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APPRENDRE ET ENSEIGNER
COURS
Cécile Bossennec
Conseillère pédagogique
Christine Nucci
Docteure en Sciences de l’éducation
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par reprographie de livres et de périodiques protégés contenues dans cet ouvrage sont effectuées par le CNED avec l’autorisation du Centre
français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris).
INTRODUCTION............................................................................. 7
CONCLUSION............................................................................. 113
BIBLIOGRAPHIE........................................................................ 115
Connaître les élèves et les processus d’apprentissage est désormais une compétence inscrite dans le
référentiel métier de 2013. Le professeur doit :
• connaître les concepts fondamentaux de la psychologie de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte ;
• connaître les processus et les mécanismes d’apprentissage, en prenant en compte les apports de la
recherche ;
• tenir compte des dimensions cognitive, affective et relationnelle de l’enseignement et de l’action
éducative.
Vous trouverez le référentiel complet en annexe. Nous y ferons référence tout au long du cours.
Les sciences de l’éducation ont pour projet commun d’étudier et de conduire des recherches sur les
situations et processus éducatifs, en particulier dans un cadre scolaire. Elles cherchent à éclairer ces
différentes notions à l’aide de plusieurs disciplines : l’histoire, la philosophie et la sociologie de l’éducation,
la didactique, la formation professionnelle, la psychologie des apprentissages, les neurosciences cognitives,
les politiques éducatives… Nous nous appuierons sur cette pluralité des approches tout au long de ce
fascicule. Le point de vue retenu sera celui d’un futur enseignant.
Notre objectif sera ainsi double : vous aider à réussir le concours, en cernant au mieux les épreuves ainsi
que les attentes des jurys, et vous aider à démarrer dans l’enseignement, en vous proposant des analyses
de pratiques et de recherches actuelles.
Vous trouverez également des lectures complémentaires dans la bibliographie en fin du cours, ainsi que
des webographies sur la plate-forme de formation du CNED. Ces documents vous permettront de mieux
vous approprier les éléments issus de la recherche en sciences de l’éducation dans plusieurs domaines :
psychologie de l’enfant, neurosciences cognitives et sociologie de l’éducation.
Et pour aborder les sciences de l’éducation, nous vous proposons de débuter par un point sur le dévelop-
pement de l’enfant. Ce premier chapitre récapitule les connaissances nécessaires, voire incontournables
pour vous aider à approcher les processus apprendre et enseigner.
A. Action et construction
Pour Piaget, l’enfant, à travers l’action, assimile les événements qu’il rencontre aux structures de pensée
qu’il possède (appelées schèmes). Mais lorsqu’il rencontre des situations qu’il ne peut assimiler, il se
trouve en conflit cognitif. Ce conflit est source de progrès, car il l’oblige à modifier ses schèmes, par
accommodation. L’enfant atteint alors un nouvel équilibre provisoire. Il construit ainsi son intelligence, pas
à pas, en passant par plusieurs « stades de développement ». La notion centrale de la théorie de Jean Piaget
est celle d’équilibration, à laquelle sont directement reliées celles d’assimilation et d’accommodation.
Activation Inhibition
Adaptation
Assimilation Accommodation
Figure 6 - La double dynamique de l’adaptation dans le développement cognitif : l’assimilation/accommodation (reprise de Piaget), complétée
et renforcée aujourd’hui par l’inhibition cognitive (pôle accommodateur), antagoniste de l’activation (pôle assimilateur) (O. Houdé).
Source : L’école du cerveau : de Montessori, Freinet et Piaget aux sciences cognitives, Olivier Houdé, Éditions Mardaga, 2018
– Monte et
– Stade – Comprend la
descend les – Attachements
préopératoire différence sujet-
escaliers multiples – 200 à 300 mots
– Identifie les objet par la
– Tourne les – Contrôle des – Demande de
objets par position du nom
2-3 pages d’un sphincters clarification
l’usage – Comprend
ans livre – Jeux – Modifie les
– Oriente un les demandes
– Coupe avec symboliques demandes selon
objet pour directes et
des ciseaux – Se reconnaît l’interlocuteur
que l’adulte les demandes
– Saute à dans un miroir
le voie indirectes
pieds joints
– Monte à une
échelle – Vocabulaire :
– Comprend – Classification
– Marche en 2 000 mots – Comprend 1 500 à
l’état mental et sériation
arrière – Exprime son 2 000 mots
d’autrui – Attentif à sa
– Tient une impertinence – Comprend le
4-5 – Joue à des performance
feuille de – Produit des comparatif, l’iden-
ans jeux de – Copie une
papier avec demandes tité et la différence
compétition étoile
une main indirectes et des – Exécute des
– Stabilité du – Sait jouer à
tout en justifications ordres complexes
genre cache-cache
écrivant de (5 ans)
l’autre
– Court tout
– Sait se
en jouant – Début de la – Comprend 2 500 à
contrôler – 2 500 mots
– Fait du conversation 3 000 mots
– Choisit ses – Phrases de
skate-board – Collections – Comprend les
amis 5-6 mots
5-6 ou du roller non-figurales sarcasmes avec
– Négocie avec – Répond au
ans – Lace ses – Dessine un contexte contra-
l’adulte téléphone
chaussures bonhomme dictoire adjacent
– Début de la – Lecture logogra-
– Fait de la – Écrit son – Identifie une rime
théorie de phique
bicyclette prénom (syllabe)
l’esprit
(2 roues)
– Début de
la puberté – Opérations
– Comprend les
pour concrètes – Utilise la forme
– Identité de sarcasmes (8 ans)
certaines – Logique du passive
genre et les métaphores
filles (9 ans) nombre – Produit des
7-11 – Ségrégation (10-11 ans)
– Début de – Dessins inférences
ans sexuelle – Réussit des
la puberté réalistes – Coopération
– Différenciation tâches d’ajout ou
pour – Morale argumentative
réel et virtuel de suppression de
certains préconven- – Lecture
phonèmes (8 ans)
garçons tionnelle
(11 ans)
Les différentes approches sur le développement de l’enfant sont utiles pour mieux connaître les capacités
et les compétences des enfants selon leur âge. Ces notions sont même essentielles lorsqu’il s’agit de
mettre en œuvre un apprentissage, d’enseigner pour permettre aux élèves d’apprendre.
Mais qu’est-ce qu’apprendre et enseigner ? Commençons par examiner ensemble plusieurs facettes du
processus Apprendre.
1 « Les émotions, mieux les connaître pour mieux les prendre en compte à l’école et dans la vie », Pascale Haag et Lisa Cognard,
EHESS, 2020 : https://www.labschool.fr/_files/ugd/f14761_b04d20e1faf94a848859bfc7770e33db.pdf
1. Qu’est-ce qu’apprendre ?
« Apprendre est un processus par lequel une personne acquiert des connaissances, maîtrise des habiletés
ou développe des attitudes », selon la définition qu’en donne Bruno Robbes2. C’est un processus mental
qui recouvre plusieurs dimensions. Apprendre, c’est construire du sens, construire des connaissances,
dont on pourra se servir le moment voulu. Et c’est également construire des savoir-faire et des savoir-être,
des compétences — des « savoirs en action ».
Apprendre est aussi un processus social. « On apprend toujours tout seul, mais jamais sans les autres »,
nous dit l’adage. Nous apprenons dans l’interaction avec l’autre. Cette interaction peut être directe — en
classe, mais aussi à la maison, avec les copains, pendant les activités de loisirs… Elle peut aussi être
différée, s’appuyer sur un support construit par quelqu’un d’autre — un livre, un film, un jeu vidéo.
Apprendre, c’est collaborer pour résoudre ensemble une situation-problème, mais c’est aussi s’affronter,
entrer en conflit avec les autres, prendre le risque de se confronter à ses propres limites. Les interactions
nous rendent plus forts : elles nous apprennent à creuser et à argumenter pour convaincre les autres, et
ce faisant, nous apprenons encore mieux. Apprendre, c’est aussi changer, transformer sa façon de voir le
monde qui nous entoure, au fur et à mesure qu’on acquiert des connaissances, qu’on reconstruit ce monde
par la pensée.
Parmi les nombreuses définitions et théories portant sur cette notion, nous vous proposons d’abord celle
des quatre piliers de l’apprentissage, mise en lumière par Stanislas Dehaene, chercheur en neurosciences
cognitives, directeur de NeuroSpin.
2 Dans un article en ligne sur le site de Philippe Meirieu. Qu’est-ce qu’apprendre ?, janvier 2019.
https://www.meirieu.com/ECHANGES/ROBBES_APPRENDRE.pdf
À noter que cette approche n’est pas une « découverte », elle s’inscrit dans l’histoire de l’Éducation. En
1976, Albert Bandura avait déjà publié une « théorie de l’apprentissage social », dans laquelle il définissait
un processus de modelage — l’apprentissage par imitation/intégration. Les quatre facettes de ce processus
préfigurent les quatre piliers cités ci-dessus. De même, les travaux de Jean-Pierre Astolfi sur l’erreur
(L’erreur un outil pour enseigner, 1994) ou ceux d’Alain Lieury et de Fabien Fenouillet sur la motivation
(Motivation et réussite scolaire, 1996) inscrivent dans la continuité les orientations actuelles des recherches
en neurosciences cognitives.
3 École maternelle, école première, Conférence de Philippe Meirieu, donnée lors du Congrès de l’AGEEM (Associa-
tion générale des enseignantes et enseignants de l’école maternelle de l’enseignement public), le 5 juillet 2008 à Tarbes.
https://www.meirieu.com/ARTICLES/ecole_maternelle_ecole_premiere.htm
4 Source : Améliorer la réussite scolaire, Synthèse de travaux de recherche, septembre 2013 - Direction générale de l’enseigne-
ment scolaire.
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/ecole/57/7/synthese_recherche_Andre_Tricot_Marie_Thery_26_07_13_279577.pdf
Pour prendre en compte les difficultés des élèves à apprendre, le professeur des écoles dispose de plusieurs
curseurs qui vont avoir un impact sur l’apprentissage des élèves. Jouer sur la motivation, aider les élèves
à développer la confiance en soi, expliciter le but des apprentissages pour amener les élèves à y mettre
du sens, présenter et discuter des stratégies pour apprendre efficacement, anticiper les difficultés d’ordre
conceptuel et organisationnel pour différencier les tâches à effectuer, évaluer finement les compétences
dans les différents domaines afin de proposer des activités dans la « zone proximale de développement »
de chacun, tout cela constitue un des axes importants du travail de préparation de la classe.
1. Qu’est-ce qu’enseigner ?
Enseigner est un acte professionnel qui amène à exercer les gestes professionnels adaptés. Enseigner,
c’est exercer un métier, nous rappelle le référentiel de compétences du personnel enseignant. L’enseignant
est celui qui a connaissance des programmes de l’école, lesquels détaillent les contenus didactiques à
enseigner. Il a la charge de faire construire par les élèves les compétences fixées par les textes réglemen-
taires.
Commençons par clarifier un point de vocabulaire — en sciences de l’éducation comme dans d’autres
domaines, chaque mot a son importance.
2. Didactique ou pédagogie ?
La didactique est centrée sur le rapport aux savoirs, l’enseignement d’un contenu précis et disciplinaire. On
distingue les savoirs scientifiques, ceux qui sont directement issus de la recherche, des savoirs disciplinaires,
ceux que l’enseignant va transposer pour les rendre accessibles aux élèves. On parle de transposition
didactique pour désigner le processus qui va des savoirs scientifiques aux savoirs disciplinaires (les savoirs
à enseigner), et s’intéresse in fine aux savoirs enseignés (ce que les élèves ont réellement appris). Ainsi, la
didactique s’intéresse aussi aux obstacles que rencontreront les élèves face à un savoir donné. Cependant,
elle mène cette réflexion à propos d’un « élève type ».
La pédagogie renvoie aux moyens que l’enseignant va mettre en œuvre pour rendre les contenus
disciplinaires explicites aux élèves — le choix des supports, l’élaboration des exercices, les modalités de
travail (individuel, en binôme, en groupe, en groupe classe), les différentes phases d’apprentissage, les
modalités d’évaluation, la définition des critères de réussite… tout cela renvoie aux choix que l’enseignant
5 Michel Develay, extrait de l’ouvrage Éduquer et Former, Éditions Sciences Humaines, 1998.
Le modèle béhavioriste
Cette démarche est fondée sur la répétition de l’association stimulus/réponse. Elle est dérivée du condi-
tionnement animal — du dressage. Le fonctionnement mental de l’apprenant est considéré comme une
« boîte noire » — les mécanismes d’apprentissage ne sont pas questionnés mais les résultats sont par
contre mesurés, en termes d’efficacité. Cette démarche a laissé des traces non négligeables dans l’ensei-
gnement actuel : la notion d’objectif d’apprentissage et son opérationnalisation — l’apprenant doit être
capable de réaliser quelque chose, les exercices d’application répétitifs — les « drills » utilisés par exemple
en langues. C’est une méthode qui convient bien à l’apprentissage d’automatismes — les tables de multi-
plication, par exemple.
Le modèle constructiviste
Le constructivisme suppose l’activité des apprenants (activité de manipulation d’idées, de connaissances,
de conceptions). Cette activité vient parfois bousculer, contrarier les manières de faire et de comprendre
qui sont celles de l’apprenant. « Pour apprendre, il faut parfois déconstruire, pour mieux reconstruire »,
disait Astolfi — déconstruire des certitudes quand elles s’avèrent erronées, pour construire de nouvelles
connaissances qui vont les remplacer. Cette démarche a contribué à l’émergence d’un vaste courant de
pédagogie nouvelle et active, au XXe siècle, avec la mise en place de la pédagogie de projet et des situations-
problèmes, notamment.
Le socioconstructivisme
Par rapport au modèle constructiviste, ce modèle introduit une dimension supplémentaire : celle des
interactions, des échanges, du travail de verbalisation, de co-construction, de co-élaboration.
Les savoirs
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la
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L’enseignant
L’élève
Relation pédagogique
Cette modélisation a depuis été reprise et modifiée : s’y ajoute notamment la dimension des instruments
utilisés (le contexte de la situation pédagogique). La notion de dispositif, incluant une temporalité et des
interactions plus larges, a également été introduite.
Dans son ouvrage La saveur des savoirs, paru en 2008, Jean-Pierre Astolfi a poursuivi la réflexion sur le
triangle pédagogique en mettant en relation chacun des pôles du triangle avec une dimension particulière
du constructivisme :
Les savoirs ne sont pas des L’élève n’est pas une page L’enseignement ne relève pas de
choses qui s’empilent. blanche. la simple transmission.
Les savoirs résultent d’un effort Apprendre nécessite une Enseigner nécessite une
de construction épistémique, construction active de la part ingénierie didactique cohérente
social et culturel. du sujet, dans un contexte avec les objectifs visés et les
social. obstacles à franchir.
C’est le savoir qui est construit. C’est l’élève qui doit construire C’est l’enseignant qui doit
son savoir. construire les situations.
Pauline Kergomard (1838-1925) : elle organise la transformation des salles d’asile (à vocation
essentiellement sociale) en écoles maternelles. Jules Ferry lui confie le poste d’inspectrice générale
des écoles maternelles en 1881. Elle remplace ainsi une garderie très formelle en lieu d’enseignement
et d’éducation : elle introduit le jeu, les activités artistiques, le développement physique mais plaide
aussi pour l’initiation de l’enfant à la lecture, à l’écriture et au calcul avant cinq ans.
Maria Montessori (1870-1952) : première femme médecin en Italie, elle travaille d’abord auprès
d’enfants « arriérés » et constate que beaucoup de problèmes considérés comme médicaux sont, en
réalité, « pédagogiques ». Elle crée un matériel adapté qui prend en compte le besoin d’activité de
l’enfant et s’appuie sur lui pour favoriser l’acquisition de compétences et de savoirs. Il s’agit de créer
des espaces et de structurer le temps afin d’améliorer la concentration et de guider l’enfant vers
l’autonomie. Sa maxime : « Aide-moi à faire tout seul ». Ses méthodes : focaliser l’attention sur des
exercices rigoureux, exiger toujours l’exactitude et la précision, inviter au silence, développer l’aide
mutuelle, favoriser le respect du travail des autres.
Célestin Freinet (1896-1966) : instituteur après avoir été blessé pendant la Première Guerre Mondiale,
il met ses élèves en situation d’activité et observe qu’ils progressent ainsi beaucoup plus vite, aussi
bien dans l’acquisition des savoirs que dans l’accès à l’autonomie. Auteur d’une œuvre pédagogique
considérable, créateur d’un mouvement pédagogique important (L’école moderne, aujourd’hui l’ICEM),
il croit à la « méthode naturelle » qui s’appuie sur l’inventivité des élèves aidés par le maître face à
un problème. Il promeut « le tâtonnement expérimental » et développe « la réunion de coopérative ».
Ses propositions articulent la volonté de « finaliser » les apprentissages (en faisant apparaître les
savoirs à travers un « travail vrai », comme le journal scolaire) et d’accompagner chaque élève dans
sa progression de manière rigoureuse (à travers des fichiers autocorrectifs, bandes enseignantes,
brevets, etc.).
Jean Piaget (1896-1980) : Piaget n’est pas vraiment un pédagogue – du moins en tant que chercheur –
mais plutôt un épistémologue et un psychologue, le créateur d’une discipline nouvelle « l’épistémologie
génétique ». Ses travaux consistent à identifier les structures invariantes de l’intelligence humaine, tant
sur le plan synchronique que diachronique. À ce titre, paradoxalement, il écarte méthodologiquement
tout ce qui relève des conditions socioculturelles de l’environnement comme des singularités
personnelles de la croissance. La pédagogie en tant que telle n’est pas prise en compte dans le
développement du sujet. Mais, en affirmant que « tout apprenant est un constructeur », Piaget fournit
aux pédagogues une théorie leur permettant de comprendre la place du sujet dans ses apprentissages.
Il aura d’autant plus de succès qu’il ne rechigne pas, à côté de ses recherches « scientifiques », à
militer pour l’éducation nouvelle.
Lev Vygotski (1896-1934) : psychologue soviétique traduit et connu tardivement dans la francophonie,
mais qui inspire de très nombreuses réflexions pédagogiques. Contrairement à Piaget, il insiste
sur le fait que les apprentissages ne sont pas conditionnés par le développement interne du sujet
mais peuvent contribuer à celui-ci. Il souligne que l’intelligence consiste à intérioriser des fonctions
sociales et explicite l’importance de l’exigence de l’adulte par rapport à l’enfant. En proposant à un
sujet d’effectuer des apprentissages qu’il ne sait pas encore maîtriser, mais avec un accompagnement
et des aides adaptées, on s’inscrit dans sa « zone proximale de développement » et on contribue à faire
avec lui ce qu’il parviendra ensuite à faire tout seul.
Fernand Oury (1920-1996) : instituteur formé aux méthodes de Célestin Freinet, il est confronté à des
enfants difficiles en dehors du cadre « champêtre » de son maître. Il reprend les techniques Freinet
(l’imprimerie, le conseil), mais, à la lumière de la psychanalyse, développe une attention particulière
au « désir » de l’enfant : il s’agit de permettre à ce désir d’émerger, de se structurer, de se développer
dans la temporalité et de s’inscrire dans un groupe. Les dispositifs qu’il propose permettent à l’enfant
de se « mettre en jeu » (le « Quoi de neuf ? »), de se donner des défis et de progresser (les ceintures
de judo), de construire des règles de vie dans un collectif où chacun peut avoir une place (le conseil)...
Son travail s’inscrit dans le cadre théorique de « la pédagogie institutionnelle ».
