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TRAITEMENT DES EAUX USEES

INDUSTRIELLES

Pr H. MELLOUK

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I INTRODUCTION
L’évolution spectaculaire que connaît l’environnement urbain et industriel pose, dans de
nombreux pays, le problème de l’eau.
Pendant longtemps, l’eau a été considérée comme un bien naturel, un « don du ciel »
gratuit, d’exploitation facile, bon marché et, pour ainsi dire, sans valeur.
Pour être considérables, les ressources en eau ne sont malheureusement pas sans
limites et la France, qui a offert, jusqu’à l’aube du XXe siècle, l’exemple d’un pays
apparemment riche en eau, a dû, depuis lors, la consommation augmentant, prendre
conscience du problème de l’eau et adopter une politique qui permette de lui trouver
une solution.
Le problème de l’eau est inquiétant en réalité, non seulement si on le considère du point
de vue quantité, mais encore, et davantage peut-être, sous l’aspect de la qualité.
Il ne semble pas, en effet, qu’il soit possible d’accroître sensiblement les ressources en
eau naturelle : sources, puits et forages ; pratiquement tout ce qui était intéressant a été
capté.
Force est donc de recourir, tant pour l’eau potable que pour l’eau industrielle, aux eaux
de surface, eaux de rivières et de lacs. Ces dernières, encore relativement propres au
début du siècle, sont malheureusement exposées de plus en plus à la pollution, sous la
forme de rejets d’effluents industriels ou domestiques, et deviennent progressivement
impropres à tout usage, sans un traitement préalable pouvant être compliqué et souvent
onéreux.
Les nappes aquifères n’échappent pas, en outre, à cette contamination générale. On
voit donc qu’un cercle vicieux s’amorce dans lequel le besoin et l’usage de l’eau
croissent, tandis que, par effet de « boomerang », la pollution des eaux encore
disponibles s’aggrave dangereusement.
Assurer une bonne alimentation en eau ne suffit donc plus : il faut éviter aussi que l’eau
après usage, dite eau usée, contamine l’eau naturelle des nappes souterraines, des
rivières et des lacs, la rendant ainsi impropre à la consommation et à l’utilisation
industrielle.
Il s’avère donc de plus en plus nécessaire de contribuer à la réalisation d’un double
programme, consistant à conserver et à protéger l’eau et, pour cela, une meilleure
connaissance sur le plan analytique de la pollution des rejets industriels et urbains est
indispensable.

II DEFINITION DE LA POLLUTION DES EAUX


Polluer l’eau d’une réserve superficielle ou profonde, c’est modifier ses caractéristiques
naturelles (physiques, chimiques, biologiques et bactériologiques) en y rejetant
certaines substances soit à l’état solide (matières en suspension), soit à l’état dissous,
susceptibles de perturber, à plus ou moins longue échéance, l’équilibre biologique du
milieu en rendant toute vie animale et végétale aléatoire et rendre l’eau impropre à toute

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réutilisation ultérieure (production d’eau destinée à la consommation humaine, usage
industriel...).

III LES POLLUEURS MAJEURS DE L’EAU


Nous sommes tous des pollueurs... chacun à sa mesure, certes. Les industriels rejettent
un bon nombre de substances qui vont polluer nos rivières et nos nappes d’eau, parfois
d’une manière d’autant plus pernicieuse que l’on n’en connaît pas les effets à long
terme.
Il est tout aussi vrai que par nos lavabos, nos éviers, nos salles de bains et nos WC, par
exemple, passe chaque jour une pollution proportionnelle au nombre d’habitants. Elle
consiste essentiellement en matières organiques biodégradables, mais aussi en des
germes pathogènes (causes d’épidémie) et en des produits chimiques.
L’agriculture, qui est pourtant indiscutablement la gardienne de la nature, est à l’origine
de certaines pollutions. C’est le cas des gros élevages de porcs et de bovins
notamment, mais surtout les engrais chimiques, des pesticides et autres produits qui
protègent les cultures ou facilitent la vie des agriculteurs. Ces produits peuvent polluer
les nappes d’eau par infiltration et les rivières par lessivage et ruissellement en période
de pluie.

IV TYPES DE POLLUTION DES EAUX USEES


On peut classer qualitativement la pollution en plusieurs catégories en fonction de sa
nature, de sa nocivité et de ses effets

IV.1 POLLUTION TOXIQUE


Elle est due, d’une manière générale, aux rejets industriels qui renferment des produits
toxiques d’origine minérale (métaux lourds, cyanures, sulfures, etc.) ou organique
(composés phénolés, hydrocarbures, pesticides, etc.) qui provoquent la mort de tous
les êtres vivants (et, en particulier, du poisson) à des concentrations très faibles (< 1
mg/L).

IV.2 POLLUTION PARTICULAIRE


Elle est due à des rejets urbains et industriels par des matières en suspension qui
provoquent des dépôts et envasements nuisibles à la navigation en favorisant les
inondations, endommagent les organismes des poissons par simple action mécanique
en colmatant les voies respiratoires, enfin, et surtout, augmentent la turbidité de l’eau,
gênant ainsi la pénétration des rayonnements lumineux, c’est à dire le phénomène de
photosynthèse.

