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Régénération postlésionnelle des cellules sensorielles

vestibulaires : bilan et espoirs


Sylvain Bartolami, Mireille Montcouquiol, Cécile Travo, Alain Sans

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Sylvain Bartolami, Mireille Montcouquiol, Cécile Travo, Alain Sans. Régénération postlésionnelle des
cellules sensorielles vestibulaires : bilan et espoirs. Médecine/Sciences, 2000, �10.4267/10608/1528�.
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SYNTHÈSE
médecine/sciences 2000 ; 16 : 1073-80

Régénération
postlésionnelle des cellules
sensorielles vestibulaires :
bilan et espoirs
Chez les mammifères, la destruction des cellules ciliées sen-
Sylvain Bartolami sorielles de l’oreille interne entraîne une surdité neurosen-
Mireille Montcouquiol sorielle et des troubles de l’équilibre. L’absence de rempla-
Cécile Travo cement des cellules cochléaires détruites entraine
Alain Sans l’irréversibilité des lésions auditives [1]. En revanche, il
semble que la régénération des cellules ciliées vestibulaires
soit possible. La connaissance des mécanismes de répara-
tion vestibulaire permettrait de comprendre les processus
empêchant la réapparition des cellules ciliées auditives et
d’ouvrir ainsi la voie à des recherches visant au traitement
de la surdité neurosensorielle. Dans cette revue, nous pré-
senterons très succinctement la structure du vestibule,
avant de décrire les travaux ayant permis la découverte du
pouvoir régénératif des cellules ciliées du vestibule.

’oreille interne est formée qui conduisent l’information senso-

L d’une partie auditive (la


papille basilaire chez les
oiseaux, et la cochlée chez les
mammifères) et d’une partie
vestibulaire. Cette dernière est res-
ponsable de la détection des accélé-
rations de mouvement linéaires et
rielle au tronc cérébral. Chez les ver-
tébrés supérieurs, on distingue les
cellules ciliées de type 1 et celles de
type 2 (CC1 et CC2). Elles diffèrent
respectivement par un corps cellu-
laire en forme de poire, englobé
dans une terminaison afférente cali-
angulaires et à ce titre, contribue for- céale pour les CC1, et un corps cellu-
tement au maintien de l’équilibre. laire plus cylindrique, innervé par
Afin d’accomplir cette tâche, le vesti- des terminaisons afférentes et effé-
bule est doté de structures mécano- rentes en « boutons » pour les CC2.
réceptrices, les cellules ciliées (CC). Ces deux types de cellules hautement
Celles-ci captent les mouvements par spécialisées sont entourées par des
ADRESSES déplacement de leurs touffes de sté- cellules de soutien (CS) issues du
S. Bartolami, C. Travo, A. Sans : Inserm U.
réocils qui baignent dans un compar- même lignage que les CC. Les CC,
432, Université Montpellier II, Place E. timent liquidien, l’endolymphe. Une leurs innervations et les CS consti-
Bataillon, 34095 Montpellier Cedex 05, fois stimulées, les CC transforment tuent l’épithélium neurosensoriel,
France. M. Montcouquiol : Department of les signaux mécaniques en messages séparé du stroma mésenchymateux
Otolaryngology Head and Neck Surgery,
University of Virginia, Charlottesville, États- bioélectriques et les transmettent aux par une lame basale (figure 1). Le ves-
Unis. neurones du ganglion vestibulaire tibule possède cinq épithéliums neu-
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ruches adultes [7], et les poulets âgés
ST ENDO
de 12 jours [8]. En outre, la produc-
tion de CC est accrue à la suite d’une
lésion de l’épithélium vestibulaire de
poulet, permettant ainsi la réparation
du tissu sensoriel [9]. Chez les
oiseaux, un phénomène de régénéra-
tion identique a été observé dans
T2 l’épithélium auditif, après un trauma-
tisme acoustique [10, 11]. Dans ce
CS T2
T1 cas, le renouvellement des CC
s’accompagne de la récupération de
la fonction auditive [12]. En
revanche, chez les mammifères, la
régénération auditive postlésionnelle
T1 n’a jamais été observée [13], peut
T1
être parce que l’épithélium auditif de
mammifère est structurellement très
différent de celui des oiseaux, plus
CA B proche des épithéliums vestibulaires.
