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In fine, quelle est la valeur des fonds de commerce, en 2022, dans les
quartiers touristiques et tertiaires de la capitale lorsque la rentabilité et
le droit au bail, élément incorporel constitutif du fonds, chutent
simultanément ? L'expertise est ponctuelle. Elle répond à l'unicité d'un
cas.
Outre les bases logistiques, prisées des utilisateurs et investisseurs en 2022, que j'exclurai
de cette réflexion parce que faisant l'objet de très peu de contentieux, nous distinguerons
trois « grandes familles » de locaux commerciaux :
les boutiques dont les loyers déplafonnés sont évalués judiciairement au sens des
articles L. 145-33 et R. 145-7 du Code de commerce ;
les bureaux aux valeurs locatives encadrées par les dispositions de
l'article R. 145-11 du Code de commerce ;
les locaux monovalents, édifiés en vue d'une seule destination (hôtels, cinémas,
théâtres et cliniques pour l'essentiel), sont visés par l'article R. 145-10 du Code de
commerce.
3 – obligatio
ns
respectives
des parties
– Les dispositions visées par la loi ACTPE, dite « Pinel », du 18 juin 2014,
ont posé des principes relatifs à la non-transférabilité de certaines charges
dont certains étaient déjà entérinés par les juridictions.
Intérêt pour le commerce considéré de son implantation dans :
4 – facteurs
locaux de
commercialit
é
– Voisinage
(limite les
investigations de
l'expert).
– Unité de surface
nécessaire pour
une juste analyse
comparative :
– surfaces utiles
brutes = bureaux
– surfaces
pondérées = bouti
ques
– capacité
d'accueil et « taux
d'effort » pour les
locaux
monovalents.
– Notion de
locaux
« équivalents » à
respecter.
– À situation égale
dans la même rue
ou le même site, il
CRITÈRES APPRÉCIATION PONCTUELLE
faut savoir
apprécier « l'effet
d'écrasement » du
loyer selon
l'étendue de
l'assiette locative
et l'impact de la
seule destination
contractuelle.
DESTINATIO
APPROCHES EXPERTALES
NS
BOUTIQUES 1. Les enjeux du déplafonnement du loyer
• les travaux effectués par le preneur qui ont modifié, de façon notable, les
caractéristiques d'un local ;
modérées ;
préfecture » ;
• l'ajustement quotidien des tarifs des nuitées voire toutes les heures
selon la demande ponctuelle ;
ET
CINEMAS
Cette méthode est recoupée par une autre approche fixant un loyer unitaire
(prix) au fauteuil existant et autorisé à la vente (norme de sécurité).
L'unanimité est telle sur ce point que les experts et juridictions concluent à
une absence de valeur du droit au bail à prendre en compte dans le cadre
de l'éviction de bureaux. Le marché révèle l'absence de référentiel. Il n'y a
pas de bureaux à céder (rarissime). Les locataires ne sollicitent que des
indemnités qualifiées d'accessoires. Évidemment, cela suggère qu'il n'y ait
aucune équivoque quant à la destination à « usage exclusif de bureaux ».
Pour autant, il doit être fait une distinction entre les notions de « loyer
économique » (après les déductions de toutes les « mesures
d'accompagnement » consenties au locataire telles que les franchises, les
loyers progressifs ou lissés, les participations directes ou indirectes aux
travaux du preneur) et celui qualifié par les professionnels de « loyer
facial ». Selon les « tensions » du marché et la nature des biens,
l'amplitude s'inscrivait, avant la crise sanitaire, entre ces deux notions de
loyer entre 0 % (« petites surfaces ») et 10 % (QCA). Évidemment, les
experts assermentés ne considèrent que le seul « loyer économique » c'est-
à-dire celui qui est « réellement payé ».
la hausse indiciaire des loyers plafonnés réduit le différentiel constaté avec les
valeurs de marché des boutiques ce qui participe, encore, à la dépréciation durable
de la valorisation des droits au bail et, par conséquent, des fonds ;
les « coûts » locatifs s'inscrivent dans une tendance à la hausse (loyers
indexés + charges notamment des consommables énergétiques) à un moment où
le pouvoir d'achat des consommateurs baisse. L'augmentation des charges
d'exploitation atteint directement la rentabilité (EBE) des fonds.
