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Introduction
L’intention
La qualité de la posture en communication
Les émotions de base et leurs variantes
L’émetteur
L’art du feedback
Mon T-shirt !
L’Intimo’gramme
Le Lovo’gramme
Quel contrat offrir pour développer l’intimité dans les
relations ?
Pour conclure
À vous de jouer !
Introduction
Le contenu de nos phrases et les mots que nous employons, même les
mieux choisis, seront dans ce livre le moindre de nos soucis. En
communication, il n’y a pas de place pour le sous-entendu. Il est
l’ennemi absolu ! Une porte est soit ouverte, soit fermée. Le sous-
entendu est une porte entrouverte derrière laquelle, tapie dans l’ombre,
une menace est bien souvent cachée.
Nous nous concentrerons ainsi, au fil des pages, beaucoup plus sur le
processus (comment dire) plutôt que sur le contenu (quoi dire).
Vous êtes là ?
Toujours là ?
Bon, alors levez la main si vous n’avez jamais cherché à utiliser des
stratagèmes pour obtenir de quelqu’un quelque chose qu’il n’était pas prêt à
vous offrir…
Encore là !?
Nous allons, dans les trois premières parties du livre, ne parler que de nous-
mêmes, de notre responsabilité dans la qualité des échanges et de ce qui est
en notre pouvoir. Plutôt que de nous concentrer sur ce que les autres font
mal, nous travaillerons sur ce que nous pouvons améliorer.
Le quatrième chapitre se centrera sur les trois M maudits – c’est-à-dire
lorsque ce sont les autres qui nous proposent la danse malsaine et
dangereuse de la mécommunication –, pour apprendre les gestes qui
sauvent afin d’éviter de nous laisser embarquer dans cette galère.
Parmi les conditions pour un travail efficace sur soi, le temps joue un rôle
primordial. Offrez-vous du temps, autant dans la durée (on ne change pas en
une journée !) que dans la qualité du moment (travaillez votre
communication quand vous avez du temps devant vous pour vous préparer,
faire puis observer les résultats, en parler avec votre ami et les noter dans
votre journal de bord).
2 • Donnez envie !
… ou comment être audible et compréhensible par l’autre
5 • Soyez généreux !
… ou comment créer l’intimité avec ses interlocuteurs
D
ans mes séminaires, je rencontre régulièrement une objection
classique : « Parfois, il faut bien montrer les dents et attaquer pour
éviter de se faire marcher sur les pieds… », « Il y a des gens, si on
ne les mène pas à la baguette on n’arrive à rien… », « Les mômes, une
bonne claque de temps en temps, ça permet de leur remettre les idées en
place ! »
Et s’il se trouve encore quelqu’un pour dire que parfois, il faut faire preuve
d’autorité ou de sens du compromis, je serai d’accord à une condition :
l’autorité ou le compromis doivent être exprimés dans une position
bienveillante, lucide et constructive (par convention, nous l’appellerons
posture +/+), faute de quoi, il s’agira de domination ou de soumission. Ni
l’un ni l’autre ne permettent l’épanouissement, la créativité et la relation.
L’intention
Si la règle est simple, la posture, elle, ne l’est pas. Ce livre commencera par
là et finira sans doute sur cette idée force.
Mais alors, que disons-nous qui échappe au premier regard ? Sans même
nous en rendre compte, nous laissons entendre et voir ce que nous pensons
de l’autre et ce que nous pensons de nous-même.
Exercice de reformulation
– « Si tu veux, je t’accompagne. »
C’est le Dr Frank Ernst6 qui a créé cette grille de lecture et l’a représentée
dans un graphique que le Dr Stephen Karpman7 a suggéré d’appeler le OK
Corral (en anglais, le signe + veut dire OK, avoir de la valeur et le signe –
veut dire not OK ne pas en avoir.
Le OK Corral
AY TT
« Allons-y ! » « Tire-toi ! »
+/+ +/-
EM OVNI
« Évite-moi » « On va nulle part ici »
-/+ -/-
– « J’ai peut-être fait des erreurs, mais tu n’as pas de leçon à me donner ! »
La règle est simple : si la position de vie n’est pas +/+ (j’ai de la valeur et
toi aussi), alors la communication n’est pas établie et la situation est à haut
risque d’escalade et de conflit.
Plus complexe, la grille complète des positions de vie
existentielles
La grille des positions de vie ajoute donc une troisième dimension à toi et
moi, elle ajoute les autres, ou la vie.
Les sous-entendus deviennent ainsi plus complexes et plus risqués dans les
échanges. En effet, je peux montrer une posture +/+ à mon interlocuteur :
« Bonjour, je suis heureux de te voir », et ajouter un message attaquant vis-
à-vis de quelqu’un d’autre comme par exemple : « Toi, au moins, tu n’es
pas comme ton ami Robert, tu es ponctuel ! » Ce second message ajoute une
posture supplémentaire, non pas vis-à-vis de l’interlocuteur direct (toi) mais
d’une tierce personne dont nous dirons du mal (ton ami Robert). Cette
position a le nom de bitching ; c’est une attitude assez fréquente, consistant
à compromettre quelqu’un qui ne le souhaitait pas forcément en disant du
mal de quelqu’un d’autre. Le mot vient d’un néologisme anglais décrivant
le comportement le plus souvent observé en entreprise et consistant à dire
du mal de quelqu’un ou d’un autre service de l’entreprise à un collègue,
pour passer le temps ou pour semer la zizanie.
J’ai alors observé un long silence avant de lui dire : « Tu vas dormir
aujourd’hui, je vais parler à la troupe, leur dire que je suis fatigué parce
que toi et moi avons fait un superbe travail. Je vais leur dire que tu es un
maître (ce que je pensais vraiment) et que je suis fier de nous. »
Dans les phrases qui suivent, identifiez les positions de vie en tenant
compte du tableau synoptique de la page précédente.
– «Merci de m’avoir accordé cet entretien. J’ai apprécié votre point de vue,
même si nous ne sommes pas toujours d’accord. »
– « Je gère peut-être mal ma vie, mais toi tu es mal placé pour dire quoi que
ce soit ! »
Un sourcil froncé, un regard baissé vers le sol, un menton relevé, la voix qui
monte dans les aigus en fin de phrase, une assise nonchalante, un « en
fait ! » appuyant une remarque floue… tout autant de vecteurs de sous-
entendus qui seront… entendus !
Nous avons oublié à quel point notre sens de l’écoute de l’autre passe par
tous ces détails. Et parfois, souvent ai-je envie de dire, ce sont les détails
qui font le message.
