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Le chevalier à travers ses femmes : Apparences, appartenances et tendances sexuelles

dans Lanval de Marie de France


Author(s): Tovi Bibring
Source: Dalhousie French Studies , Summer 2008, Vol. 83 (Summer 2008), pp. 3-16
Published by: Dalhousie University

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40837929

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Le chevalier à travers ses femmes :
Apparences, appartenances et tendances sexuelles
dans Lanval de Marie de France1

Tovi Bibrinz

/f e dilemme de Lanval s'organise autour de deux personnages féminins : la reine


0^ d'une part, femme du château dans la ville et accusatrice, et la pucelle d'autre part,
femme de la tente dans la nature, libératrice. Dans le lai, ces deux femmes n'existent
qu'en rapport au chevalier. Je suis d'accord avec Pam Whitfield quand elle dit que les
Lais "present female characters as individuals rather than extensions of men" (Whitfield
242). Effectivement, les femmes de Marie ont leurs propres mondes, envies, sentiments,
existences, initiatives et désirs. Leurs êtres sont indépendants et distincts des hommes.
Dans Lanval, la reine et la pucelle sont aussi des femmes vives, puissantes et autoritaires
qui ont une emprise totale sur la vie du chevalier. En revanche, leur importance se mesure
uniquement par rapport à lui. Le récit ne raconte pas leurs histoires, mais l'histoire du
chevalier à travers elles. Elles, en elles-mêmes, n'ont pas d'histoire. Elles représentent
deux mondes féminins, non pas deux femmes individuelles. Elles diffèrent donc
complètement des autres dames chez Marie qui fonctionnent comme personnages à part
entière.
Les deux femmes sont les représentantes des deux tendances d'appartenance de
Lanval, de deux systèmes de valeurs en corrélation. Comme chevalier de la Table Ronde,
Lanval appartient à la cour du roi Arthur au mode de vie féodal, un monde représenté par
la reine. La reine incarne les restrictions légales et sentimentales de la vie en
communauté : un homme vit et aime selon un code de conventions.
En tant qu'individu révolté contre la société qui l'opprime, Lanval appartient au
monde dont l'emblème est la pucelle. La pucelle est le monde individualiste, libéré. Elle
règne sur un espace où le chevalier se trouve servi et non pas serviteur, où il est le centre
des intentions, où il a droit à un épanouissement personnel et ne songe pas à épanouir les
autres. Mais il ne faut pas se tromper, cet espace a sa propre règle : celle qui tient à le
préserver, et donc à le laisser caché.
Sous cet angle, le procès qui a lieu à la cour du roi, un procès où théoriquement le
roi est l'accusateur et Lanval est le défendeur, se déroule pratiquement entre les deux
femmes, personnifications des deux prédispositions de Lanval. Même si à aucun moment
du récit il n'y a d'échange concret entre elles et qu'elles ne sont présentes sur la même
scène que pour un bref moment lors du procès, c'est entre elles que tout se joue. L'enjeu
est de savoir qui l'emporte en beauté, ce qui signifie, qui a plus d'emprise sur la vie de
Lanval. La première étape sera donc d'identifier les prototypes incarnés par ces deux
femmes, ou plus exactement de comprendre quels sont leurs rôles théoriques dans le
récit.
La question qui s'ensuit est de savoir pourquoi la société courtoise et féodale et la
société anti-courtoise et anti-féodale sont représentées par deux femmes et pourquoi il y a
un homme entre les deux. Il faudrait alors introduire la nuance suivante : la reine et la
pucelle ne symbolisent la société et son contraire que par rapport à la sexualité, à la
pratique amoureuse. En ce qui concerne les autres aspects de la vie en communauté - la

1 Cet article reprend, et approfondit parfois, des parties du chapitre "Errance et Adhérence", de ma thèse de
doctorat "Erotisme et Danger : désir, transgression et dames aventurière dans les Lais de Marie de France",
rédigée au département de français de l'université Bar-Ilan, sous la direction du Dr. G.D. Mole. Je voudrais
adresser mes plus sincères remerciements au Dr. Mole pour le soutien qu'il m'a apporté durant ce long
chemin, ainsi qu'à Monsieur Sylvain Mannelli pour sa lecture bienveillante du manuscrit.