Pour autant, une révision intervient au cours du bail. Il ne s'agit pas d'une nouvelle
location ou d'un renouvellement.
16. - Les prix couramment pratiqués, lorsqu'il s'agit d'une révision, au sens de
l'article L. 145-38 du Code de commerce, ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux
avérés à l'occasion d'un renouvellement de bail ou d'une « 1re location ».
17. - Lors d'une révision, le contexte de la négociation est très différent. L'histoire de la
transaction et le « rapport de force » ne sont pas du tout les mêmes. Il est difficile pour le
bailleur d'obtenir le déplafonnement du loyer lors du renouvellement de bail. Excepté si
le déplafonnement est contractuel, le bailleur doit justifier d'un/de motif(s) notable(s).
Dans ces conditions, le bailleur peut être amené à limiter le montant de l'augmentation de
loyer sollicité pour favoriser la signature du bail. Peu est toujours mieux que rien. Le
loyer renouvelé s'inscrira dans l'amplitude basse du marché. C'est, par ailleurs, un constat
récurrent comme nous l'avons précédemment évoqué.
18. - En 2022, lors des révisions de loyer, fondées sur l'article L. 145-38 du Code de
commerce, la preneuse est, le plus souvent demanderesse lorsqu'il s'agit d'emplacements
commerciaux « N° 1 » ou « N° 1 bis » ; elle favorisera une transaction privée et rapide
même si la baisse obtenue n'est pas celle qui était escomptée à l'origine parce que la
démonstration complexe rend la demande très aléatoire. Pour l'exploitant du fonds,
obtenir une prompte baisse, même modérée, répond à une « urgence » sans avoir à
attendre un hypothétique jugement favorable : « le temps judiciaire n'est pas le temps des
affaires ». Alors, la valeur locative révisée s'établira sans doute dans son propre nouveau
segment de marché et des valeurs.
19. - Il est vraisemblable que dans les emplacements où la commercialité est médiocre
(N° 2 sur une échelle commerciale de 2), le locataire sollicitera, le cas échéant, une baisse
de loyer qui sera au moins proportionnelle à celle de la rentabilité à retrouver de son
fonds tout en « menaçant » le bailleur de lui remettre les clefs de la boutique louée ce qui,
dans la conjoncture actuelle, est un moyen de pression très « convaincant » au moment de
la négociation.
20. - Le législateur définit la valeur locative, au sens des articles R. 145-7 et L. 145-33 du
Code de commerce, comme la référence à une notion unique alors que la jurisprudence et
les experts relèvent une dichotomie des valeurs entre celles dites « en renouvellements de
baux » et les « 1re locations ». Le différentiel est notable.
La valeur locative en révision n'est pas « référencée » parce qu'elle est rare.
21. - Le caractère d'ordre public de l'article L. 145-38 du Code de commerce nous
conduit-il, nécessairement, à une fixation judiciaire où les loyers seraient a minima 30 %
inférieurs aux valeurs de marché, voire des fixations jusqu'à 50 % ou 100 % plus basses
dans les sites d'exception (N° 1) comme nous le constatons lors des renouvellements de
baux dans la capitale ?
22. - Faut-il proposer une double approche aux juges ? Plus poche de la volonté initiale
des parties et du contexte « historique » de la signature du bail d'origine tout en
respectant, évidemment, le dispositif légal ?
