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Gestion des stocks alimentaires dans les communes de Lokossa et de Dogbo

au Sud-BENIN
KOMADAN Marcel (1*), SOULEY Kabirou, (2), Séraphin Mouzoun (3) et
YABI Ibouraïma (4).
1-4 Laboratoire Pierre PAGNEY : Climat, Eau, Ecosystème et Développement
(LACEEDE), Université d’Abomey-Calavi (UAC), Bénin.
2
Universités de Zinder/Niger.
3
Université d’Abomey-Calavi (UAC), Bénin.

Résumé
La gestion des stocks alimentaires en période post-récolte est un aspect
important pour la sécurité alimentaire des ménages ruraux. La présente
recherche vise à analyser la gestion des stocks des produits agricoles
alimentaires et ses implications sur la sécurité alimentaire dans les Communes
de Lokossa et de Dogbo.
La recherche documentaire, les enquêtes et les entretiens auprès de 367 ménages
agricoles ainsi que les observations ont été effectués. Le questionnaire, le guide
d’entretien et la grille d’observation ont été utilisés. Des paramètres de la
stratégique descriptive sont utilisés pour le traitement des données. L’approche
Atouts, Contraintes, Opportunités, Menaces (SWOT) quant à elle est utilisée
pour l’analyse des résultats.
Cette recherche a révélé que le stockage des produits agricoles alimentaires
répond aux enjeux de la sécurisation des produits (91,75 % des répondants), de
la sécurité sociale (73,40 % des chefs de ménage) et de la sécurité alimentaire
(100 % des enquêtés). Il permet d’éviter le bradage des céréales à la récolte, le
rachat en soudure, et réguler l’approvisionnement des zones déficitaires en
période de soudure. Mais, le stockage des produits fait face à des difficultés
telles que l’insuffisance de séchage, l’humidité non évacuée qui favorise entre
autres la prolifération des insectes responsables de pertes importantes. Leur
prolifération dans le stock est due à l’humidité du produit et la température
ambiante élevée, le mauvais entretien du local, l’absence du nettoyage des
produits et l’infestation des produits. Pour minimiser les pertes de produits
alimentaires stockés, de meilleures pratiques de stockage s’imposent.
Mots clés : Communes de Lokossa et de Dogbo ; stockage des produits
agricoles alimentaire ; gestion des stocks alimentaires ; sécurité alimentaire ;
pertes de produits stockés.
Abstract
Post-harvest food stock management is an important aspect for the food security
of rural households. This research aims to analyse the management of

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agricultural food stocks and its implications for food security in the Communes
of Lokossa and Dogbo.
Literature searches, surveys and interviews with 367 agricultural households, as
well as observations, were conducted. The questionnaire, the interview guide
and the observation grid were used. Parameters of the descriptive strategy are
used for data processing. The Assets, Constraints, Opportunities, Threats
(SWOT) approach when used for results analysis.
This research revealed that the storage of agricultural food products meets the
challenges of product security (91.75% of respondents), social security (73.40%
of heads of household) and food security (100% of respondents). It makes it
possible to avoid the sale of cereals at harvest, the buy-back in welding, and
regulate the supply of deficit areas during the lean season. But, the storage of
products faces difficulties such as insufficient drying, undischarged moisture
which favors among other things the proliferation of insects responsible for
significant losses. Their proliferation in the stock is due to the humidity of the
product and the high ambient temperature, poor maintenance of the room, lack
of cleaning of products and infestation of products. To minimize the loss of
stored food products, better storage practices are needed.
Keywords: Municipalities of Lokossa and Dogbo; storage of agricultural food
products; food stock management; food security; loss of stored products.

Introduction
Dans les Pays d’Afrique tropicale comme le Bénin, les producteurs agricoles
sont confrontés à une insuffisance d’aliments de base pendant une partie de
l'année surtout la période de soudure qui peut s’étaler entre 3 à 6 mois de
l’année. Ainsi, la gestion post-récolte est un enjeu majeur pour les exploitations
des produits agricoles puisque la conservation durable des produits agricoles
constitue un moyen de garantir la sécurité alimentaire et accroître les revenus
des producteurs (UCD-Benso, 2020, p. 4). Mais, la périssabilité de certains
produits agricoles reste un défi à lever sur le plan de la conservation des produits
destinés aussi bien à la commercialisation qu’à la transformation (CSC, 2005, p.
14). Dès lors, l’amélioration de la conservation des produits est favorable à la
disponibilité en toutes saisons des produits sur le marché local bien qu’une
importante quantité soit autoconsommée par les ménages des petits producteurs.
Elle permet aussi de rentabiliser les productions (Agroecology Fund, 2015, p. 4).
En conséquence, le stockage représente, pour la majorité des producteurs, un
moyen d'assurer une meilleure sécurité alimentaire et une meilleure gestion de
leurs exploitations. Il permet de disposer de produits à consommer pendant une

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période plus longue et de développer une gestion plus raisonnée des stocks
(consommation, vente...) tout en limitant les pertes liées aux rongeurs et aux
moisissures (C. Ramaratsialonina et al. (2016, p. 2). Des stocks généralement
constitués à la récolte de la grande saison, les paysans en prélèvent
régulièrement au cours de l'année des quantités variables en fonction des besoins
(alimentaires, maladie, funérailles, etc.), de la taille du ménage mais aussi de
l'évolution des prix sur le marché (P. Y. Adégbola et al. 2011, p. 10).