IV.3 POLLUTION ORGANIQUE


Elle a pour origine les eaux usées domestiques et industrielles renfermant des
matières organiques non toxiques en elles mêmes, mais dont la dégradation par voie
bactérienne consomme l’oxygène dissous dans le cours d’eau en entraînant la mort
des poissons par asphyxie et le développement (par les dépôts des matières au fond
des rivières) de fermentations anaérobies (putréfaction) génératrices de nuisances.

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IV.4 POLLUTION THERMIQUE
Elle résulte des rejets d’eaux à température trop élevée (eaux de refroidissement, par
exemple) qui influe à la fois sur la solubilité de l’oxygène et sur l’équilibre biologique du
milieu. Les poissons les plus résistants meurent à 35°C.

IV.5 POLLUTION MICROBIOLOGIQUE


Elle provient des eaux urbaines renfermant des germes pathogènes et des virus
dangereux pour l’homme et les animaux.

IV.6 POLLUTION RADIOACTIVE


C’est celle occasionnée par une éventuelle radioactivité artificielle des rejets qui trouve
sa source dans l’utilisation de l’énergie nucléaire sous toutes ses formes (installations et
centrales nucléaires, exploitation de mines d’uranium, traitement des déchets
radioactifs...).

V CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DE LA
POLLUTION DES EAUX
V.1 MESURE DE LA TEMPERATURE
Le contrôle réglementaire rend nécessaire la connaissance de la température d’un rejet.
Sa mesure n’offre pas de difficultés particulières puisqu’il suffit de disposer d’un
thermomètre exact, gradué au 1/10 de degré. Pour obtenir des informations à distance,
ce sont les thermomètres à résistance qui sont les plus employés ; ils peuvent permettre
l’enregistrement graphique continu.

V.2 DETERMINATION DU PH. ACIDITE ET BASICITE


Pour les eaux résiduaires, étant donné les circonstances de terrain et d’environnement
où l’on opère le plus souvent (bord d’un canal d’évacuation sous la pluie, sortie
d’effluent d’un hall de fabrication avec vibrations et courants baladeurs), il y a lieu de
choisir un appareillage et des électrodes (verre et calomel) de qualité, robustes et
fiables, dont la lecture garantisse le 1/20 d’unité de pH, ce qui est nettement suffisant.
Vu la grande variation, dans le temps, du pH des eaux résiduaires évacuées, on ne peut
se contenter, lors d’un contrôle, d’une lecture ponctuelle du pH. On devra
nécessairement utiliser des pH-mètres enregistreurs, permettant de déterminer en
continu le pH pendant tout un cycle de fabrication pour avoir des mesures significatives.

V.3 MESURE DE L’INDICE DE PUTRESCIBILITE ET DU POUVOIR


OXYDOREDUCTEUR
Il est souvent très utile de savoir si l’on se trouve en milieu oxydant ou réducteur. Dans
ce but, le test de putrescibilité donne un premier renseignement. Il consiste à mesurer le
temps nécessaire pour décolorer une certaine quantité de bleu de méthylène ajoutée à
l’eau résiduaire. La décoloration indique que l’on passe en milieu réducteur, avec
tendance à la putréfaction pour les matières organiques.

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V.4 MESURE DE LA SALINITE OU DE LA MINERALISATION
Elle peut être globalement mesurée par la valeur du résidu sec, vieille notion qui permet
d’apprécier la quantité totale de sels dissous en pesant le résidu d’évaporation, d’une
quantité donnée d’eau, placée dans une étuve réglée à une température de 105 °C.
On utilise cependant, à présent, un moyen beaucoup plus commode et plus rapide pour
connaître la minéralisation d’un effluent : c’est la mesure de la conductivité électrique qui
s’avère de plus en plus le paramètre représentatif de la pollution minérale soluble.

V.5 DETERMINATION DE L’OXYGENE DISSOUS


La mesure de l’oxygène dissous est couramment utilisée pour faire les mesures de
DBO5 en laboratoire et pour contrôler sur place l’état d’une rivière sur le plan de sa
qualité biologique. La mesure de l’oxygène s’effectue par voie chimique ou par voie
électrochimique.
Rappelons que la saturation en oxygène à 16 °C est de 10 mg/L.

V.6 DETERMINATION DES MATIERES EN SUSPENSION (MES)


La pollution particulaire est mesurée par les matières en suspension totales (MEST)
constituées par :
o les MES décantables en deux heures
o les MES non décantables: il s’agit de la fraction colloïdale des MEST.
Pour connaître l’importance respective des matières organiques et minérales des
MEST, on procède à leur calcination à 550 °C.
On procède généralement à l’appréciation de la teneur volumétrique d’un effluent en
matières dites décantables en les laissant spontanément décanter dans un récipient
gradué, conique ou cylindroconique, d’un litre d’eau. On lit directement sur la graduation
le volume occupé par les substances décantées ; le résultat est exprimé en mL/L.
La détermination pondérale des matières en suspension consiste à isoler les matières
en suspension de l’eau qui les englobe, à les sécher entre 100 et 105°C et à les peser.
Deux procédés d’isolement sont utilisés aussi: la centrifugation et la microfiltration sous
vide.