Dalhousie French Studies 83 (2008)


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4 Tovi Bibring

justice, la morale, la ca
chevaliers de la Table
coopère avec le monde
d'être une preuve vivan
féodale. Les hommes a
sens ils veillent à ce qu
responsabilité mascul
illicite, ce sont les hom
procès. Quant aux fem
l'amour ; elles sont deu
chevalier l'amour cour
C'est en respectant le
serviteur soumis de l'
l'échange amoureux, ch
transgressif par rappor
aux lois de l'amour co
libérée, voire perverse.
qui n'a lieu que dans u
humain. Il en découle q
nature inhumaine.
Mais comment est-il
par excellence, dont le
gracieuse, puisse être p
l'amour de la reine afi
d'une perversité sexuell
La typologie des femm
La demoiselle que Lanva
substantif puce le. Sa b
apprennent que c'est
Morgane le Fay ou à M
reine Guenièvre. Je n
raisons qui me semblen
comme des personnage
événements racontés d
soient pas nommées un
personnages masculin
personnages féminins
évoquées plus loin, et je
En les assimilant à G
prototype, de la valeur
plus de dénominateurs c

2 Dans une récente étude D


O'sharkey propose, d'une man
literary traditions relating to
or his knights, her frequen
Marie de France's account
plupart des critiques la nomm
3 Je précise : la pucelle a les
fait de rester proche de la nar
De plus "...les textes roman
surnaturel de ces personnag
1984:35).

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Marie de France 5

du prototype. Le type
la féerie médiévale, l
pouvoir, venant d'un
définition généralise l
dénominateur comm
classement par sous pr
pouvoir" sera celui d
marraines, ou celui de
relation avec les hom
suivant le type de la
suivant le type german
La fée Mélusine et la f
de la fée amante. Tout
Monde, leur capacité d
une relation amoureu
utiliser la terminologi
Harf-Lancner définit
d'un être humain, le s
d'un interdit. Il rega
descendance" (Harf-Lan
suivante : "un être sur
Le retour du mortel p
provoque la mort du h
demeure stérile" (Harf-
La pucelle dans Lanv
chevalier dans le mond
sui venue querré ! ", 1
monde ("Od li s'en vait
beals : / La fu raviz
l'interdit et sa disparit
n'appartient donc pas à
Cet aperçu et sa conc
tente à un modèle pré
innée. Elle sert l'évolu
lui et non selon des tr
une fée atypique. Quan
d'une leçon d'humilit
actions ne corresponde
prototype du lai féer
capacité d'action merv
ni dans le fait qu'elle
l'a aliéné, ni même dan
rôle dans le lai, sa vérit

4 Les fées médiévales sont d


(les Nymphes), (Harf-Lancn
3 Lanval suit la ree de sa pro
même. Cependant le verbe r
l'édition des quatre manuscri
Lancner.

6 "La structure des lais fait souvent écho à celle du conte mélusinien et du conte morganien. Mais elle
s'identifie rarement à celle de l'un ou de l'autre" (Harf-Lancner, 1984:243).

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6 Tovi Bibring

Les contes de fées ont


dominant des fées mé
Lancner 1984:17). Outre
la fée a deux rôles ero
étant son objet du désir
d'être un guide sexuel.
étude7.
Quant à la reine, elle est conçue à l'image de la femme de Putiphar qui charme le
lecteur dans tant de légendes médiévales8. Comme dans l'histoire biblique (Genèse 39:7-
20), elle s'éprend du serviteur / vassal de son mari et lui fait des avances. Lorsqu'elle est
repoussée, elle venge son humiliation en l'accusant devant son mari de tentative de
séduction.
Jeanne Wathelet- Willem ne reconnaît pas dans la reine la femme de Putiphar à cause
de la différence formelle importante entre les propositions des deux femmes. La femme
biblique "... s'exprime en termes précis «couche avec moi», dit-elle à Joseph" ; la reine
quant à elle, "n'appelle pas Lanval auprès d'elle pour tenter de le séduire, tout se passe au
grand jour où, à côté d'une assemblée joyeuse, aucun geste n'accompagne les paroles"
(Wathelet- Willem 122). Toutefois la lecture de Wathelet- Willem est imprécise. La scène
de séduction ne se déroule pas vraiment au grand jour. L'éloignement de Lanval de
1 '"assemblée joyeuse", tout autant mental que physique, est mis en évidence : "Lanval
s'en vait a une part / Luin des altres..." (253- 254, c'est moi qui accentue) et "Quant la
reïne sul le veit, / Al chevalier en va tut dreit" (259-260, c'est moi qui accentue). Les
deux sont donc isolés de l'assemblée lorsque la reine fait sa démarche. D'ailleurs, le
manque de témoins en faveur de Lanval lors de l'accusation prouve que personne n'a vu
ni entendu leurs propos. Wathelet- Willem soutient que la proposition de la reine "Ma
druerie vus otrei" (267), n'est pas forcément indécente étant donné l'ambivalence des
termes qu'elle emploie. Suivant Wathelet-Willem, contrairement à la requête de la
femme de Putiphar, essentiellement sexuelle, celle de la reine est courtoise, elle se
comporte comme "... la grande dame qui accorde (poez aveir) une chose importante (tute
m'amurs), qui apparaît incontestablement, dans la société courtoise, comme une
récompense" (Wathelet-Willem 122). Enfin, Wathelet-Willem n'exclut pas le fait que la
possession charnelle soit possible dans ce que la reine tente d'offrir à Lanval, mais elle
précise que ce n'est pas là le point de départ de la reine mais plutôt l'interprétation de
Lanval, rempli du désir pour la pucelle (Wathelet-Willem 124).
La reine apparaît clairement à l'image du prototype de la femme de Putiphar.
L'intention masquée derrière les paroles relève de l'interprétation, la similarité des faits
renforce la classification typologique. La reine est une femme de Putiphar "courtoisée",
c'est-à-dire que la proposition faite à Lanval est conforme aux règles et au langage de
l'amour courtois mais demeure transgressive par rapport à la société féodale. Je ne doute
pas que la reine a des intentions sensuelles, mais peu importe. Même si elle demande en
premier lieu que Lanval devienne un amant platonique, elle lui offre un privilège de
nature adultère à l'insu de son mari. Il n'y a pas de contradiction entre l'usage du motif
biblique dans le décor courtois. Pourtant il faut noter que la courtoisie de la reine n'est
pas un atout absolu. D'abord, en avouant la première ses sentiments, elle transgresse déjà
un principe fondamental de l'éthique courtoise, celui qui exige que malgré sa maladie
d'amour, l'homme soit encouragé par Amour à révéler le premier ses affinités.

