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DISSOCIATION ET SYNDROMES TRAUMATIQUES : APPORTS ACTUELS DE

L'HYPNOSE

Marion Fareng, Arnaud Plagnol

Éditions Matériologiques | « PSN »

2014/4 Volume 12 | pages 29 à 46


ISSN 1639-8319
DOI 10.3917/psn.124.0029
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-psn-2014-4-page-29.htm
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PSN volume 12, n° 4/2014
THÉRAPEUTIQUE
Exemplaire pour les membres du CR de PSN. Ne pas diffuer, svp. © Editions Matériologiques, 30 janvier 2015.

Dissociation et syndromes traumatiques :


apports actuels de l’hypnose
Dissociation and traumatic syndromes :
current contributions of hypnosis

Marion FARENG, psychologue clinicienne, docteur en psychologie


(Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Laboratoire de Psychopathologie
et Neuropsychologie, Centre du Psychotrauma-Paris), 22 rue Chaptal 92300
Levallois-Perret, marion.fareng@gmail.com [auteur correspondant].
Arnaud PLAGNOL, psychiatre, professeur de psychopathologie. Université
Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (Laboratoire de Psychopathologie et
Neuropsychologie), 2 rue de la Liberté, 93200 Saint Denis, arnaud.plagnol@
gmail.com.

Résumé : La présence d’un état dissociatif joue un rôle majeur dans l’induction et le maintien
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tant des États de Stress Post-Traumatiques (ESPT) que des états hypnotiques, mais pa­ra­
doxa­lement l’usage de l’hypnose se révèle intéressant dans l’ESPT et ses apports actuels sont
démontrés pour le traitement de ces troubles. Après avoir relevé les ambiguïtés du concept
de dissociation, nous analysons les multiples dimensions de la dissociation sur les plans
sensori-moteur, cognitif, affectif, temporo-spatial, mnésique et identitaire. Ceci nous permet
de préciser en quel sens la dissociation est pathologique dans l’ESPT et potentiellement
utile dans le traitement de ce trouble. En particulier, alors que traiter le traumatisme en état
de veille rend difficile l’élaboration d’une scène douloureuse « cachée » sous un niveau de
conscience protecteur, le mode de communication hypnotique semble favoriser l’échange
avec les sujets dissociés, puis faciliter l’accès au matériel traumatique et le dépassement
d’une réaction de défense devenue pathologique avec la réélaboration par le sujet lui-même
du scénario traumatogène. Cependant, l’hypnose suscite toujours des critiques : ne peut-on
craindre une accentuation des symptômes dissociatifs ou des reviviscences douloureuses ?
Ne risque-t-on pas l’émergence de faux souvenirs ? Nous montrons que ces critiques sont
non pertinentes avec les techniques actuellement employées en hypnothérapie.
Mots-clés : hypnothérapie, dissociation, traumatisme psychique, ESPT.
Abstract : The presence of a dissociative state plays a major role in the induction and the
persistence of Post-Traumatic Stress Disorders (PTSD) as well as of hypnotic states, but
paradoxically the use of hypnosis is interesting in PTSD and its usefulness has been proved
for the treatment of these disorders. We analyze the ambiguity of the concept of dissociation
before to study the multiple dimensions of the dissociation on the sensori-motor, cognitive,
emotional, temporo-spatial, memory and identity fields. Then we clarify in which way the
dissociation is pathological in PTSD and potentially useful in the treatment of this trouble.
In particular, while treating the traumatism in a waking state makes difficult the elaboration
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of a painful scene “hidden” under a protective level of consciousness, the mode of hypnotic
communication seems to foster the exchange with the dissociated patients, then to facilitate
the access to the traumatic material. The pathological reaction of defence can be overtaken
with the reelaboration of the traumatic scenario by the patient himself. However, hypnosis
always arouses criticisms : can we be afraid of an heightening of the dissociatives symptoms
or painful reviviscences ? Do we risk the emergence of false recollections ? We show that
these criticisms are not relevant with the current methods used in hypnotherapy.
Keywords : hypnotherapy, dissociation, trauma, PTSD.

La recherche clinique sur les états de stress post-traumatiques (ESPT) et la


nécessité de mettre en œuvre des prises en charge psychothérapeutiques ont
été impulsées à la suite de la guerre du Vietnam. Le traitement hypnothérapeu-
tique de ces troubles a connu un essor important à partir de cette période. En
fait, avant d’être longtemps abandonnées, les techniques hypnotiques avaient
été utilisées pendant plus d’un siècle dans le traitement des troubles psycho-
traumatiques avec divers objectifs : suggestions de soutien, récupération de
souvenirs, intégration ou abréaction des souvenirs traumatiques, restructura-
tion d’événements passés… Même si ces techniques connaissent aujourd’hui
un regain d’intérêt, les processus psychologiques sous-tendant leur efficacité
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restent discutés, alors que ces techniques continuent à soulever des controverses
multiples, tout au moins en France.
Afin d’éclairer l’intérêt de l’hypnose dans le traitement des ESPT, il est néces-
saire de clarifier ce qu’est la dissociation qui joue en principe un rôle-clef tant
dans l’état traumatique que dans l’état hypnotique. En fait, différents concepts
de dissociation coexistent. Il est donc important de définir la dissociation selon
ces diverses acceptions avant de préciser les similitudes et différences entre les
états traumatique et hypnotique, puis d’en appréhender les mécanismes, la com-
préhension de ceux-ci permettant de proposer des interventions thérapeutiques
et d’éclairer les apports de l’hypnose dans le domaine du traumatisme.