B
NCS En effet, l’organe de Corti, spéci-
fique de l’appareil auditif des mam-
mifères est absent dans celui des
oiseaux. Ce dernier est organisé en
LB un feuillet plat et continu, dans
lequel les CC sont isolées les unes des
STR
autres par les CS, comme dans le sac-
cule et l’utricule.
Figure 1. Épithélium neurosensoriel vestibulaire de cobaye, observé en Prolifération postnatale
microscopie électronique à transmission. L’épithélium est constitué par les
cellules ciliées de type 1 et 2 et les cellules de soutien, et est séparé du des cellules de soutien
stroma mésenchymateux par une lame basale. Les cellules ciliées portent dans le vestibule
une touffe de stéréocils baignant dans l’endolymphe (un liquide propageant
les stimulations mécaniques) et sont innervées par des terminaisons en bou- Chez les oiseaux,
ton pour les cellules de type 2 et des calices afférents pour les cellules de la production de CS est continue
type 1. Seules les cellules de soutien traversent entièrement l’épithélium
puisque leurs noyaux sont alignés sur la lame basale et que leurs domaines Dès 1988, Jorgensen et Mathiesen
apicaux sont en contact avec l’endolymphe. ENDO : endolymphe ; ST : sté- ont montré que l’ADN des CC et des
réocils ; CS : cellules de soutien ; T1 : cellules ciliées de type 1 ; T2 : cellules CS aviaires adultes sont capables
ciliées de type 2 ; CA : calice afférent ; B : terminaison en bouton ; NCS : d’incorporer un marqueur de phase
noyaux des cellules de soutien ; LB : lame basale ; STR : stroma. Agrandisse- S, suggérant que les deux types cellu-
ment : 2000 x. laires sont produits par mitose [7].
Ce résultat, confirmé en 1992 [8],
rosensoriels reposant sur le plancher quels les CC sont produites durant indique qu’un potentiel mitotique
de cinq organes récepteurs remplis toute la vie, les cellules ciliées des ver- persiste dans le vestibule adulte, et
d’endolymphe : trois crêtes pour tébrés sont quasiment toutes pro- conduit au renouvellement physiolo-
détecter les accélérations angulaires duites au cours de l’embryogenèse gique des CC dans les épithéliums
et deux macules, l’utricule* et le sac- [2]. Cette quiescence mitotique post- intacts. De plus, les CC sont soumises
cule*, pour détecter les accélérations natale expliquait, à elle seule, que la en permanence à un phénomène de
linéaires. perte de ces cellules, causée par mort cellulaire programmée [14]. La
divers facteurs tels que des anti- durée de vie d’une CC du vestibule
La fin d’un dogme biotiques [3], des polluants [4], le aviaire est d’environ vingt jours, mais
vieillissement [5], ou la formation de l’apopotose ne perturbe pas la fonc-
Jusqu’aux années 1990, il était com- tumeurs [6], entraîne des déficits tion vestibulaire puisqu’elle est com-
munément admis qu’à l’exception de neurosensoriels irrémédiables, dans pensée par la production continue
certains vertébrés inférieurs chez les- le vestibule comme dans la cochlée. de nouvelles cellules [7, 8, 14].