7 Voir à ce sujet mon article : "Le fantasme du fils déshérité, Lanval et la reine de Marie de France",
www.mondesfrancopones.com.
8 "Such a theme, concerned as it is with love and hate and the sweet strife between the sexes, deserves to be
popular ; it is of the stuff of which marchen are made and has, therefore, become a stock motif in folklore"
(Faverty 81).

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Marie de France 7

Deuxièmement, la re
Wathelet-Willem, m
courtoisie. La courtois
verrons plus tard, ma
symbolise la libération
qui obéit à des convent
par la suite en actions
ses réactions sont justif
Le prototype de la fe
Guenièvre9. Guenièv
particulièrement Lanc
ses exploits sexuels son
Le consensus selon leq
l'épouse du roi Arthur
Arthur n'a d'autre é
considérer comme telle
même si tout au long d
la reine est Guenièvre
du roi Arthur, mais q
Les noms des femmes

Ainsi émerge la seconde question concernant ces deux femmes. Pourquoi ne sont-elles
pas nommées ? Formulée ainsi, la question n'est pas pertinente puisqu'il n'est pas rare
dans la littérature médiévale, et surtout dans les genres courts et restrictifs, de désigner les
personnages par des substantifs. La question doit être : "pourquoi les femmes ne sont-
elles pas nommées lorsqu'elles jouent toutes les deux un rôle si décisif ? "Il n'y a pas
lieu de s'étonner de ce fait. Marie - fort avare de noms propres - les réserve de
préférence à des personnages subalternes et se contente de désigner d'un simple
substantif certains des principaux acteurs de ces historiettes" (Wathelet-Willem 119). Et
pourtant, cette deuxième formulation de la question ne couvre pas non plus toute la
problématique, puisque, face aux femmes, il existe dans le lai un monde masculin où tous
les acteurs principaux sont nommés. Il faut donc se demander pourquoi les dames,
actrices essentielles du lai, ne sont pas désignées tandis que les hommes le sont avec
précision : le lai se situe dans la cour du Roi Arthur, avec les chevaliers de la Table
Ronde dont on reconnaît Gauvain et Yvain.
Jacques Ribard considère que la reine et ses suivantes ne sont pas nommées
puisqu'elles n'ont de sens que par rapport au monde masculin : "la reine n'y est que la
reine, une «raison sociale» privée de la personnalité profonde que lui conférerait son nom
de femme, et ses suivantes n'ont d'autres raison d'être que de permettre aux chevaliers de
se mieux «esbanier» dans le verger" (Ribard 530). J'ai suggéré plus haut
qu'effectivement les personnages féminins dans Lanval n'ont d'existence qu'en relation
avec le chevalier. Pourtant je ne partage pas complètement l'opinion de Ribard. Ce n'est
pas que les femmes restent des figurines ornant un monde féodal, mais plutôt que leur
rôle est de donner un sens à la vie d'un chevalier spécifique, le héros du lai. D'ailleurs,
Lanval ne s'intègre justement pas au monde masculin, il ne sait pas suivre ses strictes
lois. Même au verger il reste à l'écart, ne jouant pas le rôle du chevalier courtois au
service de la dame. Néanmoins, il est clair qu'il y a séparation entre deux sociétés,

9 Comme le racontent, entre autres, Le chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes et plus tard La mort
d'Arts anonyme. Par ailleurs, la réputation de dame perfide de Guenièvre est plus tardive que le douzième
siècle. Dans les romans de Chrétien de Troyes contemporains des Lais, la reine est une "bonne" dame
courtoise, adultère suivant les règles de la courtoisie, mais indulgente. C'est elle qui aide les amants dans Erec
et Enide et c'est elle qui dans Cligès essaie d'intervenir en faveur des prisonniers condamnés au supplice.

