Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
-------------------------------------------------
-------------------------------------------------
UNIVERSITE DE DSCHANG
UNIVERSITY OF DSCHANG
Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
Faculty of Law and political science Paix-Travail-Patrie
----------------------------- Peace-Work-Fatherland
Département de droit des Affaires et de l’Entreprise
-------------------------
Département de Droit Public -------------------------------------------------
-------------------------
BP 66 Dschang
----------------------------------------------------
Dispensé PAR :
0
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
A. OUVRAGES
ONDOA Magloire et ABANE ENGOLO Patrick Edgard, Les transformations contemporaines du droit
public en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2018, 222 p.
B. ARTICLES DE DOCTRINE
1
MINKONDA Hermann et al., « Les enjeux de la création du ministère de la décentralisation et du
développement local au Cameroun » in Revue ivoirienne de Gouvernance et d’Etudes
Stratégiques, No 10/ 2, 2020.
NGUENA DJOUFACK Arsène Landry, « La Constitution camerounaise et la fonction du législateur en
matière de décentralisation territoriale », Revue RAMRES/S.J.P., n° 2, juillet 2020, pp. 156-178.
PONTIER Jean Marie, « Compétence locales et politiques publiques » in Revue Française
d’Administration Publique, 2012/1, n° 141, pp. 139-156.
UNTERMAIER-Kerleo Elise, « Pour la reconnaissance d’une responsabilité disciplinaire des
élus locaux en cas de manquement à leurs obligations déontologiques » in JCP/La
Semaine Juridique, éd Administration et collectivités Territoriales, n° 18, mai 2022.
C. LEGISLATION :
- Constitution du 18 janvier 1996
- La loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code général des CTD
- La loi n° 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques
- La loi n° 2018/11 du 11 juillet 2018 portant Code de transparence et de bonne gouvernance dans la
gestion des finances publiques au Cameroun
- Le décret n°2022/354 du 09 août 2022 fixant les modalités d’exercice de la police municipale
- Les six décrets du 28 décembre 2021 portant notamment sur l’Organisation-type de l’administration
territoriale, la Répartition de la Dotation Générale de la Décentralisation au titre de l’exercice
budgétaire 2021, les Modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
Régions en matière d’urbanisme, d’organisation et de la gestion des transports publics interurbains,
de protection de l’environnement, de tourisme et loisirs
- Le Décret n° 2020/773 du 24 décembre 2020 déterminant les modalités d’exercice des fonctions de
public independant conciliator auprès des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
- Le Décret n° 2020/676 du 03 novembre 2020 portant organisation et fonctionnement du Conseil
National de la Décentralisation.
- Le Décret n° 2020/689 du 09 novembre 2020 portant organisation et fonctionnement du Comité
Interministériel des Services Locaux.
- Le Décret n° 2020/6635 du 21 décembre 2020 portant organisation et fonctionnement du Comité
National des Finances Locales.
- Le Décret n° 2018/190 du 02 mars 2018 modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°
2011/408 du 09 décembre 2011 portant organisation du Gouvernement (qui crée et organise le
Ministère de la Décentralisation et du Développement Local (MINDDEVEL)
2
INTRODUCTION GENERALE
L’organisation des pouvoirs publics dans les sociétés contemporaines conditionne l’efficacité et
l’efficience de l’action publique. La rationalisation des différents niveaux d’intervention et de compétences
est un facteur-clé d’une bonne gouvernance.
Les collectivités territoriales décentralisées du Cameroun ont deux statuts juridiques : celles qui
bénéficient d'une constitutionnalité directe car créées par la Constitution (commune et région) et celles dont
la constitutionnalité est indirecte car créées par la loi. En effet, l'article 55, alinéa 1 de la Constitution permet
au législateur de créer "tout autre type de collectivité décentralisée. La suppression des premières nécessite
une révision de la Constitution alors qu'un simple texte du législateur suffit pour mettre fin à l'existence des
collectivités de type 2 sus-citées.
Les principaux objectifs de la décentralisation sont d’assurer une meilleure prestation de services
par le secteur public et d’améliorer la qualité de vie des citoyens. La décentralisation a été considérée
comme une partie intégrante de la réponse à certains défis tels que celui de l’accroissement de la demande
3
à l’égard des services publics et de l’augmentation des attentes des citoyens quant à la qualité de ces
services. D’un point de vue politique, la décentralisation devrait améliorer la planification et la délivrance
des services publics en tenant compte des exigences et des conditions locales, tout en répondant aux
objectifs régionaux et nationaux.
Dans de nombreux pays, la décentralisation a été proposée pour des raisons économiques. Il peut en
effet y avoir des économies d’échelle dans la fourniture de certains services au niveau national ou même
régional, ce qui signifie que la prestation locale de services peut être moins onéreuse.
La décentralisation est aussi proposée pour renforcer la démocratie en rapprochant le niveau de prise
de décisions de ceux qui sont le plus touchés par les mesures gouvernementales. L’espoir est que la
prestation de services soit meilleure si une réponse aux exigences et aux besoins divers de la population est
donnée par des fonctionnaires locaux disposant d’informations plus précises concernant ces souhaits. La
décentralisation devrait être caractérisée par la reddition de comptes publics afin que les autorités locales
puissent faire l’objet d’un contrôle démocratique. Les citoyens devraient ainsi influer sur les décisions
prises par les conseils locaux élus.
Les raisons pour lesquelles un gouvernement décide d’entreprendre une décentralisation sont donc
notamment les suivantes:
4
En effet, le Grand Dialogue national, a été convoqué par le Chef de l’État du 30 septembre au 04
octobre 2019, dans l’optique d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des
populations des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de la
Nation camerounaise. Des huit thématiques examinées par les participants, figurait en bonne place celle
relative à la décentralisation et au développement local. A l’issue de ces assises, des recommandations
fortes ont été formulées pour une modernisation du cadre juridique de la décentralisation, la consolidation
du cadre institutionnel, la disponibilité de ressources humaines qualifiées, avec notamment la mise en
place de la fonction publique locale, la mobilisation et l’optimisation des ressources financières
en direction des CTD, le renforcement de la participation des populations à la gestion des affaires publiques
au niveau local et la consécration du statut spécial pour les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
C’est dans ce contexte qu’il importe d’étudier les éléments fondamentaux qui caractérisent
actuellement la décentralisation au Cameroun. Avant de procéder à une présentation générale des grandes
lignes du droit de la décentralisation au Cameroun, il convient de procéder à une clarification de certaines
notions.
