SAN-DP141006-Résolution Des Conflits Éthiques - 16-17 - Étudiants

Résoudre des dilemmes
éthiques
L’éthique naît et vit moins de certitudes
que de refus de clore de façon définitive
des questions dont le caractère récurrent
exprime un aspect fondamental de la
condition humaine
Laurence Robatto – cours de «maturité spécialisée santé & modules

complémentaires» 16-17
SAN-DP141006-Résolution des conflits éthiques- 15-16 1

LRO-dernière mise à jour : 09.02.2016
Table des matières :
 Définition et étymologie  Les principes éthiques dans les soins

 Morale et éthique  Les problèmes et questionnements
 La morale innée ou acquise éthiques
 Devoir et morale  La démarche de résolution des
conflits éthiques
 L’éthique: expression de la liberté
 Les plus values
 Éthique de la santé et enjeux
 Le dilemme éthique
 Professionnels de la santé et  Les valeurs
éthique
 Les étapes
 Les finalités
L’éthique, c’est l’art d’être
toujours en chemin, avec  Exemple de dilemmes éthiques
actuels
comme intérêt premier, le
souci de l’Autre

« (…) régénérer l’éthique non pas pour s’adapter à notre
Introduction
temps, mais, vu la carence éthique de notre temps, pour
adapter notre temps à l’éthique »
Edgar Morin, Éthique (La méthode 6)

 L’éthique est une démarche d’origine philosophique, fondée sur la réflexion, qui procède par un
questionnement sans cesse renouvelé à la recherche de la justification de nos actions ou décisions. De
nature critique et interrogative, elle utilise l’échange et le débat dans le but de raisonner sur les valeurs et
les jugements moraux et de définir les fondements du « bien agir » ou d’une « vie bonne ».
 Clonage, thérapies géniques, OGM, changement climatique, dérégulation de la finance, procréation
médicalement assistée, sécurité alimentaire, médecine prédictive, inégalités sociales, nanotechnologies,
nouvelles technologies de l’information et de la communication, raréfaction des ressources naturelles,
bien-être animal,… : la liste des sujets où le statut de l’homme ou son action font l’objet de
questionnements est longue.
 Si les progrès scientifiques et médicaux ont eu tendance pendant longtemps à concentrer l’attention,
notamment en raison de leur impact sur l’être humain, l’émergence des problématiques
environnementales a entraîné plus récemment un débat autour des conséquences de l’activité humaine
et mis l’accent sur la question de la responsabilité, particulièrement sur le long terme, vis-à-vis des
générations futures.
 plus de 6 milliards d’hommes face à une remise en cause de leur environnement et la perspective d’une
pénurie d’énergie,
 Les progrès techniques procurent à la médecine des pouvoirs inouïs, elle est investie d’une demande
exorbitante, ouvre des questions que l’humanité ne s’était jamais posées et remettent en question nos
conceptions de la santé
 Le développement économique  une marchandisation du corps et de ses parties.
 La transformation du domaine de la santé en un lieu soumis aux règles du marché questionne les valeurs
traditionnelles des professions de la santé, les fonctions et les rôles et augmente le désarroi (la souffrance
morale parfois) des professionnels.
Le questionnement éthique
Une leçon clinique à la

Salpêtrière (Par le
Professeur Jean-Martin
CHARCOT par) André
BROUILLET, 1887
Exposé à la Faculté de
Médecine de
l'Université de Paris V,
René Descartes
Photo : Dr Aly Abbara.
•

Définition et étymologie
 Une origine philosophique et une double étymologie :

 Ethos : (eta) séjour habituel, demeure, résidence des animaux et des êtres humains;
 Ethos : (epsilon) caractère habituel, d’où habitude, coutumes usages, mœurs d’une
personne ou d’une cité.
 L’éthique questionne mais ne prend pas position au sens de la morale.

 Les humains, pour vivre ensemble se donnent des règles morales en terme de:
«que faut-il faire en général pour être intégré au groupe?».
 Pour les spécialistes de la santé mentale, l’éthique se définit comme étant une
norme de conduite ou d’actions à l’égard des autres et comme l’ensemble des
principes moraux adoptés par des individus et un groupe d’individus pour
élaborer des règles de conduite au sein de la société (Remley et Herlihy, 2007)

