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Annales littéraires de l'Université

de Besançon

Les divines épouses de la 18e dynastie


Michel Gitton

Citer ce document / Cite this document :

Gitton Michel. Les divines épouses de la 18<sup>e</sup> dynastie. Besançon : Université de Franche-Comté, 1984. pp. 5-
142. (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 306);

doi : https://doi.org/10.3406/ista.1984.1788

https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1984_mon_306_1

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96

CENTRE DE RECHERCHES D'HISTOIRE ANCIENNE


Volume 61

Michel GITTON

Les divines épouses

de la 18e dynastie

Centre National
Publié avec
de laleRecherche
concours Scientifique
du

Annales Littéraires de l'Université de Besançon, 306


Les Belles-Lettres, 95, boulevard Raspail, Paris-VIe
1984
?

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- 2 -

Voilà près de dix-huit ans. que , sur l'initiative de Monsieur Jean


Yoyotte, le présent travail a été entrepris. Dans le cadre de son séminaire
sur divers problèmes d'histoire religieuse, il avait ouvert aux étudiants
que nous étions alors ses dossiers sur le titre d'Epouse du Dieu et avait
conclu magistralement au caractère essentiellement religieux de la fonction,
en dépit d'un préjugé tenace qui fait de l'Epouse divine la mère de l'héritier
présomptif au trône et par conséquent l'épouse d'un souverain ayant régné ou
destiné à régner (1). La démonstration était éblouissante, mais il restait à
faire l'histoire des Epouses du Dieu du Nouvel Empire et à reconstituer au
milieu de l'ambroglio dynastique et des confusions entre princesses
homonymes, le dossier documentaire de chacune d'elle. Là encore J. Yoyotte fit
oeuvre de pionnier en pressentant la confusion qui existait dans le dossier
réuni par Gauthier sur les deux Ahhotep et les deux Merytamon (2).

Le travail fut entrepris aussitôt pour réunir la documentation


disponible et dresser la liste des Epouses du Dieu de la 18e dynastie. La place
particulière d'Ahmes Néfertary et le volume du dossier requis par son culte
posthume m'obligèrent à lui consacrer un travail spécial qui devait aboutir
à une thèse de 3è cycle : Ahmes Néfertary : sa vie et son culte posthume publiée
en 1975 et rééditée en 1981.

Ce travail reste comme un chapitre particulièrement développé du présent


mémoire. Le reste mit beaucoup plus longtemps à s'élaborer en raison des
activités de mon ministère sacerdotal. Mais le résultat de ce retard fut que je
pus bénéficier de l'apport des recherches poursuivies indépendamment par
divers collègues étrangers : Claude Vandersleyen, F.J. Schmitz, Gay Robins,
Lana Troy. Le début du Nouvel Empire intéressant de plus en plus les chercheurs,
on a vu depuis dix ans fleurir une quantité d'articles et de monographies sur
les contemporains ou les proches parents d'Aménophis 1er. Arrivant après eux,
j'espère pouvoir synthétiser toutes ces recherches et arriver à une vision
relativement cohérente de la succession des Epouses du Dieu.

(1) Ainsi Winlock (The Tomb of Queen Meryet Amun, p. 61-62) : "We can state that
any princess who bore the title of "the God 's wife" must hâve been
the wife of a King or at least of a King's heir" . Sur le rôle dynastique
de l'Epouse du Dieu, voir encore B. Schmitz, Unt. zum Titel s3-njswt
"Kônigssohn", p. 306.
(2) L'ensemble de ce travail est résumé dans Ann. EPHE, Ve section, 73
(1965-66), p. 81-82.
- 3 -

Le travail que je présente aujourd'hui s'arrête à la fin de la 18e


dynastie. On regrettera peut-être qu'il n'embrasse pas l'époque ramesside
et ne permette pas de faire le pont avec l'étude de J. Yoyotte sur les
Epouses du Dieu de la 21e dynastie (3), résolvant ainsi le problème de savoir
à quel moment le titre fut donné à des prêtresses célibataires. Mais ce
travail aurait mené très loin et obligé à l'examen d'un corpus assez différent.
Cela eût retardé et rendu problématique l'achèvement de ce travail, qui, je
l'espère, pourra rendre quelques services.

(3) BSFE 64 (1972), p. 31-52.


PREMIÈRE PARTIE

LE TITRE D'ÉPOUSE DU DIEU AVANT AHMES NEFERTARY


- 5 -

CHAPITRE 1 : LES ÉPOUSES DU DIEU AU MOYEN EMPIRE

Le titre d'Epouse du Dieu ayant été associé spontanément à une position


dynastique (celle de mère de l'héritier royal), on n'a pas fait suffisamment
attention aux Epouses du Dieu "privées" qui existent au moins depuis le
Moyen Empire.

On connaît d'abord une Epouse de Min ( , hmt Mnw) à Akhmin qui


apparaît dans un contexte de la Première Période Intermédiaire (1).

Mais, surtout, il existe deux cas d'Epouse du Dieu typiquement


sacerdotales et remontant, semble-t-il, au Moyen Empire.

C'est d'abord la \*<&ï flffl MM j* |l figurée sur une célèbre statuette


de Leide (D 127) (2). Le charme de l'oeuvre l'a souvent réservée aux études
d'histoire de l'art, sans que celles-ci soient d'ailleurs parvenues à
l'unanimité sur sa date (3). Néanmoins il nous paraît peu douteux, tant à cause
de l'onomastique (4) que de certaines graphies ( mîc(t) -hrw) , que la
datation au Moyen Empire est la plus vraisemblable.

'ly-mrt-nb . s , porte une coiffure peu habituelle, qui tient le milieu


entre la perruque "enveloppante" et la perruque "tripartite" ; elle est
amovible, laissant la possibilité pour la prêtresse de se présenter le crâne
rasé, avec sans doute une simple résille, pour certaines cérémonies du cul-

(1) Newberry, Annals University of Liverpool, 4 (1912), p. 103 (cf.PM V, 20);


la véritable lecture a été donnée par Gauthier, Le Personnel du Dieu Min,
p. 109 qui a bien vu le lien entre ce titre et celui de hmt-ntr.
(2) Leemans, Monuments égyptiens du Musée de Leide, II/l, p. 12, pi. 23 ; Boeser,
Beschrijving Leiden III, p. 6 f43"J , pi. 15 ; Van Wijngaarden, Meester-
werken , p. 100 [32] .
(3) Evers, Staat aus Stein I, pi. 19 ; Vandier, Manuel , III, p. 238.255.274.
287 ; seul Feichheimer Klein plastik der "A'gypter, pi. 58 place, sans
preuve, la statue parmi les monument uu Nouvel Empire.
(4) Ranke, PN 1,7,22 considère 'ly-Mrt-nb.s comme : "NR" ; Mry-nb . f en revanche
est cité comme datant du Moyen Empire (cf. PN II, 291,13), le nom de la mère
(Dwy) n'est attesté jusqu'ici qu'au M.E. (PN 1,399,3 donne la statue de
Leide comme seul exemple du N.E. !).
- 6 -

te (5). La mise en valeur de ses charmes, allant de pair avec son nom
("celle que son maître désire") (6), suggère que le titre d'Epouse de Dieu
(doublé ici de celui de Main de Dieu , évocation assez crue de la
masturbation d'Atoum dont est issu le couple initial) (7) fait allusion à une
véritable hiérogamie : la prêtresse était sensée réveiller l'appétit sexuel du
Dieu (8).

Le deuxième document, encore plus difficile à dater puisqu'il


n'existe aucune photographie, ni fac simile des inscriptions, est un piédestal de
statuette vu jadis par Newberry. Il mentionne une l^J^J (9). Le nom
de Nfrw est courant au Moyen Empire et porté notamment par plusieurs reines,
ce n'est sans doute d'aucune d'entre elles dont il s'agit ici (10). Le
nom se rencontre encore au Nouvel Empire, mais plus rarement, semble-t-il ,
au féminin. Une date ancienne est ici préférable.

Malheureusement, on ne sait pas de quelle divinité Iyméritnébes et


Nofrou étaient prêtresses. La formule htp di nswt, qui figure dans les deux
cas, ne cite qu'Osi ris, ce dont on ne peut tirer aucune indication, la

(6) Sur les particularités de la perruque, cf. Boeser, o.c., pi. 22 [fig.l5J
Vandier, Manuel III, p. 255. L'Epouse du Dieu est souvent représentée avec

;
le crâne moulé dans une résille de ce genre, cf. Gitton, BSFE 75 (1976),
p. 38-46, n.40, et infra, p. 40 .
(6) La lecture *I j j-mr . t-nb . s de Ranke (PN 1,7, 22, cf. II, 337) suppose
l'adjonction de deux éléments : *Iy_ (surnommée :) Mrt-nb.s. P. Vernus, que
nous avons consulté à ce sujet, pencherait plutôt pour une "double
identité par justaposition" en se fondant sur les arguments suivants :
1) les noms doubles ne sont pratiquement pas attestés avant la seconde
moitié de la 12e dynastie. 2) le nom Mrt-nb.s n'est pas connu jusqu'
ici, mais il existe un Mry-nb . f (PN II, 291,13). Il se pourrait
encore que mrt-nb.s soit une épithète particulière à la fonction de la dame;
le titre d'Epouse du Dieu est parfois renforcé en "Epouse aimée du Dieu"
(hmt-mryt-ntr) , cf. Davis-Naville, The Tomb of Hatshopsttû, p. 109, fig. 3;
Legrarn7~ASATT 5 (1904), p. 131.
(7) Le titre figure fréquemment dans la titulature des Epouses du Dieu
thébaines dès le début de la 18e dynastie, cf. J.L [ eclant j , LdA' II,
813, s.v. Gotteshand . L'origine héliopolitaine du thème de la main
divine est évidente : une déesse ainsi appelée, considérée comme la
mère de Shou et de Tefnout, est citée, à côté d'Atoum, dès la Première
Période Intermédiaire, cf. Vandier, RdE 16 (1964), p. 60-61 ; 17 (1965),
p. 126-127.
(8) Cette fonction ressort de plusieurs des rites dans lesquels est engagée
l'Epouse du Dieu et qui nous sont décrits sur les parois des grands
temples thébains. L'Epouse du Dieu est essentiellement celle qui apaise
(contente : Ijtp ) le dieu, cf. M.Gf ittonl et J. LÊclantl t LdA II,
793.799, s.v. Gottesgemahlin.
- 7 -

mention du dieu d'Abydos étant pratiquement obligatoire sur ce type de


monument. Toutefois la statué de Leide provient sans doute de Thèbes,
comme la presque totalité de la collection Anastasi dont elle est
originaire (12), c'est d'ailleurs Amon qui est mentionné comme divinité tutélaire
(Îm3hyt hr *Imn). Le titre d'Epouse du Dieu Ν parait donc lié jusqu'à
présent à Amon et à Min, divinités ithyphaliques de Haute Egypte.

Des documents ultérieurs font connaître des Epouses du Dieu à Hou


(Diospolis parva), Sakhébou, Mendes, donc généralement en lien avec Amon
ou des divinités dont 1( activité sexuelle est prépondérante (13). Rien
ne permet d'établir l'ancienneté de ces fonctions, mais, vu l'exemple thé-
bain, celle-ci reste vraisemblable. A Thèbes la fonction d'Epouse du Dieu
rejoint à partir d'une certaine époque une autre fonction également
sacerdotale et sans doute originaire d'Héliopolis : celle d'Adoratrice (ou
Adoratrice du Dieu ) (14). Ce dernier titre n'entre dans la titulature des
Epouses du Dieu thébaines qu'au cours de la I8e dynastie et principalement
dans les documents hiératiques (15), mais la jonction avec le mythe hélio-
politain était déjà acquise à l'époque précédente, comme le prouve l'usage
du titre çjrt-ntr sur la statue de Leide.

La preuve est donc faite que la fonction d'Epouse du Dieu


apparaissant dans la famille royale au début de la 18e dynastie, est typiquement
sacerdotale et que, malgré sa ressemblance avec le titre hmt-nswt , elle
n'indique aucun lien de parenté avec le roi régnant ou son successeur.
L'équation trop souvent postulée entre ntr et nswt (16) n'est donc pas à
admettre dans tous les cas, ce qui amène à revoir le dossier de nombreux
titres comme it - ntr (17), mwt - ntr (18) etc..., pour lesquels il faut
sans doute chercher d'autres explications.

(9) Newberry, PSBA 23 (1901), p. 221-222.


(10) Gauthier, LR II, 122 tente, sans preuve, de la rapprocher de la
reine Nofrou de Deir el Bahari .
(11) Ranke, PN I, 203, 16-18 cite seulement Mogensen , Stèles égyptiennes
au Musée .National de Stockholm, p. 59 , dont la graphie semble
corrompue et ASAE 9, 137 qui appartient à la 2e Période
Intermédiaire.
(12) Cf. Vandier, Manuel III, p. 274.
(13) Archives Lacau MSS/C.I. n° 1, p. 1 (Hou); Yoyotte, Kêmi 15 (1959),
p. 76-79 (Sakhébou); Urk. II, 32,2, cf. Hérodote. II, 46 (Mendes).
(14) Sur ce titre et ses origines, cf. Blackman, JEA 7 (1921), p. 13-14;
Graefe, SAK 3 (1975) p. 75-81. Il existe des Adoratrices du Dieu

ι
en dehors du clergé d'Amon, depuis l'Ancien Empire, cf. Graefe,
art . cité , p. 81 ; Wb V, 430,6. Une attention particulière devra être
accordée aux prêtresses nommées «a· C Jfcjp III faisant partie de la cour
de Soukhos (Gardiner, RdE 11 (1957), p. 53, pi. 4, Ί .128,
cf. Yoyotte, Ann. EPHE Ve section, 76 (1968-69), p. 117, et qui
voisinent avec "J-f-JP m ^ J»i "déesses-épouses", qui ne sont pas
sans évoquer les Epouses du Dieu ; Gardiner souligne (n.5) que ces
personnages interviennent dans un contexte où il est question de
"Sobk's sexual powers and attractiveness to the opposite sex".
(15) Pap. de l'ermitage 1116 A, R° , 1 .16. 33. 37. 86. 119. 137. 153. 175. 178. 192.
199 ; Pap. Louvre Ε 3226 (Mégally, Le papyrus hiératique comptable Ε
3226 du Louvre , pi. 25 [A, X, 8] ) ; Ostracon D. el M. 208 etc..
(16) Pour hmt-njr : Kees, Totenglauben , p. 245 ; en général : Helck,
Untersuchungen zu den Beaumtentiteln- jdes_.agypti'schent alten Reiches,
p. 93-95.
(17) On sait toute la complexité du problème : il existe un usage
dynastique du titre .ifc-ntr et un usage sacerdotal, qui paraissent
irréductibles l'un à~~LrâTTtre (cf. Gardiner, Onomastica, 1, 47*-53* qui
conclut, après une présentation nuancée des faits, dans un sens
différent du nôtre). Mais des variantes comme ~^*ô*" ,
(Gauthier, Le Personnel du Dieu Min , p. 26) semblent en définitive
prouver que nty ne désigne pas le roi, mais bien la divinité. Le
it-Mnw rappelle d'ailleurs la hmt-Mnw dont il a été question plus haut;
le personnel sacerdotal du dieu de Coptos comportait donc toute une
famille qui entourait la divinité de ses soins : un père pour le
protéger, une épouse pour le réjouir.
(18) En dernier lieu Berlandini, Hommages à la mémoire de Serge Sauneron ,
I, p. 100-109 ; spécialement p. 102, η . 1.
- 9 -

CHAPITRE 2 : AHHOTEP ET LES ORIGINES DU TITRE D'EPOUSE DU DIEU.

§ 1 : Les deux Ahhotep.

Les auteurs qui se sont intéressés aux Epouses du Dieu commencent la


liste des princesses ayant porté ce titre par Ahhotep I, épouse de Séqenenrê
Taâ II et mère d'Amosis et de la célèbre reine Ahmes Néfertary (1). C'est
donc elle que nous devons examiner en premier lieu, pour savoir comment le
titre est entré dans la famille royale.

Mais il nous faut d'abord éclaircir sa situation dynastique et lever


une confusion, perpétuée depuis les travaux de Gauthier, et qui répartit les
documents au nom d 'Ahhotep entre deux princesses dont l'une serait la mère
d'Amosis et l'autre l'épouse d'Aménophis 1er (2).

Qu'il y ait eu deux Ahhotep, on ne saurait le mettre en doute,


puisque l'on a conservé deux sarcophages différents, avec probablement deux

(1) Blackman, JEA 7 (1921), p. 13 ; Lefebvre, Histoire des Grands Prêtres


d'Amon_, p. 37; Sander-Hansen , Gottesweib, p. 5.
(2) Gauthier, LR , 11,163-154; 183 (Ahhotep I); 207-209 (Ahhotep II).
L'idée remonte, semble-t-il, à Wiedemann, 'A'gyptische Geschichte,
p. 316-317 et à Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l'Orient
classique , II, p. 104. Gardiner, (Egypt of the Pharaohs, p. 137) ;
Redford, (History and chronoloey of the 18 th Dynasty, p. 70) et
F.J. Schmitz, (Amenophis I. , p. 56(59) restent tributaires de la
théorie de Gauthier et de ses prédécesseurs, même s'ils corrigent certaines
erreurs. Seul Sethe, Thronwirren, p. 5 émet quelques doutes sur cette
hypothèse. La remise en place des deux Ahhotep a été suggérée par J.
Yoyotte (Ann. EPHE , V° section, 73 (1965-1966) ,p.82) elle est admise
oar Cl. Vandersleyen (Ldft III, p. 306.307.308 (n. 3) et CdE 52 (1977),
p. 237) ; et' reprise par Ann Macy Roth, Serapis 4 (1977-78), p. 31-40,
et B. Schmitz, CdE 53 (1978), p. 207-221.
- ΙΟ -

momies (3) :

1) un, découvert en 1859 par Mariette dans une cache sommaire sur le site
de Drah Abou el Neggah, entouré de canopes et d'une collection de parures
somptueuses au nom de Kamosis et d'Amosis (4); il appartient à la j,, .in n

2) un autre, gigantesque, faisant partie du matériel regroupé dans la


cachette de Deir et Bahari et qui nous fait connaître la *e ^ + f ^

Le premier sacophage est notoirement plus archaïque que le second :


il est du type rishi et rappelle certaines des particularités de celui de
Séqenenrê (7) ; la forme du signe ί c h qu'il présente n'est plus1
employée après l'an 22 d'Amosis (8). Le second, au contraire, évoque celui
d'Ahmes Néfenfeary ; le signe i** h se présente sous une forme plus récente.
Il n'en a pas fallu plus pour que l'on identifie l'Ahhotep du sarcophage
de Drah Abou efc Neggah avec la reine mère d'Amosis qui est présentée dans
la célèbre eulogie de la stèle CGC 34001 (9) et que l'on cherche à placer
la seconde Ahhotep dans l'entourage d'Aménophis 1er ; comme lees documents
d'époque ramesside présentent souvent une reine Ahhotep en compagnie de
ce roi et de sa mère Ahmes Néfertary (10), on en a fait son épouse. Mais ce

(3) La momie trouvée dans le sarcophage de Drah Abou el Neggah a été


malmenée et est tombée en poussière peu après la découverte (Winlock, JEA 10
(1924), p. 253). Le sarcophage de Deir el Bahari contenait une momie
anonyme et un petit sarcophage (CGC 51006 Bis) avec la momie de Pinédjem
1er. E. Thomas (Royal Necropoleis, p. 237) a proposé d'attribuer à
Ahhotep la momie CGC 61076 : c'est celle d'une jeune femme anonyme d'une
extrême minceur trouvée dans un sarcophage de la I8e dynastie
réutilisé ensuite (CGC 61015); mais cette identification est exclue, à cause
de l'âge (cf. infra. p. 20-21 , puisqu'Ahhotep vécut plus de 70 ans).
Maspéro avait pensé un moment que les deux sarcophages pouvaient
appartenir à la même reine et s 'emboîter l'un dans l'autre; en réalité^
l'examen des dimensions a prouvé qu'il n'en était rien (Momies Royales, p. 245)
c'est pourtant l'hypothèse que reprend B. Schmitz (art, cit. p. 208-209)
pour éliminer la théorie des deux Ahhotep.
(4) Bibliographie : PM 1/2, 600-601.
(5) JE_ 28501 ; von Bissing, Ein thebanischer Grabfund, pi. 11, col. 21
(la forme du signe îc h , non discernable sur la photo, a été vérifiée
par Vandersleyen, Guerres d'Amosis , p. 210 [ 2ll ).
(6) CGC 61006, Maspéro, Momies Royales, p. 545.
- 11 -

genre d'associations ne prouve rien, il traduit seulement le fait qu1


Ahhotep faisait partie des ancêtres d'Aménophis 1er qui continuaient
d'être honorés comme les fondateurs du Nouvel Empire (11). Il restait d1
ailleurs à expliquer le titre de Mère du Roi qui apparaissait sur le
sarcophage de Deir el Bahari et puisqu1 Ahhotep n'est sûrement pas la mère de
Thoutmosis 1er, il fallait lui trouver un fils qui aurait au moins été
héritier royal, on a pensé y arriver avec la momie d'enfant qui a été
trouvée dans une sépulture voisine de la cachette de Deir el Bahari et qui aurait
appartenu à un "Roi, maître du Double Pays" Aménemhat, tandis qu'un pectoral
trouvé sur la momie mentionnait Aménophis 1er (12). Aménemhat, malgré son
jeune âge, aurait été l'éphémère corégent de son père. Mais ce nom, inconnu
par ailleurs et tracé hâtivement à la fin de la 20e dynastie sur le cercueil
de l'enfant, n'est probablement qu'une erreur (13).

(7) CGC 61001 , les ressemblances, tant pour la décoration que pour la
menuiserie, ont été aperçues par Daressy, Cercueils , p.2, et par
Winlock, JEA 10 (1924), p. 251, n.5.
(8) Vandersleyen , o.c. , p. 209.
(9) Texte dans Urk. IV, 14-24. Sur la portée historique de ce document, cf.
Vandersleyen7~o.c. , p. 129-196.
(10) Wiedemann, A'gyptische Geschichte, p. 316-317 cite la stèle Leide V 8,
le sarcophage Leide M 5 , la T. Théb. A 18 (Sheikh Abd el Gournah),
ainsi que le sarcophage de Boutehamon ; il s'agit à chaque fois de
documents très postérieurs à la 18e dynastie. La place d 'Ahhotep n'est d'
ailleurs pas constante dans les différentes listes, c'est ainsi qu'on
peut la trouver entre Amosis et Mérytamon (Anherkhâouy), ou en parallèle
avec Ahmes Néfertary (table de Clôt Bey et probablement T. Théb. 19).
(11) II existe des listes plus ou moins développées de ces personnages, qui
semblent avoir été réunies peu à peu autour de la figure prestigieuse d'
Ahmes Néfertary ; on les appelle les "seigneurs de l'Occident" (ou
"de l'éternité") (cf. Sethe, Tronwirren, p. 3. 68*-69* (Anhang II) ;
Winlock, JEA 10 (1924), p. 219-221 ; Gitton, AN- , p. 83). Sethe (o.c.,
p. 5) détruit un autre argument en montrant qu'Ahhotep n'est sûrement
pas la grand 'mère d ' Hatshepsout : l'équation, admise jusque là, entre
Ahmes (mère d' Hatshepsout) et Ahmes Nebetta (Louvre Ν 496), qui est
connue comme fille d 'Ahhotep, ne peut être retenue ; il démontre , par
ailleurs, que les titres données aux reines dans les listes décrites
plus haut ne s'entendent pas forcément par rapport à Aménophis 1er, comme
le croyait Maspéro, sinon il faudrait attribuer à ce roi au moins cinq
épouses principales !
(12) PM 1/2, 667 ; Lansing, BMMA 15 (1920), Dec. Part II = Egyptian
Expédition I9I8-I920, p. 9-10.
(13) Cette thèse a été surtout développée par Hayes, Scepter II, p. 52 ;
elle figure encore chez F.J. Schmitz, 6.c. , p. 59.
- 12 -

Aucun document ne permet donc de penser qu'il a existé une Ahhotep


qui aurait été l'épouse d'Aménophis 1er. Par ailleurs, on a tout lieu de
croire que 1 'Ahhotep mère d'Amosis n'est pas morte sous le règne de son
fils et qu'elle a survécu jusque sous Aménophis 1er (14); il devient donc
impossible de lui attribuer le sarcophage de Drah Abou el Neggah. Enfin la
quasi-totalité des documents connus se réfère à une Ahhotep qui fut à la
fois Fille du Roi, Grande Epouse du Roi et mère de l'héritier. Ces titres
conviennent à la seule Ahhotep dont on a clairement la trace dans l'histoire
la mère d'Amosis qui fut épouse de : Séqenenrê Taâ II et sans doute la fille
de Séqenenrê Taâ 1er et de Tétishéri (cf. infra) . Or ces titres figurent
sur le sarcophage de Deir el Bahari , c'est donc à elle qu'il faut
l'attribuer. En revanche l'épouse royale Ahhotep, connue seulement par la
trouvaille de Drah Abou el Neggah, n'a pas dû survivre après les toutes
premières années d'Amosis, puisque le signe Ie· ft présente les particularités
du début du règne et que le nom de Kamosis figure encore sur plusieurs
éléments de son équipement funéraire. On a suggéré qu'elle était l'épouse
de Kamosis (15). Son ascendance est inconnue.

§ 2 : L'ascendance d' Ahhotep.

On considère généralement la reine Ahhotep comme la fille aînée du


couple Taâ (Ier)-Tétishéri, comme la soeur et l'épouse de Séqenenrê Taâ (II),
cette conclusion très vraisemblable s'appuie :

1 - sur les titres Fille du Roi, Soeur du Roi et Epouse du Roi , portés sur
les documents contemporains (16) ;

(14) Cf. infra p. 20-21 .