Jean-Pierre Astolfi (1943-2009) : il a débuté comme enseignant en biologie et fut, à la fin de sa
carrière, professeur de sciences de l’éducation à l’Université de Rouen. Chercheur en didactique des
sciences à l’INRP, spécialiste des questions d’apprentissage et de l’appropriation des savoirs, il milita
pour un enseignement authentiquement scientifique, longtemps le parent pauvre de l’école primaire.
Auteur de nombreuses publications, il collaborait à la revue Cahiers pédagogiques, dont il fut le rédac-
teur en chef de 1981 à 1984. L’erreur, un outil pour enseigner (1997) est une contribution originale
à la réflexion des enseignants, soulignant que le statut de l’erreur change radicalement selon les
références pédagogiques. L’un de ses ouvrages, La saveur des savoirs (2008), rappelle que les savoirs
ont une saveur, comme l’étymologie nous incite à nous le remémorer ; il faut apprendre à les goûter
et en partager les délices. L’auteur propose des « bascules intellectuelles, révolutions minuscules de
la connaissance, expériences fondatrices d’un nouveau rapport au savoir ».
Source : Petite histoire des pédagogues : quelques figures de la pédagogie1
Après ce bref survol des principales notions à connaître sur le développement de l’enfant et les processus
apprendre et enseigner, nous allons prendre le temps d’examiner en détail le geste professionnel de base
que constitue l’élaboration d’une séquence. Ce savoir-faire est au cœur du métier ; il compte désormais
pour une part importante dans le programme du Concours de professeurs des écoles, pour l’épreuve écrite
d’application comme pour les épreuves orales.
• Savoir préparer les séquences de classe et, pour cela, définir des programmations et des progressions ;
identifier les objectifs, contenus, dispositifs, obstacles didactiques, stratégies d’étayage, modalités
d’entraînement et d’évaluation.
• Différencier son enseignement en fonction des rythmes d’apprentissage et des besoins de chacun.
Adapter son enseignement aux élèves à besoins éducatifs particuliers.
• Prendre en compte les préalables et les représentations sociales (genre, origine ethnique, socio-
économique et culturelle) pour traiter les difficultés éventuelles dans l’accès aux connaissances.
• Sélectionner des approches didactiques appropriées au développement des compétences visées.
• Favoriser l’intégration de compétences transversales (créativité, responsabilité, collaboration) et le
transfert des apprentissages par des démarches appropriées. »
SOCLE • PROJET
PROGRAMMES D’ÉCOLE
• PROGRAMMATIONS DE CYCLE
• PROGRAMMATIONS DE CLASSE
• UNITÉ D’APPRENTISSAGE
• SÉQUENCE D’APPRENTISSAGE
Avant d’élaborer une séquence, l’enseignant va devoir prendre connaissance de plusieurs documents de
référence — les programmes d’enseignement et le socle commun de connaissances, de compétences et
de culture, ainsi que le projet d’école. Ce cadre lui servira à définir des programmations, d’abord par cycle,
puis plus précisément pour le niveau de sa classe. La séquence s’inscrira aussi dans une unité d’appren-
tissage, s’il est nécessaire de réaliser plusieurs séquences pour atteindre un objectif.
—Au cycle 1
Le programme de l’école maternelle s’appuie sur trois principes, qui doivent orienter les choix pédago-
giques et didactiques de l’enseignant :
— une école qui s’adapte aux jeunes enfants ;
— une école qui organise des modalités spécifiques d’apprentissage : apprendre en jouant, apprendre
en réfléchissant et en résolvant des problèmes concrets, apprendre en s’exerçant, apprendre en se
remémorant et en mémorisant ;
Pour chaque domaine, le programme annonce les objectifs visés ainsi que des éléments de progressivité.
Il définit aussi précisément ce qui est attendu des élèves en fin d’école maternelle : ce sont les « attendus
de fin de cycle ».
De manière encore plus affirmée que pour les cycles 2 et 3, les croisements entre les différents domaines
sont attendus : « Dans la mesure où toute situation pédagogique reste, du point de vue de l’enfant, une
situation riche de multiples possibilités d’interprétations et d’actions, elle relève souvent pour l’enseignant
de plusieurs domaines d’apprentissage ».
4. Le projet d’école
Le projet d’école est un plan d’actions articulées entre elles, fédérées autour des compétences définies par
les programmes et évaluables à partir d’observables concrets. C’est un dispositif institutionnel : le projet
d’école est élaboré par l’équipe pédagogique et voté ensuite en conseil d’école.
Le projet d’école s’inscrit dans la durée (entre 3 et 5 ans). Chaque année, l’équipe enseignante fait un bilan
d’étape et décide si de nouvelles actions sont à privilégier, au regard des résultats atteints et objectifs fixés.
Quand un enseignant planifie une séquence, il doit s’assurer que cette séquence s’inscrit bien en cohérence
avec les objectifs et les actions définies dans le projet d’école.
Une fois tous ces éléments réunis, il doit encore vérifier que la séquence entre bien dans les programma-
tions. Celles-ci sont essentielles pour permettre à chaque élève de bénéficier d’un enseignement progressif
et cohérent tout au long de son parcours scolaire.
Regardons ensemble en quoi consistent les programmations à l’école.
5. Les programmations
Programmer, c’est organiser la mise en œuvre des apprentissages sur une durée déterminée (cycle, année,
période, séquence…) en suivant une progressivité des notions mises en jeu et adaptée au niveau de classe.
Nous allons voir ici comment s’organise la progressivité des apprentissages et comment planifier — c’est-
à-dire choisir le moment approprié pour positionner la séquence et la durée de cette séquence.
Une séquence s’inscrit d’abord dans une programmation de cycle6 . C’est en conseil de cycle que les ensei-
gnants arrêtent les principales orientations, c’est-à-dire les objectifs et les connaissances qui vont être
abordés tout au long du cycle, niveau par niveau. Comme les programmes sont rédigés par cycle, il va s’agir
de les décliner par niveau et de préciser les repères de progressivité. Ainsi, une séquence se positionne
dans la continuité du cycle : « l’avant et l’après » sont à préciser.
L’étape suivante consiste à planifier la séquence dans la programmation de la classe. En général, les
enseignants effectuent leurs programmations sur une période. Pour rappel, l’année scolaire est divisée
en 36 semaines, réparties en 5 périodes de travail, de durée globalement comparable. La programmation
par période permet d’ajuster au mieux les objectifs en regard des objectifs atteints par les élèves. On évite
généralement de couper une séquence sur deux périodes — sauf cas particulier, par exemple, si on prévoit
d’observer la croissance des plantes, la durée de la séquence pourra s’étaler sur plusieurs périodes.
6 À noter que les termes programmation et progression ne sont pas stabilisés : leur emploi varie selon les auteurs.
6. Unité d’apprentissage
Une unité d’apprentissage aborde l’ensemble des compétences attendues pour l’acquisition d’une notion.
Elle peut être composée de plusieurs séquences. Prenons un exemple au cycle 1, en GS : « comprendre un
conte lu par l’enseignant » est un objectif ambitieux, qui entre dans les attendus de fin de cycle ( comprendre
des textes écrits sans autre aide que le langage entendu -programme 2021 ). Cet objectif s’applique à
une unité d’apprentissage, c’est-à-dire plusieurs séquences qui pourraient s’articuler autour des objectifs
suivants :
Séquence 1 : Écouter une histoire
Séquence 2 : Repérer dans une histoire les personnages principaux
Séquence 3 : Repérer le schéma narratif d’une histoire
Séquence 4 : Redire avec ses propres mots une histoire entendue
L’enseignant peut ensuite décider de planifier trois séquences sur les trois premières périodes, de façon
à réserver deux périodes pour reprendre un objectif qui aurait posé plus de problèmes aux enfants — par
exemple « repérer le schéma narratif » va peut-être devoir être complété par une autre séquence avant
d’aborder le dernier objectif « Redire avec ses propres mots une histoire entendue ».
Revenons à la séquence. Nous allons maintenant aborder les étapes pratiques pour construire une
séquence.
Dans les chapitres suivants, nous verrons comment définir le contenu d’enseignement, élaborer la démarche
d’apprentissage et bâtir le dispositif. Il ne s’agit pas d’étapes, qui impliqueraient un ordre chronologique à
respecter. L’enseignant opère un va-et-vient entre ces trois dimensions.
Pour présenter ce système, il convient de le « figer » et de le découper. Nous allons donc voir en premier la
question du contenu d’enseignement.
PRÉVOIR UN DISPOSITIF
PRÉPARER UNE SÉQUENCE, C’EST :
PÉDAGOGIQUE
Un ou des lieux :
— salle de classe ;
CONSTRUIRE — BCD ;
UNE DÉMARCHE — sortie en extérieur...
D’APPRENTISSAGE Une durée
Évaluer et différencier :
Des supports :
Tout au long des différentes étapes. — affichage ;
— manuels ;
— logiciels.
Du matériel :
— tableau ;
— ordinateur ;
— vidéoprojecteur ;
— tableau numérique.
Une fois que l’enseignant a vérifié que la séquence qu’il a prévue entre bien dans le cadre des programmes,
il va devoir définir plus précisément le contenu d’enseignement.
SOCLE PROGRAMMES
COMMUN
Nous allons maintenant démarrer l’élaboration de la séquence, pas à pas. Nous vous conseillons de lire
cette partie en ayant les programmes sous les yeux.
A. Le domaine ou la discipline
Il convient d’abord de situer la séquence dans un domaine d’apprentissage ou dans une discipline
d’enseignement. Pour rappel, l’ensemble des disciplines n’apparaît qu’à partir du cycle 3.
Au cycle 1, les enseignements sont organisés en cinq domaines d’apprentissage et au cycle 2, l’histoire, la
géographie et les sciences sont regroupées dans « Questionner le monde ». L’histoire des arts n’apparaît
qu’au cycle 3.
Sur la fiche de préparation de la séquence, il est d’usage d’indiquer aussi le sous-domaine, c’est-à-dire la
partie sur laquelle porte précisément la séquence. Les sous-domaines correspondent aux « grandes
entrées » des tableaux des programmes pour les cycles 2 et 3.
C. L’objectif d’apprentissage
Une fois la discipline et le niveau de classe choisis, se pose la question de la définition de l’objectif d’appren-
tissage. Ce point est crucial : de lui dépendra, entre autres, la définition des objectifs des séances. Voici
quelques indications pour vous aider à définir cet objectif.
Dans chaque domaine et sous-domaine repérez les « connaissances et compétences associées » qui se
trouvent dans la colonne de gauche des tableaux. Elles précisent l’attendu de fin de cycle, ce qui permet
ainsi de formuler l’objectif de la séquence de façon plus précise. En effet, les connaissances et compétences
attendues en fin de cycle ont souvent une portée plus générale - plusieurs séquences seront nécessaires
pour les atteindre. On dit aussi qu’on décline l’attendu de fin de cycle en objectif de séquence, c’est-à-dire
qu’on le précise en l’adaptant au contexte de la séquence.
Prenons l’attendu de fin de cycle 2 en lecture « Lire et comprendre des textes variés, adaptés à la maturité
et à la culture scolaire des élèves ». Cet objectif va nécessiter de nombreuses séquences tout au long des
trois années du cycle. Pour trouver un objectif d’apprentissage opérationnel, il va falloir aller plus avant
dans le programme. En parcourant les différents items des tableaux, nous repérons d’autres objectifs plus
précis. Par exemple, une séquence pourra porter plus spécifiquement sur l’objectif « Lire pour réaliser
quelque chose ». Ainsi, en partant d’une recette de cuisine ou d’une fiche technique, l’enseignant variera
les lectures proposées pour travailler avec ses élèves sur la compréhension en lecture.
D’autres exemples :
Au cycle 2 : Questionner le monde
Et plus précisément : Questionner l’espace et le temps - Se situer dans l’espace
Attendu de fin de cycle : Se repérer dans l’espace et le représenter.
→ Proposition d’objectif d’apprentissage : Se repérer sur un plan, sur une carte.
Au cycle 3 : Education musicale
Attendu de fin de cycle : Explorer les sons de la voix, de l’environnement immédiat et de la nature, imaginer
des utilisations musicales, créer des organisations dans le temps d’un ensemble de sons sélectionnés.
→ Proposition d’objectif d’apprentissage : Expérimenter les paramètres du son (hauteur, intensité…)
Les approches varient selon les cycles et les disciplines. Les rédacteurs des programmes ne sont pas les
mêmes, à la fois entre l’école maternelle et l’école élémentaire, mais aussi entre les différentes disciplines.
Nous allons les passer en revue pour lever les principaux points d’achoppement.
Pour la maternelle, les objectifs d’apprentissage se construisent à partir des « objectifs visés » et des
« attendus de fin de cycle ». Pour l’EMC, qui n’est pas évoqué dans un des cinq domaines, les objectifs sont
à construire à partir de l’entrée « Une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble ».
Exemple :
Domaine : Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique
Objectif visé : Agir dans l’espace, dans la durée et sur les objets
Attendu de fin de cycle : Courir, sauter, lancer de différentes façons, dans des espaces et avec des matériels
variés, dans un but précis.
→ Proposition d’objectif d’apprentissage : Sauter dans des espaces et avec des matériels variés.
Objectif d’apprentissage :
Compétences visées :
-
-
Progression prévue
Phase de
Séance 2
structuration
Séance 3...
Séance 5...
Phase de
Séance 6...
réinvestissement
PRÉVOIR UN DISPOSITIF
PRÉPARER UNE SÉQUENCE, C’EST :
PÉDAGOGIQUE
Un ou des lieux :
— salle de classe ;
CONSTRUIRE — BCD ;
UNE DÉMARCHE — sortie en extérieur...
D’APPRENTISSAGE Une durée
La démarche d’apprentissage peut se structurer autour de quatre grandes étapes : découverte, structuration,
entraînement et réinvestissement. Nous allons détailler ces différentes phases.
1 https://www.meirieu.com/OUTILSDEFORMATION/situationsproblemes.htm
2. Phase de structuration
Une fois que la mise en route a été réalisée, que les élèves se sont appropriés le questionnement, et qu’ils
ont commencé à proposer des pistes pour le résoudre, l’enseignant va les aider à structurer ce qu’ils ont pu
déjà appréhender, de façon à recentrer leur attention et à cibler leur action vers l’objectif d’apprentissage.
La phase de structuration est parfois encore appelée « phase d’institutionnalisation ». Cette expression
trouve son origine dans la « règle » ou le « résumé » qui venait clore une leçon magistrale. Il est également
employé par certains auteurs pour signifier que les nouvelles connaissances deviennent les connaissances
de la classe, d’où le terme institutionnaliser, c’est-à-dire rendre officiel. Nous lui préférons celui de
structuration, qui fait référence au processus mental : l’apprenant construit ses connaissances en les
structurant, les nouvelles connaissances viennent prendre la place des anciennes et/ou les compléter.
La phase de structuration est une étape au cours de laquelle l’enseignant propose de faire un ou des points
réguliers, en fonction de ce qui a été amorcé dans la phase de découverte. Il peut, par exemple, proposer
de nouveaux supports pour poursuivre les recherches, ou encore proposer d’autres exercices — ciblés,
commentés, accompagnés par des consignes précises. Progressivement, par des allers-retours, les élèves
passent de l’action à la réflexion individuelle et/ou collective. Il est important d’alterner ces deux modalités.
C’est une étape décisive de l’apprentissage. Elle permet de structurer « la règle » ou le savoir. Elle a pour
objectif de permettre un ancrage, de stabiliser une notion, un concept, une méthode.
Ce temps vient conclure la recherche des élèves, comme moment de mise en ordre de structuration et de
synthèse. C’est un moment essentiel pour faire le point avec les élèves et leur permettre ainsi de sélectionner
les savoirs et savoir-faire à retenir. Nous avons tous en mémoire une quantité de savoirs organisés et
structurés issus de nos expériences et apprentissages antérieurs. Les nouveaux apprentissages ne sont
possibles que si :
• ils sont reliés aux connaissances antérieures ;
• ils remettent en question les représentations initiales mobilisées en début de séquence ;
• les conclusions auxquelles le groupe classe parvient sont clairement établies.
Cette étape peut faire l’objet d’une trace « écrite », d’un support mémoire.
3. Phase d’entraînement
Cette phase s’accompagne à nouveau d’une mise en action. Une fois la notion cernée, les réponses au
questionnement initial apportées, il va s’agir de les mettre à l’épreuve, ou de revenir sur un obstacle
en particulier. L’objectif est de remobiliser les élèves autour des notions dégagées lors de la phase de
structuration, pour les inviter à aller plus loin.
Prenons un exemple : dans le domaine « Questionner le monde », au CE2, l’objectif est de « réaliser quelques
objets et circuits électriques simples ».
La phase de découverte prend appui sur la question suivante « Comment allumer deux ampoules avec une
seule pile ? ». Les élèves proposent de réaliser différents montages pour tester et voir ceux qui fonctionnent.
Au cours de la phase de structuration, les élèves sont invités à dessiner les schémas des circuits probants,
pour dégager des règles de montage à respecter.
Dans la phase d’entraînement, les élèves vont mettre à l’épreuve ce qu’ils ont trouvé, en réalisant des
montages avec d’autres ampoules, d’autres piles, un nombre différent de fils électriques…
4. Phase de réinvestissement
Cette phase est parfois appelée « phase de transfert ». Mais la question du transfert divise les enseignants
et les chercheurs. Piaget considérait le transfert des compétences comme automatique. Pour lui, la pensée
fonctionne à partir de structures (les schèmes transversaux) qui s’actualiseraient au fil des situations
d’apprentissage vécues. Or, les praticiens comme les chercheurs ont mis en évidence qu’il n’en est rien.
Les recherches actuelles nous apprennent que le cerveau développe des réponses particulières à chaque
situation d’apprentissage, il ne « reprend » pas nécessairement les mêmes mécanismes mentaux d’une
situation à l’autre. Le transfert nécessiterait donc d’être appris — explicité.
Philippe Perrenoud, sociologue de l’éducation et spécialiste de la formation des enseignants, met en
avant le principe de « mobilisation » qui paraît plus adapté à la complexité des mécanismes mentaux
que l’apprenant met en jeu pour apprendre. Ainsi, les élèves vont devoir mobiliser les connaissances et
les compétences qu’ils viennent d’acquérir, pour les réinvestir dans une autre situation, dans un autre
contexte d’apprentissage.
Reprenons l’exemple des montages électriques au CE2. Pour réinvestir les notions abordées, l’enseignant
peut proposer aux élèves de réaliser un jeu de questions/réponses7 — une ampoule s’allume si on relie
correctement la question et la bonne réponse. Cette nouvelle activité permettra de vérifier le degré de
maîtrise des notions et compétences abordées dans les autres phases de la séquence, et si les élèves sont
capables de les mobiliser dans une situation proche mais nouvelle.
À chaque phase d’apprentissage correspondent une ou plusieurs séances. Il est donc difficile d’ima-
giner une séquence qui comporterait moins de quatre séances. Sauf si la séquence fait partie d’une unité
d’apprentissage, et que la phase de découverte est réduite au minimum — s’il s’agit juste de rappeler les
notions déjà abordées, par exemple.
D’autres considérations entrent en jeu :
• Le cycle et le niveau de classe : en maternelle, la durée d’attention des élèves est limitée, les séances
sont plus courtes — 10/15 minutes en PS, puis jusqu’à 45 minutes en GS. Il est souhaitable de répéter
plusieurs fois les séances courtes, l’objectif d’apprentissage reste alors le même. Au cycle 2 puis au
cycle 3, la durée moyenne d’une séance est de 45 minutes, avec la possibilité de faire des séances plus
longues — jusqu’à 1h30.
