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Gremion, Sarah
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GREMION, Sarah. L’enseignement de la grammaire à l’école primaire : comment susciter l’intérêt des
élèves du cycle moyen ? 2018.
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L’enseignement de la grammaire à l’école primaire :
comment susciter l’intérêt des élèves du cycle moyen ?
PAR
SARAH GREMION
2
Remerciements
Merci aux parents d’élèves concernés d’avoir donné leur autorisation pour
utliser le discours de leurs enfants dans le cadre de ma recherche.
Merci à Mme Isabelle Cervo, Mr François Cervo, Mme Tatiana Leroux, Mme
Prisca Tschakala et Mr Julien Cervo pour vos précieuses relectures.
3
A mon grand-père, avec qui j’aurais aimé partager ce travail.
Merci de veiller sur moi, même depuis les étoiles.
A mon compagnon, qui sait toujours m’apaiser dans les moments difficiles.
4
Table des matières
Introduction .......................................................................................... 10
5
1.5. 1 Projet trop ambitieux ? ............................................................................. 50
1. Problématique......................................................................................... 77
3. Méthodologie.......................................................................................... 81
3. 1. Contexte ....................................................................................................... 81
6
3. 2 Types de données ....................................................................................... 83
3. 2. 1 Entretiens avec les enseignants ...................................................................... 83
3. 2. 2 Expérimentation de la séquence d’enseignement ..................................... 84
3. 2. 3 Entretiens avec les élèves ................................................................................ 84
3. 3 La notion étudiée : l’attribut du sujet ........................................................ 85
3. 3. 1 Justification du choix de la notion .................................................................. 85
3. 3. 2 Définition ............................................................................................................ 86
3. 3. 3 Difficultés de la notion ...................................................................................... 88
3. 3. 4 L’attribut du sujet dans le PER (2010) ............................................................... 88
3. 3. 5 L’attribut du sujet dans les moyens d’enseignement ................................... 89
3. 4 Ingénierie didactique de la séquence proposée ................................... 93
3. 5 Synthèse ...................................................................................................... 101
7
3. 3 Conclusion en lien avec la question de recherche .............................. 154
8
Annexe 14 : retranscription des entretiens avec les élèves – activité 1 .Erreur !
Signet non défini.
Annexe 15 : retranscription des entretiens avec les élèves – activité 2 Erreur !
Signet non défini.
Annexe 16 : retranscription des entretiens avec les élèves – activité 3 .Erreur !
Signet non défini.
Annexe 17 : retranscription des entretiens avec les élèves – question finale
Erreur ! Signet non défini.
Annexe 18 : tableau réccapitulatif des données recueillies durant les
entretiens avec les élèves ................................................................................ 189
9
Introduction
Durant les stages et remplacements effectués au cycle moyen, j’ai remarqué
que la grammaire était généralement considérée comme un fardeau par les
élèves mais aussi parfois même, par les enseignants. Pour certains, il semble
s’agir d’un objet d’enseignement certes obligatoire mais dont ils remettent en
question l’utilité dans la pratique effective et face au public d’élèves qu’ils
ont aujourd’hui. La grammaire comme étant problématique semble être une
image souvent véhiculée par la société actuelle. Selon Bronckart (2003, p. 5),
l’enseignement des langues a toujours été objet de débats et on émet
souvent un « diagnostic de crise » le concernant. Les interprétations des
études PISA sont souvent à l’origine de ces inquiétudes, et rendent la situation
toujours plus alarmante (Burger, 2010). A cela, s’ajoute un constat d’une
maîtrise « médiocre » des termes de grammaire chez les élèves (Bronckart,
2016, p. 16). Ainsi, la complexité de la grammaire vraisemblablement
combinée au peu d’attrait qu’elle suscite, serait telle que les élèves n'arrivent
pas à la maîtriser suffisamment bien.
10
motivante pour les élèves, au sein de ma classe de 7PH, en me focalisant sur
la notion de l’attribut du sujet, dans le but de répondre à ma problématique :
Comment susciter l’intérêt des élèves au cycle moyen pour la grammaire ?
11
Première partie : éléments théoriques et conceptuels
1 Arnauld & Lancelot, 1660 / 1973 cité par Bronckart, Bulea & Pouillot, 2005, p. 11.
12
de l’organisation effective du français tel qu’il se pratique. » (p.11). Dans la
mesure où l’approche de la Grammaire de Port-Royal ne serait pas
adéquate à une utilisation en classe, les grammaires scolaires vont “se
mélanger” à des grammaires dites « normatives » (p. 11). Ce type de
grammaire donne à voir une langue “idéale” utilisée par les grands auteurs.
Dès lors, va se construire l’idée selon laquelle cette langue doit
indéniablement s’appuyer sur « (...) une solide maîtrise de grammaire
traditionnelle. » (p. 12). Le schéma résultant de cette grammaire est alors le
suivant : il est nécessaire de s’entraîner en réalisant des exercices de
grammaire et diverses lectures, dans le but de maîtriser les « règles
grammaticales et normatives » (p. 12), pour ensuite atteindre l’objectif final;
accéder aux “bons” auteurs. Cette conception laissait alors de côté l’étude
des situations de communications “réelles”. Le maître, quant à lui, avait pour
fonction d’assurer le caractère indiscutable des règles grammaticales face
aux élèves en adoptant un enseignement déductif, que Bronckart, Bulea &
Pouillot (2005, p. 12) qualifient même de « frontal ». Les auteurs soulignent
également les répercussions de cette grammaire scolaire quant à l’accès
aux savoirs. En effet, les écarts entre les différents niveaux socio-économiques
se sont alors creusés au profit des classes sociales les plus aisées : les plus
défavorisées n’avaient donc pas accès au savoir grammatical, et a fortiori à
la culture, à travers la lecture d’ouvrages de grands auteurs.
13
langage en situation de communication réelle. Il s’agit finalement des
prémices des démarches de types inductives dans la mesure où l’on suivait le
processus suivant : « observer d’abord, conceptualiser ensuite les
observations, les généraliser enfin sous forme de règles lorsque c’est possible
et utile. » (p. 14).
Les auteurs précisent, à juste titre, qu’il existait déjà à l’époque, un important
décalage entre les intentions de cette nouvelle approche de l’enseignement
de la grammaire et sa mise en place. Ainsi, pour répondre aux exigences du
secondaire - qui s’inscrivaient dans une approche de l'enseignement de la
grammaire du type de la première conception - l’école primaire publique va
revenir à un enseignement traditionnel voire scolastique : « la décomposition
analytique du programme-cible, et la construction d’une progression fondée
sur des degrés de complexité des savoirs, tels que les adultes les conçoivent. »
(p. 16).
14
1.1.2 Des caractéristiques aux critiques de la grammaire
traditionnelle : les raisons de la création d’une nouvelle
grammaire
15
A travers ce descriptif succinct, nous voyons déjà se dessiner les limites de
l’enseignement traditionnel de la grammaire, au regard des démarches
d’enseignement actuelles qui prônent des pédagogies actives où l’enfant-
élève est “maître” de ses apprentissages et découvre les savoirs au fil de ses
questionnements. Nous nous centrerons ici sur les principales critiques, qui ont
poussé les didacticiens à proposer une nouvelle grammaire. Pour ce faire, je
m'appuierai sur les propos de Bronckart (2001), Bulea Bronckart (2015), Paret
(1992), Béguelin (2000) et Genevay (1996).
En outre, les auteurs (Bronckart, Béguelin, Bulea Bronckart, Pellat) ont souvent
jugé que cette grammaire était trop focalisée sur les irrégularités et les
exceptions de la langue. D’après Bronckart (2001, p. 2), elle n’attache pas
assez d’importance à « l’analyse des règles syntaxiques » : en cherchant à
16
étudier les irrégularités, la grammaire traditionnelle tend alors à délaisser la
description des régularités dans la composition des phrases. Cette idée de
centration sur les exceptions du fonctionnement de la langue se retrouve
également chez Bulea Bronckart (2015) et nous semble aujourd’hui présenter
trop de difficultés pour être efficace et probante. La grammaire française
étant déjà relativement complexe, il paraît surprenant de s’atteler à décrire
toutes les exceptions qu’elle contient : si l’on veut l’enseigner à des enfants, il
serait davantage pertinent d’opter pour une méthode inverse en décrivant
des règles grammaticales dans leur globalité, pour commencer.
17
reconnaissance des mots, ce qu’ils nomment "l’étiquetage”. Cette idée de
« simples étiquettes verbales apposées aux choses » est d’ailleurs souvent
reprise dans les discours sur la grammaire traditionnelle (Bronckart, 2016, p.
19). Paret (1992, p. 32) précise que ce procédé n’est absolument pas
suffisant, dans la mesure où « nommer n’est pas maîtriser ». Effectivement,
reconnaître une notion grammaticale ne signifie pas que l’on est capable de
l’utiliser de manière adéquate ou que l’on a compris son fonctionnement.
Au regard des limites mises en avant ici, les propos de Ferdinand Brunot
relevés par Bronckart (2016, p. 8) illustrent bien le besoin de modifier la
manière dont on enseigne la grammaire. En effet, il s’agit de revoir les
démarches pédagogiques d’enseignement dans leur globalité : « (...) ce
n’est pas qu’on enseigne trop peu la grammaire, c’est qu’on l’enseigne
mal ».
2Concernant le manuel 4e/3e de Mauffrey, Cohen et Lilti (1988, p. 181) sur l’expansion du
nom.
18
du français à l’école élémentaire, plus connu sous l’appellation de Plan
Rouchette » (Bronckart, 2016, p. 8).
19
• Cet apprentissage n’est possible que si l’enfant éprouve le besoin d’entrer
en communication avec autrui, le besoin de s’exprimer, le besoin de
comprendre. A la faveur de cet apprentissage, il structure peu à peu sa
pensée.
A partir de ce constat, les didacticiens ont alors décidé de modifier les textes
de référence et de créer des moyens d’enseignement adaptés aux
enseignants. De plus, dans un souci de légitimation de cette rénovation que
beaucoup de ses détracteurs critiquaient, le Groupe Bally (Bronckart, 1989;
2014) a rédigé un rapport afin d’expliciter la démarche tout en proposant des
« solutions pour les divers problèmes théoriques, méthodologiques et
techniques qui avaient été identifiés. » (Bronckart, 2016, p. 14). Bronckart
(2016, p. 14) retient quatre éléments notoires de ce rapport. Tout d’abord, les
auteurs conservent l’idée selon laquelle les tâches de structuration de la
langue sont utiles au développement de trois aspects : « l’enrichissement des
capacités d’expression en générale, la maîtrise des principales règles
d’orthographe grammaticale et l'acquisition des langues secondes ou
étrangères ». Il précise également la présence d’un « corpus de notions de la
grammaire de la phrase avec des recommandations d’ajustement »
(Bronckart, 2016, p. 14), permettant ainsi d’obtenir une terminologie plus
20
claire et cohérente vis-à-vis des intentions de la rénovation. Concernant les
démarches, on préconise de réaliser les activités de structuration et celles de
production / expression de manière dissociée, durant deux temps
didactiques séparés. Enfin, les auteurs souhaitent s’atteler aux représentations
des enseignants quant à la grammaire et leur permettre de maîtriser et
comprendre davantage le fonctionnement de la grammaire.
Par la suite, à la fin des années 1980, la nécessité de diversifier les genres de
textes à enseigner et les réformes qui ont suivi, ont empiété sur la rénovation
grammaticale en cours, laissant de côté, en Suisse romande, les propositions
du Groupe Bally. Les travaux de ce groupe avaient néanmoins abouti à la
création d’ouvrages en accord avec les objectifs pré-cités, pour les élèves du
secondaire. Malheureusement, les autorités scolaires leur ont préféré des
manuels scolaires français, créant ainsi une nouvelle source de confusion que
ce soit dans les terminologies ou au niveau des démarches. Ce processus – le
recours aux manuels conçus pour être utilisés en France – est encore très
fréquent aujourd’hui, malgré des tentatives de retrouver une certaine
cohérence entre objectifs et manuels.
21
Aujourd’hui, Bronckart (2016, p. 20) explique que l’on semble s’accorder sur
l’objectif suivant :
(...) la grammaire scolaire constitue un appareil notionnel ayant pour
fonction de compléter et de (ré-)organiser les connaissances dont
disposent déjà les apprenants et de tendre ce faisant à rendre ces
connaissances plus conformes aux savoirs scientifiques à propos du
langage et des langues.
Sur la base de cet objectif, Bronckart (2016), formule différentes visées de la
grammaire. Il s’agit déjà de développer des compétences afin de pouvoir
analyser la langue, compétences qui seront mobilisées afin de maîtriser les
capacités d’expression. Bronckart (2016, p. 21) distingue trois « finalités » des
capacités grammaticales :
(...) la maîtrise de formes d’organisation textuelles, en tant que gage du
développement des capacités d’expression orale et écrite ainsi que
des capacités de réception-interprétation; la maîtrise des règles de
l’orthographe grammaticale de la langue en usage; l’élaboration de
processus transversaux facilitant l’acquisition de langues secondes ou
étrangères.
22
un second temps. Dans ce sens, on estime qu’elle vient outiller « la mise en
oeuvre des quatre types de savoirs (...) : savoir parler, savoir écrire, savoir
écouter, savoir lire » (Bulea Bronckart, 2015, p. 21). Ainsi, comme l’avance
Béguelin (2000, p. 72), la grammaire « s’articule à l’activité de
communication ». Chartrand (2009, p. 14) précise également : « (...) il faut
donc plus d’une approche utilitaire et instrumentale de la langue [...]. Il faut
permettre à l'élève de comprendre l’essentiel des mécanismes syntaxiques
en jeu, ce qui requiert aussi une approche réflexive de la langue ». L’auteure
insiste alors sur le fait que la langue est alors plus qu’un simple outil de
communication, et qu’il doit faire l’objet d’un enseignement à part entière.
Bien que traités ici de manière séparée, dans le but de faciliter leur
compréhension, il est important de préciser qu’il n’y a aujourd’hui pour la
plupart des auteurs, plus de hiérarchie entre ces objectifs. En effet, Bulea
Bronckart (2015, p. 14) parle d’un « enseignement intégré » des deux versants
de la grammaire. Il s’agirait alors de « (...) coordonner deux objectifs
apparemment opposés dits de libération de la parole et de structuration de
la langue » (Bronckart, 2001, p. 42). Cependant, bien que cela puisse sembler
contradictoire, Bronckart (2016), explique que pour pouvoir articuler les deux
objectifs de la grammaire, il est important de les traiter séparément dans un
premier temps, mais de finalement garder à l’esprit qu’ils devraient être
considérés comme interdépendants. C’est donc dans ce sens que nous
pourrions interpréter les propos de Bronckart (2001) : l’enseignement de la
grammaire est second et devrait s’intégrer à la première étape de visée
communicative. Cette volonté d’entretenir une relation d’interdépendance
entre structuration et expression fait cependant débat par son manque de
clarté et de consensus. Certains auteurs mettent ainsi en lumière quelques
éléments problématiques qui seront traités par la suite (cf. supra première
partie, 1.5).
23
1.2.2 Des caractéristiques aux critiques de la grammaire
traditionnelle : les raisons de la création d’une nouvelle
grammaire
4 Bronckart (2001)précise que l’aspect sémantique est indispensable mais qu’il est possible de
le “laisser de côté” dans la mesure où ce type d’analyse ne permet pas de comprendre le
fonctionnement des unités linguistiques dans la phrase.
24
comportaient pas de la même manière syntaxiquement parlant, ce qui était
d’ailleurs à l’origine de son manque de clarté.
Enfin, Besson, Genoud, Lipp & Nussbaum (1979) formulent une remarque très
pertinente concernant les théories décrites ici. Selon eux, il revient à
l’enseignant de choisir, pour telle ou telle activité, ce qu’il juge nécessaire
d’emprunter à l’une ou à l’autre des grammaires. Il ne s’agit donc pas
« d’appliquer en classe l’une ou l’autre de ces théories, mais de choisir dans
chacune d’elles des instruments d’analyse pouvant servir au mieux ses
objectifs pédagogiques » (p. 335).
25
1.3.1 Trois caractéristiques fondamentales de l’enseignement de
la grammaire rénovée
Les auteurs ont défini trois caractéristiques de la grammaire que l’on pourrait
nommer dans les termes suivants : recours à une analyse sémantique et
structurelle de la langue, création de règles et de normes, organisation de la
langue.
26
Ces éléments caractéristiques donnent une orientation plus stable, régulière
et organisée de la grammaire. Pour résumer, il s’agit d’ « (...) observer les
caractéristiques de la langue, induire les régularités, puis codifier cette
connaissance acquise en termes grammaticaux » (Bronckart, 2001, p. 3).
27
(2016, p. 41), qui considèrent qu’il faut que les élèves puissent prendre le
temps d’observer et de poser des questions (hypothèses, comparaison avec
l’ouvrage de référence consulté, etc), car « ce qui compte ce n’est pas tant
la réponse que le raisonnement suivi pour arriver une réponse ».
Enfin, Chartrand, Lord et Lépine (2016) précisent qu’il ne s’agit pas de laisser
les élèves complètement en charge de leurs apprentissages. Il est
effectivement nécessaire de bien structurer l’enseignement de la grammaire
en s’assurant d’une bonne clarification des contenus. De plus, il est important
de conserver l’exercisation afin « d’automatiser les raisonnements et les
procédures » (Chartrand, Lord et Lépine, 2016, p. 42).
28
1.3. 3 La démarche de type inductif au service de
l’enseignement de la grammaire
Généralités
29
Vincent, Dezutter, Lefrançois (2013), montrent que l’approche inductive est
davantage efficace pour l’apprentissage de la grammaire que l’approche
déductive. Les auteurs préviennent cependant les lecteurs qu’il est difficile de
généraliser ces résultats pour l’enseignement de la L1 (langue 1). De plus, ils
rejoignent l’idée de Parisi et Grossman (2009, p. 94) selon laquelle il faudrait
« éviter le débat caricatural entre les tenants des deux approches
didactiques » 5 . En effet, « la combinaison occasionnelle des deux types
d’approche peut s’avérer d’autant plus pertinente que la variation des
pratiques permet d’intéresser, au cours d’une année un plus grand nombre
d’élèves » (Vincent, Dezutter, Lefrançois, 2013, p. 94). Il ne faudrait donc pas
rester prisonnier, d’une seule approche, au risque de perdre certains élèves,
qui s'installeraient dans une routine d’apprentissage.
La démarche active de découverte est souvent défendue par les auteurs qui
prônent la démarche inductive au service de l’enseignement de la
grammaire. Je m'appuierai essentiellement sur Chartrand (1996), en
complétant mon exposé avec les apports de Bulea Bronckart (2016) et
Bronckart (2001).
30
« en classe un esprit de recherche et d’interrogation à l’égard du langage
qui fait déjà partie de la vie de l’élève. ».