La dissociation : un concept ambigu


De façon générale, la dissociation peut être comprise comme un phénomène
« auto-hypnotique », c’est-à-dire un état de conscience modifié sans induction
externe qui permet au sujet de se protéger dans les situations de tension auxquelles
il/elle ne peut plus faire face. Un tel processus diffère du fonctionnement normal
sur le plan de la contrôlabilité tout en interférant avec lui. En fonction de l’inten-
sité de ce processus, trois types de dissociation peuvent être distingués [1,2] :
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La dissociation « quotidienne »
Un premier type de dissociation, la transe quotidienne spontanée, correspond
aux capacités naturelles d’absorption dont disposent les sujets. Cette dissocia-
tion « normale » recouvre la possibilité de se protéger d’une situation perçue­
comme menaçante en se « coupant » de ses sensations douloureuses. Ainsi, dans
la vie quotidienne, les individus traversent différents états de conscience pour
s’adapter à des rôles et des situations variés qui traduisent leurs ressources et
leurs limites. Il s’agit d’un processus dynamique de dissociation/association
permettant de compartimenter des expériences distinctes de la vie, et en parti-
culier d’écarter stress ou tracas de façon plus ou moins durable.
Cette aptitude innée, naturelle, impliquant des comportements réflexes et
automatiques [3] reflète la capacité à s’intérioriser par le recours à l’imaginaire,
l’esprit s’affranchissant des contraintes du réel. C’est ce savoir-faire paradoxal
d’altération de l’état de sa propre conscience qui est utilisé lors de l’hypnose
de façon contrôlée et thérapeutique, une autre personne accompagnant alors le
sujet en transe dans ce but.

La dissociation traumatique
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Lorsque cette aptitude défensive perdure au-delà d’un danger, de façon
rigide et perturbante pour le sujet, c’est le signe d’une dissociation patholo-
gique induisant des symptômes traumatiques, ce qui définit le deuxième type
de dissociation : la dissociation traumatique. Celle-ci a été décrite comme étant
un processus de séparation mentale structurée affectant les perceptions, les
émotions, la mémoire et l’identité qui sont normalement intégrées et accessibles
à la conscience [4]. Même si l’expérience reste accessible à la conscience, elle
est perturbée au niveau qualitatif, au niveau de la relation à soi (dépersonna-
lisation…), ou au niveau du contrôle volontaire exercé (flash-backs…). Par
ailleurs, le sujet n’a pas de conscience réfléchie de ce processus.
Un traumatisme induirait ainsi une transe naturelle, moyen de défense face
à la situation qui devient pathologique lorsqu’il perdure au-delà du danger et
désorganise le sujet. Certains auteurs conceptualisent ainsi la dissociation péri-
traumatique comme étant une réponse adaptative à un événement stressant : le
sujet garde un contrôle mental partiel alors que le contrôle physique est altéré. Si
la dissociation se prolonge dans la vie quotidienne, elle permet à l’individu de
se déconnecter de ses affects et d’éviter l’émergence de souvenirs traumatiques.
La dissociation a donc ici pour effet une compartimentation de l’expérience
traumatique. Néanmoins, en raison même de cette « protection » qu’elle offre,
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la dissociation induit un syndrome de répétition invalidant qui définit l’ESPT


[5]. Selon Louboff [6] la dissociation « représente le processus primordial per-
mettant d’expliquer l’ensemble des symptômes » de l’ESPT.
La dissociation traumatique est ainsi une cible privilégiée de la prise en
charge d’un ESPT. Janet [7] le soulignait déjà : la résolution de la dissociation
en une « synthèse » est décisive pour la guérison des symptômes traumatiques.

La fragmentation du Moi
Le troisième type de dissociation peut être défini par la fragmentation du
1
moi, en jeu notamment la classe des troubles dits « dissociatifs ». Dès sa thèse
sur l’Automatisme Psychologique [7], Janet fait référence à une rupture d’unité
personnelle : lorsqu’un trop grand nombre de sensations est isolé en dehors de
la perception consciente, un nouveau type de perception se forme, et l’on peut
parler alors de personnalité secondaire ou subconsciente, parallèle à la person-
nalité principale. Le Moi se trouve donc divisé, dissocié en deux. D’après Janet,
la rencontre avec la mort crée des émotions si fortes que la capacité ordinaire
de synthèse psychique est perturbée et ne permet pas de traiter les souvenirs
traumatiques, stockés dès lors dans le subconscient.
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Dans les troubles dissociatifs de l’identité du DSM (« TDI », ou « personna-
lités multiples » dans la CIM), le sujet est ainsi composé de plusieurs identités
qui prennent l’ascendant sur les réponses comportementales, en fonction des
moments, de la perception de l’environnement et de leur manière de s’adapter.
Dale et al. [8] ont étudié les spécificités des TDI relativement aux autres
troubles dissociatifs : malgré un terrain similaire d’expériences traumatiques
dans l’enfance avec ESPT, les symptômes dissociatifs sont plus nombreux et
sévères chez les sujets présentant des TDI, ceux-ci manifestant par ailleurs
une haute hypnotisabilité. Les états dissociatifs les plus sévères, chroniques et
complexes correspondent en fait à la fragmentation de la personnalité de Janet.

