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Résumé
Depuis le 27 septembre 201 7, et les deux arrêts rendus par la Cour de cassation, la réserve héréditaire semble menacée
même si ce n'est pour le moment qu'en présence d'un élément d'extranéité permettant d'écarter son application. Cependant
cette solution peut sembler surprenante au regard de l'histoire de la réserve héréditaire qui apparaît comme un principe du droit
français depuis le Moyen Age permettant de réaliser un idéal d'égalité patrimoniale entre les enfants. Ces deux décisions
soulèvent également la vieille question du partage des lits et de la continuation de la famille.
Dobigny-Reverso Anne. Le vol de l’héritage : vers la fin de la protection de la réserve héréditaire. In: Revue juridique de
l'Ouest, 2018-3. pp. 7-22;
doi : https://doi.org/10.3406/juro.2018.5115
https://www.persee.fr/doc/juro_0990-1027_2018_num_31_3_5115
LE VOL DE L’HÉRITAGE :
VERS LA FIN DE LA PROTECTION
DE LA RÉSERVE HÉRÉDITAIRE
par
Anne Dobigny-Reverso
Maître de Conférences à la Faculté de droit, d’économie et de gestion d'Angers,
responsable de la Licence professionnelle Droit & Métiers du Notariat
Résumé: Depuis le 27 septembre 201 7, et les deux arrêts renduspar la Cour de cassation, la réserve héréditaire
semble menacée même si ce n'est pour le moment qu'en présence d'un élément d'extranéité permettant
d'écarter son application. Cependant cette solution peut sembler surprenante au regard de l'histoire de la
réserve héréditaire qui apparaît comme un principe du droit français depuis le Moyen Age permettant de
réaliser un idéal d'égalité patrimoniale entre les enfants. Ces deux décisions soulèvent également la vieille
question du partage des lits et de la continuation de la famille.
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la solution rendue par la Haute juridiction ne peut laisser indifférent3. Certes les deux
décisions ont été rendues dans un contexte international, mais elles semblent sonner le
glas d’une institution centrale du droit français des successions : la réserve héréditaire4,
en décidant qu’«une loi étrangère désignée par la règle de conflit qui ignore la réserve
héréditaire n’est pas en soi contraire à l’ordre public international français et ne peut
être écartée que si son application concrète, au cas d’espèce, conduit à une situation
incompatible avec les principes du droit français considérés comme essentiels5 ».
Cependant, même si elle se voit réduite comme peau de chagrin, la réserve héré¬
ditaire reste une protection successorale. C’est un moule dans lequel chaque famille
doit se fondre puisque les dispositions régissant la réserve héréditaire sont d’ordre
public. Or, à l’heure du libéralisme triomphant, une telle obligation renvoie une image
rigide, voire obsolète, du droit des successions. La réserve serait un obstacle à la liberté
et ne serait plus en phase avec l’évolution des familles qui tentent de contourner cette
institution notamment lorsqu’un élément d’extranéité le permet.
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DOCTRINE 9
Les deux arrêts rendus le 27 septembre 2017, en décidant que la réserve hérédi¬
taire n’est pas un principe essentiel du droit français, permettent d’une part de revenir
sur le fait que la réserve héréditaire est une institution qui, de par son histoire, est le
socle du droit des successions français (I). Ils permettent d’autre part de s’interroger
sur la relation entre l’enfant et l’héritage pour tenter de trouver une justification à cette
protection successorale conventionnelle mise en avant par la Haute juridiction aux
dépens de la protection légale que représente la réserve héréditaire (II).
La réserve héréditaire apparaît comme le socle du droit des successions, car elle
opère un trait d’union entre famille et patrimoine (A) et doit être considérée comme un
principe du droit successoral (B).
Pendant très longtemps, la réserve (ou légitime) concernait les enfants et descen¬
dants du défunt, ses père et mère, et ses frères et sœurs. De nos jours, elle ne concerne
que les descendants du de cujus, car il semble naturel de succéder à ses parents. Déjà au
xviie siècle Domat justifiait cette succession des enfants « comme une suite de l’ordre
divin qui donne la vie aux hommes par la naissance qu’ils tiennent de leurs parents.
