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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT

Tome3

Physique du feu
pour Pingénieur
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT

Tome3

Physique du feu
pour /"ingénieur
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT

Tome3
Physique du feu
,pour l'ingénieur

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© CSTB 2001 ISBN 2-86891-305-9 Centre Scientifique et Technique du Bâtiment


Préface
En 1938 l'épistémologue Gaston BACHELARD constatait, dans
l'avant-propos de La Psychanalyse du feu, que la science
contemporaine s'était« complètement détoÙrnée des phénomènes du
feu 11 et soutenait, qui plus est, que « le feu n'est plus un objet
scientifique ».
Comme c'est souvent le cas en science, des interrogations, des
problèmes, des mots qui sont, en un moment donné, tombés en
désuétude, réapparaissent longtemps après dans un autre contexte.
En cette fin de siècle, Gaston Bachelard aurait été agréablement
surpris de constater que la science se tourne, à nouveau, vers l'étude
dufeu.
De quel avatar le feu, parangon dans l'histoire de la science de
« l'objet scientifique», a t-il pu bien être la victime ? Les éléments de
réponse, qui se trouvent dans l'histoire des sciences des siècles
précédents, permettent, nous semble t-il, de dégager l'originalité et
l'intérêt du présent ouvrage.
Au cours du XVIIJe siècle, le feu cesse définitivement d'être considéré
comme une réalité unique, un élément, comme un principe
d'organisation, « de mise en forme de la matière», telle que la théorie
des quatre éléments d'Aristote le prônait depuis 2000 ans. Le savant
hollandais Boerhaave, dans son ouvrage Les éléments de chimie,
publié en 1732, distingue deux aspects : le feu-combustion et le feu­
chaleur.
L'étude du premier aspect, grâce aux travaux de Lavoisier présentés
en 1785 dans le mémoire Réfl,exi.ons sur le phlogistique, constitue l'un
des événements fondateurs de la chimie moderne ; le feu-combustion
n'est pas dû, comme le soutenait à l'époque la théorie chimique de
Stahl, au phlogistique (substance impondérable pour certains, de
poids négatif pour d'autres !) contenu dans tous les corps et qui
devient visible au moment où il s'en échappe : la combustion est
désormais considérée comme le résultat d'une réaction chimique entre
une substance, dite combustible, et l'oxygène de l'air.
L'étude du deuxi.ème aspect débouche sur la naissance de la
thermodynamique, notamment à la suite de la thèse de Sadi Carnot
Réfl,exi.ons sur la puissance du feu et sur les machines propres à

SCSTB 7
développer cette puissance, publiée en 1824, et des travaux de mesures de prévention et de protection adaptées au système étudié
Robert von Meyer (1842) et de James Prescott Joule (1843). Le feu­ ou d'évaluer l'efficacité des mesures existantes.
chaleur n'est plus alors attribué à une substance impondérable,
La complexité du phénomène feu est appréhendée selon une
appelée calorique par Lavoisier : la chaleur est désormais définie
approche systémique. Le feu est considéré comme un système, c'est à
comme un mode d'échange de l'énergie.
dire comme un ensemble formé de sous-systèmes en interaction
Tout au long du XJXe siècle et d'une partie du XXe, les savants (échanges de matière et d'énergie avec: réactions chimiques}, en
identifient, expérimentent et formalisent, séparément, de nouveaux rapport réciproque avec son environnement (action des matériaux,
aspects attribués au feu, qui contribuent à la naissance et au des ouvertures... }, subissant une évolution dans le temps.
développement de disciplines autonomes (chimie, cinétique chimique,
La formalisation des sous-systèmes, des échanges, des interactions,
thermodynamique, thermique, mécanique des fluides et des
des rétroactions, conduisent, sous couvert de différents types
solides...}. Dès le début de ce processus, on constate la disparition du
d'hypothèses, à des modèles analytiques que seul, après élaboration
mot feu du champ scientifique, au profit de termes qui désignent les
de logiciels, l'ordinateur pourra simuler.
aspects du feu : on n'étudiera pas le feu, mais la combustion, la
flamme, la production et la diffusion de la chaleur, le transfert de La balance, le thermomètre, le calorimètre, les spectromètres étaient à
matière, le rayonnement. .. l'origine des études sur les différents aspects du feu ; la
modélisation, les logiciels, l'ordinateur sont actuellement les méthodes
La réapparition, depuis une vingtaine d'années, du terme feu pour
et outils de base des études sur le feu. Si ces méthodes et outils sont
désigner tous les ingrédients qui officialisent un « objet de recherche )1
nouveaux, on doit toutefois reconnaître que les lois et équations qui
(sujets de thèses, titres de revues spécialisées, programmes et
alimentent les modèles datent, pour la plupart, du XJXe siècle
organismes de recherche, congrès...}, témoigne que l'étude
(équations de Fourier, de Navier-Stokes, de Fick... sans parler du
scientifique du feu a reconquis son droit de cité.
principe d'Archimède}.
Quels sont les éléments de cette nouvelle problématique ? Quels sont
A partir de ces éléments, que nous dégageons de la lecture de
les méthodes et les outils mis en œuvre ? Quels sont les objectifs
l'ouvrage de Michel CURTAT et que l'on retrouve, dans la nouvelle
recherchés ? La lecture de l'ouvrage Physique du feu pour l'ingénieur,
problématique du feu, nous pensons que la Physique du feu pour
permet de répondre à ces questions ; on y trouvera non seulement
l'ingénieur, doit être lue, de prime abord, comme une contribution de
une synthèse sur cette nouvelle problématique, mais aussi des
la modélisation du feu à la sécurité contre l'incendie.
résultats des recherches que son auteur, Michel CURTAT, dirige au
Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). Cette nouvelle approche de la sécurité contre l'incendie par la
modélisation du feu à, pour qualité première, la capacité de prendre
Le feu, pris à l'état « primitif 11, non domestiqué, non contrôlé, est
en compte les exigences actuelles de la sécurité des systèmes socio­
considéré comme une source de danger pouvant porter atteinte à
techniques (sécurité des installations, sécurité du travail, protection
l'environnement dans lequel il peut se développer. Dans cette étude,
de l'environnement... } et de répondre, en cela, à l'obligation de
l'environnement pris en compte est un bâtiment avec ses occupants
résultats, notamment par l'évaluation et la démonstration du niveau
(d'autres milieux, telle que la forêt, ont été étudiés par d'autres
de sécurité.
auteurs}. Le problème posé consiste à identifier et évaluer, d'une part,
les indicateurs de danger (température, éclairement énergétique, L'approche traditionnelle de la sécurité contre l'incendie consiste
concentration d'espèces chimiques... ) relatifs aux différents flux implicitement à poser qu'un système concret est en sécurité, si les
thermiques et de matières produits par le feu et reçus par mesures de sécurité (issues du retour d'expérience, des règles de
l'environnement, et, d'autre part, les effets non souhaités de ces flux l'art, de l'intuition ... } se rapportant à la catégorie réglementaire des
sur les cibles spécifiques du milieu (atteintes sur les individus, les systèmes auxquels il appartient (ERP, IGH, installations classées...}
éléments de structure ...} ; l'objectif final étant de proposer des sont strictement appliquées. S'il en était toujours ainsi, beaucoup de
catastrophes seraient évitées ; on doit cependant reconnaître que

8 :CSTB =ars 9
cette démarche présente quelques inconvénients. En effet, la :fiabilité des premiers résultats, de la complémentarité de cet apport
catégorie réglementaire de référence est un modèle 11 archétype 11 qui 0de son anticipation par rapport à la réglementation, de sa capacité
"renferme des propriétés moyennes d 1une famille de systèmes ; un ns la gestion de la sécurité des systèmes complexes, de ses
système concret, non seulement, ne possède pas toutes les .tentialités. Nous devons cependant constater que beaucoup
propriétés, mais il peut présenter des caractéristiques non contenues applications restent à faire et que les limites actuelles de la méthode
dans le système de référence (ex : innovation architecturale). des outils sont dues au statut épistémologique du concept de
Vapplication de moyens peut donc conduire à un sur -ou à un sous­ dèle.
dimensionnement, voire à une inadéquation des mesures de sécurité. acun sait qu'un modèle n'est pas une copie du réel, c'est une
Dans certains cas le niveau de sécurité postulé n 1est pas atteint, dans nstruction dans laquelle de 11 l'inconnu 1> et du « mal connu JI
d 1autres cas cela peut engager des dépenses inutiles, entraver le bon
'ersistent ; un modèle fonctionne comme « opérateur-sélectif»; il
fonctionnement du système, limiter tinnovation, etc. lectionne les données pertinentes accessibles dans le cas d'une
Les acteurs de la sécurité qui partagent ce point de vue critique, blématique donnée ; il s'organise grâce à des hypothèses
doivent être particulièrement attentifs aux avancées de l'approche par implificatrices de niveaux différents (hypothèses sur la variation des
modélisation et simulation. En effet dans cette démarche novatrice, on randeurs dans l'espace modèles de zones, modèles de champs -,
n 1envisage pas un système « réglementaire moyen», mais une ur les modes d'écoulement des fluides, sur la forme géométrique des
représentation d 1un système concret, en foccurrence un bâtiment sources et des cibles relatives aux flux. .. ) susceptibles de mettre en
défini par ses propres caractéristiques (données architecturales, z�uvre la mathématisation afin de rendre possible le développement
activité, types d 1occupants, environnement immédiat, etc.) et qui, de du calcul par les ordinateurs disponibles. Du travail reste à faire
plus, peut subir différents scénarios de feu (emplacement et dans les études qualitatives et quantitatives des phénomènes
puissance du foyer, cheminement des fumées, etc.). En fait 11 tout se tfinpliqués, dans les méthodes de calcul et de programmation ainsi
passe comme si 11 on disposait d'un bâtiment identique en tous points que pour améliorer... la puissance des ordinateurs.
au bâtiment concret, que l'on 11 verrait bnller JI et sur lequel on pourrait .. Par rapport à ces caractéristiques intrinsèques à la modélisation,
directement évaluer les mesures de sécurité proposées ou existantes. :i:' Michel CURTAT manifeste beaucoup de prudence et de modestie. Il
Dans son ouvrage, Michel CURTAT présente les applications demande au lecteur de faire preuve de patience pour obtenir des
actuellement recherchées par la modélisation et la simulation du feu ; réponses fiables aux questions qui le préoccupent.
il développe plus en détail celles obtenues à l'aide des logiciels . .. Michel CURTAT, grâce à l'expérience de recherche et d'expertise
élaborés par l'équipe du CSTB (logiciels NAT, FISBA, CIFI. ..), relatifs à /. . . développée depuis près de vingt cinq années au CSTB, doublée d'une
des modèles dits de zones. pratique pédagogique acquise en dispensant des enseignements
Des résultats importants et fiables qui débouchent sur de dans diverses institutions, a su rendre la lecture de l'ouvrage des
nombreuses applications, sont obtenus dans les domaines de la plus accessibles, malgré la complexité du sujet qui se traduit par une
prédiction de l'enfumage et des sollicitations thermiques sur les densité et variété d'informations, de données, de relations, de
personnes, les éléments de structure, les équipements; d'autres, plus démonstrations. En outre, comme l'indique le titre très général de
problématiques mais prometteurs, sont proposés dans le domaine l'ouvrage, on appréciera particulièrement que l'auteur ne se soit pas
particulièrement complexe du mouvement des personnes. Des limité aux « seules » connaissances nécessaires à la présentation, au
installations et des bâtiments divers, tels que atrium, hôtel, parking développement et aux résultats des modèles globaux ou partiels
gare ferroviaire, aérogare, tunnel, navire, etc., ont fait l'objet de (connaissances essentiellement contenues dans les chapitres 3, 7, 8,
simulations numériques. 9, 10, 11 et 13 }, mais d'avoir également cherché à inculquer au
lecteur, une culture sécurité associée à la physique du feu. A cet effet,
A la lecture de cet ouvrage sur la physique du feu nous sommes
les chapitres 2 et 3, dans lesquels on trouvera, notamment, une
convaincus de l'importance de l'apport de la modélisation et de la
simulation du feu dans le domaine de la sécurité contre l'incendie ; de réactualisation du 11 trop 11 célèbre triangle du feu, un ,1 chapelet » des

10 :.::::;csrs 11
principaux ordres de grandeur des indicateurs de danger relatifs à
tous bâtiments, les dangers et dégâts du feu, etc., sont représentatifs
de cette volonté. Le chapitre 11 sur les .fumées du feu dans un
bâtiment, qui peut être lu indépendamment, met particulièrement en ,, daction de l'ouvrage
évidence toutes les tonalités de l'ouvrage.
La physique du feu de bâtiment lue comme un document de synthèse, présent tome a été rédigé par Michel CURTAT, docteur
un point bibliographique (environ 150 références, essentiellement sciences, ingénieur au service Sécurité Feu du CSTB.
anglo-saxonnes, dont la majorité a moins de quinze ans...!}, un outil uteur a rassemblé, synthétisé et organisé des connaissances
de réflexion et de recherche, comme un manuel pédagogique,
ant à la compréhension du feu dans les bâtiments et acquises
s'adresse à un large public.
vue de l'amélioration de la sécurité des personnes et des
Cet ouvrage répondra, sans nul doute, aux attentes des cindyniciens vrages. Ces connaissances sont issues d'activités de
(ce terme vient de faire son entrée dans les dictionnaires} tels que les erche, de consultance et d'essais poursuivies au CSTB ou
concepteurs (architectes, ingénieurs d'études.. ), les préventeurs et
n extraites de divers travaux français et étrangers.
praticiens (sapeurs-pompiers, membres d'organismes de contrôle, de
services de sécurité.. }, les enseignants-chercheurs et étudiants qui
respectivement dispensent et bénéficient de plus en plus ierry BRAINE-BONNAIRE, responsable du service Sécurité
d'enseignements sur le feu, sur la prévention et la protection incendie u du CSTB, a apporté une aide constante à l'auteur de la
(universités, écoles d'ingénieurs.. ). C'est, à notre connaissance, le édaction de l'ouvrage.
premier ouvrage en langue française qui présente toutes ces qualités
réunies.
coordination générale a été assurée par Louis LARET.
En se référant notamment aux travaux de H. W.EMMONS The further
history of fire science(l 984), Michel CURTAT conclut sa présentation
en ces termes : 11 Trois siècles de recherches à venir nous aident à
justifier l'opportunité de ce livre! 11 Afin de rassurer l'auteur et de
renforcer notre optimisme dans le succès de cet ouvrage, nous lui
répondrons en faisant une nouvelle fois appel à la psychanalyse du
feu : « Aucun progrès n'est possible dans la connaissance objective
sans cette ironie autocritique 11.

Jean DOS SANTOS


Professeur des Universités
Institut Universitaire de Technologie
Département Hygiène, Sécurité, Environnement
Université Bordeaux 1

12 =c:srs 13
JTÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
hysique du feu pour l'ingénieur Table des matières

Table des matières

lp.troduction............................................................. ............ .............. 25


Éléments historiques sur la science du feu ........................ ............. . 29
;,,lllomenclature................................................ ;............................. ...... 43

Présentation générale des feux de bâtiment 47


Les signes et les caractéristiques du feu .................... ............ . 50
1.1.1 Définitions utilisées ........................................................ 50
1.1.2 Identification du feu au moyen des sens .. ........................ 51
1.1.3 Informations fournies par des instruments de mesure ..... 52
1. 1.4 Particularités des feux dans le bâtiment .. ............. ........... 53
Exemple de typologie des feux ........... . ................................... 54
1.3 Les dommages causés par l'incendie........................................ 57
1.3.1 Les pertes en vies ........................................................... 57
1.3.2 Les pertes en biens ......................................................... 57
1.3.3 Exemples de sinistres marquants.................................... 59
1.4 Présentation qualitative de phénomènes essentiels du feu... 60
1.4.1 La pyrolyse ..................................................................... 60
1.4.2 L'inflammation et l'allumage............................................ 63
1.4.3 La flamme ...................................................................... 64
1.4.4 La détection du feu ......................................................... 67
1.4.5 Croissance de l'activité d'un foyer.................................... 68
1.4.6 Les feux couvants ........................................................... 71
1.4.7 Les produits de la flamme et la fumée.............................. 71
1.4.8 Présentation qualitative des écoulements présents lors
d'un feu.......................................................................... 72
1.4.9 Le déclin d'un foyer......................................................... 78
1.5 Le système-feu ......................................................................... 80
1.5.1 Le triangle du feu............................................................ 80
1.5.2 Un système simple: la bougie ......................................... 82
1.6 Évolution d'un feu ou incendie dans un bâtiment................... 89
1.6.1 Le début du feu ............................ ....... ........................... 89
1.6.2 La croissance d'un feu de bâtiment ................................. 90
1.6.3 Durée et déclin du feu..................................................... 98
1.6.4 L'analyse a posteriori des sinistres ...... ......................... ... 98

EC:STB 15
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT 5fiTRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Table des matières 3 Physique du feu pour l'ingénieur tJ- Physique du feu pour l'ingénieur Table des matières

1.7 Connaissances issues de l'étude expérimentale du feu 3.2.3 La loi de diffusion moléculaire ......................................... 159
de bâtiment.............................................................................. 101 3.2.4 Ordre de grandeur des coefficients des lois flux-gradients 160
1.7.1 Les expériences en vraie grandeur ................................... 101 3.2.5 Approche plus générale des lois flux-gradients ................. 160
1.7.2 Études expérimentales sur maquettes ............................. 104
3.3 Rapports adimensionnels (nombres de similitude) .................. 163
1.7 .3Scénario d'incendie et simulations................................... 104
1.7.4 Grandeurs mesurées dans les expériences de feux 3.4 M:aquettisation du feu.............................................................. 164
de locaux de bâtiment..................................................... 105 3.5 La turbulence ........................................................................... 165
1.7.5 Synthèse de connaissances tirées d'expériences 3.6 Éléments de thermodynamique ............................................... 167
en grandeur.................................................................... 108
3.6.1 Grandeurs et relations .................................................... 168
1.8 Les matériaux concernés par le feu de bâtiment.................... 112 3.6.2 Les échanges de chaleur ................................................. 170
1.8.1 Les combustibles ............................................................ 112
3.7 Les réactions chimiques .......................................................... 171
1.8.2 Les matériaux ignifugés .................................................. 114
3.7.1 Les réactions globales ............: ........................................ 171
1.8.3 Les matériaux de protection des éléments de structure
ou d'équipement ............................................................. 3.7.2 La vitesse des réactions................................................... 177
115
3.7.3 L'équilibre thermodynamique des réactions ..................... 182
1.8.4 Protection contre l'action à distance du rayonnement
thermique....................................................................... 115 3.7.4 Application aux modèles de feu ....................................... 183
1.9 Quelques ordres de grandeur ................................ ....... ........ .... 116 3.8 Régime de contrôle de la combustion..................................... 185
3.9 Chaleur de combustion et température de flamme
2 Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 119 adiabatique............................................................................... 188

2.1 Les dangers du feu sur les personnes...................................... 122 3.10 Éléments de Mécanique des fluides ........................................ 191
2.1.1 Dangers dus aux sollicitations thermiques ...................... 122 3.10.1 Relations et hypothèses courantes................................... 191
2.1.2 L'opacité de la fumée....................................................... 132 3.10.2 Équations fondamentales du mouvement des fluides ....... 194
2.1.3 La toxicité des produits du feu ........................................ 132 3.11 Systèmes complets d'équations d'écoulements réactifs.......... 197
2.1.4 L'angoisse, la panique, les comportements non contrôlés . 138
2.2 Les dangers du feu sur les biens ........ ....... ........ ... ........ ........... 140
2.2.1 Les dangers du feu sur les bâtiments .............................. 140 4 Théorie approchée de la combustion de liquides
2.2.2 Les dangers du feu sur le contenu des bâtiments............. 141 et de solides pour des configurations géométriques
simples 207
2.3 Les dangers du feu sur l'environnement.................................. 143
4.1 Évaporation d'une gouttelette liquide .................................... 211
2.4 Utilisation de modèles pour la prédiction des dangers du feu 144
2.4.1 Évaluation des dangers sur les personnes ........ ........... ... . 144 4.1.1 Définition du problème.................................................... 211
2.4.2 Prévision des sollicitations thermiques aux éléments 4.1.2 Bilan énergétique à la surface de la sphère; variable bT... 213
de structure.................................................................... 150 4.1.3 Bilan de l'espèce combustible à la surface de la sphère,
variable bD...................................................................... 214
3 Éléments théoriques fondamentaux 153 4.1.4 Application des équations générales de conservation
de l'énergie et des espèces .............................................. 216
3.1 Transport de matière, diffusion, source et puits d'espèces .... 155 4.1.5 Expression de la vitesse massique d'évaporation .............. 218
3.2 Les lois « flux-gradients » . • . . •. .. • • . • • ........ • •. • . • .... • ... ... .... • .. • • ......... • 158 4.1.6 Calcul dù nombre B........................................................ 220
3.2.1 La loi de diffusion de la chaleur....................................... 158 4.1.7 Vitesse d'évaporation d'une gouttelette ............................ 222
3.2 2 La loi de viscosité ............................................................ 159

16 ;;;:.csrs SCSTB 17
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl MENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Table des matières 3 - Physique du feu pour l'ingénieur ,i3 - Physique du feu pour l'ingénieur Table des matières

4.1.8 Evaporation d'une goutte d'eau dans un gaz chaud......... 223 5.2 Vitesse de propagation de flamme, vitesse d'évolution
4.1. 9 Expression de la vitesse massique d'évaporation de l'aire active en pyrolyse ...................................................... 264
pour d'autres formes que la sphère................................. 225 Vitesse de consommation d'un combustible initialement
4.2 Évaporation suivie de combustion pour une gouttelette....... 226 non gazeux............................................................................... 267
4.2.1 La réaction de combustion .............................................. 226 5.3.1 Expressions de la vitesse de combustion" ........................ 267
5.3.2 Exemples de valeurs du débit calorifique pour les feux
4.2.2 Équations de conservation de l'énergie et de l'espèce
combustible.................................................................... 226 de bâtiment .................................: ................................... 270
5.3.2 Chaleur globale de« vaporisation» et chaleur
4.2.3 Expression de la vitesse massique de combustion à l'aide
de combustion................................................................ 272
du nombre B.................................................................. 228
4.2.4 Exemples de valeurs de B................................................ 229 5.3.3 Évolution et variation de la vitesse de consommation
du combustible............................................................... 273
4.2.5 Caractérisation de la flamme: position et température.... 230
5.3.4 Les pulsations d'un foyer ................................................ 281
4.2.6 Expression de la température de flamme à l'aide
du premier principe de la thermodynamique.................... 232 Caractéristiques des flammes de foyer ... ................................. 283
4.2.7 Profils de température et de fractions massiques ............. 233 5.4.1 Éléments de connaissances de base ................................ 283
4.2.8 Exemple de profils pour l'éthanol..................................... 234 5.4.2 Hauteur de flamme ......................................................... 288
4.3.3 Vitesse de combustion d'une gouttelette .......................... 235 5.4.3 Température de flamme .................................................. 295
4.3 Application aux feux de liquides dans un récipient................ 236 5.4.4 Débit d'air entrainé dans la flamme ................................. 296
5.4.5 Exemples de résultats de calcul du débit d'air entraîné.... 303
4.3.1 Exemple du méthanol ..................................................... 236
4.3.2 Valeurs mesurées de la vitesse massique de combustion 5.5 Flamme occupant le volume d'un local................................... 306
et valeurs calculées à l'aide du nombre B
pour des produits courants .......................... ................. .. 241
4.3.3 Influence de la fraction massique en oxygène 6 Détermination du débit calorifique 309
dans le milieu gazeux ...................................................... 242
4.3.4 Utilisation de l'hypothèse de la couche limite laminaire ... 242 6.1 Chaleur de combustion pa:r rapport à l'oxygène consommé :
4.3.5 Influence du rayonnement sur l'expression de B .............. 243 Travaux de Thornto:n ............................................................... 312
4.3.6 Vitesse massique de combustion de liquides 6.2 Chaleur de combustion à partir des énergies de liaison. .... .. .. 316
pour des diamètres de quelques mm à plusieurs m.......... 244 6.3 Exploitation du :résultat de Thorn ton..................................... 320
4.5 Combustion d'un solide sans vaporisation: exemple 6.4 Etablissement des relations utilisées couramment ........... .... . 324
d'une petite sphère de carbone en régime diffusionnel .. ........ 248
6.4.1 Relations de base ............................................................ 324
4.6 Remarques finales .................................................................... 253
6.4.7 Expression de (jJ avec z ex et zm ......................................... 329
6.4.8 Expression finale de A171o / At ....................................... 330
2

6.5 Expression pratiques du débit calorifique ..... ................. ... ... ... 331
5 Foyers courants des feux de bâtiment
6.5.1 On néglige la fraction molaire de CO dans les produits..... 331
connaissances empiriques et relations approchées 255
6.5.2 On ne néglige plus la formation de CO ............................. 332
5.1 L'allumage ................................................................................ 257 6.6 Remarques sur la validité des formules utilisées ................. .. 335
5.1.1 Modèles thermiques d'allumage....................................... 260 6.6.1 Relevé des hypothèses conduisant
5.1.2 Modèles d'allumage plus complexes................................. 262 aux formules 6.14, 6.15, et 6.17 ...................................... 335
6.7 Incertitude sur le débit calorifique obtenu par cette méthode 337

18 =ars =:CSTB 19
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Table des matières 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour /'ingénieur Table des matières

6.8 Comparaison avec d'autres méthodes de détermination Transfert thermique convectif


9 411
du débit calorifique.................................................................. 339
9 .1 Généralités sur les échanges thermiques convectifs . ... ........ ... 413
6. 9 Conclusions.............................................................................. 340
9.2 Etablissement de relations approchées en couche-limite
Annexe 1 Grandeurs et relations de base .......... .... ............... ........... 341
sur plaque plane.............. ... ........... ....... ........... ....... .......... ..... ... 416
Annexe 2 Passage des débits massiques aux: débits volumiques .... . 344 9.2.1 Convection forcée............................................................ 416
Annexe 3 Bilan molaire de la réaction globale de combustion........ 345 9.2.2 Convection naturelle.................. : .................................... 420
9.2.3 Ecoulements turbulents.................................................. 422
7 Débits massiques échangésentre un local en feu 9.2.4 Relations utilisées dans la pratique................................. 423
et son environnement 349 9.3 Relations directement applicables au feu dans un local........ 426
7.1 Ouvertures verticales............................................................... 352 9.3.1 Convection naturelle....................................................... 426
7.1.1 Hypothèses de calcul ...................................................... 352 9.3.2 Convection forcée dans un feu de local............................ 427
7.1.2 Calcul des débits traversant une ouverture verticale 9.4 Convection et rayonnement .................................................... 429
d'un local en feu, dans l'hypothèse de deux couches
de gaz stratifiées............................................................. 356
10 Transferts radiatifs 431
7.1.3 Formule très simple pour feu intense .............................. 372
7.1.4 Cas de deux locaux en communication 10.1 Rappels théoriques................................................................... 436
par une ouverture........................................................... 375 10.1.1 Nature du rayonnement thermique.................................. 436
7.1.5 Cas de plusieurs ouvertures verticales............................. 378 10.1.2 Classification des grandeurs physiques utilisées.............. 437
7.2 Ouvertures horizontales........................................................... 379 10.1.3 Grandeurs relatives au rayonnement émis
par une surface . .................. ....... ....... .... ....... ........... ....... 438
7.3 Fuites aérauliques.................................................................... 380
10.1.4 Grandeurs relatives au rayonnement reçu
par une surface ................... ........................................... 443
8 Transfert thermique conductif 383 10.1.5 Les lois physiques de l'émission du rayonnement
8.1 Rappels sur l'équation de la chaleur....................................... 385 thermique....................................................................... 445
10.1.6 Réception du rayonnement thermique : réflexion,
8.2 Aspects spécifiques aux: problèmes de feu de bâtiment.......... 389
absorption, transmission ........ ........................................ 449
8.3 Traitement de la conduction thermique dans les modèles 10.1.7 Echanges radiatifs entre surfaces séparées
de feux de bâtiment ........................ ...................... ....... ....... . ... . 392 par un milieu transparent............................................... 454
8.3.1 Conditions initiales......................................................... 392 10.1.8 Echanges radiatifs entre surfaces séparées
8.3.2 Conditions de frontière.................................................... 393 par un milieu semi-transparent....................................... 461
8.3.3 Expression des conditions de frontière............................. 394 10.2 Calcul des facteurs de forme pour des configurations
8.3.4 Les dimensions du problème ........................................... 395 courantes dans le feu de bâtiment.......................................... 472
8.4 Valeur des propriétés thermophysiques ... ... .... .... ... .... .... ........ 396 10.3 Méthodes numériques.............................................................. 486
8.5 Résolution de l'équation de la chaleur.................................... 399 10.3.1 Méthodes de zones.......................................................... 486
10.3.2 Intégration numérique de l'équation de la luminance ....... 488
8.6 Exemple d'application : conduction thermique dans un mur. 403
A - Mur de pierre de 80 cm......................................................... 403 10.4 Exemples de calculs................................................................. 490
B Mur de béton de 10 cm......................................................... 407 10.4.1 Rayonnement thermique venant d'une flamme ................ 490
10.4.2 Éclairement sur une cible basse dans un local................. 495
10.4.3 Echanges radiatifs entre les parois d'un local .................. 498

20 :CSTB :CSTB 21
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Table des matières 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3. Physique du feu pour l'ingénieur Table des matières

11 La fumée du feu dans un bâtiment 509 11.6.6 Les limites des modèles d'enfumage................................. 572
11.6.7 L'application des modèles d'enfumage.............................. 573
11.1 Caractéristiques générales de la fumée du feu de bâtiment ... 511
11. 7 Le contrôle de la fumée dans un bâtiment :
11.2 Les constituants de la fumée ................................................... 513 aspects pratiques ..................................................................... 574
11.2.1 Les gaz de la fumée......................................................... 513
11.2.2 Les particules de la fumée............................................... 514 12 Feux hors des bâtiments courants 579
11.2.3 Caractéristiques, formation et évolution des particules 12.1 Feux particuliers aux activités industrielles .. .. ............... ........ 581
de suie ........................................................................... 517
12.1.1 Allumage et combustion de gaz ....................................... 581
11.2.4 Caractéristiques, formation et évolution des gouttelettes
d'eau .............................................................................. 531 12.1.2 Feux de liquides.............................................................. 584
12.1.3 Feux de métaux .............................................................. 589
11.3 Caractéristiques optiques de la fumée ..................................... 537
12.1.4 Exemples de configurations industrielles particulières ..... 593
11.3.1 La contribution des constituants de la fumée
aux propriétés optiques................................................... 537 12.2 Incendies urbains ............................. :....................................... 595
11.3.2 Relations de base sur l'absorption de la lumière............... 539 12.2.1 Les préoccupations actuelles relatives au risque
11.3.3 Eléments théoriques sur le comportement optique d'incendie urbain............................................................ 595
des particules de la fumée............................................... 541 12.2.2 Les mécanismes de passage du feu d'un bâtiment
11.3.4 Aires spécifiques des particules de suie en suspension à un autre ......... ............. ............ ............ ........................ 596
dans la fumée ..... ............. ..................... ...... ........... ......... 543 12.2.3 Effet du rayonnement thermique..................................... 597
11.3.5 Ordres de grandeur des caractéristiques optiques 12.3 Incendies de forêt ....... ........................ .............. ............ .... ....... 603
de la fumée..................................................................... 547
12.3.1 Les phénomènes ............................................................. 603
11.3.6 Exemple de résultats expérimentaux de mesure d'opacité 549
12.3.2 La modélisation des incendies de forêt............................. 604
:n.4 Equations de bilan sur les particules de la fumée ................... 551
12.4 Incendies dans les tunnels ....................................................... 608
11.4.1 Conservation du nombre de particules ; exemple
de calcul......................................................................... 551 12.5 Conclusions .............................................................................. 610
11.4.2 Equation de bilan dans un modèle de zones .................... 554
13 Modèles globaux de feu de bâtiment 615
11.5 Le mouvement de la fumée dans un bâtiment ......................... 557
11.5.1 La force d'Archimède et le tirage thermique ..................... 558 13.1 Modèles et logiciels .................................................................. 617
11.5.2 Débits au travers des ouvertures ..................................... 560 Modèles de feu de bâtiment........................................................ 618
11.5.3 Effets du vent ................................................................. 563 Grandeurs calculées .................. ............ ............ ............ ............ 620
11.5.4 La progression d'un front de fumée sous plafond ............. 564 13.2 Modèles de zones : hypothèses de base ..... ...... .......... .. ........... 620
11.5.5 Influence du bâtiment sur la fumée................................. 565 Le maillage en zones, les échanges entre zones ........................... 620
11.5.6 Exemple des atriums ...................................................... 567 Hypothèses de stationnarité .... ....... ...... ...................................... 623
11.6 Calcul des caractéristiques de la fumée dans un bâtiment : Hypothèses sur le transport de masse aux ouvertures ................ 623
la modélisation......................................................................... 569 Réactions chimiques .......................................... ........................ 624
11.6.1 Grandeurs à calculer ...................................................... 569 Les champs de pression ......... : ............. .......................... ............ 624
11.6.2 Représentation du mouvement de la fumée...................... 570 Conservation de la quantité de mouvement ... ............................. 624
11.6.3 Représentation des caractéristiques optiques La turbulence............................................................................ 625
de la fumée..................................................................... 570 Équation d'état.......................................................................... 625
11.6.4 Les modèles utilisés ........................................................ 571 Échanges à considérer: exemple de l'évolution temporelle
11.6.5 Application pratique des modèles .................................... 572 de la température sur une masse donnée .. ....... .......................... 625

22 .:..:;csrs =:iCSTB 23
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Table des matières 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Introduction

13.3 Exemples de bilans pour un volume de contrôle:


bilans massique et énergétique................................................ 627
13.3.1 Écriture des bilans sur une zone volumique .................... 627
13.3.2 Écriture plus générale des bilans massique L'observation sommaire d'un feu de bâtiment donne l'impression de
et énergétique ................................................................. 630 phénomènes confus et aléatoires et n'incite pas à croire que des grandeurs
13.3.3 Application aux zones de gaz d'un local parallélépipédique 633 soient calculables, et en particulier des grandeµrs utiles pour la sécurité.
13.4 ............," ...''"""' de modèles de zones................................................ 637 De plus, il est souvent affirmé qu'on ne peut pas rencontrer deux incendies
13.4.1 Le modèle et le logiciel NAT ............................................. 637 semblables, ce qui renforce le constat précédent : comment calculer ce qui
13.4.2 Le modèle et le logiciel FISBA .......................................... 653 ne semble pas se répéter ?
13.4.3 Le modèle et le logiciel CIFI ............................................. 672 Par ailleurs, on sait que des approches scientifiques fructueuses ont porté
sur les moteurs, les chaudières, les propulseurs..., où l'on rencontre
13.5 Modèles de champ.................................................................... 675 d'autres "feux", en fait d'autres combustions, celles-ci désirées et
13.5.1 Principes de la modélisation de champ ............................ 675 contrôlées. On sait aussi que la thermodynamique et la chimie ont eu,
13.5.2 Traitement de la turbulence ............................................ 675 surtout au siècle précédent, de bons rapports avec la combustion.
13.5.3 Équations générales des modèles de champ appliqués
au feu de bâtiment.......................................................... 678 La modélisation du feu pour aider à la mise en sécurité
13.5.4 Les applications ..................................................·............ 681
Si un foyer est actif dans un bâtiment, un ensemble d'échanges de matière,
13.6 L'utilisation des modèles de feu à la sécurité contre d'énergie, d'espèces chimiques, se met à fonctionner. On peut décrire ces
l'incendie.................................................................................. 682 phénomènes par un système d'équations. Ce comportement systémique est
La place du calcul en sécurité contre l'incendie ........................... 682 complexe : certains phénomènes sont d'une description difficile, parfois
Exemples de catégories de problèmes abordables par simulation encore très insuffisante, et plusieurs d'entre eux sont interdépendants. Des
numérique................................................................................. 683 connaissances existant en thermodynamique, en mécanique des fluides, en
thermique et, en général, celles du domaine des "transferts de masse et de
chaleur", peuvent être rassemblées pour construire des modèles et
finalement des outils de calcul fournissant des résultats exploitables pour
la sécurité. La prise en compte de "ce qui est prédominant" par rapport à
"ce qui paraît secondaire" à l'analyse de feux en vraie grandeur, permet
d'écrire les équations de ces modèles, qui contiennent aussi des relations
empiriques approximatives. L'ordinateur peut résoudre les systèmes
d'équations. Les premiers modèles de feu de bâtiment utilisent des
équations très simples établies à partir de bilans sur la chaleur libérée par
combustion, puis en partie transportée et en partie communiquée à des
solides. Ces modèles ont montré leur intérêt pour des feux intenses dans
des locaux de bâtiment où le milieu gazeux est mélangé.
Les modèles actuels évoluent naturellement en complexité par une
meilleure représentation des phénomènes et les plus avancés d'entre eux
ne pourraient être décrits en détails dans les limites de cet ouvrage. Les
modèles actuels de feu de bâtiment font l'objet du dernier chapitre
(chapitre13). Plusieurs de ces modèles ont aujourd'hui fait leurs preuves et
peuvent être appliqués au traitement de problèmes concrets par la
simulation numérique de situations de feu. Les simulations ont besoin
d'un certain nombre de données pour décrire les conditions qui influent
sur le fonctionnement du feu : les caractéristiques des foyers, mais aussi le
volume des locaux, la taille des ouvertures telles que portes et fenêtres, la

24 iiii::CSTB SCSTB 25
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Introduction 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Introduction

nature thermique des parois, etc. Le nombre assez important des données des principes, proposer des solutions types et des calculs simples, plutôt
à fournir, dont dépend l'histoire du feu simulé et donc l'occurrence que d'offrir les moyens d'évaluer précisément des solutions spécifiques
d'événements non souhaités, rend bien compte du constat porté sur la pour un bâtiment et une activité donnés sur la base d'exigences de sécurité
diversité des feux. L'allure confuse qu'on attribue aux écoulements de à satisfaire. Ce deuxième type d'approche ouvrant les réglementations à
flammes par exemple s'explique par la turbulence de ces écoulements, l'utilisation de modèles et de méthodes de calcul des grandeurs physiques
phénomène qui fait lui-même l'objet de modélisations, et par des caractérisant les dangers du feu permet ainsi de dimensionner les moyens
allumages, des ruines ... , autres phénomènes plus ou bien représentés. de s'en protéger.
La qualité des prévisions du calcul n'est naturellement pas parfaite, mais, Les assureurs définissent des règles techniques appliquées aux
d'une part, les limites des modèles de feu sont quantifiables et les travaux assurés : la validité d'un type de contrat donné est associé au respect de
de recherche les repoussent, et, d'autre part, la simulation numérique est ces règles. Des connaissances expertes sont ici exploitées dans un contexte
souvent le seul moyen d'obtenir de l'information sur les caractéristiques de marqué par les aspects statistiques et économiques, et visent à la
danger présentes dans le bâtiment, information hors de portée de protection des activités et des biens.
l'intuition. Par exemple, il est très difficile de deviner quel est le degré
Des entreprises définissent de plus des consignes spécifiques à leur
d'enfumage d'une chambre au deuxième étage, sachant que la fumée est
activité, où se manifeste le souci du maintien de l'entreprise (risques
produite par un foyer accidentel dans la cuisine du rez-de-chaussée.
financiers par exemple), et auxquelles sont associés des objectifs de qualité
L'utilisation des modèles offre le moyen de traiter au cas par cas des
et des méthodes d'organisation.
situations diverses, liées à un bâtiment et à l'activité qui y est poursuivie.
Un autre axe d'application concerne les essais qui portent sur des
éprouvettes : la modélisation peut aider à comprendre l'essai et à Les essais réglementaires
interpréter les conclusions qu'on en tire ; elle peut aussi aider à concevoir
de nouveaux essais. Enfin, l'incorporation d'approches calcul dans les Des essais réglementaires de réaction au feu et de résistance au feu sont
réglementations peut contribuer à les rendre plus ouvertes à des utilisés comme méthodes de preuve officielles pour évaluer des
démarches exigentielles (satisfaire des exigences de sécurité) plutôt que performances et définir des résultats de classement, sur la base des
prescriptives (donner des solutions). prescriptions présentes dans }es règlements.

Règlements, règles et consignes Aspects techniques de prévention et protection


L'essentiel de l'activité de mise en sécurité ou d'évaluation de la sécurité Parmi les approches visant directement à la sécurité, il est usuel de
contre le feu repose encore sur l'exploitation de prescriptions de divers distinguer:
niveaux, que nous évoquerons brièvement. Protection passive : protection thermique d'éléments de structure par
Les règlements officiels (dont la conception et l'application sont des isolants, compartimentage de l'espace interne au bâtiment, création
rattachées à plusieurs ministères) visent principalement à la protection des dans le bâtiment d'ouvertures pour assurer un désenfumage naturel,
personnes. Ils sont constitués d'un ensemble de règles de prévention et de etc.
protection pour les personnes et l'environnement, dans différents types de Et protection active, dont l'action se manifeste au moment du feu:
construction et d'activité : !'Habitation, les Etablissements Recevant du détection, extinction, désenfumage mécanique (ventilateurs), etc.
Public (ERP), les Immeubles de Grande Hauteur (IGH), les bâtiments
industriels et lieux de travail, les installations classées, etc. La modélisation du feu peut aider à dimensionner les moyens à mettre en
oeuvre à ces deux niveaux.
Certaines des étapes dans l'évolution de la réglementation française
relative aux ERP ont correspondu à un souci d'augmenter les exigences de
sécurité suite à de graves incendies Ainsi, l'incendie des Grands Magasins Présentation des chapitres
de Marseille en 1938 a été suivi de la première réglementation nationale de
la sécurité incendie des ERP. Le premier chapitre donne des informations générales, introduit des
notions, et présente des informations qualitatives sur le feu de bâtiment.
Les textes volumineux qui contiennent ces informations ne peuvent être
résumés ici ; ils font l'objet de documents officiels et de livres. Disons Le deuxième chapitre a pour but de présenter une quantification des
brièvement que ces textes s'appuient sur des éléments de connaissance menaces dues au feu, qui permet d'évaluer lors d'une simulation la gravité
empirique, le retour d'expérience et le bon sens, et ont tendance à exposer des conditions et de leur conséquences.

26 !:ECSTB :CSTI 27
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Introduction 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur la science du feu

Les chapitres trois à dix présentent les phénomènes et les grandeurs dont
les représentations sont regroupées dans un modèle global. Certains de ces
chapitres sont directement liés au feu (chapitre 5 sur les foyers, chapitre 6
sur la détermination du débit calorifique). D'autres chapitres visent à
donner un éclairage plus fondamental (chapitre 3), à présenter une théorie
simple de la combustion (chapitre 4}, ou à introduitre des éléments de
disciplines classiques utiles à la modélisation du feu de bâtiment
(écoulement aux ouvertures au chapitre 7, conduction thermique au
chapitre 8, convection au chapitre 9, rayonnement thermique au chapitre
10). Les pages qui suivent ont pour objectif de présenter brièvement une suite
d'étapes dans la connaissance du feu, des origines à nos jours.
Le chapitre onze traite de la représentation de la fumée du feu et de son
mouvement dans un bâtiment. Il faut souligner l'ambiguïté de l'image du feu tout au long de l'Histoire : le
Le chapitre douze aborde la description de divers types de feu hors des feu est soit ami, soit ennemi, selon les circonstances de sa rencontre
bâtiments courants tels que les habitations et les établissements recevant contingente ou de son utilisation voulue, et le progrès de la connaissance
du public. des phénomènes du feu est lié à celui des moyens de le produire (pour la
maison, l'artisanat , l'industrie, ou bien la guerre), ou de l'éteindre.
Enfin, le chapitre treize présente plusieurs modèles globaux et aborde la
question de l'application à la sécurité. La peur du feu comme l'attrait du feu étant très anciens, le rapport entre le
Des notions essentielles, telles par exemple celles de lois d'échange et feu et l'homme a généré beaucoup de mythes et se trouve associé à de
d'équations de bilan se trouvent présentées et exploitées de façon différente nombreux symboles. L'angoisse profonde de subir les dangers du feu,
dans plusieurs chapitres. Le chapitre 4 contient l'application configuration justifiée par l'horreur de nombreux incendies destructeurs de vies et de
simple de combustion de lois de bilans sur la masse, les espèces, et biens, s'associe sans doute encore fortement aux traces plus ou moins
l'énergie, avec un formalisme aussi léger qye possible. On retrouve des inconscientes des mythes anciens (ainsi, le rapprochement entre incendie
bilans sur les espèces au chapitre 6 consacré à la détermination du débit et enfer est courant). Nous ne dirons que quelques mots sur certains de
calorifique. Des bilans sur l'opacité de la fumée figurent au chapitre 11. Le ces mythes.
chapitre 13 formalise davantage l'application de ces notions qu'il applique
aux modèles globaux. La Préhistoire et le Moyen-Âge feront l'objet de courts commentaires sur
des étapes importantes de la connaissance empirique du feu.
Les références bibliographiques Les trois siècles précédant le nôtre ont vu se développer l'approche
scientifique, au sens actuel donné à cette expression, de phénomènes
@ Trois ouvrages. en langue anglaise concernant la physique des feux de thermiques, chimiques, mécaniques, thermodynamiques, liés au feu. Nous
bâtiment sont souvent cités dans ce livre citerons plusieurs des faits marquants dans l'accélération de
l'accumulation des connaissances modernes, sans prétention à
□ Ouvrage collectif, G. Cox et al., "Combustion fundamentals of fire",
l'exhaustivité. Le recours à des ouvrages spécialisés en histoire des
Academic 1995. sciences permettra au lecteur intéressé de mieux situer le rôle de
□ D. Drysdale, "An Introduction to Fire Dynamics", Wiley & Sons, contributions qui sont ici évoquées.
1985.
□ Ouvrage collectif, "SFPE Handbook of Fire Protection Engineering", Différentes disciplines scientifiques de base étant aujourd'hui impliquées
dans l'étude du feu, nous citerons quelques étapes qui, dans l'histoire
NFPA, 1988. scientifique récente, concernent directement le feu de bâtiment. L'activité
@ Dans chaque chapitre, plusieurs références sont données pour faciliter scientifique actuelle nous met en contact avec d'autres symboles : ceux,
l'accès à des travaux originaux ou à des exposés plus détaillés ou plus mathématiques, des modèles d'écoulements réactifs ou non réactifs
rigoureux. Certaines de ces références renvoient à des ouvrages plus d'énergétique du feu, etc., et ceux des langages de programmation de�
généraux des disciplines que nous ne pouvions pas exposer ici logiciels qui permettent de résoudre les équations.
pleinement.

28 =csrs =csrs 29
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
3 • Physique du feu pour l'ingénieur 3. Physique du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur la science du feu
Éléments historiques sur la science du feu

Depuis ce temps, on sait que pour maintenir l'activité du feu, il faut


1 Les origines de la relation entre rhomme renouveler le combustible qui est consommé, qu'il faut laisser venir assez
d'air à la flamme, qu'un peu de vent accélère la combustion, mais que trop
et le feu vent lui nuit, et que l'eau éteint le feu. On apprit également que le feu
sortir de sa cage pour courir dans une végétation sèche. La
vcJ,uc,u�,L- du réservoir de feu gardé fut sans doute instituée très tôt.

Les mythes de la venue du feu sur la Terre possibilité pour un homme sans feu ni Jieu de créer une flamme à
lonté, en ne profitant pas d'une première flamme, conservée ou sauvage,
Nous nous sommes limités à trois "hypothèses" mythiques: t beaucoup plus récente. Elle remonte à environ 30.000 ans. Une
@ D'après le panthéon grec : le feu des dieux éthode consistait à libérer assez de chaleur par le frottement d'une
baguette de bois mise en rotation rapide sur un support dur pour allumer
Zeus était responsable de la foudre et des éclairs. Prométhée lui déroba le de petits fragments végétaux secs placés le plus près possible de la zone
feu que la foudre porte et communique, et le cacha dans la cavité d'une chauffée par le frottement. L'allumette au soufre et au phosphore,
tige végétale, pour l'apporter aux mortels. Prométhée fut puni de ce vol, enflammée sous l'action d'un frottement unique et modeste, a dû attendre
soumis au supplice de se voir dévorer le foie par un aigle, supplice sans fin le début du vingtième siècle. Une autre méthode d'allumage préhistorique
car le foie se reconstituait chaque nuit. utilise la percussion : un choc entre morceaux de silex permet de créer un
point suffisamment chaud pour allumer une brindille (on a retrouvé
• D'après le panthéon shintô : le feu déicide récemment la technique, qui est délicate}. Les pierres à fusil et pierres à
La déesse-mère Izanami donna naissance à plusieurs enfants. Sa dernière briquets n'ont que quelques siècles, et l'utilisation du quartz (effet piézo­
fille fut la déesse du feu, Kagu-Zuchi. L'accouchement fut si douloureux · · · électrique) pour un briquet ou a:llume-gaz a vingt ans. L'allumage par
que la déesse-mère en mourut. frottement sans l'aide d'une réaction chimique facilement activable, ni
décharge électrique, est maintenant une cause non souhaitée d'allumage
• D'après le panthéon hindou : plusieurs sortes de feux accidentel depuis une machine.
Plusieurs dieux sont concernés : Agni est celui du foyer domestique et de la
destruction, Indra symbolise la foudre, et Sucya le feu solaire. Vaishvanara Les siècles précédant l'ère chrétienne
est le feu pénétrant. On trouve également un "Prométhée" védique. Dès qu'on eut des biens à protéger, et des abris regroupant des humains
d'un même groupe social, il a fallu subir les dangers du feu domestique, et
les mythes de destruction par le feu : le feu punitif ceux du feu de végétation, tous deux capables de croissance et de
progression rapides. Le feu de logement et l'incendie urbain préoccupent
Des mythes ou des légendes font référence à des destructions par le feu. La les hommes depuis plusieurs milliers d'années. Les civilisations anciennes
destruction de Sodome et Gomorrhe est un exemple connu : la Bible ont cherché à se protéger du feu destructeur quand l'utilisation s'est
mentionne que plusieurs cités du Sud de la Mer Morte furent détruites au répandue de foyers culinaires et de corps de chauffe dans des
moyen d'un feu céleste (voici 4000 ans ?), destiné à punir l'infidélité et constructions où le bois prenait plus d'importance, et ce dans des
l'immoralité des habitants de ces villes. agglomérations de plus en plus grandes. La surveillance organisée,
l'installation de réserves d'eau, la constitution d'équipes de lutte, datent
des siècles précédant notre ère. On apprit alors à lutter contre l'incendie de
2 La Préhistoire et l"Antiquité façon organisée. Ainsi, les Hébreux, les Grecs, les Romains, instituèrent
des mesures sérieuses de guet et d'alerte.
L'allumage de matériaux combustibles par concentration du rayonnement
La rencontre préhistorique entre le feu et l'homme thermique solaire est évoqué lorsqu'on rappelle la bataille de Syracuse
(troisième siècle avant notre ère) : Archimède aurait conçu des miroirs
La foudre et la lave brûlante ont allumé. des feux de végétation dont les paraboliques qui auraient enflammé à distance les navires ennemis. Des
premiers hommes furent témoins. Il y a peut-être 600.000 ans, les doutes subsistent : la technique de fabrication de tels miroirs n'étaient
hommes tentèrent de conserver le feu causé par des phénomènes naturels sans doute pas disponible à l'époque. L'allumage au moyen d'une lentille
de ce type, en le maintenant dans des cages ventilées où ils l'alimentaient convergente est possible depuis quelques siècles.
en brindilles et en branchettes.

.:::.ars =csrs 31
30
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT '/!: DE PHYSIQUE DU BATlMENT
Éléments historiques sur la science du feu 3 Physique du feu pour l'ingénieur ·que du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur la science du feu

Les Grecs ont fait entrer le feu dans un groupe de quatre éléments ce-flammes, napalm, et bombes incendiaires. Cependant, le fait que ces
fondamentaux, avec l'eau, la terre, et l'air. Cette conception du feu comme bustibles" destructeurs contiennent leur oxydant et n'ont donc pas
une "matière" de base a été reprise dans la suite. Pour les Alchimistes par in de l'oxygène de l'air n'a été compris qu'à la fin du dix-neuvième
exemple, le feu est resté un symbole de vie et un élément purificateur et
transformateur. La grande difficulté de se représenter la chaleur et ses début de réglementation contre les dangers du feu s'est manifesté au
échanges, et de distinguer dans le feu des "choses" (la flamme par ut du quinzième siècle par l'interdiction des toits en chaume dans
exemple), des phénomènes et des processus (la combustion par exemple)
sieurs villes françaises.
fait que la vision "essentialiste" du feu n'a pas encore complètement
disparu en cette fin du vingtième siècle.
Les siècles de la physique classique,
expériences et théories
3 Le Moyen-âge occidental
Les informations qui suivent, partielles et sommaires, visent à situer les
Le foyer devint synonyme de confort, et on alla jusqu'à poétiser la fumée de liens entre les progrès des sciences physiques (connaissances et méthodes)
la cheminée familiale. t la représentation des phénomènes du feu.
Une énorme quantité de bois destiné au feu a été prélevée dans les forêts • Maintien de températures élevées dans un but industriel : premier (?)
du Moyen Âge, surexploitées autour des villages. Ceci a permis d'apprendre haut-fourneau à Nassau en 1474.
à mieux faire brûler le bois en constatant l'intérêt du séchage, du débitage
Découverte du gaz carbonique comme produit de réactions de
en petit bois soit en grosses bûches, et de l'organisation aérée de bûchers
combustion et, hypothèse très importante, la flamme n'est pas un corps
dont on pouvait avec l'habitude prévoir la durée de combustion et la
ou une substance, mais : "la flamme est de la fumée allumée" (Van
puissance : être capable de préparer le bois pour chauffer à la bonne
Helmont, vers 1620-1650).
température une pièce d'habitation donnée pendant des heures est encore
aujourd'hui considéré comme un savoir-faire. • Stahl propose la théorie du phlogistique (1718), dont voici l'idée de
De nombreux villages et quelques grandes cités furent gravement base: un métal solide qui brûle dans l'air perd une substance contenue
endommagés par l'incendie, et ce à plusieurs reprises au cours des siècles. initialement dans le solide "complet". Ainsi, la cendre résiduelle d'un
Nous citons dans le chapitre consacré à l'incendie urbain quelques métal qu'on a fait brûler (aujourd'hui, un oxyde de ce métal) correspond
incendies historiques . à ce qui reste du métal après la perte du phlogistique.
La métallurgie, la poterie, la bijouterie, l'artisanat du verre, la guerre (tirer • Thermomètre à mercure à échelle centésimale : Échelle Celsius (1742).
un boulet chauffé au rouge), l'artisanat alimentaire (sécher la viande), la
• Concept de chaleur latente (fusion de la glace, Black, 1761).
chimie (chauffer pour faire réagir) et l'alchimie (où les symboles abondent),
profitèrent d'une meilleure connaissance pratique du feu quant à • Le même gaz carbonique provient aussi bien de la fermentation des
l'allumage, l'entretien, le contrôle, et l'extinction. moûts et de la respiration des animaux que de la combustion du
Au septième siècle, on commença à utiliser dans les combats le feu charbon (Scheele, 1757).
"grégeois" (mélange incendiaire de salpêtre, de soufre et de bitume réalisé • Découverte du gaz hydrogène, plus léger que l'air et inflammable, en
par les Byzantins), et on continua d'utiliser le produit jusqu'au 1766 par Cavendish.
quatorzième siècle. La découverte des poudres pour armes (la poudre noire
en Chine peut être dès avant 700 de notre ère) et d'explosifs fut à l'origine • Combustion de l'étain dans un vase clos : le poids de ce que devient un
d'un enthousiasme ardent pour l'usage d'un autre type de combustion que métal qui brûle dans l'air augmente d'une quantité égale à celle dont le
celui du feu de bois : la technique a fortement progressé avec les guerres poids d'air diminue. La théorie du phlogistique est attaquée ! (Lavoisier,
successives. La poudre à canon, et les canons eux-mêmes, datent de la fin 1772)
du treizième siècle. Les premières armes à feu portables datent sans doute
du début de la guerre de cent ans au quatorzième siècle. On apprit • Découverte de l'oxygène comme constituant oxydant du mélange qu'est
également assez vite à mettre le feu chez l'ennemi en s'aidant de leviers l'air (Scheele, 1771 et Priestley, 1774).
pour projeter au loin un solide chaud ou en feu, bien avant de connaitre

32 ::ECSTB 33
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Éléments historiques sur la science du feu 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur la science du feu

@ Chimie de la combustion: l'air est un mélange de gaz, et le gaz oxydant • Exposé des deux premiers principes de la Thermodynamique : celui
contenu dans l'air participe aux réactions de combustion (Lavoisier, relatif à l'équivalence de l'énergie, chaleur ou travail, et le second,
1772) ; ceci contredit la théorie du phlogistique. La masse se conserve appelé aussi principe de Carnot, qui gouverne' les conditions de la
dans les réactions de combustion (Lavoisier, 1777). transformation de chaleur en travail (Clausius entre 1850 et 1854).
@ Mémoire de Laplace et Lavoisier sur la chaleur (1780). • Stokes, vers 1850: travaux scientifiques en hydrodynamique et
viscosité.
@ Notion de chaleur spécifique (Joao Jacinto de Magalhaes, 1780).
• Équilibre thermodynamique chimique (Gibbs, 1878) ; à l'absence d'un
e Synthèse de l'eau par Cavendish (1781). changement réactionnel global, on associe des concentrations d'espèces
e Décomposition de l'eau par réduction de la vapeur en présence de fer et des variables (pression, température} et fonctions thermodynamiques
chauffé au rouge. L'eau est un corps composé d'hydrogène et d'oxygène (enthalpie, entropie).
(Lavoisier, 1783). • Théorie mécanique de la chaleur : publication en 1878 de travaux de
• La chaleur est un fluide, tantôt libre, tantôt fixe, et combiné avec les S. Carnot ; cette théorie résulte également de travaux antérieurs de
corps, (Lavoisier, 1777). Ce fluide est le calorique (1787). Mayer, Joule, Clausius, W. Thomson (lord Kelvin), B. Thompson...

@ Notion de masse atomique (Dalton, 1803). • Débuts de l'hydrodynamique exposée sous forme structurée (Lamb,
1879).
• La chaleur n'a pas d'effet sur le poids des corps (B. Thompson, 1804).
• Loi de Stefan du rayonnement thermique(l879).
• Loi des proportions définies (Proust, 1806).
• Invention de la bombe calorimétrique; application à l'étude d'explosifs et
9 Chaque particule de toute substance élémentaire (aujourd'hui: à la mesure de la chaleur de formation de composés (Vieille et Berthelot,
molécule) est formée par des particules plus petites (aujourd'hui: 1880).
atomes) qui se conservent au cours des transformations chimiques ou
physiques (non nucléaires !) qu'on peut faire subir à la substance • Étude des écoulements turbulents (Reynolds, 1883).
(Dalton, 1808, formule la loi dite des proportions multiples). • Étude de la déflagration de mélanges gazeux: le grisou (Mallard 1875,
• La même année 1808, Gay-Lussac propose dans le mémoire: "La Mallard et Le Chatelier, 1883).
combinaison des substances gazeuses les unes avec les autres", que ces • Loi des équilibres chimiques (Le Chatelier, 1884).
combinaisons se font dans les rapports les plus simples (1/2, 2/3, ...).
• Lois cinétiques de réactions chimiques : rôle des concentrations (Van't
e Le concept de molécule. Hypothèse d'Avogadrn (1811) : " Dans des Hoff, 1884).
conditions données de pression et de température, des volumes égaux
de gaz différents contiennent le même nombre de molécules". • Énergie d'activation des réactions chimiques: influence de la
température (Arrhenius, 1889).
• Recherche de procédés d'ignifugation du bois de construction (mission
officielle pour Gay-Lussac, 1821). La protection thermique de • Loi du rayonnement thermique de Wien (1893).
combustibles du bâtiment exposés (tels les éléments de construction en
bois) par du plâtre ou d'autres produits minéraux, ou minéraux et • Diffusion moléculaire de la lumière (Rayleigh, 1899).
végétaux mélangés, était connue avant le dix-septième siècle. • Loi de Planck du rayonnement thermique, en 1900.
• Conservation de la quantité de mouvement (Navier, 1822). • Mécanique des fluides : la couche limite (Prandtl, 1904).
• Loi de la conduction de la chaleur dans un solide (Théorie analytique de • Les réactions chimiques en chaines (Bodenstein, 1913).
la chaleur, Fourier, 1822) ; cette loi relie le flux de chaleur conduit au
champ de température. • Similitude (nombres de) entre systèmes physiques (Buckingham, 1914).
• « Machines utilisant la puissance motrice du feu » (S. Carnot, 1824). • Flamme de diffusion (Burke et Schumann, 1928).

34 =csrs =csra 35
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT 1\/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Éléments historiques sur la science du feu 3 - Physique du feu pour l'ingénieur - Physique du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur la science du feu

• Campagne d'études de feux de bâtiments en vraie grandeur: mesure de


la température des gaz, influence de la masse combustible (États-Unis
L•état actuel : modèles et ordinateur
Ingberg, 1928).
La combustion désirée et contrôlée dans les moteurs à combustion interne,
• Présentation structurée de lois d'échanges de chaleur par convection et clans les chaudières, pour la propulsion des fusées ... , a fait depuis les
rayonnement (Mc Adams, 1932). années ciri.quante l'objet de travaux suivis de modélisation et de calcul,
• Explosions thermiques dans les gaz (Semenov, 1935). ainsi que d'études expérimentales fines (laser, autres instruments de
spectroscopie modernes, microscopie électronique pour les suies ... ) avant
• Combustion des gaz (Jost, 1935). • · · u'on s'intéresse à la combustion du feu non souhaité avec les mêmes
• Phénomènes de transfert de masse et de chaleur dans les réactions approches.
(Franck-Kamenetski, 1939). Le savoir scientifique actuel relatif au feu est en grande partie le résultat
d'une collection d'emprunts à plusieurs disciplines : la thermodynamique,
• Chimie des flammes (Lewis et Von Elbe, 1938). la thermique, la chimie et la cinétique chimique, la mécanique des fluides
• Études sur la combustion du bois (Bamford, 1945). et celle des solides, et, plus généralement, les connaissances sur les
échanges et le transport de matière et d'énergie. Cependant, par rapport à
1111 Étude des panaches thermiques (Morton, Turner, et Taylor, 1956). "la combustion", vaste champ de connaissances lui-même composite, les
connaissances scientifiques relatives au feu de bâtiment sont caractérisées
• Théorie de la propagation de flamme dans un gaz (Von Karman, 1956). par la prise en compte des influences et contraintes que le bâtiment exerce
• Modèle de combustion de liquides (Emmons, 1956). sur la combustion de matériaux généralement solides (souvent des
polymères naturels ou de synthèse, et correspondant à des utilisations
• Rayonnement de gaz chauds (Hottel et Cohen, 1958). également spécifiques) et sur l'écoulement des gaz.
• Études expérimentales de feux de locaux, contrôle par la ventilation L'état actuel des démarches scientifiques est ainsi marqué par le
premières équations globales tenant compte des échanges de masse pa; rapprochement dans des modèles mathématiques, c'est-à-dire des
une ouverture verticale (Kawagoe, 1958). ensembles d'équations à résoudre numériquement, des formulations
fournies par ces divers emprunts. Ces équations mises en système
0 Analyse des transfert de masse et de chaleur en combustion (Spalding représentent les phénomènes couplés (systémiques) qui se manifestent
1960}. dans le feu. Plusieurs chapitres de ce livre permettent de présenter quelles
• Lois d'écoulement de gaz chauds par des exutoires de fumée en plafond sont les connaissances qui alimentent la physique du feu, et d'exposer
de local de bâtiment, bilans énergétiques et massiques (Thomas 1961 et comment ces connaissances se lient dans des modèles globaux.
1963). Une étape marquante est la rédaction d'un rapport de la "Fire Research
Station" britannique, destiné à exposer une approche par le calcul du
• Prédiction de la hauteur de flamme (Stewart, 1970).
dimensionnement des exutoires de désenfumage (Thomas et al., 1963,
• Modèles mathématiques statistiques de turbulence [11]), qui introduit l'idée d'admettre un découpage du volume d'un local en
(Launder et
Spalding, 1972). deux zones gazeuses (une zone haute chaude à température évoluant au
cours du temps, une zone basse à température ambiante), hypothèse
© Expression approchée des débits aux ouvertures verticales d'un local abondamment exploitée dans ce livre. P. Thomas a depuis cette époque
(Prahl et Emmons, 1975). largement contribué au développement des connaissances et des modèles
ou théories.
• Mécanismes de propagation du feu (Williams, 1976).
Un des premiers modèles physiques de feu de local a été réalisé en Suède
• Vers 1970 : début ?u développement de plusieurs modèles d'échanges et en 1970 dans l'objectif de disposer d'un outil de calcul pour la prévision
_
de bilans dont la resolution des équations exploite l'ordinateur. des dégâts structurels causés par un gros feu dans une pièce. Limitons­
• Vers 1985 : début d'application à des problèmes de feu de modèles fins nous à mentionner ici que le seul algorithme numérique de ce modèle sert
de mécanique des fluides. à résoudre à chaque instant une équation globale de bilan sur l'énergie et
l'équation de diffusion de la chaleur pour chaque paroi. Ce premier travail
a été suivi de plusieurs approches plus ou moins semblables. La
description du modèle NAT, dans le chapitre consacré aux modèles de
36 37
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Éléments historiques sur la science du feu TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur la science du feu
3 - Physique du feu pour l'ingénieur

zones, précise de quelles équations il s'agit et fournit des références


historiques sur cette famille de modèles, simples quant aux nombres par le ministère de la Recherche et celui de l'Intérieur, et relatif à la
d'équations d'échanges et de bilans. modélisation du feu dans un local : le programme Feu, Incendie, Sécurité,
qui a rapproché plusieurs laboratoires du CNRS et le CSTB.
L'Université américaine de Harvard, à l'initiative de H. Emmons, a
développé des modèles de feux de locaux (du type modèles de zones) à Un exposé de la situation de la recherche française a été donné par P.
partir de 1975. Joulain en 1992 H6]).

Le "National Bureau of Standards", aujourd'hui "National Institute of Le Ministère de l'Intérieur a soutenu une deuxième action Feu, Incen?-ie
_ ;
Standards and Technology" a quant à lui poursuivi de nombreux travaux Sécurité consacrée à la fumée dont un bilan a été présenté à la Soc1ete
depuis des dizaines d'années et reste très actif, comme la FRS déjà Française des Thermiciens (Journée du 15 novembre 1995).
évoquée. La science du feu est orientée par un objectif d'application : la sécurit�
Le Japon, les États-Unis, le Royaume Uni, l'Australie, les Pays-Bas, la contre l'incendie. Le progrès de l'ingénierie du feu se �rolonge ?� celu1
Suède, la Norvège, le Danemark, la Finlande, le Canada, la Chine, sont les d'une ingénierie de la sécurité incendie, encore très Jeune, ou 11 faut
pays actifs sur le sujet depuis une dizaine d'années ou davantage. développer des méthodologies d'utilisation des outils de calcul.

Depuis moins de vingt ans, des modèles dits "de champ" venant de la
mécanique des fluides numérique exploitent de très nombreuses équations
couplées d'échanges et de bilans qui permettent en principe de calculer
6 Le futur
finement les champs de vitesse et de température dans les gaz. Le chapitre
13 apporte des précisions sur ce type de modèle. Friedman (1990, (5]), a estimé l'avancement des fondements scien�ifiques
Les modèles de feu de bâtiment appliqués à des problèmes concrets sont de l'ingénierie du feu de 1969 à 20?9, selon ;,es po�rcentages do1:m�s dans
aujourd'hui au nombre de quelques dizaines, bien qu'on puisse faire le tableau suivant (où 100 % represente la connaissance parfaite ). Pour
apparaître des catégories qui classent ces modèles en quelques familles l'ensemble des thèmes envisagés, l'avancement moyen en 1989, selon ce
dans lesquelles certaines hypothèses de base sont communes (modèles de tableau, devait être de 26 %.
zones, modèles de champ, décrits au chapitre 13).
Évolution des connaissances scientifiques {d'après Friedman, 1990)
Plusieurs associations internationales jouent un rôle d'organisation et
d'échanges ; on peut citer : 1969 1989 2009
Prédiction du comportement du feu de bâtiment 10 20 40
• Le groupe de travail W14 du CIB (Conseil International du Bâtiment) qui
définit des programmes d'études et organise des échanges ' Prédiction de la résistance au feu des structures bâties 50 60 70
d'informations ;
Prédiction du comportement humain face au feu (*) 0 5 10
• L'IAFSS, "International Association for Fire Safety Science", fondée en 10 30 50
Prédiction des effets toxiques (*)
1985, qui a organisé en 1996 son cinquième Symposium trisannuel et
en 1995 son premier Symposium européen ; le sixième symposium s'est Conception de systèmes de détection (*) 20 50 75
tenu à Poitiers en juillet 1999. 5 10 25
Conception de systèmes d'extinction (*)
• "Forum", association internationale visant à l'harmonisation des Conception de systèmes de contrôle de la fumée (*) 5 25 50
recherches, a tenu plusieurs congrès depuis 10 ans.
Analyse scientifique du risque incendie 0 5 20
Chaque année, plusieurs congrès ou symposiums portent sur l'approche
scientifique du feu. {*) pour un feu donné

Le nombre des revues scientifiques de diffusion internationale portant sur


l'étude scientifique du feu est de l'ordre de cinq à dix (selon le critère utilisé • Emmons imagine, dans un article écrit en 1984 ([4]), l'évolution des
pour les retenir sous ce nom !). connaissances selon le schéma suivant
::i En l'an 2000 : la toxicité des produits du feu ne sera encore pas bien
A l'échelle française, quelques actions de recherche coopératives ont été
réalisées depuis 1975. La Revue Générale de Thermique (n° 315-316, abordée scientifiquement (il faudra pour cela attendre le vingt­
mars-avril 1988) expose les résultats d'un programme de 5 ans, soutenu quatrième siècle !) ; par contre, on comprendra bien les écoulements
non réactifs.
38 :::.;csrs 39
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
Éléments historiques sur la science du feu 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 • Physique du feu pour l'ingénieur Éléments historiques sur fa science du feu

□ Au début du troisième millénaire, les modèles de zones (présentés Bibliographie


dans le livre) seront largement utilisés dans la pratique , et les
modèles plus fins (les modèles de champ également présentés) seront [1] Encyclopaedia Universalis, 1991 : G. Durand, « Feu (Symbolisme du) »
e t A. Birembaut, « Histoire de la thermodynamique ».
e ncore à améliore r.

□ Il faudra attendre 2020 pour bien décrire les écoulements réactifs [2] H.W. Emmons,"The prediction of fires in buildings", 17th Symposium
(International) on Combustion, The Combustion Insti tute, p. 1101,
(sous les aspects couplés de turbulence, cinétique chimique,
1978.
échanges radiatifs). Le vingt-et-unième siècle verra une accumulation
des connaissances empiriques sur les éléments mobiliers [3] H.W. Emmons, "The growth of fire science", Fire Safety Journal, n° 3,
combustibles qui permettra (grâce à des bases de données) aux codes 1980/81.
de calculs bâtis sur les modèles de zones de traiter de nombreux
problèmes pratiques. Le traitement des phases transitoires des [4] H.W. Emmons, "The further history of fire science",' Combustion
Science and Technology, vol.40, 1984.
écoulements gazeux sera possible.(voir aussi l'article de G. Cox, [15])
□ La prévision de ruines structurelles, réalisée sur ordinateur pendant [5] R. Frie dman, "Fire protection, Science or Art ?", Journal of Fire Prot.
la lutte même des pompiers contre l'incendie, sera effective en 2050, Ing., 2(1), 1990.
aidant ainsi à la sécurité des personnes par la prise de décisions en [6] P. Joulain, "Historique et situation générale actuelle de la recherche
"temps réel". A cause de l'augmenta tion du prix du pétrole devenu incendie", Journées d'étude Thermique et Incendie, Socié té Française
rare, des matériaux plastiques cellulaires d'origine minérale des Thermiciens, organisées par les Éditions Ampère, Paris, 16-17 juin
apparaîtront en 2025, ce qui obligera à reconsidérer à la baisse le 1992.
danger potentiel des plastiques.
[7] A. Pacault, ''Du feu", Collection "Questions de science'', Hachette,
□ Des ordinateurs très rapides, peut-être optiques, permettront dans 1995.
quelqu es dizaines d'années de dépasser largement les limites de
vitesse de calcul de l'an 2000, ouvrant la voie à l'utilisation de [8] Jean Perrin, "Les atomes", Idées NRF, 1971.
modèles de feu différents où l'on trai tera très correctement la [9] C.H. Re ic hen, "Histoire de la chimie", Editions Rencontre, 1963.
turbulence et la cinétique chimique. Des codes de calculs précis
permettront des validations plus aisées. Des études de toxicité [10] J. Rosmorduc et al., "Histoire de la physique", T echnique et

pourront être effectuées sur des bactéries et à l'aide de tests Documentation -Lavoisier.
chimiques : on abandonnera les essais sur souris et lapins. L'e ffet [11) P.H. Thomas et al., "Investigations into the flow of ho t gases i:1 roof
des mélanges gazeux toxiques pourra être estimé par un indice global venting", Fire Research Technical Paper n° 7, London, H.M. Statlonery
de toxicité pertinent. Office, 1963.
□ Le vingt-deuxième siècle verra l'arrivée de nouvelles méthodes [12] P.H. Thomas, "Fire Research Station 1951-1986 selected papers", BRE
mathématiques et une compréhension complète de la turbulence, et publication, 1986.
donc de très bons programmes de calcul et de simulation des effets
du feu, qui seront encore limités pour ce qui concernent la [13] P.H. Thomas, "Fire modelling : a mature technology ? ", Fire Safety
modélisation de la chimie du feu. Journal, n" 19, 1992.
□ Le vingt-troisième siècle sera celui de l'application de la cinétique [14] J. Weiberg, "The first half-million years of combustion researoh and
chimique quantique : à partir de principes de base, on pourra alors today's burning problems", 15e Symposium (International) on
calculer les grandeurs jusqu'alors fournies par l'e xpérience. Les Combustion, The Combustion lnstitute, 1974.
essais se ron t deve nus inutiles. Cep endant, les matériaux courants [15] G. Cox, "Fire research in the 21st century", Fire Safety Journal, n °32,
seront devenus beaucoup moins combustibles : la science du feu 1999.
sera moins stimulante . Seule la toxici té sera encore l'objet de
recherches innovantes.

Trois siècles de recherches à venir nous aident ainsi à justifier


l'opportunité de ce livre !

40 ECSTB =csrs 41
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur Nomenclature

aire ( m 2)

diffusivité thermique ( m 2 . s-1 )

facteur d'absorption, absorptance, absorptivité (sans unité)

vitesse de la lumière dans le vide (2,998 108 m • s- 1)


chaleur massique à pression constante ( J. kg-1 . K-1)

chaleur massique à volume constant ( J . kg - 1 . K - 1 )

concentration ( kg· m -J )

Cd coefficient de contraction d'un écoulement par une ouverture


(sans unité)
diamètre ou distance (m)
émissivité (sans unité)
coefficient de diffusion moléculaire ( m 2 • s- 1)

éclairement énergétique ( w . m 2)

facteur de forme entre i (émetteur) et j (récepteur)

flux thermique ou puissance (W)


densité superficielle de flux thermique ( W . m --2)

accélération de la pesanteur (9,81 m • s-2 )

enthalpie (J)
constante de Planck {6 ,626 10-34 J. s )

coefficient d'échange thermique convectif ( W. m-2 • K- 1 )

enthalpie par unité de masse ( J -kg- 1)

chaleur de combustion par unité de masse ( J. kg-1)

coefficient d'atténuation, ou d'extinction ( m-1)

constante de Boltzmann (1,38 10-23 J. kg- 1)

radiosité ( W · m -z)

43
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAIT!= DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
Nomenclature 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Nomenclature

L luminance totale ou radiance ( W • m-2 • sr· 1) réflectance, réflectivité (sans unité)

L chaleur latente de vaporisation par unité de masse ( J.kg-1) masse volumique (kg . m-3 )

l longueur {m) constante de Stefan Boltzmann ( 5,67 10-8 W • m-2 . K-4 )

À, longueur d'onde (µm) temps (s)


}. conductivité thermique ( W . m -1 . K - 1) température absolue (K)
M exitance ou émittance totale ( W . m-2) facteur de transmission, transmittance, transmittivité (sans
unité)
M' exitance ou émittance totale du corps noir ( W . rn -2) temps caractéristique (s)
m masse (kg) énergie interne (J)
m flux (ou débit) massique (kg . s - 1 ) énergie interne par unité de masse ( J . kg·· 1 )
m débit massique par unité d'aire (kg. s- 1 . m-2) volume ( m 3 )

masse molaire de l'espèce j (kg. kmole-1) vecteur vitesse (amplitude en m • s-1}

M masse molaire moyenne d'un mélange gazeux (kg. kmole- 1) débit volumique ( m 3 . s- 1)

n indice optique (sans unité) largeur (m)

n normale à une surface fraction molaire de l'espèce j

µ viscosité dynamique (kg. m - 1 • s -1) fraction massique de l'espèce j

débit en nombre de moles de l'espèce j par seconde z hauteur (m)


-1
n fréquence ( s )
V viscosité cinématique ( m 2 . s -l ) Indices
V coefficient stoechiométrique (sans unité) 0 valeur initiale
absorbé
p pression (Pa)
entraîné
Q quantité de chaleur (J)
sortant
Q débit calorifique ou flux de chaleur (W)
extérieur
q puissance calorifique ou flux de chaleur (W)
combustible
q densité surfacique de flux de chaleur ( W . m-2 ) entrant

R constante molaire des gaz parfaits (8,314 J • K- 1 • mole- 1) intérieur


surface
r constante des gaz parfaits ramenée à l'unité de masse
( J. K-1 . kg-1) flamme

44 =csrs SCSTB 45
Chapitre

Présentation générale
des feux de bâtiment

Les signes et les caractéristiques 1.1


dufeu

Exemple de typologie desfeux 1.2


Les dommages causés par l'incendie 1.3
Présentation qualitative 1.4
de phénomènes essentiels dufeu

Le système-feu 1.5
Évolution d'un feu ou incendie 1.6
dans un bâtiment

Connaissances issues de l'étude 1.7


expérimentale dufeu de bâtiment

Les matériaux concernés 1.8


par lefeu de bâtiment

Quelques ordres de grandeur 1.9


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Ce premier chapitre vise à fournir des informations générales sur les feux Bien que l'histoire d'un feu dépende de nombreux paramètres, variables
de bâtiment, envisagés sous différents aspects. Bien qu'il s'agisse dans la réalité des sinistres, nous avons pensé utile de donner l'ordre de
principalement d'introduire des notions ou concepts de nature scientifique grandeurs mesurables liées à l'occurrence d'un feu : il s'agit bien de
qui seront développés dans la suite, nous donnons ici quelques considérer ces ordres de grandeur comme tels, et non comme des valeurs
informations pratiques ou d'ordre général qui ne seront pas développées applicables à tout sinistre !
plus loin.
Le début du chapitre concerne les "signes" du feu, de natures différentes,
et dont les conséquences sont de natures différentes. La présentation des
conséquences dangereuses sera donnée au chapitre 2.
Nous introduisons ensuite une présentation des grandeurs mesurables.
Les chapitres "physiques" de ce livre compléteront la présentation de ces
grandeurs.
La typologie des feux qui est ensuite présentée vise à illustrer simplement
la variété des sinistres réels quant à la puissance du feu, son étendue, la
nature et l'ampleur des dangers.
L'exposé de statistiques relatives aux sinistres ne figure pas parmi les
objectifs de ce livre. Nous avons cependant donné quelques éléments
d'information marquants sur les dommages et pertes en vies dus au feu.
Une présentation qualitative permet ensuite l'abord de phénomènes
essentiels qu'on décrit dans la suite du livre. On y insiste sur les
écoulements de gaz dont l'existence a un poids décisif, tant dans le
fonctionnement d'un foyer que dans l'incendie à l'échelle de tout un
bâtiment.
Les mots "système", "interrelation", "couplage", reviendront souvent dans la
suite. Nous avons pris deux exemples pour introduire l'idée que les
phénomènes du feu sont "interdépendants" : le triangle du feu, symbole
couramment utilisé dans les enseignements, et l'exemple concret d'un tout
petit "foyer", la bougie.
Nous commentons ensuite simplement l'évolution d'un feu de bâtiment
afin de présenter comment on peut passer d'une première petite source de
chaleur à un incendie, compte tenu des conditions, et d'illustrer le rôle de
phénomènes essentiels dans l'évolution spatiale et temporelle du feu.
Les connaissances empiriques (expérimentales) exposées dans ce chapitre
sont qualitatives. Le choix des connaissances retenues ici a pour but de
mettre en lumière l'existence de phénomènes essentiels, et de rappeler des
constats ayant servi de base à des hypothèses reprises dans des modèles
de feu. Des données empiriques quantitatives figurent au chapitre 5.
Les matériaux intervenant dans un feu, soit en l'alimentant, soit en en
limitant l'importance ou les conséquences, sont évidemment très divers.
Nous avons présenté ici, de façon non exhaustive, des matériaux ou
produits courants dans les bâtiments, sans donner de détails sur leurs
nature et propriétés.

48 =iCSTB =iCSTB 49
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TR AITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 Présentation générale des feux de bâtiment

normale, et particules de suie gênant la vue, agressant le système


respiratoire et pouvant se déposer en causant salissures ou courts-circuits.
Des déflagrations ou des détonations peuvent de plus se produire dans un
mélange réalisé entre l'air et des gaz combustibles. Ainsi, une soudaine
mise en contact d'air frais et de gaz combustibles issus de la décomposition
de solides organiques peut provoquer une déflagration, et une surpression
temporaire intense. D'autres exemples d'explqsion se rapportent à une
1 .. 1 .. 1 Définitions utilisées fuite de gaz (utilisé pour le chauffage ou la cuisine, ou dans une activité
industrielle), ou à une dispersion dans l'air de poussière ou de poudre
(farine, chocolat...). L'occurrence d'une déflagration ou d'une détonation
La combustion dans l'air de solides, liquides, ou gaz non prémélangés à .gazeuse est liée à l'atteinte de proportions critiques pour le mélange entre
l'air, est un ensemble de phénomènes physiques (transferts de chaleur, gaz combustible et air. Des surpressions brèves de plusieurs atmosphères
diffusion et écoulements) et chimiques (dégradation d'espèces, réactions peuvent alors causer des pertes en vies et des ruines structurelles. Ainsi,
d'oxydation) impliquant les combustibles et l'air (où l'oxygène est le "la réalisation d'une ouverture soudaine dans une pièce pleine de gaz
comburant), dont résultent une production de chaleur et d'espèces (gaz, combustibles produits par dégradation de combustibles alimentant un feu
suies, résidus), et, éventuellement, une augmentation de pression. mal ventilé peut provoquer le "backdraft", déflagration susceptible de
Le "feu" désigne une combustion non contrôlée, dont les manifestations causer des décès. La dissémination de matière combustible fragmentée due
sous la forme de libération de chaleur et de production d'espèces à une explosion peut favoriser l'extension du feu à une distance de
chimiques est potentiellement dangereuse pour les personnes, et pour les plusieurs dizaines de mètres des premiers foyers.
objets, équipements, ouvrages, etc., (c'est-à-dire les biens), ou pour D'un autre côté, une explosion volontairement provoquée, ou un jet d'air
l'environnement. Lorsque le feu a lieu dans un bâtiment, ce dernier exerce puissant et durable, peuvent également être utilisés pour éteindre en la
sur la combustion et ses produits des contraintes diverses telles que par soufflant une flamme importante (de puits de pétrole par exemple).
exemple : restriction et canalisation des écoulements, échanges thermiques
avec l'enveloppe des volumes. Les parties d'un local ou d'un bâtiment "en Si l'on excepte les explosions dues à une fuite de gaz, les feux dans les
feu" sont celles où l'on observe des objets en combustion avec flamme ou · • bâtiments courants sont rarement cause de dégâts par surpression. Dans
en train de se dégrader thermiquement, où les flux de chaleur rayonnée l'industrie par contre, plusieurs pour-cent des feux sérieux sont associés à
sont importants et les températures élevées, et celles où l'on trouve des des explosions.
écoulements (réactifs ou non) d'espèces chimiques non présentes en Le feu peut également provoquer des dégâts sur l'environnement : un
situation normale, plus ou moins toxiques et opaques. incendie peut être la cause d'une libération dans l'air de quantités
Un foyer est l'ensemble constitué par un objet en combustion et sa flamme. importantes de gaz : les gaz produits par le feu (par exemple lors d'un
· incendie de dépôt de pneus), ou les gaz présents dans les installations
La ''fumée" désigne le mélange chaud de gaz et de particules (liquides et industrielles qui sont libérés de leur confinement. L'entrainement de
solides) qui n'est plus en combustion active et peut se déplacer dans le produits indésirables par l'eau déversée pour l'extinction, ou l'écoulement
bâtiment et s'accumuler en partie haute de certains de ses volumes. Il est de liquides quittant leur réservoir suite à un feu ou une explosion, peuvent
important de souligner que les parties du bâtiment concernées par polluer rivière, mer, ou sol.
l'enfumage dû au feu peuvent être beaucoup plus étendues que celles où se
trouvent les foyers actifs.
On parle d'incendie lorsque le feu concerne une surface étendue, que la 1.1 .. 2 Identification du feu au moyen des sens
chaleur est produite à un fort débit, et que l'extinction par les actions des
pompiers est difficile. On parle cependant de feux ou d'incendies de forêts.
réponses physiologiques permettent de reconnaître la
En résumé, les conséquences nuisibles d'un feu ou d'un incendie sont présence d'un feu par
dues soit à des apports de chaleur insupportables par des personnes,
destructives pour des objets mobiliers, ou capables de ruiner des éléments • des manifestations visuelles : la vue de flammes éclairantes, de
de structure, et/ ou aux effets de produits de décomposition ou de fumées plus ou moins noires ou colorées, de panaches gazeux d'indice
combustion : gaz toxiques ou corrosifs à température supérieure à la de réfraction différent de celui de l'air et, éventuellement, de solides
rendus émetteurs de lumière par la valeur élevée de leur température de
surface (braises, métal "porté au rouge"). Des déformations,
50 ;;::::csrs 51
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

éclatements, et chutes éventuelles d'éléments solides (de structure par les variations de pression : les feux courants dans un bâtiment
exemple) peuvent être observées ainsi que des projections de fragments. s'accompagnent de différences de pression qui, en l'absence de
déflagration ou de détonation, restent de l'ordre de quelques pascals (Pa)
• la réception d'un flux de chaleur anormal sensations et ou dizaines de pascals dans les volumes non étanches des bâtiment
manifestations au niveau de la peau ou à l'intérieur du corps. La courants. Ces petites différences de pression causent la circulation des
réception de chaleur est due, soit au rayonnement thermique (par débits massiques gazeux. De faibles variations périodiques de pression
exemple, venant d'une flamme), soit à la conduction et à la convection correspondant à des sons de basse fréquence (fréquence principale :
au contact de gaz à température élevée. quelques herz (Hz) ou dizaines de herz) , sont liées à la présence d'une
• des odeurs "de brûlé", l'irritation des yeux, de la gorge ou du système flamme. Certains détecteurs exploitent ce phénomène.
respiratoire : l'odorat est très efficace pour déceler de telles odeurs. • la vitesse et le débit des courants gazeux causés par les variations de
• des sons : bnlits de déflagration de gaz, crépitements, siffiements, dans pression dues à la production de gaz et de chaleur ;
les gaz issus des solides en cours de dégradation, craquements dans les • la dilatation, les déformations, les contraintes, dans les solides chauffés.
solides constituant les objets et les structures chauffés, combustibles ou
non.
En sus des informations sensorielles conscientes, on observe des réponses Particularités des feux dans le
physiologiques à l'apport de chaleur et/ ou à l'inspiration de certains
gaz : brûlures, hyperthermie, intoxication, irritations, agressions des bâtiment
muqueuses, etc., dont les conséquences possibles vont de la gêne
temporaire au décès.
Les combustions du feu dans le bâtiment présentent les caractéristiques
Ces signes directs peuvent être relayés par des signaux humains ou suivantes:
générés par des dispositifs électroniques, tels ceux visant à donner des
informations sur le sinistre-feu pour le fuir ou le contrer, qui sont à • l'oxydant est l'oxygène de l'air;
considérer sous l'angle de l'étude du comportement humain spontané ou la fraction de 02 dans un local est, au maximum, celle de l'air (21 %
organisé. volumiques, 23 % massiques) ;
• la pression totale reste pratiquement égale à la pression
1 .. 1 .. 3 Informations fournies par des atmosphérique : celle-ci varie de moins de 1 % de sa valeur avant le feu,
sauf pour des feux en locaux quasi étanches;
instruments de mesure • les combustibles sont très souvent des matériaux à base de polymères
naturels (bois et dérivés du bois) ou de synthèse,
Divers instruments de mesure permettent de recueillir des informations • les parois horizontales et verticales et leurs ouvertures, et les cages
spécifiques du feu, telles : d'escaliers, atriums et puits de lumière, ont une influence très forte sur
• le débit de chaleur produit par combustion, évalué indirectement (à le sens et la vitesse des écoulements de gaz et l'accumulation de ceux-ci
partir de la mesure de la concentration d'oxygène dans les gaz issus du dans certaines parties du bâtiment.
feu);
• la composition chimique des gaz produits. Si l'odorat est très sensible à
certaines molécules, les instruments d'analyse et de dosage permettent
de repérer des gaz même inodores, par exemple le monoxyde de carbone
très toxique, et de mesurer leur concentration ;
• la température : dans les gaz produits, l'air, et les solides ;
• l'opacité et, plus généralement, les propriétés optiques des gaz et
fumées;

52 =csrs 53
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT . RAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
- Physique du feu pour l'ingénieur 1 . Présentation générale des feux de bâtiment
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

) Foyer puissant dans un local


1.2 Exemple da typologie feu de literie ou de canapé rembourré peut devenir très puissant (plus

des faux n mégawatt), durer sous une phase intense pendant une dizaine de
·nutes, et dégager beaucoup de chaleur et de fumée toxique à
mpérature élevée. Il peut causer des décès.

La grande diversité des sinistres selon leur nature, leur évolution dans
l'espace et au cours du temps et leur gravité ne permet pas d'établir un ) Feu généralisé dans un local
classement représentable sur un seul axe à l'aide d'un seul paramètre! Il
est peu probable qu'une personne donnée observe plusieurs fois ce qu'on Un feu venant initialement d'une friteuse ou d'un lit peut se généraliser à
pourrait définir comme le même feu. De plus, les actions de lutte et de .tous les combustibles exposés d'un local (mobilier, revêtements en
secours n'offrent certainement pas des conditions favorables au travail parois...), et pourra s'étendre à tout un appartement et, éventuellement,
d'observation et d'analyse scientifique ; il est difficile de tirer des sinistres au-delà de celui-ci dans tout un bâtiment. Le feu d'un lit, puissant, pourra
réels des renseignements quantitatifs en termes de grandeurs physiques, s'étendre plus rapidement que le feu d'une friteuse. Un feu généralisé peut
voire des informations détaillées sur les événements qui s'y déroulent. emplir presque tout le volume libre du local en gaz chauds et de flammes.
Ce type de feu peut causer quelques victimes dans le local initial et
On peut cependant définir des types de feu selon la nature du foyer (liée à également dans d'autres locaux en communication aéraulique, par la
l'activité poursuivie dans le bâtiment), l'importance des dégâts, la nature
des causes de démarrage, la vitesse d'évolution des phénomènes dans
l'espace et, à un endroit donné, au cours du temps... Dans ce paragraphe,
nous allons présenter, sous la forme d'une typologie simple, plusieurs
exemples de situations différant par l'étendue ou la puissance du feu ainsi Incendie dans un bâtiment
que par son degré de confinement et par la nature des dangers. La liste ur des dimensions plus importantes, comme celles d'un grand ERP
suivante fournit donc des catégories de feux et d'incendies aux frontières tablissement recevant du public), l'incendie pourra concerner des
très approximatives. ntaines de mètres carrés, enfumer plusieurs niveaux, nécessiter des
. moyens importants de lutte et causer plusieurs victimes. Le contrôle de la
Le tableau 1.1 donne des exemples de feu de bâtiment par rapport à ce
fumée et le désenfumage, lorsqu'il sont efficaces, permettent de réduire
classement. l'ampleur du volume sinistré. L'évacuation des personnes et la protection
•· des voies d'accès pour le secours et la lutte contre le feu demandent des
dispositions préventives, architecturales en particulier.
a) Premier foyer
• Un feu de corbeille à papiers a une puissance qui atteint quelques
kilowatts ou dizaines de kilowatts ; il peut être éteint assez facilement. ) Feu dans un milieu confiné
Un meuble rembourré à proximité de la corbeille pourra être allumé ans des milieux clos, tels les sous-marins, les avions, et maintenant les
sous l'action du rayonnement de la flamme du premier foyer et donner tations spatiales, l'évacuation des personnes comme le désenfumage étant
naissance à un foyer plus puissant (des centaines de kilowatts). ifficiles ou impossibles, il est essentiel de contrôler et limiter le plus
• Dans une cuisine, un feu de friteuse, peu puissant en terme de débit de ossible la production et le mouvement des fumées ; le choix des matériaux
chaleur (quelques kilowatts}, peut par exemple se communiquer à un combustibles, la détection, et le maintien de l'étanchéité de compartiments
meuble haut (des dizaines ou centaines de kilowatts). sont primordiaux.
Pour ces foyers relativement modestes, les conséquences du feu restent
limitées tant que le feu ne s'étend pas à des foyers plus puissants, bien que
la production de gaz toxiques d'un petit foyer puisse présenter un danger f) Incendie industriel
plus grand que le danger thermique, à cause du transport de ces gaz loin La plupart des petits feux dans l'industrie sont rapidement éteints.
de leur source. La distance entre la flamme un foyer de ce type et des Cependant, les incendies industriels peuvent être très puissants (des
foyers secondaires potentiels joue évidemment un rôle important sur la dizaines ou centaines de mégawatts), s'accompagner d'explosions, de la
possibilité d'extension spatiale du feu. libération et de la dispersion de produits toxiques pour les personnes ou
dangereux pour l'environnement. En sus des moyens techniques de

ECSTB 55
54 ::::::CSTB
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de Mtiment

protection courants ou spécifiques, un haut niveau d'organisation est


indispensable pour combattre de tels incendies, de même que ceux qui
peuvent se produire dans de grands ERP.

g) Incendie de très grande taille


Un incendie d'immeuble non maîtrisé, un tremblement de terre, des
bombardements, peuvent généraliser l'incendie à tout un quartier ou toute
une ville. Les habitants de régions où les séismes sont fréquents et les Les pertes en vies
constructions en bois courantes (Japon, Californie) se préoccupent de tels
risques. Les mesures passives et actives doivent être à l'échelle de ces
incendies, ce qui est évidemment très difficile. Globalement, pour les États de l'Union Européenne, le nombre annuel de
pertes en vies est de l'ordre de 5000. Le nombre de blessés est de 10 à 15
is plus grand.
h) Incendie de végétation e bulletin de septembre 1999 du « World Statistics Centre» (Royaume
Les feux de forêt sont à mentionner à cause de leurs conséquences ni) fourni les chiffres suivants en décès annuels pour 100.000 habitants :
écologiques (en France, les incendies de forêt concernent chaque année des e 0,55 en Suisse (période 1992-1994) à 3,25 en Hongrie (1993-1995), et,
milliers d'hectares) et des pertes en vies qui surviennent lors de la lutte. 1,16 en France (1993-1994).
Ces feux concernent quelquefois des bâtiments. En France comme dans les pays comparables, c'est dans l'habitat qu'on
rouve le plus de victimes (grossièrement : 2/3 du nombre total). Dans
environ 60 % des cas, les incendies sont dus à des "facteurs humains
Tableau 1.1 - Classement selon les types de feux et d'incendies accidentels" ; les 40 % restants se partagent en feux accidentels dus au
r:patériel, feux d'origine naturelle (foudre, tremblement de terre) et feux
a) Feu de corbeille à papiers, feu de friteuse, d'appareil électrique domestique, etc. tentionnels.
s pertes en vies résultent souvent de difficultés d'évacuation par
b) Feu de literie, de gros meuble rembourré ... impraticabilité ou insuffisance des voies d'issue (incendie du Cinq-Sept,
1970, ou celui de la tour Joela de Sao Paulo, 1974). L'évacuation de
c) Feu généralisé dans une pièce ou un appartement. personnes à mobilité réduite ou de faible autonomie pose un problème
particulier. En France, on compte 37 incendies d'hôpitaux entre 1980 et
d) Incendie dans un bâtiment du type ERP (établissement recevant du public) 1990, ayant causé 165 décès.
hôpital, discothèque, théâtre, aéroport, collège, hôtel ...

e) Feu ou incendie dans un milieu clos: sous-marin, avion, lieux de stockage ... Les pertes en biens
f) Incendie dans une usine de chimie, une minoterie, un stockage de liquides
combustibles, une centrale nucléaire, ... l'échelle de l'Union Européenne, le coût global moyen des incendies est
e l'ordre de 0,2 à 0,5 % du Produit Intérieur Brut.
g) Incendie d'un quartier urbain, d'une ville (tremblement de terre, actes de Dans l'habitation ou les établissements recevant du public, les pertes
guerre). n biens sont très variables et leur coût peut aller de quelques dizaines de
milliers de francs à plusieurs millions de francs (exemple de perte élevée :
h) Feux de forêts. l'incendie du "London Underwriting Centre" d'août 1991 a entraîné des
dommages se chiffrant en millions de Livres). Lorsque l'incendie concerne
lusieurs bâtiments, le coût des dégâts peut être encore plus lourd
exemple : l'incendie d'un quartier résidentiel d'Oakland, Californie, en
ctobre 1991, dont le coût est évalué à 1,5 milliards de dollars).

56 =csrs 57
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT AITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Les dommages culturels sont par nature difficilement chiffrables : on Tableau 1.2- Exemples de sinistres importants
pense par exemple à la destruction par le feu de plusieurs immeubles
Nombre de
anciens du quartier du Chiado à Lisbonne (août 1988) , ou à l'incendie du Année Sinistre
victimes
château anglais de Windsor (novembre 1992).
1970 Dancing le Cinq-Sept, St-Laurent�du-Pont (F) 146
Un autre exemple de dommages culturels porte sur les incendies de
bibliothèques : 400 000 livres détruits à la bibliothèque centrale de Los 1971 Hôtel Tal Yon Kek, Séoul (Corée) 154
Angeles en 1986, des dommages comparables à la bibliothèque de 1972 Grand magasin + night club Sennicki, Osaka 118
l'Académie des Sciences de St Petersbourg en 1988, 100 000 livres détruits (Japon)
à la bibliothèque centrale de Norwich (Angleterre) en 1994.
1973 Centre de loisirs (île de Man) 51
Les incendies (et explosions) industriels: 1973 CES Pailleron (F) 21

• En France : Les dommages directs se montent à 6,8 milliards de francs 1973 Aérodrome d'Orly-Sud (F) Aucune victime
pour 1991; si l'on ajoute les pertes d'exploitation consécutives à certains Dégâts importants
des sinistres, on atteint plus de 9 milliards de francs. D'octobre 1991 à 1973 Grand magasin (Kumamoto, Japon) 107
septembre 1992, on compte 105 sinistres industriels dont le coût
1974 Tour Joelma (Sao Paulo, Brésil) 292
individuel (coût direct plus les pertes d'exploitation) dépasse 10 millions
de francs. 1977 Restaurant (Beverly Hills Supper club 165
(Southgate, États-Unis)
• Au niveau international : Les sinistres industriels de coût élevé sont de
plus en plus nombreux : une étude portant sur 2 000 sinistres 1980 Hôtel MGM (Las Vegas, États-Unis) 86
importants survenus entre 1984 et 1989 ([9] Lardschneider, 1991)
1981 Discothèque Stardust (Dublin, Irlande) 48
montre que:
1983 Cinéma (Turin, Italie) 64
• 8,5 % de tous les sinistres causant chacun plus de 100 millions de
francs de pertes directes représentent 50,7 % de la somme totale des 1985 Stade (Bradford, Grande Bretagne 53
dommages matériels, soit 36 milliards sur 71 milliards de francs. Par
1986 Hôtel Dupont-Plaza (Porto Rico) 97
exemple, l'explosion d'une usine de polyéthylène aux États-Unis en
1989 a coûté plus de 3 milliards de francs. 1987 Station de métro King's Cross (Londres) 31
• Un gros sinistre industriel sur deux dû à une explosion et/ ou un 1988 Centre ville de Lisbonne (Portugal) Une victime
incendie a eu lieu dans la zone de production de l'entreprise. Le coût Dégâts importants
des dommages est élevé, en premier lieu à cause des explosions dans
1990 Discothèque (Saragosse, Espagne) 44
l'industrie chimique.
1990 Discothèque (Bronx, New York) 87
• Environ un incendie industriel sur trois est survenu dans les entrepôts
ou aires de stockage (25 milliards de francs, soit 23,4 % du coût total 1990 Station thermale de Barbotan (F) 20
des 2000 gros sinistres).
1993 World Trade Center (New York) 7

Exemples de sinistres marquants


es incendies cités dans le tableau 1.2 ont été choisis, soit pour le nombre
élevé de victimes (sinistres très meurtriers, afin de donner des ordres de
grandeur des pertes en vie dans des cas catastrophiques}, soit pour
l'importance des dégâts.

58 E:CSTB 59
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT A/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour /1ngénieur Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Gaz combustible alimentant la flamme

vaporisation : pyrolyse du liquide

____I___j_dégradation
-> gaz
( )
\ _ . -11- . - .K - - . 1
pyrolyse:
liquide
' dégradation -> gaz
sublimation

La pyrolyse fusion dégradation


1.4.1

Les réactions de combustion dans une flamme alimentée par un liquide ou


un solide s'effectuent, à l'exception de certains solides (tel le carbone), à
quelque distance du "réservoir" de combustible condensé ; leur existence
Figure 1.1 - Modes de production des gaz combustibles alimentant une flamme
implique que les gaz combustibles arrivant à la flamme aient quitté le à partir d'un solide (d'après D.Drysdale [3], 1988)
milieu condensé ! L'échauffement et la transformation du milieu condensé
pour produire des gaz sont des étapes nécessaires, préalables à Exemples:
l'établissement, puis l'entretien, de la combustion dans la flamme. ► Fusion puis vaporisation: paraffines (cires) de faible masse moléculaire.
► Fusion, puis décomposition, puis vaporisation : thermoplastiques.
La pyrolyse (étymologiquement: "décomposition par la chaleur dégagée par ► Décomposition en espèces liquides, puis décomposition en espèces gazeuses :
le feu") est la dégradation, normalement endothermique, d'un solide ou polyuréthannes.
d'un liquide qui, chauffé, se transforme en gaz contenant des espèces ► Décomposition directe en espèces gazeuses : bois, dérivés du bois; résines thermodurcies
combustibles pouvant être oxydées par l'oxygène de l'air. La pyrolyse peut (sauf polyuréthannes).
laisser un résidu, souvent charbonneux. On s'intéresse ici particulièrement
aux matériaux abondants dans les bâtiments usuels qui subissent une
pyrolyse en donnant des gaz combustibles (même si tous les gaz libérés ne Par contre, des liquides constitués de petites molécules, à forte pression de
sont pas nécessairement combustibles) : les polymères naturels ou vapeur (l'alcool éthylique ou éthanol, le méthanol ou le benzène par
synthétiques, principalement. exemple), peuvent être vaporisés sous la forme d'une phase gazeuse
La pyrolyse n'est ni une vaporisation, ni une sublimation. Les molécules de directement combustible, sans modification des structures moléculaires
gaz libérés sont différentes des molécules de la phase condensée, qui ont initiales.
été transformées en molécules plus petites par des réactions consécutives Les combustibles déjà gazeux sous les conditions normales peuvent quant
à l'élévation de température provoquée par un apport de chaleur (et, de à eux alimenter directement une flamme, sans pyrolyse ni changement
plus, éventuellement modifiées par des réactions subies avant de passer en d'état (c'est le cas du méthane par exemple).
milieu gazeux).
Revenons aux matériaux à base de polymères
La figure 1.1 présente un schéma des modes de production du gaz
alimentant une flamme à partir d'un solide. Lors de la pyrolyse de matériaux à base de polymères thermoplastiques, les
petites molécules constituées de 2 à 20 atomes des divers gaz libérés,
résultent de la cassure des chaines macromoléculaires de départ qui
contiennent des milliers d'atomes. Certains polymères thermofusibles, tels
le polyméthacrylate de méthyle, se transforment principalement en
monomères après une étape de fusion superficielle.
Beaucoup d'autres matériaux polymériques, synthétiques ou naturels, ne
fondent pas quand ils sont chauffés et se dégradent de façon plus
compliquée. Par exemple, un polymère thermodurci tel une mousse rigide
de polyuréthanne est constitué de macromolécules liées entre elles par des

60 ::ECSTB 61
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

ponts qui donnent au matériau une plus grande "stabilité" thermique. s certains cas, la production de chaleur peut être interne, due à des
Lorsqu'on chauffe un tel matériau, les molécules gazeuses sont libérées actions d'oxydo-réduction qui s'accélèrent dans la masse : on mentionne
progressivement lors de la pyrolyse qui laisse un résidu solide. e des chiffons sales contenant des huiles peuvent s'échauffer assez pour
Le bois est de composition variable selon l'essence. Les dérivés du bois allumer spontanément.
différent donc selon l'essence du bois de départ et les caractéristiques des Dans une flamme installée, c'est une partie de la chaleur rayonnée par la
fibres, et selon la nature et la quantité des liants et colles. On trouve flamme qui entretient la pyrolyse et la production de gaz dont certains au
cependant toujours dans un bois ou un dérivé du bois des macromolécules moins sont combustibles et vont alimenter la flamme.
de cellulose et de lignine, en proportion variable, et associées à d'autres
molécules plus petites. A la frontière du solide en pyrolyse, il ne faut donc
pas s'étonner de trouver un mélange gazeux extrêmement complexe dont la
composition dépend de plus des gradients de température dans le solide,
L inflammation et rallumage
11

de réactions hétérogènes dans les fissures, et en général de l'histoire de


l'échauffement du solide. J1 y a inflammation lorsque des gaz combustibles et l'oxygène de l'air
Certains matériaux contiennent de l'eau (quelques % ou plus) : l'eau peu , agissent entre eux et conduisent à une combustion établie sous la forme
liée à un solide le quittera quand la température avoisinera l00°C. Il en va 'une flamme. On parle plutôt d'allumage 'que d'inflammation lorsque la
amme se crée à partir de gaz combustibles issus d'une certaine étendue
de même pour certains additifs non chimiquement liés au solide, qui le
de surface sur un solide ou un liquide.
quitteront à des températures relativement peu élevées. L'eau liée à des
molécules ou des cristaux changera d'état à une température plus élevée, Dans les deux cas (gaz ou condensé}, il s'agit d'une transition vers un
qui dépend de la solidité (de l'énergie) de la liaison. ·, gime de fonctionnement d'une flamme de diffusion.
En général pour les matériaux courants, la pyrolyse commence à se
manifester intensément quand la température du combustible condensé onditions de l'allumage
dépasse 200 ou 300 °C, voire plus.
Pour les solides ou liquides combustibles courants, les conditions
Le coût énergétique de la pyrolyse d'un kilogramme de matériau organique suivantes doivent être rencontrées
est de l'ordre de quelques millions de joules.
• la matière condensée doit libérer du gaz combustible avec un débit
Un apport initial de chaleur est nécessaire pour libérer les gaz suffisant;
combustibles qui pourront ensuite alimenter une flamme fonctionnant
alors sans apport externe de chaleur. • la température de la matière près de sa surface doit être assez élevée ;
• l'aire chauffée doit être assez étendue (des mm2 au moins). Comme
Les causes de la pyrolyse nous l'avons dit, l'apport de chaleur peut s'effectuer dans la masse de la
matière condensée (par conduction et convection par exemple), ou par la
Avant l'allumage, il s'agit toujours d'un apport de chaleur (externe, surface exposée de celle-ci (exemple d'un apport de chaleur par
quelquefois interne) qui fait croître la température dans le matériau ou le réception d'un rayonnement thermique) ;
liquide. Exemples de situations provoquant la pyrolyse par une cause
externe: • la teneur en oxygène environnant doit être suffisante (grossièrement, au
moins la moitié de la valeur normale, qui est de 21 % volumiques ; le
• la réception d'un rayonnement thermique (venant de résistances seuil critique dépend de la nature du combustible) ;
électriques chaudes par exemple, ou d'une flamme préexistante, ou d'un
écoulement gazeux chaud) ; La présence de certains radicaux libres favorise l'inflammation ou
l'allumage en exaltant des réactions d'oxydation en milieu gazeux. Dans le
• la conduction thermique (table de repassage au contact d'un fer à protocole de plusieurs essais de réaction au feu, une source de chaleur
repasser par exemple, ou isolant thermique de synthèse combustible chauffe globalement l'éprouvette (un radiateur par exemple), et une petite
sous une couche incombustible chauffée) ; flamme apporte des radicaux et un léger supplément de chaleur : on dit
• l'apport convectif venant d'un écoulement de gaz chaud. qu'elle pilote l'allumage.
L'apport d'inhibiteurs de flamme, présent dans des produits ignifuges
éventuellement incorporés à la matière condensée, perturbe ou empêche
ces mêmes réactions.
62 :CSTB 63
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
,!J - Physique du feu pour l'ingénieur

Un courant d'air notable, diluant le gaz combustible et emportant de la La vitesse des réactions d'oxydation
chaleur, peut empêcher l'allumage.
Dans un mélange gazeux (contenant au moins combustible et oxygène) En l'absence de feu, des réactions d'oxydation entre l'oxygène (presque)
réalisé au préalable , l'élévation de la température du mélange, soit globale, partout présent et l'immense variété des matériaux naturels ou produits
soit locale, peut déclencher l'inflammation. Le rôle de radicaux peut encore par les sociétés industrielles prennent généralement des allures
être décisif. tranquilles, même si les dégâts à long terme s'avèrent parfois importants.
Ainsi, l'oxydation de métaux (la rouille par exemple), de déchets, celle de
certains polymères ou de matières organiques, est lente (elle peut
1 ..4.. 3 La flamme demander des années) et peu prodigue en débit de chaleur même si la
quantité totale de chaleur libérée peut être très importante.
La vitesse des réactions est en général très sensible à la température des
Flamme de diffusion et débit calorifique
réactifs. Alors que les oxydations lentes opèrent à des températures de
quelques dizaines de degrés, les réactions vives dans les flammes se
réalisent à des températures de l'ordre de 1 000 °C et peuvent dégager des
La flamme, pour les matériaux présents dans le bâtiment, est le plus
.puissances thermiques de l'ordre du mégawatt dans les feux de bâtiment,
souvent du type "flamme de diffusion". Cette flamme est ici décrite
pour un foyer de quelques de section horizontale.
simplement comme un volume réactif de faible épaisseur, lieu de réactions
chimiques d'oxydation entre les gaz issus de la pyrolyse et l'oxygène de Les nombreuses réactions chimiques qui peuvent s'effectuer ont un point
l'air, réactifs initialement non mélangés (condition nécessaire pour une en commun : elles impliquent toutes la rencontre d'un combustible et d'un
flamme dite de diffusion) et séparés par la zone réactive elle-même oxydant (l'oxygène de l'air pour les feux courants) et elles produisent de la
l'oxygène arrive d'un côté, les combustibles de l'autre. Les réactions chaleur. La source de chaleur résulte d'une libération d'énergie causée par
chimiques entre oxygène et gaz combustibles de pyrolyse, rapides, libèrent la création de liaisons chimiques nouvelles, dans les produits, à partir
de la chaleur dans ce volume de faible épaisseur qui est parcouru par d'anciennes liaisons chimiques, dans les réactifs, dont le bilan
plusieurs types de gaz : les réactifs (les gaz combustibles sont plus ou thermochimique global est exothermique. Une élévation de la température
moins transformés au passage en espèces oxydées), les produits (issus de des réactifs active des réactions qui très lentes à température courante,
ces oxydations) et, éventuellement un certain flux de gaz imbrûlés ou puis accélère l'avancement des réactions (augmente la vitesse des
d'oxygène qui n'a pas réagi, qu1 le quittent, et les gaz inertes qui le transformations chimiques). La puissance thermique dégagée (le débit
traversent sans réagir. calorifique), et la température à laquelle se trouve porté le milieu
réactionnel, dépendent ainsi de la nature chimique des réactifs, et du débit
La vitesse à laquelle la chaleur est libérée (c'est-à-dire un flux de chaleur,
massique (ou flux massique) de ceux-ci, apporté à la région réactive. La
en watts) est appelée le débit, ou la puissance, calorifique (ou thermique).
valeur de la température atteinte par les produits de combustion dépend
Une partie de ce débit calorifique est rayonnée, et la fraction du flux de
aussi de l'importance de la dilution par l'air entraîné, et de pertes
chaleur non rayonné est emporté par les gaz quittant la zone réactive, plus
chauds que l'air et plus chauds que les gaz alimentant la flamme. thermiques par rayonnement et, dans un bâtiment, par échanges
convectifs et radiatifs entre gaz et parois.
Pour de petits foyers, la flamme prend spontanément l'allure d'un doigt de
Pour les flammes de diffusion, la vitesse des réactions chimiques est
gant ; la zone réactive est dans l'épaisseur de la peau de ce doigt.
assujettie à la vitesse de la mise en contact des réactifs, donc à la vitesse
Pour de gros foyers, les zones réactives, toujours de mince épaisseur, sont de leur transport.
réparties, fragmentées par la turbulence, en couches superficielles de
"poches" plus ou moins sphériques. Flammes de prémélange dans un volume de bâtiment
Une flamme de prémélange peut se produire si un gaz combustible (par
exemple ayant fui de son confinement) et de l'air se trouvent mélangés et Par hypothèse, les réactifs sont prémélangés. Après inflammation, la
qu'un apport d'énergie a lieu, parfois même minime (étincelle ou point flamme progresse depuis son origine dans le milieu gazeux, en laissant
chaud). Il faut de plus que les proportions soient comprises entre des derrière elle les produits des réactions. Le mouvement du front de flamme
limites basse et haute d'inflammabilité. L'hydrogène est particulièrement peut être subsonique (déflagration), ou hypersonique (détonation).
dangereux à cause de l'étendue de son domaine d'inflammabilité.

64 65
1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Les mouvements de gaz


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur
/TÉ DE PHYSIQUE DU BATl MENT
• Physique du feu pour l'ingénieur

Débit calorifique
transporté hors
de la flamme
1 . Présentatîon générale des feux de bâtiment

Débit massique
quitt ant la flamme:
produits de combustion,
1
Les gaz combustibles arrivant à la flamme ont quitté le milieu condensé azote, imbrûlés
d'origine avec une certaine vitesse, le plus souvent faible, et à une
température nettement plus élevée que celle de l'air environnant (plusieurs
centaines de C). 0

Les flammes de diffusion qui ne subissent pas trop de contraintes par le FLAMME
bâtiment (plafond, mur ... ) entraînent en général un flux d'air supérieur à Rayonnement
celui permettant la combustion complète des gaz combustibles. L'arrivée
d'air dans la flamme dont le sens de l'écoulement, lorsqu'il n'est pas Débit massique
d'air entraîné dans 1
contraint, est principalement vertical, implique un transport de l'air vers la la flamme 1
région réactive. Ceci s'interprète par la diffusion moléculaire, la turbulence 1 Débit massique
pour des foyers puissants, et la force d'Archimède qui entretient un Flux de chaleur 1 de gaz combustible
issu de la pyrolyse

'
émispar la flamme 1
mouvement ascendant. Ce flux d'air amène à la flamme le comburant reçu par le co mbustîbl
nécessaire (oxygène) et aussi de l'azote essentiellement inerte à la 1
température des flammes des foyers courants.
Le fonctionnement d'une flamme dans un bâtiment peut être perturbé de CCMBUSflBLE
façons diverses, par exemple
• les champs de pression environnants agissent sur le fonctionnement de
la flamme dans la mesure où ils influencent les flux gazeux qui y
arrivent ou en partent ; de plus, de fortes variations globales de la
pression (exceptionnelles pour un feu de bâtiment) modifient la vitesse Figure 1.2 - Principaux flux de masse et de chaleur pour une flamme de diffusion
des réactions chimiques ;
□ un courant d'air frais de vitesse limitée pourra exciter la combustion,
alors qu'un écoulement rapide éteindra la flamme ; La détection du feu
□ la proximité d'un mur, ou de deux murs pour un feu "de coin", crée
des barrières entravant l'arrivée d'air ou le départ des gaz chauds
grossièrement, on peut dire que la flamme s'allonge en récupérant A ce stade du déroulement du feu où une première flam�e est_ établ�e,
sur un trajet plus long l'air qui lui parviendrait en l'absence de ces nous évoquerons sommairement quelques principes sur la detect10n, suJet
contraintes ; un plafond oblige l'écoulement à devenir horizontal ; qui mériterait beaucoup de pages, tant les techniques ont évolué durant
les dernières années.
□ des foyers voisins sont des concurrents quant au besoin en flux Les détecteurs thermiques répondent à une élévation anormale de
d'air ; par contre les échanges radiatifs mutuels peuvent faire croître température de l'air, par exemple à l'atteinte de 60 °C : un capteur de
le débit de gaz combustible libéré ; température est donc utilisé.
□ dans un local peu ventilé, l'air arrivant à la flamme peut être pollué Les détecteurs thermovélocimétriques réagissent à une· vitesse de
par des produits de combustion, et appauvri en oxygène : si le taux croissance de la température.
d'oxygène dans le flux d'air entraîné à la flamme est réduit, la flamme
fonctionne plus mal, et peut s'éteindre ; Les détecteurs de flamme sont sensibles à l'éclairement énergétique que
reçoit le capteur, par exemple, dans l'infrarouge, et peuve_nt _de plus
La figure 1.2 montre les principaux flux de matière et de chaleur pour une
flamme de diffusion. permettre d'évaluer la fréquence de variation temporelle de c<':t ecl�:em_ent,
liée à la fréquence de "vacillement" des flammes, elle-meme hee a la
puissance du foyer.
Des détecteurs de gaz combustibles particuliers peuvent, dans l'industrie,
être exploités pour signaler une fuite pouvant conduire à un feu.

66 ECSTB r::::::csrs 67
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Les détecteurs de fumée peuvent reconnaître la présence d'un taux premier phénomène correspond à un "creusement" de la surface du
anormal de particules, par une mesure d'absorption ou de diffusion de la mbustible condensé.
lumière entre une source émettrice et un récepteur {détecteurs dont la un
réponse se traduit par la variation d'un courant électrique). D'autres types 'extension de la surface active est le second phénomène. Sur
ide, la vitesse d'extensi on de la frontière de la surface dégradée est
de détecteurs (ioniques) utilisent une chambre d'ionisation et mesurent le
éralement élevée, de l'ordre de quelques dm· s- • Sur un solide
1
courant électrique dû à la présence de particules de fumée ionisées en
ical, cette vitesse est : faible, latéralement et vers le bas (de l'ordre
exploitant le principe du pont de Wheatstone.
mm• s- 1 ou moins), et beaucoup plus élevée, (de l'ordre de quelques
La localisation et la répartition de plusieurs capteurs, le choix des types de • s- 1) vers le haut. Sur une surface horizontale de solide, la vitesse
détecteurs, et la gestion (de plus en plus informatisée) du système de éraie est plutôt de l'ordre du mm· s~1, ou moins.
détection, ont fait l'objet de nombreux développements techniques et
ant, si un liquide ou un solide a été globalement chauffé avant
méthodologiques qui se poursuivent.
mage, c'est toute la surface exposée à l'air qui peut quasi­
Un problème pratique important est de détecter au plus tôt (pour un très ntanément alimenter une flamme lors de l'allumage.
faible débit calorifique anormal) le lieu d'un ''vrai" début de feu, sans
tension de l'aire de la surface active est associée une propagation de
déclencher de fausses alarmes en présence de combustions contrôlées
e (cf. figure 1.3). Nous considérerons la propagation d'une flamme
normales.
e surface plane, soit horizontale, soit verticale, depuis l'instant où
La détection réussie sera suivie d'une extinction, éventuellement artie, centrale, de cette surface alimente la flamme par pyrolyse. Le
automatique à l'aide de "sprinklers", ou sprinkleurs, empêchant la ement de la flamme concerne le mouvement de toute la surface
croissance du feu. e qui l'enveloppe : on peut distinguer plusieurs vitesses dans le
ement d'ensemble si le déplacement des bords de la flamme ne
ctue pas à vitesse uniforme ou si la flamme entoure un volume
1 ..4 ..5 Croissance de ractivité d11 un foyer ieur inerte (sans réactions chimiques).

Extension de l'aire en pyrolyse et propagation de flamme pour


les combustibles initialement liquides ou solides

L'activité d'un foyer est décrite ici par le débit de gaz combustible qui
l'alimente, et le débit calorifique associé. On observe deux phénomènes
dans la croissance de l'activité d'un foyer non soumis à une influence
externe:
• Un premier phénomène est la "montée en régime thermique" de la re 1.3 a - Évolution de l'aire en pyrolyse
source (liquide ou solide) de gaz combustible. Le débit de gaz et propagation de flamme.
combustibles quittant l'interface de la matière condensée (liquide ou le Combustible horizontal
solide), et le débit de chaleur associé à la combustion de ces gaz,
dépendent du champ de température dans la matière condensée, selon
l'histoire du flux de chaleur reçu à la surface exposée. Après allumage,
la montée en température dans le milieu condensé se poursuit pendant
Figure 1.3 b - Évolution de l'aire en pyrolyse
une certaine durée. Si l'épaisseur combustible est suffisante, on peut et propagation de flamme.
atteindre au cours du temps une vitesse quasi-stationnaire de Combustible vertical
consommation. Pour un solide, c'est la diffusion de la chaleur à
l'intérieur de la matière condensée qui décide de l'instant d'atteinte de
ce régime ; on peut observer des vitesses de régression de quelques
centièmes ou dixièmes de mm· s- 1 Pour un liquide, la convection dans r une surface horizontale de combustible solide allumé sur cette
le liquide intervient en plus de la diffusion de la chaleur ; la ace, nous supposerons qu'initialement la section horizontale de la base
consommation d'un liquide peut être plus rapide que celle d'un solide. flamme se projette exactement sur la surface combustible étant en
yse active. Nous admettrons que cette surface est un disque. La

68 =csrs
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

surface du bord latéral externe de la flamme, assimilé à la surface latérale re 1.3 illustre les deux configurations. Des flèches montrent le sens,
d'un cône d'axe vertical, se déplace dans des directions horizontales à la relativement, l'amplitude, des vitesses d'extension de la surface en
même vitesse pour tout rayon (dans la réalité, certaines directions peuvent olyse et de propagation de flamme pour une plaque plane combustible.
être privilégiées par l'orientation des écoulements de l'air dans le local}.
L'intérieur du cône est "plein" de gaz combustible. Ce déplacement de la qui précède concerne les flammes dites de diffusion. Pour les flammes
flamme est associé à un accroissement radial de la surface en pyrolyse prémélange : après l'inflammation d'un mélange inflammable de gaz
active : tant que tout le disque est en pyrolyse active, on observe l'avancée ustible et d'air par exemple, le front de flamme avance dans ce
d'un front de flamme définie par un rayon croissant, égal à celui du disque ange depuis la région de l'inflammation,; la zone de réac�ion de
de pyrolyse : le rayon du disque de la surface en pyrolyse, et celui de la bustion se déplace de façon généralement beaucoup plus rapide que
base du cône de flamme, croissent ensemble à la même vitesse. Cette s fronts de flamme de diffusion sur des solides.
configuration géométrique peut se maintenir durablement si la vitesse
radiale d'extension de la surface en pyrolyse est plus grande que la vitesse
(verticale) de régression du combustible solide. Si la vitesse de Les feux couvants
consommation de l'épaisseur du solide combustible est rapide, au bout
d'un moment un disque inclus dans le disque de pyrolyse cesse d'être actif
vive (anglais
(par épuisement de sa capacité à libérer des gaz combustibles}, et la ertains matériaux peuvent se consumer sans flamme
flamme disparaît au-dessus de lui, et c'est alors un anneau qui se déplace, mouldering"). Les réactions d'oxydation se pours uivent alors au contact
e distan ce de celle-c i. C'est le cas
tant sur la surface du combustible que pour la base de la flamme ; la et de la surface solide, et non à quelqu
ant des fibres ou des fragm ents
flamme est vue comme incluse entre deux cônes, l'un interne, l'autre exemple de produits conten
s de tabac, panne aux de fibres
externe. On observe une couronne de flamme dont le rayon interne et le bustibles (sciure de bois, feuille
de bois,
rayon externe croissent en conservant une différence souvent Uulosiques...) ou même de matériaux massifs (poutre ou bûche
) ou peu denses (mous se de polyur éthann e}.
approximativement constante. On peut assister à un comportement du uleau de papier, carbone...
peuven t brûler en donna nt une flamm e vive ou
même type pour un solide allumé par en dessous (feu de "plafond"}. aucoup de matériaux
au
une combustion couvante. On connaît le comportement d'un morce
Sur une surface verticale, la flamme peut se déplacer vers le haut, fl me
bois ou d'un bâtonnet d'encens par exemple, qui, allumés avec
am
latéralement et vers le bas ; la surface active en production de gaz a soufflé la
vive, passent à un régime de combustion couvante dès que l'on
combustibles évolue, et sa frontière se déplace dans plusieurs directions flamme.
du plan vertical. La pointe de la flamme se situe plus haut que la limite
supérieure de la surface active en pyrolyse parce que la force d'Archimède a consommation de la matière condensée étant plus lente dans ce type de
pousse les gaz chauds vers le haut : cette configuration favorise mbustion qu'avec une flamme, le feu qui couve peut durer très
l'échauffement par rayonnement thermique de la surface combustible en ngtemps. Le danger lié à la puissance thermique de tels feux est donc
aval, vers le haut, ce qui conduit à une vitesse de propagation accélérée mité ; la production de fumée cependant peut être importante. La période
dans ce sens. où le feu couve peut précéder une phase de combustion avec flamme (qui
démarrera alors très vite), ou lui succéder (feu de braise de bois après
Dans un local où le développement spatial des flammes est gêné par des extinction de la flamme vive}. La lutte contre ce type de feu peut être
parois solides ou perturbé par des champs de pression, il peut être difficile ifficile à cause de la difficulté à accéder à la zone réactive éventuellement
d'identifier des propagations superficielles de flammes. Ainsi, après µn ituée au profond d'une accumulation de matériaux.
embrasement généralisé, tout le volume interne d'un local peut être empli
de gaz réactifs : on ne distingue plus de propagation de flamme, même si le
débit total de gaz combustible continue d'évoluer.
Les produits de la flamme et la fumée
En général, pour les combustibles solides : la propagation ascendante sur
une surface verticale est la plus rapide (quelques dizaines de dm· s-1).
Cependant, une fois que toute la surface exposée est active en production Les gaz résultant de la combustion sont essentiellement constitués d'azote
établie de gaz combustibles, c'est la position horizontale avec flamme au­ entraîné, d'eau, de dioxyde de carbone (CO2 } et de monoxyde de carbone
dessus du combustible qui conduit à la vitesse de consommation la plus (CO} produits, éventuellement de gaz combustibles imbrûlés (si la
élevée. La configuration géométrique des échanges radiatifs entre flamme combustion n'est pas totale), et d'oxygène, soit venant d'un excès d'air
et combustible condensé, et l'épaisseur chauffée, explique ces différences entraîné dans la flamme, soit venant d'un entraînement d'air dans
de comportement. l'écoulement non réactif qui lui succède (panache thermique). On peut
des suies dès la sortie de certaines flammes (selon le matériau

70 71
/TÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
tJysique du feu pour l'ingénieur
1 - Présentatîon générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

brûlé et les conditions de ventilation de la flamme) ainsi que de petits


fragments solides entraînés, et, dans les écoulements une fois refroidis par
\
entraînement d'air et échanges de chaleur avec l'environnement, des \
gouttelettes d'eau liquide plus ou moins pure. Cet ensemble est la fumée, 1
1
plus ou moins chaude (selon l'importance de la dilution et celle des 1
échanges thermiques avec l'environnement), plus ou moins opaque (selon
la concentration en suies et gouttelettes, et celle de certains gaz) et toxique
(en fonction de la teneur en CO et autres gaz). Rappelons que le
mouvement de la fumée dans le bâtiment est régi par la force d'Archimède
)( \
\
et les champs de pression du bâtiment, et qu'il est perturbé par les parois \
verticales et horizontales. t
\

1.4 .. 8 Présentation qualitative des


écoulements présents lors d111un feu Figure 1.4 - Flamme et panache en écoulement libre.

Le transport par écoulement des espèces gazeuses telles que l'oxygène de


l'air, les gaz combustibles alimentant une flamme, ou le mélange ulement suite à l'impact sous un plafond
constituant la fumée, de même que les échanges de chaleur liés à ces
écoulements gazeux jouent un rôle essentiel en combustion. Dans les feux écoulement réactif ou non, peut s'écraser sous un plafond :
de bâtiment, l'existence d'un assemblage de volumes munis d'ouvertures oulement de;ient radial, plus ou moins déformé par la non-symétrie �u
renforce encore l'influence de ces écoulements sur par exemple la p de pression. Si le plafond est combustible, une flamme annulrure
production de chaleur et la dissémination de la fumée. Notre objectif est ici t naître et se propager.
de présenter divers types d'écoulements, sachant que, pour certains
d'entre eux, des approches plus détaillées sont données ailleurs dans ce ulement le long d'un mur
livre, et que la description fine des phénomènes demanderait à la fois
beaucoup plus de pages et de connaissances. figure 1.5 illustre ce type d'écoulement.
Écoulement libre des gaz d'une flamme ou d'un panache température du mur est ici supérieure à celle du gaz.)

La forme générale de ce type d'écoulement est celle qu'on observe lorsqu'un


foyer est actif en milieu "infini". Une flamme de diffusion laminaire de petit
foyer (diamètre de l'ordre du cm), présente une forme conique ou
cylindrique. Une flamme turbulente (diamètre du foyer de l'ordre du m ou
plus} offre un aspect plus confus. L'augmentation de la section de la base
du foyer, ou celle du débit gazeux htjecté, accroissent la turbulence : des
poches intermittentes apparaissent, et la forme générale de l'écoulement T.
devient erratique. Dans la flamme elle-même, les transports de matière
sont très complexes ; leur modélisation fait appel à l'hydrodynamique, la Figure 1.5 - Mouvement de convection
description des échanges de chaleur, la cinétique chimique. naturelle le long d'un mur.
La température du mur est ici supérieure
Le panache thermique, non réactif, est invisible ou bien chargé de à celle du gaz à son contact,
particules opaques ; grossièrement, il a la forme d'un tronc de cône inversé Tair: Ts> Ta1r> To
(la petite base est au-dessous).
La figure 1.4 illustre ce type de flammes.

73
72
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour /'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
Physique du feu pour l'ingénieur

□ Le contact d'un gaz et d'un solide, à températures différentes, cause


oulement dans un couloir
des mouvements de convection naturelle, ascendants ou
descendants, selon la valeur des températures. figure 1.7, extraite de la référence [12] [Steckler, 1989] illustre cet
□ L'impact d'un jet horizontal sur un mur fait naître un écoulement oulement.
radial autour de la zone d'impact.
□ Si le mur est revêtu d'un produit combustible, une flamme à
extension verticale peut naître (sous l'influence d'un flux de chaleur Casa

convectif ou radiatif), puis être soumise aux contraintes géométriques


du plafond et des murs.

Écoulement le long d'une arête mur-plafond

Si mur et plafond sont plans, la singularité que constitue l'arête génère des
tourbillons visibles. La turbulence a pour effet d'améliorer l'efficacité du
mélange entre air et réactifs, et, parfois de permettre l'entretien d'une
L +-

flamme qui s'écoulera le long de l'arête et pourra atteindre une cible Casb

l
combustible à distance (observations de R.B. Williamson à l'Université de
Berkeley, de B. Hognon au CSTB). Si le raccordement entre plafond et mur
est réalisé avec un arrondi, ces phénomènes n'ont pas lieu. Cette
observation illustre de façon frappante l'influence que peut avoir la
géométrie des frontières solides sur les caractéristiques du feu.
➔ .l
Écoulement au travers d'une ouverture verticale 1

Au travers d'une ouverture du type porte ou fenêtre, on peut observer soit case
un écoulement à sens unique, soit deux écoulements, chacun dans un
sens, soit dans certains cas plusieurs écoulements dans les deux sens.
L'ouverture impose une contraction à l'écoulement et, à la frontière
horizontale de deux écoulements de sens opposés, un cisaillement est +-
observable. L'amplitude des flux massiques transportés a une influence +-
très forte sur le fonctionnement du feu et sur l'enfumage du bàtiment.
La figure 1.6 illustre cette situation.
Figure 1.7 - Exemples d'écoulements dans un couloir.

a) Si l'écoulement est établi et stratifié en deux veines, l'une chaude en


partie haute, l'autre beaucoup moins chaude en partie basse, on peut
· observer l'allure donnée par le dessin de la figure 1.7a. La hauteur libre Z
dépend de la puissance du foyer, des dimensions, des conditions de
p
.pression...
Figure 1.6 - Exemples b) Avant d'atteindre le régime a), analogue à celui de l'écoulement de l'eau
d'écoulements au travers dans un canal, il a fallu qu'un front de gaz chaud progresse depuis sa
des ouvertures verticales source (cf. figure 1.7b). L'avancée du front est causée par la différence de
fet p. Î:Uasse volumique entre les deux veines (courant dits de gravité) et les
différences de pression entre amont et aval.

74 _::csrs
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'îngénieur ysique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

c) Après l'impact du front chaud sur un linteau ou un écran, et avant


d'atteindre le régime a), on peut observer parfois des "vagues inversées"
pendant quelques secondes. Si la température de la veine est très élevée, le
danger que la partie supérieure d'un corps humain se trouve plongée dans
celle-ci peut être létal. Ce phénomène de vagues est particulièrement
difficile à modéliser.

Écoulement dans un conduit ou une trémie

Ce type d'écoulement fortement guidé est l'objet d'une perte de charge 4

régulière. On le rencontre dans un conduit de ventilation ou de


désenfumage, ou une trémie de désenfumage par exemple. Les galeries ou
tunnels sont le siège d'écoulements qui peuvent être de ce type ou du type
écoulement dans un couloir avec deux veines superposées. Les moteurs de 1 : production de gaz combustibles par ie,solide
ces écoulements "en tube" sont les différences de pression aux extrémités, 2 et 3: entraînement d'air par flamme et panache
la force d'Archimède, et, éventuellement, celles dues à des sources ou puits 4. entrée d'air en partie basse des ouvertures verticales en partie basse
d'énergie si l'écoulement n'est pas inerte. Pour une trémie, la force 5· sortie de gaz chaud par l'exutoire
6: mouvement de la frontière basse de la couche de fumée
d'Archimède est le moteur dominant (tirage). Le vent, comme pour les (ascendant dans cet exemple)
ouvertures verticales ou horizontales, peut exercer son influence par
surpression ou dépression. Figure 1.8 - Désenfumage naturel d'un local

Écoulement au travers d'un orifice horizontal

Un exutoire de fumée en plafond a pour fonction d'évacuer les gaz chauds ulements au travers de grilles
hors d'un volume du bâtiment. Le moteur sur lequel on compte est le
tirage, qui peut être aidé, ou contrarié, par le vent. L'écoulement au travers orifice de ventilation naturelle ou mécanique est souvent muni d'une
de ce type d'ouverture s'effectue généralement dans un seul sens, et est ille. Certaines têtes de détecteurs de fumée en possèdent une également.
soumis à une contraction comme pour une ouverture verticale. Si la grilles causent une perte de charge singulière, plus ou moins forte
différence de température entre les deux espaces séparés par l'ouverture n leur porosité, et peuvent influer beaucoup sur le débit du milieu
est très faible, l'écoulement est instable et complexe.

Ensemble d'écoulements présents lors du désenfumage naturel d'un local oulements au travers des fuites aérauliques du bâtiment

La figure 1.8 représente de façon très schématique différents écoulements bâtiment courant est poreux. Les fuites y sont localisées et/ ou
correspondant ties. Selon la nature et la taille de ces fuites, on peut leur appliquer
mêmes lois que pour des ouvertures flagrantes, ou bien des lois
□ à l'injection de gaz combustibles, ifiques de transfert de masse au travers de milieux poreux.
□ à la flamme et son panache et l'entrainement d'air par ceux-ci, s fuites permettent le passage de la fumée, ce qui peut aider à la
□ à l'entrée d'air par les ouvertures d'amenée en partie basse, tection humaine du feu (vue, odorat) et peuvent jouer un rôle non
·geable sur l'équilibre des champs de pression.
□ à la sortie de gaz chaud par l'exutoire,
□ au mouvement de la frontière basse de la couche de ulements dans les matériaux solides
(ascendant ou descendant).
u travers de fissures ou de microcanaux, ou de cellules en
(Les mouvements de convection le long des murs n'ont pas été mmunication, des produits de pyrolyse ou de l'eau (vapeur ou liquide}
représentés.) vent être mis en mouvement dans un matériau chauffé, combustible ou
te. On peut ainsi observer des bulles migrant dans une résine

76 77
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
• Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

thermoplastique, des gaz en mouvement dans des galeries d'un morceau de


bois ou l'entrelacs de fibres d'une protection thermique projetée. Le résidu
charbonneux souvent poreux qui se forme en surface de matériaux sprinklers (ou "sprinkleurs") sont des systèmes de sources d'arrosage
cellulosiques ou de certains polymères de synthèse lors de leur dégradation igé souvent vers le bas ou parfois vers le haut (dans un espace sous
thermique (avec ou sans flamme) impose aux gaz de pyrolyse de s'écouler cher par exemple), qui déversent une pluie de gouttelettes d'eau. Le
dans un réseau de puits et de galeries qui en freinent le débit et les de de déclenchement courant est la rupture d'un bulbe de verre
refroidissent. Le béton, trop rigide et ne contenant peu de cellules en tenant un liquide qui se dilate suffisamment quand la température du
communication (le béton cellulaire contient des cellules fermées), ne peut 'de dépasse par exemple 60 °C, et commande l'écoulement de l'eau
pas laisser circuler l'eau qu'il contient et que la chaleur absorbée tend à enue sous pression. Le choix du type de sprinkler, la position, la
vaporiser : on peut observer des éclatements près de la surface chauffée tition, la gestion du système sont ici encore des éléments
qui réduisent la masse et la stabilité mécanique de l'élément de structure. ondamment étudiés. L'effet de la pluie forcée est naturellement de
roidir la source de gaz combustible et les combustibles condensés
proches encore passifs, les flammes et panaches de gaz chauds.
Mouvements de convection dans un liquide ou un gaz
. D'autres principes d'extinction reposent sur l'injection de gaz inerte (C02),
La combustion de l'essence contenue dans une citerne ouverte en partie u inhibant les réactions de combustion iles halons, aujourd'hui moins
haute s'accompagne de mouvements convectifs au sein du liquide. tilisés à cause de leur possibilité de nuire à la couche d'ozone
tmosphérique), de mousses qui freinent le départ de gaz combustibles et
Dans l'espace compris entre un (faux) plafond et un toit, un plénum, la vent avoir une action chimiquement inhibitrice, voire de poudres
convection intervient pour agiter, voire structurer le milieu (rouleaux de sant barrière aux échanges par la frontière de la surface en pyrolyse.
convection), lorsque le feu crée une différence de température entre les
frontières inférieure et supérieure. Des phénomènes de convection se e piste récente est d'utiliser des propergols pour générer rapidement une
produisent également dans l'espace libre d'un caisson de protection d'un pression et produire des gaz non combustibles dans le volume à
poteau. otéger.
Remarques sur le transport des espèces chimiques
ou de plusieurs types de détecteurs ou d'extincteurs,
connectés, dépend fortement de la nature des foyers à
Les mouvements d'ensemble des gaz transportent, presque indifféremment, l'azote,
'oxygè·ne, le C02 ou toute autre espèce.
éceler ou à éteindre, donc de l'activité poursuivie.
Des mécanismes de diffusion ont par contre une action sélective sur le transport
d'espèces.
La turbulence augmente le mélange des espèces dans un écoulement et entre le gaz
en écoulement et le milieu gazeux traversé.