23. - Nous avions déjà distingué deux « types » de valeur locative. Elles sont déjà
référencées. Celle qui est fondée sur l'article L. 145-38 du Code de commerce sera/serait-
elle une 3e notion ou simplement, dans un semblant d'équité, un montant s'inscrivant à
mi-chemin entre les deux notions déjà définies. Ferait/Fera-t-elle l'objet d'une approche
ponctuelle comme précédemment évoqué selon l'historique contractuel et la volonté
initiale des parties ?
24. - Il faudra « laisser du temps au temps » pour le savoir. Certains commerçants
pourront-ils attendre ?
intervient la 3e année alors qu'il d’un nouveau bail (« 1ère location »), la valeur
locative révisée sera/serait comprise entre 80 et 95% de la valeur locative de
marché en considération de l'abattement relatif à « l'accession différée » des
travaux qui auraient été effectués par le preneur (à confirmer au cas par cas). Pour
apprécier une variation de +/-10 % des loyers depuis sa dernière fixation, il
sera/serait nécessaire de comparer avec ce qui est comparable c'est-à-dire des
valeurs de marché s'il s'agissait d'une « 1re location » entre les parties. Les
éléments de comparaison à considérer seront/seraient-ils « décapitalisés » ou
« non décapitalisés » ? Quid en cas de la hausse des valeurs locatives si le preneur
s'est acquitté initialement d'un droit d'entrée ou d'une cession de droit au bail ?
Comment éviter que ce dernier ne paie deux fois de la même « chose » d'abord
initialement puis au cours du bail lors d'une révision ? ;
intervient au cours d'un bail qui a été renouvelé 3 ans plus tôt, la valeur locative
révisée s'entendra au sens de l'article L. 145-33 du Code de commerce.
S'agirait/s'agira-t-il des mêmes valeurs que celles relevées dans le cadre des
renouvellements de baux après un éventuel abattement selon la réalisation
effective de travaux ? Une valeur locative révisée est-elle nécessairement dans le
même segment de marché que celui des renouvellements ? Quelle sera la base
référentielle pour le démontrer de façon probante ? ;
concerne un bail aux termes duquel les parties ont procédé, sans équivoque, à la
définition contractuelle du loyer à la « valeur de marché au gré des
renouvellements de baux successifs ». S'agissant de respecter la liberté
contractuelle, faudra/faudrait-il appliquer cette clause à l'occasion de la révision
du loyer, au sens de l'article L. 145-38 du Code de commerce, comme il sera
nécessaire de le faire lors des renouvellements ?
Conclusion
Dans ce contexte, la valeur vénale des fonds de commerce parisiens situés dans les très
bons emplacements centraux de la capitale est en baisse par rapport à 2019.
La baisse ou chute de la valeur vénale des fonds est par conséquent provoquée par la
dépréciation de l'un de ses composants qui est le droit au bail. Il semblerait que ce constat
commercial soit surtout valable dans le centre historique et les quartiers d'affaires
parisiens, en 2022.
Les autres secteurs ou régions n'ont pas été affectés dans les mêmes proportions et les
commercialités ont été « résilientes » ou « stables » ; parfois dans la médiocrité. Il ne faut
pas oublier ce qu'était la commercialité avant la crise sanitaire dans de nombreuses villes
de France. À cet effet, le dispositif de la loi ELAN Note 1 avait pour objectif de revitaliser
les centres-villes les plus désertés. Les nouvelles règles relatives à la composition et au
fonctionnement des CDAC, entrées en vigueur le 1er octobre 2019, avaient été décidées
pour lutter contre la dévitalisation commerciale de certains territoires.
Pour certains observateurs qui ont raison gardée, l'épilogue de cette crise sanitaire
exceptionnelle est qu'elle fut un « accélérateur de tendances » commerciales et sociétales
dans un monde bouleversé par les « big data ».
Quelles seront les conséquences de cette nouvelle crise ? Cette fois-ci, elle est
énergétique en raison notamment de la guerre en Ukraine. Des crises, aux fondements
différents, se succèdent et fragilisent la consommation et les réseaux traditionnels de la
distribution même AMAZON se préparerait à licencier 10 000 employés.▪