d ’Isis, je rappelle à ceux qui l’ignorent, que


lorsque le Christianism e s’est installé en Gaule, tout notre
pays adorait Isis ; toutes les églises dites Notre-Dame ont
été construites sur un tem ple d ’Isis. Aux fin-fonds de la
Bretagne, à Tréboul, près de Douarnenez où je corrige ce
chapitre, le curé nous a dit à la messe, le m atin du 15
août « ce soir, procession comme d’habitude au bois d’Isis,
réunion à l’entrée du bois d’Isis à neuf heures précises ».
Des Is, des Ys (la ville engloutie) et des Isis, il y en a plein
notre pays gaulois. Parisis est pour tous les érudits Bar-
Isis la barque d’Isis, idée confirm ée p ar le bateau des arm es
de P aris, la barque d’Isis est très im portante pour Notre-
Dame de P aris ; elle flotte toujours et jam ais ne sombre,
dit sa devise. Elle porte sur le pont une énorm e pierre em­
paquetée et entourée par la corde (chorda). C’est, nous dit
Canseliet dans ses savants et passionnants com m entaires
la Pierre, la pierre philosophale. A utrem ent dit Parisis, Bar-
Isis, est sujet à des naufrages, m ais porte avec soi à bord, un
moyen perpétuel de régénération. C’est consolant pour les
gens qui habitent P aris et qui, après chaque guerre, veulent
y retourner.
Le pilier Djed, ou axe central, ou colonne hum aine,
présente en h a u t quatre étages qui correspondent aux qua­
tre étages des m orphologistes : cérébral, oculaire, nasal,
digestif. A l’étage visuel on voit bien les deux yeux. Cet
étage semble privilégié ; il est blanc, consacré aux yeux, et
ne porte pas de striations verticales, dont nous ignorons
la signification. Au-dessus de la tête, le disque solaire avec
les deux serpents couronnés de coiffures différentes : ce
sont les deux courants électriques m édullo-psychiques
Soleil-Lune du Yoga tan triq u e longuem ent exposé dans le
livre de Sir A rthur Avalon, « La Puissance du Serpent ».
Ces deux représentations n ’ont rien de satanique, le serpent
dans la symbolique ayant servi à tout représenter, du ser­
pent d’airain du Sinaï (ne pas oublier que Moïse est élève
des prêtres d’Egypte) à la croix chrétienne des prem iers
tem ps de l’Eglise, où le Christ est représenté par un ser­
pent ; ici il représente le courant électrique d’intelligence
arrivé au C hakra supérieur, le coronal.
Pour les deux figures sym étriques, situées au-dessus
de la tête, je n ’ai rien lu à ce sujet, m ais je pense q u ’elles
servent à représenter les cham ps m agnétiques cérébraux
naturellem ent figurés en rapport avec le chiffre 6. Repré­
senté dans le lointain, le P haraon, reconnaissable à sa tiare
L E REDRESSEM ENT DU P IL IE R D JED 323
324 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

cylindro-conique term inée p a r une boule, se tient en ac-


croupi-assis-talons comme le général et fait une inclinaison
face au soleil, bras en dem i-chandeliers. Il porte naturelle­
m ent l’Ureus.
Disons un m ot au su je t de la position du pilier Djed.
Il est incliné environ à tre n te degrés. O siris et Isis sont-ils
d ’accord pour l’incliner ? E nsuite l’am ènent-ils à la verti­
cale, suivant l’opération m ystérieuse et combien passion­
n an te qui fit passer l’hom m e pourvu d’une queue rudim en­
taire de l’horizontale à la verticale ? Ou s’occupent-ils à
coucher l’hom o erectus dans un lit ou dans un tom beau ? Ils
ne le redressent pas à l’état d’hom m e encore anim al, car
ils le représenteraient sans cortex et sans le double ureus
et sans le disque solaire et sans la double radiation aussi.
Si le pilier axial du corps est bien com préhensible avec
tous ses attrib u ts, on ne com prend pas bien (tout au moins
moi) à p a rtir de quelle position ces grands architectes le
dressent.
Il fau t aussi faire un rapprochem ent avec la position
du P haraon ; tous deux sont inclinés à environ 30°, et le
tronc d’un yogi dans cette position peut b a ttre deux droits
et occuper toutes les positions com prises entre tête-sol-
arrière et tête-sol-avant.
Une au tre in terprétation est celle-ci : le pilier D jed que
m anipulent Osiris et Isis représente celui du Pharaon en
Yoga*; autrem ent dit, celui dont le pilier Djed exécute le
Yoga face à Horus, ce sont O siris et Isis qui l’aident et qui
le m euvent. C’est certainem ent la m eilleure interprétation.

L’ange tenant la colonne.

Ce dessin est un croquis que j ’ai pris dans la belle et


ancienne église de Rochefort-en-Terre en Bretagne. Eglise
du xvi' siècle, très jolie et entourée de m aisons d e.l’époque.
La Bretagne est riche en joyaux archéologiques.
L’ange se trouve au bas de la tribune. Il est au milieu,
dans le plan de sym étrie de l’Eglise, donc à la place d’hon­
neur.
Une série d’autres anges fixés comme lui au bas de la
tribune l’encadrent à droite et à gauche, ten an t les autres
in stru m en ts de la Passion. Il est à rem arquer que la co­
lonne christique a été placée au milieu.
LE REDRESSEM ENT DU P IL IE R DJED
326 YOGA IRANIEN E T ÉG Y PTIEN

La colonne est tenue inclinée à 30° comme le Pilier


Djed, tenue à deux m ains avec sollicitude comme le pilier
Djed. La colonne figurée est bien proportionnée, elle res­
semble avec ses bouts hexagonaux à un petit haltère ultra-
m oderne.
Le visage de l’ange est plein et fort, il n ’est nullem ent
ascétique m ais au contraire, le bas du visage, n u tritio n et
assim ilation, est plein et bien rem pli. Le nez est large et
fort. On sait la précision intentionnelle des im agiers d’au­
trefois. Ce visage est à rapprocher de celui, bien plus ferm é
et b rutal de l’Alchimie de Notre-Dame.
Conclusion : la colonne est un Arcane qui tient une
place aussi im portante dans le Christianism e que dans l’an­
cienne Egypte.

La colonne christique en tant


qu’instrument traditionnel de Yoga.

Comme nous l’avions écrit il y a dix ans dans nos li­


vres, les instrum ents de la Passion sont, de toute la sym­
bolique de l’H istoire de l’Art, la m ine la m eilleure pour
l’orthopédie : tout ou presque tout y est. Or, ces in stru ­
m ents sont tout sim plem ent ceux du charpentier : l’établi,
la corde, le rabot (1), l’échelle et le pilier, voilà de quoi
faire m assage, ostéopathie, espalier suédois et redresse­
m ent vertébral ; la corde perm et allongem ent et détorsion.
Rien n ’y m anque. La chèvre qui ne se trouve pas dans la
Sym bolique de la Passion est une com binaison du triangle
et du Treuil, c’est un instru m en t de l’allongem ent verté­
bral. Notre m atériel est au grand complet.
P artons donc de la superbe sculpture très sim ple et an­
cienne qui se trouve sur le calvaire de l’Eglise de Guimi-
liau, Finistère. Ce calvaire, l’un des plus beaux de B reta­
gne, est form é de personnages de grande taille.
Nous avons une figure simple, belle et vraie anatom i­
quem ent. Le Christ vigoureux, m ais dont l’anatom ie ne
sent pas l’Ecole, est attaché avec la corde. La colonne re­
présentée ici peut servir aux exercices, m ais l’idéal est (je
m ’excuse de cette préférence) le poteau électrique dont le
volume est m inime, m ais la rectitude certaine. Le C hrist
(1 ) S y m b o le d u m a s s a g e v e r té b r a l l
LE REDRESSEMENT DU P IL IE R DJED 327

à la Colonne de Troyes, belle sculpture bourguignonne peut


servir égalem ent de modèle ou celui de Semur-en-Auxois.
Un arbre de petit volume, de la grosseur du genou, est
l’idéal, un arbre comme la cuisse est le m axim um , car la
m ain, nous allons le voir, ne peut le saisir.
1" exercice. La colonne vertébrale appuyée à la colonne
(ou à l’arb re), lever lentem ent un b ras vers le h a u t en
inspirant, saisir la colonne par le côté ou p ar l’arrière, si
l’on peut y arriver, avec la m ain entière, pouce collé aux
doigts. R ester ainsi quelques respirations, ensuite abaisser
le bras sans le laisser tom ber surtout, on risque gros en
le laissant tom ber brusquem ent : les lésions d’arth rites et
de péri-arth rite se réveillent et peuvent d u rer des mois.
Même exercice de l’au tre bras.
2* exercice. Les deux b ras se lèvent et arrivent à tenir
l’arbre latéralem ent, bras plus ou m oins tendus. Respir

nasal lent et profond, essayez d ’atteindre le plus h a u t pos­


sible avec les 2 m ains. Une m ain arrive souvent plus haut
que l’autre, ce qui est norm al, il y a toujours une articu ­
lation d’épaule plus raide et plus abîmée que l’autre.
328 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

5* exercice. Dans la position de 1 ou de 2, lever de ja m ­


be tendue ju sq u ’à 45°, pas plus h au t, en in sp iran t pro­
fond. Faire de même avec l’au tre jam be.
4' exercice suédois com plet. D épart comme 2. Une fois
la position assurée, les 2 bras levés contre la colonne et
les m ains collées su r les côtés en haut, se laisser glisser
au bas de la colonne ou de l’arbre ju sq u ’à Fassis-talons.
Rem onter. Exercice intense, aussi bien pour la colonne que
pour le poum on et pour la calorification. Exercice difficile
avec l’arbre qui est rugueux et su r lequel les m ains ne
glissent pas. Commode avec la colonne m étallique ripoli-
née.
5* exercice. Les m ains étant en haut, sur les flancs de
la colonne, ou de l’arbre, lever un genou plié en inspirant
profondém ent. Peut se faire aussi avec un seul bras en
l’air. Déroulem ent de la région lom baire, essai de réduc­
tion de l’ensellure avec les 2 genoux levés.
Je conseille à ceux qui sont fatigués p ar une longue
conduite en voiture de faire ces exercices — à eux de choi­
sir leur arbre !
6‘ exercice. Accroupi oriental au pied de l’arbre. Faire
à p a rtir de cette position les exercices du début. Ils donne­
ront en plus d’un grand approfondissem ent respiratoire et
d’un redressem ent vertébral, le calme nerveux.
Il existe d’autres exercices à la colonne avec la corde.
Ils relèvent de la salle d’orthopédie et ne doivent pas être
dits ici.
La colonne est faite pour s’adosser à la colonne.
Exercice élém entaire :
P our ceux qui ne peuvent lever les bras le long de l’a r­
bre (l’A rbre de vie et de santé), l’exercice correspondant
à la position du Christ est déjà très bon.
Il suffit de placer les m ains contre la colonne, ou mieux,
si celle-ci est peu grosse, de les croiser derrière la colonne,
de raccourcir les bras ; on redresse très bien le dos en
ouvrant la poitrine.
C’est l’exercice le plus simple et que peuvent faire tous
les raides et tous les rhum atisants de l’épaule et les gens
de tout âge ayant besoin d ’un redressem ent physique ou
m oral. »
LE REDRESSEMENT DU P IL IE R DJED 329

Exercice de Golding Bird ou exercice de la porte.


(Kirmisson 1 8 8 0 ).
D ans son traité d’orthopédie K irm isson, de Paris, l’un
des fondateurs de l’orthopédie, après avoir exposé son po­
teau — le poteau de Kirm isson est le pilier des cathédra­
les — la colonne christique, l’arbre, m uni d’une ceinture
corrective, voir « G ym nastique corrective vertébrale » —
K irm isson, disons-nous, parle de l’exercice de la porte.
Golding Bird, un orthopédiste anglais a, en effet, im a­
giné (il y a 80 ans) un très bon exercice qui peut se faire
en se servant du cham branle d’une porte d’appartem ent.
Ce m ontant de bois, large environ d’une m ain se trouve du
côté opposé aux charnières. Il suffit d’ouvrir la porte, de
se placer la colonne collée au cham branle. On peut faire
les m oulinets persans respirés, avec l’un puis l’au tre bras,
dos bien collé, les bras sont libres, ne rencontrent que le
vide et l’appui du dos est précieux.
Ce m ontant providentiel peut aussi servir de colonne
christique, d’arbre à travailler la colonne vertébrale. On
peut s’y tenir facilem ent avec une ou deux m ains et faire
tous les exercices de la série précédente. On peut donc
faire le Yoga vertébral de redressem ent chez soi dans n ’im ­
porte quel appartem ent.
Voila les pénibles, m ais rem arquables exercices q u ’Ar-
laud enseignait dans son gymnase.
CHAPITRE DOUZE

L’homme suspendu
Le Yoga de l’échelle

L’échelle de Notre-Dame de Paris.


