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Julien REY
Année 2013-2014 – FOD Grenoble
TET102
T
NT Express rachète Jet Services en 1999 afin d’augmenter sa présence en France. Les
deux sociétés œuvrent dans le transport express, et exercent donc de fait le même
métier. En 2001, Jet Services disparait et devient TNT Express national. Je rentre en
2008 chez TNT, et avec mon point de vue extérieur, un constat est flagrant : il y a toujours
deux sociétés différentes au sein de TNT France. En effet, il y a d’un côté ceux qui sont
surnommés les « bleus », en référence à la couleur dominante de Jet services, qui regroupent
les gens venant de cette dernière, et les « Oranges », en référence à la couleur dominante du
groupe néerlandais.
Je constate rapidement que chaque groupe à un historique totalement différent. Les « bleus »
avant d’être rachetés par TNT, n’ont connu qu’un seul dirigeant, qui était très proche de ses
salariés, très paternaliste. Certains salariés parlent encore aujourd’hui, plus de 10 ans après
son départ, de leur ancien patron avec des termes élogieux. Le turnover au sein de Jet
Services était faible, les gens se connaissaient très bien. Les « oranges » au contraire n’ont
pas ce lien fort avec leur hiérarchie. En effet, les dirigeants changent, et de plus ils sont
souvent très éloignés géographiquement. Chaque entreprise avant le rachat avait sa propre
culture, et les deux cultures continuent de coexister après.
A travers cet exemple, on distingue un premier élément clé qui va nous permettre de définir
la notion de culture d’entreprise. En effet, cet élément qui ressort très clairement est qu’une
culture d’entreprise nait d’un historique. Cette histoire se construit sur les réussites, ou les
échecs que l’organisation a vécus, et les moyens et méthodes qu’elle a mis en face de ceux-ci.
Ainsi au fil du temps, la culture s’affirme. Chaque nouveau problème fut l’occasion de
développer en face une méthode qui deviendra une référence pour répondre à ce type de
problème.
La culture se définit alors comme cet ensemble de références, d’usages, développés au fil de
l’histoire, et propre à l’organisation. Ce dernier n’est pas évident à mettre en relief, on
pourrait le comparer au sucre dans le café, il est présent, on en ressent le gout mais quand
on le cherche il très difficile de l’identifier. Tous ces usages sont là, diffusés dans
l’organisation, régissant les comportements. D’ailleurs, une personne n’ayant connu que
cette culture ne s’en rend pas toujours compte. On peut facilement faire le parallèle avec la
culture d’une nation. Une personne n’étant jamais sorti de son pays n’a pas forcément
conscience de cet ensemble de références car il baigne dedans. Au contraire, en voyageant à
l’étranger, et face à d’autres cultures, parfois sensiblement différentes, parfois totalement
opposées, on apprécie alors mieux son propre ensemble de référence, et on appréhende
rapidement celui du pays visité.
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l’entreprise, et l’observation ci-dessus reste juste. En effet, une personne arrivant dans une
société pourra appréhender la culture en ayant des points de comparaison avec d’autres
organisations dans lesquelles elle sera précédemment passée. Alors qu’une personne n’ayant
connu qu’une seule entreprise n’a aucun autre référentiel que celui dans lequel il est plongé.
Elle ne connait qu’une « vérité », qui apparait pour elle comme la normalité.
Enfin, le dernier aspect important de la définition de la culture d’entreprise, est que cette
dernière doit être partagée par tous dans le groupe. Pour rebondir sur l’exemple de TNT
Express France, on distingue bien qu’il y a deux groupes différents, mais peut-on quand
même parler de deux cultures différentes pour autant ? Ou doit-t-on parler de deux sous-
cultures ?
Pour répondre à cette question, appuyons-nous sur la définition que nous venons de
peindre :
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Si nous avons bien appréhendé ce qu’est la culture d’entreprise, il est donc maintenant
légitime d’essayer de comprendre, et d’identifier ce qu’elle peut apporter. Nous allons
focaliser l’étude de ces apports sur trois aspects importants : les salariés, les clients et
l’innovation.
La culture d’entreprise peut donc tout d’abord avoir un effet positif sur la performance, et la
motivation des salariés. En effet, en renforçant le sentiment d’appartenance au groupe qu’est
l’entreprise, cela impacte directement l’engagement du salarié, et donc sa motivation. La
culture d’entreprise peut même être un facteur facilitant la recherche de nouveaux talents
car elle attire d’elle-même des candidats potentiels. Nous pouvons prendre l’exemple de
Google, qui par ses méthodes de travail, ses modes de management, attire un grand nombre
de candidats potentiels.
De plus, lors de l’intégration d’un nouveau salarié, la culture d’entreprise peut être un moyen
de renforcer les liens et le sentiment d’appartenance. Il existe dans de nombreuses
entreprises des systèmes de parrainage, ou encore des stages ou séminaires d’intégration qui
ont pour objectif de donner les codes et rituels de l’organisation.
Enfin plus l’allégeance du salarié à la culture d’entreprise est forte, plus il jouera un rôle
important dans la transmission et le soutien de celle-ci.