Car comme la vie est un don qui rend nécessaire l’usage des biens temporels, & que
Dieu les donne par un second bienfait qui est une suite de ce premier; il est naturel que
les biens étant un accessoire de la vie, ceux des parents passent aux enfants comme un
bienfait qui doit suivre celui de la vie. Et cette règle, qui est également de la loi divine
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Toutefois, si on ne peut être héritier contre son gré, on ne peut toutefois pas aller
à l’encontre de la nature : « les membres de la famille ont des droits que nul ne peut
leur enlever14 » d’où l’institution de la réserve héréditaire comme mesure de protection
de la famille. La réserve héréditaire est « un pilier de l’agencement des successions en
France15 ». Elle repose sur deux idées essentielles : transmettre une partie de son patri¬
moine à ses enfants, en vertu du principe de solidarité intergénérationnelle, et garantir
à ces derniers une égalité minimale.
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18. Encore envisagée comme une condition du développement de la famille, la réserve héréditaire pourrait
actuellement être protégée par la Constitution comme l’estiment certains auteurs en s’appuyant sur le
préambule de la Constitution de 1946 en vertu duquel « la Nation assure (...) à la famille les conditions
nécessaires à son développement », cf. F. TERRE, Y. LEQUETTE, S. GAUDEMET, Les Successions, les
libéralités, Paris, Dalloz, 2014, n° 9.
19. M. NICOD, « Le nouveau droit des libéralités : une modernisation en douceur », AJFam 2006, 346.
DOCTRINE 11
Pourtant, les arrêts rendus par la Cour de cassation le 27 septembre 2017 laissent
transparaître une évolution quant au fondement de cette institution. En effet, la misère
des enfants, « leur situation de précarité économique ou de besoin20 » semble attribuer
à la réserve héréditaire française un fondement alimentaire, cette dernière ne devant
survivre qu’en cas de besoin de l’héritier21.
Dès les débuts de la Révolution, Mirabeau, guidé par l’idée d’égalité des
partages, voulait détruire les lois qui « semaient la haine au sein d’une fratrie ». Néan¬
moins, il n’a jamais souhaité mettre fin à la faculté de tester, car elle tenait à la « dignité
spirituelle de l’homme24», mais elle ne devait pas permettre de favoriser un enfant plus
qu’un autre. C’est pourquoi Mirabeau souhaitait que le législateur instaurât une quotité
disponible du dixième des biens du père sans que cette portion puisse être allouée à un
parent25. La quotité disponible devait obligatoirement être attribuée à des personnes
étrangères à la ligne directe.
La réserve héréditaire a donc pour but de garantir l’égalité entre les enfants,
quels que soient leurs idées, parcours ou aspirations, car les révolutionnaires souhaitent
« libérer » les générations futures et en finir avec le pouvoir des pères et le testament,
considéré comme une véritable arme de subordination puisque les enfants vont régler
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DOCTRINE 13
Mais le terme « principe » peut également être entendu dans une acception
didactique, c’est alors un précepte, c’est-à-dire une recommandation, une règle de
conduite. Or c’est dans ce sens que la réserve héréditaire est généralement perçue.
Elle serait une « règle de conduite familiale34 ». En l’utilisant dans ce sens, la Cour de
cassation « alimente ainsi un droit positif d’ores et déjà complet au prix d’une mise à
distance de textes disponibles, mais jugés inadéquats ou inopportuns35 ». La réserve
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14 DOCTRINE
héréditaire serait donc devenue inadéquate dans un monde de plus en plus libéral, ce
qui expliquerait qu’elle soit régulièrement contournée ou attaquée36.
Dès lors, quelles conséquences tirer de ces deux arrêts de 2017? Ces deux
arrêts, rendus dans un contexte international, permettent à la jurisprudence de lever
une incertitude quant à la nature de la réserve héréditaire : celle-ci n’est pas un principe
essentiel du droit successoral français et donc elle n’est pas un principe d’ordre public
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par la loi du 14 juillet 1819.
