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POLITIQUE

Exclusif – Guinée :
l’histoire secrète de la
chute d’Alpha Condé, par
François Soudan
RÉSERVÉ AUX ABONNÉS
08 septembre 2021 à 18h18
Par François Soudan
Mis à jour le 09 septembre 2021 à 14h25

Comment le président guinéen a-t-il


pu être si facilement capturé ?
Pourquoi avait-il ignoré les mises en
garde contre Mamady Doumbouya ?
D’où vient vraiment le nouveau
maître de Conakry ? Plongée dans
les coulisses du coup d’État.

• Pourquoi Alpha Condé a-t-il été


capturé aussi facilement ?
Le palais présidentiel de Sékhoutouréya, sur la
presqu’île de Kaloum, à Conakry, était en principe
entouré par un triple cordon de sécurité tenu par
des éléments du Bataillon autonome de sécurité
présidentiel (BASP), basés au camp Makambo, dans
le quartier Boulbinet, à une poignée de kilomètres
de là. Mais en ce début de matinée du dimanche 5
septembre, les petits détachements de bérets
rouges qui gèrent les trois checkpoints disposés le
long de l’avenue qui mène jusqu’à la grille d’entrée
du palais sommeillent encore.

Les soldats du BASP sont des fidèles du président –


certains d’entre eux proviennent des rangs du
service d’ordre du Rassemblement du peuple de
Guinée (RPG, au pouvoir) – mais ils ne disposent ni
de la formation ni de l’armement qui conviennent.
Le général français Bruno Clément-Bollée, qui a
beaucoup œuvré à la restructuration de l’armée
guinéenne demandée par Alpha Condé, estime que
Sékhoutouréya était « l’un des palais les plus mal
gardés d’Afrique de l’Ouest ». Si on le compare
avec le dispositif de protection du palais du Plateau
à Abidjan, « c’est le jour et la nuit », ajoute-t-il.

C’EST AU PREMIER ÉTAGE, OÙ IL VIT SEUL,


QU’ALPHA CONDÉ SERA PRIS

Venu de sa base de Kaleya à Forécariah, en Basse-


Guinée, à 85 km de là, à la tête d’une colonne
d’une cinquantaine de camions et de pick-up armés
de mitrailleuses 12,7 mm, le lieutenant-colonel
Mamady Doumbouya fonce droit sur Kaloum, où il
fait son entrée aux alentours de 8h du matin. Il a
engagé dans l’aventure la quasi-totalité du
Groupement des forces spéciales (GFS), soit 500
hommes environ, dont une partie, lourdement
armée, prend position devant le camp Makambo
pour bloquer toute sortie des renforts de la Garde
présidentielle, tandis que l’autre, dont l’unité
spéciale 8602 entraînée par les Français et les
Israéliens, se dirige sur Sékhoutouréya avec
l’appui-feu d’un blindé et de plusieurs mortiers.

Rentré quelques jours plus tôt de Sardaigne (un


séjour qui, il convient de le préciser, n’avait rien de
médical), où il s’est rendu à l’invitation de son ami
l’entrepreneur italo-érythréen Makonnen Asmaron,
avec qui il a préparé la visite officielle à Conakry du
président Isaias Afwerki prévue pour le 9
septembre, Alpha Condé, insomniaque notoire, a
fini par s’endormir aux premières lueurs de l’aube.

À LIRE Guinée : où et dans quelles conditions


Alpha Condé est-il détenu ?

Dans ce palais glacé construit par les Chinois à


l’époque de Lansana Conté, cet homme de 83 ans
vit seul. La Première dame, Djene Kaba, habite une
autre résidence et son unique enfant, Mohamed, vit
à San José, au Costa Rica. Au rez-de-chaussée et
devant la baie vitrée qui sert de porte d’entrée,
cinq ou six gardes du corps en civil tout au plus. À
l’étage, son bureau et sa chambre. C’est là que le
lieutenant-colonel Mamadou Alpha Kaloko, chef de
corps du BASP, qui s’est précipité à Sékhoutouréya
avec une poignée d’hommes dès les premiers coups
de feu, vient le trouver pour l’informer de la
situation. C’est là aussi qu’il sera pris.