Cette démarche prend appui sur les principes de la pédagogie active selon
laquelle il est souhaitable de placer les élèves dans des situations sollicitant
leur expression. Il faudrait ensuite poursuivre le travail avec des activités de
structuration à partir de certains énoncés, permettant d’observer la langue;
son fonctionnement, ses régularités, sa structure, afin d’arriver à une
« codification des phénomènes observés » (Bronckart 2001, p. 42). Dans le
cadre de la DADD, Bronckart (2001, p. 43) précise que l’on dépasse cette
approche à travers l’utilisation de « techniques d’observation, de
découverte, d’induction des régularités de la langue, techniques qui
constituent le produit d’une transposition didactique de celles qui sont
effectivement utilisées par les linguistes structuralistes et générativistes. ».
Chartrand (1996, p. 14) définit parfaitement la démarche active de
découverte : « les élèves construisent leurs connaissances en utilisant une
démarche de type expérimental grâce à l’observation des phénomènes
langagiers et à l’introduction pour tenter de les expliquer ». De cette manière,
ils « découvrent eux mêmes les principaux mécanismes de la langue en la
manipulant » (Chartrand, 1996, p. 14).
Selon Chartrand (1996, p. 13-14), la DADD est composée de sept étapes, que
j’ai choisi de synthétiser de la manière suivante :
31
7. Remobilisation des connaissances dans des « activités de
compréhension et production de texte » (« phase de transfert conscient
de ces connaissances »). Dans cette étape, il est important d’éviter les
« phrases stéréotypées et démesurément simplifiées à partir desquelles
l’élève procède de façon mécanique sans réflexion » et plutôt de
proposer des exercices adaptés aux élèves.
Chartrand (1996, p. 20) s’appuie sur Paret (1992) pour mettre en évidence
certaines conditions à la mise en pratique de cette démarche. Il est
nécessaire de mettre en lien la notion grammaticale étudiée et « sa
réalisation dans des textes » afin qu’elle soit intégrée par les élèves dans ces
deux dimensions (textuelle et discursive), tout en veillant à bien se focaliser
uniquement sur l’aspect souhaité. La terminologie utilisée pour désigner les
notions et phénomènes doit être clarifiée et commune à tous les élèves, sans
quoi la découverte peut se révéler problématique. « Une attitude de
recherche doit primer sur une volonté d’arriver à des savoirs sûrs », car le but
de la démarche est justement de pouvoir suffisamment exploiter les propos
des élèves (Chartrand, 1996, p. 41). Il est donc primordial, bien que complexe
de “lâcher la bride” et de laisser le temps aux élèves d’essayer, de se
tromper, de recommencer, voire se tromper à nouveau, pour finalement
comprendre.
32
La démarche de situation problème - Tisset
Selon Tisset, les hypothèses des élèves au sujet des phénomènes observés et
mis en évidence par les élèves eux-mêmes vont donner à l’enseignant les
« représentations initiales des élèves ». Les élèves vont formuler des solutions à
partir de leurs savoirs et intuitions de base. L’enseignant pourra alors intervenir
en donnant « des contre-exemples afin de faire avancer la réflexion ». Grâce
à cela les élèves vont pouvoir passer « de l’épilinguistique au
métalinguistique, d’une intuition sur le fonctionnement à une explication
rationalisante ». En effet, pour Tisset « acquérir une connaissance
grammaticale c’est [...] mettre en rapport forme et sens ».
33
• Va comme « validation » (p. 20)
34
ait recours au savoir de manière “automatique”, sans devoir repasser par
toute la réflexion déjà réalisée.
35
1.4. Liens avec les prescriptions officielles de l’Institution scolaire et les
moyens d’enseignement
36
Dans les commentaires généraux propres au domaine Langues, les quatre
visées sont ensuite transformées en « quatre grandes finalités » similaires, mais
dont les objectifs sont davantage développés. En lien avec l’objet d’étude,
seules les deux premières finalités ont été dégagées ci-dessous (PER, 2010, p.
6-7).
37
Maîtriser le fonctionnement des langues / réfléchir sur les langues
38
1.4.2 Document d’orientation à l’intention des enseignants de
l’école obligatoire de la Suisse romande
39
A titre d’illustration, le schéma issu de document (cf. ci-dessus) permet de
bien visualiser cette articulation (CIIP, 2006, p. 10).
40
Progression et démarche
Les auteurs du document Orientations (CIIP, 2006, p. 14) donnent à voir une
progression dite spiralaire qui permet à l’élève d’apprendre « grâce à des
activités ayant du sens ». En effet, on reprend systématiquement les
composantes travaillées l’année précédente en approfondissant certains
éléments. Le rôle de l’erreur est alors primordial, car c’est sur cette base que
l’élève va construire petit à petit ses apprentissages.
41
La grammaire devrait donc permettre de donner aux élèves les outils
nécessaires à la production/compréhension de la langue, ces outils étant
alors « au service des deux autres finalités du français (aptitude à
communiquer et à construire des références culturelles) » (CIIP, 2006,p. 29).
Dans cette optique d’approche intégrée, des « buts utilitaires de
l’enseignement de la grammaire » sont notamment définis (CIIP, 2006, p. 30) :
42
d’enseignement compatibles avec la rénovation. C’est ainsi qu’apparaissent
les moyens COROME (1996) qui « concernent quasi uniquement la grammaire
de la phrase, l’orthographe, le vocabulaire et la conjugaison » et « on
retrouve donc les appellations traditionnelles et familières des savoirs à
acquérir » (Betrix Koehler & Panchout-Dubois, 2010, p. 115). Au final, on
s’aperçoit que le travail de structuration de la langue domine celles
d’expression, que les brochures devaient pourtant favoriser. Betrix Koehler &
Panchout-Dubois (2010, p. 115) rapportent alors qu’ « une enquête menée en
Suisse romande (de Pietro et al., 1993) met clairement en évidence le besoin,
pour les enseignants, de disposer de moyens d’enseignement en expression
orale et écrite ».
Ainsi, une dizaine d’années plus tard, Dolz & al (2002) créent un nouveau
moyen; S’exprimer en français « permettant de travailler les différentes
opérations de la production orale et écrite » (Betrix Koehler & Panchout-
Dubois, 2010, p. 116). Contrairement à Maîtrise du français, S’exprimer en
français réussit l’articulation entre la production textuelle et les savoirs sur la
langue dans le domaine de la grammaire textuelle. Allal et al. (2001) repèrent
ici « un curriculum spiralaire dans lequel les savoirs sur la langue sont
convoqués par le travail d’écriture et font également l’objet d’un travail
spécifique » (Betrix Koehler & Panchout-Dubois, 2010, p. 116). Néanmoins, il
faut encore trouver une manière permettant aux élèves de construire les
« notions de grammaire de phrase » (p. 116). De plus, il semblerait que les
moyens des années 80 ne soient « plus adaptés à la réalité d’aujourd’hui, ni
sur le plan linguistique, ni sur le plan psycholinguistique » (Betrix Koehler &
Panchout-Dubois, 2010, p. 116).
43
actuels. Elle observe en effet que c’est davantage l’idée selon laquelle la
grammaire est au service de la production-compréhension – et uniquement
dans ce sens – qui prédomine. Il est alors intéressant de se pencher sur ces
deux manuels, et de comparer leurs objectifs à ceux de la grammaire
moderne.
Concernant Mon manuel de français (2010), le site des ressources pour les
enseignants (Disciplines EP13), le présente comme un « moyen officiel », bien
que dans la pratique et considérant ce que j’ai pu observer, il reste peu
utilisé. Le site de la CIIP 14 donne la description suivante de ce manuel :
Caractéristiques
La collection Mon manuel de français met en œuvre une démarche axée sur
la maîtrise du langage et de la langue française, dans leurs usages scolaires,
à l’oral comme à l’écrit, et dans toutes les disciplines. Considérant que le
langage est au centre des processus d'apprentissage, l'option
pluridisciplinaire conduit à le développer à la fois comme objectif (ensemble
de connaissances) et comme outil (moyen de construire toutes les
connaissances).
• une synthèse réalisée par l’élève, qui formalise ainsi les savoirs et savoir-
faire acquis pendant l’unité;
13 http://edu.ge.ch/ep/disciplines
14 http://www.ciip.ch/Moyens-denseignement/-Francais/Mon-manuel-de-francais
44
• Le Mémento constitue un fascicule unique pour les quatre degrés du
cycle 2. Comportant des pages blanches, ce document est propriété
de l’élève et peut être enrichi au fur et à mesure des apprentissages,
sous la conduite du maître. C’est l’outil de référence pour l’élève en
matière de savoirs relatifs au fonctionnement de la langue.
Les auteurs ajoutent que le manuel a été adapté pour répondre aux objectifs
du PER ainsi qu’aux « orientations de l’enseignement/apprentissage du
français en Suisse romande ».
45
[…] que l’étude de la langue, dans le cadre de ce qu’il nomme la
grammaire au sens large, s’effectue à partir du texte qui sert de point
de départ pour construire les concepts grammaticaux et de point
d’arrivée pour les mettre en œuvre dans lecture et l’écriture.
Dans Mon manuel de français (2010), l’unité minimale de sens est le texte et
c’est donc de là que partent tous les savoirs à enseigner. Mais penchons-
nous sur la partie Fonctionnement de la langue, qui m’intéresse plus
particulièrement dans le cadre de ce mémoire. Les concepteurs s’inscrivent
das une « perspective instrumentale : ce qu’il faut enseigner, c’est comment
les connaissances grammaticales et lexicales interviennent dans les processus
de lecture et d’écriture » (2010, p. 8). Nous sommes donc bien loin des leçons
traditionnelles de grammaire de l’époque. Les auteurs y préfèrent un
enseignement utilitariste de la structuration de la langue : « j’expérimente puis
j’explicite » et non « j’apprends puis j’applique » (p. 9-10). L’objectif est ici que
les élèves sachent mobiliser leurs connaissances sur le fonctionnement de la
langue dans leur discours écrit et oral ainsi que dans la lecture.
Dans le recueil de Burger (2010), Betrix Koehler & Panchout-Dubois, (p. 119-
120) mettent en évidence les aspects positifs et négatifs de MMF. L’avantage
de ce manuel réside déjà dans le fait que l’apprentissage repose sur « des
situations-problèmes explicitement formulées aux élèves sous forme de
questions ». De cette manière « la construction des savoirs sur la langue est au
service de la compréhension et de la production des divers textes ». Par
rapport à la terminologie, elle correspond bien à ce qui a été retenu en
Suisse romande et « à ce que les psycholinguistes identifient comme
capacités des élèves du primaire ». Bien que le manuel ait fait l’objet de
nombreuses modifications pour être en adéquation avec la « réalité des
élèves romands », un aspect demeure cependant problématique : le
manque de diversité des exercices visant la maîtrise du fonctionnement de la
langue. Dans ce sens, il est recommandé de donner d’autres exercices
d’entraînement aux élèves lorsque l’on utilise MMF, afin d’aboutir sur une
certaine automatisation.
46
L’île aux mots (IAM)
Au même titre que MMF, l’Ile aux mots (2010) est lui aussi considéré comme
un moyen d’enseignement officiel sur le site de Disciplines EP. On y précise
également que ces moyens ont été adaptés « par la CIIP pour la Suisse
romande sur les plans culturels et terminologiques » et « propose une
distribution équilibrée entre les activités de communication (lire, dire, écrire)
et l’étude de la langue (grammaire, orthographe, conjugaison,
vocabulaire) ». Le site de Disciplines EP offre une description plus succincte
que pour MMF, en présentant directement le manuel par degré (ici 7PH):
La première partie présente dix unités de lecture et expression dont
chacune d’entre elles s’organise autour de textes de même genre ou
de même thématique. La seconde partie consacrée à l’étude de la
langue comporte onze unités de grammaire, treize unités
d’orthographe, douze unités de conjugaison, onze unités de
vocabulaire et des propositions de textes à dicter.
A première vue, l’enseignement de l’expression et celui du fonctionnement
de la langue semblent complètement séparés et aucune articulation n’est
visible.
47
langue est le “zapping” de l’enfant. Il ne comprendra pas le sens de
ces exercices purement “scolaires” si l’on ne prend pas le temps de les
lui expliquer, de le faire réfléchir sur le “pourquoi” pour donner du sens
à l’apprentissage.
48
grammaticales et l’omniprésence d’une terminologie traditionnelle rend
difficile l’usage de la collection dans les classes de l’enseignement primaire »
et « l’abondance des activités proposées dans un ordre qui doit
impérativement être respecté risque de ne laisser place à aucune autre
activité de français à l’initiative de l’enseignant. » (p. 119). Les auteurs
s’interrogent alors, à juste titre, sur l’espace restant pour traiter « la lecture
d’oeuvres intégrales et la production de textes de genres variés inclus dans
des projets de classe » (p. 119).
Bien que Maîtrise du français ait laissé place à ces nouveaux moyens, force
est cependant de constater que de nombreux enseignants utilisent encore
les “anciennes” fiches COROME (1996) afin de compléter les nouveaux
manuels. Il semblerait que de tout temps les manuels ne soient pas suffisants
pour arriver aux objectifs de la grammaire en vigueur. Un aspect semble
pourtant avoir été laissé de côté : qu’en est-il des autres supports utilisés lors
d’une leçon de grammaire ? Avec l’utilisation des nouvelles technologies,
nous pourrions nous demander s’il n’existerait pas d’autres supports que le
manuel, qui permettraient tout en accédant aux finalités prévues, d’attirer
davantage l’attention des élèves lors des leçons de grammaire. Un simple jeu
de carte pourrait-il articuler les différents domaines du français et dans le
même temps mobiliser la motivation des élèves, au détriment peut-être des
fiches d’exercices rébarbatives souvent évoquées par les enseignants et les
élèves ? Cette question reste en suspens …
15L’enquête menée par Danielle Manesse en 2007 ainsi que le rapport d’Alain Bentolila en
2006.
49
Dans cette partie, il ne s’agira pas de critiquer “simplement” la grammaire
moderne, mais plutôt de mettre en lumière quelques problèmes qui
subsistent, ce qui rejoindra parfois les difficultés que j’ai moi-même
rencontrées dans la préparation et la réalisation de ma séquence
d’enseignement.
50
33). En effet, pour Paret (1992), mettre en lien grammaire et production/
compréhension n’empêche en rien de faire pratiquer et de permettre aux
élèves de s’entraîner à travers des exercices. Bien qu’ils soient teintés de
l’image d’une grammaire traditionnelle, ils sont un outil précieux car ce n’est
pas parce qu’on est capable d’identifier une notion qu’on arrive à l’utiliser
par la suite. Pour cela il faut l’exercer. En outre, il est nécessaire que la
démarche inductive soit pertinente en adoptant des « instruments adaptés »
(procédés de transformation par exemple) ainsi qu’une réelle attitude de
découverte. Selon Paret (1992, p. 34), « il devient urgent de réellement
adopter ces instruments de manière claire dans les programmes ». Enfin, il est
important de faire écrire les élèves en « distinguant soigneusement (...)
l’étape de production du contenu et l’étape de travail sur la langue ». Il serait
également plus judicieux que la correction soit réalisée par l’élève et non pas
par l’enseignant. Bien qu’intéressants, ces constats et conditions sont à
considérer avec précaution car ils s’inscrivent dans le contexte québécois et
non suisse.
Burger (2010) se situe dans une position similaire aux précédents auteurs :
selon lui, il est important d’inscrire l’apprentissage de la grammaire dans celui
de la production et de l’expression, mais il relève une difficulté en lien avec le
curriculum. En effet, d’après Allal et al. (2001), il s’agit d’un curriculum à deux
voies (fonctionnement de la langue et production/ expression) qu’il paraît
difficile de traiter simultanément. Ainsi, la mise en place de la grammaire
moderne met en évidence un problème central dans l’enseignement de la
grammaire : comment donner du sens – recherché par la grammaire
rénovée – à l’enseignement / apprentissage de la grammaire, dans la
pratique ?
Nous l’avons déjà remarqué, l’idée selon laquelle il faudrait « doter l’enfant-
élève d’une maîtrise de la langue d’usage, qui lui permette d’entrer
efficacement en communication dans les différentes situations d’interaction
qu’il est susceptible de rencontrer, (...) » a de la peine à être acceptée et
mise en place dans les moyens et manuels d’enseignement alors qu’elle est
pourtant recommandée par l’Institution (Bronckart, Bulea, Pouliot, 2005, p.
15). Dans ce sens, Béguelin (2000, p. 14) dénonce le décalage entre
intentions et réalité : « certaines contradictions entre les buts avoués de la
réforme (méthode inductive, objectif de libération de l’expression) et les
contenus grammaticaux relativement conformistes dans les faits ». Bronckart,
Bulea et Pouliot (2009, p. 16) précisent alors qu’il y a un décalage entre les
51
« intentions (...) de démocratisation et de socialisation » et les méthodes
utilisées pour enseigner la grammaire. Selon eux, c’est d'ailleurs, cette
« contradiction abusive » qui serait à l’origine de l’inquiétude et du
pessimisme collectif au regard de l’enseignement de la grammaire (p.16).
Pour Béguelin (2000, p. 13) le problème provient du fait que « Les théories
linguistiques ne sont ni achevées ni unifiées », elles sont « lacunaires »
et « parfois incompatibles entre elles, ce qui rend d’autant plus délicat le
travail de transposition didactique ». Ainsi, le décalage entre les conceptions
du linguiste et celles de l’enseignant seraient à l’origine de la difficulté d’une
transposition didactique.
52
1.5. 4 Manque de clarté ?
53
Bronckart (2011) précise également qu’il ne s’agit pas d’appliquer
aveuglément une démarche d’induction durant les activités de structuration.
Il s’agit de l’adapter, en la combinant avec « (...) la formulation de règles et
la réalisation d’exercices d’apprentissage » et en fonction de la situation car
elle n’est pas toujours et systématiquement nécessaire (p. 15). L’auteur met
d’ailleurs en garde contre un phénomène de cause à effet incorrect (p. 15) :
Appliquer une démarche de découverte n’implique pas que
l’acquisition des catégories et des règles de la langue soit naturelle ou
spontanée; la découverte est une condition pour un apprentissage et
cet apprentissage se traduira nécessairement par la mise en place de
notions grammaticales plus ou moins techniques. Le processus de
découverte n’exclut donc en aucun cas un produit grammatical
socialisé.
Dans l’ouvrage dirigé par Dolz et Simard (2009), Falardeau et Simard, font le
point sur les représentations des enseignants et des élèves sur la grammaire
ainsi que son enseignement. Lord (2012) apporte une autre description des
représentations des enseignants qui permet de compléter les apports de Dolz
et Simard (2009). Il est important de préciser que ces deux recherches traitent
le sujet dans le cadre de l’enseignement du français au secondaire. Aucune
recherche ne fait pour le moment état de ces représentations à l’école
primaire. Le regard des élèves quant à la grammaire est également présenté
par Tisset (2010). Cette partie s'appuiera donc sur l’ensemble de ces auteurs,
afin d’obtenir une vue d’ensemble des représentations telles qu’elles figurent
dans la littérature.
54
2 .1 Les représentations des élèves
55
enfants soumis à l’institution, ceux qui ne vivent pas l’école comme un
monde étrange et étranger parce que leurs parents tiennent les
mêmes discours que les enseignants, parce qu’ils savent que c’est un
passage obligé pour la réussite sociale.
56
nouvelle finalité de la grammaire : permettre aux élèves de s’exprimer
correctement.