Définition: morale et éthique
La morale :
 Définition: du latin «mos, mores» signifie les mœurs , les us et coutumes.
 Elle répond à la question «que faut-il faire ou ne pas faire en terme de bien ou
de mal, d’interdits».
 Ce sont des règles de vie d’un groupe social qui permettent la survie du groupe et sa
pérennité dans le temps.
 Culturelle et implicite : la morale se construit par l’éducation familiale et sociétale.
Mais elle est aussi individuelle au travers des expériences personnelles
La responsabilité (=notion morale)
 Etre en charge de…
 Avoir le souci de…
 Sentiment intérieur de conscience personnelle en lien avec les valeurs
culturelles, sociales, familiales et individuelles

Définition: la morale: innée ou acquise
Selon NICOLAS BEAUMARD: psychologue, philosophe et anthropologue

(institut Jean-Nicod, Ecole normale supérieure de Paris) estime que:
 Une grande partie est innée en lien avec l’évolution de l’humain.
 L’instinct parental, l’affection des proches même l’empathie se retrouve
chez un certain nombre d’animaux dont les primates.
 La morale est aussi une capacité qui s’apprend avec l’interaction sociale.
 Les jugements moraux sont produits sans effort de façon automatique et
inconsciente.
 Faire le bien est source de de plaisir et un ingrédient au bien-être.
 Il y aurait un sens moral universel bien qu’influencé par la culture(
environnement)

Définition: éthique et morale
 D’un point de vue étymologique: les deux termes « morale » et « éthique »
ont une signification identique.
 Origine latine : morale : de l’adjectif latin moralis, lui‐même dérivé de mores, « les
mœurs »,
 Origine grecque, éthos : à peu près le même sens : « coutume, mœurs, habitude ».
L’éthique commence
là où le juridique finit”  Pour Aristote l’éthique se rapporte à la vertu : « La vertu est propre à faire
Michel Dion, viser le milieu » (Aristote, 2004).
spécialiste en éthique
des affaires  De cette conception aristotélicienne, une définition possible de notre
conception contemporaine de l’éthique pourrait être : « une disposition à
agir d’une façon délibérée, par rapport à un juste milieu relatif à nous, lequel
est déterminé par la raison » (Morin et Brunet, 2000).
 Guy Bourgeault, éthicien à la Faculté d’éducation de l’Université de
Montréal, « (…) entend par morale ce qui est système et codification
d’exigences régissant la conduite humaine, alors qu’il entend par éthique ce
qui oriente (…), par des questions et propositions plus que par l’imposition de
règles, la conduite humaine » (1990, p. 53).

 L’éthique désigne quant à elle une forme de pensée qui se situe au-delà
de la morale, une « méta-morale »1 en quelque sorte, raisonnant sur les
fondements du bien et du mal, les valeurs et les jugements moraux. Elle est
en outre une réflexion qui a pour finalité de rechercher les fondements
raisonnables du « bien agir »
« Faut-il distinguer entre morale et éthique ? On peut […] discerner une
nuance, selon que l’on met l’accent sur ce qui est estimé bon ou sur ce qui
s’impose comme obligatoire. C’est par convention que je réserverai le terme
d’ « éthique » pour la visée d’une vie accomplie sous le signe des actions
estimées bonnes, et celui de « morale » pour le côté obligatoire, marqué par
des normes, des obligations, des interdictions caractérisées à la fois par une
exigence d’universalité et par un effet de contrainte ». (P. Ricœur, 1990)

Morale Éthique
On parle de valeurs, en lien
Elle est faite de théories
Binaire avec un contexte
Ouverte
normatives et de lois elle est basée sur une analyse
Elle désigne ce qui, dans intuitive, au cas par cas
l’ordre du bien et du mal, Elle désigne le registre de
Figée
se rapporte à des normes, Situationnelle l’intention, de la visée qui
à des impératifs, à des habite un sujet dans sa relation
interdits à l’autre et à l’institution
Référent Référent
externe interne
Impose Cherche et
que dois-je faire? questionne la comment dois-je mener ma vie?
la réponse
réponse
Pratique de l’équilibre réflexif

: aller-retour
continuel entre nos
sentiments et
les principes
Définition: éthique, morale et droit
Porte sur le bon et le Porte sur le légal et l’illégal
mauvais Renvoie aux valeurs
recommande sociétales
Contraint et protège
Porte sur le bien et le mal

commande
Pratique de l’équilibre réflexif : aller-retour

continuel entre nos sentiments et
les principes
L’éthique comme expression de la
liberté individuelle
« La sagesse pratique consiste à inventer les conduites qui satisferont au mieux
à l’exception que demande la sollicitude en trahissant le moins possible la
règle (…). Elle (la sagesse pratique) consiste (…) à inventer les comportements
justes appropriés à la singularité des cas. Mais elle n’est pas pour autant livrée
à l’arbitraire, (…). Jamais la sagesse pratique ne saurait consentir à transformer
en règle l’exception à la règle » (Ricœur, 1990)
 Pour Ricœur, l’homme est d’emblée un sujet libre et c’est cette liberté qui
implique sa responsabilité