1 • La lucidité
2 • La bienveillance
3 • La constructivité
Un premier exercice tout simple pour tester votre niveau de lucidité sur
vous-même est de pratiquer un peu d’autojournalisme ! Allez rencontrer des
personnes qui vous connaissent et vous respectent, et interrogez-les sur
vous. Faites une enquête pour obtenir d’elles un feedback authentique.
Demandez-leur de vous parler aussi bien de vos défauts que de vos qualités.
C’est parfois une épreuve de recevoir des compliments, presque autant que
d’accueillir les critiques sans les rejeter. Voici un truc pour accepter les uns
comme les autres : demandez un exemple concret… « Tu me dis que je suis
soupe au lait, peux-tu me donner un exemple d’une fois où je l’ai été ? »
« Tu me dis que je suis quelqu’un de gentil, peux-tu me rappeler un moment
où tu as trouvé que je faisais preuve de gentillesse ? » Attention, veillez
toujours à transformer le verbe être par le verbe faire lorsque vous
accueillez un feedback. Si l’on vous dit que vous êtes quelque chose,
demandez toujours un exemple de ce que vous avez fait dans ce domaine.
Le stock de strokes
Nous pouvons assurer une certaine forme d’écologie en gérant les signaux
de reconnaissance au quotidien de la manière suivante :
• J’en donne.
• Je m’en donne.
Pour vous aider à vous situer, il vous reste à utiliser la grille que nous vous
proposons à la page suivante. Remplissez-la et regardez ce que vous faites
le mieux pour à la fois remplir votre jauge de confiance en vous et celle de
connaissance de vous-même.
Développez aussi votre lucidité émotionnelle
Si la lucidité commence par la prise de conscience des émotions que nous
ressentons, il ne s’agit pas là d’une tâche toujours simple.
Le plus grave ici n’est pas que ces personnes soient dans un état de
communication négative ou contreproductive, mais c’est le fait qu’elles
ignorent la nature réelle de leurs émotions et finiront par croire que ce
qu’elles expriment est égal à ce qu’elles ressentent. Un malentendu vis-à-
vis des autres et pire encore, vis-à-vis de soi-même !
• La joie
• La colère
• La peur
• La tristesse
• Le dégoût
• La surprise
– Où était-ce ?
– Qui était là ?
– Que ressentiez-vous ?
– Qu’avez-vous dit ? (notez les mots, les expressions, les phrases le plus
précisément possible)
– Qu’avez-vous fait ?
La bienveillance
Elle se définit par la capacité d’une personne à reconnaître (au sens montrer
de l’empathie pour), chez l’autre comme chez lui-même, les émotions, les
ressentis comme les besoins et à les respecter. Elle est le complément
indispensable de la lucidité. Il ne s’agit ici pas d’être « gentil » mais
bienveillant. C’est-à-dire de considérer que l’autre a autant de valeur que
nous-même dans un contexte donné. La bienveillance devient ainsi le
complément naturel de la lucidité, qui nous fournit des éléments d’analyse
et de perception des situations vécues.
La lucidité permet d’’être clair sur notre état d’esprit lorsque nous
communiquons.
La bienveillance permet de développer de la tolérance et de la patience dans
notre communication.
C’est l’une des limites que nous rencontrons dans nos séminaires de
communication. Certains stagiaires, arrivés pleins de bonnes intentions, ne
sont pas prêts à faire le choix de la bienveillance et préfèrent continuer de
croire que… « tout de même, parfois, il faut faire preuve d’autorité ou de
sens du compromis… » et qu’ « il y a des gens qui ne méritent pas la
bienveillance ! »
Maintenant, allez-vous asseoir sur l’une des trois chaises. Sur la deuxième
est assise de façon imaginaire la personne qui est l’objet de votre rancœur,
sur la troisième chaise est assise une personne intelligente, bienveillante et
disponible pour entendre votre histoire. Elle est imaginaire aussi, bien
entendu.
Une fois que vous avez le sentiment d’avoir dit ce que vous aviez à dire,
respirez profondément et lorsque vous serez prêt(e), allez vous asseoir sur
la deuxième chaise (vous l’aviez senti venir, n’est-ce pas ?!).
La troisième chaise est celle où vous vous rendrez pour terminer l’exercice
et apporter le point de vue de l’observateur. Il ne prend pas parti. Il constate
le vécu de l’un et de l’autre. Il dit ce qu’il a entendu d’important et aussi ce
qui n’a pas été dit. Son rôle est ici primordial car il n’est pas
émotionnellement engagé comme vous l’êtes, et comme l’est sans doute la
personne qui a déclenché la rancœur que vous avez ressentie.
Une fois que vous avez bouclé cette séance (et après vous être assuré(e) que
personne ne vous a vu sinon vous passerez vite pour étrange !), vérifiez ce
qui a changé dans votre perception de l’incident déclencheur. Sans doute
beaucoup plus que ce que vous imaginiez avant de vous lancer dans cette
étrange expérience !
La constructivité
Lorsqu’un contrat (accord) tacite est formulé, alors les risques sont jugulés.
Par exemple, au cours d’une soirée, quelqu’un dit : « On s’ennuie, si on
parlait des rideaux, ça nous occuperait ! ». Les autres répondent : « Ah oui,
bonne idée, parlons des rideaux pour ne plus nous ennuyer… » Il y a ici un
intérêt commun, un enjeu, une proposition, un accord explicite de chacun. Il
y a constructivité ! La maîtresse de maison aura sans doute à vérifier
comment éviter l’ennui dans ses soirées la prochaine fois !
Dans l’ascenseur, je pourrais dire à la dame qui m’y a rejoint : « Pour éviter
un silence gêné, phénomène fréquent dans les ascenseurs, je vous propose
de parler météo jusqu’au sixième étage qui, semble-t-il, est votre
destination. » Si la dame me répond : « Quelle charmante idée, je vous
félicite pour votre prévenance… », alors la météo devient notre projet
commun, notre contrat sacré, bienveillant et lucide, puisque tout est
transparent.
Cogito ergo sum… c’est du latin. Ça veut dire Je pense, donc je suis !
Aujourd’hui tout le monde le sait ! Pourtant Descartes, celui qui a dit ça,
pensait en français…
C’était l’époque bénie où l’on écrivait dans une langue morte pour donner
du crédit à ses propos. Les choses n’ont guère changé : il est tellement
important de crédibiliser son propos que pour avoir la possibilité de
convaincre une communauté scientifique ou une organisation sociale, il faut
d’abord avoir montré patte blanche en parlant la langue ou le jargon
attendu.
Il est d’ailleurs amusant de constater que les personnes qui font une
psychanalyse disent : je suis en analyse. Une analyse, le mot rassure.
Pourtant, s’il y a bien une chose qu’on ne fait pas en psychanalyse, c’est
analyser… Il s’agit plus d’un voyage que d’une explication.