CLARIFICATION TERMINOLOGIQUE
Il est nécessaire de mettre en exergue la notion de droit de la décentralisation (A) avant de procéder
à une esquisse de définition de la décentralisation (B) et des collectivités territoriales décentralisées (C).
A- Le droit de la décentralisation
Le droit de la décentralisation s’appréhende comme l’ensemble des règles juridiques qui régissent
le système décentralisé, son organisation, son fonctionnement, son application et implémentation et sa
limitation aux actes et domaines spécifiques.
Il s’agit en d’autres termes de l’ensemble des règles qui président à l’organisation et à la gestion des
affaires publiques à la base par les populations concernées.
B- La décentralisation
Selon l’article 5 (1) de la loi N°024 du 24 décembre 2019 portant Code général des collectivités
territoriales décentralisées (CGCTD), la décentralisation consiste en un transfert par l’Etat aux
collectivités territoriales de compétences particuliers et de moyens appropriés. L’alinéa 2 précise son
5
importance en affirmant qu’elle constitue l’axe fondamental de promotion du développement, de la
démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local.
La décentralisation consiste donc dès lors à reconnaître à d’autres personnes publiques que l’Etat
des pouvoirs administratifs qu’elles exercent de manière autonome dans le cadre des lois.
Pour mieux comprendre ce concept, il est important de déterminer ses conditions (1) et ses
composantes (2).
b) La décentralisation technique
La décentralisation technique est aussi appelée décentralisation par service ou décentralisation
verticale. Elle implique de permettre à un ensemble de personnes de gérer les affaires correspondant à la
spécialité de l'institution par l'intermédiaire de leur représentant. Mais il faut noter que, contrairement à la
décentralisation territoriale, la décentralisation technique a un caractère administratif très fort, surtout dans
le contexte des pays en développement en général, et du Cameroun en particulier. Il s'ensuit que les autorités
décentralisées dans le cadre de la décentralisation technique ne sont pas nécessairement élues, mais sont
plutôt nommées par le gouvernement central, qui, en outre, pourvoit presque entièrement à leurs besoins
7
financiers par le biais de subventions. Mais qu'elle soit territoriale ou technique, la décentralisation produit
nécessairement les mêmes effets.
9
C) La notion de collectivités territoriales décentralisées
Selon l’article 8 de la loi de 2019 portant CGCTD, les collectivités territoriales sont appréhendées
comme des personnes morales de droit public jouissant de l’autonomie administrative et financière pour la
gestion des intérêts régionaux et locaux et réglant par délibération, les affaires de leurs compétences.
Ce sont ces institutions qui constituent la pierre angulaire dans l’édifice de la décentralisation au
Cameroun. Pour s’en convaincre, il convient de ressortir le cadre normatif et le cadre institutionnel.
L’évocation des sources (section 1) précèdera celle des principes (section 2).
10
Concernant les textes législatifs, il convient de rappeler que, pour rendre opérationnelles les
dispositions constitutionnelles, de nombreuses lois ont été adoptées dans le domaine de la décentralisation.
Le texte majeur récemment adopté pour booster le processus est la loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019
portant CGCTD. On peut également citer la loi n° 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de
l’Etat et des autres entités publiques, la loi n° 2018/11 du 11 juillet 2018 portant Code de transparence et
de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun.
Quant aux sources réglementaires, elles sont en nombre important comme présentées dans la
bibliographie ci-dessus.
En ce qui concerne les sources internationales, on peut évoquer à titre illustratif la Charte
africaine des valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local
et quelques directives adoptées au niveau de la CEMAC. On peut par exemple rappeler la directive relative
au tableau des opérations financières des Etats (directive 5), la directive n° 06/11-UEAC-190-CM-22
relative au Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques du 19
décembre 2011, la directive portant Règlement général sur la comptabilité publique (directive 2 du 19
décembre 2011), la directive relative au plan comptable de l’Etat en zone CEMAC (directive 3 du 19
décembre 2011), la directive portant nomenclature budgétaire de l’Etat (directive 4).
Ces textes consacrent de façon explicite un ensemble de principes qui doivent guider les politiques
en matière de décentralisation.
11
Le principe de progressivité : qui veut que le transfert des compétences soit étalé dans le temps
et s’effectue par paquets ou paliers ;
- Les principes liés au fonctionnement des CTD : le principe de la légalité de l’action communale
et régionale ; le principe de la participation citoyenne à l’action communale et régionale, le principe
du respect de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la primauté de l’Etat, le principe de
l’égale dignité des CTD, (aucune CTD ne pouvant établir ou exercer une tutelle sur une autre), le
principe de solidarité et d’équité entre les communes (qui se matérialise par exemple par l’existence
d’une catégorie d’impôt soumis à la péréquation et reversés au Fond Spécial d’Equipement et
d’Intervention Intercommunale (FEICOM) qui à son tour reverse ou redistribue aux CTD).
- Les principes consacrés en matière budgétaire : ils sont consacrés par les articles 375 à 384
DU CGCTD : le principe de l’annualité budgétaire, le principe de l’universalité budgétaire, le
principe d’équilibre, le principe d’unité budgétaire, je principe de spécialité des crédits, le principe
de la séparation des ordonnateurs et des comptables, le principe d’autorisation, le principe
d’approbation, le principe de sincérité, le principe d’information et de publicité.
Nous distinguerons d’une part compétences des CTD (section 1) et d’autre part les moyens qui leurs
sont accordés (section 2).