Éthique de la santé & enjeux éthiques
actuels
 Éthique de la santé:
 Identification, analyse et résolution des problèmes éthiques qui surviennent dans
l’intervention en santé, que ce soit dans le soin direct, la prévention ou la
promotion, la recherche, l’enseignement ou la gestion. (Saint-Arnaud, 2006)
 Enjeu éthique:
 = objet de discussions théoriques suscitées par des développements scientifiques
ou des changements dans les pratiques, qui créent des conflits de valeurs dans le
domaine de la santé. Ex.: enjeux éthiques suscités par la désinstitutionnalisation en
santé mentale, par le suicide assisté en résidence pour personnes âgées, etc.
Par exemple: Selon un programme d’évaluation et de traitement psycho-gériatrique, mis en
place par des infirmières dans la communauté à Baltimore (Blass et al, 2006), les nouveaux
enjeux éthiques sont:
 L’établissement d’une alliance thérapeutique / le droit au refus de traitement
 La protection de la confidentialité / la protection du patient
 La protection de l’autonomie / l’application de la bienfaisance
 L’arrêt de traitement/ les bénéfices apportés
Les questions éthiques dans les
pratiques professionnelles
Mission Toute prestation d’un professionnel de la
CHAMP DE RESERVOIR santé intervient en réponse à une besoin
L’ÉTHIQUE Philosophie
DE SENS Vision Mais:
Quel sens je donne Les soignants sont-ils dans l’obligation de
à ma pratique? répondre à tous les besoins ?
Mots-clefs
VALEURS traducteurs Comment déterminer le caractère vital de
ces besoins ?
du sens
En cas de grève de la faim, doit-on forcer la
personne à s’alimenter et s’hydrater? Et
jusqu’où peut-on aller dans la prise en
charge technique (pose de sonde
Comment les règles gastrique, gastrostomie)?
REGLES vont-elles témoigner Pour qui ? Pourquoi pratiquer de tels

CHAMP DE LA gestes?
MORALE du sens que je Quelle est la part du consentement, du
donne à mon action? refus de soins, de l’obstination
Que dois-je faire? déraisonnable dans certaines situations?
ACTION
Fortin P.et Parent J.P, Le souci éthique dans les pratiques professionnelles
Arrêt des soins
Non-escalade thérapeutique – Retrait thérapeutique
Directives de non-réanimation – Directives anticipés
Allocation des ressources
Conflit au sein de l’équipe ou avec les patients / familles
“Inconfort” morale lié à la prise en charge
Sédation palliative
Très utile Très peu utile
Le seuil des soignants Celui du patient

Qu’est-ce qui est médicalement indiqué?
Jusqu’où aller?
Il y a une différence fondamentale entre:
C’est utile parce que ça apporte un bénéfice

Et
C’est utile parce que ce bénéfice vaut la peine pour le patient
SAN-DP141006-Résolution des conflits éthiques- 15-16
17 1
Les principes éthiques dans les soins
Les 4 principes de l’éthique médicale:

 Le principe d’autonomie affirme que chaque patient est une personne
autonome, c’est-à-dire capable faire des choix et de prendre des décisions :
c’est le fondement de la règle du consentement éclairé des patients ;
 Le principe de bienfaisance vise à assurer le bien-être des personnes, ce qui
nécessite sur le plan médical une prise en compte du rapport entre les risques
et les bénéfices des différents actes de soins ;
 Le principe de non-malfaisance reprend le primum non nocere (« ne pas nuire
») de la tradition hippocratique ;
 Le principe de justice, enfin, consiste à na pas faire de discriminations et à ne
pas avantager uniquement les plus favorisés : il vise à réguler l’allocation de
ressources et des moyens limités, qu’il s’agisse des organes pour une
transplantation ou des budgets de la politique de la santé.
Source : Michela Marzano, « L’éthique appliquée », Que sais-je ?, PUF, Paris 2010.
Le problème et le questionnement
éthique
 Un Problème éthique:
 = un conflit de valeurs qui se manifeste quand le sens de l'intervention qui vise au bien-
être de la personne ou du groupe est menacé, voire nié. Ex.: contentions injustifiées
 Un questionnement éthique:
 Qui est tout particulièrement important pour entretenir la réflexion, nous garder en éveil
et « éviter cette éclipse de la conscience que l’on nomme bonne conscience et qui peut
tout justifier » (Sirven, 1999, p.120).
 La réalisation d’une démarche de réflexion et de résolution des conflits éthiques

pour:
 Donner du SENS aux pratiques professionnelles réalisées en interdisciplinarité
 S’interroger sur ses pratiques professionnelles et ses finalités
 Dépasser ses certitudes, les relativiser
 Prendre conscience de sa responsabilité