Similitudes entre état dissociatif


traumatique et état hypnotique
Tout comme celle de dissociation, la notion d’hypnose recouvre différents
aspects pouvant relever tant d’une technique thérapeutique que de l’état dans

1. Bien entendu, dans ce contexte renvoyant à la notion de dissociation de Pierre Janet, il


ne s’agit pas de la dissociation schizophrénique (la Spaltung de Bleuler) marquée par une
fragmentation persistante de l’ensemble des composantes de la personnalité.
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lequel conduit cette technique. Janet, comme nombre de ses successeurs, consi-
dérait l’hypnose d’un point de vue dissociatif, où il était question d’une réor-
ganisation structurale de la conscience. On parle aujourd’hui d’« hypnose »
lorsque le sujet a expérimenté une perception de l’environnement et de son
monde intérieur différente de son expérience habituelle, et qu’il répond aux
suggestions autrement que s’il était dans un état normal de conscience (mouve-
ments saccadés, lenteur de réponse…). L’accessibilité à différents niveaux ou
états de conscience naturels est donc nécessaire pour expérimenter l’hypnose.
L’état dissociatif traumatique et l’état dissociatif hypnotique ont ainsi en
commun une altération de la perception et des fonctions normales d’intégration
des souvenirs, de la conscience, du contrôle des mouvements corporels et de
l’identité [9].
Les principales caractéristiques de l’événement traumatique, telles que la
surprise, la peur, la saturation sensorielle, la confusion induite par une sidéra-
tion de la pensée, permettent de considérer cet événement comme induction
hypnotique et l’effet du traumatisme comme agent hypnotique (focalisation
de l’attention) [5].
Par ailleurs les trois critères diagnostiques de l’ESPT peuvent être rappro-
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chés des trois caractéristiques de l’hypnose [10] : l’évitement peut être compris­
comme une suggestibilité induite par un stimulus associé au traumatisme,
l’intrusion comme un phénomène d’absorption à travers la reviviscence de
souvenirs traumatiques, et l’émoussement émotionnel comme une expérience
dissociative. Les sujets souffrant d’un ESPT sont hypersensibles aux stimuli
environnementaux associés à l’événement traumatique et à l’origine d’émotions
négatives. De même les sujets hypnotisés sont très réceptifs aux suggestions
auxquelles ils répondent sans distance critique.
L’analyse des différentes dimensions de la dissociation permettra de mieux
comprendre les processus communs à l’expérience traumatique et à l’hypnose,
et donc l’intérêt d’un traitement fondé sur des techniques dissociatives.
Dissociation sensori-motrice
Dans le cas d’un traumatisme, les fonctions sensori-motrices peuvent être
altérées : sensations de douleur, paralysie, perte de la vue ou de l’ouïe – symp-
tômes identifiés depuis longtemps comme pouvant relever de l’hystérie [7].
Yard et al. [10] suggèrent un parallélisme entre la sensibilité sensorielle
déclenchée par un stimulus traumatique et les suggestions hypnotiques. En effet,
la transe hypnotique active un ressenti chez l’hypnotisé analogue à ce qu’un
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état traumatique peut créer : altération des perceptions corporelles (analgésie,


chute, vertiges, gonflements des mains…), hallucinations positives et négatives
de couleurs, phénomènes de surdité, d’amnésie, ou encore de synesthésie [7].
Dissociation cognitive

Lors de la dissociation traumatique le sujet peut présenter un arrêt de la


pensée. En effet, il est en état de sidération et le fil du dialogue intérieur est
rompu. Les sujets manifestent des difficultés d’élaboration à l’égard de ce qui
paraît impensable, irréel. Les informations entrent dans la mémoire sans les
explications qui devraient les accompagner.
Symétriquement, l’objectif en hypnothérapie est que le sujet se détache du
souci de contrôle (par l’intellectualisation, le sens des mots, l’analyse…) pour
s’ouvrir à l’expérience. Le sujet est invité à laisser de côté son esprit conscient
et rationnel de façon à travailler avec l’imaginaire sur des ressentis, des images,
des perceptions.
Dissociation des affects

Les affects présents lors de la rencontre avec la mort peuvent induire un


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détachement paradoxal. Cette réaction défensive permet d’isoler la souffrance
émotionnelle et la signification associée à l’expérience traumatique, certains
souvenirs liés à celle-ci étant conservés hors du champ de conscience.
Yard et al. [10] soulignent les similitudes entre l’émoussement affectif décrit
dans les ESPT et la dissociation hypnotique : une diminution des réactions
émotionnelles peut se manifester lors d’une transe hypnotique — même si un
accès direct à l’émotionnel est aussi possible.
Dissociation temporelle et spatiale