L’émetteur
Nous ne parlons pas tous la même langue. Ce qui est vrai pour les langues
étrangères l’est aussi pour les langues de la communication. Un message
émis avec une tonalité chaleureuse ou affective peut être parfaitement
accepté et compris par une personne et interprété ou subi par une autre.
Nous parlons bien plus de langues, patois et jargons que notre seule langue
maternelle officielle !
Dans les années 1970, le Dr Taibi Kahler s’est d’abord concentré sur les
messages émis par les êtres humains, allant au-delà du simple contenu pour
explorer les processus. Il voulait identifier les premières altérations du
comportement quand un individu descend dans le stress, pour les prévoir et
les gérer. Lors de ses recherches sur la Process Communication11, ses
travaux l’ont conduit à bâtir une grille de lecture extrêmement riche des
ingrédients de la communication. Cela lui a permis d’identifier non
seulement l’existence de nos processus de communication mais aussi la
logique qui les sous-tend.
S’il n’est pas question ici de détailler ce modèle qui fait l’objet de
nombreux ouvrages, nous retiendrons cependant les ingrédients observables
que Kahler a utilisés et validés par ses recherches.
Nous utiliserons ensemble deux des outils qu’il a développés pour, à la fois,
varier notre langage et l’adapter à nos interlocuteurs.
Les indicateurs verbaux (ici, les mots), les indicateurs paraverbaux (ici, le
ton), et les indicateurs non verbaux (ici les attitudes corporelles, les gestes
et expressions du visage).
• Les gestes
• Le ton de la voix
L’Ordinateur
L’Émoteur
Le Réconforteur
Le Directeur
Le Protecteur
État d’esprit : j’ai l’intention de rassurer une personne dans un état de stress
émotionnel fort (un enfant qui se réveille à cause d’un cauchemar, une
personne en état de choc ou de perte de contrôle émotionnel.
Je te reçois 5/5
• Allumez votre télé (pour une fois qu’on vous dit que c’est pour votre bien)
et observez les comportements d’une personne interviewée.
Pour faire ce travail, utilisez la grille ci-après que vous pouvez reproduire
autant de fois que nécessaire, pour l’utiliser régulièrement. Quand vous
serez entraîné(e) suffisamment, vous pourrez faire l’exercice sans support
écrit.
Il a identifié non pas trois mais six types de personnalité14 qui, différents
par essence, sont présents en chacun de nous dans notre structure de
personnalité.
Ces six types sont présents mais pas dans le même ordre chez chacun. Il
existerait, selon Taibi Kahler, 720 structures de personnalités possibles
(attention, on ne dit pas personnalités mais structures de personnalité : la
personnalité se façonne aussi avec l’histoire familiale et personnelle de
chaque individu, il ne s’agit pas ici de mettre les gens dans des boîtes.
Ces six types de personnalités sont partagés dans un ordre différent, soit
6x5x4x3x2x1 = 720 combinaisons possibles.
• Dans la pensée :
• Dans l’émotion
Le type Empathique, chaleureux, compatissant et sensible, qui a besoin de
sentir les choses et les gens avant toute chose.
• Dans l’action
Ces six types de personnalités sont tous en chacun de nous. Et c’est une
bonne nouvelle : car nous pouvons toujours espérer être entendus par autrui,
puisque nous partageons les mêmes ingrédients de personnalités.
Alors pourquoi arrive-t-il que cela ne marche pas ? Tout simplement parce
que nous passons le plus clair de notre temps à n’utiliser qu’une partie de
nos outils naturels… nos préférés ; les premiers par ordre de priorité dans
notre structure de personnalité.
Petit cours de langues. Étudions d’un peu plus près les six perceptions.
Prenez votre journal de bord et écrivez sur un sujet qui vous stimule et vous
permet de laisser courir votre plume. Faites au moins une page d’écriture.
Une fois votre page remplie, laissez reposer.
Qu’en dites-vous ?
La perception Faits
Le langage des faits induit une vision neutre sur les événements, les gens
ou les choses, en l’absence d’information vérifiable. Si je demande un
avis à quelqu’un dont c’est la langue de perception principale, cette
personne me demandera sans doute quels sont mes critères d’évaluation
avant de répondre. Si elle dispose d’informations suffisantes, elle me les
donnera.
Le journaliste de France-Info
La perception Opinions
Nous dirons d’une personne qu’elle s’exprime dans une perception
Opinion si elle affirme une chose non vérifiable. Affirmer par exemple
que les Français sont des râleurs est une opinion. Lâcher à la volée que
Titanic est vraiment un bon film en est une autre. Plus subtilement,
complimenter quelqu’un en lui disant « tu as bien agi » est aussi une
opinion.
Ou bien :
Le journaliste de “Libération”
Prenez encore une fois un événement vécu en famille, au cours duquel des
rebondissements, des conflits, des éclats ont eu lieu.
La perception Ressentis
Il s’agit là du domaine de la relation et de l’expression des émotions. Une
réserve importante est que cette perception s’accompagnera le plus
souvent de la Partie de Personnalité Réconforteur. La posture est
nourricière. À la différence du langage de la réaction décrit plus loin, il
s’agit ici de partager et non d’imposer des ressentis. C’est la langue
privilégiée de la relation affective et de soutien.
Ou bien :
Confidence
Prenez un événement vécu en famille, au cours duquel des
rebondissements, des conflits, des éclats ont eu lieu.
Dans votre journal de travail, adressez à un ami une lettre lui racontant
l’événement au travers de vos ressentis et perceptions, y compris
sensorielles. Le défi est de pouvoir parler le plus paisiblement possible de
vos ressentis et émotions sans vous positionner en attaquant autrui ni en
victime.
La perception Réactions
Elle se caractérise par son élan spontané, qui vient rebondir sur un
stimulus. Ce que nous entendons par là est qu’il s’agit d’une réaction
émotionnelle et non réfléchie. La deuxième caractéristique de cette
réaction est sa dynamique forte, parfois surjouée : « wow » semble
parfois excessif en lieu et place de « oui ».
Ou bien :
– J’adore !
Toute la vérité !
Prenez un événement vécu en famille, au cours duquel des
rebondissements, des conflits, des éclats ont eu lieu.
Dans votre journal de travail, écrivez vos réactions les plus spontanées
possibles à cet événement. Ne réfléchissez pas à la logique ou à la
chronologie, laissez-vous porter par vos réactions.