• La durée de la séquence : il est généralement conseillé de réaliser une séquence sur une période.
Après deux semaines de vacances, les élèves ont du mal à se remémorer où ils en sont si la séquence
a été commencée avant. Cependant, certaines séquences peuvent s’inscrire sur une durée plus longue
— par exemple, l’observation de la croissance des végétaux.
• La discipline : chaque discipline n’a pas le même « poids », en termes de nombre d’heures prescrit.
Les horaires hebdomadaires de l’école élémentaire sont répartis sur 24 heures. L’année scolaire compte
864 heures d’enseignement. Deux heures d’enseignement sont consacrées à la lecture.
(Source : Éduscol)
2. Le statut de l’erreur
Dans cette dynamique d’évaluation positive, l’erreur est un indicateur qui permet d’engager l’apprenant
dans une démarche de progrès. Mais pour cela, encore faut-il que l’enseignant soit capable d’identifier
l’origine des erreurs, pour pouvoir amener l’élève à les comprendre et agir en conséquence.
À cette fin, dans son ouvrage L’Erreur, un outil pour enseigner, Astolfi propose huit types d’erreurs que
l’on rencontre communément à l’école (il précise qu’il peut y en avoir d’autres). Nous reprenons ici cette
typologie en l’accompagnant de quelques exemples tirés de situations de classe :
1. Erreurs relevant de la compréhension des consignes. C’est une erreur fréquente chez les ensei-
gnants débutants. La consigne est formulée de façon trop complexe : avec des mots inconnus des
élèves, des imprécisions, une double négation, etc. Par exemple dans une classe de CP, la consigne
« Trouve le synonyme d’un mot » risque de poser problème. L’enseignant peut, dans un premier temps,
proposer « Trouve un mot qui veut dire pareil », et introduire après la définition du mot synonyme.
2. Erreurs résultant d’habitudes scolaires ou d’un mauvais décodage des attentes. Exemple : en
GS, l’enseignant a introduit des étiquettes avec les mois de l’année, mais il les a rangées avec les
étiquettes des jours de la semaine. Certains élèves n’arrivent alors plus à retrouver l’étiquette du jour
pour afficher la date.
3. Erreurs témoignant des conceptions alternatives des élèves. Les élèves ont des connaissances
dans beaucoup de domaines, mais ces connaissances sont encore incomplètes ou erronées. Par
exemple, en CM2, beaucoup d’élèves pensent que la digestion s’effectue dans le corps à l’aide de deux
« tuyaux » — un pour les liquides et l’autre pour les matières solides… d’où l’importance de recueillir
les représentations initiales, pour mieux cibler son enseignement.
4. Erreurs liées aux opérations intellectuelles impliquées. Les termes gagner ou perdre, employés
dans des énoncés de problèmes mathématiques, peuvent induire les élèves en erreur. Un élève croit
qu’il faut soustraire des billes puisque l’énoncé du problème parle de « perdre des billes », alors qu’il
fallait les additionner pour trouver la réponse.
5. Erreurs portant sur les démarches adoptées. À l’école primaire, toutes les démarches sont
nouvelles pour les élèves. Il est important de prendre le temps de les construire avec eux ou de les
expliciter. Mémoriser un poème, rédiger un texte, résoudre un problème… ne s’improvise pas. Par
exemple, pour rédiger une histoire, il faut apprendre à choisir des personnages, un lieu, des actions,
élaborer un plan.
6. Erreurs dues à une surcharge cognitive. Trop de consignes ou un temps d’attention prolongé
entraînent une fatigue qui a des répercussions sur les performances des apprenants. Les erreurs
commises en fin de dictée sont, par exemple, plus nombreuses qu’en début de dictée.
8 Dans : Enseigner avec les erreurs des élèves, Jean-Michel Zakhartchouk, éditions ESF, 2019.
9 https://www.cahiers-pedagogiques.com/
Pour mémoire, vous trouverez sur Éduscol un document d’aide à l’évaluation pour le cycle 1, dans la
rubrique sur l’évaluation en maternelle. Il contient des propositions d’indicateurs de progrès, détaillés pour
chaque domaine, en fonction des attendus de fin de cycle. Pour les cycles 2 et 3, des repères annuels de
progression sont publiés en français, mathématiques et enseignement moral et civique, du CP au CM2. Les
programmes comprennent quelques indications de progression pour les autres disciplines et domaines.
Pour conclure sur ce point, « les modalités d’évaluation privilégient une évaluation positive, simple et
lisible, qui valorise les progrès, soutient la motivation et encourage les initiatives des élèves. »
Revenons maintenant à notre projet de séquence. Aux différentes phases de la démarche d’apprentissage
correspondent différents types d’évaluation que nous allons détailler ensemble.
B. L’évaluation formative
Ce type d’évaluation implique la participation active de l’apprenant. L’élève doit connaître l’objectif d’appren-
tissage et les critères de réussite. Reprenons le projet de séquence au CP sur la dentition. Un objectif
possible, exprimé dans des termes accessibles à des enfants de 6 ans, pourrait être Pourquoi avons-nous
des dents différentes ? Les critères de réussite seraient alors : je sais nommer les différentes dents, je sais les
mettre au bon endroit sur la mâchoire, je peux dire à quoi servent les dents.
Et pour le projet de séquence EPS au CM en course de longue durée, un objectif possible serait de courir à
allure régulière sur une durée de 8 à 15 minutes en aisance respiratoire. Les critères de réussite seraient
alors : je sais distinguer le départ d’une course de vitesse d’une course de longue durée ; je sais contrôler mon
allure de course pour tenir dans la durée ; je sais contrôler ma respiration ; je sais gérer ma foulée pour tenir la
durée ; je sais prendre des repères visuels pour mieux contrôler ma course.
Pour l’enseignant, l’évaluation formative permet de contrôler les acquis des élèves en cours d’apprentis-
sage et de détecter des difficultés. Il s’appuie sur une typologie des erreurs pour analyser les résultats.
Cette typologie peut être construite progressivement avec les élèves, dans une version adaptée au niveau
de classe, et pour chaque discipline ou domaine.
Sur les modalités utilisées, le recours à des exercices ou à des productions n’est pas obligatoire. L’obser-
vation, ici aussi, reste un puissant moyen d’évaluation.
Cette phase permet à l’enseignant de réguler et d’adapter les séances prévues en fonction des résultats. Il
pourra ainsi mettre en place une différenciation plus fine — nous allons y venir.
À noter que, stricto sensu, l’évaluation diagnostique fait partie de l’évaluation formative quand elle s’attache
à faire émerger les représentations initiales.
Si cette évaluation n’est pas concluante, l’enseignant peut reprendre la phase de structuration pour revenir
sur la notion. Il peut aussi décider de réaliser, plus tard dans l’année, une séquence avec le même objectif.
Remarque : ce type d’évaluation continue à être appelé « évaluation sommative » par de nombreux ensei-
gnants et formateurs, même si les modalités proposées la rattachent désormais à une phase finale d’éva-
luation formative.
5. La question de la notation
Les documents institutionnels donnent un certain nombre d’indications qui sont à respecter.
Depuis 2015, en fin de cycle 1, la synthèse des acquis de l’élève comprend une échelle de 3 niveaux : « ne
réussit pas encore, est en voie de réussite, réussit souvent », ainsi qu’un champ libre pour préciser les
« points forts et besoins à prendre en compte ».
À partir du cycle 2, le Livret Scolaire Unique (LSU) s’appuie sur une échelle d’évaluation en 4 niveaux.
Les bilans périodiques de l’évolution des acquis scolaires de l’élève comportent au moins « le positionne-
ment de l’élève au regard des objectifs d’apprentissage fixés pour la période sur une des quatre positions
suivantes : objectifs d’apprentissage non atteints, objectifs d’apprentissage partiellement atteints, objectifs
d’apprentissage atteints, objectifs d’apprentissage dépassés ».
Il n’existe pas d’autres préconisations en matière de notation, mais ces recommandations impliquent un
changement de posture de l’enseignant très important : l’accent est mis sur le repérage des réussites et
des points forts des élèves — et non plus des échecs et des fautes. À noter aussi que les enseignants d’une
même école doivent établir ensemble les modalités d’évaluation qui seront communiquées aux parents
lors des réunions de rentrée, ainsi que dans le projet d’école.
Pour le concours, vous devrez être capable de répondre précisément à des questions portant sur vos choix
pédagogiques en matière d’évaluation, notamment lors des épreuves orales. Des entraînements et des
questions vous seront proposés tout au long de votre formation sur le réseau d’apprentissage CNED-CRPE.
La question de l’évaluation, et plus particulièrement de l’évaluation diagnostique, renvoie à celle de la diffé-
renciation.
Nous avons vu que différencier son approche pédagogique permet de prendre en compte les besoins
des élèves dans une dynamique de réussite ; ce qui est fondamental. À cela vient s’ajouter une réelle
satisfaction pour l’enseignant qui constate les progrès de ses élèves : la différenciation devient aussi une
pratique motivante pour l’enseignant !
Arrivés au terme de ce chapitre sur la démarche d’apprentissage, nous pouvons maintenant aborder la
conception et la rédaction des séances.
Pour préciser point par point cette vue d’ensemble, nous vous proposons d’étudier chaque contenu à partir
d’un exemple de préparation écrite d’une séance de français au cycle 2. Cette séance s’est réellement
déroulée en classe.
Objectif de séance :
Rechercher une stratégie pour écrire correctement les mots dont la dernière lettre est muette.
Formuler un objectif de séance est un geste professionnel complexe, qui s’acquiert par l’entraînement et
surtout par l’analyse de sa pratique.
Dans notre exemple de séance de français au cycle 2, l’objectif de séance, Rechercher une stratégie
pour écrire correctement les mots dont la dernière lettre est muette, est une des étapes envisageables
pour atteindre l’objectif de la séquence. Le verbe choisi dans « Rechercher une stratégie » permet de
« visualiser » par avance l’action des élèves et d’anticiper l’observation de leur travail.
On notera aussi qu’il s’agit d’une séance de structuration indiquant ainsi qu’un travail de découverte de
la notion a déjà été réalisé.
Après avoir bâti ce premier cadre, il s’agira de construire l’activité de classe pour servir cet objectif de
séance. C’est la seconde partie à écrire sur une fiche de séance : la mise en œuvre.
2. La mise en œuvre
Cette partie correspond à l’activité de classe avec les élèves. Elle doit donc traduire en termes d’actions
toute la réflexion didactique effectuée en amont. Elle intègre aussi le dispositif pédagogique. Tout cela
constitue une anticipation de la séance sur laquelle s’appuie l’enseignant en situation d’enseignement.
Pour rédiger cette partie de la séance, l’enseignant doit donc prendre en compte de nombreux paramètres
notamment celui qui consiste à anticiper la réaction des élèves — ce qui n’est pas toujours facile lorsqu’on
débute dans le métier, ou encore lorsqu’on change de niveau de classe (passer de la moyenne section
au cycle 3, par exemple) ; l’expérience et la pratique permettront d’ajuster toujours un peu plus ce geste
professionnel.
Et c’est dans cette optique d’étude de pratique professionnelle que nous vous proposons de poursuivre la
réflexion sur la séance de français proposée à titre d’exemple, en prenant connaissance au préalable des
points suivants :
Après avoir réalisé une dictée de mots comme évaluation diagnostique, l’enseignante a relevé dans
les productions de ses élèves de nombreuses erreurs sur l’écriture des mots qui se terminent par
une lettre finale muette. À partir de ce constat, elle a décidé de réaliser une séquence portant sur cet
apprentissage.
Lors de la première séance, il a été demandé aux élèves de rechercher une méthode pour savoir écrire
les mots dont la particularité est d’avoir une lettre finale muette. Les mots proposés par l’enseignante
ont été tous anticipés pour amener les élèves à rechercher le féminin des mots afin d’entendre la lettre
muette, de manière à pouvoir l’écrire (renard / vert / grand / étroit / blanc / gris / rang / froid / profond /
gris / fort…).
La séance a permis, non seulement de trouver la règle d’orthographe visée, mais surtout de développer
des compétences pour rechercher une réponse à un problème qui se posait en orthographe lexicale.
Voici donc la mise en œuvre de la séance suivante, les références aux programmes ont déjà été indiquées
dans le paragraphe précédent.
Durée
Déroulement Organisation-Modalités
Matériel
Structuration 10 min
Proposer aux élèves de s’entraîner par groupe de 2 à trouver les lettres Groupe de 2 - écrit
muettes d’une série de mots en cherchant les mots de même famille.
(binôme de table)
Présenter les étiquettes de mots dont la dernière lettre est manquante et qu’il
faut compléter. Annoncer qu’une nouvelle étiquette de mot sera distribuée à
chaque binôme une fois qu’il aura complété un mot et écrit un ou plusieurs Étiquettes de mot
mots de la même famille sur le cahier d’essais, de manière à expliquer leur
Cahier d’essais
réponse.
Annoncer la consigne et vérifier sa bonne compréhension :
Consigne : « Écrivez la lettre muette qui manque à la fin de chaque mot. »
Distribuer deux premières étiquettes par groupe, et vérifier la présence du
cahier d’essais.
Série de mots : la den_ / du san_ / troi_ / un robo_ / le regar_
un réci_ / un pay_ / un chan_ / un bon_ / le do_
Annoncer une autre séance pour s’entraîner à utiliser les deux méthodes
trouvées, avant la séance d’évaluation formative, programmée juste après.
Cette partie présente donc le déroulement prévu de la séance avec les élèves, ainsi que le dispositif à
mettre en œuvre. Certains éléments sont incontournables : les différentes étapes du déroulement, les
tâches à réaliser, les échanges langagiers pour lancer/relancer l’activité, ou pour les mises en commun ;
la consigne, les questions principales ; et pour chaque étape, leur durée, l’organisation, les modalités et le
matériel nécessaire au déroulement de l’activité.
Construire cette partie nécessite de projeter son action d’enseignement pour qu’elle soit adaptée au public
concerné, au service d’un objectif d’apprentissage tout en anticipant des « réponses » des élèves, leurs
besoins… C’est une réflexion difficile au début, mais avec l’expérience et surtout l’analyse du travail engagé
avec les élèves, elle gagne en expertise au fil du temps, de la construction des séances, jour après jour.
Étudions plus précisément, les éléments constitutifs de cette mise en œuvre :
Le déroulement
Comme pour la séquence, le déroulement de la séance est organisé en une succession d’étapes telles que :
• Découverte/Mise en situation
C’est l’entrée en matière de la séance. Cette première étape de la séance est d’une durée courte et très
explicite pour permettre aux élèves de situer l’activité présentée en lui donnant tout son sens, et d’en
comprendre l’enjeu afin de construire efficacement l’apprentissage proposé tout au long du déroulement
de la séance.
Cela peut être une découverte par l’annonce d’une toute nouvelle activité, d’un questionnement au travers
d’une observation, d’une expérimentation (en lien avec la démarche expérimentale d’investigation), par la
présentation d’une situation problème, ou une mise en situation par le rappel de la séance précédente,
d’un projet pluridisciplinaire en cours de réalisation, d’une activité ritualisée par l’organisation qui est
spécifique comme pour un débat ou par l’utilisation de matériel pédagogique et didactique régulièrement
utilisé (les étiquettes des éléments de la date, une planche à clous, des images de sons en phonologie…),
ou encore, par l’annonce d’un jeu évolutif sur l’ensemble de la scolarité (le loto, le mot/nombre mystérieux,
le compte est bon…).
• Structuration
C’est l’étude de la situation présentée. Cette étape doit être conçue de manière à ce que les élèves explorent
la situation proposée par l’enseignant au travers d’observations, d’échanges langagiers, en recherchant
des éléments de réponse pour découvrir une nouvelle notion et mettre en place des procédures de travail.
Puis, l’enseignant fait le point avec ses élèves pour mettre en évidence la ou les nouvelle(s) connaissance(s)
découverte(s) qui sont en lien direct avec l’objectif. C’est une étape où les interactions langagières ont un
rôle essentiel.
Dans notre exemple, cette étape a pour objet de guider les élèves dans leur recherche de solution pour
orthographier les deux mots proposés. L’enseignante accompagne la réflexion collective par le biais de
son questionnement pour permettre aux élèves de confronter leurs propositions au regard du problème
posé en amont. Le questionnement de l’enseignante montre l’anticipation des réponses des élèves : les
mots de la même famille sont listés.
• Entraînement
Au cours de cette étape, les élèves s’approprient la (ou les) notion(s) mise(s) en évidence lors de l'étape
précédente.
Dans notre exemple, cette étape a pour objet de permettre à l’élève de s’entraîner à appliquer la méthode
énoncée pour écrire une lettre muette en cherchant les mots de la même famille. Durant cette étape,
la tâche de l’enseignante est d’observer ses élèves pour repérer les réactions face à l’utilisation de la
règle d’orthographique trouvée collectivement. On notera un choix d’organisation par groupe de 2, qui
trouve tout son sens par l’activité de recherche de mots, et qui est différente de la situation collective
précédente. Alterner les types d’organisation permet de maintenir l’intérêt des élèves, encore plus pour
une activité en orthographe qui est un domaine du français souvent redouté par les élèves. Le fait d’être
à deux sur une recherche orthographique peut rassurer les élèves tout en renforçant l’esprit d’entraide.
On notera aussi le choix du matériel : écrire sur des étiquettes et sur le cahier d’essais, et non directement
sur le cahier de français. C’est une anticipation réfléchie au regard d’une activité de recherche à deux
sur une notion qui vient tout juste d’être découverte.
• Synthèse
C’est la conclusion de la séance. Elle peut se concevoir en deux temps :
— un temps d’échanges sur le ressenti de l’activité : les élèves peuvent s’exprimer sur leurs produc-
tions, en présentant leurs procédures de travail, s’ils ont ou non rencontré des difficultés ;
— un temps d’échanges sur l’apprentissage visé, un moment capital de la séance, qui permet aux
élèves d’énoncer deux éléments importants : ce qu’ils ont appris au cours de la séance et l’essentiel
à retenir de la séance, tant au niveau des connaissances que des compétences.
La ou les nouvelle(s) notion(s) mise(s) en évidence peuvent parfois faire l’objet d’une trace écrite. Elle n’est
donc pas systématique. La trace écrite peut être collective (affichage) et/ou individuelle, inscrite dans le
cahier/carnet/mémento de chaque élève.
Cette étape de la séance permet aussi à l’enseignant de conforter ses observations lors de la séance
d’entraînement et de faire un premier bilan global sur la séance proposée.
Remarques complémentaires
— Lorsque la séance appartient à un projet, comme « Écrire un article pour le journal de l’école », le
sens de l’activité est donné directement par le lien au projet. Dans le cas d’une séance ordinaire qui
n’est pas forcément reliée à un projet (ex : les nombres décimaux), il est nécessaire d’en expliciter
le but dès l’étape de découverte/mise en situation ainsi que les notions à apprendre pour motiver les
élèves à s’engager dans les actions qui vont construire leur apprentissage. Ce point sera développé
au chapitre 5.
— Toutes les étapes du déroulement ne sont pas présentes à chaque séance, à l’exception de la
première et dernière. L'étape d’entraînement n’est pas nécessaire dans le cas d’une activité axée
sur un travail d’échanges langagiers collectifs importants, comme pour une séance sur l’oral qui
sera développée au paragraphe suivant. De même que l'étape de structuration n’est pas nécessaire
lors d’une séance d’évaluation, en fin de séquence.
La consigne
Le déroulement doit mettre en évidence la consigne. Il faut la différencier des échanges langagiers — du
questionnement que mène l’enseignant avec les élèves.