La dissociation peut se manifester par une altération de l’espace ou du


temps, c’est-à-dire une perte des repères. Les flash-backs réassocient le sujet
au traumatisme comme s’il le revivait et l’isolent du moment présent, de ses
ressources, et induisent également une distorsion de la perception du lieu.
La distorsion de l’appréciation temporelle vécue lors de l’événement trau-
matique est également un élément perturbateur dans la mémorisation car, pour
traiter un souvenir, il faut pouvoir l’intégrer dans son histoire personnelle, le
situer dans le temps, définir un début et une fin. Ainsi la perception biaisée du
temps contribue à l’altération des souvenirs qui ne peuvent pas être classés
comme des souvenirs autobiographiques « normaux ».
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Tout comme dans le traumatisme, la distorsion du temps et de l’espace fait


partie intégrante de l’état dissociatif hypnotique et peut être issue de la réali-
sation d’une suggestion hypnotique ou le signe d’un état hypnotique. Le sujet
sous hypnose peut rencontrer des difficultés à percevoir la distance qui le sépare
de l’hypnothérapeute qui le guide à travers sa voix, indistinctement lointaine
ou proche. Par ailleurs, il est fréquent que les sujets hypnotisés aient des dif-
ficultés pour évaluer le temps passé en hypnose. Cela témoigne de l’intensité
de l’absorption du sujet dans la tâche hypnotique, donc du rétrécissement du
champ de la conscience.
Dissociation mnésique
Un tiers des sujets présentant un ESPT sont amnésiques, totalement ou par-
tiellement à propos de l’événement [11]. Le traumatisme provoque des troubles
mnésiques de divers ordres : perturbation de l’encodage, amnésie partielle voire
totale, souvenirs décontextualisés de l’événement, remémoration impersonnelle
de l’événement, ou même confusion. Les souvenirs traumatiques sont souvent
oubliés ou non directement accessibles car ils sont encodés dans une forme
d’état « dépendant », à savoir un état de conscience modifié.
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Cependant, le souvenir, même oublié, reste dynamique et actif en dehors de
la conscience en exerçant une influence sur les pensées et les comportements.
L’hypnose peut alors être comprise comme facilitant la récupération des souvenirs
qui ont été encodés lors du traumatisme dans un état dissociatif similaire à l’état de
transes. Sous hypnose, le sujet accroît ses capacités associatives et imaginatives,
et des souvenirs, images, sensations ou diverses perceptions peuvent resurgir dans
cet état de conscience modifié sans en chercher volontairement le rappel [12].
Dissociation de l’identité
Un sentiment de déréalisation (être dans un rêve ou dans le brouillard…)
ou de dépersonnalisation (sentiment de ne plus être dans son corps, de se voir
de l’extérieur…) est souvent décrit par les patients traumatisés. Le survivant
peut avoir le sentiment d’être différent ou changé, et que ses pensées ne sont
plus les siennes.
Tout comme lors d’un traumatisme, l’hypnothérapeute peut créer une alté-
ration du sens de soi à travers des techniques de détachement de soi où le sujet
se coupe d’une partie de son corps, notamment dans le cadre de la gestion de
la douleur avec certaines techniques visant une dissociation du corps. Des
phénomènes psychologiques spontanés lors de la transe peuvent également
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apparaître tels qu’un sentiment de détachement du corps ou un rêve hypnotique


s’apparentant à la déréalisation.
La dissociation de l’identité est bien illustrée par la théorie de « l’observateur
caché » : une partie inconsciente de soi-même s’observe pendant l’hypnose. La
présence de l’observateur caché signe la dualité de l’expérience vécue, celle de
l’hypnotisé et celle du sujet qui s’observe réagir à l’hypnose. La même personne
est à la fois le participant du passé et l’observateur du présent : c’est la division
de la conscience sous hypnose [13].
Dissociation de la volonté
Lors d’un événement traumatique le sujet peut se retrouver paralysé,
« sidéré », incapable de bouger, crier ou fuir : on parle alors de stupeur
dissociative. Bien qu’il ouvre la bouche, aucun son ne peut sortir, il est comme
figé, immobilisé, ses possibilités de réagir ne répondent plus à son contrôle.
Seul le mouvement oculaire est conservé. Cet état de « gel » cataleptique crée
un sentiment d’impuissance très fort qui risque de perdurer sous la forme de
manque de confiance en soi ou de vulnérabilité. La réaction comportementale
est inhibée, ou bien les comportements peuvent être automatiques, coordonnés
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mais incongrus, comme dans les fuites à l’aveugle.
Or, un comportement est hypnotique à partir du moment où il intervient indé-
pendamment de la volonté avec perte de contrôle. Bien que ce soit le sujet qui
soit à l’origine du comportement, il ne le vit pas ainsi. Les sujets sous hypnose
peuvent effectuer un geste ou un acte compulsif pendant ou après la transe, en
ayant le sentiment que le mouvement se fait de lui-même, sans contrôle moteur
ou mental, la motivation étant inconnue. Le mouvement est lié à l’absorption
dans une autre tâche afin qu’il s’effectue hors du champ de la conscience ou
hors de la volonté si le sujet en a conscience.
Expérimenter pour un sujet une perte de volonté sous hypnose peut avoir un
impact sur des émotions de culpabilité (liées au fait de ne pas avoir pu réagir
comme il aurait souhaité le faire lors du traumatisme) et faciliter une décen-
tration de son sentiment de responsabilité.
Synthèse
Janet avait déjà indiqué que l’état hypnotique et l’état dissociatif trauma-
tique recouvrent les mêmes mécanismes et se différencient uniquement au
niveau de l’élément déclencheur, celui-ci étant artificiel dans un cas, spontané
dans l’autre.
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La dissociation de la perception sensori-motrice, de la volonté, des


affects, de la mémoire, du temps et de l’identité dans le traumatisme peut
en fait être considérée comme relevant d’un même processus « spontané » :
l’auto-hypnose.
Notons cependant une différence essentielle entre ces deux types d’états
dissociatifs :
1. L’état traumatique crée un état de conscience séparé à l’origine de la
perturbation du sujet. Comme le soulignent Phillips & Frederick [3,
p. 10], « la transe spontanée et la dissociation spontanée sont toutes
deux des réponses d’adaptation à la fois positives sur le moment et
désastreuses à long terme » ;
2. Dans l’état hypnotique l’état de conscience modifié (ECM) est levé par
le biais d’une réassociation obtenue en fin de séance qui permet au sujet
de retrouver son fonctionnement habituel tout en bénéficiant des nou-
velles informations intégrées. Cette réassociation offre des perspectives
thérapeutiques importantes dans l’ESPT.

