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FACHARTIKEL ARTICLES TECHNIQUES

Les enrobés à module élevé (EME):


quelques expériences romandes
Blaise Graf, ingénieur civil diplômé EPFL, Lutry
Gérald Cuennet, ingénieur civil diplômé EPFL, Leysin
Christophe Rohr, ingénieur civil diplômé ETSL, Viagroup S.A. Romanel/Lausanne

Données techniques disponibles


Dans les années 80, les techniciens français ont développé et mis en
œuvre des bétons bitumineux à hautes performances, à savoir des cou- Dans les années 80
ches de support richement dosées en bitume très dur, à utiliser dans les La Suisse romande a réalisé ses pre-
cas de sollicitations sévères (fort trafic lourd canalisé, par exemple) en miers chantiers en même temps que
remplacement des matériaux normés de l’époque. Le but recherché était la France.
d’avoir une gamme d’enrobés d’entretien à très haute tenue à l’orniérage Les bétons bitumineux à haut mo-
et à la fatigue. La Suisse romande a réalisé simultanément ses expérien- dule de l’époque étaient «simple-
ces. Tout d’abord en voirie urbaine et cantonale puis, dès les années 90, ment» les HMT...s 16, 25 ou 32 dans
pour l’entretien «lourd» de plusieurs tronçons autoroutiers. lesquels le bitume mi-dur B 60/70
Cet article présente d’une part les formulations appliquées et les caracté- était remplacé par du bitume très
ristiques spécifiques de certains chantiers importants et, d’autre part, les dur (B 10/20 au moins) en quantité
résultats des essais effectués in situ, en particulier les mesures de la por- élevée pour des couches de base, à
tance avec l’appareil FWD. savoir du même ordre de grandeur
Le bilan actuel peut être résumé comme suit: les enrobés à module éle- que pour les couches de roulement.
vé EME testés et observés rendent tous les services escomptés. Les per- Le liant est l’élément déterminant
formances recherchées vis-à-vis de la résistance à l’orniérage et à la pour l’obtention des hautes perfor-
fatigue sont très bonnes. La représentation graphique des caractéristi- mances recherchées.
ques déterminantes (par exemple l’orniérage et la fatigue) des EME et Le critère de dosage de la teneur en
des HMT.S et HMT.H «normés», met en évidence les domaines d’utili- liant est le «module de richesse»
sation optimale de chacune de ces familles d’enrobés. Les plus perfor- (voir remarque ci-après), caractéris-
mants à l’orniérage sont les EME suivis par les HMT.H et les HMT.S. tique utilisée essentiellement dans
Pour la résistance à la fatigue, les EME sont également les plus perfor- les pays francophones (France, Bel-
mants, nettement devant les HMT.S, puis les HMT.H. L’indicateur «mo- gique et Suisse romande). Le modu-
dule de richesse» (pseudo-épaisseur moyenne du film de liant qui le de richesse caractérise la pseudo-
entoure chaque particule minérale) permet d’établir assez simplement épaisseur moyenne du film de liant
les plages des performances de ces différentes familles d’enrobés EME qui entoure les granulats d’un mé-
et HMT. lange bitumineux [1]. Pour les
Si le prix au départ du poste d’enrobage est plus élevé (car plus de liant) BBHM (Béton Bitumineux à Haut
pour les EME que pour les HMT...S et les HMT…H, le niveau des perfor- Module) ou EME (Enrobé à Module
mances et leur durabilité in situ compensent largement ce handicap. Les Elevé), les modules de richesse se
études nationales en cours devraient permettre d’établir, dans un futur situaient entre 3,5 et 3,75, soit à
relativement proche, les bases nécessaires à la «normalisation» des EME hauteur de ceux des couches de
par la VSS. surface AB6 et AB10 de l’époque.
En Suisse, dans ces années 80, la
plupart des variantes proposées
Les couches de support à hautes En d’autres termes, le but était consistaient, après avoir raboté les
performances sont sorties de l’ima- de faire mieux à la portance et 10 cm supérieurs d’une structure bi-
gination des techniciens français aussi bien en fatigue que les bé- tumineuse «fatiguée», de poser un
dès 1980, en particulier ceux oc- tons bitumineux du type Grave- «haut module» de 7 à 8 cm, recou-
cupés par les sociétés routières et Bitume en France (HMT...S en Suis- vert d’une nouvelle couche de roule-
pétrolières. Il s’agissait à l’époque se). Le terme générique «haut mo- ment.
d’occuper le créneau des travaux dule» ou «module élevé» se rap-
de «renforcement et/ou de rechar- porte à la notion de «module de
gement» en proposant des sous- rigidité». Remarque: la formule (selon Duriez) du
couches bitumineuses qui pré- Comme très souvent, ce sont les en- module de richesse est:
sentent, d’une part un pouvoir de treprises routières spécialisées qui m = p %/A  ( ) (- 1/5).
renforcement nettement supérieur ont convaincu des maîtres d’ouvra- m = module de richesse p%/A = teneur
à celui des sous-couches «norma- ge de mettre en pratique ce nou- en liant sur granulats  = surface spé-
lisées» à disposition et, d’autre veau concept original. Et il y a eu cifique des granulats enrobés [m2/kg]
part, qui se comportent très cor- des maîtres d’ouvrage assez moti- On peut admettre comme valeur simpli-
rectement vis-à-vis de la fissura- vés pour accepter, avec l’entrepre- fiée:  = 1,3  f [% masse] + 2,5, avec
tion et de la déformation perma- neur, les risques inhérents à toute f = teneur en filler (passant au tamis de
nente. nouveauté. 80 microns [% masse]).