Pour lutter contre l’insécurité, le secteur de l'agriculture doit donc se concentrer


sur la production et la promotion d'une production agricole diversifiée,
l'amélioration de la gestion post-récolte et la promotion de la transformation des
aliments pour améliorer la sécurité alimentaire tout au long de l'année. (SUN,
2015, p. 14). En effet, les stocks publics sont un élément clé des politiques
publiques de sécurité alimentaire. Leur rôle varie suivant les contextes politiques
et les paradigmes dominants concernant l’intervention de l’Etat. Les acteurs
privés (producteurs, commerçants, transformateurs, etc.) constituent également
des stocks qui jouent, à travers le fonctionnement des marchés, sur la sécurité
alimentaire des populations (A. Alpha et B. Pemou, 2019, p. 1).
L'aspect gestion de la production après récolte constitue alors un élément
fondamental surtout pour la sécurité alimentaire des populations qui dépendent
essentiellement de leur propre production pour subvenir à leurs besoins
alimentaires de base. Ainsi, une bonne gestion du stockage peut constituer un
levier stratégique pour le développement. En accompagnant conjointement la
gestion de stocks alimentaires (techniques de stockage, affectation des stocks
entre consommation et vente...) et des actions d'amélioration de la production,
les producteurs peuvent améliorer considérablement leurs modes et moyens
d’existence, et surtout assurer leur sécurité alimentaire. C’est dans le but
d’analyser la gestion des stocks alimentaires dans les Communes de Lokossa et
de Dogbo que la présente recherche est menée.
1. Données et méthodes
1.1. Secteur d’étude
Les Communes de Lokossa et de Dogbo sont situées dans les départements du
Mono et du Couffo au sud-ouest du Bénin, entre 6°20’et 6°55’ de latitude Nord
d’une part, et entre 1°30’ et 1°60’ de longitude Est d’autre part. Le milieu est
sous l’influence du climat subéquatorial caractérisé par l’alternance de quatre (4)
saisons par an. La grande saison pluvieuse qui s’étend de mi-mars ou avril
jusqu’à fin juillet précède la petite saison sèche correspondant au répit
pluviométrique du mois d’août. Ensuite vient la petite saison pluvieuse de
septembre à mi-octobre qui fait place à la grande saison sèche qui s’étend de mi-
octobre à mars ( I. Yabi et al., 2020, p. 154-155). Les précipitations varient entre
800 mm et 1 200 mm. Quant aux températures, elles oscillent entre 26,5°C et

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27,7°C - (INSAE, 2016 a et b). Ces communes disposent des sols ferralitiques
faiblement désaturés appauvris modaux au centre et l’Est ; Par endroit, il des
sols ferrugineux moyennement organiques humiques à gley ; A l’Ouest, les sols
hydromorphes (C. S. L. E., Sèbo Vifin, 2014, p. 52).
La population des deux Communes est passée de de 117.948 à 249.325 habitants
entre 1992 et 2020. Elle peut atteindre 322.988 habitants en 2030 et 542.219
habitants en 2050 si les tendances ne changent pas (INSAE, 2016a et b et
projection). Cette croissance démographique ne peut qu’induit des besoins
alimentaires à satisfaire dans un contexte environnemental béninois actuel
caractérisé par une tendance à la dégradation des terres agricoles et une forte
instabilité climatique. Dans ces conditions les politiques de gestion des stocks
alimentaires deviennent une nécessité dans les rendent dans les Communes de
Lokossa et de Dogbo (figure1).

Figure 1 : Situation géographique et administrative du doublet Lokossa-Dogbo


La figure 1 présente les deux Communes choisies pour servir de cadre à la
présente recherche.

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2. Méthodologie
2.1 Outils et technique de collecte des données
Dans le cadre des enquêtes de terrain, deux (03) outils d’investigation sont
utilisés. Un questionnaire qui a permis de collecter des informations au stock des
produits agricoles auprès des ménages agricoles. Les enquêtes ont été réalisées
au moyen de l’application KoBoCollect v1.27.3 installée sur les smartphones.
Un guide d’entretien a permis de réaliser les entretiens avec les personnes
ressources. Une grille d’observation qui a servi à faire des observations sur les
différents systèmes de stockage et de conservation des produits agricole dans les
ménages agricoles.

2.1.1 Travaux de terrain


Les travaux de terrain ont été subdivisés en deux parties à savoir la recherche
documentaire et des enquêtes auprès des chefs de ménage.
 Échantillonnage
Dans l’optique d'aboutir à des résultats significatifs, tous les douze
arrondissements sur que compte les deux Communes de recherche (Communes
de Lokossa et de Dogbo) sont retenues pour les enquêtes. La taille minimale de
l’échantillon a été déterminée par le protocole de D. Schwartz (1995) qui s’écrit
:
β = Zα2 x pq/i2 où :
β = taille de l’échantillon; Zα = 1,96 : Ecart réduit correspondant à un risque α
de 5 % ; p = n/N avec p la proportion des ménages agricoles dans le milieu de
recherche ; n = nombre de ménages agricoles dans le milieu de recherche ; N =
nombre total de ménages dans le milieu de recherche ; i = précision désirée
égale ou marge d'erreur (traditionnellement fixée à 5 %).
De façon pratique, on a : n = 14 576 habitants et N = 42021 habitants (INSAE,
2016a et b) ;
- Zα = 1,96 ;
- p = 0,3468 ;
- q = 1- p ; q = (1-0,3468) ;
- i = 5 % ; ainsi,
- β = (1,96)2 x 0,3468 (1- 0,3468) / 0,052 = 348 ménages.
La méthode des quotas sera utilisée pour définir le nombre de ménages
interrogés par Communes et villages du secteur. Au total, 348 ménages sont
enquêtés. Le choix du nombre de ménages par arrondissement se fait suivant la
règle de proportionnalité (tableau I).