V.7 DETERMINATION DE LA DEMANDE BIOLOGIQUE EN OXYGENE


(DBO5)
La DBO est la quantité d’oxygène consommée (en mg O2/L) pour assurer la dégradation
(par voie bactérienne) des matières organiques contenues dans un litre d’eau
résiduaire, à l’obscurité et à une température de 20°C.
La quantité d’oxygène consommée dans les conditions de l’essai est mesurée après un
laps de temps de 5 jours, d’où le nom de DBO5. La valeur de la DBO5 ne constitue, en
fait, qu’une fraction de la quantité totale d’oxygène nécessaire à la dégradation
complète des matières organiques. Pour être totale, l’oxydation biologique demande une
durée de 21 jours. On obtient alors une « DBO5 ultime » ou DBO21, trop longue à
mesurer, remplacée par convention par la DBO5 qui constitue une mesure semi-

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quantitative, internationalement admise, du degré de pollution d’un rejet par des
substances organiques dégradables biologiquement. La DBO est constituée en réalité
de la superposition de plusieurs demandes d’oxygène différentes du point de vue du
type d’absorption et du mode de dégradation de la matière organique et, par ailleurs,
très difficiles à différencier les unes des autres. Elle comprend :
o la DIO (demande immédiate en oxygène), qui s’effectue par voie chimique par
suite de l’absorption très rapide de l’oxygène par les corps réducteurs (sulfures,
sulfites...).
o la DBO (demande biologique en oxygène), qui résulte de la consommation
d’oxygène par les populations bactériennes de l’eau qui décomposent les
matières organiques pour les transformer en CO2, H2O.
o la DAO (demande par auto-oxydation chimique), qui concerne l’oxydation lente
des matières organiques labiles comme le lactose ou les nitrites sous l’action de
l’oxygène moléculaire présent dans l’eau.
La détermination en laboratoire de la DBO5 est réalisée en utilisant des techniques
relevant de deux types de procédés différents :
o les procédés par dilution
o les procédés respirométriques

V.8 DETERMINATION DE LA DEMANDE CHIMIQUE EN OXYGENE


(DCO)
La demande chimique en oxygène représente la quantité d’oxygène nécessaire pour
oxyder, dans un certain contexte réactionnel, les substances réductrices ou oxydables
contenues dans l’échantillon. Elle s’exprime en mg O2/L.
Divers oxydants ont été préconisés pour mesurer la DCO ; actuellement ne coexistent
que le bichromate de potassium et le permanganate de potassium.

V.9 DETERMINATION DE LA DEMANDE TOTALE EN OXYGENE


(DTO)
La DTO mesure la consommation d’oxygène selon les réactions chimiques suivantes,
développées par la combustion catalytique :

Dans les mêmes conditions, les composés soufrés sont oxydés en SO2 et SO3 dans un
rapport fixe.

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L’intérêt de cette méthode réside dans l’obtention rapide de résultats, mais elle
nécessite un appareillage spécialisé.

V.10 DETERMINATION DU CARBONE ORGANIQUE TOTAL (COT)


La détermination du taux de carbone peut être considérée comme une très bonne
approximation de la quantité de matières organiques, dans la mesure où cet élément est
le constituant majeur de ces composés.
Il convient de distinguer immédiatement le carbone organique total (COT) du carbone
total (CT) qui fait intervenir, en plus, le carbone minéral, c’est-à-dire essentiellement le
CO2 dissous et le carbone lié aux carbonates et bicarbonates de l’eau.

V.11 DETERMINATION DES COMPOSES AZOTES


L’azote présent dans les rejets d’eaux résiduaires peut avoir un caractère organique ou
minéral. L’azote organique provient principalement de composés tels que des protéines,
des polypeptides, des acides aminés et l’urée. L’azote minéral se trouve sous forme
d’ammoniaque, de nitrates et de nitrites.
L’ensemble de l’azote sous toutes ses formes est appelé azote global (NGL) constitué
de l’azote réduit NTK (Kjeldahl) et des formes oxydées de l’azote.

V.12 DETERMINATION DES COMPOSES PHOSPHORES


Dans les rejets d’eaux résiduaires, le phosphore peut se rencontrer sous forme de
sels minéraux (orthophosphates, polyphosphates), mais aussi sous forme de
composés organiques solubilisés ou à l’état de matières en suspension.
La détermination du phosphore total (PT) nécessite une minéralisation préalable du
prélèvement en milieu sulfurique au persulfate de sodium.

V.13 CRITERES D’EVALUATION DE LA POLLUTION TOXIQUE


L’évaluation de la toxicité d’un rejet est déterminée en utilisant dans un premier
stade, des tests biologiques généraux, révélant une action toxique sur les êtres
vivants, ensuite, en cas de toxicité décelée par ces tests, des analyses chimiques à
l’aide de paramètres semi-globaux renseignant sur la présence ou non d’une ou
plusieurs familles chimiques. Ces critères sont en réalité des indicateurs de pollution
caractéristiques d’une fonction chimique bien définie, puis par des critères
spécifiques plus individualisés, basés sur l’identification et le dosage de molécules
toxiques appartenant à des familles chimiques bien définies, par l’intermédiaire de
techniques analytiques instrumentales souvent sophistiquées permettant de
détecter les toxiques à très faibles teneurs tel que :

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 Micropolluants organiques
Les hydrocarbures totaux
Les organohalogénés
Les détergents
 Micropolluants minéraux
L’ensemble des éléments métalliques
Les fluorures
Les cyanures (libres et totaux)
Les sulfures

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VI ÉTAPES DU TRAITEMENT
Tout traitement de dépollution doit comporter ce qu’il est convenu d’appeler un «
prétraitement » qui consiste en un certain nombre d’opérations mécaniques ou
physiques destinées à extraire le maximum d’éléments dont la nature et la dimension
constitueraient une gêne ultérieurement. Ces opérations sont: le dégrillage, le
dessablage et le déshuilage.