Pour le second item, Lord relève que « presque la totalité des enseignants (98
%) estime que l'enseignement de la grammaire est essentiel à la maîtrise du
français standard » (p. 143). Elle précise cependant qu’il faut prendre en
compte un potentiel « facteur de désirabilité sociale » dans l'interprétation de
ces résultats. Tout en prenant en compte cet effet et malgré l’image
négative qu’ils peuvent en avoir, les enseignants seraient donc bien
conscients de l’importance de la grammaire dans l’enseignement de la
langue française.
57
secondaire et non l’école primaire. Il serait donc intéressant de savoir, si ces
affirmations se vérifient d’une part, et d’autre part de pouvoir en apprendre
davantage sur le lien motivation – grammaire dans les représentations des
enseignants. Pour aller plus loin, Viau (2000) explique dans son article que les
enseignants peuvent parfois être démotivés, justement parce qu’ils observent
un manque d’intérêt de la part de leurs élèves. Et comme nous avons pu le
voir durant cette partie les élèves semblent être peu enclins à entrer dans les
apprentissages grammaticaux ...
58
3. 1. 1 Le rôle de la motivation dans les apprentissages
Viau (2000, p. 2) relève que les chercheurs ont observé que plus les élèves
« étaient motivés, plus ils consacraient de temps à leur étude et plus il
apprennaient ». Dans ce sens, Viau (2009, p. 90) explique que le rôle de la
motivation est perceptible dans la dynamique motivationnelle de l’élève que
nous traiterons par la suite :
(...) un élève motivé s’engage sur le plan cognitif, c’est-à-dire qu’il fait
appel à des stratégies d’apprentissage efficaces pour accomplir une
activité pédagogique, persévère dans son accomplissement et par
ricochet fait généralement les apprentissages souhaités.
Par conséquent, « ne s’engageant pas et ne persévérant pas, cet élève
n’apprendra pas ou peu » ce qui s’illustrera par la mise en place de stratégies
d’évitement (Viau, 2009, p. 90). Ainsi, la motivation étant un facteur
d’apprentissage important, elle semble donc nécessaire à prendre en
compte pour les enseignants, lorsqu’ils planifient et mènent leurs leçons.
59
Déterminants et indicateurs motivationnels
Ainsi, d’après Viau (2004, p. 2), la motivation de l’élève est déterminée par ses
perceptions : « la valeur » qu’il apporte à l’activité au niveau de son intérêt et
de son utilité, sa compétence à l’accomplir et « le contrôle qu’il exerce sur
celle-ci ». L’engagement cognitif, la persévérance et la réussite de l’élève
sont quant à eux des indicateurs de l’intérêt de l’élève. Ces éléments seraient
donc à prendre en considération pour créer des situations motivantes pour
les élèves.
Selon Viau (2004, p. 5), il faudrait également être attentif à l’influence des
facteurs externes, « relatifs à la classe » qui peuvent plus ou moins susciter la
motivation des élèves : « les activités pédagogiques [...] les modes
d’évaluation [...], l’enseignant lui-même, le système de récompenses et
sanctions [...] le climat de travail et la collaboration ». Dans le cadre de ce
mémoire, seul le premier item sera traité.
60
• explication de ce que l’on attend des élèves sur le plan de
l’apprentissage;
Ensuite, pour qu’une activité soit motivante, elle doit également respecter les
dix conditions, brièvement explicitées ci-dessous (Viau, 2009).
• « Une activité doit comporter des buts et des consignes claires » (p. 136)
• « Une activité doit être signifiante aux yeux de l’élève » (p. 137)
Pour que l’élève soit motivé, il faut qu’il ait pu « donner du sens » à l’activité.
En d’autres termes, il faudrait que, d’une certaine manière, l’activité soit liée
à ses « centres d’intérêt, projets personnels » et qu’elle réponde à ses propres
interrogations. Toujours dans une optique d’ancrer les activités dans une
réalité qui fasse sens pour les élèves, l’enseignant aurait tout intérêt à bien
« expliquer les bénéfices qu’ils peuvent tirer » et « les liens qui existent entre
l’activité et la vie personnelle » des élèves. Ainsi, « plus une activité a du sens
à ses yeux, plus il la juge intéressante et utile ».
Viau conçoit la notion d’authenticité dans le sens où, ce que les étudiants
apprennent devrait ressembler à ce qu’ils feront plus tard dans leur métier. Le
sens de ce mot se trouve nécessairement modifié dans le contexte de l’école
primaire : « une activité d’apprentissage est jugée authentique si elle
demande aux élèves de réaliser un produit authentique, c’est-à-dire qui
ressemble à ceux qu’ils sont susceptibles de retrouver dans leur vie
courante ». Ces activités permettent ainsi à l’élève d’utiliser les savoirs acquis
en classe pour réaliser un travail similaire à ce qu’il pourrait faire à l’extérieur.
61
Selon Viau, à travers ce genre d’activité on évite les sensations de « travail
purement scolaire » et sans intérêt que l’on retrouve fréquemment chez les
élèves : "ça ne sert à rien ce qu’on fait là !”. En procédant ainsi, l’élève
« constate que ce qu’il apprend peut lui servir dans la vie courante ».
• « Une activité doit être diversifiée et s’intégrer aux autres activités » (p.
138)
Pour qu’une activité soit considérée comme un défi, elle doit être « ni trop
facile, ni trop difficile ». D’après Viau, il faudrait favoriser « les simulations, les
projets et les jeux pédagogiques » pour « stimuler la motivation des élèves ».
Au final, « cette condition influe sur la perception qu’a l’élève de sa
compétence, car s’il réussit à relever le défi, il aura tendance à attribuer son
succès, non pas à la facilité de l’activité, mais à ses propres capacités et ses
efforts », et c’est bien cette prise de confiance que nous recherchons.
62
a de ses élèves », « le thème de travail, le matériel utilisé, la désignation des
membres de l’équipe, la durée du travail, le mode de présentation du travail,
etc. ». Il peut également décider de mettre en place un processus de
négociation avec les élèves quant aux éléments cités ci-dessus. Cependant,
il faut garder en tête que « certains élèves vont souhaiter des balises claires,
des consignes précises et un encadrement constant ». Ainsi, permettre aux
élèves faire des choix – favorisant la perception de contrôlabilité – ne signifie
pas les laisser totalement libres et sans filet. Enfin, selon Viau, il faut éviter de
tomber dans le piège des activités où l’enseignant décide de tout de A à Z,
en exigeant que les élèves réalisent « la même chose au même moment et
de la même façon », car cela produirait un « sentiment d’incontrôlabilité ».
• « Une activité doit se dérouler sur une période de temps suffisante » (p.
144)
63
suffisant pour rentrer dans toutes les tâches proposées, permettant ainsi une
« perception de compétence positive ». Il est également important que
l’enseignant conserve suffisamment de temps pour conclure correctement
l’activité afin que les élèves puissent verbaliser ce qu’ils ont appris.
Pour les béhavioristes seules les motivations extrinsèques (les facteurs externes
à l’individu sont à l’origine de la motivation) sont à prendre en considération.
64
L’individu serait motivé à agir en fonction des récompenses (ainsi que par
certaines tâches) et des sanctions qu’on lui donne. Dans le premier cas,
l’élève va réaliser l’activité car il veut réussir à obtenir la récompense prévue.
Dans le second cas, voulant éviter la punition, l’élève va tout faire pour
réaliser correctement l’activité. Notons cependant que cette dernière
attitude est considérée comme peu efficace et peu recommandée par
Skinner. Vianin (2006, p. 55) explique que ces éléments constituent ce que les
béhavioristes appellent des « renforcements » ou « renforçateurs ». Il en existe
plusieurs types : les « renforçateurs tangibles (biens matériels), sociaux ou
affectifs (par exemple; les compliments), les activités renforçantes ou
privilèges, les renforcements naturels (récompense dans l’acte lui-même) »
(Vianin, 2006, p. 55).
En prenant appui sur l’approche behavioriste, Vianin (2006) met en avant trois
axes à prendre en compte lorsque l’on souhaite motiver les élèves.
Les objectifs
• Développer une pédagogie par objectifs.
• Découper la matière en étape progressives et fixer des objectifs
proximaux.
• Donner des exercices se rapportant directement aux objectifs.
• Choisir seulement des questions de tests correspondant directement aux
objectifs fixés.
• Définir clairement les objectifs, en termes opérationnels.
• Proposer des objectifs perçus comme difficiles mais réalisables.
• Évaluer les progrès en fonction de l’objectifs défini.
• Fixer des délais raisonnables (éviter les objectifs trop lointains).
• Proposer des objectifs “malins” : mesurables, atteignables, limités dans le
temps, individualisés, négociés avec l’élève et spécifiques. (Legrain, 2003,
p. 125).
Les renforcements
• Prévoir un renforcement pour chaque étape réalisée.
• Fournir rapidement à l’élève l’occasion de réussir et le renforcer
positivement.
• Ne pas hésiter à utiliser des renforcements tangibles (bons points,
gommettes, etc.)
• Renforcer de manière occasionnelle et non systématique (de manière
fortuite).
• Annoncer la récompense avant l’activité.
• Autoriser les élèves à choisir eux-mêmes leur récompense.
65
• Offrir un enseignement dont la progression permette la plupart du temps
de réussir (le succès engendre le succès).
• Éviter les sanctions, les mauvaises notes, les punitions, etc.
Le feed-back
• Donner régulièrement des informations sur la qualité du rendement.
• Fournir des rétroactions immédiates et aussi précises que possible (ne pas
oublier les rétroactions positives !)
• Pointer sur les copies les réussites et n’indiquer qu’une ou deux erreurs
seulement.
• Utiliser des didacticiels : l’ordinateur donne “spontanément” des
rétroactions immédiates.
Vianin (2006, p. 79) met en lumière les propositions suivantes de Rogers (1984)
pour motiver et ainsi « stimuler l’apprentissage et de développer l’autonomie
des élèves ».
66
L’autonomie :
• Donner à l’élève une certaine latitude dans la sélection et l'organisation
de la matière à étudier (choix des exercices, du matériel, des horaires, des
modalités de travail, etc.).
• Proposer plusieurs approches possibles et laisser aux élèves la possibilité de
choisir celle qui leur convient (...).
• Demander à l’élève de fixer lui-même ses objectifs.
• Etablir des dispositifs d’auto-évaluation.
• Permettre à l’élève de choisir les modalités de l‘évaluation (moment,
durée, objectifs évalués, barème, etc.).
• Etablir un contrat pédagogique avec l’élève en définissant clairement les
objectifs poursuivis et les responsabilités de chacun.
• Établir des règles du jeu social qui permettent à chacun d’exprimer son
autonomie et d’en percevoir les limites (discipline).
Les relations :
• Respecter l’opinion des élèves.
• Croire inconditionnellement aux possibilités de progression de chaque
élève.
• Développer l’image et l’estime de soi par la pensée positive.
• Exprimer sa joie quand l’élève réussit.
• Mutliplier les messages de réassurance.
• Toujours évaluer le travail de l’enfant et non sa personne.
• Profiter des interactions entre pairs et des conflits socio-cognitifs.
• Demander aux élèves d’expliquer à autrui, après la leçon, ce que
l’enseignant a permis de comprendre.
• Maintenir un dialogue régulier avec tous les partenaires impliqués (parents,
enseignants, psychologue scolaire, etc.).
67
Le climat
• Etablir un climat de confiance et d’écoute.
• Prévoir des moments d’accueil de l’élève (par exemple le matin) ou de
bilan (en fin de journée).
• Favoriser la coopération et l’entraide dans la classe.
• Développer l’humour dans la classe.
• Se passionner soi-même, en tant qu’enseignant, pour la matière
enseignée et partager son enthousiasme aux élèves.
• Manifester son plaisir de travailler en classe.
D’après Vianin (2006, p. 91), la psychologie cognitive distingue ainsi les six
éléments suivants, qu’il s’agit de prendre en compte lorsque l’on parle de
motivation scolaire.
Les buts :
• Définir les activités en termes de buts d’apprentissage.
• considérer l’erreur comme une chance de mieux comprendre le
fonctionnement de l’élève et comme une étape nécessaire à tout
processus d’apprentissage.
• Aider les élèves à comprendre ce qui les motive, ce qui ne les motive pas,
ce qui pourrait les motiver (par le dialogue pédagogique).
• Amener l’élève à comprendre le concept de responsabilité personnelle.
68
L’intelligence :
• Eviter d’attribuer la réussite au hasard et l’échec au manque de don
• Aider l’élève à prendre conscience que l’intelligence est composée d’un
ensemble de connaissances et de stratégies cognitives et métacognitives,
fondamentalement évolutives et susceptibles d’être apprises.
• Discuter ouvertement avec l’élève de son système d’attribution causale.
La valeur :
• Partir des représentations de l’élève.
• Rendre signifiantes les activités d’apprentissage.
• Souligner la valeur de la tâche et les retombées personnelles de l’activité.
Les exigences :
• Informer les élèves des exigences de la tâche.
• Utiliser des “tableaux de situation” individuels tenus constamment à jour
qui permettent aux élèves de savoir où ils en sont dans leurs
apprentissages.
• Prévoir une forme de “carnet de devoirs et leçons” favorisant l’auto-
régulation (planification, gestion du temps, auto-contrôle, etc.).
• Demander aux élèves les étapes à franchir et le temps à consacrer pour
exécuter leur travail.
• Aider les élèves à prévoir les obstacles qui peuvent gêner l’attente des
objectifs et les ressources qu’ils peuvent solliciter.
Les stratégies :
• Fournir – ou faire découvrir aux élèves – les méthodes et stratégies
efficaces.
• présenter à l’élève des connaissances procédurales et conditionnelles et
pas uniquement des connaissances déclaratives.
• objectiver avec les élèves sur leur façon d’apprendre, de résoudre un
problème d’utiliser des stratégies, etc.
• Utiliser des fiches d’auto-régulation des processus d’apprentissage
(activité métacognitive).
La contrôlabilité
• Développer le sentiment de contrôlabilité.
• Amener l’élève à réaliser que les causes de l’échec ou de la réussite lui
appartiennent (importance des stratégies cognitives).
• Aider l’élève à prendre conscience de l’existence d’une attitude
inadaptée.
• Définir avec l’élève en quoi consiste une attitude mieux adaptée.
69
• Utiliser la “gestion mentale” (La Garanderie) qui permet aux élèves de
restaurer leur sentiment de contrôlabilité et leur redonne du pouvoir sur
leurs réussites.
Viau (2009), en s’appuyant sur Lebrun (2007, p. 19) nous rend déjà attentifs au
fait que les TIC constituent des outils et que par conséquent leur efficacité
dépend également du contexte d’utilisation. En effet, Karsenti (2003) le
souligne également : c’est la manière dont les TIC sont utilisés en classe qui
motivera ou non les élèves. Il ne s’agit pas d’utiliser les TIC, juste pour les
utiliser, il faut qu’ils servent pour aider les élèves, qu’ils les motivent d’une
certaine manière, qu’ils soient au service d’un objectif pédagogique clair.
70
D’ailleurs, Depover et al. (2007, p. 176-177, cité par Viau, 2009, p. 177)
précisent que les TIC « ne sont pas intrinsèquement des outils cognitifs, mais
plutôt des outils à potentiel cognitif. C’est donc dire que le contexte et
l’usage sont des facteurs importants de l’impact TIC sur l’apprentissage [...] ».
Dans ce sens, Viau (2009, p. 177-178) explique alors que les TIC « ne sont pas
motivantes en soit, mais ont un fort potentiel motivationnel » grâce à plusieurs
caractéristiques : « une relation interactive (...) dans laquelle il doit
constamment interagir avec la machine », « la possibilité de les programmer
de telle sorte que chaque élève soit en situation de faire des choix (Ambrose,
1991) », les rétroactions et encouragements immédiats, « la capacité de
tolérer l’erreur (Spitzer, 1996) » des TIC à travers l’absence de jugement ou de
critique humaine, l’accès gratuit à un stock d’informations, et enfin la
possibilité de « sortir virtuellement de l’école, d’échanger et de partager ses
idées avec d’autres personnes ».
Karsenti (2003) présente dans son article quelques avantages à utiliser les
TIC. Ces derniers sont flexibles, accessibles et permettent de varier les modes
d’enseignement, ce qui n’est pas un luxe dans un contexte où les élèves
s’ennuient toujours plus et plus vite. L’auteur avance qu’ « en général il en
résulte de meilleurs apprentissages, un enseignement amélioré et plus adapté
aux réalités quotidiennes pour les agents scolaires » (Karsenti, 2003, p. 28).
Dans la même optique, il reprend l’idée de Tardif (1998, p. 28) selon laquelle
« les nouvelles technologies permettent aussi de faire des apprentissages
davantage “signifiants” ». Ainsi, recourir aux TIC permettrait de combler
l’écart entre l’école et la vie quotidienne des élèves, ces derniers accordant
alors davantage d’intérêt aux savoirs présentés à travers les TIC.
Au regard des aspects positifs et plus problématiques des TIC, Viau (2009, p.
180) a établi une liste de conditions à respecter si l’on souhaite motiver les
élèves à travers l’utilisation des TIC : « des conditions propres aux TIC et des
conditions qui sont plus d’ordre pédagogique ». Concernant les conditions
relatives aux TIC, il est déjà nécessaire de s’assurer que les élèves maîtrisent
71
suffisamment bien l’outil et qu’ils pourront donc « en tirer tout le potentiel » (p.
180). Cet outil doit permettre à l’élève « d’interagir régulièrement et de faire
des choix », « de faire des erreurs sans pour autant être critiqué », « de
travailler en collaboration » (p. 180). Il est également important que
l’enseignant encourage l’élève et le soutienne dans ses choix et sa
démarche d’apprentissage. Enfin, il faut veiller à ce que « l’environnement
technologique soit convivial et attrayant », sans néanmoins être similaire aux
jeux vidéo (p. 180).
Pour conclure cette partie sur la motivation scolaire, les propos de Viau (2004)
mettent en avant un aspect qu’il me semblait intéressant d’aborder. L’auteur
fait l’hypothèse que certains enseignants sont démotivés parce qu’ils
remarquent « le peu d’impact de leur enseignement sur leurs élèves », ce qui
les pousse à accorder « de moins en moins de valeur à la matière qu’ils
enseignent et aux méthodes qu’ils utilisent » (p. 15). Viau (2004, p. 16) remet
alors en question la formation des enseignants :
Y a-t-il une place dans la formation des maîtres pour aider l’étudiant qui
se destine à l’enseignement à non pas seulement devenir un expert de
contenu, mais également un “maître à penser”; une personne qui, par
ses comportements, suscite la motivation à apprendre de ses élèves ?
Mon propre cursus me laisse penser que la réponse est pour le moment
négative ...
Ces notions sont peu visibles côte à côte dans la littérature sur la grammaire
même si certains auteurs ponctuent leurs discours de ces termes. Ils sont
pourtant essentiels aujourd’hui, avec l’arrivée des démarches inductives ou
de situations problème. Il s’agira ici de faire le point sur les discussions
actuelles concernant la motivation en grammaire et de mettre en lumière les
pistes proposées par les auteurs afin de motiver davantage dans
l’apprentissage de ces savoirs.