À l’extérieur, l’affrontement est bref mais meurtrier.


Selon nos informations, une vingtaine de gardes
présidentiels sont tués, dont le colonel Yemoiba
Camara, commandant de la protection rapprochée
du chef de l’État, ainsi qu’au moins deux membres
du GFS. Guidés par un transfuge du BASP habitué
des lieux, les putschistes font exploser la baie
vitrée et se ruent dans l’escalier qui mène au
premier étage.

ILS LUI PASSENT DES MENOTTES APRÈS


L’AVOIR MENACÉ : « SI VOUS BOUGEZ, ON
TIRE ! »

Ils plaquent Kaloko au sol, s’emparent du


président, à qui ils passent des menottes après
l’avoir menacé (« Si vous bougez, on tire ! »), puis
le font descendre dans un salon du rez-de-chaussée
où ils le filment et le photographient, à la fois
sonné, désemparé et tout de colère contenue. Ces
images, qui rappellent celles du couple Gbagbo
hagard lors de sa capture en avril 2011, feront le
tour du monde, tout comme celles, passablement
dégradantes, d’un Alpha Condé exhibé par ses
tombeurs à l’arrière d’un 4×4 roulant toutes vitres
ouvertes à travers les rues de Conakry.
Pendant ce temps, si l’on en croit un témoin qui a
pu se rendre sur les lieux après les faits, le palais
aurait été entièrement « visité » par les hommes de
Doumbouya et nul doute que les sacs de cash qu’à
l’instar de la plupart de ses homologues du
continent Alpha Condé conservait dans sa chambre
et son bureau n’ont pas dû échapper à leur
convoitise. Un peu partout dans la capitale, mais
particulièrement dans les quartiers acquis à
l’opposition, des scènes de liesse succèdent à
l’apparition des premières photos sur les
téléphones portables. Avec leur corollaire prévisible
: le ministère de la Communication, les sièges de la
Radio rurale, du journal gouvernemental Horoya et
du désormais ex-parti au pouvoir, le RPG, ainsi que
celui de la commission électorale sont attaqués et
souvent vandalisés.

L’espace de quelques heures, ce dimanche 5


septembre, le ministre de la Défense, Mohamed
Diané, un très proche d’Alpha Condé, a cru en la
possibilité d’une contre-attaque et d’une reprise du
pouvoir grâce aux régiments – présumés fidèles –
de l’armée de terre, des parachutistes et de la
gendarmerie. Mais l’arrestation du président et la
diffusion immédiate des images sur les réseaux
sociaux, stratégie 3.0 manifestement réfléchie à
l’avance, a pris de court et comme tétanisé la haute
hiérarchie militaire. L’un après l’autre, les camps de
Conakry puis de l’intérieur du pays se sont ralliés
au coup d’État – et cela avec d’autant plus de
facilité que Mamady Doumbouya est un Malinké de
Kankan, de la même ethnie que le président, que
son ministre de la Défense et que la plupart des
hauts gradés de l’armée. La ligne de clivage
communautaire n’a donc joué aucun rôle.

• Pourquoi Alpha Condé a-t-il


jusqu’au bout fait confiance à
Mamady Doumbouya ?

Même s’il s’est toujours méfié des militaires


guinéens – qu’il a combattu pendant vingt-cinq ans
au péril de sa vie et au nom de la démocratie –
Alpha Condé était persuadé que son armée,
réformée et professionnalisée pendant ses deux
premiers mandats, était pour l’essentiel devenue
républicaine au sens strict du terme. « Je peux être
tué par l’armée, mais elle ne peut pas me renverser
», répétait-il.