Le moyen le plus simple de le faire est de noter ce que vous avez adoré
dans ce qui s’est passé en écrivant littéralement : « Ce que j’ai adoré,
c’est… » ainsi que ce que vous avez détesté en écrivant littéralement « Ce
que j’ai détesté, c’est… »
La perception Visualisation
Ce langage est celui de l’exploration mentale et de l’imagination. Les
personnes qui le parlent projettent littéralement dans leur tête des images
et se regardent faire des choses. Souvent au présent de l’indicatif ou
projeté dans le futur, il s’agit d’utiliser un vocabulaire à la fois visuel et
de l’action. L’imagin’action ou la visualis’action en quelque sorte. Les
personnes qui favorisent cette langue le font en activant la Partie de
Personnalité Ordinateur.
Ou bien :
Dormez, je le veux !
Vous allez tester votre pouvoir d’hypnose sur vos interlocuteurs. L’enjeu est
de raconter une histoire qui les interpelle au point qu’ils sortent du réel pour
entrer dans leur propre tête et la vivre en direct.
Un des moyens les plus intéressant pour cet expérience serait d’hypnotiser
un enfant en lui racontant un conte de fée. Pour cela, rien de plus simple.
Équipez-vous d’un enfant de moins de 8 ans, installez-vous dans un endroit
confortable, sans contact ni physique ni oculaire (vous pourriez par exemple
tous les deux regarder le plafond) puis racontez-lui un conte de votre choix
en respectant la règle suivante :
Si vous n’avez pas d’enfant sous la main pour faire l’expérience, prenez un
événement vécu en famille au cours duquel des rebondissements, des
conflits, des éclats ont eu lieu. Décrivez-le d’abord par écrit dans votre
journal, selon les mêmes règles :
Tout est raconté au présent de l’indicatif. Vous ne faites que décrire ce qui
se passe, vous n’expliquez rien et n’induisez pas les émotions. Si vous
décrivez ce que quelqu’un ressent, dites au présent ce que la personne se dit
à elle-même. Ainsi restez-vous dans le purement descriptif.
Une fois ce travail achevé, dites-le à haute voix en faisant attention aux
risques d’autohypnose !
La perception Actions
La langue de l’action ne passe pas par quatre chemins. Ceux qui la parlent
le font souvent à partir de la Partie de Personnalité Directeur (emploi de
l’impératif). Les mots choisis induisent l’action et son bonus, le faire et son
résultat immédiat. Il ne s’agit pas d’analyser ou de comprendre mais bien de
passer à la mise en œuvre concrète.
Voici les deux types de réponses classiques à l’expérience
« Qu’en dis-tu » que vous avez menée précédemment :
Ou bien :
Moteur… action !
Commencez par rédiger une série de questions que vous souhaiteriez poser
aux différents interlocuteurs.
Quand vous aurez trouvé une dizaine de questions, regardez celles qui sont
à l’impératif et vous avez déjà réussi la séquence ! Pour celles qui ne sont
pas à l’impératif, cherchez la formule qui permettra de les conjuguer dans
ce mode de conjugaison.
Écrivez-les.
Le traducteur instantané
Nous vous proposons ci-après une série de phrases émises dans l’une des
six langues de perception. À vous d’identifier de quel perception il s’agit et
de faire une traduction de cette phrase dans une autre langue ! Attention, le
contenu doit rester le même. La traduction est un art difficile… à vous de
jouer !
Perception :
Perception :
Perception :
Perception :
–
–
Les deux outils que nous avons développés dans ce chapitre nous
permettront d’obtenir des gages d’écoute de la part de nos interlocuteurs. Ils
sont prêts à entendre ET à écouter ce que nous souhaitons leur dire. Il est un
second bénéfice important dans cet art de faire l’effort de parler la langue
de l’autre : nous récolterons un trésor essentiel de la relation : celui de la
confiance. Notre interlocuteur se dira « si cette personne sait exprimer la
même perception que moi, je n’ai pas à craindre de malentendu, je peux lui
accorder ma confiance a priori ».
Pour conclure, je ne résiste pas à l’envie de revenir au cogito ergo sum qui
introduisait ce chapitre, pour vous offrir la réponse de l’auteur tchèque
Milan Kundera : « Une personne qui dit “je pense donc, je suis” n’a
probablement jamais connu le mal de dents ! »
11. Taibi Kahler, psychologue américain, a mis au point le modèle de la Process Communication.
Lire Le grand livre de la Process Thérapie, Eyrolles, 2010.
12. Jérôme Lefeuvre, Découvrir la Process Communication, InterEditions, 2006.
13. Paul Ware, “Personality Adaptations”, TA Journal, janvier 1983.
14. Pour aller plus loin sur les Type de Personnalité et leurs langages, lire Kahler Taibi, Le grand
livre de la Process Thérapie, Eyrolles, 2010.
15. Les six Types de Personnalité : Travaillomane, Empathique, Persévérant, Rêveur, Rebelle,
Promoteur. Taibi Kahler, Ph.D., Manager en Personne, Kahler Communication, Inc., Little Rock,
Arkansas, 1988, 1992, 2000, 2004. Éléments sous copyright de TKA et KCI (imprimé à des fins
légales).
Règle d’or n°3
Réglez votre décodeur !
… ou comment capter et décoder les signaux
et le langage de l’autre
G
râce à un entraînement intensif pour appliquer les deux premières
règles d’or, vous avez obtenu de votre environnement une écoute
de qualité. Votre posture est bienveillante, lucide et constructive :
vous êtes vous-même et ainsi, vous inspirez la confiance. Vous savez ajuster
votre langage afin d’être clair, compréhensible, et vous connaissez les
différentes manières de dire la même chose, du coup, vous donnez envie !
Alors, les gens autour de vous acceptent de communiquer avec vous et ils
vous répondent, voire vous sollicitent. Vous voici confronté à la troisième
règle d’or de la communication : réglez votre décodeur.
Bien sûr vous êtes déjà bien équipé avec la batterie d’outils pratiques que
nous avons préparés dans les deux premières parties de ce livre, et vous êtes
en mesure d’identifier chez votre interlocuteur sa posture, sa Partie de
Personnalité dominante et son langage de perception. Tout ceci vous permet
de vous adapter à ce dernier.
Cependant, pour percevoir tous ces éléments et devenir une fine lame de la
communication, encore faut-il que votre capacité à voir et à entendre l’autre
soit aiguisée elle aussi. Si vous voulez voir une chaîne câblée et en profiter,
vous devrez commencer par régler le décodeur. En communication, le
décodeur a un nom simple et galvaudé : l’écoute !
Ce chapitre sera court et les règles faciles à appliquer. Ce chapitre est aussi
un chapitre charnière, car la communication se fait à plusieurs et plusieurs
commence à deux. Si vous ne montrez pas à votre interlocuteur que vous
l’écoutez vraiment, vous ne donnez plus envie et si vous n’écoutez pas
vraiment, votre posture n’est pas bienveillante ni constructive.