72
En effet, Falardeau et Simard (2009) précisent que « pour que le sujet
accepte de se prêter au jeu de l’apprentissage et intègre ses nouvelles
connaissances dans sa culture première, sa compréhension du monde, la
langue par exemple, il doit percevoir le sens ou la valeur de ce savoir » (p.
252). Nous l’avons vu, les représentations des élèves convergent vers l’idée
d’une grammaire “inutile” et les élèves ne trouvant pas de sens à ces savoirs,
s’en trouvent dès lors démotivés. Les paroles d’un enseignant interrogé,
viennent illustrer davantage ce constat : « Et avec la conviction du sens (...)
viendra la motivation (...) », « Les élèves développent leur motivation face à
la langue. Leur intérêt. La grammaire. Le soucis de bien écrire, [...] d’utiliser les
connaissances grammaticales pour en arriver à écrire bien, sans fautes ou
avec peu de fautes » (p. 248). On peut ajouter à cela les propos de Leeman
(1996), qui cherche à intéresser davantage les élèves à la grammaire dans
son article : « (…) la motivation est la première chose à déclencher chez les
élèves, leur intérêt effectif étant la condition préalable à l'assimilation et à la
maîtrise de ce qu’on leur enseigne ».
Leeman (1996) présente une démarche détaillée qui permet d’intéresser les
élèves à la grammaire, décomposée en quatre « angles d’attaque » et un
travail écrit final, portant sur l’appropriation et la compréhension d’une notion
(l’attribut du sujet dans son article) dans le cadre de l’enseignement
secondaire. Il s’agira de présenter succinctement cette démarche, tout en
ayant conscience que cette dernière demeure relativement complexe pour
être transposable à l’école primaire.
73
aboutit à une discussion collective (p. 239). A cela s’ajoute une phase de
bilan : à l’aide de l’enseignant, les élèves doivent être capables de repérer la
notion en jeu. Leeman (1996) précise qu’il est normal qu’à ce stade les élèves
ne sachent pas encore tout de la notion. Bien que cela puisse provoquer une
certaine frustration chez les élèves, cette dernière « engendre le désir d’en
savoir plus », et donc la motivation (p. 240). A travers le troisième angle
d’attaque, les élèves vont se pencher sur les propriétés de la notion qu’ils ont
pu dégager jusqu’à présent en formulant des hypothèses, toujours dans
l’objectif de mieux pouvoir la repérer. Ensuite, les élèves vont tester leurs
hypothèses en prenant appui sur le dictionnaire afin de diversifier les
exemples. Enfin, la dernière étape consiste à remettre par écrit tout le chemin
réflexif réalisé jusqu’ici qui permettra à l’élève d’obtenir une définition critique
et exemplifiée de la notion.
74
manipulation et transformation des phrases et de formulation de constats.
Dans la même optique, Falardeau et Simard (2009) expliquent qu’il est
important d’intégrer les activités grammaticales aux activités d’écriture ainsi
que de partir des productions des élèves et de travailler les difficultés qui s’en
sont dégagées, car cela motiverait davantage les élèves. Selon Paret (1992,
p. 33), il est important de travailler sur l’aspect sémantique de la grammaire,
pour chaque notion, en se demandant « pourquoi on l’utilise de cette façon
et à ce moment donné dans le discours », car les élèves percevraient alors
davantage l’intérêt de ce travail. Ils seraient alors plus motivés dans la mesure
où l’élève « a sans cesse besoin de voir ses efforts justifiés par l’intérêt que
présente l’acquisition de connaissances nouvelles » (p. 33). Ainsi, on
remarque que le premier principe rejoint certaines conditions d’une activité
motivante d’après Viau (2009, p. 33), à savoir « être signifiante aux yeux de
l’élève », ce qui implique le critère ; « doit exiger un engagement cognitif de
l’élève ».
Chartrand, Lord et Lépine (2016) soulignent dans le dernier principe qu’il est
nécessaire de mettre en oeuvre des activités qui contiennent des interactions
entre pairs. On retrouve à nouveau une composante de la motivation de
Viau (2009); « Une activité doit permettre à l’élève d'interagir et de collaborer
avec les autres ». Les auteurs précisent que cet aspect prend appui sur des
démarches, telles que l’éducation nouvelle ou l’éducation active, dont
l’origine remonte au 17ème siècle.
75
bonnes connaissances langagières (....) sont profitables à tous ceux qui
communiquent leurs idées verbalement et par écrit, et ce qu’ils soient des
sportifs, des scientifiques, des juristes ou des mécaniciens ». Nous pouvons
faire l’hypothèse que ce constat serait transposable à la grammaire.
Falardeau et Simard (2009) préconisent également de favoriser
l’interdisciplinarité pour susciter davantage l’intérêt des élèves, ce que MMF a
d’ailleurs choisi de faire dans ses manuels (cf. supra 1. 4. 3).
76
Deuxième partie : éléments méthodologiques
1. Problématique
Finalement, nous arrivons au constat que la grammaire n’est pas, aux yeux
de la société, un objet d’enseignement considéré comme suffisamment
intéressant pour justement s’y intéresser, en tant qu’enseignant ou élève (la
représentation du premier influençant, semblerait-il, fortement celle du
deuxième). Pour quelles raisons cette image perdure-t-elle ? Dans la mesure
où la grammaire est une base sur laquelle nous nous appuyons chaque jour
pour communiquer avec autrui, n’est-il pas important que les élèves la
maîtrisent ? D’ailleurs, une des clés de l’apprentissage réside dans l’attrait de
l’activité pour l’élève et son pouvoir d’action dans celle-ci. Plus une tâche est
proche des préoccupations de l’élève, représente un défi pour lui ou
l’intrigue et plus il peut agir, plus il sera motivé et plus il apprendra et retiendra
les savoirs. Les théories de la motivation et les démarches inductives nous l’ont
d’ailleurs bien montré ; un élève qui ne perçoit pas le sens, l’utilité d’un savoir,
n’y prendra pas goût et ne pourra que difficilement apprendre. Les pistes que
les auteurs proposent ne semblent cependant pas explorer tous les éléments
susceptibles d’engendrer davantage d’intérêt. Cette motivation passant par
les activités proposées à l’élève, il revient à l’enseignant de créer des
situations adaptées qui lui donnent envie d’entrer et de s’investir dans les
77
tâches. Par conséquent, en tant qu’enseignante primaire, je me questionne :
comment pourrions nous susciter l’intérêt des élèves de l’école primaire pour
la grammaire ?
Hypothèse
78
études étant ancrées dans le contexte du secondaire, il est probable qu’au
vu de l’âge et des savoirs plus complexes en jeu, le rapport à la grammaire
ne soit pas le même chez des élèves plus jeunes et leurs enseignants.
Après avoir exploré les champs étudiés par les auteurs, je me suis rendue
compte qu’ils ne s’attardaient pas – ou très peu – sur le type de tâche
motivante pour les élèves en grammaire. Certes, ils donnent des pistes très
précieuses concernant la démarche à suivre, les activités à privilégier ou
encore les modalités sociales et l’attitude de l’enseignant, mais ils n’abordent
pas ce qui se situe “en dessous de l’iceberg”. La démarche est une chose,
mais elle dépend également du type de tâche; identification, manipulation
ou production et plus précisément, des actions qu’elle cherche à mobiliser
de la part des élèves. En effet, Bulea Bronckart, Marmy Cusin et Panchout
Dubois (à paraître) expliquent que les exercices grammaticaux impliquent
diverses actions attendues de la part des élèves. Les auteures regroupent les
actions attendues des élèves en cinq catégories illustrées par leur schéma ci-
dessous (p. 7).
79
Les actions de type 1 et 2 pourraient s’inscrire dans une tâche de type
manipulation, dans le sens où ces actions se prêtent bien à la manipulation
d’un corpus de phrase par les élèves, qui aboutirait à définir la notion. Les
actions 3 et 4 seraient relatives à une tâche de discrimination : comparer et
nommer les fonctions grammaticales par exemple permet de les repérer et
de pouvoir les identifier clairement. L’action 5 semble faire référence à une
tâche de production. Nous pourrions ainsi questionner l’influence du type de
tâche; manipulation, discrimination ou production et des actions qu’elle
induit, sur la motivation de l’élève : quelle(s) tâche(s) serai(en)t plus
propice(s) à capter l’attention de l’élève durant les leçons de grammaire, et
pour quelles raisons ?
Hypothèse
Je fais le postulat que selon le profil des élèves, le type de tâche qui les
motiverait le plus pourrait lui aussi varier. L’élève sans difficultés pourrait
trouver les activités de production et de manipulation davantage
intéressantes que celles de repérage (discrimination) de la notion, qu’il
pourrait juger trop simple, repérée une première fois. En effet, réaliser des
transformations sur la phrase pourrait présenter un challenge chez ce type
d’élève et réveiller sa curiosité. La tâche de production serait l’occasion pour
lui de tester l’appropriation du contenu, ce qui pourrait à nouveau être perçu
comme un « défi » à relever. A l’inverse, un élève avec davantage de
difficultés sera peut-être plus à l’aise et ainsi plus motivé dans les tâches de
discrimination qui ne demandent pas de sa part une multitude d’actions
différentes comme c’est le cas pour les tâches de manipulation ; « observer,
supprimer, déplacer, remplacer » (Bulea Bronckart, Marmy Cusin et Panchout
Dubois, 2017, p. 7). Je postule que ce type de tâche pourrait provoquer une
surcharge cognitive chez l’élève qui finirait par le décourager. Les tâches de
production supposant une bonne assimiliation de la notion ainsi qu’une
remobilisation des caractéristiques pourrait également s’avérer trop
complexe.
80
scolaires). En effet, les fameuses fiches d’exercices semblent avoir participé
au désintérêt des élèves, ce qui peut, de nos jours être relativement
compréhensible. Il est vrai qu’avec l’arrivée des tableaux interactifs et autres
technologies, on peut se demander si l’on ne pourrait pas utiliser ce genre de
supports pour “ redorer le blason” de la grammaire. En effet, il existe une
variété de supports que l’on pourrait exploiter pour traiter la grammaire, à
défaut du mode papier-crayon, tels que l’utilisation du projecteur, les jeux de
cartes ou les exercices sur ordinateur. Je pose donc la question suivante :
lequel de ces quatre supports serait le plus enclin à développer l’intérêt des
élèves pour la grammaire ?
Hypothèse
3. Méthodologie
3. 1. Contexte
Cette recherche s’est déroulée dans une école primaire située dans un
quartier très aisé. J’ai choisi de réaliser la recherche dans la classe de 7PH
dont j’étais en charge à 50%. Il s’agissait de ma première année
d’enseignement en tant que titulaire et l’autre 50% était assuré par ma
collègue qui avait huit ans d’expérience derrière elle. La classe comptait dix-
sept élèves; huit filles et neuf garçons, dont une élève allophone.
81
élèves, ce qui n’a malheureusement pas arrangé la situation de la classe. A
l’aide de ma collègue, j’ai entrepris un important travail de gestion des
comportements afin de permettre aux élèves d’apprendre dans de
meilleures conditions.
82
réactions des élèves de manière générale et interrogé cinq élèves sur leurs
ressentis vis-à-vis des activités.
3. 2 Types de données
Dans un premier temps, j’ai mené des entretiens semi-dirigés avec des
enseignants, dans la mesure où la première question cherchait à connaître
leur représentation de la grammaire, en primaire. Dans ce sens, ces entretiens
se sont déroulés selon un canevas d’entretien prédéfini (cf. annexe 1),
regroupant les questions selon trois grands axes : - leur position vis-à-vis de la
grammaire de manière générale ; - leur pratique effective ; - les dispositifs
d’enseignement qu’ils utiliseraient pour traiter la notion d’attribut du sujet. J’ai
choisi de me focaliser sur l’enseignement de cette notion car elle est souvent
considérée comme difficile par les élèves et du fait de sa complexité, elle
semblait d’autant plus intéressante à traiter. L’échantillonnage était basé sur
deux critères : être enseignant primaire, ayant actuellement ou ayant eu une
classe de 7PH. Le choix de ce degré était dépendant de la mise à l’épreuve
d’une ingénierie didactique portant sur l’attribut du sujet, dans ma classe
actuelle. S’agissant d’élèves de 7PH, il me semblait plus cohérent d’interroger
des enseignants qui connaissaient les enjeux d’apprentissages de ce degré
en grammaire et qui avaient déjà enseigné cette notion. Finalement, j’ai pu
m’entretenir avec deux enseignants ayant une classe de 7PH (E1. et E2.) et
un enseignant ayant une classe de 8PH, mais qui avait souvent eu des 7PH
auparavant (E3.). Au niveau de l’expérience professionnelle, E1. peut être
considéré comme un enseignant débutant, E2. serait une enseignante en
milieu de carrière et E3. un enseignant en fin de carrière.
Les entretiens ont été enregistrés sur format audio uniquement, puis
retranscrits. Avant de commencer l’entretien, j’ai présenté le formulaire de
consentement que chacun des participant a lu et signé. J’ai ainsi informé les
enseignants du but de la recherche et plus précisément de l’intérêt de leurs
témoignages : recueillir les conceptions des enseignants au sujet de la
grammaire, dans la pratique, en primaire. Ils ont également été informés de
l’enregistrement audio et, dans le cas où une personne ne souhaitait pas être
enregistrée, j’avais prévu de mener l’entretien en prenant uniquement des
83
notes. Il leur a été rappelé le caractère confidentiel de la recherche et le fait
qu’ils pouvaient arrêter l’entretien à tout moment. Cet entretien s’est déroulé
sur une durée approximative d’une demi-heure.
Dans un deuxième temps, j’ai mis en place dans ma classe de 7PH, trois
activités sur la notion d’attribut du sujet. Ces activités se différenciaient du
point de vue : - des supports utilisés ; - des modalités sociales de travail ; - du
type de tâche demandée (production, discrimination, manipulation). Tous les
élèves de la classe étaient concernés par les tâches proposées. Certaines
activités étaient réalisées sous la forme d’un tournus ; les élèves n’étaient pas
tous en train de faire la même activité au même moment, mais au final ils
devaient avoir tous réalisé les mêmes tâches. Pour chaque activité, les
données récoltées ont été comparées selon des critères précis : intérêt des
élèves et apprentissages effectivement réalisés. J’ai noté les indices
observables que j’ai pu relever durant leur réalisation et/ou à posteriori, dans
le cahier d’observation prévu à cet effet (l’attitude des élèves, les impressions
qu’ils dégageaient, leurs remarques, leur compréhension, etc.). Cet outil
permettait ici d’évaluer l’efficacité didactique des activités proposées. Il ne
s’agissait donc pas d’une observation psychologique des élèves.
Dans un troisième temps, j’ai réalisé des entretiens avec cinq élèves aux
profils différents, afin de tester l’efficacité des activités proposées selon ces
profils. J’ai pu interroger deux élèves ayant un très bon niveau scolaire (EL1. Et
EL2.), une élèves ayant un assez bon niveau (EL3.) et deux élèves ayant plus
de difficultés19 (EL4. et EL5). Les entretiens ont été réalisés sur la base d’un
canevas (cf. annexe 2), toujours produit en amont, contenant une liste de
questions sur trois grands aspects : - les apprentissages effectifs des élèves ; -
l’attrait (ou non) de l’activité ; - et les ressentis face à l’activité réalisée. J’ai
insisté sur le fait que les informations seraient uniquement utilisées pour la
recherche et n’interviendraient en aucun cas dans leur évaluation afin de les
rassurer quant à une possible peur d’être jugé. J’ai expliqué qu’il serait donc
important qu’ils répondent aux questions de la manière la plus honnête et
libre possible. Ces entretiens ont fait l’objet d’enregistrements audio et dans le
cas où un élève ne souhaitait pas être enregistré, je prévoyais de mener
Par commodité, les termes « très bon élève » ou « bon élève » seront utilisés dans la suite du
19
mémoire, mais je suis bien entendue consciente du caractère limité de ces expressions.
84
l’entretien en prenant uniquement des notes. Les entretiens avec les élèves
ont duré au total entre 10 et 15 minutes par élève.
J’ai choisi d’utiliser la méthode de l’entretien semi-directif, car elle m’a permis
autant pour les enseignants que pour les élèves de recueillir des informations
relatives à leurs représentations (enseignants) et leurs ressentis (élèves) de
manière précise. Dans la mesure où je cherche à recueillir les réactions des
élèves dans le but d’observer les modalités d’apprentissage qui les motivent
ou non, les données qualitatives obtenues me seront précieuses. En effet, un
questionnaire n’aurait pas permis d’explorer à ce point le sujet car il ne
permet pas de rebondir sur des aspects intéressants en posant une autre
question pour approfondir un élément par exemple.
85
3. 3. 2 Définition
Concernant l’attribut du sujet, cette fonction est décrite ainsi (p. 158) :
Du point de vue sémantique, l’attribut du sujet est donc très utilisé dans notre
vie quotidienne.
86
Pour revenir sur les verbes attributifs, ou verbes dits “d’état”, les auteurs
expliquent qu’ils « introduisent un attribut du sujet (...). Ils servent de support à
une relation de caractérisation entre l'attribut et le sujet (...) » (p. 129) et « ils
précisent certains verbes appartenant à cette catégorie » : « être, paraître,
sembler, devenir, demeurer, rester, passer pour, avoir l’air, tomber, partir,
naître, être considéré comme, se croire, s’appeler » (p. 30). On constate que
la liste reste cependant non exhaustive.
L’attribut du sujet a plusieurs “identités”, comme j’aime à les appeler avec les
élèves; c’est-à-dire que l’on peut l’observer réalisé au travers de différentes
classes grammaticales, comme l’expliquent les auteurs (p. 159).
87
Le document de référence va plus loin dans l’analyse des constituants de la
phrase et parle également de la « fonction attribut du complément de
verbe » ( p. 160). Cependant, la cette notion étant trop complexe, elle n’est
pas abordée, en tout cas pas en 7PH.
3. 3. 3 Difficultés de la notion
Pour revenir aux verbes attributifs, Leeman montre dans son article que ce
type de verbe peut être difficile à reconnaître. L’auteure considère d’ailleurs
comme primordial que les élèves connaissent la liste de ces verbes ou du
moins qu’ils sachent les identifier, car sans cela comment pourront-ils
reconnaître un attribut ? Lors de mes recherches, j’ai d’ailleurs pu constater
que la mémorisation ainsi que la reconnaissance de ces verbes était souvent
relevée comme une difficulté possible chez les élèves.
88
ce que l’élève doit être capable de réaliser « au plus tard à la fin du cycle »
(p. 59), la notion d’attribut du sujet n’apparaît pas comme fonction à savoir
identifier.
Pour conclure sur les attentes concernant la notion choisie en 7PH, celles-ci
demeurent quelque peu floues lorsque l’on s’y penche plus précisément. Le
PER restant le document officiel quant aux objectifs d’apprentissage, l’attribut
du sujet est donc une fonction que les élèves de 7PH doivent pouvoir
identifier lorsqu’il se présente sous la forme d’un groupe adjectival ou
nominal.