La difficulté/le questionnement
éthique
 Une difficulté éthique peut parfois s’avérer difficile à identifier et peut
ressembler à:
 Un inconfort, le sentiment sous-jacent de malaise dans une situation: le

sentiment diffus que quelque chose «cloche ».
 Un désaccord, l’impression qu’une autre personne concernée par la
même situation prend une décision à laquelle on n’adhère pas.
 Une opposition,…car parfois on n’identifie pas la difficulté éthique soi-
même.
L’essentiel est que la question éthique suscite la réflexion sur les normes, les valeurs et les comportements. Pour ce faire, les
questions éthiques doivent permettre de cerner (ou analyser) la situation, examiner des repères, évaluer des options ou actions
possibles.
La formulation de la question éthique ne doit rien tenir pour acquis. À la manière d’un peintre qui prend du recul pour observer
la toile sur laquelle il travaille, les professionnels doivent pouvoir développer une perspective sur la situation éthique qu’ils
explorent.
Et à la différence de l’enseignement moral, la réflexion éthique ne mène pas à une prise de position. Ce qui compte, c’est
d’apprendre à réfléchir.
Plus-values de la démarche éthique
Pour le patient Pour les professionnels de santé

 Respect des droits des patients  Sécurité des soins
 Réponse aux principes de  Préservation des équipes
bienfaisance, de justice, (cohésion d’équipe,
d’autonomie prévention du « burn out»)
 Enrichissement professionnel
 Garantie de non arbitraire et
de collégialité
 Continuité et Qualité des soins

CADRE DE REFLEXION
Déontologie
Règles
Professionnelles
Autonomie
BienFaisance
SOIGNANT BienTraitance
PATIENT Non-MalFaisance
Système Système Justice
de valeurs
de valeurs
Droit
Morale

La démarche de résolution des conflits
éthiques: une recherche d’équilibre?
Valeurs Valeurs du
personnelles patient
Valeurs Valeurs du
personnelles patient
Principes
Philosophie éthiques
Principes
Philosophie éthiques
Codes
Pra tique s
profe ssionne lle s Déontologie
Loi, Morale
Codes
Déontologie
Pratiques
professionnelles
Loi, Morale
Une analyse clinique « contextualisée » de la situation

= une analyse des FAITS tenant compte des aspects juridiques, déontologiques et autres
dimensions (DEVOIRS, VALEURS)
+
une analyse éthique guidée par la singularité du contexte du patient :
SAN-DP141006-Résolution des conflits éthiques- 15-16 concertation, argumentation, 32délibération décision consensuelle
Exemples de conflits éthiques
rencontrés dans les institutions de santé
 Arrêt des soins
 Non-escalade thérapeutique – Retrait thérapeutique
 Directives de non-réanimation – Directives anticipés
 Allocation des ressources
 Conflit au sein de l’équipe ou avec les patients / familles
 “Inconfort” moral lié à la prise en charge
 Sédation palliative
 Conflit entre autonomie et bienfaisance
 Conflit entre responsabilité professionnelle et volonté du patient
 Risque de paternalisme
 Risque de sous traitement ou de sur traitement
 Risque de maltraitance physique ou psychologique
 Relation inégale en raison de la vulnérabilité du patient

Principaux dilemmes éthiques en Suisse
Les comités d’éthique clinique en Suisse – un état des lieux. M. Salathé, M. Leuthold, H. Amstad, M.
Vallotton Deutsch erschienen in Nr. 43/2003