La consigne est la phrase prononcée par l’enseignant pour expliquer aux élèves la tâche à accomplir. Elle
est directement en lien avec l’objectif visé. Elle doit toujours être anticipée, donc préparée à l’écrit, bien
visible sur la fiche, pour pouvoir être annoncée aux élèves sans hésitation, dans une syntaxe précise,
claire, un vocabulaire adapté à leur âge. Les consignes les plus efficaces sont celles qui sont construites
par une phrase simple, courte contenant un verbe d’action dont le résultat est observable en situation.
Dans notre exemple, la consigne Écrivez la lettre muette qui manque à la fin de chaque mot indique sans
ambiguïté la tâche immédiate de l’élève, celle d’écrire, et de façon précise, la lettre muette manquante.
Le libellé est formulé de manière à être compris par des élèves de fin de cycle 2, pour leur permettre
de se lancer dans l’écriture orthographique. Cette formulation pragmatique permet à l’enseignant une
observation ciblée sur les productions d’élèves, en les renvoyant vers la consigne si c’est nécessaire.
On notera que la consigne est écrite en gras sur la fiche pour mieux la repérer si besoin en situation
de classe.
Remarque
Voici un contre-exemple de consigne : Recherchez ensemble comment écrire la lettre qui manque en utilisant
la règle sur les familles de mots, et lorsque vous vous serez mis d’accord, vous l’écrirez sur l’étiquette au bon
endroit. C’est davantage une explication du travail à effectuer qu’une consigne.
Dans notre exemple, la durée de la séance s’équilibre entre deux étapes courtes pour introduire et
terminer l’activité, et deux étapes intermédiaires de durée sensiblement égale.
Le travail à l’oral et à l’écrit s’alterne et s’équilibre : 15 minutes d’oral, puis 20 minutes d’écrit et d’oral
pour terminer par 5 minutes d’oral, avec le collage de la règle d’orthographe sur le mémento.
L’organisation est aussi variée, rendant ainsi l’activité plus dynamique. Les élèves travaillent d’abord
collectivement puis par binôme et pour finir en groupe classe : là aussi, l’alternance est équilibrée
dans la durée. Et le travail par petits groupes de 2 est tout à fait approprié avec l'étape d’entraînement
proposée.
Quant au matériel choisi, il reste simple mais efficace car il permet de rendre les élèves acteurs de leur
apprentissage à chaque étape de travail : le tableau pour le travail collectif, les étiquettes de mots et
le cahier d’essai pour la recherche en groupe puis le cahier mémento pour la trace écrite individuelle.
Nous venons de voir la rédaction des deux premières parties de la fiche de séance. À ce stade, l’enseignant
s’est donné les moyens de réaliser la séance avec ses élèves. Une fois cette étape d’activités en classe
terminée, vient le temps de rédiger la troisième et dernière partie de la fiche de séance, celle qui est dédiée
au bilan de la séance.
— Séance réussie, objectif atteint : les élèves ont trouvé la 2e stratégie d’écriture (les mots de la même famille)
— La règle sur le féminin trouvée à la séance 1 : bien rappelée
— Exemple choisi : chocolat : OK, à garder pour mettre en évidence l’objectif → 2 mots sur 3 ont été proposés :
« chocolaterie » et « chocolatier »
— Entraînement à 2 : les élèves s’arrêtent lorsqu’ils ont trouvé un seul mot de la même famille : donc mise en
commun intéressante, qui a suscité leur curiosité sur les mots et leur besoin de vérifier
— Les 2 mots de la même famille que « robot » et « dos » n’ont pas été toujours trouvés : soit pas de réponse,
soit les élèves savaient les écrire
— Travail par groupe à poursuivre : belle émulation ; avec différenciation à prévoir pour L. et M. qui ont plus
observé pendant la recherche à 2, le lexique étant une partie plus difficile à travailler (langue maternelle
étrangère) → prévoir d’autres binômes // différenciation
Au travers de ces quelques notes écrites, l’enseignant fait le point sur le déroulement de l’activité de classe,
tant sur la pertinence de la séance proposée, qu’au niveau des « réponses » des élèves, en termes de
comportements, connaissances et compétences.
Dans notre exemple, l’enseignante note en premier son constat par rapport à l’objectif de séance. Puis,
elle indique des remarques concernant les éléments de la séance qui ont fonctionné, comme le rappel
de la première règle d’orthographe trouvée, nécessaire pour démarrer celle-ci, et l’organisation en
groupe qui sera à poursuivre. Il en est de même pour les difficultés observées chez certains élèves
pendant l’activité en classe qui auront un impact sur la conception de la séance suivante et donc sur sa
rédaction.
Cette réflexion est donc incontournable, nécessaire pour préparer la séance suivante de manière
à proposer aux élèves une nouvelle étape dans l’apprentissage. Celle-ci sera construite au regard des
constats effectués pour apporter des réponses aux besoins des élèves, et les mettre ainsi en situation de
réussite.
Réaliser un bilan permet aussi de prendre du recul par rapport au déroulement de la séquence. C’est
l’occasion d’analyser sa pratique pédagogique dans une démarche de formation professionnelle. Un bilan
utile, fonctionnel est celui qui conduit à utiliser les constats pour dépasser son action pédagogique. Il
n’est pas question de produire un compte rendu, mais de noter efficacement des éléments de réflexion.
Ceux-ci doivent se porter sur les critères des deux parties rédigées, en se posant par exemple les questions
suivantes :
C’est en se posant ce type de questions et en écrivant des « réponses » ciblées que l’enseignant commence
à anticiper la séance suivante de façon plus pertinente. C’est tout l’enjeu de caler au plus près les niveaux
d’acquisition des élèves, donc leurs besoins, avec l’objectif d’apprentissage de la séquence envisagée.
à l’enseignant de construire une activité différenciée par rapport à l’analyse de sa préparation de séance et
de ses observations en situation de classe, comme noté dans l’exemple précédent.
Dernier point important : certaines séances se succèdent de manière hebdomadaire, il est donc préférable
de réaliser le bilan rapidement après la séance pour construire de manière plus précise la séance suivante.
Dans le cadre du concours, la séance présentée n’ayant pas fait l’objet d’une mise en œuvre en classe,
un tel bilan ne devrait pas être demandé tel quel. Cependant, il est important d’y être sensibilisé car il
y a de fortes chances que le jury, lors de l’entretien, fasse porter une partie de son questionnement sur
de possibles réactions d’élèves face à certaines de vos propositions. Son objectif sera alors d’engager
avec vous un échange professionnel.
Dans l’unité suivante, nous allons proposer deux autres exemples de préparation écrite dans leur intégra-
lité, l’une au cycle 1 et l’autre au cycle 3.
Objectif visé :
L’oral : Enrichir le vocabulaire.
Objectif de séance :
Décrire une image en utilisant le vocabulaire lié au réchauffement climatique.
Durée
Déroulement Organisation-Modalités
Matériel
Découverte 5 min
Annoncer aux élèves une nouvelle activité de langage sur « écran géant ». Collective – oral
Projeter la première diapo correspondant à l’image du puzzle (la photo étant
cachée par des morceaux de papiers blancs), et demander aux élèves de
décrire ce qu’ils voient. Écran, vidéoprojecteur
— Que voyez-vous sur l’écran ? Est-ce que vous reconnaissez quelque chose
de familier ?
Amener les élèves à dire que l’image projetée ressemble à un jeu de puzzle.
Proposer aux élèves de chercher à découvrir l’image qui se cache en dessous
à la manière d’un explorateur, en enlevant les morceaux du puzzle l’un après
l’autre. PC
Montrer sur l’écran tous les endroits qui correspondent aux parties de l’image
qui peuvent être démasquées.
Remarques
— Le nombre d'étapes est lié au contenu de la séance basée principalement sur des échanges
langagiers.
— Vous pouvez repérer que pour une séance axée sur le langage oral, la durée de cette séance est
d’environ 30 minutes, ce qui est long pour des élèves de maternelle. Aussi, on notera que pour
maintenir l’attention des tout jeunes élèves sur toute la durée de la séance, il est nécessaire de
proposer des activités sous un habillage très ludique, comme ici, découvrir un puzzle projeté en
grand à l’écran pour les inviter à « jouer » ensemble à deviner le contenu.
— Le matériel, extrêmement important au cycle 1, doit être adapté à l’âge des élèves. Dans notre
exemple, il suscite l’intérêt, la curiosité et l’envie de répondre à la demande de l’enseignante.
— Vous pouvez remarquer que l’organisation et les modalités sont les mêmes durant toute la séance.
C’est un choix assumé de l’enseignante au regard d’un travail sur le langage oral (pas d’écrit), et sur
le support visuel projeté en grand (« C’est comme au cinéma ! »), pour tous les élèves de la classe en
même temps.
Voici le bilan de séance, axé sur l’objectif de séance, la participation des élèves et l’analyse du vocabulaire
réinvesti par les élèves.
Ce bilan met en évidence une analyse de la situation en deux temps :
BILAN DE LA SÉANCE
— Séance qui a motivé les élèves : l’aspect « devinette » a permis de les garder attentifs jusqu’à la fin ;
et surtout richesse des échanges et début d’argumentation : type d’activité à refaire : les enfants l’ont
demandé !
— Objectif partiellement atteint
— Le vocabulaire prévu a minima est sorti
— Les mots comme « réchauffement », « dériver » ont été énoncés grâce aux albums
— Les mots « reflet », « fonte » ont été rappelés car non retrouvés même après question
— Deux élèves (T. et A.) n’ont dit aucun mot, même avec sollicitation ; D. / F. / G. ont très peu parlé :
reprendre l’activité en petit groupe ou directement sur les albums
— 5 « grands parleurs » (E. / J. / L. / M. / P.) : → pour les trois derniers morceaux : ils ont validé les
propositions des autres.
Objectif de séance :
Développer des stratégies de recherche, gérer des essais, revenir à l’énoncé pour prendre en compte toutes les
contraintes.
Structuration 5 min
→ Faire verbaliser quelques élèves sur leur travail (difficile/facile) et justifica- Collective – oral
tion (démarches personnelles)
→ Faire énoncer par les élèves :
— ce qu’ils ont appris : résoudre un problème à essais multiples
— ce qu’il faut retenir de l’activité : une méthode de résolution à partir des
différentes stratégies proposées :
• Je commence par les grands nombres et je remplis les cars au
maximum en essayant d’atteindre 30 sans dépasser.
Remarques
• La durée de l’étape d’entraînement est plus importante à ce stade de la séquence. L'enseignante s'est
assurée de la bonne compréhension de la situation, du rappel sur la méthode étudiée pour résoudre un
problème et plus particulièrement sur la méthode de résolution d’un problème à essais multiples mise
en évidence à la séance précédente.
• Vous pouvez repérer que l’enseignante élabore le déroulement de sa séance en pratique différenciée
suite au bilan effectué après la séance précédente. C’est l’illustration de l’intérêt d’effectuer un bilan de
séance pour mieux servir l’apprentissage des élèves.
• La différenciation envisagée a donc eu des conséquences sur plusieurs points essentiels :
— L’organisation : répartir les élèves en fonction de leurs capacités à résoudre un problème et donc
leurs besoins pour progresser dans la compétence travaillée. Une des réponses possibles, choisie
par l’enseignante, est de mettre certains élèves en autonomie pour pouvoir guider un petit groupe
d’élèves repérés en difficulté. Cette répartition est assez classique, mais elle suppose que les élèves
soient capables de travailler seuls pendant un moment.
— On notera aussi, qu’au sein du groupe d’élèves mis en autonomie, l’enseignante opère une autre
différenciation, sur les questions du problème. Elle a donc repéré les différentes capacités des élèves
pour leur proposer un travail encore plus ciblé, de façon à les rendre pleinement acteurs de leur
apprentissage selon leurs connaissances acquises et leurs compétences à résoudre des problèmes
mathématiques.
— Le matériel proposé est adapté à la différenciation axée sur la tâche de l’élève évalué en situation à la
séance précédente. Ce choix d’étiquettes et de boîtes est une des réponses possibles pour aider les
élèves à réaliser des essais. Le fait de manipuler du matériel pédagogique est souvent déclencheur
d’actions immédiates chez les élèves qui se trouvent plus en difficulté à écrire leur démarche. L’uti-
lisation de l’ardoise invite aux essais, rassure les élèves qui en ont besoin. Les élèves plus avancés
dans l’apprentissage ont dépassé ce stade, pouvant ainsi travailler directement sur une feuille de
papier pour écrire leur solution.
— Le fait de travailler en petit groupe est toujours apprécié par les élèves qui montrent davantage
de difficultés au sein du groupe classe car c’est une organisation rassurante d’autant plus quand
l’enseignante est à leur côté pour guider leur réflexion.
N.B. C’est une classe où les élèves ont parfaitement intégré les différents rythmes d’apprentissage
de chacun par une pédagogie différenciée pratiquée par l’enseignante. Ils ont aussi à disposition des
contrats de travail individuels autocorrectifs en lien avec les notions travaillées, supports pédago-
giques et pratiques de classe qui renforcent la notion de rythmes différents.
BILAN DE LA SÉANCE
Pour conclure :
Les trois exemples de préparation écrite de séance proposés vous ont permis d’en repérer tous les
éléments constitutifs. Les fiches présentées dans chaque cycle vous ont montré la nécessité d’adapter
certains critères comme la durée, le nombre de phases, le contenu de l’activité au regard du niveau de
classe et de l’apprentissage visé. C’est une réflexion professionnelle qu’il vous faudra avoir pour le CRPE.
Aussi, pour vous lancer dans l’élaboration d’une fiche de séance exigée aux épreuves du concours, voici un
dernier point méthodologique.
Vous y retrouverez la structure de la fiche que vous avez pu découvrir au cours de ce chapitre. C’est une
proposition de support pédagogique qui vous permettra de vous familiariser avec ce geste professionnel
exigé au CRPE, puis dans votre pratique une fois en poste. Il n’existe pas de modèle obligatoire imposé par
le ministère, chaque enseignant construit son propre outil, en lien avec sa personnalité, les particularités
de chaque classe et parfois les recommandations de l’IEN. Cependant, quelle que soit sa forme, une fiche
de préparation de séance doit présenter des références aux programmes en vigueur et contenir des critères
didactiques et pédagogiques au service de la mise en œuvre de l’apprentissage, toujours complétée par un
bilan.
Le cadre de la fiche et ses critères spécifiques qui sont complétés par des notes explicatives d’aide à la
rédaction d’une fiche de séance.
L’aperçu d’une fiche à compléter, présentant les trois « blocs » indiqués à l’unité 2 composés de leurs
critères spécifiques à préciser pour chaque séance.
Séquence : c’est le titre de la séquence dont dépend la séance, qui est indiqué sur la Cycle : C’est le
fiche de séquence cycle scolaire (école
maternelle: cycle 1) /
Objectif d’apprentissage : C’est le libellé de l’objectif de la séquence qui est
(école élémentaire :
indiqué sur la fiche de séquence. Il est formulé avec un verbe d’action pour
cycles 2 et 3)
préciser l’attendu de fin de cycle.
Niveau de classe : C’est
un des niveaux de classe
appartenant à un des
cycles (de la PS au CM2)
Titre de la séance : c’est le nom à donner à la séance, qui doit être évocateur de l’apprentissage visé.
Place de la séance dans la séquence : situer la séance correspond à indiquer Date : date de la séance
l’étape de l’apprentissage au regard de la séquence programmée. Plusieurs étapes
possibles : découverte / structuration / entraînement / réinvestissement.
Ce sont les références aux programmes scolaires concernant les connaissances et compétences spécifiques à
chaque domaine d’apprentissage ou discipline. Ces trois libellés doivent présenter une cohérence : l’objectif visé/
la compétence de cycle précise l’attendu de fin de cycle, qui lui-même précise les compétences travaillées en
référence aux domaines du socle.
Compétence(s) travaillée(s) (en référence aux domaines du socle commun - cycles 2 et 3) :
Dans les programmes de l’école élémentaire, les compétences travaillées en référence aux domaines du socle
commun sont listées juste après la présentation générale de chaque discipline enseignées aux cycles 2 et 3.
Compétence de cycle visée : (école élémentaire) - Dans les programmes des cycles 2 et 3, les compétences de
cycle sont listées sous le cadre des attendus de fin de cycle. Plusieurs compétences de cycle sont proposées par
attendu de fin de cycle.
Objectif de séance :
Il correspond à une étape dans le processus d’acquisition de la compétence visée, c’est-à-dire à un but intermé-
diaire pour atteindre l’objectif d’apprentissage de la séquence.
L’objectif de séance précise donc celui de la séquence. Il est en rapport direct avec la tâche à réaliser par les
élèves. Il est observable et lié au résultat attendu de la séance. Pour cela, le libellé doit être précis et synthé-
tique ainsi qu’évaluable par l’observation des élèves. Il est préférable d’utiliser un verbe d’action en lien direct
avec l’activité des élèves, pour formuler l’objectif d’apprentissage de la séance. Par exemple « Reconstituer… »,
« Copier… », « Tracer... », « Trier… », « Ecrire… », « Lancer… », sont des termes plus appropriés que des verbes
comme « Comprendre », « Prendre conscience », « Acquérir »… qui reflètent des capacités non évaluables en
situation, car ils recouvrent des notions très générales en terme d’apprentissage.
Conseil pratique : Se poser la question « Qu’est-ce que je souhaite que mes élèves aient appris à la fin de la séance ? »
et y répondre par un verbe d’action, permet de formuler plus précisément le libellé de l’objectif à écrire.
Étapes
Le déroulement : il est organisé en une succession d’étapes comme par La durée : prévoir le
exemple : temps de chaque étape du
déroulement, permet de
1) Découverte/Mise en situation : C’est l’entrée en matière de la séance. Cette
vérifier la durée totale de la
étape, d’une durée assez courte, présente la situation d’apprentissage en lui
séance, et surtout de penser
donnant tout son sens pour permettre aux élèves d’en comprendre l’enjeu afin
à équilibrer dans le temps, les
de construire efficacement l’apprentissage. Cela peut être une découverte par
différentes organisations, les
l’annonce d’une toute nouvelle activité, d’un questionnement ou une mise en
tâches choisies tout au long
situation par le rappel de la séance précédente, d’un projet pluridisciplinaire,
du déroulement de la séance.
d’une activité ritualisée.