(Planche XVIII. Fig. 29)

Vous pourriez me dire que l’échelle (scala) est unique­


m ent un instru m en t des ouvriers-charpentiers et couvreurs,
ou peintres. Vous sembleriez avoir absolum ent raison, c’est
leur appareil quotidien.
D’autres, déjà bien m oins nom breux, au sujet de l’échel­
le, déclareront que cet instru m en t est un appareil de gym ­
n astique ayant su rto u t deux form es, l’échelle elle-même et
l’espalier, qui est une échelle élargie artificiellem ent ; ils
a u ro n t égalem ent raison.
Peut-être sur une im m ense m ultitude se trouvera-t-il
quelqu’un s’occupant d’archéologie, de symbolisme, d ’her­
m étism e qui dira : « l’échelle ? c’est un symbole bien connu,
un Arcane, elle se trouve en plein m ilieu de la Cathédrale
Notre-Dam e de P aris, bien visible des gens qui passent,
car elle est sculptée à la h a u te u r des yeux, dans un m édail­
lon. » Il au ra raison, elle y est. Voici sa photo.
Reprenons ces points de vue :
Prem ier point : l’outil ;
Second point : l’appareil d’orthopédie ;
Troisièfne point le symbole.
L’outil perm et de m onter et d’accéder sans danger aux
lieux élevés. Il le perm et de m anière très sûre, très pro­
l ’h o m m e SUSPENDU, LE YOGA DE L ’É C H E L L E 331
gressive. Il perm et aussi de descendre de lieux élevés de
la même m anière.
C’est l’un des outils de ceux qui construisent, qui répa­
rent, qui récoltent, qui surveillent, qui cherchent. Que
ferait le B âtim ent sans les échelles ? L’échelle est s a tu r­
nienne, elle perm et d’accéder aux lieux élevés (d’où l’on
tombe en s’abîm ant la colonne vertébrale), m ais perm et
aussi de descendre dans les cavernes ; elle est devenue un
des outils principaux de la spéléologie, elle affecte alors
une form e souple, serpentine, elle perm et de visiter le
royaum e de-dessous-terre, le m onde noir et effrayant, bien
que chaud, d ’en-bas, le m onde de Vulcain et de Pluton,
monde qui, personnellem ent, ne m ’attire nullem ent.
L ’instru m en t d’orthopédie. Cet in stru m en t servait aux
Anciens pour la réparation des fractures, l’allongem ent du
corps hum ain, le déblocage des vertèbres, le redressem ent,
etc. H ippocrate s’en servait constam m ent, et ses m aîtres
avant lui.
Sous form e de l’espalier du Suédois Ling, l’échelle est
un monde très utile et à peu près inconnu de l’Education
physique officielle m oderne. Celle-ci préfère grouper les
enfants en troupeaux immobiles occupés à regarder une
fillette lancer une boule de fer, geste q u ’elle ne fera jam ais
dans sa vie, plutôt que de faire passer ledit troupeau à
l’espalier, où il p o u rrait s’étirer. Les enfants adorent les
agrès. Le m aître leur ouvrirait la poitrine p ar une poussée
de la m ain en les prenant les uns après les autres, comme
on le fait en Scandinavie. Cela leur servirait tous les jours,
toute leur vie, m ais nous n ’en sommes pas encore là. En
ta n t q u ’appareil salvateur pour les poitrines et les os,
l’espalier a été décrit et présenté dans un ouvrage « E spa­
lier suédois et ses applications », q u ’on trouvera à la même
librairie que notre « Yoga ».
Il existe cent cinquante m ouvem ents à l’échelle, dont
une dizaine sont fondam entaux. Ils sont exposés dans mon
ouvrage. On y verra le travail du tem ps d’H ippocrate, dé­
crit et dessiné par son successeur Apollonius de Scytium,
pour dégager des vertèbres lom baires bloquées. Apollonius
de Scytium fut le créateur (après les M aîtres antédiluviens
naturellem ent) de la Iatrom écanique, d’une médecine mé­
canique et d ’une biologie vue entièrem ent avec l’œil du
m écanicien, de l’Ingénieur. Ses dessins sont conservés à
la Nationale.
Le symbole m aintenant.
332 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIËN

L’échelle est un des instrum ents de la Passion et figure


à ce titre bien souvent dans l’Histoire de l’Art. C’est un
enseignem ent. Parlons m aintenant de l’échelle qui se trouve
su r le portail de Notre-Dame. Ici elle ne figure pas comme
un in stru m en t religieux, m ais comme symbole ; elle est
verticale, appuyée contre la poitrine de la Philosophie. Cette
figure, en effet, représente pour les uns Cybèle ou la Philo­
sophie, pour les autres la Sagesse, pour d’autres encore, les
plus nom breux, l’Alchimie : ce m ot ne voulant pas dire
l’a rt de faire de l’or, m ais l’a rt de se dépasser soi-même, de
se tra n sm u te r soi-même, de s’am ener sur un plan m eilleur,
et c’est la véritable signification du m ot Alchimie (alchimie
spirituelle = Yoga).
On trouvera dans le très profond et très varié livre de
Fulcanelli, réédité p a r le savant Eugène Canseliet, « Le m ys­
tère des Cathédrales » un com m entaire su r cette figure.
Eugène Canseliet est plus qualifié que nous pour décrire
cette puissante femme à la large figure rébarbative, notons
seulem ent q u ’au-dessus d’elle, comme su r les m urs des
Tem ples égyptiens, se trouvent les ondes, c’est-à-dire la
vibration. Le fauteuil avec sa double spirale figure la b ar­
que d’Isis et c’est sur le tem ple d’Isis qu’est construite notre
m agnifique basilique.
Au lieu du mot alchimie, on peut m ettre le mot yoga,
c’est la même chose.
L’échelle est donc un symbole de perfectionnem ent phi­
losophique. « La patience est l’échelle des philosophes »,
en même tem ps q u ’un instru m en t de perfectionnem ent ver­
tébral (élongation et redressem ent) pulm onaire (approfon­
dissem ent et déblocage) nerveux (libération p ar détente,
élongation).
Ainsi l’espalier qui n ’est pas un appareil d’échauffem ent,
de sudation, ni de m usculation, ni de jeu, est-il un Yoga
par ses avantages psycho-organiques nom breux et la reli­
giosité de son exécution.
Il est à la fois lié au rachis et au prana, car c’est avec
la colonne l’appareil qui ouvre le plus la poitrine.
C’est aussi, ou d’abord, pour l’érudit et le symboliste,
une attitu d e prise par le Christ, car la suspension par les
m ains d étruit la form e prim itive de croix pour donner fina­
lem ent celle de l’Y suédois. Si l’on y inscrit la tête, on
obtient le T rident, signe de Poséidon, le Dieu des A tlantes,
plus tard signe du C hristianism e. (Les prem iers évêques
portaient en bague le dauphin enroulé au trident, car le
l ’h o m m e s u s p e n d u , l e y o g a d e l ’é c h e l l e 333
trid e n t résum e aussi la T rinité. On le trouve dans toute
l’iconographie helléno-chrétienne, gallo-rom aine et jusques
y com pris l’Inde et le Japon (shintoïsm e = trid en t = culte
de Poséidon, cheval blanc, etc.).
Ce trid en t est lié à la coupole du diaphragm e su r lequel
il a une énorm e influence, on a vu plus h a u t tout le m éca­
nism e du K de Tissié qui résum e le fonctionnem ent du dia­
phragm e.
Or, l’expansion et la liberté totale du diaphragm e est
un des buts (et des m oyens) du Yoga. Le diaphragm e est
l’outil perm anent du Yoga, et Nez-colonne-diaphragme est le
trépied du Yoga.
Cette libération complète ne peut s’obtenir dans le Yoga
suspendu, sans l’Espalier.
Dans l’H istoire de l’a rt et les collections spécialisées, il
est difficile de trouver des figures suspendues. Mes longues
recherches ne m ’ont amené q u ’à trouver un Raphaël repré­
sentant un hom m e suspendu de face au bord d’une fenêtre.
Il fait un exercice rare et curieux, le seul qui perm ette la
contraction des m uscles du dos en suspension corrigée, et
qui se trouve naturellem ent dans notre livre su r la ques­
tion. Raphaël Sanzio savait certainem ent cela, car sous la
Renaissance, des peintres écrivirent et dessinèrent des tra i­
tés d’anatom ie de la m usculature vertébrale.
Ainsi dans l’Art, comme figures suspendues, on trouve
à peu près uniquem ent des Christs. La p lu p art sont faux
anatom iquem ent, et des études fu ren t entreprises à l’am phi­
th éâtre pour déterm iner la véritable anatom ie de l’homme
m ort suspendu comme dans le supplice du Christ.
Des chirurgiens des hôpitaux de P aris spécialistes d’or­
thopédie ont écrit des livres sur l’étude approfondie de la
position du Christ en croix ou du gym naste suspendu à
l’espalier en form e d’Y. Leur conclusion est que cette posi­
tion sollicite énorm ém ent le Diaphragm e, m ais finit à la
longue au bout de trop d’heures de suspension p ar le p ara­
lyser, am enant l’étouffem ent du patient.
Le Singe est fait, quelque soit son poids pour rester
indéfinim ent suspendu par les m ains (les gorilles vont ju s ­
q u ’à 500 kg), l’hom m e est fait pour rester indéfinim ent
posé sur le train inférieur, le train porteur. Ce que Marey
et Demeny appellent la locomotion aérienne développe
beaucoup la poitrine et le train supérieur, m ais ce travail
ne sa u ra it être que m om entané.
L’espalier est le seul engin qui écarte les vertèbres ou
334 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

to u t au m oins une partie d ’entre elles, et qui tire su r les


m uscles en allongem ent. La p lu p art des m éthodes chauf­
fent le m uscle en le raccourcissant. Chaque m éthode a sa
raison d ’être ; il ne fau t pas dem ander à une m éthode ce
q u ’elle n ’a pas été créée pour faire. Chaque outil de la
caisse à outils orthopédiques a sa raison d’être. Aucun n ’est
universel.
Le propre des sectaires, des m aniaques est de vouloir
percer des trous avec un rabot et de scier des planches avec
un vilebrequin.
Du point de vue espace, l’espalier est prim ordial. Tout
a un rôle dans la symbolique de l’art. Les Cariatides font
du porter et le po rter (le Christ a porté sa croix) est un
acte très im portant de la vie : il est fait pour renforcer
l’hom m e contre la terrible et perm anente force invisible de
la gravitation qui l’affaisse et le vieillit de sa naissance à
sa m ort, en le raccourcissant.

L ’espalier libère de la gravité : m ieux, il se sert de la


gravité pour allonger son corps, par quel moyen ? p a r celui
l ’ h o m m e s u s p e n d u , l e y o g a d e l ’é c h e l l e 335
des m ains. Les m ains jouent un rôle im po rtant dans le
Yoga égyptien-iranien, on voit notam m ent le Pharaon Ké-
phren, le constructeur de la deuxième grande pyram ide,
un poing ferm é. Le Yoga tel qu’il est pratiq u é a bien enten­
du comme objectif n° 1 de détendre — il le fait, m ais la
m ain joue un rôle, c’est une des pièces de la m achine h u ­
m aine, elle doit être développée. L ’espalier donne des
m ains. On est heureux d’en avoir plus tard.
Revenons à l’espace. L ’hom m e suspendu est différent
de l’hom me assis et de l’hom m e couché, comme union
homme-espace.
Ici l’espalier donne le plan vertical et fait découvrir
l’espace global, l’espace cubique, si l’on peut dire, d’une
pièce, à l’hom m e suspendu. Il le voit dans sa position la
plus habituelle, face à lui. Si nous prenons une poupée re­
présen tan t l’hom me et que nous l’appliquions sur un cube
de m atière plastique tran sp aren t, nous avons plusieurs
cas :
Couché sur le dos : le cube écrase l’hom m e ; il a la vi­
sion d ’un espace supérieur à lui et sent la terre collée à
son dos, dans cette position il sent la gravité ! On décou­
vre tout p ar ses sensations. La gravité écrase son dos —
son hom me antérieur ventre et poitrine est libre.
Couché sur le ventre : son espace est celui de la pièce
du dessous ; il voit cet espace comme s’il avait son dos
collé au plafond. Dans cette position il sent la gravité. La
gravité écrase son ventre et sa poitrine. Son dos est libre.
Suspendu à l’espalier : il a son espace antérieur libre ;
le cube de la pièce est devant lui, m ais à la différence de
l’hom me collé au m ur, comme dans certains exercices ver­
tébraux suédois, il est libéré de la gravité, il est m aître de
l’espace et ne sent plus son poids sur ses pieds. Il sent
la gravité dans ses m ains serrées. S’il est évolué p ar la
gym nastique, il sent l’étirem ent au niveau des reins. Beau­
coup de femmes suspendues pour la prem ière fois à l’espa­
lier découvrent pour la prem ière fois le poids de leur corps
et la nullité de leurs m ains. Le monde m ental en est chan­
gé et c’est une des grandes vertus de l’espalier. Ce qui est
aérien libère. D’où l’intérêt de la gym nastique Amorosien-
ne des plateform es, et des portiques, reprise p ar Hébert.
Les m aîtres de l’espace aérien sont les ouvriers du bâti­
m ent et les guides en m ontagne. Le vertige est lié au foie
et au rein. Le 4' cube est le Yoga sur la tête.
336 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Saint-Jean Climaque
et le Yoga dans le désert
aux premiers temps de l’Église.
« Certains em ploient leurs veilles à prier
les m ains élevées vers le ciel. »
St-Jean Climaque
l’Echelle Sainte