VI.1 DEGRILLAGE
L’eau brute passe à travers des grilles composées de barreaux placés verticalement ou
inclinés de 60 à 80° sur l’horizontale. L’espacement des barreaux varie de 6 à 100 mm.
La vitesse moyenne de passage entre les barreaux est comprise entre 0,6 et 1 m/s. Le
nettoyage de la grille est généralement mécanique. Il est réalisé par un râteau solidaire
d’un chariot qui se déplace de bas en haut le long d’une crémaillère ou entraîné par
deux câbles. Le fonctionnement du dispositif de nettoyage peut être commandé par une
temporisation ou/et à partir d’un indicateur de perte de charge différentiel. Les matériaux
de dégrillage constituent un produit gênant qui est généralement composté.

Figure 1 : Grille à câble avec grappin

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VI.2 DESSABLAGE
Le dessablage s’effectue sur des particules de dimensions supérieures à 200 μm. La
vitesse de sédimentation se calcule par la loi de Stokes (chute libre). On calcule la
section du dessableur de manière que la vitesse de l’eau ne descende pas au-dessous
de 0,30 à 0,20 m/s ; on évite ainsi que les matières organiques se déposent en même
temps que les sables.
Le volume de sable extrait par habitant et par an est de l’ordre de 5 à 12 dm3.

Figure 2 : Ouvrage de dessablage-déshuilage combinés

VI.3 DESHUILAGE-DEGRAISSAGE
Le déshuilage-dégraissage se rapporte à l’extraction de toutes les matières flottantes
d’une densité inférieure à celle de l’eau. Ces matières sont de natures très diverses et
leur quantité s’estime par la mesure des « matières extractibles par solvants ». La
teneur des eaux usées en matières extractibles est de l’ordre de 30 à 5 mg/L.
Néanmoins, certains rejets industriels (abattoirs, laiteries...) peuvent élever ces valeurs
à 300-350 mg/L. Les huiles et graisses, lorsqu’elles ne sont pas émulsionnées, sont
séparées sous forme de boues flottantes dans des ouvrages comportant une zone
d’aération où les bulles d’air augmentent la vitesse de montée des particules grasses et
une zone de tranquillisation où s’effectue la récupération.
Le temps de séjour dans ce type d’ouvrage est de 5 à 12 min. Le débit d’air insufflé est
de l’ordre de 0,2 m3 par mètre cube d’eau et par heure.
Le plus souvent, les fonctions de dessablage et de déshuilage sont combinées dans un
même ouvrage qui met en œuvre les principes de fonctionnement cités précédemment
(figure 2).

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VI.4 DECANTATION
La décantation se distingue du dessablage en ce sens qu’elle enlève plus de la moitié
des matières en suspension, alors que le dessablage ne vise que l’élimination du sable
et des autres matières minérales (plus lourdes que les matières organiques).
Le paramètre de dimensionnement pour les ouvrages de décantation classique est
essentiellement la vitesse ascensionnelle notée v. Les particules dont la vitesse de
sédimentation est supérieure à la vitesse ascendante sont retenues.
En pratique courante, v est comprise entre 1 et 2 m/h sur la pointe de débit Q de temps
sec (hors période de pluie). À partir de cette vitesse ascensionnelle, la surface S des
bassins est déterminée par :

Figure 3 : Décanteur rectangulaire avec raclage de boues

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Figure 4: Décanteur circulaire avec raclage de boues

VI.5 COAGULATION-FLOCULATION
VI.5.A Élimination de la pollution colloïdale
Ce traitement consiste à enlever leur stabilité aux matières colloïdales présentes dans
l’eau en provoquant la neutralisation de leur charge électrique superficielle et
l’agglomération de ces particules pour former un flocon volumineux décantable nommé
« floc ».
La première étape est appelée coagulation et se réalise dans le traitement d’eau par
l’utilisation essentiellement de sels de fer ou d’aluminium. La deuxième étape est la
floculation et se réalise par l’ajout de polymère organique (macromolécule à longue
chaîne).
De l’addition de sels de fer ou d’aluminium vont résulter la formation d’un précipité
d’hydroxyde [Fe(OH)3 ou AI(OH)3] et une chute d’alcalinité. Les taux de réactif à mettre
en œuvre sont déterminés par des essais de floculation. L’ajustement du pH par ajout
d’acide ou de base est parfois nécessaire pour obtenir le pH optimal de coagulation-
floculation des réactifs employés : 6,0 à 7,4 pour Al3+ et 5 à 8,5 pour Fe3+.
Le choix des temps de contact, des énergies d’agitation et de la forme des turbines de
mélange est également très important et permet des économies substantielles de
réactif.
Une coagulation-floculation, suivie d’une décantation appliquée sur une eau
domestique, permet d’éliminer jusqu’à plus de 90 % des matières en suspension et de
40 à 65 % de la DBO5.