1.4.9 Le déclin d 111 un foyer

La cause la plus évidente est l'épuisement de la réserve de combustible


disponible. Une autre cause d'extinction est la réduction de la
concentration en oxygène du milieu gazeux environnant la flamme dans
une enceinte mal ventilée : lorsque la fraction volumique d'oxygène est,
grossièrement, réduite de moitié par rapport à la valeur normale dans l'air
(21 % volumiques), la combustion s'arrête. Des écoulements gazeux trop
rapides ou soudains peuvent souffler la flamme. La chute d'un objet solide
peut causer un obstacle aux échanges et éteindre la flamme.
D'autres causes d'extinction viennent de la lutte contre le feu !

79
78 =csrs
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

n empêche le rapprochement de l'air et du combustible gazeux en


ant" les frontières de production de ce dernier par une couche
rméable (ce qui est un des modes d'action de produits ignifuges ou de
uits d'extinction), le feu cesse également.
peut ajouter quelques détails comme à la figure 1.10 qui introduit les
1.5 .. 1 Le triangle du feu essentielles de transfert de chaleur et de transport de masse. Cette
e ne montre cependant plus que l'air et le.combustible apportant de la
Les phénomènes à la base de la pyrolyse, de la flamme, du débit de chaleur ur (les arcs correspondant ne sont plus bforientés).
et de fumée, etc. , sont en interaction ; plus généralement, le feu de
bâtiment montre un fonctionnement systémique où les flux de matière,
d'espèces, et de chaleur sont interdépendants. Nous donnerons dans ce
premier chapitre une présentation très simple des interactions concernant
un foyer, en oubliant d'abord le bâtiment qui le contient.
Le "triangle du feu" est un symbole souvent utilisé pour afficher les liens,
nécessaires au feu, entre combustible, oxydant, et chaleur. Nous allons le
rappeler, pour mémoire, et le commenter.
On trouve à la figure 1.9 trois sommets : la "chaleur", le "combustible", et
l'oxydant contenu dans "l'air". Les côtés sont des arcs biorientés. L'intérêt
principal de ce schéma est de rappeler que le feu fonctionne si
• combustible et air sont présents et se rencontrent. L'arc entre "air" et
"chaleur" comme celui entre "combustible" et "chaleur" rappellent ces
conditions nécessaires au feu ;
Figure 1.10- Triangle du feu, selon Emmons
• de la chaleur est produite ; une partie de la chaleur est retournée à un (Journal of Heat Transfer, Mai 1973)
combustible condensé pour le transformer en gaz (pyrolyse et/ ou
vaporisation) réagissant avec l'oxygène dans une flamme (c'est la flèche figure 1. 11 présente les causes principales des échanges de masse et de
chaleur vers combustible) ; eur responsables du fonctionnement de la flamme.

Figure 1.9- Triangle du feu classique

Si l'on supprime combustible ou air (en bloquant des arrivées d'air), le feu
cesse. Il en va de même si l'on refroidit le système (par exemple par Figure 1.11- Triangle du feu, selon Thomas
arrosage). (Fire Safety Journal n° 19, 1992)

80 81
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT É DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 • Présentation générale des feux de bâtiment

La nature différente des grandeurs placées aux sommets, l'ambiguïté de la


signification des arcs et de leurs orientations font que ce type de schéma
n'apporte pas beaucoup d'information sur la physique du feu sans de longs ons de la «cire», en fait un mélange de paraffine (alcane) et de stéarine
commentaires. La forme en boucle fermée évoque cependant la nature r de l'acide stéarique et du glycérol). On observe que la base
systémique du feu. rieure du cylindre de cire fond en cuvette au voisinage du pied de la
he en donnant une petite nappe liquide. Ceci correspond à un
gement d'état: la transformation physiqu�: solide ➔ liquide a lieu à
1 ..5 ..2 Un système simple : la bougie température de fusion comprise entre 50 et I00 ° C, dont la valeur
te dépend de la nature de la cire.
Nous prec1serons l'existence d'un fonctionnement systémique sur le cas flux de chaleur responsable de cette fusion vient de la flamme, et,
très simple d'une combustion voulue ne dépendant pas des contraintes 'ncipalement, des régions chaudes et émissives de celle-ci. Ces régions
exercées par le bâtiment, celle d'une bougie dans l'air normal. s plus rayonnantes de la flamme émettent une puissance thermique tout
tour d'elles
La figure 1.2 relative au flux de masse et de chaleur dans les flammes et la
figure 1.12 ci-dessous schématisent les concepts utilisés. une partie sous forme de lumière visible; et c'est bien la fonction de la
bougie que d'éclairer,
une partie dans la région infrarouge du spectre lumineux, qui porte de
la chaleur.
entraînement deJ'air dans la flamme

Usion, ARCHIMEDE, viscosité,) leur reçue, chaleur absorbée, chaleur conduite

e fraction de la puissance calorifique rayonnée par la flamme est reçue


la base supérieure du cylindre de cire, surtout près du pied de la
he, sur une surface qui «voit» bien la flamme, et une autre fraction est
rbée par la surface de la cire. Le flux de chaleur absorbé entre par
nduction thermique, pénètre dans l'intérieur de la cire (la chaleur y
fuse) et, également, il y fait croître la température (la chaleur s'y
cumule). La fusion de la cire s'effectue aux points les plus chauds de la
face exposée.
chaleur reçue dépend de la puissance de l'émetteur de rayonnement
fusion du combustible solide
le niveau descend
consommation du combustible
sous l'action du flux thennique ermique et de la géométrie de l'échange (un "facteur de forme"). La
aleur radiative absorbée dépend de l'absorptivité de la surface (un
eur < 1). La chaleur non absorbée est renvoyée de façon radiative. De
s, l'échange thermique convectif avec l'air plus froid constitue un terme
perte de chaleur pour la cire. Le bilan, positif pour la cire, est celui
ne chaleur entrant par conduction. La chaleur conduite dépend de la
Figure 1.12 -Allure d'une flamme de bougie nductivité thermique, de la masse volumique et de la chaleur massique
ladre, et du champ de température qui s'y installe.
L'analyse du fonctionnement de ce petit «foyen, de quelques dizaines capillarité
watts, consommant une dizaine ou une centaine de grammes
combustible solide en plusieurs dizaines de minutes, offre l'avantage cire fondue monte dans la mèche poreuse par capillarité ; elle est
mettre en lumière nombre de phénomènes essentiels qui interviennent
d'autant moins visqueuse que la température du liquide est élevée, c'est-à­
dans de plus gros foyers. dire qu'elle est d'autant plus fluide qu'elle est proche du sommet de la
Supposons la bougie allumée, en fonctionnement régulier : la flamme mèche, très exposé au rayonnement thermique de la flamme.
brille, et le combustible solide «se consomme».

83
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BATl MENT
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

La pyrolyse du liquide e grande partie de la puissance thermique apportée par les réactions
la température des gaz quittant la flamme, et la fraction de cette
En partie haute de la mèche, la cire liquide se transforme par pyrolyse ssance non communiquée aux gaz est rayonnée.
sous l'action du flux de chaleur radiatif reçu qui élève sa température à
plus de 500 °C, en molécules de formule CxHy (hydrocarbures} assez petites
pour être gazeuses. La partie haute de la mèche se dégrade lentement à ces
températures. flamme est allongée vers le haut. La pesanteur intervient dans la force
rchimède qui fait se déplacer verticalement les fluides plus chauds que
La combustion des gaz dans la flamme : rencontre et réactions chimiques environnement. Avec une valeur de g plus faible que 9.81 m · les
mes sont plus arrondies (des recherches concernent les combustions
Les gaz résultant de la pyrolyse de la cire fondue sont chauds : ils ont donc gravité plus faible ou plus forte que la gravité normale sur terre).
tendance à monter dans l'air (c'est la force d'Archimède qui s'exprime} et, hauteur de la flamme est liée aux flux d'apport des réactifs : la flamme
de plus, se déplacent vers les régions de l'espace où ils sont en quantité ;s'arrête là où les gaz combustibles ont une concentration devenue trop
nulle, c'est-à-dire qu'ils diffusent, surtout latéralement, jusqu'à rencontrer 'ble : si l'on forçait un peu l'injection des combustibles à leur source,
les molécules de l'oxygène de l'air. flamme serait plus haute ; si l'on forçait trop ce débit, la flamme
Les molécules des constituants de l'air diffusent aussi vers les volumes où 'éteindrait, elle serait soufflée.
elles sont absentes, et sont entraînées par le mouvement vertical des gaz
chauds. La viscosité des écoulements gazeux ralentit leur vitesse et cause panache thermique
un transport de matière. Le résultat est que de l'air est "entraîné" dans la
aval de la flamme s'écoule un débit de gaz chauds : de l'azote, des
flamme. duits de combustion, un peu de gaz imbrûlés, et, quand la bougie fume,
Cette flamme est une flamme de diffusion. La rencontre entre les molécules y voit des particules de suie. Ce mélange en écoulement pratiquement
02 et CxHy , réactifs initialement séparés, sur une épaisseur de l'ordre de la n réactif chimiquement est un panache thermique qui monte en se
fraction de mm, établit des réactions chimiques d'oxydation très rapides, ant à l'air jusqu'à ce que sa température rejoigne celle du milieu qui
qui produisent des espèces nouvelles : CO2, H2O, et d'autres en plus faîble ou jusqu'à la rencontre d'un obstacle qui l'oblige à s'étaler et le
quantité, et, en sus, libèrent de la chaleur. (réactions dites exothermiques).
L'azote de l'air est chimiquement peu concerné aux températures atteintes
ici : le flux massique de N2 amené dans la flamme avec 02 est chauffé avec
les autres gaz.
lumière visible issue de la bougie est essentiellement due aux suies qui
La partie de l'espace où ces réactions ont lieu ressemble à un doigt de nnent une coloration jaune à la partie haute de la flamme.
gant : la flamme, mince, enferme un espace «creux" où les réactions
rapides entre réactifs gazeux sont absentes. Dans le doigt de gant, les rmation des particules de suie : certaines des molécules venant de la
réactions d'oxydation sont rapides parce que la température est suffisante• olyse de la cire liquide issues du haut de la mèche n'ont pas été
pour apporter l'énergie nécessaire à l'activation des premières d'entre hées par les molécules d'oxygène. Des réactions complexes de
elles ; ainsi est amorcé un ensemble d'étapes réactionnelles qui conduit, à ation de très petits noyaux riches en carbone, puis de croissance et
la fin, aux produits stables cités. out d'agglomération de ces noyaux, conduisent à des grains dont le
être est une fraction de µm et qui se rassemblent en chapelets.
Les réactions d'oxydation sont en fait très complexes tant dans le détail de
leurs mécanismes que pour l'expression des vitesses réactionnelles. Des issivité (l'aptitude à émettre un rayonnement thermique, traduite par
radicaux libres y participent. L'émission spectrique de certains d'entre eux coefficient < 1) de ces particules solides est proche de l'unité, à la
donnent à la base de la flamme une couleur bleu-vert: le radical CH émet érence de celle des gaz présents beaucoup moins émissifs. A une
de la lumière vers 0,43 µm, et le radical C2 vers 0,51 µm. pérature d'environ 1000 °C, les graîns de suie rayonnent donc de façon
'dominante.
La température atteint de 1200° c à 1500° C dans les régions les plus
chaudes. L'émission de rayonnement, visible et infrarouge, due aux petites sommet de la flamme, on peut ne pas retrouver beaucoup de particules
particules de suie qui en sont les sources principales est principalement suie car les réactions d'oxydation qui ont lieu dans la flamme peuvent
thermique (c'est à dire obéissant à la loi de Planck). avoir brûlées presque totalement en fin de zone réactive. Quand on en
rouve, il s'agit alors de particules de fumée qui sont devenues sombres
lus froides) et ne réagissent plus chimiquement.
84 85
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Le système d'interactions cours du temps ...

L'exposé ci-dessus aurait pu partir de la flamme, ou de l'air : les «causes» régime établi, quand la bougie brûle de façon régulière, les flux de
et les «effets» s'enchevêtrent dans un système d'interrelations : des flux eur et de matière, les concentrations, les températures, restent
initialement séparés d'oxygène et de gaz combustibles se rencontrent, nstants (à des fluctuations près) : la bougie brûle, et le seul changement
produisent des espèces chimiques nouvelles et de la chaleur (dont une table au cours du temps est la descente des profils invisibles de
partie vaporise du combustible). L'écoulement ascendant entraîne de l'air andeurs telles que la température, les concentrations, la vitesse, et la
dont l'oxygène réagit, etc. Formellement, on a affaire à un système .. escente visible de la base supérieure du cylindre de cire combustible.
d'échanges de masse et de chaleur avec changement d'état et réactions semble que l'influence de la durée ne se manifeste plus que pour
chimiques. La représentation de ces phénomènes couplés s'effectue par un nsommer cire et oxygène, pour produire diverses espèces nouvelles ainsi
modèle décrit par un système d'équations, qui doit être résolu à l'aide d'un de la chaleur rayonnée et transportée. Toutefois, l'équilibre apparent,
ordinateur. ctérisé par des dimensions, des champs constants de température,
spèces et de vitesse, s'établit à partir d'un tissu d'échanges restant
amiques où interviennent plusieurs temps caractéristiques : ceux
Tableau 1.3 - Phénomènes intervenant dans la combustion de la bougie ociés aux réactions chimiques de pyrolyse et d'oxydation (temps très
rts), à la diffusion des espèces, au transport de matière, à la conduction
Observations Théories et modèles sur : la chaleur (temps plus longs). Ces temps caractéristiques eux-mêmes
La flamme • Cinétiques de diffusion, réactionnelle ;
t associés aux équations d'échanges de masse, de quantité de
Lieu de réactions chimiques rapides • Transport et production d'espèces, uvement, de production et de consommation d'espèces.
bilans énergétiques e présentation approximative des liens entre les phénomènes observés
Rayonnement de la flamme Rch<>n!:'"" radiatifs : émittance, les approches théoriques est donnée au tableau 1.3 .
émission et absorption de gaz et
particules, facteurs de forme et aires
d'échanges ...
Apport de chaleur à la surface de la cire Bilan thermique à la surface inons la bougie dans une boîte percée d'une petite fenêtre. Si la
absorption, émission, échange convectif nêtre est fermée, la combustion s'arrête quand l'oxygène présent au
'part dans le local est consommé. Si la fenêtre est ouverte, de l'air entre
Comportement de la cire chauffée Equation de diffusion de la chaleur ans sa partie inférieure et des gaz chauds sortent dans sa partie
1 dans la cire avec surface moliile et périeure. Des gaz chauds (de la fumée) s'accumulent aussi dans le local
1
fusion us le plafond en laissant en dessous une couche d'air frais, libre de
Montée de la cire liquide dans la mèche Forces de capillarité, viscosité, ée et plus ou moins haute.
échanges thermiques ...
Formation de combustible gazeux en Pyrolyse et vaporisation : énergétique et
haut de la mèche cinétique, chimie de la dégradation Création d'une couch& chaude
de fumée en partie haute
Transport des gaz combustibles Diffusion, quantité de mouvement, force j départ de gu chaud
d'Archimède
Transport de l'air Diffusion, force d'Archimède ...
Entraînement d'air dans la flamme
+---t---t-4 cou�h• d'air frai• ,
Formation et évolution des suies Réactions de production de noyaux, de
croissance, d'agglutination, d'oxydation arrivée- d'air

Ecoulement des gaz chauds dans le Transport convectif, force d'Archimède,


panache thermique champs de pression

Figure 1.13 - La bougie dans une boÎte munie d'une fenêtre munie d'une fenêtre

86 ::iiiCSTB
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
RAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur
- Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Aux phénomènes précédents de la combustion de la bougie en milieu très


ouvert s'ajoutent ainsi de nouveaux phénomènes d'aéraulique et de
thermique:
• les débits d'air entrant et de gaz sortant, et les écoulements internes
sont régis par les équations de la mécanique des fluides où intervient la
pression qui est liée à l'énergie interne, la viscosité, etc. ;
e le débit de gaz sortant (fumée) transporte de la chaleur et des gaz
toxiques hors de l'enceinte ; Le début du feu
• dans l'enceinte, la flamme et la fumée accumulée sous le plafond
rayonnent de la chaleur qui peut allumer de nouveaux foyers ; our les feux de bâtiment les plus fréquents, c'est généralement un
• de la chaleur est transférée au plafond, aux murs et au plancher : relais", l'allumage d'un deuxième foyer potentiel plus puissant que le
perdue pour les gaz chauds, elle peut conduire à des dégâts remier, qui est cause de l'aggravation du feu. La source initiale,
structuraux. otentiellement cause d'un feu sérieux est souvent assez faible pour être
ombattue facilement, et elle peut même disparaître spontanément. En
Le système d'échanges est devenu plus riche et plus couplé. Les modèles l'absence de découverte précoce, un premier petit foyer, ou une source de
de feu de local doivent contenir des systèmes d'équations plus volumineux. chaleur locale, conduisent parfois à un feu puis un incendie. La nature de
l'origine des feux est très diverse : soit une première flamme, soit un point
haud ; elle peut résulter d'incidents matériels, de maladresses ou
rreurs, ou de malveillance. La création du premier foyer notable résulte
souvent d'une concomitance de plusieurs facteurs anormaux ou
inhabituels, par exemple des travaux de faible durée nécessitant une
amme nue ; une maladresse provoque l'allumage d'un combustible qu'on
rait dû éloigner ou protéger. Dans l'habitat, la proximité d'appareils
ectriques et de mobiliers rembourrés ou de matériaux aisément
mbustibles non protégés est de plus en plus marquée dans les pays
éveloppés : cette proximité accroît le risque d'allumages.

emples de cause matérielle accidentelle

ourts-circuits (dus par exemple à des isolants électriques détériorés ou


adaptés), appareil électrique défectueux (téléviseur ou corps de chauffe
exemple) ou mal exploité, allumage sous l'action du rayonnement
laire concentré par une "loupe " accidentelle.

prudences et conduites inadaptées

égligences de fumeurs, actions d'enfants ou de personnes mentalement


dicapées ou déséquilibrées,. rejet de matières chaudes dans une
oubelle.

88 i=CSTB 89
A/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

aleur externe à la flamme, et à des événements tels que : la ruine du


Accidents domestiques ipient contenant un liquide ou de la structure d'un objet solide, le
rcement de parois combustibles (meuble ou cloison), la coulée de matière
Repassage, nettoyage (solvants), activités culinaires (fritures, cuisson ue (pour certains polymères de synthèse). Suite à l'augmentation de la
flamme), fuite de gaz domestique, chauffage d'appoint trop près d'un meuble. rface offerte, de tels événements peuvent accroître fortement le débit des
venant de la dégradation du combustible condensé, le débit de chaleur
Causes naturelles des produits de combustion.
s variations de la ventilation d'un foyer (ou du local où il se trouve)
La foudre, certaines fermentations (végétaux, stockages agro-alimentaires).
ent sur la production de chaleur et de fumée, de même que la teneur en
Conséquences d'un tremblement de terre (courts-circuits, libération de gène du comburant : l'air est plus ou moins pollué par les produits de
combustibles ... ) bustion. Un foyer donné peut atteindre sa puissance maximale en une
rée très variable, de quelques secondes à quelques dizaines de minutes.
Dans les incendies industriels y a en général accélération du débit calorifique, qui conduit à une
oissance en fonction du temps plus forte que la loi linéaire, lois
Flamme nue, chalumeau, projections de copeaux chauds ou particules ponentielles ou en t2 par exemple.
incandescentes ; inflammation ou explosion de gaz ou de vapeurs suite à
une fuite, poussières combustibles et flamme; étincelles, électricité
statique; chaleur dégagée par le frottement entre des solides (machine
Dans un local ou un bâtiment
tournantes) ; inflammation de graisses ou de poussières dans des condutts schéma de la figure 1.14 présente les phases principales de l'évolution
ou oxydation de chiffons imprégnés d'huile. n feu dans un local ou un bâtiment.

Allumage intentionnel

Le premier foyer est dans ce cas allumé volontairement,


d'un liquide combustible.
Première
Certaines causes premières ·sont ainsi, par leur ampleur, suffisantes pour source
Objet
conduire rapidement le feu à un niveau de puissance difficile à combattr de chaleur proche
(on peut ajouter aux exemples précédents : explos�on violen_te, actes.
de
guerre ou de terrorisme, chute de câbles sous tension, le bns accidentel
d'une conduite de gaz...). Dans la suite, nous nous limiterons
principalement aux feux plus courants, contre lesquels la prévention es pyrolyse
Objet
plus clairement efficace. allumage
chauffé
pyrolyse augmente

1 ..6.. 2 La croissance d'un feu de bâtiment Objet alimente


une flamme
Foyer pyrolyse
On décrit (très sommairement) dans ce qui suit les phénomènes" Rayonnement sur autres objets allumage
responsables de la croissance du feu en tant que source de débit de �----� �
chaleur et de fumée, puis de son déclin tant en un endroit donné au cou Couche chaude pyrolyse augmente
du temps, que dans l'espace du bâtiment. sous plafond

1.6.2.1 Pour un foyer


Nous avons évoqué au paragraphe 1.4.5 les deux phénomènes Figure 1.14 - Présentation schématique d'une évolution de feu dans un local
croissance du débit de gaz combustible: par "creusement" et par extensi
de l'aire active. Ces phénomènes sont sensibles à la réception de flux

91
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT JTÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur ysique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Plusieurs facteurs jouent un rôle essentiel dans le développement d'un feu ne instabilité thermodynamique apparait : les gaz en partie haute du
dans un local ou un bâtiment compartimenté, parmi lesquels on peut cal deviennent plus froids que ceux occupant une couche inférieure;
citer:
é?l�rement énergétique au niveau du sol dépasse un seuil critique,
• la présence de combustibles près du foyer, qui peut conduire à une vo1sm de 2 Wcm-2, capable d'enflammer beaucoup de matériaux
succession d'allumages et à une augmentation du nombre de foyers courants;
actifs, en particulier la présence proche de surfaces étendues de
matériaux aisément allumables non protégés, surtout pour les surfaces moyenne de la zone chaude sous plafond dépasse
verticales où l'extension de l'allumage est vive (augmentation rapide de
la surface totale de libération de gaz combustibles) ; ne flamme est émergente en partie haute d'une ouverture verticale.
• la création de couches de gaz chauds sous plafond des locaux, qui
é nitions s'ac�ordent pour décrire un changement important de
rayonnent sur les surfaces exposées qui peuvent alors être allumées . � � de combustion
1v1te dans le local. L'idée de changement rapide n'est
(augmentation de l'étendue des surfaces fortement sollicitées par le _
dant presente que dans les deux premières définitions.
rayonnement thermique) ;
s le flashover, on parle de feu ou d'incendie généralisé ("post
• le mouvement rapide des gaz chauds, verticalement, sous l'action de la over") : tous les combustibles exposés sont alors en pyrolyse active.
force d'Archimède, et le mouvement latéral, si les champs de pression le
permettent (augmentation du volume du bâtiment envahi sur une ut souli1s:1er que la croissance d'un petit feu vers un feu important
hauteur plus ou moins importante par la fumée) ; t pas touJour� brutale : l'h�stoire du feu dans un local dépend de trop
breux parametres pour qu on puisse.
donner comme règle générale qu'il
• l'évolution des débits d'air venant de l'extérieur, au travers de nouvell�s assage par un flashover net.
ouvertures (vitrages brisés, ruine de "barrières" opaques), susceptibles
d'amener beaucoup plus d'air aux foyers. Le vent peut augmenter ame over" désigne un autre type de transition rapide. Il s'agit alors de
notablement ces débits (l'apport de comburant est augmenté, et les gaz mage brut'.11 d'une portion de surface étendue, suite par exemple à un
chauds peuvent sortir plus rapidement : le feu est mieux "ventilé"). hauffage mtense dans un milieu contenant encore beaucoup
On peut observer des allumages successifs de foyers potentiels "discrets"
(éléments mobiliers), ou "continus" (des parois ou des surfaces étendues). ue la vitesse massique de production de gaz combustibles devient
La succession des allumages peut être représentée par un graphe se dans le local. le débit d'air entrant par les ouvertures peut devenir
d'allumages qui permet de simuler des évolutions du feu depuis l'un des ffisant, comme nous l'avons signalé ci-dessus. Le débit calorifique
foyers. L'évolution temporelle de la carte des éclairements énergétiques sur le local devient alors "contrôlé par la ventilation du local" selon une
les objets exposés (liée à la puissance des foyers et aux distances qui les ession courante, alors qu'il était précédemment régi par' les vitesse
séparent), les possibilités d'apport d'oxygène de l'air aux foyers dans le iques de consommation des combustibles condensés. Cette autre
local, la teneur en produits gazeux brùlés, décident de tels enchainements. s�tion accompagne souvent (pour des ouvertures petites relativement à
Si dans un local on atteint l'allumage ou la dégradation active de wssance du feu) le flashover ou la mise en activité de tous les foyers
l'ensemble des foyers potentiels, on utilise le terme d'embrasement entiels, qu'elle peut suivre de quelques minutes.
généralisé et si la transition vers cette phase de fonctionnement du feu (de
l'incendie) est brutale, on parle de "flashover" pour désigner cette
transition.
autre ter�e anglo-saxon
_ d�s �gne l'apparition d'une déflagration lorsque
_
gaz 1mbrules ou mal brules (CO par exemple) sont soudainement
Le "flashover" gés à de l'air. Si l'on ouvre la porte d'un local où un feu a produit
Ce terme anglais désigne un embrasement soudain de l'ensemble de coup de gaz encore susceptibles d'être oxydés, et qu'on permet ainsi à
combustibles exposés. Plusieurs définitions sont utilisées, de natur g8:2 de sortir et à l'oxygène de l'air d'entrer, on peut observer la
théorique ou empirique ation ra?ide �•une flamme passant par cette porte et une surpression
• Ce phenomene est naturellement préoccupant pour la sécurité des
;; l'activité des sources de chaleur (débits calorifiques) augmentent .
1er�. Il commence aujourd'hui à être modélisé, et des expériences de
soudainement plus vite que les pertes de chaleur (cette définition fai rat01res permettent d'en cerner les conditions d'occurrence.
l'objet d'une approche mathématique) ;

93
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT 'RA/TÉ DE PHYSIQUE DU BATl MENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Soulignons que même en l'absence de ces événements, un feu peut ehors. Une partie de la chaleur rayonnée sort également du local par
produire chaleur et gaz toxiques avec des conséquences dangereuses pour ortes et fenêtres (et constitue ainsi un danger d'extension à distance), et
les personnes (dans le local ou à distance) ou des éléments de structure ou les parois dans lesquelles la chaleur diffuse lentement (si celles-ci ne
d'équipement (près des foyers). nt pas métalliques). On n'évite pas dans cet exposé de faire intervenir
s aspects systémiques du feu : parler du rayonnement implique de parler
s autres échanges de chaleur 1
Possibilité de réalisation d'une flamme de prémélange
ors du local d'origine : le rayonnement thermiq1;1e passant par une porte
Si un couloir, par exemple, est riche en gaz imbrûlés, la rencontre de ces ut allumer un foyer dans un deuxième local. Au travers de la porte
gaz avec l'oxygène de l'air amené par une ouverture peut_ provoqu�r. une ement (ou par un autre passage aéraulique), les gaz chauds ou
.
déflagration, et donc une croissance très rapide mrus breve du deb1t de mes quittant le premier local sont susceptibles de causer de nouveaux
_
chaleur et du rayonnement thermique émis, qui peut être relayee par umages de combustibles condensés par rayonnement et convection. Les
l'allumage combustibles exposés à ce rayonnement. flammes sortant par une fenêtre peuvent allumer un revêtement de façade
et ensuite, par échanges convectif et radiatif, propager le feu aux étages
Le rôle du rayonnement thermique parmi les mécanismes d'extension supeneurs (la nature combustible de la façade et l'absence de
de l'incendie coupements favorisent un tel mode d'extension). Dans des conditions
éfavorables, par exemple de stabilité des structures et de cloisonnement
Pour situer le rayonnement thermique parmi les modes d'extension du es volumes, l'incendie se généralisera à l'ensemble de l'immeuble à la fois
volume d'un bâtiment concerné par le feu, nous allons présenter, de façon extension horizontale et propagation verticale, par succession
qualitative, les modes de tr�sfe:t de �haleur radiatifs qui int�rvienne�t allumages dus en grande part au rayonnement thermique des foyers
.
depuis un feu de local Jusqu'a un mcend1e concernant plus d, un immeuble ccessivement activés et des gaz chauds convectés.
A l'intérieur d'un local : nous avons vu que la croissance du feu d' rs du premier immeuble incendié : s'il existe des parois communes,
premier foyer implique qu'une partie de la puissance th�1:11ique (ou d� tension de l'incendie peut s'effectuer de local en local comme dans un
calorifique) venant de la combustion soit reçue par le matenau combustlb ême immeuble s'il existe ou s'il se crée des communications aérauliques.
en train de brûler, ce qui a pour effet de creuser davantage le les deux immeubles sont séparés, des modes nouveaux d'extension
_
combustible et aussi d'augmenter l'aire en feu. Dès que la surface active d terviennent. L'allumage par des flammes, convectif et radiatif, peut se
foyer est au moins de l'ordre de quelques dixièmes de m2, c'est le transfe oduire si ces flammes sont assez intenses, ou sont inclinées
radiatif entre la flamme et le combustible condensé qui est le facteu favorablement vers l'horizontale par un vent fort. Si l'incendie d'un
dominant de la croissance de l'activité du foyer. L'apport d'oxygène P emier immeuble occupe ainsi tout un étage dont les fenêtres sont
arrivée d'air à la flamme, s'il devient faible, peut limiter cette croissan isées, la surpression à la façade au vent peut créer un courant d'air
qui sinon s'atténue fortement quand les champs de température interne arable à l'allongement des flammes quittant la façade sous le vent. Si le
combustible tendent vers un profil d'équilibre thermique interne. Si le lo mier immeuble incendié a perdu sa toiture, les flammes qui le quittent
est petit, pour un foyer donné, les gaz chauds s'accumul�t sous partie haute peuvent rayonner sur les couvertures proches et ce
.
plafond (et le plafond lui-même s'il est assez 1sol�t) �tte1gnent d utant plus que ces flammes seront inclinées sous l'effet du vent. L'effet
.
températures assez élevées pour causer une solhcltation therm1'.l vent peut ainsi s'ajouter à l'effet du rayonnement. Par exemple,
supplémentaire sur la base du premier foy� r et �ur les foyer� potentiels incendie d'Oa.kland, octobre 1991, a été fortement aggravé par le vent.
.
proches. Le rayonnement thermique venant a 1� f01s de la ?remiere fla_mme
et des gaz chauds ainsi que des surfaces de solides chauffes peut atteindre
un niveau suffisant pour allumer les autres combustibles exposés dans le
local (mobilier et revêtements en parois), de façon progre� sive _et par�oi� surpressions ou dépressions dynamiques sur les façades peuvent
soudaine : l'embrasement général. Le rayonnement thermique Joue ams1 ovoquer entre deux ouvertures des différences de pression du même
tant sur l'extension de la surface active d'un matériau que sur la dre de grandeur que celles qui sont responsables des écoulements de gaz
généralisation du feu dans le local _impliquant la p�rtici�ation de tous les s le bâtiment en l'absence de vent : le vent peut décider du sens des
combustibles exposés. Une telle croissance du feu necessite cependant que ulements et beaucoup influencer l'amplitude des débits. Ainsi, un
le transport d'air (donc d'oxygène) vers les foyers soit suffisant pout; taire de désenfumage naturel peut perdre tout ou partie de son
alimenter la combustion. A l'appel d'air nécessaire causé par les différence' cacité si le vent a une action locale de surpression de l'extérieur vers
de pression créées par le feu s'associe un départ de gaz chauds du local qtii! térieur à l'endroit où l'on attend un départ des gaz chauds par tirage
réduit l'énergie interne du milieu gazeux en transportant de la chaleur al;l el. Le vent intervient encore pour transporter d'éventuels fragments

95
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur hysique du feu pour /'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

combustible s incandescents qui tombe ront sur des couverture s ou fluence des cloisons et écrans
pourront entrer par des fenêtres ouverte s. Ainsi, l'utilisation de bardeaux
et de façades en bois en Amérique du Nord y a été la cause de nombreux
cloisons constituent une barrière aux écoulements et une résistance
incendies. Au vu des distances qui peuvent étre franchie s par ces rmique aux échange s par conduction. La stabilité, l'étanchéité, et les
brandons, des centaines de mètres, il n'est pas réaliste d'imposer en ville priétés thermiques de ces barrière s dépendent naturelleme nt de l eur
des éloignements sûrs. La démarche de sécurité doit alors porter sur le ture et mode de fixation. La régleme ntation prévoit l'utilisation d'écrans
choix des matériaux qui peuvent donner naissance aux brandons et sur la cantonnement fixés sous plafond qui permettent de contenir tout ou
protection de ceux qui peuvent en recevoir. Ces dernière s mesures seront ·e de la fumée à l'intérieur d'un "canton".
également favorables à la protection contre le rayonnement the rmique . La diverse s cavités peuvent abriter un feu invisible depuis le s volumes
projection de brandons peut causer une extension inattendue de l'incendie. quentés : on pense à une gaine non recoupée, à un plénum au-dessus
L'exemple d'un sinistre récent a montré le passage de l'incendie _ de puis le faux plafond, à l'espa:ce entre un bardage et un mur... Les
toit d'un centre commercial à quelques mètres du sol et le 1 oeme étage mbustibles présents dans ces cavités peuvent être des débris de
d'un bâtiment situé à proximité dont une fenêtre ouverte a permis l'entrée chantiers oubliés, comme des isolants ou des panneaux combustible s.
de fragments en flamme s venant du toit (He erlen, Pays-Bas, 1985). Le
rayonnement thermique de puis les façades semble constituer le mode de
passage le plus fréquent sur des distances de l'ordre de la dizaine de 'influence de la saison
mètre s et c'est sur lui que les étud es ont porté le plus d'att ention.
hive r, la température de l'air dans le bâtiment chauffé est supérieure à
Les échange s de chaleur convectifs entre gaz et surfaces de solides température externe : la force d'Archimède favorise le départ naturel de
contribuent à chauffer le s solides au contact des gaz chauds pendant la ·r des fumées hors du bâtiment selon un mouvement ascensionne l. Pour
phase de croissance du feu, et à les refroidir (et alors à chauffer le milieu feu situé en partie basse de l'immeuble, le tirage prée xistant favorise le
gazeux) lorsque le feu décline . Si un solide est chauffé à distance par senfumage.
rayonnement et qu'il e st au contact de gaz plus froids que lui, l'échange
conve ctif contribue à le refroidir. été, la différence de température en situation normale est inve rsée.
ndant les premiers instants du f eu, tant que le débit calorifique n'a pas
La diffusion de la chale ur dans les solides intervient dans la phase evé beaucoup la te mpérature moye nne des gaz, ceci nuit au départ des
précédent l'inflammation des combustibles et amène de la chaleur au sein chauds produits par un feu similaire au précédent.
des éléments de structure, équipements et objets.

le rôle des systèmes de ventilation d'hygiène et de confort


le rôle des ouvertures dans l'enfumage d'un bâtiment
Les débits d'air apportés par ces équipements sont trop faibles pour
Les couloirs, cages d'escalier, porte s ouvertes, communications aérauliques çontribuer beaucoup à accroître les débits calorifiques. Par contre, ils
non recoupées e t les pe tits passages et le s fissures jouent évidemment un peuvent orienter l'écoulement des fumées et contribue r au transport à
rôle im portant. Les gaz chauds peuvent profiter des moindres fuites pour distance de gaz toxique s ou même e ncore réactifs car peu re froidis.
se répandre, ce qui peut également favoriser la découverte humaine de L'absence de combustibles dans les conduits aérauliques divers est bien
l'existence d'un feu. sûr favorable à une non propagation du feu.
Une porte ordinaire en bois, creuse, peut être percée en dix minutes d'un
gros feu.
le rôle des isolants thermiques dans le bâtiment
L'état (clos ou non) et l'aire des fenêtres, et le bris d'un vitrage (rapide pour
un vitrage ordinaire si la température du centre de la vitre dépasse de e s isolants contribuent à réduire les pe rtes de chaleur depuis les gaz
moins de 100 °C - celle des parties restées froides) peuvent décider d'un chauds vers les parois et ont donc pour effet d'augmenter la température
important changement dans la puissance d'un fe u, en permettant l'entrée de ces gaz. De plus, ceux qui sont combustibles pourront alimenter le feu
de débits d'air importants capables de conduire à des débits calorifiques s'ils sont mal protégés.
élevés. Le rayonnement, comme les écoulements chauds, (éventuellement
e ncore réactifs), sortant d'une ouverture d'un bâtiment, sont des causes
possibles d'extension du fe u à un étage supérieur ou à un immeuble en
vis-à-vis.

97
Tl= DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour /'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

la profondeur de la croûte charbonneuse d'un élément en bois


1 .. 6 .. 3 Durée et décHn du feu informent sur la durée de sa combustion;
la dégradation ou la fusion de certains matériaux implique que la
La durée du feu dépend évidemment de la quantité des combustible température atteinte a dépassé une valeur limite caractéristique du
présents exposés au feu, mais aussi, et fortement, de la nature et d matériau. Ainsi, un verre courant fond vers 1000 °C, un alliage
dimensions du premier foyer et de la répartition des combustibles, comm d'aluminium fond vers 650 °C, un plastique fusible fond, par
des contraintes imposées par le bâtiment (parois et ouvertures). exemple, vers 250 °C;
La consommation en combustible des foyers les plus actifs rédu' 0 plus généralement, des changements de phase ou d'état cristallin
progressivement le débit de chaleur : la phase finale est l'extinctio renseignent sur les températures atteintes;
spontanée.
0 un élément structurel en acier courant se déforme ou s'effondre à des
Nous avons vu que la vitesse de consommation des combustibles dépen températures allant de 300 à 600 °C (selon l'élément, sa nature, s a
des flux de chaleur reçus par les surfaces exposées ; si ces fi charge ...);
augmentent, la vitesse de consommation augmente. Ceci introduit
couplage dont le fonctionnement peut être rompu : l'extinction provoqué l'éclatement superficiel d'un béton implique l'atteinte de certaines
des flammes est un exemple évident d'arrêt de ce couplage. valeurs de la température, dépendant du type de béton, et liée à la
profondeur éclatée;
Nous avons vu que dans certaines conditions, le débit calorifique dans u ·
local peut être contrôlé par le débit d'air entrant par ses ouvertures, lui □ certaines corrosions sur des métaux, ou la présence de certains gaz
même limité par les dimensions de celles-ci. adsorbés, informent de la formation de produits de combustion
particuliers qui ne peuvent être issus que de certains matériaux (par
La durée du feu dépendant de l'importance des flux de chaleur reçus p exemple, un dépôt de HCl ne pourra venir que d'un matériau
les objets est liée à la température des gaz chauds qui rayonnent de contenant du chlore) ;
chaleur, cette dernière étant elle-même liée au débit calorifique régi par le
ouvertures (interaction entre débit d'air entrant, débit de chaleur libérée □ enfin, l'organisation spatiale de ruines, de tas de fragments, ou de
vitesse de consommation des combustibles sous leur forme condensée). traces peut aider l'expert à reconstituer l'histoire de l'évolution d'un
incendie.
L'activité de combustion peut perdurer sur des foyers lents sans flammes
vives, tels des braises, ou en combustion lente d'éléments organiques L'explication des étapes et des conséquences d'un incendie passe par une
enfermés dans des cavités mal ventilées. analyse qui s'appuie sur des connaissances expertes, la logique, et,
rarement aujourd'hui mais sans doute de plus en plus fréquemment dans
La lutte contre le feu a évidemment pour but d'accélérer le déclin du feu au le futur, par l'utilisation de simulations numériques.
moyen de l'arrosage, de l'isolement de combustibles ...
• Nous donnerons maintenant quelques éléments qui permettent
d'expliquer l'importance de certains des sinistres cités dans ce chapitre.
1 .. 6 ..4 Lilanalyse a posteriori des sinistres □ La présence dans un local de combustibles s'allumant aisément, en
quantité notable, capables de conduire très vite à un fort débit
calorifique. Ce fut le cas pour l'incendie du dancing "le Cinq-Sept", où
o Hormis les marques évidentes telles que la présence d'éléments de le feu a démarré dans une pièce contenant beaucoup de résines de
structure et d'objets ruinés, calcinés ou déformés, des traces moins faible densité non protégées.
frappantes peuvent être observées et exploitées pour expliquer l'origine
et l'histoire du feu. Nous donnerons quelques exemples : □ Le non-compartimentage horizontal ou vertical est évidemment un
facteur favorable au transport à distance des fumées chaudes
c:1 l'observation de surfaces salies, sombres, en partie haute des murs (incendie de l'hôtel MGM de Las Vegas, par exemple). Des passages
d'un local donne une idée de l'épaisseur atteinte par la couche de gaz aérauliques, tels les cages d'escalier non recoupées ou les colonnes
chauds; de ventilation, permettent un écoulement de gaz chauds sur une
□ la présence de liquides combustibles, décelables· en très faible grande hauteur (incendie de l'hôtel Dupont-Plaza à Porto Rico,
quantité (par chromatographie ou spectrométrie de masse), peut être incendie d'Orly, incendie du World Trade Center).
liée à un allumage malveillant ;

98 �CSTB 99
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /Tl: DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 Présentation générale des feux de bâtiment
Physique du feu pour lïngénieur

□ La transition brutale d'un feu apparemment peu menaçant vers un


incendie intense débitant un flux élevé de gaz chauds dans une salle
(cas de l'incendie de la station de métro King's Cross, causé par un
feu dans un escalier mécanique dont la puissance a crû de façon
inattendue).
a Un flux de chaleur intense transporté depuis un conduit vers un
local (cas de l'incendie de King's Cross).
o Une configuration géométrique favorable aux échanges de chaleur
par rayonnement thermique, et ce sur des combustibles non protégés
(extension de l'incendie entre immeubles pour le sinistre du Chiado).
□ Incendie (éventuellement intentionnel malveillant) causé par un Les expériences en vraie grandeur
apport brutal de chaleur (par exemple, suite à une explosion
malveillante : l'incendie du World Trade Center).
e entrée courante quand on pense au feu de bâtiment est de porter
□ Un rayonnement thermique très intense capable d'allumer tention sur les matériaux qu'on souhaite juger sur des caractéristiques
rapidement les combustibles solides exposés, et ainsi d'augmenter type : plus ou moins faciles à allumer, brûlant plus ou moins vite,
encore, et vite, le débit calorifique, (Centre de loisirs de l'île de Man geant peu ou beaucoup de fumées et de gaz toxiques. Les méthodes
discothèque Dublin, station de métro de King's Cross). · sais de réaction au feu visent à évaluer de telle caractéristiques. En
□ Structure ne résistant pas aux sollicitations thermiques du feu , le bâtiment influe beaucoup sur le déroulement du feu ; ceci remet en
stion, au moins partiellement, des constats issus d'expériences
(exemple de l'incendie du CES Pailleron).
nduites en milieu "infini", ou dans une enceinte d'essai, sur un objet ou
Ces conditions ou événements, dont parfois plusieurs sont associés dans le échantillon de matériau. Il est de plus impossible de déduire les
�ê�e incendie, n'expliquent pas toujours à eux seuls la gravité des <litions auxquelles, dans un feu, sont soumis objets et personnes, à
s1:11st:r:es : le m1:uv8!s fonctionnem nt (ou l'a sence) de systèmes de tir de la seule connaissance des résultats de mesures sur un élément
� ?
de�ect10n ou d ,extmction, 1 appel tardif
1
des pompiers, un démarrage d'une placé dans les conditions d'un essai. Nous donnerons deux exemples
puissance exceptionnelle (éventuellement lié au terrorisme ou à des actes
de guerre), des erreurs de jugement, des moyens d'évacuation insuffisants On cherche à évaluer la température des gaz chauds d'un feu dans un
ou rendus impraticables, etc. , contribuent à l'occurrence de situations local donné à partir d'une mesure de débit calorifique effectuée sur une
extrêmement dommageables. petite éprouvette d'un matériau. Supposons qu'on mesure le débit
calorifique d' l m2 de matériau lors d'un essai et qu'on pose que le débit
calorifique de x m2 du même matériau dans un feu de local soit
proportionnel à celui mesuré dans le petit essai (ce qui est faux en
général, mais admis ici dans l'argumentation). Le champ de température
(variable d'état) des gaz chauds dépend de l'histoire de bilans où
intervient le débit de chaleur, mais aussi d'autres termes de flux, dont
certains dépendent fortement du local. On ne peut donc pas estimer de
manière fiable la température des gaz chauds des seuls résultats du

Supposons que dans une petite enceinte on ait fait la mesure de la


quantité de fumée dégagée en fonction du temps par un foyer ; dans un
..feu réel, la production comme le transport et la dilution de la fumée
· · dépendent des caractéristiques aérauliques et des champs de pression
dans le local et dans tout le bâtiment (eux-mêmes liés au champ de
température dans les gaz et aux échanges d'énergie) : l'exploitation de la
mesure de la quantité de fumée dans un petit essai pour prédire les
caractéristiques de l'enfumage dans une situation réelle est très
incertaine.

101
TRAIT!:. DE PHYSIQUE DU BATIMENT É DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
sique du feu pour l'ingénieur

L'étude de feux en grandeur réelle (celle du bâtiment étudié), où l'on : on peut faire
on cherche à étudier l'enfumage d'un bâtiment donné
reproduirait dans le détail un vaste ensemble de situations possibles est
ippel à des logiciels de calcul qui simule nt le mouve ment des fumées
évidemment trop coûteuse pour être abordée systématiquement. La t par contre
d.ans un bâtiment. Un essai de vraie grandeur perme
définition des quelques grands feux qui ont été expérimentés est passée menta lemen t l'enfum age d'un vrai bâtim ent lors ?'un
'approcher expéri
par une analyse des objectifs ayant mené à des restrictions quant au r un outil de
nombre de ces feux et quant à la complexité du système étudié, résultant feu réel, essai qui peut de plus servir à fonder ou évalue es que
réalist
du fait qu'on visait à étudier avec des moyens limités un aspect des calcul. On doit naturellement tenter de rendre aussi s'avère
ce qui
nombreux phénomènes impliqués dans un feu du monde réel, par exemple possible les conditions d'enfumage dans tout �'imme1:ble, . x, aux
urs mveau
l'enfumage, ou bien la ruine des structures. Un essai en grandeur réelle, très lourd dès qu'on pense à plusieurs volumes, plusie
''vraie", porte en fait couramment sur l'examen des manifestations fenêtres..., en communication.
modèle : plus
physiques et/ ou de leurs conséquences sous l'angle de la sécurité, d'une si la définition d'une taille acceptable passe-t-elle par un
partie seulement des manifestations de l'ensemble d'interactions qu'est le m'oins clairement exprim é, plus ou moins quanti tatif, et plus ou moins
feu de bâtiment. uvé. Idéalem ent, ce modèl e serait clair, validé et accept é par une
énergé tiques , ou
mmunauté. Pour certains des aspects : thermiques,
L'essai en vraie grandeur désigne ainsi une expérience dans laquelle
'pendant de la mécanique de fl':1-ides, par e�emJ?le, il existe a:,1jour ?'hui
l'instrumentation est souvent limitée, et destinée à mettre en évidence des des pheno menes ,
points importants pour acquérir des connaissances nouvelles, ou pour s représentations mathématiques approchees rons
lles nous donne
1isables pour certaines situations de feu, sur lesque
évaluer directement les dangers dans une situation jugée réaliste, ou pour
s loin des détails.
éprouver des constats issus de connaissances tirées d'essais de petite
e p t te
échelle ou de calculs. Le premier foyer et les foyers potentiels secondaires peut mettre en parallèle l'essai de vraie grandeur et �•essai � - � �
l1ses,
doivent être représentatifs du problème concret de sécurité. Les e, destiné à une pratique fréquente dans des laborat01res spec1a
perme ttant
dimensions des objets combustibles, celles du local, la ventilation de ce i a pour but de recueillir assez rapidement des informations
mance s (dans
dernier doivent alors reproduire de façon réaliste une configuration réelle. aluation de caractéristiques utiles ou la mesure de perfor
de
La vraie grandeur peut être limitée à une pièce et un couloir, par exemple, tests normalisés ou non) et éventuellement un classement
mènes prépon dérant s
mais pourrait concerner un théâtre, ou une voiture d'un train . . . Les ériaux. La prise en compte scientifique des phéno
de petite taille parce que,
dimensions à imposer dans l'essai de vraie grandeur peuvent ainsi être nduit à critiquer la représentativité d'un essai
de
celles de tout un bâtiment par exemple, ou, plus souvent, celles qu'on exemple, la quantité de matériau, l'orientation, le mode de pose
des sollicit ations et les condit ions
pense suffisantes pour représenter les conditions courantes d'utilisation 1
êprouvette ou la nature et l'amplitude
analyse,
d'un produit dans le monde réel (on peut par exemple évaluer l'effet isolant aux limites sont considérés, au vu des résultats ou suite à une
nombr eux feux possib les dans le monde
d'un matériau de protection thermique sur une poutre avec une éprouvette comme non représentatifs des
is mieux fondés scient ifiquem ent et plus
de lm de long et parler alors de "semi-grandeur"). Ainsi, on ne peut pas réel. La définition d'essa
t de coût accept able, est une tâche difficil e.
séparer le choix de la " grandeur" associée à l'essai (des m, m2 , des m3), de eprésentatifs, tout en restan
celui des sollicitations, et, plus généralement, des conditions aux limites à et les
ne autre comparaison s'impose entre les essais en grandeur
fixer, en vue de répondre à une question particulière. tillons ou foyers modes tes, où
expériences de laboratoire sur petits échan
à l'aide de moyen s qui peuven t être
l'on sait bien ce qu'on veut mesurer
qui ont
très fins, où l'on maitrise bien les conditions expérimentales, et
Donnons deux exemples issanc e de propri étés ou d'évalu er et
pour but d'enrichir la conna
ou un modèle . Ces activit és expérim entales plus
0 On veut étudier une situation de danger donnée, liée seulement à des d'améliorer une théorie
uent à alimen ter sous certain s aspect s les modèle s
échanges de chaleur. On cherche à protéger une conduite de liquide ou fondamentales contrib
é toutes
de gaz de l'échauffement venant d'une flamme potentielle, en entourapt · globaux de feu de bâtiment, mais sont loin d'avoir encore apport
eux
la conduite d'un matériau isolant. La mise à l'épreuve d'un matériau et les connaissances de base utiles à la représentation des nombr
ion des suies et
d'une épaisseur donnée de celui-ci passe par un essai où la sollicitation hénomènes impliqués par le feu (par exemple : la format
la pyroly se et de la
thermique est voulue réaliste quant à l'évolution temporelle de es gouttelettes, la combustion turbulente, la chimie de
res comple xes, sans
l'amplitude, sur une longueur acceptable d'éprouvette. Il ne sera pas combustion, le comportement à chaud de structu
nécessaire d'utiliser une éprouvette de 10 m de long si, sur lm, on parler de la toxicité).
parvient à reproduire des conditions réalistes pour ce qui concerne les
sollicitations thermiques.

102 =csrs
/TÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT 1 - Présentation générale des feux de bâtiment
• Phy sique du feu pour l'ingénieur
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

Grandeurs mesurées
1 .. 7 .. 2 Études expérimentales sur maquettes
dans les expériences de feux de locaux
La maquettisation de l'ensemble des phénomènes du feu de bâtiment se
heurte à une difficulté de taille : pour conserver sur la maquette le même de bâtiment
poids relatif de ces phénomènes qu'à l'échelle 1, et donc pour qu'on soit
capable d'extrapoler à l'échelle 1 des constats effectués sur une petite
maquette, il faudrait garder constants une dizaine de nombres de esse de consommation du combustible
similitude (présentés plus loin). Par exemple, pour conserver constant le
seul nombre de Grashof (introduit dans la suite du livre), il fauçlrait ainsi
· n peut peser un combustible solide en train de brûler par une balance
maintenir constant le produit p2-T:3 (p : pression, l : dimension
ctronique avec une excellente précision si le combustible n'a pas une
caractéristique), ce qui est particulièrement contraignant dans la mesure sse très faible devant celle de son support incombustible, et si l'objet en
où à petite échelle il faut une pression atmosphérique supérieure à la mbustion reste en place sur la plate-forme ! Ainsi, on peut enregistrer
normale. volution temporelle du poids d'un fauteuil en feu mais non celle d'un
êtement collé sur un mur.
1 .. 7 .. 3 Scénario d1incendie et simulations ur un liquide dans un bac, on peut enregistrer l'évolution du débit à
porter pour maintenir le niveau constant et connaître ainsi le débit
Avant de réaliser une expérience en vraie grandeur, ou bien avant de nsommé en fonction du temps.
lancer l'exécution d'un programme sur ordinateur de développement du ur un brûleur à gaz simulant un foyer réel, on mesure directement le
feu, on décrit le lieu de l'action : quel volume ou quels volumes sont it volumique apporté à l'aide d'un débitmètre.
supposés impliqués (on se donne donc les dimensions de ces volumes, les
propriétés des parois, des ouvertures, de la ventilation mécanique tte mesure fournit une donnée d'entrée pour les calculs effectués à l'aide
éventuelle...), on définit le premier foyer (le premier acteur), et on donne s modèles exposés plus loin : celle de la vitesse de production de gaz
des caractéristiques à des acteurs potentiels qui entreront en scène bustible dans un local, à partir de laquelle on peut calculer le débit
lorsqu'ils répondront aux sollicitations qui leur seront faites : objets et orifique et les grandeurs physiques qui en découlent.
produits combustibles mobiliers ou immobiliers fixés au bâtiment. Le rôle
de ces acteurs dépendra de leurs caractéristiques et des conditions
auxquelles ils se trouveront soumis et n'est donc pas aisément prévisible.
Fixer le scénario nécessite ainsi de définir des conditions initiales et aux a meilleure façon d'évaluer le débit de chaleur libéré dans un volume V
limites pour un ensemble de phénomènes qui s'enchaineront et qu'on a t de mesurer la différence de concentration en oxygène entre l'entrée et la
retenu d'observer ou de caractériser par des grandeurs physiques. rtie du volume. Cette mesure, jointe à celle du débit volumique sortant et
L'ensemble de ces choix, et la définition des grandeurs â mesurer ou à compagnée de la détermination de la composition chimique des effluents
calculer (ce qu'on a l'intention d'observer dans la simulation) posent les CO2 et CO permet d'évaluer le débit calorifique avec une incertitude de
données du scénario. L'objectif direct de la simulation expérimentale ou oins de 10 % pour les matériaux courants qui sont constitués
numérique déroulant du scénario choisi est l'examen des signes du incipalement des éléments C, H, 0, N.
développement du feu (observation d'événements marquants : allumages,
percements, effondrements..., et mesure ou calcul de l'évolution de
grandeurs physiques) et le constat de conséquences dangereuses ux de chaleur incidents sur des objets
(conditions pour des personnes présentes, ruines de structures...).
es radiomètres permettent d'évaluer l'éclairement énergétique reçu à
Après la simulation, le déroulement du scénario sera connu, et on parlera ndroit où on les place. Le radiomètre "voit" en général une partie
alors de l'histoire du feu qui aura été simulé. portante du demi-espace vers lequel il est tourné. Des fluxmètres
taux" permettent la mesure de densités de flux à la fois radiatifs et
Dans la pratique, la définition d'un scénario peut-être limitée à la
nvectifs. La séparation des deux termes n'est pas immédiate. Des
description d'un flux radiatif sur une éprouvette, que l'on va extrapoler à
un feu de bâtiment impliquant plusieurs foyers dans plusieurs pièces. Si incertitudes de l'ordre de± 10 % sont à envisager, dans les cas favorables.
l'occurrence des événements est difficile à prédire avant la simulation, le
spécialiste habitué peut deviner correctement quelle histoire aura lieu
parmi plusieurs possibles.
105
104 .::.:.:csrs
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Température uteur libre sous fumées dans un local


Dans des solides exposés au feu (paroi, porte, poutre, poteau, matériau · stence d'une frontière nette et plane entre une couche d'air frais et
combustible cible). Si le matériau ne présente pas de cavité ou une porosité
e couche de gaz chaud n'est qu'une hypothèse, très féconde pour le
gênant le contact, la mesure par thermocouple peut être précise (à 'veloppement des modèles globaux dits de zones (qui_ s�nt présentés plus
quelques degrés près). in). Dans la réalité, on observe souvent des variations fortes de la
Dans le milieu gazeux : cette mesure est la plus courante. Les erreurs de mpérature ou de l'opacité sur une hauteur de, par �xemp�e, 20 _cm, alors
mesure peuvent être importantes : le thermocouple échange de la chaleur e l'hypothèse de la frontière impliquerait des évolutions discontinues.
par rayonnement avec tout son environnement; sa réponse n'est pas mesure de la hauteur libre sous la couche supérieure de gaz chaud
instantanée (la masse du capteur crée une inertie ; de plus, l'équilibre ose sur l'estimation d'une hauteur moyenne, soit celle de la région où la
thermique avec le gaz qui l'entoure est d'autant plus vite atteint que le gaz pérature mesurée sur une chaîne verticale de thermocouples vari�
est en mouvement rapide). Sans précautions particulières, l'erreur de ement, soit celle où c'est l'opacité qui passe de "forte" (zone haute) a
mesure peut atteindre quelques dizaines de degrés aux températures de e (zone basse). Dans ce dernier cas on exploite l'observation visuelle ou
l'ordre de quelques centaines de °C. e mesure de l'opacité en fonction de la hauteur.

Composition chimique du milieu gazeux

On peut utiliser des cannes de prélèvement dont l'orifice d'accès est placé r un trajet donné entre une source et un récepteur, on mesure
en partie haute d'un local ou dans le plan de sortie des effluents et qui tténuation d'un signal lumineux émis à une longueur d'onde donnée._ On
sont reliées à des analyseurs dont les plus courants fournissent la · ise par exemple des longueurs d'onde dans le jaune pour les quest1ons
concentration en 02 (paramagnétisme de 02), en CO2 et CO (spectroscopie _
de visibilité, ou dans l'infrarouge pour évaluer les transferts thermiques
infrarouge pour ces derniers). D'autres analyseurs peuvent donner la diatifs. La valeur des grandeurs caractérisant l'atténuation dans le
concentration en oxydes d'azote, hydrocarbures, ou autres espèces peu maine visible, ou l'atténuation dans le domaine infrarouge, sont
abondantes mais toxiques à faible concentration. ttement différentes.

Pression esures globales dans un collecteur des effluents


Dans le cas de feux de locaux non hermétiquement clos, la pression est, est aujourd'hui assez répandu de collecter les effluents gazeux à leur
relativement, très proche de la pression atmosphérique normale : les écarts rtie d'un local par une hotte surmontée d'un conduit vertical dans le�:,1eI
relatifs sont de l'ordre de 10-4 pour des différences de l'ordre de 10 Pa. Il n peut mesurer : températ1._:1re, vites�e, �éb�t, ?�acité e; . com1?osit10n
est difficile d'atteindre une précision meilleure que quelques dixièmes de Pa himique en espèces préponderantes. L entree mdesirable d air frrus dans
avec le matériel courant. Divers manomètres sont utilisés dont les hotte constitue un phénomène parasite (la température de l'écoulement
classiques manomètres à colonne de liquide. st abaissée par le mélange entre effluents et air frais) qu'il faut limiter ou
i conduit à effectuer des corrections.
Vitesse et débit des écoulements
mportement mécanique des solides non combustibles chauffés
Divers équipements permettent la mesure de vitesse : anémomètre à fil
chaud ou, pour des mesures fines, anémomètres laser. Le débit volumique peut mesurer des déplacements, dilatations, et des contraintes, à l'aide
en un endroit donné peut être mesuré par un tube de Pitot. Si l'on mesure capteurs.
généralement la vitesse dans une seule direction, il est possible d'aborder
celle de ses trois composantes, sur un petit volume, à l'aide d'instruments
évolués utilisant les lasers. L'étude expérimentale de la turbulence, conclusion
phénomène important, passe par des mesures fines de vitesse et de
température. Pour diverses raisons, les mesures offertes par du matériel courant sont
donc assez peu précises. On ne peut pas non plus_ surcharger _le local
'essai ou ses ouvertures de trop de capteurs qm perturberruent les
hénomènes.
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

Des expériences finement instrumentées permettent par contre d'accéder depuis longtemps. Les dimensions et la position des ouvertures
avec précision à certaines des grandeurs physiques présentées ici, mais verticales donnant sur l'extérieur ou internes au bâtiment)
sur un domaine de l'espace de taille limitée. interviennent pour fixer des limites au débit d'air entrant, et donc au
débit de chaleur : ce constat est apparu clairement et a été formalisé
Pour la plupart des expériences en grandeur réalisées pour l'évaluation de lors d'expériences conduites entre 1950 et 1960. Le bris de vitrage ou le
modèles, on mesure principalement et souvent uniquement: percement d'une cloison, observés, ont permis de mettre en évidence
• la température en plusieurs points du milieu gazeux et à la sortie des l'influence de changements de "l'état d'ouverture" d'un local sur le débit
effluents, de chaleur.
• la hauteur libre sous fumée dans le local, • Pour un feu important dans un local ouvert exclusivement par des
portes ou fenêtres, on a constaté la formation d'écoulements à contre­
Git la vitesse de perte de masse, égale pour les polymères solides à la courant : un flux d'air entre en partie basse de l'ouverture, un flux de
vitesse massique de pyrolyse. gaz chauds sort en partie haute. Un peu au-dessous de la mi-hauteur
Le calcul du débit calorifique à partir de la mesure de la consommation de entre allège et linteau, on observe une ligne, ou une bande, où la
0 2 se généralise. pression dans le local égale la pression hors du local, et où donc le débit
est nul : la ligne neutre ou la hauteur, ou zone, neutre. Ce constat est à
En sus des mesures effectuées, l'observation de l'instant où des la base des premières évaluations des champs de pression moteurs des
événements se produisent, tels une inflammation, un embrasement écoulement par l'ouverture, à l'aide de la loi de variation de la pression
généralisé, un percement, une ruine ..., est une source de connaissances avec la hauteur de la statique des gaz, et de la loi de Bernoulli {exposées
empiriques non négligeable. plus loin).
s champs de pression dans le bâtiment, dont dépendent les débits de gaz
i y circulent (air et gaz dus au feu), ont une forte influence tant sur la
itation du débit de chaleur que sur le mouvement des fumées. A présent
rôle du bâtiment et de ses ouvertures sur les mouvements et débits de
az est pleinement constaté. Toutefois, les résultats expérimentaux n'ont
1 .. 7 .. 5 Synthèse de connaissances tirées u être explicités, en termes d'équations approchées qu'on ne peut
d'expériences en grandeur résoudre que depuis peut-être vingt-cinq ans.
• Les expériences ont permis de montrer que, par exemple, l'aptitude d'un
foyer à produire de la fumée dépend de la nature des matériaux
Plusieurs centres de recherche portant leur activité sur les feux de
combustibles, mais aussi des conditions de l'arrivée d'air au foyer, de la
bâtiment ont réalisé depuis des dizaines d'années plusieurs campagnes
durée de séjour des écoulements réactifs, hors du local en feu, de la
d'essais ou d'expériences en grandeur dont il serait évidemment trop long
dilution et du refroidissement des veines gazeuses : il n'existe pas de
de faire l'exposé des conclusions détaillées. Nous nous contenterons de
règles simples pour évaluer un pouvoir fumigène réaliste.
donner 1c1 des éléments de connaissance importants pour la
compréhension des phénomènes. L'existence d'une couche chaude plus ou moins bien stratifiée en partie
• L'influence de la masse de combustible présent sur le niveau des haute d'un local où le feu n'est ni minime, ni énorme, a été constatée a
partir des années cinquante, et étudiée expérimentalement lors
températures atteintes dans gaz et solides et sur la durée du feu a pu
d'expériences qui se poursuivent encore. Cette observation est à la base
être appréciée sur les premiers essais systématiques (vers 1935) visant à
de l'hypothèse des "modèles de zones" qui admettent que cette couche a,
évaluer la stabilité des structures. Il est rapidement apparu par la suite
dans un local, des caractéristiques uniformes (mais non constantes).
que la donnée de la "charge combustible" est très insuffisante pour
évaluer la "dangerosité" d'un feu car la vitesse d'évolution du feu dépend ous avons vu que cette couche de gaz chaud est source de rayonnement
de la répartition des combustibles, et elle est liée à des termes de flux thermique sur des foyers actifs ou potentiels, ce qui peut augmenter le
(chaleur, matière) et de température, et au champ de pression associé à débit de gaz combustible et, donc le débit calorifique ; une condition est
ces termes. que la température et/ ou l'émissivité de la couche soient élevées. La
rétention d'une partie des gaz chauds sous plafond à cause des murs et
• Le rôle de la "ventilation,; du feu : par différence à la situation de feu en
des linteaux peut donc rendre la combustion plus active dans un local
milieu infini, un local fermé peut ne fournir que très peu d'oxygène à qu'en plein air. Ceci a été observé dans quelques expériences. L'effet est
une flamme; le fait qu'un feu "s'étouffe" dans un local clos est connu
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 Présentation générale des feux de bâtiment

évidemment d'autant plus marqué que le rayonnement peut atteindre les Si la proximité d'un mur limite fortement l'arrivée d'air à une flamme
surfaces en pyrolyse ou vaporisation sans être trop atténué, et dépend de verticale, par rapport à son fonctionnement dans un milieu libre, la
la sensibilité du combustible solide ou liquide à produire des gaz flamme s'allonge en offrant ainsi plus de hauteur à l'entraînement d'air.
combustibles sous l'action d'un éclairement énergétique supplémentaire. L'influence de facteurs perturbant une flamme, déjà évoquée, est
manifeste, difficile à représenter, et stimule des études fondamentales
0 A partir des expériences britanniques exécutées à la "Fire Research où la turbulence est un des phénomènes à mieux décrire.
Station" dans les années soixante, on a pu, à l'aide de bilans
stationnaires simples sur la masse et la chaleur, définir des règles Les expériences ayant porté sur des produits de la construction mettent
simples de dimensionnement des exutoires de désenfumage naturel. Ces en évidence le rôle du mode de pose (sur isolant, sur tasseaux, sur
règles sont appliquées dans la réglementation française concernant le support dense... ), et l'importance de modifications de leur organisation
désenfumage des établissements recevant du public. Les lois (désassemblage, décollages, percements... }, qui sont difficiles à
approximatives utilisées ont ainsi été établies en posant que le débit modéliser.
d'air entrant était égal au débit d'air entraîné par un foyer (exprimé par
une relation empirique), lui-même égal au débit massique de gaz sortant
par l'exutoire en plafond.
• De nombreuses expériences de laboratoire ont porté sur des matériaux
homogènes aux propriétés connues, tels le polyméthacrylaye de
méthyle, (abréviation anglo-saxonne : PMMA}. D'autres expériences, à
plus grande échelle, utilisent des bûchers de bois ou des brûleurs à gaz.
Une partie seulement des expériences ou essais réalisés ont porté sur
des objets ou produits courants de la construction : à cause de leur
grande variété, la connaissance empirique des nombreux foyers
courants est encore limitée.
• Les expériences réalistes ont porté sur des "bâtiments" de taille le plus
souvent limitée : un danger est de généraliser à d'autres situations de
feu des conclusions tirées sur des conditions ou les paramètres de taille
(locaux, ouvertures) ont peu varié. Certaines formules de corrélations
ont ainsi une portée très restreinte.
• Un autre aspect de l'interaction entre feu et bâtiment concerne les
échanges thermiques entre gaz chauds et bâtiment. Les premiers essais
systématiques avaient pour objectif d'examiner les conséquences de
l'échauffement des structures sur le risque de ruine partielle ou ··
étendue. Les expériences de grande échelle sont néanmoins assez rares,
et si les conclusions d'essais sur des constructions en béton, de taille
limitée, ont fourni des connaissances, en général rassurantes, sur la
stabilité de tels bâtiments, les expériences qui ont suivi ont surtout
porté sur des éléments de structure éventuellement protégées, qui ne
mettent pas en lumière, pour la plupart d'entre elles, les phénomènes
tridimensionnels de déformation ou de conséquences de pertes de ,
propriétés mécanique dans des assemblages complexes qui peuvent
montrer des effets à distance échappant à l'intuition. Le développement
récent de logiciels assez lourds s'avère moins coûteux que de telles
expériences, néanmoins nécessaires.

110 =csrs 111


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT RA/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

) Exemples de produits combustibles liés au bâtiment:


1 .. 8 Les matériaux concernés t Le bois et dérivés se rencontrent dans la construction, le cloisonnement,
les éléments utilisés en décor. Les polymères de synthèse utilisés sont
par le feu de bâtiment aujourd'hui nombreux (cf. par exemple les références [6] (Grapin, 1979),
[5] (Fleury, 1992)):
Thermoplastiques : Polychlorure de vinyle (PVC) en bardage, profilés de
fenêtres, revêtements de sol, tuyaux ; Polystyrene expansé (PSE) en
isolation thermique ; Polyéthylène (tubes, profilés, films de protection) ;
1 .. 8 .. 1 Les combustibles Polyméthacrylate de méthyle (PMMA) et Polycarbonates (PC),
transparents en vitrages ou lanterneaux.
Les paragraphes précédents, et les chapitres qui vont suivre, montrent que • Polymères thermodurcis: Polyesters, Polyuréthannes (PU, duromères ou
le comportement au feu d'un objet susceptible de libérer des gaz mousses)..., en isolation, profilés et en décor.
combustibles dépend de plusieurs propriétés et caractéristiques de l'objet
et de sa mise en oeuvre, telles que la nature des matériaux constitutifs, Certains de ces polymères sont utilisés en façade de bâtiment (silicones
l'étendue et l'orientation de la surface exposée, l'épaisseur, la forme, pour profilés, polyesters en habillage, profilés PVC en bardage, mortiers de
l'orientation, le mode de pose, l'emplacement, la présence de produits de résines polyester, acrylique, PU, époxy, pour bardage et vêtures, plaques à
protection..., et dépend également des conditions de sollicitation comme base de cellulose et de résines de synthèse...) ou en toiture (par exemple
par exemple l'amplitude du flux thermique qui le sollicite, ou la valeur du PVC plastifié sur ossature polyester. On trouve d'autres polymères utilisés
flux d'air qui peut apporter de l'oxygène. en collage, en calfeutrement, en liaison entre ouvrages, en tant qu'isolants
porteurs dans des éléments sandwiches, en quincaillerie...
La nature des matériaux se manifeste par exemple au niveau de la facilité
de l'inflammation, de la vitesse de consommation, de la chaleur massique Les silicones peuvent servir â réaliser des matériaux peu combustibles, par
de combustion, de la nature chimique des produits gazeux combustibles. exemple des polyorganosiloxanes métalliques qui résistent à des
températures de plus de 1000 °C.
Nous allons donner quelques précisions sur les types de matériaux
combustibles présents dans les bâtiments courants, en insistant sur ceux Nous conclurons ce paragraphe par quatre remarques:
qu'on trouve dans les bâtiments d'habitation et les établissements recevant
• Il est manifeste que la plupart des combustibles du feu accidentel de
du public.
bâtiment sont en général différents de ceux utilisés dans les
a) Les combustibles du contenu du bâtiment les meubles combustions voulues et contrôlées : dérivés du pétrole (liquides ou gaz),
(éventuellement rembourrés), les lits, les vêtements, les livres, les parties ou gaz naturels (contenant surtout du méthane), charbons, alcools...
combustibles des appareils domestiques, les tapis, rideaux..., sont
• Les produits concernés par le feu de bâtiments courants, mobiliers ou
essentiellement constitués par des polymères naturels (bois et dérivés,
liés au bâtiment, sont le plus souvent très loin d'être constitués de
coton...), ou synthétiques de divers types. Quelques combustibles liquides:
matériaux uniques ou homogènes : un produit, un "objet" fait de plus
solvants, huiles, par exemple, présents en quantité faible dans ces
appel à une association de plusieurs matériaux qui sont eux-mêmes
bâtiments, peuvent cependant jouer un rôle dans le démarrage du feu.
souvent des résultats d'associations (matériaux composites, résines qui
Dans les magasins, on peut évidemment trouver des combustibles divers,
sont des mélanges de polymères, colles entre matériaux,...). La
dépendant de l'activité exercée, par exemple des matériaux peu denses
connaissance des caractéristiques physiques ou thermochimiques du
sous forme de matelas, jouets en peluche, vêtements, des liquides comme
produit ne peut pas être déduite simplement de celle des propriétés de
peintures et solvants, des quantités importantes de papier...
constituants de base, eux-mêmes très divers. L'utilisation de logiciels de
Dans l'industrie, la variété des combustibles présents est très grande, simulation du feu de bâtiment, présentée plus loin, doit donc faire appel
fonction de l'activité poursuivie, et la quantité de combustible peut y être à des connaissances empiriques du comportement des produits
très importante. En particulier dans l'industrie chimique, on rencontre de courants, à recueillir d'expériences réalistes.
nombreux liquides, gaz et solides dont les dangers potentiels sont associés
au feu, aux explosions, et aux rejets et â la dispersion dans l'eau et la terre • Les matériaux et produits du bâtiment vont encore beaucoup
évoluer: nouveaux polymères ou nouvelles utilisations de polymères,
comme dans l'air.
nouveaux types de vitrage (non combustibles mais dont le maintien ou
le bris en cas de feu peut jouer un rôle décisif sur les débits gazeux),

112 =csrs 113


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

nouveaux matériaux minéraux (bétons, céramiques... ) jouant un rôle


dans la stabilité des structures, développement de sandwiches à paroi Les matériaux de protection des
métallique et âme en polymère, recherche de polymères minéraux... De 11
telles évolutions auront un impact sur l'approche de la sécurité incendie
éléments de structure ou d équipement
du futur.
0 L'idée, assez répandue, que les "plastiques" sont plus dangereux que le s barrières telles que murs ou portes et les poteaux, poutres, ou autres
bois et ses dérivés, ne correspond pas à une vérité absolue : s'il est érnents de structure doivent conserver leur stabilité en cas de feu : on
exact que certaines espèces chimiques toxiques ne peuvent être se à les dimensionner suffisamment ou à les protéger thermiquement
produites qu'à partir de polymères de synthèse, les conditions d'un feu r atteindre cet objectif. L'appréciation de la stabilité et du degré
donné décident pour beaucoup de ses effets thermiques ou toxiques ; olation thermique d'éléments séparateurs, comme du risque de perte de
ainsi, l'importance du débit d'air alimentant un foyer influe sur la r étanchéité, fait l'objet d'essais normalisés de résistance au feu. Le
production de CO, toxique majeur, et ce quel que soit le matériau mportement des structures en cas de feu commence d'être abordé par
combustible. odélisation et calcul numérique.
protection d'éléments métalliques contre la perte des propriétés
écaniques causée par l'élévation de température consiste en général à les
1 .. 8.2 Les matériaux ignifugés ourer d'un matériau isolant thermique comme par exemple : fibres
minérales projetées, caisson de plâtre (matériau qui contient de l'eau) ou
de laines minérales {isolantes et contenant très peu de matière
On peut dans une certaine mesure rendre plus difficile l'allumage d'un çombustible), peinture intumescente (qui se gonfle à la chaleur et peut être
matériau polymérique, et moins active sa combustion, en y incorporant alement utilisée sur des équipements ou des matériaux combustibles)...
une ou des espèces chimiques particulières, des produits ignifuges. Ces
derniers peuvent être, soit mélangés au matériau, soit introduits dans la
structure moléculaire d'un polymère.
Protection contre raction à distance
Plusieurs modes d'action sont utilisés :
du rayonnement thermique
0 rendre plus difficile l'élévation de température du combustible solide :
l'ajout d'oxydes contenant des molécules d'eau liées conduit à introduire
un puits de chaleur ; une partie de la chaleur absorbée par le matériau s échanges radiatifs, nous l'avons vu, sont un vecteur efficace
sera utilisée par les processus de déshydratation tant que le produit tension du feu. Certains vitrages contiennent entre deux feuilles de
ignifuge est présent. Ce comportement retarde le moment où la e un produit intumescent qui s'opacifie à la chaleur et reste (un certain
température de surface dépasse un seuil critique déclenchant la emps) à température modérée: à ces produits, on peut empêcher ou
pyrolyse active ; retarder un allumage au travers d'un vitrage. Des panneaux solides ou des
tissus particuliers, résistants à la chaleur, peuvent également être utilisé
"' former, sous l'action de la chaleur, une barrière en surface de matériau omme écrans . Des rideaux d'eau, réalisés lors d'un incendie, peuvent
qui freine le départ des gaz combustibles et gène les échanges galement remplir cette fonction d'écran.
thermiques avec le combustible ;
"' perturber les réactions d'oxydation dans la flamme en y introduisant
des réactions chimiques parasites ; les inhibiteurs de flamme sont
souvent des espèces halogénées.
Certains produits ignifuges agissent selon plusieurs modes.
En général, l'action de beaucoup d'ignifuges est nette tant que la
sollicitation thermique n'est ni trop intense ni trop longue. Certains
produits, réduisant l'efficacité de la combustion, conduisent à une
production accrue de fumée.

114 =csrs
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
1 Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 1 - Présentation générale des feux de bâtiment

• Pour désenfumer efficacement .un local ou un couloir, il faut extraire


des m3 • s-1 voire des dizaines de m3 · s- 1, et laisser entrer un débit d'air
équivalent,' soit par désenfumage naturel (amenées et exutoire�), soit
par désenfumage forcé, dit mécanique, (ventilateurs d'extraction et
éventuellement d'amenée).
• Un foyer dangereux dans un bâtiment produit : un débit de chaleur de • Une personne adulte et en bonne santé progresse en marchant dans
100 à 5000 kW, et, dans le panache qui succède à la flamme, un débit une atmosphère normale à une vitesse d'environ 1 m :' s-1 ; la présence
massique de plusieurs centaines de g· s- 1 â plusieurs kg· s- 1 de gaz à d'autres personnes progressant en se gênant, ou celle d'obstacles, réduit
une température moyenne de 600 °C à 1200 ° C. bien sûr cette vitesse.
La densité de flux thermique incident sur une surface combustible
• La température moyenne des gaz chauds en partie haute d'un local en capable de provoquer un allumage varie entre 10 et 60 kW· m -2 Le
feu va de quelques dizaines de ° C à 1000 ° C. délai d'allumage va couramment de quelques secondes à quelques
• La combustion d'un kg de combustible courant nécessite la minutes.
consommation de l'oxygène contenu dans 5 à 20 kg d'air (soit 1,2 à e La densité surfacique de flux de chaleur incident sur une surface peut
4,6 kg de 02 ) et libère de 15 à 50 mégajoules selon la nature du dépasser 10 W · cm-2 (100 kW · m -2 ), voire atteindre localement
combustible. 25 W. cm-2 lors d'un feu intense.
• Le "coût énergétique" de la pyrolyse d'un kg de matériau organique est • Les coefficients d'échange convectifs entre gaz chauds et parois sont
de l'ordre de 1 à 5 mégajoules.
compris entre 5 kW · m -2 • K 1 (valeur en situation normale} et
• La quantité d'oxygène présente dans une petite pièce d'habitation 50 W • m-2 • K-1 .
(30 m3) est de l'ordre de 9 kg et permet de brûler au plus de 2 à 8 de
combustible solide (pour un polymère naturel ou de synthèse courant). • Les différences de pression causant les mouvements de gaz (au travers
d'ouvertures, dans les locaux) vont d'une fraction de pascal à quelques
• La consommation de l'oxygène présent dans un kg d'air (232 g de 0 ) dizaines de pascals.
2
libère environ 3 mégajoules, pour les combustibles courants dans
l'habitation. • La frontière d'une surface en pyrolyse dans un plan vertical se déplace à
une vitesse de quelques mm · s· 1, latéralement, et à une vitesse pouvant
• Le débit massique de gaz combustible libéré par dégradation thermique atteindre quelques dm · vers le haut.
et ramené au m2 de surface, va de quelques g.s-1 à quelques
dizaines de g · s- 1. • Le temps caractéristique d'une réaction chimique globale de combustion
est de l'ordre de la milliseconde.
• Le feu d'un fauteuil rembourré peut emplir de fumée une couche de
1,50 m d'épaisseur sous le plafond d'une pièce de 20 m2 d'aire au sol en • La régression de la surface d'un solide en combustion par
moins d'une minute. consommation du solide se fait à une vitesse de l'ordre du mm· min-1.
• Le flux massique d'air entrant par une porte usuelle (grossièrement, 1 m • Le rayonnement thermique se propage dans les gaz à la vitesse de la
sur 2 m) est pour un gros feu de l'ordre de 1,4 kg· s-1, correspondant à lumière (environ 3 108 m · s-1).
environ 300 g · s- 1 d'oxygène entrant. Il sortira, grossièrement, • La conduction de la chaleur au travers d'une plaque d'isolant demande
1,5 kg · s- 1 de mélange gazeux chaud, plus ou moins toxique et opaque.
des minutes ou des dizaines de minutes avant de chauffer la face non
En 1000 s, il pourra entrer 1400 d'air, dont 325 kg d'oxygène. exposée. Pour un mur de béton (10 cm} chauffé sur une face, il faut
• Dans un local ouvert par une seule porte de lm sur 2 m , le flux attendre environ 30 minutes pour que la température de la face non
d'oxygène entrant permet un débit calorifique maximal d'environ 4 MW. exposée dépasse sensiblement sa valeur initiale de 20 °C.
• Les gaz chauds venant d'un foyer puissant peuvent circuler dans un Dans les grandes villes, les pompiers arrivent généralement en moins de
couloir de 3 m de haut à une vitesse de quelques dm · s-1• Ainsi, un vingt minutes après l'alerte, et souvent beaucoup plus vite.
couloir peut être fortement enfumé en une minute, et tout un étage en
dix minutes.

116 117
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 - Présentation générale des feux de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

Bibliographie
Chapitre
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[4] R. Favre, "L'homme et les catastrophes", France-Sélection, 1992.
[5] G. "Les matières plastiques dans l'enveloppe des bâtiments", CSTB Magazine n °
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Les dangers du feu sur les personnes 2. 1
Juillet 1988.
Les dangers du feu sur les biens 2. 2
[12 K.D. Steckler, "Fire Induced Flows in a Corridor", rapport NISTIR 89-4050, 1989.
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Publications, 1984.
Utilisation de modèles pour la prédiction 2. 4
des dangers du feu
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
2 Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 'RA/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
• Physique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

Ce chapitre vise à présenter les dangers et dégâts du feu, en nature et


gravité, c'est-à-dire en identifiant les phénomènes responsables des 'avant-dernier paragraphe aborde les dangers des feux de bâtiments sur
conséquences redoutées du feu et en présentant ces conséquences. Quand vironnement. La contribution de ces feux aux atteintes thermiques ou
c'est possible, on évaluera de façon quantitative des niveaux d'agression · ques de l'environnement est globalement très faible à l'échelle de la
pour les personnes. On abordera de plus un exposé de la manière dont des ète. Si l'échelle considérée est de plusieurs kilomètres ou plusieurs
modèles peuvent être utilisés à la prévision du niveau de certains dangers. aines de km, un feu industriel peut ceperidant avoir de graves effets car
cendie amène dans l'eau ou dans l'air des produits toxiques produits
Rappelons qu'on ne considère pas dans ce livre consacré au seul feu les le feu ou, le plus souvent, libérés de leur c�ntenant initial par les effets
phénomènes de déflagration ou détonation. du feu.
Les connaissances relatives à la "réponse" des êtres humains sous l'action 'objectif d'application des études scientifiques relatives au feu de bâtiment
des phénomènes du feu ne sont ni très précises, ni très complètes. st de développer de nouveaux moyens de prévention ou de protection,
Plusieurs raisons limitent l'acquisition de ces connaissances ; la première ndés sur des bases scientifiques plus solides, pour in fine assurer aux
est éthique : on ne réalise pas d'expériences mettant la vie humaine en rsonnes une sécurité satisfaisante et réduire les pertes matérielles. Une
danger! Les connaissances tirées de sinistres ou d'accidents sont partielles entation de plus en plus marquée dans ces études est le développement
et éparses ; celles qui viennent d'un "modèle animal" sont, pour des modèles de représentation physique des phénomènes liés au feu,
raisons morales, elles aussi limitées en gravité des agressions, et leurs quels est consacrée la suite du livre. Ces modèles et les logiciels de
conclusions ne sont que partiellement transposables à l'être humain. De cul qui en découlent permettent de réaliser la simulation de l'évolution
plus, le feu peut causer à la fois plusieurs types d'agressions (thermiques, mporelle de plusieurs grandeurs physiques, à partir de données sur les
toxiques, stress...) ne conduisant pas aux mêmes conséquences urces de feu (hypothèses sur la nature du premier foyer et sur celle des
physiologiques, et évoluant parfois rapidement sans nécessairement suivre ers secondaires potentiels), et sur les caractéristiques du bâtiment
des variations de même sens. Tout ceci rend très complexe la prévision de imensions des volumes, des ouvertures intérieures et en façade,
la réponse humaine, qui dépend de plus de l'état de santé de l'individu, de actéristiques des parois, champs de pression préalables au feu ou
son habillement, et, dans une certaine mesure, de son entrainement. dépendants de son existence, températures initiales). Le dernier
L'approche globale de ces dangers fait encore l'objet de recherches qui sont agraphe est destiné à présenter brièvement comment les modèles
loin d'être achevées, et dont le développement bénéficie de préoccupations ysiques actuels (décrits dans le dernier chapitre !) peuvent être exploités.
relatives aux conditions de sécurité dans le monde du travail et aux
conséquences des pollutions. Les résultats qui suivent fournissent ainsi
des ordres de grandeur et des fourchettes de valeurs utiles plutôt que des
formules exactes ou des modèles précis pour prédire la "réponse" humaine
aux sollicitations dues au feu.
Pour les effets indésirables du feu sur les biens, contenus dans, et
représentés, par les bâtiments, on pense à la destruction partielle ou totale
d'objets ou éléments combustibles, aux effets chimiques causés par les
espèces produites par le feu ou volontairement libérées pour combattre le
feu, et aux dégâts consécutifs aux déformations de solides chauffés, par
exemple des éléments de structure. La présentation faite dans ce chapitre
des phénomènes de corrosion et de salissures est brève : nous ne donnons
que des informations générales sur ces agressions physico-chimiques dont
les conséquences tardives peuvent être très lourdes malgré la discrétion de
l'attaque initiale, et dont l'étude théorique n'est pas encore très avancée.
Le comportement des éléments de structures chauffés est abordé.
L'approche scientifique des phénomènes fait appel à des modèles de
simulation du comportement mécanique à chaud de solides et
d'assemblages, qui se sont beaucoup développés ces dernières années, et
exploitent des méthodes de calcul par éléments finis. Ce type de problèmes
est davantage commenté au chapitre 13.

121
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

la gravité de l'agression physiologique. La nature des vêtements,


Les dangers du feu l'emplacement sur le corps de la surface de peau exposée, sont
naturellement des éléments influençant la réponse humaine à cette

sur les personne• sollicitation. La chaleur rayonnée absorbée par le corps est cause
o de brûlures (plus ou moins étendues et profondes), surtout pour
des éclairements élevés pendant une exposition plutôt brève ;
o et/ou de dérèglements des systèmes thermiques internes. Les
Terminologie : danger et risque expositions longues sous des éclairements plutôt faibles sont
Le lexique en sécurité ne semble pas encore complétement stabilisé, en responsables d'atteintes à la régulation thermique profonde (qui
partie parce qu'il emprunte des termes imprécis au langage courant. maintient normalement la température interne au voisinage de
"Danger" est ainsi un mot couramment utilisé, qui renvoie à la fois à la fois 37 °C), qui peuvent conduire à des réponses réversibles allant de la
à la cause d'une agression et à ses conséquences (sur des personnes, sensation de chaleur pénible au "coup de chaleur", voire au décès si
biens, environnement), par exemple : danger de mort (conséquence) par amplitude de l'éclairement et/ou durée de l'exposition sont trop
inhalation de gaz toxiques (cause). A l'idée de danger est associée celle de élevées.
la possible réalisation (par un processus) d'un événement redouté:
• La température d.e l'air ou du milieu gazeux entourant une personne,
l'occurrence de conséquences dommageables dans une situation donnée.
respiré et ainsi mis en contact des tissus du système respiratoire, ou
Quand on indique seulement la conséquence, on suppose que la cause, ou
apportant de la chaleur à l'épiderme puis à l'intérieur du corps, soit
les causes, sont connues ou, seulement, qu'elles existent. Par exemple,
directement, soit au travers des vêtements. La différence de température
danger de mort par "le feu". On peut également mentionner les causes,
entre l'air et le corps est ainsi cause d'échanges thermiques
sans préciser les conséquences et écrire "les dangers du feu". Dans ce
convectifs (2) et conductifs (3). La température du gaz qui est respiré,
chapitre, le mot danger est utilisé, soit pour le facteur menaçant (par
l'air ou un mélange gazeux contenant des espèces supplémentaires à
exemple un flux de chaleur), soit pour ses conséquences (par exemple, des
celles constituant l'air pur, peut porter atteinte au système respiratoire
brûlures).
en causant des oedèmes. La peau peut subir des brûlures et/ou
Le concept de risque distingue mieux la gravité de la réalisation de transmettre de la chaleur dans la masse du corps et causer une
l'événement redouté et la probabilité de cette réalisation, puisque le risque hyperthermie. La conduction entre le milieu gazeux et le corps
est précisément vu comme un couple (gravité, probabilité). Une autre idée s'accompagne d'un échange convectif d'autant plus marqué que la
est en fait sous-jacente : on suppose implicitement qu'une défaillance a vitesse relative du milieu gazeux est grande.
eu lieu, par exemple qu'un premier foyer s'est allumé. La probabilité
d'occurrence du danger, second membre du couple qu'est le risque, est Remarque:
ainsi conditionnelle. On peut donc réduire le risque : Ces thermiques sont plus manifestes près des foyers du feu alors que les
dangers toxiques, abordés plus loin dans ce chapitre, peuvent se manifester à
en diminuant l'amplitude du phénomène redouté, distance.
ou en réduisant la probabilité de réalisation de ce phénomène.
2.1.1.1 le rayonnement thermique
La densité superficielle de puissance rayonnée incidente par unité d'aire
2.. 1 .. 1 Dangers dus aux soHicitations st, selon la norme, nommée éclairement énergétique (en W • m-2 ou en
thermiques W • cm -2ou en kW • m-2). Cet éclairement dépend des caractéristiques des
sources de chaleur rayonnée: dimensions, émissivité, température,
longueurs d'onde associées à l'émission, de la distance entre émetteur et
Deux types de grandeurs physiques interviennent récepteur, et de l'orientation relative de la surface-cible ainsi que des
propriétés optiques du milieu traversé par la lumière. Le chapitre 10
• le rayonnement thermique (1) reçu directement par la peau ou les présente en détail les relations permettant d'exprimer l'éclairement
vêtements. La densité surfacique du flux de chaleur radiatif reçu,
l'étendue de la surface exposée, et la durée de l'exposition, décident de
: 2. Voir le chapitre 9 consacré aux échanges thermiques convectifs.
3. Voir le chapitre 8 consacré la conduction de la chaleur dans des solides.
1. Voir le chapitre 10 consacré au rayonnement thermique.
SCSTB 123
122 ECSTB
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

énergétique. Le flux total reçu (watts) dépend bien sûr de l'étendue de la 100
surface éclairée.
(kf.m-2)

Critères de définition de situation dangereuse


Les critères de danger utilisés portent sur le couple (éclairement, durée)
qui sert à définir des niveaux de danger correspondant à divers "seuils"
d'agression: seuil de douleur, seuil de brûlure, seuil de danger létal.
L'éclairement énergétique maximal dû au soleil est grossièrement de
1 kW• m-2• Cette valeur est donc acceptable pendant des dizaines de
minutes par une personne normalement vêtue. Dès que l'éclairement
dépasse cette valeur, les risques de brûlure ou d'atteinte physiologique
interne augmentent rapidement pour une durée d'exposition donnée.

Critère approximatif très simple


Des études effectuées au Japon et aux États-Unis ont montré que, pour
une durée inférieure à 30 minutes, un éclairement voisin de 2500
W • m·2 (2,5 fois celui dû au soleil) ne cause pas une agression incompatible
avec les mouvements nécessaires à l'évacuation du lieu soumis au 1+------+-------- ---4
rayonnement, et ne laisse pas de séquelles irréversibles. A titre indicatif,
0.1 10 100
une valeur d'éclairement de l'ordre de 2500 W• est atteinte à proximité li)
d'un corps noir de surface étendue porté à 185° C. Bien que pour ce niveau Figure 2.1 • Eclairement énergétique capable de causer une brûlure de la peau,
d'éclairement, les caractéristiques propres à l'individu exposé (état de en fonction de la durée d'exposition (tiré de [8], Mudan et P.A. Croce, 1988)
santé, âge) et celles de son habillement, interviennent sensiblement, on Chacune des deux droites correspond à une série de point expérimentaux.
peut retenir cette valeur comme limite grossière pour la définition d'un Des radiateurs différents ont été utilisés dans chaque série. Bien que les
niveau de danger ne pouvant pas en principe conduire au décès en une éclairements obtenus puissent être les mêmes, la différence de
composition spectrale de la lumière a un effet sur la brûlure.
demi-heure, et, afortiori, en quelques minutes.

Des formules approximatives, valables sur une certaine plage de valeurs de


Approches plus précises l'éclairement, peuvent exprimer la relation entre durée acceptable et niveau
La figure 2.1 représente la durée (en abscisse) à partir de laquelle une 'éclairement. Nous citerons ici deux groupes de formules utilisées
brûlure est produite sur la peau pour des éclairements constants (en ratiquement : celles de Stoll et Chianta, et celles de Eisenberg.
ordonnée), pour deux séries d'observations (résultats cités à la référence oyons d'abord les formules de Stoll et Chianta (présentées par exemple à
[8], Mudan et Croce, 1988). Les échelles sont logarithmiques. La plage de a référence [3], Bukowski et al., 1989) relatives à la durée d'exposition
variation de l'éclairement, de 2 103 W • m- 2 à 8 104 W • m-2, couvre vant sensation de douleur, notée dsd, et avant brûlure de la peau nue,
pratiquement le domaine des amplitudes de sollicitation dangereuses qu'on dsd, en fonction de l'éclairement énergétique reçu E:
peut rencontrer lors d'un feu. Au-delà de 8 104 W • m-2, le décès est très
rapide. On observe sur ce domaine de valeurs de l'éclairement que le temps dsd 85 x E-1,35
d'exposition sans brûlure varie de quelques dizaines de secondes à dsb = 223 x E-1·35
quelques secondes. Notons que deux séries d'expériences ne conduisent ù la durée d est en secondes et l'éclairement E en kW.
pas exactement aux mêmes résultats : la figure 2.1 montre deux courbes.
'après la formule donnant dsd, l'éclairement non douloureux pendant 1
inute est très faible : environ 1200 W • m -2 et, pour la même durée, le
anger de brûlure est lié à environ deux fois plus d'éclairement. On voit

125
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT RAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur - Physique du feu pour /'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

2 2
que l'éclairement de 2,5 kW. m- (2500 W -m- ) ne causerait pas de
douleur pour une exposition de moins de 25 second�s selon la formule i
140 -

j
•--�-

-=-s
===r-1
l'exposition durant 30 minutes n'est donc pas sans nsque de doule:1r, m 120 -
même de brûlure comme le montre la deuxième formule (dsb). En fait, ces
relations ne sont pas à utiliser pour les éclairements faibles (de l'ordre du 100
-
kW. m- 2 ou moins) car elles résultent d'observations effectuées pour des
éclairements de quelques kW -m- et une durée maximale de 5 minutes
2
80

=f=ffl al
environ. Les courbes fournies par ces relations sont données aux figures
2.2 (courbe-seuil de durée supportable au sens_ de la douleur) et 2.3

-
60
(courbe-seuil de durée supportable au sens de la brulure). ..
40
-

--
;

0
0 10 12 14 16 18
E(kWlm2)

Figure 2.3 - Seuils-limites de durée d'exposition à un éclairement énergétique E,


pour le danger de brûlure d'après les relations de Stol/ et Chianta
(tiré de [3, Bukowski et al., 1989])

formules et courbes emp1nques de ce type représentent


roximativement le bilan d'informations issues de diverses
igines : expériences sur volontaires pour des niveaux faibles d'agression,
nstatations après sinistres ou actes de guerre, ou observations sur
imaux pour les brûlures (la peau du porc semble réagir comme la peau
maine). Elles sont obtenues à éclairement constant alors que l'évolution
mporelle des phénomènes du feu se traduit par des sollicitations qui
uvent être très variables au cours du temps (croissance et déclin du feu)
selon la position de la personne. Il faut donc interpréter les relations
écédentes pour les appliquer à des conditions non stationnaires
-clairement. Il est tentant, au moins pour le danger de brûlure, d'intégrer
relations entre durée acceptable et éclairement reçu, pour faire
E (kW/m2) araitre une énergie reçue par unité de surface et introduire ainsi une
se" d'énergie reçue pour une durée donnée. Les limites précises de la
E,
Figure 2.2 - Seuils-limites de durée d'exposition à _un éclairement én�rgétique "dité de telles approches intégrales sont difficiles à établir. On peut citer
pour te danger de douleur d'après les relations de Stol/ et Ch1anta e relation simple tirée de la référence [7], Hymes, 1983 :
(tiré de [3, Bukowski et al., 1989])
4 13
tE S
test la durée d'exposition en secondes, E l'éclairement en kW• m-2, et S
une valeur-seuil (approximative) de :
douleur si S = 100,
brûlures sérieuses si S 500,
début de danger mortel si S 1000.
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur hysique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

Relations d'Eisenberg et al.[4] a reproduit à la figure 2.4 des résultats de plusieurs observations et
rétatîons dues à Eisenberg relatives à des durées (en abscisse) sous
Ces relations sont utilisées en sécurité industrielle. érents niveaux d'éclairement énergétique (en ordonnée). La droite "a"
ordonnées logarithmiques) représente le seuil de brûlure. La droite "b"
• Le danger de brûlure au premier degré est exprimé par la formule : résente le seuil correspondant à une probabilité de décès de 1%, "c"
t El,15= 5,5 105 ui correspondant à une probabilité de décès de 50%, "d" celui associé à
où t est exprimé en secondes et E en W · m - •
2
décès certain. Pour un éclairement de 50 kW. m-2 (5 W. cm-2),
Si le produit de la durée d'exposition (t) par l'éclairement (E, en principe ible lors d'un incendie, la durée assurément fatale est de l'ordre d'une
constant), élevé à la puissance 1.15, est supérieur ou égal à la constante ute. Pour 10 kW-m-2 (1 W • cm-2), elle serait de quelques minutes.
5.5 10s J. , alors le seuil de brûlure de la peau est atteint. s ce dernier éclairement la brûlure de la peau ne demande qu'environ
e minute.
• Le danger de mortalité est évalué par la formule :
t E4/3 100
pr = -14,9 + 2,56 ln( (kl.m-2)
10 4 J
où t est en secondes et E en W • m-2.
Cette expression où la durée t et l'éclairement E interviennent sous la
forme du produit t fournit une quantité nommée probit (pr}. Associée 10
à une distribution gaussienne de valeur moyenne 5 et de variance unité,
elle permet d'accéder au pourcentage de mortalité. Le tableau 2.1 fournit
ce pourcentage : on choisit t et E pour calculer tE4/3 puis on calcule pr, et
on cherche la case contenant la valeur la plus proche de pr. La valeur de la
première colonne contenant cette case, puis celle de la première ligne la
contenant, fournissent le pourcentage recherché, en dizaines de %, puis en
unités de % à ajouter à la valeur en dizaines. Par exemple: la valeur
pr = 5,61 correspond à un taux de (70 + 3) %).

Tableau 2.1- Résultats de la formule de Eisenberg et al. 1


0.1 10 100
Pourcentage de mortalité en fonction de de la quantité probit (pr)
( s)
% 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Figure 2.4 - Seuils-limites d'exposition à un éclairement énergétique
0 2,67 2,95 3,12 3,36 3,45 3,52 3,59 de brûlure (a) et de risque de décès (b) à 1%, (c) à 50 %, (d) à 100 % de risque

10 3,72 3,77 3,82 3,87 3,92 3,96 4,01

20 4,16 4,19 4,23 4,26 4,29 4,33 4,36 4,39 encore, le fait que l'éclairement est supposé constant implique d'utiliser
4,59
s la pratique des valeurs moyennes temporelles alors que des maxima
30 4,48 4,50 4,53 4,56 4,61 4,64
ux de faible durée peuvent être dangereux !
40 4,75 4,77 4,80 4,82 4,85 4,87 4,90
résultats de calcul suivants montrent que ces dernières expressions ne
50 5,00 5,03 5,05 5,08 5,10 5,13 5,15 viennent pas pour de longues durée d'exposition à un rayonnement
60 5,28 5,31 5,33 5,36 5,39 5,44 u de trop faible amplitude pour être dangereux
5,25
'70 5,52 5,55 5,58 5,61 5,64 5,67 5,71 5,74 Soit un émetteur corps noir à 20 ° C. son émittance a la valeur de 418
6,13 6,18
W · m-2• Une personne placée à proximité de cet émetteur ne court en
80 5,84 5,88 5,92 5,95 5,99 6,04 6,08
réalité aucun risque de brùlure de la peau. Cependant l'application de la
90 6,28 6,34 6,41 6,48 6,55 6,64 6,75 • 6,88 7,05 relation indique que le seuil de brùlure est atteint vers 500 s .
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour /'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

• Soit l'éclairement solaire de 1000 W • m -2 • Après une exposition d'une


r·········1··········1�·,r· ··········1··········r····. ···r··········[······..··r··. ..····�
Durée supportable ( s )

heure, 85% des personnes exposées seraient en danger de mort! 2500


• Le seuil de mortalité de 1 % sous l'éclairement précédent est atteint au :
"
:
Il�

"' B

" :
Il
:
ra
:
i11
:
Il
:
Ill

bout de d'environ 1000 secondes.


:.......... ; ..........:••··· ·�••:••···•..•..:..........:••········ :.........).......... :-•·······"
"
: ••• : Dl Il
: - :

Remarques: 2000
: j
: /;.j
.....
, t.. :
□ Influence de la composition spectrale de la lumière rayonnée
�D2: :
Dans ce qui précède, on a implicitement supposé que la fréquence (ou la longueur :
. .
d'onde) de la lumière reçue n'intervenait pas dans l'identification et la C2 :
: .
"1""""'"".""'""�""'"""""""'"�""'"""""""
.• . :.
quantification du danger. La protection des yeux, par exemple, nécessite
1500
cependant de considérer les aspects spectriques de l'éclairement. Les longueurs
.: .:
............. 1111
"""""""'"""" """"" ..... ,. .. :., 1111 - •11•• • "'""""" ......

....
""""" """'""
� � ;

d'onde (dans l'air) de 0,77 à 1,4 µm peuvent causer des cataractes si l'intensité :
"

lumineuse est trop forte. Ainsi, la cornée peut être brûlée par des longueurs
.,. : : :
♦ : :
d'onde de 1,4 à 3 µm si l'éclairement dans cette plage dépasse environ 1 :

.
2
kW · m - . Ces problèmes sont à considérer pour la protection des yeux du
. D3:

'. i '. 1
1000
rayonnement de flammes particulières émettant des bandes dans ces régions du
.... ....
Il ■ Il Il M

.. .. ..
11 Il Il Il Il ,i 1111 11 11 ... Il 01 Il ,0 Il Il fd i11 Il Ill" Il li Il Il.. Il81 li Il Il .... Il ,a .. '1 IlIl " Il a a 1111
,. ,..,..,,..,.,,.11 1111111111■11gm11 111111u1111a111111

"
Il Il •
Il

.
,. 11

spectre.
Le chapitre 10 consacré au rayonnement thermique précise les notions de
.
grandeurs spectriques et totales.
□ Flux de chaleur incident et flux de chaleur entrant
En toute rigueur, c'est le flux de chaleur entrant par la peau, et non celui incident
5 00 •• .i:................. ,.� .................. .,:................... ,:
Il Il
:

sur la peau, qui devrait être considéré ici. La température de la peau est
suffisamment faible pour que l'approximation de considérer le flux incident soit
suffisante ici. Le chapitre 10 présente les relations entre flux incident et entrant.

0 2ô········4ô········6O···· .. ·8O······••ïôo······î�ùi ........14ô······•ïiio·····•·ïsii"·····200


: Il 11 : Il Il : : 8I

2.1.1.2 La température de l'air Température de l'air ( °C)

Le milieu gazeux environnant une personne est en fait plus ou moins


pollué par les produits du feu et peut donc contenir d'autres espèces que
02 et N2 . Nous utiliserons néanmoins le mot "air" dans ce paragraphe.
Figure 2.5 - Durée limite supportable, au sens de la survie, en fonction de la
La température de l'air est un facteur important dans les échanges température de l'air dans lequel se trouvent des personne
thermiques au niveau de la respiration et du contact avec la peau. Le taux Les domaines D1, D2, D3, représentent des valeurs empiriques données
d'humidité et la concentration d'éventuelles espèces chimiques toxiques dans des documents de l'«US Air Force» et d'autres organismes
interviennent, en sus de la température, pour fixer des limites américains (compilation réalisée au CSTB en 1989). Notons que la
supportables. Si on se limite à l'air non pollué et pour des taux d'humidité température de l'air dans un sauna (environ 80 ° C) n'est pas éloignée des
valeurs critiques pour un séjour de 20 à 30 minutes.
courants, on peut fixer des limites de seuils dangereux définies par des
couples température-durée. La définition de niveaux acceptables au sens
d'une faible probabilité de décès est approximative, comme le montre la
figure 2.5 tirée d'une étude bibliographique du CSTB, où sont rassemblées
plusieurs courbes-limites issues de travaux différents. La valeur de 140 ° C Pour les échanges thermiques convectifs entre gaz chaud et tissu vivant,
semble intenable pour un séjour de quelques secondes. Pour quelques on ne peut pas utiliser les modèles qui s'appliquent aux échanges
minutes, une température de 120° C peut être supportable. Pour des convectifs entre gaz et solide inerte aux propriétés thermiques
séjours plus longs, de 10 ou 15 minutes, on peut estimer à 90 ou 100° C le constantes : les tissus vivants (donc non inertes !) ont des réponses non
niveau dangereux. L'état physique de l'individu est naturellement à linéaires aux apports de chaleur dans lesquelles le transport d'eau
considérer pour définir les niveaux supportables aux températures dans la intervient, et qui sont soumis à des systèmes complexes de régulation. Des
plage 60 - 100 ° C : certains supporteront avec plaisir les conditions du modèles de réponse physiologique ont été proposés, qui sont souvent
sauna, qui seront intenables pour d'autres. destinés aux conditions de travail pénibles thermiquement plus qu'aux
situations de feu.

130 ..:.:.::.csrs =csrs 131


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT [TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur Physique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

2 .. 1 .. 2 L11opacité de la fumée (4 ) L'étude d'un "modèle animal": souris ou lapins sont placés dans des
effluents du feu. On évalue la réponse d'une population de quelques
animaux au niveau de signes de comportement, rythmes cardiaque et
La vue d'une issue, d'un repère, ou celle d'un signal indiquant la direction respiratoire, activité électrique du cerveau... , pour définir les effets de la
d'une sortie, peut permettre la survie d'un individu cherchant à quitter un nature, le concentration, la dose, des espèces respirées pendant une
endroit enfumé du bâtiment. certaine durée. On définit par exemple des "doses létales" qui
correspondent à des concentrations tuant un certain nombre d'animaux
Une relation simple, due â Jin (1975, citée à la référence [3]) entre la en une durée donnée. Ainsi, la DL 50 est la cohcentration mortelle pour
distance de visibilité (d'un panneau lumineux "SORTIE") et le coefficient "k" 50 % de la population pour une durée donnée et un toxique (ou un
d'atténuation de la lumière visible par la fumée (â une longueur d'onde mélange) donné. La notion de dose correspond en général à un produit:
voisine de 0,6 µm, au milieu du domaine visible) est la suivante: concentration x durée, ou bien à une quantité inspirée effectivement
<iyk=2 introduite dans l'organisme.
où la distance " dv " est en mètres, et "k" est en m-1. diminution du taux d'oxygène causée par la combustion, comme
port d'espèces normalement absentes (ou présentes à un taux très
Cette relation approchée permet de fixer les idées: si "k" vaut 1 m-I, un ble avant le feu) ont des effets complexes difficiles à bien identifier dans
individu repérera une sortie (signalée) à 2 m. La vitesse de marche linéaire sinistres à cause de la variation des quantités produites d'un feu à
diminue beaucoup quand "k" augmente. La valeur critique de "k' qui tre et au cours du déroulement d'un même feu donné. De plus, la
permet encore à la personne en mouvement de trouver sa route peut être évision des effets concomitants dus à la présence simultanée de
située entre 0,5 et 1 m-1 selon l'évidence et le contraste du repère visé, la sieurs espèces chimiques dans le milieu rend la prévision des
.
connaissance des lieux, le degré irritant de la fumée. Ces valeurs du séquences de l'agression très difficile. Les données qui suivent sont
coefficient d'atténuation peuvent être atteintes lors d'un feu moyennement es d'observations où un seul facteur de danger est considéré (par
fumigène tant que la fumée n'est pas diluée. Si à l'absorption de la lumière ple: on réduit le taux de 02 depuis sa valeur normale, ou on
par les suies se superpose une diffusion de la lumière par des gouttelettes ente le taux de CO depuis la valeur normale quasi nulle), et,
d'eau condensée dans la fumée plus froide, l'établissement de lois simples 'ralement, on le maintient à un niveau constant pendant l'épreuve.
pertinentes est difficile: la formule précédente est approximative.
pelons que les dangers toxiques peuvent se manifester dans un
ent loin des foyers du feu, puisque les espèces toxiques sont
ansportées avec les gaz chauds.

2 .. 1 .. 3 La toxicité des produits du feu Teneur en oxygène


combustion dans l'air consomme de l'oxygène ! La teneur en 02 dans
Remarque: local peut ainsi tomber au-dessous de sa valeur normale.
Les références (12] et (13] (Purser, 1986 et 1988), apportent une information plus
précise sur ce sujet. r exprimer la teneur en 02 ou autre gaz, on utilise couramment les
Le projet de définir la toxicité des produits du feu (venant de: pyrolyse, <leurs suivantes, explicitées au chapitre 6:
combustion couvante, flamme vive) passe par deux approches différentes: Fraction molaire. L'air normal contient 21 moles 02 pour 100 moles,
• L'analyse chimique: doser les différentes espèces reconnues qui comprennent principalement N2, puis 02, enfin d'autres gaz à
dangereuses afin de prédire le danger causé, au moyen d'une teneur et faible taux. La fraction volumique et la pression partielle ont la même
d'une durée d'exposition pour une espèce (ou, quelquefois, pour valeur que la fraction molaire (l'air est vu comme un mélange de gaz
plusieurs), à l'aide d'un modèle mathématique de réponse physiologique parfaits), soit 21 % volumiques pour l'oxygène
(pour CO par exemple), ou de connaissances empiriques.
Fraction massique. On trouve 23 g de 02 pour 100 g d'air: la fraction
massique normale d'oxygène dans l'air est de 23 % massiques.
ous n'utiliserons pas ici la fraction massique, mais la fraction molaire
sous ses noms courants: fraction ou taux volumique, ou molaire.
4. Voir le chapitre 11 consacré à la fumée.

132 =ars
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur
3 . Physique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

Les valeurs que nous allons présenter sont tirées de plusieurs sources qui Tableau 2.3 - Influence du taux de C02
sont en accord sur les seuils correspondant aux effets mentionnés, dans
des conditions où la réduction du taux d'oxygène est le seul changement
produit dans l'environnement de la personne, pour des durées "longues", Taux de C02 Conséquences
de plusieurs minutes au moins. La pression atmosphérique est la pression (% volumiques)
normale.
0,1 environ Situation courante.
Notons que, loin des foyers, la teneur en oxygène est quasi normale mais
qu'on peut trouver à faible concehtration des gaz très toxiques (CO par Tout à fait supportable par des personnes
2
exemple), alors que, près des foyers du feu, le manque d'oxygène n'est pas physiquement actives, pendant des heures.
le seul facteur de danger. 3 Sans problème apparent pendant des heures.
10 environ Risque de décès pour quelques minutes.
Tableau 2.2 - Influence du taux de 02

Taux de 02
Conséquences
(% volumiques)
21 (conditions normales) Monoxyde de carbone
Faible réduction des capacités psychomotrices et CO est un gaz très toxique, responsable ou coresponsable çle plus de la
17 moitié des décès dus au feu. Les produits gazeux d'un incendie de
musculaires.
. bâtiment où les flammes sont peu alimentées en air peuvent contenir
15 Perte accrue des capacités musculaires. ·. plusieurs % volumiques de CO, soit un taux létal en quelques dizaines de
Fatigue, mauvais jugement, réduction de la secondes.
10
conscience. Évanouissement possible. La présence de CO, comme celle de CO2, n'est pas décelée par l'odorat.
6 Risque d'atteinte létale Les données qui suivent présentent les conséquences d'une exposition
pendant une durée de 5 ou 30 minutes, pour une personne poursuivant
une activité modérée.
Un taux de 17% semble supportable pendant des heures. Un taux de 15%
peut être toléré apparemment pendant environ une heure sans problème ' (Le ppm est la fraction volumique exprimée en millionièmes ; 10 000 ppm =
grave. Au-dessous de 15%, apparaissent des risques de comportement 1 % volumique).
inadapté et des troubles physiques devenant d'autant plus sérieux que la
Tableau 2.4 - Influence du taux de CO
durée de séjour augmente et que le taux de 02 diminue.
Taux de CO Conséquences
(ppm volumiques)
2.1.3.2 Gaz carbonique 6000 environ pendant 5 minutes Incapacitation
CO2 est un produit abondant de la combustion des matériaux organiques. 2000 environ pendant 15 minutes Incapacitation
Sa fraction volumique peut atteindre des valeurs voisines de 10 % dans un 1500 environ pendant 30 minutes Incapacitation
local en feu. Il n'est pas très toxique à faible teneur mais son inspiration
accélère le rythme respiratoire et active ainsi l'inhalation d'autres gaz, 10 000 à 15 000 pendant 5 minutes Décès
éventuellement plus toxiques.
2500 à 4 00Opendant 30 minutes Décès
Les seuils-limites obtenus sont les suivants (Tableau 2.3), dans la même
unité de mesure que pour 02 (taux ou fraction ·molaire).

134 =csrs SCSTB 135


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMEN É DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation ysique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation
3 • Physique du feu pour /'ingénie

Dans des locaux de travail, la valeur-limite jugée acceptable pendant de es oxydes d'azote NO, NO2 , sont formés en plus grande quantité dans
heures est de 50 ppm (0,005 % volumiques}. Pour une durée dépassan · es flammes atteignant des températures plus élevées que celles du feu
24h, il semble que la valeur sans danger soit de 10 ppm. ombustions industrielles}, mais les incendies de bâtiments peuvent en
L'action du monoxyde de carbone passe par l'association entre CO et de roduire des quantités néanmoins dangereuses, à cause de la faible
eur de la teneur létale, de l'ordre. de 200 à 500 ppm (0,02 à 0,05 %
molécules d'hémoglobine qui sont alors rendues indisponibles po
lumiques} pour plusieurs minutes.
transporter de l'oxygène aux cellules du corps. Des relations ont été
proposées pour exprimer le lien entre concentration en CO, durée de acroléine est un produit organique irritant pour des concentrations
l'exposition, débit volumique inspiré, et pourcentage d'hémoglobine associé lumiques allant de quelques ppm à 100 ppm. Le décès est possible
à CO. Si l'exposition dure quelques minutes, on peut introduire l'idée d our des valeurs comprises entre 100 et 500 ppm.
"dose critique" de gaz inspiré, en : ppm x minutes. Ce concept simple de
dose convient cependant assez mal pour CO et les autres gaz volatils qui Remarque:
sont inhalés aussi, en partie, rejetés par les poumons. La concentration Les références [12] et [13] donnent des informations sur la question difficile de la
qui est conservée dans le corps est fonction de la différence entre la prise en compte de l'interaction des effets de plusieurs gaz toxiques.
concentration inhalée et la concentration présente dans le corps, et · s gaz industriels dangereux peuvent de plus être libérés de leur
s'exprime selon une loi du type: finement normal suite à un incendie (ou une explosion, un choc
w"" c[l-exp(-at)] tal, un tremblement de terre... ). La sécurité industrielle se préoccupe
des dangers potentiels du chlore (mortel à 0, 1 %), de l'ammoniac
où C est la concentration dans l'atmosphère et a une constante empirique. el à 0,3 % environ), et d'autres gaz dangereux tels le phosgène,
Si la durée t est brève, la relation précédente équivaut approximativement dride sulfurique, l'acide fluorhydrique... En chimie nucléaire, le
à une relation linéaire en W = C x a x t. nium est, parmi d'autres produits que les écoulements gazeux
ent transporter, un exemple de métal extrêmement toxique (en plus
e radioactif !}.
2.1.3.3 Autres gaz
gaz utilisés pour l'extinction du feu ou résultant de la dégradation
• Les principaux produits de la combustion avec flamme de produits. ique et chimique de gaz extincteurs peuvent également être toxiques
organiques sont H2O , CO2 et CO. D'autres gaz, très divers, peuvent de devenir par dégradation en situation de feu. Les halons sont de ce
plus être libérés par combustion, pyrolyse ou combustion couvante de pour certaines conditions de feu et de concentration.
matériaux particuliers : des hydrocarbures, des aldéhydes, des cétones,
voire des molécules plus complexes, certaines très toxiques. Donnons
quelques exemples de ces autres gaz dangereux. L'acide chlorhydriqu
(HCl) et l'acide cyanhydrique (HCN) peuvent résulter de la dégradatio Les particules : suies et gouttelettes
thermique de polymères contenant soit du chlore, soit de l'azote lié a
carbone. plupart des particules de suies jeunes, c'est-à-dire fraichement issues
la zone de production par un foyer, ont un diamètre inférieur au
• HCl est mortel en quelques secondes si sa teneur dépasse environ 2000 , romètre. Ces fines particules peuvent pénétrer jusque dans les alvéoles
ppm (0,2 % volumiques). HCl a tendance à se déposer sur les parois naires et obturer de fins "canaux" respiratoires. Les particules plus
proches, ce qui en limite la teneur dans les gaz en mouvement, mais s des suies plus âgées (qui ont subi des condensations), ou celles
cause des corrosions. ites éventuellement par pyrolyse ou carbonisation superficielle, sont
• La teneur instantanément létale de HCN est très faible : environ 200 à ées dans les bronches ou dans les cavités du nez. En sus de leur effet
400 ppm (0,02 à 0,04 % volumiques). Pour quelques minutes ·que d'obturation, les particules peuvent porter des produits tels que
ydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP ou, en anglais, PAH) et
d'exposition, l'incapacitation par HCN correspond à un niveau proche
un effet toxique.
du seuil mortel: 100 à 200 ppm. Signalons que HCN peut être oxydé en
produits moins dangereux s'il est brùlé dans une flamme. ttelettes d'eau plus ou moins polluée par des espèces dissoutes
t apporter beaucoup de chaleur aux tissus vivants avec lesquels
"' Un autre gaz acide, SO2 (anhydride sulfureux), est un produit de la
sont mises en contact, à cause de leur capacité calorifique. L'air
combustion ou de la pyrolyse de matériaux contenant du soufre. La et humide est ainsi plus gênant à respirer que l'air chaud et sec.
teneur immédiatement mortelle est de l'ordre de 500 ppm (0,05 %).

137
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT �!TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieur • Physique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

La "fumée blanche", riche en gouttelettes d'eau, diffuse la lumière visible_ et la psychologie, qui a naturellement sa place dans l'analyse des
donne l'impression d'un espace flou :t illim�t�, impres� ion de vertige comportements humains en situation de feu. On a souvent évoqué la
pouvant contribuer à un comportement madapte a la s1tuat10n. force mythique des impressions causées par le feu et la possible
rémanence inconsciente des rapports sauvages du passé entre l'homme
et l'incendie, qui peuvent peser sur l'interprétation et la prise de
2.1.3.5 Prévision par le calcul de la teneur décision. De façon plus manifeste, l'étude du comportement humain
en gaz toxiques met en évidence un ensemble de conduites qui montre que les
personnes "ne font pas que marcher" dans une situation impliquant une
Diverses simulations ont été réalisées, prédisant. assez correctemen� _les évacuation : elles ont tendance à poursuivre des buts propres, à suivre
concentrations en o2 ou C02 à partir de la connaissance de la composition un "leader", à se regrouper, à prendre un chemin connu, etc. La
chimique de matériaux combustibles et, pour CO, à l'aide de données modélisation des comportements d'individus ou de groupes est encore
expérimentales sur le terme source. au stade de la recherche.
Cependant, les modèles mathématiques �e fe:1 dans des locaux_ ne peuvent us évoquerons ici quelques points, tirés d'observations sur des
pas encore prédire dans la plupart_ des slt�_ations la co_nce�tration des gaz, omalies de conduite ou de décision :
ou des particules liquides ou solides creees en sortie d un foye� par la
combustion ou la pyrolyse, sans qu'on exploite des connaissances la prise de conscience de l'occurence d'une situation dangereuse peut
_ être lente.
empiriques (issues de mesures) sur les foyers. �ar contre, ces modeles .
peuvent donner des informations uti�es sur la_ vit_esse du transport des une évacuation dans la panique peut causer des blessures et des morts
espèces dans un bâtiment et l'évolution par d1�uti?n _ de _ leur teneur. Ils par compression et écrasement lors de l'écoulement brutal et irraisonné
aident à identifier les lieux les plus exposes et ams1 defimr les moyens de de personnes mues par le seul souci de survie.
désenfumage ou de contrôle des pressions à mettre en oeuvre pour
préserver des locaux en empêchant l'entrée des gaz_ dangere_ux. La des personnes angoissées peuvent emprunter un couloir ou un escalier
, enfumé, au lieu d'attendre les secours derrière une porte fermée.
connaissance empirique de termes sources de produ�t10n d especes (le
débit massique de CO produit par un foyer en fonct10n du temp_s, par le choix entre attendre des secours et évacuer un immeuble en sautant
exemple) peut ainsi être exploitée pour aider à la mise en pro�e� tion de par une fenêtre d'une hauteur élevée (plusieurs étages) a été parfois
locaux, de voies de circulation, voire même du mon�e extene�r au . réalisé dans sa mauvaise option et des chutes mortelles ont été
bâtiment sinistré, ceci à l'aide des modèles exposés plus lom dans ce hvre. observées lors de plusieurs sinistres dans des immeubles élevés.
le guidage de personnes à évacuer avec l'aide de personnels formés
donnant des informations organisées, claires et rassurantes, peut
. réduire considérablement le nombre de décès ou atteintes
physiologiques graves que peuvent provoquer des conduites inadaptées.
2 .. 1 .. 4 L11angoisse, la panique, s conclusions d'une étude récente sur la panique (cf. référence [17], Face
Risque, 1992) montrent que pour être perçu comme sûr,
les comportements non contrôlés vironnement d'une personne doit répondre à trois critères : ne pas
rnir une information angoissante mais donner des cons•ignes de façon
La description de la réponse des personnes à une situation de feu dans un tre, ne pas alimenter la crainte latente du confinement, et prendre en
bâtiment doit faire appel à : arge l'évacuation. L'angoisse de se sentir entouré par la foule semble
ariser fortement les comportements non contrôlés.
.. la prise en compte des effets physiologiques évoqués ci-dessus ;
lupart des modèles actuels de mouvement de personnes en évacuation
• des approches de "mécanique des fluides" appliquée� aux "écoulemer:its" sent des algorithmes de définition de chemins et exploitent des lois
de personnes groupées dans par exemple des couloirs ou des esc�he�s iriques entre vitesse et densité des personnes au sol qui dépendent
ou bien au travers d'ouvertures, qui permettent par exemple de defimr ement de la pente du chemin suivi.
des largeurs de passage suffisantes ;

138
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/ME /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur 2 Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

Le bris des vitrages conduit à laisser entrer de l'air frais, alimentant


2.2 Les dangers du feu mieux les foyers actifs, et à laisser sortir des flammes ou gaz chauds qui
peuvent éventuellement communiquer le feu à un étage supérieur ou un
sur les biens immeuble proche ;
Les dilatations et déformations d'origine thermique s'exerçant sur une
porte peuvent causer son blocage et rendre impossible une évacuation
. de personnes par celle-ci ;
2 ..2 .. 1 les dangers du feu sur les bâtiments rayonnement thermique traversant une verrière, d'autant plus
ense que les surfaces brisées sont grandes, peut affecter des
'ments de structure extérieurs au bâtiment en feu, et provoquer des
Les échanges thermiques sont les principaux facteurs de dégradation, voi éfaillances de stabilité sur ces éléments, ou l'allumage de ceux qui sont
de destruction des bâtiments. L'élévation de la température dans combustibles ;
élément de structure (une poutre, un poteau, un tirant...) a ainsi plusieu
types de conséquences Une toiture peut s'effondrer en causant relativement peu de dégâts
matériels, mais en créant des conditions dangereuses pour les
• les dilatations et déformations exercent des contraintes mécanique ersonnes (occupants et personnel de lutte ou de secours) ;
supplémentaires à celles présentes "à froid" ;
a destruction par combustion ou pyrolyse de certains isolants
• les caractéristiques mécaniques se détériorent ; hermiques en paroi peut dégager assez de gaz toxiques pour causer
• la dégradation thermique de certains matériaux organiques, ou plusieurs victimes.
l'éclatement du béton, fait disparaître de la matière éventuellement utile s certains types d'activité (chimie, pyrotechnie...) ou dans des
à la stabilité. onstances exceptionnelles (inflammation de gaz combustible répandu
Les constructions métalliques mal dimensionnées ou mal protégées sont ès une fuite), des déflagrations fortes ou même des détonations peuvent
particulièrement sensibles aux conséquences de la montée en température céder à un feu. Les surpressions fortes et rapides, des détonations par
due au feu. Le bois participant à la structure peut brûler et donc pie, peuvent causer des destructions importantes que seules des
disparaître partiellement. Pour les constructions en béton, l'effondrement structions particulières peuvent empêcher ou limiter.
total est exceptionnel, bien que la stabilité de l'ensemble d'un bâtiment
puisse être à reconsidérer après un incendie (déformations, corrosion).
Si la ruine totale du bâtiment n'a pas lieu pour la plupart des incendies,
les dangers du feu sur le contenu
tant à cause de la résistance de la construction qu'à cause de la rapidité de des bâtiments
l'action des pompiers, des dégâts matériels moins étendus, voire d'étendue
très limitée, ont potentiellement de graves conséquences sur les biens et
les personnes. es dangers sont de divers types
Donnons quelques exemples : Les produits combustibles ou thermodégradables sont par nature
susceptibles de subir une pyrolyse et aussi de participer à des
• La destruction locale de protections thermiques : caissons ou plaques combustions qui les détruisent en tout ou en partie et peuvent
d'isolants, protections projetées, peintures intumescentes ... , qui éventuellement aggraver l'incendie en donnant naissance à de nouveaux
normalement peuvent retarder ou empêcher l'échauffement d'éléments foyers.
de structure.
La chaleur reçue peut causer des fusions locales, ou des élévations de
• La ruine de "barrières" de protection passive intérieures au température inaçceptables par leurs conséquences. Pensons aux
bâtiment : parois, cloisons, portes..., favorise éventuellement l'attaque isolants électriques des câbles ou des cartes électroniques, aux
d'éléments vitaux de la structure et permet l'augmentation du nombre composants des cartes électroniques dans un ordinateur, ou
de volumes en feu ou occupés par des gaz chauds. Les gaz toxiques ou aux disquettes ou disques informatiques contenant une information
chauds peuvent alors agresser des personnes �.---,-,..��� des premiers prec1euse. Dans un autre domaine d'activité, une élévation de
foyers. température de plus 20 °C peut rendre inutilisable un stock de produits
agro-alimentaires surgelé.
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur ysique du feu pour l'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation
2 . Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

se ou de la
• La corrosion sous l'action des gaz acides de la pyroly
combustion (acide chlorh ydriqu e, oxydes d'azote, de s � ufre ... ) conce�ne
corros10n
principalement des métaux courants tels_ le fer ou le cu1vr�. La
ou ven�nt
est favorisée par un dépôt d'eau (produit de la <::ombust�on, _
ar ete pas a la
d'un arrosage destiné à éteindre le feu). La corr�s1?n ne s � x
un beton poreu
fin du feu ! Ainsi l'acide chlorhydrique peut penetrer e
la tenu m caniqu act des feux sur l'environnement est, à l'échelle de la planète, d'un
et attaquer très l�ntement le ferraillage �ui _assure � �
dans les equ1pe ments faible devant celui des agressions thermiques et chimiques naturelles
de l'élément. Le cuivre, conducteur ommpresent
::1é" : la
électriques, électroniques et informatiques, est facile�ent_ "attaq un
dustrielles constantes ou fréquentes. Cependant :
un appar eil, qui peut etre
ruine d'un circuit suffit à mettre en panne de forêts ont des conséquences écologiques non
élément de sécurité active.
iques_ sur le
Comme pour les dangers toxiques, ces dangers non therm feux, non accidentels, des puits de pétrole du Koweït pendant la
te agissant
biens peuvent être dus à une source de chaleur modes : erre du golfe" ont eu des conséquences marquées sur le climat et le
compa rtimen tage
distance de plusieurs dizaines de mètres. Le s é de pollution de la région.
génér des moyen
l'organisation des champs de pression sont en �
protection contre les dangers liés au transport de la fumee . dispersion dans l'atmosphère de produits très toxiques suite à un feu
t avoir des conséquences dramatiques, plus ou moins rapidement
ifestes, sur des dizaines ou centaines de km2•
L'eau utilisée pour combattre le feu peut entraîner des produits toxiques
dans les cours d'eau ou les nappes souterraines.
taille de l'échelle concernée est liée à l'efficacité de la dispersion dans
ou dans l'eau, ou même le sol.
éférence [16J cite plusieurs incendies ayant nuit à l'environnement. On
nera ici deux exemples d'impacts dus à des incendies, le premier par la
ersion de produits gazeux, le second par la pollution de l'eau
l'incendie d'un entrepôt d'engrais de Nantes (1987), où la formation d'un
nuage nitreux a amené les autorités à faire évacuer 50.000 personnes
qui auraient pu être exposées ;
l'incendie de l'entrepôt Sandoz en Suisse (1986) où l'eau projetée pour
éteindre le feu s'est répandue dans le Rhin en y amenant de grandes
quantités d'espèces chimiques dangereuses pour les espèces vivantes.
aut mentionner de plus que des halons utilisés pour l'extinction ont été
· s dangereux pour le maintien de la couche d'ozone autour de la planète
sont désormais remplacés.

142
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
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2.4 UtHlaatlan de medè,l,es


''''''' '''''''''''
e La simulation du mouvement global d'un ensemble de personnes peut
s'appuyer sur des modèles exploitant des lois empmques de
comportement de tels groupes, où la vitesse de déplacement est
pour la prédiction des danger exprimée à partir de la densité des personnes. La référence [10]
(Predtechenskii et Milinskii, 1969) est souvent exploitée dans ces
du feu travaux. Le mouvement de personnes peu groupées dépend en plus de
la manière dont chacune de ces personnes se comporte. La prévision du
comportement d'une ou de quelques personnes n'est aujourd'hui
abordable qu'approximativement, et l'intérêt pratique de prévisions
statistiques est limité par la difficulté de traiter tous les cas possibles, et
2 .. 4 .. 1 Évaluation des dangers par l'absence de modèle de comportement bien validé.
sur les personnes Le comportement plus ou moins aléatoire d'un ensemble de personnes, ou
d'une personne isolée, est néanmoins déterminé par un ensemble de
paramètres:
Avant d'évaluer les conséquences de l'exposition d'une personne à des
sollicitations dangereuses, • L'histoire du feu. La diversité des situations possibles de feu est
il faut évidemment disposer d'une
représentation de l'évolution temporelle des sollicitations. Une expérience grande: le déroulement d'un feu s'effectue parmi beaucoup d'histoires
réaliste ou une simulation numérique fournit cette représentation. Il faut possibles dans un bâtiment donné. Pensons par exemple à la nature et
également définir le degré de gravité des conséquences envisagées (du plus la place du premier foyer, la nature et l'emplacement des foyers
léger, réversible, au plus grave, par exemple incapacitation ou décès). potentiels, le type et la configuration du bâtiment. Ceci conduit à de
nombreux scénarios possibles pour l'évolution du feu, et à des scénarios
Une simulation numérique à l'aide d'un logiciel construit sur un modèle de encore plus nombreux pour le mouvement des personnes.
feu de bâtiment peut ainsi fournir une histoire des variables physiques et
chimiques qui permettent de • L'architecture intérieure du bâtiment (répartition des volumes, hauteur
quantifier les sollicitations
dangereuses: éclairement énergétique, température de "l'air", sous plafond, largeur des voies) et la nature des informations passives
concentration en CO, etc. , pour plusieurs points représentant des endroits qu'on y trouve (signes fixes indiquant la sortie, par exemple),
où peuvent se trouver des personnes. L'exposition d'une personne à une • La nature de la population présente : répartition des localisations
sollicitation donnée lors d'un sinistre réel n'est pas constante, les effets du individuelles initiales, âge, état général, degré de connaissance des
feu étant instationnaires. Les critères exposés plus haut s'appliquent lieux, préparation à se trouver dans une telle situation, éventuelle
cependant à des conditions d'exposition constante. Une discrétisation présence d'un "leader" efficace ou incitant au contraire à des actions
numérique sur la durée d'exposition et sur l'amplitude de la sollicitation non pertinentes ...
dangereuse permet cependant de résoudre approximativement cette
difficulté. • L'assistance éventuelle à l'évacuation ou à la mise en sûreté.
De plus, les personnes peuvent se déplacer. Donnons quelques détails sur Sur ces questions, les modèles actuels ou imaginables aujourd'hui sont
la représentation de leur mouvement. inévitablement réducteurs: leur application repose sur le choix de jeux
d'hypothèses (les bases de "scénarios"), réalistes mais ne pouvant pas
couvrir l'ensemble de toutes les situations possibles.
la modélisation du mouvement des personnes L'analyse des résultats de modèles comportementau.x approximatifs offre
Il existe divers modèles de simulation du mouvement de personnes. cependant l'intérêt de fournir des bases à des réflexions sur les moyens à
Comme nous l'avons dit au § 2.1.4, la représentation du comportement mettre en oeuvre, et les priorités à retenir sur ces moyens, pour mieux
humain est encore à son début. On peut grossièrement résumer l'état assurer la mise en sûreté des personnes. Une application directe de
actuel des hypothèses de ces modèles de la façon suivante l'utilisation des modèles de mouvement de groupes denses de personnes
est d'aider à dimensionner les circulations et les issues, de façon largement
• Le mouvement d'un groupe dense dépend des conditions imposées par suffisante pour ne pas gêner, en principe, le mouvement de personnes
le feu, de la structure interne du bâtiment (partition de l'espace, moins regroupées se comportant normalement. Un modèle a été réalisé
escaliers, issues, refuges...) et de répartition et la densité de ces dans cet esprit au CSTB par C. Theos [18]
personnes.

144 =csrs =iCSTB 145


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
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l'influence des sollicitations antérieures


Un autre problème difficile à résoudre est que la réponse d'une personne à, A(t)
par exemple, une sollicitation thermique ou bien à une sollicitation
toxique, fait intervenir des mécanismes physiologiques différents, en Amaxmax
nature et en délai des conséquences sur l'état de la personne. De plus, un
personne peut se protéger de certains dangers, et non de tous. Ainsi :
• Une personne peut ne pas respirer pendant la durée qui lui est
nécessaire pour parcourir quelques dizaines de mètres, mais devra
subir pendant le temps correspondant l'influence d'un éclairement
thermique qu'elle ne pourra pas parer.
A2
• Après avoir par exemple respiré une certaine quantité de CO avec de
l'air chaud en une inhalation et avoir parcouru 10 m sans inspirer de
nouveau mais en restant sous l'influence d'un rayonnement thermique,
la réponse d'une personne à de nouvelles sollicitations dépendra de ce Al
passé.

la concomitance des diverses sollicitations


t1 t2
Une autre difficulté, déjà évoquée, est qu'on ne sait pas bien tenir compte
du cumul ni de la concomitance des effets. On peut rencontrer des Figure 2.6 - Histoire de la sollicitation sur une personne
situations de feu où, par exemple, après une phase de croissance de la
température et de la concentration en CO2 de la fumée, accompagnée _ la courbe A(t) représente l'évolution temporelle de la sollicitation reçue par une personne ;
_ Amaxmax est le maximum maximorum de l'amplitude de la sollicitation pendant la durée du feu.
d'une descente de la hauteur libre sous la fumée, on observe une phase de
déclin de la puissance du feu où cette température diminue alors que la _ la personne est exposée pendant la durée (12 - 11 ), où 11 peut être nul (égal à l'instant du début de
la sollicitation).
concentration en CO augmente. Pratiquement, la quantification de la
- pendant cette durée : - l'amplitude initiale de la sollicitation est A1,
"synergie "des effets ne peut être effectuée que pour quelques couplages - l'amplitude finale de la sollicitation est A2.
sur lesquels on dispose d'une connaissance empirique.

les grandes lignes d'une méthode d'exploitation des critères


de danger On peut alors, suite à une discrétisation des évolu�ions réelles c�n�in':1-es,
appliquer "par palier" sur des couples (durée, amplitude de la solhc1tat10n)
Le danger pour une personne est estimé à partir de la connaissance de la
associés à des niveaux de gravité, les critères donnés aux paragraphes
sollicitation qui concerne cette personne (éclairement énergétique, ou taux
2. L 1 et 2.1.3. Sans entrer dans les détails de l'automatisation de la
de CO, par exemple).
méthode, donnons un exemple simple d'application : sur une durée dk,
On définit des niveaux de gravité du danger, de faible à létal l'indice j inférieure à d, l'amplitude de la sollicitation i a atteint au maximum A;,max.
représente un niveau de gravité.
Les critères de danger informent que sur cette durée, le degré de danger
Le type de sollicitation est repéré par l'indice i. Soit A;(t) l'histoire de pour A;,max est j. On en conclut que, sur d i , ce niveau de danger j ne peut
l'amplitude d'une sollicitation dangereuse en un lieu, à laquelle une être atteint. Se limiter à cette démarche conduit à des conclusions trop
personne est soumise en entrant dans ce lieu, et qu'elle ne subit plus en "pessimistes" conduisant à des exigences de sécurité peut-être excessives.
passant dans un lieu sûr. Un exemple est donné à la figure 2.6. A l'instant
On peut également envisager d'utiliser des moyennes de l'amplitude de la
t1, la personne commence de subir la sollicitation. A l'instant t2 , la
sollicitation considérée, sur des durées inférieures à d. La légitimité de
personne est supposée mise en sécurité. La durée de l'exposition est donc l'utilisation de telles moyennes temporelles est liée aux "constantes de
d = t2 - t1. temps" de la réponse, à comparer à la durée considérée.