L’organisation : elle
2) Structuration : C’est l’étude de la situation présentée. Durant cette étape,
correspond à la manière
les élèves s’emparent de la situation proposée par l’enseignant au travers
dont les élèves vont être
d’observations, d’échanges langagiers, en recherchant des éléments de
répartis : en groupe classe,
réponse pour découvrir une nouvelle notion et mettre en place des procédures
en demi-classe, par binôme
de travail. Puis, l’enseignant fait le point avec ses élèves pour mettre en
ou encore une organisation
évidence la ou les nouvelle(s) connaissance(s) découverte(s) qui sont en lien
individuelle. Toute activité n’a
direct avec l’objectif.
pas toujours intérêt à être
C’est une étape où les interactions langagières ont souvent un rôle essentiel. réalisée en groupe classe,
le travail par binôme, ou par
3) Entraînement : Au cours de cette étape, les élèves s’approprient la(ou les)
petits groupes va davantage
notion(s) mise(s) en évidence en s’entraînant sur de nouvelles activités.
correspondre à une activité de
4) Synthèse : C’est la conclusion de la séance qui peut se concevoir en deux recherche par exemple.
temps :
Les modalités : Les tâches
- un temps d’échanges sur le ressenti de l’activité : les élèves peuvent s’exprimer proposées aux élèves pour
sur leurs productions, en présentant leurs procédures de travail, leur aisance réaliser leurs productions
ou leur difficulté vécue. peuvent revêtir différentes
- un temps d’échanges sur l’apprentissage visé, un moment capital de la formes : par écrit, à l’oral
séance, qui permet aux élèves d’énoncer deux éléments importants : ce qu’ils ou en manipulant. Faire
ont appris au cours de la séance et l’essentiel à retenir de la séance, tant au varier les modalités tout au
niveau des connaissances que des compétences. long d’une séance permet
de maintenir l’attention des
N.B : Toutes les étapes du déroulement ne sont pas présentes à chaque séance, élèves. A l’école primaire, les
à l’exception de la première et la dernière. L’entraînement n’est pas nécessaire élèves n’ont pas la capacité
dans le cas d’une activité axée sur un travail d’échanges langagiers collectifs d’attention suffisante pour se
importants, comme pour une séance en langage oral. De même que l’étape de focaliser sur une seule tâche
structuration n’est pas nécessaire lors d’une séance d’évaluation finale. à l’écrit ou à l’oral pendant
toute la durée d’une séance ;
→ La consigne : le déroulement doit mettre en évidence la consigne. Il faut ils décrochent au bout d’un
la différencier des échanges langagiers, du questionnement que mène certain temps, notamment si
l’enseignant avec les élèves. C’est la phrase prononcée par l’enseignant pour l’activité n’est pas attractive.
expliquer aux élèves la tâche à accomplir, qui est directement en lien avec
l’objectif de séance. Elle doit toujours être anticipée, donc préparée à l’écrit, Le matériel : les documents,
bien visible sur la fiche, pour pouvoir être annoncée aux élèves sans hésitation, les supports d’activité, les
dans une syntaxe précise, claire, un vocabulaire adapté à leur âge. outils, tout doit être prévu
par l’enseignant ; ainsi
que la quantité, s’il faut un
exemplaire par élève par
exemple.
Bilan de la séance : C’est l’analyse du déroulement de la séance réalisée avec les élèves.
Le bilan permet de faire le point sur le déroulement de l’activité de classe, tant sur la pertinence de la séance
proposée, qu’au niveau des « réponses » des élèves, en termes de comportements, connaissances et compétences.
Il doit s’appuyer sur les questions suivantes :
L’objectif de la séance : est-il atteint ? Oui ou non ? Pourquoi ? Faut-il envisager un prolongement ou une autre
séance ? Ou même une autre séquence ?
Le déroulement de la séance :
— La succession des étapes : a-t-elle servi l’objectif ? Oui ou non ? Pourquoi ?
— Les élèves : ont-ils réalisé les tâches demandées ? En autonomie ? Avec de l’aide ? Et de quel type : sur le fond / la
forme ?
— L’enseignant : ses interventions au niveau du questionnement, des explications collectives / individuelles…
La consigne : est-elle intégrée ou non ? Pourquoi ? Trop complexe ? À quel niveau ? Pour tous les élèves ? Faut-il
reprendre l’activité avec une nouvelle consigne ?
La durée : a-t-elle été respectée sur la séance, sur chaque étape ? Oui ? Non, pourquoi ? Sur une étape en particulier ?
Pourquoi ? Faut-il reprendre la séance à cette étape ?
L’organisation : a-t-elle servi l’objectif ? Oui ? Non, pourquoi ? Etait-elle cohérente avec la tâche des élèves, avec le
profil de la classe (effectif, niveaux de compétences…), avec les lieux (classe, gymnase, BCD…)
Les modalités :
— Le travail écrit et oral ou par manipulation de matériel : a-t-il été varié ? Oui ? Non, pourquoi ?
— La prise en compte des profils des élèves sur la capacité à écrire, à s’exprimer a-t-elle été suffisante ? En quoi
pourrait-on l’améliorer ?
Le matériel : le matériel choisi était-il adapté au niveau des élèves et de la tâche demandée ? Les supports ont-ils été
pertinents ? Oui ? Non, pourquoi ? Pour tous les élèves ?
N.B : réaliser le bilan rapidement après la séance permet de construire de manière plus précise la séance suivante.
—Remarque : cette fiche de préparation est disponible sur l’espace inscrit, à la suite du cours, disponible
au format pdf.
Pour le concours, nous vous recommandons de vous exercer régulièrement à la rédaction de séances, en
réalisant les entraînements proposés sur le réseau d’apprentissage CNED-CRPE, puis les devoirs pour
préparer l’épreuve d’application à l’écrit ainsi que l’épreuve orale de leçon de français et de mathématiques.
Quand vous serez en poste, vous pourrez construire votre propre cadre, utiliser le format qui vous convient
le mieux (feuilles de tableur personnalisables ou même des applications en ligne) de façon à optimiser
votre temps de préparation car vous aurez à répéter des centaines de fois ce geste professionnel tout au
long de l’année scolaire.
Pour terminer ce cours « Apprendre et enseigner », il reste encore la dernière dimension de la préparation
d’une séquence à étudier : l’élaboration du dispositif pédagogique, dans tous ses aspects pratiques.
Celui-ci, déjà évoqué pour l’étude sur la préparation de séance, sera développé au chapitre suivant.
PRÉVOIR UN DISPOSITIF
PRÉPARER UNE SÉQUENCE, C’EST :
PÉDAGOGIQUE
Un ou des lieux :
— salle de classe ;
CONSTRUIRE — BCD ;
UNE DÉMARCHE — sortie en extérieur...
D’APPRENTISSAGE Une durée
1. Un ou des lieux
La salle de classe est le lieu où la majorité des séquences se déroulent. L’enseignant peut en modifier
la disposition, l’aménager selon les besoins, par exemple en créant des espaces ciblés : un espace
« expériences », un « atelier maths », un coin bibliothèque, etc. Ces espaces pourront être utilisés pour des
activités spécifiques lors de certaines séances, ou encore par les élèves qui ont terminé leur travail avant
la majorité de la classe — lire un livre, réaliser un puzzle, un jeu mathématique… Dans de tels cas, les
règles de fonctionnement de ces espaces sont établies collectivement, de façon à devenir des règles de vie
de classe. En effet, l’intérêt de ces espaces dédiés réside dans la présence d’un certain type de matériel,
mais aussi dans les habitudes de travail déjà prises par les élèves, ce qui facilitera par exemple le travail
en groupe, lorsque ce sera la modalité retenue dans la séance.
Les couloirs et les petites salles annexes peuvent aussi être aménagés, sous réserve que la surveillance de
l’adulte y soit possible — la pièce doit être contiguë et la porte, ouverte. Ces lieux permettront, par exemple,
de réaliser un enregistrement sonore plus au calme.
Certaines écoles disposent de salles communes à plusieurs classes : salle informatique, BCD (Bibliothèque
centre documentaire) d’école, salle polyvalente, etc. Leur utilisation est gérée par un planning. Elles
offrent des possibilités intéressantes — par exemple pour des activités spécifiques ou qui nécessitent plus
d’espace, comme les arts plastiques, la musique, la danse ou le théâtre, ou encore les activités physiques à
l’école maternelle, qui sont pratiquées plus souvent à l’intérieur qu’à l’extérieur (sécurité/temps d’habillage/
gros matériel…).
En EPS, la cour de récréation est très souvent utilisée. Mais les enseignants peuvent faire une demande
auprès de la mairie (via le directeur) afin d’utiliser les infrastructures sportives — piscine, mais aussi stade
et gymnase.
Les sorties scolaires reposent toujours sur un projet pédagogique. Elles ne peuvent avoir lieu sans l’autorisation
du directeur ou de la directrice de l’école qui évalue les conditions d’encadrement, de transport et d’accueil, la
nature et les conditions des activités pratiquées et, plus généralement, toutes les conditions de sécurité.
Les sorties organisées pendant les horaires habituels de la classe et ne comprenant pas la pause du déjeuner
sont obligatoires pour tous les élèves et doivent être gratuites. Les autres sorties sont facultatives.
Pour les sorties obligatoires, l’assurance scolaire n’est pas obligatoire. Elle l’est par contre pour tous les autres
types de sorties. Cependant, l’assurance scolaire est devenue, dans les faits, indispensable ou, tout du moins,
fortement conseillée, car la diversité des types de sorties ne permet pas toujours de bien distinguer leur nature.
Vous trouverez ci-dessous une présentation des diverses catégories de sorties scolaires. Il s’agit d’une
information globale sur les conditions de sécurité dont la connaissance exhaustive n’est pas indispensable dans
le cadre de la préparation au concours. Retenez simplement la procédure administrative générale, les différents
types de sorties et la nécessité de leur pertinence pédagogique.
Première catégorie
La première catégorie regroupe les sorties scolaires régulières, réalisées dans le cadre des enseignements
obligatoires, lors de tout ou partie de l’année. Ces sorties sont inscrites à l’emploi du temps. Mais comme elles
nécessitent un déplacement hors de l’école (piscine, gymnase, activités culturelles : expositions, médiathèque,
ludothèque), elles sont soumises à autorisation du directeur/de la directrice d’école. Elles doivent être gratuites.
Deuxième catégorie
Cette catégorie recouvre les sorties scolaires occasionnelles sans nuitée, correspondant à des activités
d’enseignement sous des formes différentes et dans des lieux offrant des ressources naturelles ou culturelles.
Elles peuvent s’étaler sur plusieurs jours sans hébergement. Ces sorties sont autorisées par le directeur/la
directrice d’école.
Troisième catégorie
Cette dernière catégorie regroupe les sorties scolaires avec nuitée(s), ou classes transplantées, qui permettent
de dispenser les enseignements, conformément aux programmes de l’école, et de mettre en oeuvre des activités
dans d’autres lieux et selon d’autres conditions de vie. Ces sorties sont autorisées par l’inspecteur d’académie,
directeur des services départementaux de l’Éducation nationale, après avis du directeur/de la directrice et de
l’inspecteur de l’Éducation nationale.
La page de ressources sur Éduscol
Travail en binôme
C’est une situation intermédiaire entre travail individuel et travail de groupe, qui se caractérise par un
échange entre deux élèves seulement. Le travail en binôme est une modalité qui peut entraîner, rassurer. Il
permet aux élèves d’entrer dans une relation de coopération – comme le recommandent les programmes
d’enseignement, à de nombreuses reprises.
Il peut aussi permettre de mettre en place une forme de tutorat, c’est ce qu’on appelle l’aide ou le tutorat
entre pairs. Cette démarche en binôme est intéressante pour les deux élèves concernés :
• L’élève tuteur doit apprendre à se mettre à la place de celui qui ne comprend pas ; c’est une démarche
qui nécessite de réfléchir à la façon dont on procède soi-même. Ce retour sur le savoir – on parle aussi
de retour métacognitif, renforce la construction des connaissances ;
• L’élève aidé bénéficie des conseils d’un élève de son âge qui a été confronté à un apprentissage dans les
mêmes conditions que lui. L’expérience vécue par un pair ou un proche a plus d’impact que quand c’est
une autre personne (l’enseignant) qui en fait part. C’est ce qu’on appelle l’effet vicariant en psychologie.
Par exemple, l’élève-tuteur saura trouver des mots que l’adulte n’utilise pas spontanément pour
expliquer.
Cette démarche ne doit être ni systématique, ni imposée. Un apprentissage du rôle de tuteur est nécessaire
pour tous les élèves de la classe. En effet, il faut garder à l’esprit que dans le tutorat entre pairs, c’est le
tuteur qui apprend le plus – c’est lui qui guide et explicite les savoirs ou les savoir-faire. Il faut donc veiller
à échanger les rôles régulièrement. De plus, le tutorat implique une relation de confiance entre les deux
élèves, imposer un tutorat n’est donc pas souhaitable.
Travail en groupes
Les élèves ont par groupe une tâche à effectuer. Tous les groupes de la classe n’ont pas forcément la
même consigne. Il peut s’agir de résoudre une situation-problème, qui donne lieu à différentes pistes de
recherche explorées par le groupe. L’enseignant encadre le dispositif, il peut organiser la répartition des
tâches au sein du groupe (secrétaire, rapporteur, photographe, arbitre, etc.). La nécessité d’obtenir un
résultat, les échanges entre pairs fédèrent le groupe. Le partage des tâches, les différentes recherches
amènent les élèves à confronter leur point de vue. C’est aussi un contexte propice à l’argumentation.
L’étape de découverte peut justifier d’un tel dispositif, parce que l’objectif est d’impliquer les élèves, de les
associer à la construction du savoir.
A contrario, le travail en petits groupes prend du temps et nécessite une préparation importante de la part
de l’enseignant pour que les apprentissages puissent se dérouler dans de bonnes conditions : tous les
élèves doivent être actifs et travailler dans le calme.
1. Enseigner explicitement
C’est une des compétences attendues du professeur des écoles, dans le référentiel métier de 2013 :
« Rendre explicites pour les élèves les objectifs visés et construire avec eux le sens des apprentissages »
est un élément de la compétence générale P4 « Organiser et assurer un mode de fonctionnement du
groupe favorisant l’apprentissage et la socialisation des élèves ».
Pour mesurer le hiatus qui s’instaure parfois entre l’enseignant et les élèves, examinons une petite situation.
Un élève interrogé par l’enseignant répond à la question « Que viens-tu de faire ? » : « J’ai découpé et j’ai
collé des images », au lieu de percevoir qu’il s’agissait pour lui de remettre des images dans un ordre
chronologique, et donc de vérifier s’il avait bien compris l’histoire lue auparavant.
Les recherches portant sur l’origine des difficultés rencontrées par les élèves montrent que « l’un des
points de convergence des recherches conduites (…) porte sur les difficultés éprouvées par certains élèves
pour identifier les enjeux cognitifs des tâches scolaires (…). Le plus souvent enfermés dans une logique du
faire et guidés par la recherche de la réussite immédiate, ils traitent les tâches scolaires sans chercher à
11
en saisir la signification, c’est-à-dire ce qu’elles leur permettent d’apprendre. »
11 Bautier E., Goigoux R. « Difficultés d’apprentissage, processus de secondarisation et pratiques enseignantes : une hypothèse
relationnelle ». In : Revue française de pédagogie, volume 148, 2004. pp. 89-100.
2. Un rôle d’étayage
Nous avons évoqué la notion d’étayage en lien avec l’évaluation, au chapitre 3. Au sens large, cette notion
recouvre l’ensemble des interactions d’assistance de l’enseignant avec l’élève, le but de l’étayage étant que
l’apprenant puisse se passer progressivement de l’aide apportée par l’enseignant, qu’il arrive à résoudre de
manière autonome la tâche proposée. L’étayage est lié au principe de « zone proximale de développement »
(ZPD) définie par Vygotski : l’écart existant entre ce que l’enfant peut effectuer ou apprendre seul et ce qu’il
peut effectuer uniquement avec l’aide d’une personne plus experte.
L’étayage fait partie des compétences du référentiel métier de 2013. « Savoir préparer les séquences de
classe et, pour cela, définir des programmations et des progressions ; identifier les objectifs, contenus,
dispositifs, obstacles didactiques, stratégies d’étayage, modalités d’entraînement et d’évaluation » est un
des points de la compétence P 3 : « Construire, mettre en œuvre et animer des situations d’enseignement
et d’apprentissage prenant en compte la diversité des élèves ».
Quand il prépare sa classe, l’enseignant ne peut cependant pas prévoir en détails toutes les réactions,
toutes les difficultés que vont rencontrer les élèves. Mais il peut en anticiper un certain nombre, de façon
à réduire les interactions « parasites » — Madame, j’ai pas compris ! Monsieur comment on fait ? ou encore,
les questions que les élèves n’osent pas poser et qui les empêchent d’agir.
L’étayage est d’abord une anticipation des difficultés dans l’apprentissage. Cela renvoie à tous les leviers
d’action évoqués au chapitre 3 sur la différenciation. L’enseignant peut prévoir plusieurs niveaux de
difficultés dans les tâches qu’il demande de réaliser aux élèves, et/ou constituer des groupes de besoin.
L’étayage peut porter de manière plus spécifique sur les interactions langagières. Il s’agit des actions
de formulation, de reformulation, d’explicitation, de contrôle des interactions et des temps de silence. Il
est important d’en connaître les spécificités, pour pouvoir varier les modalités d’actions. Par exemple, en
restant silencieux après avoir posé une question, l’enseignant favorise la réponse d’un élève qui a besoin
de plus de temps pour répondre.
Le rôle de l’enseignant pendant le déroulement de la séance doit être précisé aux élèves. Par exemple,
quand l’enseignant travaille avec un groupe, on ne doit pas le déranger, il faut trouver une réponse à sa
question en s’appuyant sur d’autres recours possibles. Ou encore, l’enseignant peut accueillir les élèves qui
ont des questions autour de la « table d’appui » (ou « table d’aide »). Ce dispositif permet des interactions
individualisées en fonction des besoins des élèves. Il s’apparente à l’organisation de la classe en groupes
de besoin, mais là, le groupe d’élèves n’est pas défini auparavant par l’enseignant, ce sont les élèves qui
font la démarche de demander de l’aide.
Au niveau de l’organisation de la classe : des systèmes d’aide peuvent être institués — le recours à
des carnets d’aide individuels, aux affichages sur les murs… le recours au tutorat entre pairs à certains
moments, l’accès à des outils ou supports, comme l’ordinateur, les dictionnaires, les manuels, etc.
12 Dominique Bucheton et Yves Soulé, « Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un
multi-agenda de préoccupations enchâssées », revue Éducation et didactique vol 3 - n°3 (Octobre 2009).
13 Cette typologie est adaptée à partir des travaux de Benjamin Bloom (1913-1999), chercheur américain en psychologie et
éducation.
Faire la
Mémoriser Comprendre Appliquer Analyser synthèse/ Créer/évaluer
évaluer
Objectifs • Repérer de • Saisir des • Réinvestir • Percevoir des • Utiliser des • Comparer et
d’apprentissage- l’information et significations. des méthodes, tendances. idées dispo- distinguer des
Apprendre à : s’en souvenir. des concepts nibles pour idées.
• Traduire • Reconnaître
et des théories en créer de
• Connaître des des connais- les sous- • Déterminer
dans de nouvelles.
événements, sances dans entendus. la valeur de
nouvelles
des dates, des un nouveau • Généraliser théories et
situations. • Extraire des
lieux, des faits. contexte. à partir d’un d’exposés.
éléments.
• Résoudre des certain nombre
• Connaître de • Interpréter • Poser
problèmes en • Identifier les de faits.
grandes idées, des faits à des choix
mobilisant les parties consti-
des règles, partir d’un • Mettre en en fonction
compétences et tuantes d’un
des lois, des cadre donné. rapport des d’arguments
connaissances tout pour en
formules. connaissances raisonnés.
requises. distinguer les
issues de
idées. • Vérifier la
plusieurs
valeur des
domaines.
preuves.
• Reconnaître
la part de
subjectivité.
Compétences-Être Mémoriser Traduire et Sélectionner Distinguer, Concevoir, Estimer,
capable de : et restituer interpréter de et transférer classer, mettre intégrer et évaluer ou
des informa- l’information des données en relation conjuguer des critiquer en
tions dans des en fonction de pour réaliser les faits et la idées en une fonction de
termes voisins ce qui a été une tâche ou structure d’un proposition, un normes et
de ceux appris. appris. résoudre un énoncé ou plan, un produit de critères
problème. d’une question. nouveau. que l’on se
construit.