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Tableau I: Répartition spatiale de la population à enquêter et le nombre de
champs à visités
Effectif total Nombre de
Arrondis Villages ou
Communes des ménages ménages à
sements quartiers de ville
agricoles enquêter
Agamè 1171 Agamè, 28
Agnigbanvèdji
Houin 855 Houin-Tokpa, Dessa 20
Lokossa Koudo 1594 Koudo, Tozounmè, 38
Ouèdèmè- 1479 Ouèdèmè, 35
Adja Djodjizoumè
Lokossa 1185 Agnivèdji, Fongba 28
Tota 2006 Dogbo-Tota, Ahomè 48
Honton 584 Honton, Dadohoué 14
Madjrè 757 Madjrè, Ayesso 18
Dogbo Totchangni 312 Totchangni-Centre 09
Lokogohoué 835 Lokogohoué, Véhidji 20
Ayomi 2448 Ayomi, Avédji 58
Dévé 1350 Dévé, Agnvé 32
Total 12 14576 24 348
Source : INSAE, 2013 et résultats de terrain, 2020
Le tableau I montre que la répartition des 348 ménages ne donne que 14, 18 et 09
ménages à enquêter respectivement dans les arrondissements Honton, Madjrè et
Totchangni. Ce sont des chiffres qui ne sont pas statistiquement représentatifs
pour produire des résultats fiables. Ainsi, il a été retenu 20 ménages à enquêter
dans ces arrondissent. La taille de l’échantillon est donc 367 ménages et 24
personnes ressources seront enquêtées dans 24 localités réparties sur les douze
arrondissements des deux Communes.
2.1.2 Méthode de traitement des données
 Traitement des données relatives à la quantité de produits agricoles
alimentaires à réserver pour une couverture efficiente des besoins
alimentaires du ménage
La proposition de la méthode de détermination de la quantité de produits
agricoles alimentaires à réserver pour une couverture efficiente des besoins
alimentaires du ménage s’est basée sur le modèle d’évaluation et de prévision
alimentaire utilisé par l’ONASA, une institution déjà dissoute et sera remplacée
par l’Agence Nationale de Sécurité Alimentaire et de Résilience selon le décret
N° 2020-027 du 15 janvier 2020. Ce modèle consiste en une présentation
analytique indiquant le volume, la composition des ressources et des usages des
vivriers dans un pays donné sur une période de douze mois. En dehors de cela le

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taux de couverture alimentaire des ménages a été fait sur la base des
informations contenues dans le tableau II.

Tableau II : Norme de consommation des produits par an et par personne

Produits Consommation Perte post récolte %


Kg/an/habitant
Maïs 134 20
Riz 11 50
Manioc 130 10
Niébé 15 45

Source : FAO, ONASA, 2004 cité par F. O. Koudérin, 2022, p. 56.


A partir de la norme de consommation des produits par an et par personne, des
estimations de quantité de produits agricoles alimentaires ont été faites.
 Proposition de bonnes pratiques de stockage et de conservation
Recenser les études déjà réalisées sur les bâtiments de stockage dans la zone de
recherche ;
- Identifier les expériences réussies de construction de bâtiments et autres
infrastructures de stockage ;
- Recenser sur le terrain, avec un regard très technique, les problèmes rencontrés
avant le stockage (récolte et séchage) et durant le stockage ;
- Montrer de manière illustrée, en quoi le stockage constitue un facteur essentiel
pour l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie des
producteurs ;
- Rechercher des solutions techniques adaptées et peu coûteuses, en privilégiant
les matériaux locaux dans la construction des bâtiments de stockage.
2.1.3 : Analyse SWOT de la disponibilité alimentaire
L'analyse SWOT consiste à évaluer deux types de facteurs influençant les
systèmes de stockage des produits agricoles dans les Communes de Lokossa et
de Dogbo : internes et externes. Les facteurs internes pris en compte seront les
points forts et les faiblesses. Quant aux facteurs externes, ils portent sur les
menaces et les opportunités dues aux contextes sociaux, environnementaux,
économiques qui interagissent de façon exogène sur le stockage et la
conservation des produits agricoles alimentaire dans les deux Communes.
3- Résultats et discussion
3.1 Gestion des stocks pour la sécurité alimentaire dans les Communes de
Lokossa et de Dogbo
Le stock étant l’ensemble des produits agricoles que l’on possède physiquement,
ils sont déposés pour une utilisation ultérieure. Le stockage est donc l’opération

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qui consiste à entreposer, pour une période donnée, des produits agricoles dans
un magasin suivant des normes et des règles qui permettent leur bonne
conservation. Le stockage représente, pour la majorité des producteurs, un
moyen d'assurer une meilleure sécurité alimentaire et une meilleure gestion de
leurs exploitations. Il permet de disposer de produits à consommer pendant une
période plus longue et de développer une gestion plus raisonnée des stocks
(consommation, vente...) tout en limitant les pertes liées aux rongeurs et aux
moisissures.
3.1.1 Problématique de systèmes de stockage alimentaire ou stockage au sein
des exploitations agricoles familiales
Selon les paysannes enquêtés le stockage des produits agricoles alimentaires
répond à plusieurs enjeux dans les Communes de Lokossa et de (figure 2).