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8 Tovi Bibring

masculine et féminine
de l'appellation des pe
prénom et les chevalier
soumission par rappor
composé de deux histoi
rassemble deux tradition
celle de la femme de P
triangle amoureux tor
personnaliser les deux
intrinsèques. La reine
représente la lutte de
n'appartiennent pas ex
amoureux résulte en u
rendue possible grâce
partie se déroule intent
de Lanval. Raconter un
illustre dans la littérat
mythique à l'époque d
paradoxalement comm
est sa cour11. Le dérou
accusateurs soient le r
l'imaginaire médiéval c
que les personnages qu
apparaissent comme
arthuriennes13. En situ
justice sera faite, il ne
Arthurian and the fair
Marie always rewards
juger de l'intention de
du roi Arthur et présen
connaissait ? Ou au co
Lanval en utilisant la c
de l'enjeu de la lecture
ombres planant sur la r
aventures du chevalier v

10 "...the popular theme of A


282)
1 1 Cette "Jérusalem de la justice" est bien sûr Camelot, mais elle n'est pas mentionnée dans Lanval comme le
siège du roi.
12 Le fait que dans de nombreux textes arthuriens les procès ne se déroulent pas selon la loi, confirme la crise
du modèle idéologique et sa corruption dans la réalité. Voir à ce sujet: R.Howard Bloch, Medieval French
Literature and Law, University of California Press, Berkeley, 1977. Voir infra note 14.
13 Gauvam intervient en taveur du héros dans le lai lyolet et dans Yvain ou le chevalier au lion de Chretien de
Troyes. Il est l'ami du héros dans Lancelot, Perceval et Cligès.
14 Je ne dirai pas que le couple pucelle-Lanval soit moralement mentant mais j accepte i importance
d'acquitter Lanval des accusations pour lesquelles il comparaît devant la cour.
15 Voir mon article co-écrit avec D. Gurevitch: "Curia Regis: From the Restrictions of Legal Justice to the
Horizons of Emotional Justice in the Arthurian World" in Justice: Communal, National and International:
Collected Essays, edited by Yedidya Z Stern, (titre provisoire, à paraître). Sur le déroulement du procès dans
Lanval, voir aussi Francis et Rychner.

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Marie de France 9

Le rôle des femmes

La présence des deux personnages féminins permet l'ouverture d'un débat théorique,
dans le sens où ils matérialisent des valeurs opposées. La reine accusatrice et la pucelle
libératrice exposent