146 ..:..csrs 147


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIME É DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingén e du feu pour /'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

L'idée d'exploiter des critères de doses est voisine. S'il est légitime d'utilis • les physiques : leurs possibilités actuelles
t2
de tels critères, il suffit alors de calculer fA(t)dt et de comparer le résult modèles de feu de bâtiment, par exemple les modèles de zones
t, ·vant l'état des locaux d'un bâtiment dont un local est le siège d'un
à une liste de doses critiques de degrés de plus ou moins grande gravit, présentés au chapitre 13, fournissent des variables physiques qu'on
t2
exploiter pour décrire les dangers du feu en terme de conditions
f
ou de comparer la valeur moyenne _!_ A(t) dt où d = t 2 -· t1 , à un niveau osition. Nous dirons ici quelques mots sut l'exploitation qui peut être
de résultats de calculs issus de ces modèle's.
dt l
critique connu pour d, afin de décider du niveau de gravité de l'exposition. La hauteur libre sous la fumée est calculée, cette grandeur est
directement fournie par les logiciels bâtis sur les modèles dits de zones.
Revenons maintenant au problème de l'attribution d'une position à un
n critère simple est le suivant : si cette hauteur est supérieure à 2 m,
personne. En toute rigueur, il faut pouvoir considérer que la personne s tête d'une personne est sous la fumée.
déplace. La figure 2.7 donne l'exemple d'une personne empruntant
chemin vers un lieu sûr. La prévision de la sollicitation relative à une 'éclairemènt sur une personne, venant d'une flamme et de la couche de
personne mobile implique que le calcul de la sollicitation "suive" la � chaud sous plafond, est calculable à partir des résultats du logiciel.
personne en mouvement, ce qui nécessite l'utilisation d'un modèle de On peut en examiner les conséquences sur une personne à l'aide des
mouvement couplé à un modèle d'évaluation du danger. En l'état actue critères présentés ci-dessus (paragraphe 2.2).
compte tenu des difficultés théoriques quant à la prévision d
température des gaz en zone basse (de l'air, dans le modèle) et en
comportement des personnes et des difficultés algorithmiques liées à un t
e haute (gaz chauds) est calculée. Comme pour l'éclairement, on
couplage, seules des scénarios très simples peuvent être abordés : un effo
t exploiter les critères empiriques de tenabilité thermique donnés au
de recherche important est encore nécessaire pour traiter correctement ce
agraphe 2.1.1.
sujet.
La teneur en CO2 est calculée à partir de la composition élémentaire du
combustible. La teneur en CO et en suie est calculée par dilution, à
li
l'aide de données empiriques sur les flux de ces grandeurs produits par
n foyer. On peut exploiter les critères donnés au paragraphe 2.1.3. 'Il
'1
modèles actuels peuvent ainsi fournir, de façon approchée, une
iction de l'évolution temporelle de sollicitations dangereuses dans un
, comme donner à chaque instant la carte des locaux potentiellement
gereux d'un bâtiment, mais ne peuvent pas évaluer très précisément
t. .............. conséquences des sollicitations sur une personne donnée dont la
J \
bilité et le comportement peut être très divers, depuis le plus adapté
circonstances jusqu'au plus irraisonné ou au plus irréfléchi. On peut
ces modèles se limiter aujourd'hui à admettre qu'une personne
cupe un endroit donné. On choisit un lieu exposé pour évaluer ainsi la
curité dans les cas défavorables.
'aide des méthodes évoquées, les connaissances actuelles permettent
i d'identifier: des situations sans danger, des situations clairement
- gereuses (par exemple danger manifeste thermique ou dû au CO seul},
: t2 des situations éventuellement dangereuses (plusieurs indicateurs sur
e ou des causes de danger indépendantes montrent une situation de
Figure 2. 7 - Exemple de variation de la position d'une personne ger potentiel), pour lesquelles les conclusions seront en partie
- l'instant li auquel une personne commence d'être soumise à la sollicitation, écidables.
et l'instant 12 auquel elle n'est plus soumise à la sollicitation.

148 149
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMEN /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation 3 - Physique du feu pour l'ingénieu a Physique du feu pour /'ingénieur 2 - Les dangers et dégâts du feu : nature et évaluation

éférences bibliographiques
2 ..4.. 2 Prévision des sollicitations thermiques
aux éléments de structure G. Aubertin, "La protection de l'homme contre le rayonnement thermique en milieu
industriel", Rencontre de la Société Française de Thermique, Ville d'Avray, 6 au 8 mai
1980.

L'utilisation de modèles physiques globaux de feux de bâtiment permet J.L. Bryan, "Damageability of buildings, contents and personnel from exposure to fire",
également de définir dans des situations réalistes les sollicitations Fire Safety Journal, n ° 11, 19$6.
thermiques imposées aux éléments de structure ou d'équipement et R.W. Bukowski et al., "Technical Reference Guide for the HAZARD 1 Fire Assessment
d'évaluer la durée de stabilité ou de maintien des performances, de ces Method", NIST Handbook n ° 146, Volume II, Juin 1989.
éléments. La variable physique la plus importante dans ce contexte pour N.A. Eisenberg, C. J. Lynch, et R.J. Reeding, "Vulnerability Mode! A simulation system
prévision des dilatations, déformations, etc. , et la prévision de la perte des for assessing damage resulting from marine spills", CG-D6136-75, US Department of
propriétés mécaniques, est le champ de température dans les solides transport, 1975.
soumis à des flux de chaleur dus au feu. Les critères utilisés peuvent être W.M. Haessler, "Fire fundamentals and control", Marcel Dekker, Inc., 1989.
exprimés sous forme de formules simples approximatives (donnant par",!
B. Rognon, "Étude en vraie grandeur de la toxicité des effluents de combustion de
exemple des températures critiques) ou bien résulter de l'exploitation d�j produits de construction", Rapport à la Direction de la Sécurité Civile, Ministère de
logiciels de comportement mécanique, que les progrès de l'informatique •· · l'Intérieur, Décembre 1992.
rendent de plus en plus utilisables.
I. Hymes, "The physiological and pathological effects of thermal radiation", SDR Report
La simulation des conséquences des agressions toxiques et thermiques R 275, United Kingdom Atomic Energy Authority, septembre 1983.
demande encore beaucoup de travail, de même que celle du comporteme ··· K. S. Mudan et P. A. Croce, "Fire hazard calculations for open hydrocarbon fires",
humain. La capacité de prévision des grandeurs physiques est plu in "The SFPE Handbook of Fire Protection Engineering", section 2, chapitre 4, 1988.
avancée, bien que les modèles physiques de feu soient, comme nous 1 P. Périlhon, "L'analyse de sécurité d'une installation. Développement d'une méthode
verrons (chapitre 13), dépendant de nombreuses hypothèses et encore en organisée et systématique d'analyse de risques (M.O.S.A.R.), CEA/CENG, Grenoble,
pleine évolution. Juillet 1988.
Le couplage entre modèles physiques et modèles de comportement humain O] V.M. Predtechenskii et A.I. Milinskii, "Planning for foot traffic", Stroiidzat Publishers,
est encore du domaine de la recherche. Moscou, 1969, publié en anglais en 1978 suite à une traduction par le NBS américain.

Les modèles actuels, même imparfaits, fournissent néanmoins des 11] G. Proux, "Human factors in fire safety engineering", SFPE Bulletin, hiver 1995.
d'appréciation des dangers sur les personnes ou sur les structures 12] D.A. Purser, "The effects of fire products on escape capabilities in primates and human
l'intuition ou l'avis d'expert ne peuvent pas prédire en général. Malgré fire victims", "First international symposium on Fire Safety Science", IAFSS, Edinbourg,
limites et insuffisances que nous venons de mentionner, ces 1986.
constituent des outils utiles. 13] D.A. Purser, "Toxicity Assessment of Combustion Products", SFPE Handbook of Fire
Protection Engineering, NFPA, 1988.
Nous terminerons ce chapitre en évoquant l'application des modèles de feu 2;;
au contrôle des fumées et donc à la mise des personnes à l'abri des 4] A.M. Stoll et al., "Skin Damage Due to Heat Transfer by Conduction", Fire and Materîals,
vol. 4, n ° 1, 1980.
dangers toxiques et éventuellement thermiques dus aux fumées. La
protection des personnes peut être réalisée par des moyens technique§< .. A. Tewarson, "Nonthermal Fire Damage", Journal of Fire Sciences, Vol. 10, n°3, mai
permettant de les mettre à l'abri des gaz et fumées. La définition de tels 1992.
moyens peut profiter de ces modèles physiques. Ainsi, la gestion des Rapport ANPI, "L'incendie et son impact sur l'environnement", supplément à la "Revue
champs de pression dans un immeuble, le maintien d'une couche d'air belge du feu", n ° 104, février 1991.
frais assez épaisse pour permettre aux personnes de progresser, ainsi que Rapport de la société "Assurance et Progrès", résultats d'une enquête de la Direction de
les autres mesures générales de prévention et de protection aideront la Sécurité Civile du Ministère de l'Intérieur, "La panique aux rayons X", Face au
éviter ces dangers difficiles à évaluer précisément, en grande partie liés a l Risque, n° 280, février 1992.
présence de gaz chauds et enfumés près des personnes. Le contrôle de C. Theos, thèse de doctorat de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Sciences et
l'enfumage, sur la base de résultats de simulation du mouvement de lâJ Techniques du Bâtiment, « Modélisation du mouvement des personnes lors de
fumée dans un bâtiment, qui est abordé plus loin au chapitre 11, joue l'évacuation d'un bâtiment à la suite d'un sinistre », 25 janvier 1994.
dans cet ensemble un rôle clé.

150 151
Chapitre

Éléments théoriques
fondamentaux

Transport de matière, diffusion, source 3. 1


et puits d'espèces
Les lois "Flux-Gradients" 3.2
Rapports adimentionnels 3. 3
(nombres de similitude)
Maquettisation du feu 3. 4
La turbilence 3. 5
Éléments de thermodynamique 3. 6
Les réactions chimiques 3. 7
Régime de contrôle de la combustion 3. 8
Température de la flamme adiabatique 3. 9
Éléments de mécanique des fluides 3. 10
Un système complet d'équations 3.11
d'écoulement réactifs
TRAITÉ DE PHYSIQ JTÉDE PHYSIQUE
3 Éléments théoriques fondamentaux 3 Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

L'existence d'un feu se manifeste par des phénomènes mécaniques


physicochimiques interdépendants

• Des écoulements et des mouvements de gaz rapprochent des


chimiques qui réagissent lorsqu'elles se rencontrent, ou
transportent de la matière plus ou moins chaude.

• Des échanges d'énergie et des productions et consommations de chaleu 1


·r par exemple la référence [If, Barrère et Prud homme, 1973)
ont lieu, pour des gaz, des solides ou des liquides. Les échanges d
chaleur permettent la formation de gaz, et modifient la température et transport dit convectif est celui associé à un mouvement d'ensemble
masse volumique des gaz. n fluide, ici un gaz, pour lequel on peut définir un champ de vitesse
enne (en amplitude et direction). Rappelons qu'on utilise aussi l'adjectif
• Les réactions chimiques transforment des "réactifs" en "produits" e vectif' pour désigner un échange de chaleur entre un gaz en
dégageant de la chaleur. La vitesse de production de chaleur e vement relativement à la surface d'un solide et cette surface (traité au
dépendante des mouvements de matière, et de la vitesse des réactions. pitre 9).
L'étude des échanges couplés de matière, d'espèces et d'énergie e mouvement des gaz chauds du feu emporte dans son flot les
désignée sous diverses appellations dans les "sciences physiques po stituants gazeux produits par les foyers et peut de plus entrainer avec
l'ingénieur" : "l'aérothermochimie", "l'hydrodynamique physico-chimiqu de l'air présent aux frontières latérales de l'écoulement. Dans ce cas, le
le "heat and mass transfer" anglo-saxon... L'approche scientifique de c it massique n'est pas constant dans chaque section de l'écoulement. Ce
phénomènes en interaction, "vus ensemble", soit par obligation pour traite vement d'ensemble est causé par des différences de pression, certaines
un problème concret donné, soit dans une démarche cognitive, a re elles associées à des différences de masse volumique elles-mêmes
considérablement progressé depuis cinquante ans grâce à des expériences à des différences de température.
fines ou nouvelles, des concepts physiques plus pertinents, des méthodes' force d'Archimède (encore nommée de "flottabilité", ou "de gravité") est
numériques· adaptées, avec l'aide des ordinateurs utilisés, a moteur de mouvement vertical d'ensemble des gaz plus chauds que l'air
performances constamment croissantes. Dans tout un ensemble s les conditions normales.
théories et de modèles relatifs à la combustion, ceux qui concernent 1
écoulements avec réactions chimiques et échanges de chaleur intéresse phénomènes de diffusion moléculaire manifestent la tendance qu'a
les foyers industriels, les propulseurs, le génie chimique et biochimique, 1 espèce chimique ( 02 , C0 2, par exemple) à uniformiser sa
sidérurgie, certains problèmes de pollution... , et le feu non désiré. Corn centration dans l'espace. Dans une flamme de diffusion laminaire, la
nous l'avons dit dans l'introduction, la "science du feu", surtout so sion moléculaire est responsable du mouvement l'un vers l'autre des
l'aspect modélisation, a profité de ces progrès pour (commencer de) tifs initialement séparés. L'orientation du champ de la gravitation
construire. pose pas à la diffusion un mouvement vertical. La turbulence, quand
Les pages qui suivent présentent des connaissances théoriques de est notable, perturbe la diffusion comme les autres phénomènes de
relatives aux principaux phénomènes du feu, sans qu'on aille très loin sport.
dans les détails, et où nous n'avons pas pu supprimer tout l'arbitraire des réactions chimiques ont lieu quand les molécules de réactifs se
choix effectués. ontrent et libèrent de la chaleur. Ces réactifs disparaissent, pour
On trouve ainsi dans ce chapitre un exposé er les produits, à une vitesse qui dépend des concentrations des
es gazeuses, de la température et de la pression, selon des
@ de concepts de base fondamentaux, même si dans la suite du livre ismes qui, dans leurs détails, sont très compliqués. Aux bilans des
n'en retrouve pas toujours l'application ; tions chimiques sont associés des termes de source ou de puits pour
e espèce donnée, termes exprimant le flux massique de production ou de
• de connaissances physiques essentielles utiles à la modélisation du fe sommation de chaque espèce. Dès sa production, une espèce est
qui pourront guider le lecteur intéressé vers des ouvrages pl sportée avec l'écoulement global. En effet, le gaz est chauffé par le
fondamentaux ou plus détaillés, et qui visent à introduire les chapitres t calorifique dû à la réaction globale de combustion (exothermique, ce
suivants, plus appliqués et consacrés à des aspects attendus quand est le cas général dans le feu !), et il est alors soumis à la force
parle du feu : débit de chaleur, mouvement de gaz chauds, rayonneme chimède.
thermique...
TRAITÉ DE PHYSIQUE; RA/TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingénieur
---��- -
��-� ----- - - - - - - ---- -
- Physique du feu pour l'ingénieur
----'----------
3 - Éléments théoriques fondamentaux

Si l'écoulement est réactif, la composition chimique et la température de la Tableau 3.1 - Temps caractéristiques
matière transportée, et même la vitesse du transport, continuent d'évoluer ( À est une distance caractéristique de l'écoulement)
le long de l'écoulement par les conséquences des réactions chimiques qui
se poursuivent pendant le mouvement d'ensemble. Si, par exemple, les Temps caractéristique de Notation Commentaires
réactions chimiques concernent une espèce combustible dans l'écoulement correspond au temps caractéristique
et l'oxygène de l'air environnant l'écoulement, la rencontre des deux Réaction chimique de réaction pour un mélange
,R
réactifs implique la turbulence, la viscosité, et la diffusion des espèces, qui homogène
rapprochent entre elles les molécules de réactifs, et la cinétique et la
TD = À, / D
2
thermodynamique chimiques, qui décident des réactions de Diffusion des molécules où D est la diffusivité moléculaire
transformations de ces espèces.
Ces mécanismes d.e transport, soit global, soit spécifique, et d.e iffusion de la chaleur où a est la diffusivité thermique
production/ consommation d'espèces, et de production et d'échange de
iffusion de la vorticité
chaleur, sont ainsi associés et interdépendants. ·scosité) où v est la viscosité cinématique
Mais certains phénomènes sont souvent dominants par rapport à d'autres. ransport de masse global où v est la vitesse moyenne globale
Ainsi: convectif) de l'écoulement

• si le transport global de réactifs mélangés est plus rapide que la


diffusion ou la réaction chimique, il faut que l'écoulement parcoure un
long chemin avant que sa composition soit changée ;

• si deux réactifs ne sont pas prémélangés mais que leurs molécules sont
proches les unes des autres, c'est la vitesse de diffusion moléculaire qui
peut décider de la vitesse de leur déclin dans leur réaction chimique. La
vitesse de rapprochement des molécules de réactifs dépend elle-même
de la diffusion moléculaire, et de la turbulence de l'écoulement qui
brasse vitesse, température et espèces.
La thermodynamique impose cependant ses lois: elle régit par exemple
les concentrations finales d'équilibre chimique (en fonction de la
température et de la pression), mais n'informe pas du moment de l'atteinte
de cet équilibre qui, dans un écoulement sur une longueur donnée, peut ne
pas être atteint.
On peut comparer l'amplitude des conséquences de ces divers mécanismes
en évaluant les échelles de temps caractéristiques de chacun (pour
trouver "lequel décide"), et l'amplitude des flux qui leur sont associés. La
référence [8], Guyon et Boyer, 1980, nous fournit le tableau 3.1 suivant,
relatif aux mécanismes cités et à la diffusion de la chaleur par conduction
qui crée des champs de température, grandeur dont dépendent plusieurs
phénomènes, dont la vitesse de réactfon chimique qui y est très sensible.

156 :ECS1B
TRAITÉ DE PHYSIQUE. TRAITÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour /7ngénieur 3 Éléments théoriques fondamentaux

3 ..2 2 La loi de viscosité

(Voir par exemple [121 A. Régef, ''Traité de physique du bâtiment", CSTB,


Trois grandes lois phénoménologiques sont couramment utilisées, que tome 1, partie B, p. 223.)
nous allons citer, sachant qu'elles sont présentées de façon détaillée dans
plusieurs ouvrages, dont ceux cités ici en références. r = -µ � (loi de Newton)
L'écriture qui suit est, pour simplifier, monodimensionnelle ; le flux
s'écoule selon l'axe des x. Cette formule relie les contraintes de viscosité correspondant au transport
de quantité de mouvement (densité surfacique de flux de quantité de
mouvement) dans le sens des y, au gradient de la vitesse orientée dans le
3.. 2 .. 1 La loi de diffusion de la chaleur sens des x croissants (u est la composante de v parallèle à Ox).
a la dimension d'une pression,
est la viscosité dynamique, homogène à des kg • m ·1 . s·1 •
La loi de conduction thermique s'écrit
Si on introduit la viscosité cinématique v
q" -À éfI' (loi de Fourier) v = µ /p
&
où:
on voit apparaître une deuxième grandeur dont la dimension est en m 2 • s· 1
q" est la densité surfacique du flux de chaleur conduit, (la même unité que pour a).
2
notée aussi </J (W • m· ),

À est la conductivité thermique (W • m· 1. K- 1 ),


éfI'
( K • m-1) est le gradient de température dans la direction
La loi de diffusion moléculaire
&
des x croissants. (Voir par exemple [13] T. Duforestel, "Traité de physique du bâtiment",
Un bilan élémentaire de chaleur sur l'épaisseur dx fournit CSTB, tome 1, partie E, p. 483.)

m" i -D ô
(loi de Fick)
dt &
exprime que la densité surfacique de flux massique de l'espèce i (exprimé
où le rapport , noté généralement a, est la diffusivité thermique, en en kg• s· 1 • m· 2 est égale au produit du gradient de la concentration de i (en
kg· m - 3 ) , par un coefficient D de diffusion moléculaire, en m2 •

(Le chapitre 8 est consacré à la présentation de la diffusion de la chaleur


pour son application à la modélisation des feux de bâtiment.} Ces trois lois de base relient ainsi:
• la densité surfacique du flux d'une grandeur G,

• à un gradient de G,

1111 selon une relation linéaire,

• avec un coefficient qui s'exprime en m2 .s-1.

158 159
TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l1ngénie ysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

3 ..2..4 Ordre de grandeur des coefficients beaucoup étudiées et, dans une certaine mesure, elles ont reçu un
ort théorique. Les relations d'Onsager qui généralisent l'expression
des lois flux-gradients flux, et l'analyse microscopique des phénomènes, ont permis d'aller
loin dans la théorie. Nous ne ferons que commenter sous forme
·tative les résultats d'approches plus récentes et plus générales, pour
(D'après les références /9], Kanury, 1975, et /6], Eckert et Drake, 1972) ois catégories précédentes de grandeurs G :

a) Ordre de grandeur de ;i,


li
n retrouve le flux de la loi de Fourier, auquel s'ajoute dans les gaz
Pour les gaz, à 0°C sous pression normale p0 = 1 atmosphère, elui causé par l'apport de chaleur par diffusion de molécules amenant
eur enthalpie, et un terme dû à l'effet Dufour (résultant d'un couplage
W • m-1 • K-1) varie selon l'espèce moléculaire entre 0,01 et 0,4. ntre gradients de pression, de température, et de concentration). La loi
Donnons quelques exemples à 300 K et une atmosphère : pour le dioxyd e Fourier a de plus fait l'objet d'interprétations théoriques.
de carbone, À 0,017 ; pour l'azote, À= 0,026 ; pour l'air À= 0,026 ; po
:ux de quantité de mouvement
l'oxygène ;J, = 0,026 ; pour le méthane )., = 0,031 ; pour l'hydrogèn
À= 0,182. '.expression de la production d'entropie dans les relations d'Onsager fait
paraître deux coefficients phénoménologiques, l et L, et ainsi deux
1 peut s'écrire sous la forme : K(T / T0 f , où T0 = 273 K et où n est d efficients de viscosité : le premier est µ = L/2T, déjà vu, et le second
l'ordre de 1 pour les gaz permanents (air, azote, oxygène, hydrogène... ) t h =l/ T, qui caractérise la viscosité volumique.
de l'ordre de 2 pour les gaz condensables (méthane... ).
ux de diffusion d'espèces
a vitesse de diffusion fait apparaître les gradients de concentration
b) Ordre de grandeur de µ mme précédemment, les gradients de température (effet Soret), de
Pour les gaz courants, µva de 75 à 200 millionièmes de poise à 20 °C. pression et des forces extérieures.
croît avec la température et va de 200 à 500 millionièmes de poise suivant résume les relations entre flux et (( forces »
1000° c.

c) Ordre de grandeur de D Tableau 3.2 - Relations entre flux et« forces »

Le coefficient de diffusivité moléculaire est à pression <( Forces » { anglais : driving forces)
Gradient de
Po (1 atmosphère) et à T0 = 273 K, de l'ordre de 0, 1 à 1
Flux par unité Gradient de Gradient de concentration, ou de
mélanges gazeux binaires. d'aire de: vitesse température pression, ou différence
de forces extérieures
On peut poser D = K(T /T0 t(P / p0 ). D augmente vite avec
Loi de Newton
température : l'exposant m est voisin de 2 pour les gaz condensables
voisin de 1,75 pour les gaz non condensables. Loi de Fourier Effet Dufour
Effet Soret Loi de Fick

3.2.5 Approche plus générale des lois


arquons que les lois phénoménologiques modernes introduisent des
flux-gradients lages entre des phénomènes vus comme séparés dans les "anciennes"
flux-gradients, toujours valables (au premier ordre ! ) dans les cas
Les relations précédentes sont d'origine empirique et leur introduction sou ants. Compte tenu de la complexité des relations généralisées et de
l'écriture actuelle date, grossièrement, d'une centaine d'années ; elles on faible degré d'application dans les modèles de feu exploités
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
3 • Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour 17ngé sique du feu pour l'îngénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

aujourd'hui, nous n'irons pas plus loin ici dans la présentation d


théories actuelles qui exploitent les relations d'Onsager.
Il faut néanmoins mentionner au passage la richesse de travaux récent
exploitant des relations non linéaires, par exemple en optique (les lasers)
ou en mécanique des fluides (instabilités). approches plus anciennes avaient déjà entrepris de comparer les
responsables des trois lois évoquées. Cette démarche de
a mené aux nombres aditnensionnels, dont nous
nterons, à titre d'exemple, ceux qui sont liés aux trois phénomènes
nous venons d'évoquer, et d'autres nombres adimensionnels courants.
térêt de tels nombres est de
ermettre des approximations dans des modèles en aidant à repérer ce
'on peut négliger et à conserver ce qui est important;
bien, dans l'écriture des équations, profiter qu'un nombre vaut 1
our abaisser d'une unité l'ordre d'un système d'équations lorsque deux
phénomènes s'expriment par le même type d'équation, (on utilise par
exemple l'hypothèse d'un nombre de Lewis, Le, égal à 1, dans certaines
proches de combustion ; cf. le chapitre 4) ;
éfinir des conditions expérimentales de similitude entre des systèmes
e tailles différentes (échelle 1 et maquette) ;
onduire à des formules pour l'ingénieur (par exemple pour l'expression
es coefficients d'échange de chaleur par convection naturelle ou forcée
tre un fluide et une surface solide, comme nous le verrons dans le
hapitre 9 consacré à ces échanges).
s rencontrerons plus loin divers nombres de similitude (Re, Gr, Nu... ).
remarques mènent naturellement à poser la question de la faisabilité
tude du feu sur maquettes.
Tableau 3.3 - Exemples de rapports adimensionne/s
bre adimensionnel de : Phénomènes comparés

Viscosité et diffusion de la Pr= i!... ;-3:_


Prandtl
chaleur p /Xp /4 a

Schmidt
Viscosité et diffusion des Sc=i!.../D L
espèces p pD
Diffusion de la chaleur et a Sc
Lewis Le
diffusion des espèces D Pr
Reynolds Inertie et viscosité Re=ul
V

Energie cinétique et énergie u2


Froude Fr=-
potentielle due à la gravité
lg
En convection naturelle, force g/J(H�
3

Grashof d'Archimède et force de Gr 2


viscosité v

Flux thermique convectif et


Nusselt Nu=hl
flux conduit }.

163
TRAITÉ DE PHYSIQUE:
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 • Physique du feu pour /'Ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

La réalisation d'études sur maquettes plus petites, ou plus maniables e un fluide en écoulement dans une conduite droite à une vitesse faible
instrumentables, que l'objet en vraie grandeur, est abondamment quelque distance de l'origine, on peut observer des lignes de courant
pratiquée en mécanique des fluides ou pour divers problèmes d'échanges emeurent en régime stationnaire parallèles à l'axe de la conduite et
de masse et de chaleur. Cette démarche exploite la similitude qui régulières, sans accidents : c'est une situation d'écoulement en régime
de la conservation, maintenue entre échelle 1 et maquette, des p.aire. On sait depuis Reynolds (1883) que, à partir d'une certaine
adimensionnels qui ont un rôle important pour le problème. Le feu de r du débit circulant (en fait, de Re), et donc de la vitesse moyenne
bâtiment implique plusieurs nombres de ce genre (plusieurs rapports de ale, l'écoulement donne naissance à des instabilités, puis, à une
"forces") qu'il faudrait conserver tous ensemble au niveau des maquette se plus grande (Re plus grand), à un désordre apparent des lignes de
ce qui est pratiquement impossible en général, mais a été entrepris pou ant : la vitesse en un point fixe donné évolue au cours du temps de
certaines expériences de combustion où, pour maintenir le nombre d n complexe, comme sur toute une région de l'écoulement observée à un
t donné. C'est le régime d'écoulement turbulent.
Grashof , on a gardé constant le produit p2l3 (entre le carré de la pressio
empruntons à la référence [5], Cousteix, 1989, la présentation
et le cube de la dimension caractéristique). On doit avoir: pf lf p� zg ; des caractéristiques de l'écoulement turbulent:
Z1 est divisé par deux, il faut multiplier p1 par : 8 / pour obtenir p2 •
1 2

Cette condition très astreignante de maintenir constants des nombres de le nombre de Reynolds est élevé;
similitude pour construire une maquette plus petite que l'échelle réelle est
l'un des problèmes qui se posent pour définir des essais de petite taille. les variations spatiales et temporelles de la vitesse sont aléatoires ;

A ce jour, il semble que l'intérêt de la démarche de maquettisation soit e champ de vitesse montre des fluctuations qui sont du même ordre de
limité à certaines configurations d'enfumage par des fumées à températur andeur dans les trois directions de l'espace, avec des fluctuations
peu élevée. La fumée chaude peut, dans la maquette, être remplacé par d tenses du rotationnel de la vitesse ;
l'hélium
équations de l'écoulement ont un caractère non linéaires;

l'échelle moléculaire, les vitesses sont des fonctions continues et


ifférentiables, donc traitables numériquement ;

le mélange (ou plutôt le phénomène de réalisation de mélange, le


":tnélangeage") dans l'écoulement des espèces chimiques, de la chaleur,
e la quantité de mouvement, est plus efficace, et ce dans les trois
· ections de l'espace (dans un régime laminaire, ce sont seulement la
· fusion et la convection qui assurent le transport de ces quantités);

prédiction du champ turbulent n'est pas totale: on ne peut pas


édire exactement la vitesse (en un point donné) au cours du temps
une certaine durée, même si l'on connaît très bien les conditions
itiales ;

ar contre, lorsque la connaissance de valeurs moyennes est visée, la


héorie permet de les obtenir.
dernières années ont vu se généraliser le concept de turbulence hors
ontexte des écoulements de fluides, et concernent des problèmes où le
e étudié est très sensible aux conditions initiales ces
loppements sont liés aux bifurcations, chaos, attracteurs...

164
TRAITÉ DE PHYSIQUE
RAITÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux
• Physique du feu pour l'ingénieur

Pour le feu, la turbulence des écoulements réactifs modifie la combustion,


et la combustion peut avoir à son tour une influence sur la turbulence. Le
flammes de diffusion du feu, dont la taille de la source est de l'ordre du
Éléments de thermodynamique
mètre ou plus, sont turbulentes. De même, sont turbulents les•·
écoulements non réactifs au travers d'ouvertures ou le long d'un couloir
pour les feux d'une certaine importance. oir par exemple [12] A. Régef, "Traité de physique du bâtiment", CSTB,
me 1, partie B, p. 204, et [3], Borghi et Destriau, 1995)
Dans les modèles de feu du type modèle de zones (voir le chapitre 13), les
conséquences de la turbulence sont traitées empiriquement pour décrire thermodynamique des gaz est directement impliquée dans la
les écoulements, l'entraînement d'air aux flammes, les échanges de chaleur odélisation du feu de bâtiment par
convectifs (entre gaz et parois)...
Les principes de conservation de la masse et de l'énergie, et d'équilibre.
Dans les modèles de champ (chapitre 13), on modélise la turbulence selon
différents niveaux de finesse L'utilisation de grandeurs thermodynamiques (température, énergie
interne...) et de relations classiques comme lien entre ces grandeurs,
* longueur de mélange de Prandtl pour les écoulements ;
par exemple pour trouver la température T à partir de l'énergie interne
• modèles de production et de dissipation de l'énergie turbulente (modèles U et de la masse m (la chaleur massique à volume constant eu étant
dits K-1::, K-1::-g) ; connue), ou pour connaître la masse volumique p à partir de la pression
p et de la température T grâce à l'équation d'état.
• modèles de turbulence anisotrope ;
L'exploitation du premier principe dans l'écriture des bilans
* modèle de résolution numérique directe des équations de base énergétiques.
(équations de Navier-Sokes) avec filtrage numérique (approches récentes
s volumes de contrôle gazeux, sur lesquels on fait des bilans de masse,
en cours de développement, très exigeantes en moyens informatiques).
d'énergie, et dont les frontières sont traversées par des flux de matière
L'existence de la turbulence conduit dans les approches d'ingénierie à d'énergie, sont des systèmes ouverts (voir le chapitre 13).
introduire de nouveaux coefficients, emp1nques, de conductivité
s transformations sont souvent supposées s'effectuer à pression
thermique, de diffusion moléculaire, de viscosité, dont l'expression est liée onstante (isobares).
au type de modèle de turbulence.
'existence de forts échanges de chaleur dans le feu entre des volumes de
La référence [3] apporte des informations précieuses sur les transports ntrôle implique que les transformations sont rarement vues comme
turbulents et les flammes turbulentes. iabatiques.
s lois de changements d'état concernent la vaporisation de liquides
mbustibles ou celle de l'eau (voir chapitres 4 et 5).
es modèles fins portant sur des aspects thermochimiques font appel à
es systèmes d'équations fondés sur l'atteinte d'un équilibre
ermodynamique relatif à un mélange d'espèces, éventuellement
mpliqués par l'introduction de cinétique de mélange et de réactions

ous rappellerons ici quelques grandeurs et relations utilisées et


onnerons la liste des modes d'échange de chaleur considérés.

167
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 Éléments théoriques fondamentaux

si, avec M = 29 kg par kmole (pour l'air}: r = 8,31/(1000x29)


3 .. 6 .. 1 Grandeurs et relations kg-1. K-1).
= 286,6

ix de cette équation d'état se répercute sur l'expression de l'énergie


@ La température ne et de l'enthalpie, données pour un gaz parfait.
Une remarque théorique concerne la légitimité de parler de la températur�
d'un volume gazeux. L'application des théories de physique statistique qui· 'énergie interne
permettent de définir la température macroscopique mène à l'obligation T
l'atteinte d'un équilibre de répartition de plusieurs types d'énergie liés U = m JcvdT
mouvement global des molécules et aux mouvements intramoléculaires T,ef
vibration et de rotation. L'hypothèse est faite pour les types de combustio
rencontrés dans le feu que les temps caractéristiques nécessaires à la mi
en équilibre de l'énergie de translation des molécules et des énergies
correspondant à des modes internes aux molécules sont très courts devant .
la durée caractéristique des réactions chimiques, comme devant celle de· · ·
tous les phénomènes présents (diffusion, écoulement...). Sous la pressi
atmosphérique normale le temps de relaxation pour revenir à l'équilibre e
9 6
de l'ordre de 10- à 10- seconde. Pour les milieux gazeux qui nou est la chaleur massique à volume constant, et c la chaleur
P
concernent ici, on fait donc l'hypothèse d'un équilibre thermodynamiqu ique à pression constante. On peut également raisonner sur une mole
local. finir des grandeurs molaires C v et C . Nous allons donner des ordres
P
Dans les modèles de feu dits de zones (présentés au chapitre 13), o
suppose que la température est uniforme dans des volumes de gaz d
l'ordre de plusieurs m 3 (hypothèse de zones "parfaitement mélangées"). La chaleur massique à pression constante

• L'équation d'état aleur massique à pression constante c en J. kg-1 . K-1 , ou C


P P, en
1 1
ole- · K- , est, pour les gaz, calculable à partir de la thermodynamique
Pour les gaz du feu de bâtiment, on utilise l'équation d'état des gaz _
parfaits: stique (cf. par exemple la référence [1] ).
pV nRT bleau 3 .4 donne quelques exemples de la valeur de la chaleur molaire
ession normale pour des espèces courantes à des températures
où: -sentatives des conditions du feu; on passe facilement à la valeur
· ue en divisant la valeur molaire par la masse de la mole
p est la pression (pascals, Pa),
ple pour C02 à 500 K : 44,626 J • mole- 1. K- 1 correspond à
V le volume ( m 3 ) contenant n moles à la température absolue T (K), ,23 J · kg-1. K-1 }.
1 1
Rest la constante des gaz parfaits, voisine de 8,31 J · mole- · K- .
Tableau 3.4 - Chaleur molaire à pression normale C (J.mole·l .Kl)
Le produit pVa la dimension d'une énergie. P
en fonction de la température
La relation précédente est souvent exploitée sous la forme
(d'après: [9] A. M. Kanury, Introduction to Combustion phenomena, Gordon et Breach, 1977)
p= prT
Espèce, à T(K) = 298 500 1000 1500
où: Nz 29,125 29,577 32,698 34,852
p est la masse volumique ( kg • m 3
), Hp(g) 33,577 35,208 41,217 46,999
C02 37,129 44,626 54,308 58,379
r = R/ M, où M est la masse d'une kilomole (en kg). 29,373 31,091
Oz 34,878 36,560

169
TRAITÉ DE PHYSIQ É DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour /'ingénie 'hysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

• La chaleur massique à volume constant

Pour une espèce se comportant comme un gaz parfait, on peut déduire


(même unité que CP ) à partir de CP à l'aide de la relation de Mayer:
par exemple [3}, Borghi et Destri.au, 1995, chapitre 2)
R = CP Cv
réactions chimiques de combustion produisent le terme source de
eur du feu.

3..6.. 2 Les échanges de chaleur réactifs sont généralement

'oxygène (ou, selon la norme, le dioxygène) 02 de l'air , l'oxydant usuel,


qui expriment, pour différents modes d'échan
Les échanges d.e chaleur,
des flux qui entrent dans le terme 8Q du premier principe de 1 t divers gaz combustibles
thermodynamique (échange de chaleur entre le système et l'extérieur, 1 soit directement présents dans l'état. gazeux sous les conditions
système dans un modèle de feu étant un volume fini), sont décrits a normales;
chapitres suivants
soit issus de la vaporisation et/ ou de la dégradation d'un liquide ;
• chapitre 6: "Détermination du débit calorifique", consacré au terme d soit, et c'est la règle courante pour la plupart des feux de bâtiments,
production de chaleur dans le système. libérés par la pyrolyse de composés organiques solides chauffés. Les
gaz de pyrolyse de matériaux organiques sont en général des
• chapitre 7 : "Débits massiques échangés entre un local en feu et son mélanges complexes où l'on trouve des alcanes et bien d'autres
environnement". Aux flux de matière sont associés des flux d'enthalpie. espèces combustibles.
@ chapitre 8 : "Transfert thermique conductif ", d'abord les réactions globales sous leur aspect

• chapitre 9 : "Transfert thermique convectif ",

@ chapitre 10: "Transferts thermiques radiatifs".

Les réactions globales

équations de bilan liées aux réactions chimiques globales sont de la


e générale:
°"a
L R- l '

°"a °"
L., 1. R (- - L., b ;.p 0

P 1 sont les formules moléculaires des réactifs et des produits,


pectivement. On peut développer l'écriture précédente en explicitant ces
ules moléculaires, pour faire apparaitre les atomes constituant les
· cules, ce qui permet de mettre formellement en évidence la
ervation des atomes : nous le ferons dans les exemples qui suivent.

170
TRAITÉ DE PHYS/Q /TÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour /'ingénie • Physique du feu pour lïngénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux
3 - Éléments théoriques fondamentaux

La réaction de combustion entraine une variation entre des nombres d oduits alors que les atomes de carbone s'oxydent en C02. La formation
molécules (ou de moles) : un certain nombre de molécules du réactif C02 , est prédominante devant la formation de CO (aux températures
présentes avant la réaction, va passer à zéro à la fin de la réaction, et pou urantes des flammes du feu) si la flamme est bien alimentée en 02 •
un produit j, initialement absent, la réaction va fabriquer un certai
nombre de molécules. Les coefficients a, concernent les réactifs et 1 Remarque:
coefficients bi les produits ; ai et b1 sont les nombres stoechiométrique Si on pe:-1� �ouvent négliger la formation de CO dans un bilan de matière approché, la
forte tox1c1te du monoxyde de carbone ne permet pas par contre d'oublier CO sous cet
(entiers ou fractionnaires), qui expriment la variation du nombre aspect.
molécules (ou de moles) d'une espèce donnée, réactif ou produit, p sait que c'est l'air qui entre dans les flammes et non seulement
rapport à la variation du nombre de molécules de chacune des autr
gène de l'air : l'azote de l'air est oxydé en très faible quantité dans les
espèces participant à la réaction. Ces nombres pourraient donc êt
es du feu, où la température atteinte est trop faible pour que les
remplacés par d'autres, obtenus par la multiplication de chacun d'eux p tions d'oxydation de l'azote soient notables en termes de bilan
un même facteur, quelconque. On choisit le jeu de coefficients le plu sique. Il n'empêche que la formation de très peu d'oxyde d'azote doive
simple à écrire, avec les plus petites valeurs numériques possibles ,et
prise en compte en tant que danger toxique.
quand on peut, des nombres entiers.
onservation des atomes implique qu'on retrouve dans l'ensemble des
On pourrait également écrire la relation précédente sous une forme global
uits autant d'atomes d'un type donné que dans l'ensemble des
où l'on regroupe réactifs et produits et où les coefficients sont posif tifs. La masse de l'ensemble des réactifs est par conséquent égale à la
(réactifs) ou négatifs (produits)
se de l'ensemble des produits (on néglige la très faible variation de
I:V1 M 1 0 e associée à la variation d'énergie par la relation d'Einstein !) . Dire
1 1
une molécule de méthane "donne" une molécule de dioxyde de carbone
plique, lorsqu'on dispose de la réaction globale n ° 1, que la disparition
Cette dernière écriture est plus générale ; nous garderons néanmoins d 16 g de méthane mène à la production de 44 g de dioxyde de carbone, et
la suite du paragraphe les expressions qui distinguent réactifs et produits. e 64 g d'oxygène moléculaire ont disparu, et que 36 g d'eau ont été
Donnons maintenant deux exemples de réactions de combustion és.

1 formation, essentielle, que fournit une relation globale de combustion,


® exemple
donc de donner les proportions entre les réactifs transformés, entre les
duit formés, et entre l'ensemble des réactifs et l'ensemble des produits.
e exemple 2 liens établis par une réaction globale sont exprimables, de façon
.
Dans le premier exemple, 3 moles se transforment en 3 autres moles : 1valente, en termes de rapports entre les nombres de moles, ou entre
masses d'espèces moléculaires puisqu'on connaît la masse de chaque
br le. Ainsi pour la réaction 2, pour chaque molécule de pentane
sommée, huit molécules de 02 sont consommées, soit 256 g de 02 ,
72 g de pentane; de même, pour cinq molécules de C02 (220 g)
Dans le second exemple, 9 moles se transforment en 11 autres moles :
ées, six molécules d'eau (108 g) sont formées, et ceci par la disparition
R1 est C5H1 2 , R2 est 02 .' P 1 est C02, P2 est H20 ; a1 =1, a2 =8, br =5 quantités précédentes de 02 et de C 5H12 •
b2 = 6.
besoin en oxygène : pour réaliser la première réaction, on voit qu'il
Les deux exemples ci-dessus sont très simples quant au gaz combustible : t 64 g de 02 pour 16 g de CH4 , soit 4 g d'oxygène pour 1 g de
on a considéré le méthane, puis le pentane, gazeux à la température où ils thane, alors pour la deuxième réaction, le besoin en oxygène est de 3,55
rencontrent l'oxygène. 'oxygène pour 1 g de pentane. Si l'on pense que c'est l'air qui amène
gène à une flamme, on pourra dire que la quantité d'air qui doit être
Puisque les matériaux organiques courants contiennent majoritaireme
ortée à la flamme est (environ) : 17,4 g pour que soit oxydé 1 g de
du carbone et de l'hydrogène, ils conduisent après combustion à d
hane, et 15,4 g pour que soit oxydé 1 g de pentane, sachant qu'on
produits où les oxydes de carbone, C02 et CO, et l'eau sont majoritaires.t' e à peu près 23 g d'oxygène moléculaire dans 100 g d'air (ou 21 moles
Pour des réactions (dites) complètes : Les atomes d'hydrogène des réacf •' gène pour 79 moles d'azote).
combustibles se retrouvent exclusivement dans les molécules d'eau d

173
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour /'ingénie Physique du feu pour l'ingénieur 3 Éléments théoriques fondamentaux

Ces remarques permettent d'écrire un bilan massique simple oduits de toutes les molécules de réactifs. Soit rite le débit massique
combustible, l'oxygène, et les produits : trant de gaz combustible, et rit0x le débit massique entrant d'oxygène
1 kg de combustible + r0x (1+ r0x ) kg de produits léculaire, valant r0x ritc ; le débit massique sortant de produit, sera, dans
où r0x représente la masse de (en kg) nécessaire à la réaction, qu'on peut e hypothèse de régime réactionnel établi
donc calculer à partir de la réaction globale. Sous cette forme très simple
on peut considérer que "le" gaz combustible est en fait un mélange connu,
par exemple (pour fixer les idées) de méthane et de pentane. · c'est de l'air qui est admis, il entre aussi, avec l'oxygène, un débit
ssique d'azote qui ne réagit pas, et vaut (1/0,23) rit0x , et qu'on retrouve
Les formules globales de réactions de combustion ont, pour la plupart
d'entre elles, été établies dans des conditions de prémélange : si les réactifs la sortie, avec les produits. Si l'un des réactifs est en excès par rapport
sont (pré)mélangés dans un récipient dans les bonnes proportions, celles proportions définies de la réaction globale, on peut admettre, en
de la formule globale, que la réaction se déclenche (ou qu'on l'amorce), emière approximation, qu'on retrouvera intact un débit massique du
qu'on attend assez longtemps, on trouvera les produits annoncés dans les ~me réactif égal à la valeur du débit amené diminuée du débit massique
proportions de la réaction. · a réagi. Pour l'application aux feux d'objets courants, rite est la fraction
mbustible du débit massique de pyrolyse.
Rappelons que les réactions de combustion de la majorité des flammes du
feu ont lieu dans des flammes de diffusion où les réactifs ont à se résumé, la formule de réaction globale
rencontrer, ce qui implique d'ajouter des "théories de rapprochement
(diffusion, turbulence) à la théorie des réactions. permet de connaître r0x ,
Alors que pour des réactions chimiques dans un volume donné, la quantit
fournit la composition des produits,
relative d'une espèce de réactif ou de produit, est souvent exprimée
concentration en nombre de moles, ou en kg d'espèce, par unité de volume,
et est exploitable en termes de relations entre les flux massiques de
on utilise souvent la fraction massique, masse d'espèce par unité de
chaque espèce (moyennant des hypothèses de régime établi que nous ne
masse, lorsqu'on aborde les réactions entre des flux de matière qui se"
critiquerons pas ici).
rencontrent comme c'est le cas pour les flammes du feu. Nous allo
exploiter la connaissance fournie par les réactions de combustions global fractions massiques : supposons qu'il entre dans le volume
en termes de flux massiques et de fractions massiques. Dans le domain:ê ctionnel un débit massique ritair qui amène un débit massique
qui nous concerne ici, on utilise donc des termes de flux (débit massique gène 0,23 x ritair , et un débit massique de combustible rit e , et que la
en kg· s·1, par espèce) pour les réactifs entrant dans le volume réactionnel, ction de combustion soit la réaction 1 (c est le méthane dans cet
pour les produits et pour les espèces n'ayant pas réagi. La réaction glob mple), dans les proportions de réaction 1. Dans ce cas, les fractions
fournit le lien entre les flux massiques de réactifs et de produit ssiques des différentes espèces sont celles du tableau 3.5.
L'information fournie par la connaissance d'une réaction globale est alo
traduite en rapports entre des flux : elle dit par exemple combien de kg· s· Tableau 3.5 - Fractions massiques pour la réaction 1
de CO sont formés par consommation de J kg· s·1 de 0 .
2 2 Fraction massique Fraction massique
dans les réactifs dans les produits
Une analogie simple et approximative du fonctionnement des flammes de..: méthane 0,055
diffusion en tant que lieu des réactions chimiques est celle du gé · · 0
chimique des réacteurs. Si l'on injecte dans un réacteur un oxygène 0,220 0
combustible et de l'air dans les proportions stoechiométriques de azote 0,725 0,725
réaction globale, qu'on mélange bien par agitation les réactifs dans dioxyde de carbone 0 0,151
réacteur et qu'on extrait, ou laisse sortir, les produits, on retrouvera ces eau 0 0,124
derniers dans les proportions stoechiométriques de la réaction globale,
moyennant en fait le respect d'autres conditions sur lesquelles nous
reviendrons, dont l'une, très importante, est qu'il faut que le séjour dans
réacteur des réactifs soit suffisant pour laisser à la réaction globale
temps d'aller jusqu'au bout, c'est-à-dire de conduire à la transformation

175
TRAITÉ DE PHYSIQ
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Éléments théoriques fondamentaux

l'avancement des réactions La vitesse des réactions


Soit n1 0 le nombre initial (avant réaction} de molécules de
dans le volume lieu de la réaction ; à la sortie de ce volume, on n'en trouv mécanismes intimes d'une réaction globale n'apparaissent pas dans
plus que n1 ,1, c'est-à-dire que : ure d'un bilan de la réaction qui ne dit rien non plus de la vitesse de
· alisation ! Une première condition est bien sûr que les réactifs se
Lin1 = n1 ,0 - n1 ,1 molécules de R1 ont été transformées depuis le début ntrent. Dans une flamme de diffusion, un volume mince reçoit des
la réaction. es qui diffusent l'une vers l'autre : la diffusion n'est pas instantanée,
vitesse, celle d'un transport d'espèces, est un des facteurs influant
Prenons l'exemple de la réaction 1, où ni est le nombre de moles du réac la vitesse de réalisation de la réaction chimique globale, une vitesse de
i, mi est le nombre de moles du produit j: sformations d'espèces. Nous allons maintenant effleurer la question de
étique chimique, en oubliant la diffusion. On utilise couramment le
bolisme:
La réaction globale permet d'écrire
Lai Ri➔ LbJ PJ
i j

➔ utilisé généralement dans l'écriture des deux exemples


és, (au lieu du signe exprime l'idée que la réaction progresse, de "la
Tableau 3.6 - Variations des nombres de moles pour la réaction 1
che vers la droite", en consommant les espèces de gauche pour
nombre de moles à · uer les espèces de droite, et fait penser à la vitesse des
spèce moléculaire: nombre de moles à l'instant t formations dans ce sens. Pourquoi les transformations ne se feraient­
l'instant 0
pas aussi dans l'autre sens ? Elles se font globalement dans un sens
méthane
'légié. Cette question nous amènera à parler de l'équilibre des
oxygène ctions.

azote (non oxydé)


vitesse d'avancement de la réaction chimique globale, de la gauche vers
roite dans cet exemple, dépend des concentrations des réactifs mis en
dioxyde de carbone lange ou des flux de réactifs mis en contact et des proportions de ceux­
de la température et de la pression, et de la "réactivité chimique" des
eau 11"'-2,o = o 'ces. Les réactions chimiques gazeuses des feux se font généralement à
ssion (presque) constante.
dans le volume réactionnel, [ P1] est la concentration de PJ , l'expression
On peut évidemment généraliser ceci à d'autres réactions globales la vitesse de formation de P1 est :
introduire :

la vitesse de disparition du réactif R; s'écrit :


où ç exprime l'avancement de la réaction : nul au début, ç peut attein d[ R;] / dt (le signe - renvoie à la disparition de �)
au maximum la valeur ç max
· nio) · ·
m_m( --� , react10n tota1e et epu1sem
· · peut relier ces deux vitesses en exploitant le fait que ai moles de Ri
1 al
du réactif i. Si les molécules de réactifs sont dans les proportiQ paraissent quand se forment bJ moles de P1 , et exploiter l'avancement:
stoechiométriques
d P
n1 ,0 =F a1 et n2,0 =F a2 , dans ce cas, la réaction est totale et ache �.� = _ _!_ d[Rd = 2- [ j]
dt ai dt bj dt
quand çvaut F.

176 177
______ _______________
3 - Éléments théoriques fondamentaux
.......__ __ _
3 - ___;;__.:__
Physique du feu..:,_ __
TRAITÉ DE PHYSIQUE
pour l'ingénieur
__:;
TRAITÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour l'ingénieur --�------ 3 Éléments.théoriques fondamentaux

�ants a t b sont les coefficients


Preno ns un exemple simple de réaction : Il est tent ant de supposer que les expo � es s tou ·ours vrai car
sto e�hio�étriques de la réact i�n �� ( l: ;;�c��;s :1r�enta1res , souvent
u 11

la react1on globale est 1� resu a


A+B➔C
.Avant d'aborder ce point, soulignons
qu i signifie deux molécules réagissent pour en former une troisième, et où nombreuses et plus 0'-: m�m� _rapi. desh empirique .
c miqu es o nt une origine
l'on suppose que la vitesse de production de C dépend des concentrations que la plupart des �ms cmet1ques 1 upart des réactions de connaître les
pl
de A et de B. On écrit : C ,est l'expe- n· ence qui permet pour la
t de la loi d'Arrhenius encore que le
expo�ants �' �•··· et l es t ;:e;� ett e
od na ique s tatistique de� gaz p erm
E K
y m
e e

dl�] sou tie n t heonque de la y à E


es donnent un se ns p h · qu
d'évaluer K et que des théories avancé
-k[AJ[B] s1 e

. - t d. - s on a ainsi donné des formes


; des exemples_ coura_nts, pour la
dà�] = -k[A](B]
:;�i=at�;:e � �= �0(�: ���:s: ���
b e e ct

n x, sont les smvants .


� +k[A)[B] production d'une espèce de concentratio
tions chimiques
Tableau 3. 7 • Exemples d'ordres de réac
où le facteur k est très souvent exprimé sous la forme:

dx =
k
k= K exp (- E / R1)
(ordre 0)
dt
où: �=k(a x)
dx (ordre 1)
K est un terme lié à la fréquence de rencontre des moléc ules de réactifs
dt
gazeux, et à la température ; dx k(a-x)2 (ordre 2)
E est une énergie dite d'activation , qui correspond à la formation de
dt
"composés" intermédiaires instables , de courte durée de vie ; 1 dx k(a - x)(b - x) (ordre 2)

Test la température absolue du mélange réact ionnel ;


dt

R est la constante des gaz parfaits .


d t est facile dans les cas simple s.
L'!nt�gration q�i fourni\: :hD:n� ti :
Une telle expression de K correspond à la loi classique d'Arrhenius qui m et 1ii cinétique n e dépendant pas des
évidence le rôle marqué de la température du milieu réactionnel s ur la Amsi, le prem ier exemp ( 'u
concentrations} mène à
vitesse des transformations d'espèces .
en

L'ordre de grandeur de la const ante pré exponentielle, souvent notée A et


X kt
) est:
désignée ici par K (A désigne ici une molécule), est extrêmement dépendant Le temps de demi -réaction (pour lequel x vaut a/2
de la réaction considérée et plus ou moins dépendant de la te mpérature : si
on donne à K la forme classique : K= b rc, la dynamique de variation de b
t112 = 2k
(rapport entre le plus grand et le plus petit) est de l'ordre de 10 13, et
l'exposant c est soit n ul, soit égal à un nombre positif ou négatif dont la dre 1) mène à:
valeur absolue peut atteindre 2,5. Le deuxième exemple (loi cinétique d'or

Les trois expressions de la vitesse ci-dessus reposent sur l' idée qu e les kt= ln ( a x)
rencontres entre les molécules de A et celles de B décident de la v itesse : a
on dit dans ce cas que la réaction est d'ordre deux. Si la vitesse d'une est alors
réaction dépend, par exemple , d'un produit : Le temps de demi-réaction
ln(2) 0,6932
t112 k k

on dit que l'ordre de la réaction est a+ b.

178
TRAITÉ DE PHYSIQ RA/TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingéni - Physique du feu pour l'ingénieur 3 l=féments théoriques fondamentaux

Pour des lois cinétiques d'ordre 2 selon notre troisième exemple: . ne telle formule a été obtenue en négligeant la durée de vie des radicaux
1 H, 0, OH par rapport à la durée de la réaction globale. C'est l'occasion de
,rappeler que les flammes ont permis aux spectroscopistes de très
l/2
ka
nombreuses études sur les radicaux, qui sont très éphémères mais en
où la concentration a intervient. concentration observable dans les flammes et qui étaient difficiles à obtenir
ailleurs en quantité importante avant l'existence des méthodes modernes
Selon l'ordre de la loi cinétique, on peut donc introduire une durée liée de perturbation (tubes de choc, photolyse et radiolyse éclair). Aujourd'hui,
l'avancement de la réaction (la moitié par exemple), qui sert à définir a spectrométrie de flamme est une méthode d'analyse industrielle.
temps caractéristique de la réaction chimique globale.
'exemple précédent de formation de l'eau à partir des molécules
'hydrogène et d'oxygène est exposé de façon sommaire mais peut être
La nature de la réaction chimique globale 'objet d'une analyse théorique évoluée. La réaction de combustion du
éthane avec l'oxygène étant déjà plus complexe (10 réactions chimiques
Cette réaction globale est en fait un ensemble de réactions élémentaires de :: émentaires), on comprendra que nous limitions ici la présentation des
type physique (une molécule change d'état énergétique mais non de' actions élémentaires de combustion à un exposé lui-même élémentaire et
composition}, et chimique (une molécule change de "formule") qui est dans ue nous ne puissions pas aborder la description chimique d'une flamme
son détail extrêmement compliqué. On y rencontre nombre de ces'l imentée par la pyrolyse d'un matériau courant.
réactions élémentaires, certaines consécutives, d'autres compétitives} ....
Quelques-unes de ces réactions, voire une seule, imposent à l'ensemble i une connaissance globale approximative de la chimie des flammes
une vitesse globale qui dépend des concentrations de celles des espèces qui ermet de construire des modèles de feu de bâtiments utilisables, il faut
Y interviennent et qui pèsent fortement sur le déroulement de la réaction uligner que l'amélioration des connaissances sur ce point faciliterait la
globale. Le poids de ces concentrations particulières est représenté par éalisation d'objectifs appliqués, parmi lesquels
l'exposant associé à chacune.
la prévision de la formation d'espèces toxiques présentes en faible
Donnons un exemple, celui de la combustion de l'hydrogène avec l'oxygène, concentration,
où nous présenterons des étapes réactionnelles importantes, avec le nom
associé aux types de réactions élémentaires qu'on retrouve dans d'autresr la compréhension du mécanisme d'action des espèces ayant une action
systèmes réactionnels (tableau 3.7). H est l'atome d'hydrogène, OH est un inhibitrice de la flamme (agents ignifuges agissant en phase gazeuse).
radical. n'est pas possible de résumer ici les recherches poursuivies sur ces
questions, mais nous dirons quelques mots sur le second point.
Tableau 3.8 - Exemples de réactions élémentaires
pour la combustion de l'hydrogène avec l'oxygène
nhibition de réactions dans les flammes par des espèces ignifuges
H2 ➔2H initiation de la chaîne
· erses espèces chimiques ont une action inhibitrice de la combustion
H+ 02 ➔OH+O branchement de la chaîne ans les flammes, qui, dans son principe, consiste à perturber le système
O + H 2 ➔OH+H branchement de la chaîne e réactions élémentaires.
OH + H 2 ➔ H20 + H propagation de la chaîne a réaction élémentaire
H+OH➔ H20 rupture de la chaîne H + 02 ➔OH+ 0
bère des radicaux OH . L'introduction d'une molécule halogénée, par
xemple CH3Br, dans la flamme, conduit à la consommation d'atomes H
On montre que la vitesse globale de formation de l'eau dépend des selon:
constantes de vitesse de la deuxième et des deux dernières réactions,
notées respectivement ½ , � , et ks,
et que, pratiquement :

181
TRAITÉ DE PHYSIQU ITÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour /'ingénie ysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

Le radical CH3 réagit avec les atomes O selon : odynamique d'une constante d'équilibre U:ne relation où
iennent toutes les constantes de vitesse de la réaction :
CH3 0 ➔ COH2
+ + H
et H réagit avec HBr selon : rai Ri ç::} Lb jpj
i j
H + HBr ➔ Br
H2 +
'on a cette fois introduit deux flèches. Si une flèche suffit pour les
Finalement, une partie des atomes H se retrouve sous forme H2 ·ons de combustion courantes, c'est que les conditions (pression et
réactive. pérature) et les fonctions thermodynamiques des espèces favorisent la
· ation presque totale des transformations dans le sens indiqué. D'une
ère générale pour une pression et une température fixée, l'équilibre
. ;atteint lorsque la vitesse de transformation dans un sens égale la
sse de transformation dans le sens inverse.
'on retourne à l'image du réacteur alimenté par les réactifs, et que le
3.7.3 L'équilibre thermodynamique ps de séjour dans le réacteur est assez long devant le temps
ctéristique de réaction globale, on trouvera des produits en proportions
des réactions formes aux équations de la thermodynamique chimique de l'équilibre.
le temps de séjour est trop court, on atteindra plus ou moins les
portions attendues, et si ce temps est vraiment très court, l'écoulement
Les deux réactions globales de combustion données en exemple (pour 1 éactifs sera figé : ceux-ci n'auront pas pu entrer en réaction.
méthane et le pentane) sont des réactions d'oxydation complète en ceci qu
les éléments C et H se retrouvent dans les produits sous leur forme la plus
oxydée : dioxyde de carbone pour C, eau pour H. Dans la réalité, on trouve
fréquemment dans les produits des molécules de CO, par exemple, c'est-à­
dire que l'ùxydation n'est pas nécessairement complète pour C. De plus, •
nous n'avons pas dit pourquoi tous les réactifs sont consommés s'ils son
Application aux modèles de feu
mis en réaction dans les proportions stoechiométriques. C'est le momeri
d'introduire la notion d'équilibre thermodynamique chimique, que l'écritur e forme courante d'exploitation des réactions chimiques globales de
précédente des réactions a laissé de côté. La flèche ➔ n'est en fait pas bustion est de supposer instantané l'ensemble des étapes
suffisante pour rendre compte des mécanismes de la réaction globale : lors tionnelles, ou plutôt de négliger le temps caractéristique nécessaire à
des collisions entre molécules, des réactions dans le sens opposé : � avancement notable (temps de demi-réaction par exemple), devant les
produisent et les réactions 1 et 2 n'expriment que le résultat final dan ps caractéristiques de transport dans le volume réactionnel et de
l'hypothèse, jusqu'alors implicite, que la réaction globale donnait le usion à ses frontières, et de n'utiliser que les relations de bilan.
produits les plus oxydés. Si la pression reste constante au cours de la
calcule les fractions massiques des produits de la façon suivante
réaction entre des proportions données de réactifs connus, la
thermodynamique permet de fixer la composition chimique (nature e on connaît les fractions massiques des réactifs arrivant à la flamme (par
proportions des molécules de produits) et la température des produits un calcul, ou à l'aide d'une donnée empirique);
l'aide de calculs de minimisation de l'enthalpie libre. De tels calcul
utilisent en données les fonctions thermodynamiques de toutes les le choix d'une réaction globale fournit les proportions stoechiométriques
molécules et radicaux qui peuvent logiquement être formés à partir des du bilan réactionnel ;
atomes des molécules de réactifs, et exploitent les contraintes d
conservation de la masse et des atomes. Des tables fournissant toutes 1 on connaît le flux massique apporté par la pyrolyse (ou la vaporisation
caractéristiques thermodynamiques utiles en fonction de la température; pour certains liquides) ;
sous une forme informatisées, sont disponibles (les tables JANNAF sont les
plus connues) pour attribuer aux éléments d'une grosse matrice les valeurs on connaît par un calcul (selon un modèle ou une relation empirique) le
numériques nécessaires. Le calcul sur ordinateur fournit la solution de flux massique d'air entraîné.
l'équilibre. La thermodynamique ne dit pas en combien de temps l'équilibr
est atteint : ceci dépend des vitesses dans les deux sens, de toutes le s les modèles globaux de feu, la cinétique chimique n'est donc
réactions impliquées. On peut cependant associer à l'expression éralement pas considérée. Dans ce cas, on associe simplement aux

182 183
TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur 3 Éléments théoriques fondamentaux

relations de bilan de réactions globales, voire totales, une chaleur


réaction de combustion et un coefficient stoechiométrique ou empirique, c
qui fournit le moyen de relier entre elles les concentrations des espèce
réactives et produites, et d'exprimer simplement la quantité de chale
libérée.
Dans des modèles de pyrolyse ou de combustion, des lois du type 1
d'Arrhenius sont souvent utilisées, avec des valeurs empiriques des de
constantes présentes dans la formule.
Des modèles fins, plutôt de combustion que de feu de bâtiment,
néanmoins inclure des schémas cinétiques très complexes. peut classer différents types de situations de combustion en catégories,
n le rapport entre la vitesse des réactions chimiques et celle des
nomènes d'écoulement, de diffusion, ou de mélange, des espèces. Le
eau 3.6 suivant donne un exemple de ce classement:

Tableau 3.9 - Exemple de classement de combustion


Nature du contrôle : Exemples
énomènes contrôlés par la Inflammation, extinction et inhibition de
étique chimique flammes Combustion dans un milieu
bien (pré)mélangé
omènes contrôlés par la Déflagration
étique chimique et la diffusion
·nomènes contrôlés par Combustion d'un jet gazeux dans l'air,
ulement, diffusion, ou mélange des d'une goutte, d'un nuage aérosol, d'une
bougie, d'un foyer ...
énomènes où la cinétique chimique Combustion interne dans un moteur,
le mélange ont des poids plus ou un bec Bunsen...
ins comparables
amènes contrôlés par la vitesse Détonation
e onde de pression initiant les
tions

usion et réaction : exemple d'approche quantitative

ne surface S soit source dans l'air d'un gaz réactif A dont la fraction
massique est YA,s à la source S,
la diffusion moléculaire cause un flux de l'espèce A depuis la surface S
vers le volume borné par la surface.

184 185
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
3 Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur 3 Éléments théoriques fondamentaux

Un coefficient de transport diffusionnel de l'espèce, hD dans l'air, perm Si Da est très grand, on obtient
d'écrire :
m"A = hD (YA,s YA ) t c'est alors la diffusion de A qui décide du flux massique de A et de sa
où YA est la fraction massique "moyenne" de A sur une épaissel.U' raction massique
réactionnelle iS. Cette équation exprime donc le flux massique surfacique _ YA,S
yA =
A amené dans le volume réactionnel, posé égal à ti multiplié par une Da
unité. qui entraîne que la fraction YA dans le volume réactionnel est très petite
La vitesse (massique, par unité de surface) à laquelle A est consommé e
écrite sous la forme

où l'on a exploité la loi d'Arrhenius pour fournir une loi de vit


réactionnelle, et où l'on a introduit la fraction massique de A au lieu de
concentration. T est une valeur "moyenne" dans le volume réactionnel, d

1~
même que p.

[
Si l'on se place dans une hypothèse de régime établi, on peut poser que c
deux expressions de m"A sont égales. Ceci mène à:
1
E
ktiexp{--)
YA = 1 + RT = [I + Dar1
YA ,S hD

où Da est un nombre de Damkohler :


E
k8exp{-
Da RT
hD
On peut associer au numérateur un temps caractéristique de cinétiqti.

]
chimique, et au dénominateur un temps caractéristique de diffusion
rapport peut être vu comme un rapport de deux temps caractéristiques.
Avec cette expression de Da, on arrive à:
( E
kaexp{- s
RT YA
I+Da

• Si Da est très petit, le coefficient de diffusion de A est grand devant


terme de consommation par cinétique chimique, et c'est la cinétiq
chimique qui contrôle le flux massique de A et sa fraction massique.

187
TRAITÉ DE PHYSIQ É DE PHYSIQUE
3 Éléments théoriques fondamentaux 3 • Physique du feu pour !'ingénie ysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

1 kg de produits â Tf

• •"...,, ·...••
• " ..•
•• •• 3
•• ••
.••
8 8


••
� ◄
Considérons un mélange isolé de réactifs, initialement à la température T0 , 1 kg de réactifs â T0 1 kg de produits à T 0
0 9 1111 9 fi O 8 & 1111 8 i!I lilt 8 $ e Ill 9 e ■ a iO G $ 11!1. 9 -lt ____..
dans les proportions stoechiométriques d'une réaction complète, et
maintenu à pression constante p0 • La température des produits est dite 2
"adiabatique". Cette température dépend des réactifs bien sûr, en nature et
proportions, de la température de départ, et de la pression. Dans ces Figure 3.1 - Réaction de combustion
conditions, l'enthalpie totale des réactifs est égale à l'enthalpie totale des chemins de transformation des réactifs aux produits
produits.
Supposons ainsi 1 de réactifs, par exemple méthane et air , dans les isque l'enthalpie est une fonction d'état, le chemin (réel) 1 est équivalent
proportions de la réaction 1, bien mélangés, sous pression normale. On y chemins : 2 puis 3. DH2 (chemin 2) correspond à la chaleur de
trouve:
tion par définition : DH2 = - Q pour les 3,44 moles soit : 3,44 x 8,02
3,44 moles de CH4 , 6,88 moles de 02 et 25,88 moles de N 2 (qui resteront J. Par le chemin 3 , le système doit recevoir une quantité de chaleur
inertes). 1sante pour amener 1 kg de produits de T0 à T1. DH3 = m cP (T1 -
Supposons que la réaction suivie est la réaction 1, c'est-à-dire donnons­ ) pour un mélange de gaz parfaits, par définition de cP • A l'aide de :
nous la nature et les proportions des produits ; on obtient : DH3 0, il vient :
3,44 moles de CO2 , 6,88 moles de H2O, et les 25,88 moles de N2 .
La chaleur de réaction de combustion à pression constante correspond à la
variation d'enthalpie entre
Q est en J, men kg, et cP en J · kg-1 cP T K 1- ; on a pris m 1 kg pour =
• les réactifs à leur température de départ T0 (sous Po) ; pas d'importance puisque la température est une
• les produits à la température T0 (sous T1 ).
a de plus supposé � constant pour le mélange, ce qui cause une toute
Pour cette réaction, la chaleur de combustion du méthane sous pressio te erreur. Avec les données du tableau 3.7, correspondant à 1000 °C, il
normale constante, avec une température de référence de 25 °C, est de 80 t pour le mélange: cP 1379 J · kg-1 • K-1•
kJ par mole de CH4 (44,6 MJ par kg de méthane, ou 3,03 MJ par kg d'air
dans ces proportions).
Tableau 3.10- Valeurs de cp à 1000 °C
Pour calculer T1, température finale des produits, imaginons
état: 1 kg de produits à la température T1 (sous Po).
Entre ces différents états, imaginons trois chemins, selon le schéma de la 1210 2480 1290
figure 3.1.

la température de flamme adiabatique 2027 °C si T0 = 300 K.

189
TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour /'ingénie t,ysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

On a supposé cP constant : cette approximation peut être levée par u


calcul itératif (sur ordinateur) à partir des valeurs de cp en fonction de 1
température, pour les trois produits.
Si l'on ignore la composition des produits, il faut ajouter à la démarch
précédente une étape lourde s'appuyant sur l'hypothèse d'équilibre : il fa
calculer la composition d'équilibre à p donnée et satisfaisant la contraint ir par exemple (14] G. Bamaud, A. Régef, D. Delaunay et G. Grillaud p.
sur l'enthalpie : DH2 + DH3 = O. , "Traité de physique du bâtiment", CSTB, tome 1, partie D, et (3], Borghi
estriau, 1995, chapitre 3.)
La présence de l'azote, supposé inerte, conduit à une température main
élevée que celle qu'on aurait dans la réaction du méthane avec l'oxygèn s ce paragraphe, nous donnons quelques éléments de base qui sont
pur. laités dans les modèles de combustion, d'écoulement et de transport de
dans un bâtiment.
En général, la température réelle des flammes du feu est moins élevée qu
la valeur adiabatique pour plusieurs raisons, parmi lesquelles : description théorique des écoulements non réactifs fait l'objet de
sentations détail.lées dans plusieurs ouvrages de mécanique des fluides
• la réaction n'est pas adiabatique : la flamme rayonne une puissance q e le lecteur intéressé pourra consulter et dont le rappel serait ici trop
dépend de la puissance quatrième de sa température, umineux. La modélisation des écoulements réactifs est elle aussi
osée dans plusieurs des ouvrages cités en référence.
• la réaction n'est pas nécessairement complète.
La température moyenne des zones réactives des flammes de diffusion d
la combustion de matériaux courants est ainsi plus proche de 1000 °C qu. Relations et hypothèses courantes
de 2000 °C.

Chaleur de combustion, pouvoir calorifique


• La chaleur massique de combustion ramenée au kg de combustible, hc uation fondamentale de la statique des fluides
est définie par rapport à une température de référence T0 , par exempl gaz immobile de masse volumique p est soumis au champ de pesanteur
0 K, ou bien 25 °C. Des variations de la température de référence upposé uniforme. Si la pression à la hauteur z0 est p0 , la pression à
plusieurs dizaines de degrés entre une référence Toi et une autre T,
n'ont pas d'importance au vu de la précision recherchée ici, sachant z
plus qu'on utilise souvent pour le feu des valeurs empiriqu
approximatives, sauf si un changement d'état a lieu entre T0 i et T02. P (z) = Po - l gl J P dz
pouvoir calorifique est par définition la chaleur (en J ou kcal) dégag'
dans un calorimètre par la combustion complète d'un kg de , si p ne varie pas entre ces deux hauteurs :
combustible. On appelle PCI (pouvoir calorifique inférieur) la valeur
cette chaleur de combustion lorsque l'eau est dans sa phase vapeur à 1
fin de la réaction, et PCS (pouvoir calorifique supérieur) la vale s vecteurs sont notés en caractères gras.)
correspondant à l'eau liquide. Le PCS est ainsi égal au PCI augmenté d
la chaleur libérée par la condensation de la masse d'eau produite par 1 s expressions découlent de la loi d'équilibre hydrostatique :
combustion d'un kg de combustible. Les chaleurs de combustio
données dans la suite pour une température voisine de l'ambiant
correspondent ainsi à un PCS.
• Dans les relations de bilan présentées dans le livre, on a allégé l'écritu sur la différence de hauteur z - z0 , avec une masse volumique
en prenant T0 = 0 K pour par exemple écrire cP T au lieu de cP (T-T0 stante sur cette différence.
ce qui ne change pas la portée générale des relations mais correspon
en principe à une variation de la chaleur de combustion de l'ordre du%

190 191
TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE
3 • Éléments théoriques fondamentaux 3 • Physique du feu pour !'ingénie Physique du feu pour l'ingénieur 3 Éléments théoriques fondamentaux

Les différences de hauteur relatives au feu de bâtiment justifie ypothèse de Boussinesq


pleinement qu'on néglige la variation de IIYII, amplitude de l'accélération est une approximation, effectuée couramment dans les modèles de feu,
la pesanteur notée ici comme le module du vecteur g et qui, dans la suite, · consiste à ne tenir compte des variations de la masse volumique que
pourra être not�e g pour simplifier l'écriture. s les termes exprimant les forces de gravité (loi d'Archimède), et à les
liger dans les autres termes (quantité de mouvement, énergie... ) qu'on
Dans une situation de feu, la masse volumique p peut par contre variel." ·.
contre dans les équations générales de la mécanique des fluides.
beaucoup (d'un facteur qui peut atteindre environ 4) sur quelques mètres
de hauteur. Par exemple, on peut rencontrer dans une pièce d'habitation,:
en feu une couche d'air à 20 °C (environ 300 K) sous une couche de g
chaud à 1000 °C (environ 1300 K). Pratiquement, on appliquera la loi de 1 bilité d'une couche de gaz stratifiée
statique des gaz par tranche de cylindre vertical où l'on peut supposer stabilité des écoulements ou des couches de gaz stratifiées est très
constant. plexe et fait encore l'objet d'études de base. Le maintien d'une couche
· frais et non pollué sous une couche de fumée est un objectif pratique
sécurité lié à la stabilité de la stratification de la fumée.
La loi d'Archimède
nnons ici une approche théorique très simplifiée. Soit une particule de
La loi d'Archimède (fournissant "la poussée d'Archimède") est une en équilibre à la hauteur notée 0, où la température est T. On imagine
essentielle pour rendre compte du flux ascendant de gaz chaud dans l'air e cette particule est déplacée d'une hauteur z, sans que sa température
température normale. change. La différence de température entre la particule et son milieu à
hauteur z est, pour un gradient vertical de température uniforme sur z:
f= g(p - p,,, ) 5V

est la force appliquée sur une particule fluide de volume 5V, de masse T0 Tz = -(ôôz0) z
volumique p , totalement environnée d'un fluide de masse volumique p00 et ,

où g est le champ de pesanteur, vecteur vertical (selon Oz), dirigé sur Oz · l'on néglige les forces de viscosité, la particule subit une accélération
dans le sens négatif. Cette force est d'autant plus grande que la différenc portionnelle à la force de flottabilité, qui vaut par unité de masse:
de densités, et donc de températures, est marquée.
trz=---
- - g 80 z
Cette loi représente le moteur ascensionnel dominant pour des sources d 2
gaz dont le débit de quantité de mouvement est faible (petit nombre d ôt T ôz
Froude) ; elle fait partie des relations utiles à la définition de modèle ô0
d'entraînement d'air dans les écoulements verticaux. est positif, la particule suit un mouvement oscillant de la forme :
ôz
La force volumique d'Archimède s'écrit, sur une hauteur où p
uniforme et ne dépend que de la température Z = Zrnax sin{21t Nt)

N li g ô0\1
T ôz)

fJ est le coefficient de dilatation thermique en k-1.


Pour un gaz parfait: tte force rappelle la particule près de son origine.
ô
i au contraire O est négatif, la particule tend à s'éloigner de sa position
ôz
'équilibre, et ceci exponentiellement en fonction du temps tant que les
ffets dissipatifs et non linéaires, non envisagés dans la présente théorie,
non pas arrêté son mouvement.
On exploite plus couramment un critère de stabilité utilisant le nombre de
Richardson (voir le chapitre 11).
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingéni - Physique du feu pour l'ingénieur 3 Éléments théoriques fondamentaux

La viscosité onservation de la quantité de mouvement


La viscosité cause des échanges de matière dans un plan perpendiculaire Dv
la direction principale de l'écoulement. La loi de Newton, présentée c p Dt =pF- gradp-f
dessus parmi les lois flux-gradients, est utilisée pour les écoulements d
gaz du feu.
est l'opérateur dérivée particulaire, qui correspond sur la grandeur x à

Dx ÔX
--+ v• grad x
Dt ôt
grad est l'opérateur gradient, noté également V .
3 .. 10 .. 2 Équations fondamentales
pF représente les forces de volume. On conservera ici les forces de volume
du mouvement des fluides dues à la pesanteur, p g. Pour un mouvement relatif à un système d'axes
en rotation, il faut ajouter les termes d'inertie centrifuge et la force de
Nous présentons ici succintement les équations de base de conservation de Coriolis.
la masse et de la quantité de mouvement. La conservation des espèces et s deux termes qui suivent sont des forces de surface
celle de l'énergie est introduite au paragraphe 3.11, et plus détaillée a
chapitres 4 et 13 sous des formes assez simples.. ad p représente les forces de pression,
Nous nous plaçons ici en coordonnées cartésiennes.
i on admet que les composantes tangentielles des forces de viscosité sur
e particule sont proportionnelles aux vitesses de déformation angulaire
Conservation de la masse la particule et que les composantes normales des forces de viscosité
Dans le cas général, pour un élément de volume d V: nt proportionnelles aux vitesses de déformation linéaire de la particule,
arrive, en régime incompressible, aux équations de Navier-Stokes:
Dv 2
p Dt pg grad p+µV v
où:
· ù V 2 est le Laplacien.
p est la masse volumique,
peut s'écrire sous la forme suivante où les termes sont
div est l'opérateur divergence,
v est le vecteur vitesse, ôu ôu
+u
et le membre de droite rassemble les débits massiques entrant dans, ôt ôx
sortant de d V.
Pour un écoulement permanent de gaz se déplaçant à une vitesse peti ÔV ÔV ÔV ÔV
-+u-+v + w-
devant celle de la propagation du son, l'écriture suivante est appropriée iJt iJx éJy ôz
divv=O
ÔW ÔW ÔW ÔW
- - +U--+ V + W 9z
i}t ôx ôy ôz

où u, v, w sont les composantes de la vitesse v et où l'axe Oz est vertical.

194 ;;;.;;cm 195


TRAITÉ DE PHYSJ É DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

En l'absence de vitesse ( 11 v 11 = 0), on retrouve l'équation de la statiq


des gaz (sans mouvement, l'effet de la viscosité est nul). Systèmes c
Si on se place en régime permanent et qu'on néglige les forces de viscosit
on arrive à la loi de Bernoulli d'écoulemen
v2
p- + p + p g z = constante le long d'une trajectoire
2 représentation des divers phénomènes du feu mène à un système
ations aux dérivées partielles où l'on retrouve la mécanique des
On utilise couramment, en modélisation du feu dans un local, des 1 avec écoulements turbulents, les divers échanges thermiques et les
approchées permettant d'exprimer des débits massiques ou volumiques ons chimiques. Même si la démarche d'ingénierie possible
partir de différences de pression. Le chapitre 7 présente ainsi d d'hui utilise des modèles plus simples que ceux venant d'approches
équations décrivant simplement le transport de matière et de chaleur a théoriques, nous terminerons ce chapitre en évoquant l'existence de
ouvertures d'un local à partir de la loi de Bernoulli. ravaux théoriques, et en nous limitant au milieu gazeux. Signalons
dant que la représentation théorique des phénomènes de pyrolyse
• Évoquons en quelques mots d'autres éléments de mécanique des fluide lés aux phénomènes présents dans les gaz est possible, au prix d'une
liés à la physique du feu de lourdeur d'écriture des équations, mais qu'il n'existe pas encore de
La couche-limite est introduite au chapitre suivant (chapitre 4) ïes opérationnels en sécurité contre l'incendie s'appuyant sur ces
plus en détail au chapitre 9 (consacré aux transferts de chaleur p sentations mathématiques. L'écriture et la présentation de tels
convection). es sont assez lourdes. Le lecteur intéressé pourra pour plus
ation se reporter aux ouvrages spécialisés, par exemple à la
La turbulence a été évoquée qualitativement ci-dessus. Dans d ce [10], Lin.an et Williams, 1993. Rappelons que les chapitres 4 et
modèles simples, elle est traitée empiriquement. Son traiteme osent des équations de bilan sous des formes particulières
rigoureux est difficile. On en dit quelques mots au chapitre 13.
On trouvera au chapitre 5 des lois empiriques du transport d'air a ant au choix de la configuration géométrique (chapitre 4),
flammes et panaches thermiques.
ant à la discrétisation de l'espace et aux hypothèses retenues
La description théorique avancée des écoulements réactifs et turbulentsj · hapitre 13).
sort du cadre de ce livre. Cependant, le paragraphe suivant expose un Ç
système d'équations où l'on retrouve les relations de base de la mécanique·.
des fluides, accompagnées de celles relatives à d'autres phénomènes, dont ations présentées par Lilian et Williams [10]
les réactions chimiques de combustion. De telles équations entrent dans;:,
des modèles de feu, parmi les plus évolués des modèles dits de champ, qu équations sont données à titre d'exemple d'écriture fondamentale. En
sont encore peu appliqués à des cas concrets. ·culier, nous ne développerons pas ici la question de la résolution
érique.

avons gardé pour les équations qui suivent la nomenclature de la


nce [10], et en particulier l'écriture des opérateurs suivants
érateur V ("nabla"), en coordonnées rectangulaires, est défini selon:

ô1 ,82 ,o3 sont les vecteurs unitaires selon les axes Ox, Oy, Oz.
adient d'un scalaire s s'écrit selon
grad (s) =Vs
TRAITÉ DE PHYSIQUg
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingénlefit 'RA/TÉ DE PHYSIQUE
3. Physique du feu pour l'ingl[inieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

La divergence d'un vecteur fs'exprime selon:


• situer l'échelle de temps et d'espace à laquelle on travaille, par rapport à
div(/J V•f des valeurs caractéristiques.
Le laplacien d'un scalaire s s'exprime selon
ô2s ô2s ô2s ar exemple, le temps adimensionnel, noté t ci-dessous, s'obtient en
+--+ V• Vs= v'2 s
2ôy ivisant le temps dimensionnel t par un temps caractéristique r d'un
hénomène considéré (réaction chimique, transport, etc.). De même, une
(autre notation du laplacien : L'. ) ongueur adimensionnelle s'obtient en divisant la longueur vraie par une
Le laplacien d'un vecteur fs'exprime selon: ·mension caractéristique du problème, f!.
es opérateurs dérivées partielles sont alors eux aussi écrits sous forme
adimensionnelle, par exemple

(valable uniquement en coordonnées rectangulaires)


Les équations qui suivent sont des équations de bilan et d'échanges écritès,
sous forme locale. Ce sont des équations aux dérivées partielles exprimant Ô l ô
la conservation de la masse, de la quantité de mouvement, de l'énergie, et ôx e&
des espèces chimiques, à l'aide de bilans sur des termes de production
de consommation (sources et puits), et d'échanges (gains et pertes).
Pour décrire la combustion de gaz, on exploite les équations de la Grandeurs adimentionnelles utilisées ici
mécanique des fluides auxquelles on ajoute des équations relatives aux.
espèces chimiques, à leur transport et à leur réactions. Pour des mélanges e Quantités dimensionnelles constantes de référence
gazeux parfaits, l'ensemble des équations comprend : les équations de Le tableau 3.11 donne les grandeurs utilisées. On fixe ainsi : temps,
Navier-Stokes et les équations liées à la cinétique chimique. La théorie de longueur, vitesse, masse volumique, pression, température,_ ��s aussi
Chapman-Enskog et la théorie cinétique des gaz apportent des fondements viscosité conductivité thermique, etc., et des temps caractenstiques de
à ces dernières équations et permettent l'expression des coefficients de réaction� chimiques, par lesquels on divisera les grandeurs physiques
transport nécessaires. Si la combustion concerne des liquides et les correspondantes. Le choix des valeurs numériques affectées à ces
solides, on utilise des équations phénoménologiques pour les équations quantités est naturellement lié aux particularités de chaque étude.
d'état et les relations décrivant les transports. Formellement, les équations
de conservation sont les mêmes. • Variables adimensionnelles
Ces équations sont ad.imensionnelles. Pour les obtenir, on a divisi Ce sont celles du tableau 3.12.
chaque variable physique et des paramètres par une quantité
constante de même dimension. • Paramètres adimensionnels
Grandeurs adimensionnelles A partir des grandeurs constantes du tableau 3.11, on peut aussi
L'artifice d'introduire des variables adimensionnelles offre plusieurs construire des paramètres constants adimensionnels, dont les valeurs
avantages: déterminent, grossièrement, le type des phénomènes qui s'expriment de
façon prépondérante. Ces paramètres apparaissent au tableau 3.13.
• conduire à des valeurs numériques d'amplitude réduite (de petits
nombres);
• permettre des comparaisons sur l'influence des divers phénomènes
intervenants ;

199
j

3 Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour /'in 3 - Éléments théoriques fondamentaux
1
Tableau 3.11 - Grandeurs caractéristiques Tableau 3.12 - Variables adimensionnelles

to temps caractéristique d'évolution égale à


e longueur caractéristique

vitesse caractéristique
temps t / to
coordonnée spatiale / e
Po masse volumique caractéristique
vitesse/ v0
Po pression caractéristique
vitesse de diffusion de i / v0
température caractéristique
p masse volumique/ Po
Po viscosité caractéristique
p pression/ Po
conductivité thermique caractéristique
force extérieure sur l'unité de masse de i / g0
cp O chaleur massique (à p cte) caractéristique
température / Ta
coefficient de diffusion binaire caractéristique pour les espèces i et j
Ten tenseur des contraintes de cisaillement/ (µ0 v0 ! la)
coefficient de diffusion thermique caractéristique pour l'espèce i dans le j

1
mélange µ viscosité / JirJ

émittance caractéristique (ecrTo 4) /4 conductivité thermique / J0

force extérieure caractéristique par unité de masse chaleur massique (à p constante) / cpo
9o
chaleur de combustion caractéristique par unité de masse de mélange q flux de chaleur rayonnée / valeur de référence qa

� énergie d'activation pour la réaction k dans le sens direct chaleur de formation de i (à Ta )! ho

chaleur libérée correspondant à la réaction k temps caractéristique pour la réaction k dans le sens direct
'fk.
constante des gaz parfaits fraction molaire de i

'fk temps caractéristique pour la réaction k dans le sens direct fraction massique de i

Tbk temps caractéristique pour la réaction k dans le sens opposé coefficient de diffusion binaire de i,j / DijO

coefficient de diffusion binaire thermique

de i,j divisé par pdJP, T}

dépendance de la vitesse directe de la réaction k à p et T

dépendance de la vitesse inverse de la réaction k à p et T

200 201
TRAITÉ DE PHYSIQUE
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 'RA/TÉ DE PHYSIQUE
• Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Éléments théoriques fondamentaux

Tableau 3.13 - Paramètres adimensionnels (constants)


Équations de bilan sous forme adimensionnelle
a
Remarques:
- Les bilans portent sur un élément de volume.
- Les conventions de signe font par exemple qu'il faut entendre qu'un flux d'une
grandeur quitte l'élément de volume si le terme qui le représente comme sortant du
volume est positif, et que ce flux est entrant si ce terme est µégatif.
f / (v0 r fk ) , 1er nombre de Damkôhler pour la réaction k
Conservation de la masse
ôp
OJ
+ V· (pv) = 0
coefficient stoechiométrique de i dans la réaction k
ôt
Le premier terme exprime la vitesse d'accumulation de masse et le
ordre de la réaction k directe par rapport à i second le flux de masse quittant l'élément de volume.
ordre de la réaction k inverse par rapport à i Conservation de la quantité de mouvement
Pr µo cpO /À, nombre de Prandtl ô(pv) • Ten
OJ + V • (pvv) = _ Vp+ pf + V
2
ôt M Fr Re
µo / (po Dijo ), nombre de Schmidt pour i etj
(cf. l'équation de Navier-Stokes.)
conductivité thermique/ ,10
Cette équation fait le bilan des termes de vitesse d'augmentation de
B la quantité de mouvement, des forces extérieures, de pression, de
gravité, de viscosité, dans l'ordre des termes. Dans le membre de
r CP / Cv (on peut aussi le considérer comme une variable) droite, on voit apparaître aux dénominateurs les nombres de Mach,
de Froude, et de Reynolds.
M

Vo/ Po/ Po , nombre de Mach Conservation de l'énergie

Fr v5 / (g0 f) ' nombre de Froude


Re p0 v0 f / µ0 , nombre de Reynolds

(1J f /(v0i-) , rapport entre le temps caractéristique de l'écoulement et le


temps caractéristique de réaction

Le membre de gauche contient trois termes d'énergie : d'enthalpie


(chaleur "emmagasinée"), de chaleur de formation ("énergie chimique"),
et d'énergie cinétique.
On voit apparaître dans le membre de droite les nombres de Prandtl,
Reynolds, et Boltzmann.

202 =csrs 203


TRAITÉ DE PHYSI
3 - Éléments théoriques fondamentaux 3 - Physique du feu pour /'in 3 - Éléments théoriques fondamentaux

nces bibliographiques
• Conservation des espèces
" . Barrère et R. Prud'homme, "Équations fondamentales de l'aérothermochimie",
V •(pY;V;) + L
k=l
k
vikDkfk(p, T)e-p /T sson et Cie, 1973.
. Bird, W.E. Stewart et E.N. Lightfoot, "Transport phenomena", John Wiley & Sons,
9.
Borghi et M. Destriau, "La combustion et les flammes", Éditions Technip, 1995.
,Cox, "Combustion fundamentals offire", Academic Press, 1995.
Ces équations décrivent : l'accumulation de l'espèce i, son trans Cousteix, "Turbulence et Couche-limite", Cepadues, 1989.
convectif hors de l'élément de volume, la diffusion de i vers cet élément R. Eckert et R.M. Drake, "Analysis of heat and mass transfert", International Student
volume, et la production de i par réaction chimique. dition, 1972 .
• Glassman, "Combustion", Academic Press, 1977.
• Commentaires
Guyon et L. Boyer, "Convection, diffusion, réaction", conférence prononcée lors de
Les termes, écrits ici de façon générale, demandent à être explicités ; ssemblée générale de la Société Française de Physique le 26 Janvier 1980.
exemple, il faut exprimer les forces de viscosité ou les forces extérieu Kanury, "Introduction to combustion phenomena", Gordon and Breach, 1975.
sous une forme développée adaptée au problème. La turbulence ajou
également de nouvelles relations, relatives aux valeurs moyennes et a A. Lifian et F.A. Williams, "Fundamental aspects of combustion", Oxford Engineering
fluctuations. Il faut de plus préciser les conditions aux limites pour tou Science Series, n" 33, Oxford University Press, 1993.
système et pour finalement calculer, disposer d'un algorithme de résolu F.A. Williams, "Combustion Theory", Addison Wesley Publishing Company, 1994.
numérique approprié. La spécificité d'un problème permet en général A. Regef, tome 1 du« Traité de physique du bâtiment », CSTB, partie B.
négliger les phénomènes de faible poids (par exemple, des méthodes di
asymptotiques permettent cela) et d'arriver à un système plus simple. Duforestel, tome 1 du « Traité de physique du bâtiment», CSTB, partie E.
. Barnaud, A. D. Delaunay et G. Grillaud, tome 1 du« Traité de physique du
Le tableau 3.14 donne des exemples de liens entre des situatio liment », CSTB, partie D.
particulières et les valeurs limites des paramètres adimensionnels.

Tableau 3.14 - Exemples de situations-limites

{)) ➔Ü écoulement quasi-stationnaire

M➔O écoulement à faible vitesse

Fr➔oo force d'Archimède négligeable

Re ➔oo théorie de la couche-limite

faible flux de rayonnement

diffusion thermique négligeable

réactions chimiques presque irréversibles


réactions chimiques très rapides

énergie d'activation élevée

205
Chapitre

Théorie approchée
de la combustion
de liquides et
de solides pour
des configurations
géométriques simples

Évaporation d'une gouttelette liquide 4. 1


Évaporation suivie de combustion 4. 2
pour une gouttelette
Application aux feux de liquides 4. 3
dans un récipient
Combustion d'un solide sans vaporisation 4. 4
Remarques finales 4. 5
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ JTÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Nous décrivons ici l'évaporation et la combustion dans l'air · plifie considérablement l'intégration des équations de conservation
combustibles liquides, puis la combustion de solides, supposés prés l'énergie et des espèces. Cette transformation, courante en
sous forme sphérique. La sphère est une forme géométrique dont mbustion, est ici illustrée.
symétrie permet de simplifier considérablement l'écriture des équatio
d'échange et de bilan contenant des dérivées par rapport aux variab On introduit le nombre de transfert de masse B, qui a été utilisé dans
d'espace, si l'on admet que les phénomènes obéissent à la symét diverses études de combustion, et entre dans des expressions de la
sphérique. Autrement dit, les variations spatiales des variables vitesse massique de libération en phase gazeuse d'un combustible.
dépendent plus que de la distance au centre de la sphère. On pose de pl
l'hypothèse d'un régime établi, qui permet d'annuler toutes les dérivées Les formules approchées obtenues pour une sphère sont applicables
rapport au temps. La conséquence de ces choix est donc que no avec des modifications mineures aux formes géométriques simples où
n'aurons plus à intégrer que des dérivées par rapport à la coordonn· les variations spatiales peuvent encore s'écrire de façon
sphérique r. nodimensionnelle ; il en est ainsi dans le cas d'un liquide présent
ans un réservoir ouvert en partie haute (régression de la base
Quel est l'intérêt pratique de considérer des sphères ? upérieure d'un cylindre liquide selon la coordonnée z), ou bien dans le
cas d'un liquide répandu en nappe (anglais : pool fire) dont l'épaisseur
• Avant tout, c'est, pour des gouttes, la configuration diminue. Pour ces configurations simples, les formules données
proche de la phénoménologie réelle ; permettent aussi d'estimer la vitesse de consommation des polymères
thermoplastiques, c'est-à-dire qui fondent avant de se transformer en
® L'évaporation de gouttelettes est considérée dans des études d'aérosol gaz combustibles.
liées aux problèmes d'environnement, par exemple ;
théorie présentée n'est cependant valable que pour des sphères ou des
e La combustion de gouttes et de gouttelettes concerne des domaines del lindres de petites dimensions (longueur caractéristique de quelques cm
la combustion industrielle tels que l'étude des chaudières ou celle desJ! dizaines de cm), c'est-à-dire de petits foyers 1
moteurs Diesel ; our des tailles supérieures à 10 ou 20 cm, les formules exposées
eviennent de plus en plus imparfaites : la part du rayonnement émis par
• On peut de plus trouver deux champs d'application directe en relation:? flamme qui est reçue par le combustible condensé a alors un effet trop
avec le feu non désiré arqué pour qu'on accepte l'écriture de l'échange thermique avec ce
o Un sprinkler arrose un foyer. L'efficacité de l'extinction du foyer rnier sous la forme linéaire adoptée dans ce chapitre.
dépend de la manière dont évoluent les gouttelettes d'eau dans leur rtains solides brûlent sans formation préalable de gaz combustibles.
chute depuis la tête du sprinkler alors qu'elles traversent des gaz us dirons quelques mots de la théorie de la combustion du carbone qui
chauds. - le de cette façon.
o Supposons qu'en milieu industriel une petite fuite se produise dans s hypothèses et relations exposées sont issues de travaux dont les plus
un réservoir ou un conduit sous pression, libérant dans l'air un jet ciens sont dus à Spalding vers 1955.
de gouttelettes combustibles. L'aérosol obtenu peut brûler, voire
exploser. ous avons beaucoup exploité dans ce chapitre l'information contenue
s l'ouvrage de Kanury, 1975, référence [7].
Le choix de présenter ce type de configuration
cependant surtout sur des raisons didactiques: ous utilisons souvent dans la suite la vitesse d'évaporation et la vitesse
combustion
� La théorie qui va être exposée n'utilise pas le calcul numenque n
vitesse d'évaporation peut être exprimée de façon massique, c'est alors
d'intégrations compliquées et fait apparaître des relations d'échanges et
de bilans de masse, d'espèces et de chaleur, toujours présentes dans les masse quittant le milieu condensé par unité de temps (kg• s-1 ). La
modèles de combustion, quel que soit leur degré de complexité et quelle esse massique d'évaporation surfacique est la grandeur précédente
que soit la forme du combustible. Dans ce qui suit, on utilise ainsi des amenée à l'unité d'aire de la surface active ( kg• s- 1• m-2). Pour exprimer la
expressions de lois générales d'échanges et de bilans, simplifiées par ce itesse de pyrolyse ou de combustion, on utilise les mêmes grandeurs car
choix d'une forme géométrique, et par celui d'hypothèses de propriétés ous nous intéressons ici à la consommation du milieu condensé et non,
uniformes et constantes dans des conditions stationnaires. On fait aussi ar exemple, à la vitesse des réactions chimiques de combustion. On
appel à la transformation de Schwab-Zeldovich (à partir de Le = 1), tilise également dans ce chapitre la vitesse linéaire de descente du niveau

208
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

d'un liquide, ou de régression de la surface exposée d'un solide ( m · s-1 }. Le


chapitre 5 précise ces définitions et donne des exemples de valeurs de
vitesse de consommation pour des combustibles et des configurations
IÉvap.oratlon c1•11.na gouttelett,�
courantes. liquide
Des bilans sont exprimés dans le présent chapitre, par exemple au niveau
de surfaces, pour la masse, une espèce ou l'énergie. Le chapitre 13
présente l'écriture de bilans relatifs à ces grandeurs, cette fois sur les
volumes de contrôle d'un modèle de feu de local.
Définition du problème
e sphère de liquide est introduite dans de l'air (ou dans un autre milieu
ux} dont la température est plus élevée que celle du coeur de la sphère.
transfert de chaleur a lieu du milieu gazeux vers la sphère, qui fait
ître la température du liquide, en particulier près de sa surface S, et
ente la vitesse d'évaporation du liquide. Pour éviter d'avoir à
dérer des non-linéarités rendant les équations plus complexes, on
e ici l'échange radiatif et l'on suppose que le transfert de chaleur est
ductif dans la couche-limite du milieu gazeux, ce qui mène à des
ressions d'échanges thermiques qui sont des fonctions linéaires de la
pérature. A ces transferts de chaleur s'associent

une évaporation notable si la température de surface de la sphère, T8 ,


s'élève suffisamment,

et une diffusion dans l'air du gaz éventuellement combustible libéré de


la sphère.
une combustion a lieu dans la couche mince où se rencontrent
mbustible gazeux et oxygène de l'air, une source de chaleur
pplémentaire, un débit calorifique, accroîtra le flux de chaleur apporté à
sphère, ce qui augmentera le flux de gaz quittant la sphère.
Remarque:
On considère des liquides auxquels on puisse attribuer une chaleur latente de
vaporisation et une température de changement d'état, ce qui exclut en principe les
mélanges et les liquides qui pyrolysent. L'application faite plus loin à des solides
thermoplastiques suppose que se forme, par fusion sur S, un liquide satisfaisant les
contraintes ci-dessus. Cette hypothèse n'est pas applicable, en toute rigueur, aux
autres solides.
théorie exposée fournit des relations entre les phénomènes d'échanges
uplés et, en particulier, offre un moyen simple de calculer des grandeurs
exprimant la vitesse avec laquelle la goutte disparaît

• Le débit massique (ou vitesse massique d'évaporation ou de combustion}


mF , où l'indice F désigne le combustible gazeux ou liquide (F provient
de l'anglais où "combustible" se dit "fuel", ) quittant la surface S de la
sphère de rayon R. Avec l'aire de la surface S 4n R2 , la densité

210 :=CSTB
4 • Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ Tl= DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 • Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

superficielle de ce flux massique (ou vitesse massique surfaciqu


d'évaporation ou de combustion), uniforme sur S par hypothèse, est rit Bilan énergétique à la surface
qui est l'une des grandeurs qui seront exprimées. de la sphère ; variable br
@ La vitesse linéaire vr de régression (ou de consommation) est liée à
selon: suppose donc que la température du milieu gazeux, T00 , est plus
Vr ritp / P L de que celle du coeur de la goutte, Tc (voir figure 4.1) :
T00 > Tc
où PL est la masse volumique du liquide.
Des hypothèses supplémentaires sont posées :

• Les propriétés de la goutte (viscosité, conductivité thermique, etc.) so


supposées celles du liquide en "milieu infini". Autrement dit, on suppo
qu'elles ne sont pas modifiées par le rayon de courbure et les tensio
de surface.

@ La pression, la température, la masse volumique et la composition du


milieu gazeux ambiant sont uniformes et constantes. On admet aussi
que les propriétés du milieu gazeux g, telles que la conductivité
thermique, la chaleur massique, etc. , sont constantes et uniformes.
proximité de la goutte, la composition du milieu gazeux, comme
température, ne sont cependant pas uniformes en cas d'évaporation
de combustion et ces propriétés dépendent en toute rigueur de
concentration des espèces et de la température locales. Il semb
qu'ignorer les variations de ces propriétés ne génère en soi qu'une petit
erreur (quelques pourcents au maximum). R r

• On suppose que l'équilibre thermodynamique vapeur +-> liquide


Figure 4.1 - Allure du profil radial de température et de fraction massique
maintient au niveau de la surface S par où sort un flux de F beauco
de l'espèce F en situation d'évaporation sans combustion
plus important que lorsque le milieu gazeux est à la températ
ambiante courante. L'hypothèse d'équilibre thermodynamique à
surface est acceptable tant que la vitesse d'injection du gaz dans l'air
petite devant la vitesse du son ; cette dernière hypothèse n'est p t T8 la température à la surface de la sphère. La quantité de chaleur
contraignante ici. (J) nécessaire pour faire passer un kg de F de la phase liquide (à la
• Pour l'évaporation avec combustion, on ne considère pas la cinétiqu pérature Tc ) à la phase gazeuse à la température T8 est :
chimique, supposée très rapide devant la mise en mélange des réactifs. h,,ap = L + cpL (Ts - Tc)
• Nous avons dit que nous supposons des conditions stationnaires s
des termes de flux tels que mt�, les flux de matière qui diffuse, et sur 1
t la chaleur latente de vaporisation ( J · kg-1) sous la pression totale de
flux de chaleur. Des équations instationnaires pourraient être établie
(on les trouve dans des approches plus fines), au détriment de 1 périence (une atmosphère, ce qui correspond aux situations courantes),
simplicité de la théorie. est la chaleur massique du liquide (à pression constante, J • kg-1 • K-1 ).
Ces hypothèses sont retenues pour l'ensemble du chapitre.
densité de flux thermique venant du gaz et entrant dans la gouttelette
conduction dans le gaz s'écrit selon la loi de Fourier. Pour les
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQU !TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
hysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour /'ingénie

dimensions de goutte considérées, la convection dans la goutte liquide densité superficielle de flux massique de F quittant la sphère est :
n'est pas prise en compte. m;;s= msYFc
(= m8 , la densité superficielle de flux massique sortant par S, si
Si l'apport de chaleur à la gouttelette est suffisant pour causer la
YFc = 1, ce qui est le cas pour un liquide pur.)
vaporisation de m" kg· s-1 · m-2 au niveau de la surface S, il vient (en
coordonnées sphériques) :

ms ôI'
""hvap = ÎL o & I s s le milieu gazeux G présent à la frontière S, la diffusion moléculaire de
st cause d'un transport de F qui fait varier YF de :
On définit une variable d'espace br , sans dimension, selon : YFs (à r = R+ &)
Cpo (T-T00 )
br = ----'-------'---- --'---
-
hyap YFoo =O (r ➔ oo)
où: étant la densité de flux massique quittant S, la conservation de la
cpo est la chaleur massique du milieu gazeux, à pression constante, sse de l'espèce F fournit en régime établi
·.•·�
Test la température à la distance r (variable) du centre de la sphère : Test ; ·
la seule grandeur variable selon r, �
îf ,',:;:
T00 est la température dans le gaz, loin de la goutte (r » R). (1) ( 2) (3)
En exploitant la définition de la diffusivité thermique :
ao = 4o / (Pocp0 ) terme (1) est la densité superficielle de flux de la matière F perdue par la
tte,
il vient :
terme (2) est la densité superficielle de flux de matière F transporté dans
(4.2): milieu G près de S,
terme (3) représente le flux diffusé depuis S. Il vient de la loi de diffusion
Fick, où DF est le coefficient de diffusion de l'espèce gazeuse F dans le
qui relie ms à des propriétés thermodynamique ( p0 ) et thermique ( a0 ) et.:
au gradient radial de température dans le gaz.

définit maintenant une nouvelle variable d'espace, la fraction massique


imensionnelle de F, notée bD , selon :
4 .. 1 .. 3 BHan de respèce combustible YF - YFoo
bn = (4.3)
à la surface de la sphère ; variable b0 YF s - YF c

YF est variable, dépendant de rj


F désigne donc l'espèce chimique constituant la goutte, dans laquelle F es
ient à l'aide des relations précédentes :
liquide. La fraction massique YF de F au coeur de la goutte est YFc (pourf
un liquide pur : YFc = 1) et, dans le gaz au niveau de la surface S, YF esf" . " =po DF&
ms ôbnl s (4.4)
noté YFs .
tte deuxième expression relie ms à ôbn à l'aide de Po et DF "
ôr
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides É DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

uxième par ( Yps Ypc ), qui sont deux constantes, et que l'on utilise br
4 .. 1 ..4 Application des équations générales définis ci-dessus (équations (4.1) et (4.3)), il vient :
de conservation de l'énergie
et des espèces

En conditions stationnaires, sans combustion, et si les propriétés ,10.


Dp (notée D si on admet que ce coefficient est uniforme) sont constan
pour la conduction de la chaleur (loi de Fourier} et la diffusion des espè 0
(loi de Fick), il vient deux équations en coordonnées sphériques a
symétrie sphérique
deux nouvelles équations formellement semblables où l'on a écrit rh"r2
1111 Conservation de l'énergie. On exploite le fait que la chaleur apportée
conduction dans une coquille d'épaisseur dry a élevé la température à :n sa valeur rh8R2 en r=R.

=Ü on écrit les valeurs de br et bv à r=R et pour r très grand, il vient les


ditions aux limites suivantes :
apport de chaleur par conduction accumulation

(en conditions stationnaires) br = brs

La quantité 4n r2 rh" est mise entre crochets pour souligner que ce prod
ne dépend pas de r: l'équation de conservation de la masse de F en ré br ➔ bren = 0
stationnaire impose que, pour que le débit massique rh ( kg• s- 1) sa
constant quand r varie (r>R), cette quantité demeure constante quel
soit r, avec S = 4nR2 •

• Conservation de l'espèce F (migrant dans G par diffusion moléculaire}: conditions aux limites pour br et bv sont elles aussi formellement
blables.
pe suivante est d'admettre que a 0 = DF , c'est-à-dire de poser que le
=0
bre de Lewis est égal à 1
diffusion de F transport global de F bilan nul Le= ao = 1
DF
(en conditions stationnaires)
thèse souvent retenue en combustion. Ceci fait disparaître la
ction entre br et bD en tant que variables. Notons maintenant b la
L'équation ci-dessus exprime que la diffusion est la ble unique obtenue.
variation de YF dans le milieu gazeux, en régime établi.
Ces deux dernières équations offrent deux moyens d'exprimer rh8 . Si l'
divise les deux termes de la première expression de rh8 par ilvap et ceux

216 217
�/TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQUE.
_ Physique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingénieur ;

4.1.5 Expression de la vitesse massique e nombre B est défini par:


d•évaporation B = b00 b8 - (4.6)

ô
rhs = Pa a ln(B + 1)
a
Les deux équations précédentes en - se ramènent à: (4.7)
Ôr R

p 0 a 0 r 2 �: -[m8R 2
]b = constante par rapport à r · :vec l'expression de bn , et bnoo = 0, il vient:
-
B = YFoo YFs (4.8)
-
YF s YF c
2
En introduisant la condition aux limites en r = R multipliée par R , on a : n général, YF00 est nul, et YF c =1, d'où:
obi s
rh8R 2 = Paa aR 2 -
-
B = YFs
ôr YF s -1
qu'on récrit: riture de Ben fraction massique)
PaaaR �: ls -[msR ]bs = [msR ](1- bs )
2 2 2
rutant de l'expression de br , et by00 =O, on obtient:
cp0 (T00 -Ts)
B (4.9)
L + cpL(Ts -Tc)
La constante par rapport à rest donc: [m8R ](1-b ).
2
s
criture "thermodynamique" de B)
On obtient ainsi: nombre B reçoit ainsi deux expressions, l'une utilisant la fraction
2
p 0 a 0 r �: -[m8R 2
](b -bs + 1) = 0
ssique du combustible en différents sites, l'autre construite sur la
pérature, grandeur thermodynamique, et des propriétés
ermodynamiques, cpG et cpL , et L.
dont l'intégration entre r = R et l'infini fournit:
rm" i;,2 11
ln(b-b8 + 1) = -�-+ ln(b00 -b8 + 1)
Paa a r Nous allons maintenant écrire une expression de rh8 à l'aide du nombre
soit: B et d'un coefficient de transfert thermique convectif relatif à l'échange
2 entre la goutte et le milieu gazeux.
b00 -bs + 1 - [rhs R ] -
1
ln[ ] our une petite sphère imperméable placée dans un écoulement de vitesse
b -bs + 1 p0 a 0 r 'ble, le nombre de Nusselt moyen sur la sphère est voisin de 2. Plus

Et, en utilisant le fait que b = bs quand r = R, on obtient finalement


oureusement, il vaut:

Nud = 2+0,6
( d)
:G
112(
::
) 1/3

l'expression:
rhs" = Pa a ln(boo -bs + 1)
a
(4 ..5) la barre signifie que Nu reçoit une valeur moyenne dans l'espace sur S,
R
Une conséquence de ce dernier résultat est de montrer que m8 est
la vitesse de l'écoulement autour de la sphère et loin de celle-ci, et v la
proportionnel à _!_ : la vitesse massique de disparition de la gouttelette cosité cinématique du gaz.
R
liquide est inversement proportionnelle à son rayon R.

acsra TB 219
218
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides /TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Posant Nud = 2, ce qui est ici une approximation très suffisante, il vient: pression totale est, selon la loi de Dalton:
hd = P = PF (pression partielle de F) + Pair (pression partielle de l'air)
2
AG
ou bien: fraction massique YF s'écrit:

1
(4.11)
et enfin:
m8 = �ln(B + 1)
cpG MF et Mair sont les masses molaires du gaz F et de l'air.
Cette expression de m8 est remarquablement simple.
tte relation et la loi de Clapeyron-Clausius fournissent YF s en posant
4 .. 1 .. 6 Calcul du nombre S T8 , d'où Bv .
demeure la seule inconnue dans l'équation obtenue en posant
Partons de l'expression thermodynamique de B, notée Br ,donnée = Bn . La valeur T8 solution de cette équation peut être obtenue
l'expression (4.9). L'allure des courbes Br (Ts ) et Bn (T8 ) sont données à la
Les chaleurs massiques cpG et cpL et la chaleur latente L peuvent être.
obtenues à partir de tables thermodynamiques. Mais T,_c; n'est pas un
donnée, il faudra calculer ou estimer cette grandeur.
De même, on peut écrire B selon l'expression (4.8) en fraction massiqu
notée Bn , dont le calcul nécessite la connaissance des fractions massiqu
YF :
- YFoo est nul,
- YFc est déterminé par la connaissance du liquide ( YFc = 1 pour un liqui
pur),
- YFs reste à évaluer.
La condition : Br = Bn (venant de Le 1) relie ainsi les deux inconnues
T8 et YFs. Il faut maintenant trouver Ts ou bien YFs . Nous allons calculer
YFs . On utilise pour cela l'équation de Clapeyron-Clausius donnant
pression de vapeur saturante de F en fonction de la température
C /r
PF = Cl e 2
où C1 et C2 sont des constantes caractéristiques du liquide F. Cet.
::i;(""
relation est utilisée pour calculer YFs en admettant que le milieu gazel..lÎ
ïgure 4.2-Allure des courbes Bret Bd en fonction de la température de surface Ts
autour de la goutte est composé de deux constituants : F, et l'air, envisagéil,I
tous deux comme des gaz parfaits.

221
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides 'RA/TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé - Physique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

On remarque que : Evaporation d'une goutte d'eau


dans un gaz chaud
• Bv ➔ oo quand T ➔ TB ( TB est la température d'ébullition), et que
ne gouttelette d'eau de diamètre initial d0 =100 µm est lâchée dans l'air
est nul si Ts = T La température de surface du liquide est inférieure
00 •

à température Ta T'° .
sa température d'ébullition : si T"" est grand devant
inférieur à T8 et YFs est alors proche de YFc. n se propose de calculer la vitesse de vaporisation de la goutte selon la
rmule précédente pour deux valeurs de T00
15 ° C (288 K)
et l000° C (1273 K).
11 a masse molaire de l'eau est M820 = .18 kg· kmole· 1. On pose
4 .. 1 .. 7 Vitesse d"évaporation d une gouttelett 1
0 = 28 kg·kmole- , constante, pour la masse molaire du milieu gazeux
·r + vapeur d'eau) comme approximation. Un calcul itératif ou implicite
Dans une atmosphère calme on utilise la relation 4. 7 donnant la densité de méliorerait la qualité de cette estimation, suffisante ici.
flux massique gazeux quittant la goutte :
rhs = 2pGd G ln(B + 1)
a ous allons calculer Ts au lieu de poser Ts = T8 .
dmettant l'équilibre : vapeur B liquide à proximité de la surface de la
La vaporisation du liquide réduit le diamètre d de la gouttelette. La masse utte, nous utilisons la relation (4.11) qui donne la fraction massique Yvs
de F perdue par seconde est e vapeur d'eau à la surface S et où:
. &= rr.d2 ôd
m[f,rr.d2 = -PL1td2 -pL- -a p est la pression totale p0 (valeur de référence: 101325 Pa),
ôt 2
d'où: et Pvs la pression de vapeur à la surface S.
ôd. = - 4po a o ln(B + 1)
ôt PLd n exploite pour cela des valeurs tabulées de ( Pvs /p) dans la gamme de
empératures de 17° C à 100° C, (cf. tableau 4.1) qu'on ne peut dépasser
1
.
proportionne1 a- .
d
n a porté de plus porté dans ce tableau les résultats ( Yvs .et Bv ).

-[
Si d0 est le diamètre initial de la gouttelette :
d 2 (t) d/ 8P;;o Tableau 4.1 • Terme BD pour la vapeur d'eau en fonction de la température
ln(B + 1)} et des pressions de saturation

La quantité entre crochets est la constante d'évaporation de la gouttelet Pvs!P


notée ici a, d'où: - 17,3 8,5 104 8,5 10-4
d 2 (t)=d/-at
Ce type de relation est utilisé dans des études de combustion industriell
chambre de combustion, aérosols, moteur Diesel.
4 • Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYS 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'i pour des configurations géométriques simples

• B0 est calculé selon: ée de vaporisation de la goutte étant


d2
f(Ts ) t=-0-

't qu'elle sera de 130 à 200 fois plus faible avec T00 (1000 + 273) K
• On utilise maintenant l'autre expression de B, Br
ec T,, = (15 + 273) K.
Br est approché selon:
cpa(T -Ts ) 00
Br
L
un diamètre initial, d0 = 10-4 m (100 µm) :
où on a négligé au dénominateur le terme cpL (Ts -Tc ), faible devant t (à T"' = 15 °C) = 6 s
terme L. t (à T00 = 1000°C) = de 0,02 à 0,05 s
Avec cpa 1000 J •kg• K"1 (estimation à des températures inférieures ant qu'il faut environ 0,8 s pour que la gouttelette parcoure 3 m en
100°C) et L= 2,47 106 J • kg·1, il vient : eur (z 0,5llgllt 2 ), si elle est lâchée à vitesse nulle et qu'on néglige
Br 0,0017 (T00 -Ts ) e autre force que la force de pesanteur, qui de plus ralentirait la chute
e de viscosité par exemple), elle ne pourra pas arriver au niveau bas en
• Avec B0 Br , on peut maintenant calculer Ts ersant de l'air à 1000° c.
soit par une méthode numérique sur ordinateur. On obtient:

T00 = 15 °C B= 0,0073 Ts = ll °C
rf) = 1000 c
°
B= 1,5340 T5 = 92° C
Expression de la vitesse massique
Bpo a o ln(B + 1) s'obtient à partir des valeurs d'évaporation pour d'autres formes
@ La constante a
PL que la sphère
de: PL = 1000 kg-m·3, et de la valeur de p0a 0 .

A T correspondant à 15 °C, p0a 0 = (0,243 10-4) x 1,22


00
ression précédente de rh" peut être appliquée à d'autres formes que la
re. On recherche alors h à partir d'une expression du nombre de
kg•m-1 ·S-1 .
selt convenant à la géométrie, par : Nu= !!..!__ (rappelons que la barre
Pour l000°C, p0a 0 est plus difficile à estimer car ce terme varie avec /4
température qui elle-même n'est pas uniforme pour r > R. Ce produit, é · ontale désigne la valeur moyenne sur la longueur caractéristique). Des
ions approchées sont disponibles dans diverses configurations pour
à Àa / cpa , vaut approximativement 2,9 10·5 kg m·Ls·1 à 15°C et envir
nir Nu puis h. Si l'on connait B, on peut alors calculer th" à l'aide de
3 fois plus à 1000°C. La prise en compte de ce problème est difficile c ormule 4.10.
l'expression même de B suppose que a 0 reste égale à D (Le = 1) et quel
propriétés sont uniformes dans le gaz. nous admettons l'expression de th" pour un cylindre de liquide dans un
ipient où sa surface haute est S, nous disposons par exemple de la
A 15°C,la constanteavaut: 1,72 10-9 m 2 •s· 1• ation suivante, qui fournit h dans des conditions d'écoulement
A 1000° c, a vaut 2,2 10 7 si l'on garde les mêmes valeurs de inaire: Nu = 0,664 Re112 Pr113 • Nous reviendrons sur cette possibilité
qu'à l5 °C, et peut-être 2 fois plus compte tenu des variations d peu plus loin (§ 4.3).
propriétés et de celle de la forme des profils.

225
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSJ 4 - Théorie approchée de fa combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé ·que du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

. an relatif à l'espèce combustible F est le suivant:

PG DF&
!!._ (r2 ôY
&)î !!._[
F
é:r"
m"r2 ]Y. + r2rit,,, = O
F F

1, on obtient une seule équation


'on multiplie tous les termes de cette dernière équation par hc , et qu'on
ajoute aux termes de l'équation de conservation de l'énergie, et qu'on
4.2.1 La réaction de combustion q "' + hc rhF O, il vient finalement en posant Le = l :

Si hc est la chaleur de combustion par kg de F, en J -kg-1, la chale


libérée (J /kg de 02) par la combustion d'une fraction x correspondant à
combustion stoechiométrique de F avec 1 kg de 02 est :
l'on divise chaque terme par h,,ap + hc (YFs - YF c), on
q xhc
Le bilan massique de cette réaction globale ramené à 1 kg d'oxygène est l�t
suivant, où x est la masse de F (en kg) consommée par combustio�
stoechiométrique avec un kg d'oxygène:
X kg de F + 1 kg de 02 ➔ ( 1 + x) kg de P
où P désigne le produit, ou l'ensemble des produits.
Cette réaction simple relie les termes de source et de puits sur les réactifs'
et le terme source d'énergie, et permet d'écrire la relation suivante en
ramenant les flux de masse et de chaleur à l'unité de volume: près quelques manipulations et à l'aide des équations citées pour
évaporation sans combustion, on obtient finalement la relation suivante

et:

ho
cpG (T-T00 )+hcx(Yo2 -Yo2
= -------�---� ro)
2T
h,,ap
4.2 ..2 Équations de conservation de rénergie ==D, on définit une troisième variable
et de l'espèce combustible

@ Bilans sur l'énergie et sur l'espèce F


Le bilan sur l'énergie s'écrit en coordonnées sphériques

la !(r2 1)-cpG ![m"r ]r+r q 2 2 "' o


4 Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSI DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 • Physique du feu pour l'ingé · ue du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Les trois variables �T , bO2r , et b FOz satisfont l'équation : YFs sont des inconnues. Si l'on admet que T8 = TB , car très voisin
B (mais on peut également calculer T8 ), et que l'on égale B Fo2 et
, on arrive à :

et: (4.14)

e expression formalise une tendance attendue : un liquide brûle


tant plus vite que hc est grand et que L est petit : le rapport hc / L a
comme condition limite pour ôb. grande influence sur la vitesse de combustion.
or
L'intégration fournit

z ( B+l
Exemples de valeurs de B
n b bs + lJ
bleau 4.2 donne des valeurs numériques des termes entrant dans la
avec B == b00 b8 . le précédente, et du nombre B. d'après la formule î4.14). La référence
ury, 1975 , donne également d'autres exemples.
qui permet d'exprimer m8 (à r = R) à l'aide de B, ce qui
paragraphe suivant. Tableau 4.2 - Exemples de valeurs de B

PL cpL L OB hcY0200
X
4.. 2 .. 3 Expression de la vitesse massique kg.m-3 J.kg-1.K-l MJ.kg-1 oc MJ.kg- 1
688 2194 0,364 98,5 0,314 3,22 5,82
de combustion à raide du nombre B 720 2048 0,339 5,25
796 2365 1,100 2,70
m8 s'obtient avec r == R et b = b8 794 2340 0,836 3,25
1718 0,431 6,05
PGa G ln(B + 1 ) 1613 0,351 6,06
R
où:

st la chaleur latente à la température TB et sous une atmosphère (en


D'où: . kg-1 ),
hczY0 2 + cpG(T"' -Ts)
00
, en °C, représente la température d'ébullition TB (en K) ( 0B = T8 -273),
L + cPL (T8 -Tc}
st la masse de F (en kg) consommée par kg d'oxygène,
-hcYF s + cpG (T"' -T8 ) Y0200 est 'le produit de la chaleur de combustion par de F par la
action massique d'oxygène dans l'air (Y02"' = 0,232) en MJ · kg· 1•
xYozoo + YFs est le "nombre de transfert de masse" calculé avec T8 , qui va de 2,7
YFR -YFs 6 pour ces exemples de liquides.

228 ;;:.;;CSTB 229


4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSI TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

4.2 .. 5 Caractérisation de la flamme : Température de la flamme


position et température n rayon r > R, mais avant la flamme, c'est-à-dire pour R < r < r1 , la
1:ttion:

4.2.5.1 Position de la flamme ln


( B +1 J ( rm'!R l
= ln bo roo - bo rs + 1 = � x _!_
) 2

La flamme est supposée infiniment mince (les réactions chimiques so b-bs + 1 bor-bors + 1 Pa aa : r
supposées infiniment rapides). Sa position depuis le centre de la sphère
récrit en exploitant:
notée par le rayon r1 . La relation suivante:
cva(T-T00 ) + hc x(Yo2-Yo200)
bo2r =
'1vap
b0 2 T� = 0 et:
fournit r = rf si b = bf .

On exploite, pour expliciter les liens fournis par cette relation, les tr
autres relations:
l'aide de:
hc xY02"-' + cp0 (Too-T s )
B = Bor =
hyap + cpL(T s-Tc )
----'-
- ---=--------'--�-�
-

Ces relations conduisent à r1


cpa (T-Ts) = [cva(T -T 8) + hc xY0200 + '1vap ]
m"R_ x -�- -1 - - -
2
00

r = _s
f
Pa a a ln(l + xY02"-' f YFc) x exp[(-[msR 2 ]) / (p a
a a r)]-'1vap

ou bien, à l'aide de (4.7) qui fournit ms en fonction de B selon: ette relation permet d'exprimer 7{ r), de r = R à r = r1 , à partir de et ms
es propriétés. Si on utilise la relation (4.15), on arrive à exprimer T1 . En
ilisant le fait que YFc 1 pour un liquide pur, il vient :
à:

r1 ln(B + 1)
-
R ln(xY02
+ 1J
00

YFc (4.16)
où YFc = 1 pour un liquide pur.

La flamme est d'autant plus loin de la goutte que mg, , ou B, est grand.

230 231
4 - Théorie approchée de fa combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYS/ /TÉ DE PHYSIQUE 4 Théorie approchée de fa combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

A- 1 n négligeant le rayonnement depuis la flamme, on obtient ainsi


où A= l + ,rY0200 vaut de 1,07 à 1, 17 selon le liquide, et
Acpa
de 10-4,
Si T00 =
293K, le terme T00 Ts , avec Ts =
T8 , est négatif et de l'ordre d tion qui conduit à la même expression de Tf que précédemment, issue
la centaine ou de quelques centaines de degrés, mais la somme des de
nombreuses étapes de calcul.
premiers termes est voisine de T_,, .
Remarque:
Cette expression de Tf , extrêmement simple, peut être retrouvée par u
En toute rigueur, hc est une fonction de la température. Dans les approches
raisonnement thermodynamique (selon le premier principe) que nou
allons exposer. effectuées, on la considère comme constante. L'erreur sur T1 est très faible comme
on peut le constater à la lecture des tables de données thermochimiques.

valeur de Tf obtenue est élevée par rapport aux valeurs mesurées, de


dre de 2000°C. Une cause d'écart est bien d'avoir négligé la chaleur
due par rayonnement depuis la flamme. Une autre cause d'erreur est de
pposer la flamme infiniment mince : en réalité, les réactions d'oxydation
'effectuent sur une certaine épaisseur puisqu'elles ne sont pas infiniment
4.. 2 ..6 Expression de la température · des. L'épaisseur réelle peut être d'une fraction de mm. Enfin, aux
pératures de plus de l000 °C environ, des dissociations moléculaires de
de flamme à raide du premier principe oduits compliquent l'approche thermodynamique du problème : des
èces supplémentaires sont à considérer.
de la thermodynamique

(Voir aussi le§ 3. 9.)


La combustion stoechiométrique d'un kg de F libère, par définition de
la quantité de chaleur hc . Profils de température et de fractions
Cette chaleur a servi à massiques
amener un kg de F de Tc à Tf

Coût énergétique Le profil de Test lié au calcul de rf et Tf , exposé ci-dessus.

cPdTs Tc)+ L + cpa(TJ -Ts ) = hvap + cro(Tf -T8) rf , on obtient :

j __ hvap

1
- amener -- - kg d'air à Tf en partant de T00 •

xY02"'
Coût énergétique :
TRAITÉ DE PHYSIQ 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
3 - Physique du feu pour l'ingéni pour des configurations géométriques simples
pour des configurations géométriques simples

® Profil de YF
YF est non nul de r = R à r = r1 et s'exprime selon :
- 58 °C (avec T8 = 78 °C # Ta)

2,57.107 J-kg-1
® Profil de Y0 2
0,1225
Yo2 est non nul pour r > rf et s'exprime selon :

Y,02 (r)
YFc + xY0 2
X
00
{ exp[-[m· "R ] / PGaG r] - 1f + y; 2
S
2 1
0 "' T1 (théorique !)= 2465 K

Vitesse de combustion
4.2.8 Exemple de profils pour l'éthanol d"une gouttelette

Valeurs numériques pour l'éthanol: seule modification à apporter à l'expression (4.12) de d2(t) pour
L = 8,36 105 J.kg-1 aporation est l'utilisation de l'expression de B relative à la combustion.
et Ta= 273 + 78,5 K (sous Po 1 atmosphère) s la formule : d 2 (t) = d�(t) - at, a est de l'ordre de 10-6 m2 • s· 1 (même
rlvap = 9,72 10 5 J · kg-1
hc = 2,67.107 J • kg- 1 (par kg d'éthanol) référence [7], Kanury, 1975, fournit une comparaison de valeurs
ulées et mesurées, qui montre un accord de l'ordre de± 10 %, excellent
x= 0,528 (kg d'éthanol par kg de 02 }
on pense au nombre des approximations de l'approche.
cpa 1295 J • kg- 1 • K 1 (estimation)
=

Y02"" = 0,232
des jets d'aérosols
T"" = 293 K
pas la même pour toutes les gouttelettes
B= 3,25 breuses et proches de l'aérosol! De plus, le voisinage des gouttes gêne
·vée de 0 2 et le transport de F et des produits. La valeur de la
stante a s'en trouve augmentée de plusieurs dizaines de % (au
- Position de la flamme
·mum : 40 %). La restriction relative à l'arrivée du flux de 02 près
e goutte donnée fait apparaitre une interaction entre le flux local
gène et le flux massique de F, m8 , que des modèles traitent. Une telle
raction se retrouve dans un contexte tout différent, celui de la
bustion de foyers de dimension caractéristique de l'ordre du m dans un
e local, où les flammes influent les unes sur les autres.

234
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 Physique du feu pour /îngé sique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Valeur de B sans combustion


exploite la relation (4.8):

Nous allons appliquer certaines des équations précédentes à


configuration monodimensionnelle où la consommation de F se
normalement à un plan, celui de la base supérieure du cylindre conten
le liquide. 1 ; YFs est voisin de la valeur saturante puisque:
1
<< T8 x YFs # 0,16
4.. 3 .. 1 Exemple du méthanol l+
10132 5 -
1
16000
(A partir de la référence f7/)
Un récipient carré est empli à ras bord de méthanol. On suppose qu'u Bvap sans comb 0, 1875
alimentation régulée maintient cette condition lorsque le liquide quitte
récipient par évaporation. Un courant d'air de faible vitesse passe a tilisons maintenant la formule (4.10) m" h
-ln(B+l).
dessus de la surface. On utilise les expressions précédentes pour calcul Cp0
m" en évaporation, et en évaporation suivie de combustion.
Calcul de h
La vitesse de régression de la surface liquide est vr rh" / PL . Cp0

293 K ur la base supérieure d'un cylindre, en régime laminaire et en convection

337,5 K (64,5 °C) l/2 1/3

L= 1,1.106 J-kg-1 Nu = 0,664 Re112 Pr 1 13


= 0,664( �� J ( µ:� )

cpL 2365 J · kg- 1 • K- 1

U: 0,93 m-s- 1
L: 0,075 m
Données: Pa 1.3 kg ·m-3

7,5 x 7,5 cm2 Va 1,73 10-5 m2 -s-1


Dimensions du récipient carré:
Vitesse de l'air 0,93 m · s- 1 trouve: Re = 4032, et avec les propriétés du méthanol:
Température de l'air: 28 °C (méthanol dans l'air), si Le 1 , Pr= -1'.'.. 1,6 et en
Température d'ébullition du méthanol 64,5 °C D

Pression de vapeur saturante à 28 °C 16000 Pa PaCp0


, il vient: ÂG = 3,85 10- 2 W. m· 1 . K- 1 .

W-m-2 · K-1

237
4 Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ ITÉ DE PHYSIQUE 4 Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingéni hysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

h
et, avec c pG = 1714 J.kg- 1 .K- 1 , et - 1,5. 10-2•
c
pG dons des récipients cylindriques la dimension caractéristique est d,
□ Vitesse de vaporisation sans combustion ètre de la section droite.
On obtient: formule précédente de Nu conduit à :
rit" 2,6.10-3 kg•s- 1 -m-2 soit: rit= 1,s.10-5 kg•s- 1.
h = 0,664Jo 2f3(Pau)112µI f6cpG-2/3d-112
c
Avec PL = 796 kg•m -3, on trouve pour la vitesse de descente du liquide: pG

. ' . 1
vr = 3, 27 10-6 m · s-1 soit environ 0, 2 mm· min-1. d.mterv1ent a 1a pmssance -'-.
2
• Avec combustion formule donnant rit" s'écrit pour le méthanol en combustion:
□ Valeur de B avec combustion h
-ln(B+ 1) kg.s-1.m-2
On exploite la relation (4.14) : c
pG

= hczY02""+ cpG(T"' Ts ) constantes toutes les propriétés et données, sauf le


B
1-zvap
qu'on passe de d = 1 cm à d = 10 cm, on doit obtenir:
Avec:
T =oc,
293 K
337 ,5 K (64,5 °C) rit" / rit" = 0,32 (soit: 10-11 2)
Ts = (10 cm) (1 cm)
rit (10 cm)/ rit 32 (et non pas 100 !)
L= 1, 1 106 J·kg- 1 (1
cm)

CpL 2365 J · kg- 1 • K- 1


hc = 2 105 J-kg- 1 Expression de Nu et de h en convection naturelle laminaire

et: x = o,726, Y02 "' 0, 232, la face supérieure d'un cylindre, l'expression de Nu en régime
inaire est la suivante
on trouve:
Nu 0,54 {Gr Pr) 114
Bcombustion 3, 211
Gr est le nombre de Grashof, Pr le nombre de Prandtl ces nombres
et: t explicités ci-dessous.
rit" = 2 , 2 10-2 kg• s-1 · m-2 ; et rit 1,21 . 10-4 kg•s-1

soit environ dix fois plus que sans combustion.


Remarque: h - 1 3/4 1/2µo -1/4c -3/4d-l/4
-- 0,54 x /1,G Pa pG
h , à partir de a0 et ;t0 par exemple, fournissent
D'autres manières de calculer cpG
valeurs de m" différant de quelques dizaines de %. d'ailleurs Le = 1 est u
approximation ! De même, l'hypothèse courante qui consiste à poser Pr1 l 3 =
influence un peu les résultats.

239
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides É DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples ysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Soit, approximativement, pour le méthanol en combustion: résultats donnés à la référence [4], Curtat et al., 1975, conduisent aux
clusions suivantes pour le méthanol (envisagé ci-dessus), le n-heptane
rh" = 3,4 10·3 x d-1/4 kg-s -1. m -2 l'acétone.

On voit que rh" varie comme le diamètre d élevé à la puissance □ Pour le n-heptane, vr est réduit d'un facteur 3,3 lorsque d passe de
1 cm à 10 cm. La variation théorique en d-1/2 correspond à un
à-dire assez doucement avec d. facteur 3,2.
o En :régime turbulent (vitesse élevée des écoulements) : Pour l'acétone, le facteur expérimental est de 3,9 et le calcul donne
La relation encore 3,2 lorsque d passe de 1 cm à 10 cm. Une dépendance en
a-112, cohérente avec une loi laminaire de convection forcée, semble
Nu 0,14 (Gr Pr) 1 13 acceptable pour ces liquides quand d varie de 1 cm à quelques
dizaines de cm.
conduit à: rh" indépendant de d, à cause de l'exposant 1/3.
us voyons que rht et vr croissent quand d devient plus grand, puis se
bilise, phénomène décrit au§ 4.4.7 et à la figure 4.3.
e Résultats expérimentaux en combustion remarque que la valeur expérimentale de vr pour l'éthanol à d = cm
On trouve à la référence [3], Corlett et Fu, 1966, des valeurs mesurées t proche de celle calculée dans l'exemple donné en convection forcée avec
rh" pour plusieurs liquides, dont le méthanol, en convection naturell d'écoulement de 0,93 m- : 1,2 mm-mn·1 au lieu de 1,6
pour des réservoirs dont le diamètre varie de 1 à 30 cm. Pour un diamètre
de 8,5 cm, la mesure donne vr 1,2 mm· mn-1 soit
h
m" 1,6 10-2 kg-s-1,m·2, c'est-à-dire des valeurs très proches de celles les propriétés qui interviennent dans l'expression de
C
données dans l'exemple ci-dessus. p:3

èrent assez peu selon les liquides.

□ Influence de la valeur du diamètre


On trouve aussi à cette même référence pour le méthanol
d (cm): 1 7,5 25
. -1
Valeurs mesurées de la vitesse
vr ( mm-mm ): 1,2 1,0
massique de combustion et
Lorsque d passe de 1 cm à 25 cm, vr est réduit d'un facteur 4,5, alors que valeurs calculées à raide du nombre B
la loi en a-1/2 fournit un facteur 5.
pour des produits courants
o Autres liquides dans un récipient référence [4], Curtat et al., 1975, donne les valeurs suivantes pour un
D'autres résultats, sur divers liquides combustibles, montrent ermoplastique, le polyméthacrylate de méthyle, ou PMMA, qui brûle en
accord entre mesure de m" ou de vr et calcul selon la rmant un film liquide en surface, et des liquides couramment utilisés
s l'industrie. Le diamètre est ici de 2 cm.
rh" = _!!__ ln(B + 1) , mais seulement pour des valeurs du diamètre (ou s valeurs de m8 et de B du PMMA servent de normes pour présenter, au
C
p:3

dimension caractéristique du récipient) allant de quelques cm à quelque bleau 4.3, des comparaisons relatives entre mesure et calcul.
dizaines de cm au maximum.
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQU TÉ DE PHYSIQUE 4 • Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 • Physique du feu pour /'ingénie ysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Tableau 4.3 - Comparaisons relatives entre mesure et calcul des valeurs les mêmes définitions des variables b et de B que celles données
de et de Bms édemment, on obtient, en supposant une analogie entre le transfert de
sse et le transfert de chaleur au travers d'une couche limite
ms I mP MMA (mesuré) ln(B + 1) / ln(BPMMA + 1)
1
Ton fait l'approximation de prendre Pr l, il vient :

k µG (Grf ln(B + 1)
d
(BpMMA "' 1,412)
1 1 .

- en regime 1am1nrure,
· · et a= en reg1me
, turbulent,
4 3
Ces résultats montrent le poids dominant du nombre B sur la valeur de st une constante empirique.
m8 , et la qualité de la théorie pour d 2 cm. Pour des valeurs de d de
te expression est du même type que
l'ordre du dm et au-dessus, l'accord est beaucoup moins bon: le poids des
échanges radiatifs et celui de la turbulence infirment la pertinence d
l'approche théorique. On trouvera d'autres résultats relatifs pour d
valeurs plus élevées de d à la référence [5], Drysdale, 1985.
il
vec Pr = 1 (donc _Q_ = µG ).
cpG

4 .. 3 .. 3 Influence de la fraction massique


en oxygène dans le milieu gazeux
La dépendance théorique de m8 à Y0200 est exprimable en Influence du rayonnement
l'expression en 1n[B(Y0 200) + 1]. La validité du résultat n'est pas sur rexpression de 8
pour de fortes variations de Y0 200 à cause des effets possibles
'échange de chaleur entre flamme et combustible a été jusqu'ici supposé
changement sur les limites de validité des hypothèses de base.
nductif (ou convectif avec h ilo , si on écrit que la conduction a lieu au
ôr
avers de la couche-limite d'épaisseur ôr ), sans contribution d'échanges
diatifs. Si la taille du combustible est grande, ou si un éclairement d'une
4.. 3 ..4 Utllisation de rhypothèse tre origine que la flamme l'atteint, on peut tenir compte de l'apport de
de la couche limite laminaire à la densité de flux de chaleur absorbé èJR en modifiant B

Une exploitation simple peut être faite de l'hypothèse de la couche limite Bsans rayonnement
laminaire pour le calcul de la vitesse massique de combustion. On trouve rayonnement =
une présentation de cette approche dans le livre de Glassman (1977), -èJR ­
1- �
référence [6]. m"hvap

243
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 Physique du feu pour l'ingéni pour des configurations géométriques simples

ou, en prenant de plus en compte la fraction rayonnée hay de la puissanc


calorifique de la flamme : v,(mm/min)

hcxY02""(l fray ) + cp0 (T -T8) 00


Bavec rayonnement

m'�{aJ
20
hva p(l-

(forme modifiée de l'expression 4.14 .)


La difficulté est de chercher comment exprimer maintenant 2

que nous ne développerons pas.

