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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 20-020-A-10

20-020-A-10

Anatomie de l’oreille interne


JP Sauvage R é s u m é. – L’oreille interne est profondément enfouie au sein de l’os temporal. Elle
S Puyraud comporte un labyrinthe osseux protégeant un labyrinthe membraneux. Le labyrinthe
O Roche membraneux est un long tube épithélial différencié par endroits en structures sensorielles : le
A Rahman canal cochléaire dévolu à l’audition et l’organe vestibulaire formé du saccule, de l’utricule et
des canaux semi-circulaires dévolus à l’équilibration. Entouré de périlymphe, le labyrinthe
membraneux est lui-même rempli d’endolymphe. La microcirculation labyrinthique est à
l’origine des fluides de l’oreille interne. Les réseaux capillaires sont denses, particulièrement
au niveau de la strie vasculaire. Ils proviennent de la branche labyrinthique de l’artère
cérébelleuse antéro-inférieure. L’artère cochléaire alimente de multiples réseaux spécifiques
pour chaque structure cochléaire. La microcirculation vestibulaire est moins complexe,
suivant les nerfs destinés à chaque structure vestibulaire. De type terminal, la
vascularisation labyrinthique, dont la physiologie est encore mal connue, n’atteint pas
directement les cellules sensorielles. Celles-ci sont donc en grande partie tributaires de
l’équilibre hydroélectrolytique des fluides labyrinthiques.
© 1999, Elsevier, Paris.

Introduction
Labyrinthe postérieur Labyrinthe antérieur
L’oreille interne, ou labyrinthe, est située au sein de la pyramide pétreuse de
l’os temporal. Elle comporte un ensemble de cavités osseuses, ou labyrinthe Canaux semi-circulaires
osseux, contenant des structures tubulaires formant le labyrinthe
membraneux. Au sein de ce dernier se trouvent l’organe sensoriel cochléaire Vestibule Cochlée
destiné à l’audition et les capteurs sensitifs vestibulaires spécialisés dans la
détection des accélérations angulaires et linéaires de la tête.

Labyrinthe osseux
Il dérive de la couche périostique interne de la capsule otique. C’est une
coquille d’os dur et compact, formant le vestibule, les canaux semi-circulaires
et la cochlée (fig 1). Deux canaux issus du labyrinthe osseux rejoignent les
VII
enveloppes cérébrales : les espaces sous-arachnoïdiens pour l’aqueduc du
limaçon et la dure-mère pour l’aqueduc du vestibule.

Vestibule a
C’est la cavité centrale du labyrinthe osseux placée entre l’oreille moyenne et
le fond du conduit auditif interne. De forme ovoïde, aplatie transversalement,
ses dimensions sont de 5 mm pour la longueur et de 5 mm pour la hauteur. La b
largeur au centre est de 3 mm, mais en périphérie, elle n’est que de 1,5 mm.
Le vestibule répond à la moitié postérieure du fond du conduit auditif interne 1 Vue latérale du labyrinthe osseux réduit à la capsule otique.
(fig 2). Son axe longitudinal fait approximativement un angle de 45° avec a. Fenêtre ovale ; b. fenêtre ronde ; VII. aqueduc de Fallope sectionné au niveau de sa
l’axe du conduit auditif interne (en réalité, 53°). première portion.
Schématiquement, on lui décrit une paroi latérale et une paroi médiale,
réunies en haut, en avant, en arrière et en bas par des parois plus étroites
(fig 3). Si on réalise une section de l’os temporal perpendiculaire au bord postérieur
du rocher et partageant la fenêtre ovale en deux moitiés, antérieure et
postérieure, on obtient une moitié latérale et postérieure presque entièrement
occupée par les orifices des canaux semi-circulaires et une moitié médiale et
antérieure, sorte de crible à travers lequel passent les ramifications du nerf
Jean-Pierre Sauvage : Chef de service. vestibulaire se dirigeant vers le conduit auditif interne.
Stéphane Puyraud : Chef de clinique.
Olivier Roche : Chef de clinique.
Abdel Rahman : Attaché des Hôpitaux. Paroi latérale (fig 3, 4)
Service d’oto-rhino-laryngologie, centre hospitalier universitaire Dupuytren, 2, avenue Martin-
Luther-King, 87042 Limoges cedex, France. Fortement convexe, elle comporte trois orifices :
© Elsevier, Paris

– la fenêtre ovale : située sur la partie antéro-inférieure de la paroi, elle est à


Toute référence à cet article doit porter la mention : Sauvage JP, Puyraud S, Roche O et cheval sur la paroi latérale et la paroi inférieure et regarde en bas, en avant et
Rahman A. Anatomie de l’oreille interne. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Oto-rhino- en dehors. En « gueule de four », elle est obturée par la platine de l’étrier
laryngologie, 20-020-A-10, 1999, 16 p.
attachée par le ligament annulaire ;
20-020-A-10 ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE Oto-rhino-laryngologie

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na m 4 Coupe verticale du rocher droit dans le plan du canal semi-circulaire supérieur (seg-
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i-c tre 1. Canal semi-circulaire supérieur ; 2. ouverture du canal semi-circulaire postérieur dans la
irc us
ul crus commune ; 3. orifice ampullaire du canal semi-circulaire postérieur ; 4. crête ampullaire
ai e
re inférieure ; 5. orifice postérieur du canal semi-circulaire latéral ; 6. crête séparant l’orifice
antérieur du canal latéral de l’ampoule du canal semi-circulaire supérieur ; 7 : aqueduc de
Fallope ; 8. bord postérieur de la fenêtre ovale ; 9. lame spirale secondaire ; 10 : ouverture
de la niche de la fenêtre ronde ; 11. aqueduc du vestibule, portion ascendante.
2 Orientation des éléments du labyrinthe osseux par rapport à l’axe de la pyramide
pétreuse et l’axe sagittal du crâne [5]. translabyrinthique postérieure, car en avant d’elle se trouve la première
1.Vestibule ; 2. cochlée ; 3. canal semi-circulaire postérieur ; 4. canal semi-circulaire latéral ;
5. les deux orifices du canal semi-circulaire supérieur ; 6. tête du marteau ; 7. corps de
portion du nerf facial, seulement séparée d’elle par les fibres ampullaires du
l’enclume. nerf utriculoampullaire ;
– en arrière, l’orifice commun au canal semi-circulaire supérieur et au canal
semi-circulaire postérieur s’ouvre juste au-dessus de l’orifice non ampullaire
17 du canal semi-circulaire latéral, séparé de lui par une crête souvent très
14 marquée.

Paroi postérieure
Elle est également très étroite. À son extrémité inférieure se trouve l’orifice
ampullaire du canal semi-circulaire postérieur. Cet orifice occupe l’angle de
la paroi postérieure avec la paroi latérale et la paroi inférieure. Souvent
16 profondément creusé dans l’épaisseur de la paroi postérieure, il reste bien
15 séparé de la paroi inférieure par la crête ampullaire inférieure. Évasé, l’orifice
2 ampullaire du canal semi-circulaire postérieur constitue le point déclive du
13 vestibule. Ce fait a pu expliquer que les otolithes détachés des macules,
1 spontanément ou après un traumatisme, puissent se déposer contre la cupule
6 12
3 du canal postérieur (théorie de la cupulolithiase). Sur la face médiale de
11 l’orifice, existent de petits pertuis constituant la tache criblée inférieure,
4 10 livrant passage aux filets du nerf ampullaire postérieur.
7- 8 9
5 Paroi médiale (fig 5)
Elle est occupée par plusieurs fossettes séparées par des crêtes :
– la fossette hémisphérique est la plus volumineuse et la plus marquée. Elle
est située à la partie antérieure et inférieure de la paroi. Elle reçoit le saccule.
Son fond est perforé de multiples petits pertuis constituant la tache criblée
3 Vue schématique du labyrinthe osseux et constitution du plancher du vestibule. moyenne qui laisse passer les filets sacculaires du nerf vestibulaire inférieur ;
1. Fenêtre ovale ; 2. inflexion de la lame spirale ; 3. orifice ampullaire du canal semi-circulaire – la crête du vestibule borde la fossette hémisphérique en haut et en arrière.
postérieur ; 4. fenêtre ronde ; 5. cavité sous-vestibulaire ; 6. partie de la lame spirale formant
le plancher du vestibule ; 7. lame spirale secondaire ; 8. fente vestibulotympanique ; En avant, elle se prolonge sur la paroi antérieure pour constituer une petite
9. rampe tympanique ; 10. lame spirale secondaire ; 11. lame spirale ; 12. rampe vestibu- épine saillante longue parfois de 1 à 2 mm : la pyramide du vestibule. En bas
laire ; 13. orifice vestibulaire du limaçon ; 14. canal semi-circulaire postérieur ; 15. canal et en arrière, la crête du vestibule s’incurve pour rejoindre la paroi inférieure.
semi-circulaire latéral ; 16. orifice ampullaire du canal semi-circulaire latéral ; 17. canal Le repère de la crête vestibulaire est constitué par une ligne horizontale
semi-circulaire supérieur.
passant par la lèvre supérieure de la fenêtre ovale. Ceci explique que, dans la
voie translabyrinthique antérieure, c’est la fossette hémisphérique qui est
– l’orifice antérieur ampullaire du canal semi-circulaire latéral : il occupe aperçue en premier lorsque la fenêtre ovale et la fenêtre ronde sont réunies à
l’angle antérosupérieur. Il est situé à 1 mm au-dessus de la fenêtre ovale et la fraise ;
séparé d’elle par un espace qui répond à la deuxième portion de l’aqueduc de – la fossette ovoïde est elliptique à grand axe horizontal. Elle se trouve au-
Fallope ; dessus de la crête du vestibule. Elle est séparée de l’orifice ampullaire du canal
– l’orifice postérieur non ampullaire du canal semi-circulaire latéral : il est semi-circulaire supérieur par une crête bien marquée : la crête ampullaire
placé dans l’angle postérosupérieur, mais à un niveau légèrement plus bas que supérieure. Elle reçoit l’utricule. La moitié antérieure de la fossette ovoïde
son orifice ampullaire. Il regarde franchement en arrière. est occupée par un ensemble de petits pertuis qui occupent également la
pyramide en constituant la tache criblée supérieure. Par ces orifices passent
les branches du nerf utriculoampullaire (nerf vestibulaire supérieur) destinées
Paroi supérieure à l’utricule et aux canaux latéral et supérieur ;
Étroite en avant, plus large en arrière, elle est presque entièrement occupée à – la fossette sulciforme est à la limite postérieure de la fossette ovoïde. Elle
ses deux extrémités par deux orifices à cheval sur la face latérale : constitue une petite gouttière verticale, à la partie supérieure de laquelle
– en avant, l’orifice ampullaire du canal semi-circulaire supérieur, contigu à s’ouvre un canal osseux : l’aqueduc du vestibule ;
l’orifice ampullaire du canal latéral dont il est séparé par une arête vive. Cette – la fossette cochléaire est en partie sur la paroi médiale et en partie sur la
arête doit être conservée le plus longtemps possible dans la voie paroi inférieure. Elle se situe entre la crête ampullaire inférieure en arrière et