"l'opposition de deux univers antagonistes : un monde régi par les lois sociales,
dans lequel l'individu n'a que le devoir de se plier aux valeurs dominantes
d'une société hostile, et pas le moindre droit de rechercher un épanouissement
personnel ; et un autre monde où s'affirment les valeurs individualistes, en
particulier le droit au bonheur, c'est-à-dire pour Marie le droit d'aimer" (Harf-
Lancner 1995:82).
Les deux univers antagonistes ne peuvent coexister. Lanval doit faire un choix. S'il vit
dans la société courtoise féodale, il perd le droit individuel, s'il vit dans l'Autre Monde, il
perd le droit de vivre parmi les hommes. Ce choix crée un lien de rivalité entre les deux
mondes et entre les deux femmes. Il a suffi de mentionner la pucelle devant la reine pour
que la première disparaisse, et, sa brève réapparition a permis au chevalier de restaurer
ses liens avec la cour en dépit de la reine. La victoire de la reine est momentanée. Pour un
bref délai la pucelle est hors jeu et Lanval est sous caution. Véritablement, l'élimination
de la pucelle est partielle, elle reviendra aussitôt et la punition souhaitée du chevalier
aboutit à sa libération. Une lecture littéraire assimile cette rivalité à un triangle amoureux,
une lecture idéologique l'assimile à une crise entre la société et l'individu. Quelle que
soit la lecture appliquée, c'est la pucelle qui l'emporte.
Dans le triangle amoureux habituel, une femme se bat pour l'amour d'un amant et
contre l'emprise d'un mari. L'amant concrétise son droit naturel à l'épanouissement
sentimental et sexuel et le mari, son oppression. Une oppression gravée dans la loi et dans
l'ordre permettant à un individu l'autorité sur un autre, plus faible. Le mari possède donc
le pouvoir de punir et de séquestrer son épouse. Lanval est un homme qui lutte lui aussi
entre la représentante de son droit à l'amour (la pucelle) et la représentante de l'ordre
social (la reine). Certes, la reine n'est pas l'épouse de Lanval, mais elle est sa supérieure
de rang. Comme un mari jaloux elle est l'agent de la Loi. C'est une souveraine courtoise
et l'épouse du souverain féodal. Ainsi, Lanval lui doit obéissance. En refusant de l'aimer,
il ressemble à une femme qui se refuse à son mari. Le prétexte de rester fidèle au roi fait
écho au prétexte de la dame dans Loustic pour expliquer le chant du rossignol. Dans les
deux cas, l'existence d'un amant provoque un mensonge rationnel qui a l'empreinte dans
la réalité. Le chant printanier du rossignol orne les rendez-vous des amants mais il ne
constitue pas la raison pour laquelle la dame se lève toutes les nuits. Elle le faisait bien
avant le printemps et l'arrivée de l'oiseau. De la même manière, Lanval est le chevalier
d'Arthur, mais il ne songe pas particulièrement à la loyauté envers un seigneur qui l'a
défavorisé. Il parle de ses droits envers le roi, pour cacher l'existence de l'amante, pour
respecter le secret de leur amour. Tout comme le mari de Laüstic, la reine n'est pas
convaincue par la déclaration de Lanval. Elle est égoïstement mais aussi
émotionnellement peinée. Le simple chevalier lui répond avec une témérité inacceptable :
"... laissiez m'ester : / Jeo n'ai cure de vus amer !" (269-270). Mais surtout, il l'humilie
en n'acceptant ni son cœur ni probablement son corps. La reine le provoque alors avec la
seule violence à sa disposition, l'insulte. Elle ne le fait pas par méchanceté mais par
humanité. C'est justement l'humanité de la reine qui est mise en avant, surtout face à
l'inhumanité de l'amante. Je suis en accord avec ce que note Ribard : "II y a plus de
chaleur humaine dans les propositions déshonnêtes que lui fait la reine, plus d'amour vrai
peut-être dans cet adultère que lui offre avec impétuosité un être de chair comme lui que
dans la déclaration d'amour impérieuse et froide de la déesse" (Ribard 536). Pourtant, il
conviendrait de nuancer cette formulation pour deux raisons. D'abord, les déclarations
amoureuses de la reine ("Tute m'amur poez aveir" 265) et de la pucelle ("Kar jo vus aim

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10 ToviBibring

sur tute rien" 116) se


seulement révèle un co
usage charnel, elle est c
langage et peut emprunt
conférer une nature hu
la pucelle, dans sa form
pas : "Nuls huem fors v
lai, le fait que la pucel
preuve de sa magie et de
incognito, et subjugue
Arthur à leur tête -jus
repart (v. 631) ? Quant a
mais l'intention est iné
afin d'accabler Lanval,
pour elle-même, elle dé
beau. C'est dans ce sen
Retournons à Ribard e
l'insulte de la reine et
dans l'apparition de la pu
J'ai mentionné plus ha
comme un mari jaloux
séquestré. La différenc
son logis sans pouvoir e
tout goût à la vie. Just
elle ne le fait pas par é
prairie où elle s'est mo
rétablit un tort. Ce n'e
mais pour le dédommag
pitié pour Lanval, mais
rôle affectif, il est unila
aimé, ou plutôt de le lu
(116), fait partie de c
"sentiment féerique". D
tuen vassal" (615), n'exp
fois-ci pour être libéré.
ne peut se référer qu'
qu'elle n'a pas. Nous sa
passé composé lui est in

16 L'avantage de ce monde fé
tous les participants. La pu
acquitté et retrouve son bonh
une humiliation mais qui n'e
dans une nouvelle courtoise
sujet que Lanval mais dans
s' achevant par une triple m
séductrice, vaine et accusatr
profondément amoureuse du
meurt de chagrin suite à un l
tour, le chevalier se suicide
le drame s'est produit à cause
du bal dansant. La froideur de
{La Châtelaine de Vergy, Editi