420 route et trafic No 10 Octobre 2002


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Dans les années 90 en Suisse


Hochmodulmischgut (EME): Einige Erfahrungen aus dem Welschland Après les premières réalisations qui
Im Laufe der 80er-Jahre haben französische Techniker verschiedene eurent lieu en voirie urbaine et can-
Mischgutsorten mit erhöhtem Leistungsvermögen entwickelt und auf tonale, les responsables des auto-
den Markt gebracht. Diese Produkte waren mit sehr hartem Bitumen reich routes, en particulier le SRA vau-
dosiert. Diese Materialien ersetzten die damalig normierten Materialien dois, ont établi un premier «cahier
und mussten sehr hohen Beanspruchungen entsprechen (z. B. kanalisier- des charges» [2] qui tenait compte,
ter intensiver Schwerverkehr). Das Ziel war, beim Unterhalt über ver- d’une part, des dernières informa-
schiedene Mischgutsorten mit sehr hoher Resistenz gegenüber Spurrin- tions des entreprises spécialisées
nenbildung und Ermüdung zu verfügen. Die Romandie hat zur gleichen et, d’autre part, des procédures
Zeit ebenfalls Versuche unternommen, vorerst auf städtischen und kanto- d’essais à disposition dans notre
nalen Strassen. Seit den 90er-Jahren wurden diese Mischgüter auf ver- pays.
schiedenen, vom Schwerverkehr besonders belasteten Autobahnstre-
cken eingesetzt. En France actuellement
Mit diesem Artikel sollen zunächst die angewendeten Formulierungen Le document de référence est la nor-
und die spezifischen Charakteristiken einiger wichtiger Baustellen darge- me NF P98-140. Il définit une caté-
legt werden und anderseits die erzielten Resultate der In-situ-Versuche gorie d’enrobés spéciaux pour
nachgewiesen werden, insbesondere die erzielten Tragfähigkeiten mit couches d’assises et/ou de liaison,
dem FWD-Apparat. les Enrobés à Module Elevé (EME).
Die gegenwärtige Bilanz kann wie folgt zusammengefasst werden: Die Deux classes sont définies: la classe
getesteten Hochmodulmischgüter EME erfüllen sämtliche Erwartungen. 1 est orientée «orniérage» et la clas-
Die erzielten Leistungen bezüglich Spurrinnenwiderstand und Ermüdung se 2 orientée «fatigue». Toute entre-
des Belages sind sehr gut. Die grafische Darstellung der ausschlaggeben- prise qui veut justifier de compéten-
den Charakteristiken (z. B. Spurrinnenbildung und Ermüdung) des EME ce vis-à-vis d’un tel enrobé spécial
und des HMT.S sowie des HMT.H «genormt» zeigt die Anwendungsbe- doit faire une demande parfaite-
reiche und die Optimierungsmöglichkeiten dieser Mischgüter. Die wider- ment documentée au Comité fran-
standfähigsten Schichten gegenüber Spurrinnenbildung sind die EME, çais pour les Techniques Routières.
gefolgt von HMT.H und HMT.S. Bezüglich Ermüdung liegt EME ganz ein- Après examen du dossier présenté,
deutig vor HMT.S und HMT.H. Der Indikator «module de richesse» (Ver- ce Comité Technique produit un
hältnis der Dicke des Bindemittelfilms zur spezifischen Oberfläche des Fil- «Avis Technique» numéroté, spéci-
lers) ermöglicht auf einfache Weise die Darstellung der verschiedenen fique au produit concerné, d’une va-
Resultate der diversen Mischgutsorten EME und HMT. lidité de 5 ans.
Selbst wenn der Preis ab Mischanlage bei den EME etwas höher ist (da Rappel des performances selon la
es mehr Bindemittel enthält) als bei HMT.S und HMT.H, machen die Leis- norme française NF P 98-140.
tungen und die Dauerhaftigkeit diesen Nachteil wett. Die laufenden natio- Le tableau de la figure 2 rassemble
nalen Studien sollten demnächst die Vorteile nachweisen und die notwen- les principales performances atten-
digen Voraussetzungen für die Normung des EME durch den VSS erfüllen. dues.

Essais de qualification –
rappel/description
Les essais auxquels il est fait allu-
sion dans le présent article sont à
disposition plus ou moins facile-
ment en Suisse. Les éléments les
plus significatifs sont rappelés ci-
après.

Compression diamétrale
Cet essai utilisé par les Belges du
CRR pour les bétons bitumineux est
inspiré de l’essai «Brésilien» prati-
qué sur les bétons hydrauliques [3].
Les résultats de cet essai permettent
de connaître, pour le moins, la capa-
cité (souhaitée) de déformation à
faible température ainsi que la résis-
tance à la déformation aux tempéra-
tures élevées.
L’essai consiste à déterminer la
contrainte de rupture en traction par
compression d’une éprouvette cy-
lindrique, écrasée entre deux pla-
1: A1 vers Morges. teaux le long d’une génératrice. La
A1 bei Morges. vitesse de chargement est constante

strasse und verkehr Nr. 10 Oktober 2002 421


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Qualification/Performance
Propriété Essai Norme NF Indicateur EME 1 EME 2
0 / 14 0 / 20 0 / 14 0 / 20
Formulation – Module de richesse ≥ 2,5 ≥ 3,4
Pourcentage de vides: à 100 girations ≤ 10 ≤6
Compactabilité PCG P 98-252
[% vol.]: à 120 girations ≤ 10 ≤6
Tenue à l’eau Duriez P 98-251-1 Rapport I/C à 18°C ≥ 0,70 ≥ 0,75
Orniérage LPC P 98.253-1 Ornière à 60°C, après 30000 cycles [%] ≤ 8,0
Rigidité LCPC P 98-260-2 Module complexe à 15°C et 10 Hz [MPa] ≥ 14000
Déformation relative à 10°C et 25 Hz,
Fatigue LCPC P 98-261-1 ≥ 100 ≥ 130
après 106 cycles [10-6]
2: Principales performances selon NF P 98-140.
Hauptleistungen gemäss NF P 98-140.