26 Un dilemme éthique: illustration
 La situation de Mme R. 92 ans

 Cette patiente a toujours été très indépendante. Commerçante et hôtesse saluée,
elle vit seule depuis la mort de son troisième mari. Extravertie, elle a toujours pris
grand soin de la façon dont elle se présentait aux autres.
 Vers 80 ans, elle présente une dysfonction motrice ne pouvant être corrigée que
par une intervention chirurgicale risquée. Elle accepte l’intervention car « elle
préfère la mort à l’immobilité »
 Elle prépare une directive anticipée demandant à ce que rien ne soit entrepris
pour sauver sa vie si elle ne pouvait pas retourner à sa qualité de vie actuelle
 L’intervention se passe bien, mais Mme Roberta présente peu après des signes de
démence débutante.
 Son état s’aggrave peu à peu, poussant sa fille à employer une femme de
ménage, Francine, qui finira par emménager avec elle pour s’occuper d’elle
comme d’une enfant.
D’après Jaworska A: Respecting the margins of agency: Alzheimer patients and the capacity to value. Philos Public Aff. 1999;28(2):105-38
. 34
27 Un dilemme éthique: illustration
 Mme Roberta apprécie la compagnie de Francine, et pleure quand elle n’est

pas là. Elle regarde beaucoup la télévision et raconte des histoires sans suite.
Dans les rares moments de où elle parle plus clairement, elle dit à ses enfants
qu’elle a peur de mourir et « ne veut aller nulle part ».
 Un jour, elle attrape une pneumonie sévère…
Doit-on traiter cette pneumonie?

Quel poids donner à ce qu’elle Quel est le sens de sauver la vie de cette
dit actuellement, par rapport personne qui a demandé qu’on ne le fasse
à sa demande antérieure? pas?
Quelle sont les chances de succès de
l’antibiothérapie?
D’après Jaworska A: Respecting the margins of agency: Alzheimer patients

SAN-DP141006-Résolution des conflits éthiques- 15-16
and the capacity to value.35Philos Public Aff. 1999;28(2):105-38.
Le dilemme éthique
28
La morale : prescrit des règles générales / consensuelles pour bien agir
domaine des certitudes Exemple : nul n'a le droit de disposer de la vie d'autrui
L'éthique : travail d'élaboration - situation concrète  que décider / que faire ?
 ce que nous avons la volonté de faire

Le choix de la
 ce que nous avons le droit faire
moins mauvaise solution
 ce que nous avons le devoir faire
 ce que nous allons faire
domaine du doute
Le dilemme éthique : 4 caractères Oppose souvent :

le respect de la morale/ de la loi
 des principes contradictoires
et la responsabilité face au patient
 des principes égaux en valeur le légal / le légitime
le bien / le bon
 aucune bonne décision ne s’impose
 décision que l’équipe considère comme la moins mauvaise

La prise en compte des valeurs: un
préalable à toute analyse éthique
 Valeur = Norme ou qualité désirée, considérée comme importante et à
laquelle on attache un certain prix. Les valeurs sont organisées, chez
chacun d’entre nous, en un système hiérarchisé, par ordre d’importance.
 Si les valeurs existent, elles se manifestent nécessairement dans le
quotidien, c'est-à-dire dans le monde des faits et elles s’observent à travers
les gestes, les routines, les comportements, les expériences, les attitudes.
Ainsi, les faits et les valeurs sont indissociables.
 La valeur permet de fonder nos jugements sur la réalité que nous vivons et
légitime les positions que nous prenons. La valeur éclaire l’action pour lui
donner un sens.
 La valeur n’a de réalité que vécue. Si elle reste du domaine de la théorie
où de la définition, elle n’existe pas.
Fry, S., Johnston M.J. (2002) Ethics in nursing practice, Blackwell Science Ltd, Oxford (trad.ASI,(2003) L’éthique dans la pratique des soins, ASI, Berne)
La prise en compte des valeurs: un
préalable à toute analyse éthique
 Valeur: tout ce qui fait l’objet d’une attitude d’adhésion, de refus ou de
jugement critique (Jacques, 1989). Elle déterminent fortement nos actions et le
regard que nous portons sur le monde. On constate une tendance vers
l’individualisation des valeurs.
 Clarification des systèmes de valeurs personnels, professionnels et institutionnels
 Conflits potentiels entre les différents systèmes de valeurs
 Démarche de clarification des valeurs permet d’évaluer et dans une certaine mesure
de prévenir les conflits qui deviennent des barrières à l’intervention de santé
Pourquoi une réflexion sur ses valeurs et celles d’une équipe ?
 Pour ne pas prendre une décision à partir d’une émotion, d’un préjugé, d’une
perception (nos passagers clandestins…)
 Pour passer du jugement spontané à l’accueil de l’émotion = passer du « il » au « je »
 Pour se préparer à faire appel à la raison
 Pour apprendre la réflexivité (distance)