Prudent, il a toujours évité d’affronter les officiers


supérieurs dont son fidèle Mohamed Diané lui
signalait le comportement problématique, préférant
les éloigner. Considérés comme des putschistes en
puissance, les généraux Edouard Théa et surtout
Aboubacar Sidiki Camara, alias « Idi Amin », ont
ainsi été envoyés comme ambassadeurs, le premier
en Angola et le second à Cuba en janvier 2019.

À LIRE Guinée : qui est Mamady Doumbouya, le


lieutenant-colonel qui a renversé Alpha Condé ?

Ce mélange de certitude et de mansuétude est


directement à l’origine de l’erreur de jugement,
voire du quasi aveuglement d’Alpha Condé à l’égard
de Mamady Doumbouya. Introduit en 2012 par le
général de gendarmerie « Idi Amin », à l’époque
directeur de cabinet du ministre de la Défense, qui
semble être son mentor (sans que l’on sache
depuis quand ils se connaissent) et le recommande,
Doumbouya rencontre tout d’abord l’ambassadeur
de Guinée à Paris, Amara Camara, à qui il affirme
vouloir se mettre au service de son pays, avant
d’être affecté à un poste d’instructeur au sein du
BASP, puis d’être reçu par le président lui-même à
Conakry.
PENDANT DES MOIS, LE PRÉSIDENT
IGNORE LES « NOTES BLANCHES » DE SES
SERVICES DE RENSEIGNEMENT SUR
DOUMBOUYA

Ce gaillard de 37 ans au CV opérationnel


impeccable – Légion étrangère française,
opérations extérieures en Afghanistan et en Côte
d’Ivoire, stages commando en Israël, au Gabon et
au Sénégal – plaît immédiatement à un président
qui n’aime rien tant que de jeter son dévolu sur un
nouveau talent, quitte à tout faire pour le séduire,
quitte aussi à s’en mordre les doigts parce qu’il
aura refusé jusqu’au bout de se déjuger. Et puis, ce
sous-officier sociable et respectueux, marié à une
française, est un Malinké comme lui, un enfant de
Kankan. Pourquoi ne pas lui faire confiance ?

Entiché de sa trouvaille, Alpha Condé envoie


Doumbouya suivre en accéléré des cours à l’École
de guerre de Paris. Il a un projet précis : cette
force spéciale en voie de constitution et destinée à
sécuriser les frontières nord de la Guinée contre les
incursions jihadistes, c’est à l’ancien légionnaire
qu’il veut la confier.

De retour à Conakry, Mamady Doumbouya


bénéficie d’une ascension météoritique. Capitaine,
commandant puis lieutenant-colonel en l’espace de
deux ans. Le 2 octobre 2018, quand les hommes du
GFS défilent encagoulés dans le stade du 28
septembre lors du soixantième anniversaire de
l’indépendance, à la cadence ultra lente des forces
spéciales (28 pas par minute), les Guinéens sont
admiratifs et Alpha Condé ne cache pas sa fierté
lorsque l’un de ses invités, le président congolais
Denis Sassou Nguesso, ancien officier parachutiste,
se penche à son oreille et lui murmure : « Tu as
tout ça ? »

Condé partage aussitôt les images du spectacle à


ses amis depuis ses quatre ou cinq téléphones
portables. Quelques jours plus tard, sur un plateau
de la télévision guinéenne, il s’exclame en riant : «
Vous les avez vus ? Toutes les femmes sont
tombées amoureuses de Doumbouya.
Malheureusement pour elles, il est déjà marié ! »

À LIRE Guinée : l’étrange cérémonie


d’allégeance aux putschistes

Dès lors, comment s’étonner si, pendant des mois,


le président préfère ignorer les « notes blanches »
de ses services de renseignement, lesquels lui
rapportent les propos présumés de cet officier très
populaire au sein de sa troupe. Certaines de ces
fiches sont anecdotiques : on l’aurait entendu se
plaindre dans un supermarché de la piètre qualité
des vins importés. D’autres sont plus inquiétantes,
quand elles relatent des phrases critiques sur la
gouvernance, tenues par l’intéressé dans un
établissement de Conakry habituellement fréquenté
par les membres du contingent guinéen de la
Minusma au Mali lors de leurs séjours en
permission, ainsi que le dédain affiché par le chef
des forces spéciales pour les capacités
opérationnelles de l’armée « ordinaire ». Toutes
pointent sa filiation avec le général « Idi Amin »,
tenu en haute suspicion dans son exil diplomatique
cubain, ainsi que le risque de voir le GFS devenir
l’unité la mieux armée des forces de défense.