L’examen de la figure 2 montre que les enjeux du stockage sont entre autres la
sécurisation des produits, c’est-à-dire garantir la disponibilité des produits en
particulier face aux risques de vol et d’attaque des rongeurs (91,75 % des
répondants) ; 73,40 % des chefs de ménage estiment qu’il assure la sécurité
sociale car les stocks sont utilisés pour satisfaire des devoirs sociaux (entraide,
stockage des produits des voisins, cotisation en nature, …) et la disponibilité de
la semence pour la prochaine campagne ; tous les chef de ménage enquêtés lui
reconnaissent le rôle de sécurité alimentaire puisque les stocks sont utilisés en
priorité pour l’alimentation quotidienne de la famille et une trésorerie disponible
en cas de besoin via la vente.
3.1.2 De la production agricole à la sécurité alimentaire
Il ne peut avoir de sécurité alimentaire sans production agricole. Cette
production permet aux ménages agricoles de disposer des produits alimentaires
pour leur consommation. Pour profiter de cette production, les ménages adoptent

112
la stratégie de stockage qui leur permet de la consommer de façon différée. La
figure 3 présente la place du stockage dans la relation qui existe entre la
production et la sécurité alimentaire des ménages agricoles.

Figure 3 : Place du stockage dans la relation entre la production et la sécurité


alimentaire des ménages agricoles
Source : Résultats d’enquête, août 2020
La sécurité alimentaire des ménages agricoles dépend fortement de l’état de la
production agricole de ce dernier. En effet, l’agriculture peut contribuer à la
sécurité alimentaire de deux façons. Les producteurs vendent généralement une
grande partie de leurs produits dès la récolte pour subvenir aux besoins
financiers et matériels du foyer, dont souvent le remboursement de dettes
contractées auprès d’usuriers pendant la période de soudure. Ils ont aussi
l'habitude de conserver une partie de la récolte pour leur propre consommation,
les obligations sociales, et les travaux des champs (semences, préparation de
repas communs lors des travaux aux champs).
En effet, les produits récoltés peuvent donc directement être consommés par les
producteurs ou stockés au moment d’abondance. Le déstockage au moment de la
soudure libère des produits pour l’autoconsommation des ménages. Le stock
améliore ainsi la disponibilité des produits agricoles alimentaires. Il libère
également des produits pour la vente qui fournit des moyens financiers aux

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producteurs. Ces revenus servent à acheter des aliments sur les marchés pour
améliorer l’accès aux denrées alimentaires, un autre pilier indispensable pour la
sécurité alimentaire des ménages. De même, l’achat des produits alimentaires
grâce à la disponibilité des moyens financiers et les produits libérés favorisent la
stabilité des denrées alimentaires dans les ménages des mois après les récoltes.
Ainsi, les systèmes de stockage alimentaire de proximité ou les stocks gérés par
les communautés villageoises, complémentaires des stocks familiaux, sont donc
très indispensables pour éviter le bradage des céréales à la récolte et le rachat en
soudure, et réguler l’approvisionnement des zones déficitaires en période de
soudure. Ces systèmes de stockage alimentaire ont un effet assez similaire à
celui d’une réserve alimentaire publique locale (gérée par les municipalités ou
d'autres collectivités locales).
3.1.3 Raisons du stockage et de conservation des produits agricoles
Une triple raison sous-tend le stockage et la conservation des produits agricoles.
Il s’agit de disposer des graines pour les semences, des aliments pour la famille
et des revenus pour des dépenses.
 Graines pour les semences
Pour assurer la souveraineté alimentaire, les producteurs se doivent de disposer
des semences. Les semences sont le socle de la lutte pour la souveraineté
alimentaire. Ainsi, une partie de la récolte sert de matériel de propagation pour
la culture suivante. Seuls le stockage et la conservation des récoltes permettront
aux producteurs de disposer de graines ou tubercules capables de germer (et se
développer) une fois semés ou plantés.
 Aliments pour la famille
Il est important de disposer d’une alimentation de bonne qualité. Les
agriculteurs et leurs familles doivent prévoir une certaine quantité de produits
agricoles alimentaires afin de ne pas manquer de céréales avant la prochaine
récolte. Ils doivent éviter les pertes et préserver la qualité des produits
alimentaires. L’absence d’une alimentation de qualité risque de provoquer de
nombreux problèmes de maladie dans le ménage. Le stockage et la conservation
des produits agricoles permettent aux ménages de lutter contre l’insécurité
alimentaire.
 Revenu
Une partie du stock a une dimension plus économique et permet aux
communautés de subvenir aussi à d’autres besoins que les besoins alimentaires.
Puisque la plupart des ménages agricoles dépendent exclusivement de
l’agriculture pour leurs revenus, ils sont contraints de vendre une partie de leur
production stockée afin de disposer de l’argent.