Exemples de Citer Expliquer Appliquer Décomposer Composer Évaluer
verbes d’action Décrire Démontrer Adapter Extraire Construire Juger
Définir Préciser Employer Rechercher Créer Argumenter
Énumérer Interpréter Compléter Choisir Élaborer Critiquer
Désigner Résumer Calculer Discriminer Inventer Décider
Nommer Traduire Résoudre Comparer Mettre en Tester
Sélectionner Illustrer Établir Catégoriser rapport Justifier
Identifier Discuter Mettre en Inférer Organiser Défendre
Extrapoler œuvre Planifier Recommander
Poser Réarranger
Représenter
Schématiser
Traiter
La réponse La réponse La règle La réponse Réponse pertinente, scientifique-
donnée est donnée a le imposée ou donnée est ment viable, et originale.
identique même sens choisie a bien juste et
à celle qui que l’informa- été appliquée complète.
Critères devait être tion à refor- et le résultat
d’évaluation mémorisée. muler. est juste
(une seule
solution
possible).
Mémoriser
— Réciter les tables de multiplication, un poème,…
— Nommer certains événements historiques,
— Reconnaître et entourer les bonnes réponses,
— Associer des images et des mots (jeu de Mémory).
Comprendre
— Établir des liens entre ce qui est déjà connu et la nouvelle tâche (soulignez tous les noms de ce
paragraphe; écrivez un compte rendu de votre visite),
— Trouver des exemples (donner un exemple d’œuvre d’art qui relève du mouvement cubiste ; trouver
un parallélogramme parmi les images de ce magazine),
— Illustrer (dessinez un des personnages de l’histoire),
— Distinguer le vrai du faux (exercice de Vrai/Faux ; QCM),
— Classer en catégories simples (classez les animaux à plumes, à fourrure…),
— Donner des explications simples (que se passe-t-il dans cette histoire ? ; que fait tel personnage ?),
— Résumer (résumez cette histoire avec vos propres mots),
— Faire des comparaisons simples (comparez deux personnages, deux faits historiques ; quelles sont
les ressemblances et les différences entre ces deux façons de résoudre le problème ?).
Appliquer
— Écrire un poème « à la manière de » ,
— Utiliser une règle d’orthographe.
Analyser
— Reconnaître l’information la plus pertinente et la plus importante (quels sont les arguments clés de
ce débat ? Quelle est l’intention de l’auteur, de l’artiste, de l’illustrateur ?),
— Distinguer les faits des opinions,
— Distinguer les liens de cause à effet les plus complexes (quels sont les effets du soleil sur la
croissance de différentes plantes ? Quels sont les effets du climat sur le style de vie des gens et sur
leurs comportements ?).
Créer, évaluer
— Produire un texte, une présentation orale, un objet, une production artistique, etc.
— Élaborer un plan détaillé, étape par étape, pour produire un objet, un projet, une solution à un
problème, un projet de recherche ou un essai (combiner les meilleurs éléments de deux jeux pour
produire un nouveau jeu ; écrire une proposition détaillée pour un projet de technologie ou la réali-
sation d’une importante œuvre en arts plastiques ; composer une trame musicale pour un film tiré
de tel livre).
Examinons maintenant le point commun à tous les exercices : la consigne.
B. La consigne
La consigne est l’énoncé qu’a prévu l’enseignant pour mettre en activité les élèves. La consigne peut être
orale ou écrite, selon le contexte et l’âge des enfants. Les termes doivent en être choisis avec attention.
Il est important de prendre le temps, avant chaque activité ou exercice, d’expliciter la consigne avec les
élèves. L’enseignant peut, par exemple, faire répéter ou interroger tel ou tel élève. Mais pas seulement. De
la qualité de la consigne dépend, en partie, la qualité du travail effectué par l’élève. Une même consigne
peut être interprétée différemment par les élèves d’une même classe. La compréhension d’une consigne
active des mécanismes d’interprétation qui permettent à l’élève de se construire une représentation de
la tâche ou du but à atteindre. Si cette compréhension n’est pas adéquate, la tâche ne sera pas exécutée
correctement.
Il est donc nécessaire de faire anticiper aux élèves ce qu’ils vont faire après avoir entendu cette consigne.
Selon le type d’exercice, l’enseignant leur fera préciser les outils sur lesquels ils peuvent s’appuyer, ou s’il
faut par exemple relire avant un document. Il est intéressant aussi de souligner les liens entre les exercices
— « Ce problème est presque le même que celui fait mardi sur les petits nombres, avec les fourmis ». Ainsi,
en catégorisant les exercices, l’élève accède à une « méta-connaissance » qui lui permet de comprendre
certaines des clés de résolution et de les utiliser à bon escient. C’est particulièrement important pour les
exercices qui se répètent tout au long de la scolarité – problèmes mathématiques, exercices sur l’étude de
la langue, par exemple.
Pour élaborer les consignes l’enseignant peut s’appuyer aussi sur la grille d’aide proposée précédement –
en recourant aux verbes d’action.
Source : https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/pre1_446366/le-rapport-a-la-tache-proposee-a-l-eleve?cid=pre1_446363
Pour la préparation du concours, nous vous conseillons de vous constituer un répertoire d’exercices
types dans les différentes matières et par niveau de classe, en opérant une catégorisation. Partez des cours
et des exemples traités dans les entraînements proposés sur le réseau d’apprentissage CNED-CRPE,
et complétez par la consultation de manuels scolaires. Vous pourrez ainsi mémoriser efficacement des
exemples d’exercices, afin de les utiliser rapidement lors des épreuves du concours.
La question des droits d’auteur : il existe une « exception pédagogique » qui permet l’usage en classe
de très nombreux documents (en plus de ceux d’Éduthèque), en totalité ou en partie. Le site du Centre
Français d’exploitation du droit de copie (CFC) explique comment utiliser des extraits de documents
dans le respect du droit d’auteur1.
1 http://www.cfcopies.com/site-pedagogique/index.html
C. L’affichage
L’affichage en classe exerce à la fois une fonction de mémoire et de structuration. L’affichage est un témoin
des apprentissages, mais aussi un espace ressource destiné à l’élève sur lequel il peut s’appuyer pour se
rappeler, pour y retrouver les informations souhaitées. Certains espaces dans la classe peuvent être dédiés
à des domaines d’apprentissages définis par champs disciplinaires – affiches scientifiques, culturelles,
frises historiques, règles de calcul ou d’orthographe, etc.
L’affichage est évolutif dans le temps, l’enseignant le modifie et l’adapte aux contenus abordés, au fil des
séquences réalisées. Il peut donner comme tâche aux élèves de réaliser une affiche en lien direct avec la
séquence, si nécessaire, ou utiliser une affiche comme support pédagogique pendant une séance.
D. Le matériel
L’organisation matérielle de chaque séance implique l’utilisation d’un matériel pédagogique : tableau,
ordinateur, tablette, vidéo-projecteur, tableau numérique interactif… Il faut le mentionner dans les fiches
de préparation des séances, et en prévoir l’utilisation précisément – Qui utilise quoi et dans quel but ?
Pour les séances qui s’appuient sur des manipulations ou des expérimentations – en mathématiques, en
sciences et technologie, en arts plastiques, notamment, mais aussi dans des situations de découverte pour
les autres domaines, d’autres types de matériel sont à prévoir. L’enseignant anticipe les contraintes qu’ils
peuvent poser et la manière dont il est préférable de les proposer aux élèves.
Nous arrivons à la fin de cette préparation de séquence. Mais une dernière étape attend l’enseignant après
la mise en œuvre de la séquence : faire un bilan.
Analyser l’action…
Pour préparer la mise en œuvre de la séquence, l’enseignant a conçu un dispositif pédagogique. Il doit
confronter la réalisation en classe avec l’intention initiale, telle qu’il l’a décrite dans la fiche de préparation.
Plusieurs questions constituent ce bilan, pouvant déjà s’appuyer sur les bilans des différentes séances
affiliées à la séquence. Nous reprenons ici les cinq préoccupations proposées dans le modèle « multi-
agenda » :
— Contenu spécifique : L’objectif d’apprentissage est-il atteint ? Qu’est-ce que élèves ont appris ? Les
activités prévues étaient-elles pertinentes ?
— Étayage : Est-ce que tous les élèves ont pu entrer dans l’apprentissage ? L’étayage prévu était-il
suffisant ? Faudra-t-il reprendre certains points avec quelques élèves ?
— Tissage : Est-ce que j’ai réussi à intégrer ma séance au milieu d’un ensemble (séquence,
interdisciplinarité, projet) ? Les élèves sont-ils entrés dans ce projet d’apprentissage ?
— Atmosphère : Est-ce que j’ai réussi à créer, maintenir, relancer une atmosphère propice aux
apprentissages faite de dialogues, de moments d’écoute... ?
— Pilotage : Est-ce que j’ai réussi à gérer le matériel, le temps prévu ?
ANNEXE 1 :
RÉFÉRENTIEL DES COMPÉTENCES PROFESSIONNELLES DES MÉTIERS DU
PROFESSORAT ET DE L'ÉDUCATION
ANNEXE 2 : LE DÉVELOPPEMENT DE L'ENFANT (A. FLORIN)
ANNEXE 3 : UNE ÉCOLE QUI PREND EN COMPTE LE DÉVELOPPEMENT DE L'ENFANT
(S. GREUSARD)
ANNEXE 4 : LA MOTIVATION (S. LOCTIN)
ANNEXE 5 : APPRENDRE ET ENSEIGNER (S. LOCTIN)
ANNEXE 6 : ÉVALUER (S. LOCTIN)
ANNEXE 7 : HÉTÉROGÉNÉITÉ ET DIFFÉRENCIATION PÉDAGOGIQUE (S. LOCTIN)
Refonder l’école de la République, c’est garantir la qualité de son service public d’éducation et, pour cela,
s’appuyer sur des personnels bien formés et mieux reconnus.
Chaque compétence du référentiel est accompagnée d’items qui en détaillent les composantes et en
précisent le champ. Les items ne constituent donc pas une somme de prescriptions mais différentes mises
en œuvre possibles d’une compétence dans des situations diverses liées à l’exercice des métiers.
ANNEXE 1
croyances, à savoir argumenter et à respecter la pensée des autres.
2. Inscrire son action dans le cadre des principes fondamentaux du système éducatif et dans le cadre
réglementaire de l’école
— Connaître la politique éducative de la France, les principales étapes de l’histoire de l’École, ses enjeux
et ses défis, les principes fondamentaux du système éducatif et de son organisation en comparaison
avec d’autres pays européens.
— Connaître les grands principes législatifs qui régissent le système éducatif, le cadre réglementaire
de l’École et de l’établissement scolaire, les droits et obligations des fonctionnaires ainsi que les
statuts des professeurs et des personnels d’éducation.
promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes.
— Contribuer à assurer le bien-être, la sécurité et la sûreté des élèves, à prévenir et à gérer les
violences scolaires, à identifier toute forme d’exclusion ou de discrimination, ainsi que tout signe
pouvant traduire des situations de grande difficulté sociale ou de maltraitance.
— Contribuer à identifier tout signe de comportement à risque et contribuer à sa résolution.
— Respecter et faire respecter le règlement intérieur et les chartes d’usage.
— Respecter la confidentialité des informations individuelles concernant les élèves et leurs familles.
8. Utiliser une langue vivante étrangère dans les situations exigées par son métier
— Maîtriser au moins une langue vivante étrangère au niveau B2 du cadre européen commun de
référence pour les langues.
— Participer au développement d’une compétence interculturelle chez les élèves.
ANNEXE 1
12. Coopérer avec les parents d’élèves
— Œuvrer à la construction d’une relation de confiance avec les parents.
— Analyser avec les parents les progrès et le parcours de leur enfant en vue d’identifier ses capacités,
de repérer ses difficultés et coopérer avec eux pour aider celui-ci dans l’élaboration et la conduite de
son projet personnel, voire de son projet professionnel.
— Entretenir un dialogue constructif avec les représentants des parents d’élèves.
Disposant d’une liberté pédagogique reconnue par la loi, ils exercent leur responsabilité dans le respect
des programmes et des instructions du ministre de l’Éducation nationale ainsi que dans le cadre du projet
d’école ou d’établissement, avec le conseil et sous le contrôle des corps d’inspection et de direction.
— Maîtriser les objectifs et les contenus d’enseignement, les exigences du socle commun de
connaissances, de compétences et de culture ainsi que les acquis du cycle précédent et du cycle
suivant.
— Contribuer à la mise en place de projets interdisciplinaires au service des objectifs inscrits dans les
programmes d‘enseignement.
En particulier, à l’école
• Tirer parti de sa polyvalence pour favoriser les continuités entre les domaines d’activités à l’école
maternelle et assurer la cohésion du parcours d’apprentissage à l’école élémentaire.
• Ancrer les apprentissages des élèves sur une bonne maîtrise des savoirs fondamentaux définis dans le
cadre du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
En particulier, au collège
• Accompagner les élèves lors du passage d’un maître polyvalent à l’école élémentaire à une pluralité
d’enseignants spécialistes de leur discipline.
En particulier, au lycée général et technologique
• Articuler les champs disciplinaires enseignés au lycée avec les exigences scientifiques de l’enseignement
supérieur.
ANNEXE 1
— Prendre en compte les préalables et les représentations sociales (genre, origine ethnique, socio-
économique et culturelle) pour traiter les difficultés éventuelles dans l’accès aux connaissances.
— Sélectionner des approches didactiques appropriées au développement des compétences visées.
— Favoriser l’intégration de compétences transversales (créativité, responsabilité, collaboration) et le
transfert des apprentissages par des démarches appropriées.
En particulier, à l’école
• Tirer parti de l’importance du jeu dans le processus d’apprentissage.
• Maîtriser les approches didactiques et pédagogiques spécifiques aux élèves de maternelle, en particulier
dans les domaines de l’acquisition du langage et de la numération.
En particulier, au lycée
• Faire acquérir aux élèves des méthodes de travail préparant à l’enseignement supérieur.
• Contribuer à l’information des élèves sur les filières de l’enseignement supérieur.
En particulier, au lycée professionnel
• Construire des situations d’enseignement et d’apprentissage dans un cadre pédagogique lié au
métier visé, en travaillant à partir de situations professionnelles réelles ou construites ou de projets
professionnels, culturels ou artistiques.
• Entretenir des relations avec le secteur économique dont relève la formation afin de transmettre aux
élèves les spécificités propres au métier ou à la branche professionnelle.
Outre les compétences qu’ils partagent avec l’ensemble des professeurs, telles qu’elles sont énoncées
ci-dessus, ils maîtrisent les compétences spécifiques ci-après.
Les professeurs documentalistes, enseignants et maîtres d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves
d’une culture de l’information et des médias
Les professeurs documentalistes apportent les aides nécessaires aux élèves et aux professeurs, notamment
pour que les apprentissages et l’enseignement prennent en compte l’éducation aux médias et à l’information.
Ils interviennent directement auprès des élèves dans les formations et les activités pédagogiques de leur
propre initiative ou selon les besoins exprimés par les professeurs de discipline.
ANNEXE 1
professeurs.
— Faciliter et mettre en œuvre des travaux disciplinaires ou interdisciplinaires qui font appel à la
recherche et à la maîtrise de l’information.
— Accompagner la production d’un travail personnel d’un élève ou d’un groupe d’élèves et les aider
dans leur accès à l’autonomie.
— Mettre en place des projets qui stimulent l’intérêt pour la lecture, la découverte des cultures artistique
(et des différentes formes d’art), scientifique et technique et développer une politique de lecture
en relation avec les professeurs, en s’appuyant notamment sur la connaissance de la littérature
générale et de jeunesse.
— Savoir utiliser les outils et les dispositifs numériques pour faciliter l’ouverture de l’établissement sur
l’extérieur.
C 1. Organiser les conditions de vie des élèves dans l’établissement, leur sécurité, la qualité de
l’organisation matérielle et la gestion du temps
— Veiller au respect des rythmes de travail des élèves et organiser leur sécurité.
— Organiser l’accueil, les conditions d’entrée et de sortie des élèves, les déplacements et la surveillance ;
les zones de travail et d’études collectives ainsi que les zones récréatives avec le souci de contribuer
au bien-être des élèves.
— Maîtriser des circuits d’information efficaces pour assurer le suivi tant individuel que collectif des
élèves.
— Faciliter le traitement et la transmission des informations en provenance ou à destination de l’équipe
de direction, des personnels de l’établissement, des élèves et des parents, notamment par l’usage
des outils et ressources numériques.
C 2. Garantir, en lien avec les autres personnels, le respect des règles de vie et de droit dans l’établissement
— Participer à l’élaboration du règlement intérieur et à son application.
— Promouvoir, auprès des élèves et de leurs parents, les principes d’organisation et les règles de vie,
dans un esprit éducatif.
— Contribuer à l’enseignement civique et moral de l’élève ainsi qu’à la qualité du cadre de vie et d’étude.
— Identifier les conduites à risque, les signes d’addiction, les comportements dégradants et délictueux
avec les personnels sociaux et de santé et les conseillers d’orientation-psychologues, et contribuer
à leur résolution en coopération avec les personnes ressources internes ou externes à l’institution.
ANNEXE 1
œuvre de mesures qui permettent de les faire cesser avec le concours des équipes pédagogiques et
éducatives.
— Élaborer et mettre en œuvre des démarches de prévention et connaître les missions des partenaires
de l’établissement pour la lutte contre la violence et l’éducation à la santé (CESC).
— Conseiller le chef d’établissement et le gestionnaire sur l’aménagement et l’équipement des espaces,
afin de permettre l’installation de conditions de vie et de travail qui participent à la sérénité du climat
scolaire.
— Contribuer activement au développement de l’animation socio-éducative et à la mise en œuvre d’une
politique de formation à la responsabilité dans le cadre du projet d’établissement.
C 4. Assurer la responsabilité de l’organisation et de l’animation de l’équipe de vie scolaire
— Organiser les activités et les emplois du temps des personnels de la vie scolaire dans un souci de
continuité, de cohérence et d’efficacité du service.
— Préparer et conduire les réunions de coordination et d’organisation de l’équipe et en formaliser les
conclusions.
— Évaluer les besoins de formation des membres de l’équipe et proposer des formations.
— Accompagner les élèves dans la prise de responsabilités, en utilisant notamment le foyer socio-
éducatif et la maison des lycéens comme espace d’apprentissage et d’éducation à la citoyenneté.
Impulser et favoriser la vie associative et culturelle.
C 7. Participer à la construction des parcours des élèves
— Contribuer avec les enseignants et avec le concours des assistants d’éducation aux dispositifs
d’accompagnement des élèves.
— Assurer la liaison avec les responsables de la prise en charge complémentaire des élèves hors
temps scolaire dans les collèges ou lycées à organisation pédagogique aménagée (classes à horaires
aménagés, sections sportives, pôles sportifs de haut niveau).
— Contribuer, avec les enseignants, les professeurs documentalistes et les conseillers d’orientation
psychologues, au conseil et à l’accompagnement des élèves dans l’élaboration de leur projet
personnel.