(15) Cl. V ^andersleyen] , LdA III, 306.307.308 (n.3); CdE 52 (1977),
p. 237. Cette thèse a été combattue par C. Blankenberg van Delden, dans
GM 47 (1981), p. 15619, qui fait d'elle l'épouse Sénakhtenrê Taâ 1er.
Les arguments ont été à leur tour réfutés de façon convaincante par
Lana Troy dans GM 50 (1981), p. 86-88.
(16) Voir principalement son sarcophage :^ΛΛ Çf
cf. également Urk.IV, 21, 7-8 :1 wjl^;^ ^ip J V · L'absence
titre complet hmt-nswt wrt sur ce dernier document - un des premiers
au nom d ' Ahhotep d ' après* la forme du signe de la lune - ne nous parait
pas significative (malgré Gay Robins, GM 56 (1982), p. 72-73 qui sert
sert pour distinguer 1' Ahhotep, mère d'Amosis de son homonyme de
la statue Louvre Ε 15682). Les titres l^nt nswt et hmt-nswt wrt sont
toujours interchangeables (cf. Gitton, AN, p. 11.22 etc. et Gay Robins
elle-même le reconnaît à propos d'un autre exemple GM 56 (1982), p. 80)
et nous ne connaissons pas un seul exemple au Nouvel Empire où une
Epouse Royale ne serait pas également Grande Epouse Royale.
- 13 -

2 - sur le fait que la stèle d'Abydos (CGC 34002) est dédiée par Amosis
à Tétishéri désignée comme la "mère de (sa) mère et la mère de (son)
père" (17);
3 - sur sa présence juste après Taâ (II), et en parallèle avec lui, sur la
statue du Louvre dédiée au prince Ahmes défunt (18).

Le mariage de Tétishéri avec Taâ n'est pas assuré, puisque celle-ci


ne porte jamais sur les documents contemporains que nous possédons d'autre
tire que Mère du Roi (19) . Mais il est très probable qu'elle fut Epouse du
Roi.
Tétishéri avait une ascendance roturière que l'on connaît par les
bandelettes de sa momie. Son père était le juge Tjenna et sa mère la dame Nofrou
(20). L'ascendance royale de son mari a été elle-même mise en doute (21).

(17) Urk. IV, 27, 14.


(18) Urk. IV, 13, 2-3 ; elle porte les titres de "fille royale ainée"
(S3 t - nswt wrt ) et de hnmt-nfr-hdt qui dénotent une Grande Epouse
du roi .
(19) Stewart, Egyptian Stelae and Paintings from the Pétrie Collection I,
pi. Ι [.Ι] 7ρ· 1 ; Murray, Ancient Egypt, 1934, p. 65-66, fig. 2 ;
Gauthier, BIFAO 12 (1916), p. 127-129 ; Daressy, ASAE 9 (1909),
p. 137. Elle reçoit le titre de Grande Epouse Royale sur la stèle
(posthume) d'Abydos (Urk. IV, 26, 10 ; 27 , 15).
(20) Daressy , art, cité , p. 137 ; photographie dans Murray, art, cité,
fig. 4. Il serait téméraire de rapprocher cette Nofrou de 1 'Epouse
du Dieu portant le même nom, et qui a été mentionnée supra, p. 6
(21) V. Beckerath, Zweiten Zwischenzeit in À'gypten, p. 193. Ahhotep semble
se rattacher, par son mari et par son père, à la reine Sobekemsas, de
la 17e dynastie. La stèle d'Iouf (trouvée à Edfou, comme un pendentif
au nom d'un roi Antef et de Sobekemsas) représente côte à côte Ahhotep
et Sobekemsas : Ahhotep a fait restaurer la tombe de cette dernière
sise sans doute à Edfou. C'est un geste de piété à l'égard des ancêtres
que renouvellera Ahmes Néfertary (cf. infra p. 41). Sur les origines
royales d' Ahhotep, cf. Newberry, PSBA 24 (1902), p. 285-289.
- 14 -

Elle vécut jusque sous le règne de son petit-fils (22). Elle semble
avoir été oubliée assez vite par la postérité (23).

Aucun document ne lui donne le titre d'Epouse du Dieu.

§ 3 : Le mariage d'Ahhotep et ses enfants.

Ahhotep épousa Séqenenrê Taâ à une date qui ne nous est évidemment
pas connue. Quand celui-ci mourut brutalement âgé de la trentaine (24), elle
lui avait donné au moins six enfants (25).

Deux d'entre eux sont bien connus :


1 - Amosis, le premier roi de la 18e dynastie. Ahhotep est désignée clairement
comme sa mère (26) et elle est associée à son autorité dans les premières
années de son règne ( 27 ) .

2 - Ahmes Néfertary, désignée sur l'inscription d'un vase du Sinaï comme


hmt-nswt wrt s 3 t hmt-nswt wrt ( 28 ) .

(22) Elle apparaît en même temps qu 'Amosis. sur la stèle de l'University Collège
de Londres (Stewart, o.c. , pi. I [lj ) qui date probablement de la
minorité du roi (Vandersleyen, Guerres d' Amosis , p. 195-196 ; 210 £doc.93)
Par contre elle est mentionnée comme défunte sur la stèle d'Abydos durant
la seconde moitié du règne (mj'-t — hrw dans le corps du texte; rituel""
cnh.tî,
qui figure à côté de son cartouche, sur le cintre, est purement
et ne contredit pas l'indication du texte). Elle reçut une fondation que
l'on a tenté de situer dans la région memphite, donc après l'expulsion
des Hyksos, mais elle a pu être conférée à titre posthume, si bien qu'on
ne peut en-tirer aucune indication sur la date de sa mort (Erman, ZÀS 38
(1900), p. 150 ; état de la question dans Redford, History and chronology
of the 18 th Dynasty , ρ . 39-40 ) .
(23) Aucune des listes de l'époque ramesside ne la mentionne, semble-t-il,
parmi les patrons de la nécropole.
(24) Maspero, Momies Royales, p. 558 ; Winlock, JEA 10 (1924), p. 249, n.2 ;
Harris-Weeks, X-Raying the Paraohs, p. 122 ; Harris-Wente, A X.Ray
Atlas of the Royal Mummies, p. 210.211.243.244 ; cf. également Bietak-
Stouhal, Die Todesumsfinde des Pharaos .Séqenenrê , p. 29-52.
(25) Pétrie ( A History of Egypt II, p. 13) lui attribue 13 enfants (8 garçons
et 5 filles), mais il compte parmi eux Ouadjmes et tous les noms
figurant après celui d'Ahhotep dans l'inscription de Khâbekhnet.
(26) Urk. IV, 21, 8 ; 30, 4.
(27) Smith, The Fortress of Buhen. The Inscriptions, p.77, pi. 80 fl"l .
(28) Pétrie, Researches in Sina i, fig. 144 Î2~j , p. 137.
- 15 -

II faut ajouter à cette liste les trois enfants du couple Taâ-


Ahhotep qui sont mentionnés sur la statue funéraire du prince Ahmes (29) :

1 - Le prince héritier ("fils aîné du Roi") Ahmes lui-même, qui est


ment distinct de son homonyme, le roi Amosis , puisque lui est mort sous le
règne de son père. On sait rien sur lui (30).

2 - La princesse aînée (31) Ahmes.


3 - La princesse cadette Ahmes (surnommée "la petite").

Contrairement à ce qu'on a cru parfois (32), ce document ne mentionne que


deux princesses Ahmes, le nom de chacune revenant deux fois (33).

La première (ou peut-être la seconde) (34) doit être identifiée avec


Ahmes Néfertary (qui aurait donc été plus âgée que son mari, non encore né
au moment où le document fut composé). Pour l'autre, on serait tenté d'évoquer
l'une des trois princesses appelées Ahmes NN' et qui se prétendent de la
descendance directe d'Ahhotëp:

(29) Louvre Ε 15682 = Urk. IV, 11-13. Ce document a été souvent mal compris
et les deux derniers noms (Taâ et Ahhotep) considérés à tort comme ceux
d'un frère et d'une soeur du défunt alors qu'il s'agit de ses parents
(Gauthier, LR II, 160-161 ; Redford, o.c. , p. 32 ; contra : Winlock ,
art, cité , p. 256 ; Sethe, Thronwirren, p. 4, qui considère néanmoins
que Taâ est en fait Taâ 1er).
(30) Vandersleyen (CdE 52 (1977), p. 239-241) a proposé , sur des bases
fisantes à notre avis, de l'identifier avec Ahmes Sapaîr . Ce prince Ahmes
est peut-être le Fils du Roi Ahmes mentionné sur les listes de Khâbekhnet,
ou encore celui que nous font connaître deux oushebtis de Drah Abou el
Neggah (Northampton, Theban Necropolis, p. 31 [11.16J ; pi. 18-19)
ainsi qu'un scarabée (Newberry, Scarabs , pi. 26 \6] ), cf. Winlock, JEA
10 (1924), p. 256. Il existe aussi un sarcophage miniature au nom du
Fils aîné du Roi Ahmes (écrit \o/ ), qui pourrait bien être notre
Ahmes de la statue du Louvre, cf. Dolzani, La Collezione egiziana del
Museo del Academia dei Concordi in Ravigo , p. 11.14 ;'pl. 6-7 Qn° 5J .
On a voulu voir un frère de cet Ahmes dans le prince Bînpw cité à côté
d'un Ahmes sur une statuette d'époque saïte (CGC 38189) donnant quatre
noms princiers de la 17e dynastie. Binpw est aussi mentionné dans la
liste de Khâbekhnet. On peut hésiter à y voir un nouvel enfant du
couple Séquenenrê- Ahhotep. Il est plus probablement le fils d'une
épouse secondaire du roi ou même celui de Kamosis (cf. Schmitz, Amenophis I,
p. 44).
(31) On a voulu donner à l'expression s 3 t nswt wrt un sens dynastique précis
(celle de princesse qui était destinée à devenir reine) mais cela
semble introduire une rigueur peu dans les habitudes de la terminologie
titulaire égyptienne cf. Schmitz, Unt. zum Titel si -njswt, "Konigssohn",
p. 254).
(32) Vandersleyen·, CdE 52 (1977), p. 238.
- 16 -

1 - La Fille du Roi Ahmes Hénoutempet (35)


2 - La Fille du Roi et Soeur du Roi Ahmes Nébetta (36)
3 - La Fille du Roi et f Soeur ?1 du Roi Ahmes Touméres (37)

(33) La formule est à chaque fois la suivante : htp^dî-nswt in snt.f (...)


s3t-nswt *I*-h-ms, ir.k n.s shm(w) nb nfr m hFE-ntr n~sS>t-nswt 'Ie- h-ms , qui
doit être traduit à"~notre avis : "ofTraruïe -quë-donne-le-roi (célébrée) par
sa soeur (celle du prince défunt, Ahmes), la Fille du Roi Ahmes, tu (=Osiris)
fais (en retour) pour elle toute bonne oeuvre dans la nécropole, (à savoir)
pour la Fille du Roi Ahmes (déjà mentionnée)".
(34) Schmitz, Amenophis I., p. 40 veut faire d'Ahmes-1 'aînée l'épouse promise
à Ahmes-l'aîné et d1 Ahmes la cadette, plus proche de l'âge d'Amosis,
l'épouse de ce dernier, donc Ahmes Néfertary. Il reprend aussi, sans preuve,
l'idée de Maspéro (Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique,
II, p. 78), selon laquelle Ahmes Néfertary aurait épousé d'abord Kamosis.
On connaît probablement une épouse de Kamosis : 1 'Ahhotep de Drah Abou el
Neggah (cf. supra).
(35) ±Z.i£(fâ£)£L^~'¥& S)-V^$ (cartonnage de
cercueil, Harris, MS Alex. XI, p. 22, cité par PM 1/2,604). La graphie
de 1eà'h, autant qu'on puisse se fier à la copie, est celle qui
prévaudra la fin du règne d'Amosis.
(36) ^;jCÎ^)îi*«r^(^S)tÎl) (statue du Louvre
Ν 496). La forme du signe î*-h vérifiée sur l'original est
postérieure à l'an 22 d'Amosis. On connaît deux scarabées de la Fille du Roi
Nebetta : Newberry, Scarabs , pi. 26 £36j ; p. 157 ; Pétrie, History of
Egypt, II, p. 57, fig. 24. C'est peut-être elle qui est encore appelée
Nbt t3> wy dans une liste d'époque ramesside (Lepsius, Konigsbuch, pi. 28,
n° 456), mais elle y porte, en plus du titre de Fille du Roi, celui
d'Epouse du Roi gue nous ne lui connaissons pas par ailleurs. Sur la statue du
Louvre Ν 496, Voir en dernier lieu : Lindblad, Roval Sculpture of the Ea^ly
18 th, Dynastie, Stockholm, 1984, p. 21.22.
(37)
(Daressy, Recueil Champollion, p. 290 ; Struve-Gess, Bulletin (Sbornik)
de l'Ermitage Impérial, fasc. 2 (1923), p. 17-30, pi. I (textfc, p. 27)
Cette titulature provient du couvercle d'un petit sarcophage appartenant
à une compagne de la princesse appelée, semble-t-il, "£^ SE £ Ui)^vfjp
("Anta est sa Dame"). On connaît un objet concave du Musée du Louvre: pi.vill
(inventaire Louis Philippe n° 2102) qui porte l'image de trois princetsas
dont l'une s'appelle Cc\ t_ ^|) Χ?ί (Pierret, Catalogue de la
Salle historique , p. 160 [n° 648) ) ; le nom des deux autres est
effacé (l'un d'eux commence par Nb et les traces pourraient convenir à Nbt t3 ,
comme l'a vu Daressy o.c. , p. 291) ; la date du document ne parait pas
pouvoir être placée avant la I9e dynastie. Une tombe découverte en 1921
sur le sîte du temple de Séankhkarê Montouhotep contenait les restes
d'une momie de la Fille du Roi Ahmes Touméres (PM 1/2, 668 ; Winlock,
Excavations at Deir el Bahari 1911-1931, p. 47.104 ; Hayes, Scepter II,
p. 78 et fig. 42). Elle est sans doute connue également sous la forme
^.^fe.^ (sic) sur la liste de T.Théb. 106 = Photo Philadelphie
34949. Ce semble être encore elle qui est appelée Twrs(y) ou même Wrs sur
les documents postérieurs (Mace, Diospolis Parva, pi. 41 [17] = Newberry ,
Scarabs, pi. 26 [ΐβ] ; U.C. 8523 = Stewart, c^c. , pi. 45 [3] , p. 56 ;
- 17 -

Mais il peut encore s'agir d'un autre personnage (38).

Nous arrivons ainsi à six ou sept enfants. Il n'est pas impossible


d'allonger la liste.

On a voulu voir, dans Kamosis un enfant d'Ahhotep et de Taâ, frère par


conséquent d'Amosis. Vendersleyen a montré (39) que cette hypothèse était peu
soutenable, car Kamosis aurait été au moins le quatriènqa enfant du couple royal,
or c'est lui qui a succédé immédiatement à Taâ et qui a conduit les opérations

LD III, 2 a (A, 10) ; 2 d (A, 9); cf. Daressy, Recueil Champollion ,


p. 290 ) ; on observe que, dans la liste de Khâbekhnet au moins, Tou
(me) res est considérée comme Epouse du Roi. Le nom propre e^ç «=> ^3, _«^
var. ê^~^ p est attesté au Moyen Empire (Budge, Catalogue ß
of the Collection of Eg. Antiquités at Alnwick Castle, pi. 10, document
signalé par P. Vernus qui le date de la première moitié de la 13e
dynastie).
(38) On connaît divers documents au nom d'une ou de plusieurs princesses
Ahmes sans surnom, qui peuvent être attribués à l'une ou l'autre des
filles de Séqenenrê Taâ et d'Ahhotep :
a - la Fille du Roi Ahmes ( Ie" h écrit ?**' , nom sans cartouche)
figurant derrière un personnage royal (une reine probablement) sur
un fragment de relief trouvé dans les décombres du temple de
Thoutmosis 1er à Karnak-Nord (Jacquet, BIFAO 75 (1975), p. 120 ; pi. 7 A);
b - la G . . . ? Soeur du Roi, Epouse du Roi, Ahmes ( ich écrit ?»? nom
sans cartouene) sur un iragment trouvé à Drah Aboïï el Neggah (CGC
34159) ;
c - l'Epouse du Dieu Ahmes ( 1e h écrit v^/ , nom dans un. cartouche)
sur une main d'ivoire de Turin (Cat. 6921 = pi. I de notre ouvrage);
d - Ahmes ( ic h, écrit '·> , nom dans un cartouche ), fille (= petite
fille ?) de Tétishéri, mentionnée sur la stèle d'un prêtre funéraire
attaché à son culte, sous Thoutmosis III, semble-t-il (MMA 25.184.2 =
Hayes, Scepter , II, p. 11.170) ;
e - L'Epouse du Dieu , dame du double pays, Ahmes ( 1e- h écrit ^"«ou "*¦»,
nom dans un cartouche) représentée après Tou (me) res dans les
listes ramessides (LD III, 2 a.d.; UC 8523 = Stewart, o.c. ,
I, pi. 45 [3] , p. 56).
Ces documents b et c ont été couramment attribués à Ahmes Néfertary,
ils seront examinés à part ultérieurement ( supra, p. 25 )·

(39) LdA' III, 306 ; CdE 52 (1977), p. 237-238.


- 18 -

à sa place pendant son très court règne. Après lui, le roi Amosis a connu,
n'en déplaise à F.J. Schmitz (40), une minorité de plusieurs années avant
d'avoir l'âge de régner. Il est donc plus vraisemblable d'admettre que
Kamosis appartenait à une branche collatérale, qu'il était peut être le
frère du roi défunt et que c'est sans doute la raison pour laquelle on a
fait appel à lui pour remplacer ce dernier après son décès brutal.

Nous ne suivons plus Vandersleyen lorsqu'il veut situer Ahmes Mérytamon


dans la génération des enfants d'Ahhotep (41). Malgré son nom (mais, après tout,
les Ahmes ne sont pas tous forcément frères ou soeurs, à preuve 1' Ahmes
premier enfant, mort jeune, du coupe Amosis-Ahmes Néfertary, cf. infra) , celle-
ci appartient plus vraisemblablement à la génération suivante. Nous aurons
l'occasion d'y revenir.

Ahhotep n'était pas la seule épouse de Séqenenrê Taâ. On connaît au


moins une autre reine : sa soeur ou demi-soeur, Satdjéhouty, dont il eut une
fille appelée elle aussi Ahmes (42) . Il est possible que la reine Ahmes
Inhâpi, dont le caveau servit à abriter les restes d'une partie de la famille
royale (43) et qui était la mère de la princesse Ahmes Hénout Toméhou (ou Téméhou)
(44), ait appartenu à la génération de Séqenenrê, et non pas à celle
d'Amosis comme on le croit généralement (45). Cette conclusion a été appuyée sur la

(40) Amenophis I. , p. 39, cf. notre CR. paru dans Bi.Or 37 (1980), p. 318.
(41) CdE 52, p. 239 ,n . 5 (se terminant p. 240).
(42) Toile funéraire de cette princesse trouvée dans la Vallée des Reines
(PM 1/2, 756) et aujourd'hui conservée au musée de Turin (Suppl. 5051) ,
cf. en dernier lieu : Ronsecco, "la Tela funèbre délia principessa Ahmose",
Oriens Antiquus 14 (1975), p. 147-152. La princesse est Fille du Roi et
Soeur du Roi et jamais Epouse du Roi , son nom est écrit par le signe **^ ,
ce qui dénoterait qu'elle vécut au moins jusqu'à la fin du règne d'Amosis
et peut-être beaucoup plus tard (Vandersleyen discerne une évolution du
signe qui indiquerait le début du règne de Thoutmosis 1er, lettre du
22/8/1967).
(43) T. Théb. 320 ; PM 1/2, 658-667.
(44) Sur cette princesse et sa mère, Cf. Maspero, Momies Royales , p. 622-623 ;
Daressy, ASAE 9 (1908) p. 95-96 ; Schmitz, Amenophis I ., p. 42-43. On
a aujourd'hui 7 documents sûrs au nom d' Hénout Toméhou/Témehou :
a -[tj^ F??^??)- <>2>}\'~' A stèle UC 14218 = Stewart, o.c.
pi. 2 £l' , p. 1 ; date : début 18e dynastie ;
b - 4_?? vel JmIjîJ , ] , fragment d'une stèle d'Odessa = Touraiev,
Catalogue du Musée d'Odessa , p. 13-14 (n° 123); date : début 18e
dynastie ; reierence aimaûiement communiquée par J. Yoyotte ;
- 19

forme du nom de sa fille, très proche des noms des autres enfants de Séqenenrê
(46), mais cet argument n'est pas décisif, comme nous venons de le voir.
Nous préférons remarquer que le nom de la nourrice d 'Ahmes Hénout Toméhou est
probablement Rc 1 (47), connue pour avoir été également la nourrice d'Ahmes
Néfertary (48); dans ce cas, Inhâpi aurait été une autre épouse de Séqenenrê ,
mais peut-être aussi sa soeur (49).

c-^ii^Ciri^ifJI , T.Théb. 23 = LD III, 8 a ; date : milieu de la


18e dynastie ;
d - ^ «VH "^H ^ » T· Théb· 2 ( = Khâbekhnet) = LD III,
2 a ·" date : Ramses II ;

e - nJÎ^^)! T· Tnéb· 359 (Anherkhâouy), LD III, 2 d, date : début


20e dynastie ;
f" \^???~???1«?*31?^?$ , ou encore:
^JL» ^>-0 fâ <£& *7? Yv^DI j» m » inscription hiératique sur la
poitrine de la momie, Maspero, Momies Royales , p. 543-544 ; date : 21e
dynastie ;
g - ?.}£ ?|*> vjli «» '1*~i ?? >| , inscription sur un sarcophage de la
I8e dynastie réutilisé pour la princesse (CGC 6I0I5) : Maspero,
Momies Royales, p. 544 ? 11J , date : 21e dynastie.
(45) Schmitz, Amenophis I . , p. 42-43.
(46) Vandersleyen, CdE 52 (1977), p. 238.
.

(47) Nom bien visible sur la reproduction de cette paroi de la T.Théb. 23


dans Herman, Die Stelen der thebanischen Felsgraber der 18. Dynastie,
p. 61, cf. n. 269 ; voir aussi PM 1/1 , 103 [6j renvoyant à 1/2, 658.
Le rapprochement est d'autant plus vraisemblable que le sarcophage de
la nourrice d'Ahmes Néfertary a servi à abriter la momie de la reine
Inhâpi, preuve que leurs lieux de sépulture étaient voisins.
(48) Gitton, ANjp. 21-22 ; nous suggérions que le titre de nourrice n'était
pas forcément à prendre au sens propre, mais qu'il pourrait désigner une
"dame de compagnie", dans ce cas, la mention de R^ t ne permettrait
pas de dater Ahmes Toméhou.
(49) Elle est connue comme Epouse du Roi (T.Théb. 23), comme Fille du Roi
(inscription hiératique sur la momie de sa fille); c'est probablement
elle qui est la Fille du Roi, Soeur du Roi £...3 à qui Hénoutteméhou a
dédié la stèle d'Odessa (référence : n. 44, b).
- 20 -

§ 4 : La mort d'Ahhotep.

Tant qu'on supposait qu'il avait existé une autre Ahhotep épouse
d'Amenophis 1er, on faisait disparaître Ahhotep I sous Amosis (50). Il
n'existe plus aucune difficulté pour reconnaître en elle la reine
mentionnée en l'an 10 d'Amenophis 1er sur la stèle de Kares (51). Cette
inscription trouvée à Drah Abou el Neggah rapporte te décret (wd) qui a été
porté en faveur du rpc -h3>ty- , htmw bîty, smr wcty, mr-pr nbw, mr-pr hd,
mr-pr wr nVtnwt-nswt ? *¦ h-htp *nh . ti , whmw K 3 rs ; ce décret émane de la
mère du roi dont le nom est cité ci-dessus, elle garantit à Kares, en, échange
des services rendus, diverses faveurs dont la construction d'un cénotaphe
"sur le terrain du grand dieu maître d'Abydos". Kares semble avoir été de
tout temps au service de la reine qu'il appelle à longueur de temps
"sa dame" (hnwt.f) , expression qui alterne avec l'appellation mwt-nswt qui
désigne à elle seule Ahhotep (52). La question posée est évidemment de savoir
si ce texte a été écrit du vivant de la reine. La locution cnh. ti (ou di cnh
au masculin) n'a pas toujours la signification "en vie" par opposition à
m3c-fcrw "défunt", elle peut renvoyer, dans certains cas, à l'époque où un
souverain était encore en vie, par opposition au présent (53). Mais dans le
cas qui nous occupe, il semble vraisemblable que le document est contemporain
de la mesure prise et que Kares commémore les faveurs qu'il a reçues au
moment de prendre sa retraite, alors que la reine et lui devaient être déjà
avancés en âge. La présence d'Ahhotep sur un document de l'an 10 d'Amenophis
n'a rien d'invraisemblable, car, même dans l'hypothèse où il n'y aurait eu
aucune corégence entre ce roi et son père, on ne peut guère attribuer à Amosis
plus de 25 ans de règne et 35 ans d'âge ; s'il est né alors que sa mère avait
25 ans, on a le total 25 + 35 + 10 = 70 ans.

(50) James, CAH II/ 1, p. 307 ; Vandersleyen, Guerres d'Amosis, p. 195.


(51) CGC 34003 ; Urk. IV, 45-49 ; Breasted, AR II, § 49-53.
(52) Il est difficile de distinguer comme le font Hayes, (Scepter, II, p. 52)
et B. Schmitz (CdE 53 (1978), p. 213-214), la Mère Royale dont émane le décret
et Ahhotep dont Kares est le majordome ; cette distinction devient
nécessaire à partir du moment où l'on suppose qu 'Ahhotep est morte sous
Amosis. La logique du texte va nettement au sens contraire. On
remarquera, dans le même ordre d'idée, que le héraut c-mfcw mentionne, dans
le cintre de sa stèle (MMA 15.3.32 = pi. II du présent mémoire) , la
mère royale Ahhotep, mais que, dans l'inscription, il se borne à
s'appeler "héraut de la Mère du Roi" (photographie aimablement communiquée par
la direction du Musée).
(53) Cf. Murname, Ancient Egyptian Corregencies, p. 267-268.
- 21 -

On voit qu 'Ahhotep a conservé, jusqu'à la fin de sa vie, un prestige


considérable, même si Ahmes Néfertary est au zénith de sa carrière. C'est
elle qui décrète en tant que reine-mère de l'attribution d'un emplacement
pour un cénotaphe et des statutes. On sait que l'attention de la famille
royale s'était portée depuis Amosis sur les monuments commémoratifs d'Abydos
et que notamment Ahmes Néfertary avait obtenu pour sa grand 'mère Tétishéri
une pyramide et un temple funéraire en sus de son cénotaphe (54).

Ahhotep ne dut pas survivre très longtemps à ces événements. Elle fut
enterrée sous Amenophis 1er, comme en témoigne la forme de son sarcophage (55)
Sa tombe devait se trouver dans le secteur de Drah abou el Neggah (56).

§ 5 : Ahhotep, Epouse du Dieu ?