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La plupart vendent les produits qui ne servent pas à leur alimentation ou aux
semences pour gagner de l’argent, ou les troquent contre des marchandises qui
leur sont nécessaires. Mais pour être vendus et à un prix élevé les produits
doivent être de bonne qualité. Ainsi, ils doivent disposer de bons équipements
de séchage et de stockage pour conserver leurs produits de façon sûre afin de
bien les conserver et les vendre peu de temps après la récolte. La vente en toute
sécurité des produits de bonne qualité donc bien conservés stimule les
producteurs à en cultiver au-delà de leurs propres besoins. En définitive, un bon
système de stockage a donc des chances de procurer davantage de produits
alimentaires et de revenus, une meilleure qualité des semences au agriculteurs.
3.1.4 Pratiques paysannes de stockage et de conservation des produits agricoles
La gestion post-récolte est un enjeu majeur pour les exploitations familiales. En
effet, l'aspect gestion de la production après récolte constitue un élément
fondamental pour la sécurité alimentaire des exploitations agricoles familiales
qui dépendent essentiellement de leur propre production pour subvenir à leurs
besoins alimentaires de base. Dans les Communes de Lokossa et de Dogbo, les
producteurs ont l'habitude de conserver une partie de la récolte pour leur propre
consommation, les obligations sociales, et les travaux des champs. Ce sont les
stockages familiaux que la plupart des producteurs pratiquent dans les
Communes de Lokossa et de Dogbo. Les familles stockent une partie de leurs
produits agricoles :
- à l’intérieur de la maison même dans les pièces à vivre (chambre à coucher,
cuisine), en aménageant un emplacement réservé au stockage des denrées soit en
vrac, soit conservées dans des bidons, des sacs en plastique ou en jute. Il est
fréquent aussi de voir du stockage sur des plafonds des maisons réalisés le plus
souvent avec des claies.
- dans des locaux indépendants assimilés à des cases, en général surélevées,
construites avec des matériaux locaux et spécialement conçues pour le stockage
des produits agricoles. Les produits y sont souvent stockés en vrac. Toutefois,
certains utilisent des greniers de toute sorte.
Mais ces formes traditionnelles de stockage les plus pratiquées en milieu rural
surtout sont souvent peu performantes, tant en termes de gestion des stocks
(absence de système d’aération, conditions d’hygiène précaires, etc.) que pour la
gestion des infrastructures de stockage (absence d’entretien, etc.). Ces pratiques
provoquent des pertes qui affectent en quantité et en qualité les produits destinés
à l’autoconsommation et/ou à la vente. Les photos de la planche 1 montrent
quelques systèmes de conservation du maïs les Communes de Lokossa et de
Dogbo.

115
Tous ces systèmes de stockage et de conservation de fortune reflètent un
manque de système et dispositif de conservation adéquats des produits
alimentaires dans les Communes de Lokossa et de Dogbo. Le maïs séché, stocké
et conservé dans ces conditions est exposé aux intempéries de la nature :
l’humidité, les termites, les rongeurs, les charançons et bien d’autres. Une bonne
partie est prélevée ou pourrie et impropre à la consommation. Ces pertes
réduisent la disponibilité alimentaire et contribue à la flambée des prix des
produits agricoles sur le marché. En d’autres termes, ces formes traditionnelles
de stockage des produits agricoles pratiquées provoquent des pertes qui affectent
en quantité et en qualité les produits destinés à l’autoconsommation et/ou à la
vente.
3.1.5 Différentes façons d'utiliser les stocks ou réserves alimentaires
Il existe différentes façons d'utiliser les réserves alimentaires pour améliorer la
sécurité alimentaire et nutritionnelle. En effet, les réserves alimentaires (RA)
peuvent être utilisées pour lutter contre l'insécurité alimentaire (et nutritionnelle
chronique) en fournissant aux ménages pauvres des transferts alimentaires
réguliers (par exemple, tous les mois). Elles peuvent également être utilisées

116
pour gérer les crises alimentaires, soit en fournissant des transferts d'urgence aux
ménages en situation d'insécurité alimentaire, soit en atténuant les hausses des
prix des denrées alimentaires. Enfin, les achats nécessaires pour approvisionner
les réserves alimentaires peuvent être utilisés pour fournir des incitations aux
producteurs de denrées alimentaires, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et
nutritionnelle à long terme.
3.1.6 Détermination de la quantité de produits agricoles alimentaires à réserver
pour une couverture efficiente des besoins alimentaires du ménage
Il très indispensable que chaque ménage connaisse la quantité de produits
agricoles alimentaires notamment les plus consommés. La réserve de ces
produits indispensables doit être supérieure ou égale à la quantité qui doit
couvrir les besoins alimentaires annuels de tous les membres du ménage. Cette
quantité minimale est déterminée par la formule suivante :
Sm ≥ Pr - [DA - (BA x Np)]
Sm ≥ Pr - [(Pr - ppr) - (BA x Np)], avec :
Sm : Stock pour le ménage ;
Pr : Production ;
ppr : Perte post récolte ;
DA : Disponibilité alimentaire (Production - perte post récolte) ;
BA : Besoins alimentaires ;
Np : Nombre de personnes vivant dans le ménage.
 Si Pr ≤ Sm + [(Pr - ppr) - (BA x Np)], alors le ménage est dans
l’obligation de s’approvisionner en plus pour le stockage moins cher pour
compléter sa disponibilité à stocker. Il évite ainsi de s’approvisionner en
produits agricoles alimentaires beaucoup plus cher pendant la soudure. C’est la
seule condition pour que le ménage ait une souveraineté alimentaire toute
l’année pour les produits concernés.
 Si Pr ≥ Sm + [(Pr - ppr) - (BA x Np)], alors le ménage a la possibilité de
commercialiser ou transformation l’excédent sans craindre une rupture de
couverture alimentaire toute l’année.
Les calculs tiennent compte des normes de consommation des produits par an et
par personne. Les produits agricoles sont donc essentiellement le maïs, le riz, le
manioc et le niébé. Il ne suffit pas de déterminer la quantité à conserver sans
savoir les conditions efficaces de stockage et de conservation des produits
agricoles.