Dans le bel ouvrage archéologique, artistiq u e et sym ­


bolique de Georges D uthuit intitulé « Le Feu des Signes »
l’au teu r a donné la prim eur à une figure étonnante des
m anuscrits anciens du Vatican, Saint-Jean-Clim aque, ou
Saint-Jean de l’Echelle, auquel nous nous intéressons
depuis bien longtemps.
Cette figure que l’on retrouve dans l’intérieur du livre,
avec bien d’autres trésors byzantins, a eu les honneurs de
la couverture. Elle le m érite, car elle vient à point dans
notre longue série de postures identiques après les posi­
tions parfaites en chandelier, héritées des prêtres égyp­
tiens et les échelles bien connues du symbolism e de toutes
les époques, comme le plus efficace geste du train supé­
rieu r vers les forces cosmiques.
Ses m ains sont ouvertes en position de réception de
forces d’En-H aut, comme l’homme en H de Confucius et
Lao-Tseu, comme les danseuses rituelles du M astabah,
comme les m ains du Vent d ’Arno Breker. Ce sont les m ains
d ’un hom m e qui regarde tom ber quelque chose de très-
précieux, pour p arler comme les Thibétains, de très-pré-
cieux qui vient d’en-haut, et qui se prépare à arrêter sa
chute comme on ferait pour un gros ballon.
Les pouces, la plus grande réserve m agnétique, th é ra ­
peutique, ostéopathique (on met les vertèbres en place avec
les pouces) m asso-thérapique (le massage, c’est -un pouce,
disent les nordiques), le siège de l’adresse m anuelle, de la
force m usculaire, de la force sexuelle et affective (les
aspects de V énus), de la force osseuse, sont dressés vers
le ciel. Les bras sont sans discussions possibles en p u r
chandelier pharaonique ou suédois de Tissié.
Ce sont peux du sarcophage du prêtre Taho. Je vous
prie de rem arquer en passant le nom de T aho; Taho en
égyptien pharaonique c’est la même chose phonétiquem ent
l ’ h o m m e s u s p e n d u , l e y o g a d e l ’é c h e l l e 337
que le Tao chinois, c’est un nom considérable, d’un poids
très lourd dans la T radition. Il veut dire la Voie. Heureux
celui qui, avant la vieillesse, a trouvé la Voie qui lui con­
vient. Ce n ’est pas étonnant q u ’un prêtre égyptien posses­
seur d ’un pareil nom ait un aussi beau sarcophage. Le
nom bre des racines com m unes à toutes les langues est
grand m ais limité, nous disent Court de Gébelin, Grillot de
Givry, Fabre d ’Olivet, trois grands nom s des hautes études
synthétiques. Ces racines sont des vestiges de la langue
savante universelle qui nom me tout, qui est perdue, et que
tous les sabirs internationaux, du volapuk disparu, à l’ac­
tuel esperanto, qui est sym pathique m ais insuffisant, ne
peuvent rem placer. Les B rahm anes ont enseigné là-dessus
à B lavatsky des choses rem arquables, m alheureusem ent ce
doit être un sujet réservé, car elle se m ontre bien laconi­
que dans la Doctrine Secrète.
Mais revenons à notre Saint gym naste perché sur son
échelle, en p a rfa it équilibre. Sa tête est renversée en arriè­
re.
Cela veut dire deux choses. La prem ière c’est q u ’il re­
garde l’espace supérieur et arrière, chose bien difficile dans
une pareille position et qui n ’est perm ise q u ’à un gym naste
équilibriste ou à un acrobate.
Vous n ’avez q u ’à essayer d’en faire au tan t, vous allez
être vite convaincu. Vous pouvez faire comme Saint-Jean-
Climaque su r le pied de votre lit. Tournez le dos à la lite­
rie. Vous n ’êtes peut être pas aussi fort que Saint-Jean-
Climaque, il vaut m ieux que vous tombiez sur l’édredon.
C’est plus sûr !
La seconde c’est que cet exercice est peut-être le début
d’un au tre plus difficile. P a r exemple de faire comme le
yogi qui se trouve au-dessus de la tête du C hrist à Vézelay.
Peut-être existe-t-il au V atican des dessins anim és perm et­
ta n t de suivre la progression gym nastique de Saint-Jean-
des-Echelles. Si quelqu’un le sait, il p o u rra m ’instruire.
Bien que possédant plusieurs « Vies des Saints » je n ’ai
encore vu que Saint-Jean-Clim aque donner des leçons d’es­
palier suédois et de yoga égyptien combinés.
Le regard surveille les régions supérieure et arrière.
Levavi oculos ad m ontes, unde veniet auxilium m ihi.
Mais vers quels m onts regarde-t-il ? Sûrem ent, vers des
m onts... célestes.
Au milieu du corps, suggérée, mais cachée dans le vête­
m ent noir noué, la spirale cosm ique se lit, comme au bas­
338 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

sin du Christ de Vézelay. La spirale est noire. Est-ce la


n u it saturnienne prim ordiale où les m ultiples nébuleuses
com m ençaient à to u rn e r ? Sans doute, m ais la lum ière
baigne le sacrum . T oujours lui, diraient les Hindous. Notre
schém a est très som m aire. Il n ’a pour b ut que d’indiquer
la posture yogique du Saint. C’est une fois de plus la pos­
tu re du sarcophage du P rêtre Taho du m usée du Louvre.

D’autres détails des m ains, du visage du regard, des


pieds, que hous n ’avons pas représentés des m ouvem ents
du vêtem ent, ont aussi leur valeur, leur signification, leur
révélation.
l ’h o m m e s u s p e n d u , l e y o g a d e l ’é c h e l l e 339

On les voit parfaitem ent sur la photographie de la cou­


verture de l’ouvrage de M. Georges D uthuit auquel on vou­
dra bien se rapporter.
On trouvera dans ce livre bien d’autres dessins ou pho­
tos rem arquables de plusieurs époques de l’A rt et de la
T radition avec des textes écrits par un é ru d it et critique
d ’a rt renom m é, fort savant.
Le Saint, dans sa posture extraordinaire contem ple. En
équilibre instable, au som m et de ses trois barreaux, il prie,
contem ple, se recharge, se redresse, se repose. Il m édite
en contem plant le Z énith. Il nous écrase de son adresse, de
sa tranquillité dans la difficulté, apanage de l’ouvrier du
bâtim ent et du gym naste professionnel.
Dans son grand ouvrage en cinq volumes sur la m ys­
tique tra d u it et connu dans tous les pays, édité en 1854,
l’érudit rhénan Goerres, qui m ilitait sous la Révolution
Française pour la réunion de la Rhénanie à la F rance (Bo­
n ap arte oublia en 1799 de le recevoir, lui et sa déléga­
tion !) traite longuem ent de la vie, des doctrines des Pères
du D ésert aux prem iers tem ps de l’Eglise. C’est une m ine
de renseignem ents. Ces chapitres sont passionnants et sont
à l’appui de notre thèse. Après les avoir lus, il ne fait plus
aucun doute que ces sages vivaient comme des Yogis, seuls
ou p ar m illiers dans des couvents en altitude sur les flancs
du m ont Sinaï.
Ils vivaient conform ém ent aux règles de l’ascèse orien­
tale des mages, des Brahm anes, des Aryano Iraniens pri­
m ordiaux. Ils étaient en plus chrétiens et adoraient le
Christ. Ce n ’est pas tout, ils se livraient à la prière en a tti­
tude gym nastique et liaient des attitudes d ’extension vers
le ciel, de redressem ent et de respir à leurs prières. Ils
avaient donc fait la synthèse Prière + attitudes, continuant
la grande T radition gymno-yogo-ortho-religieuse des prê­
tres égyptiens sur le sol desquels ils étaient venus s’ins­
taller.
Nous avons mis en exergue de ce chapitre, dédié bien
entendu à Saint-Jean-Clim aque, une phrase tirée du livre
du Saint, « L’échelle Sainte ». Voici m aintenant un autre
texte tiré du Tome I de la m ystique de Goerres, page 51 :
« On raconte de Saint Arsène que tous les samedis le so­
leil en se couchant le laissait en prières et q u ’il tenait ses
m ains élevées vers le ciel en continuant de prier, ju sq u ’à
ce que le soleil, en se levant, lui donnât sur le visage, et
340 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

il avait coutum e alors de s’asseoir pour se reposer un


peu ».
Des chapitres entiers su r les modifications de la sensi­
bilité, de la respiration, du poids et su rto u t de la chaleur
interne sont à lire dans la m ystique de Goerres, au cours
des tomes. Ces chapitres m ontrent que le Yoga n ’est nulle­
m ent l’apanage des Yogis hindous, m ais q u ’au contraire,
les Yogis hindous s’inscrivent seulem ent dans la grande
T radition gymno-ortho-yogo-religieuse depuis les prem iers
tem ps du monde. Le docteur R.P. T hurston dit la même
chose su r ces pouvoirs, dans un livre épais et récent p aru
chez Gallim ard dont nous avons parlé en Bibliographie du
Tome I. Les Saints et ascètes chrétiens de cette curieuse
et rem arquable période de l’Histoire de l’Eglise où le Christ
s’était substitué à Ammon-Ra et la Sainte-Trinité chrétien­
ne à la trin ité pharaonique, où les gestes sacerdotaux de­
m euraient ceux de la grande T radition, les Saints et ascè­
tes chrétiens, dis-je, faisaient les mêmes gestes gym nasti-
ques que les personnages des bas-reliefs de Thèbes, de
M emphis ou de Louqsor. Les costum es n ’avaient même pas
changé, la crosse spirale de l’évêque était la Corne d’Am-
mon, sa tiare était celle d’Osiris. Tout cela continuait, tout
cela venait du centre prim ordial m ystérieux, du m anche
du T rident des trois grandes civilisations Irano-A ryenne,
Indo-A ryenne, à l’origine, avant la séparation des Aryas-
H yperboréens, et Egypto-A ryano-sém itique (avant les Hyk-
sos) fille ou m ère de la paire précédente. Goerres ne nous
dit pas que les Saints, Sages, Yogis, Anachorètes, Solitai­
res, Erm ites, Cénobites qui avaient conquis par la m aîtrise
totale de l’E sprit su r la m atière ces rares pouvoirs, pre­
naient des attitudes bizarres et grotesques comme les Ha-
tha-Yogis hindous. Ils ne se passaient pas les ja rre ts p ar­
dessus la nuque, ne cherchaient pas à im iter le chien qui
se lèche le derrière ou l’araignée m ourante qui se recro­
queville hideusem ent. Le Yoga Irano-A ryano-Parsi de Ha­
nish ne comporte aucune de ces attitudes horribles au
point de vue artistique, bestiales au point de vue psycho­
logique, anti-orthopédiques du point de vue médical, et
impossibles du point de vue histologique.
Nous ne m ontrons, nous ne com m entons, nous ne pro­
posons, nous n ’illustrons, nous ne recom m andons, nous
n ’im posons ,aucune de ces postures dans notre ouvrage.
Nous ne les interdisons q u ’aux malades. Si des sujets nor­
m aux peuvent les prendre, tan t mieux pour eux ! Incapa­
l ’ h o m m e s u s p e n d u , l e y o g a d e l ’é c h e l l e 341

bles de les im iter, nous ne prônons qu’un travail possible


pour tous. On voit ici par la magnifique im age publiée par
l’érudit Georges D uthuit le genre de travail que les ascètes,
sages et saints de l’Egypte chrétienne avaient adopté. Le
genre de postures qu’ils avaient choisi entre ta n t de possi­
bilités, entre ta n t d’attitudes du corps hum ain. Il est dans
la ligne de notre livre.
11 y a donc identité entre le geste yogique, la posture
m ystique, la technique archaïque de l’extase (pour parler
com m e Mircea Eliade) la suédoise corrective, la science
gym nastique ancienne des échelles, les postures de perfec­
tionnem ent orthopédique, les courbes classiques résum ant
les lois du Cosmos, les m udras de toutes les religions,
la M azdéenne, la Pharaonique, la Brahm anique, la Boud­
dhique, la Confucéenne, la Chrétienne, la Lam aïque, l’is ­
lamique. Les m ains qui se tendent vers le ciel sont les
m êm es dans toutes les religions.
Les m ains qui se placent aux épaules pour envoyer
les bonnes radiations aux assistants, ou pour m arquer
respect et adm iration envers le Livre que l’on lit à haute
voix sont les mêmes dans toutes les religions.
La docum entation à l’appui de nos dires est m ainte­
nan t suffisante, nous pensons l’avoir abondam m ent dé­
m ontré.
On com prend mieux m aintenant la signification des
beaux gestes de la messe et leur antique origine.
La T radition ortho-gymno-yogique est une.
On trouve dans « La vie des Pères des déserts » ouvra­
ge en 6 volumes du R.P. M arin une vie de Saint-Jean-Cli-
m aque et des extraits de son ouvrage « L’échelle Sainte ».
Saint-Jean-Clim aque est un des Pères de l’Eglise O rtho­
doxe.
Des ouvrages lui fu ren t consacrés à toutes les époques
et notam m ent sous la Renaissance.
Un autre ouvrage que le savant traité de D uthuit est
celui de L acarrière, « Les Hommes ivres de Dieu » chez Ar-
thaud, im portant et largem ent illustré, il expose la vie
pittoresque de ces yogis du désert Egyptien et des m onta­
gnes sinaïtiques. On voit leurs postures yogiques, leurs
gestes de bras, leurs attitudes. Un pays spécial, un mé­
ridien propice à l’éclosion de courants destinés à in stru ire
le monde, la terre sacrée d’Ammon-Râ, comme disait Cham-
pollion, vit se continuer les gestes gym nastiques et ortho­
pédiques, la tendance ascétique et érém itique, le mé­
342 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

pris du monde. L’objet de leur dévotion avait seul changé


ou p lutôt c’était un aboutissem ent norm al. Mais on verra
dans le livre de L acarrière que ces redoutables saddhus,
que l’on crain t aux Indes, trop rem plis, trop débordants
de Force Cosmique, provoquaient parfois des catastrophes !
Leurs émules étaient trop psycho-m oteurs. C’est m alheu­
reusem ent à eux que l’on doit en bonne partie la destruc­
tion des papyrus Pharaoniques.
CHAPITRE TREIZE

Le cœur et les dorsales


Akhénaton et la croix de Saint-André

(Planche XIX. Fig. 30).