Lorsque j’ai consulté Mon manuel de français (2010), j’ai remarqué que
l’attribut du sujet ne faisait pas partie des notions travaillées dans le moyen
d’enseignement. Dans la mesure où les précisions cantonales, préconisent
d’aborder cette notion en 6PH, j’ai également regarder dans les moyens de
6PH, mais aucune trace d’un travail sur l’attribut du sujet et en 8PH non plus
d’ailleurs. On remarque cependant dans l’introduction du manuel, qu’un
travail approfondi sur la manière d’enseigner le complément de verbe est mis
en avant. Le souci du sens accordé au complément de verbe en allant au
delà d’un simple étiquetage de ce dernier pourrait expliquer que l’on ne
puisse pas s’atteler également à l’attribut du sujet. En effet, pour les auteurs :
89
« l’important est que le lecteur comprenne comment le repérage des
compléments de verbe intervient dans le processus de lecture et dans
l’élaboration d’un énoncé oral ou écrit » (2010, p. 15). Pour rappel (cf. 1.4
supra), la méthode a choisi de traiter simultanément la grammaire et les
genres de texte. Cela explique en effet l’absence d’un travail spécifique sur
l’attribut du sujet dans le sens où ce manuel se centre davantage sur les
textes que sur une étude systématique des fonctions syntaxiques. Cela reste
pour le moins problématique pour un moyen dit « recommandé » - bien qu’il
soit conseillé de l’utiliser avec d’autres ressources.
On retrouve quelques aspects des méthodes inductives dans les moyens Ile
aux mots (2010), tels que le recours à des questions sur des faits de langue, la
20 Bien que lorsqu’ils ouvrent leur livres, les élèves peuvent déjà se douter, même s’ils ne
savent pas encore ce que c’est, qu’ils vont découvrir la notion d’attribut du sujet, à travers le
titre.
90
mobilisation de savoirs connus sur lesquels les élèves peuvent s’appuyer pour
guider leur réflexion, le recours à des exemples proches de la réalité des
élèves ou encore la confrontation de leurs points de vue. Cependant, cette
démarche semble très (trop ?) dirigée et cadrée par les questions et laisse
finalement peu de place aux hypothèses des élèves ainsi qu’aux essais et
manipulations de leur part. Par conséquent, la méthode semble être encore
loin de la DADD de Chartrand (1995) et se situe plutôt entre l’inductif de par
la réflexion qu’elle souhaite impliquer chez les élèves et une méthode plus
traditionnelle à travers un cheminement qui ne laisse pas réellement la
responsabilité des apprentissages aux élèves.
Dans ces moyens, le terme “attribut du sujet” n’est pas encore utilisé, et on lui
préfère celui de “suite du verbe être”. Le livre du maître 21 COROME fait
référence à Maîtrise du français (1979) qui propose un “atelier” (p. 387-390)
pour faire découvrir la notion d’attribut du sujet. A la lecture de cet atelier, on
remarque de nombreux éléments proches de la DADD proposée par
Chartrand (1995) : la production d’un corpus de phrases contenant le verbe
être par les élèves ainsi que l’observation des manipulations et des
transformations de la phrase, permettant d’aboutir à différents inventaires
qu’il s’agit de vérifier avec d’autres exemples. Au fil de la séance, ces listes
permettent aux élèves de mettre en évidence les caractéristiques des suites
d’être : les différentes natures possible de cette suite, son accord avec le
sujet, les manipulations qui permettent de reconnaître cette suite, et les
autres verbes de “type être” qui induisent des suites similaires. Les
concepteurs sont d’ailleurs clairs quant à leur volonté : il faut que les élèves
puissent “manipuler leur langue en vue d’une activité de réflexion”. Des
fiches d’exercices sont ensuite proposées pour permettre aux élèves de
remobiliser les nouveaux savoirs.
91
Ainsi, aucune des deux méthodes 22 ne possède tous les critères des
démarches découverte. Néanmoins, Maîtrise du français (1979) semble
s’inscrire davantage dans une démarche de type inductive que Ile aux mots
(2010). On remarque également que ni l’un ni l’autre des moyens ne
correspond aux critères de la démarche de situation problème de Tisset
(2010), dans la mesure où les situations ne sont pas présentées comme un
problème à résoudre, ceci pouvant pourtant être davantage motivant pour
les élèves … Bien qu’une analyse plus fine et détaillée des moyens
d’enseignement aurait été très intéressante à mener, il ne s’agit néanmoins
pas du sujet central de ce mémoire, voilà pourquoi je terminerai sur la
réflexion suivante : dans la mesure où nous connaissons des démarches qui
permettraient d’intéresser les élèves à la grammaire, pourquoi ne pas s’en
inspirer davantage dans les manuels didactiques et les manuels
d’enseignement ? Comme nous l’avons vu, les moyens COROME, pourtant
antérieurs à ceux de l’Ile aux mots (2010), semblaient être sur la bonne voie ...
22Mon Manuel de Français (2010) n’a pas été retenu ici puisqu’il ne travaille pas l’attribut du
sujet. Le manuel présente néanmoins quelques similitudes avec les démarches de type
inductif, notamment son ancrage dans les genres de textes.
92
3. 4 Ingénierie didactique de la séquence proposée
Etiquettes mots
Découvrir la En groupe de
Affiche
3-4
notion de Fiche de constat 1
1 l’attribut du Manipulation
sujet et ses Cartons phrases plastifiés
En groupe de
caractéristiques Stylo effaçable
3-4
Fiche de constat 2
Projecteur, ordinateur et
présentation powerpoint En collectif
Comprendre le Feuille java
rôle de l’attribut
du sujet. Fiche de constat 3 Seul puis en
Discrimina- Mémento collectif
2
Connaître les tion
natures de
Jeu de cartes à tâches + Par groupes
l’attribut du
règles du jeu de 4
sujet.
2 à 4 ordinateurs Par deux
Cahier Ile aux mots Seul
93
J’avais également prévu de faire des groupes hétérogènes et de les changer
d’une tâche à une autre, si possible au moins pour chaque activité.
94
L’amorce se présente comme une phase d’exploration similaire aux
démarches actives mais davantage guidée. Dès le début, je souhaitais
donner l’opportunité aux élèves d’être actifs et responsables de leurs
découvertes car c’est d’eux que proviennent le corpus de phrases qui sera
analysé. Lorsque je leur demande d’entourer ce qu’ils connaissent, je désirais
m’appuyer sur les connaissances qu’ils avaient déjà et en profiter pour les
valoriser, afin de leur donner confiance et de les mettre à l’aise. Inciter les
élèves à émettre des hypothèses donnant ainsi du “pouvoir” à leur parole.
Par la suite, en les mettant par groupe pour vérifier leurs hypothèses, l’objectif
est qu’à travers la confrontation de points de vue, les élèves apprennent
encore davantage. Le poids de leur mission étant partagée, certains élèves
pour qui ce genre de démarche active pourrait déboussoler peuvent alors se
sentir plus en sécurité avec leurs camarades. Dans la mesure où il s’agit d’une
séquence sur trois semaines, il était important pour moi de permettre aux
élèves de cristalliser leurs découvertes, à travers l’utilisation de fiches de
constat pour chaque activité. Concernant le support et le matériel utilisé, ces
derniers se voulaient réellement “mobiles” afin que les élèves puissent
vraiment manipuler les mots au sens premier du terme, en les déplaçant, les
enlevant de la phrase grâce à leur format et à la Patafix.
Pour les deux tâches, il me semblait riche que chaque groupe, par
l’intermédiaire d’un porte parole puisse exposer les constats réalisés. Cette
étape avait pour but d’élargir encore un peu la réflexion des élèves en la
comparant aux autres groupes. L’écoute de l’exposé des autres groupes
devait susciter des interrogations de la part des élèves, provoquant une
discussion à plus grande échelle. L’institutionnalisation vient ensuite “fixer” les
découvertes des élèves et leur donne l’opportunité de faire la liste des
caractéristiques observées. Elle permet également de rassurer les élèves qui
95
seraient perdus par ce nouveau type de démarche. Imager à l’aide des
élèves eux-mêmes, en leur donnant le rôle d’un sujet, d’un verbe et d’un
attribut du sujet, pourrait leur permettre de mieux comprendre la notion.
96
Toujours dans le but d’habiller les tâches de manière à susciter l’intérêt des
élèves, l’utilisation de la devinette, surtout pour traiter l’attribut du sujet, me
paraissait totalement justifiable. Cette idée provient d’internet. Lorsque que je
cherchais l’inspiration pour réaliser des activités plus ludiques, je suis tombée
sur la vidéo d’une enseignante québécoise23. J’ai donc choisi de reprendre
cette idée, car elle permet, selon moi, d’illustrer à la perfection l’utilité de
l’attribut du sujet, mais également d’élargir l’analyse grammaticale en
découvrant la nature que ce dernier peut revêtir. De cette manière, nous
travaillons également la devinette comme un genre textuel, ce qui permet
aux élève de comprendre le rôle de l’attribut du sujet au sein d’un texte.
Ainsi, je traite les deux versants de la grammaire : après avoir débuté par une
manipulation syntaxique, l’activité 2 permet d’aborder le niveau sémantique
de la notion.
Après une disscussion collective à partir des constats des élèves, définir ces
constats comme des “règles” de grammaire devait participer à changer le
regard des élèves sur la grammaire. Il ne s’agit pas de lire les règles dans un
manuel et de les appliquer, il s’agit de faire en sorte que ce soient les élèves
qui découvrent ces règles. Forts de ce “pouvoir”, ils devraient également
prendre confiance et mieux intégrer les nouveaux savoirs. Ensuite, comparer
leurs règles à celles du mémento ajoute encore du “positif” à la démarche
23 https://www.youtube.com/watch?v=gDLSK8Zsq0A
97
car les élèves réalisent qu’ils ont découvert les mêmes règles, pourtant
rédigées par des grammairiens, ce qui ne devrait faire de mal à leur estime.
98
La phase de production est importante autant pour l’enseignant que pour
l’élève, car elle permet aux deux acteurs de connaître le niveau d’acquisition
des savoirs en jeu. Afin de donner du sens à la grammaire au cours de cette
séquence, il était important pour moi que les élèves puissent remobiliser ce
qu’ils avaient appris en écrivant. Ainsi, en utilisant leurs savoirs, j’espérais qu’ils
se rendent compte de l’importance de la grammaire. Pour rester dans le
ludique et responsabiliser les élèves, le fait que le jeu lui-même soit construit
par les élèves et leurs propres devinettes me paraissait judicieux. Un élément
est cependant à prendre en compte : afin de pouvoir recenser toutes les
devinettes, la tâche b) ne pourra pas se dérouler directement après la
première car elle demande un certain temps de préparation. Par
conséquent, j’imagine qu’elle se déroulera le jour suivant et qu’il sera possible
d'enchaîner avec la tâche c). D’une manière générale, l’activité 3 permet
aux élèves de remobiliser leurs connaissances, tant dans l’utilisation de
l’attribut du sujet, de son accord, que dans son repérage travaillant ainsi
l’aspect sémantique de la notion.
Enfin, d’une manière générale, le temps peut paraître long pour certaines
activités, mais il comprend le temps de formulation des consignes. En effet, la
clarté des consignes est indispensable à un investissement dans la tâche de
la part de l’élève. De plus, comme nous l’avons vu les activités proposées
permettent de traiter autant l’aspect sémantique que syntaxique. En effet, il
s’agissait de faire le lien entre les deux, afin de s’inscrire dans les finalités de la
grammaire “ de sens” actuelle.
99
que ces éléments font partie de la réalité du terrain, j’avais peur que cela
vienne entraver la réalisation des activités et que je ne puisse pas les mener à
bien. Si les élèves n’étaient pas suffisamment attentifs, je craignais de perdre
encore leur attention à travers le dispositif de découverte de la notion prévu.
Le travail en groupe pouvait également s’avérer problématique, certains
élèves refusant parfois de collaborer avec leurs camarades ou ne prenant
pas aux sérieux la tâche demandée.
De plus, les déplacements des élèves dans la classe étaient souvent difficiles
à gérer, certains élèves profitant de ces moments pour en déranger d’autres
ou “oubliant” les règles concernant le volume de la voix. Par conséquent,
j’appréhendais la phase d’entraînement où les élèves devaient se
déplacer pour changer d’activité : si les élèves ne prenaient pas au sérieux
l’enchaînement des activités, je risquais d’être prise au dépourvu.
Le temps était là aussi une de mes inquiétudes, car je souhaitais réaliser toutes
les activités prévues. Mais je savais qu’il était possible que je doive
interrompre une activité ou revoir les règles de comportement en classe pour
que les activités se déroulent bien, et cela à tout moment.
100
3. 5 Synthèse
•1. Manipulation
•2. Discrimination
Type de •3. Production
tâche
101
Troisième partie : Analyse des résultats
• Rapport à la grammaire
Entretiens avec les
• Importance de la grammaire
enseignants24
• Intérêt
Entretiens avec les élèves
• Difficultés
• Sensations durant l’activité
• Impression vis-à-vis de la grammaire
• Apprentissages
• Volonté d’en savoir plus
1. Remarques d’élèves
2. Impressions générales
3. Modifications de la planification prévue à réalisation effective
24 Il s’agit de transcriptions de contenu pour lesquelles je n’ai pas utilisé les conventions de
transcription.
102
1. Discours des enseignants
103
Un rapport à la grammaire positif
L’importance de la grammaire
104
La comparaison réalisée par E2. avec les mathématiques montre également
le degré d’importance de la grammaire :
« c’est comme pour les maths, l’apprentissage des calculs, les
techniques pour arriver, par exemple, pour la division, c’est de savoir,
comprendre pourquoi on partage, avant de faire l’algorithme. Pour
moi le français et entre autres la grammaire c’est ça aussi. C’est
analyser en profondeur, pour mieux comprendre aussi, les phrases telles
quelles. »
L’Ile aux mots (2010) semble être plutôt apprécié des enseignants interrogés,
sans pour autant faire l'unanimité. En effet, d’après eux c’est un moyen
« intéressant » et avec de « bonnes introductions » (E1.), bien « organisé »
(E3.), dans lequel « les notions théoriques sont bien expliquées » et qui « paraît
bien » (E2.). E2. précise également qu’elle ne pense pas avoir suffisamment
de recul pour juger ce moyen. E1. et E3. relèvent cependant un nombre
d’exercices insuffisant, contrairement aux moyens COROME (1996) : « parfois
pas assez de drill ». Un point “négatif” pointé par E2. concerne l’absence « de
fiches récapitulatives à chaque fois ou de mémento bien construit auquel les
élèves peuvent faire référence et conservent durant leur scolarité ».
Mon manuel de français (2010) semble être nettement moins utilisé par les
enseignants interrogés, bien que la plupart reconnaissent l’intérêt de
l’approche utilisée. En effet, E1. et E3. jugent la démarche très intéressante :
« le fait […] d’englober français I et français II pour avoir plus de productions,
parce que j’estime qu’on en fait pas assez de production, ça me plaît bien »,
« je trouve que l’idée de base était bonne, donc on part d’un texte, c’est un
support et puis ensuite on regarde ce qu’il se passe au niveau de la
structuration de la langue » (E3.). Cependant, au niveau du français II, le
manuel ne semble pas remplir son contrat dans le sens où toutes les notions
ne sont pas abordées ou du moins, pas suffisamment d’après E1. : « certains
points de théorie, j’ai l’impression qu’ils n’existent pas dedans », « je trouve
qu’il manque quand même quelque chose avec MMF ». Pour E3., le
problème réside davantage dans le manque de clarté pour les élèves et
105
l’enseignant : « ce n’était pas toujours évident de se repérer là-dedans et puis
il me semble que ça n’aidait pas à clarifier les choses en grammaire ». E2.
n'émet pas de commentaires au sujet de MMF.
Concernant les moyens COROME (1996), les avis sont moins uniformes. E1. fait
référence à son expérience scolaire avec les fiches COROME (1996) qu’il
qualifie de « rébarbatives » : « on faisait cinq fois la même fiche pour travailler
un point de grammaire, c’était un peu pénible ». Il ne nie cependant pas
l’utilité de ces moyens comme complément nécessaire aux moyens actuels :
« si on avait que l’Ile aux mots ça serait effectivement beaucoup trop court
[...] surtout en grammaire ». E2 et E3. semblent être d’accord sur le fait que
COROME (1996) est plus « complet » (E2.) que les moyens d’enseignement
actuels. E3. explique avoir tenté d’utiliser les nouveaux moyens (IAM et MMF)
plus régulièrement, mais qu’il est finalement « revenu aux moyens COROME »
en pointant, comme E3. le manque d’exercices. E3. et E2. utilisent tous les
deux le mémento en lien avec les moyens COROME (1996). Il s’agit pour eux
d’un support-outil indispensable sur lequel nous reviendrons plus tard.
E1. et E2. ont une opinion plutôt positive sur l’utilisation du jeu en grammaire :
« je pense que le jeu et ce genre de choses ça peut de toute façon apporter
quelque chose » (E3.), « je pense que ça peut être bien, après j’ai jamais
utilisé. Je pense que tu trouves pas mal de trucs au SEM25, mais j’ai jamais eu
recours » (E2.) Dans la mesure où ils n’ont jamais utilisé de jeux, ils ne peuvent
pas affirmer que cela serait aussi efficace que l’utilisation des manuels
traditionnels : « entre le jeu ou d’autres manières d’entrer dans la tâche, je me
saurai pas dire si le jeu a une efficacité particulière » (E3.). Les enseignants ont
cependant énoncé d’autres manières de rendre, pour eux la grammaire plus
ludique. E2. explique par exemple son recours fréquent aux élèves eux-
mêmes pour faciliter leur compréhension :
« par exemple leur expliquer, un groupe nominal, ça reste un groupe
nominal, mais après il peut avoir, enfin il peut être positionné
différemment dans la phrase. Il peut être sujet, et là du coup je prends
un élève, je dis voilà toi tu es, tu t’appelles, je ne sais pas Adriano, tu as
les yeux bleus, tu as les cheveux châtain clair, tu resteras toujours
Adriano, mais je peux te déplacer, puis je prends d’autres élèves, je
106
peux te placer là, enfin voilà. J’essaye à chaque fois d’imager ce que
je dis, notamment avec la grammaire, je le fais. »
Pour E2., il ne s’agissait pas de quelque chose de prévu, l’objectif était de
trouver un moyen de « les impliquer plus, pour qu’ils comprennent, je l’ai fait
et c’est vrai que ça a eu un bon retour, et puis les enfants ont bien compris.
Après ils font tout de suite des liens et ils aiment, ils arrivent mieux à
comprendre parfois ». E1. et E2. utilisent également fréquemment les
Lexidata pour réaliser un “drill” qui diffère des traditionnelles fiches
d’exercices. S’agissant d’un support, celui-ci sera traité plus tard.
Enfin, E1. et E3. mettent en avant le fait que selon eux, il n’est pas toujours
pertinent d’utiliser le jeu. E1. utilise davantage les jeux pour d’autres disciplines
telles que les mathématiques ou les langues, car il a « trouvé et les moyens et
l’intérêt de sa part plus accentués, de travailler sous forme de jeu ». E3. rejoint
cette idée en précisant qu’il y a « certains thèmes de grammaire qui s’y
prêtent et puis d’autres peut-être moins, ça risque d’être plus difficile ».