Certaines compétences sont classiques alors que d’autres sont soit nouvelles (paragraphe 2), soit
spéciales (paragraphe 3).
Sous l’égide des lois de décentralisation de 2004, de nombreuses compétences étaient transférées
aux communes et aux régions, dans les domaines du développement économique, sanitaire, social, éducatif,
sportif et culturel.
12
La loi portant Code Général des CTD, en même temps qu’elle maintient les compétences transférées
tant aux communes qu’aux régions, les élargit, ceci afin de permettre une meilleure application du principe
de subsidiarité, c’est-à-dire agir de manière à donner une plus grande satisfaction aux attentes et besoins de
proximité de leurs habitants. Cet élargissement vise également à matérialiser la prescription insistante du
Président de la République en cette matière.
En supprimant le principe de l’exercice concurrent par l’Etat des compétences transférées aux CTD,
ces dernières en conservent désormais l’exclusivité, pour plus d’efficacité et d’efficience. En effet, l’Etat
ne peut dorénavant intervenir dans le champ des compétences transférées que dans deux cas prévus à
l’article 18, à savoir:
- en cas de carence de la CTD, dument constatée par arrêté du Ministre chargé des collectivités
territoriales.
Outre les compétences transférées par les lois de 2004 et reprises par le CGCTD, onze (11) nouvelles
compétences sont transférées aux CTD, à raison de sept (07) pour les Communes et quatre (04) pour les
Régions.
Pour les communes, il s’agit : de l’exploitation des substances minérales non concessibles ; de
l’élaboration et de la mise en œuvre des plans communaux spécifiques de prévention des risques et
d’intervention d’urgence en cas de catastrophes ; de la pré-collecte et de la gestion au niveau local des
ordures ménagères ; du recrutement et de la gestion du personnel médical des centres de santé intégrés et
des centres médicaux d’arrondissement ; du recrutement et de la prise en charge du personnel enseignant
et d’appoint dans les écoles maternelles et primaires, ainsi que les établissements pré scolaires ; de la
création et de l’exploitation les parcs de loisirs ; de l’organisation des manifestations socio-culturelles à des
fins de loisirs.
Quant aux régions, les compétences nouvellement transférées portent sur : le recrutement et la
gestion du personnel infirmier et paramédical des hôpitaux régionaux et de district ; du recrutement et de
la gestion du personnel enseignant et d’appui des lycées et collèges ; de la création et de l’exploitation des
parcs de loisirs d’intérêt régional ; de l’organisation des manifestations socioculturelles à des fins de loisirs
d’intérêt régional.
En sus de l’exercice de la totalité des compétences dévolues aux autres régions, les régions du Nord-
Ouest et du Sud-Ouest bénéficient des compétences additionnelles. Il s’agit de trois groupes de
13
compétences, tel qu’il ressort de l’article 328 de la loi n°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code
Général des Collectivités Territoriales Décentralisées. Ces compétences additionnelles portent sur :
Ces compétences additionnelles s’inscrivent dans la trajectoire historique de ces régions. Ce sont
des attributions que les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont eu à exercer pendant la période coloniale
ou celle de la fédération. Elles visent à promouvoir la participation effective de ces régions à la vie politique
de la nation sur le plan éducatif, notamment dans le sous-système anglophone. Cette participation n’est pas
une faculté pour l’Etat, mais une obligation. L’Etat est désormais tenu, dans l’élaboration de cette politique
publique, d’associer les deux régions. Cette obligation est la même s’agissant de la participation à
l’élaboration du statut de la chefferie traditionnelle.
En outre, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuvent désormais créer et gérer des missions
régionales de développement dans le cadre de l’aménagement de leurs localités. Elles peuvent créer des
missions sur le modèle de la « South West Development Authority » (SOWEDA), de la « Mission de
Développement du Nord-Ouest » (MIDENO). Cela n’implique pas que les sociétés existantes appartenant
à l’Etat seront transférées aux régions. Elles resteront la propriété de l’Etat, à moins qu’il n’en dispose
autrement.
Par ailleurs, ces régions peuvent être consultées sur les questions liées à l’élaboration de politiques
publiques de la justice dans le sous-système de la Common Law. Il s’agit de prendre en compte les
particularités de ces régions basées sur l’héritage historique rappelé à l’article 3 du CGCTD. Cette
consultation est facultative parce que la justice ne constitue pas une compétence transférable conformément
à l’article 56 (1) de la Constitution. Bien qu’un pouvoir réel en matière de justice ne peut être donné à ces
régions dans une loi qui traite de la décentralisation, il reste que l’Etat consultera forcément ces régions car,
mention n’aura pas été faite de cette attribution s’il n’y avait pas l’intention de la faire appliquer.
Enfin, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuvent être associées à la gestion des services
publics de l’Etat implantés dans leurs territoires respectifs. Ainsi, la possibilité de siéger au sein des
instances décisionnelles desdits services peut leur être ouverte à la diligence de l’Etat. A titre d’illustration,
l’administration régionale pourra être associée à la gestion des lycées et collèges créés par l’Etat. Au
surplus, l’Etat ne peut intervenir dans le fonctionnement ou la gestion de l’administration régionale, en
dehors des cas expressément prévus par la loi.
14
Section 2 : Les moyens des collectivités territoriales décentralisées
L’examen des moyens financiers (A) précèdera celui des moyens matériels (B).
La question du financement de la décentralisation figure en bonne place dans la loi portant Code
Général des Collectivités Territoriales Décentralisées.
Bien plus, la loi précise que « les ressources nécessaires à l’exercice par les collectivités
territoriales de leurs compétences leur sont dévolues soit par transfert de fiscalité, soit par dotations, soit
par les deux à la fois ».
Le transfert de fiscalité dont il est fait mention renvoie d’une part aux impôts et taxes locaux
propres, sur lesquels le législateur a légiféré par la loi de 2009 portant fiscalité locale, qui, avec ses
modificatifs subséquents, a été intégrée au Code général des impôts en son livre troisième. D’autre part, le
transfert de la fiscalité renvoie aussi à ceux des impôts de l’Etat, dont le produit est affecté en totalité ou en
partie aux CTD.