Correspondance B rahm anique : le C hakra A nahata.


Correspondance Sym pathique : le plexus cardiaque.
Vertèbres C7 à D4.
Cette statue représente le P haraon A khénaton, du Mu­
sée du Caire (collection Roger-Violet), le roi tient les ins­
trum ents et insignes habituels de sa dignité. Les m ains
ferm ées sont croisées su r le cœur. La tête est très belle,
trop fém inine, avec des lèvres trop grosses, caractère sé­
m itique évident. L’attitude est droite. Cette posture s’appa­
rente aux bras croisés, m ains aux épaules du Kong-Fou.
L’analogie très intéressante est que cette position où
il est en protection du cœ ur est précisém ent une des pos­
tu re s ostéopathiques les plus efficaces pour faire jouer les
vertèbres du cœur.
L’ostéopathe, placé derrière le patient, le soulève avec
ses m ains sous les coudes. L’élévation brusque des épaules
libère les dorsales hautes qui com m andent le rétrécisse­
m ent ou l’élargissem ent des coronaires. Cette statue signi­
fie donc pour nous cœ ur — dorsales, en dehors de sa
beauté artistique, c’est une position de recherche du som­
meil su r le dos excellente. Il suffit de m ettre les m ains à
plat pour provoquer au niveau du cœ ur une chaleur douce
qui détend et prédispose au sommeil, dit Hanish.
Toute statue pharaonique est instructive et celle-ci très
344 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

instructive, car elle synthétise plusieurs branches de nos


recherches, croix ésotérique de Saint-André-Cœur-Chakras-
V ertèbres, etc.
La personnalité d’A kenathon est unique dans la série
des Pharaons. Il fu t un réform ateur religieux épris de
synthèse, de sim plification. Il voulut épurer le culte
d ’Amon-Râ, le ram ener à un m onothéism e très simple. Il
provoqua une révolution. Il échoua. Ceux que passionne
la grande aventure Pharaonique avec ses h au ts et ses bas
trouveront dans le livre de Marcel B ernard, à la Colombe,
des pages révélatrices et passionnantes. L’histoire d’Ake-
naton est longuem ent racontée.
La croix de Saint-A ndré n ’est pas seulem ent bienfai­
sante en position antérieure, le Yoga mazdéen la fait exé­
cuter postérieure, c’est-à-dire bras croisés derrière le dos,
m ains venant aux aisselles. On éprouve en pren an t la pos­
tu re arrière un bon soutien correctif de la colonne.
La belle statue du P haraon Synthétiste m ontre aussi
toutes sortes de choses instructives que ne m anqueront
pas de découvrir les lecteurs soigneux du Tome I.
On se trouvera bien après l’avoir étudié de revenir
voir les postures analogues du Kong-Fou.
CHAPITRE QUATORZE

Le Yoga tête-en-bas
et ses sources archéologiques
Les positions déclives
dans la gymnastique médicale suédoise
Correspondance Brahm anique :
les 3 chakras supérieurs
Correspondance organique active :
cerveau et thyroïde
Correspondance organique passive :
l’air intestinal

La suspension des organes.

La colonne vertébrale n ’est pas seulem ent l’arbre de


vie de tous les muscles du corps, les innervant et les n our­
rissant par ses orifices, m ais elle est bien plus que cela ;
par ces mêmes orifices, libres dans la fraîcheur de la je u ­
nesse, bouchés par la m aturité, par le rhum atism e, elle
innerve sym pathiquem ent les organes comme elle innerve
les muscles. Mieux encore, elle les soutient. Les organes
sont suspendus à la colonne comme les fruits à l’arbre,
comme les habits au porte m anteau.
Des m em branes suspendent les organes à cet arbre de
vie général de l’homme. Quand ces m em branes sont fer­
346 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

mes, les organes sont bien suspendus ; quand elles sont re­
lâchées, les organes descendent et tirent. Ils tire n t sur les
vertèbres auxquelles sont fixées les m em branes. Chose bi­
zarre, alors que les m em branes jeunes et courtes des orga­
nes sont à leur place, les organes ne souffrent pas. Car
il est évident que la m em brane n ’est pas seule à tenir sus­
pendu l’organe. Ce qui le tient surtout, ce sont les pres­
sions des autres organes qui l’entourent et se trouvent
a u to u r de lui et sous lui, et la graisse interne qui rem plit
les interstices. Toutes ces notions sont bien connues des
m édecins et enseignées p ar la médecine officielle. Ce que
celle-ci ignore, c’est que les vertèbres peuvent avoir une
action su r la rem ontée des organes, rem ontée partielle
d ’ailleurs, et su rto u t sur l’am élioration de la douleur due
à la traction dans le dos de l’organe sur la vertèbre.

Schém a des Ptôses

Sur le schéma de gauche nous m ontrons les organes et


la colonne et le principe de leur fixation. Sur le schém a de
droite, on voit des ptôses. Les organes sont descendus, ils
tirent, ils pendent. La cause en est, soit un grand choc
qui a violemm ent tiré sur les cordes de suspension, soit
plus souvent l’am aigrissem ent qui, en enlevant les cales,
a fait tout glisser vers le bas sous l’influence de notre per­
pétuelle ennem ie l’attraction terrestre. Ne pas sentir le cen­
tre de la terre tire r sur nos liquides, nos organes, nos
bras, notre tête, nos vêtem ents, c’est être jeune, c’est être
une voiture bien suspendue. Mais cela ne dure pas tou­
jours. Les estom acs descendent, les vésicules biliaires des­
cendent, les m asses intestinales descendent lourdem ent
ju sq u ’au bassin (les colons transverses). Les reins (droit
su rto u t) descendent et tire n t douloureusem ent sur la taille.
Les seins descendent inéluctablem ent. T out cherche à des­
cendre. Nous n ’avons pas à parler ici des moyens de re­
m ontée, ou tout au moins des moyens d’a rrê t de la des­
cente. Parlons d’un renversem ent des forces qui change
tout, tout au moins m om entaném ent, m ais qui donne du
répit à ceux qui souffrent.
Ce renversem ent des forces, c’est le Yoga. Le chapitre
du Yoga qu\ perm et de supprim er les forces déplorables
de la gravité, et, au contraire, de les utiliser pour la re­
m ontée, c’est le chapitre des positions tête en bas. Tout
YOGA TÊTE EN BAS
348 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

ce qui est tête en bas fait partie de ce que l’on appelle en


gym nastique rationnelle : positions déclives. C’est un en­
semble de techniques très développées dans la gym nasti­
que ancienne des échelles qui florissait il y a 100 ans, sous
Napoléon III, avec Amoros et su rto u t Napoléon Laisné, son
fam eux élève, créateur de la gym nastique médicale dans
les H ôpitaux de Paris, aux jeunes aveugles et aux sourds-
m uets, et m alheureusem ent com plètem ent oublié a u jo u r­
d ’hui dans les endroits mêmes dont il fu t le bienfaiteur.
Les Suédois connaissaient parfaitem ent tout ce qui touche
à la déclivité et su rto u t pour la femme. Ils avaient mis
su r pied une gym nastique congestionnante ou déconges­
tionnante, à volonté, pour l’utérus, et l’illustre T hure
B randt, inventeur du m assage du col de l’utéru s et des
annexes par voie vaginale et du traitem ent des u térus m a­
lades par vibration directe interne, la publia dans les dé­
tails en 1890, dans un énorm e livre bourré de dessins. Les
chirurgiens de cette époque préféraient opérer systém ati­
quem ent toutes les femmes m alades, en les ch âtran t, et ils
in terd iren t la diffusion et la pratique de toutes ces mé­
thodes. Ils sont devenus plus conservateurs a u jo u rd ’hui.
Je connais ces m éthodes depuis 30 ans que je les ai lues
dans T hure B randt, introuvable a u jo u rd ’hui. Mais je ne
les pratique pas.
Je n ’en conserve que les positions déclives qui sont très
agréables pour la fem m e ptosique et qui peuvent être in­
cluses dans les gym nastiques suédoises de lit ou de parquet
ou d ’espalier ou dans des leçons de Yoga. Ce n ’est pas
sans raison que les yogis ont conservé ces positions dé­
clives et les utilisent, elles ont leur signification et leur
utilité.
Ces positions prises d’une m anière lam entable p ar des
m alades abîm és du cou, sous la direction de ces gurus igna­
res dont nous avons parlé plus haut, sont, avec le dispo­
sitif convenable, la bénédiction de la grande fam ille des
ptosiques, aném iques cérébraux et descendus deà organes.
Nous allons donner tous les renseignem ents utiles.
Ce que nous m ontrons ici, c’est une installation desti­
née à placer des enfants atteints de dilatation chronique
des bronches avec infection putride. La position tête en
bas perm et aux sécrétions de rem onter l’a rb re bronchique
et de sortir. *
La durée est d’un q u a rt d’heure à une derni-heure. Le
dispositif est simple : il com prend une planche de contre-
LE YOGA TÊTE EN BAS 349
plaqué et deux épaulières pour servir de butée aux épau­
les. Tous ceux qui ont besoin de s’installer la tête en bas,
peuvent en construire autant. Je connais des personnes
qui, quand elles sentent la fatigue circulatoire et organi­
que, s’installent ainsi avec un livre et y passent un couple
d’heures.
Nul n ’est besoin d’être un virtuose du Yoga, ce dessin
se trouve à la fin de mon traité sur l’espalier suédois (Dan-
gles éditeur, 2e édition).

Bonne et mauvaise position tête au sol.


Un grand hebdom adaire proposait à l’adm iration de
ses lecteurs, il y a deux ans, une photo en couleurs de
l’Inde, où l’on voyait un yogi, la tête en bas, les pieds en
l’air.
Du prem ier coup d’œil, je fus frappé par l’écrasem ent
du cou et la position de la tête. Celle-ci, qui chez l’homme
norm al doit rem uer, baller et vivre au-dessus des épaules,
librem ent, était, si l’on reto u rn ait la photo, effroyablement
rentrée comme celle d’une tortue qui va se m ettre à l’abri.
Certes, tout le monde n ’a pas le Schw anenhals des lan­
gues germ aniques, le cou de cygne ou col de cygne des
auteurs français ; déjà chez un être norm al la loi de la
m orpho-anthropotechnie règne et sépare les cous longs —
cuisses courtes et les cous courts — cuisses longues qui
sont les m orphotypes fréquents de M anouvrier et de Thoo-
ris ; m ais il y a aussi les cous longs — cuisses longues
chers aux peintres et aux sculpteurs et les cous courts —
cuisses courtes des races télescopées. Certaines fam illes
hum aines com ptent, en effet, dans les centaines de millions
d’êtres qui les composent une énorm e proportion de dos
voûtés tout en haut avec cou rentré dans les épaules et
épaules rem ontées sous les oreilles. La région télescopée
est anatom iquem ent, physiologiquem ent et cliniquem ent
celle par où sortent les nerfs du foie, et naturellem ent
comme par hasard, ces races se plaignent de leur foie
toute leur vie.
Alors qu’on cherche un mieux être m ental et organi­
que, mais on peut réussir ou rater tous ces exercices tête
en bas. Tout cela n ’est pas pour les raidis. Ils ne cher­
chent pas à m uscler un cou déjà vieux et plein d’a rth ro ­
350 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

ses p ar le support des charges de plus en plus lourdes,


m ais bien au contraire à l’allonger, à le dégager en même
tem ps q u ’ils poursuivent leur principal but : le renverse­
m ent de la gravité pour leur tronc et leurs jam bes. La po­

sition qui est bonne pour le reste du corps ne doit pas au


passage finir d'abîm er une région essentielle. Aussi, con­
seillerais-je à tous ceux qui ne peuvent faire le Yoga
appuyé sur les coudes, de s’acheter un panneau de contre-
plaqué, d'y faire fixer deux blocs de bois recouverts de
LE YOGA TÊTE EN BAS 351

feutre e* de prendre des positions déclives de plus en plus


fortes, comme sur la photo des enfants bronchiques.
Q uand on a le cerveau ralenti et q u ’on ne peut plus
m ener ses affaires, quand on a le cœur, le foie et les bras
plus ou m oins paralysés, alors on commence à com pren­
dre le rôle du cou, dont la Médecine n ’a jam ais parlé, m ais
seulem ent un Suédois et les Brahm anes, et q u ’il vaut la
peine de le garder souple et libre pour plus tard.
Le Yoga Irano-M azdéo-Egyptien com prend de m erveil­
leux m ouvem ents de m assage du cou p ar le sujet lui-rnême,
des m ouvem ents de déblocage progressif des cous lésés, par
le sujet lui-mêm e qui m anquent com plètem ent dans le
Yoga hindou.
En ta n t que position de rem usclage, de développement
d’appel de circulation, la position déclive, m ais à plat ven­
tre, était utilisée autrefois par Napoléon Laisné. Celui-ci
avait inventé l’échelle orthopédique, qui est une échelle
m unie sur le m ilieu d’une planche de glissem ent.
Elle s’accroche à l’espalier et perm et de donner au gym­
naste l’inclinaison que l’on veut. 45° au m axim um , en gé­
néral.
Les pieds fichés dans les alvéoles que form ent les in­
terstices des barreaux, les m ontants extérieurs et la glis­
sière centrale, on peut travailler avec les bras au musclage
du dos.
La congestion sanguine est intense dans le dos, la co­
lonne, la nuque, la face, le cerveau.
Les aném iques et les raréfiés sanguins cérébraux, les
hypotendus, etc. se trouvent aussitôt très bien dans cette
position.
Le m ouvem ent d’A rlaud donne, en quelques secondes
dans cette position, réchauffem ent du dos qui change im ­
m édiatem ent de couleur. C’est de la gym nastique suédoise
rationnelle ou du yoga vertébral, si l’on veut.
En résumé, les positions tête en bas, confortablem ent
et com m odém ent aménagées donnent :
— congestion modérée ou forte de la tête (selon posi­
tion) ;
— allongem ent et détente du cou (voir nos réserves
plus haut) ;
— allègem ent de la charge circulatoire des jam bes ;
— c o ng e st i o n c o n c o m i t a n t e d u t r o n c ;
— c e s s at i o n des t r a c t i o n s des p tôse s ;
-— c o ng e st io n c i rc u l a t o i r e cou, t h y r o ï d e et V i s u d d h a .
352 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