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Marie de France 1 1

mort. C'est donc bien da


du verbe : "ai amé".
La pucelle n'échange rien avec Lanval, parce qu'elle est une fonction narrative dont
les actions sont fixées par la narratrice. Marie de France ne fait aucun effort pour
l'humaniser au-delà de son apparence humaine. Elle n'est présente dans le texte que
parce qu'elle est nécessaire à ce chevalier étranger "unrewarded and therefore
dishonoured. It may be this very situation which brings about the visitation of the fairy
and her gifts, by which Lanval comes under her protection" (Francis 124). Si elle
disparaît, ce n'est pas par vengeance mais uniquement pour tenir sa promesse.
Lorsqu'elle réapparaît, c'est pour le dénouement de l'intrigue et non par pitié ou
tendresse. Personnellement, elle ne gagne ni ne perd rien par les actions du chevalier car
elle n'a pas de personnalité.
La pucelle est une image inventée par Lanval. D'une part, dans le triangle
amoureux, celle de l'amante désirée. D'autre part, dans le monde social, celle d'une
idéologie. Lorsque Lanval s'invite sur son cheval, il comprend l'"antinomie irréductible,
de la courtoisie et l'emprise d'un amour étranger" (Kibouchkine 477). Son choix de
laisser la cour derrière lui est "a rejection of the Arthurian worlds of masculine values"
(Hall-McCash 106). Il favorise le monde de la pucelle, ce monde idéologique et donc
inexistant (merveilleux) qui l'emporte : "C'est l'organisation sociale, rigide et
traditionnelle qui craque ou qu'on laisse pour compte, attardée qu'elle est, dans un
«envol» vers une autre forme de société qui n'est encore, d'ailleurs, que rêvée, pressentie,
irréelle" (Ribard 532). Damon suggère de voir dans le départ de Lanval avec la pucelle
une concrétisation du rêve de l'idéal de Lanval "so intense that for long it dims reality"
(986).
La sexualité de l'homme à travers les femmes

II y a une réplique déconcertante dans Lanval. La reine ne suggère pas, elle dénonce le
comportement sexuel du chevalier. A haute voix, elle l'accuse : "Vaslez avez bien
afaitiez" (281). Sa déclaration selon laquelle Lanval serait homosexuel, est tellement
choquante et inattendue qu'elle semble parler de colère. D'une manière assez étonnante,
ce sont ces paroles hâtives de la reine qui contiennent un indice sur la perversité de
l'amour partagé avec la pucelle-fée17. Etonnante puisqu'il a été souvent dit très justement
que l'intention de la reine n'est pas d'exposer une information cachée qu'elle possède sur
le chevalier, mais tout simplement de l'humilier. Effectivement, elle ne connaît rien de sa
vie amoureuse. Seulement, elle vient d'être brutalement repoussée par lui. Son
humiliation est double, elle s'est déclarée amoureuse la première et sa déclaration
passionnée est restée frustrée. Elle n'a pas obtenu la réponse souhaitée, et en plus la
manière avec laquelle elle a été traitée était violente : "laissiez m'ester " (269). Face à
l'affront, elle ne pense qu'à inverser sa position d'infériorité. Son arme est sa langue. Elle
raisonne alors suivant un syllogisme passionné que nous pouvons formuler ainsi : "Si tu
ne m'aimes pas, moi qui suis le modèle de toute femme, de la Femme, et qui sais que tu
n'as pas d'autre amoureuse, tu n'aimes aucune femme". La réaction du chevalier à ces
insultes emprunterait le ton de la reine. "Non seulement j'aime une autre femme, mais
encore est-elle plus belle que toi". Sans aucun doute, il y a ici une confrontation verbale
enfantine entre deux adultes passionnés, affligés chacun dans son ego.
Un raisonnement passionné, impulsif, certes, mais si la reine est impulsive, Marie de
France ne l'est pas. Considérer la remarque de la reine comme une insulte vide de sens
relatif à la sexualité serait un peu fortuit. Clairement, le choix d'attaquer le chevalier dans

17 Mes modalités évajuatives concernant les pratiques sexuelles me servent uniquement pour me référer à la
sexualité telle qu'elle est perçue à l'époque étudiée, elles ne sont en aucun cas axiologiques ou porteuses de
jugement.

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12 Tovi Bibring

samasculinité doit nous


sovent" (279), quand elle
d'autres personnages d
féminin pour se délecter
ressemble aux héros qu
réprimandés par tous.
d'homosexualité" (Harf-L
d'autres, proches ou non
Les paroles de la reine
précisons-le d'emblée, q
constituent le point de d
médiévale et notamment
qui abrite les amours étr
que des unions charnel
inhumain. A la surface,
racontée comme un amo
est en apparence humai
telle qu'elle est décrite p
est de sexe opposé à celu
avec un autour, mais el
devint" (Yonec 119). Dan
elle se dépouille de ses
manière qu'apparaît la pu
La rencontre amoureuse
et satisfaisante pour le
premier temps, où nous
temps formel de la narr
couleurs et de rondeurs sé

Dedenz cel tref fil la p


Flur de lis e rose nuvel
Quant ele pert el tens d
Trespassot ele de bealt
Ele jut sur un lit mult b

En sa chemise senglem
Mult ot le cors bien fai
[-]
Tut ot descovert le costé,
Le vis, le col e la peitrine :
Plus ert blanche que flurs d'espine ! (93-106).
Dans ce premier sens, on prive la nature inhumaine de la fée. Elle est la plus belle
que personne n'ait jamais vue, mais sa beauté emprunte les traits de la beauté féminine la
plus naturelle et humaine. Le chevalier la contemple comme un être susceptible de
répondre à ses désirs : "II resguarda, si la vit bêle : / Amurs le puint de Festencele, / Ki