En réalité, le dogme de l’absence de Cependant, l’observation de l’incor-
production postnatale de CC chez les poration in vivo de thymidine tritiée
* L’utricule et le saccule sont deux épithéliums neu- vertébrés supérieurs a été remis en ou de bromodésoxyuridine (BrdU)
rosensoriels disposés perpendiculairement l’un par
rapport à l’autre. Ainsi, l’utricule reçoit les stimu-
cause avec la découverte de la pro- dans l’ADN des CC et des CS ne per-
lations verticales et le saccule répond aux accéléra- duction continue de CC dans les épi- met pas de savoir si les deux types
tions horizontales. théliums vestibulaires chez les per- cellulaires entrent de nouveau dans
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le cycle cellulaire, ou si elles provien- Modèle A : Prolifération des CS et Différenciation en CC
nent de cellules souches ayant accu- Ototoxicité
mulé les marqueurs de synthèse
d’ADN avant de se diviser. La régéné-
ration des CC est-elle alors issue de la CS CS
prolifération postnatale de CC « sur- CC
Apoptose
vivantes », de CS ou de cellules
souches ? Un début de réponse est
apporté par l’observation in vitro 1 2 3 4 5 Lame
basale
d’une prolifération continue de CS
[15]. Cette multiplication des CS est Modèle B : Transdifférenciation et prolifération des CS
indépendante de facteurs mitogènes Ototoxicité
présents dans le sérum ou le tissu
conjonctif sous-jacent. Les facteurs
nécessaires à la prolifération conti- CS
CC
CS

nue des CS aviaires sont donc intrin-


sèques à l’épithélium.
L’effet des antibiotiques aminoglyco-
1 2 3 4 5 6
sidiques sur la prolifération des CS
aviaires a été largement étudié, car Figure 2. Les deux modèles principaux de régénération des CC. Selon le
les lésions épithéliales dues à ces trai- modèle A, très documenté chez les oiseaux, l’apoptose des CC (1-2) induit
tements sont compensées, au moins l’entrée des CS dans le cycle cellulaire (3). Celles-ci se divisent à la suite de
partiellement, par la néoformation la migration nucléaire vers l’étage luminal (4) et les cellules filles se différen-
de CC [9]. L’apoptose des CC causée cient en CS et en CC (5). D’après le modèle B, la lésion des CC (1-2) provoque
par les aminoglycosides [14] stimule la conversion phénotypique de certaines CS en CC (3-6). Cette transdifféren-
la division des CS et conduit à la pro- ciation est indiquée par la réduction du contact avec la lame basale alors que
duction de nouvelles CC in vitro [16] la maturation des stéréocils progresse. Peu après le début de la transdiffé-
et in vivo [9, 17]. La régénération renciation, des CS entrent en mitose (4-5) et engendrent des cellules filles qui
épithéliale nécessite l’entrée des CS se différencient uniquement en CS (6). Ceci permet de compenser la
dans le cycle cellulaire, ainsi que la « perte » des CS transdifférenciées en CC. Le modèle de la transdifférencia-
migration de leurs noyaux de la base tion serait prépondérant dans le vestibule des batraciens et peut-être des
de l’épithélium vers la couche lumi- mammifères.
nale formée par les CC [17]. Ce n’est
qu’après cette migration nucléaire CC en laissant indemnes les CS, des sus précis de l’activité mitogénique
que les CS se divisent, comme l’attes- CC sont régénérées dans les crêtes, de ces cellules restent mal connus.
tent les figures de mitose observées à confirmant ainsi que les CS sont sus- Parmi les mécanismes possibles
l’étage luminal [17]. ceptibles de donner naissance aux induisant l’entrée des CS dans le
Aucune cellule souche n’ayant été CC [21, 22]. Enfin, les CC néofor- cycle cellulaire, deux hypothèses ont
identifiée dans le vestibule postnatal, mées possèdent les caractéristiques été retenues : (1) la levée d’une inhi-
ces données suggèrent que chez les morphologiques des CC2 [18, 20-28]. bition normalement exercée par les
oiseaux, les cellules génératrices des Il semble donc que dans le vestibule CC de manière paracrine ou par
CC sont les CS, dont la prolifération mature des mammifères, la régénéra- contact cellulaire, et (2) la libération
continue est accrue dans le cas d’une tion des CC soit possible à la suite de de facteurs de croissance par les cel-