TOUS LES INITIÉS S’INTERROGEAIENT


SUR LES INTENTIONS DES FORCES
SPÉCIALES ET DE LEUR CHEF

À partir d’avril 2020, la mésentente entre le


lieutenant-colonel Doumbouya et Mohamed Diané
alimente les rumeurs de la presse. À l’approche de
l’élection présidentielle, dans un climat
particulièrement tendu, le premier refuse la
délocalisation prévue de la base des Forces
spéciales de Conakry à Kaleya, non loin de
Forécariah. Il exige que son unité demeure dans la
capitale, afin, dit-il, d’être en mesure d’y sécuriser
le scrutin. Diané, qui trouve cette insistance
suspecte, demande au président de trancher. Alpha
Condé accepte la délocalisation, mais concède à
Doumbouya le maintien d’une antenne des forces
spéciales à Kaloum, proche du jardin du 12 octobre
et du Palais du peuple. Ironie du sort, c’est là où,
selon nos informations, il serait aujourd’hui détenu.
Le chef de l’État se laisse également convaincre de
la nécessité de renforcer sa garde personnelle.
Début 2021, une centaine de jeunes sont envoyés
en formation au camp de Soronkoni près de
Kankan, sous la houlette d’instructeurs turcs
envoyés par son ami le président Erdogan. Mais il
se refuse encore à écarter Doumbouya, incapable
d’imaginer que ce dernier puisse tenter quoi que ce
soit contre celui à qui l’ancien caporal-chef de la
Légion doit ses cinq galons de lieutenant-colonel.

De passage à Conakry il y a moins de deux mois,


Bruno Clément-Bollée parle de l’atmosphère
étrange qui y régnait : « Je n’avais jamais vu le
climat politique aussi calme, aussi atone. Et en
même temps, tous les initiés s’interrogeaient sur
les intentions des forces spéciales et de leur chef. »

• Pourquoi la chute d’Alpha Condé a


laissé les chefs d’État (presque)
indifférents ?
En dehors des condamnations de principe de la
communauté internationale et de l’inquiétude sur
son sort exprimée par les présidents ivoirien,
togolais, congolais, ou par son ancien camarade de
l’Internationale socialiste Antonio Gutteres, nul n’a
exigé explicitement le retour immédiat de l’ordre
constitutionnel et celui d’Alpha Condé au pouvoir. Si
les médias francophones ont « couvert »
l’évènement, leurs homologues anglophones se
sont avant tout intéressés au décuplement
consécutif du prix de la bauxite, dont la Guinée est
le premier producteur mondial.

C’est que, dans la région et ailleurs, ce panafricain


complexe au caractère difficile n’avait guère d’amis
– ou en tous cas trop lointains pour intervenir.
Qu’auraient pu faire pour lui l’Angolais Lourenço, le
Sud-africain Ramaphosa ou l’Érythréen Afwerki ?
En quoi le Turc Erdogan, le Chinois Xi Jinping ou le
Russe Poutine pouvaient s’opposer au coup d’État ?
Sans parler du Français Emmanuel Macron, avec
qui il était en froid depuis que ce dernier avait
critiqué son troisième mandat.