Démarche d’enseignement
E1. explique qu’il reste dans un schéma “classique” de leçon du type théorie
puis entraînement à travers des exercices. Il précise dans la suite de
l’entretien la manière dont il procède sur la base du manuel Ile aux mots
(2010) méthode qui ne s’avère finalement pas si traditionnelle que cela. E1.
part de l’idée suivante : « on expose un problème, comment je peux résoudre
ce problème quand [...] j’écris en français d’habitude, et quelle est la règle
que je peux vraiment mettre en place et sur laquelle je peux me baser pour
ne plus avoir ce problème-là ». Cette idée est nettement teintée d’une
approche inductive de l’enseignement de la grammaire (cf. infra première
partie, 1.3). E1. varie parfois sa démarche et commence “par la fin” en
demandant aux élèves de réaliser des exercices sans avoir vu un point
théorique spécifique au préalable : « je fais volontairement la fiche en
sachant qu’ils vont faire des fautes et puis après on se dit ok vous avez pas
mal de fautes, est-ce qu’on arrive à extraire une règle de tout ça pour
justement peut-être éviter de refaire ces fautes ». L’enseignant a ensuite
recours au manuel afin de fixer la règle déduite, avant d’exercer une
nouvelle fois la notion. D’après E1., « partir des préoccupations des élèves et
107
des questions des élèves [...] c’est une manière d’agir qui reste très collée à
ce que les élèves ont envie d’apprendre et qui évite tout ce qui est ennui,
distraction, etc. ». Il précise néanmoins que cela reste complexe à mettre en
place de par le manque de moyens selon lui et la trop grande quantité de
règles de la langue française.
Bien qu’il semble s’inscrire dans une démarche similaire à celle de E1., E3. se
détache davantage du manuel et débute sa séance en demandant aux
élèves de produire un corpus de phrases qui servira de base à la construction
de l’objet grammatical. À partir des phrases, les élèves vont ensuite pouvoir
manipuler les mots. Pour E3., « c’est eux qui donnent des idées qui produisent,
qui inventent, on essaye, c’est un espèce de petit laboratoire comme ça et
puis si c’est pas le bon élément, on rectifie, quelqu’un trouve une autre idée,
une autre piste et puis voilà on chemine ». E3. explique ensuite qu’à travers
tout cela :
« (...) on essaye de définir un principe, un fonctionnement, qu’on va
appeler une règle. La règle, on l’écrit. Là de nouveau ce n’est pas moi
qui vais l’écrire, je vais dire, les enfants, qui m’invente une règle si on
108
veut dire, comment on a procédé, quelles sont les étapes, quelle est la
règle qui permet de reproduire, etc. ou un constat ? »
On remarque finalement que chez les trois enseignants, ressort nettement une
volonté de susciter chez les élèves une réflexion sur la langue et de les rendre
acteurs de leurs apprentissages.
Difficultés de la grammaire
Lorsque j’ai questionné le premier enseignant sur les difficultés qu’il relevait en
grammaire, je ne me suis pas tout de suite rendue compte que j’avais
davantage orienté la question sur les difficultés qui le concernaient lui-même,
plutôt que les élèves. Ainsi, pour E1. le fait qu’il existe de nombreuses règles et
qu’il nous arrive souvent d’en oublier certaines, demande de la part de
l’enseignant de « réinvestir [...] la notion pour être sûr d’être à l’aise devant les
élèves ». Pour les deux enseignants suivants, j’ai axé ma question sur les
difficultés des élèves. D’après E2., ce qui est problématique en grammaire
c’est que « si les bases ne sont pas bien acquises dès le départ », il est difficile
pour les élèves de s’y retrouver. De plus, « à partir du moment où ils suivent
bien et qu’ils n’ont pas décroché [...] la grammaire ça ne fait pas partie des
choses les plus difficiles ». E2. situe alors le niveau de difficulté entre 6 et 7 sur
10. Selon E3., il est difficile d’établir une échelle : la grammaire « mobilise peut-
être d’autres compétences, d’autres types de raisonnements » et « certains
des élèves, on pourrait dire, ils ont le sens de la grammaire, les choses sont
facilement claires pour eux, très rapidement et pour qui les maths ça serait
plus difficile et inversement ». Pour E3., les difficultés en grammaire seraient
donc relatives à des « types de raisonnement » propres à chaque élève.
Niveau de motivation
109
enseigner les diverses disciplines. Tout en reconnaissant l’aspect « ennuyeux,
poussiéreux » de la grammaire, il explique qu’il prend du plaisir à l’enseigner.
Le discours de E2. et E3. quant au plaisir qu’ils prennent à enseigner la
grammaire est un déterminant important de la motivation. E3. tente d’ailleurs
de communiquer ce goût à ses élèves :
« (...) si on essaye de jouer avec les éléments grammaticaux, de leur
montrer que la langue, on peut jouer, comme on peut jouer avec des
chiffres etc. [... ] Et puis je pense que si les élèves le ressentent et bien
ça peut aussi leur donner plus ou moins du plaisir. En fait, essayer de
pas leur donner du déplaisir. »
Rendre la grammaire « plus agréable, plus vivante, plus ludique, plus drôle »
semble être tout à fait envisageable pour cet enseignant. Le tout est de
réussir à utiliser des aspects de leur quotidien, « qui les concerne », dans le
corpus de texte notamment : « si on en prend un complément et puis il doit y
avoir une personne, si c’est un musicien, [...] on va mettre un chanteur à la
mode et tout de suite ça les accroche. ».
Enfin, E1. s’exprime également quant à la motivation qu’il perçoit des élèves :
« je n’ai pas l’impression qu’ils soient ennuyés de le faire je pense qu’ils
trouvent que le moyen il est quand même intéressant et […] je pense que les
exercices passent bien auprès des élèves ». De son point de vue, il n’y aurait
pas de problème de motivation lors des leçons de grammaire, ou du moins ils
ne seraient pas liés au manuel utilisé (Ile aux mots, 2010).
Supports utilisés
Pour E2. et E3. le mémento 4-5-6e (2010) issu des moyens COROME (1996) est
le support le plus utilisé. E2. considère cet ouvrage de référence comme sa
« bible pour la grammaire » et l’utilise très fréquemment avec ses élèves.
D’après E3. et E2., il s’agit d’un support « très bien fait, très bien structuré et
puis qu’on peut bien utiliser. Et pour les enseignants c’est très facile à
manipuler et on peut le montrer facilement aussi aux enfants qui peuvent s’y
repérer. ». E3., tout comme E2., le considère comme un outil de vérification
des découvertes des élèves.
110
E2. explique également qu’elle utilise beaucoup les fiches COROME (1996)
(davantage que les exercices proposés par l’Ile aux mots) justement en lien
avec le mémento, car elle dit ne pas avoir « suffisamment de recul » avec l’Ile
aux mots (2010). De plus, ce moyen ne contient pas « tous les thèmes » selon
E2.. L’ordinateur est un support que E2. dit ne pas utiliser.
E3. considère le tableau noir comme un support à part entière, qui fait office
« d’atelier, où tout le monde peut écrire, les élèves viennent écrire, ils
viennent parfois eux-mêmes avec la craie, avec leur écriture ». Enfin, E1. et
E2. utilisent aussi souvent les Lexidata, qui permettent de driller de manière
plus ludique qu’à travers des fiches d’exercices.
On remarque que bien que les enseignants semblent s’inscrire dans des
démarches de type plutôt inductif, le mode “papier-crayon” demeure le
support le plus utilisé - l’un n’empêchant cependant pas l’autre pour autant !
D’après E1., dans l’Ile aux mots (2010), la notion d’attribut du sujet reste un
« thème un peu flou » et insuffisamment dissocié de l’étude du complément
de verbe, alors qu’elle mériterait selon lui un travail plus approfondi de part sa
complexité. Cette notion fait partie des thèmes qui, pour E1. mériteraient de
« partir des interrogations des élèves ». E1. aborderait la notion de la manière
suivante :
« Ecrire deux phrases au tableau, une avec une suite d’être accordée,
l’autre avec une suite d’être pas accordée, et pourquoi est-ce que
l’une est accordée et pas l’autre ? Et juste, comment vous diriez, vous
les filles, comment est-ce que vous diriez, vous les garçons, comment
ça se fait qu’il y a une différence entre les filles et les garçons alors que
le complément de verbe ne s’accorde pas en temps normal ? Après, à
partir de là, je rebondirai là-dessus pour introduire d’un point de vue
théorique avec le moyen et après des exercices. Je pense que ça
serait quelque chose comme ça. »
Ainsi, E1. introduirait l’attribut du sujet par la caractéristique de l’accord, en
s’appuyant sur la différence des genres, avant de “rebondir” sur le manuel.
Pour cet enseignant, il faudrait s’assurer que la liste des verbes entraînant un
attribut du sujet soit claire pour les élèves.
111
Pour E2., l’attribut du sujet implique déjà de « bien maîtriser le sujet ». Dans un
second temps, il serait important de pouvoir identifier les verbes qui
impliquent un attribut du sujet. Dans la mise en œuvre, deux options sont
envisageables pour E2. :
« Lire la théorie, essayer de comprendre, poser des questions et puis
ensuite driller avec des exercices (...) Ou alors je peux mettre des
phrases au tableau, et puis après faire des groupes et puis toutes celles
en fait où c’est l’attribut du sujet, faire une famille, enfin leur dire que
ça constitue une famille, pourquoi ? Et puis ensemble essayer de
trouver, de faire ressortir la théorie. C’est aussi une possibilité qu’il m’est
arrivé de faire. Mais en soi, même si je procède de cette manière-là
c’est la théorie qui en ressort et après on fait les exercices. Après la
théorie, on peut l’amener de différentes manières. »
Pour terminer, la notion d’attribut du sujet ne semble pas avoir été, dans les
souvenirs des enseignants, une notion difficile à comprendre pour les élèves.
Les propos de E1. laissent penser que si la notion est suffisamment claire pour
l’enseignant, alors il pourra l’expliquer afin qu’elle le devienne également
pour ses élèves.
112
1.2 Conclusion en lien avec la première question de recherche
113
primaire étant donné qu’aucune recherche n’existait dans ce contexte-ci et
connaître le degré de motivation des enseignants ainsi que ses facteurs. Il
semblerait que mon hypothèse soit en partie correcte dans le sens où les
enseignants primaires interrogés partagent une vision très positive de la
grammaire – malgré leurs expériences différentes. Ce résultat présente
néanmoins un biais dans la mesure où aucun des enseignants interrogés n’a
eu d’expérience négative avec la grammaire. Ainsi, je n’ai pas pu “vérifier” le
« blocage affectif » dont parlent Falardeau et Simard (2009). Nous
remarquons que les enseignants primaires reconnaissent l’aspect
“poussiéreux” de la grammaire mais ils ne s’enferment pas dans cette image
négative, contrairement au secondaire et s’efforcent de lui redonner
davantage de sens auprès des élèves. Cependant, il est important de relever
que le discours des enseignants primaires vient tout de même confirmer le fait
que leur expérience influence leur enseignement et leur rapport à la
discipline. De plus, il reste difficile de généraliser ce constat au vu du petit
nombre d’enseignants interrogés. Il serait donc intéressant de conduire une
recherche à plus grande échelle auprès des enseignants primaires afin de
vérifier ce premier résultat. Par conséquent, il semblerait que l’aspect négatif
de la grammaire soit exagéré et que les enseignants primaires ne soient pas
autant démotivés à enseigner la grammaire que la littérature le laisse penser.
Pour aller plus loin, on remarque que les enseignants ne sont pas totalement
dans une démarche inductive ou de découverte mais qu’ils ne s’inscrivent
pas non plus dans une méthode trop traditionnelle. Il semblerait donc que
dans la pratique, les enseignants mélangent les deux types de dispositifs et
utilisent l’un ou l’autre selon leurs goûts et leurs expériences avec les élèves.
Ce constat fait écho à la sédimentation des pratiques évoquée par
Schneuwly et Dolz (2009). En effet, les pratiques des enseignants sont
consituées de « strates historiques diverses » : une partie plus traditionnelle et
une autre issue des rénovations.
114
2. Les tâches réalisées
La partie descriptive relative aux tâches réalisées en classe s’appuiera sur les
observations réalisées durant la séquence, les décalages avec la
planification prévue26, les discours des élèves interrogés (cf. retranscriptions ;
annexes 14 à 17 et tableau récapitulatif ; annexe 18) ainsi que les traces des
activités des élèves27 qui illustreront mon propos.
26 Afin de notifier les éléments ajoutés ou modifiés à la planification initiale, une autre police
est utilisée dans les tableaux.
27 Afin de conserver l’anonymat des élèves, les prénoms sont camouflés.
115
Au départ, j’ai trouvé les élèves très investis et intrigués lors de la création du
corpus de phrase : quasiment tous les élèves levaient la main pour proposer
une phrase qui répondaient à mes critères. Le corpus formé par les élèves est
le suivant :
116
certains élèves affirmaient « le complément de verbe non plus on ne peut
pas le supprimer ! ». J’ai donc dû soumettre d’autres exemples aux élèves
pour qu’ils puissent percevoir la différence entre les deux groupes. La
pronominalisation fut également dure à réaliser par les élèves, ce qui a posé
à nouveau quelques problèmes pour la découverte de l'attribut du sujet. Pour
eux, il n’était pas possible de pronominaliser les phrases. J’ai donc finalement
beaucoup guidé les élèves – du moins davantage de ce qui était prévu –
allant parfois jusqu’à créer un effet Topaze28, pour que les élèves puissent
avoir une première idée de l’attribut du sujet. Durant ce moment d’essais
successifs, j’ai également vu l’attention des élèves diminuer. En effet, tous les
élèves ne pouvaient pas participer à ce moment-là et certains
commençaient à bavarder et l’ennui apparaissait. L'exemplification explique
le temps supplémentaire requis lors de la réalisation de l’activité que l’on voit
sur le tableau précédant.
28Cet effet consiste à aider l’élève à tel point que l’on fini par résoudre le problème à sa
place (Brousseau, 1998).
117
Groupe 1 Groupe 2 (dont EL3. et EL4).
Groupe 3 Groupe 4
Le passage à l’écriture des constats fut lui aussi complexe et plusieurs élèves
semblaient démotivés : « On ne sait pas quoi écrire ». J’ai à nouveau arrêté
l’activité pour rappeler la consigne aux élèves, mais la tâche demeurait
difficile pour certains groupes. Durant ce moment, j’ai également dû
m’occuper d’un groupe qui dysfonctionnait : un des élèves ne voulait pas
collaborer avec ses camarades et les empêchait de réaliser leur activité.
Lorsque j’ai essayé de remédier au problème, l’élève a tenté d’entrer en
118
confrontation avec moi, ce qui m’a demandé du temps supplémentaire.
Avec tout cela, les élèves du groupe n’ont pas réussi à réaliser de constat.
Durant la mise en commun, les élèves étaient très agités. J’ai dû stopper les
élèves porte-parole car le reste de la classe n’écoutait plus. Finalement, les
élèves expliquaient assez bien les transformations testées mais ils n’arrivaient
toujours pas à distinguer le complément de verbe de l’attribut du sujet. Le fait
de pouvoir le pronominaliser a directement été perçu comme un critère
rattachant ce groupe au complément de verbe.
119
2.1.2 Entretiens des élèves (cf. annexe 16)
Il me paraît important de préciser que, par manque de temps, les élèves ont
été interrogés sur l’activité 1 la semaine suivante, ce qui peut avoir créé un
biais au niveau de la précision de leur discours que l’on peut parfois
difficilement distinguer d’une mauvaise compréhension.
Intérêt de l’activité
L’impression que les élèves étaient perdus lors de cette première activité se
confirme à la lecture des entretiens. On remarque tout de suite, en la
comparant aux autres activités qu’elle est la seule pour qui l’intérêt était
« moyen » (EL1.) – bien que cela soit uniquement l’avis d’une élève sur cinq.
Une des élèves (EL3.) exprime bien le manque de clarté ressenti :
« C’était bien (...) enfin au début moi j’ai pas vraiment compris à quoi
ça servait de nous faire découvrir comme ça et enfin, je trouvais ça un
petit peu bizarre de nous faire découvrir quelque chose, en douceur,
parce que nous en général on a appris, comme ça, comme ça et on a
appris. Du coup ça fait un petit peu bizarre, mais sinon j’ai bien aimé.
Mais j’ai toujours pas compris à quoi ça servait. »
Niveau de difficulté
120
en groupe, des moments d’écoute en collectif : le travail en groupe semble
avoir participé à rendre l’activité plus facile pour lui, tout en étant
paradoxalement difficile à gérer en termes de collaboration. Le discours de
EL5. donne l’impression que le fait d’être en groupe ne lui permettait pas de
réfléchir calmement et de soumettre ses doutes ou questions.
Sensations
Apprentissages effectifs
121
facilités dans la mesure où – même s’il ne les nomme pas – il arrive à
distinguer les deux groupes : « Là j’ai bien appris qu’il y a deux groupes et il y
en a un où tu peux pas changer, pas supprimer et il y en a un où tu peux » et
repère une caractéristique de l’attribut du sujet :
I : (...) il y a d’un côté le complément de verbe qu’on a l’habitude
d’utiliser et de l’autre il y a l’attribut du sujet qu’on a essayé de
découvrir. C’est lequel qu’on ne peut pas supprimer ?
EL5. : Bah c’est l’attribut du sujet.
122
Groupe 2 (dont EL3. et EL4).
Groupe 1
123
qu’ils perçoivent davantage la différence avec l’attribut du sujet. Mais dans
la mesure où je considérais que les apprentissages étaient à leur charge
durant ce moment, je me suis quelque peu laissé prendre par le dispositif.
Ainsi, en tentant de reprendre des éléments d’un dispositif inductif, je me suis
rendu compte que mes consignes et mes attentes étaient insuffisamment
claires pour les élèves – alors qu’il s’agit pourtant d’un des critères de la
DADD (cf. supra première partie, 1.3). Cela s’est d'ailleurs également ressenti
dans le discours des élèves et semble même avoir rendu la tâche plus difficile
: « (...) c’est juste que comme moi j’avais pas très bien compris et que les
autres personnes du groupe avaient pas bien compris, bah ça a donné
qu’on a pas pu faire grand chose. » (EL3.)
Je me suis également aperçue qu’en voulant à tout prix rendre les activités
plus proches des élèves, cela pouvait parfois les écarter de la tâche. Le fait
que j’ai proposé des phrases à reconstruire avec des prénoms d’élèves de la
classe ou que j’”utilise” des élèves pour illustrer les transformations, semble
avoir davantage fait rire les élèves et provoqué leur déconcentration que les
avoir réellement aidés. Pour avoir testé cette illustration avec les élèves dans
ma classe actuelle de 5PH, il semblerait que l’âge des élèves puisse être mis
en cause, étant donné que les élèves de 7PH étaient déjà pour certains dans
une période de préadolescence.
D’un autre côté, il était difficile, à certains moments, de “lâcher les rênes”.
Lors de l’échange en collectif, j’aurais par exemple pu noter les deux
hypothèses concernant la pronominalisation et expliquer aux élèves qu’ils
verraient laquelle était correcte, en testant eux-même la transformation dans
les phrases, au lieu de trancher moi-même directement. Dans le même sens,
je dois avouer qu’il était très difficile, d’écouter les élèves durant la mise en
commun, sans intervenir pour les remettre sur la bonne voie.