L’hypnose dans le traitement des


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états de stress post-traumatiques
L’intérêt de l’hypnose pour le traitement des ESPT est multiple :
- l’hypnose est un outil qui s’intègre aisément avec d’autres types de théra-
pies et permet de potentialiser leur efficacité ;
- les capacités dissociatives des sujets présentant un ESPT les rendent hau-
tement hypnotisables donc aisément accessibles aux techniques hypnotiques ;
- ces capacités dissociatives sont le ressort de l’efficacité thérapeutique : les
ressources des sujets eux-mêmes sont utilisées en hypnose pour une « reprise »
de la situation traumatogène ;
- sous hypnose, cette reprise s’effectue de façon contrôlée afin de mieux
entrer en relation avec le thérapeute et de travailler sur le matériel trauma-
tique tout en maintenant une distance émotionnelle favorisant l’intégration de
l’événement ;
- enfin, l’hypnose est efficace dans le traitement des comorbidités
traumatiques.
Sans insister sur le dernier point – la Haute Autorité de Santé [14] recom-
mande les techniques hypnotiques dans le traitement des comorbidités trau-
matiques –, nous détaillons ci-dessous les différents apports relatifs à l’ESPT.
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Adjonction de l’hypnose à une thérapie


L’hypnose peut avoir un effet « boostant » sur d’autres thérapies (pharma-
cothérapie, EMDR, thérapie familiale, psychodynamique ou TCC) : de façon
générale, on observe pour 70 à 90 % des patients une meilleure efficacité
lorsque l’hypnose est intégrée à la prise en charge [15]. Petot [16] précise que
l’hypnose permet de renforcer l’alliance thérapeutique, de faciliter l’usage des
techniques thérapeutiques spécifiques, et de maintenir dans le temps les progrès
thérapeutiques.
Par exemple, l’hypnose facilite le plus souvent l’usage d’une technique
comportementale essentielle dans la prise en charge d’un ESPT : l’exposition.
En effet, sans parler des gains de temps et des coûts moindres, l’hypnose permet
de limiter les émotions comme l’anxiété ou la peur suscitées par une exposition.
(Cependant, lorsque l’émotion dominante est la honte ou la culpabilité – e.g.,
contexte d’agression sexuelle –, une accentuation semble au contraire possible :
dans de tels cas l’usage d’autres techniques hypnotiques – e.g., « écran de télé-
vision » – se révèle préférable.)
Certains auteurs soutiennent que l’hypnose facilite et raccourcit une prise en
charge en thérapie cognitivo-comportementale, tout en augmentant la gamme
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des techniques disponibles [17]. L’utilisation des procédés hypnotiques —
sollicitant l’affectivité et l’imagination du sujet — permettrait une meilleure
acceptabilité des techniques spécifiques. L’état que le sujet parvient à atteindre
sous hypnose (imagerie mentale et « lâcher-prise ») peut être ressenti par lui
comme « faisant du bien » en comparaison avec d’autres thérapies parfois
perçues comme plus éprouvantes (silence du psychanalyste, prescriptions de
symptômes, expositions ou séances de relaxation à répéter…) [16].
Haut potentiel d’hypnotisabilité
La corrélation positive entre hypnotisabilité et ESPT ou troubles dissocia-
tifs est reconnue. En outre, il a été montré que l’intensité de l’hypnotisabilité
est corrélée positivement avec l’amélioration thérapeutique [17]. Cependant,
le lien hypnotisabilité/efficacité thérapeutique semble complexe. Chan [17]
confirme par exemple la contribution de l’hypnotisabilité à l’efficacité d’une
thérapie, hypnotique ou non, sur la douleur, mais précise que c’est au même
titre que d’autres variables comme la motivation, l’entraînement à l’hypnose et
le contexte thérapeutique. La prédisposition à la fantaisie ainsi que les attentes
positives vis-à-vis de l’hypnose sont également des prédicteurs importants des
réponses hypnotiques, et sont corrélées à la haute hypnotisabilité des sujets et
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à l’efficacité de la thérapie [18]. Le simple fait de nommer la technique « hyp-


