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Kadosh

3 Novembre 2012 , Rédigé par Y.H.M.Publié dans #hauts grades

Grand Élu, Grand Inspecteur, (grand) Chevalier Kadosh, Prince Katos, Chevalier élu, Kadosh de
Sudermanie ou Chevalier de l'Aigle Blanc et Noir sont quelques–unes des diverses appellations
de ce grade. Une phrase d'un rituel contemporain résume cette situation: « Son nom fut autre,
et le même pourtant. »

Sa généalogie demeure difficile à établir, mais, si l'on suit Claude Guérillot, il semble s'inscrire
dans la continuité du degré d'Élu, consacré à la vengeance d'Hiram*, au–dessus duquel apparut
un Grand Élu tendant vers la « sainteté » (d'où la symbolique verticale de l'échelle) prenant
progressivement la coloration chevaleresque qui est la sienne.

Dès 1750, on trouve à Quimper un haut grade templier pratiqué par un chapitre de Chevaliers
Élus dont les statuts et le catéchisme présentent diverses caractéristiques du futur grade,
notamment l'échelle « misterieuse»

Le texte introduit également une nouvelle filiation entre Kadosh et essénien: « Ces sept maîtres
ainsi distingués des autres se nommèrent élus en vertu du choix que Salomon en avait fait [...]
ils formèrent une société au–dessus des autres maîtres, laquelle après la construction du
temple s'accrut et devint recommandable, ceux qui la composaient étaient connus sous le nom
de pharisiens [...]. Les pharisiens dégénèrent [...] quelques–uns d'entre eux réguliers
observateurs des lois et de la morale des premiers élus formèrent une société particulière et
prirent le nom hébreu de kadosh qui signifie saint ou sépareil est aussi désigné par la lettre
hébraïque kal et sont connus sous [le nom] Desseens. »

Le manuscrit de Quimper éclaire donc sur les origines du Kadosh et il est quasi identique à celui
dit « G. J. G. ou chevalier Kados «connu aussi sous les titres de Chevalier Élu, de Chevalier de
l'Aigle Noir » de Vincent Labady (Paris, 1781).

En avril 1761, une lettre adressée par des maçons de Metz à des frères de Lyon* signale,un
grade de « Grand Inspecteur Grand Élu », arrivé avec un militaire français Jean–Baptiste de
Barailh. Antoine Meunier de Précourt*, maître de la loge Saint–Jean des Parfaits Amis sise à
Metz l'explicite l'année suivante dans une correspondance à Willermoz*. Notons que divers
indices montrent que la « légende templière » était présente dans la maçonnerie Lyonnaise dès
la décennie 1750. Si le 23 mars 1762 les frères messins renient solennellement ce grade celui–ci
connaît déjà un succès certain et il devient le degré ultime et la clé de voûte du système
pratiqué par la première Grande Loge de France* et son cercle intérieur et dirigeant le Grand
Conseil de Grands Inspecteurs Grands Élus. De cette décennie, on connaît plusieurs autres
rituels de ce grade. Les uns insistent plutôt sur l'échelle mystérieuse, mais d'autres semblent
plus proches des grades d'Élus. Le cahier de « Grand Inspecteur Grand Élu » de la collection de
Mirecourt en témoigne. Son catéchisme* commence ainsi: «
( Êtes–vous Chevalier Grand Élu ?
–Oui, je le suis.
–Comment vous appelez–vous ?
–Le chevalier K–S. »

Cette « tendance » accorde une importance remarquable au thème de l'échelle mystérieuse


largement présent dans la mystique médiévale. À la même époque, on trouve une « sous–
famille » plus vigoureusement templière avec le « Chevalier Élu ».

Le thème templier va aller croissant dans les divers rituels de Kadosh et cela explique sans
doute en partie la série de condamnations maçonniques. Ainsi, le 21 septembre 1766, il est
déclaré « faux, fanatique, détestable tant comme contraire aux principes et au but de la
maçonnerie que comme contraire aux principes et aux devoirs d'Etat et de religion » par le «
Conseil Souverain des Chevaliers d'Orient » sous l'autorité de Jean–Pierre Moët. En 1778, le
Convent des Gaules condamne le grade de Kadosh « dans lequel on s'occupe de cette chimère
de rétablissement » de l'ordre du Temple*. Quoi qu'il en soit, « le Chevalier Kadosh ou
Chevalier de l'Aigle Blanc et Noir », « nec plus ultra de la maçonnerie ». devient le 24° dans le
Rite de Perfection.

La légende templière et «l'échelle mystérieuse » sont désormais étroitement liées. Le Kadosh


est intégré dans le Rite Écossais Ancien et Accepté*, dont il constitue le 29", puis très
rapidement le 30° en France. alors que cette évolution est plus lente aux États–Unis. Le cahier
de « Kadosh philosophique ou Grand Élu Chevalier de l'Aigle Blanc et Noir » (1805) comprend
quelques innovations pour l'introduction des quatre salles pour la réception. Des modifications
plus importantes concernent l'échelle car la signification du nom des montants changent. Le
droit e signifie qu'une des bases fondamentales de notre ordre est d'adorer l'Être suprême et
de lui rendre un culte dégagé de superstition »et le gauche « signifie que l'autre base
fondamentale de notre ordre est de travailler continuellement au bonheur de l'humanité ».
Désormais les échelons descendants reçoivent les noms des sept arts libéraux. Néanmoins par
deux fois en 1806 et 1808 le Suprême Conseil de France précise que le grade ne doit être donné
que par communication.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le Kadosh désormais pratiqué par toutes les
obédiences* françaises conserve sa double constance historique d'etre à la fois un grade
éminemment syncrétiqueé aux multiples variantes rituelles. Il garde sa fonction de grade
philosophico–symbolique terminal avant les trois degrés dits administratifs. Présentement on
peut ainsi isoler un modèle qui se retroUve peu ou prou dans les divers rituels actuels. La loge
des Kadosh (Sublime Aréopage ou Conseil philosophique), présidée par un « Grand Maître»ou «
Grand Commandeur » qualifié de « trois fois puissant » doit théoriquement présenter quatre
appartements pour les réceptions. L'habillement des chevaliers, le cordon noir et le bijou*
(croix teutonique émaillée de rouge ou aigle noir à deux têtes portant une couronne avec un
poignard dans ses serres) ont de très nombreuses variantes. Dans tous les textes, l'essentiel de
la cérémonie est l'ascension et la descente symbolique de « l'échelle mystérieuse (mystique) ».
La légende templière est plus ou moins intégrée a la réception La philosophie du grade est
l'action sur laquelle les gloses divergent assez fortement. Si les mots associés aux deux
montants (Amour de Dieu [de la Verité] –Amour du prochain ou de l'Humanite ») demeurent
inchangés, ceux qui sont en relation avec les deux fois sept barreaux ont été l'objet
d'innombrables modifications. Toutefois, les rituels s'accordent plus ou moins sur la titulature*
des offices* (Grand Juge ou Grand Servant d'armes, par exemple), les heures symboliques
d'ouverture et de fermeture des travaux (La nuit commence–Le. point du jour), la batterie*
(sept coups par trois fois deux plus un), le mot sacré (Nekam Adonaï) le mot de passe* le signe*
et la symbolique de l'aigle bicéphale, noir et blanc .

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