124
habituelles des phrases que l’on fait quotidiennement en classe, laissant
penser que la première est plus motivante pour lui. On remarque également
que EL5. semble avoir le plus appris alors que c’est l’élève qui a le plus de
difficultés. Nous pourrions faire l’hypothèse que l’activité étant plus un travail
de recherche, de découverte par essais-erreurs, les élèves qui ont plus de
facilités se retrouvent davantage déstabilisés par cette forme moins
“scolaire” d’apprentissage. Ceci pourrait expliquer que les contenus assimilés
soient peu clairs pour eux.
Bien que cela n’était pas prévu, j’ai dû stopper l’activité avant la réalisation
de la tâche b) qui aurait du permettre de finaliser la découverte des
caractéristiques de la notion et notamment le lien avec le sujet. En lisant les
entretiens, je me suis rendue compte que le fait de ne pas avoir terminé la
découverte pouvait avoir créé chez les élèves un besoin d’en savoir plus
qui pourrait être facteur de motivation. En effet, les élèves semblaient frustrés
de ne pas avoir vu la notion au complet et de ne pas l’avoir complètement
acquise à l’issue de la première activité lorsque je leur ai demandé s’ils
avaient envie d’en apprendre plus sur l’attribut du sujet :
« (…) en fait, j’ai rien compris de ce qu’on a fait, alors du coup je sais
pas vraiment … » (EL3.),
« Hum oui. Parce qu’on a travaillé un tout petit peu » (EL4.),
« A moitié parce que je sais qu’est-ce que l’attribut du sujet, qu’on peut
pas le changer tout ça mais (...) j’ai pas très bien appris à la lettre enfin,
pour moi j’ai compris seulement l’attribut du sujet tu peux pas le
changer. » (EL5.)
Les élèves ont donc besoin d'assister aux autres leçons pour compléter leur
savoir. Cependant, il faut bien avouer que ce manque d’informations
pourrait se révéler problématique et pour certains élèves cela aurait pu être
au contraire totalement démotivant. Ils auraient alors pu se dire : “de toute
façon je n’ai rien compris déjà au début, ça ne sert à rien que je continue et
que j’écoute la suite ».
125
2. 3 Réalisation de l’activité 2 : tâche de manipulation (b) et tâches
de discrimination (a, b, c)
et discrimination
126
Tâche de manipulation (b)
127
première séance. J’ai enchaîné également plus rapidement les tâches afin
de laisser le moins possible de “temps morts”, propices aux bavardages et à
la déconcentration des élèves.
Durant cette tâche, j’ai déjà pu remarquer que les élèves participaient et
s’investissaient davantage. Même le petit problème technique causé par le
papier utilisé pour plastifier les cartons (qui ne permettait pas d’effacer
correctement le stylo) n’a pas perturbé le travail des élèves. A la différence
de la première tâche, j’ai choisi d’attribuer des rôles précis aux élèves du
groupe, dans l’espoir que les élèves puissent avancer plus rapidement et
efficacement que la dernière fois. Il est vrai que j’ai observé une prise en
charge de la tâche nettement plus sérieuse de la part des élèves, ce que
leurs travaux illustrent bien (cf. images ci-dessous).
Groupe 2 Groupe 2
Groupe 2
Groupe 4
Groupe 5
Groupe 6
128
Les constats des élèves étaient d’ailleurs bien plus réfléchis. La mise en
commun qui en a découlé est très intéressante, une majorité des élèves étant
beaucoup plus attentifs que lors de la première séance. En observant les
constats ci-dessous, on remarque que la plupart des groupes a identifié la
transformation de l’attribut du sujet lorsque le sujet change.
Groupe 2
Groupe 1
Groupe 6
Groupe 5 (dont EL4.)
129
complexité. Leur enthousiasme et investissement se trouve conservés durant
la tâche b). De manière improvisée, j’en profite pour les questionner sur les
modifications qu’imposeraient un changement de sujet sur l'attribut, à travers
les phrases projetées, afin de remobiliser la dernière caractéristique de
l’attribut du sujet découverte (accord avec le sujet). Je fais de même pour
revoir l’impossibilité de supprimer et de déplacer l’attribut du sujet. Lors de
l’institutionnalisation je m’aperçois que le groupe adjectival est une notion
encore floue pour les élèves et je prends donc le temps de la redéfinir avec
les élèves, d’où les cinq minutes supplémentaires.
Présentation de la devinette aux élèves Diapo après exercice avec les élèves
130
EL2.
EL1.
EL4.
EL5.
EL3.
131
Dans la mesure où j’avais pris du retard lors de la première activité, nous
n’avons pas eu le temps de réaliser la tâche d). Celle-ci a donc du être
réalisée lors de la dernière séance, la semaine suivante.
Intérêt de l’activité
En lien avec mes observations tous les élèves interrogés ont jugé l’activité 2
intéressante. EL3. précise même que les tâches lui ont permis de mieux
comprendre « à quoi ça servait et la différence avec le complément de
verbe ».
Niveau de difficulté
Globalement, l’activité semble avoir été plus facile que la première. Et c’est
surtout pour EL4. que l’on voit le plus grand écart : nous passons d’une
activité jugée très difficile pour la première, à très facile pour l’activité 2. A
132
nouveau, EL3. met en évidence le fait qu’elle a « mieux compris » ce qui
semble avoir diminué la difficulté de l’appropriation de la notion.
Sensations
Les élèves étaient plutôt à l’aise durant cette activité. Une fois encore on
constate une évolution entre la première et la seconde activité pour EL3. et
EL4., les élèves étant nettement plus à l’aise.
Apprentissages effectifs
2. 4 Analyse de l’activité 2
133
Dans un premier temps, il semblerait que les élèves étaient moins “perdus”
que lors de la première séance : le rappel pourrait y être pour quelque chose.
En effet, les caractéristiques déjà découvertes sont rappelées et inscrites sur
la feuille java, elles sont ainsi “fixés” et ne changent pas. Cela a pu constituer
une base pour les élèves et les a peut-être rassurés. À la différence de la
première séance, les élèves ne partent donc pas de zéro, n’ayant pour seul
appui que quelques hypothèses, qu’ils devaient eux-mêmes vérifier. Le rappel
semble d’ailleurs avoir été bénéfique car beaucoup d’élèves rappellent les
éléments qui y figuraient, possible preuve qu’ils les avaient davantage
compris.
134
Malgré l’enthousiasme des élèves durant la plus grande partie de la séance,
leur attention s’est avérée diminuer dès la fin de la tâche b). Pour quelles
raisons ? Le passage d’un support à un autre est peut-être en cause (cf. supra
deuxième partie, 3.4). Il me paraît également important de préciser qu’au
moment de la tâche c), nous nous approchions de 11h30 (un mercredi
matin). L’approche de la sonnerie impliquant parfois excitation et désintérêt
des élèves, il est possible que cela ait joué un rôle lors de cette séance.
135
intéressant d’observer des traces de leurs performances dans les exercices
pour voir si ce résultat se confirmait dans la mise en pratique individuelle.
discrimination
136
J’ai commencé l’activité en expliquant aux élèves que nous allions tester ce
qu’ils avaient appris les dernières fois avec plusieurs petits ateliers, mais
qu’avant cela nous allions vérifier s’ils étaient “capables” de réaliser ces
ateliers. Je souhaitais commencer de manière moins “directe” (« observez
cette phrase ») à travers une petite “mise au défi”. A la différence des
précédentes activités, aucun élève n’a formulé de remarque négative quant
à l’annonce de la tâche. A ma grande surprise beaucoup d’élèves ont
participé durant la phase de rappel. Lorsqu’ils étaient choisis pour aller au
tableau, une grande satisfaction pouvait se lire sur leur visage alors que
d’autres soupiraient de ne pas avoir été “sélectionnés”. Une fois au tableau,
certains élèves ont douté ou se sont trompés, ce qui m’a permis de faire
appel au reste de la classe. J’ai essayé de ne pas dire si les éléments entourés
étaient corrects ou non, mais plutôt de laisser cette responsabilité aux élèves.
Au final, ce moment de remobilisation des connaissances m’a démontrée
une bonne appropriation du contenu. Comme je m’y attendais, la phrase
Vous restez à la maison. a suscité quelques confusions, mais les élèves ont
globalement bien identifié qu’elle ne contenait pas d’attribut du sujet. En
effet, lorsque j’ai demandé d’entourer les verbes d’état et qu’un élève s’est
attelé à la tâche pour la première phrase, un léger bourdonnement d’élèves
s’est fait entendre. Finalement un autre élève s’est exclamé : « Mais non pas
là, ce n’est pas un attribut du sujet ». Je lui ai expliqué que nous allions le voir
137
par la suite et que même si c’était le cas, cela n’empêchait pas qu’il y ait un
verbe d’état pour autant. L’identification de l’attribut dans la dernière phrase
a été la plus complexe, mais à l’aide de quelques “questions guides”, les
élèves y sont finalement parvenus. Concernant la nature des attributs, les
élèves sont restés perplexes, et cela est bien normal me semble-t-il devant “la
mienne”. Après quelques indices, un seul élève a réussi à déterminer qu’il
s’agissait d’un pronom possessif. A ce propos, un élève a très justement fait
remarquer : « Ah c’est celui qui nous manquait quand on a regardé le
mémento ! » en faisant référence à la comparaison de “leurs” règles à celles
du mémento.
Les ateliers se sont bien déroulés et dans un calme très surprenant au regard
du comportement habituel de la classe (cf. supra deuxième partie, 2.6).
Concernant la tâche de discrimination qu’ils devaient permettre, j’étais assez
satisfaite du travail des élèves que j’ai pu apercevoir.
138
erreurs subsistaient encore, mais dans l’ensemble les élèves semblaient
pouvoir identifier l’attribut du sujet. Au niveau de l’attention des élèves, ces
derniers paraissaient épuisés de la séance et participaient peu.
Deux semaines plus tard, voyant que je n’arrivais pas à finaliser ma séquence
et dans le but de faire une révision avant l’évaluation de français II qui
approchait, j’ai donné des exercices sur l’attribut du sujet afin de “driller”
encore la notion. Ces exercices ont cette fois été corrigés individuellement,
dans le but de reprendre la notion avec les élèves qui en avaient besoin.
139
2.5.2 Entretiens des élèves (cf. annexe 13)
Intérêt de l’activité
Niveau de difficulté
L’ordinateur semble avoir suscité le plus de difficulté pour EL1., EL3. et EL2.
sans que cela ne concerne réellement la tâche en elle-même. Il s’agissait
plutôt de difficultés techniques ou relatives aux modalités sociales (cf. supra
deuxième partie, 2.6). Pour EL4. c’est le cahier d’exercice qui a été le moins
facile à ses yeux et EL5. considère que le jeu de cartes était le plus difficile
pour lui.
Sensations
EL1. et EL3. se disent avoir été à l’aise durant l’activité alors que pour EL2., EL4.
et EL5. cette sensation est plus mitigée.
Une fois encore EL1. et EL3. se rejoignent sur le fait qu’elles n’avaient pas
l’impression de faire de la grammaire. Pour EL2., EL4. et EL5. il n’y a pas de
confusion possible et ils ont bien ressenti qu’ils travaillaient la grammaire
durant les ateliers.
Apprentissages effectifs
D’une manière générale, les élèves ont revu et davantage compris, pour
certains, la notion d’attribut du sujet. EL3. précise qu’elle a découvert que
l'attribut du sujet pouvait aussi être un pronom. Bien que nous l’avions vu dans
les “règles”, EL3. précise qu’elle a appris que l’attribut du sujet « pouvait aussi
être un pronom ». A la même question EL4. rappelle l’impossibilité de
déplacer l’attribut du sujet et son lien avec le verbe d’état. Ce dernier
élément revient également dans le discours de EL5., qui précise : « l’attribut
du sujet, j’avais déjà compris, mais pas à la perfection et maintenant je sais ».
140
Volonté d’en savoir plus
2. 6 Analyse de l’activité 3
Comme nous l’avons vu, le discours des élèves laisse entrevoir plusieurs
hypothèses à leur concentration et calme durant la réalisation des activités.
Revenons sur le fait qu’ils pouvaient « plus réfléchir » d’après EL3. Je fais le
postulat que pour EL3., les ateliers lui ont permis de davantage s’exercer. Le
fait d’être en groupe semble être un facteur d’intérêt pour EL5. qui y fait
29Même si leur performance lors du rappel n’avait pas été suffisante, j’aurais pris le temps de
revoir avec eux, et ils auraient tout de même pu réaliser les ateliers.
141
souvent référence. De plus, il semblerait que le fait de créer une transition par
le mouvement à travers le changement d’ateliers lui ait également plu. Nous
pourrions faire l’hypothèse que s’agissant d’un élève plus en difficulté, ces
moments lui permettaient d’avoir une pause nécessaire pour pouvoir entrer
dans un nouvel atelier. Son discours laisse penser que le fait d’avoir
l’impression de faire de la grammaire lors d’une tâche aurait une influence
sur l’intérêt et la réussite de cette dernière :
I : Dans quel atelier tu as eu le plus l’impression de faire de la
grammaire ?
EL5. : Dans les cartes. Ah oui là je me suis dit c’est de la grammaire et
c’est pour ça que je n’ai pas trop réussi.
Je ne m’étendrais pas sur les difficultés propres à chacun des ateliers car ils
sont davantage reliés au support en lui même d’après le discours des élèves
(cf. infra 3.). Seul EL1. précise que certaines phrases lui ont posé problème sur
l’ordinateur. Comme j’en avais fait déjà l’hypothèse durant l’entretien
l’utilisation d’autres verbes d’état dans les exercices de l’ordinateur semble
avoir quelque peu déstabilisé EL1.
On remarque que les très bons élèves, se sont également sentis très à l’aise
durant l’activité, alors que ce n’est pas le cas pour l’élève “moyen” et ceux
avec difficultés. Le fait de passer par plusieurs ateliers en un temps
relativement court serait-il responsable ? Cela pourrait être une hypothèse. En
effet, après réflexion je me suis demandée si 10 minutes n’était pas insuffisant
pour permettre à tous les élèves d’entrer dans la tâche. Pour certains élèves,
10 minutes c’est le temps qui leur faut pour relire les consignes, se remettre
“dedans”. J’aurais peut-être dû prévoir 20 minutes avec des exercices
supplémentaires pour les plus rapides. Mais cela aurait demandé une période
supplémentaire que je n’avais pas à disposition.
Il est intéressant de souligner que pour les élèves ayant davantage de facilité
la tâche de discrimination semble avoir été perçue comme de
l’entraînement, de la révision des éléments déjà vus alors que les élèves ayant
plus de difficultés expriment avoir encore découvert certains éléments et
renforcé leur compréhension. Paradoxalement, tous les élèves interrogés
expriment le fait de vouloir en apprendre davantage sur l’attribut du sujet et
pas seulement les élèves en difficulté.
Les tâches de discrimination semblent avoir ouvert les yeux aux élèves sur ce
qu’ils s’étaient appropriés et sur ce qui leur restait à travailler. Visiblement et
contrairement à l’impression que j’avais, suite à la correction collective, les
142
élèves avaient encore besoin de travailler la notion. En effet, j’ai préféré
réaliser une correction collective plutôt qu’individuelle mais avec le recul je
me suis demandée si je n’aurai pas dû corriger moi-même les élèves, pour
avoir une réelle idée des apprentissages de chacun. Cependant, mon
objectif était de pouvoir, à travers la correction, revoir encore une fois les
règles découvertes en collectif. En y repensant, je regrette de ne pas avoir
conservé de traces écrites des exercices réalisés par les élèves car il aurait
été très intéressant de pouvoir observer l’appropriation ou non à travers des
exercices écrits. Néanmoins, l’objectif de mon travail était de rechercher et
tester différentes manières de motiver les élèves à entrer dans la grammaire
et non de tester l’efficacité de ces méthodes en termes d’apprentissages.
Cet axe serait toutefois très pertinent à traiter.
Enfin, le fait de ne pas pouvoir terminer la séquence fut frustrant pour les
élèves qui avaient réalisé les devinettes et encore davantage pour moi. Mais
la réalité du terrain impose de faire des choix, et les nombreuses évaluations
qui arrivaient impliquaient de terminer (bien que je n’apprécie pas ce terme)
certaines thématiques et d’en revoir d’autres. Néanmoins, le discours de EL5.,
nous donne tout de même une petite information quant à la tâche de
production raccourcie. Il explique durant l’entretien que la devinette est
l’atelier qu’il a préféré durant l’activité 3 car : « c’était intéressant parce que
tu devais réfléchir de un, l’attribut du sujet tout seul, et aussi comment est la
personne. ». Le fait que la devinette permette aux élèves de parler d’une
personne proche, tout en s’amusant semble avoir séduit EL5., même s’il n’a
finalement pu faire qu’une ébauche de sa devinette, qu’il n’a
malheureusement pas eu le temps de terminer.
143
2.7 Conclusion en lien avec la question de recherche
EL1. 2 3 1
EL2. 3 2 1
Hypothèse 3 2 1
du + au –
apprécié / EL3. 3 2 1
motivant
EL4. 2 3 1
EL5. 3 1 2
Hypothèse 3 1 3
EL1. 1 2 3
EL2. 1 2 1
Classement
EL3. 3 1 2
apprentissages
EL4. 2 3 1
EL5. 3 2 1
144
Tâche
Activité n° Tâche(s) réalisée(s)
prévue
Tâches de manipulation
145
EL5. : Euh non moi j’ai bien aimé, vu que y’avait beaucoup de, chacun
disait ce qu’il trouvait et je trouve que tu nous as bien expliqué les deux
groupes ceux qu’ils peuvent pas changer, peuvent pas supprimer et les
autres.
En dépit de la difficulté de la tâche, le fait de pouvoir manipuler les phrases
semble avoir motivé ces élèves (cf. supra troisième partie 2.1.2).
Tâche de discrimination
Je pensais que les élèves plus en difficulté seraient davantage motivés par la
tâche de discrimination, mais il est difficile là encore de confirmer cette
hypothèse et l'hétérogénéité des réponses des deux élèves ajoute encore
une difficulté à l’explication. Plusieurs interprétations sont possibles. Pour EL4.
la suite de la manipulation ainsi que l’observation de la devinette ne
semblent pas l’avoir motivé alors que la réalisation des ateliers l’a davantage
intéressé, cet élève n’ayant pas réalisé de devinette. On observe le
phénomène presque inverse pour EL5. : la tâche de manipulation et le travail
sur la devinette en collectif (partie de la tâche de discrimination) se sont
révélés être particulièrement motivants pour cet élève, ce qui permet
d’affirmer partiellement mon hypothèse. Son discours vient renforcer cette
idée :
EL5. : Alors celle que j’ai le plus aimé c’est la devinette.
I : Donc la deuxième séance.
EL5. : Oui. Et celle que j’ai le moins aimé c’est la première. Et sinon celle
que j’ai appris le plus c’est la devinette parce que moi en fait je suis
146
beaucoup aussi dans l’électronique donc pour moi de l’ordinateur ou
du projecteur, voir que je peux apprendre de l'électronique ça me
booste.