ANNEXE 2
– Discrimine les
– Localisation – Tourne les
– Discrimine des – Cri de la naissance contrastes
visuelle yeux en
0-1 stimuli visuels – Cris différents – Préfère la voix
– Réaction à direction de
mois ou auditifs. Soi selon les de la mère,
la voix de la la partie du
écologique stimulations sa langue
mère corps touchée
maternelle
– Sensible à
– Préférence pour
– Maintien de la – Sourire social prosodie et
la nouveauté – Gazouillis, jeux
tête – Relation de rythme
2-3 – Anticipe du vocaux, rire
– Perception face à face – Reconnaît une
mois regard la – Production de 2
d’objets à 3 – Mimique de syllabe dans
trajectoire d’un syllabes
dimensions surprise des énoncés
objet
différents
– Utilise ses – Sourire social – Reproduction – Préférence pour
– Babillage
mains comme spontané d’évènements le motherese
4-5 – Vocalise
support – Tourne la fortuits (5 mois)
mois – Contrôle de la
– Tourne la tête tête vers une intéressants – Catégorise les
phonation
vers un bruit source sonore – Catégorisation voyelles
– Prise et
– Intentionnalité
transfert
et réciprocité – Comprend non et
d’objets – Différencie les – Produit plusieurs
dans les son nom
– Contrôle des visages selon le syllabes
échanges – Comprend des
6-8 mains sexe – Chantonne
– Vocalise mots en contexte
mois – S’assoit seul – S’ajuste à l’objet – Holophrases
devant le – Détecte les
sans support (forme, volume, renvoyant à des
miroir frontières de
– Se tient poids) objets concrets
– Attachement syntagmes
debout avec
sélectif
support
– Comprend 30
– Réactions
– Montre un – Construit une mots en contexte
différenciées – Premier mot
objet du doigt tour – Comprend
aux personnes (10-11 mois)
9-12 – Premiers pas – Anticipe les des mots hors
proches / – Essaie de nommer
mois – Coordonne évènements contexte
inconnues les objets désignés
plusieurs – Suit la ligne du – Détecte les
– S’ajuste à des par l’adulte
actions regard frontières de
demandes
mots
– Marche seul – Répète les
– Construit une – Comprend les
– Descend à actions qui
tour de 5 cubes – Discours mots familiers
reculons (18 font rire
13-24 – Expérimentation télégraphique – Comprend
mois) – Comprend
mois active – 18 mois : 20 mots ; 100-150 mots à
– Préférence les expres-
– Identifie des 24 mois : 200 mots 16 mois, 200 mots
pour une sions faciales
parties du corps à 20 mois
main d’autrui
– Monte et
descend les – Attachements – Stade – Comprend la
escaliers multiples préopératoire – 200 à 300 mots différence sujet-
– Tourne les – Contrôle des – Identifie les – Demandes de objet par la position
pages d’un sphincters objets par clarification du nom
2-3 ans
livre – Jeux l’usage – Modifie les – Comprend les
ANNEXE 2
– Opérations
– Début des formelles
– Baisse de – Poursuite du
changements – Pensée – Augmentation
l’estime de soi développement
pubertaires hypothético- du vocabulaire
12-13 – Plus de lexical et
(garçon) déductive compris
ans dépression sémantique
– Poussée de – Groupe INRC (vocabulaire
– Responsabilité (vocabulaire
croissance – Morale technique)
ANNEXE 2
pénale (13 ans) technique)
(fille) convention-
nelle
– Meilleure
– Argumentation
estime de soi
élaborée
– Préoccupations
– Poussée de – Poursuite du
14-15 maximales
croissance développement
ans pour l’image
(garçon) de la production
corporelle
écrite (différents
– Relations
types de textes)
amoureuses
– Consolidation
– Lecture-
des opérations
– Évolution vers compréhension
16-17 – Fin de la formelles
coopération assurée pour la
ans puberté (fille) – Morale post-
parents/enfants grande majorité
convention-
des élèves
nelle
– Identité claire
– Idéologies
– Fin de la et distincte
(religion,
18 ans puberté – Formation de
politique,
(garçon) couples relati-
éducation,…)
vement stables
ANNEXE 3
Les connaissances sur le développement de l’enfant ont beaucoup avancé ces dernières années notamment
grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale. Nous savons ainsi aujourd’hui que le cerveau du bébé est
génétiquement déterminé et programmé pour interagir, comprendre, apprendre. Dès sa naissance, il
possède donc des compétences précoces : ces premières « boîtes à outils » (langage, toucher, vision, intérêt
pour l’humain), sont déjà efficaces mais très immatures. C’est sous l’influence de son environnement que
ses acquisitions vont petit à petit se multiplier. Les acquisitions de l’enfant vont donc dépendre d’interactions
entre ses capacités innées et l’influence de l’environnement et dépendront, nous le verrons également,
fortement de son développement affectif.
A. Un cerveau plastique
Dès la naissance, le nouveau-né fait ainsi preuve d’incroyables capacités. Il est, en quelque sorte, déjà
équipé pour apprendre. La conception du développement de l’intelligence de l’enfant énoncée par Jean
Piaget était linéaire, liée à des stades bien précis qui conditionnaient chaque progrès. L’enfant devait passer
par telle étape pour arriver à telle autre. Les dernières découvertes en neurosciences remettent aujourd’hui
en cause ce modèle de développement cognitif par stades. Le développement intellectuel n’est pas linéaire
: dans toute évolution, il y a des progrès mais aussi des stagnations et des régressions. Pour pouvoir
progresser, le bébé doit parfois faire marche arrière, perdre certaines notions au profit d’autres.
Ces compétences précoces présentes d’emblée prennent
appui sur :
— la migration progressive des neurones à la périphérie
du cerveau pour former le cortex (ou substance grise) ;
— la multiplication des contacts des neurones entre eux
durant les derniers mois de la grossesse.
Ce réseau constitue en quelque sorte des « boîtes à outils cognitives », des possibles en devenir qui ne
deviendront des capacités effectives que si le bébé échange avec ses semblables et bénéficie de relations
affectives de qualité. Toute expérience vécue, toute information reçue par l’enfant va modifier les relations
entre les neurones soit en facilitant et en renforçant les liens existants (plus une connexion est utilisée,
plus elle devient forte et rapide) soit en créant et réorganisant les connexions existantes entre neurones
constituant ainsi de nouveaux réseaux soit en supprimant des connexions qui n’ont pas été sollicitées : les
synapses peu ou pas utilisées vont être coupées comme les branches d’un arbuste.
Une sélection s’opère ainsi naturellement faisant disparaître les connexions inutiles et organisant de
manière plus efficace les connexions pertinentes. Lorsque l’enfant fait de nouvelles découvertes, des
connexions se forment, d’autres se renforcent, d’autres s’affaiblissent et certaines disparaissent. L’efficacité
des synapses est donc influencée par les informations qui sont reçues par le cerveau. Cette capacité du
cerveau à s’adapter en réaction à son environnement est essentielle à l’apprentissage.
Ce processus se poursuit tout au long de la vie mais est particulièrement intense jusqu’à 20-25 ans.
ON APPELLE
APPRENTISSAGES ACQUISITIONS
Les aptitudes non prévues par notre patrimoine Les potentialités pour lesquelles le cerveau
génétique qui nécessiteront un enseignement. de l’enfant est équipé d’emblée et qui vont
La lecture et le calcul en sont des exemples ; progressivement se concrétiser sous forme
de performances grâce aux expériences et
ce sont des inventions humaines bien trop
aux interactions naturelles, spontanées et
récentes pour que le cerveau ait eu le temps habituelles de l’enfant avec son environnement.
de s’y adapter.
BOÎTES À OUTILS
INNÉ
COGNITIVES
ANNEXE 3
Pour en savoir plus
Épigénétique : Le terme d’épigénétique désigne l’ensemble des mécanismes de régulation et de décryptage
de notre patrimoine génétique. On sait aujourd’hui que notre environnement a une influence sur notre
génome par des modifications dites « épigénétiques ». Par exemple, avec des patrimoines génétiques
identiques, deux jumeaux peuvent évoluer différemment en fonction de leurs environnements respectifs.
Motricité Langage
FONCTIONS
Attention Perception
COGNITIVES
Fonctions Mémoires
exécutives
ANNEXE 3
Que retenir en tant que futur enseignant ?
Il est essentiel de prendre en compte, dans ses réflexions sur la mise en œuvre de
sa classe, le fait que certaines fonctions cognitives ne sont pas encore complètement
mâtures chez l’enfant. Cela ne signifie pas que l’enseignant ne pourra pas les solliciter
mais il devra penser à accompagner leur développement sans doute inachevé.
La plupart des fonctions exécutives sont encore, par exemple, très immatures avant 5 à
7 ans ; on pourra ainsi s’attendre à ce que des élèves de Moyenne Section soient mis en
difficulté par la complexification d’une consigne en EPS (mise en action des capacités
de flexibilité mentale).
Exemple de consigne : « Maintenant, il y aura deux loups dans le jeu du « loup glacé » au lieu d’un seul. »
Au lieu de réprimander les élèves qui n’auraient pas suivi cette nouvelle consigne (et qui se sont faits tout de
suite toucher par le deuxième loup), on peut mettre en place un signal fort pour indiquer le changement de
consigne (repérage du loup à l’aide de masques, répéter plusieurs fois « Attention, la consigne a changé… »)
et ainsi les aider à développer leur flexibilité progressivement.
ANNEXE 3
D. Les enfants sont en proie à de grandes émotions
Prendre en considération les émotions, mettre des mots sur la colère, la peur, la tristesse, la joie et le
dégoût est essentiel pour permettre aux enfants de les identifier, d’apprendre à les nommer et petit à petit,
à partir de 5-6 ans, de commencer à les surmonter.
Avant 4-5 ans, l’enfant est en proie à de grandes tempêtes émotionnelles, qu’il traverse sans aucun filtre.
Il est inutile de le menacer ou de le punir, il ne s’agit pas de « comédies ». Si l’enfant est seul en proie avec
ses peurs, ses angoisses ou ses colères, son organisme sécrète des molécules de stress très toxiques pour
son cerveau fragile et l’empêche de maturer car seul son cerveau émotionnel (cerveau archaïque) est en
action. Le néocortex de l’enfant, siège du raisonnement, de l’analyse, de la planification est, en effet, encore
immature et ce sera d’ailleurs la région cérébrale la dernière à se développer dans la vie d’un individu.
poser un cadre. Il sait accompagner l’enfant dans un climat apaisant qui lui permettra de se développer
harmonieusement. Il est important aussi de noter que les émotions sont contagieuses : si l’enseignant est
souriant, il y a de grandes chances que l’enfant ait envie de sourire. À l’inverse si celui-ci est stressé, ses
élèves seront sans doute, ce jour-là, assez énervés et/ou agités.
UN CYCLE DE SOMMEIL
ANNEXE 3
Une phase d'endormissement : d'une durée de 20 à 30 minutes. Un enfant qui ne dort pas au bout
de ce temps-là n'a pas besoin de sommeil et doit être levé. Dans le cas contraire ses cycles de
sommeil seront décalés.
La durée de sommeil est comprise entre 1h15 et 1h30. Au delà de 2h, l'enfant entame un nouveau
cycle de sommeil, le réveil risque d'être difficile et peut compromettre le sommeil de la nuit.
Le réveil spontané est à privilégier, il est donc échelonné pour répondre aux besoins de chacun.
Heures de sommeil
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
0-3 mois 11-13 14-17 18-19
4-11 mois 10-11 12-15 16-18
1-2 ans 9-10 11-14 15-16
3-5 ans 8-9 11-14 14
6-13 ans 7-8 9-11 12
• Se reposer, dormir
Besoins • Profiter de l'air extérieur
physiologiques • Propreté, confort
Besoins
• Permettre un mettoyage aisé – encombrement du mobilier
• Permettre un nettoyage en cours – utilisation de matériaux peu salissant
d'hygiène d'activité – pont d'eau dans la classe
– circulation
Besoins de – évacuation
• Respecter les normes de sécurité – résistance au feu
sécurité • Offrir un mobilier de qualité – état du mobilier
physique – nature des matériaux
– ergonomie
– activités ritualisées, chansons
Besoins de – tolérer les objets transitionnels
sécurité • Instaurer des repères – photo de l'enfant et de sa famille
affective – des espaces identifiés (espace cuisine)
– emploi du temps explicité (photos)
cité. L’organisation de la journée sera donc différente selon les 8h30 16h30
Le programme
(domaines, sous-domaines)
ANNEXE 3
besoins de l’enfant ;
— Identifier le rôle de chacun des espaces ainsi que les objectifs pédagogiques qui y
seront travaillés ;
— Prendre en compte les choix pédagogiques de l’enseignant pensés en termes de
progressivité sur l’année et la scolarité de l’enfant.
Les questions que je dois me poser :
— À quoi va me servir cet espace ?
— Quels objectifs pédagogiques vais-je travailler avec mes élèves dans cet espace ?
EXEMPLE
ALORS j’opterai, par exemple, pour un coin regroupement situé au centre de la classe, organisé de
manière circulaire…
— Heureux d’apprendre à l’école : Comment les neurosciences affectives et sociales peuvent changer l’édu-
cation, Catherine Gueguen, Pocket, 2019.
— Aménager les espaces pour mieux apprendre (+ CD-ROM), Jacques Bossis, Christine Liverato, Cathe-
rine Dumas, Claudie Faucon-Mejean, Éditions Retz, 2015.
— Une année de jeu pour apprendre (Cycle 1), Anne Popet, Ève Leleu-Galland, Christelle Cresp, Nathan,
2017.
— Jouer et apprendre en maternelle, Valérie Soler, Karine Griffoul, Françoise Arnaud-Rossignol, Cathy
LeMoal, Viviane Marzouk, CANOPÉ, 2017.
—SITOGRAPHIE
— Site ÉDUSCOL : Développement de l’enfant ;
— Le développement de l’enfant de 0 à 6 ans au quotidien Francine Ferland, Éditions CHU Ste Justine
https://www.editions-chu-sainte-justine.org/media/livre/document/253_Tableau_syntheIse_
Dev_06ans.pdf ;
— Site « Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants » : http://www.enfant-encyclopedie.
com ;
— Site ÉDUSCOL : Jouer et apprendre ;
— Site ÉDUSCOL : Scolarisation des moins de 3 ans : « Un aménagement de l’espace bien pensé » .
1. Un essai de définition
Chaque chercheur qui s'intéresse à l'école, chaque acteur du monde de l'éducation essaie de donner sa
ANNEXE 4
propre définition de la motivation : pour le didacticien, elle s'explique principalement par la méthode du
professeur ou par la procédure de résolution de problème employée par l'élève. Le sociologue de l'éducation
la rattache, lui, à de nombreux facteurs, tels que l'appartenance socioprofessionnelle des parents ou encore
la reproduction sociale. Les enseignants définissent intuitivement la motivation comme une quête du sens :
ils pointent souvent chez les élèves l'absence de compréhension des finalités de l'apprentissage scolaire.
De ces différentes définitions découlent des recherches de solutions pragmatiques.
Le chercheur Rolland Viau a étudié les mécanismes de la motivation dans différents contextes, y compris
en milieu scolaire. Il a synthétisé plusieurs travaux afin d'arriver à la définition suivante, plus précise, et
permettant d'envisager des pistes pour influer réellement, en classe, sur le phénomène : « La motivation
en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu'un élève a de
lui-même et de son environnement et qui l'incite à choisir une activité, à s'y engager et à persévérer dans
son accomplissement afin d'atteindre un but ». Ce ne serait donc pas la discipline enseignée ni la méthode
employée qui seraient les facteurs déterminants pour la motivation des élèves, mais bien la situation dans
laquelle ils apprennent, et la représentation qu'ils se font de cette situation. Rolland Viau affine ainsi sa
définition de la motivation : c'est l'ensemble des déterminants qui poussent l'élève à s'engager activement
dans le processus d'apprentissage, à adopter les comportements qui le conduiront vers la réalisation de
ses objectifs et à persévérer devant les difficultés. C'est la représentation de la situation que se fait l'élève
qui compte, et non la situation elle-même. Ainsi, faire vivre à l'élève des situations où il pourra attribuer son
succès à ses efforts peut l'amener à penser qu'il a un contrôle sur sa réussite scolaire.
élémentaire en revanche, l’intelligence est perçue comme une cause interne, stable et incontrôlable.
L’école primaire est donc l’endroit privilégié pour tenter d’agir sur la motivation des élèves.
— Certains sujets ont tendance à éviter d’entreprendre des tâches qui comportent un certain risque
d’échec, afin de conserver une image positive auprès de leurs camarades et de leur enseignant. Ils
entreprennent donc des tâches très faciles ou très difficiles (ces dernières ne menaçant pas leur
image, puisqu’un échec sera considéré comme normal).
— Les élèves qui réussissent le mieux attribuent leurs succès à des causes internes, modifiables et
contrôlables (les efforts qu’ils fournissent, par exemple), ou non (leurs capacités intellectuelles). Ils
imputent leurs échecs à leur manque de travail.
— Les élèves en difficulté ont tendance à attribuer leurs succès à des causes externes, comme la
chance, et leurs échecs à des causes internes, stables et incontrôlables, comme leurs capacités
intellectuelles. Leurs échecs les conduisent ainsi à se diminuer, et ils ne s’accordent aucun crédit
pour leurs succès.
— Lorsque les élèves faibles sentent qu’ils vont échouer, ils cherchent à préserver une image positive
d’eux-mêmes en ne fournissant pas les efforts nécessaires pour réussir : ils peuvent ainsi se dire,
en cas d’échec : « Si j’avais voulu, j’aurais pu réussir ».
ANNEXE 4
• Les apprentissages doivent avoir du sens pour motiver les élèves : il faut que l’élève comprenne à
quoi sert ce qu’on lui enseigne. Même à l’école primaire, des exemples concrets, pris dans la vie
quotidienne, sont toujours parlants. En géométrie par exemple, la notion de parallélisme est utile dans
les constructions, les voies de communication… Plus une activité est signifiante, plus elle présente de
l’intérêt pour l’élève.
• La diversification des tâches au sein d’une même activité permet de conserver l’attention et la motivation
des élèves. Une même tâche, répétitive ou trop longue, démobilise et/ou décourage.
• Une activité motivante s’inscrit dans une séquence logique, c’est-à-dire qu’elle a un lien avec ce qui
a été fait précédemment, qu’elle trouve un écho dans d’autres disciplines scolaires : on est là dans la
démarche de projet, qui contribue, elle aussi, à donner du sens aux apprentissages.
• La conception que l’enseignant a de l’évaluation a également un rôle dans la motivation des élèves :
modalités d’évaluations claires, objectives et explicites, reconnaissance commune de la place centrale
du rôle de l’erreur dans les apprentissages, pratique de l’évaluation formative… Il faut éviter avant
tout que l’élève puisse avoir le sentiment que l’évaluation est empirique et que son résultat dépend de
l’humeur et du bon vouloir de l’enseignant.
• L’enseignant peut également préconiser quelques stratégies qui pourront aider l’élève à conduire une
tâche à son terme : diviser son travail en plusieurs parties, entrecouper les activités difficiles par des
activités plus faciles (par exemple, recopier au propre les exercices réussis avant d’en commencer
d’autres). D’une façon générale, la contractualisation des aides, la mise en place de plans de travail
individualisés, tout ce qui contribue à la lisibilité des apprentissages, favorise la motivation scolaire. Se
montrer explicite dans ses objectifs et ses attentes permet d’éviter les non-dits et les interprétations,
sources d’échec chez l’élève. Des consignes claires contribuent à réduire le doute que certains élèves
éprouvent quant à leur capacité à accomplir ce qu’on leur demande.
• La possibilité de faire des choix favorise la perception que l’élève a de sa capacité à contrôler ses
apprentissages : choisir la poésie à apprendre parmi les trois qui sont proposées par l’enseignant,
travailler à son rythme, avec un plan de travail individualisé, inscrire soi-même son nom en face de la
liste des thèmes des exposés de la période, parce qu’on se sent prêt à le faire…
La réflexion des enseignants et des équipes enseignantes autour de la motivation scolaire sont capitales.
Un parcours scolaire fragilisé par une perte de l’estime de soi conduit souvent, à court terme et dès le
collège, à des situations de décrochage scolaire qui peuvent être irréversibles. Il est plus facile de les
prévenir que de les enrayer.