nose » peut influencer les effets des suggestions négativement ou positivement.
Certaines études n’indiquent aucune différence significative en fonction
du type d’hypnotisabilité, mais ceci soulève la question de la validité des tests
d’évaluation de l’hypnotisabilité [19]. En effet, cette évaluation repose en règle
sur les réponses motrices à des suggestions émises : les tests n’évaluent-ils
pas dès lors la suggestibilité plutôt que l’hypnotisabilité ? De plus, Gay [20]
souligne que la profondeur de l’hypnose n’est pas clairement déterminée et
nécessiterait de trancher avec la présence d’un état en tout ou rien, et rappelle
par ailleurs que la relation entre « réponse aux tests d’hypnotisabilité » et « effet
thérapeutique » fluctue : certes, les sujets obtenant de meilleurs scores aux tests
bénéficient davantage de la thérapie, mais les sujets évalués comme étant moins
suggestibles peuvent aussi profiter des effets thérapeutiques.
Abord spécifique du traumatisme
La psychiatrie « commune » est peu en mesure de traiter les spécificités d’un
ESPT (syndrome de répétition, altération de la personnalité…) et ses compé-
tences concernent surtout les symptômes non spécifiques (anxiété, troubles
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du sommeil…). A contrario, l’intérêt spécifique de l’hypnose à de multiples
niveaux dans le traitement du traumatisme est démontré [3, 4, 21].
L’objectif général de l’hypnothérapeute est ici de permettre au sujet de récu-
pérer ses souvenirs traumatiques tout en structurant l’expression des réactions
et émotions associées afin d’éviter une retraumatisation – chaque retour non
structuré du trauma (cauchemars, flash-back, etc.) est un risque d’abréaction non
contrôlée –, et finalement, par un recadrage de l’événement mortifère, de retrouver
une unité en donnant du sens à une expérience initialement incompréhensible. Il
est en particulier nécessaire que le patient apprenne à contrôler son état physio-
logique et mental pour sortir de son sentiment d’impuissance et de vulnérabilité.
On peut distinguer l’ouverture d’une porte d’accès, fondamentale pour
l’exploration du traumatisme, de la remise en action de ce qui a été arrêté :
nous précisons ci-dessous ces deux « étapes ».
Une porte d’accès
L’expérience traumatique ne se situe pas dans l’intellect mais dans le perçu et
le sensoriel. L’hypnose, qui est une approche psycho-corporelle, permet de dialo-
guer avec le « langage du corps » et d’exploiter la même voie que celle empruntée
par le traumatisme, ouvrant ainsi une porte d’accès au matériel traumatique [5].
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À l’instar d’Erickson qui utilisait des états de transes naturels dans ses
thérapies, l’hypnose s’appuie sur le savoir-faire des « survivants » considérés
comme « experts en transe ». Ces sujets, si l’on admet qu’ils « savent » revivre
l’expérience traumatique dans d’autres contextes que la situation d’origine,
disposent également de facilités pour expérimenter un souvenir agréable ou
développer leur capacité imaginative, facilités que l’hypnothérapie les aidera
à dévoiler dans le traitement même du traumatisme.
La mémoire explicite, liée aux informations verbales, étant débordée lors
d’un traumatisme, la traduction en mots de l’expérience est difficile, ce qui
implique l’inaptitude à conceptualiser un récit. Il faut donc contourner cette
carence pour accéder aux informations recueillies à travers les perceptions et
les sensations, et mettre en œuvre les capacités de symbolisation du sujet [10].
La technique de réification, par laquelle le sujet est invité à donner forme à
une douleur ou un symptôme, permet par exemple d’être totalement et di­rec­
tement présent à soi, à ses sensations et ses représentations sans les transformer
d’emblée par le langage. L’imagerie permet de changer les informations internes
propres à chaque expérience, en contournant les défenses verbales pour créer
de nouvelles connexions induisant un nouveau comportement. Or l’hypnose
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potentialise l’accès à l’imaginaire, le rend plus puissant et réel en modifiant
le centre d’attention et les perceptions de l’expérience, mettant en scène les
représentations subjectives des sujets pour que ceux-ci les modifient [12].
L’hypnose permet donc de rejoindre le patient dans un état dissociatif. Une
fois la communication établie, l’objectif visé est le développement d’un sen­
timent de sécurité. La stabilisation du sujet est recherchée à travers l’é­ta­blis­
sement d’une relation thérapeutique de confiance, un renforcement du sentiment
de sécurité et de contrôle interne permettant une gestion émotionnelle (« lieu-
sûr », auto-hypnose) et le développement de ressources, notamment par des
techniques de dissociation émotionnelle (« écran de cinéma »).
Reprogrammation du souvenir traumatique
Selon Halfon [22, p. 131], « la dissociation ne marque que le premier temps
d’une démarche qui doit être complétée par de nouvelles associations, à savoir
le réaménagement à partir des mêmes éléments d’une nouvelle orientation à la
réalité ». En effet, un des objectifs thérapeutiques pour le patient consiste à réap-
prendre à vivre le présent en achevant ce qui est resté en suspens. Selon Janet
[7], mettre fin à une action, ou la compléter, permet de relancer le fonc­tion­
nement mental et donc les possibilités d’intégration et d’évolution. Cependant,
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il y a une dissonance entre l’événement qui s’est produit et ce qui aurait dû se