18 "Ainz est bargaine de burgeis" {Equitan, 149); "Mun escient que vus amez / E si si est, vus meserrez"
(Bisclavret, 51-52); "Fiz a putain" (Eliduc, 843); "Mut est foie ki humme creit !" (Eliduc, 1084).
19 Le Lai anonyme de lyolet pose un problème dans ce sens puisque i animai magique guidant le cnevaner
dans sa vie d'adulte se métamorphose en homme. Sur le problème de l'identité sexuelle de Tyolet voir: Tovi
Bibring, "Of Swords and Rings: Genital Represntation as Defining Sexual Identity and Sexual Liberation in
Some Old French Fabliaux and Lais", in Genealogies of Identity: Interdisciplinary Readings on Sex and
Sexuality (M. Breen & F. Peters eds.), Rodopi, Amsterdam, 2005, pp.151-167.

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Marie de France 13

sun quer alume e esprent


dégage aucun danger im
n'est pas encore sollicité
donc qu'il ne transgresse
son corps.
Or, immédiatement après la déclaration amoureuse réciproque, la nature différente
de la pucelle se dévoile en faisant le don prodigieux à Lanval20. Lorsque Lanval est tout
d'un coup " ...bien assenez : / Cum plus despendra richement, / E plus avrà or e argent"
(140-142), il ne peut plus ignorer le fait que la belle créature n'est pas une vraie femme.
Il ne peut plus ignorer qu'entretenir une relation amoureuse avec elle est forcément
dangereux, vu l'avertissement sévère, "A tuz jurs m'avriez perdue, / Se ceste amur esteit
seüe" (147-148). Pourtant, "Delez li s'est el lit culchiez" (153). C'est nul autre que le
chevalier lui-même qui s'inquiète de cet amour étrange, bizarre. Lorsqu'il quitte la
pucelle pour la première fois pour regagner la cour, "Mult est Lanval en grant esfrei ! /
De s'aventure vait pensant / E en sun curage dotant : / Esbaïz est, ne set que creire, / II ne
la quide mie a veire (196-200).
Le chevalier partage la couche d'une créature merveilleuse et par là même est
confronté au danger. Danger parce qu'aimer un être inhumain est un tabou ancestral
provenant d'une interdiction première faite à l'humain de ne pas se mélanger avec ce qui
le transcende. Ribard et Gingras effectuent un rapprochement entre la pucelle dans
Lanval et la Diane chasseresse, qui a fait dépecer Acéton par ses propres chiens, après
qu'il a osé la regarder dans son bain. Le péril de s'unir physiquement à l'être féerique
provient donc, comme le montre Gingras, du risque de la perdition de l'humain qui
"s'écrit alors entre la Mère et la Mort" (Gingras 139). La Mère dans un sens psychique,
étant donné que la fée est originellement interdite. Qui plus est, le fait d'avoir découvert
ce corps de femme nu, "confronte le chevalier à la différence des sexes et à travers elle, à
l'éventualité de la castration" (Gingras 145). La Mort, toujours selon Gingras, parce que
le mythe de Narcisse correspondant aux amours féeriques, amène le chevalier à "regarder
la mort en face" (Gingras 146). Effectivement, le choix d'aimer la pucelle résulte dans le
paradoxe de l'immortalité mortelle car la pucelle entraîne le chevalier dans "l'immortalité
étouffante de la séquestration en Avalon" (Gingras 390). Ribard souligne également que
le danger d'aimer la pucelle est un exil de la vie : "cet amour est éminemment dangereux
pour le mortel qu'est Lanval, car il va le séparer ajamáis des siens, de son monde... "
(Ribard 536).
Gingras mentionne un autre danger, celui de ne pas connaître la vraie nature de
l'aimée. Selon Gingras, la problématique de la nature est de ne pas savoir si l'humain a à
faire à une fée bienfaisante ou maléfique : "Ainsi la beauté d'une fée ne pourrait être que
semblance, qu'un masque de séduction derrière lequel se cache le Tentateur" (Gingras
397). En poursuivant cette ligne de pensée j'avancerai que le doute de la nature de
l'aimée féerique, la semblance de sa beauté, l'association à la mauvaise tentation sont des
euphémismes pour référer à l'identité sexuelle du chevalier. La fée incarne son désir et
son inclination en choisissant de l'aimer, une identité et donc une individualisation des
désirs détachés des désirs communs, régularisés a priori par La Loi de la société. Le
tabou d'aimer un être inhumain réside dans le risque de pratiquer avec lui une sexualité
perverse, contre nature et contre les usages féodaux et courtois. La peur d'aimer la fée est
que derrière son apparence féminine se cache un corps mâle ou animal. Rappelons ce que
voit le mari de la fée Mélusine quand il viole l'interdiction de la regarder prendre son
bain. Il ne voit pas de sexe féminin, mais une queue de serpent, un substitut symbolique
du sexe masculin. Pourtant, Mélusine est mère. La possibilité qu'elle ait aussi bien des

20 Pour le médiéviste littéraire le merveilleux est repéré bien avant. De nombreux motifs nous y préparent
(réloignement de la ville, le frémissement du cheval, le cours d'eau, les demoiselles avec les bassins d'or).