S’il y a une règle de base qui doit trouver sa place dans les cinq règles d’or,
c’est bien celle de l’écoute ! Une évidence, une porte ouverte que l’on
enfonce, certes ! Nous avons tous vécu la frustration d’une conversation au
cours de laquelle notre interlocuteur semble ne pas souhaiter s’engager et
fait semblant, ou encore n’a noté et relevé que ce qui lui servait à alimenter
son propre propos, ou encore dit avoir écouté, et n’a retenu que la moitié de
nos propos.
Avons-nous fait vivre cette indélicatesse à autrui ? Non bien sûr, pas vous,
cher lecteur, ni vous chère lectrice ! En tout cas, pas depuis que vous
utilisez les deux premières règles d’or de cet ouvrage, que vous offrez une
posture bienveillante, lucide et constructive et que vous ajustez votre
langage à l’autre, preuve que vous l’écoutez. Nous allons travailler ici sur
ceux de nos interlocuteurs qui semblent ne pas écouter et nous allons veiller
à rétablir ce niveau d’écoute.
Voici les indicateurs des trois niveaux de qualité de l’écoute sur lesquels un
peu de vigilance nous permettra de régler notre décodeur. Ce n’est pas
toujours volontairement que nos interlocuteurs n’écoutent pas bien ce nous
leur disons ; même lorsque nous proposons un échange de qualité,
l’attention que nous porte l’autre n’est pas forcément synonyme de
l’intention qu’il a à notre égard. Gardons-nous de juger un mauvais niveau
d’écoute, branchons notre décodeur d’écoute et agissons en conséquence.
Grille de décodage de l’écoute de qualité
Qualité Qualité
Réelle Feinte
Exhaustive Sélective
Totale Partielle
L’écoute réelle
Elle se définit par opposition à l’écoute feinte, dans laquelle la personne
agit comme si elle écoutait alors qu’en fait, elle est ailleurs dans sa tête et
du coup, fait semblant plus ou moins consciemment. Je la vois opiner du
chef et je l’entends faire hin hin pendant que je lui parle mais je ressens
qu’elle n’est pas disponible et que son acquiescement semble mécanique.
L’écoute exhaustive
Elle se définit par opposition à l’écoute sélective. En cas d’écoute
sélective, la personne à qui vous vous adressez ne prend dans votre
échange que les contenus qui l’intéressent et ramène la conversation aux
aspects qu’elle a envie de traiter.
Faire silence. Oui, encore une fois, cette pratique aura un impact fort sur
votre interlocuteur. Puis, soyez ferme sur les points que vous souhaitez
aborder. Vérifiez les points d’accord et de désaccord que vous percevez et
exprimez à votre interlocuteur le fait qu’il semble ignorer une partie de vos
propos. Si la personne persiste, lâchez prise. Il ne sert à rien d’insister.
L’écoute totale
Vous avez adressé deux messages mais un seul est entendu et reconnu.
• Je réalise que je dois revenir sur ce que j’ai exprimé car l’autre l’a ignoré.
• Je réalise que je dois revenir sur mon ressenti car l’autre l’a ignoré.
La communication intrapersonnelle
Il s’agit de la communication de soi avec soi. Les informations ou
commentaires que nous nous faisons à nous-même en quasi-permanence,
à l’insu de nos interlocuteurs. Au moment même où vous lisez ces lignes,
vous êtes peut-être en train de le faire, vous êtes en train de vous parler à
vous-même… mais voilà, de quoi ? Moi l’auteur, je n’en sais rien.
J’espère seulement que votre discours interne ne vient pas parasiter votre
lecture, notre échange, notre communication. Il est pourtant possible que
vous soyez soudain interpellé par une urgence. « Bon sang, j’ai oublié de
poster la lettre pour les impôts », vous dites-vous pendant que vous lisez.
Vos yeux continuent quand même de courir sur la page. Quelques
secondes plus tard, vous émergez de votre soliloque interne et arrivez sur
ce mot-ci : MOT. Vous réalisez alors que vous ne savez plus de quoi parle
ce chapitre et cherchez où remonter pour retrouver le fil. Il faudra que
mon livre vous intéresse suffisamment pour que vous vous disiez à vous-
même : vas-y cherche la ligne depuis laquelle tu as décroché !
Une scène mythique du film Annie Hall de Woody Allen montre les deux
personnages principaux dans une scène de séduction. Ils échangent sur l’art
de la photographie à l’occasion d’un vernissage mettant les photos d’Annie
à l’honneur. Woody Allen met alors à l’écran ce que les deux personnages
sont en train de se dire à eux-mêmes pendant qu’ils discutent. C’est un
moment à la fois émouvant, car ils sont touchants de sottise pré-pubère,
effrayant car ils sont au bord de la catastrophe en terme de communication,
et très drôle parce que le quiproquo est délicieux.
La communication interpersonnelle
Rappelez vous : en plus de toi et moi, une troisième personne virtuelle est
là, très présente : notre relation. Elle donne le la à notre conversation et elle
le fait par l’intermédiaire de la petite voix dont nous parlions tout à l’heure,
celle de la communication intrapersonnelle. À ce discours interne vient
s’ajouter l’impact de la position de vie dont nous avons parlé dans la
première partie du livre.
Il pense : Faut qu’elle s’achète des lunettes… elle est miraud… tiens au fait
où sont mes lunettes ? … et ai-je bien nourri le poisson rouge avant de
partir ?
Il se dit : Elle est un peu nunuche celle-là… bon mais elle est bien gentille
et puis je m’ennuierais si j’avais fait la traversée tout seul !
Nous aurons besoin de l’utiliser si notre décodeur standard n’a pas suffi,
c’est-à-dire lorsque je ne parviens pas à entendre clairement le message de
l’autre et qu’il reste chargé de non-dits qui parasitent le message. Je vais
alors demander une clarification, un décodage des signaux flous.
Il convient par exemple d’éviter les procès d’intention avec des choses du
genre :
Rien de tel pour ouvrir la porte aux conflits et aux Jeux psychologiques, que
nous aborderons au chapitre quatre.
– « Si tu veux ! »
Décodeur HD (quel est le probable sous-entendu ?) :
– « Ça ne me dérange pas… »
Décodeur HD (quel est le probable sous-entendu ?) :
Le retrait
Dans le retrait, l’énergie dans l’échange est nulle. La personne reste en
retrait à la fois au niveau verbal mais aussi au niveau non verbal (sinon il
ne s’agit pas de retrait).
Le rituel
Dans le rituel, l’énergie dans l’échange est faible.
Le passe-temps
Dans le passe-temps,le niveau d’énergie est moyen. La personne nourrit le
contact avec un sujet ou une activité qui n’a pas d’autre objectif que de
passer le temps ou d’entretenir un niveau minimal de convivialité. C’est la
conversation d’ascenseur ou les chapelets de sujets non polémiques qui
jalonnent un aimable repas entre amis.