VI.5.B Élimination du phosphore


Les sels de fer ou d’aluminium sont également capables de se combiner avec les ions
phosphate pour former un précipité de phosphate de fer ou d’aluminium (FePO4 ou
AIPO4). Du fait de la compétitivité des réactions de formation de précipités d’hydroxyde
ou de phosphate, le rapport molaire à mettre en œuvre entre Fe/P ou Al/P varie de 1 à
3. Cela signifie que, pour éliminer 1g de P, il faut 1,8 à 5,4g de Fe soit, exprimé par

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exemple en FeCl3 pur, de 5,2 à 15,7g ou 0,87 à 2,61g d’Al soit, exprimé en sulfate
d’alumine, de 9,3 à 28g de produit commercial [Al2(SO4)3,18 H2O].

Figure 5 : Principe du décanteur de Densadeg

VI.6 TRAITEMENTS BIOLOGIQUES


L’épuration biologique a pour but d’éliminer la matière polluante biodégradable contenue
dans l’eau domestique (décantée ou non) en la transformant en MES: micro-organismes
et leurs déchets, plus facilement récupérables.
La dégradation peut se réaliser par voie aérobie (en présence d’oxygène) ou anaérobie
(en l’absence d’oxygène). Dans ce dernier cas, où les réactions s’effectuent à l’abri de
l’air, le carbone organique, après dégradation, se retrouve sous forme de CO2, méthane
et biomasse. Ce type de traitement appelé «digestion anaérobie» n’est utilisé que pour
des effluents très concentrés en pollution carbonée, de type industriel (brasserie,
sucrerie, conserverie...).
Le traitement biologique classique des eaux domestiques s’effectue par voie aérobie.
Ce traitement consiste à dégrader les impuretés grâce à l’action d’une biomasse
épuratrice, à laquelle doit être fourni l’oxygène nécessaire à son développement. En
simplifiant, on peut décrire ce processus par l’équation :

La biomasse utilisée dans le traitement des eaux usées constitue un écosystème très
simplifié, ne faisant appel qu’à des micro-organismes. Elle peut être soit libre, c’est-à-
dire intimement mêlée au milieu aqueux à épurer (boues activées), soit fixée ; elle est
alors accrochée sur un support solide à la surface duquel percole l’eau à traiter (lit
bactérien, biofiltre). Elle est constituée d’êtres vivants de taille inférieure au millimètre,
microflore de bactéries et microfaune d’animaux, protozoaires et métazoaires proches
des vers.

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VI.6.A Évolution d’une culture bactérienne
La croissance d’une biomasse de concentration X mise en présence à l’instant zéro d’un
substrat dégradable de concentration S comporte un certain nombre de phases (figure
6).
o Phase de latence : elle correspond à l’adaptation des micro-organismes au
milieu nutritif. La vitesse de croissance est nulle ou faiblement positive.
o Phase de croissance exponentielle : lorsque le taux de reproduction cellulaire
atteint son maximum et reste constant en présence d’une concentration non
limitante en substrat. Cette phase de croissance exponentielle peut se décrire par
les deux équations suivantes :

avec X (g/L) : concentration en matières organiques actives ;


t (h) temps ;
μm (h-1) taux de croissance maximal des microorganismes par heure,
S (g/L) substrat dégradable exprimé en consommation d’oxygène, c’est-à-dire en DBO5 éliminée,
Y (g/g) quantité de cellules produites par gramme de substrat de concentration S utilisé. Y est appelé
aussi « rendement cellulaire ».
o Phase de croissance ralentie : lorsque la concentration en substrat diminue, la
vitesse de croissance diminue et finit par s’annuler en phase ralentie
habituellement utilisée ; en pratique, on a l’équation :

avec Sf (mg/L) DBO5 restante dissoute, S0 (mg/L) DBO5 initiale,


K [L/(g.h)] constante dans une gamme de charge très étroite ; K est compris entre 0,8 et 1,4 en moyenne
charge et entre 0,4 et 0,5 en aération prolongée.
Pour obtenir la DBO5 totale d’un rejet, il faut ajouter à Sf, la DBO5 correspondante aux
matières en suspension. Les rapports DBO5/MES varient de 0,3 à 0,5 selon la charge
de fonctionnement.
o Respiration endogène : lorsque les micro-organismes ne sont plus alimentés,
leur masse diminue par respiration endogène. La décroissance est
proportionnelle à la concentration en micro-organismes Sa :

avec ba (h-1) taux de respiration endogène ou taux de mortalité des micro-organismes ; il est de 0,18 à 20
°C et de 0,135 à 13 °C.
Ces différentes phases et les équations qui les régissent sont valables en milieu aérobie
et anaérobie. Les valeurs des différents coefficients dépendent de la nature du substrat
et de divers paramètres tels la température, le pH.

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La croissance bactérienne nécessite la présence d’éléments nutritifs, en particulier de
l’azote N et du phosphore P. Il faut que les valeurs de DBO5, de N et de P soient dans
les rapports 100, 5 et 1. La croissance bactérienne tolère une gamme de pH allant de 5
à 9 avec une zone optimale de 6 à 8.

Figure 6 : Développement d’une culture bactérienne

VI.6.B Modélisation de la croissance bactérienne


Plusieurs modèles mathématiques ont été proposés pour rendre compte de la
croissance bactérienne. Le modèle de Monod est le plus ancien, et encore le plus
utilisé. Il est du type :

avec μ (h−1) taux de croissance à l’instant t,


k (mg/L) concentration seuil au-dessus de laquelle le taux de croissance devient très dépendant de la
concentration en substrat.