produire, avec le besoin de garder ses croyances concernant le Soi. L’enjeu est
donc de transformer les réminiscences en une histoire personnelle et de leur
donner une place dans sa trajectoire de vie [23].
Inviter le sujet à changer de scénario, à partir de la même peur initiale, lui
réouvre un choix à partir de ce qu’il ressent : il peut écrire plusieurs scénarios
jusqu’à ce que ses sensations s’atténuent, indiquant qu’il a trouvé des solutions
satisfaisantes [24] et qu’il peut sortir de la séquence fataliste.
Le fait d’imaginer sous hypnose une action sollicite des efforts physio-
logiques, les mêmes zones du cerveau étant concernées quand l’action est
exécutée dans la réalité [25] : virtualité et réalité se mêlent pour le sujet sous
hypnose, d’où l’intérêt de ce levier pour modifier les empreintes sensorielles et
émotionnelles douloureuses en représentations plus acceptables, associées au
mouvement, avec « pour vertu d’accéder à la remise en action de ce qui s’est
trouvé interrompu » [12, p. 156], en accord avec l’intuition initiale de Janet.
L’expression de la colère peut participer à la remise en mouvement hors de
l’impuissance caractéristique de l’ESPT. En effet, la colère, même si elle est
relativement adaptée lors d’un contexte de violence, peut rester « interdite » à
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l’intérieur du sujet (e.g., enfant victime ayant intégré l’interdiction de se rebel-
ler face à son parent, adulte figé par la peur de l’agresseur) : une telle censure
émotionnelle ne permet pas au sujet de bénéficier de la fonction protectrice
de la colère, d’où l’intérêt de la lever dans un cadre médiatisé. De même, la
restauration par l’accomplissement sous hypnose de ce que le sujet aurait voulu
faire peut contribuer à la résolution de la culpabilité et de la honte [26].

Controverses
Malgré son efficacité démontrée, l’image de l’hypnose reste affectée par
des polémiques qui semblent traverser le temps. La pratique thérapeutique de
l’hypnose est au cœur de controverses qui se concentrent aujourd’hui sur le
risque d’accroître la dissociation traumatique et de favoriser l’émergence de
faux souvenirs.
Une augmentation de la dissociation ?
Phillips & Frederick [3] et Hollander et Bender [27] rappellent une cri-
tique classique vis-à-vis de l’hypnose : utiliser une technique dissociative avec
des sujets déjà fortement dissociés serait dangereux. Le patient peut percevoir
cette technique comme étant intrusive, avec un sentiment de perte de contrôle,
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notamment sur son corps, comme au cours d’un abus sexuel. Hammond (cité
par Hollander et Bender [27]) souligne que malgré le travail hypnotique engagé
par le sujet, la persistance de reviviscences traumatiques et le risque de boule-
versement émotionnel lors d’abréactions répétées sont à considérer. L’utilisation
de l’hypnose avec des patients souffrant de troubles dissociatifs sévères peut
entraîner de fortes résistances, les sujets se détournant de l’objectif thérapeu-
tique pour se laisser absorber par des rêveries.
Malgré ces réserves, la dissociation pathologique, loin de se renforcer,
semble en fait levée par les techniques dissociatives hypnotiques [21, 22].
Certes, le fait de « revisiter » les souvenirs traumatiques pourrait être contre-
productif si le patient n’expérimentait pas un sentiment de sécurité avec un Moi
suffisamment renforcé pour « gérer » le matériel traumatique. Néanmoins, cer-
taines techniques hypnotiques permettent d’éviter le débordement des affects,
comme l’utilisation d’un « lieu-sûr » mental. En particulier, la relation thérapeu-
tique peut être le pivot d’un travail s’appuyant sur la confiance et l’acceptation.
Cependant les « survivants » d’un ESPT peuvent rapidement entrer dans un
état d’hypnose très profond, où ils échappent au contrôle, et peuvent tendre
vers une confusion interne où il est difficile d’interagir avec le thérapeute.
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Pour éviter cet état le thérapeute peut surveiller l’accessibilité du patient sous
hypnose par la mise en place d’une réponse motrice (comme le signaling), le
réorienter, et, s’il est dans une transe trop profonde, induire une transe plus
légère, avec les yeux ouverts par exemple, en apprenant en même temps au
patient à maîtriser l’état hypnoïde afin de développer une possibilité d’action
sur son monde intérieur.
Il est important également que le thérapeute prenne suffisamment de temps
en fin de thérapie pour réorienter le patient dans l’ici et le maintenant pour
mettre fin à la dissociation, en le réassociant au présent, afin d’éviter un sen-
timent de mal-être, de brouillard, comme chez une personne mal « réveillée ».
L’hypnose peut être préconisée pour apprendre aux sujets vivant les phéno-
mènes hypnotiques de façon négative à contrôler leurs ressentis et à les « trans-
former » par une auto-hypnose positive.
Une émergence de faux souvenirs ?

Les recherches sur l’hypnose et la mémoire ont suscité de multiples débats


relatifs à la possibilité d’induire des pseudo-souvenirs [28]. Rappelons que
cette controverse bien connue, dans sa version la plus récente, a pris naissance
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à l’occasion de procès en justice aux États-Unis, et que la prudence est de mise