« Beau temps pour la saison… ah l’année dernière il faisait bien plus froid
à la même époque ! »
L’activité
Dans l’activité, le niveau d’énergie est fort. Cette énergie est la fois
consommée et fournie. Il s’agit de ce qu’en d’autres lieux on appelle la
relation gagnant/ gagnant. Les deux interlocuteurs ont un contrat tacite ou
implicite pour bâtir quelque chose entre eux. Cela peut être un projet
professionnel ambitieux, comme la simple prise de rendez-vous ou un
échange de conseils.
L’activité pourra être considérée comme à risque dans au moins deux cas :
• il existe un déséquilibre dans le contrat (l’un des deux y gagne plus que
l’autre) ;
• elle est exclusive et l’une des deux personnes aimerait se voir proposer
aussi d’autres niveaux d’énergie positive.
L’intimité
Dans l’intimité, le niveau d’énergie est maximum. Les deux personnes ont
une ouverture sans réserve. Chacune d’elles peut exprimer des ressentis, des
opinions, de l’intelligence, du jeu, des émotions, se taire ou parler… tout est
OK. C’est le niveau d’énergie le plus générateur de confiance.
Par convention, il n’est pas envisagé de considérer l’intimité comme
négative. Je ferai une réserve qui est qu’elle ne doit pas être imposée ni
considérée comme un dû. C’est un processus qui s’entretient et s’améliore,
l’intimité n’est jamais définitive entre deux personnes.
Notez bien : à moins de vivre en ermites, nous sommes invités à des Jeux
psychologiques des dizaines de fois par jour !
Vous êtes fin prêt pour apprendre quelques techniques qui vous permettront
de vous défendre contre les interlocuteurs de mauvaise foi, voire
malintentionnés !
16. Lorsqu’il est psychologique, nous mettons par convention une majuscule au mot jeu.
Règle d’or n°4
Ne vous laissez pas faire !
… ou comment éviter les pièges de la
manipulation, petite ou grande
« Parler, ça fait du bruit quand l’un dit oui et l’autre non. »
Richard Gotainer
L
es trois premières règles – je devrais dire les trois « disciplines » –
que nous avons vues dans les premiers chapitres vous ont mené ici :
Arrivé à cette étape, vous découvrez que certaines personnes, même lorsque
vous faites au mieux, bloquent ou sabotent l’échange. Nous n’en
chercherons pas les raisons ici mais ce que nous savons, c’est qu’elles
n’appliquent pas les trois premières règles d’or et qu’il devient nécessaire
pour vous de vous défendre, sans pour cela attaquer ou contre-attaquer. À la
manière du judoka qui utilise la force de son adversaire comme parade,
nous utiliserons l’énergie de l’autre (beaucoup d’énergie, puisqu’il s’agit de
contrer un jeu psychologique) non pour le faire tomber mais pour faire en
sorte de rétablir une communication positive.
Nous travaillons, mon ami Pierre Agnèse17 et moi, depuis plus de dix ans
sur la dynamique des Jeux psychologiques. Nous avons créé un modèle et
des outils de gestion des Jeux et formé des centaines de personnes à cet art
que nous considérons comme martial ! Par convention les mots Jeu et
Joueur prendront une majuscule pour évoquer la pratique négative du sous-
entendu à risque.
Le conflit fait son nid de toutes les maladresses que les êtres humains
s’échangent, le plus souvent inconsciemment – et parfois sciemment –
lorsqu’ils ne savent plus comment faire pour communiquer positivement
leur frustration, leur malaise ou toute sorte d’émotions, finalement bien
normales au cours d’une vie.
Nous sommes parfois spectateur d’un conflit qui dure entre des personnes
que nous côtoyons, et il est difficile de ne pas être éclaboussé par les ondes
négatives et contagieuses des protagonistes. Ces derniers sont quelquefois
ceux qui nous sollicitent pour nous faire entrer dans la danse avec eux.
Aussi, résister à ces manipulations demande une solide connaissance des
systèmes mis en jeu dans tout conflit et des pratiques des Joueurs.
Les Joueurs
Avant toute chose, il convient de préciser qu’il existe trois catégories de
Joueurs et que les parades à utiliser pour neutraliser leurs attaques diffèrent
selon ces trois catégories.
• À la fin de l’échange, l’un des interlocuteurs (ou les deux) est en état de
stress (il y a un ou deux perdants).
Le génial Dr Stephen Karpman décrit les prémices des Jeux, puis les Jeux
eux-mêmes à travers un modèle appelé le Triangle Dramatique. Ce triangle
peut se comparer à un plateau de jeu, la pointe vers le bas, donc instable par
définition. À chacun des trois points du triangle se trouve une position
appelée Rôle.
L’un des premiers signes d’un Jeu correspond à « l’entrée » sur le plateau
de Jeu de l’un des protagonistes. L’entrée dans le Triangle Dramatique se
fait par l’ un des trois angles, représentant l’un des trois rôles suivants,
toujours présents dans les conflits :
Par exemple, Josette dit à Marcel :
Elle entre dans la partie en adoptant le rôle de la Victime qui ne s’en sort
pas.
Josette n’a plus qu’à changer de rôle sur le plateau pour accabler ce
pauvre Marcel, qui va vite se rendre compte qu’il est le dindon d’une farce
amère :
– Mais mon pauvre ami, tu es bien incapable de m’aider. Si tu l’avais été, je
te l’aurais demandé, tu penses bien !
Lorsque nous adoptons l’un de ces rôles, nous montrons dans le même
temps des comportements dont nous n’avons pas forcément conscience. Ces
comportements sont des stratégies inconscientes, probablement acquises tôt
dans l’enfance, pour nous défendre ou nous adapter à des situations
complexes. Ces stratégies, dans un monde d’adultes, sont bien entendu
inefficaces car elles déclenchent, amplifient ou entretiennent un conflit.
Le rôle du Persécuteur
Dans le rôle de Persécuteur, sont activées inconsciemment un ensemble de
croyances fausses parmi lesquelles :
Le rôle de la Victime
Dans le rôle de Victime sont activées inconsciemment un ensemble de
croyances fausses parmi lesquelles :
Le rôle du Sauveur
Dans le rôle de Sauveur sont activées inconsciemment un ensemble de
croyances fausses parmi lesquelles :
• J’ai plus de valeur que l’autre ou les autres, et si seulement ils étaient
capable de faire ce que je leur dis de faire, alors ils auraient de la valeur.
• Je n’ai plus d’autre choix que de plaindre le sort de l’autre ou des autres
pour gérer la situation et de les asservir par mon aide, devenue
incontournable.