Il est important pour l'histoire du titre Epouse du Dieu de pouvoir


dater avec précision le moment où il est entré dans la famille royale. S'il
s'agissait d'une fonction dynastique exercée par la reine lorsquelle avait
mis au monde l'héritier royal, on ne voit pas pourquoi Ahhotep, fille, femme,
soeur et mère de roi ne l'aurait pas exercé et, s'il s'agissait d'un titre
héréditairement détenu par les princesses de la famille, Ahmes Néfertary
l'aurait sans doute reçu de sa mère.

Or Ahhotep n'a sûrement jamais exercé cette fonction de son vivant.


Sur tous les documents contemporains que nous avons déjà cités, notamment sur
son sarcophage, elle porte exclusivement les titres : Fille de Roi, Soeur de
Roi, Grande Epouse du Roi, Mère du Roi ; l'eulogie qui lui est consacrée sur
la stèle CGC 34001 ne lui attribue aucun titre de ce genre (57).

(54) Urk. IV, 27, 16 ; 28, 1-2, cf. Gitton, AN , p. 13.


(55) Il ressemble surtout à celui d'Ahmes Néfertary, enterrée dans les
toutes premières années de Thoutmosis 1er, Cf. Gitton o.c. , p. 22.
(56) Thomas, Royal Necropoleis p. 70.157 et 171 propose la tombe "A" à
1400 m au nord-est de celle d'Ahmes Néfertary, mais il s'agit d'une
excavation très frustre qui parait peu adaptée à une princesse aussi
célèbre et ayant vécu aussi longtemps.
(57) Urk. IV, 21, 3-17.
- 22 -

Le premier document où le titre figure est la stèle d'Iouf provenant


d 'Edfou (58). Dans le cintre figurent deux reines assises vénérées par Iouf
et son fils :
- la première porte la légende : le * *£/_?? « ?^( ^lTo Jlr^-©,
-la seconde : ** if . C*** SW ~
Si·
Le texte nous apprend qu ' Iouf a restauré la tombe de la princesse
Sobekemsas (à Edfou ?) et qu'il a reçu de la reine Ahhotep (désignée désormais
comme Grande Epouse Royale et, une fois, comme Mère du Roi ) des faveurs émi-
nentes et notamment l'honneur d'être attachée à sa statue cultuelle (rpyt ) avec
tous les avantages en nature y afférant ; il a reçu les mêmes faveurs et les
mêmes attributions de la reine Ahmes, l'épouse de Thoutmosis 1er. Tous les
personnages cités sont donnés comme défunts, la stèle est donc postérieure
à la mort de Thoutmosis 1er ; par ailleurs, la forme du signe i^h et divers
critères stylistiques amènent à la situer sous le règne de Thoutmosis III.
Nous ne suivons pas Vandersleyen quand il propose une date encore plus
tardive (59) : Iouf a connu Ahhotep d'après les indications du texte et, même
s'il était tout jeune au moment où la reine l'a nommé à son service, il ne peut
guère s'être écoulé plus de cinquante ans entre cet événement et la mort de
Iouf; or , la dernière date connue pour Ahhotep est l'an 10 d'Amenophis 1er
(1541, dans la chronologie de E. Wente et C. Van Siclen III) (60), même si
on lui accorde encore cinq ans de vie, on reste pour la mort d'Iouf dans la
première moitié du règne de Thoutmosis III ( - 1541 - 5 - 50 = - 1486). On ne
voit pas que la stèle ait été postérieure à la mort d'Iouf puisque son nom
n'est nulle part suivi de l'épithète mj^hrw (à l'inverse de son fils
Hr-htp) . A cette date, Ahhotep était donc considérée comme Epouse du Dieu ,
mais cette attribution posthume s'explique très bien par le prestige des
grandes Epouses du Dieu du début de la dynastie, Ahmes Néfretary, Mérytamon,
Hatshepsout.

On ne peut guère tirer de conclusion des mentions de l'Epouse du Dieu

(58) PM V, 203 ; CGC 34009 = Urk. IV, 29-31.


(59) Guerres d'Amossis, p. 226.
(60) Mél. Hughes, p. 218.
- 23 -

Ahhotep sur les documents ramessides (61) et même postérieurs (62). On ne


peut pas non plus s'arrêter aux deux scarabées qui mentionnent "]&£ (63),
La forme des signes est évidemment celle du début de la I8e ^? s,c
dynastie mais pas nécessairement des toutes premières années : il peut donc s'
agir d'un document posthume.

Même dans les textes ultérieurs, le titre Epouse du Dieu reste en


définitive rare, on lui préfère ceux d'Epouse (Grande Epouse) du Roi ou de
Mère du Roi .

§ 6 : Qui fut la première Epouse du Dieu ?

Si l'on exclut Ahhotep de la liste des Epouses du Dieu de rang royal,


il reste à savoir si aucun autre membre de la famille n'a exercé cette
fonction avant Ahmes Néfertary. Parmi les candidates possibles :

1 - Nfrw, la grand 'mère maternelle d'Ahhotep , il serait bien tentant de la


rapprocher de l'Epouse du Dieu Nfrw dont il a été question précédemment
(cf supra p. 6), mais vu la fréquence du nom, le rapprochement reste
conjectural .

2 - sSt-'lmn : on la croyait généralement fille d'Amosis et d'Ahmes Néfertary


(64) . Mais Vandersleyen a publié une stèle du Hanovre où elle est
représentée comme Fille du Roi et Epouse du Dieu, en train d'officier devant
Amon derrière le roi Amosis en l'an 18 du règne de celui-ci (65), il
suggère qu'elle pourrait être la fille , non d'Amosis mais de Kamosis (ce
qui explique qu'elle ne porte pas, dans la plupart des cas, le titre de

(61) T. Théb. A 18 = Champollion, Mon. II, 153 3 ; le relief de T. Théb.


134, attribué par Gauthier, LR II, 207 (Al) à Ahhotep, représente en
réalité Ahmes Néfertary (Gitton, AN , p. 53).
(62) Sarcophage Païfàdjar (21e dynastie) : texte reproduit par Gauthier,
LR II, 209 (8).
(63) Pétrie, Scarabs and Cylinders, pi. 24 [l8.2.44-45].
(64) Gauthier, LR II 193-194 ; Sander-Hansen, Gottesweib, p. 6 4 J ; en dernier
lieu Schmitz, Amenophis I ., p. 54-55.
(65) CdE 52 (1977), p. 223-231.
- 24 -

Soeur du Roi ) et qu'elle aurait été Epouse du Dieu avant Ahmes Néfertary
(66). De fait, les premières apparitions de la grande reine sont
pratiquement contemporaines de cette stèle et peuvent même être légèrement
postérieures : plusieurs documents à son nom sont connus avant l'évolution du
signe de la lune (pour lequel on possède un terminus ad quem : l'an 22),
mais aucun n'est sûrement daté (67). Sans discuter ici tous les présupposés
de la thèse de Vandersleyen, nous voudrions souligner que rien ne paraît
rattacher Satamon de la descendance de Kamosis. La seule fille connue dans
l'histoire s'appelle précisément Satkamose, pour la distinguer des enfants
d'Amosis avec lesquels elle a vécu. Satamon est associée dans la mémoire
des générations ultérieures avec Ahmes Néfertary et Amenophis 1er, avec
lesquels elle est représentée (68). Sans doute est-il étrange que la fille
d'Amosis et d'Ahmes Néfertary soit déjà représentée en l'an 18 en adulte
et qu'elle porte le titre d'Epouse du Dieu en l'absence de sa mère, mais
l'érection de cette stèle a pu obéir à des motifs qui nous échappent et
commémorer un événement auquel Satamon était personnellement associée (sa
promotion anticipée aux fonctions d'Epouse du Dieu, par exemple). La
représentation en adulte ne prouve pas nécessairement qu'elle avait dépassé l'enfance.
Enfin, il faut se souvenir que l'âge du mariage d'Amosis et d'Ahmes Néfertary,
déduit à la suite des travaux de Vandersleyen sur les campagnes de ce roi (69),
n'est pas à l'abri d'une remise en cause.

(66) Ibid. p. 231-237. 243.


(67) Gitton, AN, p. 7-12.
(68) Par ex. CGC 34029 qui appartient au début de la 18e dynastie (cf. la
forme du signe ich) . Le titre Soeur du Roi que Vandersleyen cherche
à écarter est néanmoins attesté (Cf. supra , p. 57 ).
(69) Vandersleyen, Guerres d'Amosis, p. 194-195 ; Gitton, AN, p. 10-12.
Aujourd'hui Vandersleyen serait disposé à faire remonter la date du
mariage plus tôt dans le règne (CdE 52 (1977), p. 234-235).
- 25 -

3 - "Ie- h-ms : Deux documents nous font connaître une Epouse du Dieu Ahmes ;
d'après la forme des signes de la lune, ils datent d'avant l'an 22 d'Amosis

a - il s'agit d'abord d'un fragment de stèle ou de statue trouvé à Drah


Abou el Neggah, aujourd'hui au musée du Caire (70). Le texte men-
rionne la présentation de dons funéraires ( G. . . df3 1 w t3 w ndm
"
n mhty) au ka de laf ^?| ^ fîj jp K=? Cl

b - Par ailleurs le Musée de Turin possède une "main d'ivoire" provenant


probablement de la nécropole thébaine, comme tant d'autres fragments
appartenant à la collection Rosellini (71). L' inscription très sobre
incisée sur le bras porte seulement : | & 1 *oJ [Jl J f A

c - on peut ajouter une stèle provenant de Deir el Bahari qui mentionne


trois personnages de la famille Ahmoside :
«( ) Toumérès, Ji) l 'Epouse du Dieu , Dame du double pays (^ \j\\ jj
et v) une autre princesse dont le nom n'est pas conservé ; la stèle
date, d'après le style, de la 19e dynastie (72).

On peut se demander s'il s'agit dans les trois cas du même personnage,
Les documents (b) et (c) comportent un cartouche à l'inverse de (a), le
document (c) étant tardif peut venir d'une erreur et se référer à la reine Ahmes,
mère d'Hatshepsout, auquel on aurait attribué le titre d'Epouse du Dieu
qu'elle n'a jamais porté.

Si l'on suppose que (a) et (b) se rapportent au même personnage, il


reste à savoir s'il s'agit d'un personnage distinct, ou s'il faut l'identifier
à Ahmes Néfertary comme l'ont proposé successivement Winlock (73) et
Vandersleyen (74). On peut citer comme argument en faveur de la seconde thèse
le fait qu' Ahmes Néfertary semble bien être appelée au moins une fois Ahmes:

(70) CGC 34159 = Northampton, Theban Necropolis, pi. 16 [3J ; p. 17 [4]


bibliographie dans PM 1/2, 608.

(71) Turin Cat. 6921 ; Bibliographie dans PM 1/2, 748.= pi. I du présent ouvrage.

(72) U.C. 8523=Stewart, Egyptian Stelae and Paintings from the Pétrie
Collection , I, pi. 45 [3 1 ; p. 56.
(73) JEA 10 (1924), p. 256.
- 26 -

si toutefois c'est bien elle qui est mentionnée parmi· -les enfants de Séqenenrê
et Ahhotep sur la statue du Louvre (75). L'absence de cartouche et du titre
d'Epouse du Roi sur le document (a) reste troublant, à moins de supposer
qu' Ahmes Néfertary aurait exercé cette fonction fort jeune, avant son
mariage avec Amosis . . .

On ne peut donc pas exclure complètement l'hypothèse selon laquelle une


autre princesse Ahmes, une de ses soeurs (mais laquelle ?),ou peut-être sa
tante, ait exercé cette charge avant elle. Ce pourrait être, par exemple, le
personnage connu comme "Ahmes fille de Tétichéri" et figurant dans une
titulature de fonctionnaire du milieu de la 18e dynastie (76). Il est vrai que
l'on ne connaît pas jusqu'ici d'Ahmes dans la génération précédant les enfants
de Séqenenrê, mais le nom existait déjà et rien n'empêche qu'il ait été porté.

Il faut reconnaître ici la limite de notre documentation qui ne nous


permet pas de savoir avec exactitude les noms de la première Epouse du Dieu
dans la famille royale. Mais cela ne change pas fondamentalement le problème:
qu'il ait été porté d'abord par Ahmes Néfertary ou par une de ses parentes,
le titre n'est jamais attesté pour les deux premières reines de la lignée, il
a donc été introduit à partir d'un certain moment dans les titulatures, parce
qu'il correspondait à une réalité nouvelle : l'exercice effectif des
fonctions du culte d'Amon par des reines ou princesses.

(74) Lettre du 30/8/67.


(75) Louvre E 15682 = Urk. IV, 11-13.
(76) M. M. A. 25.184.2. = Hayes, Scepter II, p. 11.170.
SECONDE PARTIE

LA FONCTION D'EPOUSE DU DIEU SOUS AHMES NEFERTARY


- 28 -

CHAPITRE 1 : LA STELE DE DONATION ET SA PORTEE

La première Epouse de Dieu dont on ait sûrement la trace dans l'histoire


est Ahmes Néfertary, la femme d'Amosis et la mère de la "famille nombreuse",
comme dira plus tard, non sans une note de respectueuse affection, le rituel
d'Aménophis I (1). L'importance de ce personnage dans les débuts de la
dynastie n'est plus à démontrer, nous lui avons consacré une monographie à
laquelle nous nous contenterons de renvoyer (2).

L'objet de cette partie n'est pas de retracer toute la vie de la reine


(qui connut cinq règnes, de Séqénenrê à Thoutmosis 1er), mais d'apercevoir
son rôle comme Epouse du Dieu et l'évolution qu'elle a fait subir à cette
fonction.

Le texte principal à ce sujet est certainement la "stèle de Donation"


(appelée parfois "stèle de la vie chère", à la suite d'E. Drioton) trouvée
dans le 3e Pylône de Karnak et exposée aujourd'hui au Caire (3). Bien que non
daté (le chiffre des années est effacé), ce texte est certainement un des
premiers témoins d' Ahmes Néfertary (si l'on excepte les documents mentionnant
une Epouse du Dieu Ahmes, cf. 1ère Partie, chap. 2 § 6) : en effet le signe
ich est écrit Vo> , forme qui disparait à partir de l'an 22 d'Amosis (4).
La nature de la transaction a donné lieu à des débats prolongés entre

(1) Bacchi, II Rituale di Amenhotpe I , p. 32 |_= Pap. Caire 58030 V° 5j :

( 2 ) L'Epouse du Dieu, Ahmes, Néfertary, documents sur sa vie et son culte


posthume , 2e édition, Besançon Paris, 1981.
(3) Bibliographie dans PM II, 73, avec quelques additions signalées dans AN,
p. 33, n.28 ; ajouter maintenant l'échange d'articles signalé infra, n.5.
(4) Ce critère, mis en avant par Cl. Vandersleyen, parait jusqu'à présent
ne tolérer aucune exception (Guerres d'Amosis, p. 213).
- 29 -

historiens et spécialistes du droit (5). L'interprétation d'ensemble nous


parait néanmoins claire, en dépit d'une lacune qui interrompt, à l'endroit
décisif, la logique du texte : Ahmes Néfertary, épouse du roi et mère d'un
premier héritier royal, appelé lui aussi Ahmes, cède la fonction de 2e Prophète
d'Amon qu'elle détenait jusque là et se trouve créditée par le roi d'un
certain nombre de biens qui sont désormais attachés à sa fonction d'Epouse
du Dieu et transmissibles héréditairement par elle.

On voit l'importance de ce document qui établit :


1 - que la reine était déjà en possession de la fonction d'Epouse du Dieu,
dont on ne nous précise pas la provenance (hérédité, achat ?);
2 - que cette fonction comportait, au moins à partir d'un certain moment, la
gestion d'un patrimoine mobilier et immobilier ;
3 - qu'elle est transmissible "de fils en fils et d'héritier en héritier",
ainsi que le patrimoine y afférant.

Ces trois affirmations méritent d'être reprises en détail. Tout d'abord ,


on constate que la reine est désignée constamment (dans le tableau à gauche
de la stèle et dans le corps du texte) comme "l'Epouse du Dieu, la Grande Epouse
du Roi (...) Ahmes Néfertary". Ces deux titres, apparemment sur le même plan,
sont toujours cités ensemble, sauf dans un cas, celui de l'avant-dernière
ligne du texte, où il ne subsiste plus que celui d'Epouse du Dieu . Il s'agit
là , inutile de le souligner, d'un fait tout nouveau. Jusqu'ici, 1 ' "Epouse du
Dieu" n'avait rien d'un titre dynastique, en dépit de sa ressemblance toute
extérieure avec Epouse du Roi ; désormais il entre dans le protocole des
reines, comme un élément aussi important (et même plus) que les autres (6).
On sait l'avenir de cette innovation.

(5) B. Menu : "Quelques remarques à propos de l'étude comparée de la stèle


Juridique de Karnak et de la "stèle" d'Ahmes Néfertary" , RdE 23 (1971), p. 155
-163 ; Gitton, "La Résiliation d'une fonction religieuse : nouvelle
interprétation de la Stèle de Donation d'Ahmes Néfertary", BIFAO 76 (1976),
p. 65-89 ; Menu "La stèle d'Ahmes Néfertary, son contexte historique et
juridique", BIFAO 77 (1977), p. 89-100 ; Gitton, "Nouvelles Remarques sur
la Stèle de Donatien d'Ahmes Néfertary", BIFAO 79 (1979), p. 327-331.
B. Menu persiste dans son point de vue : Recherches sur l'histoire juridique,
économique et sociale de l'ancienne Egypte , Versailles, 1982, p. 205-207. 214,
(6) Le fait qu 'Ahmes Néfertary soit la première Epouse du Dieu historiquement
attestée dans la famille royale a été remarqué par Kees, Pas alte Agypten,
p. 155 (traduction anglaise, p. 274).
- 30 -

II serait d'autant plus important de savoir l'origine de cette


attribution, mais malheureusement le texte ne nous en dit rien, pas plus qu'il ne
nous explique comment la reine a pu recevoir le sacerdoce de 2e Prophète d'Amon,
auquel elle finit d'ailleurs par renoncer. On peut, tout au plus, hasarder
l'hypothèse que le roi Amosis, soucieux de restaurer le culte d'Amon, et lui-
même absorbé par les guerres de reconquête, avait confié à sa femme des
pouvoirs exceptionnels sur le clergé et les temples de Thèbes, restaurant
à son profit l'antique fonction sacerdotale d'Epouse du Dieu et y joignant,
pour un temps, le titre, plus récent , de 2e Prophète d'Amon. Mais il faut
reconnaître qu'il ne s'agit que de suppositions.

La reine souligne sa pauvreté jusqu'à la donation que lui fait le roi.


Le titre d'Epouse du Dieu , pas plus que celui de 2e Prophète d'Amon , ne
paraît comporter de revenus fixes. Le but de la donation est donc de remédier
à cette situation, en constituant un patrimoine stable. Ce patrimoine
comporte :

1 - une maison ou plus exactement un domaine (pr) qui est peut-être identique
avec les 6 aroures de terres basses mentionnés dans la liste des biens
attribués ;
2 - des métaux précieux : or, argent en lingaux ou en objets ouvrés, cuivre
sous forme de diadèmes ;
3 - des parures (vêtements, voiles) et des onguents ;
4 - une réserve de nourriture (400 boisseaux d'orge);
5 - du personnel masculin et féminin.

Nous reviendrons ultérieurement sur le contenu de cette dotation qui nous


parait liée à la constitution de la "Maison de l'Epouse du Dieu" avec un
collège de prêtresses et des biens-fonds (7).

La clause de transmission pose un problème particulier. La forme masculine


(m si η s3 m ]»'»η îVw) est empruntée nettement au droit privé (8) et doit
17) Infra, chapitre 2.
(8) Lacau, Stèle Juridique de Karnak, p. 15 : rdî.tw t3y.i ï'<t η p3 s η
h3 w.î homme"
NN n~s3
de" ma""ns5 îwc η Iwc ("qu'on donne cette mienne fonction
ITcit" parente" HN "dlTfils en fils et d'héritier en héritier").
On remarquera que la même clause existait (et la forme masculine était
ici plus normale) pour l'imyt-pr attachée à la fonction du 2e Prophète
d'Amon, provisoirement détenue par A.N., (£.4. de la stèle).
- 31 -

s'entendre comme une libre transmission par le testataire à l'héritier de


son choix. Plus curieux est le fait que le texte prévoit la contestation
éventuelle d'un roi qui voudrait un jour annuler la donation, ses prétentions
étant par avance déclarées nulles et non avenues. Le texte prévoit donc bel
et bien que l'héritière de l'Epouse du Dieu pourrait être autre que
l'héritière au trône (9) et que l'épouse du roi régnant, ce qui ne manquerait pas
de se produire par exemple si la succession au trône au lieu de se faire
par les enfants d'Amosis et d'Ahmes Néfertary, passait dans une ligne
collatérale. Nous devrons nous en souvenir quand nous parlerons des Epouses du Dieu
ultérieures.

(9) On s'est trop habitué à considérer que le titre d'Epouse du Dieu avait
une valeur dynastique et était porteur de l'hérédité au trône. Cf Redford
(History and Chronology of the 18 th Dynasty , p. 71) : the queen (revêtue
du titre d'Epouse du Dieu) was the repositary of that power which, when
bestowed at birth upon her offspring, distinguished him from ail other
quasi-royal progeny as the rightful heir to the throne. Other royal
relatives, even the king himself, did not really figure in determining the
succession ; the queen was the heiress, and the right to the throne
passed through her. La preuve a été faite maintes et maintes fois que
l'Epouse du Dieu n'est pas nécessairement mère de l'héritier royal (LdÂ
iFj 794-795) . Êfune façon générale, il faut se garder de plaquer sur la
royauté égyptienne une logique juridique qu'elle semble avoir ignorée.
Cf. Otto, "Légitimation des Herrshens im pharaonischen Âgypten" , Saeculum
20 (1969), surtout p. 402-403 (à propos des reines).
- 32 -

CHAPITRE 2 : LE DOMAINE DE L'ÉPOUSE DE DIEU : SITUATION,


PERSONNEL/ FONCTION,

On a vu par la Stèle de Donation qu'Amosis avait gratifié sa femme d'une


maison (ou d'un temple ou d'un domaine, pr) : rdi.n.Hm.ï kd.tw n.s pr
Le mot pr ne peut guère s'appliquer ici qu'à une propriété bâtie (au moins
partiellement), à cause du verbe kd , mais cela n'exclue pas le sens plus
large de fondation (10). Il serait tentant de rapprocher ce "domaine" des 6
aroures (?) de terre basse, mentionnés un peu plus haut sur la même stèle
dans la liste des biens entrant dans le total de la compensation offerte par
le roi. Le signe qui désigne l'unité de superficie employée ^=^ est
inconnu jusqu'à présent en ce sens ; s'il s'agit bien d ' aroure , le domaine
aurait été de superficie moyenne (1,6 ha) mais nettement supérieure à celle
de l'ensemble des fondations de cette époque (11). L'indication "terre basse"
impliquerait que ce domaine était destiné à être mis en valeur par
l'agriculture, ce qui ne parait guère compatible avec l'implantation de bâtiments à
destination religieuse (12). Il faut donc sans doute écarter ce rapprochement.
Les terres étaient sans doute destinées à entretenir la fondation mais ne se
situaient pas forcément à son voisinage immédiat.

le texte n'en dit pas plus et ne permet pas de localiser la fondation


dont il s'agit ici. Néanmoins il est difficile de ne pas évoquer à ce propos
le célèbre temple Mn-St construit en faveur d'Ahmes Néfertary au nord de la

(10) Eine wirtschalftlich selbstandige Anlage (Helck, Materialien, I, p. 8).


(11) On n'a pas de mesure de l'enceinte du Temple d'Ahmes Néfertary, trop
ruiné pour que même le plan de l'édifice apparaisse clairement. Il parait
mesurer approximativement 60 m. de long sur 30 de large, d'après le plan
Carter (JEA 3 (1916), pi. 23; tentative de reconstitution de la moitié nord
dans Schmitz, Amenophis I., p,112)> soit 1800 m2. Les constructions d'Amosis
à Abydos pour lui-même et pour sa mère paraissent également très
restreintes (cf. plan : Ayrton, Abydos III, pi. 51). Pour mémoire : l'enceinte
du Ramesséum entoure une surface de près de 5 ha.
(12) Les terres basses étaient sans doute au voisinage du fleuve tandis que
le Mn-st (s'il s'agit bien de lui sur le nom de pr ) se trouve, comme
il est normal, sur le rebord de la vallée, aux confins du désert.
- 33 -

nécropole thébaine (13). Ce monument ne parait pas, malgré une hypothèse


récente (14), lié au jubilé d'Aménophis 1er ; il concerne essentiellement
le culte d'Ahmes Néfertary (15). Même si le nom d'Aménophis n'en est pas
absent, il a pu se développer autour d'un premier noyau de constructions
datant du règne d'Amosis. Les restes sont aujourd'hui trop ruinés pour que l'on
puisse vérifier cette hypothèse sur le terrain.

Mais elle est confirmée par un autre indice, la présence dans cette
région d'une "maison de l'Epouse du Dieu" (plus tard de l'Adoratrice") (16)
qui ne pourrait bien ne faire qu'un avec le domaine d'Ahmes Néfertary,
1 'Epouse du Dieu par excellence. Nous avons énuméré, en leur temps, les
textes qui militent en ce sens (17). Il convient de citer particulièrement une
stèle de la 19e dynastie (18) de provenance inconnue, dont le texte
(fragmentaire) mentionne la constitution d'un domaine sur le territoire de
Hr.î hr- 'imn , à partir des champs qui faisaient partie de la "Maison de
l'Adoratrice" :

(13) Otto, Topographie des thebanischen Gaues, p. 57 ; PM II, 422-423 ;


Helck, Materialien I, p. 87-88. En dépit de sa destination funéraire
(hwt η hh η rnpwt), le Mn-st peut parfaitement être considéré comme un
pr , cf. l 'expression c-a « (^Î^^X J ^ *—» JTTT^ iflc-a
(Allam, Hieratische Ostraka und Papyrus aus der Ramessidenzeit, pi. 121 f 4j ).
(14) Derchain , Kêmi 14 (1969), p. 17-18.
(15) Gitton , AN, p. 18-19 ; Schmitz, Amenophis I. , p. I05-II4.
(16) Wb V, 430,5 ; Helck o^c:. , p. 122-124 ; l'expression "maison de
l'Adoratrice" parait réservée aux textes administratifs en hiératique,
reflétant l'usage populaire, tandis que les documents hiéroglyphiques
(notamment les titulatures de fonctionnaires) ne connaissent (au Nouvel Empire,
au moins) que la "maison de l'Epouse du Dieu". Il existe néanmoins
quelques exceptions : statuette. Bologne n° 2113 (Kminek Szedlo, Catalogo
di Antichitg, egezie, p. 253) ; Bouriant, RT 13 (1890) , p. 52 (références
fournies par J. Yoyotte).
(17) LdX II, 796 ; Gitton AN , p. 34, n.50.
(18) Aujourd'hui New York MMA 54.185. Cf. PM II, 535. Unique publication dans
Kamal, ASAE 10 (1909), p. 153. L'importance de ce texte m'a été signalée
par J. Yoyotte qui m'a également communiqué une photographie de ce
document = pi. ix du présent travail.
- 34 -

qu'il faut sans doute traduire : "ont été donnés pour cette fondation :

1 - district (sv/Jw) àe P(3)-n-Thn- *Itn, sur les champs de [ . . .1 :


[aroures : . . . 7 ;

2 - [district de Hr Ί . î hr Îmn, sur les champs de la Maison de l'Adoratrice


aroures :[ . . . J"

On voit que la fondation, ainsi constituée a pris des terrains dans deux
régions opposées de la nécropole thébaine : le sud (Thn- *"ltn est un des noms
du palais d' Anénophis III à Malkata) (19) et le nord, puisque Hr.l-hr- -Ίΐηη
marque la frontière du nome thébain vis-à-vis de son voisin coptite (20),
son nom signife qu'il fait face au temple de Karnak (21). Nous sommes bien
bien dans la région de Gournah (22).

