Dans notre cheminement vers Pâques, la liturgie de ce jour nous invite à accueillir la miséricorde du

Seigneur qui nous rejoint pour éclairer notre vie. Avec Paul, nous confessons que Dieu est riche en miséricorde,
et St Jean précise dans son Évangile en quoi consiste cette miséricorde : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a
donné son Fils unique pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Et ce salut pour l’accueillir, dit Jésus, il suffit de
lever les yeux vers le crucifié pour recevoir de lui la grâce de ce salut, de même qu’au désert, il suffisait que les
hébreux qui avaient été mordus par les serpents lèvent les yeux vers un serpent de bronze pour être sauvé ; et
bien il suffit, nous dit Jésus, de lever les yeux vers le crucifié pour recevoir de lui la grâce du pardon ; nous
attendons alors la vie, qui est vie dans l’amitié de Dieu, nous l’attendons de Jésus offert sur la croix.
Jeter un regard sur Jésus, cela peut sembler être un salut offert à bon marché ; et on peut le dire et plus
encore puisque le salut est un don gratuit de Dieu. Nous avons entendu de Saint-Paul déclarer : « C’est bien par
la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne
vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil. Car Dieu est riche en miséricorde » ; car « Dieu est riche
en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes,
il nous a donné la vie avec le Christ. » Et c’est cette même grâce qui en nous apportant le salut, nous apporte le
secours nécessaire pour accomplir avec joie les actes de la charité, et avancer sur le chemin exigeant de la
sainteté ; car la miséricorde de Dieu c’est de nous permettre de vivre dans la sainteté, car cette vivre avec lui et
pour lui. Oui, Nous sommes sauvés par cette foi confiante et amoureuse envers Jésus qui nous permet de
recevoir l’Esprit Saint, et l’Esprit Saint non seulement illumine notre cœur mais aussi le renforce pour lui
permettre de produire de vrais fruits de justice et d’amour.
Nous devenons des justes par cette grâce de Dieu déversée en nous par la foi, et célébrée dans les
sacrements. L’Esprit Saint peut alors accomplir en nous une œuvre de recréation pour façonner l’homme
nouveau à l’image du Christ Jésus. Par la foi, en accueillant l’Esprit Saint, reçu au baptême et dont la présence
est renouvelée à chaque eucharistie et à chaque confession, nous participons à la vie divine. Et cette vie divine,
qui nous anime au plus intime de nous-mêmes, tend à se manifester dans nos actes. Il s’agit de rayonner
l’amour de l’Esprit Saint présent en nous.
Ce passage de l’évangile de Saint-Jean, à la fin du dialogue de Jésus avec Nicodème, nous explique cette
dynamique du salut en proclamant que « celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres
soient reconnues comme des œuvres de Dieu ». Et c’est ainsi que les grands saints ont pu faire de grandes
choses en toute humilité en reconnaissant qu’à travers eux, c’était en fait l’œuvre de Dieu qui se réalisait.
Et la première étape pour entrer dans cette dynamique du salut offert en Jésus-Christ, c’est de
reconnaître que nous sommes blessés, meurtris. Comment désirer le salut, si nous ne nous sentons pas perdus
d’une certaine manière ? Nous nous devons de constater une certaine emprise du mal sur nos cœurs et dans
notre vie. C’est dans ce creux de notre impuissance, que la grâce de Dieu peut alors habiter. Et en ce temps de
carême, nous sommes invités à recevoir la miséricorde en confessant notre misère. Dans le sacrement de
réconciliation nous célébrons d’abord la miséricorde de Dieu qui nous rejoint. Comme ce passage de l’Évangile
nous le dit : se mettre dans lumière du Seigneur pour faire œuvre de vérité dans notre vie, et accomplir nos
œuvres on lui, vont de pair.
Qu’en ce temps de carême, le Seigneur nous fasse la grâce de vivre l’expérience de sa miséricorde ; et
qu’en reconnaissant notre faiblesse, il nous donne de goûter la douceur et la force de son Esprit. Qu’en faisant
œuvre de vérité dans nos vies, nous venions à la lumière, pour que nos vies rayonnent de la douce présence de
l’Esprit qui nous habite. Le cœur de la Vierge Marie a été totalement ouvert à la lumière et à la grâce de
l’Esprit, elle a vécu totalement de la miséricorde du Père ; quel nous accompagne sur ce chemin dans la
miséricorde du Seigneur. Amen