Linéarisation de ln (B + l)
0,01 0.1 10 d (m)
En acceptant : ln (B + 1) B, valable en toute rigueur si B << 1
négligeant cpG ( T00 -T8 ) devant hcYo2 a::x(l fray ), il vient :
igure 4.3 - Allure générale de la variation de la vitesse d'évaporation vr avec
le diamètre du lit combustible d, d'après Blinov et Khudianov

ms devient proportionnel au rapport entre h c et hvap .


d2
la re1ation
· m. = --
;r m. " condu1t. a. une evo
- 1ut·10n de -".1orme
Bien que B soit rarement petit devant 1, des relations empmques 4
approchées donnant m[ pour plusieurs liquides font apparaître une ... fférente pour m . La courbe vr = f( d) présente un minimum unique pour
dépendance proportionnelle au rapport hc / hvap . voisin de 7 à 20 cm et un quasi-plateau lorsque d est approximativement
périeur à 50 cm. Une conséquence pratique de cette évolution est que,
ur des diamètres de l'ordre de l m ou plus, la densité superficielle de
esse massique de perte de masse rhs
est constante et donc que m
ient alors proportionnel à d 2 , facile à calculer si l'on connaît la valeur­
4.. 3 .. 6 Vitesse massique de combustion teau de rhs
. L'interprétation approximative d'une telle évolution a été
de liquides pour des diamètres 'te par Hottel (1959), référence [1], puis expliquée par des modèles plus
omplexes. Nous en donnons les grandes lignes.
de quelques mm à plusieurs m
Aux diamètres importants, c'est le rayonnement de la flamme devenue
turbulente qui apporte le plus de chaleur au liquide. Si Tf est la
De remarquables résultats expérimentaux ont été obtenus par Blinov
Khudianov (1957), référence [l], puis retrouvés par d'autres auteurs. On température moyenne (temporelle et spatiale) de flamme et la
peut consulter sur ce point les références [7] (Kanury, 1975) et [5], température du liquide sous la surface frontière, le flux de chaleur
Drysdale, 1985. Ces résultats concernent des liquides dérivés du pétrole ou d2
d'autres huiles, brûlant en régime établi dans des récipients cylindriqu entrant par la surface d'aire n peut être mis sous la forme:
4
de diamètre allant de 5 mm à 20 m. L'allure de la variation de la vites
d'évaporation vr (mm.mn·1) avec le diamètre du lit combustible d (m) e
(r/ r/)1
2

celle de la figure 4.3 . L'évolution de ms


PLVr est affine de celle présenté q1 k1 n � exp(-kid))
( Vr }.
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSI 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingé pour des configurations géométriques simples

On peut constater que la variation de Vr avec ab/eau 4.4 - Exemples de vitesses de descente de liquide mesurées
une loi en a- 112 lorsque d est compris entre quelques mm et quelqu d'après [Burgess et al., 1961}
dizaines de cm. Nous avons déjà introduit précédemment une loi de ce
en donnant m" en fonction de ln (B + 1). Liquide Vroo Vr pour d=50 cm
(mm-mn· 1) (mm·mn-1)
La prédominance de l'échange radiatif entre flamme et combustible a ét
constatée sur de nombreux exemples depuis ces premiers travaux, elle es 6,6 5,0
très nette lorsque d dépasse 1 m environ. On peut citer les travaux 7,3 4,5
Burgess et al. ( 1961, référence [2]), qui ont corrélé des résultat 5,8 4,0
expérimentaux sur des hydrocarbures et d'autres liquides par une loi del 1,7 1,3
forme:

trouvera au chapitre 5 des valeurs de ms


SYMBOL rassemblées par
où Vr 00 est la valeur limite de vr quand r ➔ oo, et kR est un coefficient brauskas, correspondant à des diamètres pour lesquels la valeur
teau est atteinte.
global d'absorption (en m-1 ). Ces résultats correspondent à d allant de 20
cm à 1,5 m environ soit à la partie droite de la courbe de Blinov et.
Khudianov.
Nous donnons au tableau 4.4 quelques valeurs de vr"' selon [2], Burgess et
al., 1961.

.mi L'échange thermique convectif apporte au liquide un flux thermique d


la forme:
. 1rd2
q2 = h
4 (Tr - TL)
� La flamme apporte de la chaleur par conduction sur le bord latéral du
récipient. Cet apport s'écrit:

� De la chaleur est perdue par le liquide dans sa masse (conduction,


convection) et par échange de rayonnement thermique ave
l'environnement non masqué par la flamme. Soit q p le flux perdu p
ces échanges.
• La vitesse de descente du liquide s'écrit alors :
- + <:z3 - qp
cz1 + <:z2
V
r = � �--e=--=c..
PL rlvap
On a montré que cette approche permettait de retrouver la forme d
Vr = f(d).
Des exemples de valeurs mesurées sont donnés au tableau 4.4.
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour f'ingé 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples

il de température
uation de conservation de l'énergie conduit à

r2Â-a :! -[m 8R ]cp8T = c


2 te

te constante correspond à la production de chaleur par la combustion à


(Cf référence [7]) urface S:

Pour ce solide et quelques autres, il n'existe pas de combustion en milieu


gazeux, mais des réactions hétérogènes au contact du solide à la surface S.
Il faut encore ici calculer le débit massique 0 2 arrivant à la surface S par 'intégration sur r fournit
diffusion. On continue de supposer que la diffusion est beaucoup plus
lente que la réaction chimique globale. La relation:

Ô ( 2
- r PoDo2
Ôf'
Ôf'
'l'on exploite le fait que T➔ TCJ) quand r➔oo).
exprime le bilan sur l'espèce 02 , entre un terme de diffusion et un terme
de transport d'ensemble.
La conservation de l'énergie fournit : □ Si maintenant on pose Le = 1 :

!!._l
2
r
ôr� ( pG ­
ôf)
ôr
[m. "r2]C p0
ôI'
ôr
0 T

La densité superficielle du débit massique de 02 à la surface S s'écrit


c la définition de B , il vient à r = R :
Cp0 Too + xhcY0200
cp0(XY02"° + 1)
où m8 est le débit massique quittant la sphère, par unité de surface.
0, 232:
La réaction de combustion implique :
." si C ➔ CO2 Ts = 1950° c (x = 0,375)
. ,, ms
mo2s "" -
X si C ➔ CO T8 "'1030°C (x = o,750)
La loi temporelle d'évolution du diamètre d de la sphère : d2 = dJ - at s valeurs mesurées de T8 sont plus faibles que celles calculées : on
s'établit comme pour les gouttes liquides. La combustion d'une sphère de glige le rayonnement comme mode de transfert d'énergie, qui en réalité
diamètre d0 demande environ dix fois plus de temps si elle est solide que froidit la surface S. La figure 4.4 donne l'allure des évolutions de ces
si elle est liquide.

249
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ DE PHYSIQUE 4 Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingén pour des configurations géométriques simples

➔ y
02 00
=O
suppose qu'à t 0, la surface de la sphère est portée brutalement à la
pérature T"" alors que toute sa masse, et sa surface, étaient
cédemment à la température T0 . L'évolution de la température interne
fonction de r (0 < r < R) et du temps est la solution d'un problème de
duction instationnaire

______➔
:::__ T-ctf 293 K

t<0T T0 Vr
y =0 t 2".: 0 T= T"' à r R
02 S
5 10 r/R
{lI' = o·a r = 0
Figure 4.4 • Allure des courbes d'évolution de la fraction �assiq�e de 02
et de ta température, pour la combustion d'une sphere solide

(in:r)
·
2R (-lr . [-i 21t2ast ]
I-.
00

-sin - exp
n:r i=l l R R2
Ordre de grandeur des durées de combustion pour quelques solides
brûlant comme le carbone omme d'une série infinie alternée avec un facteur en exp (- kt) dans
que terme)
A l'aide de la relation d2 = d5 at, on trouve pour d = 10-6 m (1 µm), d
ur introduire un flux sortant de gaz, on suppose que lorsque, à r donné,
l'air à 20°c, les valeurs suivantes de la durée de combustion, en secondes
(r,t) dépasse Tp , une valeur critique déclenchant brutalement la pyrolyse,
Carbone 2,28 10-5 (mesure: 1,98 10-5) front de pyrolyse progresse vers le centre. Le débit massique de gaz
Sodium 0,85 10- 5 oduit est défini par la propagation vers le centre de l'isotherme T Tp :
Plutonium 4,90 10·5
Alors que pour des liquides on trouve, àvec le même
(durées en s)
Kérosène 0,11 10-5 (ôr) sont obtenues à partir de la relation précédente, solution
ôt Tp
Ethanol 0, 10 10-5
pure conduction et où Pres est la masse volumique du

Retour sur l'alternative :réactionnelle : C ➔ C02 ou C ➔ CO


est la masse initiale de la sphère, on peut définir une vitesse
Si C ➔ CO, CO va réagir avec l'oxygène en s'oxydant en CO2. selon:
produit diffuse en partie vers la sphère et se réduit en CO à la s_l:1-:fa�e:
mécanisme complexe est exposé dans l'ouvrage de Kan�ry deJa cite.
change peu la vitesse de combustion que nous venons d estimer. 1

est de l'ordre de 5 10-s à 10-6 m · s-2, et dépend de T0 , T00 Tp , À.s, Ps, ,

250 251
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE 4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour /'ingénie ysique du feu pour l'ingénieur pour des configurations géométriques simples

Cette théorie ancienne montre beaucoup de défauts

• Le passage brutal de la température de surface de T0 à T00 n'est pas


réaliste en combustion. Une condition limite en densité de flux
thermique entrant serait plus réaliste. chapitre a permis d'introduire des équations de bilan sur la masse, les
èces, et l'énergie, qui sont toujours à établir pour un problème de
• La relation entre le débit de pyrolyse, la température et les masse bustion, et concernent ici des situations simplifiées par le choix de
volumiques Ps et Pres , est du type : gurations géométriques simples et l'hypothèse de stationnarité. La
tification complète de l'écriture de telles équations n'a pas été donnée,
)n -E/RT r ne pas alourdir davantage une présentation déjà riche en formules.
iJr = A( Ps- Pres e
â trouvera au chapitre 13 une présentation plus rigoureuse des principes
base de la conservation de la masse et de l'énergie, et davantage de
c'est-à-dire qu'elle suit une loi cinétique. 1s sur ces questions aux livres cités ici. Le chapitre 13 présente
ement des bilans du même type pour les volumes de contrôle utilisés
• La pyrolyse nécessite un terme endothermique.
les modèles de feu de local.
• La présence du résidu intervient dans les échanges thermiques ave ombre B permet d'évaluer "l'efficacité" du transport de la matière
l'extérieur comme dans ceux qui concernent l'intérieur de la sphère. ensée vers le milieu gazeux sous la forme de relations assez simples.
flux gazeux dans le résidu transporte de la chaleur dont une partie se 1s:. relations font apparaître des liens entre des grandeurs thermiques,
communique au résidu. odynamiques, et chimiques, et illustrent ainsi des couplages entre
nomènes, couplages évoqués au chapitre 3.
similitude formelle des équations de bilans peut être exploitée pour
ger le système d'équations. Ainsi, le choix de poser Le= 1, en supposant
imilitude des phénomènes de diffusion de la chaleur et de la matière,
it le nombre d'équations à traiter. Cette hypothèse peut être retenue
des problèmes plus complexes.
s avons vu que la vitesse massique de consommation d'un liquide en
bustion ramenée à l'unité d'aire de sa surface n'est pas indépendante
iamètre d. Lorsque d croît depuis une très petite valeur, cette vitesse
inue, puis augmente, puis se stabilise (figure 4.3). L'interprétation
e telle évolution fait intervenir divers types d'échanges de chaleur
ifs au liquide, et est liée à l'évolution de la turbulence dans la flamme,
-à-dire qu'elle dépend de phénomènes complexes dont la présentation
rique sortait de notre cadre. L'application pour des foyers de "grande
e" (plus d' 1 m de diamètre) est cependant très simple : la vitesse
ique de consommation du foyer devient proportionnelle à son aire.
relations simples (par rapport aux phénomènes !) présentées ici
missent des résultats d'une précision très acceptable sur la vitesse de
ommation. Il se trouve que leur application est limitée à de petits
êtres pour lesquels, en particulier, les échanges radiatifs ont peu
Le rayonnement thermique, aux lois non linéaires en
érature, intervient aussi pour expliquer en partie pourquoi la
érature de flamme adiabatique est bien supérieure aux valeurs

plication des relations linéaires utilisées pour exprimer les flux


gés est donc limitée !

252 253
4 - Théorie approchée de la combustion de liquides et de solides TRAITÉ DE PHYSIQ
pour des configurations géométriques simples 3 - Physique du feu pour l'ingéni

Les chapitres qui suivent fourniront des connaissances relatives à


foyers plus grands, et présenteront en particulier les approches Chapitre
phénomènes modélisés ici avec peu d'explications, tels que la conduction
la convection thermiques.

Bibliographie Foyers courants des


[ 1] Travaux de Blinov et Khudiakov (1957), cités par H.C. Hottel, "Review:
Certain laws goveming the diffusive burning of liquids", Fire Research
feux de bâtiment
connaissances
Abstracts and Reviews, n ° l, p. 41, 1959.
[ 2] D.S. Burgess, A. Strasser, et J. Grumer, "Fire Abstracts Review", n ° 3, p
[31 R.C. Corlett et T.M. Fu, Western States Section,
International Symposium on Combustion (Combustion Institute), p. 545, 1967. empiriques et
relations approchées
[4] M. Curtat, A.M. Breyton, et S. Lécolier, "Thermal degradation offire retarded
polyurethane rigid foams", International Symposium on Flammability and Fire
Retardants", Montréal, 22-23 mai 1975.
[5] D. Drysdale, "Introduction to fire dynamics", John Wiley and Sons, 1985.
[6] I. Glassman, "Combustion", Academic Press, 1977.
[7] A.M. Kanury, "Introduction to combustion phenomena", Gordon and Breach, 1975.
[8] A. M. Kanury, "Simple cases ofheat release rates. Burning ofliquid fuel surfaces", in L'allumage 5.1
"Heat release in fires", V. Babrauskas et S.J. Grayson, Elsevier Applied Science, 1992.
Vitesse de propagation de flamme, 5.2
vitesse d'évolution de l'aire active
en pyrolyse
Vitesse de consommation d'un combustible 5.3
initialement non gazeux
Caractéristiques des flammes de foyer 5.4
Flamme occupant le volume d'un local 5.5
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
3 - Physique du feu pour l'ingénieu hysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées
connaissances empiriques et relations approchées

Ce chapitre concerne les foyers courants dans les feux de bâtiments,


alimentés le plus souvent par des solides combustibles. Le chapitre 1 .
L'allumage
feux
aborde les feux de gaz et de liquides, dans la partie consacrée aux
industriels, et présente également l'incendie à l'échelle d'un groupe de
lumage est défini comme une inflammation des gaz combustibles issus
bâtiments.
un solide ou d'un liquide, inflammation qui s'autoentretient sous la forme
Les informations données ici portent sur : 'une flamme établie.

• l'allumage des foyers, référence [2], Cox, 1995, chapitre de Fernandez-Pello, fournit une riche
ormation sur ce sujet.
e la propagation de flamme, allumage des matériaux solides combustibles dont sont constitués des
éments mobiliers ou des produits liés à la construction d'un bâtiment a
e la vitesse de consommation du combustible et le débit calorifique, 't depuis plusieurs dizaines d'années l'objet de nombreux travaux : la
). lupart d'entre eux étaient appliqués à la "réaction au feu", d'autres
e les flammes et panaches (hauteur, température, débit d'air entraîné isaient à être inclus dans les approches d'ingénierie, d'autres encore
a
La mesure du débit calorifique, qui est le terme source de chaleur dû u taient de nature fondamentale.
présenté e au chapitre 6 qui apporte également des précisions s ur
feu, sera modélisation de l'allumage permet la prévision du démarrage de
les réaction s chimique s à son origine.
ctivité d'un foyer potentiel et l'extension spatiale du feu dans un
Une approche théorique fine des phénomènes ci-dessus passe par _ l'écri�ure âtiment, extension due à l'allumage en cascade de nouveaux foyers.
s
et la résolution d'équations locales aux dérivées partielles. Ces equat10n 'allumage d'une surface exposée n'est pas en général instantané sur toute
doivent décrire les écoulem ents, la combust ion et tenir compte de la surface. La propagation d'une flamme alimentée par une surface en
en
turbulence. De telles approches sont effectuées dans certains modèles yrolyse peut être vue comme une suite continue d'allumages à partir
développement dans les laborato ires de recherch e. Dan � ce chapitre , nous 'une première zone allumée : un modèle de propagation de flamme de
t
présentons des formules approchées issues d'an�yses s1mp_les, �•appuyan urface peut ainsi s'appuyer sur un modèle d'allumage.
e pas u n
sur des résultats expérimentaux, et dont la pratique ne necesslt
gros effort de calcul. Les exemples de valeurs numériques cor:icernent . des
grandeurs caractéristiques de foyers courants. La plu�art des ��for�atlons Allumage et essais de réaction au feu
qui suivent concernent des valeurs "moyennes assoc1ees a des
Les réglementations nationales ont incité à la définition, la mise en place et
représentations stationnaires.
l'exploitation d'essais de petite échelle, destinés à l'évaluation des produits
constitués par les matériaux liés à la construction quant à leur possibilité
de contribuer à l'aggravation des conditions de danger pour des
personnes ; l'instant de l'allumage, ou bien la valeur du flux thermique
incident minimal suffisant à l'allumage, sont des paramètres considérés
comme caractérisant l'aptitude à l'allumage. Le débit calorifique dû à
l'éprouvette caractérise sa combustibilité. La recherche d'un essai officiel
de réaction au feu commun aux États membres de l'Union Européenne a
suscité depuis plusieurs années une activité notable. La définition d'une
méthode d'évaluation de "l'allumabilité" et de la "combustibilité" qui soit à
la fois scientifiquement fondée, représentative des conditions d'utilisation
réelles des produits ou éléments combustibles, et peu coûteuse, reste un
problème de taille. Au moment de l'écriture de ces lignes (septembre 1999),
les futurs essais communs sont définis. Le point de départ est la Directive
du 21 décembre 1988 (89 / 106 /CEE), dite Directive Produits de
Construction (DPC), qui a pour objectif la libre circulation, au sein de
l'Union Européenne, des produits de construction, dès lors qu'ils satisfont
à certaines dispositions détaillées dans la Directive. Celles-ci portent sur
les ouvrages dans lesquels sont incorporés les produits et sont exprimées

256 =csrs 257


5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYS/ É DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

en termes d'exigences essentielles. La sécurité en cas d'incendie est


deuxième exigence essentielle.
vue fondamental, l'étude de l'allumage identifie plusieurs
La décision dite des Euroclasses (9 septembre 1994) sépare les produits
construction en deux familles : les revêtements de sol et les àut
produits. Pour chacune de ces familles elle retient trois e transfert de chaleur vers l'objet combustible et dans la masse de cet
sollicitation à traduire par des essais et résumés ci-dessous bjet. Les échanges radiatifs et convectifs, la diffusion de la chaleur
s un solide sont alors concernés.
PRODUITS DE CONSTRUCTION
Revêtements de sol Autres produits s le combustible solide, la pyrolyse, constituée par un ensemble de
Stades de débris en feu attaque par une petite ctions de décomposition en gaz (dépendant des champs internes de
développement de flamme pérature), le transport et les réactions des gaz produits dans le
l'incendie, à simuler feu pleinement développé sollicitation thermique 'de plus ou moins dégradé (et laissant ou non en surface une couche
par des essais, par dans la pièce voisine émanant d'un objet en feu siduelle) est un thème de recherche qui a débouché récemment sur
ordre de sévérité feu pleinement développé feu pleinement développé s modèles assez fins.
croissante. dans la pièce dans la pièce
s le milieu gazeux : le transport de matière par diffusion et
onvection, les réactions chimiques, et les échanges énergétiques dont
.certains concernent le solide source, sont des phénomènes dont dépend
A chacun de ces six cas on associe un, voire deux, essais. La plupart d
aussi l'apparition d'une flamme établie. Les recherches en combustion,
essais retenus existent déjà et sont repris tels quels avec, éventuellement!
quelques modifications mineures. En revanche, un essai est inventé : iÏ:. plutôt liées, dans leur majorité, à des aspects académiques ou à des
applications de nature industrielle (combustion contrôlée), apportent
s'agit du SBI (de l'anglais "Single Burning Item", objet isolé en feu), futu�
remplaçant de l'épiradiateur français. L'éprouvette est un dièdre de 1,50 nf une masse importante de connaissances depuis des dizaines d'années.
de haut constitué de deux panneaux, l'un de 50 cm de large, l'autre de 1 :rrl,;2 gré le volume de travaux effectués, il ne semble pas qu'existe
de large. Le dispositif d'allumage exploite un brûleur à gaz placé au nivea-q jourd'hui une représentation vraiment satisfaisante pour les
du plancher de l'appareil dans l'angle du dièdre. damentalistes, couvrant de façon précise et complète les phénomènes
Le choix des essais s'accompagne de la définition et la dénomination uplés intervenant en milieux solide et gazeux.
nouvelles classes: A, B, ... , qui remplaceront en France Ml, M2, ... us nous limitons ici à présenter des modèles utilisés dans les approches
Il faut également mentionner que la prise en compte d'une mesure de
l'opacité des fumées dans les classements n'est pas réalisée. s hypothèses de base sont les suivantes:
Le passage des démarches d'essai fondées sur la pratique, actuelles et
L'inflammation du mélange gazeux est pilotée (des radicaux, ou des
prochaines, à de nouvelles démarches appuyées sur l'ingénierie nécessite
points chauds, favorisent le démarrage et le maintien de l'inflammation
donc encore plusieurs années.
en milieu gazeux) ;

Bien que l'importance des phénomènes du milieu gazeux soit


l'allumage dans les approches d'ingénierie incontestable (par exemple, on passe à l'allumage d'une production de
Les méthodes de l'ingénierie où on simule des scénarios de feu de faço gaz par pyrolyse à une flamme de prémélange, puis à une flamme de
simplifiée permettent des calculs approximatifs de l'instant de l'allumag diffusion), on pose que "l'étape lente" dans l'ensemble des phénomènes
Dans des simulations numériques, on vise à prédire si un objet "cibl est la diffusion de la chaleur dans le solide. Autrement dit, on admet
risque de s'allumer dans le scénario imaginé, et, si oui, à évaluer le que la durée de la montée de la température en surface exposée du
moment de l'allumage pour ensuite modéliser le comportement du foyer solide jusqu'à une valeur suffisante pour donner naissance à une
devenu actif. La simulation numérique du feu a donc besoin de modèles flamme occupe l'essentiel de la durée nécessaire à l'occurrence de
réalistes d'allumage, dont la complexité doit être compatible avec celle l'allumage. Dans cette approche, l'allumage se produit quand la
autres outils d'ingénierie du feu. température de surface atteint une valeur caractéristique du matériau,
correspondant à une vitesse de pyrolyse assez élevée pour alimenter une
flamme en combustible avec un flux suffisant.

258 259
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSI 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingé connaissances empiriques et relations approchées

• Pour évaluer le coût énergétique de la pyrolyse, on introduit une chal densité superficielle du flux thermique entrant, rp, est constante.
globale de pyrolyse h.ap "ressemblant" à une chaleur de vaporisation
Ni la température de vaporisation à l'allumage ni cette chaleur initiales et aux limites de l'équation de la chaleur
pyrolyse ne sont en toute rigueur des propriétés d'un matériau
dépendraient par exemple de la seule pression.

• On effectue des mesures de la température superficielle


dans des conditions réalistes d'échauffement, puis on utilise la vale
mesurée de la température à l'allumage pour prédire l'instant
l'allumage dans des conditions qui ne soient pas très différent densité de flux thermique entrant rp = cte à x = 0 ;
espérant commettre une erreur faible. La validation de cette démarche
porté sur plusieurs expériences relatives à divers matériaux ; ce
encourage son application pratique tant que les travaux de b
n'auront pas fourni d'outils plus corrects. Il faut signaler cependant
T0 est la température ambiante (20° C, ou 293 K, par exemple).
la qualité de cette démarche doit être évaluée pour chaque type
matériau, car la diversité des produits industriels et de leur traitem r x = 0 (à la surface exposée), la température varie en fonction du
(l'ignifugation, en particulier) conduit parfois à rendre cette hypoth s selon:
de température critique trop contestable.
La température empirique d'allumage varie de 200 à 600 °C selon (5.1)
matériau et les conditions d'allumage. Lorsqu'on ne dispose pas d'un
meilleure connaissance, on peut, pour des calculs approchés, utiliser un est la conductivité thermique, p la masse volumique, et c la chaleur
valeur "typique" de 700 K (427 °C). ique du solide à pression constante.
correspondant à l'atteinte par T8 de la valeur critique Ta11 est
5 .. 1 .. 1 Modèles thermiques d'allumage 2
(ra11 -To )
TC '
Nous allons présenter deux modèles simples de prévision de l'instant de 4
Âpc
rp 2
(5.2)
l'allumage, qui reposent sur une analyse purement thermique du··
comportement du solide. Ta11 est la température de surface à l'allumage (connue empiriquement).
Remarque: calcul de tan ne demande ici qu'une calculette.
Le chapitre 8 porte sur la diffusion de la chaleur dans les solides : il
l'information nécessaire à la compréhension des relations qui suivent.

dèle thermique avec résolution numérique


Modèle thermique simple modèle demande une résolution numérique de l'équation de la chaleur
Le modèle thermique le plus simple, utilisé dans des calculs approché des conditions aux limites plus réalistes où, en particulier, la densité
repose sur les hypothèses suivantes: ux entrant n'est pas donnée numériquement ni constante.
écrit ainsi, pour t > 0,
• les propriétés thermiques du solide sont constantes et uniformes ;
lÎ�,ent =a E+h(Tg T8 )-ca-Tîi
@ la diffusion de la chaleur est monodimensionnelle, et s'effectu
perpendiculairement à la surface exposée ; représente la densité de flux entrant par la surface S sous un
·rement énergétique E (a est l'absorptivité), variable au cours du temps,
@ le solide a une épaisseur telle que la température de la face non expos,
pte tenu d'un échange thermique convectif représenté par le terme en
ne change pas durant l'expérience (c'est une "paroi semi-infinie") ;

261
5 - Foyers courants des feux de bâtiment TRAITÉ DE PHYSI É DE PHYSIQUE 5 Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'in ysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

h{Tg - T8) et de l'émission de rayonnement thermique par la surf: endance de polymères naturels ou de synthèse à former un résidu
selon : & crTs4, où & est l'émissivité de S (cf. chapitre 10). bonneux (anglais: "char") va de pair avec l'aptitude à donner
Le chapitre 8 reprend l'exposé de cette équation qui peut être résolue ance à ce type de combustion.
rapidement sur ordinateur en T8(t). e combustion lente ("smouldering") peut durer très longtemps, avec
vitesse d'avancée du front comprise entre le centième et le dixième de
Complication : le solide peut comporter plusieurs couches différentes a ; la combustion peut passer à un allumage avec flamme vive si
caractéristiques thermiques variables avec la température.
rt d'oxygène est accru par augmentation forte de la porosité du lit
Application pratique : Connaissant la taille d'une flamme et l'émittance stible (rupture de barrière ou désordre mécanique), ou par un
sa surface, ainsi que la distance, la position et l'orientation d'une surf. t d'air forcé dans ce lit. Des dérivés du bois ou des polymères de
cible, le calcul de la densité surfacique du flux de chaleur radiatif incid èse (par exemple certains de ceux utilisés en mousse de rembourrage}
(éclairement énergétique) sur la cible (cf. chapitre 10) permet celui ent ainsi passer d'un régime de combustion à l'autre.
l'évolution temporelle de la surface ex1)miee et finalement, la prévision
moment de l'allumage de la cible. On peut ainsi dresser des cartes
"danger d'allumage" autour d'un premier foyer.

Modèles d"aHumage plus complexes

Si on pose que la vitesse massique de pyrolyse par unité de surface s'éc


sous la forme d'une loi d'Arrhenius :
EFs )
AFs PFs exp( - - -
RTs

La vitesse massique de pyrolyse par unité de surface dépend alors de


température de surface, et des paramètres A et E liés au solide combusti
noté ici FS, de masse volumique p.
Il faut bien sûr avoir déterminé ces paramètres au préalable.
Les modèles beaucoup plus détaillés qui décrivent les phénomèn
physiques et chimiques liés à la pyrolyse sont d'une bien plus gran
complexité (système d'équations aux dérivées partielles) et sortent du ca
de ce livre.

Démarrage des combustions couvantes


Un éclairement énergétique intense (par exemple, plus de 10 kW· m
cause une production intense de produits de pyrolyse qui peut conduir
un allumage avec flamme vive. Un apport de chaleur moins intense,
prolongé, peut donner naissance à une combustion couvante,
alimentée en oxygène et débitant peu de chaleur et peu de produits
combustion. L'apport de chaleur déclenchant la combustion couvante n'esf'f
pas nécessairement radiatif : la chaleur conduite venant d'une zone où
poursuit une oxydation lente dans le coeur du matériau est un aut
exemple de cause déclenchant le phénomène.

263
5 - Foyers courants des feux de Mtiment :
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSf connaissances empiriques et relations approchées
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingé

ession de la vitesse de propagation de flamme


de d'un bilan thermique simple
sons le régime stationnaire, sans autre source de chaleur que la

me avance à la vitesse selon laquelle la surface exposée du solide,


ement à T0 , passe à la température d'allumage Ta11• Si vF est la vitesse
hée, et si q:bs est la densité de flux de chaleur apporté (absorbé) sur
Remarque: distance d chauffée, et si x est une estimation de la profondeur
De nombreuses références sur ce sujet sont données par Fernandez-Pello, ficativement chauffée, on arrive par un bilan énergétique simple à :
chapitre 2 de la référence Cox [2].
VF ( q:bs dJ/ pc (Ta11 - T0) X (5.4)
c est la chaleur massique à pression constante du solide, et p sa masse

1
Tant qu'on peut définir un front de flamme, la vitesse d'avancée de ce fr mique.
est appelée vitesse de "propagation" de flamme. L'expression "vitesse
propagation" ne désigne pas ici une grandeur caractéristique d'un mil distingue les situations où la flamme se propage dans le sens des
comme lorsqu'on parle de propagation des ondes électromagnétiques d lements d'air qui lui apportent l'oxygène (flamme se déplaçant vers le
l'air. C'est une vitesse de déplacement de la matière qui dépend sur une surface verticale), de celles où ces mouvements ne sont pas
plusieurs paramètres et qui n'est pas constante tant qu'un régime éta ême sens (flamme se déplaçant vers le bas sur une surface verticale,
n'est pas atteint. De plus, dans un feu de foyer courant dans un local, e se déplaçant latéralement sur une surface horizontale). Pour ce
flamme n'offre pas en général un çontour assez net pour qu'on pu· nd type de situations, et pour des solides thermiquement minces,
attribuer une vitesse au mouvement de son front. Cette notion n'est -à-dire où la température est pratiquement uniforme selon l'épaisseur,
eut arriver aux relations 5.6 et 5. 7 suivantes, issues de travaux de de
1
que pour des configurations simples, telles celles relatives à la combus
d'une plaque plane. La vitesse de croissance de l'aire de la surf: 1969) à la Factory Mutual Resarch Corporation et citées par Quintiere
produisant des gaz de pyrolyse est à rapprocher de la vitesse
propagation du front de flamme dans ces derniers cas. Enfin, rappela
que l'activité d'un foyer dont l'aire active est donnée varie également avec (5.5)
vitesse "de creusement".
Nous nous limitons donc ici aux configurations simples, du type plaq jours pour cette situation de flamme à "contre courant" de l'air, mais
combustible, pour lesquelles nous allons donner les éléments d'u des solides épais :
approche thermique assez simple. On peut consulter sur ce point, 2
e�emple: [51,Drysdale, 1885 ; [2],Cox, 1995 ; [1 4], Quintiere ,1 u"' (Âpc) (TF -Tan)
_ (5.6)
2 f2'Da)
g
D autres modèles sont dus aux travaux de F. Willams, C. Fernandez-Pell VF -
(1tpc)8 (Ta11 -T0 )
M. Delichatsios, ..., cités à la référence [2], chapitre 2, que nous n
pouvons pas développer en peu de lignes. u,,, est la vitesse de l'écoulement hors couche-limite, TF est la
� La vitesse de propagation du front de flamme est associée à la vites pérature de flamme, l'indice s renvoie au solide, et l'indice g au gaz. f 1 et
d'avancée du front de production de gaz de pyrolyse à la surface nt des fonctions d'un nombre de Damkohler qui exprime le rapport
solide : on voit cette progression comme une succession contin e le temps caractéristique de l'écoulement et le temps caractéristique
d'allumages. réactions chimiques en milieu gazeux (cf. Cox, [2], "Basic
iderations").
llll La vitesse dépend de l'orientation de la surface, des caractéristiques d propagation verticale descendante, la vitesse, sur des solides
milieu gazeux environnant, et de la présence éventuelle d'une source d miquement épais, est de l'ordre du mm· s-1. Dans les situations où la
chaleur extérieure à la flamme alimentée par le solide (due à une autr me avance dans le même sens que le courant d'air qui l'alimente, on
flamme, par exemple). ·t intervenir la position zF de la pointe de flamme, et la position Zp du
nt de pyrolyse, en amont, et on suppose que la densité superficielle de
5 Foyers courants des feux de bâtiment : 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 • Physique du feu pour l'ingé connaissances empiriques et relations approchées

flux de chaleur apporté au solide sur la distance zF Zp est constant (il


de l'ordre de 20 ou 30 kW· m·2). On arrive à : Vitesse de ê �.
ZF est proportionnel à (m� hc zp r
d•un combus
où hc est la chaleur de combustion par unité de masse du solide,
l'exposant n dépend des conditions de l'écoulement. En propagati non gazeux
verticale ascendante, la vitesse, sur des solides thermiquement épais, va
quelques cm. s· 1 à 1 m • s· 1• Un préchauffage du solide, ou un apport
chaleur extérieur à la flamme a naturellement un effet marqué sur ce s'intéresse ici aux combustibles allumés, qui sont, sous leur forme
vitesse. e, liquides ou solides. L'oxydant est l'oxygène de l'air.
La vitesse de propagation peut croître depuis l'allumage. Pour roduction de gaz combustibles (en général un mélange d'espèces) qui
propagation ascendante sur une paroi combustible verticale, avec n vois· ente les réactions d'oxydation dans la flamme est due (cf. chapitre 1) :
de 1, la propagation de flamme sur des thermoplastiques est accélérée si :
it à un changement d'état (vaporisation ou sublimation),
(1 + t;�z)
., oit à la pyrolyse d'un liquide ou d'un solide.
mg hc )
K
où te est le temps nécessaire à la consommation de l'épaisse
combustible, et Kun coefficient de l'ordre de 0,01 m2 • kW· 1•
Pour des matériaux qui forment une croûte charbonneuse, Expressions
est non nulle si
de la vitesse de combustion
m� hc ) (-2-l/
Kf;1 V te
tall

tesse massique de production de combustible à l'état gazeux


Ordres de grandeur de vitesses de propagation de flamme e façon globale d'exprimer la vitesse à laquelle un objet (au sens large)
~1e" est d'évaluer la variation de la masse de l'objet au cours du temps.
La référence Quintiere [14], fournit les ordres de grandeur du tableau 5.1. introduit ainsi une vitesse massique (en kg· s· 1 ou g- s· 1), liée au flux
ique de combustible gazeux produit qui alimente les réactions
Tableau 5.1- Vitesse de propagation des flammes en fonction du phénomène iques de combustion, et non à ces réactions elles-mêmes. Plusieurs
Phénomène vitesse en cm• s·1 deurs sont en fait utilisées selon les cas rencontrés, et la commodité
Çhoix des unités par rapport à l'usage qui est fait de la vitesse choisie.
Combustion couvante 10-3 à 10·2
Propagation descendante, ou horizontale, La vaporisation produit les gaz combustibles
0,1
sur solide épais c'est un liquide par exemple qui change d'état sans pyrolyse
Propagation verticale sur solide épais sformation liquide ➔ gaz, comme pour l'éthanol), on préfère utiliser
ice v et la notation mv qui représente alors la vitesse massique de
Propagation horiionfüle sur un �t:,,�['3
Déflagration laminaire
Détmis:t.iôn

266 267
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSI É DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

vc ,x est la vitesse de descente de la surface S du matériau C , liquide


• La pyrolyse produit les gaz combustibles par dégradation du solide
solide, selon l'axe Ox. L'expression de vc,x est une nouvelle façon
Si m est la masse de l'objet à l'instant t, on pose que la vitesse massique
rimer la vitesse de consommation du combustible, applicable surtout
combustion est mP
des liquides ou des plaques planes solides. A cause de la présence
�(t )= �7 interface plane, une définition mathématique aisée de vc ,x est alors
ible.
où l'indice p rappelle ici que c'est la pyrolyse qui cause la transformation esure de la vitesse de régression de la surface active passe par une
la masse condensée en gaz. ode optique ou électrique de suivi du niveau de S.
Si l'on se place maintenant "du côté du gaz", on pourra considérer le d -
régime stationnaire, la conservation de la masse implique que le débit
massique de gaz libéré qui alimente la flamme (venant du milieu conden
ique perdu par un solide ou un liquide qui régresse à une vitesse vc ,x
et utiliser comme vitesse le flux massique de gaz libéré mg
etrouve sous forme d'un débit de gaz avec la même valeur
dm m g Pg A v g,x
- (g pour gaz),
dt
terviennent cette fois la masse volumique du gaz Pg, et vg,x sa vitesse
ou bien mr (t) (r pour "fuel", combustible en anglais).
·veau de S. La masse volumique du gaz étant plus faible que la masse
Ces différentes grandeurs sont parfois nommées vitesses de "combustio ique de C , la vitesse du gaz est beaucoup plus grande que la vitesse
en ce sens qu'elles expriment la vitesse d'alimentation d'une flamme en ession du matériau : les deux vitesses sont donc dans le rapport
combustible, même si tout le flux gazeux combustible n'est pas oxydé. rse des masses volumiques.
peut par exemple trouver, dans des gaz de pyrolyse, de la vapeur d'
libérée d'un matériau humide qui, au moins au début de la pyroly
représente une fraction de mg . se des réactions chimiques
La pesée en continu de l'objet est naturellement le moyen d'accéder à me nous l'avons vu (cf. chapitre 3), c'est l'ensemble des réactions
vitesse massique de production de gaz. La question de la sensibilité de iques de combustion qui libère globalement de la chaleur. La vitesse
pesée se pose si l'on vise par exemple à mesurer la vitesse de perte cernent de l'ensemble des réactions qui consomment gaz
masse d'un matériau mince posé sur un support incombustible lou ustible et oxygène en donnant naissance aux produits est une façon
comme c'est le cas pour un revêtement plastique sur un mur ! primer la vitesse de combustion. Nous en rappelons une formulation
rante, utilisée dans des travaux portant sur des espèces réactives
nues pour des combustions industrielles ou des expériences de
ratoire.
Vitesse massique de consommation par unité d'aire
un volume réactif où se rencontrent des molécules de gaz
Lorsqu'on ramène la vitesse massique précédente à l'unité d'aire, on uf ·
ustible F et d'oxydant O (l'oxygène), la vitesse de réaction exprimant
souvent les notations sse de F consommée par seconde (par exemple en g.s-1) dans l'unité
m p ou m; ou m g lume (par exemple le cm3) peut s'écrire globalement (en g · · cm- 3) :
en kg- s-1 • m-2, ou en g · s-1.m-2• w= Cncm
F O A exp(-)
-E
(5.7)
RT

Vitesse linéaire de régression est la concentration locale en combustible (g · cm-3),


Si le combustible est un matériau solide ou un liquide, noté F, homogène est la concentration locale en oxydant (g · cm-3),
de masse volumique PF , et que la surface active en régression est S, <l'ai sont des exposants des concentrations exprimant l'ordre de
active A, on peut poser pour une régression selon l'axe Ox normal à S : chaque réactif (0 et F),
mP est le facteur préexponentiel de la relation d'Arrhenius,
Pc Avc,x
est l'énergie d'activation de la réaction (J · mole-1),

269
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 · ue du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

R est la constante des gaz parfaits (8,32 J · mole- 1 • K- 1),


T est la température absolue locale (au lieu de la rencontre en
es foyers du type "nappe" ou "pool fire" , correspondant à des feux de
les molécules de F et de 0). pe de polymère fondu, ou bien d'objets de faible épaisseur
La localisation des régions réactives est très complexe à définir pour guettes, plateau de table, par exemple) ;
flammes de foyers courants. La connaissance des paramètres réactionn
des combustions pariétales (revêtements muraux, cloisons
globaux (n, m, A, est le plus souvent approximative.
combustibles, isolants en sandwich) ;
Pour ces raisons, ce type d'expression n'est pas utilisé dans la prati
pour décrire la vitesse de combustion d'objets courants responsables d' des foyers alimentés par des objets nettement tridimensionnels
feu. auteuils par exemple) ;
s feux d'objets munis d'ouvertures (bibliothèques, armoires).
calorifique mportement mécanique : déformations, percement, ruines, complique
oup la représentation fine des feux d'éléments mobiliers ou liés au
Il est par contre usuel d'utiliser le débit calorifique Oc comme autre mo ent. L'existence et la durée d'un préchauffage, l'étendue de la surface
d'exprimer l'activité de la combustion. Si le débit d'air arrivant à la fl ée, influencent la vitesse d'extension de la combustion après
est suffisant pour que le débit d'oxygène de l'air consomme tout le dé age. Ainsi, la participation au feu d'un élément en paroi peut être
e et localisée, ou bien soudaine, selon l'histoire de la sollicitation
rit�, le débit calorifique est proportionnel à la vitesse massique mique qui le concerne et la concentration en oxygène à son voisinage.
consommation. Il en est alors de même de la vitesse de consommation
l'oxygène et de la vitesse de production des espèces générées par ableau 5.2 fournit des exemples relatifs à des objets courants. La
ance" des foyers (le débit calorifique) est donnée à différents instants.
réactions chimiques dans la flamme. Si, par contre, tout le débit rit� n' valeurs sont extraites de plusieurs expériences. Les articles cités en
pas consommé par des oxydations complètes, la vitesse de consommati ences permettent d'accéder à d'autres exemples.
et le débit calorifique ne sont pas simplement proportionnels.
Tableau 5.2 Exemples de caractéristiques de foyers courants
w
Le chapitre suivant, consacré au débit calorifique et à sa mesure,
ces questions. Puissance
Durée à Instant auquel la
Instant du
maximale puissance puissance atteint
maximum
{kW) maximale/2 lOOkW
(minutes)
(minutes) (minutes)
t,,2-7
t,,5:-1=0=' ==
5.. 3 ..2 Exemples de valeurs du débit
calorifique pour les feux de bâtiment

Les éléments mobiliers, c'est-à-dire non liés de façon fixe à la constructio


très divers en nature, forme (en particulier, le rapport surfa
exposée/volume est très variable), et masse, constituent l'essentiel de
charge combustible dans la plupart des bâtiments.
Les produits combustibles liés à la construction (revêtements mura
isolants de câbles électriques, ... ) peuvent quant à eux contribuer à un
dont un élément mobilier est à l'origine, tant au niveau du dan
thermique qu'à celui des dangers toxiques, d'une façon brève en général,
éventuellement puissante, et très liée à leur nature et mode d'utilisation.

271
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment:
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

du bois et dérivés us voyons dans ce tableau que m� croît avec le rapport fic/hvap : Ceci
Le bois, sous forme d'essences ou, plus couramment, sous forme pelle le nombre B et les expressions données au chapitre 4.
panneaux de particules recouverts de feuilles en polymères de synthè itivement, on conçoit que la combustion est d'autant plus rapide que
reste un matériau courant.
elle dégage beaucoup de chaleur (fic élevé),
La composition du matériau est variable. A titre d'exemple, donnons de
formules élémentaires la production de gaz combustible demande peu d'énergie (hvap

o bois de particules C1H1,44 Oo,66.


Le taux d'eau varie de 5 à 10 %, la masse volumique va de 500 à 8
kg· m-3 environ, et la chaleur massique de combustion se situe dans Évolution et variation de la vitesse
plage de 14à 18 MJ · kg-1.
de consommation du combustible
La valeur de m� dépend de l'essence d'un bois naturel, ou de
composition particulière d'un panneau de particules ou de fibres (natu
du bois, de la colle et d'additifs), et de tous les paramètres déjà évoqu·
volution temporelle
Donnons néanmoins un ordre de grandeur : m g va de 4 à 15 g · s-1 · m-2,
La vitesse linéaire de régression est de l'ordre du mm par minute (de 3 Cas d'un liquide
moins à 3 fois plus, pour donner une fourchette}. l'allumage d'une partie de la surface du liquide succède une propagation
uperficielle de flamme assez rapide, puis une consommation liée à la
escente de l'interface, beaucoup plus lente. Au bout d'un temps plus ou
5 .. 3 .. 2 Chaleur globale de << vaporisation >> oins long, la vitesse de régression moyenne (sur l'ensemble de la surface)
devient constante.
et chaleur de combustion
• Cas général d'un matériau solide
Nous avons déjà souligné que la chaleur globale nécessaire à la production Comme pour les liquides, la production de gaz au travers de la surface
de 1 kg de gaz combustible par pyrolyse n'est pas une propriété, à la apparente d'un matériau solide ne concerne pas dès l'allumage toute
différence de la chaleur de vaporisation d'un liquide pur composé défini. •. rétendue de cette surface. Nous avons mentionné au chapitre 1 que la
En fait, cette production de gaz correspond à un ensemble de réactions surface active s'étendait au cours du temps sous l'influence de la flamme
chimiques et de transformations physiques, pour les matériaux à base de et de la partie chaude du matériau au-dessous d'elle. De façon
polymères en particulier. Néanmoins, par analogie avec une chaleur latente concomitante à la croissance de l'aire active, le matériau régresse
de vaporisation en ce qui concerne les méthodes d'évaluation (par exemple, normalement à sa surface. Supposons que toute la surface exposée est
analyse thermogravimétrique), nous désignons ce terme par Ylvap- alors active. La vitesse de régression n'atteint pas instantanément une
eur constante, même si l'épaisseur du matériau est très grande.
Les valeurs qui sont données dans le tableau 5.3 résultent d'observation enons l'exemple de résultats cités à la référence Modak et Grace, [13],
dans des conditions thermiques réalistes par rapport au feu. tifs à la combustion en milieu libre de plaques carrées de
olyméthac:rylate de méthyle (PMMA) de 5, 1 cm d'épaisseur :
Tableau 5.3 (extrait de la référence Drysdale, [5])
o pour un carré de 1,5 m2 d'aire, allumé sur toute sa surface. Il faut
polymère
Hvap He
hc/hvap
m.� (g · s·l · m·2) environ 15 minutes pour que mP atteigne une valeur constante de
(MJ · kg-1) (MJ · kg- 1) en régime établi
polyoxyméthylène 2,43 15,5 6,4 6,4 ± 0,5 30 g• s·l (111� = 20 g• m-2• s-1),
1,62 25,0 15,5
polystyrène 1,76 40,5 23,0

272
5 Foyers courants des feux de bâtiment : /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées hysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

o pour un carré de 0,21 m 2 d'aire, il faut environ une heure pour q tableau 5.4 fournit une partie des valeurs données à la référence
� atteigne une valeur constante de 3,65 g · s-1 (soit, � rauskas, [1] où :
t la masse volumique du combustible condensé,
17,4 g · m-2 · s-1).
t la chaleur massique de combustion,
est la vitesse massique de consommation par unité d'aire pour une
Influence de l'aire de la surface active
• Travaux de Blinov et Khudiakov (1957)
La figure 4.3 du chapitre précédent illustre la variation, en régime étab /eau 5.4 - Valeur de la vitesse massique de consommation par unité d'aire pour
de la vitesse de consommation d'hydrocarbures (avec l'aire de la surface e aire "infinie", pour plusieurs liquides et trois polymères (d'après la référence [1]).
la source de combustible (ici un disque horizontal}.
En règle générale et pour divers combustibles liquides et solides en régi Combustible
établi de combustion, la valeur ramenée à l'unité d'aire du débit massiq
de gaz combustible produit, rit�, correspondant au régime établi (après u
durée assez longue suivant l'allumage) varie, pour un disque, de la faç
suivante avec le diamètre d :
o décroissance avec d tant que d reste inférieur à environ 20 cm ;
o croissance ensuite, de plus en plus lente quand d se rapproche
50 cm environ;
□ régime en plateau ensuite, lorsque d est plus grand ( d > 1 m).
Pour une surface de forme peu différente de celle d'un disque, on pe
accepter que le même type d'évolution est suivi, en définissant le diamètv
d selon:
d (diamètre hydraulique) 4 x aire de la surface/périmètre de la surface fluence de facteurs extérieurs au foyer

• Travaux de Babrauskas (référence [1]) Influence d'un flux radiatif extérieur à la flamme

Babrauskas a recueilli, tirées de plusieurs travaux antérieurs, plusie e deuxième flamme à proximité du foyer considéré, ou une source de
onnement due à un appareil rayonnant dans une expérience, apporte
évolutions de rit� en fonction de d. Il a choisi de les représenter selon u combustible condensé un flux thermique rayonné dont la fraction
loi du type "charge de condensateur": sorbée fait croître le débit massique de gaz produit. L'effet peut être très
arqué.
rit�(d ) = rit�00 [l exp(-kftd)]
où: Influence de la fraction massique d'oxygène
riig00 est la valeur limite de rit� quand d ➔ oo, combustion consomme de l'oxygène ! Dans un environnement peu
k est homogène à un coefficient d'atténuation de la lumière, et ft à u tilé en air, la concentration de 02 peut diminuer et affaiblir le
facteur qui sert à définir une longueur d'atténuation moyenne à partir nnement émis par la flamme et en conséquence faire diminuer la
d. Cette façon d'introduire en facteur de d, le produit kft, dans l'argume sse massique de consommation.
de l'exponentielle, exprime que le rayonnement de la flamme devient travaux de Tewarson et Pion (1976, référence [16]) présentés ci dessous
facteur de plus en plus dominant dans l'échange entre flamme -
ploitent selon un modèle très simple la variation de rit� avec la fraction
combustible condensé quand d croît.
'oxygène et avec l'apport d'un flux de chaleur non issu de la flamme
imentée par le flux mg .

274 275
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

Ces auteurs ont effectué de nombreuses mesures de la vitesse auteurs posent plusieurs hypothèses qui simplifient beaucoup
consommation de liquides et de polymères solides dans les conditio alyse des résultats expérimentaux :
suivantes: ne dépend ni de q�xt , ni de la fraction molaire en oxygène dans le
Un échantillon horizontal d'aire de 60 à 100 cm2, d'épaisseur de 3 ou courant gazeux, X02 ;
cm est placé dans un tube vertical de diamètre intérieur 1 7 cm. Dans l
tube circule un mélange 02 + N2, avec un débit volumique de 50 ne varie pas si X02 varie ;
70 l · min-1 . Des radiateurs électriques (lampes à filament de tungstèn dépend linéairement de .Ko2
permettent d'apporter à l'échantillon un flux thermique qui s'ajoute à cel
venant de la flamme. La valeur stabilisée (devenue stationnaire) de mg 9.Fl Ç Xo2
été mesurée. forme très simple de l'expression de rhg et les hypothèses précédentes
Un modèle global est appliqué, qui exprime que la vitesse massique mettent d'évaluer hvap, q�1 , et ci�erdu . Dans les expériences réalisées,
consommation résulte d'un bilan entre des flux de chaleur gagnés
perdus, ramené à une chaleur massique globale de production de g a été mesuré à q�xt constant en faisant varier .Ko2 , et à X02 constant
combustible
(]FI + q Ext (]Perdu
hvap exprime rh� selon ;
où:
qF1 est la densité surfacique de flux thermique (5.11)
fivap
combustible (densité de flux thermique entrant dans
combustible) et venant de la flamme. voit qu'on peut obtenir hvap en faisant varier CJ. ext à X02 donné : la
q. Ext est la densité surfacique de flux thermique apporté
te de la droite représentant rh� en fonction de ci�xt donne 1 /hvap ·
combustible par la source externe à la flamme (appor
correspondant à l'éclairement énergétique supplémentair lairement apporté, supplémentaire à celui de la flamme, allait jusqu'à
imposé). · cm-2 dans les expériences.
q Perdu est la densité surfacique de flux thermique perdu (en vale i l'on fait varier X02 à ci�xt donné (dans les expériences .½62 va de 10 à
absolue} par le combustible (par rayonnement et convection}.
est la chaleur nécessaire à la production de l'unité de masse 27 %), la pente de la courbe de m; en fonction de X 02 fournit : I; /hvap,
hvap
gaz à partir de l'unité de masse de condensé, et correspondant à ; à partir de hvap. L'extrapolation du segment de droite à "l'origine"
pyrolyse, aux changements d'état, et à l'élévation de températur
depuis les conditions initiales (20 °C par exemple}. 0 fournit une valeur de m.; égale à '1Perdu , ce qui mène à
hvap
La relation précédente est récrite selon On peut de plus trouver une valeur de q�xt égale à '1Perdu , telle
<iExt - <iPerdu
hvap
(5.12)
Ou-
·" ,
mg,id represente: 1a quant't'
1e -9:B_ terme "1'de'al" où le seul
hvap
résultats expérimentaux ont effectivement conduit à des évolutions
d'apport de chaleur au combustible est dû à la flamme, sans aut proches de la linéarité, ce qui a permis l'expression des grandeurs
contribution nette. La perte de chaleur depuis le combustible ées ci-dessus pour une vingtaine de liquides et solides. Nous donnerons
venant de l'extérieur de la flamme se compensent si � �,id • i quelques exemples de valeurs relatives à hvap, q�1 , 4�erdu , et à m�,id
bleau 5.5).

276
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

Tableau 5.5 - Exemples de valeurs relatives à hvap ' q�1 , CJ.�e rdu et à m;,id. ntluence du local sur l'activité des foyers
(Tewarson et Pion, 1976) [16] trictions de l'arrivée d'oxygène aux foyers dans un local

Valeur "idéale" de la vites­ e conséquence de la restriction en air, donc en 0 2, pour un foyer donné,
CJ.Perdu se massique de consom­ t ne pas conduire à une extinction rapide: le foyer peut continuer à
Combustible mation par unité d'aire 1er plus doucement, en produisant des gaz imbrûlés ou mal brûlés (CO
(g. s-1. m-2) exemple), et ainsi réduire le débit calorifique et présenter moins de
ger thermique, mais augmenter le danger toxique. La "réserve" en air
local, comme la taille des ouvertures sont deux causes différentes de
triction en comburant: la première est capacitive (local plus ou moins
d), la seconde joue sur les flux passant dans le local.
strictions aérauliques par les ouvertures
us avons déjà évoqué l'influence des dimensions des ouvertures sur le
it d'air, et donc d'oxygène, pouvant arriver aux foyers, et qui limite le
it calorifique en conditions d'écoulement quasi stationnaires. Cette
trainte se manifeste moins nettement au début du feu, dans la phase
croissance, parce que le feu est encore peu puissant et parce que
traînement d'air s'effectue alors partiellement par prélèvement de l'air
sent initialement dans le local. Le chapitre 7 donne des détails sur
pression du débit maximal d'air pouvant passer par une ouverture
icale.
uence des parois
proX1mité d'une paroi, par exemple un mur, limite le débit d'air arrivant
n foyer: l'air ne peut venir que de l'espace faisant face au mur. Une
on approximative de calculer le débit d'air amené à un foyer placé contre
mur ou bien dans le coin formé par deux murs est d'effectuer une
proche de 'symétrie-miroir' (voir le paragraphe 5.3).
proximité d'un ou de deux murs a un effet très visible dans les
ériences: la hauteur de flamme observée lorsque le foyer est placé
ntre un mur est clairement supérieure à celle qu'on obtient en plaçant le
Tableau 5.6 - Exemples de valeurs de m; en régime établi pour des polymères de yer au centre du local ; cette hauteur augmente encore lorsque le foyer
sse de la position contre un mur à la position dans un coin. Cette
synthèse en position horizontale. (D'après Markstein, [11]) servation s'interprète de la façon suivante: la réduction du flux d'air
Vitesse massique surfacique one de 0 2) entraîné sur une hauteur donnée H par restriction de l'espace
Polymère ert à ce flux amène la flamme à s'allonger tant que des gaz combustibles
combustible m;
(g • s-1 • m-2)
Dimensions
ore imbrûlés sont présents. La pointe de la flamme, là où les réactions
PMMA 20,0 ± 1,4 disque de diamètre 0,73 m combustion sont terminées, se situe à une hauteur d'autant plus
ande que le débit d'oxygène pénétrant l'enveloppe de la flamme est faible
PMMA 10,0 ± 0,7 carré de 31 cm x 31
r cette hauteur H.
polystyrène 14,1 ± 0,8
J?OlY(?��t4ylène 6;4:1:0,5 es observations sont possibles lorsque les ouvertures ne limitent pas le
bit d'air entraîné).

278 279
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQ
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de b/Jtiment :
hysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

Le choix de placer un foyer expérimental dans un coin d'une pièce a ét


retenu dans plusieurs essais de réaction au feu de combustibles murau e du rayonnement, sa température peut augmenter, et donc le
car cette configuration permet d'imposer simultanément sur deux parois nement qu'elle émet. Dans des conditions favorables d'échanges
la fois, revêtues d'une couche combustible, un éclairement important iss tifs (configuration géométrique des échanges, émissivité et
de la flamme, et de limiter le refroidissement radiatif de ces parois (qui érature des émetteurs, cf. le chapitre 10), le débit de pyrolyse ou de
voient) , du moins sur les surfaces proches de la flamme du foyer, et ain risation peut dépasser notablement la valeur observée en milieu
de solliciter fortement une aire notable de combustibles pariéta i". Ceci a été observé pour des alcools et un thermoplastique (le
Plusieurs "essais de coin" ont été définis depuis plus de quinze ans a étacrylate méthyle, PMMA) : dans des conditions expérimentales
États-Unis (Par exemple par B. Williamson à l'Université de Berkeley), e ettant un éclairement fort sur la surface exposée (dû au rayonnement
France (CSTB, B. Hognon, et Centre d'Études Nucléaires de Grenoble CE ique de la zone gazeuse chaude accumulée sous le plafond de
C. Lapez), ainsi que dans plusieurs pays du Nord de l'Europe. Un essai d einte d'essai), on a pu observer un gain d'un facteur trois (National
coin dans un local a été récemment normalisé par l'ISO. eau of Standards).

Lorsque la flamme atteint le plafond, l'échange thermique entre flamme e


plafond et le changement d'orientation de la direction principale (vertical
de l'écoulement, perturbe fortement la flamme. On peut pour un plafo
Les pulsations d"un foyer
incombustible observer une extinction de la flamme au voisinage
l'impact, alors que des gaz imbrûlés continuent de s'écouler latéralemen fonctionnement des flammes de diffusion du feu n'est pas encore
Mis au contact d'air frais à distance de l'impact, ces gaz peuven plètement décrit par une théorie s'appuyant sur les seuls "premiers
s'enflammer. Pour des foyers puissants, on peut également observer u 'ncipes".
écoulement de flamme sous plafond, dont le sens est influencé par de
courants préexistants, mais peut être radial. Si le plafond est combustible, particulier, l'existence d'un fonctionnement pulsatoire des flammes
on peut observer une combustion en couronne, dont le rayon croît avec st pas aisé à modéliser. Très approximativement et de façon qualitative,
l'extension de la surface en pyrolyse. peut évoquer la présence d'un mécanisme de formation de couronnes
érales gazeuses chauffées par la combustion, portées vers le haut par la
L'écoulement de gaz en réaction le long d'une arête horizontale entre mur rce d'Archimède, se formant et disparaissant régulièrement. Le départ
et plafond a été observé (par B.Williamson, par exemple), et montre une ne couronne s'accompagnerait de l'arrivée d'un flux d'air frais et
allure turbulente très sensible à la forme du raccordement entre les deux agissant rapidement avec les gaz combustibles et reformant des
surfaces : un angle bien droit favorise la turbulence, un arrondi la réduit. uronnes chaudes (cf. Zhang et Vantelon, 1990, [19]). Ce phénomène est
Un écoulement non ou peu réactif entre mur et plafond peut descendre le à l'intermittence commentée dans le paragraphe relatif aux flammes.
long de l'arête verticale entre deux murs, puis se "réenflammer" en
atteignant le niveau de la zone d'air frais en partie basse du local (CSTB, piriquement, on observe bien des variations périodiques de pression et
observations de B.Hognon). ·ttance assez régulières et dépendant de la puissance du foyer, pour
diamètres de foyers allant de quelques cm à plusieurs m. Ce
Compétition entre foyers omène est exploité par certains détecteurs de flammes.
La proximité de foyers peut conduire à un partage inégal des flux d'air période de pulsation de flammes, notée ici tp, a été corrélée au diamètre
arrivant aux flammes. Ainsi, on peut penser qu'un premier foyer proche u foyer selon une loi linéaire très simple, valable à partir de d valant
d'une ouverture recevra pratiquement autant d'air que s'il était seul, alor elques cm (et non depuis d=O)
qu'un deuxième foyer, plus éloigné de l'ouverture, sera moins bie d
alimenté. L'approche théorique de ce phénomène est complexe. tp a ✓ (5.13)
Exaltation de l'activité de pyrolyse de foyers dans un local
a est une constante empirique.
Les flammes présentes (alimentées par les foyers), les gaz chauds que le livre de Schuring, 1979, !15) apporte une interprétation fondée sur
local retient (en particulier la couche de gaz chaud sous plafond) et les tilisation des nombres de similitude. On pose que les "forces"
parois chauffées (d'autant plus vite en surface qu'elles sont isolantes) sont minantes sont la force d'inertie et la force d'Archimède. Le nombre
des sources de rayonnement thermique dont une partie est reçue par les 'mensionnel qui caractérise le rapport de ces forces est le nombre de
objets combustibles exposés. Le rayonnement extérieur à celui d'une chardson, qu'on construit ici selon
flamme de foyer atteint la surface en pyrolyse qui alimente la flamme si l\T d
Ri
celle-ci est assez transparente ; si la flamme est opaque, elle absorbe une TF v 2

281
TRAITÉ DE PHYSIQUE ITÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
5 - Foyers courants des feux de bâtiment Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

où:
TF est la température moyenne de flamme,
6.T est la différence entre TF et la température ambiante,
d est le diamètre du foyer,
g est l'accélération de la pesanteur, n peut consulter par exemple les références/2} et [5}.).
V est une vitesse définie par le rapport d/ �·
On imagine l'expérience réalisée à deux échelle, c'est-à-dire pour deux
foyers de diamètres d et d'; on suppose que T ne change pas. Si les Éléments de connaissances de base
mécanismes principaux sont dans le même rapport aux deux échelles
taille, le nombre Ri doit se conserver, soit: f. le chapitre 3 pour des aspects fondamentaux.)
2
t-,.T dg AT (tp )
Ri -�···= g- s travaux relatifs aux flammes de diffusion sont très nombreux. Leur
Tp v2 TF d h�s�e et leu� comple�t� ne permettent pas qu'un exposé théorique
_
taill: leur s01t consacre �ci. Nous nous limiterons à exposer quelques
d'après la définition de v, doit rester constant. Ceci fournit : nrussances avant de presenter des relations simples, utilisables pour
_
s calculs approches.
� r-
tp=fg-AT vd Caractéristiques générales
ppelons q:1e les éc?ulements gazeux dans les flammes alimentées par
Une telle formule ne donne pas le moyen théorique d'exprimer Ri puisque . _
c�mbusttbles hqu1des
ce nombre est construit sur une vitesse définie par la période du ou solides courants brûlant avec une flamme de
fusion, teJs que : h�drocar?:1�es, polymères naturels ou de synthèse...
phénomène, mais constitue un résultat stimulant pour la recherche. .
� domines ?� la flottab1lite" (force d'Archimède), c'est-à-dire que le
D'autres expériences montrent une variation de tp selon : 1t de quantlte de mouvement à leur source (la surface du combustible
_
ndense) a une influence négligeable devant celle du débit de quantité de
_
tp b( Q)3 ouvement qm est causé par la différence de masse volumique entre gaz
aud et air extérieur.
où b est une constante et Q est le débit calorifique. Nous avons
our des flammes courantes du feu, le nombre de Froude initial (à la
précédemment (chapitre 4, et plus haut dans le présent chapitre) que le urce des gaz combustibles), qui exprime le rapport entre les forces
lien entre Q et d n'est pas simple. Ce type de phénomène pourrait dans _ _
'mertte et de gravité, est faible, dans le domaine de valeurs
certains cas amorcer le flashover. Le lecteur intéressé pourra sur ce sujet
consulter par exemple l' article de K. Satoh et al. : "Flow and temperature 10-6 < Fr < I0-4
oscillations of fire in a cubic enclosure with ceiling and floor vents", Report;
gd
n° 55 of Fire Research Institute of Japan, 1983. · � �st le �iamèt�e de la source (ou le diamètre hydraulique d'une source
s1mllable a un disque, d = (4 x aire/rc) 1 f 2), g le module de l'accélération de
Dans des feux de locaux dus à des foyers de plusieurs centaines de kW, on pesanteur, et v l'amplitude de la vitesse moyenne à la hauteur de la
observe des pulsations de pression dont la fréquence est grossièrement urce (z = 0).
voisine du Hz, sans qu'on soit bien sûr que le phénomène évoqué ici en soi
le seul responsable. i le diamètre �e la source (ou s�n �iamètre hydraulique), est inférieur à
e�ques �m, 1,ecoulement est lammrure. Pour un diamètre supérieur à 1 m
La question des instabilités de diverses natures observées dans 1 viron, 1 . ecoulement est pleinement turbulent.
flammes et écoulements gazeux des feux de locaux est aujourd'hui un suj
d'investigation très riche pour la recherche de base (voir par exemple le. s !1ammes liées aux foyers courants d.e plus d.e quelques kW sont
travaux poursuivis au LIMSI, CNRS, Orsay). ins1 : d.e diffusion, dominées par la force d'Archimède, et turbulentes.

282
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingéni ysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

4111 Structure apparente des flammes :Le pan.ache thermique (en anglais : thermal plume)
L'allure des flammes dépend beaucoup du diamètre de leur source ( terme désigne l'écoulement de gaz chaud (plus chaud que son
ainsi, du débit calorifique). Nous avons vu au paragraphe 5.3.3 l'allure · onnement), non réactif, toujours présent au-dessus d'une flamme.
la variation de la vitesse de consommation du combustible avec le diamè
de la source. Les changements d'apparence de la flamme en fonction de :r_anache the�iq�e est en général une colonne de gaz chaud (à
taille de sa source sont liés à cette évolution. Pour un diamètre plus faibl perature plus elevee que celle du gaz environnant, ici, de l'air) s'élevant
qu'environ 1 cm, la flamme offre une apparence homogène tdess:-1� d'une �ource de chaleur, et, ici, source :également de gaz chaud.
axisymétrique (cf. la bougie) sur sa hauteur. Pour des valeurs du diamèt dens1te volumique de la force ascensionnelle (force d'Archimède) exercée
allant d'environ 3 cm à 0,3 m, on observe, au-dessous d'une région réacti un élément .de volume dont la masse volumique est p, entouré de gaz
et rayonnante, une zone riche en gaz combustible près de la surface d asse volumique p00 est donnée par la loi bien connue déjà évoquée
,

combustible condensé. Lorsque d passe de quelques dm à environ 1 m, f=g{pro p)


turbulence dans la flamme augmente. Pour de grands diamètre
supérieurs à plusieurs dizaines de m, la flamme paraît déstructurée ; o g étant vertical, f l'est aussi.
voit plutôt une "mer agitée" de flammes contiguës de hauteur relativeme
faible en moyenne temporelle par rapport au diamètre de la sourc
libérant de façon aléatoire des poches plus ou moins lumineuses. la viscosité freine le mouvement imposé par cette force. Le nombre de
La "hauteur de flamme" depuis une source horizontale correspond à 1 Grashof (cf. chapitre 4) exprime le rapport des deux forces
position verticale du point au-dessus duquel on ne trouve plus de réactio flottabilité/viscosité ;
chimiques. L'irrégularité éventuelle de l'apport en gaz combustible (pour
des raisons liées au comportement de la matière condensée qui se dilution du panache par l'air ambiant réduit la température du gaz
transforme en gaz: hétérogénéité, fissures, percements, ...), des chaud et rapproche p de p00 ;

instabilités et des fluctuations périodiques en milieu gazeux, la turbulence


toujours présente pour des sources de diamètre (ou diamètre équivalent) si le panache pénètre une couche de gaz dont la masse volumique p 00

supérieur à 10 cm environ, rendent approximative la mesure d'une iminue régulièrement ou devient soudainement plus faible
hauteur de flamme. Les formules qui suivent correspondent à une 'écoulement se ralentit.
estimation d'une moyenne temporelle de cette hauteur appréciée par
exemple par l'oeil (moyenne temporelle sur quelques dixièmes de secondes oulement vertical, non empêché par un écran, s'arrête de lui-même
ou par une caméra ou un appareil de prise de vues fixe. Certaines relations que la flottabilité est devenue trop faible pour vaincre la viscosité.
(Mc Caffrey et al. par exemple), distinguent cependant une hauteur limite t écoulement peut paraître sombre si des suies sont présentes. S'il est
stable et une hauteur limite intermittente. �re en suie, l'�coulement est invisible tant que sa température est trop
vee pour que 1 eau se condense. A température plus basse on observe
Ainsi, la formule de Mc Caffrey et al. [10] donnée ci-dessous est issue d la fumée blanche à cause de la condensation de l'eau en gou'ttelettes.
travaux distinguant trois régions:
Analyse simplifiée de la flamme et du panache
• celle de la partie stable de la flamme ; L'observation. est effectuée "loin" de la source de gaz combustible
• celle où la flamme est intermittente (dans la région d'intermittence, us allons do1:ner les gr�ndes lignes d'une théorie assez simple
flamme est tantôt au plus haut, tantôt au plus bas de cette région) ; _
eskestad, [7]) ou on ne considere pas les aspects réactifs de l'écoulement
eux qui est vu depuis sa source comme un panache thermique.
• et, au-dessus de la hauteur maximale d'intermittence, celle du panache
thermique de fumée non réactif. ·t une s?urc� �e chaleur ponctuelle à l'origine d'un panache thermique
_
c � axisymet:7-que, dans l'air calme. Le régime est établi. On néglige la
Les autres formules citées dans ce chapitre donnent des hauteurs _
cos1te et la puissance rayonnée par les gaz chauds.
moyennes de la pointe de la flamme, sous le panache non réactif.
Ce qui suit concerne des flammes de diffusion dont la source horizontale
un diamètre de l'ordre du dm ou du m.

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285
TRAITÉ DE PHYSIQ ITÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie

skestad a ensuite supposé que b, u0, et AT0 dépendaient de z selon des


Notations: à la hauteur z depuis la sourçe, le panache a un rayon b; s
l'axe vertical, la vitesse est Uo, la masse volumique est Po · AT0 est is simples du type
différence entre la température sur l'axe et la température de l'air. C b proportionnel à 2fl
grandeurs dépendent de z. (Voir la figure 5.1 .) u0 proportionnel à ?J3
AT0 proportionnel à 2f

tégration des lois de conservation, accompagnée de la satisfaction des


traintes d'homogénéité dimensionnelle, mène à:
b proportionnel à z
r 11 3

Uo proportionnel à l g ] Q���v z- 1/3


cP T""p"'
2/ 3
g . 2 13 -513
AT.0 proportionnel à [ ) Q conv z
CP TwP,:;

s solutions impliquent en particulier que la vitesse axiale varie selon une


· en z- 1/3, que le débit massique d'air entraîné est proportionnel à Q. conv,
1/3

que la température axiale décline selon z en fonction de

Figure 5. 1 - Représentation conique de la flamme et du panache. Source ponctuel/ ait que la source réelle n'est pas ponctuelle amène à introduire une
rce ponctuelle virtuelle (voir figure 5.2}. Le point-source idéal, sous la
rce réelle, alimente un panache, virtuel jusqu'à la hauteur de la source
le, puis réel au-dessus de celle-ci. Le débit entraîné réel est calculé par
rence entre un débit virtuel entraîné depuis le point-source idéal et
i qui serait entraîné sur la hauteur qui va de ce point-source à la
Utilisant les équations de conservation de base (chapitre 4}, Heskestad •• rce réelle. L'amélioration des autres faiblesses des hypothèses
posé les r�lations de proportionnalité suivantes écédentes fait appel à des corrections plus complexes.

e Conservation de la masse
I
1
est proportionnel à v, où b
:z (P o u0 b )
2

d'entraînement d'air à la distance b de l'axe,

/
et v a u , où a 0,09 dans l'air calme (d'après Ricou, 1956).

\
0 z
@ Conservation de la quantité de mouvement

�(Po u5 b ) est proportionnel à g (p00 - p) b2


\\ 7i'
2

dz

• Conservation de l'énergie \ .i /
/ Zo
Figure 5.2

Représentation conique de la flamme

C P P o u 0 b AT0 est proportionnel à


2
Ôconv \i /
\!
et du panache. Source ponctuelle
virtuelle et source réelle. La source
(transportée, donc non rayonnée} du débit calorifique Oc . virtuelle est, sur l'axe, à la distance z0
0 sous la source réelle

286
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 Physique du feu pour l'ingéni Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

Les relations données ci-aprés permettent de retrouver certains aspects dans un modèle global de feu de local, définir le contour d'une flamme
cette approche théorique. supposée conique ou cylindrique et ainsi caractériser une surface
b) L'observation a lieu "près" de la source de gaz combustible ource de rayonnement, en évaluer l'aire rayonnante, et également
quelques informations supplémentaires sur la flamme calculer le volume occupé par la flamme dans le local.
La flamme est présente dans une région proche de la source réelle, et, considère dans ce paragraphe une flamme de diffusion verticale,
façon intermittente, au-dessus de cette région, mais au-dessous de entée en combustible gazeux par une source horizontale, et alimentée
région de panache. Les zones de flamme par instants non réactiv air sans restriction, et de plus non perturbée ni par un courant d'air, ni
correspondent à une faible probabilité de présence des réactions un plafond ou des murs proches (un traitement simple de ce dernier
combustion. Cette intermittence favorise l'entrainement d'air (Zukosk:i 'nomène est exposé).
al., 1981) et est liée à des variations de pression à une fréquence faible. e formule approchée est de plus donnée pour calculer la hauteur d'une
Des travaux de Thomas et al. (1961) ont permis me en façade.
dimensionnelle s'appuyant sur les hypothèses suivantes : elation de Thomas et al. pour des sources de feu horizontales
1963) [17]
® de l'air est entrainé au travers de l'enveloppe de la flamme ;
tte relation a été établie pour évaluer la hauteur de flammes turbulentes
® une partie de l'oxygène de ce flux d'air est consommée par combustion feux de bûchers de bois, de quelques dizaines ou centaines de kW de

• le sommet de la flamme correspond à la hauteur où assez d'air est en


(par l'enveloppe, de la base au sommet) pour brûler tout le flux de
combustible. diamètre, ou diamètre hydraulique équivalent, de la source, d (m) ;

[
Ces auteurs sont parvenus à une relation du type :
débit massique de gaz combustible libéré par unité de surface,
ZF m� ) m� (kg· s-1 • m-2).

1
=
d f (g p'1T)p/Jd5
teur H de la pointe de flamme
où:
m9 est le flux massique de gaz combustible injecté à la source, b est
H =42
[ .. ]0,61

� (grandeurs en unités SI) (5.16)


coefficient d'expansion, '1Test la valeur moyenne sur la hauteur de flam d Prur gd
de la différence entre la température de flamme et l'air environnant, d e
le diamètre (ou le diamètre hydraulique) de la source. Le groupe (g piiT)
est lié à l'importance de la flottabilité (cf. nombre de Grashof, chapitre 9). Pair = 1, 18 kg· m-3 (à 27 °C)
La position de la pointe de la flamme correspond à une température voisin g=9,81 m·s-2
de l'ordre de 500 à 600 °C, alors que la température des parties les pl
chaudes de la flamme dépasse 1000 °C.
Expression de Heskestad ( 1983 et 1984) [7]

5.4.. 2 Hauteur de flamme


diamètre, ou diamètre hydraulique équivalent, de la source,
Les formules donnant la hauteur de flamme sont dans la pratiqu ·
Oc , débit calorifique, en kW,
destinées à

® estimer si la flamme d'un foyer peut "toucher" un élément haut dans d'autres données, relatives à des propriétés de l'air à température
bâtiment (et mettre en danger sa stabilité) ; biante courante, sont "cachées" dans les constantes numériques.
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

Heskestad a défini un nombre adimensionnel e expression approchée globale (citée dans Drysdale, [5]) s'écrit :
modifié, selon : . 0,4
Zv = 0,23 (Oc ) - 1,02d (5. 19)

relations s'appliquent à des valeurs de Ôc allant de quelques dizaines


N=
uelques centaines de kW.
Remarques:
où: D'autres écritures de ces expressions font intervenir le terme Q, puissance
adimensionnelle
l'indice "a" renvoie à l'air ambiant, dont la chaleur spécifique (à pressio
constante) est cp ,a• la température est T.i (en K), et la masse volumique es
Q= Ôconv ✓ d-2, 5 qu'on retrouve dans diverses relations,
Pa ; P a Tacp , a 9
9
g est l'accélération de la pesanteur; où P aTacp ,a ✓9 vaut �pproximativement 1,1 10
6
à 20 ° C. Le terme P aTa cp , a
d est le diamètre, ou le diamètre hydraulique équivalent, représente la capacité calorifique de l'air par unité de volume.
horizontale de la flamme;

le rapport ( �) , entre la chaleur massique de combustion et la mass Corrélation observée sur diverses flammes en milieu infini

Zukoski et al., 198 1 [20), ont montré, pour plusieurs flammes, que:
d'air correspondant à une combustion stoechiométrique, vau · 04
approximativement 3000 kJ · kg-1 pour des combustibles courants (cf ZF = 0,23 Q conv ' (5.20)
chapitre 6).
Une analyse théorique permet d'arriver à des expressions de la hauteur d z
est en kW, et pour ; < 6.
flamme, que nous donnons sous leur forme pratique.
En donnant à Cp, Ta, et Pa leurs valeurs à 20 ° C, et si Ôc est exprimé e semi et Nishihata ( 1987, référence [6]) ont rassemblé un ensemble de
nées qui conduit à la figure 5.3, oùon a porté en abscisse la quantité
kW, et d en m, on obtient la hauteur de la flamme, en m, selon 1 04
relations qui suivent. • , définie au paragraphe précédent, on trouve sur l'axe des ordonnées

La hauteur de la flamme depuis sa source est donnée par :


04
z F,s = -1,02 d + 0,230 Q •
lettres et symboles renvoient à un ensemble de travaux ayant concerné
En introduisant une origine virtuelle dont la position est feux de gaz, de liquides, ou de solides, pour des diamètres de sources
z 0 = -1,02 d +0,083 Q�·4 ivalents allant du cm (expérience de laboratoire) à la centaine de m
endie urbain), et des débits calorifiques de quelques kW à plusieurs
la hauteur de flamme depuis cette origine virtuelle s'écrit :
Zv =Zo +0,166Q'0c �4nv formule (5.20) donnant la hauteur de flamme à partir de 0.23 Q��!v , ne
t intervenir que le débit calorifique. En raison de cette simplicité, il est
où Ôco nv est la partie transportée (non rayonnée) de Q, en kW, qui va tant de l'utiliser pour des calculs approchés rapides.
70 à 90 % de Ô c (la fraction est d'autant plus forte que Ô c est grand) .
hauteur virtuelle sert au calcul du débit d'air entraîné.

290 8 291
5 • Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYS/Q 5 Foyers courants des feux de bâtiment ;
connaissances empiriques et relations approchées 3 Physique du feu pour l'ingéni connaissances empiriques et relations approchées

Taille en m
ttres et symboles renvoient à un ensemble de travaux ayant concerné
feux de gaz, de liquides, ou de solides, pour des diamètres de sources
10'
valents allant du cm (expérience de laboratoire) à la centaine de m
cendie urbain), et des débits calorifiques de quelques kW à plusieurs

••••••••••• K•• formule (5.20) donnant la hauteur de flamme à partir de 0.23 ô2�!v , ne
,
K E intervenir que le débit calorifique. En raison de: cette simplicité, il est
,t:"Heptane tant de l'utiliser pour des calculs approchés rapides.
maison
10' H::,1sem1 et Tokunga ont proposé une formule très voisine

\
zF= 0,21 Q�'4 (5.20 bis)
une pièce Mousse
� \ polyuréthanne est le débit calorifique total en kW. La hauteur donnée par cette formule
(Mizuno et al.) très correcte pour des flammes de puits de pétrole (ceux du Koweït,
un lit M
és lors de la guerre du Golfe en 1991, voir D. Evans et al., référence
\ ]). La figure 5.4 illustre cette formule pour des débits allant de 10 à
OkW.
\

Hauteur de flamme en fonction du débit calorifique


f
lf ' 3,50 ---------------------------,
f f
1f ' lf ' 10'
3,00
Puissance adimensionnée
2,50

Figure 5.3 • Corrélation entre la dimension caractéristique d'un foyer et sa puissance


adimensionnée (d'après Hasemi et Nishihata, réf. [6]) ...::s
:[ 2,00

Symboles (Les auteurs des travaux expérimentaux ayant conduit aux résultats � 1,50 ---.1----.. ,.. ......... ....._,_,,___..

donnés à la figure, cités à la référence [6], sont mentionnés entre parenthèses) l'G
::c
M: méthanol (Nitta•Terai, Kung•Stavrianidis),
H: heptane (Kung•Stavrianidis, Yumoto-Koseki),
K : kérosène [Blinov-Khudiakov, Safety Eng. Soc. Japan),
0,50
E: essence (Blinov•Khudiakov),
S : huile de silicone (Kung-Stavrianidis),
B: bûchers de bois (Gross, Thomas-Webster-Raftery). 0,00 ./-___ _;____ __;_____ -+-----+ ----+-- -
--4
0 200 400 600 800 1000 1200
La puissance adimensionnée Q est obtenue selon (voir texte) : Débit calorifique (kW)
À

Q
Q ""'---=----5-, où Q est le débit calorifique, et d le diamètre du foyer. Figure 5.4 - Hauteur de flamme en fonction du débit calorifique
( ZF = 0,21 Q �•4 )
Poo T""cP fgd 2

292 293
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQU
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
ysiql}.fJ du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

d) Hauteur de flamme sortant d'une ouverture verticale : Formule


Thomas et Law (1972,[18]} Température de flamme
La figure 5.5 présente un schéma montrant les grandeurs en jeu.
formules fournissant la température de flamme sont utilisées pour
uler des flux thermiques et des éclairements énergétiques.
s prenons l'exemple d'une relation issue des travaux de Mc Caffrey et
la base de la relation donnant le débit d'air entraîné du paragraphe ci­
sus.
formule qui suit donne la température sur l'axe vertical de la flamme à
hauteur donnée. La valeur axiale de la température correspond dans
odèle à la valeur maximale pour une hauteur donnée (la température
·nue quand on s'éloigne de l'axe à hauteur constante).
Figure 5.5 • Hauteur et position d'une flamme en façade
température de l'air T0,
Le problème pratique est celui d'une flamme sortant par une porte ou un
fenêtre en cas de gros feu dans un local : on souhaite connaître sur quell débit calorifique Oc ,
hauteur la flamme peut s'étendre verticalement. L'attribution dé
dimensions à une telle flamme hors du bâtiment permet également de hauteur d'entraînement Zentr "
calculer le rayonnement thermique qui la quitte et peut solliciter un
me nous l'avons déjà signalé, trois régions de flamme sont identifiées
élément de structure, par exemple un poteau extérieur, ou le matériau e
façade. 1, flamme persistante ;
Données d'entrée: 2, flamme intermittente ;
• Débit massique de gaz combustible dans le local, m (kg· s-1), 3, panache thermique.
P .
A = Zentr / (Oc ) 0'4
• Largeur de l'ouverture, W (m),
a ' 2b-1
T,F,axe -T.0 + A) (5.23)
• Houv , hauteur d'ouverture (de l'allège au linteau), 29 O,g l
Résultats:
Oc , le débit calorifique, est en kW ;
• Z est la hauteur de la pointe. de flamme comptée depuis le point le plus
haut de l'ouverture (au niveau du linteau),
Zentr est la hauteur sur laquelle l'entraînement a �ieu depuis la b�se de
la flamme, en m. Cette hauteur est soit la limite naturelle, s01t par
• x est la distance de la pointe de flamme à la façade. xemple la frontière d'une couche de fumée au niveau de laquelle on
considère que l'entraînement d'air cesse.
Z + Houv 12,8 ( �) �
tableau suivant donne les coefficients a et b.
X 0,454 Tableau 5.7 - Coefficient a et b de la formule (5.23)
z
A< 0,08 I=l a (1) 6,9
(unités S.I.) 0,20 > A > 0,08 1=2 a(2)=1,9
A> 0,20 1=3 a (3) = 1, 1
294
295
5 • Foyers courants des feux de bâtiment . TRAITÉ DE PHYSIQ JTÉ DE PHYSIQUE 5 • Foyers courants des feux de bâtiment .
connaissances empiriques et relations approchées 3 • Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

C�t!e form�le a été utilisée pour tracer les courbes de la figure 5.6, ou formules résultent d'analyses théoriques plus ou moins détaillées (non
��bit c�onfique_ v:a de 100 à 800 kW. Il faut cependant mentionner q sées ici) et contiennent des coefficients empiriques. Pour les relations
1 evaluation expenmentale de la formule a porté sur des puissances tives à l'entraînement de la flamme seule, il faut signaler des
quelques dizaines de kW. On observe que la température axiale de flam rences d'analyse qui conduisent par exemple aux constats
diminue vite avec la hauteur. Les changements de pente observés s ants : dans la relation de Thomas et al. (1963), le débit calorifique
chaque courbe correspondent aux passages d'une région de flamme à un intervient pas explicitement, dans celle de Mc Caffrey et al. (référence
autre (de 1 à 3). OJ ), c'est le diamètre de la source qui n'apparaît pas.
surface de pyrolyse est toujours dans ces formules ramenée à un disque
rizontal.
1000
ur utiliser pratiquement ces formules, il faut donc fixer une hauteur
900 traînement, depuis la base de la flamme (ou depuis un point-source).

- 800 aleur à donner à la hauteur Zentr pour un calcul de débit d'air entraîné
espond à:
700
e 600 ans un milieu "infini", la hauteur maximale de flamme (ou de flamme +
arrache),
500
•Cl) ans un local où une couche de gaz chaud est accumulée sous plafond,
400 hauteur de la frontière basse de la couche chaude, si l'on suppose
1- 300 e la flamme s'arrête à ce niveau.
200
100 débit calorifique est soit le résultat d'une mesure, soit exprimé selon :
0 Oc =m.p hc
0 2 4 6 8 hc est la chaleur massique de combustion du matériau à Tréf•
Hauteur (m)
Figure 5,6 • Température axÎale en fonction de la hauteur au dessus de la source de
combustible (formules de Mc Caffrey). Loi de "gros foyer", Thomas et al (1963), [17]

diamètre, ou diamètre hydraulique équivalent, de la source, d (m),


(4 x aire/n:) 1 1 2,

5.4..4 Débit d11air entrainé dans la flamme


température de la couche de gaz chaud sous plafond,
Les formules qui suivent fournissent le débit massique d'air entraîné soit
d�puis la base réelle de la flamme, soit depuis une origine ponctuelle hauteur d'entraînement (au maximum la hauteur totale de flamme).
virtuelle. L'entraînement d'air considéré est, selon le type de formule
associé soit à la flamme seule, soit à la flamme et au panache. Le�
formules de calcul du débit d'air entraîné à une hauteur donnée servent ette relation empirique concerne le calcul du débit d'air entraîné par un
à qu_antifier des termes de flux de masse et d'énergie présents dans le yer de plusieurs centaines de kW, dans un local percé d'une porte (par
systeme général des équations de bilan qu'on trouve dans les modèles uelle l'air entre) et muni d'un exutoire naturel en plafond (traversé par
globaux de feu de bâtiment. Utilisées de façon indépendante, ces formules gaz chauds quittant le local), qui est égal au débit d'air sortant par
permettent d'évaluer le débit d'air appelé par un foyer sur une certaine xutoire dans le cas d'un régime établi pour les débits massiques
hauteur et de calculer la température moyenne des gaz chauds.

296 297
5 Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQUE /TÉ DE PHYSIQUE 5 Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingénieur
Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

débit massique d'air entrant par la porte, m in spectivement, pour un foyer dans un coin (comme dans les "corner­
sts"). Ceci mène aux relations:
débit massique d'air entraîné par la flamme, m entr
-Z -1
débit massique de gaz chauds sortant par l'exutoire kg-s
z ' V

(qui vaut en situation stationnaire m entr + m g ' où


combustible, généralement produit par pyrolyse.
Z v = Z 0 + 0,166 (a Q. conv
)0,4
Avec les unités du système international:
r d + 0,083 a . )o ,4
Ta Z0 = -1,02-va ( Qc
(z entr ) · P ,en kg · s·1
1 5
me ntr 0,096 Pa �g
Tg

est la masse volumique de l'air (en kg· m·3), == 1 pour un foyer loin des murs,
est la température de l'air (en K), = 2 pour un foyer près d'un seul mur,
est la température moyenne des gaz chauds sous plafond dans le = 4 pour un foyer dans un coin.
local (en K),
g est l'accélération de la pesanteur (en m · s·2),
Loi du modèle de Harvard, 1978
Zentr est la hauteur d'entraînement depuis la base de la flamme, en m,
p est le périmètre du foyer, en m. . Mitler et Emmons, 1981, {12], et Cox, {2])
Si Ta = 300 K:
mentr ""0,327,JP;;" (zentr )1 ' 5 P , en kg· diamètre, ou diamètre hydraulique équivalent, de la source,

On note que le débit calorifique n'intervient pas dans cette formule. température de la zone gazeuse basse (air),
L'entraînement calculé est relatif à la hauteur de flamme, sans considérer débit calorifique,
l'entraînement dû au panache.
hauteur d'entraînement (au maximum la hauteur totale de flamme).
b} Expression de Heskestad ( 1984) [7] s lois dues initialement à Morton et Turner (fin des années 50) ont été
lisées dans l'un des tout premiers modèles de zones (Université de
On suppose que le débit massique entraîné par la flamme à la hauteur z · ard, fin des années 70). Elles ont été appliquées pour évaluer le débit
est proportionnel à la hauteur virtuelle d'entrainement Zv : · entraîné par des foyers dont la puissance est de quelques dizaines ou
z taines de kW. Le foyer est vu comme une source de chaleur où
' kg• ulement gazeux est supposé régi par la force d'Archimède. La flamme
t donc pas identifiée en tant que lieu de réactions chimiques. Nous
z< Zv osons ici la formule qui permet de considérer une source virtuelle sous
surface de pyrolyse, telle qu'elle est donnée à la référence citée. Cette loi
où la position de l'origine virtuelle a été exprimée ci-dessus (équation 5.20) désignée ici par "Harvard V".
Si le débit calorifique est en kW, Ke est voisin de 0,0054 kg· kJ'.
suppose que le bord de flamme est sur une surface conique de sommet
Sur cette relation très simple, examinons un moyen d'approcher la prise e 'appuyant sur le disque représentant la surface réelle de pyrolyse. La
compte de la restriction de l'entraînement d'air par une ou deux paro·
verticales (Alpert et Ward, 1984). Le débit d'entraînement d'air par un fo · tion de O sous le disque réel est donné par d = SR où R est le rayon du
6a
placé tout près d'un mur est posé égal à la moitié du débit qui ser ue et a un coefficient d'entrainement auquel on donne la valeur 0,10.
entraîné par un foyer deux fois plus puissant qui serait loin des m
obtient alors 0=6,8° (voir la figure 5. 7). A la hauteur Zentr, le débit
Cette hypothèse "miroir" conduit à introduire des facteurs 1 / 4 et
·que d'air entrainé s'exprime selon:

299
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'ingéni • Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

:tnme nous l'avons déjà signalé, trois régions sont identifiées


25gQ 3
. 2 [
] 1, flamme persistante ;
mentr = n-r Pzb 481Z" cp, zb Tzb Pzb zentr
2, flamme intermittente ;
où l'indice zb renvoie à la zone basse constituée d'air à température Tzb 3, panache thermique.
·
. · E(I)
m entr = C(I) 0c A ' kg·s-1 (5.28)

04
A = zentr / (Oc ) '

:'t Q c' le débit calorifique, est en kW,

tr est la hauteur d'entraînement depuis la base de la flamme, en m.


tableau suivant donne les coefficients C et E.
\ al /
y-,
\ ! / d
Tableau 5.8 - Coefficient C et E pour l'expression de Mc. Caffrey

I=l C (1) = 0,011 E(l) = 0,566


\ !
\ !. / I=2 C (2) = 0,026 E (2) = 0,909
\
I=3 C (3) = 0,127 E (3) = 1,895
0
Remarques:
Figure 5.7 - Représentation conique de la flamme pour le calcul du débit d'air entrafo • Les dimensions de la source n'interviennent pas dans ces relations.
• La valeur des coefficients du tableau 5.2 permet de définir la hauteur des
différentes régions de la flamme.
Si Tzb = Ta = 300 K : La figure 5.7 représente les résultats fournis pour une variation du débit calorifique
1 5 de 20 à 1000 kW. La différence entre les hauteurs stable et intermittente est très
.
mentr = 7,52 10- (Q. c )3 Zentr
3 , en kg · S - 1
4 marquée. On remarque que la hauteur de la partie intermittente est un peu inférieure
à la hauteur de flamme représentée au paragraphe 5.4.2 c et calculée à partir de la loi
"04
Si Zentr = 0 au sommet du cône. Il faut calculer m.entr avec Zentr = ZD - (zF
en 0,23 Oc;nv .
d), et retirer du résultat le débit massique fictif calculé avec Zentr = d. 3,5 -�-----------------
�- - - -
�- - -

Remarques: 3.
- Le débit calorifique et les dimensions de la source interviennent dans cette formule.
1 5 2,5
( O c )3 zJntr
--+- Hauteur intemittente
Les termes se retrouvent dans d'autres expressions du débit d' ·
-Ill- Hauteur stable
entrainé par un panache thermique.

d) Expression de Mc Caffrey et al. [10]


Données d'entrée:
• température de la zone gazeuse basse (air), 200 400 600 800 1000 1200
• débit calorifique, Puissance calorifique (kW)

• hauteur d'entraînement. Figure 5.8- Hauteurs de flamme stable et "intermittente"


en fonction de la puissance du foyer (formules de Mc Caffrey)

300 301
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : AITÉ DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie Physique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

e) Entraînement d'air par une flamme alimentée par une sourc Exemples de résultats de calcul
linéaire horizontale
(Zukoski et Kubota, 1978 [20/)
du débit d11air entrainé
Si une des deux dimensions de la surface-source de la flamme est trè
grande devant l'autre, on peut poser que l'origine de la flamme est u tableaux qui suivent donnent des exemples de la valeur du débit d'air
segment de droite horizontal et admettre que ce segment est la source d aîné, pour des valeurs réalistes du débit calorifique de foyers dans un
débit de combustible. de local, et plusieurs hauteurs d'entraînement, et ceci pour trois des
précédentes. La hauteur d'entraînement est une entrée pour chacune
Le modèle cité à la référence [20] fournit l'expression suivante tirée d trois lois : on l'a fait varier de 50 cm à 2,50 m.
corrélations
es données d'entrée:
.calcul selon la loi "Harvard V" nécessite le débit calorifique et le rayon
la source. La loi de Mc Caffrey ne tient pas compte du rayon de la
rce, mais du débit calorifique. Pour la loi de Thomas, on a besoin de la
érature de la couche de gaz chaud, qui a reçu des valeurs réalistes
nne de droite), et non du débit calorifique.
en kg· s-1•
où: ébit calorifique produit par les réactions de combustion est
la hauteur d'entraînement est Zentr (en m); paiement transporté dans l'écoulement, et une fraction en est
la largeur de la flamme est L (en m); née. La valeur utilisée pour les calculs effectués ici n'inclut pas la
a et b sont des coefficients empiriques qui valent: par la flamme : on ne tient compte que de la fraction
a=2
b=0,14 Tableau 5.9 a - Comparaison des valeurs des débits massiques
obtenus selon trois lois
Données d'entrée :
Hauteur d'entraînement = 0,50 m
@ longueur de la source, d'entrainement Débit Rayon de Débit Température
calorifique la surface- massique moyenne de la
@ débit calorifique (en W), (kW) source entraîné zone chaude
(m) (kg·s-1) (K)
@ hauteur d'entraînement (au maximum la hauteur totale de flamme).
50 0,18 0,183. .
Cette relation est donc de la forme: 50 0,167
2 1 100 0,25 0,279
111entr AzL3 Q 3 100
Pour de l'air à 300 K 300 0,43
p<YJ =l,177 kg· m-3, Cp=1006 J · .kg- 1 • K- 1 300
ces valeurs conduisent à : A=O,O 177 (unités SI). 500 0,56
Remarque:
500
Etant donné les différences d'approche et d'analyse, le choix de lois d'entraînem 0,56 900
assez bien éprouvées pour qu'on sache ce qu'il faut retenir dans chaque situation 0,56 1200
feu considérée est encore un sujet d'étude. Toutefois, les couplages présents dans
d'équations globaux de feu dans un local ont tendance à réduire
0,80 900
,Hfl'PrP•nr,•<> de valeur des débits d'air entraîné dues aux différences des relations 0,80 1200
r-hc,nit,r,,. 13) et ne rendent pas ce choix trop sensible sur les résultats. 1,13 900
1,13 ·............0,444 . •. 1200

303
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaîssances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour l'îngé connaissances empiriques et relations approchées

Tableau 5.9 b Tableau 5.9 d


hauteur d'entraînement= 1,00 m hauteur d'entrainement= 2,00 m
Rayon de Rayon de la Débit massique
Débit
la surface-
Débit massique Débit calorifique
Loi d'entrainement calorifique entrainé surface-source entraîné
source (kW) (m) (kg.s-1)
(kW) (kg.s·1)
(m)
50 0,18 0
Harvard v 50 0,18 50
Mc Caffrey 50 100 0,25
Harvard v 100 0,25 b,s91· 100
Mc Caffrey 100 300 0,43
Harvard v 300 0,43 300
Mc Caffrey 300 500 0,56
Harvard v 500 0,56 500
Mc Caffrey 500
Thomas (gros foyers) 0,56
Thomas (gros foyers) 0,56 Tableau 5.9 e
Thomas (gros foyers) 0,80
0,80 hauteur d'entraînement = 2,50 m
Thomas (gros foyers)
Thomas (gros foyers) 1,13 Débit calorifique Rayon de la Débit massique
surface-source entraîné
Thomas (gros foyers) 1,13 (kW) (m) (kg.s-1)
50 0,18
Tableau 5.9 c
50
hauteur d'entraînement= 1,50 m 100 0,25
Débit Rayon de la
Débit massique
100
calorifique surface- 300 0,43
Loi d'entrainement entraîné
source
(kW) (kg.s•l) 300
(m)
Harvard v 50 0,18 500 0,56
Mc Caffrey 50 500
Harvard v 100 0,25
Mc Caffrey 100
Harvard v 300 0,43
Mc Caffrey 300 0,43
Harvard v 500 0,56
Mc Caffrey 500
Thomas (gros foyers) 0,56
Thomas (gros foyers) 0,56
Thomas (gros foyers) 0,80
Thomas (gros foyers) 0,80
Thomas (gros foyers) 1,13
Thomas (gros foyers) 1,13

304 305
5 Foyers courants des feux de bâtiment : (Tl= DE PHYSIQUE 5 - Foyers courants des feux de bâtiment :
connaissances empiriques et relations approchées 'hy�ique du feu pour l'ingénieur connaissances empiriques et relations approchées

V. Babrauskas, "Free burning fires", Fire Safety Journal, 11, 1986.


G. Cox, "Combustion Fundamentals of Fire", chapitre 1 ("Basic considerations") par G.
Cox, chapitre 2 ("The solid phase"), par A.C. Fernandez-Pello, chapitre 3 ("Properties of
fire plumes") par E. Zukoski), et chapitre 6 ("Compartment fire modelling") par G. Cox,
Academic Press, 1995.
Ce qui précède concerne des foyers identifiés dont la flamrr_ie n'occu
qu'une partie du volume d'un local, et dont le panache alimente M. Curtat, "Etude des débits de pyrolyse des régimes de combustion d'objets réels",
Rapport CSTB à la Direction de la Sécurité Civile, Ministère de l'Intérieur, novembre
couche de fumée sous le plafond.
1986.
Nous avons évoqué ci-dessus les contraintes apportées par le bâtiment s J.N. de Ris, 12ème Symposium international du Combustion Institute, p. 241, 1969.
le fonctionnement des foyers (5.3.5). Pour un feu intense, le déb
calorifique total produit dans le local devient rapidement limité par l' D. Drysdale, "An introduction to fire dynamics", chapitre 4, Wiley & Sons, 1985.
entrant. Alors on ne distingue plus les foyers individuels et le local e Y. Hasemi et M. Nishihata, "Deterministic properties of turbulent diffusion flames for
empli de gaz chauds mélangés. Dans cette situation de contrôle par low Q fires", Fire Science and Technology, Vol. 7 n ° 2, 1987.
ventilation, un modèle global de réacteur agité (ou : bien mélangé) peut ê G. Heskestad, "Luminous heights of turbulent diffusion flames", Fire Safety Journal, 5,
appliqué au feu de local pour fournir le débit calorifique, le débit d' 1983, et: "Engineering relations for fire plumes", Fire Safety Journal, 7, 1984.
entrant et celui des gaz sortants, etc. B. Hognon, "Mesure des quantités de chaleur, fumée et monoxyde de carbone libérées
Les bases de cette approche sont données au chapitre 13. lors de feux de literie à matelas alvéolaire", cahier CSTB 2176, septembre 1987.
B. Hognon, "Comportement de cloisons en panneaux de particules de bois exposées à
Remarque: un feu localisé", cahier du CSTB 2155, mai 1987.
Dans un local, l'embrasement généralisé, le flashover, le backdraft, constituent d B.J. Mc Caffrey, "Purely buoyant diffusion flames: some experimental results", Rapport
conditions particulières de combustion. Le chapitre 1 évoque qualitativement du NBS, NBSIR n ° 79-1910, 1979.
phénomènes.
G.H. Markstein, "Radiative properties of plastic fires", 17ème Symposium International
du Combustion Institute, p. 1053.
H.E. Mitler et H. Emmons, "Documentation for CFC V, the fifth Harvard computer Fire
code", Home Fire Project technical report n° 45", Université de Harvard, Octobre 1981.
A.T. Modak, et P.A. Grace, "Plastic Pool Fires", Combustion and Fla.me, n °30, p.251,
1977.
J.G. Quintiere, "Predicting fire growth", Conférence au 1er Symposium Européen "Fire
Safety Science", Zurich, 21-22 août 1995.
D.J. Schuring, "Scale models in engineering", Pergamon Press, 1979.
A. Tewarson, et R.F. Pion, "Flammability of Plastics_ I. Burning intensity", Combustion,
and Flame, n° 26, p.85, 1976.
P.H. Thomas, P. Hinkley, C. Theobald, et D. Simms, "Investigation into the flow of gases
in roof venting", FRS Technical Paper n° 7, HMSO, London, 1963.
P.H. Thomas et M.Law, "The projection of flames from buildings on fire", Fire Research
Note n ° 921, Fire Resarch Station, B.R.E., 1972.
X.L. Zhang et J.P. Vantelon, "Radiative transfer at the surface of a small scale pool fire
under the influence of external radiation", Eurotherm Seminar No. 17, 8-10 octobre
1990, Cascais, Portugal.
E. Zukoski et T. Kubota, "A computer mode! for fluid dynamic aspects of a transient fire
in a two room structure", Cal. Tee. Report to US Department of Commerce, NBS, Juin
1978.

306
5 - Foyers courants des feux de bâtiment : TRAITÉ DE PHYSIQU
connaissances empiriques et relations approchées 3 - Physique du feu pour /'ingénie

[21] E. Zukoski, T. Kubota, et B. Cetegen, "Entrainment in fire plumes", Fire Safety Journal
3, (1980-1981). Chapitre
[22] D. D. Evans, D.M. Madrzykowski et G. A. Haynes, "Flame heights and heat release of
1991 Kuwait oil field fires", 4ème Symposium Fire Safety Science, 1994.

Détermination
du débit calorifique
Travaux de Thomton 6. 1
Chaleur de combustion 6. 2
à partir des énergies de liaison
Exploitation du résultat de Thomton 6. 3
, tablissement des relations utilisées couramment 6. 4
Expression pratiques du débit calorifique 6. 5
Remarques sur la validité des formules utilisées 6. 6
Incertitude sur le débit calorifique 6. 7
obtenu par cette méthode
Comparaison avec d'autres méthodes de 6.8
détermination du débit calorifique
Conclusions 6. 9
Grandeurs et relations de base Annexe 1
Passage des débits massiques Annexe 2
aux débits volumiques
an molaire de la réaction globale de combustion Annexe 3

308
TRAITÉ DE PHYSIQUE /TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingénieur - Physique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

Ce chapitre porte sur le terme-source de chaleur des feux, c'est-à-dire le méthode de détermination de Q par mesure de la consommation
débit calorifique lié ici à la combustion avec flamme de produits courants u: déplétion) d'oxygène est aujourd'hui couramment pratiquée. C'est
du bâtiment. La connaissance de ce terme est indispensable pour prédire te méthode qui est présentée en détails dans ce chapitre.
l'aide d'un modèle global les grandeurs physiques liées à la sécurité,
détermination du débit calorifique par mesure de la consommation
D'ailleurs, cette grandeur fait partie des flux qui sont traités globalemen
oxygène entre l'entrée et la sortie d'un volume où se produit une
au chapitre 13. En soi, le débit calorifique est un indicateur de 1
mbustion est aujourd'hui effectuée :
"dangerosité" d'un foyer potentiel, vu en tant qu'objet ou matéria
combustible du bâtiment. Dans ce chapitre, on considère, non pas un loc tant dans les essais de laboratoire sur des échantillons de taille réduite
de bâtiment, mais un dispositif expérimental permettant le calcul du débi (100 cm2) ou moyenne (de l'ordre du m2) avec par exemple le "cone
calorifique à l'aide de mesures. Cette configuration offre le moye calorimeter" ISO, le calorimètre FMRC, ou bien le futur appareil d'essai
d'exprimer des changements de masse de gaz et de concentratio européen de réaétion au feu (SBI),
d'espèces, de préciser des aspects quantitatifs de la chimie de 1
combustion, et d'apporter des ordres de grandeur utiles. dans les expériences en vraie grandeur dans un local où brûlent un
Le calcul du débit calorifique d'un foyer à un instant t, selon la relatio élément mobilier et/ ou des produits de la construction, tels des
déjà considérée : revêtements en parois.
ous rappellerons d'abord une relation empirique obtenue par Thornton
], puis aborderons une démarche d'évaluation de cette relation et
nnerons plusieurs comparaisons relatives à sa validité. Pour justifier les
est très simple, si l'on connaît à cet instant la vitesse massique de l'appor rmules fréquemment utilisées, nous exposerons les étapes de calcul qui y
de gaz combustible 111P , et la chaleur massique de combustion hc d nduisent. Enfin des commentaires seront présentés sur les hypothèses
combustible qui se dégrade à cette vitesse. l'incertitude attendue de cette méthode.

Remarque:
111 représente en principe la vitesse massique de production de gaz combustible p
µ
pyrolyse (indice p). Ici, cet indice est l'initiale de production, par pyrolyse ou p
vaporisation. De toute façon, ce terme représente bien le flux massique de g
combustible libéré par une source.

Cependant, la mesure du débit calorifique est à considérer :

• la prévision de mP (t) par un calcul théorique est extrêmement difficil


pour des objets courants;

• l'attribution à hc de la valeur obtenue en calorimétrie avec excès d' ·


par rapport au besoin stoechiométrique (correspondant à une oxydatio
complète des éléments C, H, ... ) n'est pas justifiée si la combustion d
foyer n'est pas complète, ce qui peut être le cas lors d'un feu si le fl
d'oxygène apporté à la flamme avec de l'air normal est insuffisant;

• Si l'objet qui brûle est constitué d'un ensemble de matériaux (un c


courant !), il faut considérer plusieurs chaleurs massiques
combustion, soit une valeur hc ,i pour chaque matériau i, et associer
chaque matériau une valeur mp ,i (t) . La mesure globale de Q est po
l'application de modèles de feu à des situations concrètes la voie la pl
efficace d'obtenir ce terme source de chaleur.

310 311
TRAITÉ DE PHYSIQ
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour /'ingénie /TÉ DE PHYSIQUE
Physique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

1400

1300 /

� 1200 V

J;l 1100 1/
/
Partant de données expérimentales sur la chaleur de combustion molai
mesurée en bombe calorimétrique, Thornton a montré (en 1917, réf [9
pour 121 composés gazeux, liquides ou solides dans les conditio
.Y
r.
-� -./

normales, que la chaleur de combustion molaire de tout composé de la lis

-�
considérée était proportionnelle au nombre de moles d'atom •î
r,
(anciennement : atomes-grammes) d'oxygène nécessaires à la combustio.
complète du composé. Ce résultat remarquable est à la base de la métho
de mesure du débit calorifique par consommation d'oxygène.


!.,

� 300

Combustion complète ,7•·
� 200
Pour des composés dont la formule molaire est : Ca. H13 Ny , la combusti

!Y
est complète, par définition, si l'on obtient les seuls produits: C0 2 , H2 0, 100
N 2 avec les nombres de moles suivants par mole de composé:
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26
Nombre d'atomes d'oxygène consommés par la combustion
complète d'une molécule de gaz
Le nombre de moles d'atomes d'oxygène nécessaire pour passer de C à C gure 6.1 - Nombre d'atomes d'oxygène consommés par la combustion complèt
et de H à H2 O est: e
d'une molécule de gaz (résultats de Thornton [9])

n=2a+ f!...
2
et le nombre de moles 02 nécessaires:
v�eur de a obtenue selon la droite de corrélation de la figure 6.1
m=a+ f!... pnme d� plusieurs manières, selon les unités utilisées (rappelons que
oule doit en principe être utilisé à la place de la calorie unité
iellement abandonnée):
La combustion en bombe calorimétrique (en excès d'oxygène) perm
d'oxyder C en CO2 et H en H2 O. Dans d'autres conditions, on pour 3 kcal par moles d'atomes O consommé,
trouver des "gaz imbrûlés", dont CO.
Le résultat de Thornton, pour une combustion complète, se met 06 kcal par mole de 02 consommée,
forme (cf. figure 6.1).
,43.10 5 J par mole de 02 consommée,
hc, M-l = ana 2M-l
3,8.10 6 J par kg de 02 consommé.
où hc,M; est la chaleur molaire de combustion du composé i, no Mi
2 ableau 6.1 donne, pour plusieurs espèces, la valeur de la chaleur de
nombre d'atomes-grammes O nécessaires à la combustion complète, et " bustion ramenée au kg d'oxygène calculée à partir de la chaleur de
une valeur (à très peu près) constante, pour l'ensemble des 121 campo bustion par kg d'espèces en supposant une combustion complète
examinés. . [3], [7],[9]).

312
313
TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour l'ingént ysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique
6 - Détermination du débit calorifique

Tableau 6.1 - Chaleur de combustion par kg d'oxygène ton mentionne que la chaleur de combustion du carbone en CO est
Exemples de valeurs pour des espèces courantes ièrement le double de celle de l'hydrogène en H2 0, pour des paraffines
es hydrocarbures aromatiques, et fait référence au rôle des valeurs
(Etat de l'espèce dans les conditions normales de température et pression (TPN) : iculières de l'énergie des liaisons responsables de ce constat sans
g : gaz, ou 1 : liquide, ou s : solide.)
efois développer quantitativement sa remarque vers une explication du
ltat observé.
tir de valeurs plus récentes de chaleur de combustion et d'énergies de
on (tableaux 6.2 et 6.3), nous avons effectué quelques calculs de bilan
l'énergie des liaisons pour obtenir la chaleur de combustion et
J'; paré la valeur calculée à la valeur mesurée de la chaleur' de
12,78 bustion ramenée à la mole ou au kg de 02 •
' " .
. ·:��,.:; r quelques composés, nous avons cherché à expliquer la relation
15,69
.i;t�t-?J;llllf'; T-<· nue (6.2). Dans ce qui suit, hc ,o représente la chaleur de combustion
2
13,06 enée à la quantité d'oxygène consommée (J par kg de 0 ).
. . ,P'·".!!VA¾W i:·•vwa·<. '·''\IIWll!1\r· ·'ltdd<•i 2
,, ' ."' .. �' f:'�•Bl!f���··..�:;
12,78

L'utilisation d'une relation aussi simple permet le calcul d'une chaleur


combustion inconnue hc M. à partir :
' 1

• du calcul de 71o M selon le bilan chimique de


2 i
lorsque l'on connaît la formule molaire du composé,

• ou, directement, de la mesure du nombre de moles 02 consommées


supposant la réaction complète).
Si, dans un calorimètre ouvert, on connaît le débit massique d'air en
m::Jr , on pourra de plus poser qu'en régime stationnaire (flux const
le débit calorifique maximal n'y dépassera pas (en régime établi) :
0,232x 1,38 107 m!:Ir (w), soit : 3,2 m!:Ir (MW)

où m::fr est en kg· s·1et 0,232 est la valeur de la fraction massique d


dans l'air.

314 315
TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour l'ingéni ysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique
6 - Détermination du débit calorifique

Tableau 6.3 - Exemples de valeurs de l'énergie de liaison


(d'après Julg, Chimie Théorique, Dunod, 1964)

Liaison Energie de liaison (kcal · mole-1)


C-C 59

Pour plusieurs espèces, nous allons exprimer hc ,o2 à partir des énergies
1
liaisons interatomiques. On utilise ici l'unité kcal · mole- , courante e
chimie pour exprimer l'énergie de liaison.
Le méthane, CH4, a besoin de deux moles de 02 pour être oxydé en C02.
H20.
Il faut casser: Tableau 6.4 - Exemples de valeurs de la chaleur
1 de formation de composés gazeux
• 4 liaisons C - H (coût énergétique: 4 x 8 7 kcal · mole- ),
1 Espèce
• 2 liaisons O = 0 (2 x 96 kcal · mole- ),
et former:
1
• 2 liaisons C = 0 (2 x 150 kcal · mole- )
1
• 4 liaisons O - H (4 x 110 kcal · mole- )

Tableau 6.2 - Exemples de valeurs de la chaleur de combustion compl�te, bilan énergétique de l'opération globale est une chaleur libérée de 200
en kcal. par mole, puis en MJ par kg d'espèce.(d'après Kanury, "Introduction to · mole-1 alors que la mesure donne 210,8 kcal · mole-1. Il s'agit d'un
Combustion Phenomena", Gordon and Breach, 1977) accord compte tenu des incertitudes sur chaque chaleur. La valeur de
1 kcal par mole de CH4 correspond à 13,1. MJ par kg de 02 consommé
Combustible Y!c,M (kcal · mole- ) valeur de 210, 8 kcal · mole-1 à 13,8 MJ par kg de 02 consommé.
93,9
hane, C2H6, a besoin de 3,5 moles de 02 par mole lors d'une réaction
xydation complète. La chaleur de combustion par kg de 02 consommé
t 12,8 MJ si on la calcule à partir des énergies de liaison et 13,7 MJ
rès la mesure en bombe.
utane, C4H 10, a besoin de 6,5 moles de 02 par mole. On trouve: 12,7
par kg de 02 à partir des énergies de liaison et 13,8 MJ par kg de 02
rès la mesure en bombe.
peut généraliser ceci pour les alcanes linéaires, Ck H2k+ 2, car la réaction
dation complète s'écrit.:

316 317
TRAITÉ DE PHYSJ É DE PHYSIQUE
6 • Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur 6 Détermination du débit calorifique

A partir des données du tableau 6.3, on arrive à : gie de liaisons globale. La chaleur de combustion du benzène a ainsi
tilisée pour évaluer l'énergie des liaisons particulières entre atomes de
57+ 143k\ ,
h O = 2 (----) kcal par mole de 02 consommee. one. Ramenée au kg de 02 sachant qu'il faut 7,5 02 pour oxyder
C, 2 1 + 3k plètement une mole de benzène, on trouve:
où hc,0 est la chaleur de combustion ramenée à la quantité de 13,7 MJ par kg de 02 (au lieu de 13, 1, cf. tableau 6.1 ).
2
consommée (ici, par mole). Si l'on remarque que 57 + 143 k est
n'avons pas démontré théoriquementé le résultat de Thornton, sauf
différent de 50 (1 + 3k) et que l'on accepte de faire l'approximation d'u
être pour les alcanes linéaires et certains alcools. De nombreuses
égalité ' on obtient : h O = 100 kcal par mole de 02 (ou bien : 13, 1 MJ par res effectuées depuis 1917 confirment cependant la bonne
c, 2
kg de 02), soit, pratiquement, la valeur obtenue par Thornton. oximation de la relation empirique qu'il a établie, et ce sur beaucoup
composés, y compris des polymères naturels ou synthétiques, étudiés
Ce résultat très simple ne peut pas être obtenu de cette vingtaine d'années dans l'objectif d'application à la sécurité
beaucoup de familles de composés !

Remarques:
L'éthylène, C2H4, conduit à: Les valeurs de la chaleur de combustion ou celles des énergies de liaison ne sont pas
accessibles avec une précision excellente et, de plus, ont été réactualisées
hc O = 13,2 MJ par kg de 02 (à partir des énergies de liaison), périodiquement depuis 1910. Ceci peut expliquer de petits écarts dans les données
' 2
des différents auteurs, comme dans les comparaisons effectuées ci-dessous, ou dans
hc,02 14,6 MJ par kg de 0 2 (chaleur mesurée) les résultats qui suivent.
Dans d'autres conditions de combustion que celles de la bombe calorimétrique,
l'efficacité de l'oxydation des atomes du composé dépend de plusieurs facteurs
Nous n'avons pas généralisé aux alcènes car nous ne disposions pas
toutes les valeurs nécessaires de l'énergie des liaisons perturbées - la qualité de la mise "en contact" des réactifs (gaz combustibles et oxygène) liée à la
diffusion et à la turbulence,
proximité de la liaison C = C.
- le temps de séjour dans le volume réactionnel (à comparer au temps caractéristique
L'éthanol, C2H 6O, contient un atome O par molécule. Le calcul par des réactions),
énergies de liaison fournit hc,o 13,0 MJ par kg de 02 au lieu de 14 - la température du milieu gazeux (dont dépend la vitesse des réactions chimiques).
2
MJ par kg de 02 selon la mesure. valeur mesurée de la chaleur de combustion dans les conditions d'un
de bâtiment peut ainsi être inférieure à celle obtenue dans une bombe
Les alcools de formule globale du type CkH2k+PH (méthanol, éthanol, rimétrique. L'oxydation du carbone C en CO (possible dans un feu,
propanol ...) ont besoin de 3 k/2 moles de 02 par mole pour l'oxydati une partie du carbone du combustible), et non en CO2 seulement
complète, soit pour former kC02 et (k + i) H2O. e dans une bombe calorimétrique) est liée à ce point. La formation
A l'aide des données du tableau 6.3, on obtient : 0 est considérée dans la suite de l'exposé.

143k+ 12
""' 95,3 kcal par mole de 0 2
1,Sk
(ou 12,4 MJ par kg de 0 2). Cette val
est proche de celle de Thornton.

Le benzène, C6H6 ,est une molécule intéressante pour montre: �a néces


de bien connaître l'énergie des liaisons. On sait que les baisons e
atomes de carbone sont ici particulières (liaisons conjuguées). Si l'on
par hypothèse que la molécule comprend 3 liaisons C-C et 3 liaisons
_
on trouve une chaleur de combustion de 825 kcal par mole de benzene.
mesure donne 789 : la différence d'énergie s'interprète comme une pre
(parmi d'autres) de l'existence de la "résonance" du noyau qui réd
TRAITÉ DE PHYSIQUE RA/TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingénieur - Physique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

rsque le volume du réacteur est alimenté naturellement en air (sans


aide d'un système mécanique avec ventilateur), on ne peut pas mesurer
cilement le débit d'air entrant et amené dans la zone de réaction. On
étermine par contre le débit gazeux sortant de la zone réactionnelle (par
esure de vitesse et de température) et la composition chimique de ce flux
e matière (à l'aide d'analyseurs).
La relation entre chaleur de combustion et nombre de moles de 02 objectif des mesures et calculs est de déterminer le débit massique
consommées semble avoir été inexploitée pendant cinquante ans, du moins 'oxygène consommé, soit: ritg1 - �x , afin de le multiplier par la chaleur
dans le domaine de la combustion accidentelle qu'est le feu. Hinkley (1968) 2 2
rappelle ce résultat lors d'une étude relative à des tests. C'est surtou e combustion ramenée au kg de 02 , pour obtenir le débit calorifique Ove
pendant la décennie 1975-85 que cette relation va être élargie pa lon, pour une combustion complète:
application aux polymères (de synthèse, ou naturels), et appliquée à 1
détermination du débit calorifique, soit dans un calorimètre, soit dans u
appareil d'essais de laboratoire, soit dans un local de taille comparable
Qvc = 13 , 1 106 (m in - m ex )
02 02
(6.4)
celle d'une petite pièce d'habitation. Le "National Bureau of Standards",
W J· kg- 1 kg· s- 1
NBS (aujourd'hui NIST), a beaucoup contribué à cette évolution. Dans 1
décennie 1980-89, le CSTB s'est équipé des moyens de mesure e passage de ce qu'on mesure : v ex et composition chimique après le
nécessaires et a mis au point la pratique de ce type de mesure par de ège, au flux massique de 02 consommé, est assez compliqué comme nous
essais en grandeur réelle (travaux de B. Hognon). ons le voir. La formule précédente suppose l'oxydation complète des
Huggett, 1980, réf [3], a rassemblé plusieurs valeurs de hc ,o don ornes C et H. Nous partirons d'une formule plus générale en écrivant K à
2 place de la valeur numérique 13,1 106 qui n'est correcte que pour une
quelques unes sont rapportées au tableau 6.1. Pour des polymère mbustion complète.
synthétiques courants, cet auteur propose d'utiliser la valeur moyenne:
système et les points de mesure
hc, O2 = 13,02 MJ par kg de 02
n schéma expérimental de base est donné à la figure 6.2.
Pour l'ensemble des matériaux combustibles courants Analyse
Parker 1984, [7] propose une valeur moyenne voisine: de Oz, C02, CO, ...

hc, O2 = 13,1 MJ par kg de 0 2


Ces valeurs sont un peu plus faibles que celle de Thornton, 13,8 MJ par
de 0 2 . Rappelons qu'elles sont toujours relatives à une combustio m• AP , V• AP
complète.
On vise donc à déterminer un flux de chaleur (une puissance) libérée dan
le volume d'un "réacteur" au contenu non homogène en général, où
trouve injecté un flux de matière combustible (forcé par une injection
l'aide d'un brûleur, ou dû à la pyrolyse d'un solide), dans lequel entre u
flux massique d'air, et duquel sort un flux massique de produits d
combustion, d'azote non oxydé et éventuellement, d'oxygène non utilisé, o .
mair
de combustible gazeux non consommé. Notons que selon l'efficacité de l
combustion dans ce volume et la valeur des flux amenés, le taux d'oxygèn
sortant ou le taux d'imbrûlés sortant peut être nul.
Il faut, pour pouvoir pratiquer la mesure, que les flux d'air entrant et '
gaz sortant soient séparés.
Surface frontière de VC

Figure 6.2 - Mesure du débit calorifique. Schéma expérimental

320 321
TRA/Tl= DE PHYSIQ
6 • Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingé 6 - Détermination du débit calorifique

Une présentation logique simplifiée se trouve à la figure 6.3. pérature rex est mesurée à l'aide d'un thermocouple.
'tesse v ex est mesurée au moyen d'un tube de Pitot : on obtient à
ir de la mesure d'une différence de pression (pression totale, pression
' 1
1 rêt) le produit : p ex( v ex) 2•
Débit massique d'air entrant � On m�:;ur�:
(composition connue) •
On mesure le X02.Xc02, Xco on pose : p ex= (p0 T)f T ex où l'on donne à Po la valeur
débit volumique

Débit massique de gaz combustible


participant à la combustion

Composition connue pour l'air entrant en • in ».


• La composition du gaz combustible • g • définit a.
,;,ex est déterminé en• ex• (vitesse, température,
- La composition est mesurée après le piège, en AP.

Figure 6.3 - Mesure du débit calorifique. Schéma de principe

Le volume de contrôle, VC, est le volume dans lequel ont lieu les réactio
de combustion entre les gaz combustibles (débit massique amené d
VC : mgc ) et l'oxygène de l'air entrant dans VC (avec le débit massiq
mg12 ). Une partie des frontières de VC peut être virtuelle (en tirets sur
figure 6.2). Une extraction naturelle (par tirage) ou forcée (ventilateur)
sortir le flux massique d'effluents mex , qui est collecté dans un cond
où:

• on détermine le débit volumique d'effluents, vex ,


• après passage dans un piège qui retient H2 0, HCl et d'autres gaz acides,
on analyse la composition sèche gazeuse en : 02 et C02 (toujours), CQs
(éventuellement), et autres constituants (quelquefois).

Trois sites sur le chemin de l'écoulement gazeux sont donc importants:


e in: pour l'entrée d'air aux surfaces ouvertes de la frontîère de VC,

• ex : à la "sortie" de VC et donc à l'entrée du conduit d'extraction,

• AP: après le piège qui retient l'eau.

Détermination de v ex

La méthode couramment pratiquée consiste à mesurer au niveau "ex"

• la température moyenne de l'écoulement, r ex,


@ la vitesse moyenne de cet écoulement, v ex_

322 323
TRAITÉ DE PHYSIQU TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

duction des débits volumiques TPN


pérature et pression normales)
·de de:

l
y;oi m. i
2

de l'équation d'état des gaz parfaits :


6.. 4.. 1 Relations de base /RT;
p'
(cf références [3/, /4/, [7/)
ait apparaître VfPN
•i ·i
; xio VTPN
Introduisons, selon une hypothèse quasi-stationnaire : Tnô2 = Po2 2

qui est la diminution , entre les sites "in" et "ex", du flux Ll771o2 (xin frin xex Trex )
---
M = Po 2TPN o2 vTPN - o2 vTPN (6.5)
d'oxygène dans l'écoulement.

On vise le calcul du débit calorifique Q selon une relation: VfPN et x�x restent encore à exprimer.
2

molaire dans l'écoulement entre les sites "in" et "ex"

à partir de ce que fournit la mesure unité de temps, il entre dans VC ,i in moles:

• v.;:;N ' à l'aide de V ex et yex '


• xtb2 ,X&;,xt2P composition chimique analysée après le piège, a retenu les espèces prépondérantes.)
bréviation "ae" désigne les autres espèces non précisées.
et de ce qui est connu :
deux premiers termes: nt2 et
ti�11 sont bien plus grands que les
2
,

• température Tin
es termes gardés ici pour des raisons de symétrie de l'écriture de bilan
suit.
• et composition de l'air: XNin , xHm o, xCO
in
2 2 2 •
ême, il sort de VC par unité de temps le nombre de moles suivant

Cherchons d'abord à exprimer Lim0 / M en fonction de ces grandeurs,


2
qui nécessite plusieurs étapes et hypothèses. La valeur de K dépendra de
présence de CO dans les produits. ti ex
ae
* naein
exemple, on peut trouver des gaz imbrûlés au site "ex")

325
TRAITÉ DE PHYSIQ
6 - Détermination du débit calorifique TÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour /'ingénie
sique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

et que:
n molaire de la réaction globale de combustion dans VC,
nex < 11,in 1cients p et a
02 02
r un combustible donné, il existe un lien entre
par l'hypothèse de combustion dans VC et, pour la même raison:
· ex
ng1 (consommation "instantanée" de moles 02}
tto2 2

·n'f.
X
n!..n ,
-co > ·-co
différences sont dues à la production de H2 O, CO2 et CO par
(si CO se forme dans la combustion) ommation de moles de 02 et de moles gazeuses combustibles. Pour un
bustible donné, le nombre de moles de H2O, CO2 et CO produites par
réaction globale avec 02 supposée complète sur H et, éventuellement,
·enement incomplète sur C (formation de CO) s'exprime à partir de la
(si l'on supp?se que !'azote entrant dans VC ne participe pas à ule molaire du combustible et du nombre de moles de 02 consommées
_
combustion rn comme reactif avec l'oxygène, ni comme produit). la réaction. L'annexe 2 donne des détails sur cette relation. On écrit
On arrive ainsi à s simplement la relation de proportionnalité:

principe, p n'est une propriété de la réaction globale que si celle-ci est


plète.

,iex ,iin
Introduction du terme (,
r faciliter l'écriture des relations présentées plus loin, on introduit un
</> exprime la consommation de 02, relativement au flux molaire entrant ficient a:
est défini selon:

0 < {jl< 1
aleur de p (ou celle de a) peut être précisée si l'on connaît la réaction
ale d'un combustible de formule connue.
d'où:
trouve que, pour de nombreux combustibles courants, a varie peu
-ex -in ,1,•in ur de la valeur:
no - no = -'l'nQ
2 2 2
a = 1,10
et:

ort des débits massiques et volumiques


(puisque : rhb2 = nb2 MO2 )

326
327
TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingé 'hysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

vient la relation : après le piège, conditions "AP"


min Min (1- X:e') XAP
zAP = �----o2-'=-- ____
1 xAP xAP xAP
rh ex = M ex l+çb (/J-
[ l}Xg12 -x�] 02 co2 - CO

Passage aux débits volumiques TPN Expression de <) avec zex et Z1"
A partir de la définition de ces grandeurs et de l'équation d'état des g
parfaits, on écrit :
que 02 et N2 ne sont pas condensés dans le piège, le rapport de leurs
VfPN 1 - x:: bres de moles respectifs se conserve entre "ex" et "AP":
v.;N = 1 + çb(a 1) ·ex ·AP
no2 no2
__
qui relie V�N à VTPN mais où <j> , directement lié au flux de moles de
consommées, est encore à expliciter à l'aide des grandeurs connues ou
mesurées.
On va pour cela

• introduire le rapport des fractions molaires de 02 et de N2 (noté Z),

• faire l'hypothèse que riW2 = n�� (ni production ni consommation de


entre "in" et "AP").
Dans la suite, pour alléger l'écriture, nous supposons de plus que 1
petites fractions molaires suivantes sont nulles

onse:rvation de N2 , sans puits ni sources, entre "in" et "ex" fournit

Rapport des fractions molaires entre 02 et N2


XNin trin xex . ex
2 VTPN = N2 VTPN

ression de </> se récrit :

Dans l'air (conditions "in") ce rapport vaut :


(6.10)

dernières relations mènent à

A la sortie de VC, conditions "ex" :


(6.11)

328 329
/TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour /'ingénie hysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

et puisque zAP = ZJX (cf (6.9) ) :


Expresslon·pratl11Mes·du débit·
calorifique
(L'expression de x�n sera 1- x�n dans l'air sec et non pollué.)
2 2 suppose que:
où: Xin +Xin = 1
02 N2

XNAP = l - xAP
02 -
xAP
CO2 -
AP
xCO On néglige la fraction molaire de CO
2

dans les produits


6 ..4.. 3 Expression finale de t.m0
2
/ M
· ur une combustion complète du carbone, X�'b = 0 .
rès des manipulations simples sur la relation (6.13), on peut écrire
On aboutit à

(6.14)

Ceci revient à supposer que la masse molaire moyenne du gaz en "ex" est (sans prise en compte de CO)
celle de l'air, malgré la présence d'autres molécules que 0 2 et N2 et dans
des proportions différentes ; et malgré celle -éventuelle- de produits sous n'interviennentnt plus que:
forme condensée. Les molécules de N2 qui sont entrées dans VC n'ont pa� 02
réagi (pour le type de combustion étudié) et restent donc très nombreuses pTPN , connu,
dans le flux gazeux. L'assimilation à l'air du milieu en écoulement semble
X0in , connu,
n'engendrer qu'une petite erreur (de l'ordre de quelques%) sur {f'x. Une fois 2
V ex connu (vitesse moyenne), on obtient v
ex
= ù ex s' où s est l'aire de là AP
les grandeurs mesurées: X0AP2 , Xco
section efficace du conduit. Puisqu'on a déterminé {f'X, on obtient mex selon 2

rhex = v expex . coefficient a est de l'ordre de 1,10 pour la plupart des combustibles

c K= 13,1 MJ par kg de 02, ou bien 17,2 MJ par m3 TPN de 02, il vient

x:; =0,21, a = 1,1


2

330 331
TRAITÉ DE PHYSIQUE TRAITÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingénieur :3 _ Physique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

1 7 ,2 1 0 6 V. ex L'erreur faite sur l'énergie est d'avoir produit 2 z C02 avec consommation
TPN (6.15)
çj = X AP de z 02 , au lieu d'avoir produit 2 z CO avec consommation de z 02 , et ceci
0 2 pour consommer 2 z C .
AP )
X co
0 ,4 7 6 + 2 A 1 Q, à ajouter, correspond à 2 z AH1 ,où AH1 est la chaleur de formation de
X AP CO par mole de CO produite.
co 2
0 '2 1 -
1 - X AP
co A2Q, à retrancher, correspond à 2 z AH2 , où AH2 est la chaleur de
2
formation de C02 par mole de C02 (ou de 02 ).
Cette formule constitue une expression pratique du débit calorifique La correction à ajouter est donc:
valable en l'absence de la production de CO.
où: Q est en watts si vex est en m 3 • s- 1 .
AQ = 2 z (AH1 - AH2 ) = - 2 z AH3
où AH3 est la chaleur de combustion de CO en C02 , par mole de CO,
comme le montre la loi de Hess. Si l'on ramène AH3 à la mole de 02 , on
6.5.2 On ne néglige plus la formation de CO introduit AH4 = 2 AH3 et AQ = - z. A H4 _

Raisonnons sur l'unité de temps. Pendant cette durée, An moles de 02 sont


consommées:
An = x +y+ z
Si K1 est le coefficient relatif à la combustion complète (4,19 10 5 J par mole
02)-
où:
L'expression de Q qui tient compte de CO s'écrit ainsi:
• x représente le nombre de moles 0 2 consommées pour produire H20,
1 L1mo2
Q = [K1 {l +f)- f L1H 4 ]-.-- (6.16)
• y est celui relatif à la production de C02, Mo
2
L1t

• et z celui relatif à la production de CO. Mais f n'est pas directement accessible puisqu'on ne mesure pas X��o
On commence par supposer que tout C produit CO : le nombre de moles Au moyen de manipulations assez longues, on arrive à la formule (6.17)
d'atomes de C lié à la consommation de z 02 est 2 z C puisque: donnée ci-dessous où ne figurent que les grandeurs mesurées ou connues.
2 z C + z 02 ➔ 2 z CO Dans cette formule (due à Parker), E est l'énergie libérée pour la
consommation d'1 m3 TPN de 02 et E' l'énergie libérée lors de la
Si ces 2 z C produisaient C02, il faudrait 2 z 02 , selon: combustion d'l m3 TPN de CO.
2 z C + 2 z 02 ➔ 2 z C02 Examinons l'importance de la correction:
soit z 02 de plus que pour la réaction produisant CO. K1 = 419 kJ par mole de 02,
La consommation molaire en 02 serait donc, si tout C s'oxydait en C02: et A H4 = 566 kJ par mole de· 02
An' = (x + y + z) + z = An (1 + j) Q = [K1 + f(K1 -AH4 )]An
si f est le rapport -=-.
An
419 - 147
Prenons un exemple de valeurs de concentrations à la sortie pour la
L'énergie libérée par la consommation de An' moles de 02 serait: combustion d'un polymère courant:
Q'=K1 .An' x;i = o,o5
où K1 a la valeur correspondant à la réaction d'oxydation complète.

332 =csrs :CSTB 333


TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour /'ingénie 6 - Détermination du débit calorifique

L = o ' 976 � = 0 ' 244


f..n f..n
Ceci conduit à retirer 36 de 419 kJ, ce qui constitue une correction d
8,5%, pour une valeur de X�'b très élevée. Pour des taux de CO pl
2
faibles, la correction sera négligeable. Nous reviendrons sur ce point a
paragraphes relatifs aux hypothèses et aux incertitudes.

Tableau 6.6- Energies relatives à CO et C02


Relevé des hypothèses conduisant
Formation de CO : 1
aux formules 6.14, 6.15, et 6.17
C + - 02 ➔CO
2
110,5 kJ par mole CO - Le débit volumique V��N est évalué à partir de la mesure de vitesse
221 kJ par mole 02 moyenne et de la température rex , en supposant que M ex = M air .
Formation de CO2 : C + 02 ➔C02
- L'équation d'état des gaz parfaits est utilisée pour passer des débits
93,5 kJ par mole C02 massiques aux débits volumiques, et on a .
393,5 kJ par mole 02
- Hypothèses sur la composition chimique :
Combustion de CO : 1
CO+ - 02 ➔C02 • on néglige la production ou la consommation d'azote par combustion,
2
566 kJ par mole 02 • on néglige l'éventuelle présence de gaz imbrûlés,
283 kJ par mole CO
• on utilise généralement une valeur moyenne de a (cf. annexe 3),

• on suppose généralement l'air sec et pur.


- On écrit les relations sous forme stationnaire (flux constants, les
réactions chimiques sont la seule cause de changement dans le
système).
e - Commentaires sur la prise en compte de CO :
Les formules finales qui tiennent compte de CO sont très lourdes à

[
utiliser. Une critique concerne encore le maintien de a à 1,10, soit
Soit: la même valeur que celle utilisée en supposant la combustion
r 3,762 xt2 xAP Jj complète.
3, 612 l0 6 V293 1 (
AP AP AP ) 1+0,1715 �
Xo2
Compte tenu des hypothèses retenues et de l'incertitude des
mesures, il n'est pas certain que l'amélioration formelle qui consiste à
l-Xo2 -Xco2 -Xco
Q(W)
r j
utiliser la relation qui prend CO en compte soit vraiment efficace.
Krause et Gann (1980) estiment à moins de 5% l'erreur commise sur
3, 762Xt
2. Q en négligeant CO. Hognon (CSTB, 1991) a montré sur deux
AP )
l+(a- 1) 1 (
AP AP exemples de feu dans une pièce que négliger CO conduit à quelques
l-X02 -Xco2 -Xco
% d'erreur au plus sur la quantité de chaleur Q (t), obtenue par
intégration de Q(t).
Expressions littérale et pratique du débit cÎilorifique
avec prise en compte de la production de CO, et de l'air sec sans C02•
(Q est en watts si V est en m 3 . s-1 ).

334 335
DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique ysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

Le calcul formel de étant lourd, on ne donne pas ·


ôX�1
l'expression littérale du résultat.
Ce point, qui amène une limite de principe, semble en fait p
important dans la pratique.

aleur de la chaleur de combustion ramenée à l'oxygène (par kg, par


ole, par m3 TPN) dans l'hypothèse de combustion complète
.n trouve pour les produits combustibles courants qui ont été étudiés
ar d'autres approches, des variations de 2 ou 3% ou moins.

aleur de a (cf. annexe 2)


a varie de 1,0 à 1,2 environ selon le combustible courant étudié.
uelques % d'erreur sur Q sont possibles.

omposition de l'air
égliger Xlr O lorsque le taux d'humidité est de 40% à 20 "C conduit à
2

omposition chimique de l'écoulement:


n néglige la présence de gaz imbrûlés, la production ou la
nsommation d'azote. Non quantifiable.
non-prise en compte de CO, déjà évoquée, peut causer quelques %
'erreur sur Q.

X� , X� ,
2
xt� . L'incertitude de mesure va de quelques
0à 1%.
ur déterminer v= , on suppose que M ex = M air . L'erreur dépend de
ex ! Comme N2 reste le constituant majoritaire, l'erreur ne peut
épasser quelques La mesure de la vitesse moyenne pour
O
/ 00

déterminer v ex
est elle-même entachée d'une erreur non quantifiée.

emps de réponse des mesures lors de variations rapides de Q.


'analyseur de 02 paramagnétique est assez lent et déformera la courbe
de xJ� si cette grandeur change beaucoup en quelques

:C,écalage temporel de ligne de transport : la valeur mesurée de Q à t ,


respond en fait au temps t - M où M dépend de la longueur de ligne
de la vitesse de l'écoulement. Ce retard peut être estimé et le décalage
rrigé (réf. !1], Evans et Breden, 1978).