31 Les valeurs & la prise de décision
 Il y a des valeurs dans toute décision et des valeurs morales dans toute décision
affectant des êtres humains
 D’ailleurs, c’est d’ailleurs grâce à ces dernières que nous parvenons à décider!
Quand aucune valeur n’est en jeu, rien de ce qui nous importe, ne vient pencher
la balance d’un côté ou l’autre: cela nous est forcément égal
Des personnes raisonnables peuvent ne pas privilégier les mêmes
Et donc ne pas être d’accord entre elles
C’est vrai pour chacun d’entre nous, pour une équipe soignante, un patient et son
entourage
 Donner du sens c’est donner de la valeur aux choses, pour pouvoir les comparer,
pour pouvoir choisir : c’est décider en fonction de ses propres valeurs ; fonder son
choix d’humain en raison.
 La notion de valeur est donc centrale en éthique : tout vivant s’adapte à son
milieu pour survivre, il adapte son comportement selon ses propres valeurs de vie.
 L'éthique naît de la confrontation de systèmes de valeurs différents

Quelles valeurs guident vos choix ?
Accueillerez-vous un-e/des migrant-e-s

chez vous?
Pourquoi?
Acceptez-vous de donner de l’argent?

Pourquoi?

Mode de classification des valeurs
Classification des valeurs selon Milton Classification des valeurs selon

Rokeach S.H. Schwartz
d'après Shalom Schwartz, Les valeurs de base de la personne : théorie, mesures et applications,
traduction Béatrice Hammer et Monique Wach, Revue française de sociologie, Ed Ophrys,
2006/4 - Volume 47, pages 929 à 968
La démarche de résolution éthique: une confrontation de
valeurs& des champs de tensions
VALEURS
PERSONNELLES
VALEURS
PROFESSIONNELLES
VALEURS
INSTITUTIONNELLES
VALEURS DE LA
SOCIETE
Une grille de lecture des dilemmes éthiques: le
triangle éthique de Paul RICOEUR
• Valeurs des stagiaires/étudiants,
• Valeurs des collègues et des bénéficiaires/clients,
• Valeurs • Valeurs des acteurs du réseau,
personnelles, • Reconnaissance des compétences et limites,
• Réalisation de soi,
• Représentations Tu: • Regard porté sur l’autre,...
personnelles, SOUCI DE
• forces et limites, L’AUTRE
• Responsabilités, ...
S’exprime par la
SOLLICITUDE
Champ
Je: d’action Il:
SOUCI DE SOI SOUCI DE
Porte attention L’ORGANISATION
à sa part de • Valeurs institutionnelles,
• Finalité et mission,
subjectivité, à JUSTICE comme • Charte éthique,...
sa position de principe
sujet, à ses régulateur des
responsabilités relations
Une démarche de résolution de
dilemmes éthiques
 Une démarche en quelques étapes clés (le nombre et la dénomination de ces
étapes varient en fonction du modèle de référence) :
1. Écoute, narration ou lecture de la situation problématique en utilisant les faits les
plus objectifs possibles.
2. Accueil des émotions et des jugements spontanés (pour soi‐même). Étape
indispensable avant la suivante.
3. Prise de distance : nécessite d’introduire des repères issus de différentes
disciplines pour éclairer la situation. L’utilisation d’une grille spécifique visant à
faire émerger les possibles, et non uniquement sa propre conviction, aide à
cette prise de distance. Permet de passer du jugement de valeur au jugement
de fait. Regard sur les principes éthiques concernés : bienfaisance,
non‐malfaisance, autonomie et justice.
4. Partage du changement/propositions

Méthode d’analyse d’un enjeu
éthique
CAOUETTE Martin. Dpt de psychoéducation de l’Université de Québec à Trois-Rivières http://www.uqtr.ca

éthique
Étape 1: la situation Étape 2: les valeurs
 Quel est le PORTRAIT de la situation
qui me préoccupe?  Quelles sont les valeurs en jeu?
 que s’est-il passe?  Quelles valeurs sont importantes à
 qui est concerne? préserver?
 qu’y a-t-il d’important a considérer pour