destruction par les aminoglycosides la multiplication des CS. Mais la pro- lules épithéliales [15]. Ainsi, lorsque
(streptomycine, gentamicine, figure 2). duction de CC est uniquement post- plusieurs utricules aviaires normaux
lésionnelle puisque aucune division sont co-cultivés, leur prolifération
La destruction des CC entraîne cellulaire n’apparaît sans la perte continue diminue, suggérant que les
la division des CS des mammifères préalable de CC. Enfin, le taux de tissus sains contrôlent la multiplica-
prolifération dans le vestibule des tion des CS par des agents diffusibles
Chez les mammifères, il n’y a pas de mammifères étant bien plus faible [23]. L’un d’eux serait le TGFβ
production évidente de CC dans le que chez les oiseaux, la capacité de (transforming growth factor β) qui in
vestibule intact tant in vivo [18] qu’in régénération de ces épithéliums vitro, a un effet antimitotique dans
vitro [19]. En revanche, après des- demeure limitée [28]. l’utricule de rat nouveau-né [24]. Au
truction des CC par la gentamicine, niveau intracellulaire, cet effet serait
la prolifération des CS est activée Des facteurs relayé par l’inhibiteur de kinases
dans les macules vestibulaires de croissance contrôlent « cycline-dépendantes » ou p27 [25]
matures chez le cobaye et l’homme, la mitose des cellules dont l’invalidation génique provoque
et s’accompagne de l’apparition de de soutien la multiplication des CS, et l’appari-
nouvelles cellules [18-20]. Chez le tion de CC surnuméraires dans la
chinchilla, après un traitement à la S’il apparaît clairement que la perte cochlée [26]. En revanche, lorsque
gentamicine (0,1 mg appliqué dans des CC est le déclencheur général de des épithéliums normaux de poulet
la périlymphe), qui élimine toutes les la multiplication des CS, les proces- sont co-cultivés avec des épithéliums
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lésés, la prolifération cellulaire aug- La liaison du ligand sur les récepteurs sionnel des épithéliums a été suivi
mente dans les tissus sains, indiquant tyrosine-kinases provoque d’abord à long terme [38, 39]. Une étude
que des facteurs mitogènes diffusent leur dimérisation suivie d’une série réalisée par microscopie électro-
à partir des organes lésés [23]. de phosphorylations sur des résidus nique à balayage montre qu’après
tyrosine, qui peuvent activer plusieurs la disparition de tous les stéréocils
Les mitogènes potentiels voies de transduction (figure 3) : (1) de l’utricule de pigeon, ceux-ci
synthèse de diacylglycérol et d’inosi- réapparaissent progressivement :
La division des CS est stimulée in tol triphosphate par la phospholipase d’abord dans les régions normale-
vitro par les facteurs de croissance C ; (2) activation de la phosphatidyli- ment riches en CC2, puis dans la
suivants : IGF-1 (insulin-like growth fac- nositol-3-kinase, puis des kinases S6 et zone riche en CC1 [39]. Cette
tor 1), insuline, GGF2 (glial growth fac- (3) stimulation du proto-oncogène observation laisse supposer que les
tor 2), neu (neu-differentiation factor), ras qui déclenche la cascade des CC1 seraient régénérées après les
TGFα (transforming growth factor α), « MAP » kinases. Ces voies de trans- CC2.
FGF2 (fibroblast growth factor 2) et EGF duction complexes aboutissent à Chez des poulets traités in vivo aux
(epidermal growth factor) en combinai- l’activation de facteurs de transcrip- antibiotiques, l’autoradiographie de
son avec l’insuline. Au-delà de l’iden- tion indispensables à la prolifération. coupes de crêtes révèle que des cel-
tification de mitogènes vestibulaires, Les systèmes de transduction liés à lules ayant incorporé de la thymi-
il est important de noter que l’impact l’effet mitogène du GGF2 ont été dine tritiée se différencient en CS,
de ces molécules varie selon l’espèce caractérisés dans les utricules murins. CC2 et CC1 dans des proportions
et le stade développemental. Ainsi, L’action du GGF2 est réduite par la variables [38]. Vingt jours après le
l’IGF-1 est un puissant mitogène chez forskoline à forte concentration, sug- traitement, 57 % des cellules mar-
