Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Essais de qualification –
rappel/description
Les essais auxquels il est fait allu-
sion dans le présent article sont à
disposition plus ou moins facile-
ment en Suisse. Les éléments les
plus significatifs sont rappelés ci-
après.
Compression diamétrale
Cet essai utilisé par les Belges du
CRR pour les bétons bitumineux est
inspiré de l’essai «Brésilien» prati-
qué sur les bétons hydrauliques [3].
Les résultats de cet essai permettent
de connaître, pour le moins, la capa-
cité (souhaitée) de déformation à
faible température ainsi que la résis-
tance à la déformation aux tempéra-
tures élevées.
L’essai consiste à déterminer la
contrainte de rupture en traction par
compression d’une éprouvette cy-
lindrique, écrasée entre deux pla-
1: A1 vers Morges. teaux le long d’une génératrice. La
A1 bei Morges. vitesse de chargement est constante
Qualification/Performance
Propriété Essai Norme NF Indicateur EME 1 EME 2
0 / 14 0 / 20 0 / 14 0 / 20
Formulation – Module de richesse ≥ 2,5 ≥ 3,4
Pourcentage de vides: à 100 girations ≤ 10 ≤6
Compactabilité PCG P 98-252
[% vol.]: à 120 girations ≤ 10 ≤6
Tenue à l’eau Duriez P 98-251-1 Rapport I/C à 18°C ≥ 0,70 ≥ 0,75
Orniérage LPC P 98.253-1 Ornière à 60°C, après 30000 cycles [%] ≤ 8,0
Rigidité LCPC P 98-260-2 Module complexe à 15°C et 10 Hz [MPa] ≥ 14000
Déformation relative à 10°C et 25 Hz,
Fatigue LCPC P 98-261-1 ≥ 100 ≥ 130
après 106 cycles [10-6]
2: Principales performances selon NF P 98-140.
Hauptleistungen gemäss NF P 98-140.
et l’essai est exécuté à différentes Orniéreur LPC cycles permet de connaître, d’une
températures, généralement –10 °C L’essai consiste à reproduire un tra- part, la résistance de l’enrobé testé
et + 45 °C (éventuellement à + 25 °C). fic lourd et canalisé sur un enrobé à l’orniérage par fluage et, d’autre
Les éprouvettes peuvent être des pour définir sa tenue à l’orniérage part, la progression de ce fluage en
«éprouvettes» Marshall ou des par fluage. L’enrobé fabriqué en la- fonction du nombre de cycles de
échantillons carottés prélevés in boratoire ou extrait in situ est une sollicitation.
situ. plaque de 10 cm d’épaisseur géné-
A part la contrainte de traction, les ralement, sollicitée cycliquement Module Complexe et Fatigue LCPC
deux autres indicateurs utilisés sont par une charge roulante équipée Pour la détermination des caracté-
la déformation verticale relative et le d’un pneumatique passant une fois ristiques concernant le Module et la
coefficient de traction (CT). Cet essai par seconde. Fatigue, il faut confectionner des
a fait l’objet de plusieurs mandats La température d’essai (générale- éprouvettes spéciales (trapézoï-
de recherche en Suisse [3], [4] mais ment + 60 °C) est garantie par une dales) découpées dans des plaques
n’est pas encore proposé dans les enceinte, et les mesures de la pro- fabriquées en laboratoire ou extrai-
normes. Certains maîtres d’œuvre fondeur des ornières dans les traces tes de prélèvements sur le chantier.
(RN Vaud et Valais) ont fixé des va- de passage sont enregistrées à huit Dans les deux cas, les éprouvettes
leurs limites pour ces indicateurs. instants différents (entre 100 et sont fixées par leur grande base
Cet essai «simple» est un complé- 100 000 cycles). et sollicitées (sinusoïdalement) à
ment très intéressant à l’essai Mar- L’examen de la profondeur de l’or- l’autre extrémité sous forme d’un
shall. nière en fonction du nombre de déplacement imposé, pour des
1E+04 1E+04
par température. Les éprouvettes
sont testées pendant 500 cycles. Ce
qui permet d’établir la courbe maî-
tresse du mélange examiné. Par
1E+03 1E+03
convention, on exprime générale-
ment ce module à 15 °C et pour une
fréquence de 10 Hz.
Pour la Fatigue, les éprouvettes
1E+02 1E+02
1E-05 1E-04 1E-03 1E-02 1E-01 1E+00 1E+01 1E+02 1E+03 1E+04 1E+05 1E+06
sont sollicitées jusqu’à la rupture,
FREQUENCE [Hz]
en admettant que cette rupture est
atteinte lorsque l’effort nécessaire
5: Courbe maîtresse de module. pour déplacer l’éprouvette est la
Standardmodulkurve. moitié de l’effort initial. Le test est
pratiqué à 10 °C (éventuellement à
1E-02 1E-02 d’autres températures supplémen-
taires) et 25 Hz, et pour cinq ni-
a = -0.160 veaux de déformation initiale. Les
p = -6.260
2
informations sont représentées gra-
r = 0.913 phiquement sous forme de droites
6
EPS 6 = 157 .10 -
DEFORMATION [10-6]
-a -6 -0.160
EPS = K . N = 1427 . 10 . N FWD
Les FWD sont des petits systèmes
1E-05 1E-05
1E+03 1E+04 1E+05 1E+06 1E+07
sur remorque tractée (1 tonne envi-
DUREE DE VIE [N cycles]
ron), qui font des mesures à l’arrêt.
