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Rapport de stage :
Théorie et pratique en agence immobilière
Licence 2
Remerciements
Je voudrais remercier Mlle Sulkowski, gérante de l’agence Points Cardinaux, pour m’avoir
apporté de nombreuses réponses et consacré du temps, à la clientèle qui aura accepté d’avoir
à faire à un stagiaire et M. Longuépée, mon maître de stage.
Pourquoi un stage en agence immobilière ?
Le domaine immobilier m’intéressait à plusieurs titres. Le premier est qu’il s’agit d’un
domaine où se côtoient vente intermédiée et vente désintérmédiée. Par ce stage, j’ai donc
essayé de comprendre les raisons de cette intermédiation. J’ai également fait le choix de
l’immobilier par préférence personnelle, ayant assez peu d’accointances avec le domaine des
assurances ou des banques par exemple.
J’aborderai ici deux aspects de la profession que sont le cadre juridique et la pratique, puis
me livrerai à une réflexion sur les valeurs d’un bien immobilier et l’intérêt de
l’intermédiation
1. Le cadre législatif
Le cadre législatif est assez volumineux, si ce n’est imposant, pour les transactions de
biens immobiliers. Pourquoi s’y intéresser alors ?
Tout d’abord parce que c’est la législation qui permet de différencier une vente avec
intermédiation d’une vente de particulier à particulier. Ensuite et enfin parce qu’elle
définit une profession réglementée, cas particulier en économie du travail et qu’elle
conditionne l’activité quotidienne de l’agent immobilier, du négociateur ou du secrétaire
en immobilier.
1.1 La loi 70-10 du 2 janvier 1970 dite Loi Hoguet (complétée par le décret 72-
678)
L'article 1 de ladite loi stipule :
"Les dispositions de la présente loi s'appliquent aux personnes physiques ou morales
qui, d'une manière habituelle, se livrent ou prêtent leur concours, même à titre
accessoire, aux opérations portant sur des biens d'autrui relatives à
- l'achat, la vente, l'échange, la location ou sous-location en nu ou en meublé
d'immeubles bâtis ou non bâtis,
- l'achat, la vente ou la location-gérance de fonds de commerce,
- la cession d'un cheptel mort ou vif,
- la souscription, l'achat, la vente d'actions ou de parts de sociétés immobilières
donnant vocation à une attribution de locaux en jouissance ou en propriété,
- la gestion immobilière "
Cette loi va surtout indiquer les conditions d’accès à la profession d’agent immobilier,
pas la manière. La loi impose quatre conditions particulières pour l’exercice de la
profession :
- L’accès à la profession est réservé aux personnes soit justifiant d’un diplôme
universitaire, soit d’une expérience professionnelle dans le domaine. Les diplômes
universitaires sont la licence, de droit ou d’économie ou le DUT, si spécialisé dans
l’immobilier. L’expérience nécessaire pour prétendre à devenir agent immobilier
est une expérience comme négociateur en agence, pendant une durée minimale de
cinq ans.
- La possession d’une carte professionnelle : La possession de la carte
professionnelle est obligatoire pour l'exercice de l'activité et pour
l'accomplissement de tous les actes qui lui sont rattachés. Il existe deux cartes
professionnelles :
> une pour les transactions sur les immeubles et fonds de commerce
> une carte de gestion immobilière concernant la fonction d'administrateur de
biens, syndic de copropriété.
- La garantie financière : pour l'exercice de l'activité, le titulaire doit justifier d'une
garantie financière suffisante. La garantie financière doit permettre le
remboursement des fonds, effets ou valeurs déposés et être spécialement affectée à
ce dernier. Elle ne peut plus résulter d’un cautionnement. Seul est accepté
l’engagement écrit fourni par une entreprise d’assurance spécialement agréée ou
par un établissement de crédit ou assimilé. Pour une agence n’effectuant pas de
réception de fonds, la garantie doit s’élever au minimum à 30.000 €
- La responsabilité civile : les Agents Immobiliers doivent souscrire auprès d'une
compagnie d'assurances, une assurance de responsabilité civile professionnelle
destinée à couvrir les conséquences de leur activité professionnelle.