Comme la culture d’entreprise peut être un levier dans la motivation des salariés, elle peut
aussi être un levier pour la performance dans la relation client. Dans une démarche
commerciale « traditionnelle » l’entreprise va plutôt mettre en avant ce qu’elle fait. Mais dans
un contexte où les produits sont sensiblement les mêmes, où les critères de différenciation
sont faibles, la culture d’entreprise va pouvoir jouer un rôle primordial et permettre à
l’organisation de mettre en avant ce qu’elle est. Un très bon exemple est celui de la banque,
où tous les produits sont finalement très standardisés d’une banque à l’autre. Nous voyons
actuellement une publicité pour le Crédit Agricole, où un conseiller du sud de la France, avec
un accent local, nous vante les mérites non pas des produits, ou des prix de ces derniers,
mais de son entreprise elle-même. Il met clairement en avant le caractère local de son
entreprise, en l’opposant implicitement au côté impersonnel et ultra-mondialistes des autres
banques. On casse l’image du trader parisien, au profit d’une culture favorisant la localité et
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la proximité. Le conseiller nous invite à rejoindre sa banque pour adhérer nous aussi à sa
culture. Une autre publicité actuelle, allant dans le même sens est celle du Crédit Mutuel,
vantant la culture sociétaire de l’établissement.
Plus qu’un outil de communication, la culture d’entreprise peut aussi tout à fait être
« orientée client » en interne, et ainsi impliquer tous les étages de l’entreprise dans la
satisfaction du client, et non plus laisser cette seule gestion à la fonction commerciale. Dans
de nombreux établissements, on voit se développer la notion de « clients internes », et
chaque département a pour objectif de satisfaire ses clients, qu’ils soient internes ou
externes. C’est par exemple le cas chez TNT, ou en plus des enquêtes clients classiques, une
enquête « clients internes » est réalisée. Chaque responsable de service va pouvoir évaluer
les services avec qui il a travaillé (où il était le client interne), donner ses critères de
satisfaction, et d’insatisfaction. Le résultat de cette enquête est ensuite publié dans
l’entreprise, et permet de challenger les différents services. Cette pratique est tout à fait
acceptée, et intégrée dans la culture de l’entreprise, c’est d’ailleurs un des éléments
communs que l’on peut identifier sur les deux entités.
Il existe bien sur des contre-exemples, pour n’en citer que deux Apple, et Google. Ces deux
organisations sont pionnières de l’innovation sur leur créneau et s’appuient sur leur culture
d’entreprise forte, et favorisant la naissance et le développement de nouvelles idées. Il suffit
de passer quelques minutes sur la page « carrières » de Google pour appréhender leur
culture. On trouve plusieurs fois le mot innovation. Et ce dernier est au centre du processus
de recrutement. Google entretient cette dynamique d’innovation comme partie intégrante
de sa culture d’entreprise.
La culture d’entreprise chez Apple aurait presque pu se résumer en un nom, Steeve Jobs. En
effet, il apparaissait comme un gourou, ayant l’œil sur tout, et pilotant à lui seul l’entreprise,
et son innovation. Cette culture, différente, mais ayant rencontré le succès que l’on connait :
lors de la sortie de l’Iphone 5, certaines analyses économiques cherchaient à démontrer
l’impact de la sortie de l’appareil sur le PIB Américain. Certaines avançaient que cela pouvait
doper le PIB de +0.5 points ! Avec le décès de Steeve Jobs, la culture d’Apple risque de
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changer, et l’avenir nous dira si ce changement aura un impact sur l’innovation, comme la
croissance de Microsoft.
Si l’on distingue bien que la culture d’entreprise peut être un facteur favorisant l’innovation,
on voit tout aussi bien qu’elle peut à contrario l’inhiber. Elle peut aussi être un frein, une
limite à l’entreprise. En effet, une période de crise va souvent être synonyme de
restructuration d’entreprise, de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), essentiels à la survie
économique de l’organisation. Et souvent, la culture va venir en opposition, en frein à ces
restructurations, pouvant même mettre en péril la survie de l’entreprise. Chez TNT, l’idée
d’une fusion juridique, entre les entités nationales et internationales a souvent été évoquée.
En effet, elle permettrait de réaliser certaines économies (rationalisation de certaines
fonctions supports en double, rationalisation des centres opérationnels, optimisation des
tournées, des salariés, des véhicules). Cette idée n’a jamais été mise en œuvre car d’une
part, la situation économique était plutôt favorable, et même s’il y avait une opportunité de
diminuer les coûts, personne ne souhaitait prendre le risque d’une réorganisation. D’autre
part, les décisionnaires avaient bien conscience de l’opposition à laquelle il ferait face, et de la
difficulté à réunir les deux activités sans « casse ». Aujourd’hui, avec une situation
économique dégradée, et suite au refus de la commission Européenne du rachat par UPS,
TNT doit améliorer sa profitabilité, et cela passe par un plan d’économie. Le plus grand
obstacle à cette fusion est aujourd’hui l’opposition de ces deux cultures, et la difficulté de les
réunir en une seule. Beaucoup d’ateliers de travail, composés de salariés des deux côtés,
sont actuellement tenus pour tenter d’appréhender les changements, et les « best practices »
à mettre en place si une fusion intervenait. Chaque réunion est toujours très tendue,
certaines se termine même en larmes.
L’une des limites de la culture peut en effet être l’enfermement. En effet, la culture ne doit
pas être définie une fois pour toute, et rester imperméable au changement. Elle n’est pas là
pour donner un cadre confortable et faire oublier la réalité de l’environnement qui lui, est
constamment mouvant.
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Bibliographie utilisee
http://organisationetgestion.blogspot.fr/2013/02/culture-dentreprise-et-motivation-des.html
http://www.latribune.fr/technos-medias/20120911trib000718903/l-iphone-5-pourrait-doper-le-pib-
americain-de-05-point.html
http://www.jolpress.com/microsoft-culture-innovation-technologie-article-822101.html
http://www.google.fr/about/jobs/lifeatgoogle/