VI.6.C Mécanisme de l’élimination biologique de l’azote


Elle se réalise en deux étapes qui sont chronologiquement la nitrification et la
dénitrification.
o La nitrification consiste en l’oxydation de NH4+ en NO3- par l’intermédiaire de
deux espèces de bactéries autotrophes :
.

Ces bactéries sont dites «autotrophes» car elles utilisent du carbone minéral pour
constituer leurs cellules. Leur taux de croissance est plus faible que celui des bactéries
dégradant la pollution carbonée (bactéries hétérotrophes).
o La dénitrification consiste en la réduction des nitrates formés en azote gazeux
par des bactéries hétérotrophes placées dans un milieu pauvre en oxygène.
L’oxygène combiné des nitrates sert à dégrader le carbone organique nécessaire
à la croissance de ces bactéries.

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VI.6.D Mécanisme de l’élimination biologique du phosphore
Le principe de la déphosphatation biologique consiste en une suraccumulation de
phosphore dans une biomasse. Si des teneurs de 2 à 3 % en phosphore dans les boues
sont obtenues sous des conditions normales de dégradation d’un substrat organique, le
mécanisme de suraccumulation nécessite de placer la biomasse alternativement en
phase anaérobie puis aérobie. Mis dans ces conditions, les micro-organismes
accumulent du phosphore, jusqu’à 10 % de leur poids sec, sous forme de granulés de
polyphosphate. En globalité, une biomasse déphosphatante, dans laquelle bien entendu
existent d’autres bactéries, pourra stocker jusqu’à 6 % de son poids sec en phosphore.

Figure 7 : Principales étapes de la déphosphatation biologique

– zone anaérobie: synthèse de réserves de polyhydroxybutyrate (PHB) via les ions


acétate produits à partir du substrat organique de l’eau à traiter, relargage par les micro-
organismes déphosphatants du phosphore intracellulaire ;
– zone aérobie: suraccumulation du phosphore sous forme de granulés de
polyphosphate, consommation des réserves de PHB. Ces phénomènes, indispensables
au processus de déphosphatation biologique, vont conditionner la conception des
filières de traitement.
Le schéma de base devra comporter au moins une zone anaérobie où se produira le
relargage du phosphore et au moins une zone aérée où les réactions de surassimilation
se réaliseront.
Pour obtenir une bonne déphosphatation biologique, l’élément essentiel est la présence
d’une quantité suffisante de matières organiques facilement assimilables dans l’eau à
traiter. À partir d’une eau usée urbaine classique, on obtient, en moyenne, un rapport de
3,5 % de phosphore éliminé par DBO5 consommée. Cela conduit à n’assurer par voie
biologique qu’entre 50 et 65 % d’élimination du phosphore.

VI.6.E Cultures libres (boues activées)


Le terme « cultures libres » regroupe les procédés où l’on provoque le développement
d’une culture bactérienne dispersée sous forme de flocs au sein du liquide à traiter. Pour
cela, on utilise un bassin brassé, pour conserver en suspension la culture, dans lequel
est maintenue. Le procédé par « boues activées » est le plus commun des procédés par
« cultures libres ».

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VI.6.E.i Caractéristiques
Différents paramètres permettent de définir le fonctionnement d’une boue activée :
– la charge volumique Cv qui correspond à la quantité journalière de DBO5 (en kg/j) à
dégrader dans le volume V (m3) de l’ouvrage. Elle s’exprime en kg DBO5 /(j·m3) ;
– la charge massique Cm qui est la quantité de DBO5 (en kg/j) rapportée à la masse de
matières en suspension totales contenues dans l’ouvrage de volume V. Elle s’exprime
en kg DBO5 /(kg MEST · j) ;
– l’âge des boues qui est le rapport entre la masse de boues présentes dans le réacteur
et la masse journalière de boues extraites. Il s’exprime en jours.

VI.6.E.ii Schémas possibles


Une station de traitement par boues activées comprend dans tous les cas:
– un bassin dit « d’aération », dans lequel l’eau à épurer est mise en contact avec la
masse bactérienne épuratrice ;
– un clarificateur dans lequel s’effectue la séparation de l’eau épurée et de la culture
bactérienne ;
– un dispositif de recirculation assurant le retour vers le bassin d’aération des boues
biologiques récupérées dans le clarificateur. Cela permet de maintenir dans ce bassin la
quantité (ou concentration de microorganismes) nécessaire pour assurer le niveau
d’épuration recherché ;
– un dispositif d’extraction et d’évacuation des boues en excès, c’est-à-dire du surplus
de culture bactérienne synthétisée en permanence à partir du substrat ;
– un dispositif de fourniture d’oxygène à la masse bactérienne présente dans le bassin
d’aération.