lorsqu’une procédure judiciaire est envisagée.
Selon les travaux les plus connus, ceux d’Elisabeth Loftus, l’hypnose ne per-
mettrait pas de retrouver des souvenirs précis et basés sur des faits, et l’hypno-
thérapeute pourrait exercer une influence sur son patient à travers son discours
puisqu’il y a une augmentation de la suggestibilité sous hypnose.
Orne et al. (cités par [3], p. 13) ont listé les effets de l’hypnose induisant un
risque de faux souvenirs : suspension des activités de contrôle de la réalité lors
d’une séance d’hypnose, technique reposant sur l’imagination créative donc
facilitant les confusions réalité-fantasmes, suggestibilité qui rend les sujets
enclins à modifier leurs souvenirs en fonction des questions du thérapeute,
jugement critique amoindri, vérité non garantie avec persistance de la possibilité
de mentir, confiance accrue qui induit un manque de distance critique.
Un patient souffrant d’un ESPT et de troubles dissociatifs étant ef­fec­ti­vement
très suggestible, le thérapeute doit faire attention à ne pas lui imposer sa propre
construction, par exemple une histoire d’abus suggéré, ce d’autant qu’une per-
sonne ayant vécu des traumatismes dans l’enfance a un sens de l’autonomie
fragile. Cependant, il n’est pas rare que si le thérapeute ne pose pas directement la
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question d’un abus, le patient évite d’aborder l’événement par honte et culpabilité.
Les sujets prévenus d’une possibilité de faux souvenirs sous hypnose éli-
minent les erreurs de mémoire après la séance. En fait, ce serait les attentes
erronées des sujets à propos de l’hypnose qui augmenteraient le risque d’erreurs,
non l’hypnose elle-même [28]. Par ailleurs, la récupération de souvenirs peut être
affectée pour de multiples raisons : morbidité psychiatrique, perturbations de
l’humeur, stress psycho-sociaux, objectifs du patient, contexte spécifique… [29].
En outre, la haute hypnotisabilité, telle celle qui s’observe chez les sujets
atteints d’un ESPT, protégerait en fait contre un risque de faux souvenirs lors
de questions portant à confusion [30], alors que les sujets faiblement hypnoti-
sables produisent plus de faux souvenirs en réponse à des questions portant à
erreur. En effet, les sujets faiblement hypnotisables, ayant peu d’attentes posi-
tives quant à l’hypnose, sont plus anxieux dans des conditions où ils doivent
rappeler une information et sont donc plus susceptibles de se conformer aux
suggestions proposées.
La volonté de faire plaisir au thérapeute et de bien répondre à ce que les
patients pensent que leur thérapeute attend d’eux est un facteur qui rentre en
compte dans la distorsion de la mémoire. Les faux souvenirs ne seraient pas
tant dus à l’hypnose qu’à la forme inappropriée des questions [28].
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Lorsqu’un patient retrouve, au cours de la thérapie, un souvenir aupara-


vant refoulé, il est souhaitable de lui indiquer que sans corroboration avec des
sources extérieures il n’est pas possible de confirmer la réalité et la fiabilité des
souvenirs retrouvés. Phillips & Frederick [3] suggèrent que le rôle du thérapeute
est d’accompagner le patient pour qu’il « gère » le matériel traumatique et non
pas de déterminer la véracité des souvenirs, ce qui appartient au sujet. Si le sujet
ne se souvient pas de certains éléments d’un vécu, c’est qu’il n’est pas prêt à
accueillir la totalité du souvenir, défense qui doit être respectée.
De multiples méthodes thérapeutiques sont en fait susceptibles d’altérer la
mémoire, or beaucoup d’études s’appliquent à trouver des distorsions mné-
siques induites par hypnose, mais peu de recherches de ce type ont été réalisées
pour les autres types de thérapies. On peut même soutenir que c’est la recherche
sur l’hypnose qui a permis de disposer de données précises sur certains types
de distorsion mnésique.
Remarquons enfin que n’importe quel souvenir a sa part de falsification :
la mémoire est prédisposée aux distorsions et reconstructions, cela en dehors
de toute intervention extérieure, et cette tendance s’accroît lorsqu’il s’agit de
souvenirs traumatiques à forte charge émotionnelle. Les techniques hypnotiques
visent donc à travailler sur le ressenti du patient et non sur la réalité de l’évé-
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nement traumatique, d’autant plus qu’une grande partie des sujets présentent
une amnésie sélective. L’hypnose permet ainsi de soulager la souffrance des
sujets manifestant un ESPT en utilisant la représentation qu’ils se font de leur
ressenti et non en exhibant la réalité de tel ou tel événement.

Conclusion
L’hypnose apparaît comme un outil efficient, pertinent et polyvalent dans
le traitement des ESPT, pouvant être utilisée de façon exclusive ou complé-
mentaire à d’autres thérapies. Son intérêt psychopathologique propre repose
sur l’utilisation du mécanisme au cœur de l’ESPT, la dissociation, avec une
reprise par le sujet lui-même de la situation traumatique dans un cadre qui
lui permet d’exploiter ses ressources au lieu d’être la victime paradoxale de
leur puissance. Ainsi, l’hypnose, technique dissociative utilisée dans un cadre
structuré, contrôlé et sécurisant permet aux sujets présentant un ESPT de béné-
ficier de leur savoir-faire de façon thérapeutique, voire d’accéder aux éléments
dissociés qui auraient été hermétiques à toute autre approche.
Bien entendu, l’hypnose n’est pas une thérapie efficace pour tout le monde.
Cet outil est avant tout une façon singulière de communiquer et d’être présent
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à soi, que le thérapeute utilise en s’adaptant à chaque sujet, à sa singularité, à


sa demande, et en fonction de la dynamique de la thérapie.

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PSN. Psychiatre, Sciences humaines, Neurosciences [en ligne]. Nouvelle série, vol. 12, n° 4, 4e trimestre 2014,
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