les oiseaux adultes, même en gérant une inhibition via la protéine quées sont des CS, 30 % sont des
l’absence de lésion [27], alors que kinase A [29]. En revanche, la proli- CC2 et 13 % des CC1. A soixante
chez le rat son effet prolifératif est fération due au GGF2 dépend princi- jours, la proportion de CS marquées
restreint au stade néonatal [24]. palement de trois types de kinases : n’a statistiquement pas varié, mais
Dans ces tissus murins immatures, les protéines kinases C, les MAP on observe à ce stade 21 % de CC2
l’incorporation de marqueurs de kinases et surtout la phosphatidylino- et 27 % de CC1. La baisse du pour-
phase S est aussi induite par le FGF 2, sitol-3-kinase (figure 3) [35]. centage de CC2 et la hausse de celui
l’insuline [24], le facteur neu [28] et Les résultats ci-dessus révèlent surtout des CC1 suggèrent que certaines
le GGF2, qui semble être le facteur la grande complexité de la signalisa- CC2 se différencient en CC1. La
mitogène le plus puissant dans ce tion inter et intracellulaire nécessaire séquence d’événements permettant
modèle [29, 30]. Cependant, l’action à la régénération des CC. L’activation la production post-lésionnelle de
proliférative du GGF2 disparaît gra- des récepteurs tyrosine-kinases par les CC1 serait la suivante : (1) réplica-
duellement avec la maturation des facteurs de croissance semble jouer tion de l’ADN des CS dans la couche
épithéliums [30]. Enfin, dans les un rôle central dans la prolifération basale ; (2) migration des noyaux de
utricules de souris adultes en cul- des CS, mais cette prolifération est CS en phase S-G2 vers la couche
ture, la division cellulaire est stimu- également inversement contrôlée par luminale ; (3) retour d’une cellule
lée par le TGFα associé à l’insuline des tyrosine-phosphatases, telle que la fille dans la couche basale après la
[31]. Par ailleurs, in vivo, le TGFα, receptor-like protein tyrosine phosphatase, mitose afin de maintenir une popu-
administré avec de l’insuline dans exprimée par les CS de poulet [36]. lation constante de CS alors que
l’oreille interne, stimule la synthèse Enfin, la régénération des CC doit l’autre cellule « fille » se différencie
d’ADN dans l’utricule de rat adulte aussi restaurer l’organisation géné- en CC2 (figure 2, modèle A) ; (4)
[32]. rale de l’épithélium, selon laquelle maturation des CC2 et établissement
chaque CC est entourée par des CS. de synapses « en boutons » ; (5) dif-
Récepteurs tyrosine-kinases Cette étape impliquerait le système férenciation de certaines CC2 en
et signalisations intracellulaires d’inhibition latérale relayé par Notch CC1 et acquisition d’une innerva-
1 et Delta 1 dont l’expression est tion calicéale.
Le point commun de tous ces mito- accrue après lésion épithéliale [37]. Ainsi, chez les oiseaux, les CC1 peu-
gènes est leur mode d’action via des vent être régénérées par différencia-
récepteurs ayant des activités tyrosine- Différenciation tion des CC2. La néosynaptoge-
kinases, dont certains ont été détectés postlésionnelle des CC nèse des calices afférents innervant
dans l’utricule de rat postnatal par les CC1 pourrait faire intervenir des
immunocytochimie. Il s’agit des récep- La prolifération des CS étant le pré- neurotrophines libérées par les cel-
teurs aux neurotrophines TrkB et ambule à une régénération éven- lules épithéliales, à l’image de la
TrkC dans les neurones vestibulaires tuelle des CC, il reste néanmoins à synaptogenèse décrite chez le rat.
afférents [33] et des récepteurs pour déterminer si les CS issues de mitose Dans ce modèle, le brain-derived
le FGF2, l’IGF-1, le PDGF (platelet-deri- se différencient en CC. neurotrophic factor participerait à la
ved growth factor), le GGF2 et le facteur mise en place de l’innervation,
neu dans les épithéliums [24, 28, 34]. Des CS aux CC1 puisqu’il est synthétisé par les CS et
Enfin, les ARNm des récepteurs de les CC1 [40], et que son récepteur
l’EGF et de l’insuline sont exprimés Chez les oiseaux traités par la TrkB est exprimé dans les terminai-
dans l’utricule de rat [34]. streptomycine, le devenir postlé- sons afférentes [33].