chacune des personnes concernées: Les identifier va m’aider à prendre
 Besoins? une décision la plus éclairée possible!
 Demandes?
 QUEL EST L’ENJEU ETHIQUE?
éthique
Étape 3: les normes Étape 4: la décision
 QUELLES SONT LES NORMES EN JEU  quelle est la décision vers laquelle
dans la situation? nous tendons?
 Quels éléments du dispositif de soins  POURQUOI (ou, plutôt... Pour Quoi
sont concernés (procédures? Lignes Au nom de quoi)?
directrices du travail en équipe ?
 Quelles OPTIONS sont-elles
Cadre institutionnel? ...)
possibles?
 Quels DROITS et DEVOIRS des uns ET
des autres?  Quelles CONSEQUENCES pour les
options retenues?
 Quel « CONSENSUS PROFESSIONNEL
» est-il transgressé?  Quelles DEMARCHES dois-je faire
pour asseoir ma décision?
Les valeurs en jeu dans l’exemple
clinique étudié (situation de Mme R.)
 Traiter la pneumonie  Ne pas traiter la pneumologie
 Bien-être de la personne visé  Respect des volontés de la personne
 valeurs privilégiées: bienfaisance,  Valeur privilégiée: autonomie de la
maintien de la vie patiente
 Valeur négligée: autonomie  Valeur négligée : bienfaisance
 Réponse à son besoin de respirer de  Maintien de la relation de confiance
manière adéquate
 Conséquences possibles:
 Conséquences possibles:
 ce choix expose la patiente à des
 Risque de retrait de la perfusion par le difficultés respiratoires accrues, à une
patient )»Impression d’«acharnement broncho aspiration et génèrera chez les
thérapeutique» soignants un stress considérable
 Risque de prise en charge difficile  Ce choix s’appuie sur la volonté de la
(rupture du lien de confiance construit patiente mais s’agit-il bien de sa
avec les professionnels) volonté actuelle?
 Arrêt des traitements plus difficilement

envisageable par la suite

Repères et ressources pour la prise de
décision en éthique de la santé

Une analyse multifocale
Peut-on expliquer le problème du point de vue médical

Prisme scientifique
ou para-médical
Peut-on expliquer le problème du point de vue juridique ?
Prisme juridique
Qu’est ce que les Lois nous imposent
Comment les philosophes ont-ils réfléchi au problème ?
Prisme philosophique
Que pense la société de ce problème ?
Prisme sociologique
Les difficultés avec ce patient sont-elles dues à une
Prisme anthropologique
question de rites culturels ?
Les difficultés avec ce patient sont-elles dues à une
Prisme théologique
question de rite religieux
En quoi les soucis économiques interfèrent-ils avec la
Prisme économique
décision ?

L’analyse dans la démarche de
résolution des dilemmes éthiques
 Ayant en main les faits pertinents et les repères appropriés, l’analyse
s’effectue en approfondissant la signification des principes dans un
contexte donné.
 Cette démarche s’inscrit dans une pratique réflexive visant à prévenir ou
solutionner un problème éthique. Elle s’oppose à la solution facile du laisser
faire et demande un certain courage.
 L’interprétation des principes à partir des faits propres à chaque cas
soulèvent souvent des tensions, conflits de valeurs, des conflits entre les
exigences morales des principes, voire entre les exigences des principes
éthiques et les normes légales
 En cas de conflits, la pratique nous oblige à faire des choix qui demeurent
la responsabilité de l’individu et de son équipe.
 Il faut alors hiérarchiser les valeurs, notamment celles des principes en
conflit, pour arriver à solutionner chaque cas concret à la lumière des
caractéristiques qui lui sont propres.
La bioéthique
«La bioéthique contemporaine intègre à l’éthique médicale des

préoccupations nouvelles, comme le respect de l’autonomie du patient et la
question de la justice dans l’allocation des ressources de santé, ainsi que les
débats suscités par de nouvelles technologies. Il s’y ajoute les enjeux éthiques
des sciences du vivant hors médecine.»
(JonsenAR: A Short Historyof Medical Ethics. New York, Oxford: Oxford UniversityPress, 2000, chap.8-9)

La bioéthique
Les thèmes fondateurs
1. Expérimentation sur l’être humain
2. Autonomie du patient dans les soins de santé
3. Allocation des ressources
4. Génétique
5. Procréation médicalement assistée
6. Les technologies du vivant et leur lien avec l’environnement
 La bioéthique à ses débuts est surtout centré sur les enjeux individuels: autonomie
du patient impératif de faire le bien et de ne pas nuire, préservation de la vie…
 La bioéthique actuelle intègre de plus en plus des questions relevant de la justice
distributive, dans l’idée que ces enjeux ne doivent pas être entièrement laissés au
marché et aux compromis politiques