Indicateurs observables
• Une personne dans le rôle de Sauveur montre un savant mélange de
suffisance et d’impuissance, comme si le message était : « Je veux bien
t’aider moi, mais bon, ça sert à rien. »
Les Anciens disaient : « Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de
parler » et voici pourquoi la martingale, quoi qu’il arrive et quel que soit le
Rôle que vous percevez en face de vous est le silence ! Cette première étape
vous permettra plusieurs choses :
La première est que vous allez pouvoir respirer et réfléchir à ce que vient de
dire ou de faire votre interlocuteur. Un bon Jeu déclenche une réaction
immédiate et le risque est grand de se laisser embarquer très vite.
La technique de l’édredon
• Votre posture dans l’échange est exemplaire car vous respectez la règle
d’or n° 1 : Soyez vous-même ! et vous adoptez une posture communicante.
• Vous savez donner envie à vos interlocuteurs de communiquer avec vous
car vous maîtrisez désormais cette règle d’or n° 2 et vous vous êtes rendu à
la fois audible et compréhensible par autrui.
• Depuis que vous savez régler votre décodeur, qui est la règle d’or n° 3,
vous parvenez à capter et à décoder les signaux et le langage de l’autre, et
vous avez appris à éviter les sous-entendus.
• C’est d’ailleurs ainsi que vous ne vous laissez plus faire ! et avez adopté
cette règle d’or n° 4 en maîtrisant les outils permettant d’éviter aussi les
pièges de la manipulation, petite ou grande.
Tout cela vous permet désormais dans votre communication d’être généreux
sans effort et d’appliquer la règle d’or n° 5 à découvrir dans le dernier
chapitre…
17. Pierre Agnèse, master trainer en Process Communication et coach, est co-auteur avec Jérôme
Lefeuvre des livres Déjouer les pièges de la mauvaise foi et de la manipulation, InterÉditions,
2010 et Les 7 clés de la réussite, Hachette, 2012. Il est également l’auteur du livre Market yourself,
Hachette, 2012.
18. Les Jeux psychologiques sont un concept d’Analyse Transactionnelle. Ils ont été observés et
définis par le Dr Eric Berne à la fin des années soixante.
Règle d’or n°5
Soyez généreux !
… ou comment créer l’intimité
avec ses interlocuteurs
P
our finir en beauté notre travail sur la communication, il nous faudra
un T-shirt propre, un Lovo’gramme bien rempli, un Intimo’gramme
riche et une technique du feedback bien maîtrisée. Alors au travail !
L’art du feedback
L’un des derniers grands maîtres de la recherche en communication,
Stephen Karpman, dont j’ai déjà beaucoup parlé dans cet ouvrage, insiste
dans ses séminaires et conférences sur le rôle individuel que nous pouvons
tous jouer pour évoluer dans un monde meilleur. Les civilisations, les
sociétés, les groupes, les organisations et les familles souffrent trop souvent
de l’incapacité des individus à partager et à communiquer. Cela commence
par un ingrédient essentiel de l’équilibre des relations : la reconnaissance.
• J’en donne.
• Je m’en donne.
Mon T-shirt !
Les chapitres précédents ont montré et démontré que nous communiquons
sans le savoir, ni le vouloir sur notre état d’esprit. Nos ressentis à l’égard
d’une situation ou des personnes autour de nous sont observables au travers
des cinq indicateurs de Kahler : posture, gestes, expressions du visage, ton
et mot20.
Lorsque nous entrons dans une pièce, certaines personnes, sans nous avoir
adressé la parole, nous donnent envie de communiquer avec elles. D’autres,
au contraire, avant même d’avoir initié le moindre contact, nous donnent
envie de les éviter. C’est écrit sur leur visage, c’est écrit sur le mur derrière
eux :
Ou bien :
Nous appelons cela le T-shirt. C’est le premier feedback que nous faisons à
nos interlocuteurs. Karpman affirme que ce T-shirt affichera un message
plus avenant et sympathique si nous sommes suffisamment nourris nous-
même de l’amour ou de la reconnaissance dont nous avons besoin. Il a créé
un outil d’auto-évaluation de notre stock de signaux de reconnaissance,
qu’il a appelé le Lovo’gramme ! Il s’agit d’une liste des personnes qui sont
les plus proches de moi et me « procurent » des signaux de reconnaissance
affective sous leurs différentes formes, de la plus simple à la plus intime. Si
ce stock est insuffisant, notre T-shirt affichera ce manque d’amour ! Bref, si
mon stock est insuffisant, je fais la tête où que j’aille !
Son voisin, en l’occurrence ici dans mon séminaire, est une femme. Alors
que nous échangeons sur les codes sociaux de la culture nippone avec Lucy,
je la vois illuminer son visage d‘un sourire spectaculaire et taquin ! De
l’Émoteur pur jus ! Je me tourne vers elle et lui demande la raison de son
état. Elle me répond : « Je suis Japonaise aussi et j’affiche mes émotions
régulièrement. C’est vrai que chez nous, c’est mal vu… mais pas tout le
temps. Seulement dans certaines situations. Par exemple ici, dans ce
séminaire, c’est autorisé ! »
Lucy justifie son contact peu chaleureux par les devoirs de retenue que sa
culture japonaise lui imposerait. Elle se trompe. Elle affiche un T-shirt qui
aggrave sa croyance et rebute probablement une partie des gens qu’elle
croise avec son message inconscient. Elle s’aliène ainsi une partie de la
population et limite son Lovo’gramme et son Intimo’gramme à leur plus
simple expression.
L’Intimo’gramme
Ce précieux outil permet de mieux comprendre pourquoi certaines
personnes semblent mieux nourrir la relation que d’autres et, du coup, sont
plus puissantes lorsqu’elles offrent un feedback. L’évaluation se fait ici au
niveau du contenu de la relation. La question qui se pose serait : « Jusqu’à
quel niveau d’intimité vais-je accepter que nous allions ensemble ? »
4 • De toi et moi : je partage avec une personne des choses que je ne dis
qu’à elle. Je confronte et affronte le feedback en tête à tête. Je confie des
choses à cette personne-là qui, elle aussi, le fait avec moi. Mon niveau
d’intimité est fort. Le risque – car il y en a un – est de n’avoir qu’une seule
personne avec qui je suis dans cette intimité-là… alors que se passera-t-il si
elle vient à manquer ? Ainsi, certaines personnes n’ont que leur
psychothérapeute (ou prêtre ou coach…) pour remplir cet espace
d’intimité… qui n’en est pas un, car il n’est pas réciproque.
Listez ci-dessous les personnes avec lesquelles vous retrouvez les niveaux
d’intimité de l’Intimo’gramme.