336 337
TRAITÉ DE PHYSI TÉDE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour /'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

En conclusion, il semble que l'incertitude sur Q est de l'ordre d'envir


5 à 10%. Une erreur maximale sur Q de 10% ne rend pas la méth
critiquable : c'est le seul moyen relativement souple de mesurer Q sur
matériaux divers alors que les mesures calorimétriques par d'aut
méthodes sont toujours difficiles et peu précises.
Remarque:
o t
La référence [4] fournit les formules qu'on obtient selon_la natur� ?es espèces � �
mesure la concentration en aval, et selon celle des especes de 1 air dont on neglige 111P connu et rlc,j connu. Si l'oxygène arrive dans VC avec un
concentration.
suffisant pour oxyder totalement l'espèce j
Q mphc,j

comparaisons ont été effectuées pour des situations simples où les


facteurs étaient accessibles, en fait la combustion d'un gaz connu
on mesure le débit injecté dans VC. L'accord semble de l'ordre du %
nditions stationnaires. On peut par exemple consulter la référence [5],
se et Gann, 1980.
autre moyen d'accéder à Q est de passer par un modèle global
nges de masse et d'énergie et d'exploiter des mesures de température
n "in", gaz en "ex", dans VC aux parois de VC) et de débits massiques
, mex , mg ) pour retrouver Q. De tels modèles existent mais sont d'un
pour une précision finale qui ne peut pas non plus

338 339
6 - Détermination du débit calorifique 6 - Détermination du débit calorifique

La méthode de consommation d'oxygène est la plus commode, po


accéder à la détermination du débit calorifique, parmi celles qu'on pourr
utiliser sur des combustibles solides usuels présents dans les bâtiments.
L'incertitude attendue sur le débit calorifique est difficile à évaluer
précisément. Couramment, elle doit se situer dans la plage de 5 à 10%
pour la plupart des conditions d'essai sur produits du bâtiment un volume V où la pression est p, la température (absolue) T, se
matériaux courants du mobilier. ent J espèces gazeuses de masses molaires �' et de masses "1:i sous
rme de n moles au total.
Plusieurs hypothèses sous-jacentes peuvent en principe
satisfaites pour certains matériaux (par exemple contenant
d'oxygène ou d'azote dans leur structure moléculaire, ou beaucoup
d'éléments autres que C, H, 0), ou certaines conditions de combustion (Pat
exemple lorsque beaucoup d'imbrûlés sont produits), ou lorsque
réactions d'oxydation ne sont pas achevées pendant le séjour des réac centrations de j
dans le volume de mesure. De telles situations doivent alors ê ( 11:i moles de j dans V)
examinées au cas par cas.
La pratique de cette méthode sur de nombreux polymères naturels
synthétiques, produits de la construction, ou objets mobiliers est, pour
combustibles, validée par plusieurs comparaisons. Elle se développe d
les laboratoires d'essais et elle est devenue courante dans la réalisati
d'expériences en grandeur.
uation d'état des gaz parfaits
Compte tenu des incertitudes entachant toute détermination d
caractéristiques utiles à la modélisation du feu, les défauts de cette pV nRT ( R = 8,314 J · K- 1 • mole-1)
méthode semblent parfaitement acceptables. Il semble que les problèmes à
. mR
traiter en priorité portent aujourd'hui sur la façon d'utiliser le résultat ien : P = prT = T (où m est la masse totale dans V)
V
la mesure du débit calorifique pour définir de nouveaux essais de réacti
au feu ou améliorer les modèles mathématiques de feu de bâtiment, bi
plus que sur la méthode de mesure elle-même.

n.
RT =
J V p

Pj =
Xj , fraction molaire
p n

Pj = et : L Pj = p
V j=l,J

p
= l".i , fraction massique

341
TRAITÉ DE PHYSIQ Tl; DE PHYSIÇWE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingéni ysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

Fraction molaire Xj
X02 = 0,21 Y02 = 0,232

XN = 0,79 = 0,768
2
I(m./M.)
j=l,J
J J M = 29 kg· kmole- 1

I n.M.
-
M =-
m ..J
= �1 =_1,
_
J J
_
_ I x.M.
J J
In.j j=l, 5
j=i,J

x.1 m. M
=-J -
m M.
J

avec [ I Xj = 1J
.=J,
J J

Fraction massique :

ou

M
X.J =Y-
J
M. J

avec [. I � = 1J
J=i,J

Composition de l'air
(à titre d'exemple pour de l'air sec non pollué).

Espèce Fraction molaire(%) Masse molaire(kg· kmole- 1)

N2 78,09 28
02 20,95 32
Ar 0,93 39,9
C0 2 0,03 44
Air 100,00 28,95

342 343
TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique 3 - Physique du feu pour l'ingénieu hysique du feu pour l'ingénieur 6 - Détermination du débit calorifique

.i iv· i = i v· i coefficient a
m =P PTPN TPN
réaction de combustion dans VC concerne les moles 02 amenées et qui
nt consommées (au passage du flux d'air qui passe dans VC) avec
sformation de moles de combustible et fabrication de moles de
duits.
(équation des gaz parfaits à TN) produits : on retient H2 O, CO2 , CO, N2 et HY où Y est un halogène
'sent dans le mole de combustible.
D'où: le combustible est un gaz, on doit connaître sa formule élémentaire
emples : CH4, C3 H 8). Si le combustible est solide (par exemple les
Min V�Jnp
= __
ex __;:�'- qui fournit: VctTP lymères courants) on peut définir une mole selon la composition
M vi�TP vi�TP mentaire, soit, sur 100 g de combustible par exemple : CaHbOcNctYe où
que coefficient est le nombre de moles d'atomes de l'élément
respondant. Ainsi a est tel que 12xa est la masse de C dans 100 g de
bustible. Les coefficients c, d, et e peuvent être nuls pour certains
bustibles. Le coefficient e n'est pas nul pour le PVC par exemple où Y
Passage des débits massiques aux débits volumiques Cl. On admet que N se retrouve en N2 , Y en HY, C en CO2 et CO, H en

Posant Jill = pex et si '[in et rex sont les températures absolues moyennes d ivons la réaction globale selon
l'écoulement aux sites "in" et "ex":
in in CaHbOcNctYe + v 02 ➔µmoles de "produits"
min = P M. v m au site « in » 1 "mole" u moles
RT m
moles de produits:
ex -ex
mex = P M vex pose que h est le nombre de moles CO.
au site « ex »

RTex b-e d
µ = (a-h)+ h + -- + e + -
d'où le rapport des débits volumiques aux deux sites: 2 2
vin m. in yin Mex
vex = m.ex y ex Min ombre de moles 02 nécessaires est:
h b-e c
v = ( a-h )+ -+----
2 4 2
ain en nombre de moles dans le flux gazeux est ainsi:
1
µ-v = - (b + 3e + 2d + 2c + 2h)
4
r une mole de combustible consommée.

344 345
, DE PHYSIQUE
6 - Détermination du débit calorifique sique du feu pour l'ingénieur
6 - Détermination du débit calorifique

Chaque fois que u moles 02 sont consommées , le flux gazeux gagn pies de valeur de pet a:
moles .
On définit /J, facteur "d' accroissement du nombre de moles", selon :
Combustible p a
Carbone C 1,00 1,000

soit:
= 4a+2b+2e+2d
/J
4a+b-e-2c-2h
On voit que, pour du carbone pur, /J= 1, et que pour du méthane, CH 4:
4+8
= 1, 5 si tout le carbone se retrouve en C0 2 .
4+4
(CH4 + 2 02 ➔ C02 + 2 H20)
eur a = 1 , 105 a été proposée comme valeur moyenne par défaut.
Pour des composés Ca H b :
= 4a+2b 1:stat que a est peu dépendant de l a nature du combustible (pour les
/J naux �ourai:-ts dans le bâtiment) permet d'obtenir les relations
4a+b-2h ues presentees dans le corps du texte.
/Jdépend donc de la formule globale du combustible.
Parker [7] ramène /J à la composition molaire de l'air. Une mole
amenée dans VC est telle que

Pour les moles d'air dont l'oxygène, présent à l'entrée de VC selon


frac tion molaire Xg' , est consommé lors du parcours dans VC , on déft
2
un coefficient a selon :

C'est-à-dire que si la consommation en 02 correspond à :


1
nair. = -- x nombre de moles 02 consommées,
xin
02

"l'expansion" du nombre nair s'écrit ainsi :

n�r [1 + Xb�(,B-1)] = n�r a à la sortie "ex".

346
347
6 Détermination du débit calorifique

Bibliographie
Chapitre
[1] D.D. Evans et L.H. Breden, "Time delay correction for heat release rate data", Fire
Technology, mai 1978.
[2] B. Rognon, "Note sur la mesure du débit caiorifique", Rapport CSTB, décembre 1991.
[3] C. Huggett, "Estimation ofrate ofheat release by means of oxygen consumption
measurements", Fire and Materials, vol 4, 1980.
[4 ] M.L. Janssens et W.J. Parker, "Oxygen eonsumption eaiorimetry", chapitre 3 de
l'ouvrage "Heat release in fires", sous la direction de V. Babrauskas et S.J. Grayson,
Elsevier Applied Science, 1992.
[5] R.F. Krause Jr.et R.G. Gann, "Rate ofheat release measurements using oxygen

[ 6]
consumption", Journal ofFire and Flammability, vol 12, avril 1980.
W.J. Parker, "An Investigation ofthe fire environment in the ASTM E 84 tunnel test'',
Débits massiques
échangés
NBS Tech. Note 945, août 1977.
[7 ] W.J. Parker, "Calculations ofthe heat release rate by oxygen consumption for variou

entre un local en feu


applications", Journal ofFire Sciences, vol 2, septembre 1984.
[8] D.L. Sensenig, ''An oxygen consumption technique for deterrnining the contribution o
interior wall finishes to room fires", NBS technîcal note 1128, juillet 1980.
[ 9] W.M. Thornton, "The relation ofoxygen to the heat ofcombustion oforganic
compounds", Philos. Mag, n" 33, 1917.
t son environnement
[10] R.W. Yeager, "Uncertainty analysis ofenergy release rate measurement for room fires"
Journal ofFire Sciences, Vol 4,juillet 1996.

Ouvertures verticales 7. 1
Ouvertures horizontales 7. 2
Remarque:
Ce chapitre reprend, pour l'essentiel, un cahier du CSTB (n°2659, juin 1993), " Fuites aérauliques 7. 3
méthode de détermination du débit calorifique par mesure de la consomma
d'oxygène", M. Curtat, rédigé dans le contexte d'une étude réalisée pour la Dire
de la Sécurité Civile, Ministère de l'Intérieur.

348
7 Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQ
3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 Physique du feu pour /'ingé
et son environnement

Les ouvertures d'un local où des foyers sont actifs laissent sortir un flux tation des relations présentées
gaz chauds contenant les produits de combustion, et entrer de l'air
apporte de l'oxygène dans le local. Elles sont ainsi traversées par des fi peut les utiliser directement pour estimer des flux transportés (de
de matière, et par les flux d'enthalpie associés. asse, de chaleur, de fumée opaque, de gaz toxique), qui sont des
L'extérieur du local peut être l'extérieur du bâtiment ou bien un aut ·cateurs de l'activité du feu dans le local, et également de sa
local, pièce ou couloir par exemple, du même bâtiment. duction de causes de danger dans le reste du bâtiment ;
Les transports de matière considérés ici sont dus à des différences connaissance du débit d'oxygène entrant dans le local-feu par
pression "naturelles", c'est-à-dire non causées par des systèmes semble des ouvertures, une fraction du débit total d'air entrant
désenfumage mécanique où un ventilateur impose de nouvelles différenc rmet d'évaluer la valeur maximale que peut atteindre le débit
de pression (ce point sera abordé au chapitre 11). orifique dans le local ;
L'exposé qui suit présente des relations et méthodes de calcul utilis ·
dans les modèles globaux de feu les plus répandus, les "modèles de zones 11 s un modèle de feu de bâtiment, les débits massiques échangés
(cf. chapitre 13), et donne des exemples de résultats. Dans ce chapitre, les e un local et son extérieur doivent être inclus comme termes de flux
champs de pression responsables des écoulements so s les bilans massiques à effectuer dans le local-feu et dans les
monodimensionnels, vus comme verticaux, et, pour des ouvertu ntuels locaux en communication aéraulique avec le local-feu, ou
verticales, les champs de vitesse sont horizontaux. L'intérêt de tôt dans des volumes finis selon lesquels les volumes intérieurs sont
modélisation simplifiée est de fournir des relations relativement facile 1lés. Les débits de fumée et de gaz toxiques entrent dans les bilans
exploiter, qui fournissent de bons résultats lorsqu'on les confront r ces grandeurs. Les flux d'enthalpie associés aux débits massiques
l'expérience. Une modélisation plus fine fournirait des ch trent quant à eux dans les bilans à effectuer sur l'énergie.
tridimensionnels de vitesse, de température et de concentration, au p vertures considérées pour le passage de ces flux entre deux volumes
d'un effort de calcul plus grand. Ainsi, les modèles de champ (présent timent ou entre le local-feu et l'extérieur du bâtiment ou entre un
plus loin, au chapitre 13) font appel à des équations de conservation de en communication avec le local-feu et l'extérieur du bâtiment sont
quantité de mouvement plus générales que la loi de Bernoulli utilisée d
ce chapitre. ouvertures verticales (portes, fenêtres),
L'écoulement de gaz chaud quittant le local par une ouverture donnée s ouvertures horizontales (exutoires),
ici globalement défini par un flux massique sortant, auquel on p
associer un débit volumique à l'aide de la masse volumique moyenne, e es fuites aérauliques,
même liée par l'équation d'état à la température et à la pression moyenn
et un flux d'enthalpie sortant qui est fonction du débit massique et de ous allons considérer successivement.
température moyenne. Le flux massique sortant de particules de fumée,
à l'opacité des effluents (cf. chapitre 11) est une fraction du flux massi
total sortant.
L'écoulement d'air entrant dans le local est décrit de la même façon.
champ de pression extérieur au local, la température et la composition
l'air sont des données d'entrée.
Selon l'orientation de l'ouverture (verticale ou horizontale), ses dimensions,
et les champs de pression de part et d'autre de l'ouverture considérée, on
observe lors d'un feu soit un seul sens d'écoulement, entrant ou sortant,.
soit deux, entrant et sortant, soit même plusieurs. Il est ainsi cou
d'observer un flux d'air entrant au travers de la partie basse d'une p
ouverte, et un flux de gaz chaud sortant par la partie haute de cette port

351
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSI 3 - Débits massiques échangés entre un focal en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingé et son environnement

eut d'ailleurs prendre un autre niveau de référence tant que la


tian ne change pas la différence PA - PB).
ssion à une hauteur z s'exprime alors selon:

7 .. 1 .. 1 Hypothèses de calcul Pint(z)=Pi-9 Jpdz (7.2)


z =O

La démarche très couramment pratiquée en ingénierie du feu


d'appliquer la "loi" de Bernoulli sur un tube de courant horizontal, dont P ext{z)=PE - 9 J P dz (7.3)
extrémités sont situées de part et d'autre de l'ouverture verticale, z =O
supposant que l'origine de l'écoulement est une région à vitesse horizon
nulle.
it massique au travers d'une surface élémentaire d'aire dA est:
Rappelons cette expression obtenue (à partir des relations générales
Navier-Stokes, voir chapitre 3) en admettant qu'il n'y a pas de varia d(m) = dA P B Vs = dA..j2pB (P A - P B )
d'énergie potentielle à hauteur z constante, ni de forces de viscosité. largeur est W (normale au plan de la figure 7.1), et qu'on considère
Entre les deux points A et B placés à la même hauteur, et 're élémentaire d.A W dz:
d'autre d'une ouverture : d (m) = Wdz.J2 P B (PA - Ps)
1 2 1 2
PA + 2. P A VA P B + 2. P BVB intègre ensuite sur la hauteur où l'écoulement a lieu, entre z1 et z2
où PA et PB sont les masses volumiques, et VA et Vs les amplitudes
vitesses horizontales, aux points A et B à la même hauteur z. (cf. fi Z2
7.1). rh = W J .J2 Ps (pA - P B ) dz
Z1
Si vA = 0 (vitesse nulle au point A) et pA
expression est maintenant modifiée par l'introduction d'un facteur
température), il vient:
eur à 1, nommé coefficient d'orifice, ou d'ouverture, et noté Cd, qui
1
approximativement en compte la contraction de la veine au passage
2 rifice. Pour fenêtres et portes, Cd, fonction du nombre de Reynolds,
soit: isin de O, 7. On arrive ainsi à :
/2 lPA - PB) Z2
VB = m= cd W J .J2 P B (pA - P B ) dz (7.4)
✓ PB
Z1
Si PB > PA, une expression similaire est obtenue pour un débit dans le
inverse si Vs=O, avec PA à la place de Ps, et p 8 - PA au lieu de PA p 8: 1ons qu'on suppose alors que les champs de pression verticaux sont
es dans chacun des deux volumes séparés par l'ouverture.
_ /2(P B - P A)
V - \1 rieur du bâtiment, pE est une donnée ; p peut être assimilé à une
A
' PA
Il faut donc connaître PA et PB pour calculer la vitesse, puis te sur les hauteurs à considérer, quelques dizaines de m au
massique au travers de la section de surface verticale d'un "tube
courant". L'approche la plus simple est d'exploiter la loi de la statique pgz
gaz pour donner une formulation simple de PA et P B en fonction de s le local-feu ou un local en communication:
hauteur z. Par convention d'écriture, nous noterons dans ce qui suit:
n doit exprimer fpdz de façon plus compliquée que sous la forme
• PI : pression intérieure au local considéré, au niveau du sol.
g z car p varie avec z. Les hypothèses de milieu intérieur homogène
@ PE: pression'extérieure à ce local, au même niveau.

353
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement ysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

(dans un local où le feu est assez puissant pour que le milieu gaze lication: relier T et p. En effet, dans un modèle global de feu, il est
soit bien brassé), ou de milieu constitué de deux couches homogènes ( mode d'exploiter l'équation d'état (des gaz parfaits) de la façon
uniforme dans chaque couche), permettent des expression linéaires ante: le système d'équations du modèle fournit T;. (t), où i repère un
p en fonction de z que nous allons exploiter. me fini (une zone de gaz) dans le local. Si l'on admet
: p = c te = prT , il suffira pour obtenir Pi (t ) de connaître T;.(t) et la
• La pression au niveau du sol, Pr, ne saurait être une donnée sauf lo.
d'une expérience où on la mesure ! Dans les modèles de feu de local, ur (supposée) constante de la pression dont on connaît la valeur

.
calcule Pr à partir de la relation entre p , pression moyenne spati iale. Notons au passage qu'on suppose de plus que r reste constant,
dans le local et l'énergie interne U du gaz dans le local selon: r= R dépend de la composition molaire, puisqu'on admet :
M
1 r
P =-- u « "" c te , pour utiliser pT = c te .
V �
qui vient de l'équation d'état des gaz parfaits et de l'expression de l'énergil' hypothèses sont causes de toutes petites erreurs pour un feu de local
interne des gaz parfaits avec une température de référence nulle. V est if ouvert" et apportent une simplification agréable en supprimant une
le volume du milieu gazeux du local. Les modèles globaux de feu, présent. tian dans le système.
plus loin, utilisent des équations de bilan sur l'énergie interne qui, pf
intégration sur la variable temps, fournissent U(t). Si Pr est connu avant fi, p varie de 10 Pa dans la durée du feu, et qu'on pose p T= 101325 Pa au
feu (nous verrons comment dans un paragraphe suivant), on obtient Pr(t) Îi de 101335 Pa, l'erreur sur p T est de 10-4_ L'influence de la
l'aide de: jt,,
jfk' pagation de cette petite erreur au cours de l'intégration sur le temps est
Pr(t) = aU(t) où a est une constante
1
t contre difficile à évaluer !
Pour des feux dans des locaux ouverts par portes et fenêtres, la valet!. tains modèles présentés plus loin (chapitre 13) ne font pas
absolue de (Pr - PE) reste très faible devant la valeur de la pressio!
atmosphér�que: quelques Pa e:1viron par rapport à 101325 Pa. Quand
_
f proximation pT = c te , et ceux qui traitent de feux dans des locaux peu
feu a attemt une certame pmssance (10 kW comme exemple pour
pièce courante d'environ 30 m3 percée d'une porte), Pr devient inférieur j'·
unt erts ne doivent pas la faire: p peut y varier de plusieurs % ou
ieurs dizaines de%.
PE· Ceci implique qu'en partie basse d'une ouverture verticale, l'écouleme� enons aux expressions de débits au travers de l'ouverture. Pour
gazeux est entrant dans le local. En partie haute de l'ouverture, lj; enter l'utilisation pratique des relations introduites, nous allons
différence de pression s'inverse à cause de la contribution des terme\ ·ser l'hypothèse que le local est occupé par deux couches de gaz,
en: g (p int - Pext} z, qui viennent de l'équation de la statique des gaz, �• tifiées, ce qui permet d'arriver à des formules simples. Cette hypothèse
l'écoulement y est sortant. Un écoulement à deux courants (l'un entrant el à la base des modèles de zones présentés plus loin dans ce livre
apitre 13).
partie basse de l'ouverture, l'autre sortant en partie haute de l'ouverture)
est ainsi très fréquemment observé. A une certaine hauteur danj faut souligner auparavant que les formules approchées tirées de
l'ouverture, on observe une vitesse nulle. Le segment horizontal sur lequt plication de la loi de Bernoulli donnent de bons résultats si on compare
la vitesse est nulle dans l'ouverture est appelé la "ligne neutre" ; �, débits calculés et les débits mesurés sur des feux expérimentaux.
hauteur par rapport au sol sera notée ici ZN, nous l'appellerons hauteiif
neutre.
?#

Il faut souligner que ces faibles différences de pression - qui ont donc deJ:
origines : la variation temporelle et spatiale de l'énergie interne dans r,
local-feu et la variation de la pression avec la hauteur - peuvent conduire à
des débits massiques importants au travers d'ouvertures verticales (pa;?:
exemple 1 kg· s-1 pour une porte ordinaire) et à des flux élevés d'enthalpif
des gaz effluents (des centaines de kW au travers d'une porte ordinaire). ·.,
Ces petites différences de pression sont donc des moteurs puissants. Si
c'est sur elles qu'on s'appuie couramment pour calculer les débits passant
par l'ouverture, il n'empêche qu'on les néglige souvent dans une autre

355
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

7 .. 1 ..2 Calcul des débits traversant largeur de l'ouverture est notée W.

une ouverture verticale d"un local s le local feu : l'indice 1 renvoie à zh, zone haute du premier local,
ice 2 à zb, zone basse du premier local.
en feu, dans l'hypothèse s un volume en communication (second local) : l'indice 3 renvoie à la
de deux couches de gaz stratifiées l'indice 4 à la zb de ce local.
T2, T3, T4 ,, sont uniformes dans chaque zone 1, 2, 3 ,4.
Dans le local-feu on admet donc qu'une zone "froide" se trouve sous u débit massique qui quitte la zone i pour la zone j sera noté mij. On
zone "chaude" stratifiée. La température dans chaque zone de gaz y
uniforme (mais non pas constante). Dans un volume en communie pose ici que le flux de matière arrivant dans une zone reste dans cette
avec le local-feu par une ouverture supposée ici unique, on fait la mê
hypothèse d'existence de deux zones. s supposerons d'abord que la zone 3 (zh du local en communication
Pour simplifier l'écriture des expressions le local-feu) n'existe pas : dans ce local p et T sont supposés
introduire les notations : rmes ; ce peut être le "monde extérieur infini".
• ZA est la hauteur de l'allège de l'ouverture (nulle si c'est une porte), s allons d'abord reconnaitre quels sont les débits mij à calculer selon
• ZL est la hauteur du bas de linteau, onfigurations logiquement possibles des écoulements en fonction des
rs relatives de :
• ZN est la hauteur neutre (où 11p = 0),
ZA, ZN, ZD, et ZL
• ZD est la hauteur de l'interface qui sépare la zone basse (zb) de la z
haute (zh); la lettre D est l'initiale de discontinuité : à cette haute tons qu'on a toujours ZL > ZA, et que ZN peut en principe avoir
l'évolution de T et de p est vue comme discontinue dans un modèle porte quelle valeur.)
zones, alléger l'écriture, introduisons encore
• ZP est la hauteur du plafond du local feu. : débit massique total entrant dans le local feu.
Ces hauteurs sont définies à partir du plancher : débit massique total sortant de ce local.
volumes. La figure 7 .1 présente ces différents termes.
men des combinaisons logiques mène à la liste de cas suivante :

Liste de situations géométriques possibles


Si ZA < ZN< ZL,
vA=O vB;<O
pB
uteur neutre dans l'ouverture : écoulement à deux courants opposés (à
pA
ntre-courant").

wt
• ZD(ZA
rh.14::i= 0

l Figure 7.1
Représentation schématique
d'un tube de courant, pour
rh.24 0

• ZA ( ZD ( ZN
�.�, ......."·····-····..·····�.... � ----�
-
appliquer la formule de Bernoulli rh.14 *0
rh.24 0
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYS
et son environnement TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
3 - Physique du feu pour l'ingén
hysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

• ZA ( ZN ( ZD ( ZL
• ZD ( ZA
rÎi41 * 0
rh42 = 0
• ZA ( ZN ( ZL ( ZD ( ZP
• ZA ( ZD ( ZL
m1 4 = o m41 o

2) Si ZN< ZA • ZL ( ZD ( ZN
min 0
rÎi41 = 0
rÎi42 * 0
On o?�erv� alors un seul écoulement, sortant du local feu (au foyer a li
une mJe�tion �e m sse de gaz, et la température élevée des produits

combustion " dilate les volumes gazeux) : cette situation est possi
1
• ZN ( ZD ( ZP
temporairement.
m4 1 = 0
• ZD ( ZN
rh42 *0
m1 4 *0 12 situations logiquement possibles. Pour chacune, il
rh24 0
t exprimer les rhij non nuls.
.., ZN ( ZD ( ZA patience de l'ordinateur est exploitée pour reconnaitre à chaque instant
rh14 *0 as à traiter et calculer ces débits dans toutes les situations identifiées.
s ne développerons donc pas le calcul pour chacune des situations
rh24 = 0 · sagées, et nous nous limiterons à la présentation de situations
rantes.
a ZN ( ZA ( ZD ( ZL
façon peut-être paradoxale, nous insisterons sur la situation d'avant le
*0
rÎi14 , encore non envisagée, pour les raisons suivantes
m24 * 0
Le calcul à l'aide d'un modèle global doit être bien commencé : en
• ZL ( ZD ( ZP particulier, les équations d'échanges et de bilans doivent être satisfaites
à t = O. Pour les satisfaire, on admet un état stationnaire des échanges
rh14 = 0 de masse et d'énergie sur la durée: t E ]-oo,0], à partir duquel on calcule
rh42 0 les variables d'état à t = O.

3) Si ZL < ZN A une situation avant démarrage du feu dans laquelle le milieu gazeux
est bien mélangé (une seule zone dans le local) correspond,
mex 0 formellement !, une situation "opposée", celle où le feu est devenu assez
Le seul écoulement de débit non nul est entrant dans le local feu (un puissant pour que tout le milieu soit (à peu près) homogène comme
suppression dans le volume extérieur au local peut avant le feu, mais à température élevée. Cette situation chaude sera
temporairement, cette situation). envisagée pour présenter, plus loin, le modèle NAT.

358
359
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQ 3 - Débits massiques échangés entre un focal en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingéni et son environnement

érence de pression entre intérieur et extérieur s'écrit :


7 .1.2.2 Situation précédant le feu
Dp(z) P1 PE9(P2-P4)z

z 'bit massique sur l'élément de hauteur dz est


hauteur
sous plafont

bas
du linteau intérieur soit pour : ZN < z < ZL, qu'il faudra donc intégrer

neutre
intérieur calcul du débit massique entrant se fait par intégration de z = ZA à
haut -ZA-w-______.....,.=,c.a,,,J&; N de la différentielle :
de l'allège

P, p
· gration de la différence des champs de pression fournit :
Formule

A p � p intérieur- pextérieur

Figure 7.2 - Situation dans un local avant le feu :


hauteur en fonction des champs verticaux de pression dans le local et à l'extérieur,
de part et d'autre d'une ouverture verticale, z=f(p)

La figure 7 .2 donne le schéma des champs de pression avant le feu.


Supposons d'abord que la température de l'air est uniforme dans (7.5)
local: T1 = T2 • Une seule zone gazeuse interne est à considérer. ssions dépendant des pressions au sol et des masses volumiques
a} si T4 = T1 = T2 T, c'est à dire si la température est la même dans 1 n peut introduire à la place de ZN :
milieu gazeux, dans le local et hors du local, la différence (7.6)
ZN
verticaux de pression de part et d'autre d'une ouverture est
(P1 - pgz) - (PE - pgz) à une hauteur z, soit:
le membre de droite des expressions précédentes.
D p(z) p1 P E , uniforme sur l'ouverture.
conservation de la masse dans le volume interne du local implique :
Si cette différence est non nulle, c'est qu'un réservoir autre que le local, o
le monde extérieur, 4 envoie ou reçoit de la matière gazeuse d'un côté ou dm2
de l'autre de l'ouverture. Sinon, en ventilation naturelle, les débits au 0, soit :
dt
travers de l'ouverture causent vite l'égalité des pressions
Pr = P E alors : m in mex O , et ZN est indéterminé.
b) T1 = T2 et T4 *T 1; par exemple : T2 > T4.
n peut exploiter pour exprimer ZN :
Puisque T1 T2, on va considérer une zone gazeuse unique dans le local, à
aZL+ZA
température T2 • Les débits massiques non nuls sont : ZN=
l+a
min = m42 et mex m24

360
7 Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQ 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 • Physique du feu pour l'ingé et son environnement

où:
P i = P E - 0,626 (Pa)

rs que:
g ZL (p4 - p2} = 0,836 (Pa)
ZA+ZL
donc : ZN<---. e hauteur de 2 m, la différence des champs, de pression verticaux due
2
flottabilité sur cette hauteur dépasse le "décalage" entre PI et PE au
Si ➔ T4 : au du sol.
ZA+ZL
ZN ➔ différences de pression, très faibles, expliquent le schéma aéraulique à
2 tre courant:
On peut exprimer p1 selon z < ZN, l'air extérieur entre,

Pi
( aZL+ZA
+ 9 P2 P4 ) l+a
z > ZN, l'air intérieur sort.
timons maintenant le terme (q - pertes):
La condition T2 > T 4 doit être justifiée : on suppose qu'un corps de chauffe (q pertes) 0,167 x 1000 x 10 = 1,67 kW.
élève la température de l'air du local en apportant un terme source de
chaleur q. La satisfaction de l'équation de conservation de l'énergie calcul du terme "pertes" sera présenté dans le chapitre 13 consacré aux
entraîne: dèles globaux de feu. Le résultat final conduit à q # 2 kW, après calcul
termes pertes.

(Le terme "pertes" représente les flux perdus à cause des échanges
thermiques entre gaz et parois, et du rayonnement vers l'extérieur.)

Exemple numérique:
ZN
T 4 273 10 283 K p4 1,2473 kg· m-3
273 + 20 293 K p2 = 1,2047 kg· m-3 oulement est entrant dans le local, avec une vitesse fonction de z:
T2
d'où:
v(z) l ,,/(P E - P1) - 9 Z (p4 - P2)
p4

et: v(z)
0,966
ZN< z < ZL
0,9885 oulement est sortant, avec une vitesse dépendant de z selon:

Prenons ZA= l m et ZL 2 m. Il vient:


v(z)
ZA+ZL
ZN=l,4971 m � 1,500 m
2
1
et, avec Ca = 0,7 et W 1 m, g 9,81 m · , il vient: v(z)
mex = 0,617 kg·

362 363
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSI TÉ DE PHYSIQUE 3 Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'in ysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

Pour l'écoulement entrant, la vitesse est maximale à z = ZA et vaut: ZN

I
v( ZA) ,JzN - ZA 0,874 m-s-1
P4 .Jg (p4 - P2)

Pour l'écoulement sortant, la vitesse est maximale à z = ZL et vaut


ZN indétenniné
I
v(ZL) ,JzL - ZN = 0,911 m -s-1
P2 .Jg (p4 - P2) (a) (b) (c)
Figure 7.4 - Exemples de champ de vitesse au travers d'une porte
Un exemple de l'allure du profil de vitesse est donné à la figure 7.3 ; de
arcs de paraboles (dans la représentation z = f(v)) se rejoignent au point p est uniforme dans le local (à gauche), et:
vitesse nulle et de hauteur ZN. La continuité des tangentes en ce poi (a) ZN est au-dessus du sol ;
peut être établie (exercice!) à l'aide des relations donnant la vitesse v(z). (b) ZN est au-dessus du linteau;
(c) La température est la même dans le local et à l'extérieur: ZN est indéterminé.

situation de feu, chaque fois qu'on ne rencontre qu'une hauteur neutre


z plus loin le cas de deux locaux en communication), l'allure générale
hamp de vitesse dans l'ouverture est de ce type. La non-uniformité de
ans le local, ou dans un autre local - en communication modifie la
e des courbes.

-r:
Situation de début de feu
V
���,......, ·.;-,::.....•�-:-,· ;-:.._: ...\;_·•...·. .
""'I. -:�

Y-
--------·---·
Figure 7.3 - Allure du profil de vitesse au travers d'une ouverture verticale de local
(Température uniforme dans le local)

Selon les valeurs initiales des températures et de la pression, on Figure 7.5


Débits massiques au travers
observer d'autre allures du profil de vitesse. La figure 7.4 donne d'une fenêtre pour trois positions
exemples. relatives de la hauteur neutre
et de l'interface zone basse-zone haute
(cas a,b,c)

364 365
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQUJ: 'N,ITÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingénieur:; ,. Physique du feu pour l'ingénieur et son environnement

Les figures 7.5 cas a et 7.6 illustrent cette situation. (7.8)


La conséquence de la croissance du débit gazeux combustible injecté et du·
débit calorifique associé à sa combustion est d'abord de créer une
surpression dans le local, surpression limitée par le débit sortant par une.
grande ouverture. Cette situation où min = 0 peut durer quelques dizaines U1 = Pr - P E - g (P4 - P2) ZL
de secondes (la durée précise dépend du local, de l'ouverture, et deit U2 = Pr - P E - g (P4 - P2) ZA
foyers). Dans cette situation, PI est supérieur à JJE et p1 # p2 _
*
Si ZL < ZD: seul m24 est 0, la couche de gaz sous le plafond ne déborde
ZN n'est pas défini.
pas sous le linteau à cet instant. pposons que p2 = p4 = p ; ZN est déterminé et:
Supposons T2 > T4 (p4 > p2), le champ de pression externe est (cas a de m24 = cd W (zL - ZA) .J2p (Pr - P E )
la figure 7.5):
· ne dépend plus que de PI (si.JJE est donné).
flottabilité n'intervient plus dans ce cas.

Situations courantes durant le feu


est dans l'ouverture. De l'air entre et des gaz chauds sortent.

Si ZL > ZN > ZD > ZA (cas b de la figure 7.5 et figure 7.7).

ZP
Figure 7.6 - Exemple de champs de pression verticaux de part et d'autre d'une
ouverture verticale.
Situation de début de feu avec T2 � T4 (cas a) ZL
ZN �...������#tt...
p(z) = PE - p4 g z ; \i z
et le champ de pression interne est:
P(z) = Pr - p2 g z ; pour z < ZD
ZD
-�
ZA
et:
p(z) = Pr - p 2 g ZD - p 1 g (z - ZD) pour z > ZD. P(Z)

La différence de pression, à l'intérieur de la hauteur ouverte est: Figure 7. 7 - Exemple de champs de pression verticaux de part
Pint - Pext = (Pr - PE) - g (P2 - P4 ) Z et d'autre d'une ouverture verticale, durant le feu (cas b)
ZL �-----------
dm (z) = W f J2P2 [(Pr - P E ) - g (P2 - p4 )] Z dz
ZA

366 TB 367
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYS Tl= DE PHYSIQUE 3 Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'i ysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

pression intérieure
p(z)=p1 -p2gz; z(ZD (7.11}

p (z) Pr P2 gZ D - P1 g (z - ZD) z) ZD
pression extérieure:
p(z) = PE - P4 9 z (
f
r;: )1/2

rh14
2
cd wfg P1J(�;-1) (ZL - ZN)3 12
2-v4
- Cd W
3
/g p4
P2 - - 1 (ZD (7.12}
24
P2

m41 = ✓2 Cd W/g p4 /(1- Pi) (ZN - ZD)


ij
2 3 12

3 p4 ZN = PE - PI
V
g (p4 - P2)
112
et: rh42 =
2
✓2
3
Cd W /g p 4 (1 - P2 ) (ZN - ZA}3 12 (7.13)
PE - Pi + gZD (P2 pi) p4
ZN = -----------
g (p 4 -P 1)
et:

emples de valeurs de champs de pression de part et d'autre


ne porte ouverte

si ZL > ZD > ZN > ZA (cas c de la figure 7.5 et figure 7.8): figure 7.9 montre deux résultats de calcul relatifs à un feu de local
vert par une porte de 1 m de large et de 2,10 m de haut, à des instants
érents. Dp est ici la pression diminuée de 101325 Pa.

s l'exemple de la figure 7.9 (a}, la température des gaz chauds est de


°C, température de zone chaude. La frontière basse de zh, ZD, est à
m du sol et la hauteur neutre ZN à 2,20 m. Dans cette situation, l'air
érieur entre en parties basse et haute. Cette situation, transitoire,
espond à un "appel d'air" suite à une variation du débit de pyrolyse du
er; elle succède à la situation présentée à la figure 7.5.

xemple 7.9 (b) correspond à des situations plus courantes: ZNvaut 1,40
ZD un peu plus d' 1 m alors que la température est de 800 °C. L'air frais
tre en zone basse et haute, les gaz chauds de la zone haute quittent le
cal (voir figure 7.6(b}).

P(Z) variation de la pression extérieure sur une hauteur de 2,50 m est de


ordre de -30 Pa. Sur cette même hauteur, elle est à l'intérieur du local de
Figure 7.8 - Exemple de champs de pression verticaux de part
ordre de -20 Pa. La différence au niveau du sol, est de 5 ou 3 Pa, entre
et d'autre d'une ouverture verticale, durant le feu (cas c) ression extérieure et pression intérieure. Les différences entre les deux
ourbes de variation est au plus de 10 Pa environ.

369
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQ TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingé · ue du feu pour l'ingénieur et son environnement

Cas où la zone basse est peu épaisse -


Feu développé

a)

-30 - 20 D
0 PE OP (Pa)

p (z)

Figure 7.10 • Champs de pression verticaux de part et d'autre


d'une ouverture verticale, lorsque le local est (presque)
totalement empli de gaz chaud supposé bien mélangé

gaz chauds occupent alors (presque) tout le volume interne du local :

r�� -
b)
suppose ZD O. Les seuls débits non nuls sont m.14 et m.41 :
ri,14 -
2
'(! C, W,/g p1 ✓ 1) 3
(ZL - ZNj 1'
(7.14)

ules déjà rencontrées avant le feu, lorsqu'on a supposé uniforme.


Figure 7.9 st maintenant la zone zh qui intervient : on rencontre p1 et non P2 dans
Deux exemples de champs de pression de part de d'autre d'une porte ouverte expressions ci-dessus.
ZN= P 1 PE
dans une petite pièce d'habitation
(calcul à l'aide du modèle à deux zones FISBA, cf. chapitre 13)
9 (P1-P4)
a) TzH = 973 K, ZD = 1,50 m débits massiques m.14 et m.41 sont de l'ordre du kg· pour une
b) TzH 1073 K, ZD 1m verture de 1 m x 2 m et des valeurs de T1 dans la plage 600 °C à
La température extérieure est de 300 K 00 °C, comme on pourra le vérifier.
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingéni 'hysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

Tableau 7.1
H
7 .. 1 .. 3 Formule très simple pour feu intense Exemples de valeurs de A ✓ poour diverses ouvertures verticales
H
Le chercheur japonais Kawagoe ( 1958) a remarqué, dans les anné ea Cas ZA (m) ZL(m) W(m) A ✓ (ms12)
cinquante sur des expériences en grandeur de feux de locaux, que le débi 1 0,7 2,2 2,0 3,6
massique entrant dans un local où le feu est intense (les flammes occupen 2 0,0 2,2 0,8 2,61
une grande partie du volume intérieur), est de la forme: 3 1,0 2,0 1,0 1
m. in - a A ouv vr1 ouv'FI
(kg· s- 1) 4 1,0 6,0 0,2 2,236
où Aouv est l'aire (m2 ) de l'ouverture verticale, Houv sa hauteur 5 0,0 2,2 4,0 13,05
6 0,0 2,2 1,0 3,263
ou, avec d'autres notations
3 12
7 0,0 2,2 2,0 6,256
min = m41 = a W (zL - ZA) (kg· s- 1) 8 2,0 2,5 0,7 0,247 (imposte)
qui fait intervenir : W, la largeur, et le terme de hauteur ZL - ZA à la/}
puissance 3/2 comme dans les relations précédentes. a est un coefficient':
voisin de 0,5 (en unités SI: kg· s-1 • m-2 , 5) ur chaque cas, nous avons pris trois niveaux élevés de débit de
lyse mp
Kawagoe fut sans doute le premier à quantifier l'observation que la largeur!
et la hauteur d'une ouverture verticale ne jouent pas le même rôle sur leif
débit d'air entrant dans un local en feu. coefficient d'orifice Ca a reçu la valeur 0,7.
Nous avons retrouvé par simulation numérique à l'aide d'un modèle globaly
d
de zones que a valait de 0,50 à 0,55, en moyenne, sur de nombreuit othèse de régime stationnaire: nous avons admis de négliger m dans
scénarios de feu intense. dt
bilan massique devant les termes de flux de matière (fournis par NAT) et
culé les débits massiques entrant min et sortant mex en posant nulle la
H
Evaluation de la loi en A ✓ (pour le calcul du débit massique entrant; me algébrique:
dans un local par une ouverture verticale)
L'expression simple du débit massique entrant précédente est maintenant)
bien connue et reconnue par plusieurs auteurs comme valable pour lem. e méthode numérique de recherche de zéro a été utilisée pour trouver la
gros feux. Nous avons voulu en évaluer les limites pour mieux en fixer les:; ssion intérieure au niveau du sol, la température du milieu gazeux
,,{,

conditions d'utilisation dans des modèles (Curtat, 1987). Pour cela, deu�f erne Tétant donnée (de 20 à 1000 °C). Une fois Tet p connus, min est
hypothèses ont été retenues : celle de gros feux et celle de feux moinfi!¼•.
puissants avec zone haute stratifiée, et deux modèles ont été exploités (NA'JÎ, uit. On a examiné en fonction de T le rapport suivant:
H
et FISBA, CSTB).
min calculé / 0,5A ✓
Une seule zone gazeuse dans le local-feu
;i: yse des résultats obtenus:
Cette hypothèse est relative à la description de feux puissants où g�
chauds et flammes se mélangent, occupant presque tout le volume libre dtÎr plus faible valeur de mP (0, 1 kg· s-1) conduit aux meilleurs accords.
�cal. 1
ccord est le meilleur dans la plage de température 400 - 800 °C.
':f:(/,

Nous avons dans le cadre de cette hypothèse utilisé le modèle NAT (décrlj
au chapitre 13) avec lequel nous avons réalisé une série de calculs. SoiJ ccord est très mauvais pour l'imposte (dernier cas) où la solution n'a pu
ZA, ZL, W, la hauteur <l'allège, de linteau et la largeur d'une ouverture.
@i
Lf, obtenue que pour mP = 0, 1 kg· s-1. Le débit entrant est du même
tableau suivant rassemble les données. t re de grandeur que mP pour cette petite ouverture haute.

373
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour /'ingénie Physique du feu pour l'ingénieur et son environnement

Si le débit massique calculé min est très grand devant mp uv de 0,5 à 5 m par pas de 0,5 m
ouverture), l'accord est très bon. teur de linteau: 2 m et 2,4 m
Ceci montre qu'il est possible dans plusieurs cas de simplifier beaucoup les teur <l'allège : 0 et 1 m
modèles, tout en gardant une précision acceptable.
valeurs sont réalistes pour une p1ece d'habitation et des feux
Cet ensemble de résultats permet néanmoins de montrer qu'on peut iques" en accord avec l'hypothèse de stratification des gaz chauds.
accepter la formule (7.15) si:
alyse des résultats obtenus :
® Le débit de pyrolyse est petit (10 fois moins) devant le débit entrant min r la situation "fenêtre", l'accord n'est pas mauvais. Dans cette
exprimé selon la formule 7.15, ce qui est réaliste pour les foyers les plus uation, l'épaisseur de la zone basse n'intervient directement dans le
courants. cul des débits que lorsque ZD est plus grand que la hauteur d'allège.

@ La température des gaz chauds est dans la fourchette approximative la hauteur <l'allège est nulle (situation porte), la hauteur de la zone
400 °C - 800 °C. se joue sans restriction sur le calcul des débits.
r les cas 4 où le local contient surtout de l'air frais de la zone basse, on
@ L'ouverture unique a une extension verticale notable. Dans le cas o erve un mauvais accord.
plusieurs ouvertures verticales sont présentes, il faut tester la position
de la hauteur neutre par rapport aux cotes verticales de l'ouverture s pousser davantage l'interprétation des résultats de ces calculs, on
pour vérifier qu'il y a bien un débit entrant. Moyennant la satisfaction t avancer que l'utilisation de la formule (7.15) pour un feu "en deux
de ce critère, l'additivité de débits exprimés selon la formule 7.15 semble es" n'est intéressante en tant que formule générale que pour un modèle
fournir de bons résultats. l'on accepte une erreur de 20 ou 30 % sur les débits

® Si l'évolution du feu est très accidentée, la formule 7.15 ne conviendra


pas puisque toute instationnarité est exclue de cette approche, à limiter
donc aux feux "calmes". Cette dernière remarque s'applique aussi al.ll:
résultats obtenus selon la deuxième hypothèse.

Cas de deux locaux en communication


Feu non pleinement développé - Modèle à deux zones gazeuses
Dans ce cas, l'évolution verticale de la pression interne du local présente
par une ouverture
un point anguleux à la hauteur de l'interface ZD qui peut se situer au•
dessus ou au-dessous de la cote de la hauteur neutre ZN. le feu démarre dans un local communiquant par une porte avec un
cond local de taille comparable à celle du premier, on ne peut pas
Pour apprécier globalement quelle confiance on pourrait accorder à 11:l. nsidérer que ce second local est le monde infini : la pression et la
formule (7.15) dans ce cas plus complexe, de nombreux calculs de débit pérature vont varier au cours du temps dans chacun des deux locaux,
entrant ont été effectués comme précédemment. On a admis que la façon couplée. De plus, le premier local peut communiquer avec
variation de la masse gazeuse totale du local était négligeable devant 1 sieurs volumes, par exemple avec le second local par une porte et avec
termes de flux massiques. Le calcul des débits a été effectué par le module monde extérieur par une fenêtre. Le second local peut lui-même
VENVER du programme FISBA. muniquer avec d'autres volumes du bâtiment ou avec l'extérieur. Dans
Conditions des calculs conditions de communication aéraulique complexe, le calcul des
ps de température et pression passe par un modèle global d'échanges
TB = 293 K (20 °C) de bilans, tel le modèle CIFI présenté plus loin. Le calcul des débits
mp constant de 0,01 kg· s· 1 à 0, l kg· s· 1 par pas de 0,01 kg· s· 1 ssiques traversant, dans un sens et/ou dans l'autre sens, une
erture verticale, continue néanmoins de s'appuyer sur l'intégration du
Tzh de 573 K à 1173 K par pas de 100 K mp de pression différentiel, entre deux volumes de part et d'autre de
verture. Nous resterons ici dans d'hypothèse d'admettre deux zones
ZD de ZA à 2 m par pas de 0,5 m par local et donnerons un exemple qualitatif de l'évolution du

375
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu /TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingé hysique du feu pour l'ingénieur et son environnement

champ de pression de part et d'autre d'une porte commune à deux loca teur, entre z=O et z=ZL. Il s'agit donc d'une représentation z = f (p) qui
La recherche de la configuration de l'écoulement parmi de nombreu e l'avantage de présenter la hauteur verticalement. On trouvera des
possibilités (des dizaines) et le calcul des débits massiques m.ij po mentaires sur de telles configurations à la référence [Emmons, 1988).
s nous limitons ici àune analyse qualitative.
chaque situation, sont laissés àl'ordinateur.
cas (a) correspond au début du feu dans le premier local. La
Mentionnons que les configurations d'écoulement entre les pérature est uniforme dans chaque local ; la surpression dans le local 1
dépendent de :
al-feu), PE-Pi , cause un débit sortant de 1 et entrant dans le local 2,
• ZL et ZA (ici, ZA = 0), à:
rit= CdAµ-J2p (Pr - P E)
• quatre valeurs de la température:T1, T2 dans le local feu, T3, T4 d
l'autre local, local 1 ➔ local 2
Ap est l'aire de la porte et p la masse volumique du gaz dans le local 1,
• quatre masses volumiques associées aux températures par l'équati différente de celle du gaz dans le local 2, et voisine de la valeur avant
d'état : p1, P2 et P3, p4, . L'apport d'énergie dans le local 1, dû au feu, y a accru la pression
�enne et non (pas encore) la température de couche chaude : la zone
• deux hauteurs d'interface ZD1 (dans le local feu), ZD2 dans l'aut
te chaude n'est pas encore identifiée. Cette situation dure peu de
local. ps.

,- --
s cas (b) et (c) correspondent à des configurations qui peuvent durer des
ines de minutes. Examinons le cas '(b) : une couche chaude occupe
\ \
s de la moitié du volume du local 1 (en partie haute). Le profil vertical
\ \ pression dans le local présente une rupture de pente au point de
\
\
a «\
\ teur ZD : au-dessous du point D à la cote de l'interface, la pente est
che de celle du cas (a) ; au-dessus de ce point, la pente est plus forte (p
\ \ plus faible) que dans le cas (a). Le profil vertical de pression dans le
al 2 est pratiquement inchangé par rapport au cas (a). Au-dessous de
N N tersection entre les deux courbes, au point noté N, de l'air circule du
\ al 2 vers le local 1 (vers la zone basse et la zone haute du local 1) ; au
\ ssus de ZN, un flux de gaz chauds quitte le local 1 vers le local 2.
\ \
D ns le cas (c), une couche chaude s'est formée dans le local 2. Sa limite
D
\
érieure est notée d sur la figure. La différence avec le cas (b) est due à
ccumulation des gaz chauds produits dans le local 1, sous le plafond du
al 2.
ur les cas (b) et (c), on n'observe qu'une zone neutre.
cas (d) est plus compliqué : la zone haute chaude du local 2 est moins
(b) (c) (d) (e)
aisse, mais plus chaude, que celle du local 1 : d est au-dessus de D et la
te du profil de pression dans le local 2 est plus forte que la pente
Figure 7.11 - Exemple de champs de pression verticaux de pression respondante dans le local 1, alors que dans le cas (c) c'était l'inverse
dans deux locaux en communication on observait. Deux zones neutres apparaissent aux points N1 et N2, ce
complique beaucoup l'identification et le calcul des débits échangés.
tons du sol : de z = 0 à ZD, un flux gazeux circule du local 2 vers la
La figure 7.11 montre cinq couples de champs verticaux de pressio e basse et la zone basse du local 1 ; entre N2 et d, un flux gazeux
correspondant àdifférents instants d'un feu, repérés par (a), (b), (c), (d), ( ule de la zone haute du local 1 vers la zone basse du local 2 ; entre d et
Les courbes en trait plein sont relatives au local-feu, celles en tirets a un flux gazeux va de la zone haute du local 1 vers la zone haute du
second local. L'axe des abscisses porte la pression, celui des ordonnées 2. De d au plafond, un flux gazeux circule de la zone haute du local 2

376 377
TRAITÉ DE PHYSJQ 'RA/TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu - Physique du feu pour l'ingénieur et son environnement
3 - Physique du feu pour l'ingéni
et son environnement

dans le lo
vers la zone haute du local 1. Globalement, deux flux entrent
1, et un flux le quitte.
due
Dans le cas (e) une troisième hauteur neutre apparaît. Elle serait
l'existence d'un� couche gazeuse basse du local 1 plus froide qu � la c �u� présence d'ouvertures verticales et de fuites aérauliques fait que
Cette fois, quatre flux gazeux sont 1dent1fi e xistence d'une seule ouverture qui serait horizontale en plafond n'est pas
correspondante du local 2.
ts. Une telle config uratio n n'a pas été observ aliste pour le feu de bâtiment. Une telle situation est de plus difficile à
deux entrants, deux sortan
dans un feu expérimental. odéliser (instabilités).
atiquement, la situation à considérer est celle d'un exutoire ou d'une
émie, utilisés en désenfumage. Dans ce cas, des "amenées d'air",
Complications de ces modèles d'échange de matière entre zones turelles (ouvertures verticales en partie basse), ou forcées (ventilation
l'am�née
Certains des échanges décrits précédemment correspondent à écanique par un ventilateur) assurent pour le désenfumage un
gaz frais dans une couche de gaz chaud sous un plafon d : le � frais au
az écessaire flux d'air entrant dans le local, comme pourra le faire une porte
nant du gaz chaud . De meme , un fl une fenêtre ouverte.
tendance à descendre en entraî
chaud dans une couche plus froide aura tendan ce à causer un m �1;1veme ·calcul du débit gazeux au travers d'une ouverture du type exutoire se
mènes de mélan ge et d'entr aînem ent au voism age
ascendant. Ces phéno ·t très simplement à l'aide du théorème de Bernoulli et de la loi de
l'ouverture peuvent être approximativement décrits. atique des gaz, valable en principe pour un gaz au repos. Le champ de
ession ne variant qu'avec la hauteur selon cette loi, la différence de
ession de part et d'autre de l'ouverture est uniforme sur la surface de
lle-ci, alors qu'elle ne l'est pas pour une ouverture verticale, comme nous

7.1.5 Cas de plusieurs ouvertures verticales pression externe à la hauteur ZP est


P ex (ZP) = PE - P ex 9 ZP
thèse �'u
Dans un local percé de plusieurs ouvertures verticales, l'hypo
basse plus froide perme t d apphqu 1

zone chaude au-dessus d'une zone : au niveau de référence z =0)


ns précédentes pour obte ir dans chaq
sur chaque ouverture les relatio � _
ponda nt à la somm e algebn que des fl pression interne au même niveau ZP s'écrit :
zone un bilan massique corres
massiques concernant cette zone.
ZP
Pint(ZP) = Pr - 9 f pdz
0
: au niveau z =0)
on admet dans le local l'existence de deux zones gazeuses zb (masse
lumique Pb) et zh (masse volumique ,q,_), il vient
P ïnt = Pr - g p 2 ZD - g p 1 (ZP - ZD) (7.16)

11.p = Pint - Pext à la hauteur ZP, le débit massique sortant du local est
plement, si 11.p est positif:
(7.17)

Cct est un coefficient d'orifice encore voisin de 0, 7 pour des ouvertures


l'ordre du m2 .
tte expression du débit sortant semble valable à environ± 10%.

379
378
7 - Débits massiques échangés entre un local en feu TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE 3 - Débits massiques échangés entre un local en feu
et son environnement 3 - Physique du feu pour l'ingé • Physique du feu pour l'ingénieur et son environnement

V. Babrauskas, Ph. D. Thesis, Université de Berkeley Californie, 1978.


B.J. Mc Caffrey, et J.A. Rockett, "Static pressure measurements ofenclosure fires",
Un débit calorifique élevé ne peut être atteint que dans un local bi Journal ofResearch ofthe National Bureau ofStandards, p. 107, Vol. 82, n ° 2,
ventilé : par une porte ouverte (ou fermée, puis détruite) et des fenêtr septembre 1977.
ouvertes (ou brisées ou bout d'un moment). Pour un feu qui démarre d L.Y. Cooper, "An algorithm and associated computer subroutine for calculating flow
un local dont les ouvertures sont closes, la prise en compte des fuites through a horizontal ceiling/floor vent in a zone-type compartment fire model", Rapport
cependant à considérer pour plusieurs raisons : NISTIR 4402, octobre 1990.
M.Curtat, rapport CSTB à la Direction de la Sécurité Civile (Ministère de l'intérieur),
• le passage des fumées par des fuites peut contribuer à la fois Groupement Feu-Incendie-Sécurité, octobre 1987.
découverte du feu et à un enfumage des volumes interconnectés, H.W: Emmons, "Vent flows ", The SFPE Handbook ofFire Protection Engineering",
Section 1/chapter 8, 1988.
• la présence des fuites à une influence très forte sur l'évolution de
pression dans le local tant que dure le feu : elle peut, en cas de � J.B.Fang, "Static pressures produced by room fires", Rapport NBSIR 80-1984, mars
1980.
rapide, ramener la surpression à un niveau supportable par l'envelopp
B.S. Kandola, "Effects ofatmospheric wind on flows through convection roofvents", Fire
Dans une pièce d'habitation, les débits volumiques au travers de fuit Technology, p. 109, mai 1990.
créés par les champs de pression dus au feu peuvent être de l'ordre
B.S. Kandola, "Introduction to Mechanics ofFluids", The SFPE Handbook ofFire
10-2 m3 . s-1 à 10-1 m3 .s-1 alors que les débits échangés au travers d'u Protection Engineering, Section 1/chapter 2, 1988.
porte ouverte sont de l'ordre de plusieurs m3 · s·1 pour un feu intense.
K. Kawagoe, "Fire behaviour in rooms", Rapport n ° 27, Building Research Institute,
Les fuites sont localisées autour de l'ouvrant d'une porte fermée, a: Tokyo, 1958.
liaisons entre éléments de façade, entre façade et plancher, aux arrivées J.H.Klote, "Model ofa simple fan-resistance ventilation system and its application to fire
passages de câbles ou de canalisations..., ou bien diffuses. modeling", Rapport NISTIR 89-4141, septembre 1989.
Le débit massique, entrant ou sortant, suit globalement une loi en AJP1 K.D. Steckler, J.G. Quintiere, et W.J. Rinkinen, "Flow induced by fire in a
0,5< m <0,8. La valeur 0,5 correspond à des fuites assez ouvertes, et compartment", 19éme Symposium (International) de Combustion, p. 913, The
Combustion Institute, 1982.
valeur de 0,8 à de petites fissures.
K. Steckler, H.R. Baum, et J.G. Quintiere, "Fire induced flows through room openings -
Dans l'hypothèse des modèles de zones, il n'est pas utile d'intégrer le dé Flow coefficients", Rapport NBSIR 83-2801, mars 1984.
sur la hauteur pour une fuite horizontale, alors qu'il faut le faire pour u
Q.Tang et Y.Jaluria, "Flow through horizontal vents as related to compartment fire
fuite verticale. environments", Rapport NIST-GCR-92-607, juin 1992.
Remarque: Ph. Thomas et al., "Investigations into the flow ofhot gases in roofventing", Fire
On a supposé dans ce qui précède, pour appliquer la formule de Bernoulli, que Research Technical Paper n ° 7, HM Stationery Office, 1963.
vitesse était nulle en des points où le gaz n'est pas toujours en repos en réalité. C J.G. Quintiere, K. Steckler, et D. Corley, "An assessment offire induced flows in
approximation semble donner de bons résultats pour les applications au feu de lo compartments", Fire Science and Technology, Vol. 4, N ° 1, p.1, 1984.
mais constitue néanmoins une faiblesse de principe. Les approches plus rigoureu
passent par une application plus complète des lois de base de la mécanique d
fluides.

380 381
Chapitre

Transfert thermique
conductif

Rappels sur l'équation de la chaleur 8. 1


Aspects spéci..fiques aux problèmes 8. 2
de feu de bâtiment
Traitement de la conduction thermique 8. 3
dans les modèles de feux de bâtiment
Valeur des propriétés thermophysiques 8. 4
Résolution de l'équation de la chaleur 8. 5
Exemple d'application : 8. 6
conduction thermique dans un mur
TRAITÉ DE PHYSIQ 'É DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

Dans un local où se développe un feu, les échanges thermiques en


volumes gazeux et surfaces de solides sont généralement dominés par
rayonnement et/ ou la convection thermique. La conduction thermique
l'intérieur des milieux gazeux eux-mêmes a un effet négligeable dev
ceux de ces deux autres modes de transfert de chaleur. Le champ de1;
température dans un solide exposé au feu est quant à lui dépendant dut
flux thermique entrant par sa surface, et régi par le transfert thermique dû' r un milieu isotrope et homogène, la densité du flux conduit par unité
à la diffusion de la chaleur en conditions instationnaires. surface dans une direction Ox s'exprime couramment par la loi de
La modélisation et le calcul du champ de température dans un solide, e rier, l'une des lois "flux-gradient" phénoménologiques (cf. chapitre 3)
fonction du temps, correspondent à deux types de besoins:
q" i3T
Â,
ox (8.1)
• Connaître la température interne dans un solide pour, s'il e
combustible, prédire l'instant où la pyrolyse devient intense et, pour q" est la densité surfacique de flux conduit (W · m·2), ;J, la conductivité
solide non combustible, évaluer l'évolution de son comporteme mique (W · m·1 • K·1), et T la température en K. Pour un milieu non­
mécanique due à l'apport de chaleur. ope, 2 est un tenseur.
Pour un produit solide combustible, on utilise couramment un critè n�idér�ns en régime transitoire (champs de température non
purement thermique pour définir le moment où la pyrolyse devie t10nnaires) le transfert de chaleur dans un solide dans la direction d'une
assez intense pour permettre l'allumage. Ce moment est celui po ale à sa surface, selon un axe Ox, et par unité de surface normale à
lequel Ts, la température de surface exposée, dépasse une valeur-se L'accumulation de chaleur dans une tranche d'épaisseur élémentaire
empmque, *. La connaissance de Ts (t) implique le calcul du ch (et de volume L1x x l) due à la variation spatiale du flux de chaleur
interne de température (cf. l'allumage, chapitre 5). duit, s'écrit:
Pour un élément de structure ou de construction, on associe souvent
perte de stabilité à l'atteinte à l'intérieur de l'élément d'une températ (8.2)
caractéristique d'une variation critique de propriétés mécaniqu tion aux dérivées partielles où p est la masse volumique (kg• m·3), et
L'étude de la stabilité suppose ainsi une analyse thermique préalab
fournissant le champ de température dans l'élément. (J · kg·1 • K·1) la chaleur massique à pression constante.
tte rel<:tion exprime simplement que la densité de flux thermique restant
@ Dans un modèle global de feu de bâtiment, satisfaire des bilans globa mulee dans la tranche est égale à la différence entre la densité de flux
sur l'énergie du milieu gazeux (voir le chapitre 13). On vise dans ce rmique entrant par conduction et celle sortant par conduction. Si on
de modèles à calculer la température des gaz chauds et d'autr
ppose 2 constant, il vient
caractéristiques du milieu gazeux. Pour obtenir ces caractéristiques,
faut décrire les échanges thermiques relatifs au milieu gazeux
exploiter les équations de conservation, dont celle de l'énergie. La vale
de la température des surfaces intervient dans l'expression de ces
échanges ; pour connaître la température d'une surface de solide, on est
obligé de calculer le champ de température dans la masse du solide. i3T 2 -ô2-T
=a
Après des rappels sur les bases théoriques, on met l'accent dans a pep ox 2 (8.3)
chapitre sur les particularités des problèmes de conduction thermiq Â,
pour le feu de bâtiment, on évoque les problèmes qu'on rencontre po est la diffusivité thermique. a s'exprime en m2. s-1.
pep
décrire les matériaux, et on donne des valeurs courantes de propriét ation précédente est l'équation (de diffusion) de la chaleur sous la
thermophysiques. Deux méthodes numériques simples sont exposé me
_ monodimensionnelle. On peut lui donner facilement la forme duale
Enfin, sont présentés deux exemples de résultats de calcul du champ 1vante:
température dans une paroi.

384
385
ITÉ DE PHYSIQUE
- Physique du feu pour l'ingénieur
TRAITÉ DE PHYSJQUf
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingénieur sTRA 8 - Transfert thermique conductif

La densité de flux thermique conduit suit donc la même loi que la· Remarque:
température. Ceci provient du fait qu'on utilise ici une représentation approchée des phénomènes
réels qui sont responsables de la propagation : dans un réseau solide, transmission
La diffusivité a donne une indication sur la rapidité avec laquelle un solide d'énergie vibratoire, et, dans un milieu gazeux opaque, transmission d'énergie
répond à un changement de température. De faibles valeurs de a radiative.
impliquent qu'une longue durée est nécessaire pour modifier nettement la.
température dans le solide. La résolution d'une équation parabolique nécessite :

Toujours en régime transitoire (instationnaire), l'équation de la chaleur la connaissance de la fonction T dans tout l'espace du problème à t = 0,
s'écrit, d'une façon générale :
et celle de conditions de frontière (sur toutes les frontières du solide,
div(ÀgradT) + H = pep ôT (8.4) soit, pour un volume, sur l'ensemble de la surface enfermant le volume),
ô/; dès que t > O. Les conditions de frontière courantes qui conservent le
où l'opérateur divergence permet de prendre en compte la conduction dans caractère linéaire de l'équation de la chaleur sont du type : température
les trois directions de l'espace, et H est un champ de terme source ou puits donnée à la frontière (condition de Dirichlet), ou bien densité de flux
de chaleur. entrant par la frontière, soit donné (condition de Neumann), soit mis
Pour un solide, Cp � cv et sera noté c dans la suite. sous une forme linéaire en h (Tg - Ts) où Tg est une température donnée
de gaz et Ts la température de la surface frontière (conditions de Newton
Le tableau 8.1 donne quelques expressions courantes de l'équation de la. ou de Fourier).
chaleur.

Tableau 8.1- Formes de l'équation de diffusion de la chaleur pour quelques exemples G11oupes de propriétés :
(propriétés thermiques constantes)
a
La diffusivité thermique
�0<>1;â0:nnées ea11fîésienœs
L'équation de la chaleur est une équation de diffusion dont l'écriture fait
1-D Transitoire sans source de chaleur apparaître naturellement la diffusivité thermique a en m2 • s-1•
interne.
(mêmes unités que la viscosité cinématique 0.
2-D transitoire avec source ou puits de H L'effusivité thermique
�(ô2T 02T)- ôT
chaleur interne H, en W · m-3. ôt
pc + pc ox 2 + oy 2 Les solutions analytiques de problèmes avec flux entrant imposé (cf.
paragraphe 8.5) font apparaître le produit Àpc , nommé l'effusivité (en
w2 • s • m-4 • K-2). Ce produit de propriétés décide par exemple de la
1-D Transitoire sans source de chaleur montée en température de surface d'un matériau épais brutalement
interne soumis à un éclairement intense (cf. chapitre 5, l'allumage), et ceci tant
que le rayonnement propre de la surface est petit devant l'éclairement

l
énergétique. L'hypothèse du "flux entrant constant" permet un calcul
2-D transitoire avec source de chaleur
interne
; + :c [ �; 8};
( )
+ &; =
? 8: simple du moment de l'atteinte par la surface d'une température
critique d'allumage, à l'aide de formules explicites.
Pour des matériaux courants, la diffusivité thermique varie beaucoup
Cette équation est dite du type parabolique, tant que ôT -:t- O. Pour un moins avec le matériau que l'effusivité (cf. tableau 8.2).
ô/;
régime établi (stationnaire), l'équation devient elliptique et sa solution pour • Le rapport 'A/e (en W · m-2 • K-1)
une conduction monodimensionnelle donne un profil de température
linéaire. Elle n'est jamais hyperbolique, ce qui correspond au fait que la En régime établi, le champ de température interne ne fait plus
température ne se propage pas à une vitesse propre, à la différence des intervenir que deux caractéristiques du solide : la conductivité et
ondes hertziennes du rayonnement thermique. l'épaisseur, les températures de surface étant données ou calculées à
partir de la conservation du flux thermique, sans accumulation de
chaleur dans ce cas.
386 ::::::.:csrs :SCSTB · 387
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingén Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

quea àux . .
Selon la nature du problème thermique (description des sollicitations a
frontières, propriétés thermophysiques du matériau, épaisseur
matériau) et le moment considéré, l'un ou l'autre de ces trois groupes pe
jouer un rôle dominant. L'utilisation d'un programme de calcul po
résoudre l'équation de la chaleur permet de s'affranchir de la contrain u ... bltlmant
,,,., ' >
A.

d'avoir à deviner quelle solution explicite approchée est à utiliser pour


durée impliquée par le problème pratique, solution qui exploiterait
prévalence d'un de ces trois groupes. nstationnarité
sollicitation en surface d'un solide exposé à la chaleur du feu peut
teindre son maximum en 10 minutes et redevenir normale en moitis
ne heure. Pour une paroi en béton ou en pierre, par exemple, la
mpérature interne continuera à évoluer pendant bien plus longtemps. On
peut qu'exceptionnellement rencontrer des profils de température
tionnaires ; on se rapproche cependant de cette situation lors de feux
s longs à puissance constante et des parois peu épaisses.

amplitude des sollicitations


ux endroits les plus exposés d'une surface sollicitée par une flamme,
· clairement énergétique peut atteindre des valeurs très élevées telles
e 10 ou 15 W · cm·2 alors que l'éclairement solaire est de l'ordre
e 0,1 W · cm·2•

hsorptivité et émissivité (cf. le chapitre 10)


'absorptivité, notée ici a, et l'émissivité & reçoivent généralement dans les
adèles de feu des valeurs moyennes indépendantes de la direction et de
longueur d'onde. On peut en principe tenir compte de la longueur d'onde
actérisant la bande de longueur absorbée (valeur de a) ou émise {.sj, et
'finie en fonction de la température du rayonnement absorbé ou émis.
ur les matériaux courants, on doit se contenter le plus souvent

de l'hypothèse classique a = &,

d'une valeur approximative de & supposée constante, connue pour une


température voisine de 20 ° C.

variation de la conductivité du matériau chauffé


conductivité et les autres propriétés thermophysiques changent avec la
mpérature qui peut varier de 10 ° C à 800 ° C dans par exemple un béton

our des solides cristallins ou des gaz, une approche théorique peut rendre
mpte de lois de variations de  avec la température. Pour la plupart des
atériaux courants, la théorie est absente ; on doit se contenter de valeurs
mpiriques approximatives de Â. Lorsqu'il est nécessaire de faire varier Â,
s méthodes de résolution de l'équation de chaleur se compliquent (cas
on linéaires).

388
389
TRAITÉ DE PHYSIQU 'RA/TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour /'ingénie _ Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

Nous donnerons deux exemples marquants de variation de À: a connaissance de valeurs prec1ses des propriétés thermiques aux
iverses températures atteintes et la description des phénomènes i:r:iternes
• Pour certains bétons, À peut varier de 50 % entre 20 ° c et 800 ° C. on conductifs, tels la migration d'eau ou les changements d'etat, la
écomposition, les déformations thermo-mécaniques... deme�rent _ des
• Les fibres minérales, comprimées ou non, ne sont pas à chau roblèmes difficiles et font l'objet de travaux de base sur les phenomenes
seulement conductrices de la chaleur : convection et rayonnement ouplés.
donnent à la valeur mesurée d'un À apparent des variations très fortes.
Par exemple, entre 20 ° C et l000 ° C, À peut varier d'environ un facteur
six.
Un matériau peut être dégradé (carbonisation, fusion, ...) et même
disparaître: ce pourra être le cas d'une couche de mousse plastique rigide
qui se décompose et se trouve remplacée par une lame de gaz.
Lorsque le solide n'est pas inerte, sa pyrolyse apporte des termes non
conductifs au bilan sur la chaleur ; dans un matériau non combustible
d'origine minérale, des changements cristallins ou la migration de l'eau
génèrent des termes de production ou de consommation de chaleur. Ces
termes sources ou puits de chaleur sont représentés par H dans le tableau
8.1.

Masse volumique
On la suppose en général constante pour les solides. Le comportement des
matériaux intumescents ou des matériaux qui charbonnent en surface est
abordé par des modèles particuliers qui tiennent compte de l'évolution de
la masse volumique. Pour le béton, l'acier, le bois et les dérivés du bois
avant la carbonisation de surface, on utilise généralement la valeu
mesurée vers 20 ° C.

Chaleur massique
Pour les gaz et certains métaux, la variation de cP est connue. Pour les
solides courants, en général ;, varie assez peu avec la température et reste
dans la plage: 700 - 2000 J · kg- 1 • K- 1. Dans une démarche empirique, on
peut supposer que ;, demeure constant (égal à sa valeur à 20 ° C), et
reporter dans la variation mesurée de À la contribution due en fait à q,.

Présence d'eau dans les matériaux


Certains matériaux contiennent de l'eau. Le plâtre, les bétons, les dérivés
du bois par exemple, peuvent contenir en masse 5 ou 10 % d'eau qui peut
migrer dans le matériau et associer ainsi au transfert conductif: transport
de masse (et de chaleur) et changement d'état (L ➔ G et G ➔ L). Des
modèles plus ou moins évolués peuvent approximativement rendre compte
de cette migration d'eau.
A des températures élevées, l'eau liée à des cristaux peut de plus être
libérée par des réactions chimiques.

390 ECSTB 391


TRAITÉ DE PHYSIQU 'RA/TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingénieu - Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

Conditions de frontière
a température de l'air autour du bâtiment ou autour d'un local doit être
onnée. La température hors du bâtiment est supposée constante durant
feu. Ceci peut être localement faux sur une façade soumise au
yonnement et à la convection venant d'un écoulement externe de gaz
aud et il faut alors modifier l'hypothèse.
Ce paragraphe a pour but de présenter des aspects caractéristiques de a température de l'air (ou d'un ensemble air-fumée) contenu dans un local
problèmes rencontrés dans la modélisation de la conduction thermique en yant une ouverture ou une paroi commune, horizontale ou verticale avec
situation de feu : local en feu peut évoluer au cours du temps :
• définition des conditions initiales, . par apport de gaz chaud dans ce local,
• définition des conditions de frontière, par perturbation du champ de pression initial dont dépendent les débits
d'air entrant et sortant,
• tenir compte des dimensions du problème.
par apport de chaleur par conduction au travers de la paroi.
e dernier type de transfert de chaleur n'est à considérer que pour des
ux longs (des heures) si la paroi est en béton. Il intervient de façon non
égligeable dès les premières secondes si la paroi est métallique et/ ou
8.3.1 Conditions initiales
(Avant le feu) es échanges de chaleur par transport de gaz chauds du local en feu à un
utre local sont décrits par le modèle adapté à cette situation : un modèle
ulti-pièce" (cf. chapitre 13). La conduction de chaleur au travers d'une
On donne des valeurs initiales aux champs établis de températures dans oi commune peut donc être négligée dans l'échange entre les locaux
les solides. Pour justifier ces valeurs initiales, il faut les rendre cohérentes itoyens par cette paroi si le feu est court et la paroi épaisse et peu
avec les échanges énergétiques dans l'ensemble du bâtiment. La nductrice (épaisseur de 10 cm de béton pour un feu de 30 minutes, par
température de l'air (hors d'un local et dans celui-ci) étant elle aussi emple). Dans ce cas on doit cependant continuer de considérer la
donnée, il faut pour satisfaire l'ensemble d'équations relatives aux bilans fusion de la chaleur depuis chaque face de la paroi vers l'intérieur de la
sur la masse et l'énergie dans chaque local calculer la puissance fournie oi qui "prend" (en début de feu) ou donne (en fin de feu) de la chaleur
par un corps de chauffe imaginaire, qui satisfasse dans le milieu gazeux g : ux gaz. On peut supposer que le flux traversant le plan médian de la paroi
t nul.
dU dm
__
g = 0, et __ g = 0 (cf. chapitre 13) · la paroi est mince, très conductrice ou bien que le feu dure longtemps, il
dt dt ut coupler les équations d'échanges et de diffusion relatives à la
c'est-à-dire que le bilan global sur l'énergie et le bilan-matière global (le llicitation sur les deux faces de la paroi et au transfert interne causé par
débit massique entrant dans tout local doit être égal au débit massique s deux conditions de surface : le système d'équations est alourdi et la
sortant) doivent être nuls. ondition de frontière est "reportée" à la frontière du bâtiment au contact
e l'air dont la température est donnée.
Les algorithmes utilisés par les modèles globaux de feu utilisant des
"méthodes de tir", il est indispensable de bien démarrer le calcul global en llicitation thermique sur un solide particulier (foyer potentiel,
n'y semant pas de germe d'erreur susceptible de croître au cours du temps. éments de construction ou d'équipement)
Ce calcul initial, comme bien sûr le calcul au temps courant nécessitent 'écriture de la condition de frontière du côté sollicité par le feu dépend de
des conditions de frontières. nature et de la position de l'objet. S'il s'agit par exemple d'un revêtement
ince combustible collé sur une plaque de plâtre, la plaque de plâtre peut
e considérée comme d'épaisseur semi-infinie (infinie dans le sens du flux

392 393
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transferl thermique conductif 3 - Physique du feu pour /'ingénie Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transferl thermique conductif

thermique entrant dû au feu, cf. paragraphe 8.5) pendant quelqu


minutes. Pour des durées plus longues, on devra considérer l'ensemb Les dimensions du problème
multicouche du revêtement et de son substrat, avec une éventuelle lame d
gaz, et les conditions de frontière de l'autre côté de la paroi.
r une fraction de paroi où la sollicitation est (et demeure) uniforme, on
Une autre configuration peut être celle d'un poteau. Si le poteau est ass ut faire l'approximation d'une diffusion mono-dimensionnelle de la
long et chauffé uniformément (cas d'un feu généralisé dans le local), o aleur, dans la direction normale à la surface plane exposée.
peut poser que le flux de chaleur parvenant aux extrémités du poteau
ur un poteau cylindre sollicité selon une symétrie cylindrique, la même
nul (hypothèse pessimiste !) et, si le poteau est métallique, supposer étrie sera utilisée pour la résolution numérique de l'équation de la
plus que le flux entrant n'est qu'accumulé dans une masse à températu
aleur. Si un poteau "infiniment" long et très conducteur est sollicité
uniforme.
iformément à sa surface cylindrique, en sus de l'hypothèse de flux
Autre cas courant : pour prédire l'allumage d'un obj et massif (en bois o trant posé égal au terme d'accumulation, on peut poser que la
dérivé du bois) ou d'une mousse plastique de plusieurs cm d'épaisseur, o mpérature interne est uniforme. La dimension est alors "zéro" pour la
pourra faire l'hypothèse du "mur semi-infini". nduction interne.
l'opposé pour un solide dont la forme et les dimensions ne privilégient
cune des dimensions de l'espace, l'approche doit être tridimensionnelle.
lon l'obj et et la géométrie de l'échange de chaleur externe et interne, il
8.3.3 Expression des conditions de frontière ut donc voir le problème comme 1-D, 2-D ou 3-D pour traiter la
solution numérique. Dans la pratique, on se ramène généralement à une
scrétisation spatiale 1-D ou 2-D.
On utilise couramment pour les problèmes de feu une condition en densit
de flux entrant non constant. Supposons que l'échange convectif apport
dans le solide la densité de flux convectif net (loi de Newton):
h (Tg - Ts) en W • m- 2
Si: l'éclairement reçu est E, a est l'absorptivité, e l'émissivité, la densité
flux radiatif entrant net s'écrit:
aE- eaTs4
où a est la constante de Stefan-Boltzmann. La densité de flux entrant tot
estalors:
(
ëJ;nt = h (Tg - Ts) + & E - aT8 ) , si a =
4
&

Cette expression n'est pas linéaire en T8 De plus, h dépend de Tg et de T


Tg et E peuvent varier rapidement au cours du temps. La prise en comp


de la condition:
q.,, -À, ors
ent = &
(pour l'exemple d'une diffusion monodimensionnelle) est ainsi
complexe que celle des conditions de frontière classiques:
T8 = cte, ou bien:
q;nt = h(Tg -Ts) avec Tg donné, ou q;nt donné.
Les algorithmes de résolution numérique doivent de plus pouvoir "suivr
des variations rapides de q ;nt .

394
395
TRAITÉ DE PHYSIQU 'R,4/TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour /'ingénie - Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

polyméthacrylate de méthyle est un thermoplastique abondamme


nt
dié dans les laboratoires de recherche : il ne charbonne pas en brûlan
t,
ule peu et sa dégradation thermique est relativement simple à décrir
e.
s propriétés thermiques sont typiques de celles de thermoplastiques
de
nsité voisine de l'unité.
plâtre est un matériau très courant dans le bâtiment. Les propri
Sans viser à donner un catalogue de ces propriétés, ce paragraphe a po étés
ermiques sont connues aux températures normales pour divers types
but de situer les ordres de grandeur pour des matériaux de construction, de
lâtres. A des températures plus élevées, l'eau libre absorbée migre dans
combustibles ou non, qui doivent être considérés dans les échanges le
atériau et y change les propriétés thermiques apparentes : il faut
thermiques liés au feu. tenir
mpte des termes de puissance thermique liés au transport du
liquide et
Ces valeurs sont relatives à une température proche de l'ambiante sa vaporisation. Aux températures encore plus importantes
, les
20 ° c par exemple). olécules d'eau liées aux cristaux sont libérées ; à cette transfo
rmàtion
bimique est associé un nouveau terme énergétique.
Variation de la conductivité avec la masse volumique pour des s bétons lourds sont de composition diverses et les valeurs exacte
matériaux courants s de ,1
p dépendent du type de béton considéré, comme du taux
d'humidité,.
Pour une famille donnée de matériaux (bétons lourds, bétons légers, ...), A ur certains bétons lourds, on dispose de résultats de mesur
es de ,1 à
varie approximativement proportionnellement à p. Pour les bétons lourds : · érentes températures. Les bétons cellulaires ont une masse
volumique
 lus faible de l'ordre de 500 kg· m-3 et donc et une conductivité therm
# 0,9 10-3 en W· m2 • kg-i. K-i lus faible, de l'ordre de 0,3 W· m-i • K-i. ique
p
Pour l'ensemble des matériaux de la construction concernés par le feu s propriétés thermiques des métaux sont bien connues
à
(comme sources de combustion ou comme cibles), une loi approximative de empératures. L'acier couramment utilisé dans la constructiondiverses
a des
même allure permet de fixer l'ordre de grandeur des couples (Â, p). ropriétés qui dépendent un peu de la nature précise de sa compo
sition. La
eur très élevée de  permet de simplifier le calcul du
champ de
Exemples de valeurs pour des matériaux courants mpérature dans l'acier en supposant par exemple que
celle-ci est
· orme dans une section ou un volume.
Le tableau 8.2 rassemble quelques jeux de valeurs de conductivité Â,
masse volumique p et chaleur massique, notée ici c. absorptivité et l'émissivité de la surface des matériaux coura
nts non
étalliques sont généralement voisines de 0,8 - 0,9. Les valeur
L'air a des propriétés bien connues. La mesure de sa conductivité (sans s exactes
ur les longueurs d'onde associées à l'absorption ou à l'émission
convection !) a été effectuée sur une grande plage de _températur _s, comme ne sont
as connues en général. Pour les métaux, l'effet de l'état de
celles de sa masse volumique et de sa chaleur massique. C est l�isolant de
1
surface est
ominant. L'émissivité totale peut varier de 0,3 pour une surfac
référence dont on utilise les propriétés pour décrire la conduction dans une e polie et
ropre à 0,9 pour une surface rugueuse et oxydée.
lame d'air entre deux matériaux solides.
La valeur des propriétés d'une mousse polyuréthanne dépend de la
mousse : la masse volumique, la nature chimique et la structure du
polymère influent sur Â, p, etc. Les valeurs données ici sont typiques d'une
mousse très légère.
De même, les propriétés d'un matériau de protection fibres minér�es ne
sont pas toujours celles données ici. La masse volumique peut varier de
façon appréciable. La conductivité thermique varie nettement avec la
température.
Le chêne a été choisi comme représentant des divers'es essences de bois.
La conductivité a été mesurée perpendiculairement au grain. Pour
l'ensemble des essences de bois et dérivés du bois en panneaux, Â va de
0,10 à 0,30 W· m-i· K-i et p de 400 à 900 kg· m-3•

396 :CSTB B
397
TRAITÉ DE PHYSIQU /TÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour /'ingénie '.""" Physique du feu pour /'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif
B - Transfert thermique conductif

iques
Tableau 8.2. Exemples de propriétés thermophys
).,/pc J,,,pc
p C
Matériau 1
{kg• m-3) {J • kt • K- )
l

air 0,026 1,1 1040


(à 20°C) s méthodes de résolution sont de diverses natures :
��t!êSf
pdfm:éJ;lll;'lJl.iJe recherche de solutions analytiques : le développement en sene, la
panneau de 8,6 10-s transformation de Laplace, les équations avec nombres complexes, ...,
fibres minérales ont été utilisées pour fournir des solutions exactes dans nombre de cas
0,,17 2380 8,9 10-s particuliers. Le livre de Carslaw et Jaeger (1] est une référence de base
chêne
pour les approches analytiques.
PMMA
(polymétha­ 1190 1420 1,1.10-7 3,2.10 5
0,19 méthodes numériques : les méthodes d'éléments finis (interpolations
crylate de entre des points où la fonction a une valeur donnée) ou de différences
méthyle) finies (discrétisation des opérateurs de dérivation) ont été exploitées
plâtre 700 840 pour la résolution de l'équation de la chaleur. Des méthodes modales
1900 permettent un calcul rapide de la température après la définition
bétons denses 0,8 - 1,4 900
à 2300 numérique des modes prépondérants caractérisant la réponse d'un
acier 78$0 460 solide donné soumis à des conditions aux limites fixées.
n sus de ces méthodes visant à fournir le champ de T(t), il faut signaler
existence de méthodes numériques différentes utiles au traitement de
roblèmes particuliers liés au comportement thermique des solides :

Les méthodes d'identification, qui ont pour but d'attribuer aux


propriétés thermiques des valeurs efficaces pertinentes,

les méthodes inverses, qui visent à déterminer la densité de flux


thermique entrant à partir d'un profil donné (mesuré) de température,
sachant que la nature parabolique de l'équation impose des limites
strktes si l'on veut éviter les divergences.

xemples de résolution numérique de l'équation de la chaleur en


égime transitoire
e domaine des méthodes de résolution est très vaste. Nous nous
imiterons à deux exemples :

chéma numérique explicite aux différences finies (1-D)


'équation de la chaleur est discrétisée au niveau de la dérivation par
apport au temps et par rapport aux variables d'espace. Pour une fonction
x), il existe de nombreuses manières de discrétiser f' (x) et f" (x), en
tilisant des différences finies avant, arrière, centrale, moyennée, ... et en
xploitant le développement en série de Taylor. L'exemple donné ici
orrespond à une discrétisation très simple, au choix d'une approche
xplicite (où les températures nouvelles sont données directement à partir

399
398
TRAITÉ DE PHYSIQU TRAITÉ DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour l'ingéni 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif
8 - Transfert thermique conductif

et s'appu· · Sur la première demi-tranche:


des températures anciennes, sans itération ni calcul matriciel),
·
sur un maillage régulier (figure 8 .1). c Ax Ti (t + At)- Ti{t) = q" (Ti - T2
[ l e (densité de flux entrant) - Â ), densité
p 2 At Ax

Q � 1 � 1 . 1 I :: i1: 1 . 1 . 1j
1 1 de flux conduit.
Si nous donnons à q; une expression de type convectif, q; = h (Tg1 - T1 ),
i: où Tg1 est la température du gaz au contact de S1 ,il vient aisément:
sl-1---------------------------------------e------------------------------------------l
82

r,(t+M)=2Fo [r,(t)+BiTg l +T,(t{2�o -1-Bi)]


Figure 8.1 - Exemple de schéma explicite
Ax
où Bi est le nombre de Biot, Bi = hi , qui représente le rapport entre la
Â
_es : n-2
L'épaisseur du matériau solide, e, est découpée en n . _tranc� . convection (dans le gaz) et la condu.ction (dans le solide).
d epruss eur .
tranches internes d'épaisseur Ax, et 2 tranches aux front1eres Une relation du même type est obtenue à la deuxième surface, non
Ax s:sur
. On a ainsi Ax = _e_ . La température est repérée en des noeud exposée, si l'on écrit une condition de frontière de la même forme, avec �
2 n-l et Tg2.
nombre de
les deux surfaces, et au milieu des tranches internes. Le
noeuds est égal au nombre de tranches. Ainsi, si Test donné à tous les noeuds à t = 0, si h1 et Tg (t),
i � et Tg2(t)
sont connus, on peut exprimer r; à chaque pas de temps, pour i = 1, ..., n.
Examinons d'abord les noeuds internes. Ceci est donc obtenu par le moyen d'une discrétisation temporelle (en pas
e�t exp�imée
La densité de flux entrant par conduction dans la tranche i de At), spatiale (pas de Ax ou
Ax
), et d'une discrétisation simple des
rature s aux noeuds 1-l et 1 et la
par le rapport entre la différence des tempé 2
distance Ax entre les noeuds,multiplié par  :
0
opérateurs !!_ et \ . Le temps-calcul est très court à cause de la
-Â Ti -TH représente 1
élI' 8 où Si est la frontière amont de la tranche.
-Â ôt ôx
simplicité des relations.
i à i+l). �a
On ex�ime de la même rr!nière la densité de fi� sortant_(�e
la puissa nce accum ulee par umte de surface . On conçoit que le calcul de Tsera en principe d'autant plus précis que Ax
différence entre les deux est
et At sont petits. Cependant, les erreurs d'arrondi font augmenter l'erreur
numérique totale pour des maillages plus serrés. Des critères de stabilité
du calcul font intervenir un lien entre Ax et At, qui dépend, qui dépend du
nombre de Fourier pour les noeuds internes,et du nombre de Biot pour les
ôT1 noeuds de surface. Il faut satisfaire la condition suivante:
représente pcAx-- •
ôt Ax 2 Fo Ax 2
M = <
Le schéma explicite correspondant s'écrit: a - 2a(l + Bi)
= t t On remarque que pour un maillage spatial 10 fois plus fin, on doit diviser
Ti(t + At)- Ti(t) - ;c ::; [2Ti (t)- Ti+1 ( )- Ti- 1 ( )] le pas de temps par 100. Aux écritures explicites (donnant Ti (t + M) en
'--,r--'
Fo fonction explicite des valeurs ti_ 1 , r;, 1\+1 à t), on peut substituer des
écritures implicites, où toutes les variables sont relatives au même instant,
aM ou bien semi-implicite si l'on pondère les écritures des deux types
ou Fo = est le nombre de Fourier local (construit sur Ax),
Ax 2 précédents dans une combinaison linéaire (schéma de Crank - Nickolson).
Dans ces deux derniers cas (implicite ou semi-implicite), il faut pour le
connues à
qui donne directement Ti à t + M à partir des trois températures calcul utiliser une méthode d'inversion matricielle.
t en:i - 1,i + 1,i.

400
=csrs 401
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

La discrétisation des opérateurs de dérivation peut être plus poussée qu'


en terme d'expression des différences finies ; on peut écrire d'autres typ
de conditions de frontière ; on peut introduire une variation de À avec T.
Enfin, le problème peut être 2-D, voire 3-D.

Mur semi-infini avec densité de flux entrant constant


Cette situation offre un intérêt pratique pour des situations d'exposition
matériau épais à un éclairement énergétique intense imposé et _co�st_
dans certains types d'essais de réaction au feu (tels ceux reahses
l'épiradiateur ou au calorimètre à cône).
On se donne la densité de flux entrant, constante. On suppose de plus q rès l'incendie de plusieurs immeubles du quartier du Chiado de
l'épaisseur du matériau est "infinie", pour la durée de l'exposition. _ sbonne (août 1988, cf. chapitre 12), plusieurs études ont porté sur
admet que les propriétés thermophysiques sont constantes. Le proble alyse des phénomènes impliqués dans l'évolution spatiale et temporelle
est 1-D. feu et en particulier sur plusieurs types de dégâts observés (ruine de
Soit rp la densité de flux entrant. T0 est la température initiale unifo ructures métalliques, écoulement des gaz chauds dans tout un immeuble
e plusieurs étages, rayonnement thermique d'immeuble à immeuble, ...).
dans tout le solide (profil plat jusqu'à t = 0). Le problème mathématique
es simulations numériques de l'incendie dans le premier immeuble en feu
le suivant: t montré que la température moyenne des gaz chauds y a été voisine de
or/J 0 r/J 2 0 ° C pendant plusieurs heures. Ce résultat de calcul (modèle CIFI du
-=a-- STB) a impliqué la détermination des échanges de chaleur entre gaz et
ot ox 2 ois et donc le calcul du champ de température dans ces dernières.
rp = 0 pour x 2 0 à t s 0 analyse physicochimique de la pierre épaisse constituant les murs a été
r/J ( x=O) = rp ectuée par des chercheurs portugais sur des échantillons recueillis après
sinistre.
s calculs du champ de température dans l'épaisseur des murs de pierre
La solution obtenue en utilisant la transformation de Laplace f: t permis de relier les observations effectuées sur le matériau aux valeurs
intervenir la fonction erfc: la température à diverses profondeurs en fonction du temps.
2 xf -u 2
erfc (x) = 1 - erf (x) et erf (x) = 1 e du, odélisation du problème
v Jr o
intégrale de la loi de Gauss. s parois des immeubles incendiés ont reçu pendant des heures un
port thermique radiatif (flammes et gaz chauds) et convectif

H �i
On arrive à: oulements des gaz chauds) qui a été evalué. Pour calculer le champ de
pérature interne à la paroi, nous avons posé les hypothèses suivantes
T(x, t )�T0 + ! •xp[- ::)-x•rlt;;;,)] La sollicitation est décrite en termes de densité de flux thermique
incident radiatif (on donne un éclairement énergétique) et convectif (on
En x = 0 (à la surface exposée), on obtient: donne une température de gaz et un coefficient d'échange convectif). La
température moyenne des gaz chauds au contact d'une paroi et
Ti(t) = T0 + rp ;- ✓ t rayonnant sur celle-ci a reçu des valeurs conformes aux
v Jr Àpc caractéristiques de cet incendie. Au vu de l'épaisseur optique
où T1 la température de la surface exposée. L'élévation de températ correspondant aux dimensions des locaux, le milieu gaz émetteur a été
T1 (t)-T0 est ainsi: proportionnelle à r/J, proportionnelle à ✓t , et inversem assimilé à un corps noir.
proportionnelle à ,J Âpc. Rappelons que le groupe Âpc est l'effusi
L'évolution temporelle de la sollicitation thermique a été grossièrement
thermique.
représentée par un plateau de la température des gaz chauds, qui
passe, dès le début du feu, de 20 ° C à la valeur constante choisie.

402 403
TRAITÉ DE PHYS/Q 'A/TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingén' Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

• Les caractéristiques thermophysiques des parois ont reçu des vale Les calculs ont été effectués sur ordinateur à l'aide d'un programme de
réalistes supposées constantes. résolution de l'équation de la chaleur utilisant un schéma explicite aux
différences finies où les conditions aux limites sont du type : densité de
• Les hypothèses précédentes conduisent à l'expression suivante de flux thermique entrant donné et variable dans le temps.
densité de flux thermique entrant par la surface exposée de la par
notée q; , dés que t > 0:

;s:emple de résultats
où: n a posé que le feu durait Sh, et que la température Tg des gaz chauds
h1 est le coefficient d'échange convectif du côté exposé au feu, alait 900 ° C et que leur émissivité était égale à 1.
T g est la température moyenne du milieu gazeux, s autres données d'entrée sont reproduites au tableau 8.3.
Ts1 est la température de la surface exposée (inconnue). a figure 8.2 représente l'évolution temporelle de la température à
lusieurs niveaux de profondeur, sur 10 h de durée.
Autres notations:
a est l'absorptivité de la paroi,
li est l'émissivité de la paroi,
E est l'éclairement énergétique, Données d'entrée pour un mur de pierre de 80 cm
a est la constante de Stefan-Boltzmann.
• température du gaz chaud: 900 ° C,
Si on pose: E = cr T 4, il vient, avec a = li;
g • éclairement dû au feu: 107343 W· m-2,
q; = h1 (Tg - T8 1 ) +lia (Tg
4
- Ts/)
• température de l'air côté non exposé: 20 ° c,
et d'après la loi de Fourier:

'Il
qe -
- 1
-A,
[of']
-
• coefficient convectif côté feu: 20 W· m-2 • K-1,
• coefficient convectif côté non exposé: 5 W· m-2 • K-1,

[of']
& n,Sl
• épaisseur de la paroi: 80 cm,
où est le gradient de température interne à la surface
& n,Sl • émissivité: 0,9,
selon la normale à cette surface. • conductivité de la pierre: 2 W· m-1 • K-1,
La valeur de q; dépend ainsi de la variable donnée en entrée Tg (t), • masse volumique: 2670 kg· m-3,
champ de température interne étant obtenu à chaque instant via
schéma aux différences finies par la résolution d'un système d'équations • chaleur massique: 1000 J· kg- 1 • K- 1 ,
bilan conduction-accumulation.
• taille du maillage: 400 tranches de 2 mm,
Sur l'autre face de la paroi on écrit une équation du même type e
supposant que pour un mur donnant sur l'extérieur, non exposé au fe • durée du feu: 5 h (18 000 s),
c'est de l'air à 20° C qui est au contact de cette deuxième surface. • durée physique de la simulation: 10 h (36 000 s).
• La définition des propriétés thermiques n'est pas aisée à établir de faço
précise: ces propriétés varient avec la température, selon des évolutio
que nous ne connaissons pas précisément. Nous avons retenu d
valeurs typiques disponibles pour une pierre calcaire.

404 405
TRAITÉ DE PHYS/Q RA/TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingéni - Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

1000 dizaines de % du débit calorifique des foyers passent dans les parois et
ne sont donc ni accumulés, ni transportés dans les gaz chauds. Des
900
parois plus isolantes et moins denses auraient ainsi conduit à des
températures de gaz chauds plus élevées que celles atteintes lors du
800
sinistre.
--TSl
700 • • -Tà 10cm
- Mur de béton de 10 cm
e:
-Tà20cm
600
a méthode de calcul est la même que celle utilisée pour l'exemple A.)
... 500
our donner un second exemple comparatif, nous avons supposé que la
e-,
400 ême sollicitation concernait un mur de béton beaucoup plus mince que le
récédent, 10 cm au lieu de 80 cm, et arrêté le calcul quand la
300 empérature de la surface exposée atteint 850 ° C.

200

100
Données d'entrée pour un mur de béton de 10 cm

0 • température du gaz chaud: 900 ° C,


0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000
t (si • éclairement dû au feu: 107343·W · m-2,

Figure 8.2 - Evolution de la température dans un mur de pierre de 80 cm, • température de l'air côté non exposé: 20 ° C,
exemple A
• coefficient convectif côté feu: 20 W · m-2 • K-1,
• coefficient convectif côté non exposé: 5 W · m-2 • K-1,
• épaisseur de la paroi: 10 cm,
Commentaires
• émissivité: 0,9,
• La température de surface atteint en quelques heures une valeur voisin
de Tg {Tg moins quelques dizaines de C). 0
• conductivité de la pierre: 1 W · m- 1 • K- 1,
• masse volumique: 2000 kg · m-3,
• A 10 cm de profondeur, on obtient au plus environ 500 ° C.
de température est élevé seulement sur les premiers cm. • chaleur massique: 1000 J · kg- 1 • K- 1,
• Après la fin de l'exposition, la température continue pendant des heure • taille du maillage: 400 tranches de 0,25 mm,
de croître dans la masse de la paroi.
• durée du feu: 1600 s,
• Pour une exposition de 5 heures, la profondeur concernée • durée de la simulation: 1600 s.
l'échauffement est voisine de 40 cm : on n'observe en fait peu d
différences notables entre les évolutions de température obtenues prè
d'une face exposée, selon que l'autre face est exposée ou non au feu.

• Le comportement mécanique de la paroi en maintient la stabilité.


type de paroi de forte épaisseur assure pendant des heures une fonctio
d'isolation thermique qui empêche la chaleur de passer vers un loc 'évolution de la température est donnée à la surface exposée, aux
mitoyen. De plus, la présence de telles parois cause un puits de chaleu rofondeurs de 1/8 de l'épaisseur (1,25 cm), au 1/4 de l'épaisseur (2,5
m), et à la surface non exposée.
important dans le bilan énergétique d'un local en feu : plusieur

406 407
TRAITÉ DE PHYSIQ /TÉ DE PHYSIQUE
8 - Transfert thermique conductif 3 - Physique du feu pour l'ingén· ... Physique du feu pour l'ingénieur 8 - Transfert thermique conductif

900..---�----r----,---,----,---,----,---,----,

800
H.S. Carslaw et J.C. Jaeger, "Conduction of heat in solids", Oxford Univers
ity Press,
Londres, 1959.
--T Sl
700
D.R. Croft et D.G. Lilley, "Heat transfer calculations using fmite differen

----
• • •Tàl,2 5cm ces equations",
-Tà2,5cm Applied Science Publishers Ltd, 1977.
• ••• •
600 -4-TS2 à 10cm

----
-- ---
ll-----+--.-.""..,.-1,
- ........:...::..:...+----+----IJ J.A. Rockett," Conduction in solids", in "SFPE Handbook of Fire Protecti
NFPA 1ère édition, 1990.
on Engineering",
500
J.C. Champoussin, in Sacadura et al., "Initiation aux transferts thermiq
ues", Technique
et Documentation, 1978.
400

300

200

..
100

0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
t (si

Figure 8.3 - Evolution de ta température dans un mur de béton de 10 cm,


exemptes

Commentaires
A environ une demi-heure, la température de la surface non exposée n'a
cru que d'une dizaine de degrés. A 1,25 cm, la température atteint plus de
600 ° C, et, à 2,5 cm, elle atteint plus de 400 ° C. Un ferraillage à ces
profondeurs serait concerné par les conséquences de son échauffement. La
comparaison avec l'exemple A montre la très forte influ_ence de l'épaisseur
sur le champ interne de température.

408
409
Chapitre

Transfert thermique
convectif

Généralités 9. 1
Etablissement de relations approchées en 9. 2
couche-limite sur plaque plane
Relations directement applicables au feu 9. 3
dans un local
Convection et rayonnement 9. 4
TRAITÉ DE PHYS
3 - Transfert thermique convectif
3 Physique du feu pour l'ing
3 _ Transfert thermique convectif

, . , le c�ntenu obilier et les parois sont normaleme


o al, 1 rur
Da duction de chaleur et de maf
ns un l c
umforn:- · �
température presque � ensemb le des différen
ces
i emenf:ans cet
gazeuse par un feu _cause r�p - . le milieu gazeux est m is
température, certrun:=s tr:�::� ��e 'débit de quantité de mouvem
e

s eurs
m o uvement par plu i
e
ces
t,. rto u � , 1 f ce . d'Archim ède et les différen
lié à la pyroly se e su
eneur d u local et
t?� en tre l'int érieu
· n qui· s'�- tablissent a l'� m tr plaques planes à te mpératures respectives T1 et T2, plongées dans
press10 .
es convectifs s ' effe
c tuen t ain si en e
l'extérieur. Des echanges th/rrrure s lides à leur contact. Les échange supposé immobile, de con ductivité 2, s ont séparées par une
régions gazeuses et l?s sur ace� � er es flux à incl d, on décrit la densité de flux the rmique surfacique conduit entre
chaleur par c?nvet:; �
he 1 e f nt artie des t m
;: 1: bâtim !nt (cf. chapitre 13). La prise plaques selon la loi de Fourier déjà rencontrée au chapitre
dans un modele g o e
r nécess aire à l'expression des T -T2
d ces éch ang es est en particulie t: À, 1
com pt e e
é pe rdus par gaz et so
lides qui permet des calcul
de c hal eu r gag n s et

température. 'un gaz est en mouvement le long d'une surface S, frontière d'un
. résentation et le calcul des ech le mouvement fait intervenir un nouvel échange thermique , entre
Ce chapitre aborde simpleme�t 1a rep 1 cal. Nous laisserons au lect surface, lié à l'établissement d'une cou che de gaz particulière près d e
feu de o
thermiques con.vectifs lors d un des ouvrages offrant des présentati a ct éris ée par de forts gradients , th ermiques en particulier. Le
r
intéresse- le som de consul te
. terons à l'exposé de "formules
de chaleur, dit convectif dans ce cas, est équivalent à un transfert
théoriques détaillées �t nous nou hrruque les modèles de zones (cf. cha
s
cel les "f au travers de cette couche-limite dont l' expression fait intervenir
1 ,.mge- m· eur". Ces relations sont _ t-calcul" . On y retrouvera certains
xpl oit vec u fru"bl e ,. cou . pérature du gaz "loin de" la surface (hors couche-limite) et T8,
chapitres 3 et 4.
n
1 3) e ent a
e présentés dans les ature de la surface, et l'épaisseur de l a couche-limite .
nom bres de sim ilitud
peut être mis en mouvement "forcé" par une différence de pression
- e, par exemple par un ve ntilateur. Si le gaz n 'est pas i nitialement en
ment et si Tg ":I:: T8, l'échange de chaleur s'effectuant à proximité de S
des variations locales de la température, et don c de la masse
·que, du gaz, et la force d'Archimèd e cause un mou vement , vers le
ou vers le bas s elon la valeur de Tg. Ce tte mise en mouvement
elle" est liée à la formatio n de la couch e -limite. Le mouve ment d u gaz
me nt à la surface est ainsi, s oit imposé (forcé), soit cau sé par la
ce Tg - T8 (conv ection naturelle), e t une couche-limite est créée dans
cas .
est la densité superficie lle de flux thermique perdu par le gaz et
par la surface, il est très courant de l'exprimer selon l' expression

(9.1)
est le coefficient d'éc hang e convectif entre le gaz et le solide. Avec q"
· m-2 et les températures en K, h est exprimé en W · m -2 • K- 1 .
loi phénoménologique très simple recouvre des phénom ènes
ges de masse, de chaleur et de quantité de mouvement qui sont
-s. Une analyse sommaire de la couche-limite pe rmettra d'éclairer
e peu la physique de ces phénomènes .

413
412
TÉ DE PHYSIQUE
3 - Transfert thermique convectif 3 Physique du feu pour l'ing ysique du feu pour l'ingénieur
---- _______:::3:_-_.Ti ra
'._'._
n fe,.,_rt thef7!1.�Ql1!!_(::onvectif
:::: _...s... '-:""

Le choix d'une expression appropriée de h est dépendant de trois asp efficient h est exprimable en fonction
prédominants
s �r�priétés du gaz: conductivité
e la cause du mouvement du gaz :relatif au solide thermique, masse vo lumique,
oslte;

::i Convection naturelle : loin de la surface, la vitesse est nulle


. es caractéristiques de l'écoulemen
moyenne macroscopique L'échange de chaleur et le transport · t gazeux .· regi
_ . me lam
inaire ou
matière gazeuse dû à la force d'Archimède s ont couplés. rbulent, vitesse '•
est noté T00
t des caractéristiques de la surface

· de la par01. solide : dimensions


a Convection forcée: un "mo teur" autre que la différence entatio
· n par rapport à l'éco ulement,
rugo sité.
tempér ature précédente met le gaz en mouvement global près de ait, ces propriétés interviennent
surface S en imposant une différence de pression. La différence en �oupes, sous la forme des
res adimensionnels. Ains1. , 1es . .
pression forcée causant le mouvement peut être due à un ventilate r elations c ourantes
issent généralement le nombre de d''mgem
- ene
comme à un "courant d'air" dû par exemple à un foyer (tir Nusselt, Nu, au lieu de h.
entraînement d'air dans les flammes), ou au vent. elons que Nu est défini selon

e la vitesse de l'écoulement: à de faibles valeurs hl


Nu1
l'écoulement est laminaire, c'est-à-dire que ses lignes de courant l (9.�
régulières et stables. Si la vitesse augmente , il apparaît, en aval d l est la longueur caractéristique de l'éch
ange {longueur d'une plaque
courte zone laminaire, des signes d'agitati on (fluctuations) pré eÏ�e d'un d'isque_ ou d'un tube) e
t l la conductivité thermique (qu
une zone très fluctuante (en vitesse et température) caractéristique d e egalement no tee k) du gaz. Nu inte 'o�
turbulence hydrodynamique. Si la vitesse est très élevée, la turbulen rvient en convection naturelle o
u
un effet do minant sur les échanges de chaleur entre gaz et surf:
solide.

@ les contraintes géo métriques de l'écoulement : la liberté de l'écoulem.


est plus grande le l ong d'une plaque que dans un tube. La présè
d'obstacles le long d'un écoulement plan, la rugosité de la sur
interviennent également.

Les caractéristiques de l'écoulement et de l'échange de chaleur conve


peuvent être établies à l'aide de modèles physiques qui mènent à
équations compliquées. Les "for mules pour l'ingénieur" que nous ail
présenter permettent un calcul approché du coefficient h dont l'expres
dépend donc de:

• la nature, naturelle o u forcée, de la convection,

• l'aspect, laminaire ou turbulent, de l'écoulement,

• la configuration géométrique de la situation d'échange


surface.
Ces formules sont à appliquer dans des volumes et sur des surfaces
une étendue spatiale où l'on peut admettre l'uniformité de la tempéra
glo bale du gaz et de la température de surface.

415
TRAITÉ DE PHYS/
3 Transfert thermique convectif 3 • Physique du feu pour l'ingé 3 - Transfert thermique convectif

Y.
A\ z

Ü
4 X

(cf référence [3}, Kanury, 1978)


i - -- ----- - --- - --------- --- _____ _..,.
x=O x=l
Nous allons introduire simplement des relations valables pour
écoulements laminaires parallèles à une plaque plane en exploit Couche limite (vitesse)
grossièrement - les lois de conservation de la masse, de l'énergie et d
quantité de mouvement.
Tt?'"
u(y) T(y)
ôu (x)

9 .. 2.. 1 Convection forcée

Soit une plaque plane horizontale, infinie selon Oz (cf. figure 9.1)
température superficielle uniforme et constante. Un fluide (ici un Ts
�--------------------------------►
s'écoule parallèlement à l'axe Ox et au plan (Ox, Oz) et arrive au traver x= O x =l
plan x = 0 à vitesse uniforme u (v"' et w autres composants du vect
00 00
,

vitesse v sont nulles par hypothèse). Si l'on examine le champ de vit Couche limite thennique
depuis la surface S : Figure 9.1 - Couche limite thermique
Plaque plane en convection forcée
• u est nul sur S,

• si l'on s'éloigne de S selon une normale on observe que u cr


régulièrement jusqu'à retrouver la valeur u"',

• l'ordonnée y à laquelle u retrouve la valeur u dépend de x: u = 0 pou!!


00
servation de la masse
x = 0 et u varie avec x selon une loi de croissance assez lente, a l'épaisseur de la couche limite pour une distance x = l depuis le bord
nous le verrons. plaque.
• La courbe d'équation y = f(x) telle que u retrouve la valeur u es 00
flux massique de gaz traversant une section virtuelle de hauteur 5 et de
frontière de la couche-limite de vitesse, notée 5 (x). fondeur z quelconque s'écrit en x = 0:
Considérons un écoulement stationnaire : vitesse et température en
point dépendent seulement de la position du point (et non du temps).
x = l, le flux massique au travers d'une section identique est le même
squ'il n'y a pas d'échange de matière avec la plaque et que le vecteur v
eure parallèle à Ox
rnx=O = mx=I au travers de la section ô(x=ijxz.
3 - Transfert thermique convectif 3 - Transfert thermique convectif

Conservation de la quantité de mouvement


Le flux de quantité de mouvement diminue lorsqu'on passe de x = 0 à x
de: pu"° (ô T z) est le flux massique en x = l
2 ô
u
Pu oz(u - "')
·:O ÔT
00 2 > ô, cas courant, on omet le facteur - }
ô
x=O x=l
ravers de la même section ô T · z , le flux massique se conserve entre
où est une estimation de la vitesse moyenne au travers de la sect et x = l. La variation du flux d'enthalpie entre x = 0 et x = l s'écrit:
2
précédente en x = l.
Cp
La diminution de ce flux qui correspond à une réduction de l'éner
cinétique de l'écoulement - est due à la viscosité dans la masse du gaz. x=l
utilisant la loi de Newton, on voit que ôu correspond à la force --- est utilisé pour estimer la valeur moyenne de Tg dans la section
iJy
cisaillement exercée sur la surface S. Si l'on approxime ôu par
13y 0/2
c T"' > T s, cette variation est une diminution qui correspond au flux de
qu'on pose que la variation de la quantité de mouvement est seulement
eur sur la distance Z. A l'aide de la loi de Fourier, il vient:
à la viscosité, il vient:
U2 ro
( élJ'\
l
P--ôz=2µ- u ce (Z z) -J-1
4 Ô iJy J s
d'où: · est le flux perdu par conduction pour le gaz.

estime iJJ' • selon: T - Ts comme valeur moyenne entre x O et x l.


00

0' I S oT/2
Ur;; l égalant la diminution du flux d'enthalpie au flux thermique conduit, il
Avec Rez nombre de Reynolds (rapport en force d'inertie nt:
u/l force de viscosité).

Conservation de l'énergie
stJ
o/""o
Nous allons maintenant écrire que le flux thermique de convection est pu00 Cp
flux conduit au travers de l'épaisseur d'une couche limite thermiq
avec l'expression précédente de ô:
définie de façon similaire à la couche limite (de vitesse) ô : la courbe ôr­
de la figure 9.1 représente, à x donné, la valeur de y pour laquelle 2 fi fi
µ!/6 yli3

température du gaz Tg, retrouve la valeur T00 , uniforme et constante, du r:::::- Cp


1/3
,JPUoc,
à son arrivée au bord de plaque et loin de S. Nous allons exploiter cette
la conservation de l'énergie en supposant que la variation d'enthalpie e
x = 0 et x = l correspond au flux de chaleur conduit entre la plaque (à T maintenant h = À- et l'expression du nombre de Nusselt, pour
le gaz (à r'°)' avec ici > T8. ÔT
enir finalement, en regroupant les propriétés:
On raisonne sur une section de hauteur o T (en x 112 113
quelconque. Nu 1 = 0,354Re1 Pr
e solution plus précise au niveau de l'écriture des bilans, exprimés 1c1
ossièrement, mène à un coefficient égal à 0,332 au lieu de 0,354.

418 419
3 Transfert thermique convectif 3 - Physique du feu pour nngé 3 - Transfert thermique convectif

Une telle expression du nombre de Nusselt (et donc de h) est valable obtenir des relations simples, nous allons ici confondre ]a couche­
régime laminaire. couche-limite thermique, imposant ainsi un lien entre les
Le nombre de Prandtl (rapport entre "force" de viscosité et "force" ps de vitesse et de température qui évite d'introduire trop
conduction) est couramment voisin de 0,7 ; on peut faire l'approximati ations. Cette confusion des couches limites entraîne Pr # l. On
de poser égal à 1 le terme Pr1 13. osera de plus que Tg varie linéairement dans o, et que u a un profil
gu1aire
. et vaut uM a' y=-.
0
2
la base de ces hypothèses, nous allons exploiter à nouveau les
ions de conservation sur la masse, l'énergie, et la quantité de
9.. 2 ..2 Convection naturelle ement, en exprimant très simplement les gradients.

(Conditions stationnaires)
servation de la masse: en x = 0, le débit massique ascendant est nul.
Prenons maintenant l'exemple d'une plaque plane, infinie selon Oz (fi = l, il vaut à peu près
9.2), à température Ts > Ta:; . Le milieu gazeux loin de la plaque est calme
vitesse macroscopique est nulle) et à température Tg T00 uniforme oz
constante. La plaque communique de la chaleur au gaz par convecti e débit massique a dû être amené par la composante v de la vitesse
(ou : conduction au travers d'une couche-limite thermique). A proximité allèle à Oy. Soit v la valeur moyenne de cette composante sur la
S, surface de la plaque, la température Tg est > T"° ; la masse volumiq · ère o et à la profondeur z. On doit satisfaire :
Pg p est localement inférieure à p,,, et la force d'Archimède crée pvlz = rhx=l
r I'g
écoulement vertical vers le haut.

· crit que le flux d'enthalpie gagné est égal au flux de chaleur conduit,
avec l'approximation que l'épaisseur moyenne pour la conduction de
ô
T eur est -
2
uM (Ts -T"')
p-oz C p (Ts -Ta) ) :::,lzÂ.--'-----'-
TA Ts 2 o/2
4y T(y)

/4 z
U M :z::;4 --
pC o
2

servation de la quantité de mouvement

l
n approxime le volume limité par J(x) selon oz , la force de flottabilité
2
Figure 9.2. Plaque plane verticale, convection naturelle : 'Archimède) sur ce volume est approximativement :
l
• profils de vitesse et de température dans le gaz, z
g(p - p) 5 2
"'
• approximation linéaire de ces profils
st la valeur moyenne de la masse volumique dans ce volume.

420 421
TRAITÉ DE PHYSI É DE PHYSIQUE
3 - Transfert thermique convectif 3 - Physique du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur 3 - Transfert thermique convectif

La force visqueuse sur la surface d'aire Zxz est approximativement: par les mouvements dus aux poches turbulentes. La turbulence
ente l'efficacité des échanges thermiques et le frottement aux
UM Ô
lzµ-- ces. On introduit alors une viscosité turbulente qui devient fonction,
2 2 des propriétés du gaz, des caractéristiques de l'écoulement lui-même.
ensemble d'approches statistiques, empmques ou physiques
. avec v = µ'
p) ment) fournit des équations que nous ne présenterons pas ici.
d 'ou,
( \ roche précédente, sur la base de nombres de similitude, peut encore
appliquée en écoulement turbulent et donne des valeurs approchées
ombre de Nusselt.
convection naturelle, intervient le nombre de Grashof. En convection
pu l
et, avec l'expression précédente de u M, on obtient finalement e, c'est le nombre de Reynolds ( Re1 = , rapport de la "force"
4
1
rtie à la "force" de viscosité) qu'on utilise.
1/4 [ 2 ( )] /
o "" 1,68 l ( a)\
V
� p
p"" - p formules approchées, citées aux tableaux 9.1 et 9.2 du paragraphe
g l
, ont une longue histoire expérimentale (plus de cent ans) et sont
2 . p 1 s de corrélations. Les corrélations obtenues en régime turbulent
où a -- , d.ff . . - therm1que et -
1 us1vlte a = Pr t de celles valables pour un régime laminaire par la valeur du
pep V p Cp µ
·ent numérique et par celle de l'exposant du nombre de Reynolds en
Avec le nombre de Grashof : ction forcée, ou du nombre de Grashof, en convection naturelle : ces
sants sont plus grands en régime turbulent (cf. tableaux 9.1 et 9.2).
\
g 13 (Poo - p) l=
r 3 /J 11T gaz parfait)
Grz gZ -- 2 pour un
pv
2
V

qui fait intervenir le rapport entre la flottabilité et la viscosité, on obtient


nombre de Nusselt
Relations utiHsées dans la pratique
Nui"" 0, 59 Pr1 1 4 Gr?f4

Une meilleure théorie conduit au coefficient 0, 555 au lieu de références [3], Kanury, 1978 et [1], Atreya, 1990 )
Rappelons que Pr1/4 est voisin de 1, ce qui peut simplifier la formule. distingue des valeurs locales notées Nux (à la distance x de l'écoulement
uis son point d'arrivée sur la surface) et des valeurs moyennes, notées
, valables sur l'ensemble de la longueur l.
s les formules données aux tableaux 9.1 et 9.2, les propriétés (2, v, p)
+ 7s
Ecoulements turbulents t évaluées à la température "moyenne" . Si on connaît la masse
9 .. 2.. 3 2
milieu gazeux (ou qu'on admet qu'il a les propriétés de l'air!), on trouve
Lorsque la vitesse devient élevée, c'est-à-dire lorsque le nombre s des tables des expressions de Â,(1), v(1), p(1). Pour une surface plane
. imensions finies (un mur par exemple, ou un rectangle de matériau),
Reynolds (en convection forcée) ou le nombre de Grashof (en convecti A
naturelle) devient plus grand qu'une valeur-limite, des tourbillons de t eut définir la longueur caractéristique selon l = ✓ , où A est l'aire de
diverses entraînent de petites poches de gaz - petites par rapport à rface.
dimension caractéristique - selon des chemins apparemment erratiq
par rapport aux lignes de courant laminaîres observées aux valeurs pl
faibles de cette vitesse. Lorsque la turbulence est établie, le mélange en
molécules de gaz par diffusion laminaîre devient négligeable devant c

422 423
EPHYSIQUE
3 - Transfert thermique convectif ue du feu pour l'ingénieur 3 - Transfert thermique convectif

Tableau 9.1 - Ecoulements forcés


s données des tableaux 9.1 et 9.2 ne sont pas exhaustives. Les références citées et
Ts =cte littérature spécialisée fournissent des relations utilisables pour d'autres situations.

laminaire (Re< 5.105) pie d.e calcul de h en convection naturelle sur une plaque plane
ale
laminaire (Re< 5.105) Nu1 0,664 Rei1 f2 Prl/3
'gime turbulent)
turbulent 113
= 0,1 3 [ g
3

(5.105 <Re< 108} Nui 0,13 (Gr Pr) 1/3


z (Poo - P) µ Cp
]
v2 Â
p
Nu =c (Re0 r Pr 113
, Re0

ReD C m

4 - 40 0,911 0,385
40 - 4000 0,683 0,466
4.103 - 4.104 0,193 0,618
4.104 - 4.105 0,027 0,805

Tableau 9.2 - Ecoulements libres (convec tion na turelle)


Ts = c te

Nui = 0,59 (Gr Pr)1/4

Nu1 = 0,13 (Gr P,j 1/3

laminaire, gaz au-dessus de la plaque


Nu1: 0,54 (Gr Pr)1/4
105 < Gr Pr < 2. 107
turbulent, gaz au-dessus de la plaque
Nu1 = 0,14 (Gr Pr)113
2.107 < Gr Pr< 3.10 10
turbulent, gaz sous la plaque
Nu, = 0,27 (Gr P,j 1/4
3.105 < Gr Pr< 3.10 10

425
TRAITÉ DE PHYSIQ !TÉ DE PHYSIQUE
3 - Transfert thermique convectif 3 - Physique du feu pour /'ingéni
hysique du feu pour l'ingénieur 3 - Transfert thermique convectif

le coefficient reçoit les valeurs suivantes, si h est en W · m-2 · K- 1 et les


9.3 Relations·· directemant pératures en K:

applicables au feu Plafond (Tg > Ts plafond)


Cplafond = 0,210
dans un local Plafond (Tg < Ts plafond) Cplafond .= 0,012
Murs cmur = 0,130
(cf référence [2}, Bukowki et al., 1989)

9 .. 3 .. 1 Convection naturelle 'intérêt d'une formulation unique de ce type est d'être aisément
ogrammable.
nnons quelques exemples de valeurs numériques de h :
Les formules qui suivent permettent de calculer h pour les échanges:
convectifs entre une zone de gaz chauds accumulée sous plafond et cinq
surfaces : le plafond (horizontal) et les parties des quatre murs au contact Paroi Tg h
de cette zone chaude. On suppose les écoulements turbulents (le feu est
Ts

assez puissant pour que la vitesse des écoulements soit grande) et la (K) (K) (W. m-2. K-1)
convection naturelle. Avec ces hypothèses, Nu est proportionnel à Gr1/3 Mur 283 293 3,3
donc à Z, ce qui entraîne que h n'est plus fonction de Z puisque h = À Nu . On Mur 4 00 800 6,2
l
définit les propriétés du gaz sur l'hypothèse de température moyenne Plafond 4 00 800 10,0
où i = 1, ..., 5. La conductivité thermique du gaz est Plafond 4 00 1000 10,1

exprimée selon:

À·1 = 2710
' - 4
(
Tg + T.Si
2
J 4
;s

Et la viscosité cinématique selon


4

J
Tg + T.Si
7
/ Convection forcée dans un feu de local
' 8 1 0 -lO (
2
V·1 = 71

qui correspondent aux variations de À et v pour l'air en fonction de la Des écoulements dus à des différences de pression imposées créent une
température. convection forcée. Le coefficient h peut atteindre 2 0 ou 30 W · m-2 · K- 1
pour des vitesses de quelques m · s- 1.
Pour le plafond :
L'impact d'un panache thermique sur un plafond cause un échange
À1 ( Gr1 Pr
h1 = cplafond -- convectif notable avec le plafond qu'on peut exprimer à partir de
)1/3

corrélations spécifiques de cette situation. Nous en donnerons un


l

Pour les quatre murs, on obtient une relation de la même forme pour hi., exempl�, tiré de résultats d'une étude de Seargent, 1987, [6]. Un foyer
h3 , �' hs avec un coefficient différant du précédent. En prenant Pr = 0,7 et débite Q W et produit une flamme qui crée un impact de gaz chaud à
en exprimant k et Gr, on obtient finalement : une hauteur z depuis sa source près du plancher. Introduisons une
113
( T s· -0,367
h; = cmur x 813 x - :
1
T
J l,
(Tg + Ts; ) forme adimensionnelle de Q, notée Q , selon :

427
TRAITÉ DE PHYSI 'É DE PHYSIQUE
3 - Physique du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur 3 - Transfert thermique convectif
3 - Transfert thermique convectif

. Q
=
Q C 05
Pzb CpzbTzb-.J9 z~,
no
où les termes p, q:,, T sont relatifs à la couche d'air en partie basse, nvection et rayonnement interviennent de façon concomitante sur une
zb. Avec Tzb 300 K, il vient : ace de solide. Si l'unité de surface exposée reçoit un éclairement E
uis une ou plusieurs sources), qu'elle absorbe aE, émet saTs4 et qu'elle
Q-- 1,1.1 06Q z 2,s au contact d'un gaz à température Tg, la densité surfacique de flux de
eur entrant s'écrit
La corrélation fournit
1 3 1 3
h= 52 :!J, 5 (Q)l/3 W · m-2 • K-1, soit :h# 0,5 z- / Q /
1
qui mène à: h = 31 W · m-2 • K- pour Q = 500 kW et z � 2 m.
surface
L'utilisation de cette relation ne concerne que la partie de la
plafond soumise à l'impact de panache. e expression définit la condition de frontière du problème de
uction pour le calcul du champ de température interne au solide (cf.
itre 8). Pour une surface exposée à un fort rayonnement thermique,
port de chaleur convectif est négligeable. Pendant la phase de déclin du
ou pour les surfaces moins exposées au rayonnement ou bien pour un
nd soumis à l'écrasement d'un panache, l'échange convectif l'emporte
néral sur l'échange radiatif.

A. Atreya, "Convective heat transfer", in SFPE Handbook of fire protection engineering,


NFPA, 1ère édition, 1990.
R.W. Bukowsk:i et al., "Techrùcal Reference Guide for the HAZARD 1 Fire Assessment
Method", NIST Handbook n ° 146, Volume II, Juin 1989.
M. Kanury, "Introduction to combustion phenomena", Gordon and Breach, 1975.
Sacadura et al., "Irùtiation aux transferts thermiques", Techrùque et Documentation,
1978.
Traité de Physique du Bâtiment CSTB, tome 1, partie D Mécanique des Fluides
W. Seargent, Mémoire de thèse (Ph.D.), Université de Californie, 1987.

429
428
Chapitre

Transferts radiatifs

Rappels théoriques 10. 1


Calcul des facteurs de forme 10. 2
pour des configurations courantes
dans le feu de bâtiment
Méthodes numériques 10. 3
Exemples de calcul l O. 4
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl 1= DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur 10 Transferts radiatifs

L'objectif de ce chapitre est de présenter les phénomènes de transfert guer un émetteur et un récepteur de rayonnement : chaque surface
chaleur par rayonnement thermique présents lors d'un feu de bâtime ces deux rôles. Ainsi, entre deux parois chaudes A et B, les flux de
en apportant des éléments de théorie et de modélisation, et en fourniss ur rayonnée de A vers B, et de B vers A, peuvent être comparables,
des valeurs tirées d'exemples concrets. ien très différents, selon la valeur des températures TA et TB (deux
à la même température n'échangent pas de chaleur), la
• Rappelons d'abord des informations données dans les chapi ration géométrique du système (la manière dont les surfaces se
précédents sur les effets du rayonnement thermique nt"), les propriétés des surfaces des matériaux (plus ou moins
o Le rayonnement thermique incident sur des personnes non protég· trices ou absorbantes). La conservation de l'énergie implique en toute
devient intenable en quelques minutes dès que l'éclairem eur de considérer tous les échanges radiatifs entre les éléments du
énergétique (l'amplitude du flux incident par unité d'aire) corresp tème et son environnement ; la prise en compte des apports
à quelques fois l'éclairement solaire sur une plage ensoleillée, qui pondérants sur un élément donné est en revanche suffisante pour des
de l'ordre de 1 kW· m·2• (cf. chapitre 2.) plications pratiques particulières.
o Sur des solides, tels des éléments de structure, d'équipement, d
mobilier... : par des effets mécaniques ou thermodynamiques dus milieu des échanges
l'élévation de température venant de la chaleur absorbée,
rayonnement thermique peut causer des dilatations, flux radiatifs échangés entre des surfaces séparées par un milieu
déformations, fissures, bris, ruines, fusions... et, même si s alement transparent ne dépendent que des caractéristiques
amplitude demeure faible, mettre hors fonction des appareils distant métriques et thermiques de ces surfaces. L'air pur est considéré
d'un foyer. sparent pour les distances impliquées par le feu de bâtiment.
□ Reçu par des objets combustibles, le rayonnement peut provoqu le milieu n'est pas totalement transparent, il influe sur les échanges
une extension spatiale du feu par allumage de nouveaux foyers, d tre surfaces en faisant intervenir d'autres caractéristiques, celles de sa
un local, dans un bâtiment, et d'un bâtiment à un autre. position, celles de son volume (forme, dimensions) et sa température.
i, si le flux thermique issu d'une flamme traverse un volume gazeux
Les sources de chaleur rayonnée tenant diverses espèces gazeuses et un peu de suie, ce milieu absorbe
A; e partie du flux, en diffuse éventuellement une autre partie, et transmet
Les flammes sont des sources importantes de rayonnement thermique dèf art de flux ni absorbé ni diffusé. Le volume traversé non transparent
que leur taille dépasse quelques décimètres. Empiriquement, on constaté'� de plus une source de rayonnement à prendre en compte si sa
que la puissance rayonnée par une flamme est de l'ordre de 10% à 40% du, pérature n'est pas faible. La présence d'un milieu non transparent
débit calorifique. eux introduit un volume en sus des surfaces en échange, et l'écriture
Le feu de bâtiment fait intervenir d'autres sources radiatives : des g équations d'échanges thermiques s'en trouve compliquée.
chauds non réactifs (issus des flammes) plus ou moins émissifs, ou d rayonnement thermique sollicite également des solides partiellement
solides chauds (chauffés par le rayonnement de flammes ou de gaz chau sparents, comme les vitrages : leur transparence décide du flux de
ou par échange convectif avec eux) comme par exemple un plafond ou eur rayonnée qui les quitte par leur face non exposée, et donc celui
cloison métallique. y est accumulé, les chauffe et peut conduire à leur bris et à la création
ouvelles ouvertures.
les échanges à considérer
Les surfaces (en toute généralité : frontières de solides, de liquides, ou actéristiques des échanges thermiques dans le feu de bâtiment
volumes gazeux) qui "se voient" échangent de la chaleur si elles ne s
pas à la même température. Certains des flux échangés sont négligeabl e transfert d'énergie qui ne nécessite pas un support matériel est
d'autres doivent figurer dans des bilans énergétiques en raison de 1 asi-instantané (sur les distances à considérer, de quelques m à
amplitude. Entre une flamme et une petite surface-cible initialeme quelques dizaines de m), par rapport aux temps caractéristiques des
froide, on pourra négliger l'apport de chaleur à la flamme causé par autres phénomènes (convection, conduction, réactions chimiques
rayonnement que la petite surface lui apporte, mais on devra évidemme globales... ). Mentionnons au passage qu'il s'agit bien ici de la
considérer le rayonnement que la flamme apporte à la petite surface si l' .propagation d'une énergie, dont la vitesse dépend des propriétés
s'intéresse à l'éclairement de la cible et à ce qui s'ensuit, un allumage électriques et magnétiques du milieu traversé (cf. les équations de
exemple. Entre des surfaces proches, de dimensions comparables, et à Maxwell), à la différence de la conduction thermique régie par une
températures dont la différence n'est pas très marquée, on ne peut pl équation de diffusion, où la vitesse d'avancée d'un front n'a pas de sens
théorique;
433
TRAITÉ DE PHYSIQUE OU BA TIME /TÉ DE PHYSIQUE OU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé hysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

• L'amplitude des flux de chaleur échangés est très variable dans l'espa □ la densité de flux radiatif incident sur S est l'éclairement
et dans le temps. Par exemple, la densité de flux thermique reçu p énergétique en W.m-2.
une surface peut couramment atteindre 10 à 15 W · cm- 2, et retomber
on ramène ces grandeurs à des surfaces, on fait apparaître des termes
dix fois moins quelques minutes plus tard. puissance à partir desquels on effectue des bilans qui serviront par
• Dans un local, il est rare que l'échange de chaleur par rayonneme mple à calculer la température d'objets exposés. D'autres grandeurs
thermique puisse n'impliquer que deux surfaces. L'échange radia rviennent:
entre deux surfaces qui ne se "voient" pas directement est ren facteurs géométriques exprimés à partir de grandeurs
possible par la diffusion de la lumière par les surfaces qui n'absorbe géométriques: distance, dimensions, orientation ;
pas tout le rayonnement reçu, qui "relaient" le transfert. Le cas
considérer en général est celui de plusieurs surfaces échangeant de des grandeurs optiques où entrent des propriétés et caractéristiques de
chaleur au travers d'un milieu gazeux et donc aussi avec lui. L'analy surfaces (opaques ou non), et de volumes semi-transparents ou
combinatoire montre que le nombre d'échanges à décrire croît vite a opaques, liées à l'émission, la diffusion, l'absorption, la transmission, et
le nombre de surfaces et de volumes considérés ! la réflexion de la lumière ;
@ Les équations de base sont non-linéaires par rapport à la températ la température dans les volumes de gaz et aux surfaces de solides (le
(lois en r+, où T est la température absolue) et font intervenir distanc · plus souvent opaques, à l'exception des vitrages), directement liée aux
et dimensions par des intégrations. Le choix d'effectuer des approch aspects optiques et énergétiques.
"pour l'ingénieur" facilite cependant les calculs. Ainsi, l'existence de 1
en r+ peut conduire à des simplifications notables: si T1 < T2 , alo
(Ti )4 << (T2) 4. Des termes en T1 peuvent alors être négligés, si
4

puissance rayonnée et la configuration géométrique de l'échange tilisation de grandeurs peu intuitives et de relations assez compliquées
permettent, comme dans l'exemple du rayonnement d'une "cible" 1 ve tifie un rappel de définitions et de lois, qui fera l'objet des premiers
une flamme 2. agraphes. Les références où nous avons beaucoup emprunté sont
stituées par la partie F du tome 1 du "Traité de physique du bâtiment",
@ On rencontre pour les calculs pratiques un problème de disponibili · nsacrée aux rayonnements électromagnétiques, le livre de Sacadura et
des données utiles. Les propriétés optiques (l'émissivité, 1 (1978, chapitre de M. Géry), ainsi que celui, volumineux, de Siegel et
caractéristiques d'atténuation) des surfaces et des milieux gaze ell ( 1981). Le choix a été fait de se limiter aux échanges radiatifs
(espèces gazeuses plus particules) sont le plus souvent connues cernant les surfaces de solides et les surfaces-frontières de volumes de
approximativement. , sans développer une description fine des phénomènes. En particulier,
.. gré leur intérêt pratique de principe, les aspects spectraux et
Les grandeurs physiques du rayonnement thermique ,i ectionnels ne seront qu'évoqués, en raison d'un manque d'exemples
crets liés au feu.
Parmi les grandeurs physiques impliquées dans les problèmes d'échangei;,
radiatifs, on trouve des termes de puissance, ou flux (W), et des termes d9 us présenterons ensuite le calcul des facteurs de forme (qui permettent
densité superficielle de flux (W · m- 2), correspondant à des pertes et desf quantifier le rôle de la configuration géométrique) et, sommairement,
gains. i pression des échanges entre surfaces en prenant finalement en compte

@ Citons les grandeurs suivantes, qui sont des puissances


-�:
ramenées 1
milieu gazeux de façon simple, pour des configurations rencontrées
s le feu de bâtiment.
1'
l'unité d'aire de surfaces impliquées dans des échanges radiatifs :
is nous évoquerons les méthodes de calcul numérique utilisées.
□ la puissance rayonnée par unité d'aire d'une surface S
l'émittance (ou exitance), en W.m-2, qui caractérise l'émissi m, des exemples seront donnés de calculs liés au feu de bâtiment, sur
thermique propre à la surface et directement liée à sa température ; base d'approches théoriques simples.
□ la radiosité (W.m-2) représente le flux radiatif quittant l'unité d'airÎ Remarque:
d'une surface S par émission propre et par diffusion. Ce terme e�­
donc égal à !'émittance, plus la partie non absorbée de la densité dl
Le chapitre 11, consacré à la fumée, présente les phénomènes d'atténuation de la
lumière dans ce type de milieu composé de gaz et de particules. On y trouve des
flux radiatif incident ; informations sur les caractéristiques de la fumée et les échanges radiatifs qui la
concernent.

435
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl É DE PHYSIQUE DU BATIMENT
1 O - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé sique du feu pour l'ingénieur 10- Transferts radiatifs

les flammes ou dans les gaz non réactifs contenant des particules
ensées, on trouve ainsi, superposées au rayonnement thermique
• u dû à la température de surface des particules, des bandes de
ences identifiées correspondant à des transitions énergétiques
ètes spécifiques des molécules de gaz. Dans la suite, l'accent est mis
le rayonnement thermique continu. Quelques informations sont
10 .. 1 .. 1 Nature du rayonnement thermique dant données sur les bandes d'émission (ou d'absorption) de
'cules dissymétriques courantes dans les produits du feu (C02 ,
... ). Le poids de la contribution de particules condensées présentes
L'émission de rayonnement thermique depuis la surface bornant un so les produits du feu est très important pour les échanges radiatifs,
est généralement décrite sous la forme d'une fonction continue de en émission qu'en absorption, et peut dominer largement celui de la
fréquence, la loi de Planck rappelée dans ce chapitre. Cette form ribution des gaz.
représente le comportement statistique des émetteurs élémentaires lié à
température de surface. éception du rayonnement thermique est ici vue comme la cause d'un
rt de chaleur tendant à faire croître la température, en surface et
Dans des gaz, on peut observer des échanges radiatifs dus à l'émission s la masse ; on ne considère pas dans le présent contexte des effets
l'absorption de photons qui s'effectuent selon les lois de la méc tochimiques ou photophysiques.
quantique. L'émission ou l'absorption d'un photon est associée à
changement d'état qui correspond à une transition énergétique discr'
c'est-à-dire à une fréquence. Dans le domaine des fréquences "thermiqu
(de l'ultraviolet à l'infrarouge, voir figure 10.1) les transitions énergétiq Classification des grandeurs physiques
portent sur des modes de vibration de molécule (dans l'infrarouge) et utilisées
"déplacements d'électron" (dans le visible et l'ultraviolet}. La symétrie d
molécules intervient sur leur comportement spectral ; ainsi, 02 ou N2
montrent pas de transitions vibrationnelles. ieurs grandeurs vont être introduites, relatives à l'émission, la
ption ou l'absorption du rayonnement thermique.
ne première classification concerne l'étendue du domaine spectral
a plage de fréquences ou de longueurs d'onde) associée à la grandeur.
domaine radio n distingue
10- 1
10-2 s grandeurs spectriques (ou monochromatiques), dérivées d'une
andeur G par rapport à la longueur d'onde (ou la fréquence) et
microondes 10·3
représentant la loi de répartition de G en fonction de la longueur d'onde
104 . (ou de la fréquence 0, et,
infrarouge 10-s es grandeurs "totales" qui sont relatives à l'ensemble du spectre de
Rayonnement
1 thermique 1 1O-s 1pm ayonnement thermique. Lorsqu'on ne prec1se pas, il s'agit
visible i 'néralement de grandeurs totales. Dans ce chapitre, nous utiliserons
ultraviolet i " "
10-7 rincipalement des grandeurs totales.
1O-a ne seconde classification porte sur la répartition spatiale du
10·9 ayonnement
rayons X
10-10
s grandeurs "directionnelles" sont relatives à une direction orientée
10-11 onnée de propagation (en émission ou en réception).
ensité, par exemple, sera définie depuis le centre O d'une petite
Longueur d'onde en m ce et selon un axe Ox.

Figure 10.1 • Le spectre électromagnétique

436 437
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIME TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingéni hysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

une sphère concentrique à la sphère de rayon unité de centre 0, de


@ Les grandeurs "hémisphériques" concernent l'ensemble des directio n R, l'aire découpée par le cône précédent est da = d.Q 1(2, ; compte
de l'espace dans lesquelles un élément de surface (assimilé à un éléme du rapport de similitude (R2-) entre les deux surfaces découpées :
plan) peut émettre ou recevoir du rayonnement. Ce qualificatif est om
lorsqu'on ne précise pas que la grandeur est directionnelle. 1

Pour les problèmes de feu de bâtiment, on utilise principalement de


émissivités et absorptivités (définies plus loin) totales et hémisphérique
au moins dans les modèles utilisés en pratique.