S’agissant des dotations, il est institué une Dotation Générale de la Décentralisation destinée au
financement partiel de la décentralisation. Cette ressource indexée sur une fraction des recettes annuelles
de l’Etat que la loi fixe à au moins 15%, apparait désormais comme la principale source de financement de
la décentralisation, au regard de l’évolution sans précédent qui en résulte (article 25).
Afin de doter les collectivités territoriales des moyens appropriés pour leur développement dans les
divers domaines objets du transfert des compétences, une évaluation préalable des charges que nécessite
leur exercice servira de base à l’allocation des ressources correspondantes.
15
Des dotations spéciales peuvent également être octroyées aux collectivités territoriales par l’Etat,
au cas où l’insuffisance de leurs ressources financières risque de compromettre la réalisation ou l’exécution
des missions de service public (article 26).
Des ressources propres résultant des activités génératrices de revenus, du produit des services, des
prises de participations, de la création des établissements ou société à capital public locaux, ou de la
coopération décentralisée constituent autant de sources de financement pour les collectivités locales qui ont
été envisagées par la loi.
Le CGCTD précise en son article 4 que des mesures d’incitation fiscales et économiques spéciales
peuvent, en tant que de besoin, être accordées à certaines régions en fonction de leur contexte.
Les CTD disposent de moyens matériels leur permettant d’assumer les compétences qui leur sont
dévolues. Comme le mentionne l’article 24 alinéa 1, le transfert d’une compétence entraine, de plein droit,
la mise à la disposition de la collectivité territoriale bénéficiaire de l’ensemble des biens meubles et
immeubles utilisés, à la date de ce transfert, pour l’exercice de cette compétence. Les modalités de
dévolution de ces moyens sont déterminées par un décret du Premier Ministre.
De même, les biens des CTD sont aussi composés des biens meubles et immeubles acquis à titre
onéreux ou gratuit. Ces biens relèvent soit du domaine public des CTD soit de leur domaine privé.
Conformément aux dispositions du CGCTD, les CTD recrutent et gèrent librement le personnel
nécessaire à l’accomplissement de leurs missions. Néanmoins, le personnel de l’Etat peut être affecté,
détaché ou mis à la disposition auprès des CTD lorsqu’elles en font la demande. La mise en place de cette
fonction publique locale ainsi que son statut sont effectués par décret du Président de la République.
Afin d’assurer l’efficacité, l’indépendance et la neutralité du contrôle de l’Etat sur les CTD, les
fonctionnaires ou agents des services déconcentrés de l’Etat, qui ont apporté directement ou indirectement
leur concours à une CTD pour la réalisation d’une opération, ne peuvent participer, sous quelque forme que
ce soit, à l’exercice du contrôle des actes afférents à cette opération.
16
PARTIE 2 : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA DECENTRALISATION
Il convient de procéder à une présentation des acteurs majeurs de la décentralisation que sont les
collectivités territoriales décentralisées (chapitre 1) et les autres acteurs qui jouent un rôle non négligeable
(chapitre 2)
Les CTD peuvent agir de manière individuelle ou se regrouper au sein d’organisation comme les
syndicats de communes qui sont régis par les articles 106 à 114 du CGCTD. Nous ne présenterons ici que
d’une part l’organisation et le fonctionnement des communes (section 1) et d’autre part l’organisation et le
fonctionnement des régions (section 2).
C’est l’échelon de base, le premier niveau de la décentralisation au Cameroun. C’est par excellence
la collectivité de proximité en tant que celle qui se préoccupe des choses qui touchent
directement et immédiatement à la vie des populations. Au Cameroun elle se caractérise par :
- L’ancienneté : la commune au Cameroun est antérieure à l’avènement de l’Etat et plonge ses racine
au cœur de la période coloniale (1941 avec la création des communes urbaines de Yaoundé et
Douala) ;
- La multiplicité : elles sont plus de trente fois plus nombreuses que les régions ;
- L’exiguïté ;
- La paupérisation.
Selon l’article 164 alinéa 1 du CGCTD, les organes de la commune sont : le Conseil municipal et
l’exécutif municipal.
A) Le conseil municipal
17
Concernant la formation du conseil municipal, l’article 166 alinéa 1 du CGCTD précise que le
nombre de conseillers municipaux est fixé ainsi qu’il suit :
Ces conseillers municipaux sont élus pour un mandat de 5ans au scrutin universel de liste. Il s’agit
également d’un scrutin mixte.
Elles sont déterminées par l’article 167 et suivants du CGCTD. De manière générale, le conseil
municipal est l’organe délibérant de la commune. A ce titre, il règle, par délibération, les affaires de la
commune. Il donne son avis lorsque celui-ci est requis par les lois et règlements ou à la demande du
représentant de l’Etat. Il peut formuler des vœux par résolution sur toutes les questions ayant un intérêt
local. Il informe de l’état d’avancement des travaux et actions financés par la commune ou réalisés avec sa
participation. Il est consulté pour la réalisation sur le territoire de la commune de tout projet d’aménagement
de l’Etat, de la région, de toute autre collectivité ou tous organismes publics ou privés.
L’article 168 du même texte énumère 24 domaines dans lesquelles le conseil municipal délibère et
qui ne peuvent faire l’objet de délégation au bénéfice du maire.
La loi détermine le lieu où doit siéger le conseil municipal. Par principe, il siège à l’hôtel de ville
de la commune ou dans un local servant de mairie. Exceptionnellement, le maire peut réunir le conseil dans
tout local approprié situé sur le territoire communal, lorsque les circonstances l’y obligent. Dans cette
hypothèse, il informe le représentant de l’Etat et les conseillers municipaux au moins 07 jours avant la date
retenue pour la session.
18
La présidence du conseil municipal est confiée au maire ou, en cas d’empêchement de celui-ci, par
un adjoint au maire par ordre de préséance.