Tout et rien :
Les choses :
Toi et moi :
Nous, le lien :
Le Lovo’gramme
Il est une autre grille de mesure à utiliser. En lisant son nom, vous
comprenez que cette liste est à lire avec les yeux du cœur, bien sûr. Bien
remplie, elle offre une certitude : vous arborez le sourire de ceux qui sont
bien avec eux-mêmes car ils se savent reconnus, soutenus, aimés et
appréciés pour qui ils sont.
M’aime bien :
M’aide :
M’écoute et m’entend :
Me touche et me soutient :
M’aime :
Me désire :
Si mon T-shirt dit je suis prêt à communiquer, alors des personnes vont
m’approcher et m’offrir du feedback, de la présence et de la relation.
Si mon T-shirt dit, comme celui de Lucy, « même pas en rêve ! », le contrat
implicite éloigne de moi de potentielles amitiés ou opportunités de
m’enrichir.
Quand cette clause n’est pas signée, les gens peuvent dire : « Je suis libre
de prendre n’importe quelle décision et de faire ce que je veux. On est en
République ! »
2. La clause de protection
Quand cette clause n’est pas signée, les gens peuvent dire : « Chacun
s’occupe de ses propres émotions, ce n’est pas à moi de te protéger de quoi
que ce soit. Nous sommes grands ! »
3. La clause de transparence
Les partenaires sont d’accord pour dire à l’autre ce qu’il a besoin de savoir
sans garder cachées des informations indispensables à la qualité de la
relation. Ils sont en outre d’accord pour parler ensemble des problèmes
qu’ils rencontrent, de préférence le jour même. La discussion suivra les
trois règles de transparence :
1 • Soulevons le problème.
Quand cette clause n’est pas signée, les gens peuvent dire : « Je n’ai pas à
te dire quoi que ce soit ! »
4. La clause de satisfaction
Quand cette clause n’est pas signée, les gens peuvent dire : « Chacun peut
prendre son plaisir de son côté. »
5. La clause de flexibilité
Quand cette clause n’est pas signée, les gens peuvent dire : « Il semble que
nous n’ayons pas la même vision des choses et je ne changerai ma façon de
penser et de faire pour personne. »
Utilisez la check-list des cinq clauses pour vérifier les risques de brèches de
confiance dans vos relations Pour cela, prenez un premier exemple avec la
personne qui partage votre vie ou un ami cher. Et regardez dans votre
« contrat » relationnel ce qui est explicite, implicite, non dit, non respecté.
Ma relation avec…
Clause de protection
Clause de transparence
Clause de satisfaction
Nous sommes l’un comme l’autre engagés dans les sources de plaisir de
l’un et de l’autre…
Clause de flexibilité
Nous acceptons l’un et l’autre de façon équilibrée de nous accorder de
temps en temps de « céder » sur un désaccord…
Après avoir parcouru votre check-list, suivez mon conseil, que je tiens de
Stephen Karpman lui même : cette check-list doit être explicite et complète.
Les cinq clauses représentent chacune et ensemble les conditions sine qua
non de la confiance.
19. Erik Erikson est un psychanalyste américain, auteur d’une théorie du développement
psychosocial en huit stades successifs.
20. Voir p. 68.
Pour conclure
Cinq règles d’or de la communication
1. Soyez vous-même !
2. Donnez envie !
5. Soyez généreux !
Il ne vous aura pas échappé, en lisant les dernières pages, qu’il semble que
nous soyons revenus à la case départ en mettant en place la cinquième règle
d’or… Si j’avais voulu faire simple, il m’eût suffit de vous dire : Hé, soyez
vous-même ! Car vous êtes généreux n’estce pas ?
L’intention n’est pas suffisante, c’est pourquoi nous avons consacré ces
pages à démonter ensemble le processus de la communication constructive
et productive.
Je ne peux vous laisser si tôt. Vous me manquez déjà chère lectrice, cher
lecteur. Je vous propose donc de venir communiquer avec moi en direct sur
le réseau social professionnel LinkedIn. Créez votre profil puis rejoignez le
groupe « Rester Résonant ! Le forum de Pierre Agnèse et Jérôme
Lefeuvre » :
http://www.linkedin.com
Jérôme Lefeuvre
Paris, le 18 mai 2012
Réponses aux exercices
Exercice de reformulation
pp. 23-24
– « Est-ce que tu crois vraiment que c’est le meilleur moyen ? » Je pense
que ce n’est pas le bon moyen.
– « Si tu veux, je t’accompagne. »
Je vais t’accompagner.
– «Je suis désolé, je voulais faire plaisir et j’ai fait le contraire, quel
idiot ! »
EM, Évite-moi, posture -/+
– « J’ai peut-être fait des erreurs, mais tu n’as pas de leçon à me donner ! »
OVNI, On va nulle part, posture -/- (avec un deuxième sousentendu TT,
Tire-toi +/-)
– « Merci de m’avoir accordé cet entretien. J’ai apprécié votre point de vue,
même si nous ne sommes pas toujours d’accord. »
Communication +/+/+
– « Je gère peut-être mal ma vie, mais toi tu es mal placé pour dire quoi que
ce soit ! »
Ailleurs c’est mieux -/-/+
– « Vous n’avez pas besoin de comprendre ! Faites comme vos imbéciles de
collègues, faites ce que je vous demande ! »
Ancien missionnaire +/-/-
Le traducteur instantané
pp. 105-108
– « Je crois qu’il est important que tu prennes du repos en ce moment…
qu’en penses-tu ? »
Perception : Opinions
Et dans les cinq autres perceptions :
– « Je constate des signaux de fatigue chez toi ces derniers temps. Est-ce
le cas ? » (Faits)
– « Je te sens fatigué ces derniers temps. As-tu besoin de prendre soin de
toi ? » (Ressentis)
– « Wow, t’a l’air crevé ! Une bouillotte et au lit, allez hop ! »
(Réactions)
– « Je te verrais bien prendre du temps pour toi, à ce rythme là, je vois
du surmenage pour toi dans peu de temps. » (Imagination)
– « Regarde-toi dans ce miroir et dis-moi ce qu’il te reste à faire… allez,
prends deux jours de repos et reviens en forme ! » (Actions)
Le décodeur HD
pp. 132-135
– « Ah bon, tu crois ça toi ? Ah ! » Décodeur HD : Je ne le crois et je
pense que tu as tort.
Clarification : Et qu’en pense-tu, toi ?
– « Si tu veux ! »
Décodeur HD : Je le fais pour te faire plaisir.
Clarification : En as-tu envie ?
– « Ça ne me dérange pas… »
Décodeur HD : Je le fais pour te faire plaisir.
Clarification : En as-tu envie ?