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Oto-rhino-laryngologie ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE 20-020-A-10

détachée de la paroi latérale. Entre le bord libre de la lame spirale et la lame


Ht spirale accessoire, existe un petit hiatus en forme de faucille : la fente
Av vestibulotympanique. Celle-ci est obturée à l’état frais par une lame fibreuse.
1 Ainsi sont hermétiquement séparés le vestibule et la cavité sous-vestibulaire.
2 La lame spirale s’étend ensuite vers l’avant et plonge vers le bas en limitant
6 en arrière l’orifice vestibulaire du limaçon. Elle se poursuit sur toute la
8 longueur de la cochlée.
4
5 Canaux semi-circulaires osseux
Arr 7
9 Il y a trois canaux semi-circulaires : latéral, supérieur et postérieur. Ils
10 occupent la partie postérosupérieure du labyrinthe. Chacun est formé par les
13 deux tiers d’un anneau creux dont la lumière est d’environ 0,8 mm. À
14 l’extrémité de chaque canal se trouve une dilatation : l’ampoule qui s’ouvre
12 directement dans le vestibule. L’ampoule contient l’épithélium sensitif
16
vestibulaire. Pour les canaux latéral et supérieur, les ampoules sont situées à
leur extrémité antérieure. Au contraire, l’ampoule du canal postérieur est
3
située à l’extrémité postérieure du canal. Les extrémités non ampullaires des
11 canaux supérieur et postérieur se réunissent pour former la crus commune.
15
Bas Orientation générale
L’orientation des trois canaux semi-circulaires se fait dans les trois plans
orthogonaux de l’espace. Il y a toutefois de grandes variations individuelles.
5 Coupe verticale du rocher droit dans le plan du canal semi-circulaire supérieur (seg- Schématiquement, les deux canaux latéraux droit et gauche sont dans un
ment antérieur de la coupe).
1. Canal semi-circulaire supérieur ; 2. crus commune et sa division ; 3. ampoule du canal
même plan, faisant avec le plan de Francfort un angle de 30° ouvert en avant.
semi-circulaire postérieur ; 4. crête du vestibule ; 5. pyramide ; 6. fossette ovoïde ; Ainsi, ils reviennent dans un plan parfaitement horizontal lorsqu’à la marche,
7 : fossette hémisphérique ; 8. nerf facial ; 9. bord antérieur de la fenêtre ovale ; 10. coupe le regard se porte sur le sol à quelques mètres devant soi. Ils déterminent le
du promontoire ayant ouvert le premier tour de spire de la cochlée ; 11. orifice de l’aqueduc plan physiologique de la tête, ou plan orthovestibulaire.
du vestibule et gouttière sulciforme ; 12. fossette cochléaire ; 13. lame spirale ; 14. rebord
postéro-inférieur de la fenêtre ronde ; 15. aqueduc du vestibule (portion ascendante) ; Les autres canaux dits verticaux (supérieur et postérieur) sont dans des plans
16. crête ampullaire inférieure. perpendiculaires au précédent. De façon grossière, on peut considérer que
chaque canal antérieur est situé dans le même plan que le canal postérieur du
côté opposé. Ils sont donc stimulés simultanément lorsque la bascule de la tête
se fait dans leur plan : c’est-à-dire bascule du corps en arrière, la tête étant
Av tournée de 45° soit à droite, soit à gauche (manœuvre de Dix et Hallpike).
Canal semi-circulaire latéral
C’est le plus court : 15 mm. Son arc à convexité latérale et postérieure
2 détermine sur la paroi médiale du seuil de l’aditus une saillie lisse et arrondie
1 située juste au-dessus et en arrière du canal facial.
3
11 Canal semi-circulaire supérieur
6 Il mesure 16 mm de long. C’est un véritable arceau planté verticalement sur
5 le vestibule dans un plan pratiquement perpendiculaire au grand axe du
4 rocher. La convexité du canal antérieur s’oriente selon un axe faisant 60° avec
G 12 l’axe du conduit auditif interne. La classique saillie de l’eminentia arcuata,
8 située sur la face antérosupérieure du rocher, ne répond pas au canal antérieur
10 mais à une empreinte en regard d’un sillon cérébral.
7
Canal semi-circulaire postérieur
9
C’est le plus long des canaux : 20 mm, et aussi le plus profond. Il forme une
Arr boucle presque complète. Son plan est vertical et presque parallèle à l’axe du
D rocher. L’ampoule répond latéralement au sinus tympani de l’oreille
6 Coupe horizontale du rocher droit dans le plan du canal semi-circulaire latéral (segment moyenne.
inférieur de la coupe).
1. Aqueduc de Fallope ; 2. cochlée ; 3. conduit auditif interne ; 4. fin de la lame spirale et
plancher du vestibule ; 5. fenêtre ovale ; 6. fossette hémisphérique ; 7. orifice ampullaire du Cochlée
canal semi-circulaire postérieur ; 8. lame spirale secondaire ; 9. canal semi-circulaire
postérieur ; 10. canal semi-circulaire latéral ; 11. orifice vestibulaire du limaçon ; 12. fente Configuration générale
vestibulotympanique.
La cochlée osseuse (fig 7) est située juste en avant du vestibule. Sa forme
extérieure ressemble à une coquille d’escargot, d’où son nom : le limaçon. En
un prolongement de la crête du vestibule en avant. Elle reçoit la partie caudale fait, c’est un tube osseux ou tube limacéen, long de 30 mm et de 1 à 2 mm de
du canal cochléaire. Dans la voie translabyrinthique antérieure, cette fossette diamètre. Il est enroulé autour d’un axe appelé columelle ou modiolus. Le
n’est bien visible que lorsque le promontoire est largement évidé. tube limacéen comprend deux tours et demi d’hélice. Chaque tour de spire
s’accole au précédent pour constituer la cloison spirale, dense mais fine, qui
Paroi antérieure se termine au sommet par un bord libre : le pilier. Le mur externe apparent du
Très étroite (2 mm), elle reçoit l’épine de la pyramide du vestibule qui tube constitue la lame des contours. La hauteur de la cochlée ne dépasse pas
prolonge la crête du vestibule. La paroi antérieure répond en haut à l’aqueduc 5 à 6 mm et son diamètre à la base est de 9 mm.
de Fallope qui la contourne, et en bas à la base du limaçon qui fait corps avec La nomenclature dans la cochlée se définit par rapport au modiolus qui est
elle. supposé debout. Ainsi, les spires sont basales et apicales et se terminent par le
sommet ou dôme. Tout ce qui est près du modiolus est dit interne et tout ce qui
Paroi inférieure (fig 6) s’en éloigne est dit externe.
En fait, le modiolus est un cône couché dont l’axe presque horizontal est
En forme de gouttière, elle est située dans le prolongement de la fenêtre ovale oblique en avant et latéralement. Son sommet est en rapport avec le
située juste au-dessus. En avant se trouve l’orifice vestibulaire du limaçon. protympanum et sa base excavée constitue la fossette cochléaire occupant la
En arrière de l’orifice du limaçon, la paroi inférieure est complétée sur ses partie antéro-inférieure du fond du conduit auditif interne. Cette fossette est
trois quarts médiaux par la portion vestibulaire horizontale terminale de la occupée par une série d’orifices disposés dans une double spirale
lame spirale qui rejoint la crête ampullaire inférieure. Le bord médial de la correspondant à la projection de l’hélice limacéenne (crible spiroïde). Après
lame spirale s’implante sous la fossette hémisphérique. Son bord latéral reste un tour et demi, le crible se termine en son sommet par un orifice un peu plus
libre. Le quart latéral restant est constitué par la lame spirale accessoire large d’où naît le canal central de la columelle.

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1
2
2 7
3
4

1 5
Columelle
(modiolus) 6 lame spirale
D
A B C

Spirale Radiale} Directions


7 Configuration de la cochlée osseuse.
A. Columelle (modiolus).
1 B. Tube limacéen.
1. Tube limacéen ; 2. coupole.
2 C. Lame des contours et canaux du modiolus.
BASE MODIOLUS APEX 1. Canaux longitudinaux de la columelle ; 2. canal
central de la columelle ; 3. crible spiroïde ; 4. canal
3 spiral de Rosenthal ; 5. cloison spirale ; 6. lame des
contours ; 7. pilier.
D. Lame spirale.
interne médial
}
4 E. Rampes intracochléaires.
rapports 1. Hélicotréma ; 2. crochet (hamulus lamina spiralis) ;
3. rampe vestibulaire ; 4. rampe tympanique
E externe latéral F F. Nomenclature des rapports au sein de la cochlée.

Tube limacéen
Il comprend deux segments : le segment non enroulé et le segment enroulé.
Le segment initial non enroulé est rectiligne (hook des Anglo-Saxons). Long
de 4 à 5 mm, il est placé sous le vestibule où il forme la cavité sous-
vestibulaire (fig 4). Celle-ci se termine en arrière par un cul-de-sac au fond 3
duquel s’ouvre la fenêtre ronde. La cavité sous-vestibulaire représente 1
l’extrémité de la rampe tympanique de la cochlée. Sur sa face médiale, près
de la membrane de la fenêtre ronde, s’ouvre l’orifice de l’aqueduc du limaçon.
Le segment enroulé continue le précédent par un premier tour (spire basale)
qui s’engage sous le conduit auditif interne en formant la saillie du
promontoire sur la face interne de la caisse du tympan. Puis il passe en avant
du conduit auditif interne, puis au-dessus et se termine à 1,5 mm en avant et
en dedans de la commissure antérieure de la fenêtre ovale séparé du vestibule
par la première portion du nerf facial. Le deuxième tour se place en avant du 2
premier et le troisième tour, incomplet (un demi-tour), se termine par la
coupole.

Lame spirale
C’est une lame osseuse détachée de la columelle. Elle fait saillie dans le tube 1
du limaçon sans le cloisonner complètement. À l’état frais, elle est complétée
par la membrane basilaire s’insérant sur le bord libre de la lame spirale. Ainsi
sont séparées deux rampes : la rampe vestibulaire placée vers l’apex et la
rampe tympanique placée vers la base.
Au niveau du pilier, la lame spirale se termine par un bord libre en forme de 3
crochet (hamulus lamina spiralis). Ce bord libre forme avec la voûte de la 8 Canal de Rosenthal après
2
coupole un passage, l’helicotrema, qui fait communiquer la rampe ablation de la paroi osseuse ex-
tympanique et la rampe vestibulaire. terne d’après L Testut [17].
1. Canal spiral de Rosenthal ;
Dans la portion non enroulée, la lame spirale se recourbe d’abord en haut, puis 2. canal longitudinal de la colu-
en arrière pour former les trois quarts médiaux de la face inférieure du melle ; 3. canal afférent de la
vestibule et s’insérer en arrière sur la crête ampullaire inférieure. lame spirale.