Un texte du même genre trouvé à Médamoud et daté du règne de Ramses III


(23) mentionne une donation en faveur du culte d'Amon et d'une statue de
Ramses III. Une partie des terres est prise : £_; qq*1 ^^^ (^ ι ^Xi'Nj ""i'm
"dans le district (sw3w) de Pr-n-t3, sur les champs de la Maison de l'Adoratrice'
L'inscription se poursuit en donnant les limites du terrain : au sud et à l'est,
la Maison de l'Adoratrice ; au nord, la Maison d'Amon, à l'ouest, la Maison du
Montou. Le texte ne nous permet pas de préciser davantage la localisation :
même si Pr-n-tJ n'est pas, semble-t-il, identifié, nous sommes sans doute dans
dans le nord de la nécropole thébaine ; le domaine de l'Epouse du Dieu figure

(19) Hayes, JNES 10 (1951) p. 97-98 ; 179-180 ; Otto, Topographie des


thebanischen Gaues, p. 69; Leahy, Excavations at Malkata and Birket-Habu
1971-1974 , p. 30 (IX).
(20) Cf. Gardiner, Onomastica II, 27f
(21) On comparera cette locution avec hft-hr-nb.s ("en face de son Seigneur")
qui désigne l'axe du temple et qui a~reçû Ta même extension, puisqu'elle
s'applique à un secteur situé sur la rive gauche de Thèbes (cf. Otto, o.c.
p. 48-49).
(22) Le Mn-st fait explicitement partie de la région appelée : Hr.î-hr- "'imn
puisque Ahmes Néfertary est dite η Hr.?(hr) ■'Imn, sur une sTèTe" r ame s s ι de
(Cambridge, Fitzwilliam Muséum Ε SS7~38,~"cT. PM~I/2, 802).
(23) Kitchen, BIFAO 73 (1973), p. 193-200, qui n'a pas reconnu le sens du
toponyme Pr-Dw3 1 .
- 35 -

trois fois comme un repère bien établi, malheureusement, il est difficile de


préciser le sens de l'expression pr- 'Imn et pr-Mntw , sans doute des
dépendances locales des grands temples de Médinet Habou (ou de Karnak) et de Médamoud.

Un autre document, d'époque ramesside tardive, situe l'intronisation de


l'Epouse du Dieu dans cette région. Il s'agit d'une scène gravée sur une des
parois de Deir el Bakhit (entre Drah Abou el Neggah et Gournah) et qui devait
représenter une sortie de la barque d'Amon. Le texte inscrit au-dessus est daté
de Ramses VI (peut-être regravé sur un autre nom royal) (24), on nous y
explique qu'à l'occasion de "la belle fête de la Vallée, on se trouvait dans
l'Avant-Porche (wb_3) d'Amon pour établir le nom de l'Epouse du Dieu aux
mains pures d'Amonrêsonther, la Fille du Roi, la Dame du Double Pays, 1 '
Adoratrice du Dieu, Isis". On sait que l'Avant-Porche d'Amon est une expression
quasiment synonyme de Hr.i hr *Imn , puisque le territoire de Karnak était
censé s'étendre jusque sur l'autre rive du fleuve (25). Un culte local d'Amé-
nophis 1er η p_3 wb5 est bien attesté dans les parages du Mn St d'Ahmes
Néfertary (26).

Notons enfin que l'expression "à proximité de l'Epouse du Dieu"


(n s3h η Hmt-ntr) sert de point de repère dans la topographie thébaine et à
chaque fois désigne la zone la plus septentrionale (27).

On peut évidemment objecter que la maison de l'Epouse du Dieu n'est attestée


qu'à partir du milieu de la 18e dynastie (28) et surtout de l'époque ramesside

(24) LD Text , III, 101. Ce document a donné lieu à de vives discussions pour
tenter de déterminer l'identité et la date des personnages ; en dernier
lieu : Kitchen, JEA 58 (1972), p. 190-191, pour qui le nom de Ramses VI
appartient à la gravure primitive.
(25) Otto, Topographie des thebamischen Gaues, p. 48 ; Yoyotte, Les Pèlerinages
( Sources orientales, 3 ) , ρ . 41 .
(26) Otto, o.c, p. 58; Gitton, AN , p. 94 (n. 103).
(27) T. Theb. 166 = Piehl, Inscriptions hiéroglyphiques, I, pi. 99 [,κ]
(et non T.Théb. 85, comme le donne par erreur Helck, Materialien I,
p. 87) ; T. Theb. 23 = Wb Zettel (Th.Tb) 1962.
(28) On tend d'ailleurs à remonter la date des premières mentions : si le
Pap. Hermitage 1116 A ne peut être daté avec certitude du règne de Thout-
mosis III (cf. Posener, Ann . CdE , 62e année, p. 291-292), mais peut-être
d'Amenophis II ou même de Thoutmosis IV, le Pap. Louvre Ε 3226 A est, lui,
daté clairement de l'an 32 de Thoutmosis III (Megally, Recherches sur
l'économie, l'administration et la comptabilité égyptiennes à la 18e
dynastie, p. 138-140) ; l'Ostracon édité par Cerny-Gardiner, Hieratic Ostraca,
pi. 36 [2\ parait remonter à Hatshepsout. P. Vernus a trouvé une mention
du Pr-dw3"t à côté du Pr- C3 ι du Pr hmt-nswt ( ? ) , et du Pr-wrt-tinry t sur
- 36 -

et que rien ne nous indique qu'elle ait existé depuis le temps d'Ahmes Néfer-
tary, ni surtout qu'elle ait subsisté au même endroit.

Il faut remarquer d'abord que la "maison de l'Epouse du Dieu" parait


bien mentionnée du temps d'Ahmes Néfertary, s'il faut en croire le titre de
mr-pr Hmt-ntr porté par un familier d'Ahmes Néfertary : Sn-iw qui fut
•rï^1"}^ var nhfa *—* |Λ etrtet dont le sarcophage, trouvé dans la cachette
de Deir el Bahari, se rapproche par le style de celui de Râi la "nourrice",
d'Ahmes Néfertary (29). Sans doute, cet argument, à lui seul, n'est pas
suffisant : on sait que beaucoup de reines et de princesses ont des
majordomes à titre personnel et on ne pourrait ne voir ici rien de plus qu'une
fonction de ce genre : Sn-iw serait majordome de Néfertary, comme Senenmout
est majordome d'Hatshepsout, l'expression mr-pr η Hmt-ntr (ou Hmt-nswt)
n'étant alors qu'une abréviation, le titre principal valant pour le nom
propre. L'exemple d'Hatshepsout prouve que le majordome est attaché à la
fondation de la reine vivante et rien ne permet de penser qu'il ait été lié
spécialement à la Maison de l'Epouse du Dieu, même si la reine était par
ailleurs (ce qui est le cas d'Hatshepsout) Epouse du Dieu (30). Toutefois, ce
qu'il faut remarquer dans le cas de Sn-iw , c'est que le titre de mr-pr(wr) nHmt-ntr
est le seul, qu'aucun nom royal n'est mentionné par ailleurs et qu'il ne
s'agit pas forcément d'une abréviation, comme c'est le cas pour Senenmout (31).
Donc de deux choses l'une : ou bien Sn-iw est majordome du Domaine de l'Epouse
du Dieu (sous Ahmes Néfertary ou l'une de ses héritières) ou bien il est

une tablette qui date de l'an 5 de Thoutmosis III (RdE 33 (1981), p. 107).
Dès le milieu de la 18e dynastie, il s'agit d'une fondation considérable,
comme l'écrit W. Golenischeff (Les Papyrus hiératiques de l'Hermitage
impérial , p. 5-6) : 1 ' "Adoratrice de la I8e dynastie devait déjà jouir
d'une position indépendante et privilégié, puisqu'elle possédait sa
propre maison et au moins deux importants dépôts de grains, administrés
par des employés de la couronne même " .
(29) CGC 60I0I0 ; Maspero, Momies Royales , p. 539 ; PM 1/2, 659. Sur le nom,
cf. Ranke, PN I, 308, 11.
(30) Plusieurs briques estampillées au nom du "majordome de l'Epouse du Dieu
Hatshepsout" proviennent de Gournah (LD III, 25 bis £g.l.mj ), mais il
ne semble pas s'agir des ruines du Mn-St mais d'un site plus au sud,
probablement le temple bas d'Hatshepsout (PM II, 423-424 et non le temple
funéraire de Thoutmosis III, PM II, 429) ; des briques semblables ont
été trouvées jusqu'à Deir el Medineh (cf. Bruyère, Deir el Médineh
( 1935-40) II, p. 31 (3] et 37 [62] ; fig. 98).
(31) Cf Urk. IV, 398 : où Hatshepsout est mentionnée "comme fille royale aînée".
Dans les titres de Senenmout , son nom η 'apparaît pas; celui-ci est appelé
alternativement : mr-pr wr, mr-pr wr η fomt-nswt, mr-pr wr η hmt-ntr ..
- 37 -

majordome d'Ahmes Néfertary dont le domaine personnel se confond encore avec


la fondation des Epouses du Dieu (ce qui ne sera plus le cas pour les reines
suivantes). De toute façon le résultat est le même.
La "maison de l'Epouse du Dieu" n'a jamais été séparée par la postérité
du souvenir d'Ahmes Néfertary : même si elle est sans doute devenue le centre
d'activité du clergé féminin d'Amon, le support d'une fonction économique
considérable, dont le titulaire était une reine ou une princesse, elle a
continué d'être sentie comme le domaine de l'Epouse du Dieu par excellence,
c'est-à-dire Ahmes Néfertary (32). La proximité par rapport au temple
funéraire de la reine nous invite à penser que deux fondations n'en formaient
qu'une, les logements des prêtresses et des fonctionnaires occupant les
abords du temple. Et il est probable qu'il en fût ainsi dès l'origine.

La maison de l'Epouse du Dieu était donc, si notre analyse est juste ,


déjà gérée par un majordome (mr-pr ou mr-pr wr) , fonction qui prendra par la
suite une grande importance (33). Le premier titulaire en serait Sn-Jw.

La maison de l'Epouse du Dieu abritait-elle dès cette époque un collège


de prêtresses ? Nous serions tentés d'y voir l'explication des nombreuses
parures énumérées dans la Stèle de Donation, car elles pouvaient être vêtues,
commet l 'Epouse du Dieu elle-même, d'une longue robe et porter une perruque
moulée avec une résille et un bandeau. Leur nom ne nous est pas connu, mais
il ne peut s'agir des simples chanteuses (smcyt) d'Amon, celles-ci ne semblent
pas avoir constitué une catégorie permanente, le titre étant trop répandu dans
les hautes classes de la société thébaine pour désigner autre chose qu'une
participante épisodique aux fêtes d'Amon.

(32) Sur l'équation Hmt-ntr = Ahmes Néfertary, cf. AN' p. 85. Certains se sont à
juste titre demandés si Pr-dw3t (Pr-Hmt-ntr) n'était pas dans tous les cas
une abréviation de pr Hmt-ntr Vl'h-ms Nfrt-iry (Mégally, Recherches...,
p. 139), tandis que- 3'SûTrës-oonTTnuaient à~vôuloir distinguer les deux
(Helck, Materialien I, p. 123 : "Hier ist es jedoch in Einzelfàllen
unsicher, ob es sich um das pr der Gottes gemahlin handelt oder um die
Tempelanlage der Ahmes Nofretere, die auch abgekurzt nur als Gottesgemahlin
bereichnet werden kann"). On peut penser que le domaine de l'Epouse du Dieu
a été perçu comme la demeure de la reine divinisée dont l'Epouse du Dieu
l'Epouse'
(vivante) était l'incarnation. Dans certains rites se déroulant au Mn-st,
du Dieu régnante semble avoir joué le rôle d'Ahmes Néfertary pour
accueillir dans son temple le cortège d'Amon (Cf. Gitton, AN, p. 78-79).
(33) LdA. II, 796-797.801. Sur l'organisation du Pr-hmt-ntr, cf. Graefe "La
structure administrative de l'institution de ? 'Epouse Divine d'Amon"
(communication au 2e Congrès des Egyptologues) , et maintenant Untersuchungen
zur Verwajtung und Geschichte . der Institution der Gottesgemahlin des
Amun von Beginn des Neuen Reiches bis zur Spâtzeit ÇÂgyptol . Abh . 37 ) .
- 38 -

On pourrait y voir les "chanteuses de 1 ' intérieur" mentionnées beaucoup


plus tard dans les textes et qui semblent avoir été des prêtresses cloîtrées
(34).

Le personnel mis à la disposition d'Ahmes Néfertary pour la nouvelle


fondation qui lui est confiée comprend d'après la Stèle de Donation des
serviteurs hommes et femmes (hsby, hsbt, ces deux mots sont des collectifs).

La maison de l'Epouse du Dieu parait avoir été une institution encore


très modeste, comme l'indique la faiblesse des revenus qui lui sont
attachés (35). Elle assurait néanmoins à la reine le support juridique et
économique nécessaire à son action.

(34) Yoyotte, CRAIBL 1961, p. 45-51. Précédemment, on semble avoir plutôt


parlé des recluses (hnrt) d'Amon (Lefebvre, Histoire des Grands Prêtres,
p. 34), sur le titre~wTt hnrt nt 'Imn, cf infra 4e Partie.
(35) Le texte donne 400 oipé d ' orge . D'après la moyenne des rations connues
à Deir el Medineh (Janssen, Commodity Prices from the Ramesside Period,
p. 460-463), on sait qu'un ouvrier recevait oipe*
pour sa famille 4 sacs (khar) de
froment et un sac et demi d'orge. Les 400 d'orge recouvrent donc
à peu près les besoins annuels de 5 ouvriers, à condition qu'ils aient
eu par ailleurs leur ration de froment.
- 39 -

CHAPITRE 3 : ACTIVITÉ RELIGIEUSE ET ACTIVITÉ SACERDOTALE


D'AHMES NÉFERTARY.

1 - L'idée reçue selon laquelle le titre d'Epouse du Dieu serait purement


dynastique a empêché les historiens de remarquer le rôle particulier
exercé par Ahmes Néfertary dans le culte des temples. On sait que les reines
sont présentes depuis l'Ancien (36) et le Moyen Empire (37) sur les bas
reliefs à côté du roi. Mais leur rôle dans le culte n'est pas encore très net.
Elles sont représentées plus en compagnes (serrant par exemple le bras de leur
royal époux) qu'en officiantes, c'est seulement, semble-t-il, à la 18e
dynastie qu'on les voit vraiment associées aux actes rituels où le roi fait une
offrande à la divinité, il leur arrive même d'être représentées seules
devant le dieu ou la déesse parallèlement au roi, soit qu'il s'agisse d'un
doublet, signifiant que le roi et la reine accomplissent à tour de rôle un
même rite, soit que la reine remplisse des fonctions spécifiques (le jeu des
sistres devant Hathor par exemple). Mais dans tous ces cas, la reine est
représentée comme telle, vêtue des parures royales et nullement en prêtresse (38)

Or, avec Ahmes Néfertary, on connaît au moins un cas où elle est figurée
en officiante, sur le même plan que d'autres prêtres et prêtresses
"professionnels". Il s'agit d'un bloc en calcaire faisant partie d'une construction
d'Amenophis 1er dont on a retrouve plusieurs fragments, notamment dans la
cour de la cachette (39).

Ces restes de décoration nous ont conservé des scènes très originales :
la purification pour l'entrée au Temple, l'appel des dieux pour le repas du

(36) Borchardt, Das Grabdenkmal des Konigs Sahu-re, II, pi. 48.
(37) Naville , The XIth Dynasty Temple at Deir el Bahari , I, 12 [A] ; 17 ( eV
II, 11 ; Macadam, JEA 37 (1951), p. 20-21, pi. 6.
(38) Ahmes, la mère d'Hatshepsout, n' apparaît toujours qu'en second dans les
actes rituels (par exemple : Naville, Deir el Bahari I, pi. 16).
(39) Bibliographie dans PM II, 74.
- 40 -

soir et diverses scènes de conjuration. Il s'agit d'une séquence qui prenait


place sans doute au voisinage du sanctuaire de la barque, puisqu'elle est
également décrite sur des blocs de la Chapelle Rouge d'Hatshepsout (40). La
particularité de ces scènes réside dans le fait qu'y figurent des officiants
spécialisés (prêtres - hnwty et prêtresses - hnwtt, prophètes - pères
divins, prêtres JIwn-mwt . f ) , ce qui est une exception à la règle qui veut que,
dans les temples, seul le roi soit représenté en acte de culte. Les prêtresses
portent toutes une tenue archaïque faite d'une longue robe fourreau tombant
jusqu'aux chevilles, serrée à la taille (la Chapelle Rouge représente ici
deux boucles) et retenue à hauteur de la poitrine (laissée en partie nue) par
deux fortes bretelles. La tête est enveloppée d'une très courte perruque qui
moule la tête (au point qu'on pourrait se demander si le crâne n'est pas rasé)
et, qui est serrée par un bandeau (41). Des représentations peintes d'une
coiffure analogue (portée en l'occurence par des prêtres ihwy d'Hathor), laissent
apparaître comme un léger filet blanc enveloppant le crâne (42), ce pourrait
être le "voile de chevelure" mentionné dans la Stèle de donation. Dans d'autres
cas, les officiantes portent la lourde perruque tripartite qui doit avoir pu
s'adapter directement sur le crâne presque ras (43).

Dans la plupart de ces rites figure l'Epouse du Dieu, mêlée aux autres
officiants, mais toujours seule de son espèce. Il y a là la preuve absolue
qu'à la 18e dynastie, l'Epouse du Dieu jouait un rôle spécifiquement
sacerdotal, parallèlement à ses fonctions officielles à la cour (44). Pour lever
toute incertitude, on a la chance que sur le bloc d'Amenophis 1er
représentant l'accès au temple et les ablutions s'y rapportant, l'Epouse du Dieu
se trouve mentionnée non seulement par son titre (comme c'est le cas habituel-

(40) Lacau-Chevrier, Une Chapelle d'Hatshepsout à Karnak, p. 313-322 ;


326-333 .
(41) Nous les rapprochons des 67 diadèmes ( JÙ |_ J l ) énumérés dans la
Stèle de donation.
(42) Davies-Gardiner, Tomb of Amenemhet , pi. 20 ; p. 95 : "thèse later
(les prêtres ihwy) wear a white fillet around their heads" .
(43) Ainsi pour la prêtresse-hnwtt : elle est représentée chez Amenophis 1er
avec la perruque et chez Hatshepsout tête nue (ou avec le filet qui lui
moule le crâne), cf. Lacau-Chevrier, o.c. , p. 328-329. De même, la seule
représentation d'Epouse du Dieu au Moyen Empire comporte une perruque
tripartite amovible (Leide D 127 cf. supra, p. 5).
(44) Elles n'étaient pas incompatibles : Hatshepsout ne doit quitter sa parure
( cprw) d'Epouse du Dieu qu'au moment de revêtir les insignes de la royau-
tê~Tmâsculine) , cf. Texte Historique de la Chapelle Rouge 1,19-20, Lacau-
Chevrier, o.c. , p. 100.
- 41 -

lement), mais par son nom : Ahmes Néfertary. On lit : lôôj \NII3t\\ J| . (45)

Nul doute ne saurait donc subsister : sous le règne de son fils, Ahmes
Néfertary exerçait bel et bien les fonctions cultuelles d'Epouse du Dieu .
Sa vie toute entière est à réexaminer à la lumière de cette constatation.

2 - On connaît la stèle d' Abydos où Amosis fait part de sa décision de


construire un monument commémoratif à son aïeule Tétishéri (46). Ahmes
Néfertary intervient dans cette affaire d'une manière curieuse : elle n'est pas
représentée dans le cintre, mais le texte débute ex abrupto par un dialogue
familier entre Amosis et sa femme . Celui-ci évoque longuement les oeuvres de
piété déjà accomplies pour les ancêtres ; interrogé par Ahmes Néfertary, il
finit par faire part du projet qu'il a eu d'honorer Tétishéri d'une pyramide
et d'une chapelle en Abydos. Ce projet est adopté et on passe à la réalisation.
On peut ne voir là qu'un procédé littéraire (47), mais le rôle inattendu
joué par Ahmes Néfertary comme conseillère du roi peut être mis en relation
avec la place qu'elle occupe dans les constructions qui datent du règne de
son mari .
Deux carrières réouvertes dans les toutes premières années de la 18e
dynastie portent la marque d'Ahmes Néfertary. Dans celles de Bosra, près
d'Assiut, son cartouche figure seul (48). A Maâsara près de Toura, deux
stèles similaires racontent les travaux (49); dans le cintre de chacune d'elle,
le nom d'Amosis et celui de sa femme sont associés mais la titulature d'Ahmes
Néfertary est nettement plus développée que celle de son mari. Serait-ce
l'indice que les travaux d'extraction furent plus directement sous la
responsabilité de cette dernière ? On ne s'étonnerait pas qu'en ces temps troublés,
une répartition des tâches ait amené le roi à se décharger sur sa femme,

(45) Cf. Gitton, AN , p. 15-16 et reproduction en frontispice.


(46) Bibliographie, Gitton , AN , p. 13-14.
(47) Hermann, Die àgyptische Kbnigsnovelle, p. 14-15.
(48) Gitton, AN , p. 13.
(49) Ibid.
- 42 -

grande prêtresse d'Amon, du programme de reconstruction (50).

D'autre part, on possède un bon nombre de petits objets portant le nom


d'Ahmes Néfertary et qui ne sont pas des monuments de son culte posthume :
sistres ou menât pour le culte d'Hathor, coupes émai liées pour les offrandes
des produits lactés, aiguillères d'eau pour les ablutions (dont certaines
seront encore en usage sous le règne d'Hatshepsout) etc... (51).

Ce genre de pièces est généralement décoré du nom d'un roi, même si


parfois on y trouve aussi des noms de reines (52), ou de princesses (53).
En l'occurence, le nombre d'objets décorés pour Ahmes Néfertary dépasse
celui où l'on voit mentionné Amosis ou même Amenophis 1er (54). Nous serions
tenté d'y voir la trace d'une activité intense pour doter les temples d'Egypte
d'un mobilier liturgique au lendemain de la reconquête.

3 - Nous ne pouvons malheureusement tirer de conclusion plus précise. Mais les


indices convergents nous invitent à penser que la remise en route du
culte dans les temples d'Egypte après les bouleversements de la Seconde Période
Intermédiaire fut en partie l'oeuvre d'Ahmes Néfertary (sans doute aussi
celle d'Amenophis 1er, auquel la postérité attribue, à tort ou à raison,
l'instauration du Rituel divin journalier). Ce pourrait être une des raisons de son
extraordinaire célébrité posthume.

Mais ce rôle religieux est-il à mettre en relation avec ses fonctions


sacerdotales ? Le titre d'Epouse du Dieu qui revient constamment dans toutes
ses inscriptions et qui parait la définir mieux même que son union avec le roi,
a-t-il été pour quelque chose dans l'autorité qu'elle a pu exercer dans le
domaine religieux ? On peut supposer qu'il lui donnait, au moins à Thèbes et
dans les environs, un prestige certain. Il est difficile de savoir s'il a pu
jouer un rôle vis-à-vis des autres clergés.

(50) On compare, dans le même sens, le rôle de la reine mère Ahhotep dans les
premières années du règne (Vanderleyen, Guerres d'Amosis, 5e Partie).
(51) Gitton, AN , p. 28-31.
(52) Pétrie, Researches in Sinai , p. 142, fig. 148 £5J (Ahmes, mère de Thoutmosis
1er).
(53) Pétrie, o.c, figf; 148 (V) (Mérytamon), [l~] (Néfrourê).
(54) Dans le temple d'Hathor à Sérabit el Khadim les restes d'Ahmes Néfertary
(1 vase, 1 contrepoids de menât , 1 manche de sistre) se rencontrent en
nombre à peu près égal avec ceux d'Amenophis 1er (1 (?) contrepoids de Menât ,
1 manche de sistre). Le seul contrepoids de menât trouvé dans la chapelle
de la Vache Hathor à Deir el Bahari est au nom d'Ahmes Néfertary, etc..
4>

TROISIEME PARTIE

LE TITRE D'ÉPOUSE DU DIEU APRES AHMES NÉFERTARY


- 44 -

CHAPITRE 1 : LES SUCCESSEURS IMMEDIATS

§ 1 : Position du problème .

La liste des Epouses du Dieu donnée par Sander-Hansen (1) laisse


apparaître quatre noms qui peuvent prétendre à la succession d'Ahmes Néfertary
de son vivant :
n° 3 Mérytamon
n° 4 Satamon
n° 5 Satkamose
n° 6 Ahhotep II

Cette énumération a été reprise par la plupart des auteurs qui se sont
occupés des Epouses du Dieu (2). Obnubilés par l'idée que celles-ci étaient
porteuses de l'hérédité royale, ils se sont ingéniés, à la suite de Sander-
Hansen lui-même, à prouver qu'elles avaient été mariées, ou au moins fiancées,
à un roi ou à un héritier au trône : Sapaïr pour Mérytamon (3), Amenophis 1er
pour les trois autres. Quatre soeurs auraient été ainsi successivement >es
Epouses du Dieu et seule la quatrième aurait eu un enfant (une fille Ahmes
"nebta") (4), qui serait devenue à son tour Epouse du Dieu et aurait apporté
ses droits au trône à Thoutmosis 1er.