Le conseil municipal se réunit en session ordinaire une fois par trimestre pendant une durée
maximale de 07 jours sur convocation du maire. En cas de défaillance du maire dans la convocation du
conseil, et après mise en demeure du représentant de l’Etat restée sans suite, le représentant de l’Etat peut
convoquer le conseil.
Le conseil municipal peut également se réunir en session extraordinaire sur convocation du maire
lorsqu’il le juge utile ou sur demande motivée à lui adressée par 2/3 des conseillers, ou demande du
représentant de l’Etat.
Le conseil municipal ne peut valablement siéger que lorsque les 2/3 de ses membres sont présents.
Néanmoins, lorsqu’après une convocation régulièrement faite, le quorum n’est pas atteint, toute
délibération votée après la seconde convocation qui ne peut intervenir que dans les trois jours au moins, est
valable si la moitié au moins des membres est présente. Les délibérations sont prises à la majorité simple
des votants. Le vote par procuration est possible. Dans tous les cas, un conseiller dûment convoqué qui,
sans motif légitime, a manqué à trois sessions successives peut, après avoir été invité à fournir des
explications par le maire, être déclaré démissionnaire par décision du ministre en charge des collectivités
après avis du conseil municipal. La démission peut aussi être volontaire.
Les sénateurs de la commune de rattachement peuvent assister aux travaux du conseil municipal
avec voix consultative. Il en est de même des conseillers régionaux dont la participation est de plein droit
avec voix consultative. Le maire juge également de l’opportunité de faire participer d’autres personnes.
Les séances du conseil municipal sont en principes publiques. Exceptionnellement, le huis clos peut
être demandé.
Le conseil municipal peut être suspendu pour une durée maximale de deux mois par arrêté du
ministre en charge des CTD (article 186) pour les causes suivantes : accomplissement d’actes contraires à
la Constitution, atteinte à la sécurité de l’Etat ou à l’ordre public, mise en péril de l’intégrité du territoire
national, impossibilité de fonctionner normalement. La suspension est aussi possible par décret du Président
de la République en temps de guerre jusqu’à la fin des hostilités
Il peut aussi être dissout par décret du Président de la République pour les mêmes causes. De
nouvelles élections sont organisées et si cela est impossible, il est institué une délégation spéciale dont les
compétences sont toutefois limitées.
B) L’exécutif municipal
Il convient de présenter sa composition et ses attributions.
1- La composition de l’exécutif municipal
19
L’exécutif municipal et composé du maire et de ses adjoints. Le maire est le chef de l’exécutif
communal. Il est assisté d’adjoints dans l’ordre de leur élection. Le nombre d’adjoint est déterminé de la
manière suivante selon le nombre de conseillers municipaux :
A ces adjoints ordinaires, la loi prévoit aussi le cas des adjoints spéciaux désignés par le conseil
municipal et approuvés par le représentant de l’Etat lorsqu’un obstacle quelconque ou l’éloignement rend
difficiles, dangereuses ou momentanément impossibles, les communications entre le chef-lieu et une
portion de la commune. Le CGCTD détermine le statut de l’élu local notamment en ce qui concerne ses
droits et ses obligations.
Le maire est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Les adjoints quant à eux sont élus
au scrutin de liste à la représentation proportionnelle. Ils prêtent serment.
Le maire représente la commune dans tous les actes de la vie civile et en justice. Il exerce de
nombreuses attributions sous le contrôle du conseil municipal et de l’Etat. Il peut déléguer certaines de ses
compétences à ses adjoints. Il recrute, suspend et licencie, affecte et gère le personnel communal. Il est
chargé de la publication et de l’exécution des lois, des règlements et des mesures à portée générale. Il
exécute les mesures de sûreté générale. Il est officier d’état civil au même titre que ses adjoints. Il prend
des arrêtés et est chargé de la police municipale sous le contrôle du représentant de l’Etat.
L’exécutif municipal est assisté d’un secrétaire général nommé par le ministre en charge des
collectivités territoriales.
L’exécutif municipal peut être suspendu en cas de violation des lois et règlements ou de faute lourde
par arrêté motivé du ministre en charge des CTD pour une durée maximale de trois mois. Au-delà de cette
période, il peut être soit réhabilité, soit révoqué. La révocation est prononcée par décret motivé du Président
de la République.
L’exécutif municipal peut aussi être destitué par le conseil municipal. Dans tous ces cas, le maire et
ses adjoints conservent leur qualité de conseiller municipal.
Les organes de la communauté urbaine sont encadrés par les articles 240 à 249 du CGCTD qui
déterminent leur organisation, leur fonctionnement et leurs attributions. De manière générale, la
communauté urbaine est compétente pour toute action relevant de l’intercommunalité, des grands travaux
et des projets structurants. Ce type de CTD a été créé conformément à l’ouverture constitutionnelle qui
autorise le législateur à créer d’autres catégories de collectivités territoriales. Elle fonctionne selon les
règles applicables aux communes.
L’organe délibérant est le conseil de communauté. Il est composé des maires des communes
d’arrondissement et des représentants désignés au sein des communes d’arrondissement.
L’organe exécutif est constitué du maire de la ville et de ses adjoints. Le nombre d’adjoints est
déterminé ainsi qu’il suit :
Concernant leurs attributions et fonctionnement, ceux-ci sont, sauf cas spécifiques, identiques à
ceux de la commune.
La région est une CTD constituée de plusieurs départements. Elle couvre le même ressort territorial
que la région circonscription administrative avec qui elle ne doit pas être confondue. Il est opportun de
mettre en exergue les organes des régions à statut ordinaire (paragraphe 1) et ceux des régions à statut
spécial consacrés par le CGCTD (paragraphe 2).
Ils sont au nombre de deux, le conseil régional et le président de l’exécutif régional (article 274
alinéa 1 du CGCTD).