Système canaliculaire du limaçon


au fur et à mesure de sa progression vers le sommet de fins canalicules
La columelle contient de nombreux petits canaux longitudinaux naissant de afférents qui proviennent de l’épaisseur de la lame spirale et s’ouvrent au bord
chaque orifice du crible spiroïde et rejoignant la base d’implantation de la libre de cette dernière. Il loge le ganglion spiral de Corti.
lame spirale. Ils contiennent les rameaux du nerf cochléaire. Les canaux les
plus internes livrent passage à des filets nerveux allant vers la partie apicale
de la cochlée. Les canaux les plus externes sont destinés à la partie basale. Le
Aqueduc vestibulaire
canal central de la columelle le plus large suit l’axe du limaçon vers l’apex. Ce canal (fig 9) s’étend du vestibule (où il naît du fond de la fossette
sulciforme) à la face postérieure du rocher. Son trajet intrapétreux, long de
Canal spiral de Rosenthal 8 mm, se divise en deux parties :
C’est un conduit de 1 à 2/10 de millimètre, creusé dans la portion périphérique – d’abord ascendant, il s’élève en formant un isthme long de 1,5 mm ;
de la columelle, juste en regard de la zone d’insertion de la lame spirale (fig 8). – puis sa partie distale se porte franchement en arrière, vers le sinus sigmoïde,
Ainsi, il décrit deux tours complets de spire et se termine au sommet en se pour s’ouvrir à la face postérieure de la pyramide pétreuse au niveau de la
réunissant au canal central de la columelle. Le canal spiral de Rosenthal reçoit fossette unguéale. Cette fossette n’est le plus souvent qu’une fente. L’orifice

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2 6
2'
7

3
4 1
2
8

17
16
3

A
9 Vue postéro-inférieure du labyrinthe osseux : aqueduc du limaçon et canal et sac
endolymphatique (côté droit). 9
1. Canal endolymphatique ; 2. fossette unguéale ; 2’. sac endolymphatique ; 3. orifice de 12
l’aqueduc du limaçon à la face médiale de la cavité sous-vestibulaire ; 4. aqueduc du
limaçon ; 5. orifice inférieur de l’aqueduc du limaçon ; 6. fosse jugulaire. 14
2
11
de l’aqueduc est situé à 1 cm en arrière du porus du conduit auditif interne, à 15
égale distance entre celui-ci et le sinus sigmoïde. Il contient le sac 10
endolymphatique. 4
6
Aqueduc du limaçon
13
Son orifice est situé sur la paroi médiale de la portion non enroulée du limaçon 3
à 1 mm en avant de la fenêtre ronde.
Son canal, long de 10 à 13 mm, se dirige en arrière, en dedans et en bas,
chemine sous l’ampoule du canal postérieur, puis parallèlement au bord
inférieur du conduit auditif interne. Il se termine à la face inférieure de la 5
pyramide pétreuse par un orifice évasé de 4 mm situé au sommet d’une 16
dépression triangulaire placée entre la fosse jugulaire en arrière et le canal
carotidien en avant.
Il est annexé au système périlymphatique, le faisant communiquer avec
l’espace sous-arachnoïdien chez certaines espèces [12]. Chez l’homme, il serait B
obturé par du tissu fibreux. Sa perméabilité anormale expliquerait que
certaines oto- ou rhinoliquorrhées cérébrospinales puissent survenir après une 10 Labyrinthe membraneux.
A. Vue antérieure.
fracture de la paroi latérale du vestibule ou après stapédectomie (oreille B. Vue postérieure.
« geyser »). 1. Ductus reuniens ; 2. saccule ; 3. cæcum cochléaire ; 4. canal endolymphatique ;
5. branches utriculaire et sacculaire du canal endolymphatique ; 6. sac endolympha-
tique ; 7. utricule et sa macule (en bleu sur le schéma) ; 8. macule du saccule ; 9. canal
semi-circulaire supérieur ; 10. canal semi-circulaire postérieur ; 11. canal semi-
Labyrinthe membraneux circulaire latéral ; 12. ampoule du canal semi-circulaire supérieur ; 13. ampoule du
canal semi-circulaire postérieur ; 14. ampoule du canal semi-circulaire latéral ;
Il est constitué de l’agencement complexe d’un long tube d’origine 15. crus commune ; 16. canal cochléaire ; 17. nerf cochléaire.
épithéliale.
Il comporte (fig 10) : Paroi supérieure ou vestibulaire
– le labyrinthe antérieur, destiné à l’audition, comprenant le canal Elle est encore appelée membrane de Reissner et sépare le canal cochléaire
cochléaire ; de la rampe vestibulaire.
– le labyrinthe postérieur, destiné à l’équilibration, comprenant l’utricule, le
saccule, les canaux semi-circulaires et le système endolymphatique. Paroi externe
Le labyrinthe membraneux contient l’endolymphe. Entre le labyrinthe Elle est formée par le ligament spiral. Celui-ci représente une zone
membraneux et le labyrinthe osseux, se situe un deuxième compartiment d’adhérence entre le canal cochléaire et l’endoste du limaçon. À ce niveau
liquidien : la périlymphe. existe une trame fibreuse conjonctive constituant une véritable éponge
imprégnée de périlymphe. De haut en bas, la face interne du ligament spiral
Canal cochléaire est marquée par quatre reliefs :
– la crête où s’insère la membrane de Reissner ;
C’est un tube long de 30 mm qui comporte deux segments : – la strie vasculaire, seul épithélium vascularisé de l’organisme constitué par
– le premier (lagaena) est court et se termine en arrière par un cul-de-sac un épaississement de la paroi latérale lié à la présence de nombreux vaisseaux.
(cœcum cochleare) logé au niveau de la fossette cochléaire. Sa face inférieure Ce serait le lieu principal supposé de la sécrétion d’endolymphe ;
isole le vestibule de la cavité sous-vestibulaire en fermant la fente – le bourrelet spiral soulevé par un canal veineux ;
vestibulotympanique. De sa face supérieure naît le ductus reuniens de Hensen
qui fait communiquer le canal cochléaire avec le saccule ; – la crête basilaire où s’insère la membrane basilaire.
– le deuxième segment continue le précédent en avant. Il est long et s’enroule Paroi inférieure
dans le limaçon osseux en comblant l’espace compris entre le bord libre de la
lame spirale et la partie correspondante de la lame des contours. En coupe, il Elle sépare le canal cochléaire de la rampe tympanique. Elle est constituée
est prismatique et comporte trois faces : supérieure, externe et inférieure par la membrane basilaire tendue entre la lame spirale osseuse et la crête
(fig 11). basilaire du ligament spiral. Ainsi, la membrane basilaire, longue de 33 mm,

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20-020-A-10 ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE Oto-rhino-laryngologie

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7 3
a 6
b 2
1
9
e 2
3 4
5
7
9
6 5
8
11 8
d c 10 10
12 Organe de Corti.
1. Sillon spiral interne ; 2. cellules ciliées externes ; 3. cellule ciliée interne ; 4. cellule de
Deiters ; 5. membrane basilaire ; 6. phalange des cellules de Deiters ; 7. cellules de
11 Canal cochléaire. Hensen ; 8. piliers ; 9. tunnel de Corti ; 10. espace de Nuel.
a. Rampe vestibulaire ; b. canal cochléaire (scala media) ; c. rampe tympanique ;
d. ganglion spiral ; e. membrane de Reissner ; 1. limbus spiralis ; 2. sillon spiral interne ;
3. membrane tectoriale ; 4. strie vasculaire ; 5. bourrelet spiral ; 6. sillon spiral externe ;
7. ligament spiral ; 8. membrane basilaire ; 9. tunnel de Corti ; 10. lame spirale ; 11. nerf Cellules de soutien
cochléaire.
Elles supportent les cellules sensorielles.
Des cellules de soutien entourent complètement les cellules ciliées internes.
parcourt toute la cochlée en augmentant progressivement de largeur depuis la Les cellules de Deiters reposent sur la membrane basilaire. Leur pôle
base jusqu’à l’apex. Sur la membrane basilaire se pose l’organe de Corti, supérieur déprimé en cupule reçoit et ancre solidement la base des cellules
recouvert par la membrane de Corti.
ciliées externes. Leur apex émet un prolongement (phalange) dont l’extrémité
supérieure s’élargit en plateau et comble les espaces en « haltère » séparant
Organe de Corti (fig 12, 13) les cellules ciliées.
C’est l’élément sensoriel où sont situés les récepteurs de l’audition. Il repose Les cellules de Hensen sont placées en dehors des cellules de Deiters et
sur la membrane basilaire entre deux sillons : le sillon spiral interne et le sillon tapissent la lèvre interne du sillon spiral externe.
spiral externe. Il comporte plusieurs systèmes de cellules et structures. Les piliers forment deux rangées de cellules qui s’écartent à leur base et se
rejoignent à leur sommet en délimitant le tunnel de Corti contenant la
Cellules sensorielles cortilymphe.
– Trois rangées de cellules ciliées externes surmontées par des stéréocils Enfin, l’ensemble des pôles supérieurs des cellules ciliées externes, des
disposés comme des tuyaux d’orgue et rangés selon un W ouvert vers le phalanges des cellules de Deiters et des apex élargis en plateau des piliers,
modiolus. Ces cellules auraient des propriétés contractiles. toutes cellules reliées par des jonctions serrées, forment la membrane
– Une seule rangée de cellules ciliées internes. réticulaire. Cette membrane isole le compartiment endolymphatique du canal

13 Vues de l’organe de Corti. (cliché du Pr R Pujol, Inserm, université Montpellier II).


A. Technique de fracture en microscopie à balayage (cobaye) de la membrane tectoriale qui
a été enlevée ; il ne reste que le filet marginal (bande blanche à l’extérieur des cellules ciliées
externes). La surface avec les stéréocils des cellules ciliées est visible : une rangée de
stéréocils des cellules ciliées internes et trois rangées pour les cellules ciliées externes. On
voit aussi l’intérieur de l’organe de Corti traversé par les fibres nerveuses. Échelle : 20 µm.
B. Sections transversales de l’organe de Corti au niveau du tour basal (technique en contraste
de Nomarski).
C. Sections transversales de l’organe de Corti au niveau du troisième tour. (technique en
contraste de Nomarski).