L’intérêt de EL5. pour la tâche de discrimination semble néanmoins être très
influencée par le support (projecteur) utilisé (cf. première partie, infra 3.1.4).
Tâche de production
Concernant les élèves en difficulté, il semblerait que les tâches qui impliquent
une possibilité de créer, d’essayer sans que cela soit vraiment figé comme sur
un cahier d’exercice ait été un facteur de motivation. Je postule alors que les
tâches de manipulation et celles de discrimination impliquaient un statut de
l’erreur différent des tâches habituelles. Ces élèves qui entrent généralement
dans un cercle de corrections perpétuelles, se sont peut-être ici vus libérés de
cette pression car les tâches étaient présentées comme une découverte par
tentatives, dans le premier cas et un entraînement principalement en groupe
147
dans le second. De plus, on remarque que les difficultés possibles des tâches
(dans la tâche de manipulation par exemple) ne semblent finalement pas
avoir tant découragé les élèves. Cependant le fait de “réussir” ou non durant
les ateliers pouvait les décourager et les démotiver. Dans la même idée, le
fait d’avoir “appris” à travers une tâche semble l’avoir rendue plus motivante
pour les élèves en difficultés contrairement aux élèves plus à l’aise.
Les “très bons élèves” quant à eux n’ont pas été attirés par la tâche de
manipulation probablement car le travail proposé était trop proche de la
grammaire telle qu’ils avaient l’habitude de la travailler : “avec des phrases”.
On observe que la première partie de la tâche de discrimination qui implique
finalement aussi une “découverte” assez similaire à la tâche de manipulation
est elle aussi moins attrayante pour les élèves. Ces observations pourraient
laisser penser que les phases de découvertes “ennuient” les élèves
contrairement à ce que je pensais ou du moins la manière de les mener ne
semble pas les avoir motivé. Il est intéressant de voir qu’une partie de la
tâche de discrimination, à travers les ateliers a été perçue comme une
révision par ces élèves. Le fait de pouvoir s’appuyer sur des éléments déjà vus
est peut-être un éléments qui les a motivé. Paradoxalement, les élèves aisés
semblent porter davantage d’intérêt lors des tâches impliquant une
remobilisation des savoirs que dans celles qui demandent une réflexion de
leur part.
3. 1. 1 Observations
Pour rappel cette séance s’est déroulée dans un calme et une concentration
assez surprenante au vu des déplacements à réaliser et du travail en groupe.
148
Une remarque d’élève m’a frappée lors de mon explication des différents
atelier : « Oh non je sais déjà que c’est l’île aux mots qui a être le plus nul ».
149
Durant les jeux de cartes 31 (cf. exemple ci-dessous), j’ai remarqué que
certains élèves se prenaient réellement “au jeu” : « On va gagner vous allez
voir ». Il est vrai que lorsque les élèves se retrouvaient seuls à leur pupitres pour
réaliser le cahier d’exercices, certains regardaient leurs camarades aux
ordinateurs ou aux jeux de cartes presque en soupirant.
Lors de la réalisation des différents ateliers, j’ai tenté de passer parmi les
groupes pour répondre aux questions techniques qui pouvaient subsister, car
j’avais peur qu’avec la quantité d’informations que j’avais donnés aux
élèves, ceux-ci ne retiennent pas tout. Finalement cela s’est plutôt bien
déroulé. C’est surtout l’ordinateur qui a sollicité mon attention, car certains
élèves avaient des difficultés à utiliser le “glissé” de la souris et il y avait parfois
quelques conflits au sein des duos. Le jeu de carte et le cahier d’exercices
m’a également demandé de remédier à certains problèmes mais il s’agissait
davantage de difficultés de compréhension des phrases ou des règles. J’ai
cependant remarqué être nettement moins intervenue pour aider les élèves
au niveau du contenu d’apprentissage durant le jeu de carte que pour le
cahier d’exercices. J’ai d’ailleurs eu l’impresssion que certains élèves
entraient dans un processus d’évitement de la tâche face aux exercices du
cahier Ile aux mots : « Mais Sarah je n’arrive pas, je comprends pas ! » me
disait-il, alors que je venais de reprendre l’exercice avec l’élève en lui
donnant même un exemple.
150
3. 1. 2 Entretiens des élèves (cf. annexe 17)
1à3/4 EL4. 1 2 3 /
151
Le tableau suivant donne à voir un classement des apprentissages permis par
les ateliers et la tâche de production : de l’atelier avec lequel les élèves ont
le plus appris à celui où ils ont le moins appris.
Classement EL1. 1 1 1 1
apprentissages EL2. 1 3 2 /
du + au –
EL3. 3 2 1 /
d’apprentissages
EL4. 2 1 3 /
1à 3 / 4 EL5. / / / 1
EL1. n’arrive pas à classer les ateliers de ce point de vue. Si l’on observe le cas
des autres élèves on remarque que chaque atelier a été classé premier une
fois. EL2. n’établit de différence entre l'appréciation et l’apprentissage qui
découlait des ateliers, l’ordinateur restant donc en tête du classement. Pour
EL3. il semble certain que malgré le fait qu’elle ne l’ait pas apprécié, l’Ile aux
mots soit le support qui lui ait permis de plus s’entraîner, l’ordinateur arrivant à
la fin du classement. Enfin, EL4. considère que c’est grâce au jeu de cartes
qu’il a le plus appris et place le cahier Ile aux mots en bas du classement.
Le fait que j’ai trouvé les élèves investis durant les ateliers et qu’ils aient
d’ailleurs exprimé qu’ils avaient particulièrement apprécié ce travail, pourrait
montrer que les ateliers étaient suffisamment intéressants pour permettre aux
élèves d’être concentrés dans la tâche et pas sur autre chose.
152
souris). De plus, l’utilisation du support ordinateur impliquait de faire travailler
les élèves à plusieurs, car je n’en avais pas assez. Ceci a parfois provoqué
quelques conflits davantage liés à la modalité sociale qu’au support lui
même. Ces aspects, n’ont cependant pas impacté l’enthousiasme des
élèves pour ce support, sauf pour El3., pour qui la “cohabitation” avec l’autre
camarade semble avoir fait descendre la “cote” de l’ordinateur au plus bas,
tant au niveau de son appréciation que des difficultés qu’il impliquait (cf.
infra première partie, 3.1.4).
Durant mes observations, je me suis rendu compte qu’un autre support que je
n’avais pas pris en considération apparaissait : le tableau noir. Ecrire au
153
tableau est également souvent source de motivation. Cet aspect a été
particulièrement visible lors de la phase de rappel de la dernière séance et
l’est tout autant dans le quotidien des classes. Lorsque l’on demande aux
élèves de venir faire quelque chose au tableau (écrire, entourer, souligner …)
la plupart des élèves sont enthousiastes, même si pour les élèves plus timides
cela est moins évident.
1à3/4 EL4. 1 2 3 /
Hypothèses 1 2 3
Bien que sur les cinq élèves, l’ordinateur soit le plus apprécié pour trois d’entre
eux, ce résultat n’est pas si tranché que ce à quoi je m’attendais. Je pensais
que tous les élèves auraient préféré l’ordinateur mais il s’avère que le jeu de
cartes a lui aussi attiré l’attention des élèves, bien que cette impression reste
154
mitigée. L’appréciation de l’Ile aux mots permet d’affirmer mon postulat dans
la mesure où il arrive en dernière position pour trois élèves sur cinq.
Il est important de préciser que ces résultats sont à prendre avec prudence
dans le sens où la modalité sociale de travail a peut-être biaisé l’intérêt des
élèves pour certains supports. Certains d’entre eux “trainent” finalement des
questions de modalités socialesde travail. En effet, on remarque que ce sont
les ateliers en groupe qui ont remporté le plus de succès face à l’activité
individuelle. Il aurait donc été intéressant d’approfondir cet aspect et de
questionner les élèves en leur demandant si le fait d’être en groupe les a
motivés ou non. De plus, je me suis aperçue que les réponses des élèves
manquaient parfois de précision, de par les questions peut-être trop floues. Il
aurait été peut-être davantage pertinent de demander aux élèves de
réellement classer, par écrit les différents ateliers et de laisser un espace pour
qu’ils en donnent les raisons. Je pense que les résultats en auraient été
d’autant plus riches et exploitables.
155
Conclusion
156
L’activité de manipulation, qui s’apparentait pourtant à une démarche de
type actif n’a pas remporté beaucoup de succès en comparaison avec les
autres tâches. J’avais pourtant pris le soin de permettre aux élèves d’être
vraiment actifs et de pouvoir manipuler avec leurs propres mains les phrases.
Néanmoins, il semblerait que l’aspect “découverte” ait rendu la tâche
dénuée de sens et trop complexe pour les élèves. Ils semblaient déboussolés,
et ne pouvaient malheureusement pas vraiment s’appuyer sur leurs
connaissances du complément de verbe qui étaient trop floues ou peut-être
remises en question face à la découverte de cet “autre” groupe. Les élèves
n’étaient vraisemblablement pas habitués à ce type de “leçon” où
l’enseignant n’intervient pas. Malgré un certain intérêt résultant
probablement de leur curiosité face à ce nouveau procédé, ils n’étaient
visiblement pas à l’aise. Cela donne l’impression qu’ils avaient absolument
besoin de l’approbation de l’enseignant, qu’on leur dise si c’était “juste” ou
“faux”. Ces observations laissent penser que les démarches de type actif
impliquent un certain temps d’adaptation pour que les élèves trouvent le
sens des activités. Cela montre également à quel point les démarches plus
traditionnelles sont ancrées dans la vision du travail grammatical chez les
élèves. Par conséquent, lorsque l’on souhaite introduire des tâches de ce
type, il serait judicieux de s’y prendre à plusieurs reprises, afin que les élèves
s’habituent progressivement et soient alors plus à l’aise.
157
Deux aspects varient cependant selon le niveau des élèves. Malgré un intérêt
général pour la tâche de discrimination, il a été surprenant d’observer de la
part des élèves en difficulté – contrairement aux élèves plus à l’aise – une
certaine motivation pour les tâches de manipulation qui leur permettait de
découvrir la notion en modifiant “réellement” les phrases. Cette tâche
requérant pourtant une certaine réflexion, a séduit les élèves en difficulté :
pouvoir essayer, en groupe, sans qu’il y ait véritablement d’erreur possible,
puisqu’il s’agissait d’une phase de découverte, est peut-être responsable de
cet effet. J’ai réalisé que même s’ils avaient considéré cette tâche difficile,
cela n’avait pas tant influencé leur motivation à la réaliser, comme si le fait
de pouvoir créer, “jouer” avec les mots pouvait compenser les difficultés
d’une tâche.
Le tableau suivant permet d’aller un peu plus loin quant au lien entre
motivation et apprentissages. Malgré ce que l’on pourrait penser, ce n’est
pas l’activité avec laquelle ils ont eu l’impression d’apprendre le plus qui les a
forcément plus motivés.
158
Représente le plus
La plus intéressant d’après
Elèves d’apprentissages d’après les
les élèves
élèves
Le schéma classique leçon puis exercice demeure le plus utilisé par les
enseignants. EL2. met tout de même en avant le fait qu’il y a plusieurs
manières d’amener la théorie. Nous pourrions alors penser que ma séquence
d’enseignement met en avant une façon d’amener la théorie à la manière
159
des DADD, qui est ensuite exercée à travers des ateliers aux supports
différents contrairement à l’approche traditionnelle. Certains des enseignants
utilisent finalement eux-aussi une démarche de découverte lorsqu’ils font
observer les phrases aux élèves. C’est davantage la partie remobilisation des
connaissances qui se rapproche de l’enseignement traditionnel de l’époque.
Après toutes les remises en questions et les changements dans les démarches
d’enseignement, pour quelles raisons les enseignants conservent-ils toujours
une phase d’exercisation “pure et dure”, de type papier-crayon ? Cette
question serait intéressante à approfondir.
160
processus inductif a davantage capté l’attention des élèves : l’utilisation du
projecteur et du genre de texte de la devinette semblent en être les raisons.
Contrairement à la première tâche, les élèves étaient motivés par le fait de
résoudre la devinette, le problème posé allait donc au delà de “on aimerait
savoir ce qu’est ce groupe dans la phrase”.
161
3. 3 Quels principes retirer de ces conclusions ?
Finalement, on remarque que les moments ludiques, tout comme les plus
traditionnels, ont généré autant de désintérêt à certains moments, que de
motivation à d’autres moments, chez les élèves. Dans le fond, l’une comme
l’autre des démarches peut être utilisée pour capter l’attention des élèves,
mais c’est surtout la forme qui doit être réfléchie. Je pense aujourd’hui qu’il
s’agit surtout de savoir utiliser l’une ou l’autre afin de créer une synthèse
cohérente sans forcément se contraindre à choisir entre les deux. Dans cette
optique et en m’appuyant sur le travail réalisé, j’ai dégagé quelques
principes qui permettraient d’intéresser l’élève, que j’ai identifié à la manière
de Tisset (2010, cf. infra première partie, 1.3.3)
S comme Sémantique
162
M comme Manipulation
C comme Cadre
A comme Adaptation
163
S comme Support
164
montrons notre propre engagement, nous arriverons peut-être plus à les
engager à leur tour. Ainsi, il ne s’agit pas d’obtenir constamment l’attention
des élèves et leur motivation mais plutôt d’insuffler un certain intérêt à un
moment T pour que l’élève s’investisse dans la tâche.
P comme progression
D’une manière générale, j’ai remarqué que les élèves avaient de la peine à
remobiliser l’attribut du sujet sur du long terme. Cela m’a alors fait réaliser que
la maîtrise d’une notion ne se résume pas à sa découverte et son
exercisation, mais qu’il est primordial de continuer de la travailler avec les
élèves tout au long de l’année. Face à cette remarque, les planifications
m’ont rapidement ramenée à la réalité, car les savoirs à enseigner
s’enchaînent et il faut les avoir tous traités d’ici la fin de l’année. Mais quel est
l’intérêt de “voir” des notions sans que les élèves ne les maîtrisent réellement
et complètement au regard des objectifs que l’on souhaite atteindre ? Et
c’est là toute la problématique de l’apprentissage spiralaire. Bien que j’ai pu
mettre en avant certains outils pour rendre le travail grammatical plus
attractif, une question persiste : comment réaliser un enseignement continué
de la grammaire et non pas linéaire et isolé au cours d’une année scolaire ?
Même si l’idée d’une progression spiralaire est souvent mise en avant par les
auteurs, celle-ci est ancrée dans la perspective du passage d’une année à
une autre, d’un cycle à un autre. Il me semble pourtant primordial de
reprendre ce type de progression au sein de la même année. Entre le début
d’une année scolaire et sa fin, les élèves sont embarqués dans
l’apprentissage d’un grand nombre de notions grammaticales dont ils
n’arrivent parfois pas à se souvenir et qu’ils ne parviennent pas à remobiliser.
Ainsi, nous pourrions mettre en place une progression spiralaire à l’année en
s’appuyant par exemple sur la conception de Chartrand (2015, p. 86), mais
en l’adaptant au fil de l’année scolaire :
Pour en favoriser l’apprentissage, l’objet pourra être étudié non
seulement en adoptant d’autres démarches d’enseignement mais
surtout en changeant de perspective d’analyse : d’une première
approche sémantique, à l‘occasion de pratiques de lecture et de
productions orales ou écites avec les plus jeunes, on passera à une
perspective morphologique et syntaxique puis énonciative, textuelle ou
discursive.
165
que les élèves pourraient réaliser une fois la notion découverte du point de
vue sémantique et qui la travaillerait sous d’autres angles. Cela permettrait
aux élèves d’être confronté à d’autres types de tâches, en utilisant des
supports différents, tout au long de l’année. Créer des moments réguliers de
remobilisation collective des savoirs, durant les transitions par exemple,
pourrait venir soutenir cette progression.
166
BIBLIOGRAPHIE
167
• Bulea Bronckart, E., Marmy Cusin, V. & Panchout Dubois, M. (à paraître).
Les exercices grammaticaux dans le cadre de l’enseignement rénové du
français : usages, problèmes, perspectives. Repères, 56.
• Chartrand, S.-G, Aubin, D., Blain, R., et Simard, Cl. (1999). Grammaire
pédagogique du français d’aujourd’hui. Boucherville : GRAFICOR.
168
• Falardeau, E. & Simard, D. (2009). La grammaire en classe de français au
secondaire : affectivité des élèves et pratiques enseignantes. In. Dolz, J. &
Simard, C. (2009). Pratiques d’enseignement grammatical. Points de vue
de l’enseignant et de l’élève. Québec : PUL Presses de l’Université Laval.
169
• Viau, R. (2009). La motivation en contexte scolaire. Bruxelles : De Boeck.
• Balma, P.-A & Tardin, Ch. (2013). Lire, écrire, comprendre la grammaire et
la langue. Neuchâtel : CIIP.
• Bentolila, A., et al. (Eds) [ouvrage adapté par Cherpilod Robinson, A.,
Chappuis, P.]. (2010). L’île aux mots, 2e cycle (4 vols). Paris : Nathan.
• Berger, P., Fornoni, M.-J., Fumeaux, M., Lemasson, R., Paineau, L., Petignat-
Cuenat, C., Roux, C. & Wust, F. (1996). Grammaire, Vocabulaire,
Conjugaison, Orthographe. (2e éd.). CIIP.
170
ANNEXES
Questions générales
171
Annexe 2 : canevas des entretiens avec les élèves
• Comment t’es-tu senti(e) durant cette activité ? A l’aise, assez à l’aise, pas
du tout a l’aise.
• As-tu appris quelque chose ? Si oui, qu’as tu appris ? Que peux-tu me dire
sur l’attribut du sujet ?
• Cette activité t’a t-elle donné envie d’en apprendre un peu plus sur
l’attribut du sujet ?
172
Annexe 3 : précisions cantonales du PER
173
Annexe 4 : guide pédagogique de Ile aux mots page 74
174
Annexe 5 : livre de l’élève pages 139-140
175
176
Annexe 6 : cahier d’exercice Ile aux mots page 46
177
Annexe 7 : fiches d’exercices COROME
178
179
180
181
Annexe 8 : mémento COROME (p. 31-33)
182
183
184
Annexe 9 : affichages et fiche de suivi de tournus (activité 3 – ateliers)
ATELIERS
Ordinateur = 10 min Jeux de cartes = 10 – 15 min
Prénoms
Prénoms d’élèves (2) Prénoms d’élèves
d’élèves
Prénoms d’élèves (1)
185
Ordinateur 1 Ordinateur 2
Prénoms de deux élèves Prénoms de deux élèves
Groupe 2 Groupe 3
Prénoms d’élèves Prénoms d’élèves
Groupe 3 Groupe 4
Prénoms d’élèves Prénoms d’élèves
Groupe 4 Groupe 1
Prénoms d’élèves Prénoms d’élèves
186
Fiche de suivi pour chaque élève
187
Annexe 10 : règles des jeux de cartes (activité 3 – ateliers)
188
Annexe 11 à 17 : retranscriptions des entretiens avec les enseignants et les
élèves.
Note : les annexes 11 à 17 ont été enlevées dans la version électronique publique pour des
raisons de confidentialité.
189
Annexe 18 : tableau réccapitulatif des données recueillies durant les
entretiens avec les élèves
190