Le conseil régional est l’organe délibérant de la région. Il est composé de 90 conseillers régionaux
élus pour un mandat de 5 ans. Il comprend les délégués des départements élus au suffrage universel indirect
et les représentants du commandement traditionnel élus par leurs pairs. Il doit refléter les différentes
composantes sociologiques de la région. Les parlementaires et les maires de la région peuvent assister à ses
21
travaux avec voix consultative. Il assure les attributions similaires à celles du conseil municipal évoquées
plus haut (délibération, avis, formulation des vœux, information et consultation…).
Concernant son fonctionnement, il se réunit en session ordinaire une fois par trimestre sur
convocation de son président pour une durée maximale de 08 jours à l’exception de la session budgétaire
qui peut aller jusqu’à 15 jours. Il peut également se réunir en session extraordinaire sur un ordre du jour
déterminé à la demande du président, 2/3 des membres ou du représentant de l’Etat pour une durée
maximale de 03 jours. Il a en son sein des commissions. Il peut également être suspendu pour deux mois
maximum par décret du Président de la République sur proposition du ministre en charge des collectivités.
Il peut être dissout par décret du PR après avis du Conseil constitutionnel. Dans ce cas, une délégation
spéciale est créée.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest disposent, comme les autres régions, d’un organe
délibérant et d’un organe exécutif. Cependant, elles s’en distinguent à travers la dénomination desdits
organes.
A) L’organe délibérant
Le caractère bicaméral de l’Assemblée Régionale en deux chambres vise à améliorer la qualité des
débats et des délibérations qui en seront issus. La discussion d’un projet de délibération au sein de ces
chambres à travers le mécanisme de navette permettra de recueillir un maximum d’avis sur ledit projet et
participera à l’amélioration de sa valeur. De même, comme dans les systèmes de tradition parlementaire,
22
les membres de l’exécutif sont issus de l’Assemblée Régionale. A cet égard, l’organe délibérant garde la
possibilité, à travers la procédure de l’impeachment, de destituer l’exécutif.
La House of divisional representatives est composée de 70 membres élus par un collège électoral
constitué des conseillers municipaux de chaque département de la région. Elle statue sur toutes les matières
relevant de la compétence de l’Assemblée Régionale et dispose de cinq (05) commissions dont une
spécifique aux questions d’éducation. Elle est présidée par le Président du Conseil Exécutif Régional.
Présidée par le Vice-Président du Conseil Exécutif Régional, la House of Chiefs dispose de deux
(02) commissions.
L’Assemblée Régionale dans les régions à statut spécial du Nord-Ouest et du Sud-Ouest comporte
en tout sept (07) commissions, contrairement aux autres régions qui n’en comptent que quatre (04).
Les deux chambres se réunissent séparément aux mêmes dates, et peuvent siéger en formation réunie
à l’ouverture et à la clôture de la session, lorsque des matières particulières sont inscrites à l’ordre du jour,
notamment le rapport d’activités, l’adoption du programme économique, la mise en œuvre de la procédure
d’impeachment, ou lorsque les circonstances l’exigent.
Leur mode de fonctionnement, intègre le principe de la navette pour l’adoption des délibérations
comme c’est le cas entre l’Assemblée Nationale et le Sénat. Chacune des chambres adopte séparément son
règlement intérieur, tandis que l’Assemblée Régionale adopte le règlement intérieur de la chambre entière,
lequel fixe la procédure de l’impeachment.
B) L’organe exécutif
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest disposent, comme les autres régions, d’un organe
délibérant et d’un organe exécutif. Contrairement à celles-ci où seul le Président du Conseil Régional est
l’exécutif assisté d’un Bureau régional élu en même temps que lui au sein du conseil, dans les régions du
Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’exécutif est collégial et est appelé Conseil Exécutif Régional. Il se compose
d’un Président, d’un Vice-Président, de trois Commissaires, de deux Secrétaires et d’un Questeur, soit huit
(08) membres.
23
Bien que collégial, l’exécutif a pour chef le Président du Conseil Exécutif Régional. Ce dernier,
personnalité autochtone élue au sein de l’Assemblée Régionale, est issu de la catégorie des délégués des
départements.
Les trois (03) Commissaires, spécificité propre aux régions susvisées, sont comparables à des
membres d’un Gouvernement dans un exécutif. Ils sont chargés de la mise en œuvre de la politique de la
Région relative à l’exercice des compétences transférées dans les trois grands domaines qui sont leurs
attributions spécifiques, à savoir :
Les Secrétaires assurent le secrétariat dans chacune des chambres de l’Assemblée Régionale. Leurs
attributions sont définies par le règlement intérieur, au même titre que celles du Questeur.
Les membres du Conseil Exécutif Régional sont élus dans les mêmes conditions que les exécutifs
des autres régions. Ils prêtent serment devant la Cour d’Appel compétente avant leur entrée en fonction et
la formule du serment est prononcée en langue anglaise.
Dans la tradition anglo-saxonne, il est de coutume d’instituer des autorités indépendantes chargées
de régler les différends entre l’administration et les particuliers.
S’inscrivant dans cette logique, la loi n°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code Général des
Collectivités Territoriales Décentralisées a institué dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest une
autorité indépendante appelée public independent conciliator (PIC). Il ne s’agit nullement d’une autorité
juridictionnelle ou d’un juge, car les compétences et pouvoirs qui lui sont reconnus ne sont pas de nature
juridictionnelle.
24
Le PIC est chargé, entre autres attributions, de régler à l’amiable les litiges entre les usagers et
l’administration régionale et communale, de défendre et protéger les droits et libertés des citoyens contre
les abus dont ils seraient victimes de la part des autorités régionales ou communales de la Région, de mener
toute investigation sur le fonctionnement des services publics régionaux et communaux et de dresser un
rapport sur le fonctionnement desdits services.
Le PIC est nommé par décret du Président de la République, sur proposition concertée du Président
du Conseil Exécutif Régional et du représentant de l’Etat. Ce mode de désignation laisse présager de la
qualité de la personne qui assumera cette fonction, parce qu’il sera issu du consensus entre deux autorités
au sein de la région. En outre, le Code pose des critères dans le but de renforcer la crédibilité de cette
autorité. Elle doit être une personnalité jouissant d’une solide expérience et d’une réputation d’intégrité et
d’objectivité établie.