L’activité immobilière, dont nous avons présentée ici les principaux textes-cadres, est
une branche très réglementée et demande à l’agent immobilier ou au négociateur des
connaissances en droit ainsi qu’une veille juridique, souvent possible par le biais de
revues spécialisées.
2. La pratique
2.1 Les relations avec vendeurs et acheteurs
2.1.1 Les relations acheteur
Les relations acheteurs se présentent lors de la prise de contact, le plus souvent
par téléphone, lors des visites à l’agence, des visites de biens immobiliers, et
idéalement lors du compromis de vente.
Dès la prise de contact, on va essayer de définir le besoin du client, mais cette
définition du besoin s’affine lors de la visite à l’agence. On va pour cela écouter le
client, interpréter et reformuler sa demande pour essayer de tirer les critères
importants aux yeux du client. On va ainsi passer d’une demande neutre ( = une
maison à la campagne) à une demande qualifiée (= un pavillon en campagne
périurbaine à proximité de la ville X, avec au moins 130 m² habitables, 3
chambres, un jardin de 500 m² ou plus, des travaux d’aménagement uniquement
pour un budget de 180.000 €). Une fois le besoin défini, on va utiliser l’outil
informatique pour émettre des filtres dans le fichier de maisons en vente : budget,
superficie habitable, lieu, … On va donc trouver ou non dans le fichier des biens
correspondant totalement ou globalement à la demande du client.
On va alors lui donner la fiche descriptive du bien et s’il est intéressé, lui montrer
le bien à l’aide d’un diaporama de photos sur ordinateur, pour qu’il puisse déjà
avoir une idée du bien. C’est ce qu’on appelle une pré-visite, qui permet à
l’acheteur de ne pas se déplacer pour rien et qui permet au vendeur de n’être
dérangé que par des clients intéressés. Pendant celle-ci, on présente au client les
différentes pièces et particularités du bien. Pendant et après la pré-visite, il est
très important d’écouter les remarques du client, car elles correspondent à une
reformulation ou à un affinement de la demande. On obtient un cheminement
type : demande du client – mise en place de critères et sélection des biens – offre
de l’agence – avis du client et visite ou reformulation de la demande.
L’autre étape importante dans les relations clients est la visite où le négociateur
(ou l’agent immobilier) peut tenir deux rôles, en fonction des clients et du bien.
Les variables à prendre en compte sont : la maison est habitée ou non, les
acheteurs montrent ou non leur volonté de découvrir la maison par eux-mêmes.
Le négociateur peut donc avoir à encaisser les rôles de guide ou de conseil. Ce qui
se passe le plus souvent (et qui s’est passé pour la visite que j’ai réalisée) est que le
négociateur fait d’abord visiter le bien en montrant les particularités de celui-ci,
et laisse ensuite les clients visiter par eux-mêmes et se tient à leur disposition
pour toute information sur la maison, ou son environnement. Si la maison est
toujours habitée, l’habitant peut également tenir le rôle de conseil ou de guide. Le
négociateur garde néanmoins un rôle d’expertise, ayant mesuré les pièces du bien
à l’aide d’un télémètre et étant souvent plus au point sur les questions légales ou
d’expertise.
Pendant la vente, on essaye de trouver chez le client des signes d’intérêt ou de
désintérêt. Après la vente, on essaye d’avoir les réactions à chaud du client pour
encourager l’acquisition, ou rediscuter les besoins et les possibilités.
Lorsqu’un acheteur projette l’achat d’un bien, on va lui demander une garantie
financière, ou une preuve d’acceptation du dossier de prêt par la banque, pour
éviter l’annulation d’un compromis, qui est préjudiciable à l’agence, non
seulement au niveau commercial, mais également au niveau de la relation avec le
vendeur.