Le but est de simuler le passage
6: Courbe de fatigue. d’un essieu lourd en mouvement.
Ermüdungskurve. On le fait au travers d’une charge
pulsée (masse tombante) transmise
à la structure par une plaque rigide
de chargement (diamètre 30 cm, gé-
néralement). L’effet de cette charge
(dont on connaît parfaitement l’in-
tensité et la durée) est mesuré par
une série de capteurs de déplace-
ment (type: géophone), placés lon-
gitudinalement sous la remorque
FWD [il y a de 6 à 10 capteurs]).
L’impact de la charge pulsée peut
être mesuré sur une longueur de
2 mètres.
La famille des appareils FWD (Fall-
ing Weight Deflectometer), ou Dé-
flectomètre à masse tombante, ap-
partient depuis longtemps au maté-
riel à disposition des spécialistes
pour évaluer la capacité portante
des structures routières. Ce matériel
a été développé en même temps
(années 60) et par les mêmes per-
sonnes, en France, que le Déflecto-
7: Appareil FWD. graphe Lacroix, appareil le plus
FWD-Gerät. connu de tous [6]. Ce n’est que plus
tard, dès 1964, que le FWD a été re- sait de variante d’entreprise propo- Valeurs techniques
mis en exploitation par les services sée en lieu et place de solution clas- Tous les chantiers ne sont pas exa-
routiers danois. A partir de 1976, sique. minés en détail, essentiellement en
plusieurs sociétés nordiques ont Comme pour les réalisations ur- raison de l’indisponibilité de cer-
continué de développer et fabriquer baines, le premier chantier sur route taines informations (voir figure 9).
des FWD. Aujourd’hui, cinq sociétés cantonale est une variante d’entre-
privées fabriquent des FWD, dont prise exécutée à la même époque Analyse des résultats
trois en Europe (Dynatest, KUAB et sur les hauts de Lausanne. Dès L’ensemble des nombreuses informa-
Carl Bro (ex-Phoenix), une aux USA 1993, les bétons bitumineux à haut tions disponibles est représenté sous
(JILS) et la dernière au Japon (Ko- module trouvent leur application forme graphique, assortie des re-
matsu). Plus de 300 appareils sont sur autoroute, en particulier sur la marques et commentaires y relatifs.
actuellement en service dans le A1 entre Lausanne et Genève, dans
monde, dont plus de 100 aux USA et la région de Morges. De nom- Le Module de richesse
un en Suisse. breuses réalisations autoroutières Pour mémoire, les concepteurs des
ont été entreprises depuis. enrobés à module élevé voulaient
obtenir, à partir des formules «clas-
Les réalisations romandes Tableaux synoptiques des chantiers siques» HMTS ou similaires, et au
examinés et des valeurs techniques travers d’une seule opération (quan-
Les auteurs ont rassemblé les infor- disponibles titative et qualitative), beaucoup
mations dont ils disposaient et re- Les informations disponibles sont plus de rigidité, mais pas moins de
cherché tous les compléments dis- regroupées selon deux tableaux. Le résistance à la fatigue et à l’ornié-
ponibles. premier rappelle quelques générali- rage. En choisissant des teneurs en
tés et le deuxième explicite les liant très élevées (> 5 % sur total) de
Rappel chronologique sources techniques utilisées. liants très durs (pénétration < 25),
Les premiers EME romands ont été on satisfait toutes ces exigences. De
exécutés en voirie urbaine à Lausan- Généralités plus, les vides résiduels de labora-
ne au début des années 80. Il s’agis- (voir figure 8) toire (Marshall, par exemple) et in
3.2
formules courantes de type HMTS.
3 Cette différence entre les modules
2.8 Limite SN pour HMT16-22S
de richesse correspond en fait à une
différence de l’ordre de 1% sur les
2.6
teneurs en liant.
2.4 Les lots autoroutiers de la N1 entre
2.2
Lausanne et Genève (n° 6, 9 et 10)
exécutés entre 1993 et 1999 font état
2
de modules de richesse compris
1.00
2.00
3.00
3.01
4.00
5.00
5.01
6.00
6.01
6.02
6.03
6.04
6.05
6.06
7.00
8.00
9.00
9.01
9.02
9.03
9.04
9.05
9.06
9.07
9.08
9.09
9.10
9.11
10.00
10.01
10.02
10.03
10.04
10.05
10.06
10.07
Chantier n°
entre 3,3 et 3,5. Les teneurs en liant
correspondantes sont ainsi «géné-
10: Module de richesse. reuses»: elles varient entre 5,2 et
Modul des Bindemittelgehalts. 5,6 % sur enrobé. C’est un choix déli-
béré fait pour garantir la pérennité
Compression diamétrale des performances, sans risque de
Contrainte de traction à - 10 °C fissuration. Les formules utilisées
5.5
sont de type «EME 2» (spécial fati-
Marshall Carotte chantier Carotte plaque LPC gue), définies par la norme française
NF – P 98-140 (module de richesse
5 m ≥ 3,4). Le module de richesse per-
met donc de repérer simplement
AB16us 60/70 + TE
la famille des enrobés HMT...S
Contrainte [N/mm2]
4
Compression diamétrale
Nous avons choisi de représenter la
contrainte de traction à –10 °C et à
3.5 +45 °C, en fonction du module de
HMT32s 60/70 + TE richesse.