39. F. LE PLAY, La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens,
H. Plon, Paris, 1864, p, 107. Sur LE PLAY, voir J.-L. CORONEL de BOISSEZON, Frédéric Le Play face
au droit : une critique de la codification et de la centralisation au xvf siècle, thèse, Paris XI, 2008 ; et sur les
disciples de Le Play, voir L. GUERLAIN, Droit et société au XIXe siècle : Les leplaysiens et les sources du
droit (1881-1914), thèse, Bordeaux rv 201 1 .
DOCTRINE 15
international, car à travers la notion d’ordre public40, les magistrats révèlent les valeurs
les plus fondamentales de la société.
Pourtant, la solution inverse aurait pu être retenue par les juges. Ces derniers
auraient également pu s’inspirer du règlement européen sur les successions inter¬
nationales (règlement UE n° 6650/2012)41 qui, dans ses considérants 38 et 50, rend
hommage à la réserve42.
Par ailleurs, la solution retenue par les juges semble contestable au regard des
débats qui ont précédé l’adoption de la réserve héréditaire en droit français. L’un des
objectifs de cette institution était de protéger les enfants contre le pouvoir des pères,
pour leur éviter une exhérédation du fait de leurs opinions par exemple43. Or, si l’on
prend en considération la solution retenue dans les arrêts de 2017, quelle sera l’attitude
des juges face à une loi étrangère qui peut contenir des discriminations fondées sur le
sexe ou la religion quand l’ordre public international ne s’oppose pas à une loi qui ne
connaît pas la réserve héréditaire, si par ailleurs les enfants ne sont pas dans un état de
précarité ?
Alors, « noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir »? Pas tout à fait. D’une part, les
deux arrêts du 27 septembre 201 7 ne signent pas l’arrêt de mort de la réserve héréditaire
en droit interne, car l’ordre public international n’est qu’«une version édulcorée de
l’ordre public interne44 ».
Par ailleurs, si ce n’est plus un principe essentiel du droit des successions, alors à
quoi sert la réserve héréditaire ? Doit-elle être cantonnée à être un simple mécanisme de
public
42.
43.
l’Espagne
44.
45.
p.
40.chercher
«successoral
4L
compétence,
des
n° 49
Lactes
201,
Voir
et
Laets.LOUIS-CAPORAL,
Règlement
Pour
M.
D. AZAVANT,
notion
le
authentiques
27
en
par
une
àcontrat.
»,juillet
définir
la
1793,
Droit
analyse
exemple
loi
d’ordre
UEapplicable,
2012
cf.
Etude
l’ordre
de
n°
art.supra
ende
la
650/2012
la
public
etpréc.
famille,
matière
ces
deconcordance
Rect.
public
n.«droit
dispositions,
la23.
La
seJOUE
reconnaissance
de
du
octobre
civil
fiducie
caractérise
c’est
successions
4 juillet
comparé
n°
s’aventurer
entre
libéralité.
2013,
L60,
voir2012
par
l’abolition
M.
2et:étude
mars
France,
son
AZAVANT,
du
l’exécution
àRéflexions
sur
laParlement
insaisissabilité,
38.
2013.
création
desdu
Angleterre,
Lesables
droit
Professeur
des
sur
art.
d’un
européen
mouvants
une
décisions,
prec.
decertificat
URSS,
cf. Malaurie
tester
opération
M.
et »,et
Thèse
duAZAVANT,
successoral
cf.
l’acceptation
laconseil
prohibée
explique
P.
déclaration
Paris
MALAURIE,
de1953.
»,européen,
«l’UE
quant
L’ordre
RTDCiv
et del’exécution
relatif
à L’ordre
guerre
lui
public
JOUE
2016,
àque
laà
16 DOCTRINE
Si les hauts magistrats n’ont pas été inspirés par Condillac, ils l’ont sans doute
été par Rousseau : le moment venu, chaque individu peut décider d’avoir ou non des
rapports avec les autres, ce qui pourrait justifier l’affaiblissement croissant des protec¬
tions légales au profit des protections ou des solidarités conventionnelles. Néanmoins,
peut-on instaurer une inégalité entre les enfants lorsque l'ordonnance du 4 juillet 2005
portant réforme de la filiation supprime de toute forme de distinction entre les filia¬
tions? Il va sans dire que la succession et la transmission du patrimoine du défunt
sont des moments souvent difficiles ou les rivalités se révèlent, car certains enfants
ont parfois l’impression de perdre cette qualité, ce lien familial à cette transmission du
patrimoine à cause de mort.