117
3.1.7 Importance de l’amélioration des techniques de stockage et conservation
La maîtrise des techniques de stockage et conservation des produits agricoles
permet de garder les stocks à l’abri de la pluie, de l’humidité, des insectes et
autres animaux nuisibles. Elle assure une gestion des approvisionnements en
céréales en tenant compte des normes de stockage et de conservation. Grâce à la
technique de stockage et conservation la qualité des produits agricoles
alimentaires est maintenue. Le stockage permet de faire face aux fluctuations de
la production et aux pénuries conjoncturelles des consommateurs. Il assure un
stock stratégique, un stock utile pour l’industrie de transformation et assurer
enfin la sécurité alimentaire des populations.
3.1.8 Difficultés de stockage et de conservation des graines
Le stockage des produits agricoles et leur conservation rencontrent plusieurs
difficultés.
 Insuffisance de maturité et de séchage des produits
La maturation du produit reste un critère important tant pour le stockage que
pour la diminution des pertes après récolte. Ainsi, pour éviter les énormes pertes
liées à une maturation incomplète, le séchage doit être plus rapide et rigoureux.
Or un meilleur séchage nécessite des conditions climatiques plus asséchantes.
En effet, le séchage bloque pratiquement la respiration des graines. Si les graines
destinées à la consommation continuent à respirer, elles perdront leur valeur
nutritionnelle et celles prévues pour les semences ne pourront plus germer.
Tandis qu’une fois bien sèches, elles cesseront de respirer et se conserveront
pendant une longue période : de quelques mois à plus d’un an, selon les espèces.
Il empêche, par ailleurs, les détériorations causées par les bactéries et les
champignons. Si les graines sont trop humides au moment du stockage, elles
constitueront une source idéale d’alimentation pour ces micro-organismes. Leur
activité fera monter la température du lieu d’entreposage et les graines seront
totalement abîmées sous la double action des dégâts directs (pourrissement et
attaque des insectes et autres animaux) et de la destruction de leur capacité de
germination due à la température élevée. La photo 1 présente un séchage de
maïs dans une concession (Commune de Lokossa).

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L’examen de cette photo 1 montre visiblement de réelles difficultés à faire
sécher le maïs dans cette maison où l’espace disponible à l’activité est occupé
par l’ombre d’un arbre au cours de la première moitié de la journée et dans
l’après-midi l’ombre de la clôture va surement s’inviter à prendre le relai. Cette
situation oblige les acteurs à étaler le maïs de façon longitudinale. Par ailleurs,
en plus des bidons pour conserver le produit, les conservateurs doivent utiliser
un matériel approprié pour faciliter le séchage du maïs comme des sachets noirs.
Ainsi, il faut donc débourser un moyen financier pour s’équiper afin de stocker
le maïs dans de bonnes conditions.
En définitive, si le séchage est insuffisant, le stockage du produit devient
difficile voire impossible puisque l’humidité non évacuée favorise le
développement de moisissures qui vont progressivement détériorer le produit.
Elle favorise également la prolifération des insectes surtout si la température
ambiante est élevée.
 Lutte contre les ravageurs
Hormis l’humidité, les rats font partie des principaux facteurs de perte lors du
stockage des produits agricoles. En effet, la présence de rats dans les stocks est
liée aux infrastructures facilement pénétrables, à la moindre quantité et lésions
des produits et au manque d’entretien du local. Ainsi, sans barrière efficace, ce
type de ravageurs peut prélever une partie non négligeable des stocks et
provoquer des problèmes sanitaires, en particulier lorsque les stocks sont situés
dans la maison d'habitation.
De plus, les insectes peuvent également être responsables de pertes importantes
lors du stockage. Leur prolifération dans le stock est due à l’humidité du produit
et la température ambiante élevée, le local non entretenu, les produits non
nettoyés, le stockage avec produits infestés et l’infestation des produits. Ces

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ravageurs affectionnent les milieux humides et le stockage en vrac qui leur
permettent de se déplacer et de se développer sans contraintes.
 Utilisation de produits chimiques pour la conservation des produits
agricoles dans les Commune de Lokossa et de Dogbo
Dans le souci de bien conserver les denrées agricoles notamment les céréales et
les légumineuses, une variété de produits chimiques sont utilisés à travers
diverses pratiques par les populations des Communes de Lokossa et de Dogbo
(figure 4).