Je proscris form ellem ent, pour la p lu p art des m alades


qui se dirigent vers le Yoga, la position très déclive ou
com plètem ent verticale, tête en bas, le poids reposant sur
la septièm e cervicale ou proém inente (vertèbre du cœ ur),
car le cou plié, m enton forcé sur la poitrine, la thyroïde
est com prim ée et congestionnée. Pour certains c’est indi­
qué, pour d ’autres non.
Conclusion : La position tête en bas est rem arquable
quand elle n ’abîme pas le cou, m ais elle n ’est pas pour les
débutants.
Je me garde de tra ite r des sujets suivants :
— diaphragm e et position inversée,
— diaphragm e et m asse intestinale (T hooris),
— pression sur le diaphragm e pelvien (T hooris),
— respir et psychism e en position inversée,
— courants vertébraux en position inversée, etc ;
questions passionnantes qui ne peuvent trouver place dans
un livre sur les grandes lignes des positions du corps hu­
main.
Nous term inerons en disant que dans l’Archéologie
C hrétienne, la position tête en bas est connue. Le Prince
des Apôtres, Gall comme le Christ, a été crucifié la tête
en bas. Les fam euses clefs du plus illustre des portiers (ou
la fam euse clef, selon les statues) sont évidem m ent celles
qui ouvrent les trois mondes, d’en haut, d’en bas et celui-
ci, le nôtre. Une indication, une des très rares que nous
ayons sur cette posture renversée, venant d’une haute au­
torité est fournie par les paroles de Saint-Pierre à ses
bourreaux « Crucifiez-moi la tête en bas, afin, dit-il, q u ’on
ne voit pas le Serviteur dans la même attitude que le Maî­
tre ». Paroles de modestie évidem ment, mais qui m ontrent
q u’il n ’y a rien de m auvais dans cette posture a n tin a tu ­
relle où les pieds sont face au ciel et la tête tournée vers
le centre de la terre.
T out de même, et contre l’opinion de certains yogis,
fort exercés d ’ailleurs, nous ne pensons pas que cette po­
sition doive être gardée pendant des heures.
L’hom me est traversé par des rayonnem ents, dont no­
tam m ent la redoutable gravité dirigée vers le centre de la
terre est le moins niable. Nous avons été construits pour
être verticaux, tête en h au t pendant la vie diurne, solaire,
et horizontaux' pendant la vie nocturne, lunaire ; toute
autre position ne saurait être que m om entanée. Elle n ’est
pas norm ale.
LE YOGA TÊTE EN BAS 353
354 YOGA IRANIEN E T ÉGYPTIEN

Cette posture a p o u rta n t pour ceux qui peuvent la


supporter des utilisations précises.
D ans la longue série de postures égyptiennes du traité
de H anish, il n ’y a pas une seule attitude tête en bas.
H anish qui les connaissait évidem m ent, puisqu’elles
sont traditionnelles, devait les réserver aux colonnes am é­
liorées, allongées et consolidées.

Tête en bas et air interne.

Sous l’appellation générale d’Air Interne, nous com­


prenons tous les phénom ènes de tym panism e, de gonfle­
m ent, d’aérophagie et d ’aérocolie.
P our ceux qui ne sont pas m édecins voici ce que veulent
dire ces mots : Il y a beaucoup de gens gonflés qui étouf­
fent, dont les organes sont com prim és (cœur su rto u t), dont
le diaphragm e ne peut descendre en pren an t su r un esto­
m ac ou des tubes intestinaux gonflés anorm alem ent d’air.
Cet air ne devrait pas se trouver là. On com prend par
quels phénom ènes norm aux il devrait s’élim iner, m ais su r­
tout il ne devrait pas s’accum uler dans le serpentin intes­
tinal en grande quantité. On trouvera dans « Médecine
vertébrale de toutes les m aladies chroniques » les vertèbres
de l’aérophagie et de l’intestin — nous n ’en parlerons pas
ici ; c’est la base du traitem ent que de les libérer. E nsuite
voici ce qui, du Yoga, est en rapport direct avec cet air
superflu.
Ce sont les postures tête en bas. Cela ne nous étonne
pas, puisque nous avons vu que dans ces postures les orga­
nes cessent de tire r sur leurs m ésos-élastiques.
De plus, dans cette position, l’a ir sort comme p a r le
goulot d’une bouteille. Il ne dem ande q u ’à s’élever et à
sortir, p ar l’anus.
Beaucoup de m alades gonflés d ’air ont été améliorés par
ces positions quand ils peuvent les prendre sans danger
pour leur cou.
CHAPITRE QUINZE

Liaison des techniques

On a vu à la fin du livre « G ym nastique corrective ver­


tébrale » com m ent com biner les techniques du train supé­
rieu r et les techniques du train inférieur.
Le principe est le suivant. Pourvu que les accroupis
soient corrects orthopédiquem ent, pourvu que les mouve­
m ents du train supérieur soient corrects orthopédiquem ent,
c’est-à-dire exécutés avec une tête, un cou et un dos droits,
un poum on qui respire tranquillem ent et correctem ent, on
peut faire les com binaisons que l’on veut.
Dès lors, les com binaisons sont nom breuses, que le tra in
inférieur soit à genoux (correct) assis (correct) ou accroupi,
on peut faire exécuter au train supérieur :
— les m ouvem ents suédois correctifs
— les m oulinets persans respirés
— les petits haltères et m assues légères
—le bâton ou m anche à balai
— la barre de fer légère
— le kong fou du livre précédent
Nous avons pris le détail des m ouvem ents suédois, in­
com parables, dans la corrective vertébrale, nous allons dire
un mot du bâton.
Le bâton, après les suédois de bras, est ce qu’il y a de
plus échauffant du dos, de plus apaisant psychiquem ent, de
plus débloquant pour l’ensemble articulation scapulaire —
plèvre des somm ets. — Ils sont légers, la m usculature ne
se développe sans doute pas, m ais ils n ’am ènent pas la
m oindre fatigue. Sur la neige, ou le sol durci des préaux,
356 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

l’hiver avec un bâton de ski ou le m anche à balai gym nas­


tique, ils am ènent à la longue une telle carburation dans le
tronc q u ’il y a sudation. Les élèves sont obligés de se dés­
habiller.
Le bâton peut aussi se faire debout, m ais l’accroupi
oriental simple a de telles vertus vertébrales que le travail
debout, n ’amène pas la m oitié de la chaleur vertébrale que
donne l’accroupi.

Nous avons donc le Tableau :


Moulinets persans
Correctifs suédois
H altères et m assues
Manche à balai
B arre de fer très légère
Kong-fou
Postures H anish
Conclusion
CONCLUSION 350
CONCLUSION 361
La petite prom enade est term inée. Nous avons syn­
thétisé dans un schém a en form e de croix — le m eilleur
et le plus simple — toutes les sciences, toutes les occu­
pations hum aines en rap p o rt avec le Yoga au sens géné­
ral. Presque tout est en rapport avec l’étude générale du
Yoga telle que nous l’avons envisagée. On p o u rra it d’une
science à une autre tire r des tra its quand elles sont en
rap p o rt étroit. On obtiendrait des figures. Ce serait com­
pliquer l’énum ération qui est partiellem ent classée. Ce
qui est divin est en haut, ce qui est a rt est à gauche, ce
qui est ingeneering est à droite, les sciences explicatives
et docum ents qui naissent peu à peu au cours des m illé­
naires, pour nous in stru ire et nous éclairer sont en bas.
Je ne connais bien, naturellem ent que certaines d’entre
elles. Je n ’ai pas la prétention de tout savoir. Mais il est
évident qu’elles répondent à toute question posée sur le
Yoga, si ces questions sont de moyenne difficulté ! Pour
les questions insolubles pour ma faible capacité vous avez
plusieurs solutions, locales ou lointaines.
Les solutions locales c’est de vous acheter un tabouret
pliant comme pour le golf et de vous installer avec un
chapeau pour la pluie et des lorgnettes au centre de la
place de la Concorde (vous serez tranquille, il n ’y a per­
sonne) ou devant Notre-Dame (vos poches seront inven­
toriées et vous serez horriblem ent bousculé !) Méditez
longuem ent chaque fois, « ora labora et invenies », n ’a ttra ­
pez ni un rhum atism e ni une pleurésie. Les solutions loin­
taines sont de p a rtir vers la Sagesse, d’aller étudier dans
les Pyram ides, à Louqsor, ou au Thibet, ou à Benarès. La
Santé Publique s’est fortem ent améliorée en Asie, vous
risquez tout au plus d’a ttra p e r la peste, le typhus, la fièvre
jau n e ou le choléra ou de passer un mois au lit à cause
des vaccinations. Q u’est-ce que cela pour un Yogi ? Son­
gez à nos ancêtres qui allaient à pied de Stockholm à
Compostelle ! Nous sommes devenus bien difficiles. C’est
ce que disent les lignes aériennes. Mais j ’entends en moi
diverses voix sages qui me parlent : voix européennes
èrém itiques ou asiatiques brahm aniques qui m ’in stru i­
saient autrefois :
— « Restez chez vous, pratiquez et méditez, voyagez
seulem ent en esprit. »
Certes, avec ce que j ’ai dit dans ce livre, vous en avez
pour votre vie durant, comme m usculation du dos, comme
évasion de l’esprit, comme écrasem ent des genoux, comme
362 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