La réserve héréditaire fixe une égalité minimale à respecter entre les enfants.
Les parents peuvent de leur vivant décider de transmettre une partie de leur patrimoine
à leurs enfants ou seulement à l’un d’eux, tout comme rien n’interdit au de cujus de
transmettre tout ou partie de la quotité disponible à l’un de ses enfants en plus de sa
part de réserve.
Cette possibilité soulève la question du choix des libéralités (A) ainsi que celle
du partage des lits, aujourd’hui appelée famille recomposée (B).
juridiques
46.
évolution
droit
elle
origines
succès
impliquait
civil
Ce»,de
débat
cf.
sensible
ne
(concurrence
l’analyse
F.renvoyait
AUDREN,
était
également
dont
déjà
économique
plus
les
par
présent
«milieux
plus
seulement
le droit
Le légiste,
explicitement
dans
du
juridiques
mais
droit
àles
l’économiste
des»,également
années
traditions
Revue
tarderont
l’idée
1860
duetpour
historiques
d’une
xvf
àlaprendre
: liberté,
La
siècle,
lecompétitivité
question
droit),
toute
testamentaire
distinctes,
La Société
idée
lasuccessorale
mesure
vouée
économique
souvent
de sous
1848,
: ultérieurement
l’opposition
plus
le
« 2014,
laisse
Second
entre
rêvées
p.apparaître
common
les
Empire
55.
que
à un
systèmes
réelles
grand
: law!
une;
aux
DOCTRINE 17
Avec la loi de 2006, on est entré dans « Tère du tout transmettre47 ». La volonté
de tout transmettre est souvent fondée sur des considérations fiscales. Il s’agit d’anti¬
ciper les conséquences du décès par des libéralités. Pour cela, l’article 893 du Code
civil offre deux possibilités : « Il ne peut être fait de libéralité que par donation entre
vifs ou par testament. » Mais il y a de grandes différences entre ces deux techniques de
transmission du patrimoine.
Quant au testament, une grande méfiance règne à son encontre. Non seulement
il fait, souvent irrationnellement, redouter la mort, mais surtout il permet de choisir ses
JCP
jugement
ne
H.
vaut
49.
succession
reconstituée,
M.
47.vaut
48.
interactions
50. ROLAND,
GRIMALDI,
N,
»,«M.
P. Le
La Topiques
24
rien
DELMAS
forme
PEGUERA-POCH,
dejuin
rapport
des
»,dese
1290
cf.
L.
2011,
libéralités
la
cet
partagera
2002/2,
Droit
J.-P.
BOYER,
plus
reproduit
des
SAINT-HILAIRE,
adage
1207
LEVY,
ancienne
libéralités
civil,
p.qu’il
avec
entre
Les
25-40.
Les
dans
op.
A.aAdages
lade
tous
successions,
CASTALDO,
cit.
reçues
est
l’Ancien
psychanalyse,
cette
, une
p.les
«du
1 39.
duRéflexions
expression
institution
héritiers
droit
de
coutumier
Paris,
cujus
Histoire
français,
voir
à Litec,
traduisant
en
:sur
proportion
ilS.
devertu
du
doit
les
Champagne,
de
Paris,
2001,
droit
mécanismes
les
MIJOLLA-MELLIOR,
delerapporter
Litec,
de
civil,
laquelle
n°
principe
la Paris,
662.
vocation
oùun
1999,
de
àild’irrévocabilité
laDalloz,
est
héritier
rétention
pp.
masse
écrit
héréditaire
177-181,
n°
doit
«que
successorale,
dans
1030.
Donner
rendre
« se
n°
donner
de
les
Voir
trouve
101
chacun
donations
et
compte
;également
retenir
qui,
etdans
retenir
sur
»,ainsi
à les
un
ne
cf.