Figure 8 : Schéma minimal d’un traitement par boues activées

VI.6.E.iii Dimensionnement
VI.6.E.iii.a Volume du bassin des boues activées
Le dimensionnement se réalise à partir de la charge massique Cm choisie en fonction
des objectifs de traitements visés :
– une élimination de l’azote qui demande, pour une nitrification totale à 12 °C, Cm < 0,15
kg DBO5 /(kg MEST · j) ;
– un degré de stabilisation des boues en excès produites : une respiration endogène
poussée conduisant à une biomasse bien minéralisée ;
– un rendement d’élimination de la DBO5 défini par les équations suivantes :

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ou

K constante liée à la dégradation de la DBO5, en L/(g · h) ;


Q débit, en m 3/j ;
t temps de contact, en j ;
V volume du bassin d’aération, en m3 ;
Sf et S0 concentration finale et initiale de la DBO5, en g/L.
La valeur de X à adopter dépend de la décantabilité de la boue, définie par l’indice de
boue IB, qui correspond au volume occupé par 1g de boue après décantation de 30 min
dans une éprouvette de un litre. La concentration en matières en suspension dans la
couche de boues est de 103/IB en g/L.
Soit Xr la concentration des boues de retour ; pour un taux de recirculation moyen des
boues r de 1 à 2, Xr est égal à 1,2 (103/IB).

L’expérience montre que IB est fonction de Cm. La figure 9 donne la courbe obtenue
pour des eaux domestiques. Connaissant X, le volume V de l’aérateur est déduit.

Figure 9 : Indice de boue IB en fonction de la charge massique Cm pour des eaux domestiques

VI.6.E.iii.b Quantité de boues produites

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Les boues activées en excès sont constituées de matières solides de nature
hétérogène, provenant de deux sources :
– préexistantes dans l’eau à l’entrée du bassin d’aération, de nature minérale et
organique inerte ;
– produites par l’épuration biologique, de nature organique et qui résultent de la somme
algébrique de la synthèse cellulaire et de l’auto-oxydation de la biomasse.
Au total, on a :

avec am augmentation de la biomasse par élimination de la DBO5,


b diminution de la biomasse par respiration endogène,
∆S (kg/j) boues en excès,
Se (kg/j) DBO5 éliminée,
X (kg) boues organiques dans le bassin (MVS),
Smin (kg/j) matières minérales en suspension apportées par l’effluent,
Sdur (kg/j) matières organiques en suspension difficilement biodégradables apportées par l’effluent : 25 %
des MVS.
Les coefficients am et b sont dépendants des caractéristiques de l’effluent et de la
charge. Le tableau 1 donne les valeurs utilisées pour des eaux usées urbaines à
différentes charges de fonctionnement des boues activées.

Tableau 1 : Valeurs de am et b en fonction du type de traitement par boues activées

VI.6.F Bioréacteurs à membrane


Le développement des membranes connaît ces cinq dernières années, au niveau
mondial, un net accroissement avec l’exigence des collectivités et des agences de l’eau
qui préconisent fortement des solutions compactes produisant un effluent de haute
qualité bactériologique et physico-chimique. De ce fait, on assiste à l’apparition sur le
marché de nouveaux fournisseurs de membranes qui proposent diverses membranes
de type fibres creuses ou planes, selon des technologies en membranes immergées ou
sous pression...

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Ces membranes traitent également une large variété d’eaux usées industrielles
permettant très souvent un recyclage des effluents traités au sein des procédés de
fabrication de l’usine. Elles produisent un effluent de haute qualité bactériologique.
o Le principe de fonctionnement des bioréacteurs à membrane est basé sur le
couplage de deux opérations intimement liées :
– un traitement biologique pour dégrader la pollution ;
– une séparation par membranes d’ultrafiltration ou de microfiltration
La mise en œuvre consiste en un ou plusieurs bassins de boues activées dans
lesquelles sont immergées des membranes. L’eau traitée est aspirée en dépression par
pompage. Le domaine de filtration de ces membranes est souvent intermédiaire entre
l’ultrafiltration et la microfiltration. Le seuil de coupure des membranes se situe entre
0,04µm et 0,3µm, permettant de produire une eau traitée de bonne qualité
bactériologique.
La filière de traitement incluant une membrane de ce type comprend une première étape
de dégrillage (3 mm) afin d’éviter le développement de filasses dans le bassin
biologique et l’encrassement des membranes. L’eau, ensuite pénètre dans un bassin
biologique constitué de plusieurs compartiments (anoxie, anaérobie, aérobie) qui traitent
la pollution organique et azotée. Elle arrive enfin dans le compartiment à membranes qui
permettent la séparation liquide-solide (figure 10).
Ce compartiment peut inclure des membranes de type fibres creuses immergées, des
membranes planes immergées et des membranes tubulaires à boucle externe.