—Quelques lectures
es ouvrages et articles suivants ne constituent que quelques points de repère dans l’abondance de travaux
L
consacrés à la motivation :
— L’ouvrage français le plus complet sur ce sujet est celui de Rolland Viau : VIAU, R. (1997). La motivation
en contexte scolaire, Bruxelles, De Boeck, 2009.
— Plus récent et plus court, voyez également l’article d’André Giordan, Le désir d’apprendre, un oublié
de l’école : http://www.ecolechangerdecap.net/spip.php?article61.
— Quels sont les choix pédagogiques qui peuvent influer sur la motivation des élèves ?
— En quoi la motivation des élèves a-t-elle une influence sur le climat scolaire ?
ANNEXE 5
Commençons par la double définition donnée par le dictionnaire Larousse du terme apprendre : « acquérir
par l'étude, par la pratique, par l'expérience, une connaissance, un savoir-faire, quelque chose d'utile »,
« enseigner à quelqu'un quelque chose, lui faire acquérir une connaissance, un savoir-faire, une
expérience ». Le terme enseigner est défini ainsi par ce même dictionnaire : « Faire apprendre une science,
un art, une discipline à quelqu'un, à un groupe, et les lui expliquer en lui donnant des cours, des leçons »,
« Faire savoir quelque chose à quelqu'un, le lui faire connaître, le lui inculquer par une sorte de leçon ;
apprendre, montrer ». Ces définitions révèlent l'ambivalence des deux termes, mais aussi la façon dont
sont liés intrinsèquement l'acte d'apprendre et celui d'enseigner.
avec les instructions officielles. En voici pour preuve trois morceaux choisis dans les programmes du
cycle 2 :
• « L’étude de la langue s’appuie sur l’observation et la manipulation d’énoncés oraux et écrits issus de
corpus soigneusement constitués. C’est à partir de ces activités qu’il convient de structurer les appren-
tissages et de formuler des règles » (p. 18) ;
• « L’enseignement des arts plastiques développe particulièrement le potentiel d’invention des élèves, au
sein de situations ouvertes favorisant l’autonomie, l’initiative et le recul critique » (p. 28) ;
• « Au cycle 2, la résolution de problèmes est au centre de l’activité mathématique des élèves, dévelop-
pant leurs capacités à chercher, raisonner et communiquer. Les problèmes permettent d’aborder de
nouvelles notions, de consolider des acquisitions, de provoquer des questionnements » (p. 65).
C. Constructivisme et socio-constructivisme
Jean Piaget et le constructivisme
Jean Piaget est l’un des principaux représentants de la théorie constructiviste, qui privilégie l’appropriation
des connaissances et la maîtrise des savoir-faire par les élèves.
Pour le théoricien des stades de développement de l’enfant, le rapport aux élèves est placé au centre de
l’acte d’enseignement, en ce sens qu’enseigner, c’est les guider et les accompagner dans la construction
de leurs savoirs. Pour le psychologue, l’intelligence de l’apprenant a la capacité de s’adapter aux problèmes
auxquels elle est confrontée. Les nouvelles connaissances se construisent sur la base de savoirs antérieurs
qu’elles réorganisent et qu’elles modifient. L’approche constructiviste, en matière d’apprentissage, ouvre
sur des pratiques de pédagogie active. L’élève n’est plus un exécutant, mais un acteur de son apprentis-
sage. Il est placé en position centrale dans le dispositif enseignement/apprentissage.
ANNEXE 5
exposées ici. En voici une qui est très souvent proposée à l’école maternelle, liée à la notion de mesure
de longueur : l’élève doit numéroter, afin de les ranger du moins long au plus long, des crayons qui sont
disposés à différents endroits de la classe. Il ne peut pas les rassembler pour comparer directement leur
taille. Il devra donc trouver un autre moyen, par exemple en utilisant un étalon, ou une ficelle sur laquelle il
réalisera des marques. La solution n’est pas directement accessible, il lui faudra mobiliser les savoirs qu’il
a acquis antérieurement sur les notions de rangement et de mesure.
Les apports du socio-constructivisme
Cette approche introduit une dimension supplémentaire par rapport au constructivisme. L’apprentissage
est considéré comme le fruit d’interactions didactiques de l’élève avec l’enseignant, mais aussi avec ses
pairs. C’est l’idée d’une construction sociale de l’intelligence, favorisée par des situations d’apprentissage
basées sur l’échange et la coopération. Les psychologues Lev Vygotsky et Jérôme Bruner comptent parmi
les représentants les plus connus du courant socio-constructiviste. Les concepts qu’ils développent sous-
tendent des pratiques de classe sinon répandues, du moins utilisées à l’école primaire.
• Lev Vygotsky et la zone proximale de développement
Le psychologue russe considère que les fonctions psychiques supérieures de l’élève (celles qui le carac-
térisent le plus en tant qu’être humain) se développent de façon privilégiée dans la cadre de l’école,
lieu de réalisation des apprentissages. Activant le développement mental, l’apprentissage provoque la
formation d’une zone de « prochain développement » : c’est l’écart entre ce que l’élève serait capable
de réaliser seul, et ce qu’il sera capable de réaliser avec l’aide d’adultes ou de pairs plus compétents.
Ce qu’il parvient à faire avec de l’aide, l’élève pourra ensuite le réaliser seul. L’enseignant n’est plus un
transmetteur de connaissances, il est une personne ressource, un tuteur et un médiateur.
D’un point de vue pratique, en classe, cette théorie se concrétise par la mise en place des groupes de
travail hétérogènes, ainsi que par la pratique du tutorat : un élève plus compétent qu’un autre dans
un domaine ou par rapport à une tâche particulière, vient en aide à un autre élève, non pour réaliser
la tâche à sa place mais pour lui expliquer comment faire, afin qu’il y parvienne lui-même. Les études
montrent que cette pratique renforce les connaissances des élèves qui sont aidés, mais développe
également la capacité à enseigner des tuteurs. Cela fait appel à une posture d’enseignant de l’ordre du
« lâcher-prise » : il accepte l’idée que tous les apprentissages ne passent pas nécessairement par sa
médiation, même s’il garde bien sûr la mainmise sur l’évaluation des acquis.
• Jérôme Bruner et le processus d’étayage
Pour Jérôme Bruner, le rôle principal de l’enseignant réside dans l’étayage qu’il apporte aux élèves.
Il s’agit en premier lieu d’un étayage socio-affectif, qui consiste à créer l’intérêt, la motivation, et à
maintenir une dynamique en encourageant l’élève à persévérer. L’étayage est également d’ordre
cognitif : l’enseignant prend en charge certains aspects de la tâche à accomplir afin de l’alléger, pour
qu’elle soit davantage à la portée de l’élève. Il pointe certaines caractéristiques de la tâche afin de
mettre l’élève sur la piste de la résolution. Il montre ce qui peut être fait, à partir de ce que l’élève a déjà
réalisé, sans pour autant lui donner la solution.
Cet étayage a des effets à long terme sur l’apprentissage. La compréhension des exigences de la tâche
à réaliser est transposable à d’autres apprentissages.
Vous pouvez, si vous le souhaitez, cliquer sur le lien suivant, qui vous propose une illustration de la pratique
de la dictée à l’adulte : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Langage/19/1/Ress_c1_langage_
oralecrit_dictee-adulte_529191.pdf.
Les travaux en psychologie du développement et de l’apprentissage ont modifié la vision de l’élève et de
l’apprentissage, et par la même les façons d’enseigner. Ils tendent à valoriser, dans notre culture scolaire,
les théories constructivistes et socio-constructivistes. Les instructions officielles s’en inspirent le plus
souvent. En fonction du public, des contenus étudiés et des objectifs à atteindre, d’autres façons de travailler
peuvent être envisagées ponctuellement. S’il n’y a pas de norme absolue cependant, il paraît aujourd’hui
difficile d’enseigner à l’école primaire en faisant abstraction des travaux qui définissent l’élève comme
l’acteur et le co-acteur, en interaction avec ses pairs, de son apprentissage. L’ère du numérique ouvre
de nouvelles perspectives à cette vision de l’enseignement-apprentissage : nous y reviendrons lors d’une
prochaine fiche thématique.
—Quelques lectures
— Develay M., De l’apprentissage à l’enseignement, Paris, Éd. ESF (2004)
— Bertrand, Y., Théories contemporaines de l’éducation, Paris, Éditions Nouvelles, Chronique Sociale
(1998)
— Lussi Borer V., Ria L., Apprendre à enseigner, PUF (2016)
— Barnier G., Le tutorat dans l’enseignement et la formation, l’Harmattan (2003)
Voici des exemples de questions possibles le jour de l’oral au moment de l’entretien (Les échanges sur le
réseau d’apprentissage CRPE, tout au long de l’année, vous permettront de dégager des éléments de réponse
à celles-ci) :
— En quoi les actes d’apprendre et d’enseigner sont-ils étroitement liés ?
— Pourquoi le modèle transmissif ne permet-il pas de mettre tous les élèves en situation de réussir ?
— Quels sont les apports du modèle behavioriste dans la conception actuelle de l’enseignement ?
— Pouvez-vous citer des situations d’apprentissage qui illustrent la conception socio-constructiviste de
l’enseignement ?
1. Un essai de définition
L'évaluation, c'est l'appréciation des effets d'une action pédagogique, qui vise à établir le seuil de
ANNEXE 6
compétences atteint par un élève, au regard des objectifs poursuivis. Elle permet de recenser les difficultés
rencontrées, mais aussi les types d'erreurs, afin de choisir un objectif intermédiaire à atteindre par l'élève
pour compléter l'apprentissage en cours et donc, progresser.
Dans la pratique d'un enseignant du premier degré, le terme « évaluation » recouvre deux réalités :
— les formes d'évaluation qu'il pratique au quotidien dans sa classe et qui jalonnent ses séquences
d'apprentissage ;
— le cadrage des documents d'évaluation officiels, qui sont à transmettre de façon régulière aux
familles.
l’école maternelle joue un rôle d’entrée dans la lecture (connaissance de l’alphabet et conscience
phonologique). En début de CE1, les évaluations en français portent sur la maîtrise de la lecture, de
l’écriture et la compréhension du langage oral et écrit. La pression, qui existe déjà dans l’esprit des
familles (et aussi des enseignants) à propos de l’apprentissage de la lecture en CP, est renforcée :
il faut savoir lire avant d’entrer au CE1. Il y a là un paradoxe avec la possible continuité des appren-
tissages permise par l’organisation de l’école en cycles : traditionnellement, le cycle 2 (cycle des
apprentissages fondamentaux) est celui où l’on apprend à lire, au sens large du terme (déchiffrer et
comprendre).
Vous pouvez, si vous le souhaitez, consulter deux exemples de situation d’évaluation au CP sur le lien
suivant : https://www.education.gouv.fr/cid134078/evaluations-des-acquis-des-eleves-au-cp-et-au-
ce1-explication-en-video.html.
Pour information enfin, les élèves passent à nouveau des évaluations nationales à l’entrée en 6e
(dernière année du cycle 3), ainsi qu’en seconde : pour cette dernière classe, le terme de « test de
positionnement » a été retenu.
• À l’école maternelle, l’évaluation prend la forme d’un carnet de suivi des apprentissages, dont le format
est laissé à l’appréciation des enseignants, et d’une synthèse des acquis des élèves, obligatoire en
grande section et uniformisée au niveau national.
ANNEXE 6
— sur le présent ; — sur le bilan des apprentissages passés ;
L'évaluation se
— sur les procédures mises en — sur les résultats, sur la maîtrise des
centre
œuvre. apprentissages.
— interne à la classe ;
— externe à la classe ;
Fonction sociale de — caractère privé et provisoire ;
— certifie une qualification reconnue
cette évaluation — régule l'apprentissage et le
socialement.
rythme de la formation.
rencontre-t-il dans la lecture, la production de phrases, des difficultés qui l’empêchent de répondre par
écrit ? C’est une parfaite connaissance du niveau global de ses élèves qui va permettre à l’enseignant
de l’école primaire de répondre à ces questions, et d’en tirer les conséquences pour l’évaluation qu’il
propose. On peut, même au cycle 2 et au cycle 3, proposer à un élève de réaliser une évaluation par
dictée à l’adulte. La condition sera, cependant, que cet aménagement soit précisé à l’enfant et à sa
famille, afin de ne pas les leurrer sur le résultat obtenu, au regard des attendus des programmes.
• Outre cette question primordiale de savoir ce qui est évalué, l’enseignant est amené à s’en poser
d’autres :
— À qui les résultats sont-ils destinés (élèves, familles, institution) ? La réponse est souvent en lien
avec la forme d’évaluation pratiquée ;
— Qui évalue ? (enseignant, équipe enseignante dans le cadre du cycle, enseignant et élève, élève et
ses pairs). On touche ici à la problématique de la co-évaluation et de l’auto-évaluation, trop longue à
développer. Deux remarques s’imposent cependant : pour un élève, évaluer la production d’un de ses
pairs rend lisible les critères de réussites qui n’ont pas forcément été bien formulés par l’enseignant,
parce qu’évidents pour lui. L’auto-évaluation, quant à elle, procède d’un questionnement de l’élève
sur son action : qu’est-ce que je sais faire ? Comment je m’y prends ? Qu’est-ce que je peux changer
pour mieux réussir ? Il s’agit là d’une distanciation qui lui permet de réorganiser ses représentations
et ses stratégies d’apprentissage ;
— Comment évaluer ? Avec des tests, des questionnements oraux, des observations... Cette question
rejoint bien sûr celle de l’objet de l’évaluation.
• L’évaluation positive, qui reste préconisée par le ministère de l’Éducation nationale, va dans le sens
de la suppression de la note à l’école primaire, sur laquelle certains enseignants se questionnent. Là
encore, l’enseignant dans sa classe se doit de faire le point de façon objective sur ses représentations
de l’évaluation chiffrée : à quoi et à qui servent les notes ? Elles permettent une comparaison entre les
élèves et un classement qui peut intéresser les familles, mais elles ne font pas partie du processus
d’apprentissage, dans le sens où elles ne permettent pas à l’élève de progresser. La note ne constitue
pas une mesure fiable, car l’enseignant ne dispose pas d’un étalon et se contente donc le plus souvent
de comparer les productions des élèves entre elles. Or cette comparaison est parasitée par différents
effets mis en évidence par les docimologues : effet d’ordre (les premières copies sont évaluées plus
sévèrement), effet d’ancrage (une même copie est évaluée différemment selon qu’elle arrive après une
copie jugée bonne ou mauvaise), effet de source (la notation est influencée par ce que l’enseignant sait
de son élève), effet de la place des erreurs dans la copie (des erreurs en début de copie donnent une
impression défavorable a priori).
L’évaluation est un acte pédagogique qui n’est pas simple et qui renvoie bien des interrogations à
l’enseignant. Celle qui devrait être au centre de ses préoccupations est sans doute la suivante : comment
inscrire l’évaluation dans une démarche formative d’apprentissage, et en faire un élément de progression
et de motivation pour l’élève ?
Voici des exemples de questions possibles le jour de l’oral au moment de l’entretien (les échanges sur le
réseau d’apprentissage CRPE, tout au long de l’année, vous permettront de dégager des éléments de réponse
à celles-ci) :
— Vous êtes contre les notes : comment argumenteriez-vous auprès de vos collègues, auprès des
familles pour défendre leur suppression dans l’évaluation ?
ANNEXE 6
ANNEXE 7
1. Des essais de définition
Les enseignants le savent, la classe homogène n'existe pas : tous les élèves n'apprennent pas de la même
manière et au même rythme. Ils sont différents par leurs acquis, leur comportement, leur rythme de travail,
leurs intérêts, leur profil pédagogique. Certaines difficultés sont passagères, d'autres empêchent l'élève
de réussir de manière durable.
L'ensemble de ces facteurs engendre une hétérogénéité dans la classe, à laquelle les enseignants tentent
de répondre en pratiquant une différenciation pédagogique. Philippe Perrenoud la définit ainsi : « ... Rompre
avec la pédagogie frontale, la même leçon, les mêmes exercices pour tous, c'est surtout mettre en place
une organisation du travail et des dispositifs didactiques qui placent régulièrement chacun, chacune dans
une situation optimale ». Il ne s'agit donc pas de différencier les objectifs, mais de permettre à tous les
élèves de les atteindre par des voies différentes, en organisant la classe et les apprentissages de manière
à permettre à chaque élève d'apprendre dans les conditions qui lui conviennent le mieux.
Pour Philippe Meirieu, « Différencier, c'est avoir le souci de la personne sans renoncer à celui de la
collectivité » (Meirieu P, Enseigner, scénario pour un métier nouveau, ESF, 1989). On entre là dans une
philosophie de l'apprentissage, avec les fondements éthiques d'une école qui vise la réussite de chacun :
l'égalité (l'école assure l'égalité des chances pour tous les élèves) et l'équité (l'école fournit les meilleures
opportunités à tous les élèves et cherche à remédier aux situations de désavantage qui compromettent les
résultats scolaires).
Ces différentes définitions nous amènent d'ores et déjà à élargir l'acception encore trop largement répandue
de l'expression différenciation pédagogique : on différencie pour tous les élèves qui ont un profil particulier,
et pas seulement pour ceux qui rencontrent des difficultés. La différenciation pédagogique s'adresse aussi
aux bons élèves.
1 Remédiation : stratégie de réponse pédagogique consistant à refaire une médiation qui n'a pas eu lieu entre l'élève et l'objet
d'apprentissage, et dont l'absence empêche la poursuite de l'apprentissage.
— leurs relations aux autres : des situations de tutorat conviennent davantage à certains élèves que la
présence de l’enseignant sur des temps individualisés ;
— leurs connaissances : on peut organiser des groupes de compétence ou de besoin après avoir évalué
les représentations d’une notion, analysé les types d’erreurs ;
— leur façon d’apprendre et de comprendre : l’élève peut avoir davantage besoin de manipuler, de
reformuler...
ANNEXE 7
ses stratégies : entendre un pair expliquer comment il a fait aide à mieux comprendre.
Différencier, c’est aussi penser aux aides et aux référents qui permettront à l’élève de gérer lui-même
sa difficulté : mise à disposition d’affichages, de dictionnaires, de sous-mains, de supports audio, de
cahiers-mémoire, de calculatrices...
On peut enfin envisager de petites aides ponctuelles, instaurées parmi les habitudes de classe : l’élève
place sur sa table une petite affichette par laquelle il signifie qu’il a besoin d’une aide. L’enseignant, ou
certains élèves qui ont terminé l’activité, peuvent alors le conseiller. Quand l’enseignant observe une
difficulté chez un élève, il peut passer coller sur sa table un post-it sur lequel il aura écrit un mot, un
indice, un conseil... Des fiches d’aides peuvent aussi avoir été préparées à l’avance et être à disposition
de la classe. Les élèves ne les utilisent que s’ils en ont besoin, mais ils savent qu’elles existent. Il va
sans dire que ces dispositifs reposent sur une ambiance de classe bienveillante, où la confiance et le
respect sont mutuels.
• Se poser la question du « quand »
— Avant l’apprentissage, afin de préparer les élèves, par le biais de l’évaluation diagnostique ou d’un
entretien individuel ;
— pendant l’apprentissage, en faisant varier les différents paramètres énoncés précédemment ;
— après l’apprentissage, en gérant la remédiation avec les élèves en difficulté, en prévoyant de les aider
au sein des activités pédagogiques complémentaires, mais aussi, pour ceux qui sont en réussite, en
enrichissant la situation de tâches plus complexes, en prévoyant des travaux en autonomie...
Voyez, à ce sujet, les sept familles d’aide de Roland Goigoux, indiquées dans les propositions de lectures.
Chef de projet
Cédric Faure