»,
la
18 DOCTRINE
héritiers pour une partie de son patrimoine, la quotité disponible. Cependant, autoriser
la disparition de la réserve, ce serait « donner la possibilité de frustrer les espérances
de la famille sur les biens à recevoir de ses aïeux51 ». Cette idée était déjà présente dans
l’esprit des révolutionnaires.
Si en 1791, Mirabeau est un des premiers à montrer les effets pervers du testa¬
ment, Dupont de Nemours va lui emboîter le pas52. Mais celui qui ira le plus loin dans
la dénonciation du testament reste sans doute le théoricien du jacobinisme Billaud-Va-
renne, car les dispositions testamentaires, selon lui, inondent la société d’ennemis
« quand l’ordre public doit tendre à ne la composer que de frères53». C’est pourquoi,
pour cet auteur, les testaments doivent être supprimés puisqu’ils n’ont d’effet qu’ après
la mort :«(...) conserver une existence civile quand on est effacé de la liste des vivants ;
(...) dicter des lois à des êtres aimés, après être redevenu matière brute et annihilée ;(...)
régler la distribution des biens de cette vie, au moment où le trépas nous en a dépouillé
nous-mêmes, c’est renverser tous les principes du système de l’univers; c’est asservir
successivement les générations futures aux abus et aux erreurs des précédentes ; c’est
porter une atteinte formelle aux droits égaux de ceux qui naissent, par des dispositions
qui les accroissent pour les uns, en les restreignant pour les autres ; enfin c’est se jouer
de la justice étemelle ; et en fixant sur la terre l’envie, la haine, la discorde et le malheur,
c’est se faire poursuivre dans la nuit du tombeau par les malédictions du désespoir54 ! »
Par ailleurs, et dans la continuité des arrêts rendus en septembre 2017, s’agis¬
sant au moins des successions internationales, on peut s’interroger sur la possibilité
à l’avenir de consacrer une sorte de « jura singularia successionis », c’est-à-dire une
transmission de biens qui « échapperait au mécanisme dévolutif d’ensemble de l’uni-
51.
France
2011,
Cahier,
2004,
Economica,
52. Ibidem,
53.
54.
55. M.
O.
J.-N.
S.p.»,(collège
GODECHOT,
65.
PEGUERA-POCH,
DESCAMPS,
310.
inBILLAUD-
M.p.Sur61.
2008, SCHMOECKEL,
international
l’origine
pp. 131
LV
« ’Articulation
ARENNE,
Les
etdus.op.
de
formes
trust
philosophie),
cit.G.anglo-saxon,
, OTTEN
Eléments
p.
du
testamentaires
79.
trust etn°
(dir.),
du du7,républicanisme,
voir
droit
1989,
Europâische
deJ.-L.
l’époque
des
p. HALPERIN,
62.
successions,
médiévale
Testamentsformen,
Livre mParis,
Histoire
De
jusqu’à
laEd.propriété,
duPanthéon-Assas,
Nomos,
ladroit
période
des
publié
Baden-Baden,
biens,
présente
dans
LGDJ,
Paris,
Le
en
DOCTRINE 19
versalité successorale56 ». Ce mécanisme est déjà connu du droit français à travers les
présents d’usage et les primes d’assurance-vie lorsqu’elles ne sont pas manifestement
exagérées57 ; on pourrait donc imaginer que lorsqu’une partie des héritiers réservataires
a été « convenablement » allotie par des libéralités (en particulier des donations), un
de cujus puisse, pour ses autres héritiers, élaborer ce nouveau genre de transmission de
biens, notamment en présence d’enfants nés d’unions différentes car c’est précisément
la question du partage des lits qui soulève de vifs affrontements à l’occasion du règle¬
ment des successions.
famille
xuf-xvuf
AUZARY,
Panthéon-Assas,
des
62.
56. filles
57.
du
assurances,
58.
Paris,
59.
60.
61.
l’exclusion
rapport
M.