3: Essai de compression diamétrale. 4: Essai à l’orniéreur LPC.


Diametraler Druckversuch. Versuch mit dem Spurrinnenbildungs-
gerät LPC.

et l’essai est exécuté à différentes Orniéreur LPC cycles permet de connaître, d’une
températures, généralement –10 °C L’essai consiste à reproduire un tra- part, la résistance de l’enrobé testé
et + 45 °C (éventuellement à + 25 °C). fic lourd et canalisé sur un enrobé à l’orniérage par fluage et, d’autre
Les éprouvettes peuvent être des pour définir sa tenue à l’orniérage part, la progression de ce fluage en
«éprouvettes» Marshall ou des par fluage. L’enrobé fabriqué en la- fonction du nombre de cycles de
échantillons carottés prélevés in boratoire ou extrait in situ est une sollicitation.
situ. plaque de 10 cm d’épaisseur géné-
A part la contrainte de traction, les ralement, sollicitée cycliquement Module Complexe et Fatigue LCPC
deux autres indicateurs utilisés sont par une charge roulante équipée Pour la détermination des caracté-
la déformation verticale relative et le d’un pneumatique passant une fois ristiques concernant le Module et la
coefficient de traction (CT). Cet essai par seconde. Fatigue, il faut confectionner des
a fait l’objet de plusieurs mandats La température d’essai (générale- éprouvettes spéciales (trapézoï-
de recherche en Suisse [3], [4] mais ment + 60 °C) est garantie par une dales) découpées dans des plaques
n’est pas encore proposé dans les enceinte, et les mesures de la pro- fabriquées en laboratoire ou extrai-
normes. Certains maîtres d’œuvre fondeur des ornières dans les traces tes de prélèvements sur le chantier.
(RN Vaud et Valais) ont fixé des va- de passage sont enregistrées à huit Dans les deux cas, les éprouvettes
leurs limites pour ces indicateurs. instants différents (entre 100 et sont fixées par leur grande base
Cet essai «simple» est un complé- 100 000 cycles). et sollicitées (sinusoïdalement) à
ment très intéressant à l’essai Mar- L’examen de la profondeur de l’or- l’autre extrémité sous forme d’un
shall. nière en fonction du nombre de déplacement imposé, pour des

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couples de températures et de fré-


1E+05 1E+05
quences prédéfinis.
Pour le Module complexe E*, le test
complet se compose de huit à dix
températures et de cinq fréquences
MODULE E* [MPa]

1E+04 1E+04
par température. Les éprouvettes
sont testées pendant 500 cycles. Ce
qui permet d’établir la courbe maî-
tresse du mélange examiné. Par
1E+03 1E+03
convention, on exprime générale-
ment ce module à 15 °C et pour une
fréquence de 10 Hz.
Pour la Fatigue, les éprouvettes
1E+02 1E+02
1E-05 1E-04 1E-03 1E-02 1E-01 1E+00 1E+01 1E+02 1E+03 1E+04 1E+05 1E+06
sont sollicitées jusqu’à la rupture,
FREQUENCE [Hz]
en admettant que cette rupture est
atteinte lorsque l’effort nécessaire
5: Courbe maîtresse de module. pour déplacer l’éprouvette est la
Standardmodulkurve. moitié de l’effort initial. Le test est
pratiqué à 10 °C (éventuellement à
1E-02 1E-02 d’autres températures supplémen-
taires) et 25 Hz, et pour cinq ni-
a = -0.160 veaux de déformation initiale. Les
p = -6.260
2
informations sont représentées gra-
r = 0.913 phiquement sous forme de droites
6
EPS 6 = 157 .10 -
DEFORMATION [10-6]

1E-03 1E-03 de fatigue (déformation = f (nombre


de cycle – durée de vie). Par con-
vention, la performance en fatigue
s’exprime par la déformation en
rupture à 10°C et sous 25 Hz, après
1E-04 1E-04 106 cycles de déformations impo-
sées.

-a -6 -0.160
EPS = K . N = 1427 . 10 . N FWD
Les FWD sont des petits systèmes
1E-05 1E-05
1E+03 1E+04 1E+05 1E+06 1E+07
sur remorque tractée (1 tonne envi-
DUREE DE VIE [N cycles]
ron), qui font des mesures à l’arrêt.
Le but est de simuler le passage
6: Courbe de fatigue. d’un essieu lourd en mouvement.
Ermüdungskurve. On le fait au travers d’une charge
pulsée (masse tombante) transmise
à la structure par une plaque rigide
de chargement (diamètre 30 cm, gé-
néralement). L’effet de cette charge
(dont on connaît parfaitement l’in-
tensité et la durée) est mesuré par
une série de capteurs de déplace-
ment (type: géophone), placés lon-
gitudinalement sous la remorque
FWD [il y a de 6 à 10 capteurs]).
L’impact de la charge pulsée peut
être mesuré sur une longueur de
2 mètres.
La famille des appareils FWD (Fall-
ing Weight Deflectometer), ou Dé-
flectomètre à masse tombante, ap-
partient depuis longtemps au maté-
riel à disposition des spécialistes
pour évaluer la capacité portante
des structures routières. Ce matériel
a été développé en même temps
(années 60) et par les mêmes per-
sonnes, en France, que le Déflecto-
7: Appareil FWD. graphe Lacroix, appareil le plus
FWD-Gerät. connu de tous [6]. Ce n’est que plus