Exemple d’un dilemme éthique actuel:
le suicide assisté
Suicide assisté : sujet controversé
 Est-il moralement acceptable d'enlever la vie à un être humain pour le
soulager ?
 Selon la Charte des droits et libertés, tous les Hommes ont le droit à la vie
Mais qu'en est-il de la mort ? Devrait-on avoir également le droit de
mourir dignement et lorsque l'on le désire ?
 Serait-il moral pour les proches d'aider les personnes qu'ils aiment, à
mourir plutôt que de les voir souffrir ? Le suicide assisté est-il moralement
acceptable ?
 Le suicide assisté est confronté à deux valeurs : la dignité de la personne
et le respect de la vie
Du fait que chaque individu est libre de disposer

librement de son corps, devrait-on donner le droit
aux patients le désirant de mettre fin à leurs jours ?
le suicide assisté
État des lieux des législations

(2013) en Europe

Exemple d’un dilemme éthique actuel: le
suicide assisté
Arguments en faveur Arguments en défaveur
 Dignité de la personne humaine : les

 Les soins palliatifs assurent déjà la dignité
personnes devraient pouvoir choisir la  Jean-Luc Roméro : la volonté est biaisée
manière de mourir par la douleur et la maladie, la volonté
 Conseil unitarien du Canada : « Il est injuste de mourir ne doit pas l'emporter à un
de contraindre quelqu'un à vivre contre son moment donné sur tous les autres
gré. Une loi qui n'autorise pas une telle moments où la personne affirmait sa
personne à demander de l'aide manque volonté de vivre
de compassion. La loi doit être changée de
manière à traiter avec compassion les désirs  Destruction du lien entre le patient et le
clairement énoncés des personnes qui soignant
estiment que leur maladie incurable va à
l'encontre de leur dignité et la valeur de  L'assistance au suicide n'est pas la
leur vie » solution à des fins de vie indigne, le vrai
progrès étant d'améliorer les services
 Autonomie des personnes gériatriques
 Mieux contrôler la pratique et éviter les abus  Raisons religieuses

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le suicide assisté
Sommes nous libres de choisir notre mort? 3 repères pour guider la réflexion des
soignants?
RESPONSABILITE FACE RESPECT DU CADRE

AU PATIENT MORAL / LEGAL
éthique de responsabilité éthique de conviction
« Si nous nous obstinons à

concevoir notre monde en
termes utilitaires des masses
de gens seront
SAGESSE PRATIQUE (Paul Ricœur)
constamment réduites à
«…inventer les conduites qui réponde le devenir superflues »
mieux Arendt H., les origines du totalitarisme
à l’exigence de sollicitude
en trahissant le moins possible la règle »

En guise de conclusion
 …assumer le plus lucidement,honnêtement et courageusement possible
sa condition humaine,
…en demeurant éveillé, a l’écoute, accueillant et critique,
 …en demeurant debout et libre,
…en adoptant une morale et une éthique provisoires,animées par le souci

de soi,d’autrui et des organisations.
Références bibliographiques
 Boitte, P., & Saint-Arnaud, J. (2001). La formation éthique des soignants [Éditorial]. Ethica clinica, 24, 2-3
 Bolly, C. (2004). L’éthique en chemin. Paris: l’harmattan.
 Bolly, C. (2010). L’éthique en question. Le quotidien des soignants. Neufchâteau: weyrich
 Bourgeault, G. (1990). L’éthique et le droit face aux nouvelles technologies biomédicales :
prolégomènes pour une bioéthique. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
 De Broca A. (2014). Le soin est une éthique. Ed. Seli Arslan. Géménos. France
 Dortier, J.F. (2000), Philosophies de notre temps, Auxerre : éditions Sciences Humaines
 Fortin, P. et Parent, J.P. (2004), Le souci éthique dans les pratiques professionnelles: guide de formation,
Paris: L’Harmattan.
 Fortin, P. (2011). La construction du savoir éthique dans les pratiques professionnelles. Paris: L’Harmattan.
 Jacques, J. (1989). Valeurs (philosophie). Dans Encyclopædia Universalis (Vol.23, pp. 294-300). Paris :
Encyclopædia Universalis
 Le Boterf, G. (2007). Professionnaliser le modèle de la navigation professionnelle. Paris : Éditions
d’Organisation Groupes Eyrolles.
 Remley, T. P. et Herlihy, B. (2007). Ethical, legal, and professional issues in counseling (2e éd. mise à jour).
Upper Saddle River, NJ : Merrill/Prentice-Hall.
 Svandra P.(2009), le soignant et la démarche éthique. Ed. Estem.

Et le mot de la fin…


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