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14 To vi Bibring

attributs masculins que fé


mari. Chez Marie de Fra
turbulences de sa sexualité,
C'est ainsi que je comp
Monde, qui provient d'une
son état sauvage. Il est p
Bisclavret n'est pas un êtr
se métamorphoser réguliè
dépravée ou non régulari
refuse désormais de dorm
condamnables. Dame Biscl
reste dans l'intérieur pr
comprend comme amour
et s'approprie tout de suit
de Lanval est tellement b
déduire que sa sexualité si
chevalier un amour char
l'apparence est sexuée
potentiellement trompeus
inquiétante de sa propre se
L'appartenance à la cour,
car il ne peut encore y av
ou plutôt, tout dégénère
insupportable pour la soci
dans la société féodale exi
Si nous cherchons "derriè
laquelle Lanval est oublié
l'on ne prête pas d'accoutu
dans les deux lais anonym
le départ de la cour et la re
proches de Lanval, le débu
repoussée. Or dans le cas
dons qu'il prodigue aux a
Lanval s'éloigne de la cour
la reine. Mais quels sont p
éléments qui marquent l'a
ici, dans leurs essences, le
dans le verger, ce sont des
terre, le fief, par leur desc
l'"estranges" tout ce qui p
dans la cour féodale. Il le
l'aliène ; il ne se souvien
tellement remarquables et
D'ailleurs, elles valent au
par jalousie, le roi, le fait p
mais apparemment une au
pressentie par le roi. Il s'a
personne n'ose dire à ha
n'aime pas les femmes, il
de foudre de la reine pour

21 Lais féeriques des XJIe et XlI

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Marie de France 15

du chevalier à la non-app
au désespoir.
La reine est la clé de la
refoulement de ce que Ha
comme la tendance sexue
vraiment sa pucelle, il se
fidèle à son amoureuse fé
une satisfaction dans l'in
doit trancher entre l'app
réaction démesurée vis-
véritable cri de désespoir
aucune cour féodale. Il q
père, roi lui aussi ; il suit
je l'ai avancé plus haut, l'
Ainsi s'annonce, prém
ouvrant le débat sur la
appartenir à la cour, Lan
Femme, une femme, l'im
Université Bar-Ilan

OUVRAGES CITÉS
Damon, S. Foster. "Marie de France: Psychologist of Courtly Love". PMLA 44(1929):
968-996
Eccles, Jacqueline. "Feminist Critisim and the Lay of Lanval: A Reply". Romance Notes
38[3](1998): 281-285
Faverty, Frederic Everett. "The Story of Joseph and Putiphar's wife in Medieval
Literature." Studies and Notes in Philology and Literature 13(1931): 81-127
Francis, E. A. "The trial in Lanval", in Studies in French Language and Medieval
Literature Presented to Professor Mildred K. Pope, 1939. 115-124
Gurevitch, Danielle. Reflections of Reality in Fictional Narrative : Metamorphoses in the
Lais of Marie de France. Phd Dissertation (in Hebrew), Bar-Ilan University, 2002
Hall McCash, June. "Images of Women in the Lais of Marie de France." Medieval
perspectives, 1 1(1996): 96-1 12
Harf-Lancner, Laurence. 1984 Les fées au Moyen Age, Morgane et Malusine, La
naissance des fées, Champion, Paris, 1984

Amour et Merveille dans les Lais de Marie


Champion, 81-108
Gingras, Francis. Erotisme et merveille. Paris:
Kibouchkine, Michèle. "A propos du Lai de La
Lecouteux, Claude. Mélusine et le chevalier au
O sharkey, bithne M. lhe Identity oí the hair
Lanvair Trivium, 6(1971): 1 7-25
Ribard, Jacques. "Le lai de Lanval: essai d inte
philologie et de littérature romanes offerts
Marche Romane (1978): 529-544
Rychner, Jean, éd. Le Lai de Lanval: texte c
manuscrits français, Textes littéraires françai
Wathelet- Willem, Jeanne. Le personnage de
Romane XIII[4] (1963): 119-131

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16

Whitfield, Pam. "Power Plays: Relationships in Marie de France's Lanval and Eliduc."
Medieval Perspectives 14(1999): 242-254

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