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tard, dès 1964, que le FWD a été re- sait de variante d’entreprise propo- Valeurs techniques
mis en exploitation par les services sée en lieu et place de solution clas- Tous les chantiers ne sont pas exa-
routiers danois. A partir de 1976, sique. minés en détail, essentiellement en
plusieurs sociétés nordiques ont Comme pour les réalisations ur- raison de l’indisponibilité de cer-
continué de développer et fabriquer baines, le premier chantier sur route taines informations (voir figure 9).
des FWD. Aujourd’hui, cinq sociétés cantonale est une variante d’entre-
privées fabriquent des FWD, dont prise exécutée à la même époque Analyse des résultats
trois en Europe (Dynatest, KUAB et sur les hauts de Lausanne. Dès L’ensemble des nombreuses informa-
Carl Bro (ex-Phoenix), une aux USA 1993, les bétons bitumineux à haut tions disponibles est représenté sous
(JILS) et la dernière au Japon (Ko- module trouvent leur application forme graphique, assortie des re-
matsu). Plus de 300 appareils sont sur autoroute, en particulier sur la marques et commentaires y relatifs.
actuellement en service dans le A1 entre Lausanne et Genève, dans
monde, dont plus de 100 aux USA et la région de Morges. De nom- Le Module de richesse
un en Suisse. breuses réalisations autoroutières Pour mémoire, les concepteurs des
ont été entreprises depuis. enrobés à module élevé voulaient
obtenir, à partir des formules «clas-
Les réalisations romandes Tableaux synoptiques des chantiers siques» HMTS ou similaires, et au
examinés et des valeurs techniques travers d’une seule opération (quan-
Les auteurs ont rassemblé les infor- disponibles titative et qualitative), beaucoup
mations dont ils disposaient et re- Les informations disponibles sont plus de rigidité, mais pas moins de
cherché tous les compléments dis- regroupées selon deux tableaux. Le résistance à la fatigue et à l’ornié-
ponibles. premier rappelle quelques générali- rage. En choisissant des teneurs en
tés et le deuxième explicite les liant très élevées (> 5 % sur total) de
Rappel chronologique sources techniques utilisées. liants très durs (pénétration < 25),
Les premiers EME romands ont été on satisfait toutes ces exigences. De
exécutés en voirie urbaine à Lausan- Généralités plus, les vides résiduels de labora-
ne au début des années 80. Il s’agis- (voir figure 8) toire (Marshall, par exemple) et in

N° Année Localisation Objet Entreprise Divers


1 << 90 Lausanne Av. de Morges SARER Pas d’informations disponibles
2 << 90 Epalinges Rte de Berne SARER Pas d’informations disponibles
3 1992 Lausanne Av. de la Sallaz R. May 11 / 12 cm BBHM 32
4 1993 Lausanne Av. d’Ouchy R. May 11 / 12 cm BBHM 32
5 1993 Lausanne Av. de Sévelin Camandona 11 / 12 cm BBHM 32
6 1993 Morges A1 – Lot 06-08/301 Consortium BBHM 32 et BBHM 16
7 1995 Sierre Est A9 Consortium BBHM 22
8 1996 Bussigny – Crissier RC 152c Consortium BBHM 22
9 1995 Rolle – Gland A1 – Lot 06/501 Consortium BBHM 32
10 1999 Lonay A1 – Lot 08/902-701 Consortium BBHM 22 – C1 et C2
8: Réalisations romandes – Généralités.
Verwirklichungen in der Romandie – Allgemeines.

Liant Enrobé Compression diamétrale Module in situ


Orniérage Module
N° Module de Marshall – 10°C + 45°C FWD
LPC Fatigue
Type* Valeur Liant Granulo richesse M C P M C P Avant Après
3 D – X – X X – – – – – – – – – X
4 D – X – X – – – – – – – – – – –
5 A – X X X X X X – X X – – – – X
6 A X X X X X – X X – X X – X X X
7 C X X X X X – – – – – – – X – –
8 A – X X X X – – – – – – – – X X
9 B X X X X X X – X X – X X X – X
10 C X X X X X – – – – – – X X – –
9: Réalisations romandes – Valeurs techniques.
Verwirklichungen in der Romandie – Technische Werte.
M = éprouvette Marshall C = carotte chantier P = plaque labo LPC
* Les liants «durs» utilisés sont repérés selon les codes suivants:

A = liant pétrolier 1, B = liant pétrolier 2, C = liant entreprise, D = liant pétrolier 3

424 route et trafic No 10 Octobre 2002


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situ, restent situés entre 2 et 5 %,


Module de richesse
comme pour les HMTS «classiques».
4 Par contre, les modules de richesse
Limite DRN VD pour BBHM22S - C2 (m), qui sont une mesure indirecte
3.8
de l’épaisseur du film de liant autour
3.6 des granulats, s’établissent entre 3
3.4 et 4 pour ces enrobés à module éle-
vé, contre 2,6 à 3,2 au plus pour les
Module de richesse [-]

3.2
formules courantes de type HMTS.
3 Cette différence entre les modules
2.8 Limite SN pour HMT16-22S
de richesse correspond en fait à une
différence de l’ordre de 1% sur les
2.6
teneurs en liant.
2.4 Les lots autoroutiers de la N1 entre
2.2
Lausanne et Genève (n° 6, 9 et 10)
exécutés entre 1993 et 1999 font état
2
de modules de richesse compris
1.00

