Seconde EMERAUDE Samedi 14 novembre 2020

Mme Quéinnec

DST de Français
2h30

Texte : Incipit de Madame Bovary, Gustave Flaubert, 1857.

CONSIGNES :

Vous répondrez aux questions suivantes concernant l’incipit de Madame Bovary.

→ Vos réponses seront toutes entièrement rédigées (sauf pour la question 6) et vous
justifierez l’ensemble de vos propos en vous appuyant sur le texte et sur ses procédés.

→ Pensez à utiliser des brouillons avant de rédiger au propre vos réponses.

→ Vous avez le droit d’écrire sur le texte qui vous est donné.

→ Lisez attentivement l’ensemble des questions avant de commencer à répondre.

→ Veillez bien à la gestion du temps.

→ Pensez pour cela à prendre en compte le barème qui vous aiguille sur la teneur de la
réponse attendue.

→ Pensez à sauter des lignes entre chaque réponse.

→ Le sujet n’est pas à rendre.

QUESTIONS :

Le portrait d’un personnage ridicule et ridiculisé.

Remarque : l’ensemble des questions suivantes contribuent à démontrer cette idée (question
bilan).

1) Quelle est la position du narrateur de cet extrait ? Justifiez………............................................ /1.5 pts

2) Quel est le point de vue de ce narrateur, sa focalisation dans cet extrait ? Justifiez. ............. /1.5 pts

3) Dans le paragraphe 4 (lignes 8 à 15), dans quels sens progresse le regard du narrateur ?
Quelle impression cette manière de décrire le personnage contribue-t-elle à créer ? Quelles
caractéristiques du personnage apparaissent ici ?
Vous justifierez votre réponse en vous appuyant sur le texte (citez-le) et l’analyse de
procédés............................................................................................................................................... /4 pts

4) Paragraphes 5 et 6 (lignes 16 à 23). En quoi l’attitude du personnage le démarque-t-il des

autres élèves ? Vous justifierez votre réponse en vous appuyant sur le texte (citez-le) et
l’analyse de procédés. ...................................................................................................................... /3 pts

5) Lignes 24 à 34, de « C’était une de ces coiffures » à « la visière brillait ». Comment la

« casquette » de Charles est-elle décrite ? Vous justifierez votre réponse en vous appuyant
sur le texte (citez-le) et l’analyse de procédés.
Quels liens pouvez-vous faire entre cette description et le portrait du personnage ? ............ /3 pts

6) Recopiez et complétez le tableau suivant, en sélectionnant des citations, procédés analysés

et interprétations qui appuient l’idée que cette scène met en évidence la cruauté du regard
des autres. (Remarque : complétez autant de lignes dans le tableau que de procédés
relevés.) /3 pts

Procédé Citation(s) Interprétation(s) (Sens – effet produit ;

lien avec l’idée à démontrer)

7) QUESTION BILAN.
Vous montrerez que l’écriture de cette scène contribue à dresser le portrait d’un
personnage à la fois ridicule et ridiculisé.
Vous vous appuierez sur l’ensemble du texte et sur vos réponses précédentes notamment
en sélectionnant les analyses les plus significatives (citations, procédés analysés,
interprétations).
Vos éléments de réponse devront être organisés.
Votre réponse n’excèdera pas 200 mots.
/4 pts
 Madame Bovary, Première Partie, chapitre I, Gustave Flaubert, 1857.

Cet incipit du roman de Flaubert présente le jeune Charles Bovary, futur époux de l’héroïne éponyme.

1 Nous étions à l'Etude1, quand le Proviseur entra suivi d'un nouveau habillé en bourgeois
et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et
chacun se leva comme surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître d'études :
5 - Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre
en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où
l'appelle son âge.
Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était
un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun
10 de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre2 de village,
l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste
de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures3 et laissait voir, par la fente des
parements4, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient
d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés,
15 garnis de clous.
On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme
au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures,
quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous
dans les rangs.
20 Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir
ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de
façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière ; c'était là le genre.
Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manœuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la
prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une
25 de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du
chapska5, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces
pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le
visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines6, elle commençait par trois boudins
circulaires ; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de
30 poils de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné,
couvert d'une broderie en soutache7 compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon
trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland. Elle était neuve ; la visière
brillait.
- Levez-vous, dit le professeur.
35
Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.

1 Etude : l’étude est à comprendre comme aujourd’hui, comme une salle, une heure de permanence à l’école ; le maître d’étude
est celui qui la dirige, un surveillant.
2Chantre : Celui qui chante.
3Entournure : Partie du vêtement, qui fait le tour du bras au niveau de l'aisselle.
4Parement : (ici) Étoffe riche ou voyante qui ornait autrefois le bas des manches des habits d'hommes ou les devants d'habits

d'hommes ou de femmes.
5Chapska : Coiffure militaire.
6Baleine : Tige flexible qui sert à tendre un tissu, à lui donner forme.
7Soutache : Sorte de galon (Bande de tissu épais qu'on pose sur le bord, les coutures de vêtements, pour orner ou les empêcher de

s'effiler).