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phases du cycle de dégéné-
mitose mitose GGF2 rescence/régénération des CC, après
(+) PMA (-) Calphostine
intoxication des cellules de l’oreille
Récepteur interne des crêtes de chinchilla par
tyr-kinase GTP

GDP
Ras Ras des antibiotiques aminoglycosidiques

GTP
PKC DAG PLC SH2 P Tyr
inactive active
Tyr Tyr Tyr
GDP
(ototoxicité) [21, 22]. Une semaine
PI3K SH2 P P GEF après l’intoxication, seules les CS
P

SH2
mitose IP3 SH2
P
Grb2 paraissent indemnes, mais la mono-
(+) ionophore Shc Tyr Raf PKC couche de leurs noyaux est désorga-
Augmentation mitose nisée, et les CC1 ainsi que les fibres
de [Ca++]i (-) LY2940002 nerveuses ont disparu de l’épithé-
mTOR mitose MEK(1) lium. Après deux semaines, 87 % des
(-) PD98059
CC2 sont perdues, l’épithélium est
colonisé par les CS en prolifération.
S6K MAPK Après un mois, des fibres nerveuses
CaMK et des petites CC apparaissent de
nouveau, alors que les noyaux des CS
commencent à se réaligner à la base
CREB Facteurs de transcription de l’épithélium. Au bout de deux
mois, le nombre de CC atteint 55 %
de la population initiale, elles acquiè-
Multiplication
rent les caractéristiques de CC2
des cellules de soutien matures et établissent des contacts
synaptiques avec les terminaisons
nerveuses.
Figure 3. L’effet mitogène du GGF2 implique trois systèmes de transduction. Chez le cobaye, un mois après ototoxi-
Ces trois cascades intracellulaires sont décrites succinctement et présentées
cité, les CC qui apparaissent sont éga-
en trois couleurs différentes (gris, violet, rouge). La fixation du GGF2 sur son
récepteur provoque l’autophosphorylation de tyrosines du récepteur. Ces tyro-
lement des CC2 [17] et ne compen-
sines phosphorylées permettent d’activer des voies de transduction, en inter- sent que 50 % des pertes en CC,
agissant avec des protéines à domaine SH2 telles que la phospholipase C même au bout de 8 mois [19]. Les
(PLC, en gris) qui catalyse la synthèse du diacylglycérol (DAG) et de l’inositol CC1 de mammifères sont-elles donc
1,4,5-triphosphate (IP3). Le DAG active la protéine-kinase C (PKC) qui possède vraiment capables de se régénérer ?
de nombreux substrats dont la kinase Raf, dans la voie de transduction des En fait, il est possible que la régénéra-
kinases MAP (MAPK, en rouge) et l’enzyme mTOR (pour mammalian target of tion des CC1 nécessite un long délai
rapamycin) de la voie de la phosphatidylinositol 3 kinase (PI3K, en violet). En de récupération, puisqu’un petit
parallèle, l’IP3 induit une élévation de la concentration calcique intracellulaire. nombre de CC1 est finalement
Le calcium peut influer directement sur l’expression de gènes nécessaires à la détecté dans l’utricule de cobaye 3 à
prolifération des CS ou indirectement via la kinase dépendante du calcium et 8 mois après la lésion [19]. Par
de la calmoduline (CaMK) et via CREB. La PI3K est une autre enzyme à ailleurs, certaines CC2 pourraient
domaine SH2. Lorsqu’elle est activée, la PI3K peut stimuler par phosphoryla- correspondre à des CC1 immatures
tion directe ou indirecte (via la PKC) la kinase mTOR qui en retour active les innervées par un calice en voie de
kinases S6 (S6K), intervenant dans la multiplication cellulaire. La troisième développement [19]. Il est possible
voie de transduction couplée aux récepteurs « tyrosine-kinases » est celle des que ces cellules ne soient pas identi-
MAPK (en rouge). Elle est activée par l’intermédiaire des protéines adapta- fiables en tant que telles puisque la
trices Shc et Grb2, qui interagissent avec le facteur d’échange de nucléodites présence d’une innervation calicéale
guanidiques (GEF). Celui-ci stimule la protéine Ras en favorisant l’échange du
est le principal critère morphologique
GDP par du GTP. Une fois activée, Ras déclenche une cascade de kinases pas-
sant par Raf, MEK et MAPK. Enfin, les MAPK peuvent activer des gènes contrô-
permettant l’identification des CC1.