2.00

3.00

3.01

4.00

5.00

5.01

6.00

6.01

6.02

6.03

6.04

6.05

6.06

7.00

8.00

9.00

9.01

9.02

9.03

9.04

9.05

9.06

9.07

9.08

9.09

9.10

9.11

10.00

10.01

10.02

10.03

10.04

10.05

10.06

10.07
Chantier n°
entre 3,3 et 3,5. Les teneurs en liant
correspondantes sont ainsi «géné-
10: Module de richesse. reuses»: elles varient entre 5,2 et
Modul des Bindemittelgehalts. 5,6 % sur enrobé. C’est un choix déli-
béré fait pour garantir la pérennité
Compression diamétrale des performances, sans risque de
Contrainte de traction à - 10 °C fissuration. Les formules utilisées
5.5
sont de type «EME 2» (spécial fati-
Marshall Carotte chantier Carotte plaque LPC gue), définies par la norme française
NF – P 98-140 (module de richesse
5 m ≥ 3,4). Le module de richesse per-
met donc de repérer simplement
AB16us 60/70 + TE
la famille des enrobés HMT...S
Contrainte [N/mm2]

4.5 HMT25s 60/70 + TE


(m < 3,2) de celle des EME 2.
Limite DRN VD pour BBHM22S - C2 (1996)

4
Compression diamétrale
Nous avons choisi de représenter la
contrainte de traction à –10 °C et à
3.5 +45 °C, en fonction du module de
HMT32s 60/70 + TE richesse.
Les essais réalisés à –10°C indiquent
3
2 2.2 2.4 2.6 2.8 3 3.2 3.4 3.6 3.8 4
que les EME avec un module de ri-
Module richesse [-] chesse > 3,2 dépassent la valeur mi-
nimale 4,0 N/mm2 fixée par la DRN-
11: Compression diamétrale, contrainte de traction –10 °C. VD (Division des Routes Nationales
Druckdiagramm, Zugspannung –10 ° C. du canton de Vaud). Cette exigence
relativement «sévère» n’est par
Compression diamétrale contre pas respectée systématique-
Contrainte de traction à + 45 °C
ment pour les EME dont le module
0.7 de richesse est inférieur à 3,2. C’est
Marshall Carotte chantier Carotte plaque LPC
également le cas des matériaux
0.6 «classiques» du type HMT...s et
Limite DRN VD pour BBHM32 (1993) AB...us. L’indicateur «déformation»,
0.5
qui n’est pas représenté ici, amène
les mêmes remarques, à savoir que
Contrainte [N/mm2]

les EME à module de richesse supé-


0.4
HMT25s 60/70 + TE rieur à 3,2 sont très performants à
Limite DRN VD pour BBHM22 - C2 (1996)
basse température.
0.3 A +45 °C, seuls les EME à module de
HMT32s 60/70 + TE
richesse suffisant (m > 3,2) dépas-
HMT22S 60/70
0.2 sent la valeur minimale 3 N/mm2
HMTB32 60/70 + TE fixée par la DRN-VD.
HMT32s 60/70 + TE AB16us 60/70 + TE

0.1
En bref, et comme le signalent les
2 2.2 2.4 2.6 2.8 3 3.2 3.4 3.6 3.8 4 spécialistes [3], [4], les caractéris-
Module richesse [-]
tiques relevées avec l’essai de com-
12: Compression diamétrale, contrainte de traction + 45 °C. pression diamétrale sont suffisantes
Druckdiagramm, Zugspannung + 45 °C. pour donner un préavis sur les per-

strasse und verkehr Nr. 10 Oktober 2002 425


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formances d’un enrobé à basse tem-


Orniérage LPC
pérature (fissuration) et à haute Ornière à 30'000 cycles
température (orniérage).
16

50 °C 60 °C
Orniérage LPC
14
Seules quelques formules mises en Limite SN pour HMT16-22S à 60 °C, 10'000 cycles, 1997 et Limite DRN VD pour BBHM22S - C2 à 60 °C, 30'000 cycles, 1999

œuvre ont été testées avec l’ornié- 12 Limite SN pour HMT H à 60°C, 30'000 cycles, 1997 et Limite DRN VD pour BBHM22S - C1 à 60°C, 30'000 cycles, 1999
reur LPC.
Sur le graphique, qui exprime la

Orniérage [%]
10
profondeur de l’ornière en fonction
du module de richesse, tous les 8
EME fabriqués avec des liants très
durs présentent moins de 8 % d’or- 6 AB16us 60/70 + TE

nière à 60 °C après 30 000 cycles, HMT22S 60/70 + recyclé

même pour des modules de riches- 4

se élevés (> 3,5). La valeur particu- HMT22S 60/70

lière située à plus de 10 % de profon- 2


2.0 2.2 2.4 2.6 2.8 3.0 3.2 3.4 3.6 3.8 4.0
deur d’ornière relative [%] corres- Module de richesse [-]
pond à la formule confectionnée
avec le liant le «moins» dur. 13: Essai d’orniérage LPC.
Les enrobés «classiques», tels les Spurrinnenbildungsversuch LPC.
HMT...S et AB...us faits avec des bi-
tumes «moyennement» durs, peu- Module complexe à 15 °C / 10 Hz
vent également présenter de bons pén. 25°C = 22.3 10-1 mm
A et B = 69.5 °C
Module E* [MPa]
pén. 25°C = 18 10-1 mm
A et B = 61 °C
résultats à l’orniérage, mais avec IP = 0.92 IP = - 0.8

100000 Type A Type B Type C


des performances en fatigue forte- pén. 25°C = 33/35 10-1 mm
ment amoindries. Limite DRN VD, BBHM22S - C2, (1996) A et B = 65/66.2 °C
IP = 1.12
Limite pour EME 1 et 2 NF P98 - 140

Module LCPC Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et BBHM22S - C1 - C2, (1999)

Le module complexe, qui est défini


Module complexe [MPa]