Une tâche qui relève de la gestion des relations et de la gestion administrative est
l’enregistrement et l’archivage de tous les contacts avec le client. On va y répertorier les
vecteurs (appel téléphonique, visite à l’agence, visite de maison) et les contenus (souhaits,
réactions par rapport à la présentation d’un bien). Cet enregistrement permet de créer
une fiche client, fiche client qui s’avère utile pour situer la demande du client et pour
permettre d’avoir différents interlocuteurs à l’agence. Par exemple, les fiches clients
remplies par le négociateur sont utiles au stagiaire qui n’a pas besoin de refaire le travail
déjà fait et enregistré.
3. Réflexion personnelle
3.1 Pourquoi une intermédiation en immobilier ?
Se questionner sur l’existence de revendeurs pour des biens de consommation
courante est assez futile. Dire que l’achat se fait au détail, et que les consommateurs
n’ont que rarement la capacité de s’organiser pour acheter directement aux grossistes
suffit à justifier l’échelon de distribution au consommateur pour les biens mobiliers.
Cependant, la vente de maisons autres que neuves n’est pas réellement la vente d’une
production, ce qui explique sûrement le manque d’échelonnage du processus de
vente : il n’existe qu’un intermédiaire, le professionnel de l’immobilier (que ce soit
une agence ou un notaire).
La lourde réglementation du secteur immobilier est une des causes probables de
l’intermédiation. Pour ne citer qu’un exemple, il est pratiquement impossible de lire
ou plutôt de comprendre le décret 72-678 sans avoir des notions en droit. Comment
alors s’acquitter des obligations légales vues dans le 1.3 si le sens n’en a pas été
compris ?
Une deuxième raison pour laquelle l’intermédiation existe en immobilier est que le
professionnel de l’immobilier constitue concomitamment un tiers de confiance et une
expertise dans la transaction. Il est tiers de confiance car il a estimé le bien à une
certaine valeur et permet un déroulement des négociations et de la transaction dans
la légalité. Cette question de besoin de confiance est d’autant plus vraie que les enjeux
financiers sont élevés.
Enfin, trouver un bien immobilier correspondant à des critères n’est pas instantané.
Le professionnel immobilier peut donc être vu comme un centralisateur
d’informations, une sorte de commissaire-priseur.
La commission du professionnel correspond donc à la rémunération d’une
connaissance législative, d’une expertise, et du temps passé à la recherche de
l’information. C’est non seulement ce qui justifie la rémunération mais également
l’existence des professionnels de l’immobilier.
Ce rapport est, je l’espère, à l’image de mon stage : varié. Ma tutrice a tenu à me faire
expérimenter toutes les facettes du métier d’agent immobilier, et je la remercie, car c’est
une expérience très enrichissante. En effet, le métier lui-même est très varié, entre la
veille juridique, la gestion des écrits et surtout les relations humaines. Celles-ci sont les
plus variées car les situations sont diverses et les humains différents. Pendant ce stage, je
pense avoir été plutôt préservé d’un aspect négatif du métier : l’incertitude. Travailler
selon les fluctuations en volume et en valeur d’un marché qui n’est pas, on le sait
maintenant, une valeur de réserve est sans aucun doute stressant.
L’aspect juridique du métier peut paraître un peu rébarbatif, mais il s’avère intéressant
quand on se rend compte de son application dans la pratique. L’aspect qui m’a le plus plu
est la gestion administrative, car la caractéristique est de structurer des données, de
transformer des données brutes en données exploitables, ce qui donne une satisfaction
certaine.
J’espère que ce rapport aura été aussi enrichissant pour vous que le stage l’a été pour moi.
Bibliographie :
Loi & Décret – Edition 2004 : Transactions sur immeuble et fonds de commerce. Gestion
immobilière. Edité par la Caisse de garantie de l’immobilier FNAIM (brochure)
L’activité immobilière, n°639, juillet/août 2004 (revue)
L’agent immobilier, Jean-Marie Moyse, éditions Delmas, 2004
Legifrance: http://legifrance.gouv.fr/
L’expropriation et l’évaluation des biens, Jacques Ferbos, Editions du moniteur, 2003