Afin de garantir son indépendance et sa neutralité, le PIC est désigné pour un mandat de six (06)
ans non renouvelable. L’impossibilité de renouveler le mandat accroit son indépendance en ce qu’il ne
s’attend pas à être reconduit, et n’aura de compte à rendre à personne. A ce titre, il ne reçoit ni ne sollicite
aucune instruction dans le cadre de ses attributions. Son mandat est plus long que celui des élus régionaux
et municipaux, permettant qu’il ait prise sur eux. Sa fonction est incompatible avec l’exercice d’un mandat,
d’un emploi public ou de toute autre activité professionnelle rémunérée. Il prête serment, avant son entrée
en fonction, devant la Cour d’Appel territorialement compétente. Le secret professionnel ne lui est pas
opposable. Autant d’éléments qui garantissent son indépendance.
Le PIC se veut une autorité accessible, démocratique, à la portée de tous. Il peut être saisi par toute
personne physique ou morale qui s’estime lésée dans ses droits et libertés par l’administration régionale ou
communale. Il ne peut intervenir que dans des conditions précises énumérées par la loi.
Le PIC dispose d’actions à l’encontre des services publics régionaux et communaux. Il peut leur
adresser des recommandations ou des injonctions, lorsqu’il se rend compte que l’administration régionale
ou communale refuse de régler le litige qui lui est soumis ou de tenir compte de ses recommandations.
Enfin, il jouit de la faculté de publier les rapports élaborés contre les administrations relevant de sa
compétence.
25
Le Décret n° 2020/773 du 24 décembre 2020 déterminant les modalités d’exercice des fonctions de
public independant conciliator auprès des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest donne plus de détail sur
les compétences, les missions attendues de cette institution spéciale, ainsi que sur la procédure à suivre
pour sa saisine.
Il s’agit tantôt de ceux qui exercent un contrôle de tutelle (paragraphe 1) et tantôt de ceux qui sont
chargés du contrôle administratif et financier (paragraphe 2). A leurs côtés, se déploient d’autres institutions
mettant en œuvre un contrôle juridictionnel (paragraphe 3).
Le Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées apporte des innovations dans
l’exercice de la tutelle de l’Etat sur les Collectivités Territoriales.
Les dispositions y relatives sont regroupées dans le Titre V du Livre premier pour éviter un
éparpillement, ce qui peut à tort laisser l’impression d’une forte emprise du représentant de l’Etat sur les
Collectivités territoriales au détriment du renforcement de leur l’autonomie. Tel n’est pas le cas en réalité.
Il importe de ne pas perdre de vue que la décentralisation implique un transfert de compétences et de
ressources de l’Etat vers les collectivités territoriales, avec un droit de regard de l’Etat sur la conduite des
affaires locales découlant desdites compétences transférées.
L’exercice de ce droit de regard, appelé tutelle, se fait, sous l’autorité du Président de la République,
par le Ministre chargé des collectivités territoriales en l’occurrence le MINDDEVEL, ainsi que par le
Gouverneur pour la Région et le Préfet pour la Commune, représentants de l’Etat dans la Collectivité
Territoriale concerné.
26
Dans le cadre de leurs pouvoirs de tutelle qui s’exerce à travers le contrôle de la légalité des actes
des CTD et l’appui-conseil (article 72), les représentants de l’Etat relèvent de l’autorité du Ministre chargé
des collectivités territoriales décentralisées et non du Ministre de l’Administration Territoriale.
Le champ des actes soumis à approbation préalable du représentant de l’Etat autrement appelé
contrôle a priori est désormais limitativement circonscrit, au regard de l’impact des domaines concernés
tels que la préservation et la sauvegarde de la fortune publique, les questions foncières. L’article 76 du
Code en donne une énumération précise. Ils portent sur huit matières, à savoir :
- les budgets, les comptes et les autorisations spéciales de dépenses, en vue de maîtriser les dépenses
et s’assurer du respect des rations prescrits par la loi et des dépenses obligatoires ; les emprunts et
garanties d’emprunts, pour s’assurer de la viabilité et de la soutenabilité de l’endettement de la
collectivité, compte tenu de son potentiel impact sur le budget de l’Etat ;
- les conventions de coopération internationale, car les relations internationales et la diplomatie
relèvent de la souveraineté de l’Etat, et les engagements souscrits par une collectivité pourraient
avoir des répercussions sur celui-ci ;
- les affaires domaniales, puisque l’Etat est le gardien de l’ensemble des terres conformément à
l’ordonnance n°74/1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier et l’administre dans l’intérêt des
populations et des autres personnes morales ;
- les délégations de services publics au-delà du mandat en cours de l’organe délibérant de la
Collectivité Territoriale, afin de veiller à une gestion optimale des services publics de la collectivité
et empêcher toute concession au détriment de celle-ci et au bénéfice du chef de l’exécutif qui
pourrait ne plus être en poste au mandat suivant ;
- les conventions relatives à l’exécution et au contrôle des marchés publics, sous réserve des seuils
de compétence prévus par la règlementation en vigueur, en vue de veiller à la régularité de la
contractualisation, compte tenu des conséquences qui pourraient en découler ;
- le recrutement du personnel, suivant les modalités fixées par voie règlementaire, dans le souci de
contrôler le rythme et la soutenabilité des recrutements au vu des capacités de la collectivité, et
empêcher la création de liens juridiques produisant des effets alors que la collectivité n’a pas la
capacité de les assumer ;
- les plans de développement et les plans d’aménagement du territoire, pour assurer la conformité et
la cohérence desdits plans avec les plans nationaux.
27
Il est donc clair que le contrôle a posteriori, principe affirmé depuis les lois de 2004, a été conforté
par le Code. Par conséquent, le principe de libre administration des CTD ne s’en trouve que renforcé, avec
pour corolaire l’affirmation d’une plus grande autonomie.