à +15 °C et sous une fréquence de 15000


14000
13000
10 Hz, est représenté graphique- 10000
ment en fonction du module de ri- HMT22S 60/70

chesse.
La DRN-VD, qui avait fixé une valeur
minimale de 15 000 MPa et un mo-
dule de richesse de 3,7 environ pour
ces premières réalisations de 1993,
avait été un peu trop exigeante [2]. 1000
2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8
En effet, les valeurs obtenues se si- Module de richesse [-]
tuaient entre 11 000 et 13 000 MPa.
Si l’on ramène le module de riches- 14: Module complexe LCPC.
se à hauteur de 3,2 environ, il est Komplexmodul LCPC.
possible d’obtenir des modules
complexes de plus de 15 000 MPa pén. 25°C = 22.3 10-1 mm
Essai de fatigue à 10 °C / 25 Hz
pén. 25°C = 18 10-1 mm
6
Déformation relative Eps. 10
(18 000) [7]. A et B = 69.5 °C
IP = 0.92
A et B = 61 °C
IP = - 0.8
Les valeurs correspondantes de mo- 180 Type A Type B Type C

dule complexe pour les enrobés Limite DRN VD, BBHM22S - C2, (1996 et 1999)
pén. 25°C = 33/35 10-1 mm
A et B = 65/66.2 °C
170
«classiques» HMT...S (dont les mo- IP = 1.12

dules de richesse avoisinent 3,0) se 160

situent souvent entre 6000 et 9000


Déformation Relative Eps. 106

150

MPa). Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et Limite pour EME 2 NF P98 - 140
140

Fatigue LCPC 130

Comme pour le module complexe, 120 Limite DRN VD pour BBHM22S - C1

la déformation relative 6 est repré- 110 Limite pour EME 1 NF P98 - 140
sentée en fonction du module de HMT22S 60/70

100
richesse.
Les EME contrôlés font état de va- 90 HMT25s 60/70

leurs élevées, dépassant nettement 80


100. Cette caractéristique, «typique» 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8
Module de richesse [-]
des formules EME, a été fixée à 130
par la DRN-VD pour toutes les for- 15: Essais de fatigue.
mules posées en 1993 [2]. Ermüdungsversuch.

426 route et trafic No 10 Octobre 2002


FACHARTIKEL ARTICLES TECHNIQUES

FWD peuvent effectivement at-


Module élastique
LPC (Laboratoire) 15 °C 10 Hz - FWD (In-situ) 25 °C 34 Hz teindre des valeurs relativement éle-
vées. Mais les performances en fa-
12000
pén. 25°C = 22.3 10-1 mm tigue, qui sont elles mesurées en
Type A A et B = 69.5 °C
IP = 0.92 laboratoire, font état de résultats
10000 faibles, inférieurs à ceux obtenus
pén. 25°C = 34 10-1 mm
Type B A et B = 65/66.2 °C sur des formules «normales» du
IP = 1.12
Module FWD [MPa] 25 °C 34 Hz

8000 type HMT...N (figure 15).


pén. 25°C = 18 10-1 mm
Type C A et B = 61 °C
6000 IP = - 0.8
Le point de vue des auteurs
4000
L’expérience d’un maître d’œuvre
Tant en renforcement, en recons-
2000
truction partielle qu’en construction
neuve, ces enrobés à haut module
0 ont été mis en œuvre sur le réseau
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000 18000 20000
Module LPC [MPa] - 15 °C 10Hz
routier vaudois. En plus des tron-
çons répertoriés à la figure 8, on
16: Module LCPC – FWD. peut encore citer les routes sui-
LCPC-/FWD-Modul. vantes: la RC19 (Nyon, 1995), la
RC179 (Villars-Ste-Croix, 1996), les
Les formules HMT..s, voire les AB...s des liants «moyennement» durs (B A1 (La Venoge/Ecublens, 1996,
(d’avant 1988), et les HMT 22 S n’at- 35/50, par exemple), les modules Yverdon–Payerne, 1998–2000) et A9
teignent pas de telles performances élastiques mesurés in situ avec le (Contournement de Lausanne, 1996).
en fatigue. Les déformations rela-
tives 6 se situent en deçà de 100.

Modules in situ FWD


L’appareil FWD, utilisé sur quelques-
unes des réalisations précitées, a
permis de mettre en évidence les
mêmes tendances que celles notées
en laboratoire. La figure 16 met en
parallèle les résultats FWD (en ter-
me de module élastique) et les va-
leurs correspondantes mesurées en
laboratoire.
Les modules complexes mesurés
en laboratoire sont conventionnelle-
ment exprimés à +15 °C et pour une
fréquence de sollicitation de 10 Hz.
Ceux mesurés in situ par le FWD le
sont à la température vraie (qui est
systématiquement relevée), puis re-
calculés à la température de référen-
ce de + 25 °C. La fréquence de sollici-
tation du FWD employée est de
l’ordre de 34 Hz.
La relation entre le «Module com-
plexe de laboratoire LCPC – Module
élastique FWD» s’avère très satisfai-
sante dans la plage de valeurs al-
lant de 9000 à 20 000 MPa (valeurs
LCPC à +15 °C et 10 Hz). Les me-
sures effectuées confirment égale-
ment le fait connu suivant: toutes
choses étant égales par ailleurs,
plus le liant utilisé est dur, plus les
modules sont élevés [8].
Sur les formules suisses HMT...S et
HMT...H [9], dont le module de ri-
chesse est compris entre 2,5 et 3,1, 17: Historique.
et qui peuvent être fabriqués avec Geschichte.