Figure 10 : bioréacteur à membrane

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VI.7 DESINFECTION
La réduction de la pollution bactériologique des effluents avant rejet dans le milieu
récepteur est peu pratiquée en France. Cependant, l’opportunité de la mise en œuvre
d’un tel traitement peut se justifier dans un certain nombre de cas : protection sanitaire
des zones de baignade et de loisirs, protection sanitaire des zones littorales abritant des
activités industrielles de types conchylicole ou ostréicole, réutilisation d’effluents à des
fins d’irrigation, etc.
Les procédés de désinfection les plus couramment mis en œuvre font appel au chlore
ou à ses dérivés, à l’ozone ou au rayonnement ultraviolet.
• L’utilisation du chlore est la plus ancienne mais elle présente des contraintes de
transport et de manutention. Pour agir correctement, le chlore impose d’une part que
l’eau soit préalablement bien épurée et, d’autre part, qu’un temps de contact de 30 min
soit respecté. Le chlore se combine à l’ammoniac contenu dans l’eau pour former des
chloramines qui deviennent alors l’agent désinfectant. Ces sous-produits moins
efficaces que le chlore lui-même et leur rémanence dans l’environnement, en parallèle
avec divers produits de réaction du chlore et des matières organiques résiduelles, les
rendent toxiques pour la faune et la flore aquatiques.
Si le chlore est peu onéreux et donne de bons résultats sur les bactéries, il s’avère
cependant peu efficace sur les virus. Les doses habituellement adoptées se situent
entre 5 et 10 g/m3 de chlore.
• Dérivé du chlore, le bioxyde de chlore (ClO2) peut être produit directement sur le
site. Plus puissant que le chlore en termes d’efficacité désinfectante, il agit directement
sur les germes pathogènes. Toutefois, sa mise en œuvre est très délicate et nécessite
une surveillance continue et permanente.
• L’ozone offre un large spectre d’action. Il est efficace aussi bien contre les virus que
contre les bactéries et agit avec un temps de contact de courte durée (10 min). Produit
sur site, il nécessite pour son exploitation du personnel qualifié. Les doses
habituellement adoptées se situent entre 2 et 5 g d’ozone /m3.
• La désinfection aux ultraviolets tend à se développer de façon plus intense car elle
présente un certain nombre d’avantages comme des temps de contacts très courts, pas
d’utilisation de produits chimiques, une bonne efficacité sur les bactéries et sur les virus.
Le principe d’action des UV repose sur le fait que les rayons ultraviolets sont des ondes
électromagnétiques qui correspondent à une gamme de longueur d’onde comprise entre
100 et 400 nm. L’absorption de ces rayons par les micro-organismes provoque une
modification de leur ADN qui bloque toute réplication du matériel génétique et engendre
leur mort.

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Figure 11 : Principe d’une désinfection UV

VI.8 TRAITEMENT DES ODEURS


Les eaux usées, chargées en matières organiques particulaires et dissoutes, en
composés azotés et phosphorés, peuvent dégager des odeurs désagréables suivant un
processus biologique bien connu qui se déclenche en milieu réducteur. Par ailleurs,
certains rejets industriels contiennent des composés très volatils utilisés dans les
procédés de fabrication comme des sulfures, des aldéhydes, des alcools ou encore de
l’ammoniaque. Les principaux composés odorants rencontrés dans les stations
d’épuration font partie essentiellement des familles des produits soufrés et azotés, ainsi
que des composés organiques tels les acides gras volatils.
Pour éviter la propagation des mauvaises odeurs émises aux différents postes de
traitement, il convient d’isoler les sources odorantes dans des enceintes hermétiques.
La couverture complète de tous les ouvrages est la technique la plus adaptée avec, en
plus, un souci d’intégration au site.
La couverture du poste de relevage, des prétraitements et de la filière de traitement des
boues reste toutefois suffisante dans la plupart des cas. Après confinement, les odeurs
doivent être évacuées par ventilation forcée et les composants odorants traités.
• La technique le plus souvent appliquée utilise l’absorption gaz-liquide. Cette
technique consiste en un lavage à contre-courant du gaz odorant par l’eau seule ou par
une solution oxydante ou neutralisante. Il faut transférer les molécules odorantes de la
phase gaz vers la phase aqueuse dans une colonne à garnissage.
Suivant la nature acide ou basique du composé à éliminer, un agent neutralisant (base
ou acide) est ajouté à la solution de lavage afin d’accélérer le transfert des composés.
Suivant les composés à éliminer, l’eau est traitée par 2, 3 ou 4 tours.

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o La première tour est dite «acide». On obtient un pH de 3 en injectant de
l’acide sulfurique (H2SO4). Cette tour élimine tous les composés azotés.
o La deuxième et la troisième tour sont dites « basiques » et « oxydantes ».
Ces deux tours éliminent bien, selon le pH et la teneur en chlore, tous les
composés soufrés [H2S et mercaptans (R-HS)].
o La dernière tour est dite «légèrement basique et réductrice». Le bisulfite
de sodium est utilisé comme réducteur. Cette tour élimine les aldéhydes,
les acides, les cétones et le chlore résiduel. Son pH est de l’ordre de 8.

Figure 12 : Système et tour de désodorisation

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• Bio-désodorisation
À côté l’absorption gaz/liq se développe le traitement biologique des odeurs qui fait
intervenir des micro-organismes qui réaliseront l’oxydation des substances organiques
et inorganiques malodorantes jusqu’à la production de composés inorganiques non
odorants (CO2, , etc.).

VI.9 LAGUNAGE
Le lagunage naturel est un procédé rustique de traitement des eaux usées
domestiques. Les effluents sont dirigés dans des bassins étanches, à l’air libre. Sous
l’action du soleil, les algues photosynthétisent leur matière première en fournissant de
l’oxygène à la population bactérienne.
o Dimensionnement
Une charge journalière de 50 kg DBO5 par hectare et par jour est une base habituelle de
dimensionnement. Cela correspond environ à 10m2 par habitant et à un temps de séjour
de 50 à 60 j. La teneur en matières en suspension de l’effluent traité varie de 50 à
150mg/L. La profondeur des lagunes naturelles est faible : de 0,4 à 1,2 m.

VII CONCLUSION GENERALE


Pour les systèmes de traitement des eaux usées, il faut se souvenir que :
• le procédé influe sur la qualité « aval » du flux traité ;
• la qualité « amont » du flux à traiter influe sur les performances du procédé.

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