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le magazine de l’ANABF

Le Palais de
justice de
Bruxelles : un
géant au service
de la justice
Le XIXe, Un Héritage Encombrant ?

Patrimoine

Architecture Et Patrimoine

Restauration Transformation

Oct. 2017 | 7 minutes


Par Johan VANDERBORGHT Régie
des Bâtiments (Belgique) , Pauline
VACHAUDEZ Régie des Bâtiments
(Belgique)

↑ Dessin du Palais de Justice - © Régie des Bâtiments

Plus qu’un lieu où l’on rend la justice, le Palais de justice de


Bruxelles est aussi un lieu d’histoire. Cet édifice, l’un des plus
remarquables du XIXe siècle, fut conçu par l’architecte Joseph
Poelaert et inauguré en 1883. Ce monument emblématique du
paysage bruxellois était à l’époque le plus grand bâtiment d’Europe.
Classé monument historique depuis mai 2001, il est la propriété de
l’État fédéral belge et est géré par la Régie des Bâtiments. Fin 2016,
le gouvernement fédéral belge a décidé de l’affecter à 100% aux
services de justice bruxellois.

Toutes les grandes villes du XIXe siècle ont construit des bâtiments destinés à montrer
leurs puissances économiques et culturelles, mais aucun n’est comparable au Palais de
justice de Bruxelles. L’originalité du bâtiment, les dimensions exceptionnelles et le
langage architectural de Joseph Poelaert font du Palais de justice un monument unique
au monde. Au XIXe siècle, il était d’ailleurs considéré comme le plus grand bâtiment
d’Europe, plus encore que le Vatican à Rome.
↑ Vue aérienne du Palais de justice. © Régie des Bâtiments
↑ Buste de Joseph Poelaert. © Régie des Bâtiments

Plus de 150 ans d’histoire

En 1860, une commission proposa d’organiser un concours international d’architecture


pour la construction du Palais de justice. Cependant, aucun des avant-projets introduits
ne convainquit le jury.
En 1861, Victor Tesch, Ministre de la Justice de l’époque, choisit l’architecte Joseph
Poelaert pour réaliser l’édifice. La première pierre fut posée le 31 octobre 1866.
L’inauguration eut lieu 17 ans plus tard, le 15 octobre 1883, alors que l’architecte
Poelaert était décédé depuis quelques années.

Des dimensions exceptionnelles


↑ Salle des pas perdus. © Régie des Bâtiments.

D’une longueur de 186 mètres, d’une largeur de 177 mètres et d’une hauteur de
116 mètres, le bâtiment compte une superficie de 26 000 m². Cet imposant rectangle
est dominé par une coupole massive (24 000 tonnes) juchée à une hauteur de
142 mètres. Les dimensions de la salle des pas perdus sont également exceptionnelles :
90 mètres de long, 40 mètres de large et 80 mètres de haut. Une étoile à 16 branches
en marque le centre.
↑ Incontournable dans le paysage bruxellois, le Palais l’est tout autant dans l’oeuvre de François Schuitten et
notamment dans son album Brüsel. © « Cités Obscures » de François Schuiten et Benoît Peeters. Avec l’aimable
autorisation des auteurs et des Éditions Casterman. www.casterman.com

L’architecte opta résolument pour le style gréco-romain, ce qui ne l’empêcha pas de


créer une œuvre très originale. Il employa, de plus, des techniques de construction très
performantes au moment de sa conception. Les pierres utilisées, pour la plupart
d’origine belge et française, donnent au Palais de Justice une polychromie variée. Le
bâtiment impose par son volume en pierre, mais derrière se cache une construction en
fer.

Situation sur les hauteurs de la ville

Le Palais de justice est situé sur un plateau en forte déclivité. Afin de compenser cette
différence de niveau et de faciliter l’accès au bâtiment, l’architecte décida de réaliser
une grande terrasse, qui renforce la position du bâtiment. Le Palais de justice a été
érigé sur l’ancien “Galgeberg” (Colline des Potences), lieu où les malfaiteurs étaient
pendus et exposés pour l’édification des foules.
La différence de niveau de 20 mètres entre la ville haute et la ville basse exigea des
travaux de nivellement de grande ampleur. L’ingénieur François-Joseph Wellens, du
ministère des Travaux publics de l’époque, veilla à ce que les plans dessinés soient
réellement exécutés. Pour réaliser le projet sur le plan technico-architectural, il dut
faire preuve de beaucoup d’ingéniosité. C’est ainsi qu’il eut déjà recours au fer et au
métal, notamment pour le grand portique d’entrée et pour l’imposante coupole.