L’examen de la figure 4 montre que les produits chimiques utilisés pour la


conservation des denrées agricoles sont le plastoxin, le toptxin, le thémaphos, le
protect DP, l’antouka et le lamdba. Le topstxin suivi du plastoxin sont les
produits chimiques les plus utilisés pour la conservation des céréales ; le lamdba
et l’antouka sont les moins utilisés. Ces produits chimiques ont des
caractéristiques et sont utilisés différemment pour conserver les denrées
agricoles.
Ces produits luttent efficacement contre plusieurs ravageurs dévastateurs de
produits agricoles et permettent de conserver plusieurs variétés de céréale selon
98,91 % des productions. Pour 88,10 % ils contribuent à la gestion des périodes
de soudure et sécurité alimentaire et 23,68 % des répondants estiment qu’ils les
aident à accroitre leurs revenus à la satisfaction des besoins fondamentaux
(alimentation, instruction, logement, vêtement, soins).
Par contre, ces conservateurs exposent les producteurs et consommateurs à de
multiples préjudices (intoxication alimentaire, maux de ventre, pollutions). Il
faut reconnaitre que selon les spécialistes de tous les produits chimiques cités,
seul le protect DP est autorisé par l’Etat béninois au niveau du Conseil National
des Associations des Consommateurs (CNAC). Les autres ne sont pas reconnus

120
et ne respectent aucune norme socio-environnementale. Pire, les utilisateurs sont
rares à connaitre la rémanence de chacun de ces produits chimiques.
Même si l’utilisation de produits pour la conservation permet de lutter contre les
différents ravageurs, l’insécurité alimentaire et d’accroître le revenu des
producteurs, elle favorise l’intoxication alimentaire et le développement de
nombreuses pathologies.
3.1.9 Suggestions pour de meilleures pratiques de stockage et de conservation
du maïs
Afin de minimiser les pertes de produits stockés, de meilleures pratiques de
stockage s’imposent. Ces meilleures pratiques partent des exploitations à la
gestion des stocks dans les ménages. La figure 5 présente les étapes d’un
stockage réussi.

La figure 5 montre que les meilleures pratiques de stockage et de conservation


respectent certaines étapes. En effet, les produits agricoles à conserver doivent
être récoltés mûrs. Une fois récoltés, ces produits doivent être très bien triés,
nettoyés et séchés. Ces opérations permettent d’obtenir des produits agricoles
bons à stocker. En fonction de la quantité un équipement sera choisi. Il s’agit des
bidons et les fûts en plastique ou en métal pour les petites quantités de produits
agricoles. Ces matériels sont de plus en plus utilisés non seulement parce qu’ils
protègent le stock de produits contre les rongeurs et les pourritures mais sont
réutilisables sur plusieurs années. Les greniers améliorés et mieux les greniers

121
modernes sont conseillés pour les produits de quantités modestes. Les grandes
quantités de produits peuvent être stockées et conservées dans des bâtiments
conçus à cet effet. Ces bâtiments de capacité convenable, doivent être propres et
aérés. Cela suppose que le conditionnement doit se faire selon les normes en la
matière. L’ensemble de ces équipements recommandés limitent les pertes et
protègent contre les cas éventuels d’humidification accidentelle. Mais, leur
utilisation nécessite néanmoins des moyens financiers relativement élevés.
3.2 Analyse de forces, faiblesses, opportunités et menaces de la transformation
et commercialisation des dérivés du palmier à huile dans la Commune de
Lokossa
Les forces, faiblesses, opportunités et menaces de la gestion des stocks des
produits agricoles dans la Commune de Lokossa et de Dogbo sont identifiées sur
la base de l’état des lieux et sont résumées dans la matrice SWOT ci-après.
Tableau 2 : Matrice SWOT de la gestion des stocks des produits agricoles dans
la Commune de Lokossa et de Dogbo

Forces Faiblesses
- Bonne pluviométrie ; - système de production extensif
- Bonne aptitude des sols pour la et traditionnel ;
production agricole - Variabilité pluviométrique ;
- Forte ensoleillement ; - Pertes poste-récolte ;
-Existence d’organisations de - Prolifération des ravageurs ;
producteurs-conservateurs ; - Humidité relative élevée ;
- Forte implication des femmes - Risque d’incendie ;
- Valorisation artisanale ; - Risque de vol ;
- Existence des savoir-faire endogènes - Difficultés de conservation des
produits agricoles.
Opportunités Menaces
- Persistante de l’insécurité alimentaire ; - Pression foncière (réduction de
- Facilitation de l’accès au crédit ; la jachère)

- Développement d’infrastructures de - Insécurité rurale ;


stockage appropriées ; - Importation massive des produits
Formation sur le stockage ; agricoles ;