0
10 .. 1 .. 3 Grandeurs relatives au rayonnement
émis par une surface

Le flux énergétique émis


nJ
Figure 10.2 • Définition d'un angle solide élémentaire
C'est la puissance rayonnée dans tout l'espace par une source. Ce
d'énergie est exprimé en Watt et noté <P (selon la norme), ou bien Q ou M qf t dS l'élément de surface plane sous-tendant la surface ds, d'aire da,
par habitude d'écriture de nombreux auteurs ; bien que le point au-dessul
du symbole ne désigne pas ici une dérivée mais bien un flux, nou9 oupée sur la sphère de rayon R. Si R est grand devant les dimensions
utiliserons cette dernière notation. �, dS, on assimile d.A, l'aire de dS, à da, celle de ds, et on écrit :
#
ef@:-,
Depuis une partie de surface réelle assimilable à un élément plan, le flwf,
émis de façon isotrope est dit hémisphérique. Pour une source isotrope.
approximativement sphérique et de diamètre petit devant les distances qui:
interviennent dans le problème posé, on parle d'émission sphérique depuil maintenant dS est inclinée sur la direction Ox selon l'angle 0, entre la
une origine ponctuelle. male à dS et 0x, la surface projetée de dS sur un plan normal à Ox a
raire : d.Acos0. D'où :
Rappels sur les angles solides = dAcos0
d.Q (10.1)
R2
L'angle solide sert à exprimer la "fraction d'espace" vue depuis un point;
est nécessaire à la définition de l'intensité et de la luminance, et lié
facteurs de forme présentés plus loin.

Angle solide élémentaire 0. d!2 R 1 :>c..


dS
Il est noté d.Q. C'est l'aire de la surface élémentaire interceptée sur u ·
�, ....
(J '
sphère de rayon unité centrée sur un point 0, vue depuis ce point. La
de cette surface s'effectue selon un cône de sommet O dont l'ouvert n
(l'angle au sommet) est telle que la surface latérale du cône borne Figure 10.3 • Expression d'un angle solide élémentaire
surface découpée sur la surface de la sphère.

439
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIME /TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour /'ingénie
Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

Angle solide fini


L'expression de base précédente est intégrée pour obtenir l'expression d
la valeur d'angles solide finis. Donnons un exemple simple : le calcul d
l'angle solide sous lequel une source ponctuelle voit un disque de rayon
placé à une distance l. Le point-source est sur l'axe du disque. L'angl
solide s'obtient par une intégration rapide :

f
amax

.Q = 21r sina da =21r (1- cos amax)


a =O
ou bien:

.Q = 21r [1 _ h)
r2 + z2
Figure 10.4 - Définition de l'intensité énergétique

luminance énergétique (ou : radiance)

luminance Lox d'une source dS d'aire élémentaire d.A, dans la direction


Unité d'angle solide , est définie comme l'intensité de la source dans cette direction divisée
d.A', la projection de l'aire de cette source orthogonalement' à cette
Compte tenu de la définition, l'unité d'angle solide, le stéradian, ection ; d.A' = d.Acos 0. D'où :
correspond à la configuration géométrique où une aire de 1 m2 es
interceptée sur une sphère de rayon 1 m, par un cône dont le sommet es _ 1dA'
L Ox - ox , OU .· LOx _ lox
au centre de la sphère. -
dAcos0
Un angle solide sphérique vaut ainsi 4n (sr) et un angle solid
hémisphérique 2n (sr) : un élément plan voit le monde sous un angl 2
solide de 2n. L d <Pox
ox - ---='---- (unité : W · sr-1 • m-2 ) (10.3)
- d.Q dA cos0

n
L'intensité énergétique d'une source
X
Soit Ox une direction issue d'un point O au centre d'un élément de surfac
rayonnante.
L'intensité fox de la source est définie par :

_ d<Pox
Iox-
d.Q
où d<Pox est le flux énergétique rayonné dans l'angle solide élémentaire d
"entourant" la direction Ox. L'intensité s'exprime en Watt par stéradi
1
(W.sr- ), c'est une grandeur directionnelle, ici totale. On définit la fonctio
de répartition "intensité spectrique" par fox ,i = dfox / dÀ.

Figure 10.5 - Définition de la luminance

440 B 441
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATI TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferls radiatifs 3 • Physique de du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur
10 - Transfetts radiatifs

La luminance est en principe une g randeur directionnelle . Si la lumin n


est concentrée dans une seule direction donnée, on dit que
rayonnement est spéculaire. Si, à l'opposé, la luminance Lox @ n
indépendante de la direction Ox, le rayonnement est diffus, et on dit
sa source est "lam bertienne". La " loi de Lambert" est présentée ci- desso
La fonction de répartition "luminance spectrique" est définie par L
dL I d,l. "'
......
C:

X
X

L 'émittance
(appelée exitance selon la norme)
C'est la puissance d9' émise par un élément de surface dS, d 'aire dA, d dS dS
l' ensemble de tout es les directions possibles (soit, dans l'hémisphère r
par le plan tangent à dS en son centre), et ramenée à l 'unité d'aire . C' Figure 10.6 - Indicatrices de l'intensité énergétiqu
une grandeur hémisphérique, ici totale A. Intensité d'une émission diffuse (selon /a foi
e:
de Lambert)
d B. Intensité d'une émission non diffuse
M= cp (unité : W · m- 2)
dA
Quand l'émetteur est un corps noir, c' est-à- dire suivant la loi de Plan
on utilise généralement l a notation 11,f).
On définit " !'émittance spectrique" par MÀ, = dM / d,l.

Remarque: Grandeurs relatives au rayonnement


L'émittance correspond à la luminance intégrée dans tout l'hémisphère centré sur
reçu par une surface
La loi de Lambert
lairement énergétique
La loi de Lambert concerne un rayonnement diffus tel que la luminan
soit indépendante de la direction. Si Ion est l'intensité émise da t le flux d'énergie radiatif reçu par (ou: inci
dent sur ) l'unité d '
direction normale à dS : � sur face, et q�i _ provient de l'ensemble de toutes les direct/:::
lox Ion �bl_es (donc en general de plusie urs émetteurs). La "surface" est ici à
L= �derer co�me la grandeur géométrique : elle est caractérisée par sa
dA cosB dA 0:1, sa �aille, et sa forme , et non par la natu
re physique du corps
ou: n�u) qu elle bor�e. Le flux reçu ne doit pas êtr
e confondu ave c le flux
be par, ou celui entrant dans,
le corps physique. On l 'expnme en
lox = I on cos B (loi de Lambert) -2 (ou W. cm-2 ou kW. m-2).
On construit l'indicatrice de l'intensité en portant sur chaque direction
E =: d à) incident (unité : W • m-2J
issue de O sur la surface dS une longueur proportionnelle à fox • S (10.6)
source émettrice obéit à la loi de Lambert, l'indicatrice de l'intensité
une sphère tangente en O à dS. éfinit un "éclairement spectrique" par E = dE /
À, d,1,.

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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/ME /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingéni - Physique du feu pour l'ingénieur 10- Transferts radiatifs

Relation entre l'éclairement du récepteur et la luminance Les lois physiques de l'émission


de l'émetteur du rayonnement thermique
(pour des suifaces élémentaires, voir figure 1 O. 7)
La surface élémentaire d8.2 émet, dans la direction de d8.2 vers dS1 , autre e corps noir
surface élémentaire à la distance l, le flux:
d 2 (1)21 = L2 dAi cos 02 d.Q2 (par définition de la luminance) partir de considérations thermodynamiques, on peut évaluer la
·ssance thermique maximale qui peut être rayonnée par un corps à une
dA1 cos 81 mpérature donnée et pour une longueur d'onde donnée. L'émetteur idéal
avec: d.Q2 = , il vient: ui rayonne cette puissance maximale est le corps noir. On calcule
z2 ratiquement la puissance rayonnée par des matériaux réels, non noirs, à
artir de formules relatives au corps noir, où l'on introduit en facteur un
rme inférieur à 1, l'émissivité.
s lois ou formules de Planck, de Wien, et de Stefan, sont relatives au

oi de Planck
(L'indice supérieur o renvoie au corps noir.)

dM 0
ette loi exprime !'émittance spectrique notée Mf
= -- en fonction de
dJ
longueur d'onde et pour la température absolue T de l'émetteur:
Figure 10.7 - Expression de l'éclairement énergétique reçu par dS1 venant de dS2
2
21Z" hc J-5
M;.,0 = ----,-----c-- (en W · m-2 · µm-1 ) (10.9)
exp(�)-1
kJT
On note la symétrie des termes du dénominateur.
L'éclairement sur dS1 , d'aire dA i , correspondant est donné par:
cos 01 dAi cos 02 est la vitesse de la lumière dans le milieu considéré ( c = Ca/ n) et où c0
E=L est la vitesse dans le vide, et n l'indice optique du milieu,
2 z2 généralement celui de l'air, voisin de 1 ;
où cosOi vient de la définition de la luminance, alors que cos01 vient de est la constante de Planck: 6,6255. 10-34 J · s ;
l'expression de l'angle solide. est la constante de Boltzmann: 1,3805.10-23 J • K-1;
est la longueur d'onde, en micromètres ou microns (µm);
Remarques: est la température absolue, en Kelvirl.
- Li, dépend, ou non, de la direction.
- On note que la distance Z intervient au carré. Pour des surfaces finies, ll!i
dépendance de E à Z est plus complexe, comme nous le verrons dans l'expression de s trois lois suivantes découlent de la formule précédente.
facteurs de forme.

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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique de du feu pour /'in Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs
10 Transferts radiatifs

tte loi donne !'émittance totale d'un corps noir dans le vide en fonction
sa température absolue T, sur l'ensemble du spectre rayonné. C'est le
ultat d'une intégration de la formule de Planck sur l'ensemble des
gueurs d'onde.
(10.10)
a, constante de Stefan Boltzmann, vaut 5,67 10-8W · m-2 • K-4•

lation entre luminance et émittance


s d'une émission diffuse)
flux émis par un élément de surface dS dans un angle solide d.Q
tourant une direction Ox faisant avec la normale à dS un angle 0a pour
ression: d2 @0x Lox-dA cos 0d.Q.
s tout l'hémisphère défini par le plan tangent en O à dS :
d@= f cos0 d.Q = n L dA
fLox dA cos0 dil=LdA hémisphère
hémisphère
0 9 12 16 18 21 24 27 JO
À(µm) ne dépend pas de 0. L'aire de la projection d'une demi-sphère de rayon
té dans le plan de l'équateur est un disque d'aire égale à rc.)
Figure 10.8 _ Emittance spectrique en fonction de _Ja longueur d'onde,
pour plusieurs températures, selon la l01 de Planck
M= d@/ dA,

M=nL (10.11}
1'8 loi, du déplacement, de Wien
ur un corps noir au comportement lambertien :
déplace vers les
L'abscisse ;i,M du maximum de !J/P, M�, se . ittance totale 1VP du corps noir est une grandeurs hémisphérique. Le
par la re1atlon :
longueurs d'onde lorsque T croît. Ceci s'exprime nnement du corps noir obéit à la loi de Lambert. On a donc
;i,,M T= 2898 (µm · K) Mo
L=-- jl0.12}
Ji:

28 loi de Wien Mf pour 1a 1ummance


-- . spectnque.
Elle concerne la variation de Mfm avec T:
Remarque:
Mfm = B T 5 Les grandeurs précédentes (JJ, M, 10,, L0, sont ici totales on peut définir des
où B = 1,287 101- 1 w. m-2 . µm-1 • Ks) si 1 est en µm, et M �M est grandeurs spectriques correspondantes.

W · m -2 • µm - 1•

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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé ysique du feu pour l'ingénieur
10 - Transferts radiatifs

L'émission des corps réels, l'émissivité


Réception du rayonnement thermique :
L'émissivité e est le rapport entre !'émittance d'un corps réel et celle
corps noir dans les mêmes conditions de température, et pour la mê
réflexion, absorption, transmission
direction (si le rapport est directionnel). Ce rapport est inférieur à 1 p
définition du corps noir. e peut donc être total ou s pectriq
.partage de la puissance thermique reçue (loi de
hémisphérique ou directionnel. En pratique, la valeur de e dépend au Kirc hoff)
de plusieurs facteurs liés à la nature et l'état de surface du matériau.
<P le flux énergéti:iue radiatif incident sur une
L'émittance totale d'une surface réelle est donc fournie par: surface s de l'enveloppe
corps. Une fracti�n P de cette puissance est réflé
chie (renvoyée), une
Mr=eM> on a est absorbee en surface, et une fraction
_ r est transmise au
ers d1: corps et Ie qu1tt � par la part ie de la urfa ce
où l'indice r renvoie au matériel réel. enveloppe qui n'est
exposee. Ces troi_ s fractions sont .liées par :
s

De même, d'après (10.12), la luminance L0x d'un matériau réel lambertien


p+a+r 1
est liée à celle du corps noir par la relation (10.15)
0 est la réflectance,
0
L0 x,r = fiox L = Box [ : )
est l' abs orptance ou absorptivité,
où Box est l'émissivité directionnelle totale. r est la transmittance, nulle pour un corps totalement opaque, pour
Cas des métaux lequel : p + a = l.
Pour les métaux, l'émissivité spectrique diminue lorsque la longue ?�ut aussi définir des grandeurs monochromatiques
d'onde ;t augmente et croît avec T. L'émissivité directionnelle 1citement, p, a, et e, sont totales et aussi hémisphériques .
importante seulement dans les directions rasant la surface. remarque que a joue un rôle symétrique de celui de 8.

Cas des diélectriques (isolants)


Pour les diélectriques, l'émissivité spectrique augmente avec ;t dans le
proche infrarouge. L'émissivité directionnelle est à peu près constante sauf
dans les directions rasantes. Ces corps suivent a ssez bien la loi
Lambert.
lois de compo�e�ent, déjà évoquées, sont couramment utilisées
_
Influence de l'état des surfaces representer la reflexion
La rugosité des surfaces physiques, leur état de propreté comme le réflexion spéc�laire Les lois de Descartes décrivent le comportement
niveau d'oxydation peuvent modifier fortement l'émissivité des matéria .des s urfa�es l �sses et polies, généralement métalliques , à la base de ce
réels. e de reflexion. Les équations de Fresnel, d'où découlent les lois de
Matériaux courants du bâtiment scartes, reposent sur une approche électromagnétique et permettent
calcul de p,_
Pour des matériaux courants non conducteurs de l'électricité, l
émissivités totales restent généralement proches de 0,9 et, sinon, dans e on diffuse - On suppose généralement que la réflexion se fait par
.fl � .
domaine de 0,7 à 1. La difficulté de connaître précisément des vale ff�s10n lambertienne : la luminance du rayonnement réfléchi est
"effectives " de l'émissivité totale et hémisphérique, ou bien s pectriq dependante de la direction. Les surfaces rugueuses ou dépolies ont ce
n'incite pas à développer outre mesure la précision des calculs d'échan mportement.
énergétiques radiatifs.
'flexion s ur 1� plupart des s urfaces réelles a naturellement un
.
rtemen� qm n est pas aussi tranché. Pour éviter cependant un trop
alo:1rd1ssement des calculs, on retient généralement l'un de ces
modeles de comportement s ur la base d'observations empiriques. On

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/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
'hysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé

des lo tiquement, on assimile souvent les corps courants à des corps gris.
peut cependant en principe utiliser des modèles spécifiques avec me les composants d'un système d'échanges radiatifs émettent
tes ou celles de Lambe rt.
de réflexion plus complexes que celles de Descar vent un rayonnement dans des plages de fréquence différentes de
s du rayonnement que ces composants reçoivent, les valeurs
<:
enn�s de t: et de (sur les bandes spectrales concernées) ne sont pas
essa.1rement les memes. Une règle pratique est donc de considérer pour
que composant d'un système radiatif:
□ l'absorptance correspondant à la bande spectrale reçue et,
l'émissivité correspondant à la température propre du composant
(qui peut de plus varier au cours du temps).
ore faut-il disposer de la connaissance de t:1c (l) et en fonction de T
A B r pouvoir appliquer la règle précédente !
tements:
Figure 10.9 - Réflexion de la lumière, présentation de deux compor
- réflexion spéculaire (lois de Descartes},
- réflexion diffuse, selon la loi de Lambert
sorption dans les gaz
me nous l'avons dit, l'absorption de l'énergie thermique radiative dans
gaz f�t intervenir des transitions discrètes qui se traduisent
Relation entre absorption et émission roscop1quement par des bandes d'absorption. les figures 10.10 à
12 sont relatives à trois gaz courants: H2O, CO2, CO.
(une autre loi de Kirchofj)
èn
L'absorption du rayonnement thermique fait intervenir des phénom
que l'émission. Nous n'expo serons pas ici
physiques du même type
1
démonstration thermodynamique initiale de Planck qui conduisait pour K 1c /p (cm -1 . atm-1 )
oscillateurs classiques à l'égalité:
o,1sor-------------------------
t:1c = a1c (grandeurs spectriques)
ff n'
Pour les absorptions émissions quantiques, la relation de Kircho
plus exacte (cas de la fluorescence ou du pompa ge optique des lasers).

La relation sur les grandeurs totales ou loi de Kirchoff: t: = a est vraie


l'on suppose l'équilibre thermodynamique local. 0,075

Cependant: o,oso
• pour les corps noirs, t: = a = 1 (et p = 0, r= 0).
op2s
® on pose généralement que les matériaux
courants
sont gris c'est-à -dire que t: est indépendant de À, et qu'en général,
2800 3000
sont non sélectifs vis-à-vis de la longueur d'onde. Pour les corps
3200 3400 3600 3800 4000 4200
Nombre d'onde (cm -1 )·
gris:
t:1c = t: et a1,= a entraînent t: = a. Figure 10.10 - Coefficient d'absorption monochromatique
et, pour les grandeurs monochromatiques de la vapeur d'eau à 1000 K dans la région de 2,7 µm
(d'après Go/dstein, cité par Sparrow et Cess, référence [10])

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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé /que du feu pour l'ing?nieur 10 - Transferts radiatifs

é de flux absorbé à la surface d'un corps opaque


Absorptance o: ;, lairement énergétique est E, la densité superficielle de flux absorbé
15µ
1.0 4,3 /' renvoyé) est, écrite ici avec des notations courantes en modélisation
f 2.1,.
1
1
0.8
1 --IS00 •R q"rad,entr = a E = (1- p)E
1 --- 530 •R
1 · est égale à E pour un corps noir.
0.6 1
1
1
1
0.4 1
1 sité de flux entrant net dans un corps gris opaque
1
sité superficielle de flux énergétique radiatif entrant (ou absorbé
0.2 ,.1

'�,,,
llj
u gagné net) dans le corps est :
•"
q rad,entr = aE - & crT
4
s (E (10.17)
0 0 0 0 0 0
..,
0
0 0 0 0 0 0
2 � 0
N ..,
0

Nombre d'onde (cm-1) ·"


q rad,entr = E -T4
Figure 10.11 - Coefficient d'absorption monocromatique du dioxyde de carbon elons qu'on ne prend pas en compte ici l'échange convectif gaz­
(d'après Edwards, cité par Sparrow et Cess, référence {10]) e qui contribue aux échanges de chaleur.)

le cas des matériaux semi-transparents tels que les verres, ou dans


K :l /p {cm-1. atm-1 )
ilieux gazeux en présence de certaines espèces ou particules, il faut
dérer la variation avec l'épaisseur considérée, et, en principe, avec la
3,0,- -,-----.---,----,----,---r-----.--,
eur d'onde, de r. La transmittance (ou transmittivité) spectrique est
amment mise sous la forme
(10.18)
est un coefficient d'atténuation à la longueur d'onde A-, et l est

la pratique, pour une application donnée, on donne souvent à k,., une


r unique, k, relative à la plage de longueurs d'onde concernée.
mission au travers des verres
ture et l'épaisseur d'un vitrage ont évidemment une influence
ée sur l'importance du flux qui traverse une feuille ou un
lage de plusieurs feuilles. Certains vitrages sont particulièrement
arents aux infrarouges, d'autres sont munis d'une couche
escente qui s'opacifie à la chaleur. La figure 10.13 donne un
Nombre d'onde {cm-1) le relatif à du verre courant qui montre que la transparence chute
uand la longueur d'onde dépasse quelques µm.
Figure 10.12 - Coefficient d'absorption du monoxyde de carbone vers 20•c
(d'après Edwards, cité par Sparrow et Cess, , référence [101)

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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATI
TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé
t,ysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

TÀ e partie de <1>1 atteint � ; soit <1>12 cette partie. On écrit :


0.8 <1>1 2"" F 12 <P1 M1 A1 F12 (10.19)
0.6 est, par définition, le facteur de forme (anglais : "view-factor") de S1
etteur) vers � (récepteur). C'est une grandeur sans dimension qui ne
0,4 end que des caractéristiques géométriques de l'échange.
0.2

o�--�-
o,3 o.4 o,5 o.s 1 2 7 8 À.µm
pression du facteur de forme entre deux surfaces élémentaires
flux élémentaire émis par dS1 qui atteint d� est :
Figure 10.13 - Exemples de transmission dans un verre en fonction d2F12 = L1dA1 cos01d .012
de la longueur d'onde, pour plusieurs épaisseurs
(d'après Gery, « Transferts de chaleur par rayonnement», référence [51) L1 est la luminance énergétique de dS1 , dA1 son aire, et d.{}12 l'angle
'de sous lequel dS1 voit dS2
d�cos02
d û1 2
l
10 .. 1 .. 7 Echanges radiatifs entre surfaces lest la distance entre dS1 et d�.

séparées par un milieu transparent admet la loi de Lambert : L 1


M1

ttention : une autre loi que la loi de Lambert conduirait à d'autres


(L'air sec et pur est un milieu transparent.) lations que celles qui suivent.)

Echange entre deux surfaces noires ; facteurs de forme


(10.20)

!) __ _

-----
-- -1;

hange entre deux surfaces d'aire finie


Figure 10.14 - Expression de l'échange radiatif entre deux surfaces flux énergétique élémentaire d<P12 émis par la surface élémentaire dS1
reçu par S2 , surface finie, est:

• Soient deux surfaces, planes ou convexes, c'est-à-dire non concaves,


et S2, corps noirs, à température uniforme, T1 et T2 respectivement.
flux thermique total hémisphérique émis par S1 est le flux <1>12 émis par S1 et reçu par � est :
F1 = M1 A1 (où M1 est l'émittance de S 1 et A1 son aire)
(10.22)

454 TB 455
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl É DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'in ysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

d'où: éraux, concernant des échanges entre surfaces grises et/ou au travers
milieu non totalement transparent.

s particulier de l'échange entre la surface finie S1 {noire) et


'ment de surface dS1 (noire)
'le pour l'utilisation des formulaires de facteurs de forme.)
s deux surfaces sont supposées non concaves. � est une surface d'aire
·e (émetteur) et dS1 est une surface d'aire infiniment petite (récepteur,
e petite cible). La puissance rayonnée par �' notée ici <1>2 , qui atteint
1 est simplement
Relation de réciprocité
La définition du facteur de forme entraîne l'égalité suivante, remarqua
<1>2 F21 A2 M2 F21
par la symétrie de l'expression finale :
de dS1, le flux reçu venant de � est l'éclairement
os 01 cos 0 dA1 dA2
Ir rel
;
S1S2

soit, en général :
relation de réciprocité A2F21 = dA1 F12 , permet de remplacer par
� �j � �i dA 1
Cette relation, dite de réciprocité, est souvent utilisée pour déduire F12 o
F21 à partir du résultat du calcul (intégral) le plus facile des deux. Si,
exemple, il apparaît que F12 est plus facile à calculer direstement que (10.26)
on obtient F21 selon : t à dire qu'on exprime � 1 à partir du facteur de forme F12 de dS1 vers
et non à partir de F21 qui est le facteur de forme de� vers dS1 .

issance nette échangée par rayonnement entre S1 et S2, surfaces

Somme des facteurs de forme depuis un même émetteur i reçoit <P21 Watt depuis S1 : <P12 = F12 A1 M1 ; � envoie <P21 Watt sur S1 ,
Par définition de Fij , si l'ensemble du monde vu de Si est constitué de 1 = F21 A2 M2 • Le bilan sur S2 de cet échange entre S 1 et� s'écrit:
surfaces 5ï
<1>21 , net F12 A1 M1 - F2 1 A2 M2
LFij = 1 it la puissance nette gagnée par S2 dans l'échange)
j= l
avec F1 2 A1 = F21 A2 1, il vient :
puisque la puissance rayonnée par � doit être reçue par le
monde. <P12, net = A1 F12 ( M1-M2) A2 F21 (M1-M2) (10.27)
issance nette gagnée par S1 dans l'échange)
't
Aire d'échange entre deux surfaces noires i j :
(10.28)
Un produit tel que Ai�j a les dimensions d'une aire. On peut l'appeler
d'échange entre deux surfaces noires au travers d'un milieu transpare T1 et T2 sont les températures (absolues) de S 1 et S2, uniformes sur
L'expression « aire d'échange» est surtout utilisée dans des cas pl que surface.

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TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour /'in sique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

Cas particulier : x net perdu par une surface opaque grise


Si T2 < T 1 (températures en K), T24 « T 1 , et l'on peut simplifier
4
suppose encore que la température est uniforme sur la surface S d'aire
relation précédente en ue les propriétés radiatives sont indépendantes de la longueur d'onde
<JJ 12 , net# A 1 (J' T1 4 e la direction, et que : s a l - p. On admet de plus que le flux
gétique radiatif incident sur chaque surface est uniforme (on introduit
s la pratique des surfaces relativement petites à l'aide d'un maillage
r satisfaire cette condition d'uniformité).
flux net perdu par S, est égal à la différence entre les flux émis et
Expression de la puissance échangée à partir de la définition orbé par cette surface, soit :
mathématique des facteurs de forme (/J net perdu (& a T4 - a E) A (10.31}
Entre deux surfaces noires élémentaires dS1 et d�, d'aires dA1 et dA2, 8 (surface grise)
puissance nette gagnée par d� est (/J net perdu S A ( (Y T4 - E) (10.32)
cos01 cos02
2
d (/Jdl- d2 2 O' (r14 - y2 )dA1 dA2
4
J saT 4

;d 1 &

Pour les surfaces finies S1 et �. <JJ 12 est le flux (Watt) 8


<JJnetperdu A(aT 4 - J) (10.33)
1 8

(!) net perdu A (J - E) (10.34)


Remarque: densité superficielle de flux énergétique radiatif net perdu par S est
Les surfaces noires ne réfléchissent pas la lumière : le flux reçu (ou flux incident) c égale à J E.
totalement absorbé. Ce n'est pas le cas des surfaces grises pour lesquelles le b"
e,,,,ueJLn est plus compliqué à exprimer. flux "gagné", ou absorbé net, c'est-à-dire entrant dans le solide, est
tenu à partir des quantités prédentes, en changeant les signes :
(!) net perdu - A (J E) = ë (E - a Ts4) (10.35)

La radiosité
Soit (/Jinc le flux incident sur une surface S, d'aire A L'éclaireme hange entre surfaces grises
global venant de toutes les directions et de toutes les sour�e�
simple de deux surfaces grises infinies parallèles
simplement E 'Pine l A Une partie de ce flux, p <JJinc, est reflec
L'émittance de S est: M = ë a T4. De l'unité d'aire de S partent ainsi d cas simple est celui de deux surfaces grises de dimensions "infinies"
flux surfaciques : le flux surfacique émis, égal à M, plus le flux surfaci es que chacune ne voit que l'autre (pratiquement, c'est le cas de deux
réfléchi pE. La somme, notée J, s'appelle la radiosité. aces planes étendues placées à une distance faible devant leurs
ensions). Le bilan de flux échangés (flux perdu par S1 dans l'échange
J= M+ pE � - flux perdu par � dans l'échange avec S1 : différence de flux
Pour une surface opaque p 1-a d'où: rhés) conduit à la relation suivante :
J= ë a T4+ (1-c) E A 1 F1 2 &eff (aT 1 4 - crT24)
J est bien la densité surfacique de flux énergétique radiatif quittant
surface S, différente de la densité de flux émise par S, qui est M
&eff
==
(10.36)
1 1 -1
�+-
61 62

459
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique de du feu pour l'ingé hysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs
10 - Transferts radiatifs

On peut démontrer cette expression en prenant F12 F21 1, et réflexions superficielles, et tenant compte des émissions. L'introduction
utilisant les radiosités pour exprimer les flux sortant des surfaces. la radiosité permet d'écrire les équations d'échanges et de bilans sous
forme implicite qu'on peut traiter avec des algorithmes de résolution
L'expression de J1 et de J2 , à partir des émissivités des surfaces et d systèmes linéaires.
facteurs de forme devient assez lourde pour plusieurs surfaces. On util
des méthodes numériques pour calculer les � d'un système d'échan s ne donnerons pas ces équations dans le cas général ; les références
es à la fin du chapitre fournissent sur ce point des développements,
(linéaire pour les�), et les relier aux autres termes de densité de flux.
fois volumineux, et précieux pour l'application.
La quantité A1 F12&eff, l'aire d'échange direct entre S1 et Sz . Notons q
troduction du rôle d'un milieu gazeux non transparent complique
pour deux corps noirs, le même bilan de flux s'écrit:
ore les échanges. La suite de ce sous-chapitre n'ira sur ce nouveau
A1 F12 (o-T1 4 o-T2 4) int guère plus loin qu'exposer des notions et relations de base.
La quantité A1 F12 est "l'aire d'échange noire" entre S1 et S2 • On lui asso
dans le bilan précédent la différence de deux émittances de corps no·
Pour des surfaces grises, on utilise des aires d'échanges, plus difficile
expliciter, mais comprenant toujours en facteur de la différence de d
émittances de corps noirs.
Echanges radiatifs entre surfaces
séparées par un milieu
Echanges entre plusieurs surfaces grises semi-transparent
Quand des échanges impliquant plusieurs surfaces grises sont
considérer, on a à traiter plusieurs sortes de termes de flux et de densi
de flux. milieux semi-transparents liés au feu de bâtiment
me nous l'avons dit au début du chapitre, les milieux gazeux (gaz de
Eclairement reçu sur une surface Si et venant des surfaces Si olyse, fumée) contenant des molécules dissymétriques telles H2O, CO2,
... , absorbent et émettent un rayonnement dans certaines bandes du
On peut distinguer: ctre, en fonction de transitions énergétiques quantiques. La position

e L'éclairement sur� venant de chaque 9, dans l'échange direct entre Sl. ctrale et la largeur des bandes concernées dépendent de la composition
milieu (la nature des espèces), de la pression partielle des constituants
et S.J vue comme émetteur (on oublie pour l'instant la diffusion suj!;� ux, des dimensions du volume et de la température du mélange
chaque 9). L'échange entre� et lui-même est à considérer seulement si,; eux. De plus, la contribution de particules de suies, sous la forme d'un
Si est concave. tre continu, devient dominante dès que leur concentration devient
able.
e L'éclairement venant de chaque 9, compte tenu des autres surfaces
Si qui sont diffusantes et relaient l'échange, maintenant non considé me les gaz, les verres (écrans plus moins opaques aux longueurs
comme émetteurs. L'échange entre Si et lui-même est alors à considé de portant l'essentiel de l'énergie transférée), certains plastiques
Si les surfaces sont noires, cette contribution est nulle. isés en éclairage naturel par exemple), sont partiellement transparents
rayonnement thermique {on dit: semi-transparents). Pour ces
En tenant compte de toutes les surfaces comme émetteurs et co tériaux comme pour les gaz, l'épaisseur et la température
surfaces diffusantes (parce que grises), on définit un éclairement global iennent, outre leurs propriétés, pour exprimer leur contribution aux
� à partir de l'échange total de l'ensemble (système) de surfaces. ges de rayonnement. La température est toujours liée à l'émission ou
orption de chaleur rayonnée.
milieu contenant des phases d'indices de réfraction différents diffuse
Flux échangés disperse) le rayonnement. Ce phénomène se superpose à l'absorption.
Comme pour les éclairements, on peut définir des flux échangés : dire le décrit par des lois physiques spécifiques. Les mélanges entre gaz et
entre deux surfaces, et aussi, pour chaque paire de surfaces, les flux d ·cules de suies ou de liquides (fumée), produits lors d'un feu, sont
aux surfaces autres que la paire considérée tenant compte des diffusio si à la fois semi-transparents et diffusants.

461
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur

Une méthode pratique simple est d'introduire des facteurs globaux po


décrire à la fois absorption e t diffusion de la lumière.

'Ax = exp ( - kAx x)


. (10.40)
Emission de rayonnement par un milieu semi-transparent 1. est la transmitt ance monochromatique dire
ctionnelle du m1Tieu pour 1a
gueur d'onde 1 et l'eprus
/1, - . seur x.
(Exemple de milieu : une flamme ou un volume de fumée chaude.)
,

Le milieu est la source d'une émission de rayonnement depuis chaq


point de son volume. L'émission depuis un point donné s'accompa
d'une absorption partielle du rayonnement émis. On introduit également une absorptance monochromatique directionnelle,
émissivité monochromatique directionnelle, s2x, qui dépend
l'épaisseur x.
aï.x = l - exp (-k,.x x)
Si le milieu est homogène et isotrope, on utilise l'expression (10.41)
x
ù:aA =1-rAx ,
s;,,= 1 - exp (- k,. ij
la loi de Kirchoff relative aux corps gris fournit
Cette émissivité dépend donc de l'épaisseur l traversée. La quantité
exp (-k,. ij correspond à la transmittance du milieu s ur la distance l.
isseur optique d'u:n milieu
Atténuation du rayonnement par absorption dans un milieu e notio:1 sert à caractériser le degré de tran
spar
_eur d ond�, ou pour une plage de longueur ence du milieu à une
semi-transparent non diffusant
. sseur ,optique est celle qui correspond d'onde donnée L'unité
à une atténuatio� de la
. nance d un facteur 1/e 0, 37. Approxim
ativement, sur la longueur
a la longueur d'onde ;i, : l
"1./

Atténuation par absorption


Soit 40 la luminance d'un rayonnement monochromatique pénétra k l"- < 1, le milieu est transparent, ou optiqu
ement mince .
selon la direction Ox dans un milieu supposé à température uniforme.
k li,, > 1, le milieu est optiquement épais ;
une profondeur x, l a l uminance sera 4x. On écrit que, sur le traj
élémentaire dx, la diminution de la luminance d4x est proportionnelle à k l,_ > 5, le milieu est opaque.
Ax et à dx:
dLAx = - k,. 4x dx
k2 est le coefficient d'absorption spectrique du milieu à la
prié!és ra�iatives moyennes d'un milieu sem
i-transparent
ogene et isotrope
d'onde À.
p�ut définir _des gran?eurs moyennes dan
Pour un milieu gazeux donné k;,, dépend des pressions partielles s un volume homo ène et de
pe atur u ifor�e cemt de parois grises
et diff
espèces actives e t de la température. e 1�es e; a;ors issues d'un maillage. La déte usantes réell!s ou bien
rmination' précise de ces
Si le milieu n'est pas isotherme ou qu'il est anisotrope, k;,, varie avec x. e r moyennes es! assez lo urde au nive
au du calcul (intégrales
b1 � \ e? es de eme pour le calcul
des émissivités qui dans ces
a::�s depen �ent � e
chaque couple volume gazeux/surface
ge d u rayonnement thermique. qui
Loi de Bouguer, ou de Beer- Lambert
qu e n peut calculer. �es propriétés moyennes pour
Si le milieu est homogène et de température uniforme (milieu gazeux un vol ume
brassé par exemple), la loi d'atténuation devient , en intégrant la rel . �: � / ir de �a c�mpos1tion, ses dimensions, sa
de variation de la luminance entre les abscisses O et x dans l'express· f
n�an 1 es contnbutions dues aux gaz
et celle
température) en
s y _trouvent dispersées. L'ensemble des s d ues aux articule
précédente: ésente, pour cha que type de particu particules :eut êtr:
les par : la concentration, la
LJ.x= 4o exp ( - k)_ x)
462 463
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl !TE= DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour /'in Physique du feu pour l'ingénieur 10- Transferts radiatifs

granulométrie et la forme géométrique. La taille d'une particule, comp cul des grandeurs moyennes précédentes est simple. On obtient par
à chaque longueur d'onde qui intervient dans le problème est un ' gration:
paramètres utiles à la description du comportement en rayonnem Z"J..,ij = exp ( - k;. R)
Selon la taille des particules et leur concentration, on peut utiliser
modèles plus ou moins complexes (la théorie de Mie par exemple) a 2 ,;j = 1 - exp ( - k,_ R)
décrire l'émission, l'absorption et la diffusion dues aux particules. No
donnerons ici que quelques relations simples correspondant à l'absorp
d'un faisceau de lumière au travers d'un milieu contenant des partie &2,ij = a;,,ij
noires réparties de façon homogène. Le facteur d'absorption k est
siI1:1plicit� de :e � expressions incite à ramener à cette configuration des
proportionnel à la fois à la concentration numérique C en partie tlons geometnques plus complexes et à introduire des équivalences
(nombre par unité de volume) et à la "section efficace" (Clp, une e des volumes non hémisphériques et celui inclus dans une enceinte
projetée) moyenne des particules. Supposons de plus que ce terme isphérique.
indépendant de la longueur d'onde du faisceau. Alors
éthode des hémisphère gazeux est due à Hottel. Elle n'est valable que
k= cte x cip C des volumes gazeux à température uniforme.
où kest en m-1, cip en m2, Cen nombre/m3.
ouche �azeuse enfer:m�e dans le volume d'une enceinte est, pour le
Pour une particule approximativement sphérique, cip vaut le quart de l' 1:1 des echange� radiatifs, remplacée par un hémisphère gazeux qui
de la surface totale de la particule. t, pour ce qui concerne une surface donnée, des effets radiatifs
tiques Le rayon R de l'hémisphère a été calculé pour plusieurs
L'atténuation du rayonnement sur la longueur l s'écrit _.
figurat10ns courantes. On trouve des tables qui fournissent le
I= Io exp (- k ij fficient f par lequel il faut multiplier une dimension x caractéristique de
orme considérée pour obtenir le rayon R de l'hémisphère équivalent .
valeurs de font été obtenues par intégration. On distingue les cas de
. _
1eux mmces et de milieux épais (optiquement), ce dernier cas étant
Approches pratiques
urant dans les atmosphères de feux de locaux de bâtiment.
Pour représenter les caractéristiques optiques d'un milieu se
transparent, des approches fines existent, qui nécessitent de connaî veloppe parallélépipédique
nombre de données sur le milieu (composition, propriétés de chaq n local, ou un volume fi.ni dans un local}
constituant, en fonction de la température), et requièrent des moyens
e approximation valable pour calculer le rayonnement d'un gaz vers la
calcul puissants. Dans ce qui suit, nous présenterons des approches pl
simples. Ainsi, on utilise pratiquement l'expression alité de son enveloppe est de poser
R = 4 V/ A (milieu mince)
&g = 1 exp (- k ij
pour calculer l'émissivité d'une zone de gaz relative à un échange en R = 3,6 V/ A (milieu épais)
cette zone et une surface de solide exposé. On donne alors à k une val V est le volume du gaz et A l'aire totale de son enveloppe S.
généralement tirée de '="·�-"�• et à Z une valeur obtenue à partir
approximations "hémisphériques'' de Hottel (référence [6], Hottel
Sarofim). ·ssivité totale d'un volume gazeux de température uniforme vers une
�e Si de son enveloppe peut être estimée à l'aide d'abaques
1 sant cette valeur pour une couche hémisphérique rayonnant vers
Evaluation de -rJ.,ij , a J.,ij , et r;_, a;. , eil , dans le cas d'une demi- , � _
element place au centre de sa base. Les abaques disponibles sont
sphère ellern_e�t relatifs aux gaz le� plus courants (CO2 , H2 O, ...). On peut de
_ _
Si dS est un élément de la surface Si placé au centre d'un disque et que modehser la s1tuat:� n d un mélange de plusieurs gaz par des
. _
thodes additives utilisant des corrections correspondant au
surface S;_ fermant l'enceinte est une demi-sphère dont le disque précéd
uvrement des bandes spectrales d'émission.
est limité par un grand cercle dans le plan de base de la demi-sphère,
présence de particules dans la fumée doit être considérée.

465
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour l'ing hysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

Calcul de 'lji et ll'.ii arrive ainsi à un système d'équations linéaire en radiosité dont la
olution (numérique) fournit les q, desquels on passe aux densités de
n-Jl représente la transmissivité d'une couche gazeuse contenue entre de nets sur les surfaces.
surfaces 5ï et Si pour un rayonnement thermique total se pr?pageant �
vers Sb r ji ==l a ji est calculé à partir de �i (cf. Hottel, ref. [6] ) ou solution de ce système fournit aussi des termes de puissance gagnée,
proposée une méthode de calcul des a ji à partir de mêmes tables perdue, par le gaz. Puis on peut passer au calcul de tous les flux et
abaques que celles qui servent à fournir &gi . sités de flux thermiques (échangés, gagnés, reçus), dont on a besoin
r faire des bilans énergétiques. Dans un modèle global de feu où les
anges évoluent au cours du temps (cf. chapitre 13), on réactualise les
pératures en résolvant les équations du système complet d'échanges,
Eléments sur le calcul des flux échangés entre surfaces gris nt le système ci-dessus est une partie.
Remarque:
Système d'équations de base Si Je milieu est transparent, son émissiVÎté et son absorptance sont nulles : le système
Les surfaces sont supposées grises. Toutes les caractéristiques optiq d'équations concerne alors les seuls échanges entre surfaces.
sont ici, pour simplifier, totales et non directionnelles. On supp
connues pour les surfaces et le milieu gazeux : la température et es d'échange {principes)
caractéristiques optiques.
r deux surfaces noires séparées par un milieu transparent, nous avons
Pour simplifier l'écriture des équations, nous allons introduire la radio que les facteurs de forme (sans dimension) servent à exprimer
d'une surface q (W · m-2 ) ou émittance équivalente de corps noir qu'a1:­ lairement reçu par S2 (d'émittance M2) depuis S1 (d'émittance M1 ) et
cette surface, en tenant compte des interactions radiatives avec son m iproquement. Le bilan de flux thermique net pour ces. deux surfaces,
environnant. pté par exemple en flux gagné pour Si, est égal au produit : A 1 F 12,
La radiosité de chaque surface q (W · m-2) se calcule par application de ogène à une aire, par la différence (M1 ° M2 ° - )
conservation des flux à la surface Ai. Le flux irradié par la surface Ai A 1 F 12 x (émittance noire de 1 - émittance noire de 2)
égal à la somme de
ID l'émission par l'émittance de la surface, EjcrTi4,
pour une surface grise Si, l'émittance est � = ci aîj4, alors que
• le flux réfléchi par A1 et venant de toutes les surfaces (y compris
cette surface est concave), après atténuation au travers du mili l'émittance du corps noir correspondant est simplement : M? aîj4 ;
gazeux à température Tg de plus, la présence d'un milieu gazeux non transparent entre les
• le flux réfléchi par Ai et provenant du rayonnement du milieu gazeux. surfaces modifie le bilan d'échange entre les deux surfaces.
"aires d'échange" sont des "coefficients", plus complexes que les F 12 A 1
essus, permettant d'écrire des bilans nets pour d'autres situations que
Le flux sortant de Si (W) s'écrit : où seules deux surfaces noires sont en présence dans un milieu

L
n sparent. Les aires d'échange prennent en compte le fait que les
4 faces sont grises et que le milieu gazeux est non transparent. Les
�Ji = �&i a'.1; + Pi Aj Fj i rji Jj + p1 S/::gar: ns portent sur deux surfaces grises et également sur une surface grise
j=l un volume de gaz, ou sur deux volumes de gaz. Une expression
en utilisant : Aj Fj i = �Fti et Pi = 1 &; , on obtient l'expression suivante ropriée de l'aire d'échange permet ainsi l'écriture d'un bilan de flux net
re 1 et 2, sous la forme du produit :
la radiosité de la surface i
aire d'échange x (émittance noire de 1 émittance noire de 2)

L
n
4
Ji = l'i o-7; + (1 &j ) Fij Tji Jj + (1 cJsg a r: formulation littérale d'une aire d'échange est en général assez
j=l pliquée, à cause bien sûr des réflexions multiples sur les surfaces et
l'absorption et de l'émission du milieu gazeux.

466 467
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA /TÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour /'in hysique du feu pour l'ingénieur 10- Transferts radiatifs

échange qui s'effectue par le relais des réflexions sur chaque surface de
• Cas simple : le milieu est transparent, les surfaces sont opaques semble autre que S1 et�-
Entre deux surfaces noires, sans tenir compte d'autres surfa
(échan ge direct), on peut écrire les flux suivan ts définit une aire d'échange global Si Sj (anglais total exchange area)
□ flux envoyé S1 de vers� :
<P 1 _,. 2 A1 F12 Mf (où Mf cr T14 , émittance de S1 , noire) <Pi i = Si sj � , flux reçu par j issu de i (10.48)
,:, flux envoyé� de vers S1 :
<P 2----; 1 = A2 F21 Mf �j Si sj Ei - sjsi � , flux net échangé entre i et j. (10.49)
□ flux net gagné par S2 dans cet échange : pour chaque surface, ,q a i et si les ci ne dépendent pas de '.Tl :
<P 1 - 2 = A1 F12 M� - A2 F21 Mf si sj = sj si 110.so)

- S1S2 Cas général: Le milieu gazeux est semi-transparent


On peut introduire l'aire d'échange noire, notée S1S2 , par: F1 2 = -- o
A1
échanges entre gaz et surfaces sont alors à considérer.
, dont l'expression est ici : anges entre surfaces au travers du gaz, et entre gaz et surfaces
flux reçu directement par une surface noire depuis un volume de gaz
-_ dA1 cos01 d.01 _ � cos02 d.02
S1 S2 - J J---=------=--� - JJ � (propri�t�s indép�n���es de 1� longueur d'onde) et de température
fJ1 S1
TC 7r
il2S2 1forme fait mtervemr ! em1tt�ce d :-1n corps noir à la même température
e le gaz et un coefficient. Il mterv1ent une aire d'échange direct, notée
(on retrouve naturellement le méme type d'intégrale que pour le calcul
Fj; .)
• Echange entre deux surfaces noires placées dans une mê (10.51)
enveloppe fermée: les deux surfaces font parties d'une enceinte est fonction des propriétés optiques du milieu gazeux (coefficient
est la réunion d.e plusieurs surfaces.
bsorption), des dimensions et de la forme du système gaz et surface, et
Si toutes les surfaces sont noires, elles ne réfléchissent pas l'éclairement( l'orientation relative de la surface. On peut relier gs à une expression
reçu. L'expression ci-dessus (10.47) de l'échange direct entre S 1 et S2 n'est
pas modifiée. l'émissivité du gaz dans une hémisphère équivalente de rayon Re et
· enir des relations assez simples, telle
• Cas plus général : échange entre deux surfaces grises faisant pa
d'une enveloppe constituée de surfaces grises. Le milieu r (10.52)
transparent. A est l'aire de_ la surface et k un coefficient d'absorption total moyen. Re
(Nous avons vu précédemment l'expression de l'aire d'échan ge pour de obtenu d'apres les tables de Hotte! déjà citées.
surfaces grises isolées d'autres échanges.) re d'��h�ge entre surfaces fait intervenir l'émissivité et la
_
Chaque surface de l'enveloppe est partiellement réfléchissante smit�1v1te ct;u. gaz sous la forme de termes qui s'incorporent dans
renvoie une fraction de l'éclairement reçu sur les autres surfa ress10n de l aire d;_echange entre surfaces pour un milieu transparent.
partiellement réfléchissantes. Chaque surface est également un émetteu gré l'in_térêt pratique du problème des aires d'échanges entre surfaces
L'échange entre deux surfaces particulières fait intervenir toutes 1 s ne developperons pas ici les équations, mais donnerons plus loin de�
autres : à l'échange direct entre les deux surfaces grises S1 et �' s'ajou mples de résultats.

469
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique de du feu pour /'in hysique du feu pour l'ingénieur 10 Transferts radiatifs

Echange entre deux zones de gaz (pour mémoire)

.
On cherche encore des expressions d'aires d'échange, g i g j ,
être approchées au moyen d'hypothèses d'équivalences hémisp�ériq
qui, sinon, sont le résultat d'intégrations plutôt lourdes. En rruson de
ns
complexité formelle, l'échange entre deux volum�s de gaz n 7•:'".w
..-.;a11s·
:. ·;·
.• •.�; ·· • · e ·,eu
.... .... ... ...... .......................

·.· ■,·,ment
généralement pas abordé en tant que tel dans les modeles globaux de . . .
courants · on peut en effet se ramener au traitement de l'échange radi
concern�t les surfaces bornant un volume de gaz, en "rassemblant" s
ces surfaces-frontières l'émissivité du volume gazeux, et en attribuant
ces surfaces une température moyenne.

Remarque:
L'exposé de plusieurs méthodes de traitement ��éoriqu_e, et de calcul, est large mme nous l'avons vu, le calcul des aires d'échange passe par celui
_
développé dans plusieurs ouvrages, dont ceux cites en reference. des
, et se limite à cette étape pour des corps noirs dans un milieu
sparent.
Commentaires s avons rassemblé dans ce paragraphe des formules relatives à
des
figurations géométriques simples et courantes dans les problèmes
Dans ce qui précède, nous avons admis que la température et de
de bâtiment. L'intégration numérique est inévitable dans les cas
propriétés optiques étaient uniformes par surface Sj. �a?s la réalit� d où
ne peut pas se ramener à ces configurations simples. Ainsi, le calcul
échanges thermiques en cas de feu dans un local, ceci n est pas vrai s l'éclairement d'une surface-cible depuis une flamme à laquell
. e on
tout un mur, par exemple ; un maillage des surfaces :r:ermet de mie onnaît une forme conique demande une intégration en partie
satisfaire cette hypothèse d'uniformité, mais alourdit le calcul alytique, en partie numérique (exemple: le programme VIEWC
augmentant le nombre des échanges à considére�. Les capacités ONE,
STB, X. Bodart, 1989).
ordinateurs augmentent continuellement : la contramte du temps-cal
sera donc de moins en moins pesante. Une difficulté plus grande concer
la disponibilité de données : ainsi, les propriétés optiques de la J?lupart d
matériaux sont le plus souvent mal connues en fonct10n de
température.
Dans l'état de l'art actuel, l'utilisation de grandeurs totales, n gles simplifiant le calcul
.
directionnelles, où l'hypothèse de corps gris est retenue, semble
_ con�u
à des résultats pertinents quant à la qualité de l'expression des b� 'fférentes démarches permettent de simplifier le calcul :
_
globaux des modèles de feu. La modélisation de l'infl�mat10n de soh On peut utiliser la relation de réciprocité, déjà citée, A)\
par exemple, gagnerait à utiliser des a?proche� spectnques ; on retro = Aj .F};, qui
- permet de calculer le plus simple des deux facteurs �j et j et d'en
alors le problème de recueillir des donnees plutot couteuses. F} i tirer
le second.
Si l'une des deux surfaces (dSi ), a une aire très petite, d.A , devant
1 celle
de l'autre (S2), A2 , on a :

d.A1 F1 2 = A2 F21
et nous avons déjà montré que : E M2 , qui s'exprime
82➔ dSl
simplement à partir de Fctsi-S2 caractérisant le transfert radiatif
de dS
ers �- La relation de réciprocité est souvent utilisée pour calcule 1
r
'éclairement d'une grande surface sur une surface plus petite
et à
distance suffisante pour qu'on néglige sur dS la variation de
1

471
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl
3 - Physique du feu pour I /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10- Transferls radiatifs 'hysique du feu pour l'ingénieur
----=c........._______________10 ra�n�s�fe�rl�s.!:.rad
� �-:_Ti � 1E_ia�flf!!_s
.,
'!_

3. Le flux rayonné par Si doit être reçu par l'ensemble des surfaces d
ci�le : un élément de surface plane ;
LF
n la source : un rectangle
enceinte dont S; fait partie. On doit donc satisfaire : ij
=1. arallele au plan de la cible.
j�l
La normale à l'élément, perpendiculaire au rectangle,
relation permet le calcul, par différence, d'un F;j inconnu si tou passe par un
sommet de ce rectangle (dont les côtés sont a et b). La cible
autres sont connus. Des considérations de symétrie peuvent est à la
. distance d du rectangle. (figure 10.15).
utilisées pour réduire le nombre de F;_j à calculer. On peut de
introduire des surfaces virtuelles pour se ramener à un probl source est notée 2, la cible, élément de surface est notée dl
' .
connu. a b
c: X= - et Y= -
d d'

Cas particuliers simples


Fc1 1-2 = _1_(
2n ✓1+ _,rx
2
tan-1( y
J1+x2
)+ y
✓1+Y2
tan-1 X J
( ✓1+ r2
) (10.53)

Deux surfaces parallèles de grandes dimensions par rapport à


distance. Tout le flux rayonné par l'une atteint l'autre : F12 = F21 = 1.
Demi-sphère par rapport au disque dont le centre est celui de la sphère:
S1 est le disque, � la demi-sphère. Tout le flux rayonné par S1 atteint Si
Fi2 1.
La relation de réciprocité fournit : A i F1 2 A 2
D'où:

Ai m-2 - 1
=
� 2m-
2
2
A\1
Une surface convexe S1 est située à l'intérieur d'une surface concave S2 1
1
1
tout le rayonnement venant de S1 atteint�' donc: Ai .
1 et F2 1 = - 1
1
1
� 1
Sz
1
(pour une surface concave i O < Fî.i � 1, Fî.i 1 pour l'intérieur d 1
1
1
surface fermée vide) 1
1
1 b
' 1

''
1
1

1
1
1
Formules courantes 1
1
1
1
1
Les lignes suivantes rassemblent des formules couramment utilisé 1
1
tirées pour la plupart de la référence [9], Siegel et Howell. Les formu 1
1
fournissent l'expression du facteur de forme de la cible vers la source
1
1
1
suffit de multiplier ce facteur de forme par !'émittance de la source p 1
'li
obtenir l'éclairement énergétique reçu par la cible (voir la formule 10-
au § 10-1-7). ure 10.15 - La cibleplane d1 est parallèle à la sourc
_ e, te rectangle S2, et placée
sur la perpend1cula1re au rectangle passant par un de ses sommets

472
473
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
10 • Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'ing Physique du feu pour l'ingénieur
10 · Transferts radiatifs

• La cible : élément de surface plane ; la source : recta ])eux rectangles égaux parallèles face à face.
perpendiculaire au plan de l'élément de surface. e sont les faces opposées d'un parallélépipède rectangle,
dont côtés
La perpendiculaire au rectangle en un de ses sommets ont les longueurs a et b, à une distance d. (figure 10.1
7).
centre de l'élément de surface. (figure 10.16). source est notée 2, la cible 1.
La source est notée 2, la cible dl. a b
cX = - Y= -
d' d
Avec:
a d
X (propre au rectangle) et Y = ,

]J
b b
2
-
1 [ -1 1)
tan (- - -====tan
Y -1[ 1 nXY (10.55)
2rc Y .J x2 + y2 ,Jx2 + y2

-----------------------� d1

d
b

"'
1
1
1
1
1
1
d
'
1
1
1
1
1
1
1
11 a
1
1
1
1
1
1
__
/__s1____,7
1
1
1
1
1
1
1
1 ure 10.17 - La source est un rectangle S2, la cible
1
1 S1 est un rectangle identique
1
1
faisant face au premier
1
1
1
\V
Figure 10.16 - La cible plane élémentaire est dans un plan perpendiculaire
au rectangle émetteur S2, et placée sur la perpendiculaire au rectangle passan
par un de ses sommets

474 475
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl
10 • Transferts radia s
tif 3 • Physiqu e du fe u pourl'i
10-
e D ux di fin arall è l s. l
e sques is
p e a �ib e =.une.bande l an étr o
ite in ni e t n
e p .e
cylmdre infin1ment long
a .
fi m n lo gue ; l sourc e u
Le r s centr es se tro u e n l rai aux p ans
l
fi( gur1 .02 1. n
diuqu e .s fi re 0. uvent s r la mêm perpe d ic u e )
s gu 1 20} o
La u e ( s urce est n ot eé 2, la cible dl.
s o c est n o te 2, la ci ble 1.
é
r
r et r2 so tn es rayo sn es squ s a s t e e s
1 l d di e ; l d i an c t h
Av : 1 = r1 2 r2 et l+ 1 + Y=-yr ,
ec R h' R h , X RJ ,
Rf -
F d l-2
y (Y2 1) .
X2 +Y 2 (1 05 9
)

------------"" S2
r2 1
1
1
1
1
1
1
y
-- -- - - - ---""t\ .. ,' r S2
1
1
1
1 il11 .. ,
'�
' ,
1
1 1
1 1
1 1

111 h
1
1

1 :
1 l1
1
1 '1
1

1
1
1 1'
'
1

1 ''
1
'
''
1
1
1 1
1
11
X
dl

S1
ure 10.21 • La source: un cylindre infiniment long s de a
bande plane dl, étroite, inf ini ment longue et parallèie r yon r, La cible • une
rl
2
à l' xe d� li r. ·
s u n p lan f!erpendicu/aire à l'ensemble, la trace du cylindrea e t cy nrc d ·
s 1
S de rayon r2. La cible: disque S de ray n u n ce ! dont
Fig reu 10.20 - La sourc e: disque 2 1 o
coo onnees
rd du c n n
e
e tre s_o t x t Y, dans un rep ère do e
nt l'origi n est le mili u
p ara llèle à S2 et p lacé sur l'a xede symé tri
e à une distance h de S 2 du segment qw es t la trace de la bande dan s fa c up o e. e

478

479
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'i sique du feu pour l'ingénieur
10 Transferts radiatifs

• La cible : un élément d'une surface cylindrique de longueur infi:n a cib�e : un rectangle i nfiniment long de largeur finie . la sour

la source : un plan parallèle à l'axe du cylindre . (figure 10.22). un cylindre de longueur infinie, de rayon r, parallèle au ;ectangl:�
source est notée 2, la cible 1.
Dans un plan perpendiculaire à l'ensemble, rp est l'angle formé par
rayon joignant le centre du disque et l'élément de surface, et p
perpendiculaire au plan issue du centre du disque. (10.61)
La source est notée 2, la cible d 1.
1
Fd1-2 =-(l+cosip)
2

' --------
li\
1
-----------r' ,, '· r
1 ,
S2
1 1 ·,
1 ,,
:
1
1
',,'
'
1
1 1
1
1 1
1 1
1
1
1 1
c I l
:
l
l
1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 '
1 1

i< -------------------�
1 1
1
Sl '
1
1

,_.,_.....,_,,..............��• a !
<·--------------------------------➔
b

S2 Figure 10.23 - La source: un cylindre infiniment long s2, de rayon r. la cible


un� bande plane S1, de largeur finie, infiniment longue et parallèle à l'axe
du cylmdre. Dans un plan perpendiculaire à l'ensemble fa trace du cylindre est
un cercle dont le :entre est r�péré par b (depuis f'origin� gauche de la bande) et
Figure 10.22 - La source : un plan S2 • La cible: une bande étroite de surface c (distance de I axe du cylindre au plan de la bande)
cylindrique dl, infiniment longue. L'axe du cylindre est parallèle au plan Sa,. Dans Avec ces notations, la largeur de la bande finie est b-�-
le plan de coupe perpendiculaire à l'axe du cylindre, la bande dl est repérée
par l'angle <P depuis le plan perpendiculaire à S2 passant par l'axe du cylindre

481
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour /'in Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

e La cible : une surface plane élémentaire dont la normale La cible : une surface plane élémentaire perpendiculaire à l'axe d'un
perpendiculaire à l'axe d'un cylindre source. cylindre source de longueur finie l, de rayon r.
Le cylindre, de rayon r, est de longueur finie l ; une de ses bases
dans le plan contenant la normale à l'élément de surface. La dist Une base du cylindre est dans le plan contenant l'élément de surface.
entre le cylindre et la cible est h. (figure 10.24). (figure 10.25).
source est notée 2, la cible dS 1
La source est notée 2, la cible dS1.
Avec: est la distance de la cible à l'axe du cylindre.

l d d r
L=-,H=- ec: D = - , R = - (propre au cylmdre):
r r l l
2
X= (1 +Hf+ L
2
Y= (1 - Hf+ L

1 _1 L L X-2H X(H-1) 1 _ (10.63)



-l[
Fd1-2 = - -tan ( ) + ;[ ,Jxy tan '__Y H_+_l--'-- : - H tan
,._
nH 2 H ( )
H -1

/
/
/
/

.1
/
/
/

d
.... V

Figure 10.25 - La source: un cylindre de longueur finie / et de rayon r. La cible:


Figure 10.24 - La source: un cylindre S2 de rayon r et de longueur finie I. La cible une surface élémentaire dS1 placée à une distance d dans le plan d'une base
une surface élémentaire dS1 placée à une distance h perpendiculairement au p/a du cylindre.
contenant une base du cylindre.

483
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATf (; DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour !'in 'hysique du feu pour l'ingénieur 10- Transferts radiatifs

• Combinaisons des configurations simples pour traiter un cas


complexe.
par exemple la référence [2], Blackshear)
Les relations précédentes concernent des configurations particuliè
auxquelles on se ramène, quand on le peut, dans les applications. No abaques permettent l'appréciation rapide d'une valeur de .Rj • Nous
donnons ici un exemple. ns vu au paragraphe précédent que, souvent, on peut utiliser des
ports de dimensions en données d'entrée : les abaques offrent ainsi la
Echange entre un rectangle fini et un rectangle élémentaire parallèle ibilité de considérer des configurations géométriques distinctes avec,
premier (figure 10.26). La relation de base sera appliquée 4 fois, à cha r chacun, une grande plage de variations des dimensions.
fois sur un des rectangles définis à la figure (n° 1 à 4), si on veut obteni
facteur de forme entre le rectangle de la figure et une cible située aille Remarque
que sur la normale à un sommet du rectangle. Le facteur de forme cherc Les intégrations numériques, longues en temps-calcul, et les méthodes de tirs ou de
sera simplement "ray-tracing", gourmandes elles aussi en temps-calcul, permettent la détermination
des F;i dans les cas difficiles. On les évoque dans ce qui suit.
Fdl-1 + Fdl-2 + Fdl-3 + Fdl-4

où chaque terme est obtenu par la formule de base. Sur cet exemple,
calcul passe par une somme impliquant des surfaces réelles obtenues
découpage d'une surface réelle. On peut également introduire des surfa
virtuelles et effectuer des soustractions.

1
1
1
1
1
1
1
1

: d
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

b
1
1

dl

Figure 10.26 - Exemple d'utilisation des formulations précédentes


pour traiter un cas plus complexe

485
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'i hysique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferls radiatifs

ajouter des surfaces d'ouverture ou d'objets particuliers considérés. On


10 .. 3 Méthodes numériques peut arriver couramment à 15 ou 20 zones de surface.
s échanges entre ces deux zones de gaz et ces n zones de surfaces sont,
ec n = l l (valeur minimale) assez nombreux:
10 .. 3 .. 1 Méthodes de zones
Chaque zone de gaz échange avec toutes les zones de surface. Si la zone
basse est transparente, on ramène ce nombre à : 11.
L'idée d'utiliser un maillage en zones, des surfaces finies ou volumes
munis de caractéristiques optiques moyennes, et des facteurs de forme Les échanges surface-surface. A l'interface correspond 10 échanges.
des aires d'échanges, correspond à la "méthode de zones" de Hottel (cf. 10!
Pour les surfaces de parois : 45 représente les combinaisons
livres cités en référence). Dans ce chapitre, les relations d'échange e 218!
bilans qui sont présentées sont en général de ce type puisqu'elle exploi logiques dont il faut soustraire les échanges entre les deux surfaces
des caractéristiques moyennes supposées uniformes. Cette méthode d'un même mur, soit 4 de moins: 45 4 = 41 échanges de surface.
zones de Hottel est souvent utilisée dans divers problèmes de combus
arrive à 51 échanges.
quand la géométrie est assez simple. Cependant, dans des modèles fin
adaptés à des conditions géométriques d'échange complexes, on n'éc présence d'ouvertures, ou de "cibles", augmente considérablement ce
pas à la nécessité d'utiliser des méthodes de calcul numérique qui peu mbre. De plus, l'interface entre les deux zones gazeuses se déplace au
être lourdes et sur lesquelles nous dirons quelques mots. rs du temps : le maillage en zones de surface est évolutif.
traversée de la zone haute semi-transparente par le rayonnement est
Exemple d'application de la méthode de zones de Hotte! à un modèle résentée par un coefficient d'absorption-diffusion empirique, uniforme
d'échanges radiatifs pour un feu de local s cette zone, et une longueur optique moyenne. Ceci permet d'avoir à
Un modèle de zones radiatives, RAVEL, a été développé au CSTB, aiter séparément : un terme d'absorption-diffusion exprimé simplement,
s'appuie sur des hypothèses de discrétisation en accord avec celles un terme purement lié à la configuration géométrique (facteur de forme)
modèles globaux de zones de gaz et du même niveau de finesse qu'elle tégré numériquement.
qui traitent l'ensemble des échanges. ·nterface est une surface particulière (frontière entre deux volumes de
t1 Les échanges radiatifs concernant une flamme sont traités à part : ): tout le flux d'énergie qu'elle reçoit, du haut du local par exemple, est
surface de la flamme est représentée d'une façon géométriquem smis vers le bas, mais dans toutes les directions : c'est un "goulet" de
simple et définie, en tant qu'émetteur, par une émissivité et age de l'échange entre les surfaces hautes et le volume gazeux hauts,
température (moyennes). L'absorption de son rayonnement est négl les surfaces basses.
dans l'air. Dans le milieu contenant les produits de combus émissivité du gaz haut est simplement : e2h 1 exp(-klzh ), où :
l'absorption du rayonnement de la flamme est exprimée au moyen
facteurs d'atténuation globaux et de longueurs optiques moyennes. est fourni par ailleurs (connaissances empirique ou modèle
calcul de l'éclairement d'une flamme sur une petite cible est traité spécifique),
considérant un échange entre surface et élément de surface, au trav
du milieu gazeux. est calculé selon la formule courante d'expression du chemin optique
moyen dans une zone de gaz supposée optiquement épaisse
• Les échanges radiatifs présents dans les équations globales de bi Volume du parallélépipède
énergétique dans le local font intervenir une description d'éch lzh = 3 6
' Aire latérale totale du parallélépipède
entre les volumes finis gazeux qui sont, si nous retenons dans un lo
seulement deux zones gazeuses en dehors des flammes : la zone gazeus1 transmittance du gaz en zone haute est
basse, supposée transparente, sous la zone gazeuse chaude haute sous.
plafond, et cette dernière, semi-transparente. Les zones de surface
sont : celles liées aux frontières des deux grosses zones de gaz (plafond; faut garder à l'esprit que les calculs d'échanges radiatifs sont effectués
quatre parties hautes de murs, plancher quatre parties basses de murs1 chaque instant", soit à chaque pas de temps de la discrétisation
pour un local parallélépipédique), plus l'interface entre les deux zones porelle du modèle global de feu, et donc des milliers ou des millions de
gazeuses, ce qui mène déjà à onze zones de surface, auxquelles il f is pour une simulation d'un feu durant 30 minutes.

487
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA ITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour /'in Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

Exemple de situation simple méthodes de flux

Un local est (suppos é) totalement occupé par un mélange gazeux noir méthodes, dont il existe plusieurs variétés, utilisent une discrétisation
température Tg. tionnelle, par exemple dans six directions . En supposant L (.q
Les six paro is sont noires. Dans ce cas, chaque paroi n'échange qu'avec nstant pou r chaque ensemble de directions .Gj comprises à l'intér ieur de
gaz ; si, à chaque paroi o n associe une zone de surface d'aire Âï : 4
hacun des six angles solides de 1t stéradians selon lesquels on découpe
. 6
4 1 space, o n peut associer à chaqu e point de l'espace six valeurs
E-' =aT +- de
g � inance à partir d'u ne discrétisation reposant sur la partition de la
hère unité en six angles solides. L'algo rithme de résolu tion est itératif.
4
aT-J
méthodes de Monte Carlo
j = 1, ..., 6
qui fournit les par résolutio n d'u n système linéaire (en � !) de es r eposent su r le principe de décrire un comportement moyen à partir
équations à six inco nnues. calcul de certains flux d'énergie déterminés aléatoirement.
Ces
éthodes sont adaptables à des formes géométriques complexes.

10 .. 3 ..2 Intégration numérique de l"équation


de la luminance ytracing ", en anglais)
veut par exemple calculer l'éclairement sur � venant de la surface
Certaines méthodes reposent sur l'intégratio n numenque de l'équa
etteur n°i, Si, lorsque S1 et s;ne se voient pas directement mais
gent de la chaleur rayonnée par diffusion sur d'au tres surfaces
locale de la luminance. On écrit la variation de la luminance avec
ois du local ou obj ets). On peut imaginer de "tirer des ray
distance l dans la direction notée ici .Q : ons" depu is
.source vers tout l'environnement et de diffuser (par exemple selo n la loi
L�bert) u ne partie d: la lumière incidente par d'autr es tirs de rayons.
dL =
dl
(ka +kd )L+ka M� + kd
4n 4
fP(n,d►(d)an' a:r:m�e natur:llement a un grand nombre de rayons (des millions) s i la
1t 1t
metne des echanges est complexe. L'esprit de la méthode est de
Le membre de droite co ntient pter la fraction de coups atteignant le but (la cible s;), qui viennent,
.
rectement de Ce concept simple utilise cependant u n maillage de
� un premier terme (négatif) d'atténuatio n par abso rption et par diffusi tes les surfaces qui interviennent pour définir des points-sources et des
où les facteurs sont locaux, ints-cibles.
• un deuxième terme, d'émission du gaz, où M� est l'émittance du cor
noir à la même température,
e un troisième terme représentant la diffusio n selon la direction .Q
rayonnement venant de toutes les direction s. P(n,.ri) do nne
probabilité qu'un rayonnement thermique arrivant dans la direction
soitdiffusé dans l'angle solide élémentaire d.Q autour de .Q.
Aux caractéristiques des surfaces sont associées les co nditions aux limite
sur l'équ atio n.

Nous ne dirons que quelques mot s sur ces méthode s, s achant qu'il exis
aujourd'hui des algorithmes faisant appel à des co mbinaisons des idées
plusieurs méthodes (cf. la référence [7], Lockwood et Shah, 1981).

489
TRA/Tt; DE PHYSIQUE DU BA /TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
10 Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'i hysique du feu pour /'Ingénieur
10- Transferts radiatifs

formule fournit très simplement l'éclairement énergétique


à la
ance d. Elle est rarement applicable aux feux dans des
bâtiments
r lesquels les distances ne sont pas très grandes devant
le�
ensions des flammes.
Remarque:
les flux de chaleur (W) sont à nouveau notés q dans ce paragraphe.
Source hémisphérique, vue totale
a fl�m':11e occupe p�esque tout le volume d'un local (c'est le cas pour
un
10 .. 4.. 1 Rayonnement thermique venant tres intense apres embrasement général dans un petit
local), on
ppose couramment dans la pratique des modèles de feu
d11une flamme euse, tel le modèle NAT décrit au chapitre 13, que:
à une zone

la température du milieu est uniforme ' égale a' T


Les flammes des foyers dangereux par le niveau de leur g,
calorifique sont généralement turbulentes leur forme 'émissivité globale hémisphérique est: & 1 - exp (-k lm_)
g
caractéristiques sont fluctuantes. Des méthodes de représentation
: k est le co�fficient d'atténuation (total), et lm_ est une valeur
avec modélisation de la turbulence permettent de calculer les grand moyenne
longueur optique obtenue par la relation:
liées aux phénomènes radiatifs d'émission, d'absorption et de diffusio
fonction des champs de température, de vitesse, et de composition (
particules). De telles démarches appartiennent à la modélisation dit Volume interne
champ (équations locales), en principe plus satisfaisante théorique
lm 3 '6
Aire de la surface frontière
mais demandent alors un lourd effort de calcul numérique et, sur
nécessitent des données qui, dans la pratique des études de sécurité, que point sur les parois internes voit totalement la flamme
(le facteur
en général mal connues. Des approches globales plus grossières, utilis forme vaut 1). L'éclairement énergétique venant de la flamm
e et
des bilans globaux et des connaissances empiriques, sont p ident sur les parois des est alors simplement : E = s aT 4 •
couramment utilisées pour les calculs de rayonnement thermique g g
foyers courants. On vise dans ces approches à ramener le rayonne clairement s'ajoute celui qui vient des parois si la flamme n'est
. � pas
d'une flamme à celui d'une surface frontière de forme simple s1m1lable a_ un corps noir.
!'émittance est connue empiriquement, et à un coefficient d'atténu
global. Le calcul se limite alors à des évaluations de facteurs de form
d'aires d'échanges.
Nous donnerons trois exemples de calcul d'éclairement appartenant r �a:c�ler l'éclairement sur une cible proche, on peut, selon
pratiques d'ingénierie. les
tenstiques �éométriques de l'échange, représenter la flamme
par un
gle, un cylmdre ou un cône, et associer à la surface retenu
e des
a) Source ponctuelle rs efficaces de température et d'émissivité.
On veut calculer l'éclairement sur une surface-cible située à une dist front de flamme dans un incendie de forêt ou un feu de
cuvette de
de la flamme grande devant les dimensions de celle-ci. On considère ention pourra ainsi être considéré comme un rectangle ; la flamm
e d'un
la flamme comme une source ponctuelle de rayonnement isot er foyer de feu dans un local pourra être assimilée à un cône
ou à un
L'éclairement, à distance d du point-source ne dépend de d et dans ce dre. Po:1r un émetteur cylindrique ou rectangulaire et des
cibles
diminue comme d2. A partir d'une connaissance empirique du d es, on dispose d'expressions analytiques du facteur de forme,
données
aragraphe 10.2.
calorifique du foyer Qc , et grâce à des mesures d'éclairement effectu
plusieurs distances, on peut évaluer le coefficient a de la relation suiv ve1:1t calculer ici l'éclairement reçu par une petite cible,
pour savoir si
qu'on pourra ensuite exploiter lle-c1 peut s'enflammer. L'émetteur est une flamme verticale assimi
lée à
cylindre droit de hauteur z . la flamme éclaire une surface élémen
taire
cée sur un plan vertical parallèle à son axe et tournée vers
E a Ôc elle (cf.
d2 re 10.24 et formule 10.62). Le rayon de la flamme est r,
et d est la
490
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATI /TÉ DE PHYSIQUE DU BATfMENT
3 - Physique du feu pour l'ingén - Physique du feu pour l'ingénieur 10 Transferts radiatifs
10- Transferts radiatifs

de la position Tableau 10.1 - Calcul de facteur de forme entre une flamme cylindrique
distance entre la cible et l'axe de la flamme. Compte tenu global se et une cible parallèle à l'axe
facteu r de forme
la cible par rapport au cylindre, le calcul du term
faire la somm e de deux
lequel la cible voit la flamme nécessite de
ur h et celui relati f
le facteur de forme relatif au cylindre de haute 1
Cylindre 1 Cylindre 2
cylindre de hauteur hi, avec z = h1 + f½.
2 2
F cible -; cylindre =A +B

configurati
Détaillons tout d'abord la formule générale pour cette 0,524 0,524
géométrique.
1 2
Ex.pression du facteur de forme (formule 10.62
)
10 13

= (1 H) 2 + L2 2 5

qu'on décompose en: F = A + B


= tan-1 [
X(H )
Y(H + 1)
1 l 0,9 12 0,750

0,67 1 0,558
A a b avec: a = ­ et b
,rH
0, 131 0,262
D-E/H 0,350 0,157
où:
= -(CD - El H)
L

l " 0, 1 1 1 0, 100

l
H
I tan- 1 fH=TÎ
I
X�2H
D = tan-1[ X( -1)
0, 1 59 0,159
= Y(H +1) l
E
C Hfü' F V�) 0,577 1 , 154

0,524 0,857
et où:
0,083 0,136
h
d,X (l+Hf+L2,Y=(l-H) +L 0, 195 0,236
2 2
L=-,H
r r
F= 0,431
Avec les données d'entrée suivantes:
r = 0,50 m,
rem��ue, que !e fa�.cteur de forme relatif au petit cylindre est supérieur
z 1 ,50 m (hauteur totale de la flamme) moitie de celui qu1 concerne le grand cylindre de hauteur double.
h1 = 0,50 m,
peut profiter des résultats du tableau 1 0.1 pour examiner F pour une
hi= 1 m, le:
d= 1 m,
au pied d'un cylindre de 1 m de haut,
on construit le tableau de calcul 10. 1 qui fournit F = 0,431 . à mi-hauteur de ce cylindre,
c rencore égal à 0,50 m.

493
492
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM !TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour /'in - Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs
10 - Transferts radiatifs

uteur : F = 2 e matériau-cible étant décrit, on peut à partir de l'éclairement déterminer


Au pied du cylindre, on aura : F = 0 ,2362, et, à mi-ha chaque instant la densité de flux entrant, et ensuite la température
0 ,1947 = 0 ,3894, valeur plus élevée.
perficielle, qui peut atteindre un seuil critique pour l'inflammation (cf.
e r= 0,50
La figure 10 27 montre la dépendance du facteur F à d lorsqu apitre 5).
et h = 50 cm, lm, et 2m. valeur, 1, 62 W · cm-2, est suffisante pour enflammer par
mousses plastiques rigides de faible masse volumique non

A Éclairement sur une cible basse


: hl dans un local
•·
1
'éclairement incident sur une cible supposée placée au niveau du
ancher est une somme du type

z
: h2
i correspond à la contribution de plusieurs émetteurs, notés i : les
es, les gaz chauds sous plafond, et les parois du local. Le calcul des
ers éclairements (fastidieux à exécuter sans l'ordinateur), est faisable à
rtir des dimensions et distances, qui mènent aux facteurs de forme, et
t ··
1
.Y s caractéristiques thermiques et optiques des surfaces et volumes.

cible parallèle à l'axe calculer l'éclairement énergétique d'une petite surface


Figure 10.27. Eclairement depuis un cylindre sur une
rizontale tournée vers le haut, et venant directement de deux
Remarque: etteurs : la couche de gaz chauds sous plafond et le plafond, chaque
Si l'on considère une cible horizontale placée dans le plan
de la base inférieur etteur étant à température uniforme.
us. Pour s'en con:mincre, 0;1
cylindre, F est très différent des valeurs ci-dess n, donnee cible est placée à une distance h de la limite basse de la couche de gaz
de la formule 10.63 concern ant cette situatio
s'exercer à l'application
10.2. auds dont la température est Tg et l'émissivité Eg. La largeur et la
gueur du local sont a et b. La position du centre de la cible est repérée
x et y dans le plan horizontal contenant le plancher. La frontière basse
Emittance de la flamme
la couche de gaz est un rectangle noté S. (cf. figure 10 .28).
flamme sur
Ramenons l'émission de la puissance rayonnée par la
ivité EF et u
surface latérale du cylindre en définissant une émiss

î
s
température moyenne TF. On écrit !'émittance : ©
M = e;;crTF4
X • ®

t
a
Avec: EF = 0 , 5 , et TF = 1073 K, il vient: M 3, 76 W · cm- •
= 2
h l\y (i) �
dl
dAl
Eclairement de la cible -E b ➔
E = Fcible-cylindre d'où: M 1,62
= W • cm-2.
Figure 10.28 - Eclairement sur une cible basse dans un local

495
494
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'ingé • Physique du feu pour l'ingénieur 10 Transferts radiatifs

Données pour l'application numérique


• Dimensions du local : au sol, a = 4 m sur Oy, b E = o-Tg4 Fct1- s 1,45 104 W · m-2 1,45 W · cm-2
sous plafond: 2,50 m;
i la ci?le était au centre du plancher, soit pour x = 2,5 m et y = 2 m,
• hauteur libre sous les gaz chauds: h = 1,5 m; aurait: F dl-S = 4 x 0,182 = 0,728, et E"" 1,62 W. cm-2.)
• position de la cible dans le plan du plancher : x 2 m, y= l m;
• caractéristiques des gaz chauds: = 900 K, Bg 0,6.
lairement venant du plafond chauffé
® caractéristiques du plafond : Ts 700 K, Bg = 1. s le calcul précédent, on a considéré comme émetteur la frontière
se de la couche gazeuse chaude. Le plafond, chauffé par la couche de
chauds, émet à �a surface S' un rayonnement dont une partie de la
Eclairement venant de la couche de gaz chaud sous plafond .
mssance est absorbe dans les gaz, le reste de ce flux radiatif sortant de la
Cet éclairement est supposé venir de la frontière basse de la cou ouche chaude pour atteindre les murs et, en partie basse du local le
gazeuse, munie d'une émissivité exprimant l'effet du volume gaze lancher et la cible. Calculons d'abord le facteur de forme entre plafond et
L'éclairement reçu par l'aire dA1 de la cible et venant de S s'écrit: ble. e est l'épaisseur de la couche de gaz chaud (ici : lm), et la distance
afond-cible est h+ e.
E Bg o-T g4 Fct1-s
Fdl-1 = 0,068, Fdl -2 = 0,080, Fd l-3 = 0,160, Fct l-4 = 0,133,
où Fcti -s est le facteur de forme de la cible vers S. Pour calculer Fcti -s,
faut appliquer la formule donnant le facteur de forme de et Fcti -s· = 0,441
configuration, en décomposant Sen quatre rectangles émetteurs
i la t�m�érature du plafond est T 8,, que c'est un corps noir, et que la
= Fct1-1 + Fct1-2 + Fctl-3 + Fct l-4 ns�1ss10� au travers du gaz s'exprime par le facteur (1-sg), l'éclairement
la cible du au plafond s'écrit:
Pour chaque terme, le calcul fait intervenir : la distance verticale h,
largeur et la longueur du rectangle construit dans le rectangle émetteu E = a Ts4 (1 &g) Fcti - s·
partir de l'intersection de ce rectangle avec la droite normale à la cible.
formule de base est la suivante (cf. § 10.2.2, formule (10.53) ) : = 700 K, E 0,24 W · cm-2 .
i la cible est au centre du plancher: Fct i-s· 0,496 et: E = 0,27 w • cm-2)
-l �
=

)
1 (, X _ Y Y _ X
tan 1 ( )+ i-:--·-- tan 1 ( �)
2 n vl+X2 � vl+f2
vl+X vl+f2
2

où: X= xi et Y
h h' omme des deux éclairements précédents
h étant la distance entre cible et rectangle émetteur, et Xi et Yi la largeur 'éclairement sur la cible dû au gaz chaud et au plafond est le suivant :
.
la longueur du rectangle dont le sommet qui est l'origine des axes est s
la normale à la cible, i allant de 1 à 4, représentant l'un des qua E dûàgaz+plafond = (1,45 + 0,24) W· cm -2= 1,69 W· cm·2
rectangles émetteurs.

Résultats
Fdl-1 0,122, Fdl-2 0,132, Fd l-3 0,208, Fdl-4 0,188,
d'où: = 0,650

497
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

eur qu'elle reçoit vers les autres parois. A des échanges directs,
10 .. 4.. 3 !Echanges radiatifs entre les parois me ceux considérés ci-dessus, s'ajoutent des échanges indirects par
exion que nous supposerons diffuse. On ne s'étonnera pas de voir
d11 un local araître de nombreux termes dont le calcul passe par des
résentations mathématiques implicites.
référence (11], Steward, 1974, donne un exemple intéressant de
blème d'échanges radiatifs entre parois d'un local que nous reprenons
en le détaillant. Les dimensions du local sont les suivantes : longueur
(sur Ox), largeur = 4 m (sur Oy), hauteur = 2,50 m (sur Oz). Pour
plifier les échanges, on a ici supposé l'absence d'ouvertures et d'objets
ant écran aux échanges.
r ne pas alourdir la présentation des nombreux termes de flux et de
sités de flux radiatifs qui interviennent dans un local en feu, nous
ntons seulement ceux qui concernent directement les surfaces de
rs, plancher et plafond, en laissant de côté le milieu gazeux, sans
lier que celui-ci peut cependant avoir un rôle prépondérant quand il
·ent chaud et plus ou moins opaque.
y examinera trois situations :
avant le feu, toutes les parois sont à la même température, avec des
surfaces corps noirs ;
Figure 10.29 - Repérage des parois du local
l'une des parois est couverte par une flamme, et où les autres parois,
noires, sont inertes ;
Le traitement des échanges radiatifs entre parois intervient dans les bil enfin, une situation où le seul changement apporté à la deuxième
énergétiques globaux par local. Il est de plus d'un intérêt direct éviden situation est de supposer que les parois inertes sont grises.
dans certaines situations, par exemple :
� un compartiment (local de bâtiment, véhicule, abri, ... ) est chauffé
un feu extérieur. C'est par les parois que la chaleur entre dans
pression de l'éclairement et de la radiosité des parois
compartiment. Même si le compartiment ne réagit pas i:ar d s parois sont opaques.)
allumages de foyers dans son enceinte, l'air chauffé par echan 'éclairement d'une paroi n ° i venant de toutes les parois s'écrit:
convectif avec les parois peut être porté à une température dangere
pour des occupants, qui sont de plus s�u1:1is à l'éclaire�ent énergéti l IJj Fji Aj ;i=I, ... ,6
venant de ces parois. Les caractéristiques thermiques de par A; j=l,6
dépendent des échanges radiatifs qui les impliquent ;
� un revêtement mural ou une cloison combustible prend feu s (avec Fii = 0, pour une paroi plane)
l'influence d'un premier foyer de puissance limitée ; les autres P
sont inertes (ou encore sans contribution). L'émission de chaleur dep Jj, la radiosité de la paroi n ° j, s'écrit :
les flammes en paroi est alors une cause directe de danger dans le 1
et également une cause de développement du feu. Il est intéressant J.i Bj aT/ + (1 - ej) Ej, total
connaître la répartition de l'éclairement qui en est issu.
n voit apparaitre un système d'équations linéaire en radiosités, qu'on
Soient deux parois A et B d'un local en feu. Le flux de chaleu� �m!s par t résoudre numériquement avec l'aide d'un algorithme approprié. Une
et reçu par B peut être du même ordre de grandeur que celui e1:11s par obtenues les radiosités Jj, on obtient directement les éclairements,
et reçu par A. Ici, il s'agit donc de considérer les deux sens des ec�ange is les densités de flux absorbé selon : q{'. abs ""&i Ei,totaJ.
De plus, si une paroi n'est pas un corps noir, elle diffuse une partie de

499
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10- Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour 11 Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

Les densités de flux entrant (= absorbé net) dans une paroi s'expri
selon: n vérifie que F;j = 1 pour i = 1, 2, ..., 6. Par exemple, pour l'émetteur
.,, .,, r Sud (n° 2)
qi, entrant = qi, abs - Si <:YT4i
F2,j = 0,275 + 0 + 0,1752+ 0,1001 + 0,1752+ 0,2750
,6

Facteurs de forme entre parois = 1,0005, soit 1 avec une petite erreur d'arrondi.
On pose le mode suivant de repérage des parois
Paroi n ° 1 : plancher, 2 : mur Sud, 3 : mur Ouest, 4
Tableau 10.3 - Valeur des facteurs de forme dans l'exemple repris
5: mur 6: plafond.
Les propriétés de symétrie du parallélépipède rectangle réduisent Faces opposées
Faces perpendiculaires
nombre de calculs de facteur de forme à effectuer. La liste en est donn parallèles
au tableau 10.2. F 16 = 0,3762 F1 2 0,1375
F24 = 0,1001 F 13 = 0,1747
Tableau 10.2- Egalités entre facteurs de forme dues aux symétries
du parallélépipéde rectangle F35 = 0,1613 F21 = 0,2750
F23 = 0,1752
Faces opposées
Faces perpendiculaires F3 1 0,2795
parallèles
F32 = 0,1402

re situation : parois noires à la même température de surface


l'absence de feu, on suppose que toutes les parois sont des corps noirs
0°c.
émittance de chaque paroi vaut :

Mf = o-(273+20)4 418 W· m-2; i = 1, ..., 6

'indice supérieur O rappelle qu'il s'agit d'un corps noir.)


isque chaque paroi est noire, la radiosité vaut
J.l e1- M-10 = M-10 = 418 W · m-2 '• i 1, ... , 6
Soit 9 calculs à effectuer:
t l'éclairement total (venant de toutes les parois) sur chaque paroi est
3 pour les rectangles identiques parallèles (formule 10.55), 1
t0ta1 = - I: J-F--A- = I: J.p;, J
6 pour des faces rectangulaires perpendiculaires ayant une A j=l,6 J JI J j= l,6 J lJ
commune (formule 10.56),
l'aide de F]A = Fij.Ai et en notant J la valeur commune aux six J;).
(pour un cube, 2 facteurs de forme seulement seraient à calculer).
ur les situations de ce genre où les parois sont noires et à la même
On obtient les résultats du tableau 10.3. pérature, on a ainsi :
Mf ; i = 1, ..., 6

500 501
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM /TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur 10 - Transferts radiatifs

Malgré les égalités observées ci-dessus sur des grandeurs spécifiq paroi n° 3 est caractérisée par une émittance: M3 = 418 W· m-2, égale à
relatives à l'unité de surface, la puissance reçue par une paroi n° i éclairement total E3 total et sa radiosité J3 • L'éclairement de la paroi n ° 3
venant d'une paroi n ° j dépend de i et de j. Prenons la paroi n ° 2 (S
uis la paroi n ° 5 est: E3 = 67 W· m-2, valeur égale à celle de E5 venant
comme exemple de récepteur. La surface de la paroi n° 2 reçoit des c
autres parois, par échange direct, les puissances données au tableau 1 la paroi n ° 3, à cause de la symétrie du problème.
La puissance totale reçue par la paroi n° 2 vaut 4,1 82 kW, soit,
4• 182
m2: = 0,41 8 kW· m-2, qui est l'éclairement calculé précédemme
4 X 2 ,5
situation : la paroi n ° 3 est couverte par une flamme, les autres
Le fait que les parois sont noires implique que le flux thermique é
depuis une paroi est égal au flux total sortant de cette paroi (émis rois, noires, sont inertes à 20°c.
réfléchi), puisque le flux réfléchi est nul. mur Ouest (n" 3) est "en feu", on suppose qu'il est couvert d'une
e. L'ensemble est représenté par une surface dont la température
yenne est 800°C ( 1 073 K) et l'émissivité vaut 0,5. Les cinq autres parois
Tableau 10.4 - Flux radiatif reçu sur la paroi 2 dans la situation examinée nt supposées noires et portées à 2 0° C au moment de l'inflammation de
(surfaces noires à 20 °C) paroi combustible du mur Ouest.
èJ (kW) reçu par paroi n° 2 (Sud) venant de la paroi : lairement sur les parois venant de la paroi n ° 3 (tableau 10.5)
1 ,15 1 (plancher)

0,42 2 (Nord) Tableau 10.5- Eclairement sur les parois dû à la paroi 3 seule dans la situation
examinée (surfaces noires à 20 °c, sauf surface 3 à BOO °Cet émissivité de 0,5)
0, 73 3 (Ouest)
0,00 4 (Sud) Eclairement (kW · m·2} venant de la et reçu par la
paroi 3 paroi :
0,73 5 (Est)
6,56 1 (plancher)
11 6 _(pla ond
______ _, _s_______..___ _ _ D_ _ _)_____ ,J 6,58 2 (Nord)
0,00 3 (Ouest)
On doit satisfaire la conservation de l'énergie : toute la puissance émisë, 6,58 4 (Sud)
par les six parois doit être reçue par l'ensemble des six parois. La(i
6,06 5 (Est)

1
puissance totale émise est:
6,56 6 (plafond)

dans le cas présent où J;_ �=�:


La paroi n ° 3 ne reçoit pas de rayonnement dont elle soit à l'origine. par
èJémise = èJreçue = 4, 18 W · m-2 2 [(5 4) + (5 2,5) + (4 x 2 ,5),
contre, chacune des cinq autres parois reçoit depuis la paroi n° 3 un
X X X X

35,5 kW
.,..
T' éclairement de 6 à 7 kW· m·2.
Puisque les parois sont noires, les puissances incidentes sont égales aux 1::
puissances absorbées.
Présentons maintenant, à l'aide d'un nouveau tableau (10.6), l'éclairement
Prenons l'exemple de la paroi n° 5 (Est). L'éclairement total y est 0,418 otal reçu par chaque paroi.
kW· m-2. L'éclairement reçu par cette paroi et venant de la paroi opposée,
n° 3 (Ouest) est par contre: E5 67 W · m-2.
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl A/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour /'in Physique du feu pour l'ingénieur 10 Transferts radiatifs

Tableau 10.6 - Eclairement total sur chaque paroi dans la situation examinée situation : la paroi n° 3 est couverte par une flamme, les autres
(surfaces noires à 20 ° C, sauf surface 3 à 800 • Cet émissivité de 0,5)
rois, à 20°C, sont grises
Eclairement (kW · m·2 ) venant de paroi n ° 3 est inchangée. Les autres parois sont encore à 20 ° c mais
reçu par la paroi
l'ensemble des parois r émissivité est maintenant 0,7 : toutes les parois so nt grises et vont
6,95 1 (plancher) c diffuser une partie de l'éclairement qu'elles reçoivent.
6,97 2 (N ord) ement total sur la paroi n ° 5 (Est), opposée à la paroi n" 3:

1
0,42 3 (Ouest) Eclairement venant de l'émittance de la paroi n" 3 : E = 6,06 kW• m·2,
5
6,97 4 (Sud) émission de la "paroi" n" 3 ;
6,44 5 (Est) clairement venant de la radiosité de la paroi n ° 3 : E5 = 8,56 kW• m·:l,
mission+ diffusion de la "paroi" n ° 3 ;
6,95 6 (plafond)
lairement total de la paroi n ° 5 : E5 = 8,92 kW· m·2, au lieu de 6,44
W • m·2 dans la deuxième situation : la variation est imputable à
On remarque la prédo minance de la puissance rayonnée par la paroi n° apport de la radiosité des parois autres que la "paroi" n ° 3.
et, à nouveau, la proximité des valeurs de l'éclairement sur les par

i..
autres que la n° 3. Sur cette dernière paroi, l'éclairement, beauco up pl diositê de la "paroi" n ° 3 :
faible, est dû à l'émission des parois noires.
= 39,1 kW· m·2 (émittance M3 = 37,6 kW· m·2), au lieu de 37,8 kW• m·2
Exemple de la paroi n ° 5 {Est), opposée à la paroi n ° 3: iosité dans la 2e situation.
L'éclairement sur la paroi n° 5 venant de la paroi n ° 3 vue co rn tableau 10. 7 présente l'éclairement de chaque paroi dû à la radio sîté de
tt�

émetteur et réflecteur diffus, est : E5 = 6,06 kW· m·2, puisque les par paroi" n °3. s
n ° l, 2, 4, 5 et 6 ne diffusent pas. L'éclairement total sur la paroi n°
venant de la radiosité de la "paroi n° 3" (émetteur et diffuseur) et valeurs d'éclairement s ont plus élevées que pour la deuxième ·�
l'émittance des parois n° l, 2, 4, et 6 est : E5 6,44 kW· m·2, valeur ation, à cause de l'apport diffusif des p arois n ° 1, 2, 4, 5 et 6.
peu supérieure à la précédente : la différence est due à la faib lairement de la "paroi" chaude, n ° 3, n'est plus nul. La puissance
contribution de l'émission des paro is n ° 1, 2, 4 et 6. dente sur la "paroi" n ° 3 est : Cline 5 ➔ 3 = 832 W.
Paroi n ° 3:
L'émittance de la "paroi" n° 3 est : M3 3,76 104 W· m·2 = 37,6 kW· m· Tableau 10. 7 - Eclairement total sur chaque paroi dû à la paroi 3 seule
et sa radio sité, J3 = 37,8 kW· m·2. dans la situation examinée
urfaces à 20 °Cet émissivité de 0, 7, sauf surface 3 à 800 "Cet émissivité de
0,5)
La petite différence est le terme de puissance diffusée à partir de
Eclairement (kW · m·2) venant
puissance reçue do nt l'origine est l'ensemble des cinq parois émetteurs reçu par la paroi :
de la radiositê de la paroi 3
n ° 1, 2, 4, 5 et 6 qui s ont à la température 20 °C.
9,01 1 (plancher)
L'éclairement t otal reçu par la paroi n ° 3 est : 0, = 0,418 kW· m·2, est ég
à la valeur du 1er cas examiné puisque les autres parois, noires, 9,03 2 (Nord)
renvoient rien du ray onnement reçu venant de la par oi n ° 3. 2,68 3 (Ouest)
Les autres parois que la paroi n° 3 reço ivent par contre un éclairem 9,03 4 (Sud)
beaucoup plus fort que celui reçu dans la 1ère situation, dont 8,55
puissance émise par la paroi n° 3 est responsable. 5 (Est)
9,01 6 (plafond)

505
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
10 - Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'i hysique du feu pour l'ingénieur
10 Transferts radiatifs

Exemples de bilans sur la paroi n ° 5: pour la paroi n° 3, les valeurs de l'éclairement sont
voisines de
. m-2.
Le bilan net de l'échange, compté sur 5, est : en puissance de l'échange radiatif entre deux parois
qinc. 5+->3 # 1,061 QS W
enons l'exemple des parois n ° 3 et n ° 5. La puissan ce quitta
Ce bilan concerne les puissan ces incidentes. La puissance nt la paroi
3 est : q = 3, 91 104 x 1 2,5 = 4,8 9 105 W, quittant 3, la puiss
entrant nette dans la paroi n° 5, et due à cet apport, est : ance qui
eint la paroi n ° 5, incidente, est : q = 1 ,07 lQS W.
Esl1inc3➔ 5 -AsJs = 3, 78 l0 W
4
puissance quittant la paroi n ° 5 est: q = 2,97 1 03 x 1 2,5
(flux absorbé venant de 3 flux total quittant 5) = 3,71 104 W.
puissan ce absorbée par la paroi n 5, compte tenu de tous
°
qui correspond à une densité de flux thermique entrant de : 3,� kW · les échanges
ceux dus à l'émission des parois) est par contre : q
à comparer à l'éclairement sur 5 ven ant de 3 : Es 8,55 kW· m 2- = 78 kW,
La puissance radiative nette entrant dans la paroi n° 5 et due à
puissance absorbée par la paroi n ° 3, et venant de la paroi
apport est .· As(,.."5 Es - J,s) = 4 ,09 1 04 W 40' 9 kW et la densité de n° 5 est : la
issance incidente due à la paroi n ° 5 (832 W), multipliée
entrant net est: q" = 3,27 kW· m-2. par 0,7, soit
2 W, en négligeant l'émission des autres parois, et 1929
W en prenant
compte tous les échanges, y compris les émissions.
C'est donc bien la paroi n° 3 qui contribue le plus à ce terme.
bilan des puissances incidentes entre ces deux parois s'expr
La puissance quitt ant la paroi n° 3, dont la r�di�sité est J3 = 39,� k� · ime ainsi
_ _
est : J3A3 489 kW, alors que la puissance em1se (emlttance gnse - 3 la paroi n ° 3 envoie 107 kW vers la paroi n ° 5,
kW · m- 2) est : M3A3 470 kW.
la paroi n" 5 envoie 0,832 kW vers la paroi n ° 3.
La partie de la puissance quittant la paroi n° 3 et incidente sur la
n ° 5 est: bilan de cet échange est # 1 06 kW reçus par la paroi n ° 5 depuis la
J A3F = 63 1 kW en vue directe de 3 ➔ et 1 07 kW en tenant corn oi n ° 3.
d�s rlflexion� diffuses sur les autres parois, valeur obt�nue par le p peut définir également un bilan des puissances absorbées.
de l'éclairement que recevrait la paroi n° 5 si les parois �0 2, � �'

n'émettaient rien (soit si leur température était de OK), mais d1ffusa1ent genre de calcul permet d'évaluer comment l'échange entre
deux parois
rayonnement reçu dû à la radiosité de la paroi n° 3. ait modifié si l'on modifiait l'émissivité ou la températur
e des autres
ois. Toutes les surfaces interviennent par leurs dimensions
La puissance absorbée par la paroi n° 5 et due à la radiosité des paroi , émissivité
_ température:
°
1 , 2, 3, 4 et 6, la paroi n 3 étant le seul émetteur, serait : &5x107 k
74,9 kW. dernier exemple de résultat porte sur la densité de
flux thermique
iatif entrant. Dans la paroi n° 5. E = 8,92 kW. m-2 venan
Le tableau 1 0.8 présente la valeur de l'éclairement reçu par chaque P 5 t de toutes
parois , d'où q" 5 5,95 kW· m-2. La puissan ce entrant
et venant de toutes. dans la paroi
5 est : êJ.s,emrant = A5 q;ntrant = 74,4 kW, alors que la
Tableau 10.8 - Eclairement total sur chaque paroi �ans'! si!ua!io1! ?�amin paroi n ° 3 envoie
(surfaces à 2o•c émissivité de 0,7, sauf surface 3, a 800 C, emIssIv1te de 0,5 7 kW dont 74,9 kW sont absorbés.
tiquement, dans une prise en compte complète des échan
Eclairement (kW · m·2) venant ges de masse
reçu pa:r la paroi 'énergie dans un local en feu, on se sert de regroupem
de l'ensemble des parois ents des termes
· cédents, à chaque instant de calcul pour :
9,37 1 (plancher)
9,39 2 (Nord) calculer l'évolution temporelle de la température d'une
paroi à partir de
la densité superficielle de flux entrant net (dépend
3,09 3 (Ouest) an t de tous les
échanges impliquant la paroi),
9,39 4 (Sud)
8,92 5 (Est) effectuer un bilan sur l'énergie interne d'une zone
de gaz, où il faut
9,37 6 (plafond) incorporer le flux de chaleur net gagné par les échanges
radiatifs.

507
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl
10 Transferts radiatifs 3 - Physique du feu pour l'ingé

Remarques:
• On a supposé uniforme la température de surface de chaque paroi, e t calculé
vale urs moye nne s par paroi de l'émittanc e, de l'éclairement, de la radiosité. Chapitre
peut mailler chaque paroi en surface s plus petites pour des déterminations p
fines, avec l'inconvénient d'augmenter très vite le nombr e des échanges à trait
• Rappe lons que pour une situation de feu causé par des foyers dans le local, il
ajoute r aux échanges radiatifs considérés ici ceux dus aux flammes et gaz ch
Ce t ajout doit se faire au niveau de s équations d e base du système décrivant
échanges. Enfin, les contributions convectives ne doivent pas être oubliées d
un bilan thermique complet.

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508
/TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl
3 - Physique du feu pour l'ing Physique du feu pour l'ingénieur 11- La fumée du feu dans un bâtiment
11- La fumée du feu dans un bâtiment

tés J?ar
Ce chapitre concerne la fumée produite par des foyers alimen
sés chimiq ues, coura mmen t rencon tres_
produits, matériaux ou compo
ERP (Etabl issem ents receva nt du pubhc
les habitations ou dans les
capables d'envahir une partie d'un bâtiment.
la �at1:re_ e
On présente d'abord des définitions et connaissances _ su�
caractéristiques de la fumée. On s'attac he en partlc uhe � � �ecnre fumée du feu de bâtiment est un mélange de plusieurs espèces gazeuses
d'eau (leurs c a ctens tique�,
particules de suie et les gouttelettes � _ de particules solides (suie) et liquides (gouttelettes) en suspension dans
es dont dépen d l'opac ite de la fumee.
formation), et les propriétés optiqu milieu gazeux. Les particules de la fumée, comme certains des gaz qui la
abordés posent, sont issus de réactions chimiques de dégradation et de
Rappelons que les échanges radi�tifs, e:1. �énéral, o:1t été
tuants de la fu bustion, auxquelles s'ajoutent des transformations physiques ; les
chapitre 10, et que les aspects liés a la toxic1te de consti res gaz présents dans la fumée sont les gaz de l'air, entrainés dans les
ont été décrits au chapitre 2. mes, les panaches et les écoulements. L'origine des constituants
le de
Le mouvement de la fumée dans un bâtiment, et le contrô iculiers de la fumée peut être une combustion vive dans une flamme,
mouvement, font l'objet de la suite de ce chapitre. combustion couvante, ou une pyrolyse sans flamme. Dans tous les
d , le point de départ est une dégradation thermique à température plus
Les chapitres précédents 7, 8, 9, 10, �once:rnent ��s phénomènes moins élevée. Dans cette définition de la fumée, les gaz et vapeurs qui
des equati ons d echan ges t de b
représentation permet d'écrire _ � . dégagent d'un matériau chauffé à température trop basse pour
ra dans ce chapit re 11 d s equat 10
d'énergie et de chaleur. On trouve � _
voquer des transformations chimiques, ou les vapeurs dégagées par un
produite
même type portant cette fois sur la masse de fum�e ide en équilibre thermodynamique, ne sont pas considérés comme de la
.
transportée, et sur des grandeurs liées à l'opacité de la fumee

rapport à l'air normal, la fumée est ainsi plus chaude (la différence de
pérature peut aller de quelques degrés jusqu'à 1000 °C), contient des
èces chimiques nouvelles (gazeuses, liquides ou solides), et ses
actéristiques optiques sont différentes quant à l'émission, la
nsmission et la diffusion de la lumière. Selon la nature du matériau ou
l'espèce chimique en train de se transformer, les conditions de sa
sformation liées aux caractéristiques de la source et de son
vironnement, l'instant et l'endroit de l'observation, la fumée pourra ainsi
e vue comme:
à la limite aval d'une flamme turbulente: un mélange gazeux sombre
encore accompagné de poches émissives rouges ou jaunes,
à distance de la source: un gaz chaud et noir contenant beaucoup de
particules de suie et du monoxyde de carbone, ou bien comme de "l'air"
chaud, humide et pollué.
oulement de la fumée est chimiquement peu réactif, à cause du fait que
réactions de combustion sont pratiquement arrêtées en aval d'une
e ou, en général, à quelque distance de la source de fumée, parce
les réactions chimiques sont devenues presque complètes et parce que
froidissement de la fumée (par exemple par entraînement d'air) ralentit
ement la cinétique réactionnelle.
température et la composition de la fumée varient depuis son origine le
de son chemin dans le bâtiment, et jusqu'à son éventuelle évacuation
s du bâtiment, par plusieurs mécanismes de nature physique:

511
510
TRA/Tl= DE PHYSIQUE DU BA Tl /Tl= DE PHYSIQUE DU BA T!MENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'i 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

• l'entraînement d'air dilue et refroidit la fumée. La dilution par l'air


être très importante dans les écoulements verticaux, par exemple
une cage d'escalier, un atrium, ou un puits de lumière;
• les échanges thermiques convectifs entre fumée et parois,
rayonnement thermique d'une fumée chaude, abaissent la températ
de la fumée; Les gaz de la fumée
• la condensation de l'eau (liée à une baisse suffisante de la températ
de la fumée et à la présence de germes de condensation) ;
• la chute et le dépôt des gouttelettes liquides;
ote et l'oxygène de l'air sont entraînés par les flammes sources de
• l'agglomération des particules des suie (phénomène dont la vitesse ée et sont également entraînés dans le.s écoulements non réactifs (par
liée à la concentration des particules) et leur dépôt sur des par ple: panaches thermiques, écoulements au travers d'ouvertures du
(phénomène lent); e porte ou fenêtre ou dans une cage d'escalier). La combustion
somme une partie des molécules 02 amenées dans la flamme et
• la rencontre d'une flamme lors de l'écoulement de la fumée peut rêmement peu d'azote. Il s'ensuit que les quantités d'oxygène et d'azote
contre oxyder les suies en gaz invisibles, comme vaporiser sont pas, dans la fumée issue d'une flamme, présentes dans le même
gouttelettes. pport que dans l'air. La teneur en oxygène de la fumée varie entre 1 %
L'eau issue de la combustion est ainsi présente sous forme de vapeur d lumique prés d'un foyer puissant ou en sortie d'un local où le feu est
une fumée chaude, ou de gouttelettes dans une fumée froide. ense, et atteint presque la valeur normale de 21 % volumiques pour des
ées très diluées, par exemple au sommet d'une cage d'escalier ou d'un
Le transport de la fumée dans un bâtiment est régi par la fo ·um avec un foyer actif en partie basse, 20 m sous la toiture.
d'Archimède (la flottabilité : plus légère que l'air, la fumée monte
l'absence d'autres forces de pression antagonistes} et par les divers ch
de pression régnant dans le bâtiment. La fumée peut égalem
s'accumuler dans des cavités, ou s'écouler lentement selon des direc
horizontales dans des volumes peu ouverts. La diffusion des es erses espèces gazeuses, produits de combustion et/ ou de pyrolyse, sont
semble en général de faible importance devant les autres modes es des régions chimiquement actives (flamme, ou combustion
transport. uvante, ou pyrolyse).
La présence de la fumée est identifiée visuellement grâce à l'émiss trouve dans plusieurs chapitres de ce livre (chapitres 1, 2, 5, 6) des
l'absorption et/ou la diffusion de la lumière, la coloration et la te· ·� rmations sur les produits de combustion dans l'air de matériaux
L'odorat est de plus très efficace pour repérer des "odeurs de fumée", doit igues. Rappelons qu'on obtient généralement (pour des composés
les responsables sont des composés organiques pourtant peu abondants. aniques): de l'eau et du gaz carbonique, à des pressions partielles
vant atteindre 10 à 15 % environ pour chacune de ces espèces, du
Les caractéristiques optiques de la fumée sont dues à la présence noxyde de carbone (plusieurs % au maximum dans un local en feu), et
certaines espèces gazeuses optiquement absorbantes ou émettrices nombreuses espèces plus ou moins oxydées, très diverses et le plus
certaines bandes du spectre (voir le chapitre 10 pour CO2 et H2O) et, vent en faible quantité (hydrocarbures, aldéhydes, oxydes de soufre,
ce qui concerne l'opacité dans le visible, ce sont les petites particul acides tels l'acide chlorhydrique, ... ) dont la nature et la pression
suie ou les gouttelettes d'eau qui jouent un rôle majeur. tielle dépendent des conditions du feu et de la nature du combustible.
s espèces gazeuses non oxydées ou partiellement oxydées de la fumée
ent s'enflammer au contact d'une source chaude et en présence
gène. Un prémélange avec l'air peut se réaliser, préalable à un
age qui peut causer une déflagration ou une détonation. Ceci a été
ervé par exemple dans un couloir où une veine de gaz chauds circule
s plafond avant de déboucher dans un volume normalement riche en
ou bien dans un local en feu contenant beaucoup d'imbrûlés,

513
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM
3 - Physique du feu pour l'ingé /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment
- Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bâtiment

lorsqu'on en ouvre une porte mettant le local en communication avec


couloir empli d'air (le« backdraft ,,). articules présentes dans l'air avant le feu
L'azote demeure donc le gaz majoritaire dans la fumée où sa ten es particules (liquides, plus ou moins visqueuses, et solides) pourront en
dépasse généralement 50 % volumiques. La relativement faible teneur s de feu servir de germes à la croissance de suies ou de gouttelettes. En
espèces gazeuses autres que l'azote, le dioxyde de carbone, l'eau, tuation normale, on trouve plusieurs sortes de particules dans l'air pollué
l'oxygène, simplifie la représentation thermodynamique, thermique une ville moderne, dont la concentration en masse va de 100 à 1000 µg
mécanique de la fumée dans la mesure où l'on peut négliger leur présen m3, et dont le nombre, pour les particules de diamètre inférieur à O, 1
sans faire trop d'erreur. m, est de l'ordre de quelques centaines de milliers par m3 . L'origine des
Les dangers toxiques appellent cependant à ne pas oublier 1 articules est très diverse : des poussières et des poudres dispersées dans
conséquences d'un faible pourcentage d'une espèce dangereuse transpor 'air (minérales, organiques ou végétales), des gouttelettes (réactions
par la fumée qui, en quantité négligeable pour la satisfaction des équati himiques industrielles, "bombes aérosols", et, pour les gouttelettes d'eau,
de bilan sur les espèces, peut causer des décès sans agress elles du brouillard naturel, et dans le bâtiment, celles venant
thermique: CO par exemple, ou un oxyde d'azote. 'humidificateurs), ainsi que des produits condensés des combustions
ntrôlées (industrie, transport, chauffage).
Certains des gaz de la fumée sont donc toxiques, irritants ou corrosifs.
chapitre 2 fournit des détails sur les dangers associés aux gaz et prod
du feu. Dans le présent chapitre, il faut souligner qu'un moyen de préve articules présentes dans la fumée
les dangers de toxicité causés par de tels gaz est, comme d'ailleurs pour
réduire l'opacité, de contrôler les écoulements plutôt que de viser à diluer La suie est constituée de particules solides (ou très visqueuses)
suffisamment la fumée, ce qui est très difficile. produites dans les flammes des matériaux combustibles qui sont
fuligineux par nature, ou bien par des foyers mal oxygénés. Elle est
Généralement, les gaz présents ne changent pas d'état au cours caractérisée par la forme sphérique des grains formés, l'aptitude de
l'histoire de la fumée, sauf l'eau, dont le passage à l'état liquide (formati ceux-ci à s'accoler en chapelets et en grappes, et leur tendance à
de gouttelettes) sera commenté dans la suite, mais certains peuvent adhérer à des parois de façon assez résistante. Chimiquement, la suie
déposer sur les parois, par exemple HCL montre une teneur très élevée en carbone. Les grains de suie peuvent
Avant de parler des particules, rappelons qu'on suppose généraleme adsorber à leur surface des molécules de liquides.
dans les modèles de mouvement de la fumée dans un bâtiment que
température et la vitesse de la fumée sont les mêmes pour les gaz et l Les cénosphères sont des sphères carbonées creuses qui peuvent se
particules en suspension. L'équation d'état des gaz parfaits e former dans certaines conditions de combustion des hydrocarbures.
couramment appliquée à l'ensemble de la fumée. On lui attribue une ma Pour les feux de bâtiment, elles sont bien plus rares que les grains de
molaire moyenne, ce qui constitue un bonne approximation tant que suie ordinaires, et, plus volumineuses, ne gênent pas la visibilité.
fraction massique des particules reste de quelques%. Des gouttelettes liquides riches en composés aromatiques, visqueuses,
peuvent se former dans des feux mal ventilés de matériaux courants.
Elles présentent une parenté avec les suies dans la mesure où la
formation de ces dernières fait intervenir des composés voisins
aromatiques, que nous présenterons plus loin. La formation de
11 ..2 ..2 Les particules de la fumée particules "goudronneuses" stables est beaucoup plus importante dans
le cas d'une pyrolyse sans flamme que dans celui d'une flamme.
Ce sont des particules liquides ou solides, moins abondantes (tant
masse qu'en volume) que les gaz, assez petites pour rester longte Les gouttelettes d'eau de la fumée sont voisines de celles du brouillard
présentes dans le mélange gazeux et en suivre globalement le mouvem naturel, avec cependant des différences quant à la répartition en taille,
La présence de ces particules, liquides peu visqueuses (gouttelettes d'e et peuvent contenir dissous plusieurs % en masse de composés
ou visqueuses (produits de pyrolyse goudronneux), ou bien solides (sui chimiques divers : gaz acides, produits pyroligneux de la pyrolyse de
confère à la fumée des caractéristiques d'atténuation de la lumière (opac matériaux cellulosiques, etc.
coloration) assez marquées pour qu'on appelle quelquefois fumée ces se Les courants gazeux de convection peuvent de plus entraîner dans la
constituants non gazeux. fumée des fragments de résidus solides, beaucoup plus gros que les
grains de suie, résultant de la dégradation d'un matériau. Les plus gros

515
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT. ./TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 Physique du feu pour l'ingé 'hysique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment
11 La fumée du feu dans un bâtiment

de ces fragments, n'ont en général pas d'influence sur l'opacité d ' ,on la nature des données issues de la mesure ou de la théorie et
fumée, mais certains, de taille visible, peuvent par contre communiq ?Plication pratique visée, il est plus commode d'utiliser l'une ou l'autre
le feu à distance (par exemple, les brandons de feux de forêt ces grandeurs, que nous retrouverons dans la suite.
d'incendies urbains).
Dans ce qui suit, nous apportons des précisions sur la concentration, 1 taille des particules
taille et sur l'origine des particules les plus fréquemment rencontrées
cas de feu.
s données qui suivent sont relatives au diamètre moyen, sauf pour les
Expressions de la concentration des particules gglomérats filamenteux de suie où c'est la longueur moyenne qui est
cliquée.
On utilise plusieurs manières de représenter la quantité de particules d obalement, la taille des particules les plus fréquentes produites par le
un volume ou une masse de fumée donné anache d'un foyer courant appartient· au domaine: 0,1 µm-2,0 µm. Le
ableau 11.1 précise la répartition de la taille, des particules les plus
• la concentration numérique N, nombre de particules par unité tites aux plus grandes.
volume (en millions par crn3 , par exemple),
• la concentration massique Cpart> égale à la masse totale des particu Tableau 11.1- Taille des particules de la fumée (diamètre ou longueur)
par unité de volume de fumée (en kg ou g par m ),
3
Pour l'ensemble des particules solides ou
0,01 à 10 µm
• la fraction volumique fv, qui est le volume total de particules par uni.té' liquides en suspension
"PréCtlfSel.B"ile'iiuie (dans une flai:o.ffte} quclgues nm
de volume de fumée,
Grain de suie élémentaire 0,01 à 0,02 µm
@ la fraction massique Ypart> la masse totale de particules par unité Agglomérat de gi:-tt.iM de suie O, là: plu$� µm
masse de fumée. Cénosphère 1 à 50 µm
Supposons que toutes les particules présentes sont identiques et qu'on Gouttelette de liquidi imbrulé, o,ot�il Jlm

npart particules dans un volume V suivant le mouvement d'ensemble. S


Gouttelette d'eau 0,01 à 10 µm

ue Pi part (de l'ordre


m 1 part la masse d'une particule de masse volumiq
1000 à 2000 kg.m-3 pour la suie) et v 1part son volume. La masse volumi
globale de la fumée (gaz et particules) est notée P fum {bien plus faible
s suivantes :
Caractéristiques, formation
Pi art et inférieure au kg.m- ). On obtient les relation
3
et évolution des particules de suie
p

npart
Npart =·····-
V
n s'intéresse ici principalement aux particules de suie formées dans les
Npart m1 part mes de diffusion.

ml part Cpart ure des caractéristiques physiques des particules de suie


Npart --- = �-
P1 part Pl pa rt
peut caractériser une particule de suie par la forme, les dimensions, la
npart m1 part ml part P1 part sse, la mobilité électrique, la charge électrique, la nature
Npart --- = Npart V1 part --"---
Pfum V Pfum Pfum ·stallographique et la composition chimique. Pour un ensemble de
ticules dans un volume de fumée, la concentration et les propriétés
P1 part iques constituent des caractéristiques globales à partir desquelles on
= fv
Prum t déduire des informations sur la concentration et la taille des
ticules. Les méthodes de mesure pour accéder à cet ensemble de

517
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bàtiment
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'i

données caractéristiques sont donc diverses. Nous ne donnerons que xemple de représentation statistique de la taille de particules
indications sur les principes de ces méthodes, dont certaines
compliquées dans le détail, et dont la plupart ne sont que rare
considère
appliquées au feu de taille réaliste, où les conditions expérimentales es particules sont assimilées à des sphères de diamètres d. On
défavorables à une instrumentation fine. Les grandeurs les volume donné, par exemple 1 cm 3 , pour représe nter le milieu réel.
couramment mesurées dans les feux concernent les propriétés optiq
liées à l'opacité de la fumée. utilise comme moyen de représentation de la répartition de la taille des
icules un histogramme où
Recueil et analyse : un dépôt recueilli sur un filtre calibré ou une sonde
thermophorèse (transport de matière sous l'action d'un gradient sur l'axe des abscisses, on identifie des classes définies sur le diamètre
température, du chaud vers le froid) est ensuite étudié par microsc d et une valeur centrale pour chaque classe. On effectue donc un
électronique (qui fournit: taille, granulométrie, morphologie), ou découpage préalable en classes i selon une règle de variation du
diffraction aux rayons X (structure cristalline), ou par analyse chi diamètre d. Ce découpage est suivi du comptage des individus
(composition élémentaire). appartenant à chaque classe;
Pour un volume de fumée, plusieurs types d'appareils permettent sur l'axe des ordonnées, on porte pour chaque classe i le nombre n1 de
comptage et/ou l'évaluation de la taille ou de la masse des particul particules qui lui est relatif.
microbalances (masse), analyseurs électriques (taille), impacteurs
cascade (masse). D'autres mesures, de diffusion massique,
sédimentation, de thermophorèse, permettent le calcul de caractéristiqû
La construction des classes et l'affichage de leurs populations sont en fait
liés à ces phénomènes.
ectués de façon logarithmique pour représenter plus aisément les
Les mesures optiques offrent l'avantage de pouvoir être effectuées ariations relatives très importantes de n1 avec d1•
distance et de façon peu perturbante. Ces méthodes permettent
mesurer l'absorption ou la diffusion de la lumière, et de déduire la taille Donr:-ons un exemple tiré de la référence 25 [Mulholland, 1988].
de
la concentration moyennant certaines données et avec l'aide d'un mod La figure 11.1 donne la répartition du nombre de particules par unité
Ainsi: olume en millions par cm dont le logarithme décimal
3 du diamèt re est
ompris entre : log(d i ) et log(d i )+ LI log(d i ) . Les classes ont été définies
® les photomètres donnent accès aux caractéristiques d'absorption ou
diffusion; ar le choix d'une valeur constante: Lllog(d;) = 0, 25 .

• l'utilisation du laser (en absorption et diffusion) permet des mesures La valeur du diamètre c4, caractéristique d'une classe i est une moyenne
concentration et vitesse en milieu réactif ou non, même opaque géométrique des diamètres bornant la classe i.
chaud.
La valeur moyenne du diamètre d1, pour toutes les particules, est définie
elon la formule
Taille des particules de suie
log�
(cf tableau 11.1)
La taille des particules de suie évolue depuis leur formation dans
flamme : de forme initiale sphérique avec un diamètre enveloppe de l'or Dans cette formule, log (c4) est exactement au centre de l'intervalle de
de quelques nm, elles grossissent et s'agglomèrent en grappes variation logarithmique du diamètre définissant la classe i.
s'alignent ensuite en formant des filaments et peuvent finalement
regrouper en paquets de filaments inscriptibles dans des sphères Le type de courbe obtenue est relatif ici à des particules issues de la
plusieurs µm de diamètre, voire beaucoup plus. On passe ainsi du nm ombustion d'un encens (la flamme est dans ce cas "collée" au solide). Les
µm : la dimension caractéristique varie d'un facteur 1000, et peut d résultats expérimentaux ont été acquis par mesure de la mobilité électrique
pour les particules les plus grosses, être égale à une longueur d'onde des particules.
domaine visible ou du proche infrarouge. La variation de ces échelle
naturellement des conséquences sur le comportement optique.
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtîment

l.� 1½
Pour l'exemple de la figure 11.1, le diamètre moyen d m vaut 0,072 µm.
dispersion de d est évaluée par l'écart-type C> exprimé selon:
cause de la complexité des mécanismes de formation des particules de
ie, la fraction de la masse initiale de combustible transformée en suie
2 ans une flamme est très variable: elle va de 0, 1% à, rarement, 10%, voire
(log (di) - log (dm)) Ni % au maximum. Rappelons que cette production dépend du foyer, par
log Œ ' 1- --------­
= -- nature et sa taille, mais aussi de son environnement.
N

carbone est l'élément prédominant dans le corps d'une particule de suie,


107.----,------,----,----,------.----.
ec une structure cristalline proche de celle du graphite. Selon l'origine de
particule et son histoire, la composition chimique et la masse volumique
ient. La masse volumique des particules de suie va de:
3 X 106
1 à 1,5 g.cm-3 pour la suie des foyers courants dont les grains sont
recouverts d'espèces chimiques adsorbées,
106
à 2,2 g.cm-3 pour le "noir de carbone" formé plutôt dans les foyers
/
M / industriels à haute température (la masse volumique du graphite est de
E 3 X 105 ,,
u
,i
/ 2,26 g.cm-3).
trouve, en plus du carbone, un peu d'hydrogène : cent fois moins en
--z
<] 105
asse que de carbone, et de faibles quantités d'autres éléments.
<l
3 X 104 rigine et formation des particules de suie
s observations réalisées ont porté surtout sur des hydrocarbures
104 eux , des liquides (hydrocarbures, alcools, ... ), et quelques polymères de
thèse courants. Pour des combustions avec flamme, les grains de suie
t formés dans la flamme même. La présence de suie dans une flamme
3x 103 e diffusion est responsable de sa luminosité (on exploite ce phénomène
ans les bougies et lampes à mèche). En aval de la flamme on peut
103 ,_____,___.___..__,.__....___,._+-_.__.__.......___,
urtant ne pas retrouver de suie car les particules peuvent avoir été
1 X 10- 3 3 X 10- 3 1 X ,0-2 3 X 10-2 0.1 0.3 1.0 sformées en gaz par oxydation dans la flamme. La nature des espèces
d,µm
érées par la pyrolyse dépend du combustible de départ et des échanges
sant leur production, et les mécanismes en compétition,
sicochimiques et mécaniques, dépendent de plusieurs paramètres, tels
exemple la richesse de la flamme en oxygène, la durée de séjour, le
Figure 11.1 - Exemple de répartition de la taille de particules de suie. eau de turbulence.
(d'après Mu/ho/land, référence [25])
En abscisse : le diamètre des particules, mesuré, est représenté en classes selon une
échelle logarithmique. fluence de la nature chimique du combustible
En ordonnée : également sur une échelle logarithmique, on a porté le nombre de usieurs observations ont permis de constater pour les hydrocarbures que
particules par classe. production de suies, dans de mêmes conditions de combustion, est
utant plus forte que le nombre de doubles liaisons ou .de liaisons
juguées dans la molécule de départ est grand. On obtient un ordre
stré par le schéma suivant, tiré de la référence 11 [D.Drysdale, 1985J.

521
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl !TÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour /'in • Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

dernier radical produisant par cyclisation le radical phényle


n-alcanes

iso-alcanes

alcènes tendance croissante


à former des suies
alcynes

benzéniques

naphtaléniq ues

formation de ce premier cycle aromatique est l'étape qui contrôle la


Ces observations, et d'autres, relatives à des polymères, s'interprètent tesse de production des HAP précurseurs des suies.
la participation de motifs acétyléniques et de cycles benzéniques dan
Combustibles aromatiques
formation de précurseurs des particules de suie (cf. la référence [Breill
al., 19921). Cependant, la seule présence d'un noyau benzénique dan lusieurs réactions, non détaillées 1c1, font intervenir une action de
structure moléculaire de départ ne suffit pourtant pas à garantir une cétylène (formé dans la dégradation du combustible) sur un radical
production de suie. Ainsi, le polyéthylènetéréphtalate contient un no omatique, du type
benzénique, et ce polymère est cependant peu fumigène. La f.
accessibilité réactionnelle du noyau aromatique au coeur du monomère
un argument pour expliquer ce constat.

:rôle des hydroca:rbu:res aromatiques polycycliques


Il semble aujourd'hui que la formation des particules de suie passe par def H
H-C:E C- H /
étapes où se forment des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP C
en français, PAR en anglais), qui sont les précurseurs des particules
solides, bien que les réactions à l'origine des HAP varient avec la naturé
chimique du combustible. On peut distinguer deux types de chemins··
réactionnels qui mènent à des cycles aromatiques :
• combustibles non aromatiques Cette réaction, su1v1es d'autres réactions, conduit à la formation d'un
radical diphényle. Pour les combustibles aromatiques, l'ensemble du
Un ensemble de réactions (non décrites ici) produit des molécules rocessus est contrôlé par la vitesse de pyrolyse du combustible.
radicaux acétyléniques qui réagissent selon
es présentations succinctes montrent le rôle de l'acétylène, ou de
yacétylènes, comme intermédiaires dans la formation des précurseurs
suies que sont les HAP. La description quantitative de ces
hénomènes, pour lesquels un consensus qualitatif semble établi sur
H-C: C- H > elques aspects essentiels, fait encore l'objet du développement de
éories et modèles.

ormation des suies à partir des HAP


uand l'un ou l'autre type des mécanismes réactionnels évoqués
récédemment a conduit à la formation de HAP, d'autres réactions de
yclisation, de condensation de noyaux aromatiques et de graphitisation,

523
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA RA/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 Physique du feu pour l'i - Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bâtiment

mènent d'abord à des sphères solides dont la composition élémen roissance fractale
correspond à la formule globale approximative C8H, et dont les plus peti
P:ocessus d'agrégation par chocs aléatoires entre particules et amas
décelables ont un diamètre de quelques nm. Le passage de ces grains à de
1cules, et entre amas et amas, concerne la croissance des colloïdes des
particules plus grosses est lui aussi très complexe. On peut distin
'r sols, comme celle de� suies. L croissance fractale des agrégat� est
néanmoins plusieurs étapes que nous allons présenter en partant des ,obJ�et de recher . 8:
ches depuis une d1zame d'années. La référence 27 [Sander
Nucléation 987] donne une information sur ces travaux.
Cette étape est la formation des premiers grains solides. Un dépasseme
local de la tension de vapeur saturante favorise la formation de noya
solides, les nuclei. La présence d'une microparticule exogène, d'un ion
d'un radical, favorise beaucoup la création d'un nucleus : le "co
étranger" sert de "point d'accrochage" aux HAP. On a ainsi montré que
ions positifs introduits par apport de sels métalliques dans une flam
avaient une influence sur la production de suie, mais que le sens de
modification de la quantité de suie produit pouvait être positif ou néga
les ions Na+ ou K+ , par exemple, accroissaient la production de suie, alo
que Li+ ou Ba++ la diminuaient.

1'
Ces observations sont à rapprocher de ce qu'on sait de l'action de certainl.
produits ignifuges qu'on introduit dans un matériau pour perturber
fonctionnement d'une flamme qu'il alimentera éventuellement, et d
pour rendre le matériau moins combustible. Si les ions métalliques s
souvent absents des flammes de matériaux courants dans le bâtiment,
ions y sont fréquemment présents, tels CHO+, qui peuvent jouer le rôl
nuclei.

Croissance des noyaux


La croissance est due principalement à l'apport au nucleus de ma
prélevée dans les gaz présents près des noyaux, gaz venant de la pyroly
puis des HAP, dont une partie se condense en obéissant aux contrain Figure 11.2- Simulation numérique de croissance fractale:
thermodynamiques de l'équilibre entre phases. En sus de Agrégat tridimensionnel de colloïde d'or construit à l'ordinateur
condensation interviennent des phénomènes d'adsorption
(d'après une photographie de la référence Sander, [271).
graphitisation des molécules sur le noyau. Le phénomène de croissance
L'allure générale correspond à ce qu'on observe pour des grains de suie agglutin
volume du noyau par dépôt sur sa surface a lieu pour des noyaux isolés és.
se poursuit dans des chapelets de noyaux accolés.
L'adsorption de molécules ne participant pas à la construction du grain
suie peut permettre à ces molécules de rester collées aux sphères.

Agglutination et agglomération s la flamme, aux mécanismes de formation s'ajoutent des mécanismes


'o��ation sous l'action de mol�cules d'oxygène, peu nombreuses
Les particules peuvent se rassembler par agglutination de deux parti _ à
teneur d une flamme de d1ffus1o
I
n, ou de radicaux OH. Hors de la
en une seule, et continuer de s'agglomérer : les particules se collen me, l'oxydation est arrêtée.
chaînes d'agglomérats partiellement ramifiées, chaque particule ini
conservant à peu près une forme sphérique. Les agglomérats peuve s le pa1:ac�e qui s1;1ccède à la flamme, c'est ainsi le bilan global de
leur tour se coller et finalement constituer des paquets de filaments p tes �es reactions actives dans la flamme qui décide de la quantité
. de
assez grands pour être visibles (fins morceaux sombres à l'allure de "t e presente dans ce qui est alors la fumée.
d'araignée"}.

525
TRAITÉ DE PHYSIQUE OU BA TIMEN
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour /'ingénie TRAITÉ DE PHYSIQUE OU BAT/MENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

"Disparition" des particules de suie de la fumée


La quantité de suie, le nombre et la taille des particules, varient avec la
La suie peut demeurer en suspension tant que le dépôt sur des parois, hauteur z et avec la distance r à l'axe vertical. Nous donnerons ici quelques
chute (lente) due au poids ou le passage du flux de fumée dans u informations sur les résultats relatifs aux prélèvements effectués sur l' axe
seconde flamme n'auront pas fait disparaître du milieu gazeux grains (r=O):
filaments. Le dépôt de suie sur des parois est lent (il est lié au rappo
surface de parois/volume de fumée) mais les chocs sont efficac à 1 cm depuis les débouchés, on commence à trouver des particules de
(beaucoup de particules touchant une paroi y demeurent). Pratiquement diamètre supérieur à la limite observable de 3 nm et inférieur à 20 nm
'
en sus de provoquer des salissures, le dépôt de suies peut endommage plus quelques agrégats, vingt fois moins nombre�.
des circuits électriques ou des cartes d'ordinateur en causant des courts�
circuits. • à 5 cm, certaines particules ont un diamètre de 25 nm, d'autres
mesurent encore 3 nm. On rencontre un agrégat pour 10 particules,
La disparition spontanée des suies de la fumée dans un volume clos de,: certains plus gros que 1 µm.
bâtiment demande ainsi des dizaines de minutes.
• à 15 cm, on ne trouve plus de particules isolées. Le diamètre des grains
de particules est voisin de 35 nm, et ces grains constituent des agrégats
Poursuite de l'agglomération qui en contiennent de 20 à 200.
L'agglomération peut également se poursuivre hors de la flamme : les , à 33 cm, on observe peu de différences par rapport à la cote 15 cm.
connaissances sur ce point ne permettent pas de préciser l'importance de ·
ce phénomène. Quelques expenences ont permis de montrer un • vers 40 cm, la suie noire (froide), sort de la flamme et devient un
« vieillissement » qui lui serait dû. constituant de la fumée.

Exemple d'étude relative à la formation de suie


Un constat particulièrement intéressant est que les changements observés
dans une flamme
sur les particules correspondent aux différentes régions de fonctionnement
de la flamme:
(cf figure 11.3)
Il semble utile de donner un exemple d'étude fine relative aux particules de • à 1 cm, la flamme est stable est laminaire;
suie dans une flamme. On trouve à la référence 29 [Subramaniasivam, à 5 cm, elle s'enfle et se dégonfle de façon périodique (avec une
1992] le rapport d'une étude expérimentale de la formation de suie dans fréquence voisine de 13 Hz);
une flamme de diffusion d'éthylène. Le phénomène de thermophorèse a été
exploité pour recueillir les particules de suie sur une petite sonde. La au-dessus de 15 cm, la flamme est nettement turbulente et présente de
flamme fonctionnait en régime établi d'alimentation en combustible, larges vortex ;
L'éthylène était amené par un tube central de diamètre 11 mm à un débit
volumique de 50 cm3.s-1 jusqu'à la bouche placée au même niveau que le • au-dessus de 30 cm, la structure apparente de la flamme montre une
débouché d'un second tube, de même axe vertical, de diamètre 102 mm. "ouverture" instable d'où sortent des suies.
L'air était amené dans l'espace annulaire à un débit de 107 cm3 ·s-1. Une Cette série d'expériences de laboratoire très instrumentées montre ainsi
telle géométrie favorise le fonctionnement d'une flamme de diffusion et il l'interrelation forte entre les écoulements (l'hydrodynamique) dans la
faut souligner que l'oxygène de l'air lui est fourni régulièrement, sans flamme et la chimie compliquée de la production des suies. Les différents
intervention notable de l'atmosphère du local. La vitesse d'injection des mécanismes de production de germes, croissance, agglomération, ... sont
deux gaz, combustible et air, est assez faible pour que la flottabilité domine de plus mis en évidence.
l'effet du débit de quantité de mouvement injecté aux bouches (flamme
petit nombre de Fraude). La hauteur de flamme visible était de 40 â 45 cm,
Le principe du prélèvement était de placer rapidement une grille froide très
fine en un endroit choisi de la flamme pendant une durée de moins de 0,1
s, et de la retirer très vite ! La grille, recevait un dépôt de particules attirées
par le gradient de température. Les particules étaient ensuite portées avec
le support de prélèvement, au microscope électronique par transmission
pour des observations à un grossissement de 20 000 à 100 000.

526 .....CSTS
527
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM �/TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingé - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment
11 - La fumée du feu dans un bâtiment

upposons qu'il n'y a ni production dans V, ni transport de particules


tre V et son environnement, ni dépôt sur des parois, et donc que la
asse de particules en suspension reste constante.
a diminution de N par agglutination doit suivre une loi du type "cinétique
'ordre deux":
dN ==- 2
AN
dt
uisque les rencontres doivent se faire par paires {c'est du moins
hypothèse). Si A est une constante, l'intégration fournit :
N(to)
--'--1-11--Z,.15 cm,
R�o cm

a valeur de A peut être, par exemple, de l'ordre de 10-9 cm�s-1 (valeur


bservée dans de la fumée de cellulose). Il faut alors 5 minutes pour passer
, par exemple, N0 == 107 particules par cm3 à quatre fois moins selon ce

roissance des particules


t Air le diamètre moyen des particules est dm, leur masse volumique Pp , et
e le nombre de particules par unité de volume est N, on définit la
action volumique de particules dont la masse totale par unité de volume
t Nm 1P , selon :
Figure 11.3 - Expérience de Subramaniasivam, 1992 (référence (29])
Le combustible (éthylène) est amené par un tube intérieur, l'air par N ml part = 1t
l'espace annulaire entre le tube intérieur et un tube extérieur. fv = d;;, N
Le dessin permet de se représenter les dimensions de la flamme, et met
P1part 6
en évidence la présence de différentes régions : flamme stable, région
intermittente puis turbulente, panache.
P1part
Eléments sur les approches théoriques de formation
des particules de suie t la masse moyenne d'une particule.
croissance en volume total des particules semble suivre une loi de la
Nous effleurerons ce domaine où peu de connaissances et de modèles
portée générale sont aujourd'hui suffisamment validés ou stabilisés.
théories envisagées sont de plus lourdes à exposer. dfv
dt
Approche très simple d'une loi d'agglutination
Soit, à l'instant t0 , n le nombre de particules, distinctes (non accol ' la valeur de a et fv * dépende en particulier de la richesse en oxygène de
flamme. Une faiblesse d'une formule de ce type est de ne pas tenir
dans un volume V donné. N est le nombre de particules ramené à l'unité
mpte du diamètre ni du nombre de particules. La vitesse d'oxydation des
volume:
ies dépend de leur diamètre qui devrait donc intervenir dans une loi
N= !!_ bale de croissance qui tienne compte de ce phénomène concurrent.
V

528 529
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl /TÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

On peut envisager une loi du type ossièrement, �e l_O à 45 % selon la nature du comb
ustible et la taille du
e:. On conçoit bien que plus la flamme contient de suie
à température
dN = S-bN 2 -Ô
ee, plus son rayonnement thermique sera important
. Le lien entre la
dt uteur d'apparition des suies sur une flamme de petite
taille et l'aptitud
où: fo:1:1er beaucoup de suie pour de grandes flamm
es est difficile :
odehser.
- le terme S est un terme de production de particules,
observat�on� réalisées ont porté surtout sur
des
- b un coefficient, dans le produit b "N2 qui représente l'agglomération. e�, des hqmdes (hydrocarbures, alcools, ... ), et quelq hydrocarbures
ues polymères de
synthese courants.
Le dernier terme noté Ô doit représenter l'oxydation. Plusieurs lois
comportement ont été envisagées qui font intervenir la température et
pression partielle de 02.
Une formulation assez générale est due à Magnussen et al. (cf. référence
[Magnussen et Hjertager, 1976]), qui ont introduit l'effet de la turbulen
Rappelons que la prise en compte de la turbulence est en général ren Caractéristiques, formation
nécessaire par le rôle qu'elle joue dans le mélange des espèces et don
couplage qu'elle introduit entre transport, mélange et réactions chimiqu et évolution des gouttelettes d'eau
Ce qui a été exposé des mécanismes de formation , croissance et déclin
particules de suie montre à l'évidence que la modélisation de
phénomènes pour des applications aux feux de bâtiments est une tâ aractéristiques des gouttelettes d'eau
difficile. La prévision des propriétés optiques d'une fumée ne peut se fair�\ Remarque:
de façon purement théorique à partir des données courantes sur +é Rappelons que d'autres gouttelettes, non aqueu
combustible et son environnement. L'exploitation de résultats empiriquëâ: ses, peuvent être produites par la
pyrolyse s:ms flamme de produits organiques, dont
_ la composition chimique est alors
et de lois de comportement globales est le seul moyen actuel pour cale assez vo1sme de celle des prêcurseurs de suie.
pratiquement les grandeurs évaluant l'atténuation ou l'émission de
e� :11esures relatives aux gouttelettes dispersées
lumière dues aux suies. Une hypothèse simple est de se donner dans un gaz font
ncipalement appel à des procédés optiques.
estimation du débit de particules produites par la flamme et d'éc
ensuite une équation de conservation sur le nombre de particules imensions
représentant le transport de ces particules avec l'ensemble des gaz chau
incluant la dilution, pour connaître en chaque endroit l'évolu 'ordre de grandeur de la taille d'une gouttelette est
donné au tableau
temporelle de la concentration en particules et y associer des propriétés 1.1 : le diamètre varie entre 0,01 et 10 µm.
optiques. La démarche utilisée dans les modèles globaux destinés au feu oncentration
dans le bâtiment est de ce type. Le paragraphe 11.3 consacré aux
caractéristiques optiques de la fumée donne un exemple d'application tit:e d'�xemple, 01: a port� au tableau 11.2 des valeu
rs de concentration
lois de conservation, reposant sur des hypothèses simples. latives a des bro�illards d eau dans l'air pour lesqu
els la taille moyenne
es gouttelettes vane de quelques centièmes de µm à
quelques dizaines de
µm.