LE PRÉSIDENT AVAIT FINI PAR TOUT


CONCENTRER ENTRE SES MAINS, NE
FAISANT CONFIANCE QU’À LUI-MÊME

À ce relatif isolement s’ajoutaient tous les défauts


d’une gouvernance solitaire. Cet adepte du micro-
management avait fini par tout concentrer entre
ses mains, écoutant peu et contrôlant tout, ne
faisant en réalité confiance qu’à lui-même, obsédé
par le devenir d’une Guinée qu’il avait chevillée au
corps et dont il emportait la terre à la semelle de
ses chaussures à chacun de ses déplacements hors
de son pays.
Sous les eaux dormantes décrites par Clément-
Bollée, des courants s’agitaient et la tension était
vive à l’intérieur même du camp au pouvoir. La
rupture entre Alpha Condé et son Premier Ministre,
le très ambitieux Kassory Fofana, était ainsi donnée
pour imminente. Quant aux chefs de l’armée et de
la gendarmerie, les généraux Namory Traoré et
Ibrahima Baldé, ainsi que le gouverneur de
Conakry, le général Mathurin Bangoura, dont le
silence et l’inaction lors du coup d’État pose
question, ils ne cachaient pas leur mécontentement
face aux mesures d’austérité budgétaire affectant
l’état-major, exigeant notamment le
renouvellement de leurs véhicules de fonction.

À LIRE Guinée, Mali : les forces spéciales


menacent-elles la démocratie ?

Conscient de cette grogne, Alpha Condé s’était


promis d’y remédier. Le 4 septembre au soir, veille
du putsch, lors d’un dîner pris avec quelques invités
étrangers à Sékhoutouréya, entre une explication
de son programme de logements pour tous et une
dissertation sur sa vision de la Guinée, « deuxième
économie de l’Afrique de l’Ouest à l’horizon 2030 »,
le président avait eu cette phrase : « Je vais
desserrer le budget de l’armée, inutile de se créer
des problèmes ». Ce qu’il ignorait c’est qu’à ce
moment-là, des éléments précurseurs de Mamady
Doumbouya avaient déjà pris position aux alentours
et au sein même de l’hôtel Kaloum, vaste complexe
quatre étoiles construit par les Chinois et inauguré
en octobre 2018, à quelques centaines de mètres
du palais.

Le lieutenant-colonel Doumbouya a-t-il agi parce


qu’il sentait l’étau se resserrer autour de lui ? Et
surtout, a-t-il agi seul ou sous influence ? Dans un
pays encore très fortement marqué par les
appartenances communautaires, le fait qu’il soit
Malinké, comme 90 % de ses hommes, explique en
partie l’absence de réaction des partisans d’Alpha
Condé et de son parti. C’est le troisième coup
d’État réussi dans l’histoire de la Guinée après ceux
de Lansana Conté et de Moussa Dadis
Camara. Comme à chaque fois, les prisons
s’ouvrent et la foule applaudit.

LES MILITAIRES GUINÉENS AU POUVOIR


SE SONT TOUJOURS SERVIS AU LIEU DE
SERVIR

Reste à connaître la suite qui, comme on le sait, a


souvent tendance à se solder par un désastre
politique et économique tant il est évident que les
militaires guinéens au pouvoir se sont toujours
servis au lieu de servir. Quant à Alpha Condé, dont
c’est là la deuxième arrestation par l’armée après
celle de 1998, qui lui valut de croupir deux années
et demi en prison, son avenir s’écrit en pointillés.
Si l’on attend du nouvel homme fort de Conakry
qu’il garantisse au minimum son intégrité physique,
l’option de l’exil n’est pas encore ouverte. Où irait-
il, d’ailleurs, ce vieux lutteur qui ne possède pour
tout bien à l’étranger qu’un petit appartement place
d’Italie à Paris, acquis alors qu’il était encore
opposant ? Là où il est détenu aujourd’hui, on
l’imagine à la fois profondément blessé dans son
orgueil, anéanti par les trahisons, balloté entre
rage, déni et abattement et déterminé à maintenir
à flot cette forme de dignité cassante et autoritaire
qui lui a toujours servi de boussole, quitte à ce que
cette dernière le mène dans une impasse. Le temps
de l’autocritique viendra plus tard.

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