S.Eres,
Sur
L’exclusion
recomposée,
GODECHOT,
LAMBERT,
PEGUERA-POCH,
siècle,
dotées
cette
O.
successorale
successoral
1/10/2017,
2005,
DESCAMPS,
notion
question
xif-xv8
thèse,
2009,
des
L.Albin
«voir
PIGOZZI,
filles
Paris
op.
siècles,
Seul
p.
pp.
lorsque
voir
des524.
par
cit,,
Michel,
991-1007.
dotées
12,
filles
notamment
l’héritier
op.
F.exemple
p.1984,
Vittorio
les
ROUMY
cit.,
Qui
315.
dotées
2016.
dans
primes
p.est
843
abKlostermann,
Voir
C.
24.
74.
A.
l’ancien
dans
la
intestat
VAN
p.DESRAYAUD,
(dir.),
également
sont
plus
l’ouest
CUTSEM,
manifestement
Mélanges
droit
bénéficiaire
méchante
de
Frankfurt
a laété
L. MAYALI,
France
La
Les
en
du
étudiée
dul’honneur
Famille
royaume
Secondes
am
exagérées
contrat
», Main
in
par
Droit
B.
recomposée.
J.-L.
?d’ALTEROCElE,
d’assurance-vie
noces
1987.
d’A.
Mère,
savant
», THIREAU,
Revue
Lefebvre-Teillard,
dans
fille
etEntre
coutumes;
lgénérale
et’ancien
belle-mère
peut
défi
«F.Fondements
DEMOULIN-
et
droit
être
duL’exclusion
incertitude,
Paris,
droit
français
débiteur
dansdes
éd.
de
la
20 DOCTRINE
Sous l’empire de l’ancien droit français, deux situations allaient a priori à l’en¬
contre de ce principe : le privilège de l’aînesse et l’exclusion des filles dotées.
Lorsqu’un droit d’aînesse existait — il état fort rare dans les successions rotu¬
rières63 mais très présent dans les successions nobiliaires, souvent renforcé par des
substitutions64 — on voyait l’aîné comme le continuateur de la famille. Il permettait la
conservation de la maison « car la noblesse est bien souvent abaissée par la pauvreté, et
quand il faut partir également, la part de chacun est bien petite65 ». Or dans les arrêts de
2017, ce sont les derniers nés et la dernière épouse qui semblent, d’après les volontés du
cujus, être les seuls capables de faire perdurer la famille. Va-t-on ressusciter un privi¬
lège du plus jeune? Il existait dans l’ancien droit, pour les successions roturières, en
Cornouaille bretonne sous le nom de privilège de juveigneur et dans certaines régions
du groupe picard-wallon66. Ce privilège se justifiait par le fait que ce dernier né restait
avec ses parents contrairement à ses aînés qui étaient devenus indépendants.
De nos jours, avantager les derniers nés pourrait encore se justifier par une
communauté de vie avec eux, ce qui rejoindrait l’ancienne règle de l’exclusion des
fidéicommissaires
«63.
Guingamp,
vallées
p.
du
particularité
soit
les
64.
par
droit,
Bordeaux,
préoccupation
auteur
Voir
au
65.
le
quelques
LEVY,
66.
un
effectués
àest
techniques
J.libéralités,
dans
“faire
35P
POUMAREDE,
droit
xvme
Pyrénées
patrimoine
partages
aîné
incontestable
son
làégalement,
J.-P.
AActes
G.
Cf.
«:plusieurs
pyrénéennes
A.
la
substitution
sexe
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«siècle
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Construire
COQUILLE,
un
têtes
J.-P.
dans
A
LEVY,
fin
CASTALDO,
1dons
du
dans
des
successoraux
703,
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chaque
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du
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LEVY,
Code
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cette
le
Moyen-Age
M.
manuels,
vol.
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xvme
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A.
que
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art.
le
Mélanges
GANZIN,
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région
généralement
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CASTALDO,
petite
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A.
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Institutions
le
siècle,
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foyers
les
Sur
p.internationales
op.
CASTALDO,
utilisées
absolument
régime
28.
inégalitaires
avancements
roturiers
le
seigneurie
était
dans
notariales
plus
du
cit.,
p.
au
institué
Sur
particularisme
le
du
et
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«359.
temps
du
un
xix6
mot
en
La
qu’elle
p.
Boulonnais
Guy
forcément
laCode
de
pour
au
pour
héritier
Histoire
1112.