Hauteur d'apparition des particules de suie dans une flamme Tableau 11.2- Caractéristiques d'un brouillard d'eau
dans l'air

Pour des flammes de diffusion naturelle, verticales et de faible section .â 108 à 109 gouttelettes par m3
leur base (de l'ordre du cm2) et donc des foyers très peu puissants, ona de quelques dg à 5g d'eau par m3
constaté (référence 24 [Markstein, 1984]) que la hauteur minimale
laquelle on commence d'observer des suies est clairement corrélée de 100 à 600 gouttelettes par cm3
l'aptitude qu'a le même combustible à former des suies dans des flam diamètre d'une gouttelette : de 5 à 50 µm
plus grandes, et donc à l'importance de la puissance rayonnée par
flammes. Rappelons que la "fraction rayonnée" du débit calorifique v

531
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM RA/TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé • Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

Composition chimique
Les gouttelettes d'eau peuvent de plus contenir un liquide ou un a nucléation est la formation d'embryons de gouttelettes. Elle est due à
dissous, éventuellement irritant, toxique ou corrosif. eux types de phénomènes : la nucléation homogène et la nucléation
étérogène.
Formation des gouttelettes uclêatio:n homogène

(cf référence 19 [Lapez et Brnstet, 1991 et 1995 }) i une population de molécules d'eau (vapeur) se trouve localement en
oncentration supérieure à celle qui correspond à la pression de vapeur
Les gouttelettes d'eau résultent de la condensation de la vapeur d'eau aturante (régie par la pression totale et la température), l'équilibre
brouillards ou aérosols. On sait que plupart des matériaux cour ermodynamique implique la condensation d'eau. En fait, la durée
contiennent des atomes H dans leur structure moléculaire, qu'on retro , cessaire à la rencontre de dizaines de milliers de molécules d'eau pour
après combustion dans des molécules H20, qui sont sous forme gazeus ·re une microgouttelette est très longue et, pratiquement, la nucléation
leur naissance. La création des gouttelettes dépend de la température mogène ne s'observe, en un temps raisonnable, que lorsque la pression
flux gazeux et de la présence de germes exogènes ("poussières") tielle de vapeur d'eau est élevée et vaut par exemple deux fois la valeur
endogènes (micrograins de suie). La concentration et la taille aturante. Dans les conditions qui nous concernent ici, la nucléation
gouttelettes qui se forment éventuellement dépend de la température omogène est de faible contribution, et l'observation montre que l'humidité
milieu gazeux, de la teneur en vapeur d'eau et de la nature et elative ne dépasse pas la valeur d'équilibre de plus de quelques 10-3 •
concentration des germes présents.
ucléation hétérogène
Dans une atmosphère propre, la vapeur d'eau peut se maintenir
sursaturation, c'est-à-dire que l'eau reste sous forme de vapeur alors n sait que des "impuretés" favorisent la condensation de brouillards
sa température est assez basse pour que thermodynamiquement elle bservations de Coulier au XIXéme siècle). En milieu urbain, le nombre de
autorisée à se condenser. Ce phénomène a été exploité dans des cham articules en suspension est de l'ordre de centaines de milliers par m3, et
de détection de particules subatomiques, dont le passage dans un mi pyrolyse et la combustion apportent de leurs côtés nombre de germes.
sursaturé rend mesurable la trajectoire suivie (et permet donc es particules nombreuses, de "grande" taille (quelques µm) et
reconnaître la particule subatomique à l'aide des lois de la mécani ygroscopiques peuvent même provoquer la condensation lorsque la
classique) grâce à l'apparition d'une traînée de gouttelettes formées ression de vapeur est de l'ordre de 80 % de la valeur saturante. Les
contact entre le gaz sursaturé en vapeur d'eau et ces germes minuscules. articules-germes ont un diamètre qui va de 1o-8 à 1o- 5 m. Pour un taux
'humidité donné, la vitesse de nucléation hétérogène dépend de la
Le tableau 11.3 donne la valeur en hectopascals de la tension (pression) lubilité des germes dans l'eau, de la taille, de la forme, et du rayon de
vapeur saturante dans l'air, pour des valeurs peu élevées de urbure de la particule-germe. La référence 19 [Lopez et Brustet, 1991],
température. On remarque que Pv est divisé par trois lorsque i précise ces questions, insiste sur l'efficacité de la présence d'une
température passe de 40 à 20 °C. action soluble dans la particule-germe pour faire croître ce germe par
ndensation de la vapeur d'eau. Dans ce qui suit, nous donnons quelques
Tableau 11.3 - Pression de vapeur saturante de la vapeur d'eau éments sur les relations théoriques.
sous une pression totale normale

T(OC) Pv(hPa) roissance d'une gouttelette par condensation


40 73,8
56,2
pposons qu'à l'instant t = t 0 la gouttelette a un rayon R valant Ra , en
35
ait celui d'un germe actif. Supposons de plus la goutte unique et placée
30 42,4
ans un environnement uniforme, où existe un gradient isotrope de masse
25 31,7 d
20 23,4 1um1que
. de vapeur d'eau note- ·-- pv , ou- Pvest 1a masse volumique de la
dr
15 17,0 peur, et r la distance au centre de la goutte. La loi de diffusion
10 12,3 léculaire de Fick permet l'expression suivante du flux massique
5 8,7 sant vers la gouttelette :
0 6,1 . 4nr 2 D --
m= ÔPv

532
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM 'A/TÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment
3 - Physique du feu pour l'i - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

Remarques:
où D est le coefficient de diffusion de
On admet que Pv, ➔ro est constant : la condensation n'a pas d'effet à l'infini.
supposé invariant.
le ntr
Dans l'hypothèse de stationnarité, toute sur�ace sphériq�e- virt:1el ce_ - On admet aussi que PvR est constant, à cause de l'équilibre liquide-gaz supposé
sur la goutte est traversée par un flux massiq ue de de site um � orme a
� _ maintenu.
. Il vient alors 1 expres s. i on sutv
distance r donnée du centre de la goutte Cette relation approchée néglige en particulier les échanges thermiques et l'effet de
de la conservation de la masse appliquée à la vapeur d'eau: la présence de gouttes voisines. On peut consulter le chapitre 4 et le livre de M.
Kanury cité dans ce chapitre," An introduction to combustion phenomena", pour
4n: r 2D ôPv == cte par rapport à r. examiner l'approche qu'on peut faire à l'aide du nombre de transfert B.
rit
ôr a formule obtenue est une relation linéaire entre g;z. et le temps t où:
Soit: D est connu, du moins pour des mélanges gazeux courants. D varie de
2 10- 5 à 3 10- 5 m2 • s- 1 entre 0° C et S0° C sous pression normale.
Pl est voisin de 1000 kg · m-3•
où K est une constante détermination de Pv, w PvR est plus difficile ! La valeur de Pv, dépend
➔ ➔oc

Si l'on intègre la variation de Pv de r = R jusqu'à r ➔ oo on obtient: e la composition {masse de la mole moyenne) et de la température du
lieu gazeux par l'équation d'état. La valeur de PvR dépend de la
pérature de la surface de la goutte d'une façon formulable si on exploite
relations d'équilibre sur l'enthalpie libre : pour fermer l'ensemble des
uations, il faut supposer l'équilibre gaz-vapeur à r=R. La référence 19
pez et Brustet, 1991] donne l'estimation de 2.10-4 comme exemple de
désigne la masse volumique de la vapeur très loin de la gouttelett de sursaturation à attendre dans ce type de milieu gazeux. Si l'on se
nne une température moyenne de 40° C, la masse volumique Pv
sa valeur à la frontière de la gouttelette. rrespondant à la saturation est alors voisine de 50 g.m-3• La différence
PvR est alors voisine de 10-5 kg.m-3. Si l'on cherche la durée
D'où: v -
00

- essaire pour que R atteigne lµm, en négligeant la valeur initiale R0, on


tient un temps de l'ordre de 2s, qui donne une idée du temps
actéristique de croissance des gouttelettes.
Et: 'exposé de théories plus élaborées sort de ce cadre.
ÔPv\
ôr r�R
volution des gouttelettes
Avec m ; n:r PI, où Pl est le masse volumique de la gouttelette, il
3
e nouvelle élévation de température causée par exemple par l'activité
finalement: n foyer peut vaporiser l'eau condensée. Un mélange de la fumée avec du
plus chaud et plus sec peut également modifier la situation des
uttelettes. Le dépôt sur des parois et la chute des gouttelettes sont sinon
autres facteurs de disparition.

qui s'intègre en : chute des gouttelettes


situation calme, sans transport forcé ni apport de chaleur, la chute des
ttelettes dans l'air s'effectue à une vitesse qui dépend de leur taille. Le
leau 11.4 donne des valeurs de la vitesse-limite {maximale) de chute
s le champ de pesanteur.
(R=R0 pour t=O)

534 535
/TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tf
3 - Physique du feu pour l'i Physique du feu pour l'ingénieur 11- La fumée du feu dans un bâtiment
11 - La fumée du feu dans un bâtiment

Tableau 11.4 - Vitesse de chute de gouttes d'eau dans l'air

Diamètre Vitesse limite de chute


{µm) (mm· s·1)

1 0,03
0,3 s caractéristiques optiques de la fumée interviennent sous les deux
2
pects déjà évoqués
5 0,7
la fumée est le lieu d'échanges thermiques radiatifs avec son
10 3,0 environnement. En tant qu'émetteur de rayonnement thermique, la
100,0 fumée envoie sur un récepteur un flux thermique qui fait intervenir (voir
50
chapitre 10) : les dimensions du volume de fumée, sa température, ses
caractéristiques optiques dans le proche infrarouge et le visible, et un
facteur de forme.
Les gouttelettes d'eau de la lutte contre le feu la fumée est un milieu dont la transparence limite la visibilité. Pour cet
aspect dont l'importance est majeure pour la sécurité des personnes, les
g la vu
Si la formation naturelle de gouttelettes d'eau dans, la fumée ��� caractéristiques optiques - dans le domaine visible - et les dimensions
utihse dan e
personnes en mouvement, il est bien connu que 1 ea': est _ du volume occupé par la fumée doivent être considérées pour calculer
tit dans un
lutte contre le feu. L'eau divisée en gouttelettes se repar une grandeur caractérisant l'opacité de la fumée sur une certaine
e/volu me
grand volume qu'un jet continu, et offre un rappo�t surfac longueur. La visibilité d'une source fait intervenir le contraste et les
favorable aux échanges. Ainsi les sprinklers (ou sp�mk leurs) e � _? 1
Ü S caractéristiques du milieu traversé. Ce paragraphe porte sur ces
est vapon see d
incendie produisent des gouttelettes dont une pa�tle dernières.
gaz chauds, et une partie atteint les su�faces � s hdes, dont l � surf�ce
s
es existe nt de s1mul at1on
pyrolyse, et les refroidit. Des model
comportement des gouttelettes en mouv ement dans un gaz chau � ..
intera ctions entre l'eau finem ent d1v1
même, des études portent sur les
et les flammes et panaches.
r et absorbe La contribution des constituants
La propriété des gouttelettes d'eau en suspel'.1;sion de �iffuse _ _
lumière peut être mise à profit dans des ndea� d ea � �rees pour Î:
écran au rayonnement thermique d'un feu et proteg er ams1 des persan de la fumée aux propriétés optiques
ou des objets (cf. réf.9 [Coppale et al., 1993]).

gaz de la fumée

2 et H2O, présents en concentration relativement élevée, sont


sparents dans le visible mais montrent des bandes de vibration­
tian entre 1 et 10 µm (cf. chapitre 10). Aux divers autres gaz moins
ndants sont associés des bandes d'absorption lumineuse spécifiques.

particules en suspension
particules solides et les gouttelettes visqueuses ou aqueuses, jouent
s la fumée du feu un rôle prépondérant pour émettre (cas des
·cules solides de forte émissivité), absorber et/ou diffuser la lumière
ticules solides ou liquides) dans une grande partie du spectre, dont le
visible (de 0,4 µm à 0,8 µm). L'absorption et la diffusion de

537
536
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATI TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
3 Physique du feu pour /'in • Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bâtiment
11 - La fumée du feu dans un bâtiment

ie dans ce qui suit, implique Relations de base sur rabsorption


lumière visible, à l'origine de l'opacité défin
ceux responsables de l'émiss
mécanismes physiques du même type que
évoqués au chapitre 10. Rappelons que les
phénomènes optiques dus à de la lumière
très grand nombre d'atomes
constituants de la fumée contenant un
trale de la lumière de fa
individu modifient la répartition spec oi de Bouguer (ou de Bouguer-Lambert)
de, alors que les molécules
essentiellement continue en longueur d'on sont à l'origine de ban
gaz, contenant un petit nombre d'atomes
s sont en principe spectriq ous partons de cette relation de base donnée au chapitre précédent.
d'absorption et d'émission. Les propriété
le souci de disposer de relati
(dépendant de la longueur d'onde), mais � un faisceau, l:1mineux 1:1onochromatique de longueur d'onde ;L (longueur
l'utilisation de valeurs totales.
pratiques approximatives mène souvent à on:Ie dans � air ou le vide) traverse une longueur (une épaisseur) L de
_
t d ee, 1 a luminance quittant la fumée est :
@ Les particules de suie
, très chaudes dans une flamme, émetten
me, les part icule s de su·
lumière ; une fois qu'elles ont quitté la flam plus faible et devien
la fumée sont ramenées à une tempéra
ture IA I;., 0 exp(•!k;. dl) (11.1)
absorbantes dans l'éclairage ambiant.
suie, rendent la fumée bl
• Les gouttelettes d'eau, en l'absence de de suies et de gouttel
par diffusion de la lumière, et un mélange , absorbant et diffus IJ,o est la luminance à l'entrée de la tranche d'épaisseur L (l=O),
s grise
d'eau donnera une fumée plus ou moin
lumière. l ;., est la luminance à la sortie de la tranche d'épaisseur L (l=L),

le coefficient k ;., (en m-1) dépend de À (coefficient d'absorption


de la fumée dépendent, .
Pour ces particules, les propriétés optiques �10nochromatlque), de la température du milieu, de la pression partielle
passant dans la fumée co _
l'absorption et la diffusion de la lumière es especes absorbantes, et, bien sûr, de leurs propriétés optiques.
de
pour l'émission de lumière depuis la fumée,
s�mbole I;t est d'o:igine anglo-saxonne (I pour " intensity " au lieu de
la surface de la particule,
11

• la nature chimique et l'état physique de ur:1:na1:3-ce en français). Nous le conservons dans ce chapitre en raison de
"porteur"), utll�sation courante qui en est faite. Attention : L a été utilisé dans les
• la température (voisine de celle du gaz e lations du chapitre précédent pour représenter la luminance Ici, L est
istique), . longueur. ·
• la taille (diamètre ou longueur caractér ne
de différentes manières, i k t est uniforme sur la longueur L, on obtient la relation plus simple
• la concentration (qu'on peut exprimer
nous l'avons vu ci-dessus). IA = IA ,o exp(-k ;. L) (11.2)

la fumée du feu, l'atténuatio


Dans les mesures optiques effectuées sur randeurs utilisées pour exprimer l'absorption
ine généralement l'émissio
lumière d'origine extérieure à la fumée dom source de lumière écl ·
ne
lumière propre à la fumée. Supposons qu'u Le co� �cient k est naturellement la grandeur de base. n dé end des
qui quit te ce volume de fumée est ré
volume enfumé. La luminance -
ensions et les caractéris propnetes de la matière absorbante et de sa concentration �lusieurs
des relations qui font intervenir les dim
acité peut être définie autres grandeurs dérivent de k.
optiques de ce volume. Le niveau d'op
rée et la sortie d'une tran
transmission de la luminance entre l'ent Le facteur de transmission (sans unité), ou transmittance, est
ent, à l'aide de gra
fumée, selon diverses formulations et, souv ions s'ensuivent, don
relat
déduites de la transmission. Plusieurs exp (-k;_L) (11.3)
fondements sero nt expo sés simp lement.
I,i,o

ui vaut 1 ou 100 % si le mili'eu est totalement transparent, et o si· 1 e


.1 ieu est complètement opaque.

539
538
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM /TÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
3 - Physique du feu pour l'ingé - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment
11 - La fumée du feu dans un bâtiment

4111 La densité optique DO est définie par le logarithme


du rapport inver Eléments théoriques
du précédent. Si la base du logarithme e st 10 :
sur le comportement optique
DO= log10-'
IÂ.o des particules de la fumée
IÂ.

dont l'unité est le Bel. Si on utilise le décibel, otre obj ectif est ici limité à la présentation de quelques résultats
héoriques marquants applicables à la fumée du feu. Plusieurs ouvrages et
I À. o avaux cités en référence donnent sur ce suj et des développements plus
DOdB = 10 log10-'
IÂ. mplets et plus rigoureux. En par ticulier, la référence 31 [Barakat, 1994])
rnit des informations complémentaires utiles à ce paragraphe et au
er l'absorp
e Une autre unité, l'obscura, est utilisée pour exprim ivant, § 11.3.4.
correspond à u
lumineuse par unité de longueur : une obscura théorie physique de l'interaction entre la lumière et les particules de la
absorption de 1 db par m traversé. mée fait appel à la théorie électromagnétique de Maxwell ( 1890) et à de s
e est ut ilisée dans la pratique pour
appréc· ·veloppe ments dus à Mie (1908). L'approche théorique classique
4111 La densit é optique spécifiqu
présente l'interaction d'un champ électromagnétique avec des particules
un " potentiel d'opacité". Elle est définie selon:
nd
D5(db)=0,1 DOdB ( V/ LS) phériques. Elle fait intervenir la quantité , où intervient le rapport
À
la section, L_la longue tre la taille (diamètre) de la particule et la longueur d'onde considérée, et
où DOdB est la densité optique (en dB ), S l'aire de · <lice complexe de réfraction m = µ + iv, où µ est l'indic e de réfraction
enfume.
du volume traversé LS, V/LS la fraction du volume total urant, et v un indice supplémentaire introduit pour décrire le
Remarques:
mportement de la matière non parfaitement diélectrique .
e ou 10 dans le� relations
On note qu'on peut utiliser des logarithmes en base . nd
de k ou celle de grande urs proportionnelles connaissance de passe évidemment par celle de la taille d es
dessus : la valeur numérique À
dépen d de la ba se choisie .
(elle dépend de la fréquence V, ticules (§ 11.2.3 et§ 11.2.4).
. En toute rigueur, la grandeur J;. e st spectrique
uement, on utilise souvent
de la longueur d'onde À.) et directionnelle. Pratiq s deux termes de m dépendent de la longueur d'onde ; le terme
qui suiven t pour une b �de de longueurs d'
relations précédentes et celles . aginaire v dépend de plus de la composition chimique , donc, pour
tout e v1s1ble , et on suppose
donnée (dans le jaune, par exemple), voire pour '. _ exemple des suies d'hydrocarbures, du rapport H/C. L'évalua tion de
direction n'intervient pa s notabl ement . Dans la smte du prese �t �hapltre,
le I, ou k, san md1ce, adm indice complexe passe par des mesures délicates de réfractomètrie, et son
utiliserons dans certaines expressions les symbo
s s

e pour la bande de longue urs d'onde qui est à considérer. ression est possible à l'aide de modèles d'interaction entre le
que l'écriture est valabl
yonnement électromagnétique et les électrons liés et libres. La complexité
volumique DV,
e Pour la fumée en mouvement s'écoulant avec un débit
cité" qu'�n �1:
ces modèles sort du cadre de ce chapitre. Nous nous limitons dans ce
utilise le produit kDV pour exprimer un "?é?it d'opa _ · suit à des relations assez simples concernant le coefficient
ee ; 1 u �ute
aussi parfois, par abus de langag�, _ debit de fu�
ee , on obtient
le m2. s·l. Si on multiplie cette quantite par une dur . coefficient d'atténuation spectrique , r egroupant l'absorption et
elle arre ou P la
grandeur qui a la dimension d'une aire qu'on app ffusion, ke ,;,, , est posé égal à :
"quantité" de fumée .
Remarque:
ke, J,, = C2 .A.>art Npart ( 11.5)
k � ont s?uvent utilisé�s _dans
Rappelons que les relation s écrites à l'aide de -
er une atténu ation de la lum1er e frusant mterverur a la représente une" efficacité d'atténuation" pour la longueur d'onde ,î,
pratique pour exprim
absorption et diffu sion.
n d2
Apart est l'aire de la section de la particule sphérique, .A.>art
4

541
540
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment
3 - Physique du feu pour l'ingé
11 La fumée du feu dans un bâtiment
Cette relation très simple ne peut être appliquée dans le visible que pour
Ces deux grandeurs sont relatives à une particule moyenne. La thé des diamètres de plusieurs micromètres, valeurs trop grandes pour
donne à c2 l'expression d'une série: représenter la plupart des particules de suie.

ariation du coefficient d'absorption avec la longueur d'onde


Pour un milieu gazeux riche en petites particules de suie, une
approximation courante est de poser globalement, pour représenter à la
+ bn), an et bn sont 'fois l'absorption et la diffusion:
où : Re indique qu'on garde la partie réelle de ( an
et de T ,
TCd (11.8)
comp lexes fonct ion de l'indi ce comp lexe m
coefficients
et de Neuman.
l'expression fait appel à des fonctions de Bessel ette expression, fonction continue de la longueur d'onde, est valable en
oute rigueur pour représenter l'atténuation des suies "propres", sans
recours au calcul
L'expression numérique de ke,À nécessite le tspèce adsorbée, et ne tient pas compte de la contribution de gaz
r:
ordinateur. Deux cas-limites sont plus faciles à traite absorbants dont la présence implique des bandes d'absorption et non pas
lement une absorption continue.
TCd lle l'approxim
@ << 1. Cette situation correspond à ce qu'on appe Les relations théoriques sont en général difficiles à appliquer pour la fumée
geable devant celui feu car on manque très souvent d'informations précises sur les
d: Rayleigh. L'effet de la diffusion est alors négli
ticules qu'on y trouve et qu'on cherche à regrouper simplement dans un
l'absorption, et l'on obtient:
même coefficient d'atténuation les effets de l'absorption et de la diffusion.
Pratiquement, on utilise souvent des grandeurs globales qui regroupent les
êffets de caractéristiques plus fondamentales et que nous allons présenter.

et:
Aires spécifiques des particules de suie
en suspension dans la fumée

'
OU JV
est la fraction volumique de particules. (cf référence 32 [Babrauskas, 1981]}
TC soit d < 0, 2 ous allons introduire deux grandeurs utilisées dans la pratique des
Pour ,i o,6 µm (au milieu du domaine visible), : < 1, culs relatifs à l'opacité due à des particules de suie, qui ont la
le visi�le et l'infr
Pour la suie, cette approximation est valable dans imension d'une aire par unité de masse:
de la fumé e, dont la taille correspo
pour la plupart des particules ap , reliant le coefficient d'absorption ou d'atténuation à la concentration
TC 1, n'est cependant
l'inégalité ci-dessus. La condition idéale, : << massique de particules,

complètement satisfaite. ac, exprimée à partir de aP multiplié par le rapport du débit massique de
production de particules au débit massique de gaz combustible
d ne l'absorptiotl. i
9 TC >> 1. Pour ce second cas-limite, la diffusion domi alimentant le foyer.
,i
nd
c 2 tend vers 2 quand T tend vers l'infini. xpression de l'absorption à l'aide de o-P
suppose que toutes les particules sont identiques (on raisonne sinon
kd vaut {à la limite) :
une particule moyenne). Si l'on pose que k;, est proportionnel à Npart> la
TC d 2
kd. = 2 N part
4
543
542
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIME TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour /'ingé - Physique du feu pour l'ingénieur 11- La fumée du feu dans un bâtiment
11 - La fumée du feu dans un bâtiment

volume traversé, ans un volume V on trouve n particules, n= N part V. Le produit VkÀ , égal
concentration numérique de particules dans le '
coefficient de proportionnalité, soit : à CJ'P nm1part , est une grandeur extensive par rapport à un volume où
k,1,=a Np art N p art est uniforme. Ce produit représente des "m2 d'absorption" par les
particules en suspension de la fumée. Si n se conserve dans des dilutions,
on obtient une nouvelle expression de IJ
et si O' P et m1part restent inchangés, cette "aire" suivra les mêmes
I Â = I ;;,,o exp (-a N part L) volutions que n.
à une surfac
a a les dimensions d'une aire (m ) : ce coefficient correspond
2

Le pr�duit NpartL est


écran de particules faisant obstacle à la lumière. orsque la fumée est en écoulement avec un débit volumique DV, on utilise
la section.
nombre de particules présentes par unité d'aire de ne hypothèse de stationnarité pour remplacer
tration massique n/ V par ri / DV où ri est le flux numérique de particules ;
Introduisons maintenant, au lieu de N•parv la concen ' .
t (kg• m· 3). La masse d'une partic ule, m1part s expn
partic ules C
p ar
Cpart par 171.part / DV ou 171.part est le débit massique de particules.
selon:

77: 3
m1p art =
6 d P1part
bsorption dans un écoulement de fumée, utilisation de crc
tuant la particule,
où Pipart est la masse volumique de la matière consti
d le diamètre. La concentration massique (kg·
m·3) xpression de crp dans un écoulement
volume V est donnée par C art = Np art m1part ·
p
it DV le débit volumique d'un flux de fumée au travers d'une section. Le
En posant: ébit massique total (gaz et particules en suspension) est "1tot , et le débit
assique de particules transportées, de concentration massique C
k . . ' part
(J' p =----- · m·3, est mpart . �art = F ffitot (où Fest un coefficient très inférieur à 1).
Npart m1part
coefficient d'atténuation de cette fumée est k. En conditions
ationnaires, on écrit le terme O' P selon :
Il vient:

I ,,i = I",o exp(-(J' P C art L) (11. 12)


p

de la luminance t débit massique dépend d'une façon compliquée du débit massique


D'où les t�ois expressions suivantes de la transmission
f1ltot

ici m.1
L) = I ;.,o exp(-cr p C part L)
mbustible alimentant la combustion du foyer, noté
½ = I ).,o exp(-k2 L) I ,,i,o exp(-a N part

optiques des partie �


Dans la troisième expression, les propriétés
absorbantes sont exprimées ici par : s un écoulement dont le débit massique est "1tot , O' c est défini selon :

• le coefficient CJ' P , 171.part


-.-O'p (11.13)
art. mf
• la concentration en masse, C
p

= F f1ltot est le débit massique de particules dans l'écoulement.


L'expression de la transmission qui fait intervenir part
C

de Beer, plutôt que


nom de loi de Lambert-Beer, ou Beer-Lambert, ou
celui de Bouguer.

544 545
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'i 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bâtiment

Expression de O"c dans le panache issu d'un foyer où Cpart est la concentration massique en particules au même site de
Considérons maintenant le flux de fumée circulant dans une section esure. La connaissance de rh.r permet alors de calculer Œc • A partir de
panache issu d'un foyer dont le débit massique total de fumée est c et d'autres grandeurs, on peut calculer k à l'aide d'équations de bilan

Introduisons rpart, comb le rapport entre le débit massique de partie ont nous donnons un exemple ci-après (§ 11.4.2).
produites dans l'ensemble de la fumée issue du foyer �art. pan, et le d Remarque:
massique de gaz combustible à la source du foyer, en général par pyrol L'agglomération des particules peut rendre inexacte l'hypothèse de conservation de
noyé ici m1 leur "aire globale". Ce point nécessite encore des recherches.

mpart, pan
rpart, comb = Ordres de grandeur des
mf
caractéristiques optiques de la fumée
Cette grandeur représente une sorte de rendement en particules du foyer,.;
D' ou- a c : �
De nombreuses mesures ont été effectuées dans des enceintes fermées ou
ac rpart, comb a p (l l.14}r traversées par un écoulement (entrée d'air, sortie de fumée), ou bien dans
des panaches de foyers ou dans des écoulements de fumée sortant d'une
Donc: enceinte contenant un foyer. Les expériences réalisées ont surtout porté
sur de petits échantillons en pyrolyse ou en combustion, et également,
mais moins fréquemment, dans des feux de taille réaliste. L'établissement
de corrélations fondées sur des résultats obtenus à des échelles très
différentes est difficile à cause du nombre et de la diversité des facteurs
ac a comme la dimension d'une aire par unité de masse. S intervenant sur l'opacité. En particulier, il s'avère difficile de définir des
essais de petite taille afin d'évaluer un "pouvoir fumigène" de produits ou
expression regroupe : le débit massique de particules, le débit injecté à . matériaux, utilisables pour prédire les caractéristiques de la fumée de
base du foyer, le coefficient k, le débit volumique DV, et le débit massi foyers réels.
de fumée. Dans certaines applications, on suppose que de cette grand
est caractéristique des particules fournies par le combustible alimentan Les mesures portent sur la transmission ou la densité optique dans une
foyer. ande de longueurs d'onde, qui fournissent k, et, pour les écoulements, les
ébits volumique ou massique. Moins fréquemment, on mesure la taille et
concentration des particules par prélèvement ou selon l'une des
méthodes présentées au § 11.2. La suite de ce paragraphe apporte
Evaluation de o-c quelques données quantitatives sur des grandeurs dont dépend
l'absorption de la luminance et donc les grandeurs utilisées pratiquement
Dans le panache de fumée d'un foyer alimenté en combustible selon qui en dérivent.
débit massique mf , on peut connaître :
Ordre de grandeur du coefficient global d'atténuation
e le débit volumique de fumée DV , à partir de mesure de la vitesse
l'écoulement au travers une section connue, Nous avons vu que ce coefficient dépend de plusieurs paramètres qui, de
. plus, évoluent au cours du temps pendant un feu : k est donc
• et k au moyen d'une mesure de transmission. extrêmement variable selon le feu et l'endroit de la mesure. Une valeur
Le produit k DV, dont la dimension est celle d'une aire, est égal au produi maximale courante dans le local source peut cependant être estimée
comme comprise entre 1 et 10, dans le jaune. Rappelons que dans le
Œc m f : proche infrarouge concerné par les échanges radiatifs, k est plus
faible. Les calculs pratiques de k exploitent des données empiriques sur la
k DV = Œp cpart DV (Y C mf

546 547
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIME TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 Physique du feu pour l'ing 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11- La fumée du feu dans un bâtiment

concentration et la taille des particules produites, ou sur une valeur utres exemples de valeurs de uc dans le visible
l'opacité empirique dans le local source.
pour des foyers où 'part comb est élevé, de l'ordre de 10 % ou plus (il
Enfin, il ne faut pas oublier que la condensation de l'eau, non envisa
peut atteindre 20 % pour le latex) :
ici, peut augmenter considérablement la valeur empirique de k.
□ mousses de polyuréthanne"" 800 m2 • kg- 1 ,
Remarque:
L'émissivité de la fumée peut être calculée à partir de k, comme nous l'avons exp □ matériaux à base de néoprène"" 1000 m2 • kg- 1,
au chapitre 10. o latex : "" 1500 crc
• pour des foyers courants moins fumigènes :
Ordre de grandeur de crp
□ ac est de l'ordre de 100 à 500 m2 · kg- 1 •
(visible et proche infrarouge)
Remarques:
D'après la référence 34 [Gandhi, 1994], o-P varie de 3000 à 10 000 m2 • kg­
selon les sources de fumée et est de l'ordre de 8000 m 2 • kg- 1 pour 1 - On observe que o-c dépend de la longueur d'onde approximativement en 1/(Àa), où a
foyers avec flamme vive alimentés par des combustibles courants dans l est de l'ordre de 1 à 1,5. On pourra exprimer sur O"c la variation de k avec la
longueur d'onde.
bâtiments.
- On peut modifier la forme des relations précédentes et de eelles qui suivent en
On trouve dans le mémoire de thèse de Barakat (1996) une expression d introduisant la fraction volumique de suie à la plaee de la concentration numérique
à Newman et Steciak, 1987) et relatives à la combustion de plusieu ou massique.
liquides et solides :
(J' = _6,_3_61_0_3
p
À Exemple de résultats expérimentaux
où À est en µm, et o-
P
en m 2 • kg· 1., qui donne environ 10 000 m2 · kg- 1 à O, de mesure d'opacité
µm.
nombreuses mesures d'opacité ont été effectuées dans des
Ordre de grandeur de O'c enceintes fermées, ou dans des écoulements, surtout sur de petits
échantillons en pyrolyse ou en combustion, et également, mais moins
Les données suivantes sont relatives à deux types de foyer dont la taille de fréquemment, dans des feux de taille réaliste. La corrélation des résultats
la source est de l'ordre du dm, repérés par le nom du combustible : lé obtenus à des échelles différentes est d'ailleurs difficile et souligne en
polyméthacrylate de méthyle qui est un polymère souvent utilisé dans les particulier la difficulté de définir des essais pertinents d'évaluation d'un
études de combustion, et le fioul domestique, qui fournit beaucoup de suie, "pouvoir fumigène" de produits ou matériaux.
et qui a fait l'objet d'études récentes (réf. 33 [Souil et al., 1995]). A titre d'exemple, nous présentons à la figure 11.4 l'évolution temporelle de
la densité optique et du "débit de fumée", noté Or à la référence 20 [Majou,
1981], relatifs au flux de fumée sortant de la fenêtre d'un local en feu
(pièce de 3 m x 4 m au sol, 2,5 m sous plafond) et correspondant à deux

1J
Polyméthacrylate de méthyle 160 < O"c < 190
(PMMA) sites :
à 0,633 µm
Fioul domestique 1466 à 0,488 µm site a, dans l'écoulement à 4m au-dessus de la fenêtre,
997 à 1,3 µm • site b, dans le plan de l'ouverture.
594 à 1,3 µm
Le débit de fumée correspond à la formule
où rpart, comb est la fraction de la masse brûlée qu'on retrouve sous form
de suie. (11.17)

549
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIMEN TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour /'ingénie 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

où:

® Ypart est la fraction massique de particules (mesurée), Equatio11s de··.bilân


® le rapport ms entre débit massique sortant et masse volumique
p
sur les particules de la fumée
l'écoulement représente le débit volumique (grandeur mesurée),
Des équations générales de bilan de la masse et des espèces sont
® et k est le coefficient d'atténuation, global dans le visible, et également C présentées au chapitre 13. Nous présentons ici des équations relatives à la
mesuré. conservation de particules, utiles au calcul des propriétés optiques de la
La mesure de la DO (densité optique) est aussi relative au spectre visible, . fumée. On admet que l'opacité n'est due qu'aux particules de suie en
On remarque que les deux grandeurs portées sur la figure varient suspension, et, de plus, que celles-ci ne disparaissent pas de la fumée par
beaucoup au cours du temps : pendant les premières minutes du feu, les dépôt, et qu'elles ne s'agglutinent pas non plus.
effluents transportent surtout des produits dégagé par le séchage et le
début de pyrolyse, puis des suies en quantité d'autant plus importante que•··
la puissance du feu croît, pendant une quinzaine de minutes environ. La 11 ..4 ..1 Conservation du nombre de particules ;
DO varie de O à 1,5 à la sortie du local et atteint 2,3 à une distance de 4 m
plus loin (formation de gouttelettes d'eau dans un écoulement plus froid). exemple de calcul
Le coefficient d'atténuation moyenné au cours du temps va de 1 à 6 pour
l'ensemble des expériences réalisées avec des feux différent par leur
Soit un volume V supposé constant occupé par une fumée homogène
puissance et la ventilation du local.
produite par un foyer qui apporte, à partir de t=O, un flux massique de n
particules par seconde en suspension dans la fumée produite.

0.0. La concentration numérique en particules dans V est Nparu en nombre de


densité particules par m3. A t=t0 , on met en route un ventilateur d'extraction et on
optique
ouvre en partie basse de Vune amenée d'air. Le ventilateur extrait un débit
volumique de fumée DV m3 · s-1, et retire de V : N DV particules par
10 2 seconde. L'amenée d'air frais n'apporte aucune particule.
On suppose que DV reste constant à partir de t0 • On néglige tout
phénomène autre que la production, l'extraction et la dilution de la fumée.
Pour t < t0 , le nombre n de particules dans V croît selon :
dn . .
5 - = n et n = nt de t = O a- t = t0
dt

Pour t > t0 , le nombre de particules dans V varie selon :


dn . DV
-=n---n
dt V
0 10 20
V
Temps (min.! Si l'on introduit , = - - ,qui a la dimension d'un temps, et qu'on intègre la
DV
Figure 11.4 - Exemple de variation temporelle de la densité optique relation précédente, il vient :
et du "débit de fumée" pour un feu de local (référence Majou, [21])
- la courbe a correspond au niveau de sortie par la fenêtre du local,
- la courbe b est relative à un site à 4 m en aval de l'écoulement.

550 :CSTB 551


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIME TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

ou bien: Exemple numérique


Le volume V est une pièce de 40 m 3 où l'on suppose que le milieu gazeux
intérieur est bien mélangé. Le débit extrait, DV, est de 4 m3 · s· 1• les autres
données sont les suivantes
qui montre que n ➔ tir quand t ➔ oo, c'est à dire vers une valeur d'auta .
plus petite que le rapport DV/ V est grand. a, aire efficace 5. 10-15 m2 par particule
Posons que le coefficient d'atténuation k est proportionnel à (grosses particules de suie)
concentration numérique Npart =n/ V, soit: k=a Npart · n 10 13 particules par seconde
l/DV 0,25 s · m 3
Expression de la luminance transmise
r:= V/ DV 10 s (V=40 m3 )
La transmission de la luminance sur une épaisseur L s'écrit:
L 2,5 m

Après quelques dizaines de secondes, n est voisin de 'fir, soit 10 14 et Npart


V vaut alors 2,5 10 12 particules par m3 • Sur une longueur de 2,50 m,
L'expression montre le rôle que r joue sur le délai nécessaire
DV / I0=0,97. L'opacité est donc très faible sur cette longueur : l'extraction est
l'atteinte d'une opacité acceptable pour la visibilité. fficace.
Dans cette expression on peut utiliser au lieu du coefficient a, les i le débit est maintenant de 0,4 m3 · s·1, dix fois moins que le précédent,
a la valeur limite de la transmission sur 2,50 m est de 0, 73, et il faudra
spécifiques introduites ci-dessus : ŒP = , ou Œc = rpart, comb Œ P plusieurs minutes pour l'approcher de moins de 1 % car r est maintenant
m1 part égal à 100 s au lieu de 10 s précédemment.
interviennent des grandeurs relatives à des masses et des déb"
massiques. Autrement dit, on peut obtenir une expression équivalente Ces exemples montrent que les facteurs à considérer sur l'évolution
la transmission à partir d'une hypothèse de conservation de la masse temporelle de l'opacité dans un volume V sont les suivants:
des particules ou bien de leur surface-écran totale au lieu de l'hypothès
• le débit de particules apportées ou le débit d'aire d'atténuation
de conservation de leur nombre.
équivalent,

Extinction du foyer • le taux de renouvellement volumique, rapport entre débit le volumique


extrait et le volume contenant,
Si le foyer s'éteint (ou est éteint) à t = t1 , moment où n vaut ni , n diminue
selon: • l'instant de la mise en route de l'extraction,

dn = 1 • l'instant de l'extinction du foyer.


-n
dt r Des formules du type de celles données ci-dessus sont utilisées dans des
modèles globaux de contrôle de la fumée. On tient compte en particulier de
d'où n: e que le débit de production de particules n'est pas constant dans la
éalité ( ri varie au cours du temps), et de ce que V varie (ce peut être le
Volume de la zone haute du local dans un modèle à deux zones, décrit au
chapitre 13). Ceci entraîne de devoir intégrer numériquement les
ations. Dans le paragraphe suivant, nous allons donner un exemple
'équation différentielle sur le coefficient k, utilisable dans une approche
de zones.

552 553
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11- La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

11 ..4..2 Equation de bHan dans un modèle le débit massique du panache de fumée à son entrée en zh est m pan'
avec �an =rftr +ment où ment est le débit massique d'air entraîné dans
de zones
flamme et panache jusqu'à l'entrée du panache en zh,

(cf. figure 11.5) •• DVpan est le débit volumique de fumée apportant des particules en zone
haute au niveau où le panache arrive en zone haute,
(voir la référence 34 [Gandhi, 1994)).
le débit_ massique de particules arrivant en zh et amené par le panache
est �art. pan, posé proportionnel au débit rftr selon :
ritpart,pan rpart, comb ml ·

• ½h est le volume de la zone haute,


• Pzh est la masse volumique moyenne de la fumée constituant la zone
haute,
• le débit massique sortant de zh est m.2h ex .

Figure 11.5 - Bilan sur l'atténuation de la fumée


dans un local ouvert par une porte Le bilan sur la masse de fumée en zone haute est ici
. .
=mpan -mzh,ex (11.20)
Nous allons considérer la situation d'un feu dans un local muni d'une dt
porte ouverte. On distingue dans le volume intérieur du local des zon
aux caractéristiques uniformes (cf. le chapitre 13), dont la zone basse, z
(de l'air) et la zone haute, zh, remplie par la fumée venant d'un foyer pl La conservation de la masse de particules entre l'entrée et la sortie de la
en zone basse près du sol. Le foyer produit un flux de fumée qui emplit zone haute s'écrit à l'aide d'un bilan en zone haute sur la masse de
zone haute sous plafond et dont une partie quitte le local par la po particules :
lorsque la couche est assez épaisse. Nous allons établir une équati
différentielle sur le coefficient k relatif à la couche enfumée, la zone haut d �art, zh
(11.21)
= mpart, pa n - Ypart,zh ritzh, ex
notée zh. La connaissance de k permet ensuite le calcul de grandeu dt
définissant l'opacité en zh (transmission, densité optique, etc.).
Notations: kzh vzh
Avec m part, zh = Cpart,zh Vzh, Cpart,zh , et
0-p
1111 kzh est le coefficient d'atténuation moyen en zone haute,
kz h
1111 mzh est la masse de la zone haute, avec l'aide de O-c= rpart, comb o-P =---'-'�x , on peut faire apparaître
ffir Cp art,zh
• m part, zh est la masse des particules présentes en zh, k2h et sa dérivée à partir de l'équation précédente et obtenir :

@ Cpart,zh est la concentration massique de particules


Nous appliquons la relation définissant o-P, zh : kzh = Œp , zh Cpart, zh. (11.22)

• Ypar t,zh est la fraction massique de particules en zone haute,

@ rftr est le débit massique de gaz combustible qui alimente la flamme,

555
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bâtiment

Cette équation différentielle montre que l'évolution de kzh ·dépend


grandeurs suivantes
• des grandeurs liées au foyer
• uc me,qu'on peut considérer comme une caractéristique du foy
susceptible d'être évaluée (cf. § 11.3.4)
• me ,
Remarque importante
la vitesse massique de consommation du combustible, Ce paragraphe concerne la fumée hors du panache d'un foyer, par exemple la fumée
en mouvement au travers d'une ouverture, ou s'écoulant dans un couloir ou dans un
dm puits vertical. L'écoulement des gaz dans la panache de fumée d'un foyer à base
intervient dans ___È!_. horizontale a été abordé au chapitre 5.
dt
• des caractéristiques de la zone haute
La fumée, plus chaude que l'air, a tendance à s'accumuler sous un
□ Vzh, son volume, plafond. La stratification en partie haute d'un local ou d'un couloir dune
□ Pzh, sa masse volumique. couche de fumée peut laisser praticable une "hauteur libre", qui, si elle est
suffisante, permettra le déplacement des personnes. En fait, le mouvement
• des termes de débit massiques relatifs à la zone haute. de la fumée dans un bâtiment n'est pas seulement ascensionnel, comme
Une fois incorporée dans un modèle global de feu qui permet le calcul de celui qu'on observe dans l'air calme d'un milieu vaste, où la force
d'Archimède est le seul moteur. D'autres influences se manifestent : celles
masse volumique et des débits massiques relatifs à zh, cette équat'
d'autres champs de pression, et celles de la géométrie du bâtiment qui
différentielle peut être intégrée et fournir kzh et les caractéristiqu intervient pour canaliser les écoulements par la présence de parois
optiques qu'on en déduit, en fonction du temps. verticales et horizontales, reliefs tels linteaux et écrans, trémies, cages
d'escalier et conduits.
Dans un bâtiment aux parois non hermétiques, le feu, en l'absence de
déflagration ou de détonation, ne génère pas de surpression importante
relativement à la pression atmosphérique (valeur de référence: 101 325
Pa). Les différences de pression liées au feu sont le plus souvent de
quelques dizaines de Pa au maximum. Dans une enceinte sans fuite, la
surpression due au feu peut par contre être de l'ordre de la pression
atmosphérique.
On peut présenter l'ensemble des causes de variation de pression dans un
bâtiment de la façon suivante
• dans un local en feu : des variations spatiales de pression sont dues à la
production de gaz chauds (soumis à la force d'Archimède), de plus, la
variation de l'énergie interne du milieu gazeux modifie la pression
moyenne dans le local ;
différences de pression entre volumes du bâtiment en
communication, dues elles aussi aux changements d'énergie interne et à
la force d'Archimède sont causes du tirage et d'autres écoulements entre
ces volumes. Rappelons que le chapitre 7 présente les transports de
masse par des ouvertures verticales ;
• des variations de pression succèdent à des actions provoquées après la
découverte du feu, telle la mise en marche de ventilateurs ;

557
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

• des champs de pression externes au bâtiment dont le vent • à l'extérieur du local (un autre volume, ou bien l'extérieur du bâtiment) :
responsable s'exercent sur les façades et influent sur les mouveme z
internes et les écoulements aux ouvertures ; Pex t (z) Po, ext - 9 f P ext dz
z =O
• des différences de pression antérieures au feu causées par
différences de masse volumique (et donc de température} internes La différence de pression entre intérieur et extérieur, à la hauteur z, est
bâtiment (chauffage, ventilation}.
Il y a donc compétition entre ces différents moteurs : les moteurs dus a z

seul feu sont évidemment plus dominants près d'un foyer puissant que lo' �p(z) (Po,int - Po, ext) 9 =f (Pin t (z) P ext(z) ) dz (11.23)
z O
d'un foyer faible.
Autres moteurs Cette différence s'exprime plus simplement si l'on fait l'hypothèse de masse
volumique gazeuse uniforme dans les zones basse et haute de chaque
• Le mouvement d'un front de fumée sous le plafond de couloir, volume (cf. chapitre 7). La différence de pression à la hauteur z est ainsi
exemple, fait intervenir des forces gravitiques liées à la :6 positive ou négative (ou nulle, aux hauteurs neutres d'ouvertures
d'Archimède qui correspondent à une "chute en avant" sur le plafond verticales) selon les valeurs au sol de la pression et celles des masses
ce front de fumée. volumiques. Pour simplifier au maximum, supposons que la masse
volumique est uniforme d'une part dans le local en feu et d'autre part dans
• La diffusion moléculaire a un rôle mineur devant le transport global le volume extérieur considéré, ici le monde extérieur au bâtiment.
matière et de chaleur dans un bâtiment. Elle peut par contre permett L'expression précédente devient alors simplement
la détection, au moins humaine, de la fumée, par la reconnaissance
gaz particuliers à la fumée qui diffusent en restant présents à faible Ap(z) = (Po,int - Po, ext) - 9(P int - P ext) Z
concentration.
En situation hors feu lorsque la température intérieure est supérieure à la
température extérieure d'environ 5 à 20 °C (régime thermique d'hiver), la
11 .. 5..1 La force d'Archimède et le tirage différence (Ant - P ext ) est négative et très petite devant la pression
atmosphérique, et, sinon, si '.lint< Text (en régime d'été, différence d'environ
thermique 5 à -10 °C), la différence fP int - pextl est positive et encore très petite
devant la pression atmosphérique.
Le mouvement vertical des gaz chauds dû à des différences de mas Le feu modifie la différence (Po,int - Po, ext) , qui peut atteindre quelques Pa
volumique dans le champ de pesanteur a été évoqué à plusieurs rep
dans ce livre. Pour les flammes du feu qui sont généralement à bas nombr par exemple, et augmente beaucoup la différence de température (et
de Froude, c'est la force d'Archimède qui fait s'écouler vers le haut u change beaucoup Pintl.
panache de fumée en milieu d'air calme. Le calcul de Po,int , et celui des champs internes de température et de
Le tirage thermique exprime l'effet de différences de pression causées pression demande un modèle global. On y utilise l'équation d'état des gaz
des différences de masse volumique entre deux volumes. Si des ouvertu parfaits pour relier pression, température et masse volumique.
sont présentes, ces différences de pressions causent un mouvement de g
Ce mouvement est vertical si des ouvertures sont pratiquées en part La différence de masse volumique entre gaz chaud et air normal peut
basse et en partie haute. atteindre une valeur de l'ordre de 0,7 kg· m-3, et la hauteur z va de
quelques m pour un local du bâtiment, à plusieurs dizaines de m pour une
Rappelons des expressions données au chapitre 7. A l'aide de la loi de trémie ou une gaine verticale de désenfumage. La pression de tirage peut
statique des fluides, valable en principe pour des milieux immobiles, l ainsi varier de quelques Pa à plusieurs centaines de Pa.
pression à une hauteur z s'exprime selon:
L'effet du vent, dont la vitesse varie avec la hauteur, peut naturellement
• dans le local en feu : ifmodifier celui du tirage, surtout si le compartiment est percé d'ouvertures
z
·•· sur des façades différentes.
Pïnt(z) = Po,int 9 f= Pint dz
z O

559
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour n 3 • Physique du feu pour l'ingénieur 11 · La fumée du feu dans un bâtiment

11 Débits au travers des ouvertures Les relations donnant les débits massiques, font intervenir, dans chaque
local considéré : les débits DV, les masses volumiques des zones gazeuses
basse et haute, la hauteur libre sous la zone haute enfumée, et la pression
au niveau de sol.
ventilation naturelle

Au chapitre 7, les expressions précédentes des champs de pression so


exploitées pour calculer les débits au travers d'ouvertures verticales tell Entramement d'air parasite par un exutoire
que les exutoires. Rappelons que le calcul des débits de fumée travers
des ouvertures verticales ou horizontales est effectué à l'aide de la loi de • Supposons que la fumée occupe sous le plafond une épaisseur (zp - zd),
statique des fluides et de la loi de Bernoulli appliquées sur les volum
définis dans un modèle de zones. où zp est la hauteur du plafond, et zd celle de la frontière basse de la
couche de fumée, et que l'air frais sous la fumée a la même masse
L'application des relations obtenues au contrôle de la fumée date d' volumique que l'air extérieur, Pext . Pzh est la masse volumique de la
trentaine d'années. Rappelons qu'une hypothèse de stationnarité sur fumée (l'indice zh représente la zone haute de gaz dans la pièce, soit la
masse de fumée accumulée dans un local, écrite sous la forme couche de fumée). La différence de pression qui fait s'écouler la fumée
s'écrit, à la hauteur zp où est placé l'exutoire :
débit massique d'air entrant dans formules du chapitre 7. t:..p(zp) = (Po,int Po, extl - 9(Pzh - P ext ) (zp - zd)
un local
débit d'air entraîné dans la loi de gros feu (Thomas), chapitre La vitesse moyenne de l'écoulement au travers de l'exutoire est
flamme et le anache
vexu J2 t:..p(zp ) / Pzh
débit massique de fumée sortant débit massique au travers d'un
par l'exutoire exutoire, chapitre 7. d'après la loi de Bernoulli, et le débit massique sortant, m· , s 1e·cr1·t ·
ex

a permis pour la première fois (années 60, Fire Research Station (11.24}
britannique, Ph. Thomas et al.) de calculer l'épaisseur de la couche de
fumée, et donc d'évaluer si les dimensions de l'exutoire étaient suffisantes où Cd est le coefficient d'orifice, et Aexu est l'aire géométrique.
pour maintenir une hauteur libre donnée. Dans ce qui précède, on suppose que c'est bien de la fumée qui sort par
Les modèles décrits au chapitre 13 permettent aujourd'hui des l'exutoire. Or, si la vitesse de l'écoulement au travers de l'exécutoire est
dimensionnements plus précis, en ventilation naturelle ou mécanique. élevée et la couche de fumée mince, de l'air non enfumé (venant de la zone
basse sous la fumée) sera entraîné avec la fumée : l'efficacité de l'extraction
de fumée sera réduite. Plusieurs expériences en vraie grandeur et sur
maquettes ont mis ce phénomène d'entraînement d'air parasite en
ventilation forcée (ou: mécanique) évidence. L'analyse théorique repose sur l'idée que l'entraînement parasite
peut commencer de se manifester si l'air sous la fumée est mis en vitesse
Le débit volumique extrait ou amené dépend des champs de pression et d relative verticale. Plusieurs approches de corrélation ont mis en évidence
caractéristiques du système de désenfumage (courbe de fonctionnement que deux groupes de grandeurs intervenaient dans l'expression de la
ventilateur, pertes de charges dans les conduits). Ce débit volumique, valeur du débit volumique DV à partir de laquelle le phénomène se
multiplié par la masse volumique du gaz circulant au travers manifestait
l'ouverture, fournit un débit massique. Le calcul précis de DV nécessite
modéliser l'ensemble du circuit aéraulique : bâtiment et système
désenfumage. Une approche plus simple consiste à se donner une vale
empirique ou estimée de DV.

G2 (zp zdF en (mS/ 2).


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingén 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

On arrive au critère approximatif suivant : pour éviter le phénomè Transport des constituants de la fumée
d'entraînement parasite, le débit volumique ne doit pas dépasser la vale
DV*: Le flux d'un constituant i, dont la fraction massique est Yi, est obtenu en
multipliant le flux global par fi. Ces flux peuvent être écrits à partir de la
concentration (cf§ 11.2.2). Ceci est utilisé pour écrire des bilans sur une
espèce chimique gazeuse (cf. chapitre 6) ou sur les particules de la fumée
On note la forte sensibilité de DV* à l'épaisseur de la couche de fumée, (cf.§ 11.4).
sa dépendance plus complexe à T2h : pour une valeur donnée de G2 , D ·
croît, présente un maximum, puis diminue, en fonction de T
Pratiquement, pour que DV ne dépasse pas DV*, une solution simple e 11 ..5 ..3 Effets du vent
d'utiliser plusieurs petits exutoires au lieu d'un seul grand. D
évaluations par le calcul de la température et de l'épaisseur de la couc On suppose ici que le feu n'a pas d'effet sur le vent, ce qui est acceptable,
de fumée permettent de dimensionner le ou les exutoires à installer. sauf pour des incendies de grande ampleur créant des colonnes de
Si l'extraction est mécanique, d'autres critères peuvent être établis. Pour convection dont le débit peut être énorme.
type d'extraction, ce phénomène parasite offre un aspect positif : l'air
entraîné avec la fumée la dilue et abaisse donc la température du g� Si la vitesse moyenne du vent près du bâtiment est vv , et que la masse
admis dans le système d'extraction, et réduit ainsi le risque volumique de l'air est Pair , l'énergie cinétique associée à cette vitesse est,
détérioration d'un ventilateur par exemple. par unité de volume, homogène à une pression
La figure 11.6 présente les valeurs limites, sans entraînement parasite, q - 1 2
peut recevoir le débit volumique extrait, pour plusieurs épaisseurs de 1
couche de fumée, en fonction de la température de celle-ci, et calculées
Ec -
2 Pair Vv (Pa)

selon les relations ci-dessus. L'impact du vent sur une façade cause sur cette surface verticale une
pression dynamique dont l'amplitude est une fraction, positive ou négative,
de la quantité précédente, traduite par un coefficient c. Cette pression
30 dynamique s'exprime ainsi selon la loi empirique suivante traduisant
simplement la conservation de l'énergie mécanique
25
DPvent =c Ec

-1-__,,__,._____1 -épaisseur 2 m 1.--1------1


.§. 20 -1--,11.--- Pour une façade au vent, on observe une surpression, et, pour une façade
i."'-·"""épaisseur
L__
1 m1
sous le vent, une dépression. La différence de pression générée dans le
ÏË 15 bâtiment entre ces deux façades est représentée par un coefficient c voisin
::,
de 0,8. Si l'amplitude de la vitesse vv est de 10 m · s-1 (36 km· h-1 ), valeur
j
•QI
10 courante, cette différence de pression est voisine de 50 Pa. Pour une
vitesse, très élevée et très peu fréquente en Europe, de 50 m · , elle est
de l'ordre de 1000 Pa.
5
Entre la surface horizontale d'une toiture, qui peut comporter un exutoire
0
e fumée, et l'intérieur du bâtiment, le vent met en principe l'intérieur du
0 200 400 600 800 1000 1200 bâtiment en dépression, à laquelle on peut associer un coefficient c de
Température en zone haute (°C) l'ordre de -0,5, qui conduit à des différences de pression du même ordre
que les précédentes.
Figure 11.6 • Valeurs limites (sans entraÎnement parasite)
du débit volumique sortant par un exutoire our des bâtiments dont les formes sont plus compliquées que celles de
arallélépipèdes rectangles, ou lorsqu'il faut prendre en compte l'effet
'obstacles voisins, il faut renoncer à la formule simple précédente

562 563
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour /'in 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

donnant Dp, et passer alors à un modèle de dynamique des fluides Nous en présentons une ici, due à Heskestad (réf.14, 1987), qui permet
beaucoup plus compliqué pour exprimer les pressions dynamiques dues au d'évaluer la vitesse de progression d'un front de fumée dans un couloir:
vent.
Les différences de pression dues au tirage lié au feu, de l'ordre de quelqu
dizaines ou centaines de Pa, peuvent donc être gravement perturbées (11.26)
le vent. Il est peut-être utile de mentionner que ce sont des différences
pression sur les faces externes du bâtiment comportant des ouvertures
perturbent le mouvement des gaz à l'intérieur du bâtiment. Par exemp
les différences de pression entre deux "mondes extérieurs", par exem
Est et Ouest, différant par la vitesse du vent, sur lesquels donnent de • g est l'accélération de la pesanteur (en m2 · s·l),

• ci
ouvertures différentes d'un même local, vont y perturber le mouvement
la fumée en imposant un sens privilégié des écoulements dans le lo est le flux enthalpique transporté par unité de largeur du couloir
alors que la surpression dynamique du vent s'exprimant dans le lo (W· m·1),
depuis un seul monde extérieur par une ou des ouvertures perçant
même façade aura peu d'effet. D ans ce dernier cas, la pression température de l'air (en K, par exemple 293 K), hors de
la pression extérieure s'équilibrent et le feu manifeste alors sa capacité
l'écoulement de fumée, et p00 est la masse volumique correspond ante
créer une petite différence de pression entre intérieur et extérieur, comme
en l'absence de vent. Cette dernière assertion soulève cependant quelques (en kg· m·3),
réserves : la turbulence du vent, et l'écoulement irrégulier qui s'ens · • DTmax est la différence entre la valeur maximale de la température dans
dans le local ouvert, peuvent compliquer les éch anges de matière
d'énergie dans ce local d'une façon difficile à imaginer. L'observation la veine de fumée et T00 (en K),
feux expérimentaux dans un local percé de deux ouvertures, l'une au ve
l'autre sous le vent, permet de constater, en cas de vent de l'ordre de • cP est la chaleur massique à pression constante (J • kg·l. K·l).
km· h· 1, la formation d'un "tunnel d'air" très turbulent entre les de
ouvertures, favorisant un brassage intense du milieu gazeux interne, et titre d'exemple, pour une largeur de couloir de 1,40 m et un débit
supposer que tout le milieu gazeux interne est mélangé n'est p massique de fumée entrant dans le couloir de 1 kg· s· 1, la vitesse de
nécessairement exact. progression du front est de l'ordre du m · : selon la valeur de la
température de fumée la vitesse va de 1 m · (pour 400 K), à 3 m.s· 1 (pour
La pression due au vent varie en toute rigueur avec l'altitude, de façon 900 K). Pour des feux de puissance allant de 56 à 1000 kW, actifs dans
négligeable cependant pour une fenêtre ou une porte de dimensions une pièce donnant sur un couloir de 15 m de long, Steckler (1989, cité au
courantes. chapitre 1) a montré que cette formule permettait d'évaluer la vitesse de
progression de la fumée avec une précision meilleure que 20 %.

11 ..5 ..4 La progression d'un front de fumée


sous plafond 11 .. 5 ..5 Influence du bâtiment sur la fumée

(cf. les figures du§ 1.4. 7} De façon générale, les parois (plafond et murs) du local-origine limitent la
taille des panaches, perturbent et dirigent les écoulements gazeux issus
L'établissement des couches de fumée sous plafond (zones hautes de d'un foyer, refroidissent les gaz chauds, influent sur le niveau de
modèles de zones) implique un mouvement d'étalement de la fumée sou$ turbulence... Par exemple, la présence d'un plafond et de murs canalise
plafond. La résolution des équations de Navier-Stokes permet en principè l'écoulement de la fumée dans un couloir. Dans tout volume, les
le calcul de l'évolution des surfaces bornant la fumée. Plusieurs approches dimensions et positions des frontières (parois du bâtiments, équipements
simplifiées donnent le moyen d'estimer la vitesse selon laquelle un front dt et objets divers) et des ouvertures (verticales ou horizontales), les échanges
fumée se déplace sous un plafond. Ces approches supposent q thermiques gaz-parois, les gradients de pression... influencent l'écoulement
l'écoulement est stable, stratifié, stationnaire, non réactif, non visque et modifient les propriétés de la fumée, ne serait-ce qu'au niveau de sa
non compressible, et sans entrainement d'air par la veine en mouvement: température.

565
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'i 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11 La fumée du feu dans un bâtiment

Les ouvertures et les conditions de pression extérieures au local apport Les écrans de cantonnement, de portes étanches, de cloisonnements
des contraintes fortes sur les flux massiques et énergétiques entrants d'escaliers, et d'ouvertures (exutoires, ouvrants, bouches) et de systèmes
sortants. La présentation des modèles de feu de local, faite plus loin d écaniques d'amenée ou d'extraction constituent un ensemble
ce livre, explicite les interactions entre le feu et le bâtiment. DonnO 'aménagements et d'équipements du bâtiment destinés au contrôle du
maintenant quelques éléments relatifs à l'influence du local sur l'hist ouvement de la fumée.
des particules de suie.
Un foyer peu fumeux en plein air peut produire des suies dans un lo
dont la ventilation est limitée par ses ouvertures. Si l'apport d'oxy 11 .. 5.. 6 Exemple des atriums
devient inférieur au besoin stoechiométrique, la production de suie
d'imbrûlés en général) peut augmenter notablement ; ceci a été obse (cf référence 4: [Bodart, 1992])
par exemple sur des matériaux cellulosiques. La situation où le dé
calorifique d'un feu développé dans un local est contrôlé par les ouvertures
a fait l'objet de nombreuses observations depuis des dizaines d'années. Du,
local sort dans ce cas un écoulement souvent réactif ; on observe dea,
flammes effluentes avec des poches émissives rouges et des poches
absorbantes noires, riches en suie dans les deux cas. Cependant, la vitesse
des écoulements dans le local (le temps de séjour) peut provoquer un ·effet
opposé. Ainsi, lors d'un feu expérimental dans un local de la taille d'une
petite chambre, percé d'une porte et d'une fenêtre, une réduction de
hauteur ouverte de la porte peut rendre les effluents moins riches en s
qu'ils ne l'étaient avec une ouverture plus haute. Cette observati
(B.Hognon, CSTB) s'interprète par une augmentation du temps de séj
dans la pièce due à la réduction de la hauteur d'ouverture : la vite
d'entrée de l'air, et celle de sortie des effluents, sont, dans cet exemple volumes voisins
feu, réduites si on diminue la hauteur d'ouverture ; avec une ouvert à l'intérieur (ouverture)
du bâtiment
plus petite, les réactions disposent de plus de temps pour avancer.

C,;,
Un foyer produit des suies dans un local. Un second foyer, mieux oxygéné;
pourra brûler des suies si la fumée passe au voisinage de sa flamme.
même, l'oxydation de particules de suie, et de gaz imbrûlés, pou �,.j\'t'-2<'.l:i. ::,. î ôoé
(amenée)
s'effectuer dans la zone chaude accumulée sous plafond si un ensemble entrée d'air
depuis l'extérieur
conditions y sont favorables à une "post-combùstion" : il faut que pyrolyse
du bâtiment
concentration en 02 soit assez élevée, et/ ou qu'un flux d'air entrant d
atrium
la zone y amène assez d'oxygène, que la température soit assez import
pour amorcer les réactions, que des radicaux libres pilotent l'allumage, Figure 11.7 - Enfumage d'un atrium muni d'exutoires
le temps de séjour dans le local soit assez long, que le mélange en Le foyer est ici au plancher de l'atrium
réactifs soit bien réalisé... Tout cela fait que l'oxydation en zone chau
n'est pas toujours notable et que, bien souvent ces phénomènes limitert
peu la quantité de suie qui sortira du local. Nous présentons ici des particularités de l'enfumage de ces volumes qu'on
Le dépôt, ou la sédimentation, des suies sur les parois, a été évoqu rencontre souvent dans les bâtiments récents, où la dilution de la fumée
Une réduction appréciable de la teneur en suie pourra être observée d produite en cas de feu est un facteur essentiel.
un couloir long où l'écoulement est durable. Lorsque la fumée est émise par un feu situé en partie basse, soit dans
Les commentaires donnés plus haut sur l'évolution des gouttelettes d'eau l'atrium, soit dans un local communicant avec l'atrium, elle y constitue un
montrent aussi des influences directes (dépôt sur les parois) ou indirectes panache d'extension verticale beaucoup plus importante que dans un local
(mouvement, échanges thermiques) des caractéristiques du bâtiment. de hauteur courante; le taux de dilution par entrainement en panache, qui
est fonction croissante de la hauteur de panache, est par conséquent plus
élevé.

567
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIME
11- La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur _ NT
3 - Physiqu e du feu pour l'ingénieur
11- La fumée du feu dans un
bâtiment
Si la base de la couche de fumée dans l'atrium s'y m aintient en partie

1
1 Calcul des caracté·rlatlcaues
t1 ■ 8
haute, le taux de dilution peut se situer dans l'intervalle de vingt fois
cinquante fois les quantités de fumée émises à la base de l'atrium, voire
plus encore pour un atrium dépassant la hauteur de quelques étages.
111 de la fumée dans un bâtiment
Si le système destiné à évacuer la fumée en haut de l'atrium n'arrive pas à 1 :
absorber les énormes débits de remplissage ainsi générés, l'atrium se
remplit rapidement (en quelques minutes) de fumée ; si l e s ystème
11
' la modéllsaflon
d'évacuation permet quand même d'empêcher la couche de fumées dans
l'atrium de descendre en deçà de quelques mètres au-dessus de la cote L'utilisation de modèles est le se
d'émission des fumées dans l'atrium, le taux de dilution résultant, relatif à ul mi°yen rai. s�nnablement
pour obtenir des inform atio peu coûteux
un panache plus court, s' en trouve diminué et se situe dans l'intervalle de
ns q1:e es connaissances d'u
peuvent pas donner précisément n expert ne
cinq à dix fois les quantités de fumée émises. d� n_;:�?re élevé des facteur
influents, qui dépendent des part�u�:�: -
s
. u a iment et de celles des
s
De plus, lorsque les fumées émises dans l'atrium ont traversé auparavant foyers. De plus le recours à des .
peut pas abord�r plusieurs scé r ::�::, l �1:1rd financièr��
e_nt, ne
un volume "tampon" (une coursive par exemple), le taux de dilution entre nar�;::; p : e d e tude de sen s1b1h
fumées de la couche "prim aire" et fumées remplissant l'atrium peut être . . té.
Ams!, par exemple, l'obtenti
on d'une conclusi
augmenté par rapport aux taux ci-dessus. systeme de contrôle de la fum on sur l'efficacité
ée à l'aide d'un mod'l d'un
s'avère très intéressante. e e, même gr ossi er,
L'ampleur du volume de l'atrium joue aussi un rôle fondamental. En effet,
si la surface de base d'atrium est étroite, la constitution de larges
panaches de fumée sera gênée par l'impact des écoulements contre les
parois verticales ; le volume vertical à remplir étant cette fois plus petit, il
sera certes assez rapidèment envahi par l es fumées, mais celles-ci, plus
chaudes car moins diluées, et donc possédant une meilleure flottabilité, Grandeurs à calculer
pourront s'évacuer au moyen de systèmes de désenfumage moins
puissants. Dans un objectif d'évaluat' d s �onditio�s d� sécurité (cf.
il est nécessaire de ���rir : le chapitre 2),
Revenons au cas d'un atrium dans lequel se dégagent de grandes quantités ro uction,
caractéristiques l ocales de la : I? l e tr� port et les
s
de fumée très diluée, donc à température peu élevée. Les caractéristiques ume e pour en exprimer plusieur
des moteurs aérauliques gouvernant les phénomènes d'écoulement en caractéristiques : s
ventilation nature lle s'écarteront assez peu de celles qu' on rencontre en
la température,
l'absence de feu, dérivant de la situation thermique et de l'environnement
micro-clim atique du bâtiment, surtout si les températures moyennes des l'o pacité,
fumées d'atrium n'excèdent les températures ambiantes que de quelques
degrés. Les facteurs additionnels de tirage thermique dus au feu ne jouent la concentration en gaz toxiqu
es,
alors qu'un rôle limité dans les processus d'évacuation des fumées
d'atrium : c'est en particulier le cas lorsque le foyer est peu puissant, les l'éven tuelle hauteur libre sousla fumée accumulée sous plaf
ond,
fumées étant alors susce ptibles d' envahir l'atrium de façon erratique et
la vitesse de l'enfumage dans
non homogène. D'autre part, les phénomènes de condensation liés aux le bâtiment
'
faibles valeurs de la température entraîneront un manque de visibilité dans t, généralement pour simuler .
l'e- vo1ut10n temporelle et spat
la fumée, illustrant le fait qu'une fumée très diluée peut apparaître comme e "tenabilité" lié' à ces différentes causes iale du niveau
o paque.
de danger.
n modèle idéal de représenta
tion d m �uvem:r.it de la
nsemble des volumes interco fumée dans
nnect� d �n bat1ment co
vrait fournir, à cha
que instant la car �p �timenté
fumée tenant compte avec pr . . te de outes les caractenstiques de
' e- c1s10n des divers phe- no:ne
s ce chapitre. On di . nes evoqués
spose au· o urd'hu·1 d
us ou moins validés, certains · e I?l�s1.eu:s m?deles et logici
els,
�ien ada t es sit�at10ns particu
dont le degré de complexité est lièr es,
très v�a�le�

568 ..::.:.csrs
569

111111
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM TRAITÉ !JE PHYSIQUE DU BATI
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11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du �u pour l'ingénie
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Remarque:
11 .. 6 .. 2 Représentation du mouvement Rappelons que les échanges
d'én
l'opacité dans le domaine visi ergie concernent surtout le proche infrarouge et
de la fumée ·
V1s1•til·1te. doit. fair
. ble du spectre. Le calcul de
e intervenir des coeffi1c1e
..
s grand eurs hee .'
s a la .
ad apt.es a. cette région. .
. nts' k ou des grandeurs equ
ivalentes,
Les modèles de feux de bâtiment représentent le transport de la fumée, résumé les grandeurs_ a-
caleu1er seront fournis par
admettant que les particules suivent le mouvement global des gaz et on globaux de ' feu ou, 1a pre . des modèles
sence de particul
même te mpérature que ceux-ci. On applique le plus souvent traitement spécifique et q .
d'échange de masse et de ch�
1,
.
smon, representent le s :s,
d 01·t faire l'objet d'une
phénomènes
hypothèse de dilution homogène on ne tient pas compte eur. compte tenu d
par le bâtiment. es contraintes im
agglomérations, dépôts, chutes... , relatifs aux particules, qui s posées
supposées se diluer comme, par exemple , le gaz CO2 • De plus , les ter
sources de particules sont des donnée s d'entrée liée s à la connaiss
e mpirique des foyers, exprimées d'une façon ou d'une autre .

Le mouve ment de la fumée dans un bâtiment (hors du foyer source) 11 .. 6•4 Les modèles utilisé
provoqué par des différences de pression, d'amplitude généralement t s
petite devant la valeur de la pression atmosphérique, et causées par
phénomènes cités au paragraphe précédent, où interviennent cf. le chapitre 13)
.
contraintes imposées par le bâtiment Un modèle de stiné à des cale
re latifs à l'enfumage doit donc prendre en compte ces phénomènes. On
amené à résoudre des systèmes d'équations couplées, décrits au chapi
13, qui reposent sur une modélisation de flux et exploitent la conserva · ans un modèle complet de feu
de la masse , des espèces, de l'énergie et de la quantité de mouvement de bâtiment, le calcul des
pour ce qui concerne l'opacité de la fumée, une grandeur analogue à u champs de pression dans et
entre les locaux en
aire d'atténuation ou bien un nombre de particules. communication,
• débits massiques échang
Les caractéristiques optiques de la fumée sont à considérer dans és avec la fumée par entrain
aux ouvertures, ... , emen t, transport
s ystème s
d'équations car elles interviennent dans les échanges thermiques
sous forme radiative . température et composition (y compris ce
particules), lui de la concentration des
st effectué au cours
de l'intégration de .sY.stè ?es , -
t aux dérivées partielles qui d equat1. 0ns d1ff
. -
erentielles
' fourn1 ·t amsi /evolution des
de l'enfumage. caractéris tiques
11 .. 6 .. 3 Représentation des caractéristiques
Les modèles de zones et les
optiques de modèles de ch�p (de- cnt.
s au chapitre 13) sont
souvent utilisés dans cet obi ·
J ect 1'f d'app11cation.
Comme nous venons de le voir, les caractéristiques optiques intervienn
dans le système d'équations nécessaires à la représentation du mouvem
et des échanges de masse et d'énergie relatif à la fumée. On introduit d _ans des objectifs particuliers
d'ap lication ' on peut uti.. hser des modèles
dans le modèle général des équations et relations portant sur k ou sur ples fournissant de bons
- res
� u1tats ' qui, co:1t1e· :1nent la
grandeurs liées à k, que nous avons vues. Une approche simple est presentation des phénomènes s eule
domin s :�1;r 1 apphcati�n. Par exem
donner des valeurs réalistes du coefficie nt k ou des aires spécifiq cherche à évaluer le niveau ple ,
d'enfu�� un local unique ouvert pa
auxquelles on le relie. Une approche plus évoluée est d'introduire e ou de s portes et mu r
ni d'exutoires e_n, p1afond (fig
équations de conservation et d'échanges sur le nombre , ou la masse loitant une hypothèse de sta i ure 11.8). On peut, en
· syste, me d'é t1·onnante sur la ma,sse . et l'e- nerg1·e, obtenir.
particules, ou sur leur "aire" d'atténuation. Un exemple d'équation de p etit quations facile à résoudre n
type est donné au paragraphe 11.4. ec une bonne approx nq_ ue ment, qui fournit
imation la hauteur l"bre :�
e
oye�ne de fumée . Pour plusi e u�e e �t la temp

eurs locaux e com
érature
olution rapide ' un tel modèle munrcat1on ou des feux à
n 'est par contre pas adapté.
Si, de plus, on
'STB
571
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIME TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingén' - Physique du feu pour l'ingénieur
_!? 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

ne retient pas l'hypothèse de fumée stratifiée sous plafond admis� pour PP�a._ît que les modèles actuels fournissent de bons résu
modèle simple précédent et pour les mo dèles d its de zones, on d01t pa s cons1dere des foyers d ont le d ébit calorifique ltats lorsque l'on
à des mod èles de champ conte nant les équ ations générales de Nav1e
_
10 �:W·Pour �e petits foyers non dangereux
va, grossièrement, de 10 kW à
e n eux-mêmes mais pouvan
Stokes (voir chapitre 13). s�lhc1te: un �etect ur, l'absence t
� de stratification d e la fum
effet s mstationnaires font que
ée e t le poids
la mise au point de modèles pertinent
écran de cantonnement core un sujet de recherche. D'autres s est
limites des modèles utilisés
atiquement portent notamment sur
• leur difficul té à repr ésenter la fo
rmation et les caractér i
gouttelettes, e t en général, les transform stiques de
_ ations concernant les particules
e n su sp ension ;

la prévis ion des espèces p


résentes à faible concentr
complexité des phénomènes de mélange ation, à cause de la
et d es r éactions chimiques
milieu turbulent. en
zoae basse
En France, une étude des caractér istiq
_ ues de la fumée regrou
pant
PYROLYSE plusieurs laboratoires a été poursuivie
d e 1989 à 1995 avec l'ai
inistère de l'Intérieur. On tr ouve des d e du
informations sur ce travail à la
canton avec source de feu volume adjacent éférence 35 [Curtat, 1997].
Figure 11.8 - Exemple d'objectif de contrôle de l'enfumage d'un local :
la fumée doit demeurer au-dessus de la limite basse des écrans de cantonneme
1 .. 6 ..7 L'application des modèles d'enfumage

'application à ?es cas concrets est encore rare. Elle concerne plutôt des
11.. 6.5 Application pratique des modèles vra �es exception�el� par leur complexité ou l eur originalité, alors que les
.
rescnptlo 1:� �escn �!1ves ?es régleme ntations sont par ailleurs le plus

Le choix du mo dèle d épend du but visé (ce que l'on veut <:a:culer), de
souvent utthsees. L evolut10n des réglementations nationales vers une
configuration étudiée (foyers, bâtiment), de la finesse v1see ouve.r tur e à l'ingénierie se manifeste cependant de plus en plus dans
. us1eurs pays.
approché s sur des débit s, représentation fine de s ecouleme nts , ...)
D'une façon générale , on est amené pour une application .concrète · le calcul est aujourd'hui utilisable pour dimensionner des systèmes de
sen :umage efficaces , les connaissances pratiques, empiriques et
effe ctuer d es hypothèses sur la nature , l'emplacement et la pu1ss:rnce
: hmques, demeurent indi spensabl es, ne serait-ce que pour mieux
foyers pote ntiels , et sur les conditions aux �imite� e xistant a:1 �emarr
du feu et au cours de son d érouleme nt, 1mposee par le bat1ment,
mpre:1-dre les objectifs de sécurité et aider à d éfinir les hypothèses des
ulatlons. Nous terminerons ce chapitre par la pré sentation de quelques
conditions thermiques, le vent, etc. Le choix de foyers réalistes d épend dtl .
bâtiment et de son activité et nécess ite un appel importan� a'UX pects pratiques .
connaissances empiriques. Les conditions aux limites peuvent avoir
très forte influence sur les résultats.

11.6.6 Les limites des modèles d11enfumage

Sur plusieurs applications à l'enfumage de bâtiments réalisées ·•



Royaume Uni, au Japon, aux Etats -Unis , en Suède, en France, etc�

573
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIME TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
11 - La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 11- La fumée du feu dans un bâtiment

Diverses combinaisons "naturel/mécanique" sont envisagées


et pratiquées
telles que celles qui visent à :
• agir sur le seul volume source de fumée, le mettre
en dépression
(mécanique), et laisser l'air y entrer naturelleme
nt, ou forcer
mécaniquement l'entrée d'air ;
• 1:1-ettr� en surpression (mécanique) les volumes à protéger
_ et ouvrir sur
1 exteneur (naturel) le volume source de fumée ;
(cf La référence 7 [Chardat, 1995] présente les phénomènes de l'enfumag
les approches réglementaires du contrôle de la fumée) 1111 mettre en surpression (mécanique) un escalier d'évacuation
et mettre en
dépression (mécanique) le volume source de fumée ;
Nous donnerons iei des indications sur des démarehes pratiques destin'
à contrôler l'enfumage, afin d'identifier des points où l'approche physiq 1111
m_ettre �n sur:r�ress!on (mécanique) les volumes à protéger et mettre en
de l'enfumage peut être appliquée. depress10n (mecamque) le volume source de fumée, avec
installation
d'un sas à l'entrée de ce volume;
Quelques actions de base sont à retenir, à gérer selon les objectifs reten
de protection : extraire la fumée (près de sa source, si possible), 1111 mettre en surpression (mécanique) l'escalier d'évacuation
canaliser (en particulier, l'empêcher de pénétrer dans un volume sensib et mettre en
dépression (mécanique) le volume source de fumée.
éviter de la diluer ou de la déstratifier dans les voies de circulation
personnes. Le maintien d'une hauteur libre de fumée
Le contrôle des volumes enfumés Un concept important pour la sécurité des personnes
est de viser à
maintenir une hauteur libre sous couche enfumée,
Un objectif de sécurité est d'empêcher ou de limiter le suffisante pour
permettre la visibilité et le mouvement.
produite dans un volume
Pour �es de:-ix exempl�s d'objectifs de sécurité, la modélisation
. physique et
@ vers d'autres volumes où se trouvent des personnes (ou des biens) les s1mulat10ns numenques sont utilisables au dimensionnement des
protéger, moyens à mettre en oeuvre relativement à des scénarios
de feu réalistes.
© vers les volumes où des personnes sont amenées à se déplacer pour
rendre en un lieu sûr ou bien pour intervenir et porter secours (coulai
escaliers, extérieur du bâtiment).
Si des cloisons étanches permettent naturellement d'atteindre cet objectif,
on ne peut pas cependant en mettre partout ! Les portes destinées aux
accès seront de plus ouvertes par les personnes en mouvement
d'évacuation. Enfin, les vitrages et les portes courants, ou des dois
fragiles, pourront être détruits sous l'action de la chaleur. Les écrans
cantonnement fixés au plafond sont des barrages à l'écoulement de
fumée en partie haute d'un volume, dont la hauteur (réglementée dans
grands volumes des établissements recevant du public) est, par exemp
de 50 cm.
Le contrôle des champs de pression est donc nécessaire au contrôle
l'enfumage. Il a pour but d'imposer à la fumée des mouvements ne nuis
pas à la sécurité. On utilise pour cela des moyens de :
• ventilation naturelle (exploitation du tirage), et/ou de,
• ventilation mécanique (utilisation de ventilateurs d'extraction
d'amenée d'air).

574
575
TRA/Tt DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
11 La fumée du feu dans un bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 Physique du feu pour l'ingénieur 11 - La fumée du feu dans un bâtiment

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Fire Safety Science, 4e Symposium, p. 527, 1994.
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[13] A. Heskestad "Reaction tofire Classification of building products: Assessment of the Française de Thermique, Ville d'Avray, 6 au 8 mai 1980.
smoke produ�tion", Thèse de Docteur Ingénieur, Univer�ité de Trondheim (Noxvège),
Department of building and construction engineering, decembre 1994• M. Barakat, "Interaction rayonnement-particules. Cas des fumées générées par
différents types de combustibles", thèse de l'Université de Poitiers, 8 décembre 1994.
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ASME-JSME Conference", 1er mars 1987.
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Sciences, vol. 3, septembre 1985 , et, " Soot from fires; IL Mechanisms of soot forma
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of Fire Sciences, vol. 12, mai/juin, pp 313-325, 1994.
[17] P. Joulain et J.M. Souil, "Emission, absorption des produits de pyrolyse et de M. Curtat, "Bilan sur des études relatives à la fumée du feu de bâtiment" travaux du
combustion dans les incendies; première partie: propriétés radiatives des suies",
CNRS, du SNPP et du CSTB, cahier du CSTB 2985, octobre 1997.
Rencontre SFT, Ville d'Avray, 6 au 8 mai 1980.
[18] Y. Le Botlan, "Stratification des fumées", Face au Risque, n° 318, décembre 1995.

576 577
Chapitre

Feux hors des


bâtiments courants

Feux particuliers aux activités industrielles 12. 1


Incendies urbains 12. 2
Incendies de forêt 12. 3
Incendies dans les tunnels 12. 4
Conclusions 12. 5
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATI TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12- Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 Physique du feu pour l'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

Le présent ouvrage porte principalement sur la physique des feux qui


produisent dans des bâtiments courants, habitations ou Etablisseme
. . aux act1v1tes
... .. i,Ftïilxparticul1ers . . ,.
,�,::: :,,,.. .:,:,: :: ................................. ..

Recevant du Public, feux alimentés par la dégradation thermique


· · · · industrielles
" " " """ " " " " "" " " "

matériaux qu'on y trouve usuellement. Ces matériaux sont souvent à


de polymères naturels ou de synthèse. L'évolution du feu y est liée
caractéristiques du bâtiment et de ses ouvertures.
Dans ce chapitre on s'intéresse à d'autres situations, soit parce qu'elle
concernent des feux qu'on rencontre dans des bâtiments ou équipemen
de type industriel où le combustible peut être gazeux, liquide, soli 12 .. 1 .. 1 Allumage et combustion de gaz
métallique ou granuleux, soit parce que l'incendie dépasse les limites d'
bâtiment unique et s'attaque à plusieurs bâtiments, soit parce qu'il brûle
l'air libre. Les feux de végétation sont des incendies où le milie Remarque
combustible, de grande étendue, est "poreux". La combustion d'espèces gazeuses avec l'air a fait l'objet de nombreux travaux depuis
le 19e siècle et concerne de nombreuses applications industrielles : les moteurs, les
Ces divers feux hors bâtiments courants posent de réels problèmes de chaudières, la destruction de déchets, la synthèse chimique ... Une telle abondance
sécurité: d'études relatives à la combustion organisée et contrôlée ne permet pas ,,,,,,,,nn"'"r les
théories produites dans le cadre prévu. On peut par exemple consulter sur ce
• Les feux de forêts causent chaque année des dégâts importants et des domaine les références [8], de Soete, 1976, et [22], Borghi et Destriau, 1995.
victimes.
CD Bien que les incendies à l'échelle d'un quartier urbain ou d'une ville
deviennent plus rares que dans le passé dans les grandes cités des pays 12.1.1.1 Flamme de prémélange ou flamme
développés, ceux qui accompagnent un tremblement de terre demeurent
préoccupants dans les villes exposées. La protection de quarti de diffusion
anciens constitue également une préoccupation actuelle de maintien Aux foyers les plus fréquents dans les bâtiments courants sont associées
patrimoine. des flammes de diffusion alimentées par des gaz combustibles issus de la
pyrolyse des matériaux constituant les objets présents. Des combustions
CD Si la plupart des décès ont lieu dans l'habitation, plus de la moitié d non souhaitées, capables de causer des incendies, peuvent naturellement
accidents industriels (parfois très coûteux, quelquefois tr se produire directement à partir de gaz combustibles.
destructeurs) sont dus à des incendies (les rejets venant ensuite, pu·
les explosions). Ainsi, une fuite de gaz combustible stocké ou bien transporté en
canalisation peut conduire à une flamme de diffusion si le gaz brûle en
Les développements donnés ici sur les feux dans l'industrie sont trè quittant la brèche, ou à une flamme de prémélange si c'est un mélange
limités ; les références fournies permettent l'accès à des travaux pl réalisé avec l'air qui s'enflamme. Le flux massique de gaz sortant par une
complets. brèche dépend des dimensions et de la forme de la brèche, et de la
Remarque:
différence de pression entre l'intérieur de la conduite et l'extérieur. Par
différence avec la situation où des gaz combustibles sont produits par
On trouvera dans ce chapitre des informations sur les feux de liquides, apportant
compléments sur ce sujet à ce qui a déjà été donné au chapitre 5. pyrolyse d'un solide, le nombre de Froude (chapitre 3, paragraphe 3.3)
associé à l'injection peut être élevé. La flamme peut être de grande taille,
ou bien soufflée si le débit de gaz est trop fort.
Plusieurs incendies dans des tunnels ont été cause, ces dernières années, Par exemple : La rupture d'une canalisation enterrée de gaz transportant
de victimes multiples et/ ou de dégâts importants. Quelques lignes de du gaz combustible sous une pression de plusieurs mégapascals peut
chapitre sont consacrées à ces feux particuliers par leur faible fréquence e donner naissance à une flamme de diffusion de plusieurs dizaines de
la gravité de leurs conséquences. mètres de hauteur, susceptible d'allumer des matériaux combustibles
exposés à l'éclairement énergétique de la flamme et situés à une distance
dont l'ordre de grandeur correspond grossièrement à une ou deux fois la
hauteur de flamme.

;:;;;;csrs 581
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
12 Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants

On sait que dans l'habitation, à la suite d'une fuite de gaz de ville, 0


100
combustible gazeux qui est libéré dans l'air mène en général à un mélan
avec l'air qui peut s'enflammer puis produire une déflagration,:.
éventuellement une détonation, causant par la montée de la pression de� 1
dégâts mécaniques et par rayonnement thermique de la flamme l'allumagê. 1
/ 2l. '
de solides combustibles. Dans des bâtiments ou des équipements ""I '
industriels, divers gaz sont susceptibles de brûler dans l'air.
1 mélanges '
1 inflammables
12.1.1.2 Limites d'inflammabilité dans les mélanges
100
L'inflammation d'un mélange réalisé entre un gaz combustible et l'air
conduira donc à une flamme de prémélange. Cette inflammation ne peut se 0
produire que pour certaines proportions du mélange : à la concentration de
gaz combustible la plus faible capable de permettre l'inflammatio11
correspond ce qu'on appelle la limite inférieure d'inflammabilité. La limit
supérieure d'inflammabilité est associée à la concentration maximale d
gaz combustible encore capable de permettre l'inflammation. Ces limit
dépendent de la température et de la pression. A une température plu
élevée correspond un domaine plus étendu entre les limites inférieure e
supeneure. Entre ces limites, les proportions correspondant à la
stoechiométrie conduisent à la température de flamme la plus élevée. Le 0
démarrage de la combustion est provoqué par un petit apport d'énergie IOO
(une petite fraction de joule), venant par exemple d'une étincelle ou d'un
Exemple:
point chaud. Une zone de combustion (front de flamme) se déplace alors
dans le mélange, sans apport d'énergie externe au mélange, et consomme 1 - Mélange air (environ 70 % azote+ 19 % oxygène)+ 11 % méthane
en se déplaçant les réactifs prémélangés. L'avancée du front de flamme est 2 Mélange (oxygène 70 % + azote 10 % + 20 % méthane)
permise par deux phénomènes : le transfert de chaleur de la flamme vers le
Figure 12.1 w Limites d'inflammabilité du mélange ternaire méthane, oxygène, azote.
volume gazeux aval contenant les réactifs, et la diffusion dans ce volume Pression normale, température = 23 °C.
de radicaux libres. Cette situation correspond au régime de déflagration : (Zabetakis, 1965, {20])
la vitesse de déplacement de la zone réactive, liée à ces mécanismes
thermiques et chimiques, est subsonique. Si le confinement du mélange
gazeux restreint la détente liée au départ des produits des réactions de La figure 12.1 donne l'exemple des limites d'inflammabilité du méthane (le
combustion, le mouvement de la flamme s'accélère et les ondes de pression gaz de Lacq en contient 97 %) mélangé à l'oxygène (l'oxydant) et l'azote
en aval de la zone de combustion peuvent former une onde de choc : on (diluant pratiquement inerte), les mélanges étant toujours à pression
passe alors à un régime de détonation pour lequel la vitesse de normale et à une température de 26 °C (résultats obtenus par Zabetakis,
propagation devient supersonique. 1965, [20]}. Le diagramme ternaire est construit de la façon suivante : sur
En l'absence d'un terme d'apport énergétique initial, le mélange peut aussi chaque côté d'un triangle équilatéral on a porté la fraction volumique du
s'enflammer si sa température est assez élevée. Il s'agit alors d'une auto­ méthane qu'on a associé à ce côté, de O à 100 %. Sur le côté suivant dans
inflammation qui correspond à l'accélération forte de réactions d'oxydatio le sens des aiguilles d'une montre, on passe à l'azote dont la fraction
qui sont beaucoup plus lentes à température normale. Ici encore, 1 volumique va de O % à 100 % à partir du sommet commun. On passe
phénomène se produit si le mélange contient assez, mais non pas trop, d ensuite à l'oxygène. Un mélange de ces trois gaz est repéré par un point
gaz combustible, et on définit encore deux limites, inférieure et supérieure, unique à l'intérieur du triangle. On trace des demi-droites issues de ce
qu'on appelle limites d'auto-inflammation ou d'explosion (LIE ou LSE). point de la façon suivante : la demi-droite parallèle au côté "oxygène" coupe
le côté "méthane" en un point qui fournit la fraction de méthane, la demi­
Pour plusieurs gaz combustibles utilisés dans l'industrie, par exemple dans droite parallèle au côté "azote" coupe le côté "oxygène" en un point qui
l'industrie chimique, le chauffage (ou le refroidissement) ou la cuisson, les fournit la fraction d'oxygène, la demi-droite parallèle au côté "méthane"
limites inférieure et supérieure d'inflammabilité sont connues, au moins coupe le côté "azote" en un point qui fournit la fraction d'azote. La somme
aux température et pression courantes. des trois fractions vaut 100 %. Une série d'expériences a permis de tracer

=csrs 583
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIME TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12 Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'i 3 - Physique du feu pour /'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

une frontière séparant un domaine à l'intérieur duquel tous les poin b - Un liquide en écoulement dans l'air, par une fuite ou suite
correspondent à des mélanges qui sont inflammables, le damai à un débordement
d'inflammabilité, du reste de la surface intérieure du triangle pour leq
les proportions des mélanges ne permettent pas d'inflammation. Si on fi Ce type de feu alimenté par un liquide en écoulement fait intervenir une
le rapport des fractions d'oxygène et d'azote à la valeur correspondant compétition entre la vitesse de l'écoulement, la vitesse de vaporisation, et
l'air, approximativement 0,21/0,79, les mélanges ternaires possibles so la vitesse de combustion du (gaz venant du) liquide. On a alors besoin
représentés par un segment issu du sommet commun aux côtés méth d'exprimer le débit massique s'écoulant par la fuite, qui dépend de
et azote et dont l'extrémité est sur le côté oxygène à la valeur de 21 %. L l'importance de l'ouverture, du comportement du liquide, et qui est bien
mélanges qui sont inflammables correspondent au segment inclus dans 1 sûr fonction de la pression en amont de la fuite (diminuant plus ou moins
domaine d'inflammabilité. vite au cours du temps). Pour un liquide ne se vaporisant pas, le débit
massique sortant par l'orifice, mL (kg· s- 1), s'écrit:

mL = cd A,J2PL (PA - Pext)

où Cd est le coefficient de décharge (voisin de 0,7 pour un petit orifice), A


12 .. 1 ..2 Feux de liquides l'aire de l'orifice en m2 , P L la masse volumique du liquide en m3 · kg-1, PA
la pression en amont de l'écoulement, Pext la pression à l'extérieur (les
pressions sont exprimées en Pa).
12.1.2.1 Catégories de feux liquides Si tout ce flux de liquide peut brûler (avant par exemple d'être en partie
Friedman ([11], 1989) considère cinq types de situations où un liquide peu absorbé par le sol), soit dans l'écoulement, soit dans la flaque formée au
alimenter une combustion sol, le débit calorifique est évalué en multipliant mL par la chaleur
massique de combustion du liquide. On peut donc avoir ici à prendre en
compte la vitesse de consommation dans le flot de liquide et celle de la
a - Une flaque au sol, ou une nappe dans un récipient ouvert flaque.
en partie haute
De nombreuses études ont été conduites sur cette configuration désignée c w Un flux d'aérosol {"spray fire") dû à une fuite au travers
en anglais par "pool fire". Un exemple simple est celui d'une flaque
d'un petit orifice d'une conduite sous pression
allumée, soit au sol, soit dans un réservoir ouvert. La configuration "p
fire" est souvent retenue pour représenter un feu de resme La combustion dans un moteur Diesel est de ce type. Le degré de division
thermoplastique (qui fond avant de brûler, par exemple le PMMA, d'une masse liquide donnée favorise la rapidité de la combustion du nuage.
polyméthacrylate de méthyle, abondamment étudié en laboratoire}, o Rappelons que le chapitre 4 donne des informations sur la combustion de
approximativement, celle d'un foyer dont la frontière supérieure d gouttelettes.
combustible est horizontale et assimilable à un disque (cf. chapitre 5).
Hors bâtiment, un feu de pétrole, par exemple, dans la cuvette de rétention
d'une citerne ou depuis la citerne elle-même si sa toiture est arrachée, peu Une couche liquide mince, par exemple sur un matériau
causer un incendie impliquant des citernes voisines si elles sont tro absorbant {sable, tissu ou papier) ,
proches ou mal protégées et causer d'autres dégâts à distance par sur un liquide non combustible, ou bien dans une mousse
rayonnement thermique.
La combustion d'une nappe fine sur l'eau de la mer est proche de cette
Pour cette situation de feu de flaque ou de nappe fréquemment rencontrée, situation. Provoquée, cette combustion peut être envisagée comme moyen
divers modèles de flammes, différant selon le combustible, la taille du de dépollution de l'eau, par exemple après un accident de tanker.
foyer, le confinement, ont été développés. Le chapitre 5 présente des
La tension superficielle et la capillarité interviennent dans ce type de
expressions de la hauteur de flamme et de l'entraînement d'air dans une.
combustion.
flamme correspondant à la situation de "feu de flaque".

584 585
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 Physique du feu pour /'in 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

e - Un liquide confiné, par exemple dans un réservoir de gaz naturel flamme établie est absorbée par le liquide, suffisante pour que la
liquéfié, le réservoir, chauffé de l'extérieur, finit par laisser vaporisation du liquide soit assez intense pour entretenir la flamme.
échapper du liquide Ces deux températures dépendent en toute rigueur de la puissance et de la
(voir le paragraphe 12.1.2.4.) taille de la flamme-pilote. Des appareils et des procédures normalisés
permettent de relever ces deux températures, qui sont des indicateurs du
L'échauffement du liquide contenu dans un réservoir, accompagné risque d'inflammabilité de liquides utilisés dans l'industrie.
ouverture de l'enveloppe, peut libérer une énorme quantité de vapeur.
sécurité des stockages de liquides combustibles (dérivés du pétrol On suppose implicitement que le liquide est dans l'air. Dans ce mélange
solvants, espèces de base destinées à la synthèse industrielle) e gazeux, ou bien dans d'autres, on peut établir des limites d'inflammabilité
directement concernée par ces situations. des gaz issus de la vaporisation.
L'occurrence de feux de liquides dans un bâtiment est souvent associée On peut également, comme pour les gaz, définir une température d'auto­
la première situation. inflammation en l'absence d'apport externe d'énergie.

Pour introduire des notions liées à l'allumage des liquides, c'est-à-d"


l'inflammation du gaz en lequel il peut se transformer, nous allons rappel 12.1.2.4 Vitesse massique de consommation
quelques notions sur l'équilibre thermodynamique. d'un liquide en feu de flaque
1 1.2.2 Vaporisation d'un liquide combustible, Exemples de valeurs
aspects thermodynamiques
Certains produits purs, liquides dans les conditions normales ( Tableau 12.1.1- Exemples de vitesse massique
de consommation de liquides ramenées au m2
hydrocarbures, des alcools, ...) se transforment par changement d'é
lorsqu'on les chauffe assez, en gaz combustible sans qu'il y ait dégradatio
vitesse massique
thermique des molécules de l'espèce initialement liquide (Cf. chapitre 1) masse volumique chaleur massique
par unité de
Dans ce cas, la vaporisation a lieu à une température unique à pressio Liquide de combustion
donnée, la chaleur de vaporisation a un sens thermodynamique et est un (kg· m-3) surface, m"
(MJ · kg-1)
propriété du combustible. (g . s-1 . m-2)
éthanol 794 26,8 15
12.1.2.3 Allumage d'un liquide combustible
benzène 874 40,1 85
Des essais normalisés permettent la mesure de la température d'un liqui
conduisant à son allumage.
heptane 675 44,6 101
Le point d'éclair : ce terme correspond à une mesure de température
effectuée lors d'un essai. Le liquide est inclus dans un petit récipie11t pétrole brut 830-880 42,5-42,7 22-45
ouvert en partie haute. On fait croître doucement la température du liqui
maintenu à la pression atmosphérique, ceci en l'absence de courant <l'ai kérosène 820 43,2 39
La pression de vapeur au-dessus de la surface du liquide augmente
cours du temps. Spatialement, son amplitude diminue à partir de l
surface si on s'en éloigne vers le haut. A des intervalles de temps réguliers
on approche près du liquide une petite flamme-pilote. La valeur la plué Le tableau 12.1.1 donne la vitesse massique de consommation de quelques
basse de la température du liquide conduisant à une inflammation brève liquides courants, m" , ramenée au m2 d'aire, pour de grandes surfaces,
du mélange vapeur-air qui s'est constitué est le point d'éclair du liquide. c'est-à-dire des disques de diamètre supérieure au mètre (voir le chapitre 5
la température du liquide continue d'être augmentée, elle finit qui présente la variation de cette grandeur avec le diamètre), et pour des
atteindre une valeur au-dessus de laquelle l'inflammation conduit à u régimes stationnaires. Les données sont extraites de la référence [1],
combustion durable, c'est le point d'allumage établi, ou po Babrauskas, 1983. Les chapitres 4 et 5 donnent d'autres exemples de
d'inflammation. A ce stade, une partie du flux de chaleur produit par

EC:STB 587
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour /'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

Formule simple Emittance des flammes de gros foyers de liquides

Pour des surfaces dont l'aire est supérieure au m2 , la vitesse massique de Selon le combustible, liquide ou gaz liquéfié, !'émittance des flammes
consommation par unité de surface peut, pour de nombreux liquides, être associées à un diamètre de la source supérieur à 1 m, va de 3 à 8 W · cm-2
calculée approximativement à l'aide la formule suivante (Burgess et al., (30 à 80 kW· m-2). Pour des diamètres supérieurs à 20 m et des liquides
[21]) valable pour un régime stationnaire de consommation: courants, !'émittance moyenne est grossièrement voisine de 4 W · cm-2 (40
kW· m-2).
m" =1,3 X
h
10-6 PL c Il existe plusieurs modèles de flamme et de rayonnement pour calculer
rlvap
!'émittance et l'éclairement énergétique en fonction de la distance et de
où PL est la masse volumique du liquide (kg · m -3) , hc sa chaleur l'orientation d'une cible exposée.
massique de combustion, et /z,,ap sa chaleur massique de vaporisation. Le
rôle du rapport hc / hvap entre la chaleur de combustion et la chaleur de Boilover et BLEVE
vaporisation a déjà été évoqué précédemment (cf. chapitre 5 au§ 5.3.2, et· (cf Mydan et Croce, [15/.)
les nombres Bau chapitre 4).
Dans un réservoir initialement clos chauffé par un feu et contenant une
couche d'eau sous le liquide combustible stocké, la vaporisation de l'eau
peut créer au travers d'une brèche une énorme et brève éruption de
12.1.2.5 Caractéristiques des flammes de liquides gouttelettes et de vapeur inflammables. Ce phénomène est nommé
boilover.
Hauteur des flammes La mise à l'air libre brutale d'une masse de gaz liquéfié qui s'évapore, par
perforation, éclatement ou fusion de l'enveloppe peut donner naissance,
(Voir aussi le chapitre 5.) après inflammation dans l'air, à une dangereuse "boule de feu" (en anglais,
Le débit calorifique d'un foyer seneux à l'extérieur d'un bâtiment va de BLEVE = Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion).
quelques centaines de kW à des centaines de MW. Un exemple marquant Lorsque le liquide vaporisé est combustible et qu'il s'enflamme, le
de gros foyers est celui des nombreux puits de pétrole en feu du Koweit en rayonnement thermique peut causer des dégâts très importants.
1991 (guerre du Golfe) où on a observé, au moins pour un puits L'émittance de la « boule de feu» est de l'ordre de une ou quelques
particulièrement soumis à l'étude, une hauteur de flamme de 65 m pour centaines de kW· m-2, selon le combustible et la taille de la boule.
une puissance de 1,7 GW (1,7 millions de kW) associés à la consommation
de 40 kg/s de pétrole brut. (Cf. référence [10], Evans et al., 1994). La La sécurité contre l'incendie de stockages de liquides combustibles tels que
formule utilisée pour relier hauteur de flamme et débit calorifique du feu les dérivés du pétrole, les solvants, des produits de base pour la synthèse,
de puits de pétrole est la suivante, due à Hasemi et Tokunga, et appliquée et des gaz liquéfiés, est concernée par l'occurrence de ces phénomènes sur
lesquels des modèles ont été réalisés.
par ces auteurs à des flammes d'une puissance de 100 kW, dominées par
la flottabilité (1983) :
( )2,5
Q= o,�1 12 .. 1 .. 3 Feux de métaux
où Q est en kW, et z, la hauteur de flamme en m. Cette formule semble
ainsi convenir pour une large gamme de puissances du foyer.
Le vent peut évidemment incliner, voire souffler des flammes. La longueur
12.1.3.1 Généralités
de flamme est modifiée quand son inclinaison change. La vitesse du vent et (cf la référence Friedman /11/.)
celle du gaz quittant le liquide interviennent en compétition. On peut sur
ce point consulter la référence [15], Mudan et al., 1988. Dans les bâtiments d'usage courant, lorsque des métaux sont présents
sous forme massive, la contribution directe de ceux-ci au débit calorifique
d'un feu est en général très faible. Dans l'industrie, le type de combustion

588 :..::::CSTB :..::::csrs 589


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12 Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ing 3 Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants

observé dans l'air et l'intensité de la production de chaleur dépendent de la Certains métaux réagissent avec l'eau (sodium, potassium, par exemple)
température d'ébullition du métal solide, de celle des oxydes formés, de la pour former de l'hydrogène, gaz facilemenUnflammable.
forme sous laquelle se présente le métal (degré de division de la matière Dans un atelier ou une usine, les métaux peuvent donc être à l'origine de
rapport surface/volume), et de l'importance de l'apport thermique feux où la combustion peut être plus ou moins vive selon les
d'allumage. L'oxydation des métaux est en général très exothermique. Pour caractéristiques chimiques et physiques des réactifs, et la manière dont la
l'aluminium par exemple, l'oxydation d'un kg dégage 31 MJ. Dans d matière métallique est répartie. Sous forme de poudre ou de poussières, de
conditions thermiques sévères, l'allumage et la combustion de métaux pe nombreux métaux peuvent de plus conduire à des déflagrations, comme
poser problème. Ainsi, dans un réacteur d'avion fonctionnant dans d d'autres combustibles, organiques, divisés et mis en suspension dans l'air.
conditions anormales, le titane peut s'allumer et brûler violemment.
fabrication et le stockage de métaux utilisés sous forme mince doivent faire Un fragment de métal chaud projeté lors d'un travail d'usinage peut de
l'objet de précautions particulières. On mentionne par exemple que des plus contenir assez de chaleur pour allumer un combustible de type
copeaux de magnésium peuvent s'allumer au contact d'huiles. polymère organique s'il est mis à son contact.
Nous avons vu (chapitre 4) que le carbone brûle par des réaction. Enfin, lors d'un feu de bâtiment, certains métaux peuvent fondre et par là
d'oxydation à la surface exposée du solide, et non pas en milieu gaze apporter des modifications structurelles ou relatives à la ventilation des
comme les polymères courants et les liquides organiques. Pour les méta foyers. Des plaques d'aluminium (température de fusion 660 "C) ou d'un
dont la température d'ébullition est très élevée, difficile à atteindre (plus de alliage de ce métal peuvent ainsi disparaître en toiture ou en paroi lors de
3000 °C), l'oxydation a lieu en surface du solide comme pour le carbone. feux de puissance non exceptionnelle.
C'est le cas du silicium, du titane, du bore, du zirconium ... La suite du paragraphe est consacrée au sodium, utilisé dans les
Des métaux dont la température d'ébullition est moins haute peuvent être échangeurs thermiques de certains types de centrales nucléaires.
portés à une température suffisante pour qu'ils dégagent des vapeurs
combustibles. C'est le cas par exemple du potassium (ébullition à 764 °C),
du sodium (ébullition à 883 °C), et du magnésium (ébullition à 1105 °C).
12.1.3.2 Cas du sodium
L'aluminium peut brûler en phase vapeur bien que sa températur� (d'après la référence CEA [3}.)
d'ébullition soit élevée (2495 °C). L'aluminium est utilisé en poudré
dispersée dans un propergol solide (combustion sans air !) pour donne Les feux de certains métaux peuvent dégager beaucoup de chaleur si ces
une température de combustion élevée favorable à la poussée. métaux sont divisés, d'autres forment un oxyde qui freinent les transports
de masse et limitent le débit calorifique. La référence [11] fournit des
Les oxydes métalliques formés ne deviendront des produits gazeux que si la informations sur ce sujet. Nous avons retenu ici l'exemple du sodium,
combustion peut les porter à une température assez élevée pour qu'ils se utilisé dans les échangeurs thermiques de certaines centrales nucléaires
vaporisent. S'ils restent condensés, ils ont tendance à s'accumuler près expérimentales (réf. [31).
la zone réactionnelle et à freiner les échanges. Pour le silicium, le titane,
bore, et le zirconium, la température d'ébullition des oxydes est inférieure Le sodium est utilisé dans certains réacteurs expérimentaux de l'industrie
la température de vaporisation du métal. Pour le potassium, le sodium, et nucléaire comme fluide de refroidissement permettant d'extraire une
le magnésium, la température d'ébullition des oxydes est plus grande que puissance thermique élevée à cause de sa capacité calorifique et de sa
la température d'ébullition du métal. bonne conductivité thermique. Sa tension de vapeur est assez faible à la
température de fonctionnement (550 ° C) pour ne pas causer de surpression
Le degré de division de la matière, ou le rapport surface/volume, dans le circuit. Il bout à 883 °C sous pression normale.
interviennent de façon notable. Les métaux étant bons conducteurs de la
chaleur, il est difficile d'en porter la surface à une température élevée par Le sodium est très réactif avec l'eau et avec l'oxygène. Il peut réagir avec
un apport de chaleur externe lorsque qu'ils sont présents sous une for l'eau contenue dans le béton et ainsi endommager des parois. Une fuite du
massive. Si un métal est en poudre, en copeaux ou en feuilles, il est pl circuit de refroidissement primaire peut libérer des tonnes de sodium. Le
facile de le porter à température assez élevée pour qu'il s'allume. Ainsi; sodium s'écoulant par la fuite peut brûler sous forme de jet de gouttelettes
l'aluminium, qui bout à 2495 °C, peut brûler avec flamme alimentée par (si la section de la fuite est petite et la pression forte) ou de nappe au sol
ses vapeurs, si on approche une flamme d'une poudre ou de (grosse section de fuite et faible pression) ou bien de ces deux façons à la
copeaux de ce métal. Le magnésium, dont la température d'ébullition fois. Le débit calorifique d'un feu de gouttelettes est plus élevé que celui
plus faible (1105 °C), s'allume plus facilement. L'allumage peut démar d'un feu de nappe à cause du rapport entre la surface (en contact avec
lorsque le métal, sous forme de copeaux par exemple, est porté à d l'oxygène de l'air) et le volume d'une goutte. En nappe, le sodium brûle au
températures inférieures à la température de fusion (650 °C).

590 ECSTB 591


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/ME TRAITÉ DE PHYSIQUE OU BATIMENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingén 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants

travers de la surface supérieure qui se recouvre d'une couche d'oxyd Le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) a réalisé de nombreuses
faisant partiellement écran au passage de la matière gazeuse. expériences sur ces feux, développé des logiciels de simulations et mis en
place des systèmes de protection et de lutte.
Les dommages que peuvent causer un feu de sodium concernent
matériels et composants, les organes de ventilation, les systèmes Incidemment, il faut mentionner que la sécurité incendie dans les
filtration, et l'environnement en cas de rejet éventuel hors des loc bâtiments de l'industrie nucléaire fait appel depuis plusieurs années à la
étanches en situation normale. La formation d'aérosols (Na2 0 et Na2 modélisation et la simulation numérique de feux d'origines diverses. En
dans la combustion, et leur transformation en soude (NaOH) par réacti France, le CEA et l'EDF ont pour cela développé et appliqué des logiciels
avec l'eau présente dans l'air implique de protéger le personnel par de spécifiques.
tenues spéciales et des appareils respiratoires. Une fuite simultanée d
sodium et d'eau peut provoquer des réactions vives capables de conduire
des détonations. 12 .. 1 .. 4 Exemples de configurations
industrieHes particulières
Eléments de chimie de la combustion du sodium dans l'air
La première étape est la suivante Les citernes, les cuvettes de rétention, les sphères de stockage de gaz
Na + 02 ➔ Na2 0 (monoxyde de sodium) liquéfiés, les cavités du sol servant de réservoirs de gaz, constituent des
exemples d'équipements où les dangers de feu sont particuliers. Nous nous
et, si l'oxygène est en excès, on observe aussi : limiterons ici à évoquer des feux de constructions industrielles, les
entrepôts et les silos, où les combustibles présents sont très divers et où la
Na2 0 + 1/2 02 ➔ Na2 02 (peroxyde de sodium) masse combustible peut-être très élevée.
Ces deux oxydes sont libérés sous forme d'aérosols, de petites particules
solides qui rendent le milieu opaque. Les réactions d'oxydation démarrent 1 1 Feux d'entrepôts
lentement à 20 °C et s'accélèrent lorsque la température croît.
Un entrepôt peut contenir de grandes quantités de combustibles liquides
ou solides, de même nature ou de natures différentes. En cas de feu, le
débit calorifique peut devenir très important (des dizaines de MW}, et le
Les flammes des feux de nappes panache peut disperser des produits dangereux pour l'environnement. La
Ces flammes sont de faible hauteur et rayonnent peu de chaleur. La configuration de la charge combustible, généralement stockée de façon
couverture du métal par une couche d'oxyde est rompue par endroits suite étagée laissant des couloirs de circulation, rend difficile la représentation
aux mouvements de convection internes à la masse de métal : les flammes des foyers et de leur ventilation. Les caractéristiques du bâtiment, surtout
se forment à ces passages et n'ont donc pas une assise suffisamment large celles des parties légères de la structure, interviennent bien sûr sur le
pour générer des réactions sur une hauteur importante. A 550 °C, une développement du feu tant que la couverture ou l'ensemble de la structure
nappe de sodium est en feu actif. Au-dessous de 200 °C, on ne distingue ne sont pas détruits.
pas de flamme car l'oxydation est lente.
12.1.4.2 de silos
Vitesse massique de consommation
Elle est de l'ordre de 8 g · s- 1 • m-2.(les polymères organiques courants. Origines de l'allumage un silo
peuvent se pyrolyser à des vitesses deux ou trois fois plus élevées).
• origine extérieure au silo : étincelle, point chaud lors de travaux, flamme
La relative modestie des manifestations thermiques directes d'un feu de d'un foyer actif proche sur le site.
sodium fait que la pression dans le local en feu croît lentement, et que
l'éclairement énergétique des flammes n'est pas gênant à quelque distance • origine intérieure au silo : la fermentation aérobie peut conduire à une
du foyer. L'opacité et l'agressivité des fumées constituent par contre une combustion lente (feu couvant), puis parfois à une combustion vive. La
gêne pour la lutte. fermentation anaérobie peut libérer des gaz combustibles (H2, CH4, par
exemple) susceptibles de s'enflammer.

=i:CSTB 593
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants
12 - Feux hors des bâtiments courants

les combustibles stockés


r
Les substances stockées en silo sont très diverses. On peut trouve d
engrais (en particulier, engrais NPK, à base d'azote , de phosp hore : e�
des produi ts phytos amta1r
potassium aux faibles effets thermiques),
n
des céréaies, du sucre, du charbon, des liquides ... Ces substa
différent par leur nature chimiq ue, la mas
.
se totale �u stock et
le
12 ..2 .. 1 Les préoccupations açtueHes relatives
disposition dans l'espace (verticale,_ obhque, __ !10nzontale), _
caractéristiques physiq ues (masse volum ique, propn etes the � ophys1 que au risque d'incendie urbain
chale
et thermochimiques (température et énergie de chan�em�nt d'etat,
massique de combu stion, besoin �11: 02 des reacho ns glo�8!-es
Dans les villes modernes des pays industrialisés, l'occurrence de grands
. oroslt� et
combustion et ce selon plusieurs regimes possibles), la J? incendies est aujourd'hui limitée par la qualité des constructions et le
les mterst lces, la,
tortuosité des amas, la quantité de poussières dans choix de leur site, les dispositions des réglementations (codes de
masse et la densité des amas locaux éventuels . Construction et <l'Urbanisme), la sûreté des moyens de chauffage (sources
Certaines substances (phytosanitaires par exemple) potentielles de feu) et l'efficacité des services de lutte et de secours. Malgré
dégager des espèces toxiques. ces progrès, des préoccupations demeurent et on peut les rattacher aux
points suivants
411 La construction de maisons en bois reste importante dans plusieurs
Le contenant pays (Etats-Unis, Japon, Nord de l'Europe ... ). Au Japon en particulier,
La nature de l'enveloppe du silo est également très variable : on utilise d on poursuit des études relatives à la propagation de l'incendie entre des
La forme
béton des structures métalliques, du bois ou même des résines. bâtiments de ce type, études justifiées par la fréquence non négligeable
De ouvert ures plus o!:l
et la {aine présentent aussi beaucoup de di�e �s�té. � . de tels sinistres.
de secher le conten u, ou
moins grandes permettent éventuellement a 1 air
• Un tremblement de terre peut causer un grand incendie. Au Japon et
visent à limiter les dégâts d'explosions éventuelles.
aux Etats-Unis (en Californie) des simulations sur ordinateur sont
ères
Les silos peuvent également être les siège d'e�plosions de poussi pratiquées pour tenter d'évaluer les dégâts potentiels entrainés par un
subir les effets de surpression liés à la déflagration de gaz. tel enchainement. Des chercheurs japonais envisagent la conception de
tre ôf couronnes coupe-feu non construites à l'intérieur des villes.
Les feux dans ces bâtiments particuliers que sont les silos et les �� J:> �i0
l'objet que de peu de travau x de modeh satloŒ �
ne semblent encore avoir fait • L'explosion d'une bombe nucléaire peut provoquer un grand incendie
urbain, soit directement, soit par le relais d'un feu d'une forêt proche de
la ville. Des Américains, des Scandinaves et des Japonais ont étudié
pendant des années les dangers qui pourraient en résulter.
• Les feux de forêt concernent parfois des surfaces considérables, par
exemple aux Etats-Unis. L'effet de feux de ce type fait l'objet d'études
relatives à la protection de zones construites. Des réflexions et des
calculs concernent également les forêts moins étendues du Sud de la
France.
La protection des quartiers anciens appartenant au patrimoine culturel
pose des problèmes particuliers de sécurité incendie à l'intérieur de
villes modernes. L'incendie de Lisbonne (1988) a ravivé l'intérêt de
travaux pour mieux assurer cette protection. Un groupe d'études du
Conseil International du Bâtiment a, voici quelques années, mis en
évidence divers problèmes de sécurité pour d'autres constructions, par
exemple celles du Mont Athos en Grèce (Professeur K. Papaioannou,
Université de Salonique).

594 595
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMEN TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour /'ingénie 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

Projections lourdes
12 ..2.2 Les mécanismes de passage du feu
Lors de feux industriels, on a pu observer la projection de tonneaux de
d"un bâtiment à un autre liquides combustibles à plusieurs dizaines de mètres ' ces tonneaux s'étant
-
comportes comme des propulseurs.
S'il existe des parois communes aux deux bâtiments, l'extension
l'incendie peut s'effectuer de local en local comme dans un · mê 12.2.2.3 Explosions
immeuble lorsqu'il existe ou qu'il se crée des communications aérauliq
Si les deux immeubles sont séparés, des modes nouveaux d'extensi A:12' ph�nomènes causés par la combustion peuvent s'enchainer des
interviennent. deflagrations ou des détonations capables, par ruine de parois ou de
structures, de causer de brutales et impressionnantes augmentations de la
surfac� en fe:1. En �ilieu pyrotechnique, les matériaux du type poudres ou
12.2.2.1 Convection et rayonnement thermiques, explosif�, qui cont�ennent dans leurs propres molécules assez d'oxydant
rôle du vent p�:mr bruler sans air, ont des comportements particuliers qui peuvent être
. _
violents, et associer divers modes d'extension du feu. Si on se limite ici aux
L'allumage par des flammes, convectif et radiatif, peut se produire surto fe� d�s matériaux plus usuels qui ont besoin de l'oxygène de l'air pour
si ces flammes, assez intenses, sont inclinées vers l'horizontale par un v bruler 11 faut rapp�l�r les explosions et incendies causés par la dispersion
fort. Si l'incendie d'un premier immeuble occupe ainsi tout un d _
dru:is 1 rur de matena-:x en poudre ou de poussières (charbon, chocolat,
1

les fenêtres sont brisées, la surpression à la façade au vent peut créer __ _


farme, poussieres de cereales, poudres métalliques).
courant d'air favorable à l'allongement des flammes quittant la façade so
le vent. Si le premier immeuble incendié a perdu sa toiture, les flammes Si nous revenons aux activités les plus fréquentes des bâtiments en milieu
qui le quittent en partie haute peuvent rayonner sur les couvertures urbain où l'on ne rencontre pas ces problèmes de danger industriel, il
_
proches et ce d'autant plus que ces flammes seront inclinées sous l'effet du a l?parrut que le rayonnement thermique intervient à toutes les étapes du
vent. L'effet convectif aggravé par le vent peut s'ajouter à l'effet radiatif. developpement d'un grand incendie. Le rayonnement thermique depuis les
façad�s semble constituer le mode de passage du feu le plus fréquent sur
des d1stanc�s de l'ordre d� la dizaine de mètres et c'est sur lui que les
.
12.2.2.2 Les projections travaux anteneurs ont porte le plus d'attention.

Les brandons
Le vent intervient encore pour transporter d'éventuels fragme
12.2.3 Effet du rayonnement thermique
combustibles incandescents qui tomberont sur des couvertures
exemple bitumineuses) ou pourront entrer par des fenêtres ,,,.,..+,�"
� rayonnement thermique au cours d'un incendie intervient à plusieurs
L'utilisation de bardeaux et de façades en bois en Amérique du Nord a été mveaux:
la cause de nombreux incendies où les brandons ont eu une forte
influence. Au vu des distances qui peuvent être franchies par ces • il contribue à l'extension de l'incendie entre immeubles'
brandons, des centaines de mètres, il n'est pas réaliste d'imposer en ville�C
des éloignements sûrs. La démarche de sécurité doit alors porter sur • il met en danger la stabilité structurelle de certaines constructions celle
choix des matériaux quant à leur aptitude à donner naissance a d'origine ou celle des bâtiments exposés,
brandons ou à protéger ceux qui peuvent en recevoir. Ces derniè
• il empêche ou limite les actions de lutte et de secours et,
mesures seront également favorables à la protection contre le rayonnem
éventuellement, l'évacuation des personnes.
thermique. La projection de brandons peut, encore aujourd'hui, causer
extension inattendue de l'incendie. Un exemple récent que nous avo
trouvé concerne le passage de l'incendie depuis un centre commercial entre Rôle de la distance entre bâtiments
un toit à quelques mètres du sol et le lOème étage d'un bâtiment situé à
proximité dont une fenêtre ouverte a permis l'entrée de fragments eq exemple d'une analyse japonaise
flammes venant du toit (Heerlen, Pays-Bas, 1985). Nous ne connaissons U�e étude du centre de recherches du bâtiment japonais (1987, [18])
pas, par contre, d'exemples où la convection de flammes inclinées auraifë _
pr�sente des resultats relatifs à des sinistres survenus à Tokyo pendant
été une cause majeure d'extension d'un incendie urbain contemporain. trois ans (1980 1983) dans des constructions en bois. A partir des

597
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

dossiers des pompiers de Tokyo l'auteur (Tsukagashi) a retenu 481 Le faible niveau des mesures de sécurité appliquées dans le premier
sinistres pour lesquels au moins 100 m2 ont été détruits et ayant eu lieu immeuble soumis à l'incendie n'a pu contrer un développement intense et
par passage de l'incendie entre deux immeubles séparés. Cette étude fait général du feu dans cet immeuble. L'incendie s'est communiqué ensuite à
apparaître clairement le rôle de la distance entre les façades des des immeubles mitoyens et à d'autres immeubles situés sur l'autre rive de
constructions. On note en particulier qu'une distance de l'ordre de 15 m rues communes. Le rayonnement thermique est la cause principale de
réduit la fréquence de passage observée à environ 20 %. Le même auteur cette extension de l'incendie au travers de rues en l'absence constatée de
présente dans un autre article [ 19] des résultats de mesures et de calculs vent notable. La chaleur rayonnée a de plus empêché l'approche des
concernant des incendies expérimentaux de maison de bois de trois secours près des façades d'où sortaient flammes et gaz chauds.
niveaux, qui montrent en particulier l'importance du rayonnement qui peut On trouve à la figure 12.2 un plan du quartier de Lisbonne sinistré. Cette
être émis au travers des ouvertures de fenêtre : la puissance rayonnée figure est extraite de la référence [4], de A. Cavaleiro e Silva (Laboratorio
atteint 1 MW après 20 minutes pour un immeuble de trois niveaux brûlant National de Engenharia Civil, Lisbonne). L'immeuble n ° 5 (grand magasin
pendant une demi-heure, et dépasse le MW pendant les dix minutes Grandella) est celui où l'incendie s'est manifesté en premier. Comme on le
restantes. voit, cet immeuble présente trois façades sur les rues : Rua Aurea, Rua da
Assunçào, Rua do Carmo. L'incendie ne s'est pas étendu sur l'autre rive de
la Rua Aurea, a eu des conséquences limitées sur l'autre rive de la Rua da
12.2.3.2 Modélisation du rayonnement thermique Assençao et des conséquences importantes sur la rive opposée de la Rua
Les effets du rayonnement thermique peuvent être évalués par une do Carmo. L'incendie s'est étendu vers l'immeuble n° 4 (Grandes Armazéns
modélisation et des méthodes de calcul. (Voir le chapitre 10.) do Chiado) par passage de flammes et gaz chauds au travers de passages
aérauliques.
Pour exprimer l'éclairement énergétique, on a besoin de l'émittance des
sources et de facteurs de forme. Le facteur de forme entre deux surfaces
dépend des orientations et dimensions de deux surfaces en regard et de
leur distance. Des dizaines de travaux ont porté depuis la fin de la
première guerre mondiale sur le calcul des facteurs de forme dont on
comprend que la variété puisse être grande compte tenu des paramètres
dont il dépend. Pour des problèmes de sécurité incendie, les échanges
décrits ont particulièrement fait intervenir des rectangles (selon diverses
positions relatives et orientations) pour représenter des fenêtres, des
façades ou des parois, et des cylindres ou des cônes pour représenter des
flammes. L'intégration numérique permet maintenant de considérer des
surfaces de formes diverses.
La connaissance de l'émittance et des facteurs de forme appropriés permet
le calcul de l'éclairement énergétique en un point, et de prédire le moment
d'un allumage éventuel. Une valeur retenue couramment comme seuil bas
d'éclairement capable d'allumer un matériau épais non protégé et non
ignifugé est de 2 W · cm-2. Il faut cependant rappeler que l'inflammation ne
pourra se faire que si un courant gazeux ne l'empêche pas et que si le taux
d'oxygène est suffisant au voisinage du matériau. L'ignifugation du
··
·e>
matériau exposé pourra, si elle est efficace, retarder, et quelquefois ---·•-"--

longtemps, le moment de l'allumage.


;'.=: == == == · = · =7 : f
Exemple de l'incendie de Lisbonne �boJ"}0�f5HT J-Luso-f5MNHot.1. 2·JOALHAR1A MORAIS 3-:::c•"---c:.,.,..
:--:- --=-- , --:-,_..
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--:- ,-,-,.. .,-oo-,-,,.-00
-,..
-:--
-c'5-'-.0..1-.
, L• o -�,.-.,- -,-5
-m-, -.,.-,.,-,, ,_-. �..lL.1.l---1
PLAN
IJOl

6•CON��LE 7-CASAOATALHA 8-PASlELARJA FERRARI 9·\IAI.E.NTIMOE CARVAlHO 1Q-EOUAROO MARTlNS

(cf références Curtat, (6] et Bodart, (2].) 1]-.JERONIMO MARJIN512E"':lARDO MARTINS l3.JOsÉ ALEll>.f'()ftfl4-MELoolA15�UROPA 1 6·MART._.S E COSlA
17·MOflâRA SANTOS<j8..,.AHlf]CAÇ,lo 00 OdAOO ESC.1,1000

Le grand incendie du quartier du Chiado de Lisbonne en 1988 a redonné


force à des préoccupations de sécurité incendie sur les dangers de Figure 12.2- lncendie du quartier du Chiado - Plan du quartier
l'incendie urbain à l'échelle de plus d'un immeuble.

598 :::::.::CSTB ...:.csrs 599


TRAITS DE PHYSIQUE DU BA TIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants

Une question concerne le passage de l'incendie par transfert radiatif dizaines de m2 au centre de la surface cible. Ces calculs et remarques
pourquoi ce passage a-t-il eu lieu au travers de la Rua do Carmo et non rendent compte de l'observation mais reposent sur des hypothèses quant à
travers de la Rua Aurea ? Le plan du quartier et des photographies la . carte de l'émittance sur laquelle nous supposons une répartition
façades apportent des éléments qualitatifs de réponse. Les plans mont uniforme avec des val�urs plutôt 1;:1ajorantes. Nous avons tenu compte
que du côté de la Rua do Carmo, la façade du magasin est large d'en pour ces calculs du fait que dans l 1mmeuble Grandella le cloisonnement
40 m pour une distance entre façades opposées de 10 m, alors que du des espaces était restreint et que les planchers bois se sont vite écroulés
de la Rua Aurea, la façade a environ 20 m de largeur et que la distan pour justifier le choix d'une émittance uniforme.
entre façades opposées est de 14 m.
Des photographies montrent que les façades sur ces deux rues sont tr
ouvertes : Rua do Carmo le rapport d'ouverture (sur une façade : airé
ouverte/aire totale de la façade) est voisin de 85 % et Rua Aurea, cè
rapport est proche de 70 %. La hauteur de façade du grand magasin est f(JJ
pratiquement la même sur les deux rues. Ainsi, côté Rua do Carma, la
façade est plus large, plus ouverte et donne sur une rue plus étroite que la
façade Rua Aurea : ces trois paramètres sont en faveur du passage F(¼)
préférentiel de l'incendie au travers de la Rua do Carmo.
Un "facteur de configuration" a été calculé pour le point le plus exposé
d'une façade récepteur parallèle à la façade émetteur. Ce facteur de
configuration est le facteur de forme pondéré d'un coefficient d'ouverture.
On trouve ainsi un facteur de 0,57 Rua do Carma, et de 0,27 Rua Aurea:
l'éclairement au point-cible le plus exposé vaut 57 % de !'émittance de la
façade Rua do Carmo, et, Rua Aurea, il ne vaut que 27 %. I'
26
Pour des émittances réalistes moyennes de 5 à 10 W · cm- l'allumage d'un
2,
29 I
combustible placé au point le plus exposé d'une façade-cible Rua do Carmo
est inévitable (éclairement énergétique de 2,85 à 5,7 · W · cm-2) mais
demeure possible au point correspondant d'une façade-cible Rua Aurea
(éclairement de 1,4 à 2,7 W · cm-2). Ces considérations portent sur le point � ,;,, {i, Jl .f' /

le plus exposé où ne se trouve pas nécessairement placé un matériau % Y est :a !argeur (m)

combustible. Il est nécessaire de considérer la carte de l'éclairement sur la hauteur (m)


une façade récepteur et non seulement la valeur locale de l'éclairement le
plus fort, ce que le calcul permet.
Les figures 12.3 et 12.4 représentent les facteurs de forme relatifs à un Figure 12.3 - Rua do Carmo Figure 12.4 - Rua Aurea
point courant sur une façade en vis à vis de l'immeuble Grandella rua do
Carma (figure 12.3) et sur une façade en vis à vis de l'immeuble GrandellB: · Incendie du quartier du Chiada
rua Aurea (figure 12.4). Si l'on considère la figure 12.5, on retrouve que Facteurs de forme relatifs à un point courant sur une façade en vis à vis
maximum du facteur de forme est de 0,39 et donc que le facteur dw:=:::· de l'immeuble Grandella
configuration vaut 0,39 x 0,70 = 0,27. Si !'émittance moyenne de la façadê'�
de l'immeuble Grandella est de 10 W · cm-2, l'éclairement sur la facadf�.
cible rua Aurea est supérieur à 2 W · cm-2 sur environ les 2/3 de la su;fac� Les informations sur l'évolution de l'incendie dans l'immeuble Grandella
dans sa partie centrale. Des simulations numériques sur le développement �u�t à l'instant des participations successives de ses locaux et niveaux
de l'incendie dans l'immeuble Grandella effectuées à l'aide du programme ��ruent . manquantes et la simulation numérique du déroulement de
l mcend1e sur la base de peu de données quant au scénario effectif permet
CIFI (rapport de X. Bodart, [2]) conduisent à penser que !'émittance _
umC).uement que d'encadrer les valeurs de l'éclairement réellement
moyenne est inférieure à 9 W · cm-2• Prenons cette valeur à titre d'exemple.
La carte de l'éclairement, correspondant à celle de la 12.5, conduit à �ttemtes sur les façades en vis-à-vis. Des simulations a priori sur un
1mme�ble bien décrit et mieux connu quant à la répartition des foyers
reconnaître comme exposée à plus de 2 W · cm·2 la partie de la surface potentiels sera1_ �nt plus pré�ises. Il faut citer une étude portugaise très
cible en noir sur la figure 12.5, c'est-à-dire une surface de quelques
proche de la notre et fournissant des résultats voisins sur le calcul du

601
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATI 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants
3 - Physique du feu pour l'i
12 - Feux hors des bâtiments courants

Grandell_a, due à M. Da Gr
ra onne ment thermique depuis l'immeuble
Dan s cette etude , les a:1teurs
C�alho e t A. J. Martins Arantes [7].
sée du calcul de 1� lum�°:ance
utilisé une méthode numérique discréti �s
est utilisée dans des app
roches fines des échanges energet1�:1 (Ce paragraphe puise abondamment dans le mémoire de H. Téphany,
he, comme dans ce�le � t �h �ee
modèles de champ. Dans cette approc d1 c� _ 1997{17], où figurent de nombreuses références.)
sur des éléments etise s
CSTB où l'on utilise des formules de base
s

érique directe , un _d�ffi c ult e


ou moins fins et non une intégration num
e
En octobre 1991, dans un secteur résidentie l des collines de la baie de
de mailler la surface ém e tte ur
émittance et une émissivité réalistes. On
e t d'att ribu er à chaqu� element
-
trouve dans 11:1- _reference l .f San-Francisco, un incendie de végétation, poussé par le ve nt, a causé une
vingtaine de décès et endommagé des centaines de maisons, dont
l'éclairement . critique . : 1
informations supplémentaires sur be aucoup construites à base de bois, et deux mille véhicules . Ce sinistre,
2 '9 w . cm·2 pou·r allumer spont anément un b01s mass1� �vec parmi quelques autres moins destructeur s, rappe lle que des sites habités
· ·
exposition pro1ongee et 5 , 2
w . cm· pour enflamme.r .un aggl
2
_ re de fib
ome peuvent encore subir les conséquences d'un feu de végétation.
. C ma naux , pr ese nts sur
de bois (platex) au bout de 5 secondes
es te
-à-v i du mag a in Gran de�la, Sur les 4000 km2 que couvre la forêt médite rranéenne française , des
eubles en vi
s
surfaces exposées des imm
s s
diffé r nt . _C r mar qu e � visent milliers d'hectares sont brùlés chaque année . D'autres pays
pu ainsi être allumés à des instants
e s es e
es combustibles po méditerranéens rencontrent le même problème .
·re"t de connaître la nature .des cibl
sou1-1gner l'i'nte · n en parf1cur1er q:-1a
• · qualité des conclusions d'une s.imu latio - Les incendies de forêt causent des pertes en vies, en bie ns, et ont des
preciser la .
- v ur ritiq u e de l'ec 1ai· rement , mais
aux consequences du choix d'un conséquences écologiques e t sociales. Les feux de forêt sont cependant
e ale c
. ·
ns1on
sions génerales sur l' exte
remettent pas en question les conclu ne ttement moins meurtrie rs que les feux urbains (grossièrement en
l'incendie du Chiado. rapport de 1 à 100).
L'incendie peut donc se c ommuniquer à des bâtiments habités , mais aussi
à d es constructions industrielles contenant des produits dangereux pour
l'homme ou l'environnement. Bâtir au sein de la forêt, ou à l'interface entre
la forêt e t la ville, nécessite de pouvoir décrire les e ffets des feux d e forêt
susceptibles de se développer.

Les phénomènes

Trois grands types de feux de végétation sont habituellement distingués


� Les feux dits de sol, qui consument la litière et l'humus , ou la tourbe . Ils
se carac térisent par un faible débit de c hale ur, un e combus tion
incomplète sans flamme e t peu d'émission de fumée . Ils sont difficiles à
déceler et probablement les plus nuisibles pour la constitution
organique du sol.
• Les feux de surface, qui ont été les plus étudiés . Ils brulent la partie
s upérieure de la litière , la végé tation herbac ée , la broussaille et
d'éventuels débris végétaux. L'action de débroussaillage , qui reste l'un
des grands outils de la prévention, consiste essentiellement en
l'élimination des végétaux ligneux bas , qui constituent la strate la plus
propice à la naissance et à la propagation de ces feux.