élargissem ent des poum ons. Passons m aintenant à la ré­


ponse aux questions de l’Introduction. J ’ai répondu à toutes.
E t quibusdem aliis, comme disait Pic.
H anish a dit vrai : toutes les postures principales du
Yoga sont gravées dans ou sur la pierre pharaonique, sous
la direction des plus grands m aîtres qui aient existé : les
P rêtres Egyptiens. La m ine est inépuisable.
Tous les pays, époques, civilisations, rites et religions
ont pris et développé l’un ou l’autre chapitre. Les chapi­
tres les plus utiles, les plus rem arquables sont la Sainte-
Messe, la Suédoise de Ling, le Yoga des Brahm anes, les
postures des Pharaons, celles des Bouddhas et Lam as, la
gym nastique des m alades de Confucius, la gym nastique
vertébro-pulm onaire m ilitaire des anciens Aryens Irano-
Perses, celle qui se p ratique toujours à T éhéran dans les
sous-sols de la Banque Melli.
Toutes ces attitudes sont belles, sont nobles, sont salu­
taires, sont dirigées vers le haut. Elles ne sont pas ani­
males, m ais hum aines. Toutes les religions ont em prunté
leurs attitudes sacerdotales, leurs gestes sacrés, à ce Yoga
traditionnel prim ordial.
La Passion du plus grand des Gurus, le Gall Jésus de
N azareth est une m ine d’allégories et d’enseignem ents. Tous
les tem ps principaux et outils ont une utilisation et une
application sur le plan psychique et sur le plan orthopé­
dique. Je pourrais écrire un livre en les expliquant, et en
tire r l’orthopédie, la vertébrothérapie et la traum atologie.
Tout est dans tout et tout est dans la Passion. C’est pour
cela que cette réserve énorm e d’idées a inspiré au cours
des âges des œ uvres d’a rt sans nom bre, dont les musées
de tous les pays de la race aryenne sont bondés, de même
que les tem ples et musées de la race jaune sont bondés
de Bouddhas, dans toutes les postures, yogiques aussi, de ce
livre, archéologiquem ent beaux et précieux, eux aussi.
Conservons la partie du Yoga B rahm anique qui vient
de ces postures simples, belles et orthopédiques. Conser­
vons ce qui est d’origine aryenne comme les lois im m or­
telles de l’Avesta, des Védas et de Manou, les prem ières et
les m eilleures que possède et puisse suivre l’hum anité et
d ’où so rtirent la Chevalerie (jam ais égalée) l’Eglise, les Pré­
ceptes Moraux du Pythagorism e, ceux du Bouddhisme, etc.
Les im m ortefles Lois de Manou précèdent de nom breux
m illiers d ’années les fam euses Tables de la Loi, écrites
pour des gens qui se gardèrent de les appliquer, pas plus
CONCLUSION 363
que les Grecs n ’appliquèrent les Lois de Solon, pas plus
que les Arabes n ’appliquent le Koran ou que nous, les
Aryens, nous n ’appliquons l’Evangile ! Sans cela nous
serions parfaits, nous serions même des P arfaits. Il s’en
faut, hélas ! Mais ce yoga peut nous servir à nous am élio­
rer un tout petit peu, à condition q u ’il soit droit, facile,
simple et propre et convienne à notre race. Rejetons les
contorsions, les com plications, les désarticulations invrai­
sem blables du Yoga Hindo-m élanien, tout ce qu’il a d’anor­
mal, d’impossible ou de grotesque. T out cela n ’est pas
pour nous. Le T résor traditionnel Aryen et blanc nous suf­
fit pour nous occuper largem ent toute notre vie gym nas­
tique, orthopédique, yogique et sanitaire.
L’hom m e écrasé et recroquevillé p ar la vie m oderne, la
préoccupation et l’épuisem ent nerveux, a besoin de s’étirer
vers le haut, de respirer, de se redresser, il n ’a pas à se
m ettre dans l’attitude compliquée de l’araignée qui va
m ourir.
Notre livre contient plus de techniques salutaires q u ’au­
cun lecteur non professionnel n ’au ra le tem ps, la patience
ou le courage d’en pratiquer. Une seule suffit à faire du
bien.
Saluons les gym nastes, prêtres, chefs m ilitaires, savants
ou m édecins Aryens du Plateau de P am ir qui ont conservé
tout cela des civilisations prédiluviennes hyperboréennes,
et l’ont transm is aux peuples du T rident (voir Tome I).
et su rto u t aux Iraniens et aux Mazdéens.
Rem ercions les P rêtres Egyptiens et les Pharaons qui
ont gravé tout cela impeccablem ent dans la pierre des
m onum ents de leur im m ortel pays, m aître d’école du monde
entier par Pythagore et les Grecs.
Ils ont sauvé, conservé et transm is fidèlement et utile­
m ent ces trésors qui perm ettent à l’hum anité de s’am é­
liorer, comme dit Hanish après les délabrem ents « dûs à la
maladie, au péché et à l’e rreu r » ! Et personne dans l’h u ­
m anité n ’est à l’abri, au cours de sa vie, de la m aladie, du
péché et de l’erreu r ! E rra re hum anum est, a dit le Philo­
sophe latin.
A quoi le malicieux m oraliste du Moyen-Age a rétorqué :
Sed perseverare diabolicum !
Ling qui a sauvé la race nordique en 1800 de la dégé­
nérescence, des déform ations osseuses et surtout de l’alcoo­
lisme et de la tuberculose pulm onaire par des moyens
uniquem ent gym nastiques et vertébro-pulm onaires, m iracle
364 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

unique dans l’H istoire, a dit : tout se réduit à un petit


nom bre de postures têtes de chapitres, sim ples et h au ­
tem ent bénéfiques, certainem ent bénéfiques parce que sim ­
ples et possibles à utiliser pour tous.
La vertèbre est la clef de vie.
Nous savons a u jo u rd ’hui quelle est la vertèbre qui
déclenche l’Infarctus du Myocarde et quelle est la vertèbre
qui libère les coronaires. Albert Abram s l’enseignait à
Chicago en 1880 et si tout le monde l’ignore en Europe
c’est au monde médical officiel qu’on le doit. Ce sont ces
gens-là qui ont mis la lum ière sous le boisseau.
J ’ai, en novem bre 1964, tra ité par les vertèbres un
leucémique ; j ’ai agi su r les régions qui sont en rapport
avec le sang et les ganglions. Les ganglions ont dim inué
de m oitié et le laboratoire a m ontré quelques jo u rs après,
que les globules rouges avaient augm enté de 100 000 et les
globules blancs dim inué de 50 000 après une seule séance.
Un mois après, un nouvel examen du sang a m ontré encore
une au tre augm entation de 100 000 pour la série rouge et
une nouvelle dim inution de 60 000 pour les blancs.
Soit au total 200 000 de plus pour les rouges et 110 000
de m oins pour les blancs, en 4 séances. Je ne prétends pas
que ce soit-là l’unique traitem ent des aném ies et leucé­
mies, m ais c’est un élém ent im portant. Dans des livres
précédents j ’avais déjà signalé tout cela, m ais la consigne
est de ronfler dans le monde officiel. La Chimie seule les
intéresse. Il est interdit de parler d ’autre chose. La ver­
tèbre est bien la clef de vie des P rêtres Egyptiens, des
Lam as Thibétains, des B rahm anes, des médecins de la
Chine ancienne. Elle est bien l’in te rru p teu r que tournaient
Im hotep à Edfou, il y a 5 000 ans, Hippocrate à Cos,
Galien au Cirque à Rome au tem ps du Christ, Avicenne
à Bagdad en l’an 1000, pour rétablir le courant de la Force
Vitale, interrom pu par « la m aladie, le péché, ou l’erreur »...
En faisant le Yoga de Hanish, sans aucun ostéopathe,
ni aucun chiropractor, la N ature notre mère, vous fera
bien jouer quelques-unes de ces vertèbres ; quelques-uns
de ces interrupteurs. T antôt les unes, tan tô t les autres ; la
Vie circulera le long des nerfs qui com m andent tout, qui
sont la base de tout comme l’ont déjà enseigné Ranvier et
Vulpian.
Il existe,’ tout au m oins en partie, une auto-ostéopa­
thie, une auto-ehiropractique. Les positions impeccables
de la Suédoise sont a u ta n t de postures de déblocage ver­
CONCLUSION 365

tébral, comm e l’a m ontré mon confrère Piédallu dans sa


plaquette « l’ostéopathie, ses rapports avec la gym nastique
analytique » Tissié lui avait enseigné tout cela. Les pos­
tures de Yoga sont aussi souvent des postures où les ver­
tèbres jouent seules, H anish l’a bien dit et expliqué Mais
il ne faut jam ais forcer. Surtout quand on est un rh u m ati­
sant douloureux.
Le pilier vertébral est l’arbre de vie, le pilier Djed,
la colonne christique des cathédrales. Soignez-le, il vous
soignera. Redressez votre pilier vertébral comme le font
O siris et Isis à Louqsor, ou l’ange de l’Eglise de Rochefort
en Bretagne, et vous rajeunirez sans produit chim ique.
La Colonne vertébrale est une tire-lire d ’où vous pourrez
tire r la vitalité dans votre vieillesse, rem plissez-la des
forces Cosmiques d’En H aut dans la jeunesse et l’âge m ûr.
Grâce au présent livre, Im hotep, fondateur, il y a 5.000
ans des Facultés de Médecine de l’ancien em pire, où Hip-
pocrate fit ses études, enseigne toujours et au ra des m il­
liers de successeurs. Gloire à lui. Qu’il soit notre architecte
corporel, notre médecin et notre m aître de sagesse, comme
il le fut pour le P haraon Soser et ses successeurs.
Les derniers Papes voudraient, dit-on, supprim er le hié­
ratism e, la noblesse des attitudes sacrées ? Pourquoi ?
Sur la suggestion de quels dém olisseurs ? Sous la pression
de quels destructeurs ? Sur l’ordre de quels anarchistes ?
Qui cela gêne-t-il ? En supp rim an t la Messe, le C hristia­
nism e se supprim erait im m édiatem ent. C’est ce q u ’atten ­
dent ses ennemis.
Ce qui fait vivre le C hristianism e c’est le Yoga invisible
dans les prêtres en ta n t que form ation et mode de vie
appliquant les principes du tome I et dans les cérémonies
en ta n t que gestes et attitudes appliquant les principes du
tome 2 m ais présent et essentiel. Puissent toutes les Reli­
gions se réunir autour du Yoga Pharaonique, père de toutes
les attitudes sacerdotales de toute la planète, ta n t q u ’il en
est tem ps encore.
Puisse chacun tire r p arti de ces deux ouvrages. Leur
richesse est im m ense : c’est celle des M aîtres anciens dont
les nom s sont égrénés tout au long du livre et que l’In stru c­
tion Publique française se décidera peut-être un jo u r à
enseigner aux enfants. Cette richesse perm et de se diriger,
grâce à la révélation de toutes les gym nastiques, vers tous
les Yogas, toutes les orthopédies, toutes les branches de la
T radition en com prenant leur filiation et leurs différences.
366 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

Chacun, après essai du tout, choisira ce qui lui convient.


T out est centré sur la colonne vertébrale base, source
(comme m ouvem ents) et origine (comme force organique)
de tout. S i on l’enlève, il n ’y a plus rien. Il n ’y a même plus
d’être hum ain : on sait dans quel état est un invertébré.
H éritier de la tradition, m on seul m érite est, comme dit
si bien M ontaigne, d’avoir groupé, classé, lié tout cela.
J ’y ai m is beaucoup de tem ps. Muni des nom breuses pan­
cartes indicatrices que contiennent ces deux tomes, vous
irez plus vite que moi.
P uissent ces explications être utiles au lecteur. Puisse-
t-il, doctus cum libro, devenir son propre professeur,
comme le voulaient les Romains.
Je lui souhaite régénération, gaîté et santé ! Dem an­
dez et vous recevrez, Aide-toi le Ciel t ’aidera.
Puisse le Feu Sacré .qu’aim aient les Mages de l’Iran
ancien pénétrer « Modéré, ininterrom pu, lent, égal, blanc,
léger, chaud, hum ide, doux, continu, intarissable et le seul
voulu p a r la N ature » p ar le respir nasal yogique et faire
m archer le chauffage central vertébral toute la vie, chez
celui qui se m ettra au travail.
Puisse ce livre être la boussole de ceux qui veulent
étudier, qui ont soif de com prendre (cette soif qui ne ta rit
jam ais, a dit Goethe) et qui veulent s’am éliorer.
Comme l’a ju stem ent dit Bonald, l’hom m e est une in­
telligence servie p ar des organes. Le Yoga est fait pour
calm er, n o u rrir et détendre les organes, pour libérer l’intel­
ligence, qui n ’est q u ’un éclair dans la longue n u it cos­
m ique, m ais qui est l’essentiél, cmome l’a bien enseigné
H enri Poincaré.
P o u r celui qui est lucide, on entend, venant d’un avenir
effrayant, le piétinem ent sourd des légions en m arche,
l’inondation scientifique, aveugle de l’effroyable troupeau
canalisé, dans lequel nous ne serons plus q u ’un num éro
pour la grande carte perforée que sera alors une société
autom atique totalitaire dirigée im pitoyablem ent' par les
m achines.
S’il en est tem ps encore, avant d’être engagés définiti-
tivem ent dans ces effroyables concasseurs sociaux, ouvrons
notre nez, redressons notre colonne, réchauffons notre
chauffage central, arrachons les écailles de nos yeux, libé­
rons nos organes p a r nos vertèbres afin de nous RÉVEIL­
LER, pour vivre LIBRES, comme les Gallo-romans et les
F rancs, nos ancêtres.
Bibliographie
Renseignements
Sources

Nos pères connaissaient les Vimanas. Les soucoupes vo­


lantes ou O.V.N.I. (objets volants non identifiés). Comme du
temps des premiers Aryas, ils continuent à nous visiter. Dé­
fense d’en parler. Ordres officiels. Sociétés d’études dans tous
les pays du monde. Service important au Pentagone et à l’Ami­
rauté U.S.A. Société Française G.E.P.A., 69, rue de la Tombe-
Issoire, Paris, dirigée par des Généraux de l’armée de l’Air et
des Ingénieurs de l’Aéronautique. Les Brahmanes ont dit vrai :
l’espace est vivant et parcouru en permanence.
La liquéfaction de l’Eglise. Elle s’opère également. Dé­
fense d’en parler. Défense de la voir. Lisez le livre de Michel
de Saint-Pierre, Les Nouveaux Prêtres. Si vous voulez le récit
de la bataille dans l’église du quartier le plus chic de Paris
(Hénaurme rigolade, et réconfortante), lisez la revue répandue
par l’Abbé de Nantes, directeur du Séminaire de Théologie de
Saint-Parres-les-Vaudes (Aube), demandez les n°* 29 et 181.
Ce sont les plus croustillants.
T hooris van Borre. Ses ceuvres : La vie par le stade, Le
chant humain, La médecine morphologique, Gymnastique et
massage médicaux, etc. Presque tous ces livres sont épuisés.
Dr A. Leprince. Tous ses livres sont en vente à la librairie
Dangles, 38, rue de Moscou, Paris, et notamment son traité de
Réflexothérapie.

H. M. de Campigny. Ouvrages simples et instructifs, indis­


pensables pour comprendre Inde et Egypte (Astra). La Tradi­
368 YOGA IRANIEN ET ÉGYPTIEN

tion Hindoue et Le Brahmanisme ésotérique, Les Traditions et


les Doctrines ésotériques, Théorie et pratique des Yogas, La
Tradition Egyptienne, Bouddhi Yoga et ta Voie de l'initiation,
etc.