Il est évident que cette reconstitution s'effondre si l'on retire le


présupposé. Puisque le titre d'Epouse du Dieu a d'abord un rôle religieux et
économique, on comprend qu'on ait voulu le· maintenir dans la famille royale,

(1) Gottesweib, p. 6.
(2) Redford, History and Chronology of the 18 th Dynasty, p. 72 ; Tanner,
ZÀS 102 (1975), p. 51-52, qui s'efforcent de préciser l'ordre de
succession, en supposant des décès successifs frappant les enfants du couple
royal .
(3) Sander-Hansen, o.c. , p. 6, n.l.
(4) Hayes, Scepter II, p. 34 et Redford, (o.c. , p. 72 ) font d'Ahmes une autre
fille (la cinquième) d'Amosis et d'Ahmes Néfertary.
- 45 -

mais il n'y a plus lieu de chercher à tout prix à son titulaire un rattachement
avec la transmission de l'hérédité dynastique. Pour plusieurs de ces princesses,
on ne pourrait établir un mariage avec l'héritier au trône qu'au prix de
suppositions arbitraires. De plus, il semble qu'on n'ait pas assez distingué
entre plusieurs homonymes, si bien que le dossier des Epouses du Dieu de cette
époque est certainement à revoir intégralement (5). L'une est déjà
purement et simplement à supprimer, il s'agit d'Ahhotep II dont nous avons montré
ci-dessus l'inexistence . Pour Mérytamon, une étude spécifique s'impose pour
distinguer la fille d'Ahmes Néfertary et plusieurs princesses du même nom.
Pour Satkamose, il faut remettre en cause son classement parmi les enfants
d'Amosis. En revanche, Satamon, récemment étudiée par Vandersleyen et située par lui
à la génération précédente, doit pouvoir être maintenue parmi les enfants d'Amosis.
Ce n'est qu'après ce travail que l'on pourra tenter de voir comment a pu
s'opérer la transmission du titre du vivant même d'Ahmes Néfertary.

§ 2 : Satkamose .

Elle est principalement connue par une momie trouvée dans la cachette de
Deir el Bahari, dont les inscriptions, hâtivement peintes sur les linges au
moment de la réinhumation, mentionnent :
A - la Fille du Roi, la Soeur du Roi, la Grande Epouse du Roi Ahmes Satka (sic)
qu'elle vive ! (6)
B - la Fille du Roi, la Grande Epouse du Roi Ahmes Satkamose, qu'elle vive !(7)

Depuis Maspero, qui s'est le premier penché sur les restes de cette
princesse, on fait de Satkamose une fille d'Amosis et d'Ahmes Néfertary et une
soeur-épouse d'Amenophis 1er (8). Maspero arrivait à cette conclusion en se

(5) Nous reprenons ici la substance d'une étude commencée dans le cadre du
séminaire de M.J. Yoyotte en 1964-1965 (Cf. Ann. EPHE. Ve section. 73
(1965-66), p. 81-82).
(6) Momies Royales, p. 541, fig. 11.

(7) Ibid., fig> 12.


(8) Ibid. , p. 542 et 623.
46 -

fondant sur l'élément Ahmes qui figure dans le second cartouche et qui
paraissait caractéristique des enfants d'Amosis et également sur la présence de
Satkamose sur une stèle du British Muséum derrière Amenophis 1er et Ahmes
Néfertary (9). Il interprétait le nom : "(petite) fille de Kamosis", car,
pour lui, Ahmes Néfertary était fille de ce prince. Les auteurs ultérieurs
n'ont pas retenu cette explication mais ont gardé le schéma de parenté de
Satkamose en faisant d'elle une fille d'Amosis et une épouse d'Amenophis 1er
(10), sans s'apercevoir que son nom devenait incompréhensible.

La première remise en cause semble venir de Smith et Dawson qui, en


étudiant la momie de Satkamose, soulignait son étroite parenté, quant à la
technique de momification, avec celle d'Amosis, ils faisaient de la princesse, un
peu rapidement, sa soeur aînée (11). Depuis , R. Redford (12), F.J. Schmitz
(13), Cl. Vandersleyen (14) sont revenus sur les hypothèses tacitement
admises jusque là : Satkamose n'avait sans doute pas vécu assez longtemps pour
être une épouse d'Amenophis 1er ; d'autre part son nom semblait indiquer une
filiation effective par rapport à Kamosis ; née pendant le règne assez bref
de celui-ci, elle serait morte, âgée d'à peu près trente ans, sous le règne
d'Amosis. D'ailleurs le seul objet contemporain qu'ont ait à son nom : une
plaque ovale, aujourd'hui à l'University Collège, la mentionne en compagnie
d'Amosis (15). Les documents du culte posthume, comme la stèle du British

(9) BM 355 (297), cf. Hieroglyphic Texts from Egyptian Stelae etc... VI, 33.
Cette stèle provient d'Abydos (PM V, 96), elle est d'abord entrée dans
la collection Sait.
(10) Pétrie, History of Egypt II, p. 34 ; Gauthier, LR II, 194-195 ; Buttles,
Queens of Egypt, 72-73 ; Sander-Hansen, o.c, p. 6 {5^ .
(11) Egyptian Mummies, p. 90-91.
(12) o.c, p. 41, n.62 ; p. 72, n.79 .
(13) Amenophis I . , p. 50-51.
(14) CdE 52 (1977), p. 241-242.
(15) Newberry, Scarabs pi. 26 [7] ; Pétrie, Scarabs and Cylinders, pi. 24
G 18.2.52] . C'est par erreur que dans AN 37, n.lll, nous parlions d'un
scarabée du Louvre. L'inscription, il est vrai, ne porte pas le nom de
Satkamose en entier mais le a qui figure en haut à droite et les traces
de pattes d'oiseau au rebord de la cassure suffisent à rendre cette
restitution certaine.
- 47 -

Muséum (16), ou encore la liste de Khabekhnet (17) ne peuvent être invoqués


pour rapprocher Satkamose d'Aménophis 1er ; on a déjà vu, à propos d'Ahhotep
(18), qu'il ne fallait pas attribuer une valeur généalogique stricte à ces
regroupements de la mémoire populaire. Quand à l'élément Ahmes, qu'on trouve
sur une des inscriptions de la momie (et seulement là) , il est certes
troublant, d'autant plus que dans les textes de la 21e dynastie figurant sur les
momies, il est le plus souvent omis devant des noms qui anciennement le
comportaient (comme Ahmes Mêrytamon), mais on ne peut tirer plus d'information
de cet exemple unique, en tout cas il n'infirme rien, car en dépit de la
conclusion proposée par Vandersleyen, il ne semble pas que les noms en Ahmes soient
l'apanage exclusif de la génération des enfants de Séqenenrê (19).

(16) Cf. supra n.9.


(17) La liste de Khabekhnet (LD III, 2a = Xgyptische Inschriften Berlin, II,
190-2) mentionne (2e rangée, 10e personnage) une hmt-ntr nbt tjwy
K_5 -ms ^jQh.tî. Le nom des K_5 -ms dans un cartouche ne ïïeTigTTe" evTdSTnfflCnt
pas le roi (mentionné d'ailleurs plus haut dans la même liste, en. 11,4).
Gauthier (LR II, 167 XIV ) a voulu en faire une hypothétique reine
Kamosis, épouse du roi du même nom, connue seulement par ce document.
Daressy (Recueil Champollion, Paris 1922, p. 244) a cru à une mauvaise
transcription hiératique de deux signes qu'il faudrait lire w*JÎJ
tandis qu'il voyait (p. 287) le nom de Satkamose dans un cartouche,
aujourd'hui complètement endommagé, de la rangée supérieure (I, 10) :
Τ* C^^flv >J 5 à ce même endroit, la liste d'Ankerkhâouy (1,7)
a aussi une lacune où il lisait Satkamose. Cette restitution qui est
également supposée par Maspero (Momies Royales, p. 617) et par Gauthier
(LR II, 195), se fonde-t-elle sur une copie existante ? Les reproductions
les plus anciennes de la liste de Khabekhnet que nous avons pu consulter
(Burton, Excerpta Hieroglyphica II, pi. 35 ; Prisse, Monuments , pi. 3 ;
Wilkinson, MSS V , 115 ; Champollion, ND I, p. 866; Lepsius, Auswahl ,
pi. 11) donnent déjà une lacune à cet endroit. Une autre liste moins
connue, celle à'*Lr-à$ -nn (T.Théb. 306, cf. PM 1/1 , p. 384 C5.H] )
mentionne Satkamose~ënfre 3ëux autres reines : Sat-iâh (?) et Sent-Seneb,
son nom Γ"3£^ΠΐΡ^ est parfaitement net sur la photographie
(n° 34949) qui nous a été aimablement communiquée par le musée de
Philadelphie.
11.
(19) Deux exceptions notables semblent limiter la portée de cette conclusion
trop générale : le fils aîné d'Amosis et d1 Ahmes Néfertary et l'épouse
de Thoutmosis 1er, tous les deux appelés Ahmes. Même remarque chez
Lana Troy, GM 50 (1981), p. 83.
- 48 -

Reste le seul argument que l'on peut opposer à cette identification :


le titre Soeur du Roi qui figure une fois sur la momie. De quel roi peut-
elle être la soeur, puisque Kamosis n'a pas eu de successeur dans sa lignée
directe ? On peut évidemment écarter cette mention comme isolée et tardive.
On peut aussi tenter de rattacher ce titre, comme c'est le cas pour la reine
Ahmes, femme de Toutmosis 1er (20), à sa fonction d'Epouse Royale, "soeur"
valant ici pour épouse (21).

De quel roi Satkamose a-t-elle été l'épouse ? Ce titre lui est en effet
donné deux fois : sur les inscriptions des bandelettes et sur une stèle rames-
side (22). Il est inconnu des textes plus anciens, mais on ne peut a priori
le refuser. Le seul roi qu'elle puisse avoir épousé paraît être Amosis (23),
qui aurait eu au moins deux épouses principales, Ahmes Néfertary et (Ahmes)
Satkamose (24).

Satkamose fut-elle Epouse du Dieu ? C'est le titre qui lui est le


plus anciennement attribué : sur la stèle du British Muséum qui date, semble-
t-il, de la première moitié de la 18e dynastie (25). Il se retrouve également
plus tard , dans la liste de Khâbekhnet (26). Mais aucun document
contemporain, là encore, ne vient confirmer cette indication, qui est absente, par
ailleurs, des inscriptions de la momie. A supposer qu'elle soit authentique,
il faudrait se demander si Satkamose exerça cette charge avant, pendant ou

(20) Naville, Deir el Bahari I, pi. 16 et 164.


(21) B. Schmitz, CdE 53 (1978), p. 217-218.
(22) Trouvée dans la salle hypostyle du Ramesséum : Daressy, RT 22 (1900),
142 [173] :«fefW)|
lit.
(23) Elle apparaît au revers d'Amosis sur la plaque de l'University Collège
(supra , n.15), en une position qui est souvent celle des reines.
(24) Sans parler de l'éventualité d'Inhâpi, cf. supra , p. 18-19.
(25) La stèle ne peut pas être antérieure au début du règne de Thoutmosis III
à cause de la forme du signe Ie- h (ici représenté couché :£ ).
Il se pourrait que cette stèle, malgré l'archaïsme de certaines graphies,
soit bien postérieure et puisse être située sous Ramses II, en effet
son propriétaire, * Imn-mn , pourrait être identique au gardien du trésor
d'Amon, sous le Grand Prêtre d 'Amon Rome Roy , portant le même nom et
qui nous est connu par la stèle Leide V 8 (Boeser, Beschrijving VI, pi. 24
[43J ); les deux stèles révèlent plus d'une analogie, dans la disposition
des personnages notamment.
(26) Voir ci-dessus, n.17.
- 49 -

après Néfertary. Tout dépend de la date de sa mort. Ahmes Néfertary, qui devait
être légèrement plus âgée que Satkamose, semble apparaître à la fin de la
deuxième décade du règne d'Amosis (27), à une époque où Satkamose avait
sûrement plus de vingt ans, elles ont dû se partager les faveurs du roi jusqu'à
la mort de Satkamose qui survint dans la troisième décade du règne.
L'antériorité de l'une des deux reines est donc difficile à établir. Mais il reste la
possibilité que le titre ait été conféré à Satkamose à titre posthume, comme
ce fut le cas pour Ahhotep .

On sait que le culte de Satkamose s'est maintenu assez longtemps et qu'elle


avait notamment une fondation à Thèbes qui était encore approvisionnée au
milieu de la 18e dynastie (28), avec un majordome spécialement attaché à sa
maison (29). Tout cela, comme pour Ahhotep, peut expliquer qu'elle ait été
entraînée dans le sillage d' Ahmes Néfertary et considérée elle aussi comme
Epouse de Dieu .

§ 3 : Mérytamon.

Mérytamon est un nom très répandu dans la famille royale au Nouvel Empire.
On connaît notamment, une fille de Thoutmosis III (et probablement deux) qui
portent ce nom (cf. infra.p. 78-79) et une fille de Ramses II (30).

(27) Cf. notre article, BIFAO 76 (1976), p. 82.


(28) Fragment de Papyrus, provenant d'Abousir, qui mentionne une autre
fondation de Tétishéri (cf. supra p. 14 ) : un " CK "fci» *7rfr fl] l )|
( Erman , ZA'S 38, (1900), p. 150); lecture d'après Zettel Wb "P. Kairo nr K" .
(29) Fragment d'une statue de lecteur accroupi appartenant à une collection
privée (copie communiquée par J. Yoyotte), il s'agit du mr-pr wr η s^t- nswt
K3- ms (sans cartouche). Malgré l'absence de cartouche et de l'élément
S3t ; il ne faut pas hésiter à reconnaître Satkamose, la même abréviation
figure dans l'inscription de Khâbekhnet.
(30) Gauthier, LR III, 104-105.
- 50 -

C'est néanmoins au début de la 18ème dynastie que nous ramènent les


mentions les plus anciennes de Mérytamon :

1 - une inscription hiératique sur la toile grossière enveloppant une momie


de la cachette : Fille du Roi, Soeur du Roi, Mérytamon, qu'elle vive (31).

2 - Diverses pièces trouvées dans une tombe découverte par Winlock au contact
du temple d'Hatshepsout à Deir el Bahari, tombe qui avait été deux fois pillée
dans l'antiquité, mais restaurée à époque ancienne (32).

a - Sur le couvercle du grand sarcophage anthropoïde un lit : Fille du


Roi, Soeur du Roi, Epouse du Dieu, Grande Epouse du Roi, hnmt nfr hdt, dame du
Douple Pays, Mërytamon, justifiée devant Osiris (33).

b - Sur la toile enveloppant le corps : Epouse du Dieu, Epouse du Roi,


Mérytamon, aimée d'Amon, qu'elle vive (34).

c - Sur un fragment de coffre à canopes ou de sarcophage extérieur :


Fille du Roi, Soeur du Roi, Ahmes I Mérytamorî\ (ich écrit ^=^ ) (35).

3 - On peut encore citer un fragment de meuble aujourd'hui à Florence (Inv. n° 2392),


qui appartenait probablement à un prêtre de Mérytamon, elle est appelée en l'occu-
rence "Soeur du Roi, Ahmes Mérytamon" (ich écrit .*=O (36).

(3!) CG£ 61052 ; Maspéro, Momies Royales, p. 539-540


(32) Winlock, The Tomb of Que en Meryetamûn
(33) Ibid. p. 20, Voir aussi Lindblad, Royal Sculpture of the Early 18th Dynasty,
p. 30-31.
(34) Ibid. p. 11
(35) Ibid. p. 23-24. Ce fragment a été trouvé à 20 mètres du puits funéraire, mais
il s'emboîte avec d'autres fragments trouvés dans la chambre sépulcrale,
Winlock (o.c. p. 24, n.13) réfute l'hypothèse envisagée un instant que ces
fragments viendraient de la Tombe de Toumeres, 800 mètres plus haut, et qu'ils
auraient été utilisés par les voleurs ou les restaurateurs de la tombe.
(36) Schiaparelli, Museo Archeologico di Firenze, p. 283 (n° 1564) ; photo à présent
dans C. Blanckenberg-van Delden, GM 61 (1983), p. 13-16, fig. 1. Ce dernier
article a montré que la restitution de Winlock (o_.ç_. p. 65) n'est pas la seule
possible et que le document peut être attribué au matériel funéraire de la
reine.: au lieu de lire [hm - ntr tpyl η snt- nswt, on pourait restituer [n kij
η snt-nswt. Néanmoins la présence d'un "^ après la cartouche fait penser à Mh
rotSnf comme second prophète d'Amonet et premier prophète de Mërytamon (Dareeey,
Recueil de C6nès funéraires, p. 279 023 » Hayes, Scepter II, 54).
- 51 -

4-11 existe sans doute une statuette de la Fille du Roi, Soeur du Roi, Epouse
du Dieu, Ahmes Mërytamon, trouvée avec un colosse d'Araénophis 1er devant le 8ème
pylône de Karnak, représentée conjointement avec Satamon (37). Les inscriptions
gravées sur les deux côtés du socle sont les suivantes d'après les derniers
examens :

β 1 2 Cte .^J
ru»

La présence du (\ au début du nom rend impossible la lecture (Ahmes)


Nëfertary. Il est vraisemblable qu'en (A), aussi bien qu'en (B), le premier
élément à lire soit le nom du dieu A non, martelé à l'époque amarnienne.
C. Blanckenberg croit voir sur la photo du nusée de Chicago un Λ*· dans le
dernier cadrât du cartouche en (Β) , ce que confirme l'empreinte prise par Cl.
Traunecker. En (B), il ne peut s'agir du même nom puisqu'il commence par Ahmes
Amon ί···Ί · La représentation en un seul personnage de deux reines pose problème
mais n'est pas insoluble. De toute façon le document n'est pas contemporain,
comme le prouvent les graphies (signe de la lune, | après |T) etc.) ; la
statuette dut être gravée sous le règne de Thoutmosis III, comme le colosse
d'Amenophis 1er auquel elle est accolée ., Tefnin, qui opte pour Mërytamon en (fl)
et Satamon en (B), pense que la partie supérieure de la statue est à chercher
dans le fragment BM93.

5 - On ne peut passer sous silence le "document Wilkinson" dont l'existence


même a été plusieurs fois contestée mais qui semble sortir définitivement de
l'ombre (37 bis). Il s'agit d'une inscription qui figurait probablement sur
un élément funéraire. On y lit :

(37) PM II, 176 [n] (qui l'attribue à Mërytamon, fille de Thoutmosis III) ;
Sethe, Pas Hatschepsut Problem, p. 11, n. 2 (Satamon) ; Barguet, Temple
d'Amon-Rê, p. 259, n. 5 (Ahmes Néfertary) ; copie inédite dans Arch. Lacau,
MSS/R^C. ,A, II, 7 ; photographie Chicago Oriental Inst. 7594 (reproduite
par C. Blanckenberg, GM 68 (1983). p. 37-4· 1), Tefnin, JEA 69 (1983) p. 10, et
Lindblad, Royal Sculpture of the Early 18 th Dynasty, p. 31-32 qui se réfèrent
à une empreinte prise par Cl. Traunecker.
(37 bis) Wilkinson, Materia Hieroglyphica, Malte 1828-30, 2ème partie, pl.V [l] ,
désormais complétée par une copie manuscrite (MSS Wilkinson V 193) reproduite
par C. Blanckenberg, GM 47 (1981), p. 15. Ce dernier auteur suppose qu'il
viendrait d'un sarcophage à cause de la formule initiale dd mdw in et des
trois graphies du nom données par Wilkinson, qui impliqueraient un texte assez
long. C'est probablement le même texte (mais avec un tm en moins) que reproduit
Lepsius, Konigsbuch (1858), pi. 23 [329 d^ . Par la "suite la titulature est
souvent citée : Maspero, Momies Royales, p. 622 ; Gauthier, LR_ II, 192 [7] ;
Sethe, Thronwirren, p. 5.
- 52 -

On connaît encore plusieurs petits objets, fragments de menât , scarabées,


plaques et perles qui datent tous, semble-t-il, du début de la dynastie et qui
mentionnent 1 'Epouse du Dieu (une fois Grande Epouse du Roi) Mërytamon (38).
Enfin, il existe plusieurs documents au nom de fonctionnaires de Mérytamon : un
prêtre funéraire, un premier prophète, un chef des troupeaux, un hrd η k3p (38 bis).

Cette documentation est-elle homogène et se rapporte-t-elle à une seule


princesse ou faut-il répartir ces documents entre plusieurs ? Diverses tentatives
ont été faites.

Winlock a voulu rattacher la tombe qu'il avait découverte et son matériel


à Mérytamon, fille de Thoutmosis III, dont il faisait, par le fait même, une épouse
d'AménophisII. Mais ses arguments ont été réfutés successivement par Kees (39), Hayes
(40) et Thomas (41) ; en dernier lieu une étude de Logan et William (42) va dans
le même sens .

(38) Si l'on écarte les documents où la graphie n'est plus celle du début de la
18ème dynastie, on a deux objets à l'University Collège de Londres (Pétrie,
Scarabs and Cylinders, pi. 24 Γ18.2.48 et 49]), deux au British Muséum (Hall,
Catalogue of Egyptian Scarabs in BM, p. 47 [438 et 439}), un dans la collection
Grant (Pettie, Historical Scarabs, pi. 29 [n° 855] » Newberryi , Scarabs, pi. 26
[20), un dans la collection Amherst, puis Carnavon, devenu MMA 26.7.149
(Newberry, p_.ç_. pi. 26 [22]) ; un trouvé à Debeira en Nubie (Save-Soderbergh,
Kush 11 (1963), pi. 11 [.185 : 147 : l] ), un au Sinaï (Pétrie, Researches
in Sinai, fig.148 [4] ) ; il y en aurait encore un au Musée du Caire et un à
Arberdeen (d'après Pétrie, Scarabs and Cylinders, p. 37), mais nous n'avons pu
les vérifier.

(38 bis) Voir infra n. 53-54.

(39) 0I£ 36 (1933), p. 273-276.

(40) Scepter II, p. 53-5ft. Brunton de son c6té (ASAE 49 (1949), p. 110) apporte
plusieurs arguments pour prouver que le sarcophage trouvé dans la T. Thèb.358
est du début de la 18ême dynastie : le titre hnnt nfr hdt (qui disparait
complètement ensuite) et la forme de la ceinture tigurêe sur le cercueil.

(41) Royal Necropoleis, p. 176


(42) "The Identity of the Meritamum found by Winlock at Deir el Bahari",
Serapis 4 (1977-78), p. 23-29.
- 53 -

Tous ces auteurs ont montré :

1) Les ressemblances incontestables qui existent entre le matériel


funéraire et Méryt—amon à Deir el Bahari et celui des princes et princesses
des premières décennies de la 18êtne dynastie,

2) L'antériorité de la tombe trouvée par Winlock par rapport au temple


d'Hatshepsout .

On peut considérer aujourd'hui la question comme réglée : la Tombe Thébaine


358 est bien du début de la 18ème dynastie et la Merytamon qui y est enterrée
est à situer dans la parenté d'Ahmes Néfertary et d'Aménophis 1er. Mais que faire
alors de la momie de la Cachette ? Elle ne peut pas être rattachée, elle non plus,
à la fille de Thoutmosis III (43).

M. J. Yoyotte (44) a proposé la reconstitution suivante : une première


Merytamon, connue seulement par l'enveloppe de la Cachette qui lui donne les titres
de Fille et de Soeur du Roi, une seconde qui, elle, fut reine et à laquelle il
faudrait alors rapporter le reste de la documentation et notamment la tombe
découverte par Winlock.

Sans doute l'existence de deux momies n'est-elle pas la preuve absolue


de l'existence de deux Merytamon : la toile de la Cachette, inscrite sous la
21ème dynastie, peut très bien recouvrir une momie qui n'était pas originellement
celle de la princesse, c'est ce que pensait Maspero (45). Mais dans cette hypothèse,
on se demande comment on aurait conservé le nom et les titres de l'unique Merytamon,
si aucun élément de sa sépulture n'avait figuré dans le matériel réuni par les
Grands Prêtres lors de la constitution de la Cachette. Or, comment un tel élément
aurait-il pu y aboutir, puisque l'essentiel était rassemblé dans la Tombe 358 de Deir
el Bahari, restaurée indépendamment ? Il faut donc admettre deux Merytamon dans
les premiers jours de la dynastie.

(43) Malgré Logan et Williams. Le procédé d'embaumement de la momie CGC 61052 se


rapproche d'avantage du Moyen Empire que de la 18ème dynastie (Smith, Royal
Mummies, p. 6-8). De plus l'inscription ne donne que deux titres et ne laisse
pas apparaître celui d'Epouse du Dieu qui est le plus caractéristique de la
fille de Thoutmosis III.
(44) Séminaire à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, cf. Ann. EPHE, Ve section,
736,(1965-66), p. 82.
(45) Momies Royales, p. 540. Cf. aussi Pétrie, History of Egypt, II, p. 42.
- 54 -

Une autre répartition suggérée par Vandersleyen (46) nous semble beaucoup
moins fondée. Elle s'appuie sur la présence de l'élément Annie s en avant du nom,
élément qui lui parait (on le sait) caractéristique de la génération des enfants
de Séqénenrê. Il y aurait donc une première (Ahmes) Mérytamon, Fille et Soeur du Roi
et Divine Epouse qui serait propriétaire non seulement de la momie de la Cachette,
mais du fragment de Florence et de la statue de Karnak, elle serait fille de
Séqénenrê et d'Ahhotep. Une seconde Mérytamon serait, en outre, Epouse Royale, elle
serait essentiellement connue par la Tombe 358 de Deir el Bahari ; ce serait elle
qui serait fille d'Amosis. Vandersleyen bute sur le texte publié par Wilkinson (n°5),
qui mentionne une Grande Epouse du Roi, Ahmes Mërytamon. Il s'efforce d'éliminer
ce document en soutenant qu'il s'agit d'une reconstitution artificielle à partir
d'éléments pris à plusieurs inscriptions. Fais, même sans ce document, la répartition
suggérée resterait arbitraire : les noms composés sur Ahmes ne fournissent pas,
répétons-le, un indice chronologique aussi sûr que le pense Vandersleyen. La statuette
de Karnak (qu'elle soit attribuable à Mérytamon ou à Satamon) représente une
princesse appelée une fois Ahmes NN1, or, elle appartient à une époque plus récente
que le règne d'Amosis puisqu'elle est accolée au colosse d'Aménophis 1er "parachevé"
par Thoutmosis III. L'élément Ahmes n'indique donc pas, à lui seul, une place
dans la dynastie. De plus la T. Théb. 358 contient une pièce du matériel funéraire
où la présence de l'élément Ahmes devant Mérytamon est pour le poins probable (47).
La sagacité des chercheurs a continué à s'exercer sur l'énigme des deux
Mérytamon. Une contribution récente de C. Blackenberg-van Delden a remis en lumière le
document Wilkinson en rejetant au contraire la statuette de Karnak et l'inscription
de la Cachette (48), elle reprend pour le reste la distinction de Vandersleyen. On
a ainsi la répartition suivante :
Mérytamon I = Ahmes Mérytamon, fille de Séqénenrê TaS, soeur aînée d 'Ahmes
Néfertary et femme de Kamosis : documents 3, 5.
Mérytamon II = Fille d'Amosis et d 'Ahmes Néfertary, épouse d'Aménophis 1er :
documents 2 a.b, et le reste de la documentation.