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Oto-rhino-laryngologie ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE 20-020-A-10

200µm 1
4
400µm
côté côté
utriculaire canalaire

740µm
360µm
300µm

2
3

14 A. Crête ampullaire.
1. Cupule ; 2. sillon ampullaire ; 3. nerf ampullaire ; 4. épithélium sensoriel.
B. Faisceau de stéréocils à la surface de la crête ampullaire lorsque la cupule a été arrachée.
Fœtus humain. Microscopie à balayage (cliché Pr Alain Sans, unité 432 Inserm, université
Montpellier II).
B

cupule ou membrane 1
otoconiale

2
9
8
3
10

6
4
7
5

15 Ampoule latérale et su-


périeure chez le chat avec le
nerf ampullaire et le départ du
canal semi-circulaire corres-
pondant (cliché du Pr Alain 16 Deux types de cellule ciliée [11]. À gauche, cellule de type I. À droite, cellule de type II.
Sans, unité 432 Inserm, uni- Les flèches indiquent les deux types de rétrocontrôle : soit boucle longue impliquant les
versité Montpellier II). fibres efférentes (flèches noires), soit boucle courte (flèches rouges) gagnant l’apex par le
calice enserrant la cellule de type I.
1.Cupule ou membrane otoconiale ; 2. actine + fodrine ; 3. zone réticulaire ; 4. cellule de
cochléaire du compartiment périlymphatique. En effet, la cortilymphe soutien ; 5. rétrocontrôle ; 6. boucle courte ; 7. boucle courte ; 8 : anneau d’actine ;
contenue dans le tunnel de Corti et les espaces de Nuel est de composition 9 : actomyosine ; 10 : jonctions adhérentes et étanches.
peu différente de la périlymphe.
Labyrinthe membraneux postérieur
Fibres nerveuses Il comprend les canaux semi-circulaires, l’utricule, le saccule et les voies
Elles gagnent ou quittent l’organe de Corti par l’habenula perforata au travers endolymphatiques.
de la membrane basilaire [16]. Canaux semi-circulaires
Membrane tectoriale (membrana tectoria) Ce sont trois tubes membraneux parcourant les canaux osseux correspondants
auxquels ils sont accolés par leur bord périphérique. Ils occupent moins du
Acellulaire, elle est constituée par une couche superficielle fibreuse et une tiers de leur diamètre.
couche profonde gélatineuse. On peut la diviser en trois segments [7] : Chaque canal possède une membrane propre formée de conjonctif sur laquelle
– le segment interne, qui repose sur les cellules interdentales situées en repose une membrane basale supportant elle-même des cellules épithéliales
dedans du sillon spiral interne. Ces cellules, qui lui donneraient naissance, de type pavimenteux.
reposent sur le limbus spiralis ; Les ampoules sont des dilatations membraneuses occupant l’ampoule osseuse
– le segment moyen, le plus large, recouvre l’organe de Corti qui y détermine correspondante (fig 14, 15). Chaque ampoule possède un sillon constitué par
des reliefs linéaires : la ligne de Hensen (Hensen strip), située au contact des un repli transversal de l’épithélium formant une saillie intraluminale appelée
cellules ciliées internes. En dehors, les trois rangées de cellules ciliées crête ampullaire. C’est par le sillon que pénètrent les fibres nerveuses. Chaque
externes déterminent trois profondes lignes d’empreintes correspondantes. Il crête est recouverte par un neuroépithélium comportant deux types de cellules
y aurait à ce niveau des points d’ancrage de la membrana tectoria ; (fig 16) :
– le segment externe est au contact des cellules de Deiters et des cellules de – les cellules de type I, de forme évasée, sont englobées dans une terminaison
Hensen (filet marginal). nerveuse afférente épanouie en calice. L’apex de la cellule comporte un

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1
7
8 6
9

5
4
3
2

17 A. Macule otolithique et otolithes humains (d’après David J Lim Ann ORL 1984 : 93,
4 supplt 112 part 2, 17-24).
1. Striola ; 2. membrane basale ; 3. cellule de soutien ; 4. cellules ciliées type I ;
5. cellules ciliées type 2 ; 6. membrane otolithique ; 7. otolithes ; 8. couche gélatineuse ;
9. maillage sous-membranaire. Trait rouge : striola.
B. Otolithes humains.

anneau d’actine et d’actinomyosine possédant des propriétés contractiles. La


contraction de l’apex est commandée par une boucle de rétrocontrôle courte
naissant à la base de la cellule et parcourant le calice ;
– les cellules de type II sont les plus anciennes dans la phylogénie.
Cylindrique, leur pôle basal est connecté à une terminaison afférente simple.
Chaque cellule comporte à son pôle apical une touffe de stéréocils dominée
par un kinocil plus long. Pour chaque ampoule, les stéréocils sont tous placés
du même côté du kinocil. Par exemple, pour le canal latéral, les kinocils sont
tous placés du côté vestibulaire. C’est l’inverse dans les ampoules antérieure
et postérieure. Kinocils et stéréocils sont enchâssés dans une membrane
amorphe barrant transversalement l’ampoule : la cupule. Celle-ci, fixée par
toutes ses faces aux parois de l’ampoule la ferme hermétiquement. Lors des
mouvements de la tête, les déplacements inertiels de l’endolymphe
déterminent un enfoncement de la cupule provoquant une flexion des kinocils
et des stéréocils. Une flexion en direction du kinocil induit une augmentation
de l’activité neuronale afférente, et inversement une flexion en sens inverse
induit une inhibition de cette activité.

Utricule
C’est une vésicule allongée dont l’extrémité antérieure arrondie est accolée
par sa face médiale à la fossette ovoïde. À ce niveau, l’utricule est fixé
solidement par du tissu conjonctif et les filets nerveux utriculaires.
Les canaux semi-circulaires débouchent dans l’utricule en deux groupes :
– les orifices ampullaires des canaux latéral et supérieur dans le plafond de
l’extrémité antérieure ;
– l’orifice non ampullaire du canal latéral, l’orifice commun au canal semi-
circulaire supérieur et au canal semi-circulaire postérieur et l’orifice 18 Utricule et crêtes latérale et supérieure d’un fœtus de 9 semaines. Microscopie à
ampullaire du canal postérieur dans l’extrémité postérieure. balayage. On distingue les cils sensoriels et sur la macule utriculaire des restes de
membrane otolithique (cliché Pr Alain Sans, unité 432 Inserm, université Montpellier II).
La branche utriculaire du canal endolymphatique s’ouvre au pôle postérieur.
La macule de l’utricule (fig 17, 18) représente la région sensorielle située sur
le plancher, en avant, en regard de la fossette ovoïde et dans un plan nerveux sacculaires. Il repose sur le plancher du vestibule et de son pôle
horizontal. Elle comprend : postéro-inférieur naît le canalis reuniens qui le relie au canal cochléaire. De
– l’épithélium sensoriel (neuroépithélium), qui contient les deux types de son pôle postéro-interne naît la branche sacculaire du canal endolymphatique.
cellules décrits plus haut. À la différence des crêtes ampullaires, il existe à la La macule du saccule est placée presque verticalement sur sa face médiale.
surface de la macule une ligne de partage dépourvue de cellules (striola) de La macule sacculaire a une structure analogue à la macule utriculaire.
laquelle le kinocil de chaque cellule est le plus proche alors que les stéréocils Toutefois, la striole y a une forme de L et pour chaque cellule, ce sont les
sont les plus éloignés ; stéréocils qui en sont les plus proches par rapport au kinocil.
– la membrane otolithique, disposée sur le neuroépithélium. Celle-ci
comporte trois couches : la couche des otolithes, la couche gélatineuse, la Canal et sac endolymphatiques
couche du maillage sous-membranaire. Les otolithes sont des formations
inertes, cylindriques, à extrémités polyédriques. Riches en carbonate de Le canal endolymphatique naît de la réunion de deux canalicules issus de
calcium (calcite), leur gravité spécifique est de 2,7. Les otolithes sont disposés l’utricule et du saccule. Dans la dénomination classique et internationale, le
sur une épaisseur d’environ 50 µm. La base de la couche des otolithes est canal utriculosacculaire (ductus utriculosaccularis) représente l’ensemble de
enchâssée dans la couche gélatineuse et le reste est englué dans une substance ces deux canaux.
gélatineuse faite de mucopolysaccharides neutres. Le maillage sous- Le segment utriculaire s’abouche dans l’utricule par une fente très mince
membranaire constitue un réseau fibrillaire formant un réseau dans les mailles après avoir longé la face médiale de l’utricule. Le repli membraneux ainsi
duquel pénètrent les extrémités des stéréocils. Ainsi, lors de l’inclinaison de constitué est parfois dénommé valvule de Bast (fig 19) et serait censé isoler
la tête, la membrane otolithique glisse sur le neuroépithélium et les stéréocils l’utricule du reste du labyrinthe.
subissent des déformations qui se traduisent soit par une excitation, soit par
une inhibition, à la manière du processus décrit pour la crête ampullaire. Canal endolymphatique

Saccule Il présente d’abord une première portion dilatée intravestibulaire : le sinus.


Puis, il se rétrécit au niveau de l’isthme en pénétrant dans l’aqueduc du
C’est une vésicule arrondie, sous-jacente à l’extrémité antérieure de vestibule. Enfin, le canal s’élargit à nouveau. Sur presque toute sa longueur, il
l’utricule, plus médiale et plus petite que lui. Placé contre la fossette est entouré de tissu conjonctif. L’épithélium qui le tapisse est variable :
hémisphérique, il est étroitement fixé par du tissu conjonctif et par les filets cubique ou pavimenteux selon les régions.

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Oto-rhino-laryngologie ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE 20-020-A-10

Nerf vestibulaire
5
Il se place en arrière du nerf cochléaire et se divise rapidement en trois
4
branches.
6
Nerf vestibulaire supérieur
3
Il se porte vers la fossette postérosupérieure du fond du conduit auditif interne
et s’engage dans les trous que présente cette fossette. Il pénètre dans le
8 vestibule par les trous de la tache criblée supérieure en se divisant en trois
rameaux :
1
7 – le nerf utriculaire, qui se rend à la macule utriculaire ;
– le nerf ampullaire supérieur, qui se distribue à la crête ampullaire du canal
2 semi-circulaire supérieur ;
– le nerf ampullaire latéral, qui se rend à la crête ampullaire du canal semi-
circulaire latéral.

Nerf vestibulaire inférieur


Il forme le nerf sacculaire. Sortant du conduit auditif par la fossette postéro-
inférieure, il entre dans le vestibule par les pertuis de la tache criblée moyenne
et se termine dans la macule du saccule.