Façade principale place Poelaert

Le porche de la façade avant est entouré d’un péristyle composé d’une double
colonnade de colonnes doriques. Les pavillons d’angle abritent les Cours de Cassation
et d’Appel. On y accède, de part et d’autre du porche monumental, par deux escaliers
d’honneur et par une grande galerie. La porte de bronze fut réalisée en 1896 et
remplacée par une copie en 1932.

Espace d’art

Près de 105 portraits sont exposés au sein du Palais de justice. Magistrats, avocats,
procureurs, conseillers, hommes d’état, rois, ducs, barons, architectes, écrivains ou
encore professeurs. Certains d’entre eux auraient aujourd’hui plus de six siècles.
Discrets mais bien présents, ces résidents sont là pour nous rappeler au quotidien
l’histoire de la Belgique et l’importance de la justice. Avec plus de 170 œuvres d’art, le
Palais de justice n’est pas seulement le représentant de la loi, mais est également un
lieu rempli d’artistes, qui nous rappelle de ne pas oublier le passé.

Coupole

Le 3 septembre 1944, à la fin de la Seconde guerre mondiale, vers 12 heures 30, les
Allemands mirent le feu à la coupole qui s’effondra. Dans les sous-sols du Palais de
justice, des bombes incendiaires explosaient, détruisant la partie arrière du bâtiment.
Le conservateur du Palais de justice de l’époque, Albert Storrer, a conçu et coordonné
tous les travaux de réparation et de reconstruction. Trois ans plus tard, les dégâts
étaient entièrement réparés et la coupole s’élevait 2,5 mètres plus haut qu’à l’origine.
↑ Coupole rénovée. © Régie des Bâtiments.

Restauration de la coupole

L’État belge entreprend des travaux depuis de nombreuses années, mais l’immensité du
bâtiment rend le travail extrêmement complexe à réaliser. Les premiers échafaudages
ont été placés au milieu des années 80 pour exécuter des travaux de sécurité et de
restauration autour de la coupole.
En septembre 2002, l’antenne Eurovision (17 mètres) a été démontée et le
recouvrement en cuivre de la coupole renouvelé. Les éléments ornementaux (têtes de
lion, flambeaux, couronnes de fleurs, feuilles de laurier, volutes, étoiles, feuilles
d’acanthe) ont été refaits, sur la base des éléments ornementaux originels, dans un
atelier artisanal hongrois. A l’intérieur de la coupole, tous les éléments ont été rétablis
comme autrefois.

2010 : étude historique


L’étude historique du Palais de justice de Bruxelles a été réalisée en 2010. Il existait
déjà des études consacrées à certaines parties du Palais de justice, mais une étude
globale faisait défaut. Environ 1000 plans originaux ont été intégrés dans cette étude
globale. La majeure partie des plans provient de la période entre 1868 et 1883,
pendant laquelle le Palais de justice a été érigé. Les plans originaux ont été transférés
aux Archives générales du Royaume afin d’être conservé conformément aux normes
archivistiques.

Utilisation rationnelle de l’énergie

En raison de sa taille, le Palais de justice consomme beaucoup d’énergie. Afin de réduire


cette consommation, la Régie des Bâtiments a placé une installation de cogénération.
Celle-ci produit en même temps de la chaleur et de l’électricité et permet une réduction
des émissions annuelles de CO2.

Rénovation des toits plats

La rénovation des toits plats en zinc s’est déroulée en 2 phases : une première en 2006
et une seconde entre 2011-2015. Ces travaux ont permis la rénovation de 20 000 m² de
toits, via un investissement de 4 000 000 €.

Dans le futur

L’Etat belge investit dans la sécurisation et la rénovation de l’édifice, aussi bien à


l’intérieur qu’à l’extérieur. Par exemple, la restauration des façades se déroulera en
plusieurs phases. Le bâtiment devrait être totalement libéré de ses échafaudages à la
fin des travaux de rénovation, en 2026.

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nb : les illustrations sont protégées par le droit d’auteur, elles ne peuvent être utilisées
sans l’autorisation des Editions Casterman S.A et de la Régie des Bâtiments. ; toute
reproduction ou utilisation non autorisée est constitutive de contrefaçon et passible de
poursuites pénales.

Johan VANDERBORGHT Régie des Bâtiments (Belgique)

Pauline VACHAUDEZ Régie des Bâtiments (Belgique)

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