(46) CdE 52 (1977), p. 239, n.5. Cf. dans un sens analogue : von Beckerath.
LdX IV, 88-90.
(47) Winlock, The Tomb of Queen Meryetamfln, p. 23-24.
148) "Ahmes Mérytamon and Ahhotep I, consort of Senakhtenre Tao I?"
GM 47 (1981) p. 15-19. L'article a été discuté, en un sens qui se rapproche
de la conclusion défendue ci-dessous, par Lana Troy, dans GM 50 (1981), p. 81
96. Ajouter la réponse de C. Blanckenberg, GM 54 (1982), p. 31-45 et 51 (1983),
p. 13-16, qui reprend la distinction entre deux Mérytamon.
- 55 -

Nous préférons donc nous en tenir, jusqu'à preuve du contraire, au


schéma de J. Yoyotte. Nous négligerons dans cette étude la première Mérytamon,
dont on ne sait pratiquement rien et qui ne fut pas Epouse du Dieu. Elle
dut mourir, si l'on retient l'authenticité de la momie de la Cachette, sous
Amosis au plus tard.

Mérytamon II, si l'on doit ainsi l'appeler, est Fille , Soeur et Epouse
du Dieu. On la considère généralement comme la fille d 'Amosis et d'Ahmes
Néfertary, la soeur et l'épouse d'Amenophis 1er. Il est vrai qu'il n'existe
pas de preuve directe de son ascendance, mais les indices suivants :
- Mérytamon vécut après l'an 22 d 'Amosis, si l'on en croit la forme du
signe lch dans tous les exemples conservés où elle s'appelle Ahmes. Son
sarcophage de type rishi , présente des fortes analogies avec celui d'Ahhotep
et d'Ahmes Néfertary;
- le nom d'Amenophis apparaît au revers d'une plaquette portant celui de
Mérytamon (49) ; la menât où figure son nom apparaît dans le même contexte
que divers objets dédiés par Ahmes Néfertary (50);
- la tradition ultérieure qui a gardé le souvenir de Mérytamon l'associe
tout spécialement à Ahmes Néfertary, Aménophis 1er et, dans un cas, à
Ahmes Sapaïr (ce qui a suffi pour voir en elle une épouse possible de ce
candidat à la royauté !) (51).
Tous ces éléments paraissent suffisants pour ratifier l'attribution
chronologique admise jusqu'ici et supposer une reine Mérytamon qui fut l'épouse
principale d'Amenophis 1er (52), auquel elle ne donna aucun héritier mâle.
(49) Pétrie, Scarabs and 'Cylinders pi. 24 [18.2.49J .
(50) Pétrie, Researches in Sine i, fig. 148 [4j ; p. 142.
(51) Les documents posthumes que l'on a tout lieu d'associer à Mérytamon II,
puisqu'ils la mentionnent dans le cadre de la "nombreuse famille", sont
tous du règne de Ramses II (cf. Appendice). La reine y est essentiellement
désignée comme Soeur du Roi (une fois Fille du Roi et une fois, mais c'est
une attribution douteuse, Grande Epouse du Roi ) . Elle a donc été perçue
par la postérité comme la Soeur par excellence.
(52) On en aurait une confirmation contemporaine si Vandersleyen a raison de
supposer que c'est Mérytamon et non Ahhotep qui était représentée
derrière Aménophis 1er et Ahmes Ncfertary sur la stèle de Kasr Ibrim (Plumley,
JEA 50 (1964), p. 4, pi. 1 Î3~\ = pi. III du présent mémoire). Resterait
à prouver que c'est bien ce nom qui figurait dans le cartouche arasé et
restitué hâtivement à la 19e dynastie avec le nom d'Ahmes Néfertary. Le
grattage amarnien visant les noms comportant l'élément Amon, Mérytamon
est assez vraisemblable (lettre Vandersleyen 24/6/81).
- 56 -

La momie de la Tombe 358 de Deir el Bahari révèle une femme d'une cinquantaine
d'années, ce qui amène à penser que, si elle est née à la fin du règne d'Amo-
sis, elle a dû survivre à son mari.

Cette reine possédait un domaine (^) (53) et un clergé funéraire


(hm-k3 et hm-ntr) (54).

Mérytamon est clairement indiquée comme Epouse du Dieu, sur divers


documents à la fois contemporains (55) et posthumes (56). On a donc là la
première attestation certaine d'une fille d'Ahmes Néfertary ayant reçu cette
fonction de sa mère. Resterait à savoir si elles ont exercé cette charge
ensemble, après la mort de Satamon , par exemple, ou si Mérytamon a succédé
à sa mère. L'âge de la momie de Deir el Bahari ne permet pas de trancher :
Mérytamon a pu mourir avant sa mère, ou lui succéder pendant quelques années
(si l'on place sa naissance avant l'an 20 d'Amosis, elle a pu vivre encore
une dizaine d'années sous le règne de Thoutmosis 1er) (57). On pourrait
s'attendre à la voir figurer avec Ahmes Néfertary, sa mère , et Ahmes, l'épouse de
Thoutmosis 1er, sur la stèle d'accession de ce dernier^ où il cherche
visiblement à affirmer sa légitimité en se rattachant à la famille d'Amosis. Or il
n'en est rien. Est-ce un indice suffisant pour en conclure qu'elle était
morte à cette date ?

§ 4 : Satamon .

Le problème de Satamon reste débattu. Nous avons déjà présenté la thèse


de Vandersleyen ( supra ,p. 23-24) qui voudrait voir en elle une fille de Kamosis,

(53) Scarabée MMA 26.7.149. On connaît un préposé aux troupeaux de Mérytamon


(fragment de relief aujourd'hui au Bridgestone Gallery of Art de Tokyo,
cf. Guy Robins GM 56 (1982), p. 81 Γ6] , et un hxd η k3p de la même princesse
(7-#~~
(ibid p. 81 ).
(54) hm-kj η Mryt, >Imn-htp (Pétrie, A Season in Egypt, pi. 21 £9) );
hm-ntr~tpy η Mryt -»Imn, Mh (Daressy, Recueil de Cônes funéraires, p. 279
T72J î Hayes, Scepter II, p. 54 = MMA 30.6.11) et peut-être hm-ntr tpy η snt-
nswt 'Ie h ms Mryt-'Imn, M-fh] (fragment de Florence, cité à la note 36,
reconstitution d'après Winlok, Tomb of Queen Meryet-Amûn, p. 65).
(55) Winlock, o.c. , p. 11.20 ; statue en avant du VIII e Pylône (cf. supra n.37);
Scarabée BM 438 (Hall); Pétrie, Historicail Scarabs pi. 24 £18.2.48 et 49].
(56) Stèle d'Hermopolis (Balcz, MDIAK 3 (1932), p. 38-39; fig. 12; Roeder, Hermopolis
1929-1930, pi. 69, fig. Κ ; p. 83. 302-303).
- 57 -

donc la situer antérieurement à Ahmes Néfertary. Sa position ne nous


paraît pas entraîner la conviction.

L'inventaire des documents connus au nom de Satamon proposé par notre


collègue belge laisse apparaître quelques lacunes : cinq scarabées (58) et la
mention, déjà citée, de Sat-méryt-Amon dans le Rituel d'Amenophis 1er (59),
précédée du titre Soeur du Roi, dont on ne sait s'il faut le rapporter à
Satamon ou à Mérytamon, dans l'hypothèse d'un conglomérat des deux noms.
La sûatue figurant devant le 8ême pylône de Karnak semble représenter en une
seule figure Satamon et Mérytamon (59 bis). Mais surtout nul ne semble tenir
compte d'une statue trouvée à Karnak dans le secteur du temple de Mut et qui
paraît représenter la déesse tenant sur ses genoux Amenophis 1er ; deux
princesses sont représentées sur les côtés du siège : à droite Ahmes Néfertary
(portant les titres d'Epouse du Dieu et de Grande Epouse du Roi, la graphie du
signe de la lune est celle de l'époque d'Amosis finissant et d'Amenophis 1er) ;
à gauche la ?^^ jî ^p· *a \A JÎ^JI ' toutes les deux sont données comme
vivantes 'nh.ti (60). Les titres les plus anciennement attribués à Satamon
sont ceux d'Epouse du Dieu et de Fille du Roi mais aussi celui de Soeur du Roi.
Ce dernier titre d_ue Vandersleyen cherche à écarter, n'est plus seulement attesté
dans la liste de Khibekhnet et (peut-être) le Rituel d'Amenophis 1er, il est
donné par un document contemporain. Quant à Epouse du Roi, on ne le trouve que
dans la séquence artificiellement réunie par Gauthier (61) à partir d'une
énumération de Maspero (62).

Le bilan est intéressant : si Satamon fut sûrement Epouse du Dieu très


tôt dans le règne d'Amosis (cf. la stèle de Hanovre), son lien de parenté

(57) PM II, 135 identifie, sans vraisemblance, Ahmes Mérytamon sur un relief
de Karnak, représentant Hatshepsout comme reine et derrière elle, une
princesse dont le nom est détruit, mais qui est donnée comme (...)
wrt mryt.f, htnt ntr n (t) *Imn. En réalité, il s'agit plus
vraisemblablement dé Né'frÔurê TcfT in"fra~pT 62-64).
(58) Vente Sotheby du 28/2/77 (ce scarabée provient de l'ancienne collection
Pitt Rivers dorset, nous n'avons pu avoir communication du texte) ; Pétrie,
Scarabs ànd Cylinders, p. 37, connaît quatre saarabées au nom de Satamon :
à l'University Collège (= pi .24 fJ8.2 ,5(|) t deux au British Muséum (436 et 437
= Hall, Catalogue et Egyptian Scarabs in BM, p. 47) ; à Paris (?)
(59) Bacchi. Il Rituale di Amenhotpe I, p. 32, f.4 ; p. 61, f.9.10.
(59 bis) supra n. 37.
(60) PM II, 261. Benson-Gourlay, The Temple of Mut in Asher, p. 297-299, pi . 1 1 .
Lindblad, Royal Sculpture of the Early 18 th Dynasty, p. 33-34.
(61) LR II, 193 [B,l] .
(62) Momies Royales, p. 621.
- 58 -

avec la grande reine est presque certain. Représentée avec elle comme
fille et soeur du roi sur une statue au nom d'Amenophis 1er, elle est
presque sûrement fille d'Amosis et d'Ahmes Néfertary. Elle a porté le titre
d'Epouse du Dieu en même temps que sa mère. Sans doute était elle-même
très jeune en l'an 18 d'Amosis (où on la voit apparaître pour la première
fois). Elle a dû exercer cette fonction seulement du vivant d'Ahmes Néfertary
et il est peu vraisemblable qu'elle lui ait survécu (ses ossements
semblent indiquer une femme entre 30 et 40 ans) (63). Ce fut sans doute la
première qui fut détentrice du titre à côté d'Ahmes Néfertary, selon les
termes de la donation : "de fils en fils et d'héritier en héritier". S'il
en était bien ainsi, nous aurions peut-être là un élément pour dater la Stèle
de Donation (au plus tard en l'an 18).

§ 5 : Conclusion.

Satkamose, contemporaine d'Ahmes Néfertary , ne fut peut-être pas


Epouse du Dieu de son vivant, Satamon le fut, mais dut mourir avant sa mère;
elle entra peut-être en possession du titre juste après que la Stèle de
Donation eut constitué le patrimoine de l'Epouse du Dieu et en eut réglementé la
transmission. Mais seule Mérytamon nous fournit à proprement parler un cas de
succession, si tant est qu'elle survécut à sa mère. Le titre lui fut sans
doute attribué à la fin de la vie de la grande reine, après la mort de Satamon.
C'est donc peut-être le premier cas de transmission matrilinéaire que nous
ayons en ce début de la 18e dynastie.

(63) Sa momie n'avait que 1,20 m de long, mais il s'agit d'un assemblage
disparate ; la taille des ossements a permis de supposer qu'elle
avait mesuré 1,50 m et qu'elle était d'un âge "moyen" (cf. Derry,
ASAE 39 (1939), p. 412).
_ 59 -

CHAPITRE 2 : DE MERYTAMON A NEFROURE

Mérytamon, épouse d'Amenophis 1er, étant morte au cours du règne de


Thoutmosis 1er, dût se poser le problème de sa succession. Il ne semble
pas qu'elle ait eu d'enfant, non seulement Thoutmosis n'est certainement pas
son fils, mais aucune princesse de cette époque ne peut être considérée comme
sa fille.

§ 1 : Ahmes.

Longtemps on a soutenu (64) que la reine Ahmes, épouse de Thoumosis 1er


et mère d'Hatshepsout, était une fille d'Amenophis 1er, ce qui permettait de
rattacheri Thoutmosis à la famille royale par un mariage avec l'unique
héritière. Cela provenait d'une double confusion : 1) la reine Ahmes était
identifiée avec la princesse Ahmes Nébetta connue par une statue du Louvre comme
fille d'Ahhotep (65); 2) on voyait dans cette Ahhotep une femme d'Amenophis
1er. L'examen de l'inscription du Louvre révèle qu'il s'agit d'un monument
datable au plus tard du règne d'Amosis et, d'autre part, l'hypothèse d'une
Ahhotep II, femme d'Amenophis 1er ne saurait être retenue. Il a donc existé
une Ahmes Nébetta, fille de Séquenenrê et d'Ahhotep, dont on sait très peu
de chose et, près de cinquante ans plus tard, une reine Ahmes (sans surnom)
dont on ignore encore l'ascendance mais qui joua un rôle considérable dans
l'accession au trône d'Hatshepsout (66).

(64) Gauthier , LR II, 211-212 [A et B^ qui distingue Ahmes et Ahmes Nébetta,


mais en fait deux filles d'Amenophis 1er. Sander-Hansen, Gottesweib
p. 6 [7~l (qui identifie Ahmes et Ahmes Nébetta).

(65) Cf. supra p-. 16.

(66) C'est la conclusion à laquelle arrive Sethe, Thronwirren, p. 5 ;


à présent : Schmitz, Amenophis I p. 61-62.
60

La documentation au sujet de cette dernière est abondante. Mais on


constate que trois titres seulement lui sont attribués : Soeur du Roi , (Grande)
Epouse du Roi , Mère du Roi . Jamais elle n'est Fille du Roi , ni Epouse du Dieu,
sans qu'on puisse attribuer cette omission aux lacunes de notre information
(67). Les documents ramessides font connaître, il est vrai, une Epouse du
Dieu Ahmes (68), mais on ne peut en aucun cas être sûr qu'il s'agit de la
même princesse (cf. supra, p.l7,e). Si l'on renonce à faire d'Ahmes une
fille d'Amenophis 1er, on peut la considérer comme sa soeur, Sethe (69) s'est
engagé dans cette voie, en rapprochant la Soeur du Roi Ahmes de la mention
de Manéthon qui, après Amenophis (1er) , place une AutcsÇ<^ «*LAt^n (70).
Thoutmosis 1er devait être à peu près de même âge qu 'Amenophis 1er puisque
dès le début de son règne, il avait un fils capable de prendre la tête des
armées (71). Donc rien ne s'oppose à ce qu'il ait épousé une soeur de son
prédécesseur. Mais comment pourrait-elle être soeur ou même demi-soeur
d'Amenophis 1er sans être fille d'Amosis ? L'absence du titre Fille de Roi
est trop constante pour être interprétée autrement que comme le signe d'une
naissance roturière. Mais surtout, nous n'avons nul indice qu'Ahmes ait
eu un règne personnel antérieur à celui de son mari . La mention de Manéthon
ne peut donc être rapportée qu'à Hatshepsout, comme on le pense aujourd'hui
(72).
Il faut donc admettre que le titre de Soeur du Roi porté par Ahmes
implique non pas un lien dynastique avec les Ahmosides, mais son rapport

(67) Sur une stèle d'Héliopolis datant de Thoutmosis II (Urk. IV, 144 ; cf.
Wildung, Festschrift Berliner âg. Muséums, p. 256-257), Ahmes et
Hatshepsout sont représentée côte à côte :
- Ahmes est Grande Epouse du Roi, Mère Royale (ce titre a été inscrit à
la place de Soeur du Roi qui était gravé primitivement);
- Hatshepsout est Fille du Roi, Soeur du Roi , Epouse duDieu Grande
Epouse du Roi .
Les mentions d'Ahmes comme Epouse du Dieu proviennent d'erreurs :
Helck, Verwaltung , p. 466 cite LD III, 43a de façon erronée (hmt-
nswt à lire au lieu d' hmt-ntr); Hall, Catalogue of Egyptian Scarabs in BM,
p. 47 [445J restitue arbitrairement hmt-ntr, là où l'on peut lire
hmt-nswt, cf. Pétrie, Nebesheh and Defenneh, pi. 8 f_43j ).
(68) Liste de Khâbekhnet = LD III, 2a ; Londres U.C. 8523 = Stewart, Stelae
and Paintines from Pétrie Collection I, pi. 45 £3T , p. 56. Sur
l'utilisation de ces mentions, cf. notre CR. de l'ouvrage de Schmitz,
Amenophis I, dans Bi . 0r_. 37 (1980), p. 318.
(69) Op. cit. p. 5 .
(70) Waddell, Manetho , fgt.50.
61

étroit avec Thoutmosis 1er, soit qu'elle soit vraiment sa soeur, fille
comme lui de Senseneb et d'un roturier, soit qu'il s'agisse d'un titre
renforçant celui d'Epouse du Roi (73). C'est donc le démenti de l'hypothèse
"légitimiste" qui voulait à toute force rattacher par les femmes Thoutmosis
la lignée précédente. Amenophis est bien mort sans héritier ni allié mâle
et son successeur, sans doute choisi antérieurement, a pu monter sur le
trône sans être lié à la famille royale. Le soutien de la vieille reine
mère, Ahmes Néfertary, au moment de son accession a peut-être facilité
les choses.

Ahmes est sûrement la mère d'Hatshepsout tandis que Thoutmosis II est


né d'une épouse secondaire, Moutnéfert. Ahmes est peut être aussi la mère
des trois autres enfants connus de Thoutmosis 1er : Amenmes (le fils
'aîné", mort probablement peu après l'accession de son père au pouvoir),
Ouadjmes et la petite princesse Néfroubity, mais on ne peut avoir aucune
certitude à ce sujet (74). Elle dut mourir à la fin du règne de Thoutmosis II
ou plus vraisemblablement sous celui d'Hatshepsout (75).

En toute hypothèse, Ahmes ne semble pas avoir eu le titre ni la réalité


de la fonction d'Epouse du Dieu, ce qui est normal si l'on considère qu'elle
n'avait aucun lien de parenté avec Mérytamon, dernière tenante du titre, ni
avec la grande ancêtre.

§ 2 : Hatshepsout.

La première reine que nous retrouvons en possession du titre d'Epouse


du Dieu est Hatshepsout.

(71) Urk. IV, 91.


(72) La durée 21 ans et 9 mois parait correspondre à ce que l'on sait du règne
personnel d'Hatshepsout.
(73) Nous suivons ici les conclusions de B. Schmitz , CdE 53 (1978), p. 217-218.
(74) B. Schmitz, art, cité, p. 219.
(75) Ahmes parait encore vivante sur la stèle Berlin 3/71 (Wildung, Festschrift
Berlin er ag. Muséums, p. 257-262, pi. 35 G?"| ) où Hatshepsout est déjà
représentée comme roi .
- 62 -

Aucun document à son nom ne date sûrement du règne de Thoutmosis 1er,


en revanche les monuments du règne de Thoutmosis II font connaître
abondamment la reine dont le protocole comporte normalement les quatre grands
titres portés déjà par Ahmes Néfertary : Fille du Roi, Soeur du Roi ,
Epouse du Dieu , Grande Epouse du Roi .

Une stèle de Berlin (77) présente Hatshepsout derrière Thoutmosis II


et la reine Ahmes, tous les trois sont indiqués comme vivants. Ahmes porte,
outre le titre de Grande Epouse du Roi , celui de Mère Royale, qui ne se comprend
pas, puisque le roi n'est pas son fils. On a remarqué depuis longtemps que ce
titre est gravé sur un snt-nswt . S'agit-il seulement, comme le veut Sethe
(78), d'une correction de forme due à un souci de retrouver une séquence
plus normale (d'habitude Soeur du Roi précède) ? Ou n'est-ce pas plutôt
une réfection datant de l'époque où Hatshepsout était devenue roi?Pour celle-ci, la
l^i^^"
titulature, en tout cas, n'a pas été modifiée, elle est ?? _^^-*
De la même époque datent, semble-t-il, divers vases destinés à un usage
votif (79), ainsi que son matériel funéraire (80). Les inscriptions donnent
à Hatshepsout la grande titulature des reines selon une séquence classique
qui remonte pour le fond au Moyen Empire (81) : rpctt wrt hswt îm^t hnwt
t^wy (ou hnwt nt tjw nbw) s$t nswt snt nswt hmt ntr hmt nswt wrt.

(76) La thèse de la corégence entre Thoutmosis 1er et Hatshepsout est au jour d'
hui généralement écartée, elle reposait seulement sur les déclarations
d'Hatshpsout soucieuse de se présenter comme l'héritière désignée de son
père (Urk. IV, 246), cf. Murnane, Ancient Egyptian Coregencies, p. 115-
116.
(77) Berlin 15699 B = Agyptische Inschriften, 11,103 = Urk. IV, 143-145,
cf. Wildung, Festschrift Berlin of Muséums, p. 255-257. D. Wildung met'
en cause la provenance héliopolitaine généralement admise et propose
Qena.
(78) Sethe, Urk. IV, p. 144, note a .
(79) 1) Un vase en albâtre du Caire (s.n°) consacré par Hatshepsout (hmt ntr
hmt nswt wrt) à la mémoire de sa mère (hmt nswt wrt) Ahmes défunfee
cTT Urk.IVT~~192-193. 2) un vase de la-UôllectiôrHd ¦ Art Oriental du
Musée Gulbenkian (n° 1380), ex. Collection d'Alnwick Castel, portant le
nom d'Hatshepsout (vivante) précédé des deux mêmes titres et de diverses
épithètes. Cf. Urk. IV, 192, reproduit dans Ratié, La reine Hatshepsout,
Sources et Problèmes, pi. 15 ; fragments de jare en albâtre trouvés
dans la tombe de la reine : Davis-Naville, The Tomb of Hatshopsîtû,
p. 110 ; Rowe, ASAE 40 (1940), p. 88-89.
(80) Carter, JEA 4 (1917), p. 115-116.
(81) Cf. Gitton, BIFAO 78 (1978), p. 389-391.
_ 63-

Le titre le plus employé est incontestablement celui d'Epouse du Dieu.


Il revient douze fois sur les textes de son sarcophage contre six pour
celui de Grande Epouse du Roi , (huit si l'on compte le simple Epouse du Roi),
quatre pour celui de Fille du Roi, quatre pour celui de Soeur du Roi .

On peut aussi dater du règne de Thoutmosis II les blocs de calcaires


trouvés à Karnak et qui représentent Hatshepsout comme reine à côté de sa
fille Néfrourê (82). La ressemblance de style avec des blocs décorés par
Thoutmosis II, l'absence de Thoutmosis III semblent assurer la date, mais,
jusqu'à présent, aucun bloc ne représente à la fois les deux membres du
couple royal (83) .Toutefois, on peut remarquer que, sur l'un d'eux Néfrourê,
appelée fille aînée du Roi (s3t nswt wrt ) est représentée devant un
personnage masculin qui ne peut être que Thoutmosis II (84). Sur ces blocs
Hatshepsout est appelée systématiquement Epouse de Dieu et une fois Main
de Dieu ; elle porte en outre plusieurs fois la titulature classique que
nous avons examinée ci-dessus (85).

Les textes du début du règne de Thoutmosis III font encore


connaître Hatshepsout comme Epouse du Dieu. Dans la biographie d'Ineni, l'accession
de la reine est même décrit ainsi : "alors sa soeur (celle de Thoutmosis II),
l'Epouse du Dieu Hatshepsout ..." (86). Dans le temple de Semné, décoré
par Thoutmosis III et Hatshepsout dans les premières années de leur règne,
Hatshepsout tout en affirmant ses prétentions politiques est encore
désignée comme Epouse du Dieu, Grande Epouse du Roi (87). Un graffito
d'Assouan (88) consacré par Senenmout à glorifier la reine et à perpétuer

(82) Photographies réunies aujourd'hui dans Arch. Lacau, Photos A XV, 5


(= Chevrier, ASAE 53 (1956), p. 40 ; pi. 22). 8.9.11.12.22 (Gitton,
art, cité, p. 391-394).
(83) Néanmoins le n° 22 donne une titulature de reine qui ne peut être que
celle d'Hatshepsout derrière un roi Qfc |f)P)l qui ne peut être que
Thoutmosis II.
(84) Le n° 11.
(85) Les n° 9 et 22.
(86) Urk. IV, 60, 1.
(87) Urk. IV,. 201 , 13-17 ; cf. sur la signification politique de ce texte,
Sethe, Hatschepsut Problem, p. 30, Schott, Zum Kronungstag der Konigin
Hatschepsut , p. 203.
(88) Urk. IV, 396 = Habachi , JNES 16 (1957), p. 92-95, fig. 3.
- 64 -

le souvenir de l'extraction d'une paire d'obélisque est sans doute un


peu plus tardif (89), il représente néanmoins Hatshepsout dans le costume des
reines et lui donne pour titre Fille du Roi, Soeur du Roi , Epouse du Dieu,
Grande Epouse du Roi ; les épithètes hnwt t^wy tm(w) et nbt t3wy sont
employées mais elles ne sont pas inconnues pour d'autres reines (90). Dans
cette période de transition qui précède l'an 7, Hatshepsout est encore
couramment désignée dans les titres de ses familiers comme Epouse du Dieu (91).