lant la multiplication cellulaire par des phosphorylations de CREB et d’autres Cependant, il est à noter que la matu-
facteurs de transcription. Sur des cultures d’utricules de rats nouveau-nés, ration électrophysiologique des CC1
l’application d’activateurs et d’inhibiteurs* (en noir, précédés respectivement est indépendante de leur innervation
de signes plus ou moins) de certaines protéines des systèmes de transduction, [40, 41]. Cette dernière permettrait
modulent le pouvoir mitogène du GGF2 (mitose en rouge, précédée de en revanche le maintien du phéno-
flèches). Ces observations indiquent que la multiplication des CS induite par le type, puisque l’énervation entraîne la
GGF2 ferait intervenir les trois systèmes de transduction décrits ici. En outre, dédifférenciation des CC [42].
la voie de la PI3K serait prépondérante car son inhibition provoque une réduc-
tion quasi totale du taux de mitose des CS. La transdifférenciation
La régénération inachevée Chez les batraciens, l’ototoxicité
* Le PMA est un activateur de la PKC alors que la chez les mammifères ? conduit à (1) l’apparition de CC
calphostine l’inhibe. Les ionophones calciques per-
mettent une entrée massive de calcium à l’intérieur immatures non marquées en pré-
de la cellule. Le LY2940002 est un inhibiteur de la Des études quantitatives et ultrastruc- sence de BrdU ; (2) la régénération
P13K et le PD 98059 bloque les MEK de type 1. turales ont permis de préciser les de CC, qui ne peut s’expliquer uni-
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quement par le faible taux de prolifé- de cobaye, suggérant que la multipli- fonctionnelle entre les CC et les neu-
ration des CS ; (3) la variation inverse cation des CS sert essentiellement à rones du ganglion vestibulaire.
des populations de CS et de CC, au remplacer les CS converties en CC Chez le poulet, la fonction vestibulaire
profit de l’effectif des CC et (4) [20]. est également recouvrée à un niveau
l’apparition de nouvelles CC, même Une régénération « amitotique », supérieur d’intégration. Les réflexes
en présence d’un agent antimi- alternative à la transdifférenciation, vestibulo-occulaire et vestibulo-nuqual
totique [44, 45]. En outre, in vitro, pourrait être la réparation du sont restaurés plusieurs semaines
dans des saccules de batraciens en domaine apical des CC atteintes de après leur disparition induite par la
régénération, des cellules possédant lésions sublétales. Un tel processus a destruction des CC [52, 53]. Le pre-
à la fois des caractéristiques de CS été décrit dans le saccule de crapaud mier réflexe correspond à des mouve-
(noyau basal et prolongement cyto- et l’utricule de rat postnatal, chez les- ments oculaires qui compensent les
plasmique rejoignant la face lumi- quels des CC ayant perdu leurs stéréo- mouvements de la tête, afin d’assurer
nale) et de CC (touffe ciliaire et cils par ototoxicité peuvent remplacer la stabilité de la vision ; le second
expression de la calbindine et la par- ces structures [48, 49]. Cette répara- réflexe permet de stabiliser la tête
valbumine) ont été observées. Ces tion est indépendante de la proliféra- lorsque le corps bouge. L’amplitude
cellules mixtes seraient des CS se tion, puisqu’elle est observée en pré- des mouvements compensateurs serait
transformant en CC [44, 45]. Toutes sence d’un agent antimitotique. un indice de l’efficacité des CC.