603
602
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingé 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 Feux hors des bâtiments courants
12 Feux hors des bâtiments courants

Certains facteurs sont très variables : nature de l'allumage initial,


@ Les feux de cimes, qui sont les plus destructeurs et les plus compl distribution, nature, et état de sécheresse du combustible, écoulements de
Ces feux débutent presque toujours par un feu de surface qui enfl l'air sur les reliefs, conditions météorologiques
ensuite la couronne des arbres. La propagation est beaucoup pl
rapide que pour les deux autres types. Pour prévenir ces feux, 1 Construire une théorie de la propagation des feux qui prenne finement en
débroussaillage doit s'accompagner de l'élagage, qui a pour but d compte autant de phénomènes divers et complexes semble encore hors de
rompre la continuité entre la végétation de surface et les cimes p portée..
l'élimination des branches basses des arbres. Cependant, de nombreuses tentatives ont été effectuées pour caractériser
Bien entendu, cette classification entre types de feux est schématique. les fronts de feu, que ce soit pour organiser la lutte ou assurer la
fait, ces types de feu peuvent coexister. On a alors affaire à de grart protection des populations, ou bien pour dimensionner des pare-feux.
incendies, dont la vitesse de propagation du front, en présence de ve Connaitre le niveau des sollicitations thermiques peut aussi permettre de
forts, peut aller jusqu'à 10 km· h- 1 et même au-delà. préconiser des dispositions constructives pour les bâtiments, ainsi que les
distances à débroussailler autour de ceux-ci.
Dans l'extension d'un feu de forêt, plusieurs phénomènes sont en jeu.
flammes présentes échauffent les arbres et la broussaille proch Les travaux de type physique réalisés sont, soit expérimentaux sur
provoquant dans un premier temps leur séchage (d'autant plus vite que maquettes ou en grandeur, soit du domaine de la modélisation : théories,
conditions météorologiques ont conduit à un faible taux d'humidité dan, approches plus ou moins empiriques.
les végétaux), puis leur pyrolyse. L'allumage peut alors se produire, soit En dehors des études physiques, il faut également mentionner : la
parce que la température atteinte permet au combustible de s'enflammer, construction et l'exploitation de bases de données (pour la prévention et la
soit parce que les gaz de pyrolyse deviennent suffisamment concentrés lutte), et des approches de nature botanique (choix d'essences) ou
pour entrer en combustion au contact du foyer primaire et produire l'l:!le écologique. Enfin, depuis quelques années, la théorie de la percolation est
inflammation gazeuse soudaine au-dessus du combustible, capable appliquée aux incendies de forêt.
causer de nouveaux allumages.
La colonne de convection qui s'établit au dessus du foyer et qui entr
fumées, air et gaz chauds, ainsi que des débris et brandons enflammés
rougeoyants, est soumise à l'action du vent et crée elle-même un ap 12.3.2.1 Modèles de propagation de type physique
d'air. Différents modèles de propagation du front des incendies de forêt ont été
Le vent incline la flamme, exposant davantage de combustible à l'action proposés au cours des quarante dernières années. Quel que soit leur degré
thermique que si elle demeurait verticale (le facteur de forme augmente, cf. de finesse dans la description des phénomènes, on peut considérer que le
chapitre 10). Le vent interagit aussi avec le panache dont il sujet en est encore à ses débuts. D'une manière générale, on peut
l'écoulement et disperse les composants. On observe aussi distinguer trois approches de base :
mouvements tourbillonnaires de gaz chauds qui peuvent enflammer
combustible à des distances importantes du foyer primaire. Le ve e les modèles théoriques ;
transporte également des brandons sur de longues distances Uusqu e les modèles semi-empiriques (ou semi-théoriques) basés sur des essais
plusieurs centaines de mètres), qui peuvent provoquer à leur tour de laboratoire à relativement petite échelle, qui utilisent ensuite
nouveaux foyers là où ils tombent. l'analyse dimensionnelle pour tenter d'étendre les résultats à des
Enfin il faut mentionner que d'autres facteurs dus au relief, associés situations à échelle réelle ;
non aux flux d'air atmosphériques, ont un rôle important sur
comportement des incendies de forêt. • les modèles purement empiriques et les systèmes-experts, qui
s'appuient sur le traitement de données et de connaissances issues des
observations d'incendies réels, accidentels ou expérimentaux.
12.3.2 La modélisation des incendies de for Les modèles théoriques visent à la description des phénomènes physiques
de base dont les transports de masse, transferts de chaleur, énergétique et
chimie de la combustion, au travers d'expressions mathématiques. On
On peut considérer que le démarrage de travaux de recherche sui retrouve naturellement des équations de base exploitées également dans
remonte aux années 1940, aux Etats-Unis. Depuis, les publications sur les modèles de feu de bâtiment, avec cependant des différences portant par
sujet (Etats-Unis, Canada, Australie) ont été et restent assez abondantes. exemple sur les caractéristiques du milieu combustible et celles des

ECSTB 605
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
12 Feux hors des bâtiments courants 3 Physique du feu pour l'ingéni 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants

flammes, et des conditions aux limites particulières (dues au vent, a d'autant plus appropriée que les houppiers des arbres sont éloignés les uns
relief, ... ). des autres.
Dans les modèles physiques, le combustible est supposé réparti de manière Ces approches, plus récentes que les approches physiques, exploitent les
homogène à la surface du sol et le front de feu est assimilé à une simple . concepts d'effet de seuil et la théorie de la percolation sur milieux
ligne en mouvement, la flamme étant souvent ramenée à une form�/ hétérogènes pour décrire l'extension du front de feu.
rectangulaire, de largeur infinie et de hauteur constante. Il en résulte qué
le modélisateur a alors trois mécanismes énergétiques de source, d'échang La théorie de la percolation est appliquée dans plusieurs domaines de la
et de bilan à décrire, dans un régime supposé stationnaire physique à divers phénomènes de transition :où le milieu, siège d'un
transport, est aléatoire : écoulement dans les poreux, conducteurs
• la production de chaleur (débit calorifique par mètre horizontal) dans la hétérogènes et semiconducteurs, polymères, magnétisme, . . . Sans viser à
flamme; la présenter ici, on peut néanmoins introduire intuitivement des concepts
de base à partir d'une expérience simple de conduction électrique. Soit un
@ les transferts de chaleur entre la flamme et le combustible encor mélange aléatoire de nombreuses billes placées dans un cylindre dont les
indemne; deux bases sont insérées dans un circuit électrique alimenté par un
• l'absorption de la chaleur dans le combustible indemne. générateur de tension continue. Une proportion p de ces billes est faite de
matériau conducteur, le reste est en matériau isolant. Tant que p reste
On effectue un bilan énergétique sur un volume élémentaire pris dans la inférieur à une valeur précise Pc, le courant ne passe pas ; dès que p
zone de combustible non encore brûlé, ceci dans un référentiel lié à la ligne ·•;'.' dépasse Pc, le courant passe brusquement. On peut imaginer que, dans le
du front. Le choix de l'élément de volume, selon qu'il est localisé à milieu hétérogène de la forêt, le front de flamme ne passera que si le
surface du combustible, au sein du combustible ou selon toute s o rapport entre le nombre de "zones" combustibles et le nombre de "zones"
épaisseur, conduit à des équations différentes. La pyrolyse e incombustibles (sol sans végétation, ou bien zones mouillées, ou
généralement supposée démarrer lorsque la température dépasse ignifugées} dépasse une valeur critique.
valeur empirique.
Des résultats pratiques de telles approches, encore au stade de la
recherche, pourraient être par exemple la définition de la densité maximale
12.3.2.2 Modèles semi�empiriques · d'arbres que l'on pourrait admettre sur un pare-feu arboré ou bien
exemple du modèle de Rothermel l'organisation d'un plan d'occupation des sols pour un habitat construit en
milieu forestier.
Le plus célèbre des modèles basés sur des essais de laboratoire est celui
Rothermel (1972), où on introduit une "intensité" de la réaction de
combustion au niveau du front de flamme, et qui fait intervenir le débit de
perte de masse de combustible par unité de surface, la chaleur de
combustion massique du combustible, et la compacité du combustibl
Rothermel, en exploitant des essais de laboratoire, a établi une expressi
approchée de la vitesse de propagation qui permet de prendre en compte
vent et la pente du terrain.
Ce modèle est à notre connaissance l'un des rares à être utilisé en pratique
à des fins de prévision. Il constitue la base de BEHAVE ("fire behaviour
prediction system"), en usage aux Etats-Unis.

1 Application de la la percolation
(cf Téphany, 1997, f17/.)
Des modèles de type probabiliste peuvent s'avérer intéressants lorsqu'on
voit le combustible (les arbres) comme distribué aléatoirement, et de
manière hétérogène, sur le sol non combustible. Cette représentation

607
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIM TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
12- Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingéni 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 - Feux hors des bâtiments courants

En plus des dangers sur les personnes, un incendie de tunnel peut causer
des dégâts sur la structure ou les équipements : les sollicitations
thermiques reçues par la structure peuvent conduire à des dégradations,
voire des ruines. Les équipements de sécurité contre l'incendie ou les
Les incendies majeurs concernant des ouvrages de geme civil sont rar équipements utiles à la signalisation ou la communication peuvent être
mais peuvent avoir des conséquences lourdes, en particulier dans le mis hors service, leurs fixations peuvent s'affaiblir et des chutes d'objets
tunnels: ou de fragments peuvent être source de blessures ou d'obstacles.
• victimes multiples (39 pour l'incendie du tunnel du Mont-Blanc en mars Les dimensions impliquées et les puissances mises en jeu rendent lourds
1999, 12 pour celui des Tauern en mai 1999); et coûteux les essais, expériences et mesures. Des campagnes d'essais et
de mesures ont toutefois été menées en tunnels routiers, par
• dégâts considérables pouvant entraîner une indisponibilité exemple, dans la décennie précédente: en Europe celle d'un programme de
durée; recherche Eureka (n ° 499, FIRETUN) et aux États-Unis celle du Memorial
Tunnel. Le recours à la simulation numédque constitue, déjà et plus
@ perturbation du trafic due à la nécessaire redistribution des flux encore dans l'avenir, un outil très utile à l'étude de la sécurité contre
véhicules. l'incendie dans les tunnels. Les modèles destinés à la simulation de feux de
bâtiment (chapitre 13) peuvent être adaptés aux feux de tunnels à
Le feu dans un tunnel peut rapidement créer des conditions thermiques condition qu'ils prennent en compte les particularités de la géométrie et de
toxiques intenables pour les personnes à proximité des foyers (usagers du la ventilation de tels feux.
tunnel comme personnels de lutte et de secours). Ces menaces peuvent A titre d'exemple, l'ouvrage « Maîtrise des incendies et des fumées dans les
aussi gêner l'évacuation vers une zone sûre et l'intervention. La puissanc� tunnels routiers», édité en 1999 par le comité AIPCR (Association
calorifique dégagée par la combustion des véhicules et de leur conten1,:t , Internationale Permanente des Congrès de la Route) des Tunnels Routiers,
dépend de la nature, de la quantité et de répartition des combustibles! '.." apporte sur le sujet des informations utiles.
Pour donner des ordres de grandeur : dans les tunnels routiers, une
voiture automobile peut libérer plusieurs MW (avec un maximum
approchant les 10 MW), un poids lourd et son chargement peuvent dégager
une puissance calorifique de l'ordre de 100 MW; pour les tunnels
ferroviaires, on peut associer à un feu de voiture voyageurs ou de motric11î
une valeur de plusieurs MW à plusieurs dizaines de MW. La durée du fe
peut couvrir de plusieurs heures à plusieurs dizaines d'heures lorsque de
masses combustibles importantes et réparties sur plusieurs véhicules
concernées.
Les flux d'oxygène disponible pour la combustion, comme les flux de fumée
produite dépendent, en sus des caractéristiques des foyers, des dimensions
du tunnel, de sa conformation et de sa déclivité, et des caractéristiques
dispositif de ventilation (par exemple, système de ventilation
ou transversale). Les différences de pression dues aux effets du vent
têtes de tunnel ou aux orifices externes de ventilation sont également
considérer. La production de fumée peut être massive sur une
étendue. Un désenfumage total se révèle difficile à réaliser à cause du
confinement des foyers et des niveaux de puissance calorifique que ceux-d
peuvent dégager. Une particularité des feux en tunnels ventilés
longitudinalement est la formation d'une couche de fumée « en retour
c'est-à-dire en mouvement de sens opposé à celui de la circulation d'air
long de l'axe du tunnel. En aval du foyer, dans le sens de la ventilation,
fumée peut s'étendre sur une longueur beaucoup plus grande.

ECSTB 609
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIMENi TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12 - Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12- Feux hors des bâtiments courants

compte, ainsi que celui du "vent induit" par les grandes colonnes de
convection qui s'établissent.
□ Les feux de plates-formes pétrolières "offshore" ont fait l'objet
d'études spécifiques, en particulier de modélisation et de simulation
physique, par exemple au SINTEF norvégien. Certains aspects de ces
Les feux ou les "situations de combustion non voulue" envisagées dans ce feux sont proches des feux de bâtiments courants.
chapitre différant par la nature, l'état physique, la dispersion de la matière
combustible, et son degré d'accumulation ou de confinement dans un □ Les feux accidentels de produits qui n'ont pas besoin d'air ou d'une
bâtiment. Ce dernier paragraphe a pour but d'examiner à quelles espèce supplémentaire pour brûler (poudres, explosifs, propergols
situations de feu les modèles qui vont être présentés au chapitre suivant solides). L'oxydant est alors contenu dans les molécules de
sont applicables et également de mentionner l'existence d'autres types de composants solides (chlorates par exemple) et l'oxydation n'a pas
feux, non décrits ici. besoin du transport de l'oxygène de l'air. La chimie des réactions
possibles et les transports internes au mélange condensé jouent un
• Des situations de feu ou de combustion pouvant donner naissance à des rôle prépondérant dans la représentation de ces combustions.
feux de bâtiments ont été abordées dans ce chapitre, qui concernent des
gaz ou des liquides. Incidemment, il faut mentionner que des travaux récents ont pour
but de mettre au point des dispositifs automatiques d'extinction à
□ Pour des feux de liquides présents en quantité limitée dans des partir de petites charges de propergols capables de libérer très vite
bâtiments et brûlant en nappes ("pool fires"), les modèles de feux de une quantité de produits gazeux dont le mélange empêche la
bâtiment présentés au chapitre 13 sont applicables à condition de formation de flammes de diffusion dans un volume donné.
décrire correctement les caractéristiques des foyers alimentés par ces
liquides. □ Les feux loin de la Terre, dans des satellites, fusées, ou véhicules
spatiaux, ont ceci de particulier que l'accélération gravitationnelle
□ Pour les feux de combustibles initialement gazeux, nous avons donné peut être très différente de la valeur terrestre de 9,81 m · s-2 • La
quelques indications sur les phénomènes impliqués, non décrits par flottabilité dans les flammes et les écoulements gazeux est
les représentations de foyers du chapitre 5. Les modèles classiques directement affectée par un tel changement. Le taux d'oxygène de
de feux de bâtiment présentés au chapitre suivant ne sont pas l'air contenu dans un habitacle peut également être différent de la
directement applicables aux feux de gaz, pour plusieurs raisons : il valeur courante de 21 % volumiques.
faut considérer particulièrement les termes sources (caractériser le
"fuite"), les flammes peuvent être de prémélange ou de diffusion, les
proportions gaz/ air jouent un rôle important, la déflagration et la
détonation sont à représenter, etc. Des modèles spécifiques sont donc
à utiliser pour ces feux où les mécanismes de combustion ont fait
l'objet de nombreux travaux.
□ Pour les feux de liquide en nappe de grande surface (hors bâtiment,
des dizaines ou centaines de m2 ), nous avons vu que des formules
simples permettent d'estimer la hauteur de flamme et son émittance
moyenne, et donc d'évaluer l'éclairement énergétique à une distance
donnée de la flamme, en particulier d'évaluer la sollicitation
thermique apportée à un bâtiment et d'en estimer les conséquences.
Des modèles de flamme plus fins que ceux présentés au chapitre 5
permettent des calculs plus précis.
e Autres types de feux :
□ Les feux de grande étendue en plein air, par exemple ceux d'un
stockage de pneus, ou de déchets accumulés, d'un ensemble de
plusieurs immeubles soumis à la fois à un incendie ou bien encore le
feu d'une nappe liquide sur la mer, demandent des modèles adaptés.
Pour les grands feux terrestres, l'effet du vent est à prendre en

610 =csrs =csrs 611


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TIMENf TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
12- Feux hors des bâtiments courants 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 12 • Feux hors des bâtiments courants

Bibliographie [22] R. Borghi et M. Destriau, "La combustion et les flammes", Editions Technip, 1995.
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1983. [24] Document du Secrétariat d'Etat chargé de l'Environnement et de la Prévention des
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diffusée par le Commissariat à l'Energie Atomique. ED335, 1994.
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[5] A. E. Cote, rédacteur en chef du "Fire protection handbook", 17e édition, National Fire
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[6] M. Curtat, "L'extension de l'incendie urbain depuis un premier immeuble: le grand
incendie de Lisbonne", cahier du CSTB n° 2577, avril 1992.
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propagaçao de incendios urbanos", Rapport ICT Informaçao Cientifica, Laboratorio
Nacional de Engenharia Civil, Lisbonne, 1991.
[8] G. de Soete, "Aspects fondamentaux de la combustion en phase gazeuse", Editions
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[9] D. Drysdale, chapitre 3 de "An Introduction to Fire Dynamics", Wiley & Sons, 1985.
[10] D. D. Evans, D. Madrzykowski et G. A. Haynes, "Flame heights and heat release rates
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[11] R.Friedman, "Principles of fire protection chemistry", édité par la "National Fire
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[12] W. M Haessler, "Fire fundamentals and control", Edition Marcel Dekker, 1989.
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[16] R. C. Rothermel, "A Mathematical Madel for Predicting Fire Spread in Wildland Fuels",
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[17] H. Téphany, "Modèles expérimentaux de combustion sur milieux hétérogènes
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[20] M.G. Zabetakis, U.S. Bur. Mines. Bull.' n° 627, 1965.
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trays", Fire Res. Abs. and Rev., n° 3, 1961.

612 ::.:.CSTB .:.:.:.CSTB 613


Chapitre

Modèles globaux
de feu de bâtiment

Modèles et logiciels 13. 1


Modèles de zones : hypothèses de base 13. 2
Exemples de bilans 13. 3
pour un volume de contrôle :
bilans massiques et énergétiques
Exemples de modèles de zones 13. 4
Modèles de champ 13. 5
L'utilisation des modèles de feu 13. 6
à la sécurité contre l'incendie
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment

Ce chapitre final a pour but de présenter les modèles "globaux" de feu de


bâtiment, c'est-à-dire ceux qui intègrent les différents phénomènes évoqués
dans les chapitres précédents, et vise à décrire les interactions qui sont
prises en compte. Rappelons que l'objectif d'utilisation est de définir
l'évolution des conditions d'exposition des personnes, des ouvrages et des
objets aux agressions dues au feu. Le mot modèle est abondamment utilisé dans divers contextes depuis une
vingtaine d'années. La démarche de modélisation frut l'objet de réflexions et
Après l'exposé de quelques éléments théoriques, l'accent sera mis sur les d'applications diverses dont la présentation complète sort du cadre de ce
modèles de zones, plus simples à exposer que les modèles de champ dont chapitre. Dans le contexte de la physique du bâtiment, on trouvera des
nous ne rappellerons ensuite que les principes. Plusieurs modèles et informations plus détaillées sur les modèles à la référence [tome 1 du
logiciels seront présentés afin d'exposer le déroulement des calculs et de Traité de physique du bâtiment, J.Rilling, 1996].
préciser les domaines d'application.
De façon très générale, un modèle est une représentation, qui peut être
Nous conclurons sur l'utilisation des programmes de calcul bâtis sur ces une référence idéale (un paradigme), ou bien, plus couramment, le résultat
différents modèles dans une démarche d'ingénierie de la sécurité contre de la construction d'une imitation d'une réalité soumise à l'étude (ici, celle
l'incendie. des phénomènes du feu), sur laquelle on peut travailler (ici, faire des
calculs de grandeurs physiques). C'est cette seconde acception qui est
retenue dans ce chapitre, où le modèle est une représentation approchée
d'un ensemble de phénomènes, effectuée à l'aide d'équations et de relations
mathématiques dont le choix résulte d'une intention d'exploitation et
s'appuie sur des hypothèses. Par exemple, le choix de considérer les gaz
comme parfaits est une hypothèse qui permet d'introduire et d'exploiter la
relation p=prT. Certaines des relations introduites dans le modèle résultent
de connaissances et hypothèses de base des sciences "dures", d'autres sont
empiriques, qui viennent d'expériences sur des feux. La modélisation se
place ainsi aux côtés de la théorie et de l'expérience, pendants dialectiques
de la pensée scientifique du dix-neuvième siècle, et a ceci de particulier par
rapport à la théorie qu'elle est orientée vers la simulation sur ordinateur,
une forme particulière d'expérimentation, qui s'effectue à l'aide du logiciel
issu du modèle.
Quand on réalise un modèle, il est important de bien identifier quels
phénomènes on souhaite représenter et simuler par la suite avec le logiciel,
parmi tous les phénomènes présents ou potentiellement présents. Un
modèle doit de plus offrir une homogénéité dans la complexité de
représentation des phénomènes retenus. La modélisation doit obéir au
"principe de parcimonie" : il s'agit d'y mettre ce qui paraît suffisant, sans
tenter d'y ajouter des connaissances inutiles pour la démarche envisagée.
L'objectif défini d'utilisation du modèle doit être ainsi clairement identifié et
accepté, tout au long de sa construction puis de son application.

Modèles de feu de bâtiment


Dans ce contexte, l'application directe du modèle est la simulation
d'aspects du feu qu'on veut considérer et qu'on sait décrire, au moins
approximativement. Un modèle global de feu de bâtiment vise ainsi à
prendre en compte ce qui est utile à la prévision de grandeurs concernant
la sécurité (cf. chapitre 2), et exploite pour cela l'état des connaissances
utiles. Ce n'est pas un modèle "pointu" de combustion ou de thermique,

616 i!=C:STB i!=CSTB 617


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 Physique du feu pour l'ingénieur
13- Modèles globaux de feu de bâtiment

mais il doit respecter les grands principes des disciplines qu'il consulte. Selon le modèle, on pourra donc recueillir pour une
Les couplages mathématiques entre les équations vie1:1nent naturellement grandeur donnée, soit
une valeur moyenne (dans une zone), soit un cham
figurer les interactions entre phénomènes. Il faut souhg�:r que l'approche p de valeurs selon une
verticale (par exemple, la pression en fonction
du feu vu comme un cas particulier "d'échanges de mat1ere et de chaleur de la hauteur dans un
modèle de zones), selon deux dimensions (la haut
avec réactions chimiques", met de côté les préoccupations philosophiques eur et une dimension
horizontale) ou selon les trois dimensions de l'espa
sur la nature ("l'essence", du feu vu comme "une chose") e:1core s �us­ ce pour les modèles de
_ champ. Des post-processeurs permettent de visua
jacentes ou manifestes dans la pensée scientifique issue du dix-neuv1eme liser graphiquement les
résultats, ou bien de soumettre ceux-ci à des critèr
siècle. es d'évaluation de la
situation en terme de sécurité pour les personnes
, par exemple.
La simulation sera permise grâce à un logiciel, pr?duit du cod�ge
informatique des équations du modèle, qui pour:a hre des d?�nees, Remarque:
.
résoudre les équations, et fournir des résultats numenque�. Le log1c:el est L'expression anglaise "physical model" désigne
une maquette, c'est-à-dire une
donc le pendant opérationnel du modèle : il p�rmet, apres une mise en représentation matérielle simplifiée, à échelle réduit
e, destinée à l'étude. Il s'agit d'un
_ autre type de modèle si on prend le mot au sens
forme des équations (discrétisation, en particulier) et un codage selon un maquette, on pourra parler de modèle mathématiqu
large. Pour se démarquer de la
langage de programmation (très souver:1-t le Fo:tran ou le C en calcul e lorsqu'il s'agit bien de la
. . représentation abstraite dont nous parlons ici.
scientifique), de résoudre ces équat10ns grace a des alg01_1thmes
_ Nous présenterons de façon assez détaillée les modè
numériques. Une fois mis au point, le logiciel permet des �1m1:I�tlons de les de zones, les plus
situations de feu qu'on peut exploiter dans une étude de secunte et d?nt simples, et dirons quelques mots des modèles de
champ, les plus fins, dont
on peut comparer les résultats à des résultats de mesure (confrontat�on la description poussée nécessiterait plus de théorie
et de mathématiques.
calcul/mesure) ou bien à des valeurs e:'igées d�� un; re�lementat1on La notion de bilan est indispensable pour introduire
. les équations de base
(application pour une mise en conform1te). Le log1c1el, s 11 � est pas trop des modèles globaux de feu. Nous profiterons
de la présentation des
coûteux à exploiter, offre le moyen d'aborder nombre de situatl�ns que modèles de zones pour exposer des conn
aissances utiles à la
l'expérience réaliste en grandeur ne pourrait étudier sans des depenses compréhension et l'écriture de bilans et d'éch
anges, sachant que de
considérables, et permet de calculer des grandeurs :1-t�les à l'éval�a�i?n �es nombreuses relations données jusqu'ici dans cet
ouvrage étaient bien des
conséquences du feu (cf. chapitre 2). Un danger ev1dent est � u�1hsation relations de bilans (voir par exemple les chapitres
4, 6, 8).
d'un logiciel dans des situations se trouvant hors des hm1tes des
_
hypothèses du modèle. Par exemple, les mo�eles cour�ts de feu de
bâtiments perdent leur pertinence si on souhrute les applique� da�s des
milieux oû la gravitation est faible (espace), ou pour des prodmts n ayant
pas besoin de l'air pour brûler (propergols par exemple).

Grandeurs calculées
De nombreuses grandeurs sont calculées en fonction du temps
• la température de l'air,
• la température des gaz chauds,
• la température dans des solides exposés (co:11bustibles, ou éléments
mécaniquement sensibles à l'élévation de temperature),
• l'éclairement énergétique dû â une flamme ou à une
chaud,
• la concentration d'espèces chimiques,
• la hauteur sous la fumée, pour les modèles où on suppose une
stratification, ou, pour les modèles plus fins (modèles de champ), les
champs de température et de concentration liés à la présence de 1
fumée.

SCSTB
619


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

Les bilans effectués dans, par exemple, les zones volumiques haute et
basse dans un l�cal, sont traités en considérant ces zones comme des
v�lu:11�s de controle, de la manière exposée qualitativement ci-dessous et
deta.illee aux paragraphes suivants.
Les zones de gaz (zone basse zb, zone haute zh, zones de flammes et
Les modèles dits de "zones" sont plus utilisés dans les calculs d'application J_Janaches, zones de mondes extérieurs} et les . zones de surfaces solides
echangent matière, espèces et énergie. Pour les zones de surfaces solides
à la sécurité incendie de bâtiments que les modèles de champ présentés seuls les solides combustibles peuvent échanger de la masse sous la form�
plus loin, à cause principalement de la relative modestie des moyens d'un fl':11' massique de gaz de pyrolyse sortant. Les zones de surfaces de
informatiques nécessaires et de la connaissance disponible depuis _
parois mertes du local n'échangent que de la chaleur (dans un sens ou
plusieurs années sur leur qualités et leur limites. L'objectif de ce d�s 1,autre, selon le moment considéré : elles en reçoivent pendant la
paragraphe est d'exposer les hypothèses à la base de ces modèles. Dans la croissance du feu, et en perdent durant son déclin).
suite on trouvera exposés les principes de l'écriture des équations de bilans
à partir des échanges décrits aux chapitres précédents. Le remplissage de la zone haute zh se fait par l'apport de masse (sous
for�e d'espèces chimiques) venant des flammes et panaches thermiques
Le maillage en zones, les échanges entre zones et, eventuellement, par injection de gaz de pyrolyse venant d'un solid�
c?mbustible en partie haute du local, et par apport d'air depuis l'extérieur
L'idée de base d'un découpage en zones d'un espace de bâtiment concerné _
s1 le champ de J_Jressmn et les 01:1vertures (position, dimensions) permettent
par un feu vient de l'observation que les gaz chauds issus d'un foyer
cet apport. Le v1d�ge de zh se frut par un transport de gaz chaud au travers
s'accumulent sous le plafond d'un local en présentant une frontière basse
des ouvertures, s1 le champ de pression et les ouvertures permettent ce
à peu près horizontale avec l'air frais situé au-dessous. Ceci est valable
transport (cf. chapitre 7).
pour des locaux de forme géométrique classique, des parallélépipèdes
rectangles, et pour des foyers placés en partie basse du local et assez La zone basse zb reçoit de l'air extérieur et perd matière et énergie à cause
puissants par rapport aux dimensions du local (sinon, la fumée vite �e l'entraînement causé par flammes et panaches (cf. chapitre 5), et,
refroidie dans son ascension se répartit en volutes ou lentilles), et en _
even�uellement, et egalement par transport vers l'extérieur du local (cf.
l'absence de "courants d'air" importants. La notion de foyers assez chapitre 7).
puissants est empirique : pour une chambre, il s'agit de débits calorifiques
quelques dizaines de kW, et, pour un grand atrium, de MW. �s flammes et panaches sont donc dans ce type de modèle des "canaux"
admet �hmentant la zone haute en masse, espèces, énergie. Pour traiter les
Une "zone" est soit un volume, soit une surface, où on echanges radiatifs liés à une flamme, celle-ci peut être vue simplement
l'uniformité de certaines grandeurs caractéristique s du modèle. co1:1me une zone �e surface à température et caractéristiques optiques
ur:1formes (cf. c�apitre 10). Le calcul du débit d'air entraîné par la flamme
Pour une zone volumique, on suppose qu'en chaque point du volume sont
frut par contre mtervenir une variation de ses caractéristiques avec la
identiques à un instant donné : la température, la composition en espèces
hauteur (cf. chapitre 5).
gazeuses ou condensées, l'opacité. Les frontières du volume sont, soit
imposées matériellement (plafond et partie haute des murs d'un local sont La figure 13.1 illustre ces échanges pour l'exemple d'une situation de feu
ainsi des frontières de la zone haute de gaz chaud), soit définies par une dans un loc?-1 avec un seul foyer actif, en partie basse. Le monde extérieur
hypothèse (la frontière basse du volume de la zone haute est définie par la e� le� p�o1s n'oi:it pas été découpés ici en zones plus fines pour la
cote verticale qui est associée à un profil vertical de température qui y simph�lt� du dessm. Po1;1r �a_ même raison, les ouvertures ne sont pas non
change brutalement de valeur). _
plus distmguees. On a runs1 identifié sur la figure :
Les zones surfaciques sont liées aux surfaces des solides ou à des surfaces • des zones gazeuses volumiques : le monde extérieur la zone gazeuse
virtuelles, frontières de zones de gaz. Par exemple, la température et basse interne zb, la zone gazeuse haute interne zh' la flamme d'un
l'émissivité sont par hypothèse uniformes sur une zone de surface. Une foyer, et la source de gaz combustible sous la flamme '•'
zone de surface peut ainsi être toute la surface frontière solide d'une zone
de gaz (un plafond, par exemple), ou bien une partie de celle-ci (un • des zoi:ies de surfaces : parois hautes et les parois basses, qui
morceau de mur par exemple), selon l'hypothèse effectuée sur le maillage et sym�ohsent globalement l'ensemble des parois. Dans l'épaisseur des
la finesse recherchée de ce maillage. L'interface entre zones volumiques parois, le calcul _des champ� de température fait intervenir un maillage
basse et haute des modèles de zones est une surface virtuelle traversée par mterne aux parois non representé sur le dessin.
endroits par les flux de masse et d'enthalpie dus aux foyers en zone
gazeuse basse.
:CSTB 621
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATl MENT 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur

Les arcs représentent les échanges entre ces zones : de matiè:e, de chaleur�
par rayonnement thermique, de chaleur par échange_ �onvectif entre gaz_et
surfaces. Les échanges de matière gazeuse avec l'exteneur peuvent se faire
soit dans un sens, soit dans l'autre, selon la valeur des champs de
pression.

------�·"· ·····•·..·····•.... ................. .,.


..

.............•·
Zone gazeuse haute
Parois /.,,. .-- • ••••,.
hautes

.
___.................... ... ....
Débit d'air entrant
.._ ·• :
�\ :: :.

\\ ····••" ......
:
Figure 13.2- Principaux termes de flux massiques échangés entre zones,
pour un seul foyer dans un local ouvert par une porte

Monde extérieur
Flamme

- .)
Hypothèses de stationnarité
Certaines des lois empiriques utilisées sont en fait tirées d'expériences en
conditions stationnaires pour le phénomène concerné. Par exemple, les lois
·•.. d'entraînement d'air dans flammes et panaches thermiques, exposées au
············•• ...
chapitre 5, sont des lois quasi-stationnaires par rapport aux phénomènes
basses
.......•· ..•·
d'entraînement d'air, qu'on admet à chaque instant pour le feu dans un
local même quand la puissance d'un foyer varie.
D'autres modèles que ceux évoqués ici peuvent simplifier les équations en
posant que la variation de la masse de gaz dans un local, ou celle de son
énergie interne, est nulle. Ces hypothèses permettent de remplacer des
équations différentielles par des équations algébriques, plus simples à
résoudre, au détriment de la capacité du modèle à représenter des
phénomènes instationnaires.
-----+- Transport de masse {et d'enthalpie)

Echange d'énergie radiatif Hypothèses sur le transport de masse aux ouvertures


Echange thermique convectif
(cf. chapitre 7).
Figure 13.1. Découpage en zones d'un local où un foyer est actif: Le transport de matière par des ouvertures se fait entre zones,
Diagramme des échanges entre zones conformément à la démarche de découpage de ces modèles : le volume d'un
local (local feu, ou local en communication avec lui) est découpé en zones,
et le monde extérieur est une zone volumique caractérisée par sa pression
(où le vent peut apporter une composante dynamique), sa température, et
Le dessin de la figure 13.2 rappelle la nature des flux massiques éch�gés sa composition (de l'air, en général!).
entre zones, dans une situation de feu où l'air entre en zone basse et ou les
gaz chauds sortent du local.
ECSTB 623
622
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
13 - Modèles globau,x de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment

® En ventilation naturelle : La turbulence


□ les débits gazeux et la vitesse des écoulements sont calculés Les modèles de zones n'incluent pas de représentation de la turbulence.
supposant que la pression dans un local ne varie qu'avec la hauteur Pour exprimer les coefficients d'échange thermique convectif entre gaz et
depuis le sol ; solides, ou bien les coefficients d'orifice relatifs aux ouvertures (appliqués
□ Les débits aux ouvertures s'expriment à partir de la loi de Bernoulli, sur les débits fournis à partir de la loi de Bernoulli), on exploite des
avec un coefficient global de contraction. relations de corrélation adaptées au régime d'écoulement : laminaire ou
turbulent. Le chapitre 9 donne des exemples de 'formules relatives aux
• En ventilation forcée : échanges convectifs. L'effet de la turbulence dans l'entraînement d'air dans
□ soit on se donne le débit volumique amené ou extrait, les panaches est représenté par des coefficients empiriques.
o soit, ce qui est beaucoup plus lourd, on modélise le circuit aéraulique
et le ventilateur, ce qui revient à raccorder au modèle de feu un
modèle de ventilation. Équation d'état
Rappelons qu'aux flux massiques par des ouvertures sont associés des flux On suppose que les milieux gazeux obéissent à la loi des gaz parfaits,
enthalpiques. même s'ils contiennent des particules solides ou liquides supposées en
équilibre thermique. La constante molaire R (J · K- 1 · mole- 1), ou massique
r (J · K- 1 • kg- 1), peut soit recevoir une valeur fixe (c'est le cas courant), soit
Réactions chimiques être calculée à partir de la composition chimique du gaz... à déterminer.
(cf. chapitres 3 et 6.) Remarques générales sur les hypothèses des modèles de zones
Dans les modèles de zones on suppose que les réactions • On ne trouve pas dans les modèles de zones de représentation fine des
instantanées phénomènes évoqués au chapitre 3. Les modèles de champ sont
• la cinétique chimique n'est pas explicitée ; on exploite des bilans théoriquement plus ambitieux, par exemple pour représenter la
chimiques globaux en supposant généralement que les réactions sont turbulence ou satisfaire la conservation de la quantité de mouvement.
complètes; • Les chapitres précédents (3 à 11) apportent des précisions sur les
® la cinétique physique de "mélangeage" des réactifs termes flux. Nous ne développons pas ici la présentation des termes flux
supposée elle aussi infiniment rapide. liés à la production de fumée, commentée au chapitre 11, ni celle des
flux thermiques radiatifs, complexe à détailler, qui a été exposée au
Des corrections plus ou moins empiriques peuvent cependant être chapitre 10.
introduites sur ces deux approximations.
Dans la suite, nous mettrons l'accent sur les équations de bilans massique
et énergétique.
Les champs de pression
Dans chaque local, on retient la loi de la statique des fluides pour Échanges à considérer : exemple de l'évolution
représenter un champ vertical de pression dans les zones zb et zh du local
(cf. chapitre 5).
temporelle de la température sur une masse donnée
® Admettons qu'une masse m reçoit, à pression constante, un flux de
Conservation de la quantité de mouvement chaleur <'la constant, qu'on suppose totalement absorbé dans cette
masse. Par hypothèse, la masse m reste inchangée durant l'apport de
Les équations de base de conservation de la quantité de mouvement chaleur. On suppose cP constant et la température T de la masse m
(équations de _Navier-Stokes) ne sont pas introduites explicitement dans les
uniforme. Alors, Tvarie selon :
modèles de zones. La loi de Bernoulli, une forme très simplifiée des
équations de Navier-Stokes, est utilisée pour le calcul des débits aux dT . . dT
ouvertures. Pour le calcul des débits d'air entraînés dans les flammes mcP qa , s01t: -
dt dt
panaches thermiques, des expressions semi-empiriques sont utilisées
(chapitre 5).

:::.:::::csrs 625
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour 17ngénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

Si la température avant le début de l'apport CJ.a est T0, on obtient, avec c'Ja
constant et cP constant :

T=T+�t
0 me
p
qui donne l'évolution de la variable d'état T en fonction du temps, à l'aide
du flux de chaleur apporté, de la grandeur extensive m, et de la propriété
CP .
• Si l'apport de chaleur fait intervenir un échange radiatif (cf. chapitre 13 ..3.. 1 Écriture des bilans sur une zone
10), le flux absorbé est de la forme
volumique
éJ.a = e (E cr1'1-)A
où e est l'émissivité, E est l'éclairement reçu, A est l'aire de la surface
frontière. L'évolution de T devient plus compliquée.

En réalité, dans le cas du feu de bâtiment :


• les échanges concernant les gaz sont surtout de natures convectivê et
radiative et font intervenir plusieurs sources de chaleur ;
• la température n'est pas en général uniforme dans une masse m de SF
solide; dans une zone volumique ou sur une zone surfacique, on
suppose cette uniformité, par définition de la zone ; Figure 13.3 - Volume de contrôle ouvert en deux surfaces: S1 et S2

@ pour une zone de gaz, le volume et la surface enveloppe vont changer


sous l'action de la pression et de la température et à cause des échanges On définit un volume VC de gaz contenu à l'intérieur d'une surface­
de matière entrant ou sortant ; frontière fixe SF. Les caractéristiques : T, p, h, et concentrations décrivant
la composition, sont uniformes dans ce volume. On suppose que VC est
• en général, toutes les variables évoluent au cours du temps à cause de
la variation d'activité des foyers, des couplages entre les échanges, et ouvert en deux surfaces S1 et S2 • Au travers de S1 on admet qu'un gaz dont
des temps caractéristiques des phénomènes. la masse volumique est Pi , entre dans VC avec un champ de vitesse w 1 •
Les approches simples présentées ci-dessus ne sont donc pas utilisables en De même, on suppose que par S2 sort un gaz de masse volumique p (celle
général. Pour introduire des approches de modélisation plus pertinentes, de VC, uniforme) et de champ de vitesse w 2 dans S2 . On imagine qu'une
petite quantité de gaz (de masse mA, t, petite devant la masse occupant vq
nous allons maintenant exposer des principes généraux sur les bilans
massique et énergétique en raisonnant sur un volume fixe : un volume de
contrôle. occupe initialement le volume A et entrera dans VC par S1 pendant une
durée At, de t à t + At. Pendant la même durée At, une autre petite masse
de gaz ' mB t+M• sortira de VC par S2 et occupera à t + At le petit volume B, *
A Ces hypothèses sur A et B permettent de raisonner sur une masse de
contrôle MC artificiellement définie, sur laquelle on pourra appliquer le
principe de conservation de la masse et le premier principe de la
thermodynamique dU oQ oW, principe qu'on ne peut pas appliquer
directement sur un volume ouvert tel que VC.
On suppose que les gaz sont parfaits.

626 :;.;;,;;CSTB ·csra 627


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

Bilan sur la masse En faisant tendre M vers 0, on obtient:


dUMC vcdU
A dU dUB
On commence par définir la masse de contrôle mMc par la somme de la --=-----+--
masse m vc et de la masse contenue dans A en amont de la section S1 , ceci dt dt dt dt
à l'instant t. D'après le premier principe, on a aussi:
mMc, t = mvc,t + mA,t dUMc Q W
= -
Au bout de la durée At, la masse mA, t a pénétré dans le volume VC (on dt
a: mA , t+M = 0) et une masse m8, t+M est sortie de VC par la section S2 (on où Q est la puissance calorifique nette apportée à VC et où W représente
a: m8, t = 0). Par définition de la masse de contrôle: mMc, t+M = mMc, t' soit : la puissance liée au travail effectué par le gaz contenu dans VC. W peut
m vc,t + mA, t - mA, t+ilt = mvc, t+ilt + mB, t+Llt mB, t regrouper plusieurs termes, dont celui lié au travail des forces de pression
sur S1 et sur S2 , que nous supposerons étre le seul à considérer.
D'où:
Litnvc = _ L1mA L1mB w = wp. s, + wp, s2
L1t L1t L1t
Examinons le terme WP, Si . Si w1 n est le module de la vitesse moyenne
d'entrée du gaz de A selon la normale à S1 d'aire A 1 : Wp,s1 = PA w1 n A 1 ;

AmA avec : lT¼n = PA w1 n A 1 , il vient:


Faisons tendre M ➔ O. tend vers (- min ), le débit massique
At
instantané entrant dans VC à t (le signe est dû au fait que la masse wp, S1 ( �:) mi n , puissance reçue dans vc et, de méme,

l
Am B
perdue par A, notée négative, est gagnée par vq et (le signe -
M
correspond à une perte pour VC, et un gain pour B) tend vers mex , débit wp, S2 = [Pvc mex puissance perdue par vc.
massique sortant de VC à t. Pvc,,
D'où: . dUA dU8
Exp1.1c1tons
. maintenant -­ et Partant de UA
dt dt
dUA
U8 = m8 u8 , il vient:
dt
Bilan sur l'énergie On arrive ainsi à
v
Q + min (uA + PA J- mex (uvc + P cj\
Comme précédemment, on définit à t une masse mMc égale à m vc, t + mA, t dUvc
et on pose que, pendant At, mA entre dans VC alors que m8 en sort. dt PA Pvc
Sur le système fermé (mais non isolé) de masse mMc, on peut appliquer le Soit, pour des gaz parfaits :
premier principe:
dUvc .
L1UMC L1Q- L1W -- = Q. +m. in hA -mex hVC
U MC,t+Llt uMC,t dt
où tiQ est la chaleur nette apportée dans VC et où 11 W représente le travail où : hA est l'enthalpie massique du gaz de A, hvc celle du gaz contenu dans
mécanique effectué par le gaz contenu dans VC. Puisque les masses mA et VC. Ce sont donc les flux d'enthalpie entrant et sortant qui interviennent
m8 sont petites devant m vc, on suppose que AQ et A W concernent le seul dans le bilan énergétique écrit sur VC, et non des flux d'énergie.
volume VC et non les plus petits volumes A et B. En remarquant que, par
hypothèse sur les changements intervenant entre t et t + At, UB. t 0, et, de On peut montrer que le choix de Tréf ne modifie pas Q . On peut donc
même, UA, t+i':.t = 0, on écrit: prendre Tréf = 0 dans l'expression de variations de u et de h, ce qui revient
à utiliser: u = cv T et h = Cp T.
AUA = UA, t+i':.t - UA, t et AUB = uB, t+i':.t - uB, t
628 =csrs 629
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur

l'espèce i par unité de volume (kg· s-1 de i par m3). La vitesse du flux
13 ..3.2 Écriture plus générale des bilans entrant est notée v, celle du flux sortant w. Le bilan masse sur chaque
espèce s'écrit
massique et énergétique
w)•ndS+ fffw["dV
(Voir la figure 13.3)
p dV
:t fff i = ffPi(v

On écrit ici les mêmes équations de conservation que ci-dessus en utilisant variation de � = flux entrant - flux sortant + soùrce ou puits d'espèce
VC SF VC

maintenant les valeurs locales de la masse volumique, de l'enthalpie, des


vitesses d'écoulement, etc. Cette écriture locale est plus directement où l'on néglige une possible diffusion de l'espèce i au travers des
exploitée dans les modèles de champ que dans les modèles de zones. ouvertures de SF, qui amènerait à introduire un terme supplémentaire.
La conservation globale de la masse sur les n espèces implique
Bilan sur la masse dans VC
o
Par définition de la masse volumique locale p : VC i=l
JJJI w["dV =

et:
mvc = JJfpdV
vc
i=l
rwt= o

Le débit massique entrant par S1 s'écrit P A v � n dS , car les espèces (les molécules) se transforment mais ne se perdent pas (les
min
f f atomes se retrouvent !). Le bilan de la conservation de la masse ne fait
donc pas apparaître ces termes.
sortant par S2 , mex = If P vc W9 fl dS.
S2
Bilan sur l'énergie interne dans VC
L'équation suivante L'énergie interne contenue dans VC s'écrit :

Uvc = mvc JCv d0


T

T,é r
variation de mvc = flux massique entrant flux massique sortant qui fait (du= 0; d 0pour un gaz parfait), ou:
intervenir les masses volumiques P vc et pA> et la vitesse des écoulements au
travers des surfaces S1 et S2. exprime la conservation globale de la masse
Uvc = mvccv T
dans VC lorsque l'échange de matière se fait par transport au travers de si la température est uniforme, cv constant, et Tréf =O K.
deux ouvertures pratiquées dans la surface SF, de surfaces S1 et S2. La On veut exprimer la variation de l'énergie interne contenue dans
variation de la masse de VC est égale à la somme algébrique des flux
massiques entrant (de vecteur vitesse v) et sortant (de vecteur vitesse w). qui s'exprime aussi selon l'intégrale de grandeurs locales :
dUvc
Le vecteur unitaire normal à la surface, ici supposé orienté vers la surface, dt '
VC,

est n.
1t fvcffcvpTdV -
ou bien selon
Conservation des espèces
Dans la présentation globale précédente {sur VC, A et B}, nous n'avions pas
écrit de bilan de masse lié à des réactions chimiques dans VC. Les
réactions chimiques de combustion font apparaître des espèces et en font JfÏpi ui dV
disparaître d'autres. Il faut introduire par espèce un terme source (ou
:t
f i�l
puits) qu'on note w{", le flux massique de production (ou de disparition) de si l'on considère l'ensemble des espèces.
VC

:=CSTB 631
630
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour lîngénîeur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

Les termes qui interviennent peuvent s'écrire 4111 Tk désigne la température d'un gaz entrant dans VC ;
nouv
• JJ�:)Pj hj v• n dS- PvchvcW• nds), qui représente la valeur nette du • T, dans le dernier terme du membre de gauche est, soit Tvc• soit '.ll,
selon le sens du transport : Tvc pour zh➔j (j est un autre volume), et '.ll
SF k=l
pour VC�j. Le débit massique est compté négativement pour VC ➔j.
flux d'enthalpie gagné par VC par les écoulement au travers des
ouvertures pratiquées dans SF. v est le vecteur vitesse correspondant à
4111 le premier terme du membre de droite représente le débit calorifique Qc
l'apport de masse de l'extérieur vers VC, sous la forme d'un gaz de
masse volumique p. et d'enthalpie massique h ; w est le vecteur vitesse dû à la consommation du combustible considéré unique (noté f) dont la
de l'écoulement dh gaz hors de VC, de inasse volumique Pvc et chaleur massique de combustion est ô.hc. On suppose dans cette
d'enthalpie massique hvc caractéristiques de VC. Selon l'ouverture écriture que le flux d'oxygène alimentant la réaction de combustion est
suffisant pour consommer w i" .

JJ
considérée, l'une au moins de ces deux vitesses peut être nulle.
• des termes du membre de droite peuvent être nuls: le premier si il n'y a
• Pvc w • n dS est la puissance correspondant au terme de travail de pas de réaction chimique, le troisième si SF est imperméable aux
SF échanges thermiques.
la pression pour VC.
Qualitativement, le bilan énergétique sur VC s'écrit:
• Jf q"dS est la puissance perdue pour VC par rayonnement et
SF variation de l'énergie interne du volume VC
conduction thermique sur toute la frontière SF, sans inclure les flux
enthalpiques liés au transport de matière, déjà écrits. L'écriture détaillée somme nette des flux d'enthalpie au travers de la frontière SF
de ce terme est omise car les échanges qui s'y trouvent rassemblés sont
divers, et pour ceux qui sont radiatifs, peuvent prendre des expressions =
assez lourdes.
débit calorifique dû à la combustion de l'espèce "f"
En exploitant les lois de conservation de la masse et des espèces, en
utilisant les relations du gaz parfait, et en faisant l'hypothèse que cP et c;, - travail de la frontière SF
sont constants et identiques pour les diverses espèces chimiques, on
obtient après plusieurs manipulations, en prenant OK comme température somme nette des puissances thermiques perdues
de référence, l'expression suivante de variation de l'énergie interne à la frontière SF sans transport de matière
contenue dans VC :

13 ..3 ..3 Application aux zones de gaz d'un local


variation de Uvc - flux d'enthalpie net perdu
parallélépipédique

vc SP SF On distingue un volume haut (zone zh) et un volume bas (zone zb).


= débit calorifique - terme dû au travail de p pertes thermiques Commençons par la zone haute chaude qui est limitée en haut par le
où: plafond, latéralement par les murs, et en bas par l'interface virtuelle
mobile. On se limite ici au cas courant et géométriquement simple de
• les grandeurs caractéristiques de VC ne sont pas indicées ; constructions parallélépipédiques bien que les équations générales
précédentes soient applicables à d'autres formes, avec alors l'inconvénient
• le membre de gauche rassemble le terme de variation (ou accumulation) de ne pas pouvoir utiliser des relations du type: volume aire de la base x
et le terme de flux liés aux transports. hauteur qui permettent de simplifier les équations de bilan.

632 633
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA Tl MENT' TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour /'ingénieur 3 • Physique du feu pour l'ingénieur 13 • Modèles globaux de feu de bâtiment
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

où:
Le volume de contrôle VC auquel on identifie la zone haute est une
dont le fond est mobile et dont les faces latérales peuvent être percées par • cv et C sont supposés uniformes et constants ;
des ouvertures (fenêtres, portes, bouches de ventilation). De même, le P
plafond peut être percé par un exutoire ou une bouche de ventilation. Le • les deux derniers termes du membre de gauche symbolisent les flux
fond - virtuel - de cette boîte est percé par les veines verticales dues ��..... ,=· L
flammes ou panaches thermiques alimentés par les foyers placés sous d'enthalpie transportés. cP I T1m 1 ➔ zh rassemble les flux apportés en zh,
l'interface. Des combustibles en parois ou des meubles peuvent contribuer l=l
à compliquer la forme et le "taux de percement" de la surface frontière de la ; �epuis des origines 1 de deux natures : les ·flammes et panaches, et les
zone. Ici nous avons considéré une seule ouverture verticale et un seul ecoulements venant d'autres zones du bâtiment du type zb ou zh.
foyer placé sous l'interface. La surface frontière SF est donc percée en deux
endroits: à la porte et au-dessus du foyer (figure 13.2). CP L Tzhmzh ➔ m regroupe les flux relatifs aux écoulements zh➔m, m
m=1
désignant d'autres zones du type zb ou zh du bâtiment.
Conservation de la masse en zone haute
• dans le membre de droite: Ôczh est le flux de chaleur apporté en zh par
L'équation générale s'écrit simplement:
combustion, <?pertes représente la puissance perdue par transferts de
dmzh mr + ment + min - mex chaleur à la surface frontière. Le dernier terme correspond au travail de
=
dt la pression p lié au déplacement de la partie horizontale de SF'
avec: l'interface mobile entre zh et zb.
mr : vitesse massique de production de gaz combustible f,
ment : débit massique d'air entraîné dans flamme et panache,
min : débit massique d'air entrant dans le local, Si l'on reprend l'équation de conservation de la masse et qu'on en multiplie
mex : débit massique de gaz sortant du local.
les deux membres par cp Tzh, on obtient:
d J
Les débits massiques entrants et sortants sont relatifs à l'ensemble des Âsol cp Tzh e
dt (p zh )- � j ttzh p
m c T 0
ouvertures faisant communiquer zh avec des zones volumiques notées j. J=l

L'épaisseur de zh est ezh et sa section horizontale A801• En exploitant


Si l'on utilise maintenant la relation r cP - cv, il vient, avec cP constant::
vzh = Asol ezh ' il vient:
dT
"r· . .
J
d
L
j=l
m ➔ zh
j 0
Asol cp e �-Asol e zh L
p zh zh
dt dt - CP �
J�l
m j++zh = Qczh - Qpertes

où· un débit massique est compté positivement s'il va de j = Ônet gagné par zh
négativement s'il va de zh vers j.
où le terme c I
Tm j .➔ zh rassemble tous les flux d'enthalpie concernant
P
Bilan sur l'énergie interne en zone haute j=l
zh, � désignant dans cette équation la température associée au
L'application de l'équation générale conduit à débit
massique de chaque écoulement T = Tz pour zh ➔ j, et T= T pour j
h ➔ zh.

.
On voit apparaître dans le membre de gauche un terme d.p qu'il
faut
dt'
commenter:
L M · dz . .
+ CP L 1m1-+ zh -CP L Tzh mzh ➔ m = Ôczh
T Qpert es - P dt
Asol P est 1c1 une valeur moyenne (spatial .
e) de la pression dans zh, qui
1=1 m=l satisfait l'équation d'état des gaz parfaits, p = ,DzhrTzh ;

ECS'fB
634 635
TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment
3 Physique du feu pour l'ingénieur
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

sont considérées.
e Dans d'autres relations, les variations locales de p
C'est le cas pour le calcul des débits massi ques circ Iant. Rappelons
_ 1;1
que, sauf pour des locaux étanches, rares dans l s a
� � � 1ment � courants,
du feu sont mfen eures a 100 Pa et
les différences de pression "motrices" Remarque:
Les modèles présentés ont été développés au CSTB. Des modèles bâtis sur des
parfois de l'ordre du Pa. principes identiques ont été développés dans plusieurs centres de recherche
ainsi
Une caractéristique de ces modèles de feu de bâtiment est
étrangers, dont en particulier le , National Institute of Standards and Technology »
américain.
relier p, p, et
• d'utiliser des valeurs moyennes de p dans un volume pour
T dans une zone de gaz ;
49 mais aussi d'exploiter de petites différences de p pour exprimer des
débits gazeux.
13 ..4.. 1 Le modèle et le logiciel NAT
Nous commencerons par présenter un modèle de zones simple où on
identifie une seule zone de gaz dans un seul local en feu, le modèle NAT (cf.
référence 10 [Curtat et Fromy, 1992] ). NAT est principalement destiné à
calculer des sollicitations thermiques _aux structures et équipements du
bâtiment en cas de feu sévère, c'est-à-dire pour des débits calorifiques
élevés pendant une durée correspondant à la consommation d'une masse
combustible notable.
L'hypothèse principale est d'admettre que le milieu gazeux interne est
homogène: l'air entrant, les gaz de pyrolyse, et les produits de combustion
sont supposés bien se mélanger dans le volume intérieur. On a ainsi à
considérer une seule zone volumique gazeuse intérieure. Les premières
versions de ce type de modèle sont sans doute celle de Pettersson,
Magnusson et al. (1975), et celle de Babrauskas (1976). NAT a été
développé au début des années 80. Dans ce "réacteur bien agité" (selon un
terme du génie chimique), toutes les caractéristiques du gaz interne sont
uniformes dans le local, et varient bien sûr au cours du temps.
L'hypothèse d'une zone gazeuse interne allège beaucoup la description
mathématique des échanges de masse, d'espèces et d'énergie et mène à des
formulations assez simples pour conduire à un logiciel rapide à l'exécution.
La contrepartie de cette simplicité est que l'utilisation du modèle est
restreinte à des feux de puissance élevée par rapport au volume du local
par exemple, le modèle n'est pas adapté à des situations où la flamme de
plus petits foyers occuperait une faible partie de l'espace.

E=CSTB 637
636
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATlMENT
13 Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

Zones surfaciques solides


Pour chacune des surfaces de parois exposées aux sollicitations
thermiques du feu, les caractéristiques retenues sont la température
(uniforme par paroi), T;,1 (où l'indice 1 désigne la surface exposée au feu, et
correspond au premier noeud de température d'un maillage dan s
l'épaisseur de la paroi), et l'émissivité ei (i va de 1 à 6). Pour chacune des
parois, la diffusion de la chaleur, dans l'épaisseur de paroi fait intervenir n
températures aux noeuds d'un maillage interne unidimensionnel.

13.4.1.2 Échanges entre les zones

figure 13.4 - Les flux massiques dans l'hypothèse


Convection
du réacteur bien agité pour un modèle à une zone gazeuse interne

13.4.1.1 les zones du modèle


Flux massiques
Zone volumique interne de gaz et enthalpiques

Le volume Vg de cette zone est le volume intérieur du local (réduit du


volume des objets présents si on ne peut pas le négliger), demeurant
constant. Rappelons que les zones gazeuses haute et basse des modèles de
zones plus complexes ont, quant à elles, des volumes qui varient au cours
du temps. Les caractéristiques de Vg dans le modèle sont : la température
Tg , la masse volumique Pg, la pression au niveau du sol Pin,, 0, l'émittance eg, Rayonnement
et la fraction massique en oxygène Y02, qui varient au cours du temps
depuis le début du feu. Injection
de gaz combustible

Zones volumiques externes


Le monde extérieur au local parallélépipédique est découpé en six zones,
distinguées pour pouvoir prendre en compte l'effet du vent sur les
écoulements par des ouvertures éventuellement présentes sur les six faces
extérieures du parallélépipède. A chaque orientation : au-dessus du
plafond, au-dessous du plancher, à l'ouest, au nord, à l'est et au sud du
local, on associe une pression Pext,i contenant éventuellement la
contribution dynamique du vent supposée uniforme sur l'ouverture, et Figure 13.5 • Les échanges entre zones du modèle NAT
également une température, Te,,, i• On suppose pour les échanges radiatifs
que le monde extérieur est un corps noir.

638 :CSTB 639


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BA TfMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

Échanges de matière 13.4.1.3 Les principales équations du modèle


• Source de gaz combustible : les objets en feu libèrent dans le volume du
local un flux de gaz combustible noté ici m1 , produit par pyrolyse pour Source de gaz combustible
des solides combustibles courants.
La valeur du débit massique de gaz combustible injecté dans le milieu
e Échanges au travers des ouvertures : pour une ouverture donnée, le gazeux interne 111r est une donnée d'entrée, mise sous la forme d'une
débit massique entrant (d'air) est noté min et le débit massique sortant fonction continue du temps ou bien sous celle d'une suite de valeurs
(du mélange de gaz de la zone interne) est noté mex . L'un de ces deux discrètes entre lesquelles on fait des interpolations. Cette description de
flux peut à un instant donné être nul selon l'état des champs de rhr se retrouve dans la plupart des autres modèles, même ceux qui sont
pression interne et externe. par ailleurs beaucoup plus complexes.
171r fonction donnée du temps
Échanges d'énergie concernant le milieu gazeux interne
Ces échanges comprennent les termes suivants :
Débits massiques aux ouvertures
• Source de chaleur : le débit calorifique global, noté Oc , correspond à la
puissance libérée par l'ensemble des foyers actifs présents dans la zone (cf. chapitre 7)
gazeuse unique.
Débits massiques aux ouvertures verticales
@ Flux de chaleur échangés par transport entre l'intérieur et l'extérieur du
local au travers des ouvertures. Les écoulements entrants et sortants Si la I?ression au sol dans le local est P,,.,, (variant au cours du temps,
transportent des flux d'enthalpie dépendant des flux massiques et de la calculee) et que la pression au sol à l'extérieur du local au delà de
température du gaz en mouvement. -
l'ouverture considérée est P e t,k,o (une donnée), on pose que la pression
x
• Échanges convectifs entre zone de gaz interne et parois : les flux de dans ces deux zones varie seulement avec la hauteur z selon la loi de la
chaleur échangés dépendent de la température de gaz Tg, des statique des gaz. Si Dp (z) P int,z - Pext,k,z à la hauteur z:
températures de surface des parois et des dimensions de paroi.
• Échanges radiatifs entre gaz et parois : ces échanges dépendent des Dp (z) = ( Pint,O - Pext,k,O) - gz (P - Pextl
g
températures précédentes (Tg,' îi,1 ), de l'émissivité des surfaces de
L'application de la loi de Bernoulli permet d'exprimer la vitesse de
parois, de celle du gaz, et de la géométrie (dimensions des parois du l'écoulement sortant selon :
local).
vex, z = (2 Dp(z) P ) 112 (Dp (z) est positif).
g
• Rayonnement thermique par les ouvertures : un flux de chaleur est
perdu pour le milieu gazeux par ce phénomène, non négligeable si les De même, la vitesse de l'écoulement entrant u s'écrit •·
1n,z
ouvertures sont importantes. 2
vin, z = - 2 Dp(z) Pext ) 1 (Dp (z) est négatif).
( 1

Diffusion de la chaleur dans les solides


Calcul des débits massiques
Pour connaître les températures de surfaces îi,1, il faut résoudre l'équation
de diffusion de la chaleur dans chaque paroi. Les échanges thermiques Le chapitre 7 fournit une description détaillée des cas de figure qu'on peut
convectifs et radiatifs relatifs aux surfaces de parois pour les faces rencontrer. Dans la durée du déroulement d'un feu, on rencontre souvent
exposées au feu comme pour celles non exposées sont exprimés dans le le cas où ZN (la hauteur où la différence de pression entre intérieur et
modèle : ils permettent l'expression des conditions aux limites thermiques. extérieur est nulle) est dans l'ouverture, soit : ZA < ZN< ZL, où ZA est la
La température de l'air extérieur est à introduire, et, pour des faces hauteur <l'allège et ZL la hauteur de linteau. On peut alors exprimer m,.
exposées au vent, la vitesse du vent, qui joue sur les échanges convectifs. 1n,k

::::::."CSTB 641
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13-Modèles globaux de feu de bâtiment 3 -Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modé/es globaux de feu de bâtiment

et rhex, k circulant au travers d'une ouverture verticale de largeur W0 combustible brùlée par l'oxygène contenu dans un kg d'air ; cette valeur
est pratiquement constante pour les matériaux courants (cf. chapitre 6).
donnant sur l'extérieur d'indice k selon :
Pour le calcul de Qc , le programme retient la plus petite des deux valeurs,
identifiant le phénomène qui régit le débit calorifique : la production de gaz
combustible ou bien le débit d'air entrant dans le local.

Flux enthalpiques aux ouvertures


Si on connaît les débits massiques entrant et sortant par chaque
ouverture, il est facile de leur associer des flux d'enthalpie. Avec une
température de référence thermodynamique nulle (0 K), il vient:
où:
Pext, k, 0 - Pint,0
g(Pext,k Pg ) pour un débit entrant venant de la zone extérieure n k. Et :

pour un débit sortant par une ouverture i.


Débits massiques aux ouvertures horizontales
Le calcul de ces termes est, comme celui des flux massiques, à effectuer
On utilise l'approche simple donnée au chapitre 7, reposant sur les mêmes
pour toutes les ouvertures.
principes que ceux appliqués aux ouvertures verticales.
Flux de chaleur échangés par convection entre gaz chaud
et faces internes des parois
Flux d'énergie Ces termes sont au nombre de six. Pour une paroi d'indice i dont la face
interne d'aire Ai est portée à la température � 1, le flux perdu par le gaz
Débit calorifique (terme source) reçoit l'expression:
Si nf foyers sont actifs avec un apport d'oxygène suffisant, le débit i/.conv , i = � '¾nt (rg -1î,1)
calorifique total s'écrit simplement :
Le coefficient d'échange par convection à la surface hint peut être calculé à
Qc = L rhr,n hc,n partir de corrélations connues entre le nombre de Nusselt, le nombre de
n;l, nf
Prandtl et le nombre de Grashof (cf. chapitre 9), ou bien recevoir une
où ""l,11
m- est le débit de gaz combustible au foyer d'indice valeur constante réaliste (par exemple 20 W·m-2·K-1). Le calcul des termes
èJ.conv, i nécessite de connaître les� (géométrie du local), '¾nt , et T;, 1, pour
chaleur massique de combustion associée à ce foyer.
chaque paroi, ainsi que Tg . Le calcul de la valeur des six T;, 1 implique la
Si le débit d'air entrant par toutes les ouvertures, mintot, résolution de l'équation de la chaleur au travers des parois.
suffisant, le débit calorifique est contrôlé par la ventilation
s'exprime approximativement selon (chapitre 6, formule 6.3}: Flux de chaleur échangé par rayonnement entre gaz et parois
. . 6 Il faut décrire les échanges entre chaque paroi et les cinq autres (échanges
Qc = mintot x3,2 10 (W)
se faisant par traversée du milieu gazeux) ainsi que les échanges
où rhin tot (kg· .s-1) est la somme des débits massiques entrant par gaz/parois. Ce traitement peut être effectué au moyen d'un module
spécifique fournissant par résolution implicite les six radiosités q des
l'ensemble des ouvertures. Rappelons que la valeur 3,2 10 (J·kg-')
6
parois (voir le chapitre 10). La radiosité de la paroi i s'écrit :
correspond à l'énergie libérée par la combustion totale d'une masse de

ECSîS 643
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

Ji =
4
ci o-(1t,1) +(1- cJL EJi
Ouvertures verticales

� r �yonnement net perdu concerne principalement la partie de l'ouverture


où le membre de droite représente la somme des contribution des parois i s1tuee sous la hauteur neutre ZN puisque, au-dessus de ZN, le gaz sort et
choisies et des autres zones j. Eji est l'éclairement venant d'une source j conserve les mêmes caractéristiques que le milieu interne sur une certaine
(les parois, et le gaz) et arrivant sur i, compte tenu du milieu gazeux, et où longueur (même approximation que ci-dessus). L'aire de la surface
( 1 - li} est le coefficient de réflexion de la surface i, non transparente. rayonnante est donc proportionnelle à (ZN .., ZÂj) si ZÂj est la hauteur
<l'allège de l'ouverture d'indice i, de largeur "7ï. ·
Les émissivités de paroi sont données ; l'émissivité du gaz est à calculer. Le
4
calcul de est effectué selon la formule classique : &g 1 - exp (-k lm ) où C.Caygç;,ext "'1 (ZN Z1\) &g O' (Tg - Te'!ct,k)

�' longueur optique moyenne, est calculé selon l'expression de Hottel déjà
donnée au chapitre 10.
Il faut pour calculer ce flux connaitre "'1 et Z� (données géométriques),
Text,k (donnée), cg et
Le coefficient d'atténuation k est à fournir en donnée dans ce modèle. La
valeur par défaut est 1 m 1 • On peut faire varier ce paramètre dans les
simulations pour en montrer l'effet. Les couplages entre équations font que
l'influence de k n'est pas très forte sur les températures de gaz ou de
parois lorsqu'on fait varier k de 0,5 à 2 m 1 • Équations de bilan
Pour donner une expression approchée simple des échanges radiatifs entre
gaz et parois, introduisons un coefficient global d'échange radiatif gaz-paroi Bilan massique sur la zone gazeuse interne

, calculés en prenant la relation valable pour deux surfaces grises se Le bilan massique relatif au milieu interne est formellement très simple
mais fait intervenir tous les foyers actifs et toutes les ouvertures :
voyant totalement:
dmg
1
dt
= L mf,
n=l,nf
n + L min,iov
iov=l, nbov
L rh x,
iov=l, nbov
e iov

+ L"½n,ioh I:mex,ioh
Le flux de chaleur perdu net par le gaz dans ses échanges radiatifs avec les ioh=l,nboh ioh=l,nboh
parois s'écrit alors :

L
où �ov est l'indice repérant les parois verticales, et ioh celui des ouvertures
honzontales. Pour ne pas alourdir l'écriture, l'indice des mondes extérieurs
<J.Ray g ,-,. parois APi Ëg,i O' ( r: - 1t:1) (k} �•a ?�s ét� intr�duit dans cette équation, bien que les caractéristiques
i=l,6
de l exteneur mterv1ennent pour le calcul des flux massiques. Nous n'avons
Nous ne détaillons pas ici l'expression générale des flux radiatifs échangés pas �u omettre ci-d�ssous cet indice dans les flux d'enthalpie où
entre gaz et parois ou entre parois, présentés au chapitre 10. mterv1ennent les temperatures des zones extérieures d'indice k.
Globalement :
Rayonnement du milieu gazeux par les ouvertures
On distingue les ouvertures horizontales (exutoires} et verticales.

Ouvertures horizontales où mftot est le débit total de gaz combustible apporté par les foyers, m
in tot
est le débit massique entrant total et m. xtot le débit massique sortant total.
Pour un exutoire ouvert, on fait l'approximation de négliger le flux e
thermique perdu depuis le gaz interne puisque celui-ci voit le panache
chaud à sa sortie (si l'écoulement est vertical), et ne voit donc pas
directement le monde extérieur plus froid.

644 =csrs 645


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 • Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

Bilan énergétique sur la zone gazeuse interne systèmes linéaires issus de l'équation de la chaleur en régime stationnaire.
On dispose alors de toutes les températures utiles. Pour satisfaire la
dU g
d[ = QC + I min,iov CP Text,k( iov) -
iov;l,nbov
I mex, iov CP Tg
iov=l, nbov
conservation de l'énergie dans la zone gazeuse (sans terme de débit
calorifique), il faut introduire un terme Qini qui annule dUg/ dt, et qu'on
calcule en le posant égal à la somme des termes de flux perdus par la zone
+ I mi n, ioh CP Text,k(ioh) -
iov=l,nbov
I mex, îoh CP Tg
ioh=l, nboh
volumique d'air.
Cette étape de calcul est de beaucoup simplifiée si on a choisi de poser
toutes les températures égales avant le feu, dans l'air et dans les solides.
L Api hin,t dTg - Ti, 1)
i=l,6
T4
ext k (iov)
)

Conditions courantes

Les équations d'échanges et de bilan précédentes sont utilisées à l'écriture


La définition de Ôini est donnée au paragraphe suivant. d'un système d'équations différentielles regroupées en deux sous-systèmes,
A et B. Ce découpage en deux sous-systèmes repose sur le constat que les
temps caractéristiques sont nettement différents pour les phénomènes
concernant le milieu gazeux et le phénomène de diffusion de la chaleur : on
résout A plus souvent que B.
13.4.1.4 Le calcul numérique
Variables de base
dYl
Parmi d'autres possibilités, ont été retenues ici les variables indépendantes
suivantes à partir desquelles on peut exprimer les flux de masse et
• dt = Fi (Yl, Y2, t)
d'énergie qui viennent d'être exposés. d y2
• = F2 (Yl Y2 Yr t}
dt ' ' '
Yl Pg, masse volumique du milieu gazeux interne,
. où Yr représente l'ensemble des températures de face exposée des parois.
Y2 = Tg, température du milieu gazeux interne,
dY3
Y3 Y02 , fraction massique d'oxygène dans ce milieu, •
= F3 (YI, Y2, mrn)
dt
Y4 à 11 : température aux noeuds des maillages des parois (autant
d'équations que de noeuds dans le maillage de l'épaisseur d'une
paroi).
Le système d'équations différentielles à intégrer est donc écrit à partir des
variables Y.
Par paroi n° i, i de 1 à 6 :
Conditions Initiales (avant le feu) d}j = F) (températures, t)
On se donne la valeur de T. (par exemple 293 K) et celle des températures dt
et pressions de l'air dans l'environnement du local. La pression du local au • où j désigne un noeud de température dans une paroi n° i.
niveau du sol est obtenue par résolution de l'équation algébrique
dmg/ dt O (sans terme source de gaz combustible). A ce stade, on connaît
Yl par l'équation d'état Ant = Yl rTg, et Y2 = Tg. Y3 est initialisé à la valeur
normale de 0,23. Le calcul de Y4 à 11 est effectué par résolution des

646 =csrs E:CSTB 647


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Sous-système A Sous-système B
La première équation différentielle traduit la conservation de la masse. Le Les équations différentielles du second sous-système concernent la
volume Vg est constant, dm /dt Vg dpg! dt et l'expression de dp /dt est diffusion de la chaleur dans les solides. La version de base de NAT utilise
g
donc obtenue directement eng divisant par Vg la somme algébrique des flux un schéma monodimensionnel explicite aux différence finies décrit au
massiques de l'équation de bilan massique dans la zone gazeuse. Pour chapitre 8, grâce auquel les équations aux dérivées partielles ont été
passer de Pg (YI) et Tg ( Y2) à Ant dont on a besoin pour exprimer les débits remplacées par des équations différentielles ordinaires.
aux ouvertures, on utilise l'équation d'état: A cause des différences de temps caractéristiques entre les équations de A
Pmt Pg r Tg, soit pint YI r Y2 et celle de B, le sous-système B est résolu moins fréquemment.

La deuxième équation différentielle est issue des bilans sur l'énergie


interne et sur la masse. En effet, en exploitant U = m c;, T , il vient :
g g g 13.4.1.5 Le logiciel
dUg /dt= cV T:g (dmg / dt) + cV mg (dT:g / dt) (cV est posé constant) Il est écrit en langage Fortran et fait appel à une bibliothèque numérique
qui fournit le "solveur" de système d'équations.
d'où:
dY2
dt
13.4.1.6 Applications pratiques visées
Dans cette équation le terme dU /dt du membre de droite peut être NAT est destiné à simuler de gros feux de locaux avec pour objectif
g
détaillé en utilisant YI et Y2 dans l'écriture des flux de masse et d'énergie, principal de prévoir les sollicitations thermiques sur des éléments exposés
éléments de construction ou d'équipement, afin d'évaluer leur capacité à
et les températures de surfaces exposées.
maintenir leurs fonctions, c'est-à-dire, selon les critères utilisés dans la
La troisième équation différentielle concerne une variable non encore réglementation :
présentée, la fraction massique en oxygène dans le milieu gazeux. Bien que
non nécessaire au calcul des sollicitations thermiques, cette variable est • rester en place (stabilité d'un mur porteur, d'un poteau, ... ) ;
intégrée pour fournir un indicateur de l'état des produits de combustion
• s'ils restent en place, continuer d'être des barrières étanches aux gaz
dans le local. Soit m02 la masse d'oxygène présente dans V , chauds (critère "pare-flamme" pour une paroi, un vitrage, ... ) ;
g
On a : Y02 = m0/ mg. Si min tot et rhex tot sont respectivement le débit total
• empêcher la température des faces non exposées au feu d'atteindre des
d'air entrant et le débit total de gaz sortant, pour l'ensemble des valeurs susceptibles de causer des éclairements énergétiques capables
ouvertures, on obtient : d'allumer de nouveaux foyers ou d'agresser des personnes (fonction

L
"d'isolation thermique", critère "coupe-feu" pour une porte, une paroi...).
0,23 X �n tot - Yo2 rhex tot - ro2n ntr,n
n =l,nf
Pour de telles simulations, il faut fournir des données d'entrée
• décrire le local (dimensions et caractéristiques des parois, portes et
où r02n est la masse d'oxygène consommée par la combustion de l'unité de vitrages), ses ouvertures (ventilation naturelle ou mécanique) et son
masse de combustible au foyer n ° n. Le membre de droite s'exprime en environnement (température, vent éventuel) ;
fonction de YI et Y2. Une fois intégrée, cette équation fournit Y3 Y02 .
• définir des foyers (puissants) réalistes par une vitesse massique de
La présence de la variable t dans les membres de droite des équations combustion et des caractéristiques thermochimiques (cf. chapitre 5).
différentielles est due au fait que les débits mr sont des fonctions du A partir des résultats thermiques fournies par le modèle, des
temps. considérations d'expert ou des calculs nouveaux permettent d'évaluer si
L'intégration numenque du sous-système A utilise un solveur dont le ces critères sont satisfaits ou non. Les simulations peuvent être répétées
principe est une méthode de Gear avec calcul numérique du jacobien. en y changeant des données d'entrée.

648 ECSTB ECSTB 649


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13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

13.4.1.7 Lien avec l'approche réglementaire . aux éléments pouvant tomber (faux-plafonds par exemple), ou aux
éléments pouvant se déformer et gêner des déplacements de personnes
de la résistance au feu (par exemple, porte fermée risquant d'être bloquée).
Des essais avec un feu normalisé de produits liés aux bâtiments (tels que Des logiciels modernes de calcul aux éléments finis, fondés sur des
cloisons, portes, vitrages , ... ) soumis à réglementation (par exemple les modèles de mécanique des structures, permettent la simulation de la
ERP, c'est-à-dire Établissements Recevant du Public), sont conduits dans réponse instationnaire d'une structure chauffée, au prix d'un effort de
des fours où le spécimen essayé est au contact de gaz chauds dont la représentation parfois lourd (la description géométrique, le maillage), et à
température suit une loi normalisée (ISO 834) Tg (t)= To + 345 log10 (8xt +l ) l'aide de moyens informatiques conséquents. L'utilisation de tels logiciels
où To est la température de départ (20 °C par exemple), et t est le temps en n'est pas encore courante.
minutes. Implicitement, on admet que le flux thermique reçu par le
spécimen ne dépend que de cette température de gaz. En fait, ce flux Des logiciels plus simples s'appuient sur des équations de la résistance des
matériaux. Ils sont utilisées principalement pour évaluer le risque de perte
dépend bien sur de Tg, mais aussi, pour sa composante radiative (cf.
de stabilité d'éléments de construction en acier, en béton, en bois, ... et,
chapitre 10) des propriétés optiques du milieu gazeux et des
plus rarement, pour toute une structure.
caractéristiques des parois du four, ainsi que, pour sa composante
convective, des écoulements de gaz apportant de la chaleur par convection Quelle que soit la méthode de calcul, il faut lui associer un modèle de feu
(cf. chapitre 9). La détermination du flux thermique reçu nécessite une qui donne des conditions aux limites thermiques, et considérer les
modélisation du four d'essai, réalisée dans plusieurs laboratoires, dont contraintes mécaniques "à froid" initiales, puis calculer celles, nouvelles,
celui du CSTB. Au choix de ce calcul conventionnel de la température Tg, qui se développent à chaud. Les propriétés thermiques et mécanique des
on peut substituer une approche plus réaliste en imaginant un scénario de matériaux présents doivent bien sûr être connues en fonction de la
feu dans un local réel avec des ouvertures et en utilisant un modèle de feu température.
de local pour fournir le flux thermique auquel l'éprouvette est soumise. Le L'approche scientifique de ces questions fait appel à la mécanique des
modèle NAT offre le moyen de réaliser une telle simulation. milieux continus, et, pour des calculs plus simples, à la résistance des
Avant de passer à la présentation d'un autre modèle de feu, nous matériaux. La présentation, même résumée, de ces disciplines sort de ce
donnerons quelques informations sur la réponse de solides chauffés, dont cadre. On peut consulter d'autres parties du traité de physique du
la température peut être calculée à l'aide de NAT. La prévision de la bâtiment traitant de mécanique, par exemple le tome 1, partie C, et le
"réponse" mécanique nécessite de faire appel à d'autres relations que celles tome pour une présentation détaillée.
données ou à d'autres modèles. Il est évident que le calcul des champs de température dans les structures
est une étape importante du calcul complet ; on raisonne d'ailleurs
Le comportement des solides chauffés souvent, dans la pratique relative à l'évaluation de la stabilité de l'acier,
sur l'utilisation de critères simples de température critique à ne pas
Les solides non combustibles chauffés par le feu subissent des dépasser. Le traitement de ce seul aspect thermique, qui peut être fort
modifications dimensionnelles, en sus des éventuelles modifications complexe dans le détail, repose sur l'application de l'équation de diffusion
chimiques (dégradation par pyrolyse) ou physiques (changement d'état, de la chaleur utilisant la loi de Fourier, avec des conditions aux limites
changement de structure cristalline) qui changent leurs propriétés et diverses ; la considération de volumes réels amène des équations
peuvent modifier leur forme. tridimensionnelles.
Une préoccupation pratique courante en sécurité contre l'incendie porte Les calculs de stabilité courants font appel à un ensemble de règles de
sur la réponse des éléments de structure (dont on veut éviter la perte de calculs approchées portant sur des éléments de structure dont on se donne
stabilité), et celle des équipements du bâtiment intervenant d'une façon ou la charge mécanique et qui exploite des calculs simples du champ de
d'une autre dans la protection des personnes. Pour certains éléments, le température, utilisé à la détermination des variations de propriétés
maintien des fonctions qu'ils assurent concerne la limitation du mécanique.
développement des dangers du feu ou celui du mouvement de la fumée Donnons ici quelques informations sur les lois de base, et sur des lois
c'est le cas des cloisons, portes, vitrages, clapets, ventilateurs, conduits, ... empiriques de comportement, qui permettent de prédire l'évolution des
Pour d'autres éléments, la sécurité des personnes est directement mise en déformations en fonction de la température et des contraintes appliquées.
cause si leur comportement normal est dégradé : on pense aux éléments
(cf la référence - [ 6 j G. Guyon et J. Krnppa, 1989).
assurant normalement la stabilité de structures : poutres, poteaux, tirants,

650 ECSTB :i::i:CSTB 651


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

coefficient de dilatation thermique linéique Une telle relation, obtenue à partir de plusieurs mesures, est approchée;
ainsi, l'application de la formule à 1000°C donne E=0, alors qu'en fait E
Ce coefficient noté a, est défini par E
atteint une valeur faible mais non nulle. Le rapport e est égal à 0,5 pour
t1l Eo
= a0
une température voisine de 600°C.
°
Pour des matériaux courants dans le bâtiment, à 20 C : Remarque:
les deux lois empiriques ci-dessus sont extraites du document technique unifié
Tableau 13.1 "Règles FA", cahier CSTB n° 1840, 1983.

Aciers Béton Bois Verre


non armé

a (oc-1} 10-5 1,1 10-5 5 10-6 10-5 13 ..4..2 Le modèle et le logiciel FISBA

Pour l'acier, en fonction de la température, on dispose de la loi empirique (Une description de FISBA est donnée dans la "Revue Générale de
suivante: Thennique", n ° 315-316, mars-avril 1988.)
Le modèle FISBA est destiné à représenter les conséquences d'un feu dans
t1l
l
0,4.10-8 fl- + 1,2. 10-5 0- 3.10-4 un local unique, où la puissance des foyers n'est pas nécessairement assez
élevée pour conduire à un brassage du milieu gazeux intérieur
où 0 est la température en °C. uniformisant les caractéristiques de ce dernier. On distingue ainsi dans le
volume intérieur au local deux zones gazeuses, la zone haute et la zone
basse. Plusieurs options sont prévues dans FISBA, soit pour traiter plus ou
moins finement certains aspects (par exemple les échanges d'énergie
module d'élasticité E radiatifs), soit pour pouvoir choisir entre plusieurs approches d'un même
phénomène (par exemple, il existe plusieurs formules pour exprimer le
Les valeurs de E à 20 °C de matériaux courants sont les suivantes débit d'air entrainé par une flamme et un panache, exposées au chapitre
5). FISBA est ainsi un modèle de zones évolué, qui permet d'estimer
Tableau 13.2 l'évolution de la gravité de la situation de personnes exposées, et de
calculer des sollicitations thermiques à des solides combustibles (aspect
Aciers Béton Bois Verre
"réaction au feu") ou non combustibles (aspect "résistance au feu"), pour
non armé
des débits calorifiques allant, pour une pièce courante par exemple, de 10
E(Pa) 21 10 10 101 0 1,5 10 10 7 10 10 KW à plusieurs MW.

13.4.2.1 les zones du modèle


La variation de E avec la température s'exprime par des lois empiriques
dont, pour l'acier : FISBA appartient à la famille des modèles à deux zones gazeuses, souvent
évoqués dans ce livre. On identifie deux zones de gaz stratifiées dans un
E 0 = I+ 0 local, les zones basse (zb, air frais) et haute (zh, mélange gazeux issu des
(-q )-
0:S:0:S600° C:
Eo flammes, des panaches, et des sources de pyrolyse).
4605log 1 0
llOO Le monde extérieur au local est découpé en six zones volumiques : les six
faces d'un parallélépipède rectangle peuvent être au contact de milieux
E e 690--0,690 différant par température et pression.
600 :s;0:S:1000 ° C:
Eo 0-53,5 Les surfaces solides (parois, portes, surface-cible exposée d'un
combustible) sont maillées en éléments plus ou moins étendus : chaque
où 0 est la température en °C, et E0 est la valeur de E à O °C. élément de surface est une zone au sens de l'hypothèse de caractéristiques

652 ::CSTB ECSTB 653


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

uniformes sur la zone (température, émissivité). Pour les parois du local, le • Échanges radiatifs gaz/solides : nous avons retenu dans FISBA
maillage le plus simple consiste à distinguer, pour un local plusieurs approches en option, dont
parallélépipédique : le plafond, les parties des quatre murs au contact de □ une approche simple où on pose que tous les échanges
zh, les parties des quatre murs au contact de zb, et le plancher, soit dix
surface/surface impliquant des surfaces en partie haute du local
zones de surface. On peut effectuer un maillage plus fin des parois si on le
s'effectuent par le relais d'échanges entre ces surfaces et la zone de
souhaite, sachant que les échanges radiatifs devront faire participer toutes gaz zh à leur contact.
les surfaces identifiées. Le modèle permet également de calculer un champ
de température dans un solide exposé autre qu'une paroi : une zone de □ approche "SABLIER". L'ensemble des parois hautes (plafond et
"cible" inerte telle qu'un vantail ou un élément de structure, ou de cible parties hautes des murs, c'est-à-dire au-dessus de l'interface entre zb
combustible. Quand une cible combustible est allumée (c'est-à-dire quand et zh) échange du rayonnement thermique avec l'ensemble des parois
sa température de surface dépasse un valeur critique), elle devient un basses (plancher et parties basses des murs), au travers de l'interface
nouveau foyer. horizontale. Le même type d'hypothèse, retenu dans des modèles du
NIST américain est désigné par "extended ceiling".
Les ouvertures de ventilation naturelle du local (portes, fenêtres, ouvrants) □ parois maillées (module RAVEL, développé au CSTB par J. P.
sont verticales ou horizontales. La seule variable d'état relative aux Nicolin). Les parois sont maillées en un nombre quelconque de
ouvertures est un nombre compris entre O (fermeture totale par un rectangles. Le calcul des échanges entre ces mailles, compte tenu du
matériau constituant une zone solide, en bois, en verre, ou en métal) et 1 milieu gazeux qui les sépare, repose sur des intégrations numérique
(pleine ouverture). Les ouvertures non closes ne sont pas des zones à approchées qui ont été confrontées à des calculs plus précis. Le
proprement parler : elles sont définies par leur position, leurs dimensions, temps calcul est naturellement d'autant plus long que le maillage est
et un coefficient empirique d'orifice, fonction de la forme et des dimensions fin.
de l'ouverture.
Des bouches de ventilation mécanique peuvent également être considérées, • La hauteur d'une flamme de diffusion d'axe vertical est calculée selon
une expression tirée de corrélations en fonction du débit calorifique (cf.
en zone haute ou en zone basse.
chapitre 5).

Quelques compléments sur le modèle • Échanges radiatifs flamme/surface. Les éclairements surfaciques dus à
une flamme sont calculés à partir des facteurs de forme (la flamme est
assimilée à un cylindre ou à un cône) et des coefficients d'absorption du
• La masse de CO produit n'est pas calculée théoriquement. Par défaut,
milieu gazeux (cf. chapitre 10). Une fraction d'énergie rayonnée
on suppose que tout le carbone présent dans le gaz combustible
alimentant la flamme s'oxyde en CO2 (et tout l'hydrogène en H2O). (empirique) est répartie uniformément sur les surfaces frontières de la
zone gazeuse basse.
L'entrée en donnée d'une production de CO par un foyer connue
empiriquement permet par contre un calcul direct de dilution de ce gaz • Plusieurs lois d'entrainement d'air par flamme et panache ont été
en zone haute et dans les effluents. D'autres espèces chimiques peuvent incorporées dans le modèle global (cf. chapitre 5).
être prises en compte de la même manière que CO, et donc traitées sans
qu'on tienne compte de la cinétique de et de réaction. L'apport
UL'C,Lucul',� • Pour la plupart des foyers courants, le débit de pyrolyse res.te une
théorique pour améliorer ces points serait très volumineux et donnée d'entrée. Un traitement simple permet cependant de moduler
extrêmement difficile. cette grandeur en fonction de l'éclairement de la zone haute et du taux
d'oxygène.
• La variable caractérisant l'opacité est 1c1 un coefficient global
d'atténuation. Cette variable peut recevoir une valeur empirique ou bien • Contribution de parois combustibles. Une approche simple a été
être calculée à partir d'une donnée empirique relative au foyer : une aire intégrée. La paroi combustible (habillage ou cloison) est maillée en
spécifique de la fumée entrant en zh (voir chapitre 11). rectangles. Sur chaque rectangle on admet l'uniformité de la
température de surface. L'éclairement énergétique de chaque rectangle
• Échanges convectifs gaz/solides : des expressions "pour l'ingénieur" ont est dû à une flamme (par exemple, cylindrique), à la zone chaude, et aux
été utilisées pour l'expression des coefficients d'échange thermique flammes propres au combustible pariétal. Les débits de pyrolyse,
convectif gaz/parois (cf. chapitre 9). La situation du plafond peut être d'entrainement et calorifique sont calculés à l'aide d'expressions
traitée spécialement à l'aide d'expressions empiriques particulières approchées de la vitesse massique de consommation.
prenant en compte l'impact de gaz chauds ascendants (cf. chapitre 9).

654 :CSTB =csrs 655


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 • Modèles globaux de feu de bâtiment

• Mélange de gaz entre zb et zh : 13.4.2.3 Les principales équations


Dans cette option, la zone basse cesse d'être constituée d'air pur. Comme dans le modèle NAT, l'ensemble des équations est découpé en deux
□ Convection gaz/surface : les différences de température entre gaz et sous-systèmes :
surface au contact causent une mise en mouvement du milieu
gazeux, vers le haut ou vers le bas selon le signe de la différence. Le • S1 : concerne l'équation de diffusion de la chaleur dans les solides, pour
débit massique transporté entre zones gazeuses basse et haute est chaque solide (éventuellement multicouche). La résolution numérique
exprimé à partir de corrélations simples. repose sur un schéma aux différences finies.
□ Mélange à l'ouverture verticale : de l'air frais peut entrer en zh puis • S2 : y sont rassemblées toutes les équations différentielles, relatives aux
passer en zb en entraînant du gaz de zh ; une expression simple, bilans en zones haute et basse (masse, énergie, espèces).
établie à partir de l'hypothèse d'un foyer virtuel, estime le débit
entraîné. La justification de ce découpage repose sur la différence des temps
caractéristiques entre la conduction thermique et les phénomènes décrits
• Interaction foyer/mur. L'influence de la proximité d'une paroi verticale en milieu gazeux. Les équations du sous-système S1 sont intégrées moins
(ou d'un coin) sur le débit d'entraînement d'un foyer a été décrite fréquemment que celles de S2.
simplement à partir de considérations géométriques (miroirs,
troncatures). Sous-système S1
• Interaction panache/panache : une approche géométrique gross1ere Le schéma aux différences finies utilisé est classique, soit explicite, soit
traite cette interaction entre panaches d'axe vertical en retirant du débit implicite (cf. chapitre 8). Le nombre de températures à calculer peut être de
entraîné, supposé d'abord en milieu infini, une fraction proportionnelle plusieurs centaines (avec 5 zones de parois hautes, 5 zones de parois
à l'aire d'un cône découpé par intersection avec un cône voisin. basses, et 40 noeuds dans l'épaisseur de chaque paroi, 400 températures
sont à calculer, donc 400 équations à intégrer).
• Évolution de l'état des ouvertures :
□ Le bris de vitrage ou le percement d'une porte ou d'une cloison sont
approximativement pris en compte à partir de la valeur de la Sous-système S2
température atteinte et de lois de comportement empirique. Parmi plusieurs possibilités, on a retenu dans le modèle FISBA les
□ Des modifications de l'état des ouvertures ou bouches de ventilation variables de base suivantes :
forcée peuvent être introduites à des instants choisis.
e la masse de zone basse mz8,
• Combustion en zone haute :
□ On peut rencontrer simultanément des gaz combustibles (imbrûlés, • la masse de zone haute TrlzH,
ou produits de pyrolyse en zh) et de l'oxygène (non consommé dans @ l'énergie interne de la zone basse U28,
une flamme, ou entrant par une ouverture) dans la zone haute. Une
approche de bilan sur les concentrations et les flux permet e l'énergie interne de la zone haute Uzw
l'estimation d'un débit calorifique par combustion en zh. Le modèle
suppose instantanés le mélange et les réactions chimiques. Le calcul e des variables de base "chimiques" : dans l'option la plus simple de
d'un nombre de Damkohler permet de corriger grossièrement le FISBA, ces variables concernent la zone haute : la masse d'oxygène, la
terme source obtenu. masse d'imbrûlés, la masse de gaz carbonique, et l'opacité. Une option
permet d'introduire l'hypothèse d'un mélange entre zb et zh dû aux
échanges thermiques convectifs entre gaz et paroi qui causent des
mouvements de gaz ascendants ou descendants. Si on retient l'option de
mélange entre zones haute et basse, on peut introduire pour la zone
basse les 4 variables "chimiques" de même type que celles relatives à la
13.4.2.2 Les échanges entre les zones zone haute.
Le paragraphe 13.1 et la figure 13.1 présentent les échanges entre zones. 82 comprend donc :
□ option de base, 8 équations différentielles,
□ option plus complète, 12 équations différentielles.
656 :CSTB ::.;;csrs 657
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

L'écriture des équations différentielles est, comme pour NAT, de la forme: Bilan massique en zone haute

dt
= fi (t, Xi , ... , Xi, ... , �), pour la zone n° i. dt
= somme algébrique des débits aux ouvertures, exutoires
et bouches de ventilation mécanique,
Les membres de droite sont des sommes de terme flux. Les échanges
radiatifs, très nombreux, conduisent à beaucoup de termes de flux.
+ débits massiques fournis par flammes et panaches,
Plusieurs options permettent de choisir une représentation et un + (éventuellement) débit de pyrolyse sans flamme depuis
traitement numérique plus ou moins fins de ces échanges. un matériau présent en zh,

Variables déduites
+ (option) somme algébrique des débits massiques
convectés le long des murs.
Une fois calculées (à chaque pas de temps) les variables précédentes, on
déduit d'autres variables Bilan énergétique interne en zone basse
dUZB =
• Température des zones haute et basse : à partir de m et U on déduit T somme algébrique des flux enthalpiques aux ouvertures,
pour les deux zones de gaz zb et zh selon dt
exutoires, et bouches de ventilation,
½ mi cv (Ji - Tréf) flux d'enthalpie correspondant à l'entrainement dans
flammes et panaches,
(c;, a reçu dans ce modèle une valeur constante, ainsi que r et Cp-)
puissance perdue par échange convectif gaz/parois,
• La déduction de la hauteur de l'interface est effectuée en exploitant la
continuité de la pression à ce niveau, compte tenu du fait que le volume + terme de travail correspondant au déplacement de
intérieur du local reste constant. l'interface,

® Les autres variables (des flux, des aires de surfaces, etc.) sont + (option) flux d'enthalpie net correspondant au mélange
calculables par appel à un sous-programme spécialisé qui fournit ces entre zones par écoulement gazeux le long des murs,
résultats à un instant choisi. + fraction en zb du terme source initial en accord avec la
température du local avant feu.
Bilans des échanges
Les bilans et les échanges entre zones correspondent aux approches Bilan énergétique en zone haute
présentées aux paragraphes 13.2 et 13.3. Nous donnerons ici une dUzH =
somme algébrique des flux enthalpiques aux ouvertures,
présentation qualitative. dt
exutoires, et bouches de ventilation,
Bilan massique en zone basse + puissance calorifique amenée par flammes et panaches,
d mzB
dt
= somme algébrique des débits massiques aux ouvertures, + (option) terme source correspondant à la pyrolyse d'un
exutoires, et bouches de ventilation mécanique, combustible en zone haute,
puissance perdue par échange convectif gaz/parois,
débits massiques entraînés en zb par flammes et
panaches, puissance perdue nette par échanges radiatifs,
+ (option) somme algébrique des débits massiques + terme correspondant au déplacement de l'interface,
convectés le long des murs, de zh vers zb ou de zb vers
+ (option) flux d'enthalpie correspondant au mélange
zh.
entre zones par écoulement gazeux le long des murs,
+ fraction du terme source initial en accord avec la
température du local avant feu.

658 ECSTB 659


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
13 · Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour /Jngénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

13.4.2.4 Le calcul numérique e Initialisations, par exemple :


On obtient un système de nombreuses équations dans lequel o initialisation (en régime stationnaire) des champs de température
avant le feu (schéma au différences finies) dans les parois non
• les variables sont d'ordres de grandeur très différents : de 1 à 1000 ; ouvrantes du compartiment. Les six parois du local peuvent être
• les temps caractéristiques des phénomènes sont très dispersés. Par différentes et multicouches.
exemple, le temps caractéristique d'établissement de la pression dans le o calcul de la valeur initiale du champ de température dans les
local est très petit devant celui nécessaire à l'établissement d'un profil ouvrants opaques ou semi-transparents.
stationnaire dans une paroi ; o initialisation des grandeurs extensives du modèle de zones, masse du
gaz occupant le local, énergie interne du gaz occupant le local, et : de
• les variables sont couplées : plusieurs d'entre elles se retrouvent dans le la masse volumique du gaz occupant le local, de la pression au sol à
membre de droite d'une équation différentielle. l'instant initial, des débits aux ouvertures verticales et/ ou
Un module utilisant la méthode de Gear a été retenu pour résoudre le horizontales ou bouches de ventilation.
système d'équations du logiciel FISBA.
• Intégration des équations différentielles : résolution du système
d'équations différentielles par la méthode de Gear.
Initialisation en régime stationnaire (période précédant le feu)
• Actualisation des grandeurs physiques du modèle à chaque instant t
Avant le démarrage de l'activité d'un premier foyer, le local est déjà l'objet étape d'intégration du système Sl, par pas de temps M:
de transport de gaz et d'échanges d'énergie dus aux échanges thermiques o transfert des valeurs connues à l'instant "f' dans des tableaux
normaux, qu'il faut décrire correctement avant d'y introduire de nouveaux utilisés ensuite pour représenter l'instant qui deviendra "t - tJ.f' ;
termes correspondant au feu. Cette étape correspond au traitement d'un o calcul des champs de température dans l'épaisseur des parois et des
régime stationnaire. solides exposés ; pour des combustibles, le sous-programme décide
de l'activité de la pyrolyse d'une maille de matériau combustible si la
température superficielle dépasse une valeur critique (valeur par
défaut : 700 K).
• Édition de résultats :
13.4.2.5 Le logiciel : modules et leur organisation o Édition des données et des résultats de l'initialisation au début du
Le logiciel écrit en Fortran, comprend une centaine de sous-programmes et calcul.
fonctions. Nous présenterons ici les tâches effectuées par la plupart des □ Édition de résultats au temps courant, par exemple :
sous-programmes du logiciel FISBA, selon leur niveau d'appel depuis le
programme principal, dans le seul but d'illustrer comment le déroulement - la température des deux zones gazeuses,
d'un calcul est articulé dans le logiciel. - la température de surface des parois ouvrantes et non ouvrantes
du local,
Modules du premier niveau - les coefficients d'échanges convectifs du côté face exposée au feu,
- les densités de flux éclairant (éclairement énergétique) et absorbé
• Lecture de données consignées au préalable dans un fichier.
aux parois,
e Choix d'options de calcul, par exemple: - les débits massiques aux ouvertures,
□ valeur du paramètre de pondération du schéma aux différences finies
utilisé pour résoudre l'équation de la chaleur. - la hauteur des zones neutres,
□ traitement ou non-traitement de la combustion en zone gazeuse - la hauteur de l'interface entre zb et zh,
haute. - l'émissivité de la zone gazeuse haute,
• Choix de formats d'écriture des résultats. - la puissance calorifique transportée en zone gazeuse haute,
- la puissance rayonnée par la flamme,
660 =csrs =csrs 661
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATl MENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment

- le rayon de la surface de pyrolyse d'un foyer, • Calcul de l'émissivité de la zone gazeuse haute.
- la fraction massique d'oxygène en zone gazeuse haute,
• Repérage des portions d'ouvrants par rapport à l'interface des deux
- la densité de flux thermique incident au plafond. zones gazeuses.
• Autres sous-programmes du premier niveau: construction et affectation • Traitement des interactions panache/ouverture et entre panaches pour
de matrices et de vecteurs utiles à la résolution de l'équation de la le calcul du débit d'air entraîné.
chaleur.
• Traitement des échanges radiatifs.
Modules de deuxième niveau • Calcul des débits gazeux entrant et/ou sortant aux ouvertures verticales
du local
• Construction de tableaux communs à FISBA et au module de calcul des
échanges radiatifs. • Calcul des débits gazeux entrant et/ ou sortant aux ouvertures
horizontales du local.
• Calcul de la pression au sol et des débits aux ouvertures du local.
• Calcul des débits gazeux entrant et/ou sortant aux bouches du local
• Expression des variables déduites et des termes flux qui sont les reliées à un circuit de ventilation mécanique.
membres de droite des équations différentielles.
• Calcul des coefficients d'échange thermique convectif (entre gaz et paroi
• Calcul: non ouvrante) pour les surfaces exposées au feu.
□ de la masse volumique, • Calcul des pertes énergétiques de la zone gazeuse haute par transfert et
□ de la pression moyenne de chacune des deux zones gazeuses, par transport d'énergie.
o de la température de chacune des deux zones gazeuses.
• Calcul des fractions massiques d'oxygène et d'imbrûlés en zone gazeuse
• Fourniture du débit de pyrolyse d'un foyer à l'instant courant. Le débit haute. Calcul (optionnel) de la puissance calorifique délivrée par
de pyrolyse peut être obtenu à partir d'une interpolation dans une suite combustion en zone gazeuse haute.
de valeurs données, ou bien d'une représentation analytique résultant
de l'association de deux demi-gaussiennes où les coefficients sont • Calcul de la température d'un ouvrant de faible épaisseur et transparent
empiriques. au rayonnement dans le spectre du visible.

• Calcul des sollicitations thermiques (issues d'une flamme et de la zone • Calcul de la température d'un ouvrant opaque où le rapport de
gazeuse haute) sur chaque maille de surfaces combustibles exposées. l'épaisseur à la conductivité est petit devant l'inverse du coefficient
Appel des modules de calcul des facteurs de forme. d'échange convectif.

• Fourniture au module appelant des débits massiques de pyrolyse pour El Calcul du champ de température dans les barrières des ouvertures
chaque maille d'une paroi combustible, description des flammes closes {selon la nature de cette barrière).
alimentées par les mailles, calcul du débit global d'entraînement en zone
gazeuse basse. Modules du troisième niveau
• Fourniture au module appelant, en fonction du débit de pyrolyse et à
l'aide d'une loi de corrélation simple, de la hauteur d'une flamme. • Calcul de facteurs de forme, par exemple :
□ facteur de forme entre un cylindre vertical et une surface
• Calcul: élémentaire parallèle à l'axe du cylindre ;
□ du débit d'air entraîné par la zone de flamme et de panache, □ facteur de forme entre un rectangle horizontal (interface) et un
o de la puissance rayonnée par la flamme, élément de surface verticale (une maille de paroi combustible).
o de la puissance calorifique transportée en zone gazeuse haute.
• Calcul du débit massique d'air entraîné dans flamme et panache, selon
• Calcul des aires des parties haute et basse des parois fixes, non plusieurs options.
ouvrantes, du local.

662 =csrs 663


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BAT/MENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour lïngénieur

Tableau 13.3- Exemple de simulation avec FISBA:


• Calcul de l'aire des parties hautes et basses des parois fixes du local. Le données, options, et initialisation
module est appelé si on utilise le sous-programme RAVEL. Plusieurs
modules sont aussi appelés par RAVEL pour calculer des distances et GÉOMÉTRIE DU LOCAL
des flux de chaleur échangés. XPIE Dimension de la pièce selon Ox 4,20m

YPIE Dimension de la pièce selon Oy 3,20m


13.4.2.6 Applications pratiques visées
Un premier foyer est allumé dans un local. FISBA est utilisable par
exemple pour prédire les sollicitations thermiques pouvant solliciter des
personnes ou divers types d'objets, NBFOY
SOUPYR La façon de décrire le débit de pyrolyse
• qui peuvent devenir de nouveaux foyers. Dans ce cas, on simule
l'évolution du feu dans le but d'évaluer les conditions auxquelles des SOUPYR 1 fonction gaussienne
SOUPYR= 2 données tabulées (fichier DEBPYR.DAT) 2
personnes, des équipements, des éléments de structure, peuvent être
soumis. La simulation de l'allumage d'un produit combustible ATM Constantes caractéristiques de la gaussienne
correspond à des aspects de réaction au feu. BTM (si SOUPYR = 1)
CTM ATM :Valeur maximale du débit de pyrolyse
• ou qui sont sensibles à l'échauffement. On pense à nouveau à des DTM
éléments de structure (chauffés ici à partir d'un foyer initial qui peut ETM BTM :Coefficient de croissance de la gaussienne
être faible, et non par un "gros feu" comme dans le modèle NAT), et CTM :Instant où la fonction atteint son maximum
également à des "cibles sensibles", telles que câbles, appareils, etc. DTM :Instant où la fonction décroît
ETM :Coefficient de décroissance de la gaussienne
FISBA, comme NAT, peut également fournir l'éclairement énergétique hors
du local, qui passe par une ouverture et peut solliciter un objet extérieur.
NBOV Nombre d'ouvertures verticales 1

ARGOV Largeur des ouvertures verticales (m) 0,80

ZA Hauteur de l'allège des ouvertures verticales (m) 0,00

13.4.2.7 Exemple de simulation ZL Hauteur du linteau des ouvertures verticales (m) 2,00

Le local est une pièce de 4,20 m x 3,20 m au sol dont la hauteur sous cov Coefficient d'orifice de la loi de BERNOULLI 0,7
plafond est de 2,37 m. Elle est percée d'une porte centrée sur le petit côté PPOUV Coordonnées du centre des ouvertures verticales (m) 4,2
de la pièce, de 80 cm de large et de 2 m de haut. 1,6
Le foyer est un bûcher de bois de sapin de section carrée (51,3 cm x 51,3 1,0
cm) de hauteur 32,5 cm, et placé à 80 cm au-dessus du sol, à ETOV État des ouvertures verticales
l'emplacement du centre du plancher. La mesure en continu de sa perte de ETOV 0 Ouvrant ouvert
poids a été réalisée au cours de l'expérience, fournissant la vitesse 0
ETOV 1 Ouvrant fermé
massique de consommation utilisée en donnée d'entrée (figure 13.6).
L'expérience a été réalisée au CSTB par B. Hognon, en 1981. NHOR Nombre d'ouvertures horizontales 0

Les données d'entrée, les options retenues, et les résultats du calcul XHOR Dimension selon Ox des ouvertures horizontales (m)
d'initialisation, sont décrits au tableau 13.3. YHOR Dimension selon Oy des ouvertures horizontales (m)
La version de base de FISBA, à partir de laquelle nous avons réalisé
plusieurs logiciels dédiés à des problèmes spécifiques, a été utilisée ici.

664 665
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
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13- Modèles globaux de feu de bâtiment

Tableau 13.3 (suite) Tableau 13.3 (suite)

ÉCHANGES RADIATIFS
GESTOV Gestion de l'état des ouvrants des ouvertures verticales
GESTOV = 1 L'état initial reste inchangé
ISEMB Choix du module de traitement des échanges radiatifs
GESTOV = 2 L'état des ouvertures change au cours du ISEMB = 1 Modèle du sablier
temps. A chaque instant choisi, une ISEMB 2 Module RAVEL
ouverture déjà définie change d'état. Les ISEMB = 3 Pas d'échanges radiatifs 4
dimensions des ouvertures restent ISEMB 4 Module ERAYSI
inchangées au cours du temps. 1
(relais des échanges par la zone haute)
GESTOV 3 L'état des ouvertures change au cours du
temps. A chaque instant choisi, l'état des
EMMOV Emissivité de l'ouvrant ouvert 1
ouvertures varie et les dimensions des EMFOV Emissivité de l'ouvrant fermé côté intérieur 0,4
ouvertures peuvent varier (configuration
de percements successifs de l'ouvrant). EMEX Emissivité des faces extérieures aux parois 1

ENTRAÎNEMENT D'AIR ET PUISSANCE CALORIFIQUE EMPRAV Emissivité des faces intérieures aux parois 0,9

ILENT Le type de la loi d'entraînement d'air XKH Coefficient d'absorption de la zone gazeuse haute (m-l) 1
en zone gazeuse haute
XKB Coefficient d'absorption de la zone gazeuse basse (m-1) 0
ILENT 1 loi de ZUKOSKI
ÉCHANGES CONVECTIFS
ILENT = 2 loi de HARVARD source réelle
loi de HARVARD source virtuelle
ICONV Les valeurs des coefficients d'échanges convectifs
ILENT 3
intérieurs sont constants ou variables.
ILENT = 4 loi de MAC CAFFREY 3
ICONV = 1 Les valeurs des coefficients restent égales à
ILENT = 5 loi de l'ENSMAP celles choisies initialement 2
ILENT 6 loi de source linéaire
ICONV = 2 Les valeurs évoluent au cours du temps
ILENT 7 loi de gros feu selon des lois empiriques
ZFL Hauteur de la surface de pyrolyse (m) 1,125 RDGHOV Valeur initiale du coefficient d'échange convectif à la
5,0
paroi intérieure de l'ouvrant en position fermée (W/ m2/ K)
HCF Chaleur de combustion (MJ/kg) 17,3

HCV 3,0 BEX Valeurs initiales des coefficients d'échange convectif aux
Chaleur de vaporisation (MJ /kg) 5,0
six faces extérieures des parois de la pièce (W/m2 /K)
FRAYFL Fraction rayonnée de la puissance calorifique fournie par 0,20
la combustion du foyer

STOAF Rapport de richesse 5,73


ICAL Approche différences finies ou modale de la diffusion de
RFLMIN,R Variation de l'aire de la surface de pyrolyse. la chaleur dans les parois du local
FLMAX RFLMIN: Rayon minimal de la surface de pyrolyse (m) 0,50 ICAL 1 Approche différences finies 1
RFLMAX: Rayon maximal de la surface de pyrolyse (m) 0,50 ICAL = 2 Approche modale

JBUS Combustion en zone gazeuse haute POND Valeur du coefficient de pondération du schéma général
aux différences finies. Ce coefficient intervient également
JBUS 1 Combustion en zone gazeuse haute prise en
dans l'approche modale ainsi que dans le traitement de
compte 2
la conduction dans les ouvrants en bois.
JBUS = 2 Aucune combustion en zone gazeuse haute
POND O Schéma explicite
POND = 1 Schéma implicite 0.5
POND = 0.5 Schéma de CRANK-NICOLSON

NP Nombre de parois de natures différentes 3

666 :CSTB :CSTB 667


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment

Tableau 13.3 {suite) Tableau 13.3 (suite)

NMXTRA Nombre maximal de matériaux constitutifs d'une paroi NCOV Pour les ouvrants en bois, nombre de noeuds du maillage -
2
du local de l'ouvrant
NM Tableau contenant pour chacune des NP parois le 2 MU Pour les ouvrants en bois, raison de la suite géométrique -
nombre de matériaux la constituant 1 servant à calculer la position des noeuds du maillage
1 RÉSULTATS DE L'INITIALISATION (ÉTAT STATIONNAIRE)
COND Conductivité des matériaux constitutifs des parois du 0,8 Pertes conductives au plancher (W) 72
local. Le classement est celui de NM pour chacune des 1,0
NP parois de natures différentes (W/m/K). 1,0 Pertes conductives aux murs (W) 205
0,8 Pertes conductives au plafond (W) 78
MASV Masse volumique des matériaux constitutifs des parois 2060 Pertes enthalpiques aux ouvertures horizontales du plancher (W)
du local (Kg/m3). 2310
2310 Pertes enthalpiques ouvertures verticales des murs (W) 594
2060 -
Pertes enthalpiques aux ouvertures horizontales du plafond (W)
CHMA Chaleur massique des matériaux constitutifs des parois 850
Pression au sol à l'intérieur du local (Pa) 101324,9
du local (J/Kg/K). 1300
1300 • Température pariétale des murs (K) 289,95
850
1 Débits aux ouvertures verticales du local (kg/s) 0,200
EPAI Épaisseur des matériaux constitutifs des parois du local 0,05
0,10 Hauteur de la zone neutre (m) 1,00 m
(m)
0,10 : Température initiale de l'air à l'intérieur du local, donnée, (K) 291
0,10
Température initiale de l'air à l'extérieur du local, donnée, (K) 288
NOEU Nombre de noeuds du maillage des matériaux constitutifs 20
des parois du local 30 i Masse volumique initiale de l'air à l'intérieur du local (kg/m3) 1,20
30 Température des ouvrants (K) 288
30
· •· '•.·'.•,•••·•.·•· ;. ,• ,,·:· ······ ··:• .· ..r:::\i:'>>':\;:.<>:>' . .. ·� . ./' ;>..é/.:; <
; >:1;;>;;: ;,.;/!'.
NATOV Nature du (ou des) ouvrant(s) du local
NATOV = 1 Ouvrant en verre 1

NATOV= 2 Ouvrant métallique 1


NATOV = 3 Ouvrant en bois Les figures suivantes présentent plusieurs des résultats fournis par la
simulation
DUCOV Conductivité des matériaux constitutifs des ouvrants
(W/m/K) ® figure 13.6 : on y a représenté la vitesse massique de pyrolyse de l'objet
en combustion, issue d'une mesure de sa perte de masse en fonction du
RHOOV Masse volumique des matériaux constitutifs des ouvrants 2400 temps. Rappelons qu'il s'agit d'une donnée d'entrée pour la simulation.
(kg/m3)
CPMOV Chaleur massique des matériaux constitutifs des
® figure 13. 7 : la température a été calculée en zones basse et haute. On
1000 peut comparer les résultats de calcul aux résultats de mesures réalisées
ouvrants (J/kg/K)
sur plusieurs chaînes de thermocouples. On observe que la valeur de la
EPCOV Épaisseur des matériaux constitutifs des ouvrants (m) 0,002 température calculée en zb est plus faible que les valeurs fournies par
les thermocouples. Les imperfections du modèle peuvent être la cause
d'une partie de ces écarts, mais il faut signaler que ces thermocouples
recevaient un éclairement énergétique de la flamme qui majore la
température qu'ils indiquent.

668 ECSTB ECSTB 669


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BA TlMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour /'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 Modèles globaux de feu de bâtiment

• figure 13.8 : la hauteur libre sous la fumée, grandeur importante pour 500
X 2,30 m du sol (en retrait de l'ouverture)
• 2,20 m du sol (â proximité de l'ouverture)
évaluer si les conditions sont praticables pour une personne en 450 ■ 1,50 m du sol (à proximitê de l'ouverture}
mouvement, est dans le modèle la hauteur de l'interface entre les zones 400
À 2,30 m du sol (â proximité de l'ouverture)
x: 1,50 m du sol (en retrait de l'ouverture)
zb et zh. Cette grandeur n'a pas été mesurée. Les observations visuelles
9 350
X X • l,00 m du sol (â proximité de l'ouverture)
indiquait un bon accord entre simulation et expérience, de l'ordre de±
î
+ 1,00 m du sol {en retrait de l'ouverture)
-- zone gazeuse haute (calcul)
20cm. 300 X
X • • • • zone gazeuse basse (calcul)

• figure 13.9 : cette figure donne la fraction volumique d'oxygène calculée i 250 X
X

en zh, et comparée à la mesure correspondante effectuée en deux points t


•Ill
200
de prélèvement. _ft 150

100

50

0 300 600 900 1200


temps (s)

25 Figure 13.7-Évolution de la température en zones haute et basse.


Comparaison calcul I mesures

20

1
t 5

..,QI

l
JO
2,5

5
2

f
0
0 300 600 900 1200 1500
!QI 1,5
temps (s)

Figure 13.6-Évolution du débit massique de pyrolyse

'
0,5
(donnée d'entrée de la simulation)

0
0 300 600 900 1200 1500
temps{s)

Figure 13.8 - Évolution de la hauteur libre sous la :zone haute

670 ::,;,,csrs =:csrs 671


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

0,25 �---------------- - - ---------� couleurs emplissant les zones basses et hautes, et l'amplitude des débits
massiques échangés par des flèches de longueur proportionnelle au débit.
ô' 0,2
"' Un graphe d'interactions rappelle de plus quels échanges de masse (et de
chaleur et de fumée) sont traités par la simulation entre les volumes en
� communication. Le post-processeur offre aussi le moyen de tracer
6' 0,15 rapidement l'évolution temporelle de grandeurs calculées dans des volumes
repérés à la souris.
1:1 0,1 Le logiciel exploite un précompilateur de Fortran et est installé sur une

i
I
station de travail dont il exploite des fonctions spécifiques. La durée d'une
3 simulation va de quelques minutes à quelques heures, selon le problème
- calc l u
i ,. 2,20 m du sol ten retrait de l'ouverturel

, 0 u m d so ! {a · pro,a · nu ·,e d e l'o uvrture


e )
2 2

cl: , 5 a
00
traité et la précision demandée.
---+- ---;,---t---t- - ➔ -- i- -+- - ,- �- --, __-;----,...__,_ _,_....,
0 1 1 1
Nous nous limiterons à présenter un exemple tiré de simulations réalisées
0 f--+--+--+-
300 600 -+- -
-+- --+- _ 90 0 _ _ 1200 --,. 1500
en 1994 par X. Bodart (l'auteur de CIFI). On suppose qu'un feu se produit
temps (s) dans le vestiaire (15 m x 5 m au sol, et 2,5 m de hauteur} d'un immeuble
de plusieurs niveaux. Le débit calorifique atteint environ 800 kW à
6 minutes et garde ce niveau jusqu'à 16 minutes. Une grande salle à
Figure 13.9-Évolution de la fraction volumique d'oxygène en zone haute. manger de restaurant (20 m x 33 m au sol, et 2, 7 m de hauteur) se trouve
Comparaison calcul I mesure à l'étage situé au-dessus de celui du vestiaire. Une cage d'escalier (section
5 m x 5 m) permet à la fumée quittant le vestiaire d'atteindre la salle à
manger. Le problème est d'évaluer par simulation la gravité des conditions
dans cette salle à manger.
Les figures qui suivent ne représentent que le local source de fumée, la
cage d'escalier, et la salle à manger, bien que la simulation prenne
également en compte les autres volumes en communication. On suppose
13 .. 4..3 Le modèle et le logiciel CIFI ici que les portes du vestiaire et de la salle à manger sont ouvertes ; la
ventilation est naturelle, par des ouvertures du bâtiment, et le vent est
supposé de vitesse négligeable.
(cf la référence [X. Bodart, 1990})
La figure 13.10 montre l'état normal avant le feu :
Le modèle CIFI est un modèle de zones multivolume : le feu démarre dans
un local qui est en communication aéraulique avec d'autres volumes d'un • la température de l'air dans les différents volumes est voisine de 20 °C ;
même bâtiment, au même niveau ou à des niveaux différents, tels que des
couloirs, des locaux, des cages d'escalier. Si ce modèle est bâti sur les f# les débits d'air en mouvement sont de quelques dizaines de grammes
mêmes hypothèses de base que FISBA et les autres modèles à deux zones par seconde.
gazeuses, le fait qu'il prenne en compte des échanges (de matière, La figure 13.11 montre l'état atteint après 15 minutes de feu, quand le
d'espèces et d'énergie) entre plusieurs volumes rend sa description assez débit calorifique a presque atteint la fin de son plateau de 800 kW
complexe à cause des nombreux couplages qui y interviennent. Le modèle
incorpore de plus la représentation de systèmes de ventilation ou de • dans le vestiaire, la température de la zone haute est voisine de 200 °C
désenfumage naturels ou mécaniques. alors que dans l'escalier elle reste inférieure à 60 °C. Dans la salle à
manger, la température de zone haute est inférieure à 30 °C, mais la
CIFI a été destiné à la simulation de l'enfumage d'un bâtiment (voir le fumée occupe à peu près la mi-hauteur de la pièce. Les débits
chapitre 11}, et permet également le calcul des grandeurs fournies par massiques de fumée et d'air atteignent environ 3 kg/ s là où ils sont les
FISBA dans les différents volumes considérés. plus intenses. Les écoulements représentés tiennent compte de
Le nombre de grandeurs calculées devient assez grand pour qu'une phénomènes d'entraînement de gaz dans les zones gazeuses au
visualisation graphique des résultats soit nécessaire. Le post-processeur voisinage des ouvertures, difficiles à modéliser, et qui n'ont pas été
réalisé fournit des coupes verticales des parties du bâtiment concernées décrits au chapitre 7.
par l'enfumage. On peut estimer la température des gaz à l'aide de

672 ECSTB =csrs 673


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BA TlMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

Cet exemple correspond à un type de feu où les dangers de nature


thermique restent modérés dans un local à protéger, distant d'un local en
feu, alors que les agressions par des gaz toxiques peuvent devenir sévères.

le o gel
13 .. 5 .. 1 Principes de la modélisation de champ

"'""�"
Une analyse détaillée de l'état de l'arl de ces modèles est donnée à la

"'"'��

référence [6, Cox, 1995 et 1996).


Le principe de base de ces modèles est d'exprimer, localement et sous
15 a 1 1 El a mangar [rabattue]! forme instationnaire, les lois d'échange et de conservation de la masse, de

-
� la quantité de mouvement, de l'énergie et des espèces. On résoud
,.,.,�,,.
i,-,.,:�
numériquement les équations de bilan, ceci sans introduire d'hypothèses
� sur l'existence de volumes gazeux particuliers tels que par exemple la zone
lv est i Cl i rel
haute des modèles de zones, ni exploiter de relations empiriques comme
celles citées au chapitre 5. Ce principe s'appuie sur une théorie
!il rigoureuse ; idéalement, il mènerait à des solutions très précises. La
-- ,..,..,.. discrétisation des équations et le choix de la taille des mailles représentant
' les volumes de contrôle élémentaires constituent des causes d'imprécision,
toujours rencontrées quand on veut résoudre des systèmes d'équations
Id ' a s c a 1 1 e ri
aux dérivées partielles, par exemple en "mécanique des fluides numérique"
Figure 13.10 - Situation initiale (avant le feu) (en anglais, "CFD" : computational fluid dynamics). L'étude de ces
questions d'analyse numérique sort de ce cadre ; la référence citée ci­
dessus fournit une liste d'articles permettant d'approfondir, dans le
domaine du feu, ce point difficile. En sus de cette difficulté de calcul,
l'approche des modèles de champ en rencontre une autre, de nature
physique, qui concerne la turbulence. Si, en principe, les équations de
base peuvent inclure les effets des fluctuations des variables liées à la
turbulence, le système qu'on obtient alors n'est pas aisément soluble pour
toutes les échelles de temps et d'espace impliquées dans les phénomènes
liés au feu.
1 sa 1 1 e a mange r

13 .. 5 .. 2 Traitement de la turbulence

Modèles à diffusivité turbulente

(On peut consulter sur ce point la référence : [Delaunay, 1995) dans le tome 1
du "Traité de physique du bâtiment7.)
Ici ' ecs c a I i e ri
Pour pouvoir calculer l'évolution des valeurs moyennes des grandeurs
turbulentes telles que par exemple la pression, la vitesse, ou la
Figure 13.11 - Enfumage de la salle à manger. Situation à 900 s
température, la méthode la plus couramment utilisée est d'introduire un
"modèle de turbulence" fournissant de nouvelles équations, qui, ajoutées

674 =csrs ...... CSTB 675


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

au système précédent, permettent d'arriver à un système complet (on


effectue ainsi une "clôture" du système d'équations). Une démarche
d'ingénierie est d'exploiter les travaux issus d'hypothèses dues à Spalding
et al. au début des années 70. L'idée de base est de représenter où u , v , w sont les trois composantes du vecteur vitesse.
approximativement les phénomènes qui se manifestent à des échelles plus
petites que celle des mailles numériques par l'introduction d'une diffusivité
turbulente.
Le taux de dissipation de l'énergie cinétique turbùlente, noté c, est lié à vt
La valeur d'une grandeur est décomposée en une composante moyenne et
et k selon:
une composante fluctuante avec la notation suivante, sur l'exemple de la
vitesse d'un écoulement

ou bien, pour la pression : où Cµ est une constante.

p=p+p c représente la transformation en chaleur d'une fraction de l'énergie


cinétique turbulente par frottement visqueux du fluide. Il est lié à l'échelle
L'équation de conservation de la masse sur la valeur moyenne des de la turbulence, c'est-à-dire la dimension caractéristique l des tourbillons
composantes du vecteur vitesse s'écrit: par la relation suivante
3
k2
0 l=C -
µ C

ô l peut être calculé à partir de la répartition en fréquence (densité spectrale)


où représente la somme des dérivées partielles spatiales (dans de l'énergie des fluctuations.
&i
chacune des trois directions) selon la convention d'Einstein. k et c sont calculés à partir de deux équations aux dérivées partielles de
transport convectif et diffusif où interviennent quatre coefficients
La conservation de la quantité de mouvement moyenne est exprimée à
l'aide des équations de Navier-Stokes. Pour un fluide incompressible déterminés empiriquement. On peut alors exprimer u;u5 : le système est
clos. Nous retrouverons ces constantes au tableau 13.4.
ôpu; - +-==-[{ôpui -p u;u ]
+� = + 5
a: J &j &i &j &j &i

La résolution de ces deux équations fournit la vitesse et la pression


Autres approches de la turbulence
moyennes si l'on peut exprimer les corrélations entre les fluctuations de
La simulation des grandes échelles (anglais LES : large eddies simulation)
vitesse u;u5. aborde le comportement des tourbillons les plus grands sur un maillage
fin. Les équations du mouvement instantané, résolues en fonction du
On introduit la relation : temps, sont filtrées sur un volume de dimensions supérieures à celles des
plus petites échelles de la turbulence, mais plus petites que l'échelle des
ôpu-1 ôpu j '
[ -,
-, -, 2 fluctuations les plus lentes.
- U·U· = Vt -- + --- kolJ..
&-
1 J
&1 3
J j Ces approches sont en plein développement vers l'application et mettent à
profit la croissance constante des moyens informatiques.
où vt est la "viscosité turbulente", k l'énergie cinétique turbulente par
unité de masse et oij est le symbole de Kronecker ( oij = 0 si i * j et oii = 1
si i j). k est défini selon :

676 :CSTB =csrs 677


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

13 .. 5 ..3 Équations générales des modèles de


champ appliqués au feu de bâtiment
r
Suivant la présentation de la référence [Cox, 1996], on peut donner une
2[( �J +(�r +( �: i
r r r
expression synthétique des équations des modèles les plus utilisés, sous la
forme unique suivante:

ôt
v _
ô(pç5) +� ( ,l,.,.)
ac 1 Pr ,
_!_[r
acJ
tj,
ôç5) =S
ac1 tj, +(: + :-;; +[ i + : +[ i + ;
où p est la masse volumique locale du gaz, V; est la composante du

vecteur vitesse dans la direction j (2 directions en 2-D, 3 en 3-D), __!!_


ôxj
représente la somme des dérivées partielles spatiales (selon la convention et les constantes
d'Einstein qui correspond ici à l'application de l'opérateur divergence), et rp
0i = 1,92
une des propriétés du gaz données au tableau 13.100, rtf, est un coefficient
c� = 2 CD = 0,09
de diffusion généralisé, S est le terme source (ou puits) de la grandeur.
tf,
0k = 1,0
Tableau 13.4 • Nature de </J, r tf,
, et Stf,

rp rprtj, stj,

1 0 0 Modélisation de la combustion
µeff Le choix de garder aux équations de base leur écriture générale locale
ôp Ô ÔVx Ô ÔVy J+ Ô ÔV 2)
Vx
- ÔX + ÔX ( µeff ÔX ) + ÔX ( µeff Ô.X: ÔX ( µeff ÔX s'exprime aussi au niveau de la représentation de la combustion en

Vy /Jeff
ôp Ô ÔVx
- ÔX + ÔX ( µeff ôy J + ÔX
Ô
( µeff
ÔVy
ôy
J Ô
+ ÔX ( µeff
ÔV2
ôy J
flammes de diffusion : mise en contact des réactifs, réactions, production
de chaleur et d'espèces. La turbulence est ici encore à représenter. On fait
généralement l'hypothèse que la diffusivité moléculaire des espèces reçoit
la même valeur quelle que soit l'espèce. La concentration locale d'une

J
µeff espèce est écrite sous la forme adimensionnelle d'une fraction de mélange à
ôp Ô ÔVx Ô ÔVy Ô ÔV 2) (
Vz
ÔX ( µeff & ) ( µeff
- ÔX + + ÔX & + ÔX ( µeff & - g P - Poo } laquelle est associée une densité de probabilité.
Nous décrirons brièvement deux des méthodes citées à la référence [Cox,
h µeff / Oh 0 1996]:
f µeff / O"f 0
• La modèle de combustion "eddy break-up" s'appuie sur des travaux de
µeff / 0Yf Spalding, Magnussen, Hjertager, Bilger, etc. On suppose que la variance
Yr t: . Y0 YP
-p-mm[CR Yf ,CR-,CR · -- ]
,
K r 1+ r des fluctuations de concentration d'une espèce est proportionnelle à sa
moyenne temporelle et que la vitesse de sa production ou de sa
µeff / 0k consommation est régie par la concentration de celui des deux réactifs
Gk - p &+GB
k
suivants qui est le moins abondant : oxygène ou espèce combustible. La
µeff / Œc
E
f [( G k + GB )c1 - C2pE] durée des réactions est posée nulle ; on obtient les concentrations de
produits en se donnant des rapports stoechiométriques, ou bien en
supposant atteint l'équilibre thermodynamique.

678 =csrs =csrs 679


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 . Modèles globaux de feu de bâtiment 3 Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13- Modèles globaux de feu de bâtiment

• La méthode des flammelettes (due à Peters) : on suppose que les les méthodes numériques
réactions ont lieu dans des flammelettes minces incorporées au champ
d'écoulement turbulent. Les relations entre la composition chimique L'objectif de concilier une précision convenable des résultats avec un
instantanée et la fraction de mélange sont tirées de mesures sur des temps calcul réaliste et en évitant de se heurter à des problèmes de
flammes laminaires. La méthode permet de tenir compte de la cinétique convergence ou de stabilité a stimulé la mise au point de méthodes
des réactions chimiques. numériques diverses. Ici encore, la physique du feu profite des travaux de
combustion ou de mécanique des fluides poursuivies dans d'autres
Ce domaine fait l'objet de recherches en cours. domaines d'application. La question de la discrétisation des équations est
abordée, très sommairement, au chapitre 8, sur l'exemple de l'équation de
les échanges radiatifs la chaleur.

Les échanges d'énergie par rayonnement thermique dépendent de


caractéristiques des milieux impliqués et sont en principe fonction de la
direction et de la longueur d'onde (cf. chapitre 10). Le grand nombre de
13 ..5 ..4 Les applications
volumes de contrôle (de mailles) introduits dans un modèle de champ
ajoute à ces difficultés de base l'obstacle d'avoir en principe à traiter un L'application des modèles de champ à des problèmes de sécurité se
nombre considérable d'échanges. La composition, locale et variant au développe de plus en plus, en particulier en Grande Bretagne, surtout pour
cours du temps, en espèces gazeuses et en suie est de plus dépendante des des simulations d'enfumage. Ces modèles seront sans doute couramment
modèles de combustion et de turbulence. Des approches relativement exploités dans quelques années grâce au progrès des moyens de calcul. Les
simples sont donc entreprises pour rendre possibles des calculs pratiques. difficultés rencontrés dans tous les types de modèles, en particulier pour la
On peut citer ici : prédiction de la formation des espèces chimiques peu abondantes et celle
des caractéristiques de la suie sur des bases seulement théoriques ne
• les méthodes "de flux" (Patankar et Spalding) : on admet que la pourront sans doute pas être résolues à moyen terme.
luminance spectrique est uniforme dans des intervalles d'angle solide
pour obtenir des équations différentielles ordinaires sur des valeurs
moyennes de la luminance. Un intérêt est d'exploiter des méthodes
numériques connues. Dans son application simple, ces méthodes
présentent l'inconvénient de ne considérer que des directions d'échange
associées à celles des axes du repère du maillage. Des améliorations sur
ce point exploitent des développements en série.
@ la méthode du "transfert discret" (Lockwood et Shah). On "tire" de
chaque centre des volumes de contrôle des rayons dont le nombre et les
directions sont donnés en fonction de la précision désirée. La luminance
est supposée uniforme dans l'angle solide entourant chaque rayon.

Modélisation de la production de gaz combustible


par pyrolyse
La représentation de la pyrolyse fait intervenir des phénomènes
interdépendants thermiques, physiques, chimiques et mécaniques. L'effort
de recherche à accomplir demeure important pour traiter scientifiquement
ce sujet, aujourd'hui abordé de façon approximative et empirique (cf.
chapitre 5). Le couplage entre une approche fine (théorique, locale et
instationnaire) de ces phénomènes en milieu condensé et les approches de
champ relatives aux phénomènes du milieu gazeux a besoin de la
poursuite de travaux de base. On peut citer sur ce point la référence [Di
Blasi 1996].

680 :::.:csrs SCSTB 681


TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment
13. Modèles globaux de feu de bâtiment

• La simulation numérique des phénomènes physiques du feu ne permet


pas donc de fournir un nombre caractérisant le niveau de sécurité d'un
bâtiment.
• L'utilisation d'un logiciel bâti sur un modèle de feu permet par contre, à
partir de données (sur le bâtiment, son activité, son environnement,
etc.) et d'hypothèses sur la présence et les caractéristiques de foyers
potentiels liés à l'activité poursuivie, de fournir des grandeurs qui
peuvent être analysées en termes d'atteinte à la sécurité
□ à l'aide de critères de "tenabilité" tels que ceux décrits au chapitre 1;
La place du calcul en sécurité contre :1 à l'aide d'exigences réglementaires de base appliquées sur les
rincendie résultats de simulations (par exemple en termes de durée de
stabilité).
de
La sécurité contre l'incendie dans les bâtiments repose sur l'application • Les études de sécurité profitant des moyens de la simulation numérique

plusieurs textes réglementaires dont le contenu est lié à l'activi permettent ainsi de proposer des solutions adaptées à un couple
bles de
poursuivie (Habitations, Établisser:ients recevant du public, Immeu bâtiment/ activité.
textes
grande hauteur, lieux de travail, Etablissements classés, etc.). Ces Nous ne pouvons pas donner ici une présentation détaillée d'une situation
en confor mité en
réglementaires, de nature prescriptive, visent à une mise évolutive et complexe où l'approche scientifique du feu n'est pas la seule à
s à mettre en oeuvre ,
fournissant essentiellement une description de moyen considérer dans le contexte de la sécurité, et nous nous limiterons à
é à satisfaire. Les
et non en définissant des objectifs de sécurit présenter simplement, sous la forme de quelques exemples, comment on
connaissances à la base de ces textes résultent d'une longue accumulation utilise des modèles physiques de feu pour définir les moyens d'une mise en
ts.
d'informations scientifiques, empiriques, techniques et d'avis d'exper sécurité, et quels types de cas concrets ont été traités avec leur utilisation.
lée de calculs n'est pas exclue , la
Même si, en principe, l'utilisation contrô
ts de sécurit é contre l'incen die passe le
résolution des problèmes couran
plus souvent par une applica tion directe de ces textes.
de la
Depuis plusieurs années, la définition et la pratique d'une "ingénierie
sécurité contre l'incendie" {anglais : Fire safety engine ering) se concré tisent Exemples de catégories de problèmes
du
et se manifestent, par exemple dans les pays anglo-saxons et les pays abordables par simulation numérique
Nord de l'Europe, qui exploitent des modèle s de feu. Des codes
des
réglementaires fondés sur l'appel au calcul scientifique pour atteindre
objectifs de sécurité se répand ent à l'étran ger (anglai s : Perform ance based
• Évaluer la stabilité au feu d'un élément de structure.
codes).
L'approche courante actuelle passe un essai conventionnel de résistance
au feu. On peut simuler des sollicitations thermiques réalistes, comme
Il faut rappeler que nous l'avons évoqué au paragraphe 13.4.1.6, pour en déduire par le
calcul si la stabilité de l'élément est suffisante pendant la durée exigée.
des
• La sécurité des personnes, la préservation des biens et le maintien
activités, font interve nir d'autre s aspect s que la physiq ue du feu @ Protéger une "cible" du rayonnement thermique d'une source
légaux, administratifs, économiques, sociolo giques , accidentelle.
(aspects
organisationnels, psychologiques, etc. ) La cible peut être un objet, un appareil, un câble, ... , ou un bâtiment.
• Le "niveau de sécurité" en sécurité contre l'incendie, est un concept flou, La source peut être une flamme, ou l'ensemble des sources de
à
encore non quantifié d'une façon claire et validée, et très difficile rayonnement thermique d'un feu développé. La modélisation de la
quantifier, bien que des experts disposent dans le cadre réglem entaire source, plus ou moins complexe, permet de calculer un carte
d'une connaissance empirique leur permettant une certaine estimation, d'éclairement énergétique et d'en évaluer les conséquences sur la cible
non chiffrée, de ce niveau, ou d'équivalences de niveaux. {allumage, arrêt du fonctionnement, ruine, ...). Si la cible est un chemin

:.=C:STB ECSTfJ 683


682
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13- Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur
13- Modèles globaux de feu de bâtiment

(au sens large) où passent des personnes ou des véhicules, on peut Pour terminer sur l'application aux problèmes
évaluer la praticabilité de ce chemin. Les calculs d'éclairement
permettent aussi de dimensionner des écrans de protection. concrets
• Des champs de pression sont établis dans une configuration �-ace à la c�mpl��té des phénomènes couplés du feu de bâtim
411

compartimentée pour imposer à l'air une circulation en accord avec des 11mme1:se d�vers1te �es c?n�itions initiales, la simulation numé ent et à
ce� phenomenes, meme a 1 aide . rique de
exigences de sécurité ou de propreté. Le feu peut déséquilibrer ces de modèles encore limités, est la seule
champs de pressions, causant des mouvements de gaz non souhaités, et v?1e offerte J:O':r permettre une représentation et des évalu
_ ations
transporter des polluants dans des endroits à protéger. Cette real1stes, en general hors de portée de l'intuition.
formulation très générale peut s'appliquer à des bâtiments où des pièces
• La connaissance des possibilités et des limites des outils
abritant des malades, des locaux industriels où l'exigence d'air propre de
est forte, des laboratoires où on utilise des produits dangereux, des pass� par la compréhension des phénomènes et des hypotsimulation
modeles. hèses des
navires, etc. La simulation numérique permet d'évaluer si les exigences
définies en conditions normales seront encore satisfaites en cas de feu,
et d'aider â définir les moyens à mettre en oeuvre pour qu'elles le soient.
Un champ d'application courant est le contrôle de l'enfumage : les
calculs permettent de définir des moyens efficaces, surtout dans des
configurations complexes.

Exemples de cas concrets étudiés par simulation


numérique
Ces quelques exemples d'études réalisées en France ou à l'étranger ont
pour but de montrer la diversité d'applications effectuées ces dernières
années.
• Contrôle de la fumée dans des atriums, des laboratoires de chimie, dans " La condition de toute compréhension
une gare ferroviaire, dans des aérogares, dans des tunnels, dans une
mine, dans un navire, ... est un recommencement radical »
e Évaluation de la stabilité d'éléments de structure dans des parkings,
dans une gare, ... (Alain)
e Dimensionnement de protections thermiques isolantes : éléments de
structure, câbles, etc.
• Simulations de feux dans des hôtels, des voitures de chemin de fer, des
navires (aspects enfumage et/ou stabilité).
• Conception d'abris contre un feu extérieur.
• Analyse de sinistres a posteriori (hôtels).

684 i!ECSTB i!ECSTB


685
TRAITÉ DE PHYSIQUE DU BATIMENT TRAITÉ DE PHYSIQUE DE PHYSIQUE DU BATIMENT
13 - Modèles globaux de feu de bâtiment 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 3 - Physique du feu pour l'ingénieur 13 - Modèles globaux de feu de bâtiment

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Technology, 39, 1984.

686 :::;csrs 687


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1
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Dépôt légal : 12920 - janvier 2002

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Tome3
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et des praticiens une somme de connaissances acquises, tant par
l'expérience pratique et l'expertise de terrain que par l'approche scienti­
fique fondamentale.
La collection comporte 7 tomes. Le tome 1 «Connaissances de base»
et le tome 2 «Mécanique des ouvrages» sont déjà publiés. Les autres tomes
seront consacrés à des disciplines spécifiques : acoustique et éclairage,
actions climatiques sur les constructions, thermique et aéraulique, hygro­
thermique des enveloppes, ...
Le présent tome 3 concerne le feu dans les bâtiments. L'ouvrage vise à
apporter les bases nécessaires à la compréhension des phénomènes et
présente les grandes lignes d'une application d'une récente ingénierie du
feu à la sécurité des personnes et des biens.
Il est structuré en l 3 chapitres qui traitent les points suivants : les types de
feu et les dommages, la physique des phénomènes de combustion , les
transferts de chaleur, enfin la modélisation globale du feu de bâtiment afin
de simuler pour mieux prévenir. Ce capital de connaissances rassemblées
de façon cohérente et documentée par son auteur, Michel CURTAT, rend
possible la compréhension des mécanismes complexes de la physique du
feu et leur exploitation.
Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment a pour mission de contri­
buer à l'amélioration de la qualité des bâtiments, tant sur le patrimoine bâti
que sur le neuf. La sécurité, sur tous les plans, constitue une exigence prio­
ritaire, en France et en Europe, qu'il est indispensable de toujours mieux
évaluer et renforcer lorsque c'est nécessaire en traitant chaque cas en
particulier. Les moyens modernes de calcul facilitent cette démarche en
exploitant les principes physiques de base et en les associant. Le présent
ouvrage apporte sa contribution à cette ambition.

CENTRE
SCIENTIFIQUE

UI 111111
ET TECHNIQUE
DU BATIMENT

4, avenue du Recteur-Poincaré 9 782868 913050


F-75782 Paris Cedex 16
Tél.: (33) 01 40 50 28 28 75 €TTC
Fax : (33) 01 45 25 61 51 ISBN 2-86891-305-9

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