On a plusieurs indices de la transition qui devait l'amener à


renoncer à son titre sacerdotal devenu incompatible avec ses prétentions politiques.
Dans le "Texte Historique" de la Chapelle Rouge, on voit Hatshepsout,
désignée comme roi par l'oracle d'Amon alors qu'elle est dans son palais,
quitter les insignes de la fonction d'Epouse du Dieu pour revêtir les
parures royales ( sfh.tw hcv hmt-ntr, wts.s hkrw R*· ) (92). Mais l'épisode
n'est pas daté sur les blocs conservés et il peut s'agir d'une
reconstitution post-eventum , puisque l'on sait que le texte a été gravé à la fin du
règne (93). Plus sérieux peut-être, mais guère plus précis est l'indice tiré
de la variation des titres attribués respectivement à Hatshepsout et à sa
fille. Dans le graffito d'Assouan cité plus haut, Senenemout se déclare
"grand condifent de l'Epouse du Dieu et agréable à la Dame des Deux Terres",
"grand majordome de l'Epouse du Dieu et régente de tout le Double Pays", ce

(89) Habachi date le graffito du commencement du règne (avant l'an 7) et


voit (avec juste raison) dans les obélisques cités ceux de la porte de
l'Est, non ceux du 5e pylône, de Karnak.
(90) Pour hnwt t3wy tm cf. Urk. IV, 25,5 (Ahmes Néfertary); Vandersleyen,
CdE 52~??977?7 pT 240 (fin de la n.5 de la p. 239); Naville, Deir el
Bahari VI, pi. 164 (Ahmes).
(91) LD III, 25 bis [l, ml
(92) IV, 16-17 = Lacau-Chevrier, Une Chapelle d'Hatshepsout à Karnak, p. 116-
119.
(93) La décoration de la Chapelle Rouge est postérieure à la dédicace des
obélisques de Karnak en l'an 16, puisque l'événement est représenté sur
la 7e assise du monument (Lacau-Chevrier, o.c. , p. 233-234). Il faut
renoncer à identifier ce couronnement avec "l'annonce" de la royauté
par l'oracle d'Amon, épisode daté sur le même texte (VIII, 4) de
l'an 2 d'un roi non mentionné (sans doute Thoutmosis 1er, cf. Yoyotte
Kêmi 18 (1968), p. 85-91). L'hypothèse du couronnement en l'an 2 qui,
depuis S. Schott, bouleversait la chronologie du règne est donc à
écarter.
- 65 -

qui ne peut désigner qu' Hatshepsout, tandis qu'il est "grand majordome de
la Fille Royale Néfrourê" (94). Dans le texte d'une empreinte de sceau
de Senmen dont nous aurons l'occasion de reparler, le personnage exerce
des fonctions officielles au bénéfice de 1' "Epouse du Dieu Néfrourê", ou
encore de la "fille de l'Epouse du Dieu Hatshepsout" (95), donc toutes les
deux sont désignées concurremment comme Epouses du Dieu. Il n'en est plus
ainsi à l'époque visée dans la biographie d'Ahmes Pennekhbet (96). On y lit
/^Zl&lt^r^^-i0iV)~ · H est vrai que
la syntaxe n'est pas parfaitement claire. Sethe traduit : Es erwies mir auch
Gunst das Gottesweib die grosse Konigsfrau Hatschepsut (97). Mais l'ordre
des mots parait s'opposer à ce que hmt nswt wrt soit une apposition à hmt-ntr.
Nous préférerions traduire : "l'Epouse du Dieu (= Néfrourê) a renouvelle pour
moi les dons de (= que m'avait déjà faits) la Grande Epouse du Roi Makarê
(aujourd'hui) défunte". Le nom royal Makarê est évidemment le signe d'une
étape relativement avancée dans le règne (98) , mais le titre de Grande
Epouse du Dieu (s'il n'est pas un anachronisme) correspond à un temps où la
reine n'avait pas encore adopté la plénitude des titres masculins ; or, déjà,
elle avait abandonné le titre d'Epouse du Dieu au profit de sa fille.

On peut serrer de plus près la chronologie des événements grâce à des


empreintes de sceaux figurant sur deux jarres trouvées dans la tombe des
parents de Senenmout (99). Les uns portent G^\ Si *pL _ _ J , les autres
( U ? ?? J? \J ^i ' ^r' curieusement> Ie second type se rencontre sur une

(94) Urk. IV, 396, 14-16. Néfrourê pourrait bien être déjà désignée comme
Epouse du Dieu du vivant de son père : Arch. Lacau» Photos A, XV, 5;
G hmt ntr 1 n(t) Imn.
(95) LD III, 25 bis fg! = Macadam, Corpus of Egyptian Cônes, n° 120.
(96) Urk. IV, 34, 15.
(97) Sethe, Ubersetzung Urk. IV, p. 19.
(98) L'inscription d'Ahmes Pennekhbet est datée par Gauthier (ASAE 10 r
(1909), p. 196) des dernières années d'Hatshepsout. Schott (Kronungstag,
p. 217, n.73) pense qu'elle a été rédigée après sa mort puisque la
reine et sa fille sont données comme m3*~t hrw.
;99) PM 1/2, 669-670, Hayes, MDIAK 15 (1957), p. 79-81 ffig. 2, B & cJ .
66

jarre inscrite de l'an 5, tandis que la première figure sur une grande
amphore estampillée de l'an 7. Nous avons probablement là le témoignage
d'une époque de transition où les deux titulatures ont été utilisées.
L'inscription de l'an 7 est sans doute la dernière mention d'Hatshepsout
comme Epouse du Dieu (100).

De ce fait, ce titre n' apparaît plus pour Hatshepsout dans les


documents officiels ou privés après l'an 7 (101). L'Epouse Divine et Main
Divine qui est représentée sur les blocs de la Chapelle Rouge comme une
officiante anonyme (102) est sans doute Néfrourê, ou, si celle-ci était
morte à ce moment (ce qui parait vraisemblable), une prêtresse déléguée.

Hatshepsout fut donc la tenante du titre pendant tout le règne de


Thoutmosis II et le début du règne de Thoutmosis III. Elle a pu l'exercer
déjà sous le règne de son père, puisqu'elle était certainement née avant
l'arrivée au pouvoir de celui-ci (103). Il est donc possible qu'il n'y
ait pas eu d'intervalle entre Mérytamon et elle quant à l'exercice de la
fonction. Mais on ne peut en avoir la certitude. En tout cas la transmission
se fit normalement à sa fille aînée, Néfrourê.

§ 3 : Néfrourê·.

Néfrourê est sûrement la fille aînée de Thoutmosis II et d'Hatshepsout.


Elle est donnée dès le vivant de son père comme s3t-nswt wrt (104), elle
est dite fille aînée de sa mère devenue roi à son tour (105). Elle est

(100) Hayes, qui croit au couronnement d'Hatshepsout en l'an 2, s'efforce


d'expliquer cette anomalie en supposant une fondation de l'Epouse du
Dieu qui aurait survécu au changement d'attribution de la reine. Nous
n'avons plus besoin de cette hypothèse.
(101) Il reste de nombreux petits objets au nom de l'Epouse du Dieu
Hatshepsout dont la date ne peut être établie (liste dans Gauthier,
LR II, 249 L'70-743 , ajouter Pétrie, Scarabs and Cylinders, pi. 26 f_33j;
Matouk, Corpus du scarabée égyptien , I, p. 54 et 184 G?0 291.293] ; .
Hornung-Staehelin, Skarabâen... aus Basler Sammlungen, p. 235 G2251 ).
(102) Lacau-Chevrier, ce. , p. 316. 319-322. 327. 331-332 ; pi. 18-19.
(103) D'après la "légende de la jeunesse", elle était "une belle jeune fille
en pleine fleur" (Urk. IV, 246, 6-7).
_ 67 _

représentée comme une très jeune enfant sur les statues si caractéristiques
de Senenmout, son précepteur, dont on pense qu'il débuta sa carrière
sous le règne de Thoutmosis II (106). Quand elle est représentée dans le
sanctuaire de Deir el Bahari en deux scènes parallèles derrière Hatshepsout
et Thoutmosis III (107), c'est encore comme une adolescente portant la
tresse caractéristique de l' enfance, ; mais avec déjà l'uraeus et une titula-
ture très développée qui rappelle celle des reines (108) ti.JL»'^ a L*^ «2»J
T=ï*îBiï]^t^Jvi C^na^S^sur l'une des deux
scènes, sur l'autre plus simplement Ζ "Vf "xij: If /<·λ 1 1 î Ν S > . Cette
représentation date sans doute de la deuxième décennie du règne d1
Hatshepsout (109), ce qui pourrait laisser penser que Néfrourê serait née peu de
temps avant la mort de son père.

La majorité des documents qui nous font connaître Néfrourê est


constitué par des monuments des dignitaires attachés à sa personne : Senenmout dont
il a déjà été question (110) et ses deux frères Senmen (111) et Minhotep
(112), ainsi qu'un militaire en fin de carrière qui lui fut attaché : Ahmes
Pennekhbet (113). Tous sont unanimes a donner à Néfrourê deux titres seulement
ceux d'Epouse du Dieu et de Fille du Roi (ou "Grande Fille du Roi") (114).
Mais ils ne nous donnent guère d'informations à son sujet ; la plupart sont
difficiles à dater dans le règne d 'Hatshepsout, sauf la biographie d 'Ahmes
Pennekhbet qui est de l'extrême fin du règne et peut-être du début de
Thoutmosis III, mais il se réfère à une période déjà révolue où il était chargé

(104) Arch. Lacau, Photos A 15, 11 ; sur le bloc reproduit par Chevrier,
ASAE 53 (1953), pi. 22 , et Schott, o.c. , pi. 2, il faut sans doute
restituer s3t-nswt wrt mryt. f , et non hmt-nswt, non attesté pour
Néfrourê.
(105) Urk. IV, 34, 16 (s3t.s wrt), cf. aussi Chicago 173988.

(106) Les textes généralement allégués (Urk. IV, 399 et 404-405) ne


mentionnent pas explicitement Thoutmosis II, mais il semble vraisemblable que
c'est sous le règne de ce roi que Senenmout commença sa carrière civile
et militaire, cf. Schulmann, JARCE 8 (1969-70), p. 47-48 ;
Helck, Verwaltung , p. 356-357.
(107) Naville, Deir el Bahari V, p. 143 = Urk. IV, 391, 13-14 ; Naville,
o.c. , pi. 141 = Urk. IV, 392, 17. La tête de Néfrourê dans la deuxième
scène a été découpée de la paroi et se trouve aujourd'hui au City
Muséum de Dundee (Kitchen, JEA 49 (1963), p. 39 ; pi. 7 £l] ). C'est le
seul portrait conservé sur bas-relief de Néfrourê.
-68-

de Néfrourê "celle-ci étant encore une enfant au sein" (115). Les scarabées
nous font connaître un autre titre : celui de Soeur du Roi (116).

Néfrourê apparaît encore sur deux monuments officiels de sa mère :


le petit temple de Batn el Baqqera en Moyen Egypte où elle est représentée
debout devant la déesse Pakhet (117) ; elle est vêtue comme une princesse

(108) On trouve aussi dans un autre contexte hnwt t>wy (Urk. IV, 406,8),
mais le titre neinsemble pas avoir de s igniîi cation politique précise
(pas plus que celui de nbt t$wy , malgré Lana Troy, GM 50 (1981), 85).
(109) Les étapes de la décoration du temple de Deir el Bahari ne sont pas
fixées avec précisions. La plus grande partie semble avoir été achevée
en l'an 16 : Ratié, La reine Hatshepsout Sources et. Problèmes, p. 2Î3,
propose les années 13 ou 14 pour la décoration de ces reliefs.
(110) On a recensé jusqu'à 22 statues représentant Senenmout avec Néfrourê
(liste dans Jacquet-Gordon, BIFAO 71 (1971), p. 142-143, n.l). Pour
le graffito d'Assouan, cf. supra, n.88. Parmi les titres de Senenmout:
mr-pr wr η sjt-nswt Nfrw-Rc , mnc η s^t-nswt Nf rw-Rc , ît.mnc wr η sjt-
nswt hnwt t^wy hmt-ntr Nfrw-Rc.

(111) On a trouvé une statue sculptée dans le roc devant sa tombe (T. Théb.
252) et représentant Senmen assis à côté de sa femme et tenant contre
lui un petit enfant qui n'est autre que T^ Çg> JJ J^j -J- f ^1V|
Cf. Davies, PSBA 35 (1913), p. 285 ; pi. 49-52 [2J , aujourd'hui , MMA
Photo Τ 2142-2143. Un relief de sa tombe lui donne le titre *■ ) f* Va
^*~*L* j-J· Sur les cônes funéraires trouvés en relation avec sa
tombe, cf. infra , p. 71-72.
(112) Une statue cube de ce personnage a été trouvée au temple de Moût à
Karnak (auj. CGC 953), le nom Néfrourê est gravé sur les mains
croisées du personnage
(113) Urk. IV, 34, 15-17, cf. supra, p. 65 .
(114) Urk. IV, 34, 16.
(115) Urk. IV, 39, 17.
(116) Pétrie, Scarabs and Cylinders, pi. 26 J"l8.5.38j ; Hayes, Scepter II,
p. 105. Dans la plupart des cas Néfrourê est Epouse du Dieu, cf.
Pétrie , Historial Scarabs, 30 [929 334J ; Scarabs and Cylinders,
pi. 26 [18. 5.453 » Hayes» Scepter II , p. 105.

(117) Fakhri, ASAE 39 (1939), p. 709 = Helck, Historisch. biographische


Texte der 2. Zwischenzeit und 18. Dynastie, p. 120.
- 69 -

adulte avec le némes (?) et l'uraeus sur la tête, ses titres : Epouse du Dieu
et Main du Dieu . On la trouve encore sur un relief de Serabit el Khadim
au Sinaï (118), où elle est présentée devant Hathor et suivie de son majordome
Senenmout ; elle porte les hautes plumes, le némes et l'uraeus. Elle est
désignée comme Epouse du Dieu et considérée comme vivante (cnh. ti).
On a beaucoup épilogue sur la date qui figure au-dessus de la scène et qui
donne h3t-sp 11 (et non 8, comme le croyait Sethe ) (119) hr hm η suivi d'un
blanc. Depuis Gauthier (120), on s'est habitué à considérer qu'il s'agissait
d'une inscription de l'an 11 de Néfrourê, parce que son cartouche est le
seul nom royal figurant sur la stèle, mais il est évident que le nom de la
princesse sert de légende à la scène et ne termine pas l'indication lacunaire.
Pour une raison inconnue, le copiste s'est arrêté au moment d'écrire le
nom (probablement celui d' Hatshepsout) et l'inscription n'a pas été reprise.
On n'est donc pas obligé de supposer une datation propre à Néfrourê, ce qui
poserait des problèmes insolubles, ne fût-ce que celui de sa concordance
avec les années d' Hatshepsout et de Thoutmosis III (121).

On possède divers objets au nom de Néfrourê, tantôt seule, tantôt


associée à Hatshepsout (122).

La date de la mort de Néfrourê est une question débattue. Elle semble


avoir disparue à la fin du règne personnel de sa mère. L'inscription d'Ahmes
Pannekhbet la donne comme défunte (m$ct-hrw) , mais on sait la fragilité des
indices tirés de ce seul critère (Hatshepsout elle-même est considérée

(118) Pétrie, Researches in Sinai, pi. 124 ; Gardiner-Peet, Inscriptions


of Sinaï , I , pi . 58 £179] . Un fragment de menât trouvé avec ceux
d'Ahmes Néfertary et de Mérytamon, mentionne le "Dieu bon (sic),
maître de [···] Néfrourê" (Pétrie, o.c. , fig. 148 [7],p.142 ;
PM VII, 361 ) .
(119) Hatschepsut Problem, p. 16.
(120) LR II, 251 ; Hayes, CAH II/l , p. 318 ; Helck, Verwaltung, p. 363
(121) Ratié (o.c. p. 79.199) suppose que l'an 11 de Néfrourê correspond
à l'an 13 d 'Hatshepsout et Thoutmosis III, parce qu'elle croit que
c'est en l'an 2 de ces souverains qu'elle fut nommée "régente"
(hnwt T5 -Mhw Tj -Sm*") à la place d'Hatshepsout!

(122) Hayes, Scepter II, p. 105) connaît dix-huit scarabées sur lesquels
Néfrourê (appelée Fille du Roi, Soeur du Roi ou Epouse du Dieu) est
associée à Hatshepsout, quatre où elle est nommée seule (sur trois,
elle est en plus Epouse du Dieu) . Ajouter : Pétrie, Historical
Scarabs, pi. 30 £930-935"] ; Scarabs and Cylinders, pi. 26 [18.5.38.453 .
Dans la majorité des cas où elle porte un titre, c'est celui d'Epouse
du Dieu qui lui est donné.
- 70 _

comme mj^t-hrw). Mais d'autres arguments militent dans le même sens :


l'absence de toute mention de Néfrourê sur la Chapelle Ropge construite à
la fin du règne, (probablement après l'an 16 ) peut entrer en ligne de compte.
Son absence de la seconde tombe de Senenmout est également frappante (123),
or la date de la mort de ce personnage n'est pas encore connue avec
certitude, mais dut se situer entre l'an 16 et l'an 19 de la reine (124).
Vandersleyen a soulevé , il est vrai, l'hypothèse d'une survie de Néfrourê
sous le règne de Thoutmosis III. Il s'appuie sur la stèle CGC 34013 (qui
appartient au règne personnel de Thoutmosis III) et le nom d'une reine
a été arasé pour faire place à Satiâh ; Legrain (125) avait cru discerner
les traces d'un ( © ψ , ce qui ne peut guère correspondre qu'à
Néfrourê (126). Le titre d'Epouse du Dieu lui conviendrait, mais pourrait
aussi convenir à Mérytamon 111(127) et à Hatshepsout II Méryt-Rê, si l'on
pense que le signe 0 est sûr. Les indices epigraphiques qui permettraient
de trancher sont par trop faibles et nous ne pouvons pas tenir compte pour
l'instant de cet élément isolé qui contredit l'ensemble du dossier.

La tombe de Néfrourê n'a pas été sûrement identifiée (128). Seule la


découverte de son matériel funéraire permettrait peut-être de dater sa mort.

(123) II existe un scarabée au nom de Néfrourê découvert sur une momie


trouvée dans les décombres devant la tombe de Senenmout à Deir el
Bahari (Hayes, Scepter , II, p. 105).
(124) Cf. Winlock, Excavations at Deir el Bahari (1911-1931), p. 141.153 ;
Helck, Verwaltung, p. 363. La date de la mort de Senenmout a été
envisagée pour la dernière fois par Schulman. "Some Remarks on the
Alleged "Fall" of Senmout", JARCE 8 (1969-70), p. 29-48. on connaît un
Pr-Snmwt en l'an 5 de Thoutmosis III (Vernus, RdE 33 (1981 ), p. 106).
(125) ASAE 3 (1902), p. 108.
(126) Guerres d'Amosis p. 219-222. Mertz, Certain Titles, p. 91, n.3 fait la
même supposition. à propos de la stèle CGC 34015 représenta Thoutmosis
III et une Grande Epouse Royale dont le nom a été regravé en Isis
(Weigall, qui, le premier, a publié ce document, discernait un
signe û au début du nomiv cf. ASAE 7 (1906), p. 135).
(127) C'est ce que suppose Winlock, The Tomb of Queen Meryetamûn, p. 61,
n. 22).
(128) On lui a attribué la tombe 60 située à l'est de la Vallée des Singes,
à cause de la présence de son cartouche sur un bloc de calcaire trouvé
dans les parages (PM 1/2, 592), cf. Carter, JEA 4 (1917), p. 109 ;
pi. 19 ; Thomas, Royal Necropoleis, p. 192, fig. 18 ; Romer, MDIAK 32
(1976), p.. 192-193.
71

Le souvenir de Néfrourê a faiblement survécu dans la région thébaine


(129), mais on est surpris de lui voir accolé le titre d'Epouse du Roi
qu'elle n'a jamais porté de son vivant(130).

Néfrourê fut donc Epouse du Dieu pendant une bonne partie du règne
de sa mère, après un exercice conjoint avec elle. Il n'y a pas lieu de
penser qu'elle partagea cette fonction avec Hatshepsout II (Méryt-Rê) dont
rien au demeurant ne nous permet d'affirmer qu'elle fut sa soeur.
L'hypothèse se fonde sur Sethe qui avait transcrit ainsi le texte des cônes
funéraires de Senmen ( 131 ) : L~ ?■> ~~~) "1 1 Cf t « i 3

ce qui laissait croire que le même personnage avait rempli les mêmes
fonctions auprès des deux princesses du même âge, toutes deux qualifiées
d'Epouse du Dieu (132). En réalité, de meilleures copies permettent d'établir
le texte comme suit (133) : ^ .„ J <. «·—» ), l^. \\ h jj

(129) Table d'offrande ramesside de Médamoud au nom de Néfrourê, cf. PM V,


144 = Bisson de la Roque, Médamoud (1929), p. 47 [4311~j , où le titre
de la princesse (s'il y en a un) n'est pas donné. Mention sur un
papyrus comptable; de l'époque de Rames II (Gardiner, RAD , p. 23) :
hmt-nswt m^^-Hr Nfrw-Re cnh.tï, concernerait un autre personnage (épouse
)T~
de Ramses II
(130) Son mariage avec Thoutmosis III pendant le règne personnel de sa mère
a été envisagé par Schott, o.c. , p. 198. Il s'agit d'une simple
supposition au nom de la théorie de la "pureté du sang" dont on peut
se demander si elle signifiait quelque chose pour les Egyptiens de la
18e dynastie. Hayes, Scepter II, p. 105-106; et CAH, II, p. 317, met en
doute, pour la même raison, l'hypothèse selon laquelle Hatshepsout II
Mérytrê, qui fut l'épouse principale de Thoutmosis III, aurait été la
fille d 'Hatshepsout I.
(131) Urk. IV, 418, 15-16.
(132) C'est par exemple l'opinion de Davies, The Tomb of l(en-Amûn, p. 15,
n. 2.

(133) LD III, 25 bis [g 'donnait '.'. "~~ ** ι ·=■ ν. " -Π *V| voir aussi
Daressy, Recueil de Cônes funéraires , p. 275 p. 6"] ). Le texte complet
est supposé par la traduction de Davies (PSBA 33 (1913), p. 185-284)
et il figure dans l'édition de Macadam (Corpus of Egyptian Cônes,
n° 120). Davies connaît douze cônes, dont deux sont au musée de Berlin
(1536-1537), la lecture de Sethe s'appuie sans doute sur une version
défectueuse. Le premier titre ^1 β» -Αι
\« reste mystérieux.
- 72 -

La fille de l'Epouse du Dieu Hatshepsout (I) est évidemment le même


personnage que l'Epouse du Dieu Néfrourê, ce que confirme le dernier titre donné
à Senmen : c-p) >— ' f Jp·

Reste à savoir qui exerça les fonctions d'Epouse du Dieu à la fin du


règne d1 Hatshepsout et qui est représenté sur les blocs de la Chapelle
Rouge. Il faut nous résigner pour l'immédiat à l'ignorer.
CHAPITRE 3 : DE NEFROURE A MOUTEMOUIA,.

Une nouvelle série d'obscurités recouvre la suite de l'histoire


des Epouses du Dieu . A la mort d'Hatshepsout (et celle, probablement
antérieure, de Néfrourê), nulle reine ou princesse ne parait en position
d'exercer la fonction

II n'est pas sûr qu'il soit resté d'autres enfants du couple Thoutmosis-
Hatshepsout. La princesse Moutnefert représentée avec Thoutmosis II sur
une statue de Karnak (134) est appelée Fille et Soeur du Roi , ces titres
suffisent à la distinguer de la Mère du Roi qui porte le même nom. Morte
sans doute jeune, elle n'a pas, semble-t-iil , exercé la fonction d'Epouse du
Dieu.

La mère de Thoutmosis III, Isis, que rien ne rattache à la famille


royale, n'est connue que comme Mère du Roi et, une fois, sur une stèle due
à la piété filiale de celui-ci, comme Grande Epouse du Roi (135).

Trois reines ou princesses de cette époque sont habituellement


considérées comme Epouses du Dieu. Ce sont : Hatshepsout II = Mérytrê, Satiâh et
Mérytamon. Voyons ce qu'il en est pour chacune d'elle et tentons de
déterminer comment le titre a été transmis.

§ ι ; Satiâh.

Bien qu'elle figure en deuxième position dans la liste des femmes de


Thoutmosis III représentées dans son tombeau (136), Satiâh est probablement
première en date (137), en tout cas elle mourut avant Hatshepsout II Mérytrê
puisque Thoutmosis III assura son culte funéraire, en dédiant notamment

(134) Gauthier, LR II 235 ; PM II , 176 [ol.


(135) Le nom a d'ailleurs été retouché et n'est peut-être pas primitif
(CGC 34015, cf. Weigall, ASAE 7 (1906), p. 135 qui croyait voir Q
au début du nom) .
une statue à Karnak et divers monuments à Abydos (138). Rien ne permet
de voir en elle un membre de la famille royale par sa naissance. Son seul
titre est celui de Grande Epouse du Roi. Un scarabée du Caire (139) donne
une graphie curieuse : s**!*' Jk

mais on ne saurait pour autant considérer le j^) ' comme l'équivalent d'un
mal écrit et comprendre s3t-nswt S3t-*Ich;1 le Vj peut-être également une
déformation de T^ dans hmt-hswt Wrt.

Satiâh ne fut certainement pas Epouse du Dieu , le seul document qui


lui donne ce titre, est dû , on l'a vu (140), à une réfection d'époque
ramesside.Le cartouche primitif peut avoir été celui de Mérytamon,
Mérytrë ou même Néfrourê. Le souvenir de S3t-Ï'h subsista donc jusqu'à
l'époque ramesside, on le sait également par la liste des rois et reines de la
Tombe d'ir-dj-nn (141).

On ne sait si elle eut des enfants. Aménophis II est le fils d'Hatshep-


sout Mérytrê ; un premier fils du roi, Amenemhat , mort sans doute jeune,
pourrait lui être attribué, mais on n'en a pas la preuve (142). De même pour
Néfertary, connue comme une des filles du roi (143).
(136) Loret, ΒΙΕ ΙΙΙ/9 (1898), p. 36 ; pi. 6 = Urk. IV, 602, 7-9.
(137) Sa statue, associée à celle de Thoutmosis III, est représentée
dans une des scènes de T'Akhi-ménou de Karnak (PM II, 124 £436} ;
Barguet, Temple d ' Amon-Rê , p. 182). On sait que cette construction
fut élevée et décorée au début du règne personnel du roi (cf. Barguet,
o.c, p. 297).
(138) Gauthier, LR II, 272-273.
(139) CGC 36513, cf. Newberry, Scarabs , p. 129, pi. 4.
(140) Cf. supra p. 70 , il s'agit de CGC 34013.
(141) T. Théb. 306. Photographie inédite aimablement communiquée par
l'Université de Philadelphie.