19 Valvule de Bast (repli utriculo-endo-lymphatique). Nerf ampullaire postérieur


1. Utricule ; 2. saccule ; 3. canal endolymphatique ; 4. sac endolymphatique ; 5. dure-mère ; Il s’engage dans le foramen singulare de Morgagni, jusqu’à la tache criblée
6. arachnoïde ; 7. valvule de Bast ; 8. sinus du canal endolymphatique.
inférieure, et se distribue à la crête ampullaire du canal semi-circulaire
postérieur.
Sac endolymphatique
Dans tout leur trajet terminal, ces fibres ne traversent pas les espaces
Il termine le canal et constitue un véritable prolongement intracrânien du périlymphatiques, mais cheminent dans le conjonctif qui fait adhérer à ce
labyrinthe membraneux. Large de 8 à 10 mm, il déborde la fossette unguéale niveau le labyrinthe membraneux au labyrinthe osseux. Elles perdent leur
dans un dédoublement de la dure-mère. Sa surface luminale permet de gaine de myéline dès qu’elles franchissent la basale du tissu ectodermique.
distinguer :
– une portion muqueuse proximale liée à la présence de nombreux plis de Autres systèmes d’innervation cochléaire
l’épithélium, soutenue par un tissu conjonctif très vasculaire ;
– une partie distale lisse et moins vascularisée que la portion proximale. Système sympathique
Pour aborder chirurgicalement le sac endolymphatique par voie Ses fibres auraient été mises en évidence le long des vaisseaux du modiolus et
transmastoïdienne, il faut fraiser sous le canal postérieur dans le jusqu’aux vaisseaux de la berge tympanique, mais les vaisseaux de la strie
prolongement du plan du canal externe. Parfois le sac reste profondément vasculaire ne posséderaient aucun récepteur alpha- ou bêta-adrénergique. Au
enfoui sous la troisième portion du nerf facial qu’il faut alors d’abord mettre niveau de l’habenula perforata, quelques contacts auraient été démontrés
en évidence. entre terminaisons sympathiques et fibres nerveuses non myélinisées.

Système parasympathique
Innervation du labyrinthe
Les fibres parasympathiques provenant du nerf intermédiaire de Wrisberg
La huitième paire crânienne ou nerf statoacoustique se divise dans le conduit (contingent salivaire supérieur) passeraient à l’oreille interne en transitant par
auditif interne en une branche antérieure, le nerf cochléaire et une branche les anastomoses acousticofaciales. Ces dernières fibres sont parfois
postérieure, le nerf vestibulaire. présentées comme n’étant autres que le système efférent.

Nerf cochléaire Vascularisation de l’oreille interne


Trajet
Volumineux, il se dirige vers la fossette cochléaire. Dans ce trajet, il s’enroule Artères
en une mince lamelle formant une volute dont les spires correspondent L’oreille interne osseuse et l’oreille interne membraneuse possèdent une
exactement à celles du crible spiroïde de la base du modiolus. vascularisation indépendante.
Les filets pénètrent au fur et à mesure les foramina du modiolus, suivent les
canaux longitudinaux et aboutissent au canal spiral de Rosenthal où ils se Artères du labyrinthe osseux
distribuent au ganglion spiral de Corti dont les amas cellulaires se répartissent Elles proviennent :
dans les deux tours et demi de spires du canal.
– de l’artère tympanique inférieure, branche de l’artère pharyngienne
Au sortir du ganglion spiral de Corti, les filets s’engagent dans l’épaisseur de ascendante ;
la lame spirale, puis ils pénètrent dans le canal cochléaire par les foramina
nervina en perdant leur gaine de myéline. Cette région de la lame spirale, ou – de l’artère stylomastoïdienne, branche de l’artère auriculaire postérieure ;
habenula perforata, comporte 2 500 perforations osseuses. – de l’artère subarcuata, née soit de l’artère auditive interne, soit directement
de l’artère cérébelleuse inférieure et antérieure. L’artère subarcuata gagne le
Innervation des cellules ciliées canal pétromastoïdien par la fossa subarcuata.

Cellules ciliées internes Artères du labyrinthe membraneux


Elles assurent la transduction mécanobioélectrique des vibrations de la Elles proviennent de l’artère labyrinthique née de l’artère cérébelleuse
membrane tectoriale. Elles sont connectées aux fibres afférentes, au nombre moyenne ou inférieure et antérieure ou directement du tronc basilaire. Elle
de 45 000 environ, qui constituent 90 à 95 % des fibres du nerf cochléaire. Ce traverse le conduit auditif interne au fond duquel elle se divise en trois
sont ces fibres qui véhiculent le message sensoriel jusqu’aux noyaux branches (fig 20).
cochléaires (système afférent).
Artère vestibulaire antérieure
Cellules ciliées externes Elle donne des rameaux pour la face postérieure du saccule et de l’utricule, et
Elles ne sont pas de véritables récepteurs sensoriels. Ce sont des cellules se distribue aux canaux semi-circulaires antérieur et latéral.
douées de propriétés contractiles qui réagissent à l’excitation sonore en
Artère cochléaire
modifiant la tension segmentaire de la membrane tectoriale. Elles augmentent
ainsi sa sélectivité en fréquence. Elles reçoivent 3 à 5 000 fibres du système Elle pénètre dans le modiolus où elle décrit une spirale en donnant naissance
efférent nées du complexe olivaire bulbaire. aux artères radiales.

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20-020-A-10 ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE Oto-rhino-laryngologie

Ce réseau se draine dans la veine de l’aqueduc du limaçon qui chemine dans


10 le canal de Cotugno, parallèle à l’aqueduc du limaçon.
1
2 Terminaison
9
3 Ces deux réseaux se jettent dans le sinus pétreux inférieur, et de là, dans le
golfe de la jugulaire. Ainsi, le conduit auditif interne ne possède pas de
8 circulation veineuse en provenance de l’oreille interne.

Rapports
L’oreille interne est au cœur de la portion pétreuse de l’os temporal placée
entre :
7 – le conduit auditif interne médialement ;
6 – l’oreille moyenne latéralement ;
5 – l’étage moyen de la base du crâne en haut ;
2
4 – l’étage postérieur de la base du crâne en arrière ;
20 Système artériel de l’oreille interne [15]. – la trompe d’Eustache et la région parapharyngée en avant et en bas ;
1. Artère cérébelleuse antéro-inférieure ; 2. artère labyrinthique ; 3. artère cochléaire ; – l’espace sous-parotidien postérieur en bas.
4. artère cochléaire ; 5. rameau cochléaire ; 6. artère vestibulocochléaire ; 7. artère vesti-
bulaire inférieure ; 8. artères canalaires ; 9. artère vestibulaire antérieure ; 10. artère basi-
laire. Rapports intrapétreux
En dedans : conduit auditif interne
1
Fond du conduit auditif interne
9
Sa morphologie s’oppose à celle de la face profonde du vestibule.
• Crête falciforme
Elle barre transversalement le fond du conduit auditif interne (fundus) et
répond exactement à la crête du vestibule. Cette crête divise le fundus en deux
moitiés supérieure et inférieure puis se poursuit sur la face antérieure du
8 conduit auditif interne pour y déterminer en haut une courte gouttière où
s’appuie le nerf facial.
• Moitié supérieure du fond

7 Elle présente deux fossettes séparées par une crête verticale dont l’extrémité
4 supérieure constitue un repère chirurgical dans la voie sus-pétreuse (Bill’s
5 bar) pour repérer le nerf facial.
2 L’antérieure correspond à l’entrée du canal de Fallope.
3
6 La postérieure est la fossette vestibulaire supérieure ou utriculaire qui répond
à la fossette semi-ovoïde et livre le passage aux rameaux du nerf vestibulaire
21 Système veineux de l’oreille interne [15]. supérieur provenant de l’utricule et des ampoules antérieure et latérale (nerf
1. Veine vestibulaire supérieure ; 2. veine vestibulocochléaire ; 3. veine spirale postérieure ;
4. veine spirale antérieure ; 5. veine cochléaire commune ; 6. veine de l’aqueduc cochléaire ; utriculoampullaire traversant la tache criblée supérieure).
7. veine vestibulaire inférieure ; 8. veines canalaires ; 9. veine de l’aqueduc du vestibule.
• Moitié inférieure du fond

Artère vestibulocochléaire Elle possède deux versants.


L’antérieur est large, oblique par rapport au conduit et constitue le versant
Souvent née de la précédente, elle se divise schématiquement en deux limacéen. Il se continue progressivement sur la paroi antérieure du conduit et
branches : regarde en arrière. Il est occupé par la fossette cochléaire et répond à la base
– la branche cochléaire, qui irrigue le quart basal du canal cochléaire et de la columelle. Cette surface est perforée d’orifices disposés en double
s’anastomose à l’artère cochléaire ; spirale pour les filets cochléaires de la huitième paire. Cette fossette est
– la branche vestibulaire postérieure, qui vascularise la macule du saccule, souvent bien visible sur les examens tomodensitométriques.
l’ampoule et les parois du canal semi-circulaire postérieur et les pôles Le postérieur est plus petit, à peu près perpendiculaire à l’axe du conduit. Il
inférieurs du saccule et de l’utricule. présente la fossette vestibulaire inférieure, ou sacculaire, qui répond dans le
vestibule à la fossette hémisphérique et livre passage au nerf vestibulaire
inférieur, ou nerf sacculaire, provenant du saccule. À cet endroit, le fond du
Veines conduit auditif interne n’est séparé du vestibule que par une très mince lamelle
Elles se distribuent en deux réseaux principaux (fig 21). osseuse située à 3 mm à peine en regard de la platine de l’étrier.

Réseau de l’aqueduc du vestibule Parois du conduit auditif interne


Il réunit les veines en provenance des zones non sensorielles du labyrinthe Les parois supérieure et inférieure du conduit auditif interne sont lisses et
vestibulaire et, en particulier, les veines des canaux semi-circulaires (veine régulières.
vestibulaire postérieure). Ainsi se forme la veine de l’aqueduc du vestibule La paroi antérieure est lisse et se continue progressivement avec la face
qui chemine dans un canal parallèle à l’aqueduc et qui reçoit les veines du sac endocrânienne postérieure du rocher. Latéralement elle présente la petite
endolymphatique. Un trouble du retour veineux dans cette voie pourrait jouer gouttière horizontale correspondant à l’empreinte du nerf facial et située au-
un rôle dans la genèse de l’hydrops labyrinthique. dessus du prolongement de la crête falciforme.
La paroi postérieure est concave et présente, à 1 mm du fond, un petit orifice
Réseau de l’aqueduc de la cochlée situé près du plancher, le foramen singulare de Morgagni, par où s’engage le
Il rassemble : nerf ampullaire postérieur.
– des veinules en provenance des zones sensorielles du vestibule : la veine Contenu du conduit auditif interne
vestibulaire supérieure (utricule) et la veine vestibulaire inférieure (saccule,
ampoule du canal semi-circulaire postérieur) ; • Méninges
– la veine cochléaire commune (spirali modioli), formée par la réunion de Elles se prolongent dans le conduit auditif interne pour constituer une citerne
deux vaisseaux : la veine spirale antérieure et la veine spirale postérieure ; contenant du liquide céphalorachidien qui est le prolongement de la grande
– la veine de la fenêtre ronde. citerne de l’angle pontocérébelleux

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Oto-rhino-laryngologie ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE 20-020-A-10

sur lui-même en cornet dans le même sens que la lame des contours. Il émet
Nerf pétreux alors successivement les fibres qui s’engagent dans les orifices creusés à
portion du VII l’intérieur de la fossette cochléaire ;
Face supérieure
– le nerf vestibulaire, moins volumineux. Près du fond, il présente le ganglion
1 de Scarpa. C’est un double renflement grisâtre qui s’amincit progressivement
Fond du en dehors et se distingue souvent difficilement du nerf. Il émet alors deux
conduit 7
2 prolongements principaux :
auditif interne w 3 – le nerf vestibulaire supérieur qui gagne la fossette utriculaire ;
– le nerf vestibulaire inférieur qui gagne la fossette sacculaire. Le nerf