ces données sont en faveur de l’exis- Cependant, ces réflexes font interve-
tence d’une transdifférenciation per- La récupération nir l’ensemble du réseau véhiculant
mettant à certaines CS de devenir des fonctionnelle l’information vestibulaire jusqu’au cer-
CC, sans entrer dans le cycle cellu- veau, ainsi que les afférences visuelles
laire (figure 2, modèle B). L’avantage Qu’elle fasse suite à la multiplication et somesthésiques. Aussi, la réappari-
de cette conversion phénotypique de CS ou à la transdifférenciation, la tion des deux réflexes est difficile à
serait une genèse de CC plus rapide réapparition des CC n’est bénéfique interpréter uniquement en terme de
que par différenciation postmito- que si elle s’accompagne d’une res- récupération fonctionnelle des CC,
tique. tauration physiologique. puisque des compensations centrales
Chez les mammifères, la possibilité In vivo, l’étude en « patch clamp » des peuvent intervenir.
de transdifférenciation est également CC régénérées dans des tranches de Quoi qu’il en soit, l’ensemble de ces
envisagée. En effet, en présence de crêtes de pigeon, montrent que les résultats montre que le vestibule
thymidine tritiée, des CC immatures CC2 néoformées possèdent les aviaire redevient fonctionnel en régé-
non marquées sont présentes dans mêmes courants ioniques que les CC2 nérant les CC. Chez les mammifères,
des utricules post-lésionnels de normales [41]. En revanche, les CC1 à la suite de la perte des CC, une res-
cobayes adultes [46]. Le nombre de néoformées n’expriment pas leur tauration physiologique semble pos-
CS entrées dans le cycle cellulaire est conductance potassique spécifique à sible, mais uniquement par adminis-
également insuffisant pour expliquer rectification différée et ont plutôt les tration d’un cocktail de facteurs
la régénération des CC [47]. Enfin, propriétés physiologiques de CC2 trophiques. Dans ce cas, le réflexe
dans des utricules lésés, des cellules [41]. Ainsi, à l’inverse des nouvelles vestibulo-oculaire est recouvré en
intermédiaires entre les CS et CC CC2, les nouvelles CC1 ne sont pas une centaine de jours [54].
sont présentes à des degrés variés de fonctionnellement mûres ; elles
conversion [47]. Ces cellules repo- nécessitent peut-être une période de Conclusions
sent sur la lame basale, mais possè- régénération plus longue pour recou-
dent un domaine apical doté d’une vrer leur profil électrophysiologique. La mise en évidence des cascades
touffe de stéréocils immatures. Le La capacité de récupération fonction- moléculaires et des mitogènes impli-
taux de maturation des stéréocils est nelle a également été testée in vivo qués dans la régénération des cel-
inversement proportionnel à l’éten- chez le poulet, par la mesure du lules sensorielles vestibulaires ouvre
due du contact avec la lame basale. potentiel d’action du nerf vestibulaire la voie à des approches thérapeu-
Quel que soit le degré de transdiffé- [50]. Après administration de strepto- tiques, permettant la reconstitution
renciation, toutes les cellules en mycine, l’activité du nerf est abolie. des épithéliums de l’oreille interne
conversion sont innervées, et les La sensibilité du nerf est d’abord res- provoquées par des lésions patholo-
contacts fibres/cellules présentent taurée avec un retour du seuil d’exci- giques ou ototoxiques. Cependant, la
des signes de synaptogenèse [47]. tabilité au niveau normal au bout perte des informations vestibulaires
Enfin, il se pourrait que la transdiffé- d’une vingtaine de jours. En périphériques peut être largement
renciation soit un processus majeur revanche, les ondes du potentiel suppléée par une compensation
de la régénération des CC chez les d’action composé ne réapparaissent d’origine centrale, alors que la des-
mammifères, puisqu’il a été jusqu’à qu’après soixante jours [50]. Une truction de l’épithélium cochléaire
présent impossible de mettre en évi- récupération comparable est obser- est, pour l’instant, irréversible et
dence des noyaux de CC de mammi- vée chez le pigeon, chez lequel les entraîne des déficits auditifs incu-
fères ayant incorporé des marqueurs décharges des afférences primaires rables. L’intérêt majeur des avancées
de prolifération (figure 2, modèle B). retournent à la normale une centaine concernant les épithéliums vestibu-
D’autant plus qu’une diminution de jours après la lésion [51]. Ceci sug- laires réside donc davantage dans la
transitoire de la population de CS gère une reconnexion synaptique possibilité de définir des stratégies de
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