Le contrôle de légalité s’effectue par le biais de la transmission, y compris par voie électronique, des actes
des collectivités territoriales aux représentants de l’Etat qui disposent de délais encadrés pour les examiner.
Ceux-ci peuvent déférer l’acte devant le juge, ou, en cas d’actes manifestement illégaux, l’annuler. La
décision d’annulation est susceptible de recours contentieux.
De plus, les exécutifs des CTD ne sont plus sans défense devant les agissements de la tutelle. Ils peuvent
désormais, en cas de refus d’approbation, saisir le juge administratif compétent dont la décision
d’annulation du refus vaudra approbation.
Il s’agit ici de certains acteurs de l’appareil administratif nommé au sein des CTD et qui sont
considérés comme des acteurs administratif exerçant un contrôle interne au sein des CTD ou les
accompagnant dans leurs missions. On peut citer les secrétaires généraux des communes et communautés
urbaines, des secrétaires généraux des régions nommés par décret du Président de la République, les
receveurs municipaux et régionaux, les contrôleurs financiers…
Il s’agit aussi est institutions de contrôle administratif externe au CTD et assurant la régularité de la
gestion des finances publiques locales. On peut citer le Consupe, le CDBF, l’ANIF, la CONAC…
La loi n°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code Général des Collectivités Territoriales
Décentralisées fait du juge administratif un acteur central, un arbitre entre les collectivités territoriales
elles-mêmes, et entre ces dernières et le représentant de l’Etat.
28
L’article 79 apporte une innovation en ce que le refus d’approbation des actes des collectivités
territoriales, sur le fondement de l’excès de pouvoir, est contestable devant le juge. La décision de la
juridiction équivaut à une approbation, dès sa notification à la collectivité. Il indique également à l’article
241 qu’en cas de conflit de compétences entre la Communauté Urbaine et la Commune d’Arrondissement,
le Maire de la Ville ou le Maire de la Commune d’Arrondissement peu en saisir le juge administratif
territorialement compétent.
Le juge administratif connaît également des actes du Ministre chargé des CTD déclarant un
conseiller démissionnaire.
Concernant le juge des comptes, il juge de la régularité des comptes des ordonnateurs et des
comptables, y compris les personnes qui s’immiscent frauduleusement dans la gestion des fonds
(comptables de fait). Telle est la quintessence des articles 475, 476 et 485.
Relativement au juge pénal, le CGCTD lui donne un rôle important. Selon l’article 129, il garantit
la protection de l’élu local contre les menaces, outrages, violences, injures ou diffamation dont il peut être
l’objet dans l’exercice ou en raison de son mandat. L’élu dispose dès lors d’une action civile à l’encontre
des auteurs de ces actes. Il est également chargé de sanctionner les infractions commises par les agents de
la police municipale. Il est aussi compétent pour connaitre des infractions de détournement de fonds publics
ou de corruption perpétrées par les gestionnaires locaux. Ces derniers peuvent être poursuivis soit devant
le juge pénal ordinaire (TPI, TGI, Cour d’appel et Cour Suprême), soit devant le juge pénal spécial (le
TCS).
Il est opportun de présenter d’abord les organes de mise en œuvre (paragraphe 1), les organes
d’appui-conseil (paragraphe 2) et les partenaires au développement (paragraphe 3).
- du Conseil National de la Décentralisation (CND), créé le 03 novembre 2020, avec pour principal
mandat le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre effective de la décentralisation14 ;
- du Comité Interministériel des Services Locaux (CISL) mis en place le 09 novembre 2020, en tant
qu’organe de concertation interministériel placé sous l’autorité du Ministre chargé des CTD, avec
29
pour mission d’assurer la préparation et le suivi des transferts des compétences et des ressources
aux Collectivités Territoriales Décentralisées ;
- du Comité National des Finances Locales (CONAFIL), créé le 21 décembre 2020, comme organe
de concertation placé sous l’autorité du Ministre chargé des CTD, chargé du suivi de la mobilisation
optimale des recettes des collectivités territoriales décentralisées et de la bonne gestion des finances
locales.
Bien plus, ces Assises ont relevé que les points cruciaux relatifs aux ressources financières,
matérielles, logistiques et humaines sont au cœur de l’enjeu de l’autonomie des communes, si l’on veut
qu’elles exercent convenablement leurs compétences. En définitive, ces travaux ont permis de dresser un
diagnostic profond de la politique publique de la décentralisation, pour une institution communale rénovée
et afin de préparer l’opérationnalisation des régions.
30
Paragraphe 3 : Les partenaires du développement local
On peut évoquer le cas du FEICOM créé en 1974 et dont la principale mission est de contribuer au
développement harmonieux de toutes les CTD sur la base de la solidarité nationale et de l’équilibre inter-
régional et intercommunal, en liaison avec les administrations concernées.
On peut aussi mentionner l’appui des institutions comme la GIZ qui accompagne le Cameroun dans
la réalisation de sa stratégie et l’amélioration de la coopération entre les municipalités et les autorités
nationales, régionales et locales en charge de la mise en œuvre de la décentralisation. Le cas des
programmes CD2 issus de la coopération entre le Cameroun et la République Française est également
bénéfique au CTD.
On peut également souligner le rôle attribué à la NASLA (National School for Local
Administration) créée par décret du 02 mars 2020 afin de répondre aux besoins en quantité et en qualité des
ressources humaines des CTD. Il s’agit d’une école spécifique qui vient compléter l’offre de formation des
personnels des CTD en plein essor dans les universités, à l’instar des formations professionnelles
innovantes de la FSJP de l’Université de Dschang.
CONCLUSION
De fait, pour accélérer le processus de décentralisation et du développement local, il est plus que
nécessaire, d’une part, de renforcer la mobilisation des ressources des collectivités, et d’autre part,
d’améliorer l’affectation et l'utilisation efficace de ces ressources pour la mise en œuvre, à partir de la base,
de la Vision 2035 du Cameroun, de sa stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30) et de
l'Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable (ODD).
FIN
31
TRAVAUX DIRIGES :
32