- Promotion ses normes de stockage : -Baisse du prix international


- Promotion des modes de stockage - Normes de protection
environnementales

122
communautaire ; - Concurrence accrue
- Amélioration de l’accès aux intrants de
stockage (sacs, produits phytosanitaires
post-récolte).
Source : Résultats de la recherche, 2020
L’analyse du tableau 2 montre que la Commune de Lokossa et de Dogbo
peuvent « utiliser les forces du développement de la gestion de stockage des
produits agricoles pour saisir les opportunités qui s’offrent à la filière afin de
réduire ses faiblesses et faire face aux menaces du développement de l’opération
».
4. Discussion
Les résultats de la présente recherche ont révélé que dans les Commune de
Lokossa et Dobgo, le stockage des produits agricoles alimentaires répond aux
enjeux de la sécurisation des produits, de la sécurité sociale et de la sécurité
alimentaire. Ces résultats corroborent ceux de plusieurs auteurs qui ont travaillé
sur la thématique. En effet, selon R. Christian et al. (2016, p. 2), une bonne
gestion du stockage constitue un levier stratégique pour le développement des
exploitations agricoles familiales. Le stockage représente, pour la majorité des
producteurs, un moyen d'assurer une meilleure sécurité alimentaire et une
meilleure gestion de leurs exploitations. Il permet de disposer de produits à
consommer pendant une période plus longue et de développer une gestion plus
raisonnée des stocks (consommation, vente...) tout en limitant les pertes liées
aux rongeurs et aux moisissures. Par ailleurs, P. Gandaho et al. (2016, p. 43) ont
trouvé que le sorgho et le maïs sont des céréales alimentaires dont la
conservation et la valorisation sont d’une grande importance pour la sécurité
alimentaire des populations productrices. De même, la collecte et la
conservation de la production agricole dans les hangars de stockage a des
avantages innombrables. Il s’agit de la bonne gestion post-récolte, la bonne
conservation des qualités organoleptiques des produits, la protection des récoltes
contre les vols, l’augmentation du revenu suite aux ventes groupées et
l’augmentation de la valeur ajoutée aux produits (CAPAD, 2018, p. 6). Pour
AcSSA Afrique Verte Niger, (2011, p. 7), le stockage permet d’éviter les pertes
post-récolte et le caractère saisonnier de certains aliments. Il préserve la qualité
nutritive, organoleptique et hygiénique des aliments. Le stockage assure
l’amélioration ou la stabilisation des disponibilités alimentaires, la
diversification de la consommation alimentaire et l’inhibition des enzymes
capables de provoquer des altérations.
Dans les Commune de Lokossa et Dobgo, le stockage des produits faire face à
des difficultés à savoir l’insuffisance de séchage, l’humidité non évacuée qui

123
favorise entre autres la prolifération des insectes responsables de pertes
importantes. Leur prolifération dans le stock est due à l’humidité du produit et la
température ambiante élevée, le local non entretenu, les produits non nettoyés, le
stockage avec produits infestés et l’infestation des produits. Ces résultats
confirment ceux de UCD-Benso, (2020, p. 4) qui estiment qu’il y a très souvent
des pertes énormes dues aux mauvaises pratiques, à un manque d'organisation,
d'infrastructures, et de technologies de conservation mais aussi une faible
transformation et la mévente des produits agricoles surtout lorsqu'il y a
surproduction. Pendant ce temps en zone urbaine, les besoins des
consommateurs sont loin d'être satisfaits. De nos jours les pertes post-récolte
sont estimées de 30 à 40%. I. Andriamparanony et V. A. Lesoa, (2011, p. 29)
ont aussi concluent que le stockage traditionnel se caractérise par un taux de
perte élevé qui nuit à la sécurité alimentaire et au revenu des paysans. Pour eux,
les problèmes les plus fréquents causant les taux de perte les plus élevés restent
l’humidité, les insectes et les rats. Il faut noter cependant l’existence d’une
relation très étroite entre l’humidité et la prolifération des insectes.
Pour minimiser les pertes de produits stockés, de meilleures pratiques de
stockage s’imposent. C’est dans cette logique que HELVETAS Swiss
Intercooperation Bénin, (2016, p. 36) aboutit à la conclusion selon laquelle le
respect des bonnes pratiques de stockage et de conservation doit permettre aux
agriculteurs de réduire quelque peu les risques d’insécurité alimentaire et de
gagner de revenu complémentaire. Il est beaucoup plus conseillé d’utiliser des
structures de stockage hermétique et de conservation sans insecticides
additionnels tels que le sac PICS et le silo métallique. C’est aussi pour
minimiser les pertes post-récolte de produits agricoles que I. Andriamparanony
et V. A. Lesoa, (2011, p. 29) ont conseillé de ne pas négliger les étapes de
l’avant stockage. En effet, pour un stockage correct, il faut d’abord avoir des
produits correspondant à des caractères précis (taux d’humidité, état sanitaire)
de bonne qualité à stocker. Ils pensent tout de même que les problèmes dus au
vol et au feu de brousse sont des problèmes permanents difficilement
contrôlables par les paysans.
Conclusion
Les résultats de la présente recherche ont révélé que le stockage des produits
agricoles alimentaires répond aux enjeux de la sécurisation des produits, de la
sécurité sociale et de la sécurité alimentaire. La gestion des stocks permet
d’éviter le bradage des céréales à la récolte, le rachat en soudure, et réguler
l’approvisionnement des zones déficitaires en période de soudure. Chaque
ménage doit déterminer la quantité de produits agricoles alimentaires nécessaire
pour sa souveraineté alimentaire afin de faire une réserve suffisante. Le stockage
des produits faire face à des difficultés à savoir l’insuffisance de séchage,
l’humidité non évacuée qui favorise entre autres la prolifération des insectes

124
responsables de pertes importantes. Pour minimiser les pertes de produits
stockés, de meilleures pratiques de stockage s’imposent.
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