Face postérieure
ampullaire postérieur grêle naît du prolongement inférieur et gagne le
A foramen singulare.
Porus
Les anastomoses acousticofaciales s’effectuent entre la partie postérolatérale
de l’intermédiaire de Wrisberg et le bord antérieur du nerf vestibulaire
6 5 supérieur. Elles forment un feutrage dense et serré. À ce niveau, la gaine pie-
4 mérienne est commune.
Espace
• Artères
ponto- F
V
cérébélleux B L’artère auditive interne naît le plus souvent de l’artère cérébelleuse antéro-
C inférieure (ou artère cérebelleuse moyenne), au moment où celle-ci décrit une
boucle qui pénètre dans la portion interne du conduit avant de revenir vers le
sillon de cervelet. Parfois cette boucle atteint le fond du conduit auditif interne.
F Brémond Les artères issues de l’artère auditive interne ou de l’artère
C cérébellolabyrinthique irriguent :
C V
Sillon bulbo- C – le conduit osseux ;
protubérantiel – les éléments nerveux ;
– les méninges correspondantes ;
– l’oreille interne.
Face supérieure F L’artère labyrinthique (diamètre 0,1 mm) se divise le plus souvent en trois
C
C V branches :
D – l’artère vestibulaire antérieure (diamètre 0,005 mm), qui se détache
Face inférieure
rapidement pour pénétrer dans la fossette vestibulaire supérieure en suivant
le nerf vestibulaire supérieur ;
– l’artère cochléaire, qui gagne la fossette cochléaire ;
Face postérieure – l’artère vestibulocochléaire, inconstante, a un mode de pénétration
variable dans le fundus.
L’artère subarcuata née de l’artère cérébellolabyrinthique a parfois un trajet
dans le conduit auditif interne avant de gagner la fossa subarcuata.
En avant : canal carotidien
Le coude du segment intrapétreux entre en contact avec le flanc inférieur du
22 Paquet acousticofacial [5]. cône limacéen. Le contact est plus ou moins étroit.
A. Fond du conduit auditif interne (coupe 1).
1. Fossette du nerf facial ; 2. fossette utriculaire (vestibulaire supérieure) ; 3. crête
falciforme ; 4. fossette sacculaire (vestibulaire inférieure) ; 5. foramen singulare de
En haut : aqueduc de Fallope
Morgagni ;
6. fossette cochléaire ; 7. Bill’s Bar. Première portion
B. Porus (coupe 2).
C. Espace pontocérébelleux (coupe 3).
Elle est intercochléovestibulaire. La première portion du nerf facial côtoie la
D. Sillon bulboprotubérantiel (coupe 4). spire basale de la cochlée en avant et le canal semi-circulaire supérieur en
arrière. La position exacte de ces éléments est importante à connaître pour
La dure-mère, accolée au périoste, tapisse toutes les parois du conduit. Au aborder le nerf facial par voie sus-pétreuse. Son obliquité par rapport à l’axe
fond du conduit, elle enserre comme un collet les nerfs de la huitième paire de la caisse est nette. Le nerf se dirige en avant et latéralement, de telle sorte
crânienne. Seul le nerf facial emporte dans le canal de Fallope sa gaine qu’il se produit un angle très aigu entre le genou du facial et le ganglion
dure-mérienne. géniculé, au niveau duquel l’endocrâne est parfois déhiscent.
L’arachnoïde est impossible à détacher de la dure-mère.
Deuxième portion
La pie-mère, richement parcourue par de petits rameaux vasculaires,
enveloppe le paquet acousticofacial jusqu’au fond du conduit où elle s’accole Elle est située nettement en dessous de la première portion. Lorsque l’on suit
avec l’arachnoïde. le nerf par voie translabyrinthique, le nerf paraît se poursuivre vers l’avant
• Éléments nerveux
alors qu’en réalité ce sont les nerfs pétreux.
Cette disposition l’amène à faire un relief situé sur la paroi médiale du cavum
Ils constituent le paquet acousticofacial formé par le nerf facial, le nerf tympani situé juste sous celui du canal semi-circulaire latéral et s’écartant de
vestibulaire et le nerf cochléaire (fig 22). À l’entrée du conduit auditif interne lui en faisant un angle de 10°.
(porus), il est plus près du bord postérieur que du bord antérieur, de telle sorte
que par voie sus-pétreuse, en ouvrant le conduit trop en avant et médialement, Coude du facial
l’opérateur peut avoir parfois l’impression de tomber dans une cavité vide.
Le nerf facial et le nerf intermédiaire de Wrisberg sont les éléments les plus Le nerf plonge dans le retrotympanum en délimitant avec la paroi interne de
haut situés et leur trajet est oblique vers l’avant pour gagner la fossette la caisse un cul-de-sac, le sinus tympani posterior, et le sinus tympani, bordé
antérosupérieure du fundus. Le nerf fait, à ce niveau, une courbe concave en en dedans par la paroi de la portion ampullaire du canal semi-circulaire
avant et en dedans, amorçant déjà la courbe de la première portion. Le nerf postérieur.
intermédiaire de Wrisberg s’inclut dans la même gaine dure-mérienne et les
deux nerfs sont rapidement confondus. Canal pétromastoïdien
Le nerf acoustique forme, juste avant l’entrée dans le porus, une gouttière à Issu de la fossa subarcuata, son trajet est translabyrinthique. Il longe d’abord
concavité supérieure dont la berge postérieure est plus mince que l’antérieure. le conduit auditif interne, puis il passe sous l’arceau du canal semi-circulaire
Puis il se différencie en une partie antérieure volumineuse constituant les deux supérieur et se termine dans l’antre au-dessus du canal semi-circulaire latéral.
tiers antérieurs du tronc qui va former le nerf cochléaire, et une partie Il contient l’artère subarcuata.
postérieure plus mince qui donne le nerf vestibulaire. Dès son entrée dans le
conduit, il se divise en ses deux branches : Cellules pneumatiques
– le nerf cochléaire, aplati, creusé d’une gouttière concave en haut sur La pneumatisation du rocher, au-delà de la paroi interne de l’antre, de l’attique
laquelle repose le nerf facial et l’intermédiaire. Au fond du conduit il s’enroule et de la caisse n’est présente que dans un tiers des cas.

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20-020-A-10 ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE Oto-rhino-laryngologie

Une ligne arbitraire passant par la deuxième portion de l’aqueduc de Fallope – le tronc cérébral est en dedans ;
permet de reconnaître : – la tente du cervelet s’insère sur le bord supérieur (crête pétreuse), limitant
– un groupe supérieur, subdivisé en quatre traînées. Deux sont fréquentes : l’espace en haut ;
les traînées rétrolabyrinthique et antélabyrinthique. Les deux autres sont – dans l’espace pontocérébelleux contenant la citerne du même nom,
rares : traînées translabyrinthique (dans l’arceau du canal supérieur) et chemine le paquet acousticofacial et le système artériel
cellulaire de la crête. Ces quatre traînées peuvent converger au-dessus du cérébellolabyrinthique ;
conduit auditif interne ; – plus bas, l’artère cérébelleuse postéro-inférieure passe sous le paquet
– un groupe inférieur, subdivisé en une traînée cellulaire sous-labyrinthique acousticofacial qu’elle croise presqu’à angle droit ;
ou intercaroticojugulaire et une traînée antélimacéenne ou – le sinus pétreux inférieur longe la suture pétro-occipitale et gagne le trou
intercaroticolimacéenne. jugulaire (trou déchiré postérieur) ;
– les nerfs mixtes (IX, X, XI) presque horizontaux, sont plus bas et plus
Rapports avec les corticales pétreuses latéraux, et reposent sur le versant postérieur du tubercule occipital.
et par leur intermédiaire Du point de vue chirurgical, la paroi postérosupérieure peut être abordée par
voie transmastoïdienne en longeant la corticale en avant du sinus sigmoïde.
Rapports latéraux Ainsi peut être abordé le sac endolymphatique qui dans cet angle de vue
C’est l’oreille moyenne. déborde le canal semi-circulaire postérieur dans un axe qui semble prolonger
celui du canal semi-circulaire latéral.
Le labyrinthe osseux forme la plus grande partie de la paroi médiale de
l’oreille moyenne, sur laquelle il détermine deux reliefs caractéristiques : le Rapports inférieurs
promontoire soulevé par le premier tour de spire du limaçon et la saillie du
canal semi-circulaire latéral située au niveau du seuil de l’aditus juste au- Ils se font par l’intermédiaire de la face inférieure du rocher. Celle-ci
dessus et en arrière de l’aqueduc de Fallope. comprend deux zones :
La paroi interne de la caisse du tympan est située à 5 à 8 mm du fond du – une zone antérieure (classiquement face antéro-inférieure, virtuelle),
conduit auditif interne. recouverte par le tympanal et l’écaille. On y trouve la trompe d’Eustache
osseuse, la trompe cartilagineuse, et plus loin, les éléments du trou déchiré
Ainsi, il est donc possible d’aborder le labyrinthe et le conduit auditif interne
antérieur avec l’orifice endocrânien du canal carotidien. La région
par deux voies latérales :
parapharyngée est immédiatement sous-jacente, correspondant à un espace
– la voie translabyrinthique antérieure, qui passe en avant et au-dessous du para-amygdalo-sous-tubaire mettant en rapport la face inférieure du rocher
nerf facial en abordant directement le vestibule ; avec les coulées celluleuses des régions profondes de la face et du cou
– la voie translabyrinthique postérieure, qui passe en arrière du nerf facial et (espaces latéropharyngés) ;
aborde en premier les canaux semi-circulaires qui séparent l’antre mastoïdien – une zone postérieure libre (face postéro-inférieure). Elle entre en rapport
du conduit auditif interne. avec le dôme du golfe de la jugulaire :
– sur le dôme se trouve le glomus jugulaire appartenant au système amine-
Rapports supérieurs precursor uptake and decarboxylation (APUD) ;
Ils se font par l’intermédiaire de la face antérosupérieure du rocher. – le dôme peut, dans certains cas, s’approcher du labyrinthe postérieur en
Légèrement oblique en bas, en avant et latéralement, cette face présente : déterminant une fosse jugulaire profonde venant affleurer l’ampoule du
– la saillie de l’eminentia arcuata, située à l’union de son tiers postérieur avec canal postérieur, voire le nerf facial, et même déborder le conduit auditif
ses deux tiers antérieurs. Cette éminence n’est pas en rapport avec le canal interne en arrière.
semi-circulaire supérieur mais avec une circonvolution cérébrale (gyrus À ce niveau, le rocher constitue le toit de l’espace sous-parotidien postérieur
occipitotemporalis) et son sillon ; limité en avant par l’orifice exocrânien du canal carotidien contenant
– sur le versant antérieur de l’éminence, de l’hiatus de Fallope émergent les également les éléments nerveux IX, X, Xl et sympathiques, qui se dirigent
nerfs pétreux superficiel et profond. À ce niveau existe souvent une adhérence vers le trou déchiré postérieur.
avec la dure-mère contenant quelques veinules. L’artère méningée moyenne
est plus loin en avant et en dedans avec encore plus loin la pointe du rocher et
le ganglion de Gasser ; Microcirculation cochléaire
– le versant médial de l’eminentia arcuata conduit à l’aire méatale située dans
l’axe des deux conduits auditifs externes et qui constitue le toit du conduit Réseau artériel (fig 23)
auditif interne. C’est une zone lisse et régulière s’étendant jusqu’à la crête
pétreuse longée par le sinus pétreux supérieur dans l’épaisseur de la L’artère cochléaire pénètre dans la fossette cochléaire en formant une spirale
dure-mère ; qui entoure les fibres principales du nerf cochléaire. Au fur et à mesure qu’elle
– la dure-mère de toute cette zone est facilement décollable, sauf au niveau monte, elle abandonne les artère radiales naissant perpendiculairement, à
de la crête pétreuse. Elle correspond au lobe temporal ; intervalles réguliers [8]. Chaque artère radiale se divise en deux branches :
l’artère radiale externe et l’artère radiale interne.
– ainsi, par voie sus-pétreuse, lorsque l’on aborde le conduit auditif interne,
ce dernier peut être repéré par divers movens : Artère radiale externe
– repérage par fraisage du plan du canal supérieur qui fait un angle de 60°
avec l’axe du conduit auditif interne ouvert en dedans et en arrière ; Elle forme un arc vasculaire périphérique. À son origine, elle a un aspect
glomérulaire. Elle chemine ensuite dans la cloison spirale. Puis, elle s’incurve
– mesure sur un axe transversal passant par le conduit auditif externe : la en arrivant au contact de la lame des contours où elle sort de son canal osseux
partie la plus médiale du labyrinthe n’est jamais située à plus de 28 mm de pour pénétrer le ligament spiral. Là, elle se divise pour former successivement
la face médiale de l’écaille du temporal. À ce niveau, le conduit auditif quatre réseaux capillaires indépendants les uns des autres, dont les trois
interne est séparé de cette face par une épaisse couche osseuse. premiers sont longitudinaux et le quatrième transversal :
Rapports postérieurs – réseau de la membrane de Reissner (ou réseau suprastrial) : il s’étend sur
la paroi externe de la scala vestibuli au niveau de la partie supérieure du
Ils se font par l’intermédiaire de la paroi postérosupérieure du rocher. Un peu ligament spiral, jusqu’à l’insertion périphérique de la membrane de Reissner,
oblique en bas et en arrière, cette face est en fait presque verticale. À ce et comprend deux ou trois vaisseaux dont le vaisseau de la scala vestibuli et
niveau, le méat du conduit auditif interne est en rapport avec : celui de la membrane de Reissner. Du fait de sa structure (paroi fine, espaces
– la fossa subarcuata, située à quelques millimètres au-dessus et en arrière. péricapillaires larges), il est probable que ce réseau joue un rôle dans les
C’est une fente au fond de laquelle s’ouvre le canal pétromastoïdien ; transports liquidiens et dans la production de la périlymphe ;
– la fossette unguéale, située à 1 cm en arrière, recevant le sac – réseau de la strie vasculaire : il comprend de nombreux capillaires larges,
endolymphatique et présentant l’orifice postérieur de l’aqueduc du vestibule ; indépendants les uns des autres mais en contact étroit avec les cellules
marginales et intermédiaires. Ces capillaires se relient les uns aux autres pour
– l’orifice de l’aqueduc du limaçon, situé à 4 ou 5 mm en dessous, près du former un réseau lâche dont les limites bien nettes lui confèrent un aspect de
bord inférieur du rocher, au-dessus de la fossette pyramidale du ganglion quadrillage vasculaire. Ce réseau alimente en oxygène les cellules de la strie
d’Andersch ; vasculaire qui jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre
– la gouttière du sinus sigmoïde qui est l’élément le plus postérieur et le plus électrochimique de l’endolymphe ;
externe. – réseau de la proéminence spirale : il est habituellement formé à partir d’un
Par l’intermédiaire de la paroi postérosupérieure : vaisseau parallèle au réseau de la strie vasculaire mais sans y être relié. Il
– le cervelet est en dehors et en arrière ; aurait un rôle actif dans la réabsorption de l’endolymphe ;