strasse und verkehr Nr. 10 Oktober 2002 427


FACHARTIKEL ARTICLES TECHNIQUES

Le schéma de la figure 17 décrit les


différentes opérations d’entretien et
de reconstruction réalisées sur l’au-
toroute A1 Lausanne–Genève, dans
la région de Morges, entre 1974 et
1995.
La superstructure, à la mise en ser-
vice, se compose de couches liées
avec des bitumes très mous (B
180/220 et B 120/150), posées sur
une fondation en grave I ronde,
0/100 non gélive. Au début, le trafic
total et celui des PL sont très «mo-
destes».
Dix ans plus tard, ils ont augmenté
et leur effet, aggravé par la forte uti-
lisation des pneus à clous (spikes)
sur chaussée déneigée, se fait sentir
par des déformations de la couche
de roulement. La voie normale (VN)
empruntée par la majorité des véhi- 18: A9, région de Lavaux.
cules lourds, présente des ornières A9, Region von Lavaux.
bien marquées. Elles sont suppri-
mées temporairement (IIa) par la fatigue. Leur durabilité élevée com- sion diamétrale (à –10 °C et +45 °C)
mise en place d’une nouvelle cou- pense largement le prix plus élevé s’avère très intéressant, et les tests
che de roulement (AB10s), compor- du liant très dur utilisé et le dosage peuvent être pratiqués sur des
tant des granulats entièrement con- supérieur à celui d’un HMT 22 S/H éprouvettes de type Marshall et sur
cassés et un bitume un peu plus dur ou 32 S/H. des échantillons carottés in situ.
(B 80/100). Pour la traversée de Morges (1993) Pour la détermination des modules
A cette époque, la Suisse commen- et de Rolle à Gland (1995) (phase sur le chantier, le FWD est l’outil
ce à connaître les fortes déforma- IV a), une à deux couches de BBHM idéal qui permet d’avoir des résul-
tions plastiques créées par un im- 32 S sont mises en place sur la gra- tats immédiatement après les me-
portant trafic lourd canalisé. Les ve de fondation existante. Les me- sures et de pouvoir les corréler
déformations observées en surface sures au FWD (en fin de chantier, avec les résultats obtenus en labo-
proviennent de l’instabilité des puis récemment) montrent que la ratoire.
couches de base liées avec des bi- voie normale reconstruite supporte
tumes trop tendres, dont le dosage très bien le trafic lourd. Les modules Le producteur de liant
est trop élevé pour cette dureté. De de rigidité estimés à partir des me- Les pétroliers européens ont égale-
plus, le squelette granulaire n’est sures FWD correspondent bien à ment participé à la réussite de ces
pas assez stable. ceux mesurés en laboratoire [5]. sous-couches bitumineuses origi-
En 1985, il faut reconstruire en pro- A ce jour, les chaussées de ces deux nales imaginées par des techni-
fondeur une partie de la chaussée tronçons de la N1 ne souffrent ni de ciens routiers de l’Hexagone. Les
(VN – schéma III a). déformations plastiques permanen- premières réalisations ont utilisé
L’orniérage ne réapparaît pas, mais tes, ni de fissuration. les bitumes à disposition à
l’ensemble des couches liées (18 cm l’époque chez les pétroliers, à sa-
seulement pour un trafic TF > 2000, Le mandataire technique spécialisé voir les bitumes de «distillation di-
T5) est fatigué: au début des années Pour ces enrobés spéciaux EME, recte» les plus durs (pén. 10/20) as-
90, de la fissuration apparaît. Les ca- qui se caractérisent par des perfor- sociés, ou non, avec des bitumes
rottages exécutés et les mesures de mances exceptionnelles en rigidité encore plus durs de type «oxydés».
portance au FWD montrent que la et en fatigue, les essais de labora- Comme la fragilité à froid d’un bitu-
fissuration traverse tous les enrobés toire sont nécessairement plus me va de pair avec sa dureté, cer-
(schéma, phase IV). complexes, longs et onéreux (fa- tains pétroliers ont développé en-
Cette deuxième reconstruction par- tigue, module et orniérage). Peu de suite une gamme de bitumes «spé-
tielle (seule la VN est fatiguée – laboratoires ont tous les appareils ciaux», toujours relativement durs
29 ans de service) doit être durable qu’il faudrait, et il a fallu faire preu- mais un peu moins fragiles à basse
(20 ans), économique, performante ve d’un peu d’imagination pour uti- température. Enfin, est apparu le
et facile à mettre en œuvre. La solu- liser au mieux les possibilités exis- concept «multigrade» qui, comme
tion consistant à mettre en œuvre tantes. L’essai Marshall garde tout son nom l’indique, assure des per-
des enrobés à haut module est rete- son intérêt pour l’estimation de la formances convenables à toutes les
nue. Ces matériaux (appelés BBHM teneur en vides résiduels et comme températures, mais ne satisfait pas
32 S et BBHM 16S) sont faciles à référence de compacité sur le chan- automatiquement toutes les exi-
fabriquer, à mettre en œuvre et à tier. Pour ce qui concerne l’appré- gences requises par les EME. Des
compacter. Ils sont très perfor- ciation des performances en rigidi- liants de ces quatre familles ont été
mants, aussi bien en portance qu’en té et en fatigue, l’essai de compres- utilisés pour les EME examinés

428 route et trafic No 10 Octobre 2002


FACHARTIKEL ARTICLES TECHNIQUES

Selon tableau 3.2.2 Caractéristiques


Famille de liant dur
Chantier n° Liant type Pén. à 25°C [1/10 mm] A&B”[°C] Fraass [°C]
7, 10 C Distillation directe avec < 25 > 60 <0
+/– d’oxydé
3, 4 D Distillation directe < 25 > 60 <0
5, 6, 8 A Distillation directe spéciale < 30 > 60 <–5
9 B Multigrade < 40 > 50 <–5
19: Familles de liant.
Bindemittelfamilie.