Pr Vandier. Ses ouvrages archéologiques sur l’Egyptologie


sont en vente à la Librairie Picard, 82, rue Bonaparte, Paris.
Ils sont accompagnés de grands atlas de photographies. Très
épais. Officiels. Instructifs.

Dr Hanish . Nombreux ouvrages en vente à la maison-mère


pour la France, 152, bd St-Germain, Editions Mazdéennes, et
à la Librairie Aryana, 18, rue des Quatre-Vents à Paris.

Vloberg. L’Eucharistie dans l’Art. 2 vol. (Arthaud). Epuisé.


G. D uthuit. Le Feu des Signes, ouvrage de luxe encarté,
Histoire, Archéologie, Critique d’Art Ancien très illustré. (Edi­
tions Skira).
Lacarrière : Les Hommes ivres de Dieu. Arthaud. Facile à
lire pour le grand public cultivé.

Canseliet. Le Mystère des Cathédrales. Nourrissant mais


hermétique ; très belles photos. (J. J. Pauvert).
Professeur Louis R e n o u . Notre spécialiste n° 1 d’Hindouis-
me à la Sorbonne. Lire d’abord Sanskrit et Culture, l’apport
de l’Inde à la Civilisation Humaine. (Payot, Paris) ; ce livre de
189 pages, facile à lire, ouvre tout. Ensuite les beaux hymnes
du Véda dans « Hymnes Spéculatifs du Véda ». (N R F ) et d’au­
tres ouvrages pour nous faire lire les classiques de l’Inde.
I ran. Nombreux ouvrages et notamment des ouvrages de
Voyages, de Critique Sociale, de Métaphysique Avïcennienne,
d’Art, etc. Folklore : Le Théâtre et la Danse en Iran, par Med-
fed Rezvali (Maisonneuve et Larose). Iran par Vincent Monteil
(Editions du Seuil) ; livre à la fois critique de la politique en
Iran et admiratif de l’Art et de l’Histoire, très instructif, pour
le grand public. Philo : ouvrages de Henry Corbin Sur Avi-
cenne, Jnana Yoga et la Métaphysique Iranienne (chez Maison-
neuve). Culture philosophique nécessaire. Voyages Paysages :
Iran, Eternel Iran, (Elsevier) Iran, de Furon (Payot).
Zourané. Les rotations et les mouvements avec les massues.
Celles de la Photo pèsent jusqu’à 50 kg ! La lumière de cette
Photo lui donnfe l’air d’un Rembrandt. Je remercie également
Madame de Douhet. Sa connaissance approfondie de l’Iran nous
a été précieuse.
BIB LIO G R A PH IE 369
Breker. Une exposition a eu lieu, à un moment psycholo­
gique déplorable et intempestif, en 1940 ! Quelques minutes de
Brahma, pour parler comme les Hindous ont heureusement
passé. Qu’attend notre très savant, notre entreprenant Ministre
de la Culture, qui fait voltiger la Vénus de Milo vers Tokyo,
pour nous montrer de beaux Breker comparables à des Bude, à
des Falconnet, à des Bourdelle ? L’art n’a pas de frontière.

Champollion. Livre (in 8°) très attachant, de Madeleine


Pourpoint (au Cercle français du Livre). C’est tout de même
un Français qui a trouvé le principal sens des hiéroglyphes !

Mépris du Monde. C’est le nom d’une revue. Série d’études


sur le Yoga Chrétien, l’ascèse, la vie solitaire du Sanhyasin.
Clair. Pur. Simple. (Editions Neuvelaerts).
Maryse Choisy. A l’époque, déjà lointaine où je débloquais
les vertèbres des délinquants et leur faisais faire du Yoga, avec
un grand succès, Maryse Choisy écrivait des livres sur les pri­
sons et les délinquants, livres vécus et qui eurent un grand re­
tentissement. Son livre « Yoga et Psychanalyse » est savant,
profond, formidablement documenté. Il aborde les terrains dan­
gereux. Notre livre est bien plus simple et a voulu se borner
aux grandes idées. Livre pour lecteurs aguerris seulement. (Edi­
tions du Mont-Blanc).

Les Sectes chrétiennes (chez Payot). Simple et complet,


par G. "Welter. Du train dont va cet inénarrable concile il y en
aura bientôt une de plus ! qu’importe, il y en a déjà eu 400...
La fin du livre, sur certaines sectes slaves, est une bonne dis­
traction pour lecture après dîner.

Ruiz Arnau. L’hygiène de l’Attention et Vautorégulation


consciente. (Doin éditeur). Petit livre instructif.
Rama P rasad. Les forces subtiles de la nature (s’adresser
librairie Adyar, 4, square Rapp). Le livre paru en 1910 est
épuisé.
Médecines non conformistes. L’Aromathérapie, utilisée par
les Brahmanes, les prêtres de Confucius, les Pharaons et sur­
tout par Avicenne, est de nouveau à la mode. Ouvrage très do­
cumenté L’Aromathérapie par le Dr Valnet. Traitement de
toutes les maladies par les plantes (Maloine).
Chronologie des Brahmanes. Tout est exposé dans le livre
sur YArya Samadj par le Swami Dayananda Sarasvati en 1902.
Ce monument existe toujours dans l’Inde. L’histoire de l’Huma-
370 YOGA IRANIEN ET ÉG Y PTIEN

aité était déjà longue, et la Tradition recueillie régulièrement


il y a 18.800 ans ! Les Brahmanes conservent tout cela et ne
sont pas pressés de le montrer. Les ricanements des savants
modernes les laissent royalement indifférents. Comme ils ont
raison I Lire Campigny à ce sujet et Jacolliot.
Courant chrétien Extra-Juif . Lire 1’ « Evangile ésotéri­
que de Saint-Jean », par Paul Lecour. (Librairie Atlantis). Cet
évangile est... extra-juif ligne par ligne. Lecture réconfortante
pour les helléno-aryo-européens, mais lecture qui ne se fera
plus guère, le dernier concile, qui égale presque celui de Chal-
cédoine où les évêques se battirent à coup de poings, a décidé
de le mettre à la poubelle. En attendant de supprimer la Mes­
se ! Que restera-t-il ?
Du même auteur Hellénisme et Christianisme. Jésus était-il
Juif ? (Librairie Atlantis) je ne partage pas les opinions d’Atlan­
tis sur Rome et sur le Yoga.
Le Yoga de la messe. Lire le merveilleux tout petit livre
de R. Emmanuel « La messe vue par les yeux de l’âme » avec
dessins. (Editions André, 13, rue Emile Duclaux, Paris).
La Grèce Immortelle, élève de Pythagore et des prêtres
Egyptiens : lire Pleins feux sur la Grèce antique par le même
auteur, même éditeur.
Akhénaton. Lire de Bernard. L’Egypte et la genèse du sur­
homme (La Colombe). Intéressant archéologiquement et plus
encore philosophiquement. Infortunés Réformateurs I
Tempéraments et Yoga. Si vous voulez connaître les ten­
dances au Yoga, le besoin de Yoga, selon votre groupe sanguin
ou votre moment zodiacal, lisez deux livres où cette question
n’est pas traitée directement comme je la pose, mais où tous
les renseignements nécessaires de caractérologie se trouvent :
1) Groupes sanguins et Tempérament par Léone Bourdel, sa­
vante psychotechnicienne (Maloine) et La Série Astrologique
d’André Barbault. Un livre par signe. Caractère remarquable­
ment exposé, cela vous ouvrira des horizons.
Je ne crois pas à l’Astrologie Judiciaire, mais les caractères
et des prédispositions sociales des Signes sont un fait évident.
D’ailleurs le Zodiaque est dans les Cathédrales, autour du Christ.
Louqsor. Identique à La Concorde.
Dessin de Lucie Lamy
Table des Matières

Introduction .................................................................................... 11

PREMIERE PARTIE
QUELQUES ASPECTS SCIENTIFIQUES
DU RESPIR NASAL ET DIAPHRAGMATIQUE
I. — La vie et les idées de deux grands médecins gym­
nastes et yogis, Arlaud et Hanish ............................... 25
II. — Le nez dans le Yoga et le développement cérébral 93
III. — Le Diaphragme dans le Yoga et le respir rationel .. 122

SECONDE PARTIE
L’ANTICHAMBRE DU YOGA par le Docteur J. J. LAUBRY
Introduction .................................................................................... 181
I. — Manière de se comporter à table ............................... 185
II. — Comment combattre nos mauvaises habitudes ---- 187
III. — Exercices pratiques de Yoga ...................................... 190

TROISIEME PARTIE
LE YOGA VISIBLE ET UTILISABLE
I. — Postures pharaoniques debout .................................. 199
II. — Moulinets respirés persans très anciens et Prise de
force .................................................................................. 209
III. — Bras en chandelier. Cercueil du prêtre Taho ......... 214
IV. — Le Yoga de la messe ..................................................... 238
V. — Travail à plat ventre ..................................................... 252
VI. — Etude générale des accroupis ................................... 259
VII. — Assis parfait des pharaons .......................................... 292
VIII. — Travail couché sur le dos .......................................... 296
IX. — L’ouverture de l’homme antérieur ........................... 302
X. — Apprentissage de l’espace postérieur. De Louqsor
à Vézelay ......................................................................... 311
XI. — Le redressement du Pilier Djed .................................. 321
XII. — L’homme suspendu. Le Yoga de l’échelle ................ 330
XIII. — Le cœur et les dorsales ............................................. 343
XIV. — Le Yoga tête en bas et ses sources archéologiques 345
XV. — Liaison des techniques ................................................. 355
Conclusion ....................................................................................... 359
Bibliographie. Renseignements. Sources .................................. 367
Table des Hors Textes
. 1 : Dr. Arlaud (Photo CAF, Toulouse).
2 : Dr. Hanish (Photo C. et G. Bungé).
3 : Le pharaon Ranaphir ; posture debout (Photo Bulloz).
4 : Colosse de Ramsès II (Photo Roger Violet).
5 : Moulinets Respirés (Photo Giraudon).
6 : L’Officier du Roi (Photo Giraudon).
7 : Cercueil du prêtre Taho (Photo Bulloz).
8 : Les préoccupations hautes du Sacerdoce d’Amon-Ra
(Photo S. Lacouture).
9 : Le Vent d’Arno Breker (Photo Charlotte Rohrbach).
10 : Petites danseuses du Mastabah (Photo Bulloz).
11 : Les 3 mouvements vertébraux (Photo Bulloz).
12 : Messe de Saint Grégoire (Photo < Archives Photographi­
ques des Monuments Historiques»).
13 : Le Yoga sur l ’obélisque de Louqsor (Photo Rouers).
14 : Ramsès II rampant (Photo «Archives Photographiques
des Monuments Historiques»).
15 : Travail à plat ventre. La cuiller à parfums (Photo Bulloz).
16 : Bouddha du Musée Guimet (Photo Roger Violet).
17 : Le scribe accroupi (Photo Roger Violet).
18 : Le scribe de dos (Photo Giraudon).
19 : L’ascète Agastya en méditation (Photo Bulloz).
20 : La femme accroupie fermée sur ses secrets (Photo Gi­
raudon) .
21 : Le Général et ses secrets, base du Yoga Irano-Egyptien
de Hanish (Photo Giraudon).
22 : Le couple dans l ’extase (Photo « Archives Photographi­
ques des Monuments Historiques»).
23 : Le Pharaon Ousertosen 1" (Photo Roger Violet).
24 : La femme ailée (Photo Giraudon).
25 : Le Connétable de Montmorency (Photo Giraudon).
26 : L’ouverture de l’homme antérieur. Louqsor (Photo Roger
Violet).
27 : La maîtrise de l'espace postérieur. Louqsor (Photo Roger
Violet).
28 : La Psyché d’Àrno Breker (Photo Charlotte Rohrbach).
29 : L'échélle de Notre-Dame (Photo Roger Violet).
30 : Le Pharaon Akhénaton (Photo Roger Viiolet).
31 : Le Zourané (Photo Godard).
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D octeur A. de S A M B U C Y

DÉFENDEZ V O S VERTÈBRES
c o n t r e l e s c h o c s , la d é c a l c i f i c a t i o n , le r h u m a t i s m e ,
l e s m é t i e r s d e b o u t s e t l es t r a i t e m e n t s brut aux
Ne laissez pas vieillir votre colonne vertébrale
c'est un capital or

20 e m ille - Un volum e 13,5 x 22, 224 pages


A bondam m ent illustré

Ce livre est écrit par un hom m e du métier pour le grand public — pour
tous ceux qui ont une raison de s'intéresser à la colonne vertébrale et aux
maladies chroniques. Les uns parce qu'à la suite d'accidents, d'efforts, de
rhumatismes, de choc moral, de station debout prolongée, de grossesses
déminéralisantes, ils ont vu le bas de leur colonne s'affaisser et des troubles
dans les jambes apparaître. Les autres parce q u 'ils sont engagés dans le débat
que discute et expose l'auteur. Engagés parce qu'acteurs et travailleurs en
colonne vertébrale. Ces travailleurs cherchent à apprendre du nouveau et
à élargir leurs moyens d'action. Ils ont entendu parler des inventions, appa­
reils, techniques, écoles et centres créés par l'auteur et ils veulent perfectionner
leur métier. Ce sont les masseurs, gymnastes médicaux, professeurs d 'é d u ­
cation physique, ostéopathes, chiropractors et bien d'autres. Ce sont aussi
les médecins qui veulent connaître les découvertes et m éthodes modernes
parce q u 'ils se rendent com pte que l'époque des injections de produits c h i­
miques com m ence à décliner. Ce sont enfin ceux qui, naturistes, ho m éo­
pathes, archéologues, veulent savoir la liaison qui existe entre la colonne
vertébrale, arbre de Vie et maison des nerfs, et du Sym pathique et toutes
les activités qui intéressent l'hom m e. Com m ent les grands précurseurs ont
mis sur pied au cours des âges la m éthode Synthétisée dans ce livre.
L'auteur s’exprime, dans un Français fam ilier, en ingénieur, en médecin,
en masseur, en ostéopathe, en gymnaste, en orthopédiste, d ’une manière
pratique.
De nom breux dessins illustrent la partie pratique de l'ouvrage. Ainsi
chacun peut faire l'essentiel pour le massage, le redressement, la suspension,
le remusclage de son propre dos, même s’il n'a pas près de lui un Ingénieur
de la Colonne vertébrale.