Haut-Languedoc
clause
doctrine
: siècle
au
l’aînesse
substitution
impropres
par
«droit
: du
Coquille,
ecclésiastique
au
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les
op.
d’hoirie
Sur
le
de
Professeur
Les
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civil.
xixe
lasubstitutions
pays
XIXe
Société
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cit.,
du
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le
cette
juridique
paysans
des
au
Annales
substitution
siècle
Ainsi,
se
siècle
de
premier,
droit
p.
François,
àvoir
avec
Pays
Pyrénées,
l’héritier
est
faire
maintient.
1112.
Barèges
une
d’Histoire
institution,
le
Louis
»,voir
N.
civil,
de
souvent
au
le
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premier
ne
maître
de
de
vivre
aînesse
BEC,
du
WAREMBOURG,
fidéicommissaires
Au
Professeur
Lorraine,
mais
xvnf
possédaient
Caux,
J.démographie
Falletti,
xvfdans
chap.
de
Paris,
voir
ou
HILAIRE,
xix6
une
Au
1998,
de
du
la
utilisé
siècle,
né
souvent
siècle,
dans
intégrale
de
voir
les
maison
J.le
Droit,
siècle,
Des
famille
maison
milieu
Dalloz,
(prim)
rapport
au
POUMAREDE,
long
1971,
t.Poumarède
actes
les
J.-M.
de
fiefs,
156,
Paris,
Pays
Thèse,
que
Nice,
le
«certaines
historique,
:vallées
des
façon
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si
du
pp.
(cap
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le
2010,
«dernier
et
p.
et
cause
de
Guy
on
Basque
AUGUSTIN,
in
testament
lejusqu’à
PUF,
xixe
côtes
les
169-231
éditions
Lille
117-141.
appelé
Les
minuscules
avait
premier
desous
utilisée,
Coquille
p.
de
majorats
note,
de
siècle,
régions
l’ostau)
en
1980,
né;
œuvres
n,
1112
Luchon
et«1979,
dû mort
l’empire
des
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quelques
Famille
Serre,
bien
àsurtout
les
Toutes
recueillir
né
mais
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: etcontinuent
520
on à»,succédait
ce
p.
partager
Les
».sûr,
lopins
suite
de Aix-en-Provence
le
et864
in
2002,
continue
privilège
il347-360,
p.,
Par
du
droit
dans
et
Guy
Le
d’Ossau
les
faut
mais
lieux
Substitutions
fictives
de
etl’intégralité
p.
tenure
Code
Temps
ailleurs,
de
ressources
pp.
français
La
»,
du
Coquille,
quelques
sondages
entendre
quel
aussi
près
terre
de
cf.encore
63-72.
même
existe
spec.,
civil
:»,
dans
faire
etque
J.-P.
«les
de
cf.
laIl:
le
et
DOCTRINE 21
filles dotées. Néanmoins, à l’origine cette exclusion visait à maintenir l’égalité entre
les enfants : « La fille dotée a reçu la part qui lui revient dans les biens paternels.
L’admettre à la succession serait accroître son bénéfice67. » La dot, qui est une sorte de
forfait allouée'à la future épouse et négociée entre les deux familles, devient un équi¬
valent de la réserve si les filles ont reçue une dot convenable68 et c’est la ligne qui a été
suivie par les codificateurs en 1804 : « La loi ne contrarie point la volonté raisonnable
des pères et mères69 » si elle assure une « part convenable dans leur patrimoine ». Mais
qu’est-ce que le convenable, le raisonnable ou l’exagéré en droit des successions70 ?
retour
PUAM,
enfants
qu’ils
exemptes
rentrent
volontairement,
p.
de
Statut
Clermont-Ferrand,
future
en
REVERSO,
d’égalité
d’échapper
69.
70.
vie,
relatif
«septembre
patrimoniale
71.
inadéquation
72.
l’image
leur
Sur
67.Donation
68.
Touraine
250.
l’amour
la
pratique,
leurs
utilité
Rousseau
voir
succession
Ibidem,
P.-A.