Module complexe à 15 °C / 10 Hz pén. 25°C = 18 10-1 mm


pén. 25°C = 22.3 10-1 mm
Module E* [MPa] A et B = 61 °C
A et B = 69.5 °C
IP = 0.92 IP = - 0.8

100000 Type A Type B Type C


pén. 25°C = 33/35 10-1 mm
Limite DRN VD, BBHM22S - C2, (1996) A et B = 65/66.2 °C
IP = 1.12
Limite pour EME 1 et 2 NF P98 - 140

Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et BBHM22S - C1 - C2, (1999)


Module complexe [MPa]

15000
14000
13000
10000
HMT22S 60/70
DRN VD
BBHM32S (1993)
Lot 06+08/301

DRN VD
HMT22S, SN 640 431b BBHM22S-C2 (1999)
DRN VD
BBHM22S-C1 (1999)

EME1, NF P98-140 EME2, NF P98-140 20: Module com-


1000 plexe – Spécifica-
2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8
tions.
Module de richesse [-]
Komplexmodul –
Spezifikationen.

Essai de fatigue à 10 °C / 25 Hz
pén. 25°C = 22.3 10-1 mm 6 pén. 25°C = 18 10-1 mm
A et B = 69.5 °C Déformation relative Eps. 10 A et B = 61 °C
IP = 0.92 IP = - 0.8

180 Type A Type B Type C


pén. 25°C = 33/35 10-1 mm
170 Limite DRN VD, BBHM22S - C2, (1996 et 1999) A et B = 65/66.2 °C
IP = 1.12

160
Déformation Relative Eps. 106

150

Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et Limite pour EME 2 NF P98 - 140
140

130

120 Limite DRN VD pour BBHM22S - C1 DRN VD


BBHM32S (1993)
Lot 06+08/301
110 Limite pour EME 1 NF P98 - 140
HMT22S 60/70
DRN VD
BBHM22S-C2 (1999)
100
HMT22S, SN 640 431b DRN VD
BBHM22S-C1 (1999)
90 HMT25s 60/70

EME1, NF P98-140 EME2, NF P98-140


80 21: Fatigue –
2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 Spécifications.
Module de richesse [-] Ermüdung –
Spezifikationen.

strasse und verkehr Nr. 10 Oktober 2002 429


FACHARTIKEL ARTICLES TECHNIQUES

dans cette étude, et ils peuvent être Remarques finales – Références


classés (en reprenant la numérota- recommandations [1] Duriez et Arrambide, «Traité des ma-
tion du chap. 3.2.2) selon le tableau tériaux», Dunod, Paris.
de la figure 19. Le concept initial des enrobés à [2] «Valeurs théoriques – BBHM 32 S»,
Les liants C et D sont de la première hautes performances EME, qui a Canton de Vaud, Service des routes
génération, le A de la deuxième et consisté à choisir un liant très dur et autoroutes, Division RN, avril
le B respectivement de la troisième (rigidité très élevée) et un fort do- 1993.
génération. Seuls les liants A, C et sage de bitume (augmenter l’épais-
[3] A. H. Assef-Vaziri et all., Mandat VSS
D permettent d’obtenir les perfor- seur du film de liant pour obtenir 27/81, 10/84, «Essai de compression
mances minimales voulues pour des performances exceptionnelles diamétrale».
les EME. Cette constatation va de en fatigue), s’avère parfaitement
[4] M. Huet, Route et Trafic 9/90, «Ca-
soi, puisque ces liants ont été ima- adapté aux buts recherchés. Toutes
ractérisation mécanique des enro-
ginés pour les EME tout particuliè- les réalisations autoroutières roman- bés suisses au moyen de l’essai de
rement. des, dont certaines fêteront leurs dix compression diamétrale».
Si l’on s’éloigne trop de l’idée ans, ont rendu les services escomp-
de départ, comme le relatent cer- tés. [5] B. Graf, Route et Trafic 2/02, «Les
bitumes polymères dans quelques
taines expériences [9], on connaît Ces enrobés sont à utiliser pour tous réalisations vaudoises».
rapidement quelques désillusions. les cas de renforcement d’une su-
En effet, les matériaux HMT…H perstructure routière fatiguée, parti- [6] G. Cuennet et Ch. Rohr, Route et Tra-
définis selon nos normes natio- culièrement lorsqu’il n’est pas pos- fic 2/02, «L’action COST 336: FWD».
nales SN, ne partent pas de la sible d’exhausser le niveau de roule- [7] «BBHM 22 S – Classe C2. Proposi-
même idée de formulation. Les ment. En construction neuve, ils tion – Exigences», Canton de Vaud,
HMT…H sont la variante ultime permettent également de diminuer Service des routes, Division RN,
officiellement à disposition du les épaisseurs des couches de base, mars 1999.
technicien routier suisse dans la grâce à leur module très élevé et à [8] J. Perret et all., Mandat VSS
gamme des couches de support leur résistance en fatigue très supé- 1996/035, 12/01, «Evaluation des
très résistantes à l’orniérage. Mais rieure à celle des HMT 22 S/H. performances de nouveaux maté-
il s’avère que le faible dosage en Les résultats positifs obtenus à ce riaux de revêtement: 1re partie: enro-
liant suggéré ne permet plus de jour, ainsi que les recherches actuel- bés à haut module».
garantir la résistance à la fatigue, lement en cours [8], [10] conduiront [9] H. Byland, Route et Trafic 10/01,
autrement qu’en utilisant un liant prochainement à une proposition de «Tragschichten Typ H: erste Erfah-
PmB, et pas n’importe lequel. Par normalisation par SN qui permettra rungen».
rapport au concept, on peut écrire dès lors une utilisation courante et [10] ASTRA, «Unterhalt 2000 – Massnah-
l’inéquation suivante: EME >> intense de ce type d’enrobé, princi- me 17, Forschungsprojekte 1–4 und
HMT…H. palement pour l’entretien construc- 7», Februar 2000.
tif du réseau autoroutier suisse (en
2001, 58 % du réseau est âgé de 26
ans et plus).

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