T A B L E D ES M A T IE R E S . — Préface. — Avertissem ent au lecteur. — La cybernétique v e rté ­


brale. — La clef de voûte. — L'appui c o n s ta n t — Le tem p s-colo nne. — S ym bolique de la F ondation
m édico-gym nastique.
I. — PARTIE RÉCRÉATIVE. — I. L'actu a lité de l'im b ro g lio . — II. M. C o udulap in chiropractor. —
III. Le chapeau de gendarme. — VI. Le recordm an de la dro g o -c h im ie . — V. M ote urs poussés et m orceaux
d'os. — VI. La Tour de Londres. — VII. Les forces perpendiculaires. — VIII. C onclusion.
II. — PARTIE A N E C D O T IQ U E — I. C om m ent la m aladie m 'a oblig é à devenir ingé nieur en colonnes.
— II. Mes v in g t inven tion s pou r le travail des colonnes.
III. — PARTIE P R A T IQ U E — I. H isto riq u e du travail pratique. — II. A tous ceux qui v eule nt se
régénérer. — III. Les tissus com posan t le rachis. — IV. C onseils pratiques aux malades de lacinqu ièm e
lom baire. — V. Les neuf tem ps : 1 er tem ps : M asser; Calmer. 2 e tem ps : É longation passive; se détendre;
se suspendre. 3 e tem ps : Redressement dorsal, se redresser; respirer. 4 e tem ps : C irc u la tio n ; m uscles;
se rem uscler; se réchauffer. 5 e tem ps : Tirer; allo n g e r; le secret de l'a llo n g e m e n t 6 e tem ps : D é bloque r;
détordre; craquer; m odeler; c h iro p ra c tiq u e ; ostéopathie. 7 e tem ps : Tem ps m édical; désin fecter; recal-
cifier. 8 e tem ps : S o uten ir; supp orter; corseter; plâtrer. 9 e tem ps : Schéma postural; sentir sa c o lo n n e ;
surveiller son attitude. — VI. Travail ancien et travail m oderne des scolioses. — VII. Cinquièm e lom baire
et accidents.
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Docteur A. de S A M B U C Y

NOUVELLE MÉDECINE VERTÉBRALE


d e t o u t e s l es m a la d i e s c h r o n i q u e s
d é b l o c a g e d e t o u s les o r g a n e s
Ne désespérez pas ! Les vertèbres peuvent tout arranger

Préface par le D octeur Jean-Jacques LAU BRY

Un volum e 13,5 x 22, 368 pages - abondam m ent illustré

Ce livre révèle qu 'u ne M édecine nouvelle est née. C'est l'ap plication
à cent maladies des méthodes exposées dans « Défendez vos vertèbres ».
La première Partie énumère les points de la médecine officie lle qui
sont reconnus séparément et enseignés com m e bases inébranlables de la
Science m édicale des H ôpitaux et Facultés. Ils sont au nom bre de huit. L'auteur
les groupe et leur union fait subitem ent apparaître la médecine vertébrothé-
rapique et ostéopathique telle que le m onde officiel la nie et la com bat I
Cette médecine, do nt les succès dans des cas inespérés ne se com pte
plus, a do nc des bases solides et indiscutables, dans les Doctrines officielles
elles-mêmes signées des plus grands noms.
C'est l'entrée en matière anatom ique et neurologique, illustrée de
hors texte. On com prend alors scientifiquem ent com m ent les anciens Égyp­
tiens avaient raison en gravant sur la pierre « la vertèbre est la cle f de vie ».
La seconde Partie met aux prises les deux manières de penser et d'agir
du m onde civilisé : l'esprit analytique Sém itique et proche-O riental qui a
donné naissance à la médecine Européenne au M oye n-A g e et l'esprit syn ­
thé tiq ue Aryen, O ccidental et Extrêm e-O riental, aboutissant à une médecine
mécanique, non chim ique et naturelle. C'est la partie religieuse, historique,
philosophique et anthropologique. Sa base principale est l'ancienne doctrine
vertébrale des Prêtres Égyptiens (illustrée). L’auteur appelle ces deux te n ­
dances « les deux cylindres » opposés qui m euvent le cerveau humain.
La troisièm e Partie, après un bref résumé de données mécaniques
vertébrales est la plus im portante (200 pages environ). Elle est consacrée
aux applications systém atiques que fa it le Docteur de Sambucy, Ingénieur,
M édecin, Ostéopathe, Masseur, Gymnaste, Orthopédiste, du traitem ent par
les vertèbres aux maladies les plus variées. Ces études durent depuis 30 ans
et com prennent plus de 100 innovations, recherches ou découvertes sur les
maladies de tous les organes possibles, vérifiant ainsi les affirm ations du
M édecin Am éricain Still en 1885.
Ce livre, et la révélation des am éliorations des m alades-va provoquer
une Révolution totale. Certains chapitres, notam m ent celui sur les mystérieuses
fo n ctio n s du cou, en rapport avec la migraine chronique, les sinusites, les
vertiges, le trem blem ent, les vomissements, l'anxiété, l'insom nie, la perte
de mémoire, sont une im portante extension de la Science M édicale. La m éthode
de réchauffem ent des mains, des pieds, du crâne, des organes internes, n'est
pas moins passionnante.
D6fendez vos vertèbres était le livre de la M éthode et des outils.
« Nouvelle M édecine Vertébrale » est le livre des A pplications aux maladies
par la libération du Sym pathique, ce M aître et régulateur de tous les organes
qui com m ande aussi bien la circulation cérébrale que celle du bout des doigts.
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Docteur A. de S A M B U C Y

GYMNASTIQUE CORRECTIVE VERTÉBRALE


La r e c o n s t r u c t i o n d'un d o s s o l i d e
à la p o r t é e d e t o u s
28 e m ille - Un volum e 13,5 x 22, 432 pages
illustré de 500 dessins et tableaux de m ouvem ents dessinés par l'auteur

Ceci est la présentation de la Cinquièm e édition d'un livre qui a nourri


de connaissances indispensables tous les professeurs de gym nastique, g y m ­
nastes m édicaux, gymnastes orthopédistes, vertébrothérapeutes, professeurs
de culture physique de langue française.
Il a aussi été acheté par tous les êtres faibles, malingres, dim inués,
ou déviés qui y ont trouvé cent recettes pour leur état.
Les médecins inspecteurs des écoles, les spécialistes d'enfants se sont
instruits du chapitre Biométrie. Ils ont appris à regarder, à toucher, à expertiser,
à apprécier un dos. La nouvelle édition est très im portante : elle réunit aux
con cep tions mécanique, visuelle, géom étrique, et naturellem ent, active, la
con cep tion osthéopathique. En chaque endroit du livre où c'est utile on tro u ­
vera le po int de vue osthéopathique c'e st-à -d ire le po int de vue vertébro-
thérapique qui convient com m e mise en branle ultra-m oderne du chapitre
et de l'a ctio n considérée.
La Conception Sam bucienne unit et com bine le massage, le redresse­
ment, la suspension, l'allongem ent, le déblocage des vertèbres, le développe­
m ent du tronc, le m odelage du tronc, le massage pédestre du tronc, le cultu
risme du tronc, la m usculation du tronc à plat ventre, le renforcem ent du
cou sur le dos, réchauffem ent des troncs retardataires par la barre de fer, etc.
Toute autre manière de travailler est désuète, périmée. A chacun de ces points
traités dans ce livre, est justaposée l’idée de déblocage vertébral qui permet
de m ieux la réaliser. C'est dire que cette synthèse ultra-m oderne, associant
heureusem ent les procédés efficaces de la Perse, de l'Inde, de laChine, avec
l'ortho pé die de la vieille-europe et le déblocage vertébral américain est le
dernier m ot du progrès.
Une très im portante préface fa it le po int sur l'état actuel de la médecine
vertébrale, de la vertébrothérapie et des divers moyens de transform er l'être
hum ain en France et dans le monde.

Parties principales du livre :

— A rchitectu re : anatom ie m écanique du tronc. Lois m écaniques p rin c i­


pales de la colonne et du corps.
— Biom étrie : expertise et examen com plet du corps. Tables de poids-
taille. Tableau de faces anormales.
— Développem ent du cou : séries avec et sans appareils.
— Thorax : travail Hindou. Correctifs français officiel, Suédois, Persan avec
massues. Yoga Persan ancien.
— V entre : examen. Séries au parquet.
— Bassin : m écanique orthopédique.
— Développem ent du tron c faible par la barre de fer de Laisné.
— Familles de mouvements spéciaux pour l'épaule et le poum on.
— Travail à plat ventre : m ouvem ent d'A rlaud. M arches correctives pour
groupes.
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Docteur A. de S A M B U C Y

LES DEUX SO U R C E S
DE LA MÉDECINE EUROPÉENNE
Équilibration d e s d e u x c o u r a n t s e n n e m i s .
S y n t h è s e d e l'A m é r iq ue à l'Arabie e t au Pamir,
du t r è s A n c i e n e t du t r è s M o d e r n e

Un volume 18 x 25, 2 24 pages, illustré

Ce livre révèle et expose les deux médecines opposées, ennemies et


com plém entaires existant depuis H ippocrate et depuis la préhistoire. Voici
chaque courant, ses grands médecins, ses idées, ses utilités, ses dangers,
vus de manière libérale, ses excès, ses dégâts.
La maladie actuelle de l'U niversité est de vivre sur les idées du bas
M oye n-A g e, époque où furen t fondées les Universités, par les Savants Juifs
et Arabes, qui, à cette époque, enrichirent l'O ccident. Le règne du réveil-
m atin et du m oulin à prière n'a jam ais cessé. On récite, on parle, on répète,
on rabache, on s'incline devant le mandarin. Inventions, applications, expé­
rim entations, m odifications, travail manuel, sont discrédités et interdits. A c tu e l­
lem ent on assiste à un écroulem ent général de ce système odieux, périmé,
sans valeur pratique.
— Ch. I. — Les 181 Pourquois insolubles posés au Médecin.
— Ch. II. — La crise de 1944. La dissociation de la médecine.
— Ch. III. — Fabrication dans certains hôpitaux du masseur qui ne masse pas.
— Ch. IV. — La soi-disa nt médecine physique et ses diverses fumisteries.
— Ch. V. — La loi indispensable, do nt personne ne veut, pour sauvegarder
les colonnes vertébrales.
— Ch. VI. — Le pot de cham bre en or. — Le roman de la Cortisone.
— Ch. VII. — Histoire. L'apport In d o -lb é ro -A ra b e ; X e et X Ie siècles. L 'a p ­
port V é d o -lra n o -A ryo -C e lto -G ré co -S u é d o is : IV e et I I I e siè­
cles avant J.-C .
— Ch. VIII. — B iographie et Prière de M aim onide (cou ran t Indéo-A rabe).
— Ch. IX. — Raym ond LU LLE , père des machines cybernétiques.
— Ch. X. — Comparaison po int par po int entre l'esprit sém itique, a n a ly­
tique et chim iqu e et l'esprit vé d o -ce lb o -a ryo -g re c s y n ­
thétique et mécanique, tous deux indispensables. C ha­
pitre philosophique de 60 pages.
— Ch. XI. — Insuffisance du courant nordique naturopathique.
— Ch. XII. — Les idées séparées do nt la m édecine o fficie lle fa it sem blant
de ne pas com prendre la synthèse.
— Ch. XIII. — Un moyen propre et moderne d'em poisorlner un dem i-
m illiard de fem m es de race blanche.
Chapitre sur le pour et le contre de la Pilule.
— Ch. XIV. — L'exode massif des médecins belges a u ra -t-il lieu ?
— Ch. XV. — Les soixantistes et la chaire de Dichotom ie.
— Ch. XVI. — Les quartiers de Paris, sans eau potable.
— Ch. XVII. — Connaissances indispensables à répandre.
— Ch. XVIII. — Ufi hom m e pe u t-il réunir en lui les 2 courants ? C onclusion. —
A nticipatio n. — Lectures utiles.
ACHEVÉ D ' I M P R I M E R
SUR LES PR ESSES DE
l 'im p r im e r ie SPÉCIALE DES
ÉDITIONS DANGLES, a PA R IS
DÉPÔT LÉGAL ÉDITEUR N° 255

Dépôt légal 2e trimestre 1973. — Imprimeur N° 1864

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