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Oto-rhino-laryngologie ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE 20-020-A-10

rôle essentiel dans la production de l’endolymphe et le maintien de ses


caractères électrochimiques nécessaires au bon fonctionnement des cellules
1 ciliées et à la génération des potentiels endocochléaires.
2
14 Située sur la surface interne du ligament spiral, la strie vasculaire s’étend
17 a
16 } depuis la proéminence spirale jusqu’à la membrane de Reissner. C’est un
épithélium richement vascularisé dont la coupe montre de nombreux
13 capillaires et trois types de cellules superficielles hautement différenciées : les
12 cellules marginales, les cellules intermédiaires et les cellules basales.
b
c 11
Capillaires
15
d Ils ont une direction principalement longitudinale. Caractérisés par des parois
10
fines sans péricytes et des espaces péricapillaires peu développés, ils forment
9 à la base de la cochlée un réseau à mailles très denses qui se simplifie vers
l’apex. La lumière de ces capillaires est remarquable par la présence d’une
grande densité de globules rouges, témoin d’une vitesse circulatoire très faible
8 et probablement d’une zone d’échanges métaboliques particulièrement
active.
5 La perméabilité des capillaires de la strie vasculaire contraste avec
4 l’imperméabilité de la plupart des capillaires labyrinthiques
6 cochléovestibulaires qui forment une barrière hématolabyrinthique,
7 comparable à la barrière hématoméningée. Cette perméabilité peut être
3 augmentée ou diminuée lors d’hypertensions ou d’hypotensions vasculaires
induites expérimentalement [13]. En revanche, cette perméabilité est limitée
23 Microcirculation cochléaire [15]. avec les espaces endo- ou périlymphatiques, du fait des jonctions serrées
a. Réseau de la membrane de Reissner ou suprastrial ; b. réseau de la strie vasculaire ; intercellulaires bordant la strie vasculaire.
c. réseau du ligament spiral ; d. réseau de la proéminence spirale ; 1. artériole radiale ;
2. réseau de la strie vasculaire ; 3. veinules de la membrane basilaire ; 4. réseau de la Cellules
membrane basilaire ; 5. réseau de la berge tympanique ; 6. veinules collectrices ; 7. veine
spirale postérieure ; 8. shunt veine spirale antérieure-veine spirale postérieure ; 9. réseau
du ganglion spiral ; 10. veine spirale antérieure ; 11. artériole radiale interne ; 12. branche Cellules marginales
secondaire ; 13. branche primaire ; 14. artériole radiale externe ; 15. réseau du limbus ;
16. vaisseau de la membrane de Reissner ; 17. vaisseau de la scala vestibuli. Elles forment la première couche cellulaire de la strie vasculaire faisant face
à l’endolymphe. Toutes les cellules adjacentes sont reliées entre elles à la
partie supérieure de l’espace intercellulaire par des jonctions serrées. Ce sont
– réseau du ligament spiral ou réseau anastomotique artérioloveinulaire : il les seules cellules striales connues pour leur origine épithéliale.
est le seul à se diriger transversalement par rapport aux artérioles radiales L’immunohistochimie a permis la caractérisation de protéines filamenteuses
externes pour se joindre aux veinules collectrices de la scala tympani par intermédiaires à l’intérieur du cytoplasme de cellules cultivées : les
l’intermédiaire d’une métartériole. Il comporte deux types de capillaires : cytokératines [ 1 0 ] . Les cellules marginales sont ainsi probablement
– ad-striaux, en contact avec les cellules basales de la strie vasculaire dont directement impliquées dans la formation de l’endolymphe.
ils assurent l’apport métabolique ;
– post-striaux, près de la paroi osseuse externe. Ils assurent les apports Cellules intermédiaires
métaboliques au ligament spiral et joueraient un rôle dans la formation et Elles sont situées dans la partie médiane de la strie vasculaire. Elles ne
le maintien de l’équilibre électrochimique de la périlymphe. s’étendent pas jusqu’à la surface endolymphatique mais envoient des
Quant aux anastomoses artérioveineuses, elles réalisent un véritable court- digitations entre les cellules marginales. L’immunohistochimie a permis
circuit de toute la paroi externe du canal cochléaire, en reliant le réseau de la d’identifier des protéines filamenteuses intermédiaires intracytoplasmiques
membrane de Reissner aux veines collectrices radiales. Elles forment ainsi de type « vimentin » qui caractérisent leur origine mésenchymateuse.
un trajet rapide (sans barrière capillaire), superficiel, sur toute la hauteur du Ce sont les seules cellules de la strie vasculaire à s’appuyer sur les capillaires
ligament spiral. striaux par l’intermédiaire de processus dentritiques ramifiés.
Elles seraient de véritables mélanocytes appartenant au système APUD, c’est-
Artère radiale interne
à-dire possédant des fonctions paracrines, endocrines, avec libération de
D’aspect glomérulaire à son origine, elle forme un arc vasculaire central neurotransmetteurs à action locale influençant les sécrétions cellulaires, le
contenu dans la columelle osseuse qu’elle alimente. Puis elle se divise en débit sanguin, et la contraction des cellules musculaires lisses au sein des
quatre réseaux capillaires drainés par des veinules efférentes : cellules environnantes. On pense actuellement que les cellules intermédiaires
– réseau du ganglion spiral : particulièrement riche, il irrigue le nerf régulent les cellules marginales et basales.
cochléaire et le ganglion spiral ;
– réseau du limbus : le plus développé des quatre réseaux, il présente une
Cellules basales
densité capillaire comparable à celle de la strie vasculaire ; D’origine mésenchymateuse, elles sont situées au contact du ligament spiral
– réseau de la berge tympanique : riche en terminaisons nerveuses imbibé de périlymphe. Elles ressemblent, par leur aspect cytoplasmique et
adrénergiques, il est situé à hauteur du sillon spiral interne ; nucléaire, aux fibrocytes du ligament spiral.
– réseau de la membrane basilaire : c’est le plus périphérique puisqu’il
atteint la région de la membrane basilaire sous-jacente au tunnel de Corti. La
membrane basilaire, à cet endroit, n’aurait que 0,5 µm d’épaisseur. Microcirculation du labyrinthe vestibulaire