Ces
Or,
Pour
M.
ont
de
de
aux
épouse
Sur
en
du
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2016,
PEGUERA-POCH,
parents.
parfaite
par
«de
la
labesoin
(1750-1850),
notions
»,Rousseau
critères
2008,
ont
FENET,
père,
ce
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au
ou
femme
la
famille
aucune
l’obéissance
également
Constitution,
du
in
exemple
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maintien
p.
noble
et
rapport
famille
p.
présent
besoin
J.-J.
&
donateur
car
comm.
le
85.
la
315-325.
de
comme
Dans
d’application
sont
la
PU
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famille,
mariée
chez
ROUSSEAU,
elles
op.
peut
future
lui
xvif-xx
Ilfamille
en pou
en
V.
d’usage
successorale
Clermont-Ferrand,
volontaire
faut
thèse
effet,
dans
cit.,
aujourd’hui
les
pour
1 Rousseau
peuvent
renonçant
NICOLAS,
27
»,celles
qu’ils
ne
est
aux
se
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Quant
épouse
dans
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Droit
voir
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; l’indépendance.
recevoir
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siècle,
«ou
op.
Paris
conserver
se
l’image
12,
attentes
la
: doivent
de
pour
conserver.
appréciation
par
cit.,
la
famille
ydu
au
1827,
de
Du
n’est
I,participer
l’Ouest,
la
et
Normandie
àn’est
Paris,
utilisées
exemple,
lien
cette
la
lien
p.
2012,
apprécier
qu’un
la
sanction
Contrat
Hegel
«des
transmission
d’égalité
famille,
des
Vers
84.
succession,
:p.
au
ne
dotée
et«qui
familial
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Le
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LGDJ,
244.
sujets
père,
se
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Encore
Sitôt
les
chapel
»,S’ils
un
unit
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pour
de
livre
en
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maintient
pour
119.
B.
par
in
la
filles
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septembre
simple,
déclin
la
le
rapportant
que
qu’elle
valeur
M.
BARRET-KRIEGEL,
les
voir
2005,
veut,
etde
continuent
ses
nature
père
Par
apprécier
les
pour
de
du
primes
cf
tous
in
doivent
GANZIN
parents
ce
poche,
également
roses
parents
patrimoine
enfans
J.-P.
Œuvres
ailleurs,
de
le
Elle
exempt
comme
raisonnable
besoin
que
573
régit
laétant
premier
du
2002,
l’article
manifestement
:Normandie,
ce
LEVY,
par
p.,
car
paye
présent
2010,
obligatoirement
aux
droit
de
lene
»,qu’elles
d’une
politiques,
égaux
(dir.),
cesse,
des
etconvention
son
ces
montant
cf.
rester
la
chr.
E.
enfants,
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modèle
pour
au
familial
et
p.
coutume
A.
L.
D.
soins
BADINTER,
filles
d’un
mari
en
pratique
guirlande
104.
Politique
demeurant
et
171.
le
CASTALDO,
unis
132-13
MARTEL,
ont
une
fonction
«libres,
cf.
lien
présent
qu’il
des
est
ilne
exagérées
op.
Du
reçu.
ce
V.
liés
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22 DOCTRINE
tant qu’une communauté de vie existe, la famille existe et entraîne des conséquences
successorales. Une fois sorti de cette communauté de vie, un enfant convenablement
alloué ne fait plus partie de la famille. Cela signifie également que la réserve héréditaire
tend à se rapprocher d’une réserve alimentaire.
Enfin, si la famille est provisoire c’est qu’elle est construite sur du sable, sur
l’amour73. Or, aujourd’hui les enfants sont des « produits de l’amour74 » car nés d’un
mariage d’amour. Mais « derrière l’amour qu’est-ce qu’il y a? ».
73 . L.
2010,
sable
74. Voir
»,149
p.
FERRY,
sur
p. L’auteur
122.
ce thème
La Révolution
note
les réflexions
en effet
de l’amour.
:de« P.Construire
BRUCKNER,
Pour uneunspiritualité
couple
Le Mariage
surlaïque,
la dseule
’amour
Paris,
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2011,
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cœur,
p. 142c’est
?, Paris,
bâtirGrasset,
sur du