Les essais réalisés à –10°C indiquent
3
2 2.2 2.4 2.6 2.8 3 3.2 3.4 3.6 3.8 4
que les EME avec un module de ri-
Module richesse [-] chesse > 3,2 dépassent la valeur mi-
nimale 4,0 N/mm2 fixée par la DRN-
11: Compression diamétrale, contrainte de traction –10 °C. VD (Division des Routes Nationales
Druckdiagramm, Zugspannung –10 ° C. du canton de Vaud). Cette exigence
relativement «sévère» n’est par
Compression diamétrale contre pas respectée systématique-
Contrainte de traction à + 45 °C
ment pour les EME dont le module
0.7 de richesse est inférieur à 3,2. C’est
Marshall Carotte chantier Carotte plaque LPC
également le cas des matériaux
0.6 «classiques» du type HMT...s et
Limite DRN VD pour BBHM32 (1993) AB...us. L’indicateur «déformation»,
0.5
qui n’est pas représenté ici, amène
les mêmes remarques, à savoir que
Contrainte [N/mm2]
0.1
En bref, et comme le signalent les
2 2.2 2.4 2.6 2.8 3 3.2 3.4 3.6 3.8 4 spécialistes [3], [4], les caractéris-
Module richesse [-]
tiques relevées avec l’essai de com-
12: Compression diamétrale, contrainte de traction + 45 °C. pression diamétrale sont suffisantes
Druckdiagramm, Zugspannung + 45 °C. pour donner un préavis sur les per-
50 °C 60 °C
Orniérage LPC
14
Seules quelques formules mises en Limite SN pour HMT16-22S à 60 °C, 10'000 cycles, 1997 et Limite DRN VD pour BBHM22S - C2 à 60 °C, 30'000 cycles, 1999
œuvre ont été testées avec l’ornié- 12 Limite SN pour HMT H à 60°C, 30'000 cycles, 1997 et Limite DRN VD pour BBHM22S - C1 à 60°C, 30'000 cycles, 1999
reur LPC.
Sur le graphique, qui exprime la
Orniérage [%]
10
profondeur de l’ornière en fonction
du module de richesse, tous les 8
EME fabriqués avec des liants très
durs présentent moins de 8 % d’or- 6 AB16us 60/70 + TE
Module LCPC Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et BBHM22S - C1 - C2, (1999)
chesse.
La DRN-VD, qui avait fixé une valeur
minimale de 15 000 MPa et un mo-
dule de richesse de 3,7 environ pour
ces premières réalisations de 1993,
avait été un peu trop exigeante [2]. 1000
2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8
En effet, les valeurs obtenues se si- Module de richesse [-]
tuaient entre 11 000 et 13 000 MPa.
Si l’on ramène le module de riches- 14: Module complexe LCPC.
se à hauteur de 3,2 environ, il est Komplexmodul LCPC.
possible d’obtenir des modules
complexes de plus de 15 000 MPa pén. 25°C = 22.3 10-1 mm
Essai de fatigue à 10 °C / 25 Hz
pén. 25°C = 18 10-1 mm
6
Déformation relative Eps. 10
(18 000) [7]. A et B = 69.5 °C
IP = 0.92
A et B = 61 °C
IP = - 0.8
Les valeurs correspondantes de mo- 180 Type A Type B Type C
dule complexe pour les enrobés Limite DRN VD, BBHM22S - C2, (1996 et 1999)
pén. 25°C = 33/35 10-1 mm
A et B = 65/66.2 °C
170
«classiques» HMT...S (dont les mo- IP = 1.12
150
MPa). Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et Limite pour EME 2 NF P98 - 140
140
la déformation relative 6 est repré- 110 Limite pour EME 1 NF P98 - 140
sentée en fonction du module de HMT22S 60/70
100
richesse.
Les EME contrôlés font état de va- 90 HMT25s 60/70
15000
14000
13000
10000
HMT22S 60/70
DRN VD
BBHM32S (1993)
Lot 06+08/301
DRN VD
HMT22S, SN 640 431b BBHM22S-C2 (1999)
DRN VD
BBHM22S-C1 (1999)
Essai de fatigue à 10 °C / 25 Hz
pén. 25°C = 22.3 10-1 mm 6 pén. 25°C = 18 10-1 mm
A et B = 69.5 °C Déformation relative Eps. 10 A et B = 61 °C
IP = 0.92 IP = - 0.8
160
Déformation Relative Eps. 106
150
Limite DRN VD, BBHM32S, (1993) et Limite pour EME 2 NF P98 - 140
140
130