Système veineux Artères


Les deux principaux axes veineux de la cochlée sont : Artère vestibulaire antérieure
– la veine spirale antérieure qui draine la scala vestibuli et la lame spirale Elle suit d’abord le nerf vestibulaire supérieur, puis sa branche, le nerf
osseuse ; utriculaire, dans leurs canaux osseux respectifs (fig 24).
– la veine spirale postérieure qui draine la scala tympani, le mur externe de la L’artère utriculaire naît de l’artère vestibulaire antérieure au point où le nerf
scala media et le ganglion spiral. utriculaire s’incline pour s’épanouir à la face profonde de la macule après
Sur tout leur parcours cochléaire, il existe de nombreuses anastomoses entre avoir traversé un bref espace périlymphatique. L’artère utriculaire passe à la
ces deux veines avant leur union près de la terminaison basale de la cochlée, face inférieure du nerf utriculaire et donne une branche pour le toit du saccule
pour former la veine modiolaire commune. adjacent. Puis l’artère utriculaire se divise à la face inférieure périlymphatique
de la macule utriculaire en donnant des branches perforantes pour le réseau
Strie vasculaire capillaire sous-épithélial de la macule utriculaire.
L’artère vestibulaire antérieure se dirige ensuite en haut et en arrière, sur la
Les phénomènes électrophysiologiques de l’audition nécessitent un apport face antérieure du vestibule pour rejoindre l’ampoule des canaux supérieur et
d’énergie important, assuré par la strie vasculaire. Celle-ci joue également un latéral. Là, elle se divise en une branche pour chacune des crêtes ampullaires

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3 2
1
2
3
1
4
5 A

3 2

B
26 Architecture vasculaire de la macule utriculaire [9].
A. Apport artériel. 1. Artère utriculaire dans la couche basale ; 2. artères perforantes
dans la couche neurale ; 3. réseau capillaire sous-épithélial dans la couche sous-
épithéliale.
B. Drainage veineux. 1. Drainage veineux basal (veine vestibulaire supérieure) ;
2. drainage veineux périphérique vers la paroi utriculaire (veine vestibulaire posté-
24 Trajet et distribution de l’artère vestibulaire antérieure [9]. rieure) ; 3. anastomose artérioveineuse.
1. Nerf utriculaire ; 2. artère utriculaire ; 3. artère vestibulaire antérieure ; 4. utricule ; 5.nerf
vestibulaire supérieur.
La veine vestibulaire supérieure et la veine vestibulaire inférieure s’unissent
avec la veine cochléaire commune pour former la veine de l’aqueduc
cochléaire et rejoindre le sinus pétreux inférieur.
8 La veine vestibulaire postérieure arrive également dans le sinus pétreux
7 inférieur en suivant un canal parallèle au canal endolymphatique (cf supra).
9
10 Veine vestibulaire supérieure
Elle naît au pôle antérosupérieur du vestibule, de l’union des veines provenant
3 des crêtes des canaux antérieur et latéral. Puis, en passant sur la face médiale
1 du vestibule, elle reçoit les veines de la macule utriculaire et des parois
2 membraneuses de l’utricule et du saccule. Là, elle rejoint la veine vestibulaire
6 inférieure pour former la veine vestibulaire commune.

4 Veine vestibulaire inférieure


5
Elle commence à la face médiale de la jonction du plancher du vestibule et de
l’ampoule du canal postérieur. Elle naît de la réunion de la veine de la crête
ampullaire du canal postérieur et de la crus ampullaire de ce canal. Puis, elle
chemine d’arrière en avant sur la paroi interne du vestibule pour rejoindre la
veine vestibulaire supérieure. Elle reçoit, chemin faisant, des veines des
parois utriculaire et sacculaire, du segment vestibulaire de la scala media et
les veines du cœcum cochléaire.

Veine vestibulaire postérieure


25 Trajet et distribution de l’artère vestibulaire inférieure [9]. Elle naît sur la paroi postérieure du vestibule, entre l’ouverture de la crus
1. Artère vestibulaire inférieure ; 2. Veine vestibulaire inférieure ; 3. artère sacculaire ; 4. commune et la paroi médiale du vestibule. Ses affluents se réunissent de façon
artère du versant vestibulaire de la scala media ; 5. artère du canal semi-circulaire posté- variable et proviennent des crus ampullaires et non ampullaires du canal
rieur ; 6. artère de la crête ampullaire postérieure ; 7. artère de la crus commune ; 8 : latéral, de la crus commune, et parfois de la crus ampullaire du canal
utricule ; 9 : saccule ; 10. artère vestibulo-utriculaire.
Les veinules sont indiquées de façon parallèle. postérieur.

et une branche pour chacune des crus. Au niveau de chaque ampoule se Architecture vasculaire des macules
détachent une branche médiale et une branche latérale pour chaque moitié de utriculaire et sacculaire (fig 26)
la crête ampullaire. L’apport sanguin provient de l’artère utriculaire pour l’utricule et de l’artère
sacculaire pour le saccule. Chaque macule est stratifiée en trois couches :
Artère vestibulaire inférieure
– une couche basale contenant l’artère principale (utriculaire ou sacculaire)
Elle naît à angle droit de l’artère vestibulocochléaire (fig 25). Son premier et ses branches ;
trajet est antéropostérieur longeant la paroi médiale du tour basal de la – une couche intermédiaire complexe contenant les artères perforantes
cochlée, puis la paroi médiale du vestibule. Dans ce premier trajet, elle fournit provenant de la couche basale et de grosses veinules. Cette couche est dite
les artères radiales du tour basal de la cochlée. Ensuite, elle fournit l’artère neurale car elle est constituée d’un entrelacs de fibres nerveuses et de
sacculaire, l’artère du cæcum cochléaire et une branche à la crus commune. vaisseaux ;
Dans sa seconde partie, l’artère vestibulaire inférieure se divise en deux – une couche sous-épithéliale contenant le réseau capillaire sous-épithélial
branches : la première fournit l’artère de la crête ampullaire du canal fait d’une seule couche d’un lacis à mailles polyédriques. À la périphérie des
postérieur et de sa crus, et la seconde des artérioles pour la partie inférieure de macules, certaines artérioles se continuent directement avec les veinules de la
l’utricule extramaculaire et se termine par l’artère de crus non ampullaire du paroi maculaire à la manière des anastomoses artérioveineuses du ligament
canal latéral. spiral.
Ainsi, le drainage veineux est double : le premier draine le réseau sous-
Veines épithélial en remontant les artères pour faire issue à la base de la macule ; le
deuxième draine la périphérie de la couche intermédiaire pour aboutir au
Trois veines drainent le labyrinthe vestibulaire : la veine vestibulaire réseau veineux de la paroi utriculaire ou sacculaire. Pour l’utricule, ce double
supérieure, la veine vestibulaire inférieure et la veine vestibulaire postérieure. drainage se jette, pour le premier dans la veine vestibulaire supérieure, et pour

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Oto-rhino-laryngologie ANATOMIE DE L’OREILLE INTERNE 20-020-A-10

Paramètres physiologiques
de la microcirculation striale
2 Ce sont les mêmes que ceux de tous les réseaux microcirculatoires de
l’organisme [18].

Hémodynamique
Elle se caractérise par un gradient de pression comportant une réduction
maximale au niveau des artérioles les plus distales.

Rhéologie
Elle est caractérisée par l’effet Fahraeus-Lindqvist, c’est-à-dire que lorsqu’ils
arrivent dans des vaisseaux dont le diamètre est inférieur à 1 mm, les globules
3 rouges s’accumulent au centre en laissant à la périphérie un manchon
plasmatique. Cet agencement spatial particulier provoque une augmentation
27 Architecture vasculaire de la de la vitesse de circulation des globules rouges par rapport à celle du plasma
crête ampullaire du canal semi- et une diminution de la viscosité apparente. Le phénomène s’inverse lorsque
circulaire supérieur [9]. le diamètre du tube d’écoulement devient inférieur à 5 µm (capillaire) et la
1. Branche ampullaire supérieure de viscosité sanguine apparente augmente.
l’artère vestibulaire antérieure ;
1 2. veine de la crus ampullaire du canal
semi-circulaire supérieur ; 3. nerf am-
pullaire supérieur.
Hématocrites locaux
Ils sont différents entre deux branches de division car c’est la branche de plus
le second pour la veine vestibulaire postérieure. Pour le saccule, ce sont la fort débit qui reçoit le plus de globules rouges. À l’extrême, il peut se produire
veine vestibulaire supérieure et la veine vestibulaire inférieure qui se un « phénomène d’écrémage plasmatique », où une artériole de faible
partagent ce double drainage. diamètre n’est pratiquement perfusée que par du plasma provenant du
manchon plasmatique qui occupe la périphérie de l’artériole mère.
Architecture vasculaire des crêtes et des ampoules
des canaux semi-circulaires (fig 27) Viscosité sanguine capillaire apparente
Elle dépend des éléments cellulaires. Les globules rouges circulent en « file
L’artère ampullaire pénètre la base de la crête ampullaire avec le nerf indienne » dans des capillaires dont le diamètre est le plus souvent inférieur
ampullaire puis se divise en deux branches se dirigeant de façon opposée le au leur. La viscosité est donc fonction de leur nombre et de leur propriété de
long du grand axe de la crête en abandonnant des artères perpendiculairement déformabilité. Dans le cas des leucocytes, bien que leur nombre soit limité,
à l’épithélium neurosensoriel. du fait que leur viscosité interne est 2 000 fois plus élevée que celle des
globules rouges et que leur déformabilité est extrêmement faible, il en résulte
une élévation importante de la viscosité locale en cas d’hyperleucocytose.
Innervation des vaisseaux cochléovestibulaires
Très peu de documents existent concernant l’innervation des vaisseaux du Vasomotricité
labyrinthe postérieur. Aussi, n’est envisagée ici que la microcirculation Les artérioles distales contrôlent la perfusion des capillaires et leur
cochléaire. vasomotricité influe directement sur le nombre de capillaires perfusés et sur
la répartition du sang dans le réseau capillaire lors d’une demande
Innervation sympathique métabolique accrue. Ainsi, la sympathectomie affecte significativement le
calibre des capillaires de la strie vasculaire (étude chez le chat après ablation
Les artères et artérioles du conduit auditif interne et du modiolus sont des ganglions cervicaux supérieurs) [19].
innervées par des fibres sympathiques : petits vaisseaux du tronc nerveux Cependant, l’impact fonctionnel réel des agonistes vasomoteurs reste difficile
cochléaire, du ganglion spiral, de la lame osseuse spirale jusqu’au réseau de à établir dans la microcirculation du fait de la multiplicité et de
la berge tympanique distribué par l’artère radiale interne. En revanche, une l’interdépendance des sites de régulation : récepteurs spécifiques ou non
telle innervation semble inexistante dans les structures vasculaires de la paroi spécifiques aux substances vasomotrices circulantes (récepteurs
externe (strie vasculaire, ligament spiral, etc). adrénergiques et sérotoninergiques), canaux ioniques (canaux calciques et
potassiques), synthèse locale de substances vasomotrices (prostaglandines,
Innervation parasympathique endothéline, angiotensine), et réponse myogénique liée aux propriétés
intrinsèques de la cellule musculaire lisse qui se contracte lorsqu’elle est
Elle ne repose encore que sur des constatations pharmacodynamiques. soumise à des forces d’étirement.

Références ➤

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