(142) Urk. IV, 1262, 1-2 (il s'agit d'une inscription de 1 'Akh-ménou de
Karnak, donc du début du règne), Amenemhat est appelé s 3 -nswt wr.

(143) Urk. IV, 602, 10 ; CGC 42120.


- 75 -

§ 2 : Hatshepsout Mérytrê.

L'autre épouse principale de Thoutmosis III, que nous connaissons


mieux, est Hatshepsout-Mérytrê.

Arrêtons-nous d'abord à son nom, dont les formes varient, puisqu'elle


est tantôt désignée par le nom double (avec parfois anteposition, au moins
graphique, du premier élément) (144), tantôt simplement Mérytrê. Aucun
document portant seulement le nom d 'Hatshepsout ne peut lui être sûrement
attribué (145).

Ses monuments s'étagent sur deux règnes : celui de Thoutmosis III et


celui d'Aménophis II. Parmi les monuments contemporains du règne personnel
de Thoutmosis III, citons : la scène du tombeau de Thoutmosis III (146),
un vase d'albâtre trouvé dans la même tombe(147), la chapelle d'Hathor à
Deir el Bahari (148), la scène du petit temple de Médinet Habou (149) et,
parmi les monuments privés, une stèle de Florence (150) et la stèle tenue par
un personnage sur une statuette de la cachette de Karnak (151). Tous ces
documents lui donnent , sans exception, le titre de Grande Epouse du Roi , mais
seulement celui-là. La statuette de Nfr-prt à Karnak amplifie la titulature
en y ajoutant des épithètes laudatives : "celle qui suit son frère, le
dieu bon" ; "celle qu'aime le Maître du Double Pays, quand (il) la voit"
(152), "détentrice de faveur au dedans du Palais" , "la régente des épouses
royales" ."celle qui n'est jamais éloignée du Maître du Double Pays". Ces
titres semblent indiquer une position dominante dans le harem royal, mais la

(144) Urk. IV, 602, 16.


(145) Le scarabée de l'University Collège (Pétrie, Scarabs and cylinders,
n'a
pi. aucune
29 [18.6.150J
raison d'être
) qui porte
rattaché
^SV^ÎT^S
à l'épouse (-&*M
de Thôurmosis
" H III, plutôt
qu'à sa tanfee.
(146) Cf. supra , n.136.
(147) CGC 24941 (Daressy, Fouilles de la Vallée des Rois, p. 290) = Urk.
IV, 603.
(148) Naville, The XI th Temple at Deir el Bahari , I,pl. 28 £a] .
(149) LD III, 38 fa - bl = Urk. IV, 602, 16.
(150) Bosticco, Museo Archeologico di Firenze, le stèle Egiziane del Nuevo
Regno , pi. 26.
_ 76 _

mention du roi comme son "frère" ne suffit pas à lui attribuer une origine
royale. Les auteurs qui ont vu en elle une fille de Thoutmosis II et
d ' Hatshepsout I n'ont pu apporter le moindre indice à l'appui de leur
thèse (153).

Les monuments de la période suivante sont constitués d'abord par les


reliefs de trois tombes privées, où elle est représentée avec Aménophis II,
soit qu'elle reçoive avec lui un culte de la part d'un défunt (154), soit que
sa statue figure, avec d'autres d 'Aménophis II, parmi une vaste collection
d'objets offerts au roi à l'occasion du Nouvel An (155). Il existe aussi
un montant de porte à Karnak-Nord dédié par Aménophis II, où son nom, quoique
gratté, peut être aperçu sous celui de Tiâa (156), une canne, trouvée dans
la tombe d 'Aménophis II, mentionne le roi et la reine-mère (157) ; enfin
un scarabée donne les deux cartouches associés (158). Toutes les inscriptions
figurant sur ces divers monuments (sauf sur la tombe de Sennefer, où le
cartouche de la reine est donné sans titre) lui donnent, outre le titre de
Grande Epouse du Roi, celui de Mère du Roi , avec une fois l'addition mrt.f
"qu'il aime". Deux documents ajoutent le titre, non rencontré jusqu'ici,
d'Epouse du Dieu : la tombe de Rê donne la séquence hmt-ntr, drt-ntr et la
canne trouvée dans la tombe d 'Aménophis II met le titre hmt-ntr en position
initiale, avant ceux de hmt-nswt wrt et mwt-nswt.

(151) CGC 42121 (Legrain, Statues et Statuettes I, p. 69-71 ; pi. 71) =


Urk. IV, 603, 4-10.

(152) .Ζξ "^* ^s> «=» *&? **H~* . Le premier participe peut être actif "qui
aime le Maître du Double Pays, quand elle (le) voit", m5n.f étant
une forme possible du sdm.f perfectif. Mais l'épithète prise au sens
passif s'accorde mieux avec l'ensemble des titres donnés aux reines où
c'est l'amour qu'elles inspirent qui est mis en valeur.
(153) Partisans de cette filiation : Buttles, o.c. , p. 97 ; Gauthier LR II,
235 ; Ratié, La reine Hatshepsout, Sources et problèmes, p. 64.
Adversaires : Sethe, Hatsçhepsut Problem, p. 17 ; Hayes, Scepter II,
p. 106.128 ; Seipel, Ldfi II, 1052, s'.v. "Hatsçhepsut II".
(154) T. Théb. 72 (Rê) = PM 1/1, 142 ; LD III, 62 b = LD Text II, 258 ;
légende de la reine : Urk. IV , 1368,6.
(155) 1) T. Théb. 93 (Qenamon) : PM 1/1, 191 ; LD III, 63 a et 64 A = LD
Text III, 275 ; Urk. IV, 1392, 9 ; Davies, The Tomb of Ken-Amûn,pl. 16.
2) T. Théb. 96 (Sennefer) : PM 1/1, 198; Davies, BMMA 23 (1928),
Dec. Part. II = Egyptian Expédition 1927-1928, p. 46, fig.6.
_ 77_

Reste à mentionner, pour être complet, les documents de date


incertaine : l'inscription sur divers objets qui font partie d'un dépôt de fondation
trouvé devant une tombe non datée de la Vallée des Rois (159), un fragment
de stèle à proximité de la rampe d'accès du temple d'Hatshepsout à Deir el
Bahari (160), une barque trouvée dans le temple de Ramses IV (161) et, bien
sûr, de nombreux scarabées (162). Le sphinx du Musée Barraco à Rome, lui a
été plusieurs fois attribué sans preuve puisqu'il ne porte aucun nom de reine
(163). Aucun de ces documents ne porte de titre caractéristique.

On n'a conservé ni la tombe de la reine, ni sa momie (164).

On constate donc qu'au moins dans la documentation qui nous est


conservée, Hatshepsout II n'est connue comme Epouse du Dieu que sous le règne

(156) Barguet, Karnak-Nord IV, p. 54 ; pi. 50-51.


(157) CGC 24112, Daressy, Fouilles de la Vallée des Rois, p. 66.
(158) Mariette, Abydos II, pi. 40 fnj qui lit par erreur Nb-hjprw-R*- au
lieu de eJ-hprw-Rc .
(159) Hayes, Scepter II, p. 79.119.127.128 parle d'un "model bowl" et de
deux "model jars of alabaster" avec une inscription à 1 ' encre
mentionnant la Grande Epouse du Dieu Hatshepsout Méryt-Rê ; E. Thomas
(Royal Necropolis, p. 78-80) qui a eu accès aux carnets de fouille de
H. Carter connaît quatre objets au nom d'Hatshepsout II (n° 314-317),
mêlés à divers autres, probablement attribuables à Thoutmosis III
(mais E. Thomas propose également de lire '3~hPrw-Rc au lieu de
Mn-ljpr-Rc ). L'énigme de cette tombe (n° 42~ïïë Ta~Vallée des Rois,
ci". PM l/2; 559) reste entière, la resépulture de Sennefer
(propriétaire par ailleurs de la T. Théb. 96 où est justement représentée
Hatshepsout II) n'est probablement pas d'époque et ne peut pas servir
à dater la tombe * E. Thomas propose d'y voir un caveau préparé pour
un fils aîné de Thoutmosis III ou d'Amenophis II, mort jeune.
(160) Signalé par Leclant, Orientalia 47 (1978), p. 194 [3^ .
(161) LD Text III, 140 ; PM II, 447.
(162) Six sont publiés :
1 - Paris Louvre : Pétrie, Historical Scarabs, pi. 35 G?0 1083] =
Newberry, Scarabs , pi. 28 [353 . '
2 - Paris Louvre ("6355") : Pétrie, o.c. 35 [n° 1084] .
3 - Turin : Pétrie , ce 35 [n° 108ËTJ- = Urk. IV, 603, 16 [c~\ .
4 - Londres BM 29455 : Newberry, Scarabs , pi. 28 (^36] = Urk. IV 603,
16 [b].
5 - New York, MMA (ex collection Théodore Davies) : Hayes, Scepter II,
p. 128.
6 - Scarabée mentionné supra à la n. 158.
- 78 -

de son fils (165). Ses titres principaux restent ceux de Grande Epouse du
Roi et (sous Amenophis II) de Mère du Roi . On remarque l'absence complète
des titres Fille du Roi et Soeur du Roi . L'absence du titre d'Epouse du Dieu
dans les documents, pourtant nombreux et explicites, du règne de Thoutmosis
III pose un problème que nous essaierons dé résoudre à la fin de ce chapitre.

§ 3 : Mérytamon (III )

Le nom de Mérytamon est déjà porté, on le sait, par une princesse


du début de la dynastie, qui fut Epouse du Dieu après Ahmes Néfertary.

Une fille de Thoutmosis III porte, de toute évidence, le même nom.


Elle est connue essentiellement par une scène de la chapelle de la vache
Hathor à Deir el Dahari (166) . De part et d'autre de l'image divine, sur
les murs latéraux, Thoutmosis III est représenté avec des personnages
féminins. A gauche, il est suivi de Mérytrê (appelée Grande Epouse du Roi et
représentée en reine avec l'uraeus au front et la dépouille de vautour);
sur le mur droit,il est suivi des deux princesses coiffées de la perruque
tripartite sans uraeus, la première est donnée comme ?,,^ y t ß ? ? ? ?
\X(flSNiJ|fc2,la seconde est '#,&&£ (W^H .

(163) Sphinx
avant-dernier
féminin,lieu
très: Vandier,
souvent reproduit,
Manuel III,surpi.lequel
98 [7]consultera
; p. 300-302
en
qui donne une partie de la bibliographie antérieure. Tefnin, La statuaire
d'Hatshepsout p. 153-155 a fait justice des préjugés qui l'attribuaient à la
grande reine. Il conclut qu'il s'agit d'une épouse de Thoutmosis III,
mais ne tranche pas entre Satiâh et Hatshepsout Méryt-Rê.
(164) E. Thomas (Royal Necropoleis, p. 238) propose, avec des réserves, de
leur attribuer la momie CGC 610701 qui fut trouvée sans sarcophage
dans une pièce servant de débarras dans la tombe 35 de la Vallée des
Rois.
(165) Vandersleyen (Guerres d'Amosis, p. 221) ne connaît qu'une seule mention
d'Hatshepsout II comme Epouse du Dieu, il semble ignorer la tombe de
Rê. Le scarabée de l'University Collège, mentionné à la n.145, lui
donne aussi ce titre mais n'est sans doute pas attribuable à Hatshepsout-
Méry trê .
(166) PM II, 380 (qui donne par erreur : Ahmosi Merytamun). Naville, The
XIth Dynasty Temple at Deir el Bahari , I, pi. 27. Au j . au Caire
(JE 38574-5).
-79-

La scène semble indiquer que Mérytamon était la fille de Thoutmosis


III et de Mérytrê et soeur d'Amenophis II (déjà corégent de son père) et
qu'elle exerçait, du vivant de ses parents, la fonction d'Epouse du Dieu.
C'est sans doute une de ses soeurs qui est représentée à côté d'elle.

Aucun autre document ne peut sûrement être rattaché à cette princesse,


dont on ne sait rien par ailleurs (167). b. Gross Mertz suggère, sous toute
réserve, qu'elle pouvait avoir épousé Amenophis II et être la mère de
Moutémouia. Nous sommes là dans de pures suppositions (168).

On possède une statue d'un certain Bénermérout abritant une enfant


royale qui parait porter le même nom (sans cartouche) ^'\? "^1 t\ ^ ? £wr
(169). Bénermérout est connu comme responsable des travaux et du trésor à la
fin du règne de Thoutmosis III (170). La princesse Mérytamon pourrait être
une jeune soeur de l'Epouse du Dieu du même nom comme on le verra plus loin.

§ 4 : La statue de Houy.

Un document exceptionnel nous permet de reconstituer la succession


probable des princesses apparentées à Thoutmosis III. Il s'agit d'une statue
d'une femme conservée au British Muséum et provenant probablement de Thèbes
(171). Elle est représentée assise sur un trône cubique, avec un enfant nu
posé sur ses deux avant-bras eux-mêmes appuyés sur ses genoux, un
parallélépipède en saillie sert de support aux pieds de l'enfant (172). Le haut du

(167) Gay Robins (GM 56 (1982), p. 85 ) rattache à cette Mérytamon plusieurs


documents dont deux mentions d'un £.rd n K3p de Mérytamon).
(168) Mertz, Certain Titles, p. 132.
(169) CGC 42171 = Urk. IV, 1373-1374 [l46] .
(170) Hayes, Scepter II, p. 130 ; Shore, BMQ 34 , n° 3-4 (1970), p. 151-
153.
(171) BM 1280, inédit, cf. PM 1/2, 789. Van de Walle (CdE 85 (1968), p. 39)
date avec hésitation cette statue du milieu de la 18e dynastie, après
avoir proposé le règne d'Amenophis III. Des photographies de ce
document exceptionnel nous ont été fournies par la direction du British
Muséum que nous remercions (= pi. IV-VII du présent ouvrage).
(172) Cette position se retrouve sur deux statues de la Divine Adoratrice
Shépenoupet trouvée à Médinet Habou, dont l'une est aujourd'hui au
Louvre (E 7826, cf. Vandier, Revue du Louvre 11 (1961), p. 252, fig.9);
l'autre, anepigraphe , est restée in situ (PM II, 526). Il faudrait aussi
citer la statue d'Amenophis 1er sur les genoux de Mont, Cf.-Benson-
Gourlay, Th'e Temple of Mut in Asher, pi. 11.
_80_

corps de la femme, comme celui de l'enfant, ont disparu.

Une ligne d'inscription verticale couvrait le pilier dorsal et se


prolonge sur l'arrière du siège :ty %Qo ·&->. ??d "Vl*^'^ett "^ ·**"«==*»

" {Offrande que donne le roi à ... J maître d' Héliopolis, pour qu'il donne
l'offrande qui sort à la voix en pain, bière, viande, volaille, libation,
vin, lait , ce qui sort en présence du maître des dieux, à l'occasion de
toutes ces fêtes du ciel et de la terre, au profit du ka de la
supérieure des recluses d'jAmonj , Houy".

L'inscription gravée sur le devant de la robe est du même type :

"Tout ce qui sort sur l'autel d' QAmon-RêJ et de Moût au profit de ka de


la divine Adoratrice [^d'AmonJ , Houy".

Sur le côté gauche du siège figure un long texte : | ^ ? «=*» V ** ] ?????

? "sa P7 f il -?G t- w £> 2· « 4ïj) ? 'é- ^ S> - -·? r

"Offrande que donne le roi à fAmonj-Rê, le roi des dieux et à Moût dame
d'Isherou, pour qu'ils fassent que je reçoive les faveurs du dieu bon,
la joie, la jouissance, chaque jour , que je me promène librement dans son
temple, mes membres étant propres, forts et en bonne santé devant sa face,
sans que l'on me fasse obstacle dans ses fêtes de Karnak, tant que je
serai sur terre dans son domaine à faire ce qui plait à son ka dans le cours
de la journée, (cela) au profit du ka de la favorite aimée du maître du
Double Pays, la supérieure des recluses dans la maison d'IAmonj , la
supérieure des recluses dans la maison de Ré, la divine Adoratrice fd'AmonT
la divine Adoratrice dans la Maison d'Atoum, qui a mis au monde une Epouse
du Dieu et Grande Epouse du Roi , Houy".

La légende suivante figure sous les pieds de 1 ' enfant : =t·_$t? ft D A 5*1
_ 81_

Sur le côté droit du siège, 4 enfants royaux sont représentés en


incision, debout tournés vers l'avant avec chacun une légende.
Le premier est un garçon : 1" "^ G ta© "fils du Roi, Menkhépérrê"
(sans cartouche).
La seconde est de plus petite taille que les trois autres, c'est la
^j^Jj^ "fille du Roi Isis" (sans cartouche).
La troisième : f _£> ^J ^ I^M^) y| "fille du Roi Mérytamon" (dans un
cartouche) .
La quatrième : ^jL, J^^kâû^ "fille du Roi Mérytamon (sans
cartouche) .

Les trois plus grands personnages ont la main gauche ramenée sur la
poitrine et le bras droit pendant, tenant un sistre. Le premier a en outre une
fleur dans la main gauche. Tous portent la tresse enfantine.

Le premier point à éclaircir serait évidemment la date de ce


document. Le martelage du nom d'Amon prouve qu'il est en tout cas antérieur à
Amenophis IV. La sobriété des formes et des vêtements jointe à une grande
qualité du modelé nous rapproche du classicisme du milieu de la dynastie.
Mais une datation plus précise dépend finalement de l'interprétation des
noms propres sur la statue.

La dame Houy, sur les titres de qui nous reviendrons plus loin, est
donnée comme la mère d ' une Epouse du Dieu , Grande Epouse du Roi non nommée ,
qui ne semble pouvoir être aucune des quatre princesses mentionnées sur
les inscriptions de la statue puisqu'elles sont trop jeunes pour être
des reines et qu'aucune ne porte le titre d'Epouse du Dieu. L'interprétation
qui consisterait à faire de mst une forme relative "qu'a engendrée 1 ' Epouse
du Dieu, Grande Epouse du Roi" est grammaticalement possible, mais peu
soutenable , car la dame Houy serait dans ce cas, elle-même une Fille du Roi
et le dirait.

Les noms des petits princes Nébétiounet, Menkheperrê, Isis, Mérytamon


se rapprochent du règne de Thoutmosis III (173). Le premier n'est
certainement pas le roi lui-même, sinon le document devrait être reporté sous le
règne de Thoutmosis II, auquel cas, l'Epouse du Dieu, Grande Epouse du Roi
ne pourrait être qu' Hatshepsout I elle-même, dont on sait l'ascendance royale.

(173) VanWalle propose de dater le document du règne d'Amenophis III : Isis


est connue comme fille (et épouse) de ce roi (cf. Gauthier, LR II, 341
[B ) , un prince Menkheperrê est également attesté et peut être
rattache à cette époque (cf. LR II, 397 Tivl qui ne suggère aucune date dans
la 18e dynastie). Mais il finit par s'en écarter pour des raisons
stylistiques ("compte tenu du style encore très sobre du modelé").
-82-

Reste l'hypothèse que Nébetiounet, Menkheperrê, Isis et les deux Mérytamon


soient des enfants de Thoutmosis III et d'une reine non nommée qui a toute
chance d'être identique à l'Epouse du Dieu, Grande Epouse du Roi dont Houy
se dit la mère , or la seule épouse de Thoutmosis III qui soit en même temps
Epouse du Dieu est Hatshepsout II Mérytrê. Ce serait donc elle qui serait
implicitement mentionnée dans notre document.

Les choses seraient alors claires : l'ascendance d'Hatshepsout II


est roturière, ce dont on se doutait du fait qu'elle n'était connue ni
comme Fille du Roi, ni comme Soeur du Roi . Sa mère Houy était une prêtresse
du clergé d'Amon (avant le mariage de sa fille ou peut-être à la suite de ce
mariage, pour lui conférer une situation officielle). Ce seraient les
enfants de Thoutmosis III et d'Hatshepsout Mérytrê, c'est-à-dire les petits
enfants de Houy, qu'on aurait représentés autour de cette dernière . Parmi
eux au moins l'une d'elle est connue par ailleurs : Mérytamon (dans un
cartouche) destinée elle aussi à devenir Epouse du Dieu, elle avait une soeur
portant le même nom (mais sans cartouche) qui pourrait être la princesse
protégée par Bénermérout, enfin sa soeur aînée, Isis, parait nommée
d'après leur aïeule paternelle.

Il faut revenir maintenant sur la titulature donnée à Houy qui ne


laisse pas de surprendre (174). Elle comprend cinq titres:(l) ^ ^- *"""* j *"*

Seuls (1) et (3) sont connus jusqu'ici. Le premier titre, promis à un grand
avenir puisqu'il sera, à partir de la 21e dynastie, la principale désignation
des Epouses du Dieu devenues grandes prêtresses célibataires, est attesté
à la 18e dynastie dans deux types de documents : les textes administratifs
écrits en hiératiques où elle est déjà l'équivalent d'Epouse de Dieu ,
notamment dans l'expression Pr-dw.3> (t) = Pr-hmt-ntr (175) : et d'autre part
il est porté par deux prêtresses au moins qui ne sont pas membres de la

(174) A son sujet, cf. Leclant, MDIAK 15 (1957), p. 169, n.2.


(175) Cf. M. GLittonJ J. L ieclant), LdA II, 793, s.v. "Gottesgemahlin", avec
n.5 et 6 ; Graefe, SAK 3 (1975), p. 75.
_ 83 _

famille royale : c'est Senseneb qui est fille d'Hapouseneb et l'une des deux
femme de Pouyemrê (176) et notre Houy.

Quant au titre de "supérieure des recluses", il est connu à la 18e


dynastie comme indiquant la fonction de responsable du clergé féminin d'un
temple (cf. supra p. 97 sqq). Celui d'Adoratrice du Dieu a sûrement à l'époque
le même caractère, il rappelle les prêtresses archaïques qualifiées
d'adoratrices (dw3t) d'un dieu déterminé, les variantes que lui sont données ici
rappellent son origine héliopolitaine (177). Différente au départ de hmt-ntr,
le titre de dw3t--ntr a fini par s'identifier avec celui-ci, parce qu'il
désigne la grande prêtresse de Thèbes dans sa fonction cultuelle. A l'époque
ptolémaïque. il subsistera seul comme titre spécifique (178).

A la 18e dynastie, il semblerait qu'on préfère dw3t-ntr pour désigner


la titulaire effective de la fonction, tandis que le terme hmt-ntr, chargé
d'une auréole officielle, est réservée à une reine ou à une princesse (au
moins dans les documents hiéroglyphiques). Il faudrait se demander pourquoi,
à partir d'une certaine époque, il a fallu faire appel à des prêtresses non
royales pour exercer des fonctions détenues depuis le début de la dynastie
par des membres de la famille régnante.. Y eut-il à la fois une Epouse de
Dieu (royale) et une Adoratrice du Dieu (non royale), ou plutôt 1 'Adoratrice
du Dieu-Supérieure des recluses d'Amon ne serait-elle pas un substitut
provisoire, en l'absence de titulaire princière, ce qui nous ramène au problème
de la dévolution du titre ? Seul une grande précision de la chronologie
permettra de trouver la solution.

La succession matrilinéaire de Houy, Hatshepsout II Méryt-Rê et


Mérytamon est assurée mais non l'ordre de leur prise de fonction. Le fait que
Mérytrê ne soit connue comme Epouse du Dieu que sous le règne d'Amenophis II,
tandis que Mérytamon exerce la même fonction sous Thoutmosis III, pourrait

(176) Cf. infra , p. 95 ·


(177) Cf. Blackman, JEA 7 (1921), p. 13.
(178) Edfou I·, 338, 7.
-84-

faire penser que la fille a précédé la mère et que c'est seulement à la


mort de Mérytamon que la reine-mère a reçu le titre sacerdotal d'Epouse du
Dieu . Dans cette hypothèse, on comprend que la grand 'mère de l'Epouse du
Dieu ait joué un rôle important pendant la jeunesse de celle-ci pour
remplir à sa place les fonctions du culte. Néanmoins, cette reconstitution se
heurte à la désignation de Houy, dans la titulature citée plus haut, comme
"celle qui a mis au monde (mst) l'Epouse du Dieu et Grande Epouse Royale".
Le terme ne semble pouvoir désigner qu'une mère et non une grand-mère. Si
notre interprétation est juste, c'est bien Mérytrê et non Mérytamon qui est
désignée par ces deux titres et le fait qu'elle ne soit pas appelée Mère du
Roi , prouve que nous sommes encore sous le règne de Thoutmosis III. La reine
a donc exercé ces fonctions du vivant de son mari, même si aucun autre
document ne l'atteste. En revanche Mérytamon ne porte sur la statue aucun autre
titre que celui de Fille du Roi. On pourrait donc supposer trois étapes .

le étape : Hatshepsout-Mérytrê reçoit provisoirement le titre d'Epouse


du Dieu destiné à être transmis à sa fille Mérytamon. Houy exerce la réalité
des fonctions étape attestée par la statue BM 1208.

2e étape : Mérytamon devient titulaire de la fonction d'Epouse du Dieu


à laquelle renonce sa mère - étape attestée dans la chapelle de la vache Hathor
à Deir el Bahari.

3e étape : Mérytamon meurt à la fin du règne de son père ou au début de


celui d'Amenophis II et Hatshepsout Mérytrê reprend le titre.

Mais il faudra attendre d'autres documents pour avoir une certitude.

S 5 : Tiâa.
La reine Tiaa est connue comme épouse d'Amenophis II et comme mère de
Thoutmosis IV. Mais plusieurs aspects de sa vie nous échappent. Quelle fut,
notamment, son ascendance et son lien avec la famille royale ? Le titre
d'Epouse du Dieu, qu'elle ne semble porter que sur un seul document, pose
également un problème (179):

(179) Elle est inconnue de la liste de Sander-Hansen, Gottesweib, p. 12.


- 85 -

Il importe d'abord de clarifier le débat en écartant du dossier de


Tiaà (que nous appellerons Tiâa I) des pièces se rapportant à d'autres
reines ou princesses du même nom :

- Tiâa II, fille de Thoutmosis IV ;


- Tiâa III, mère de Ramses-Siptah.

Tiâa II est connue grâce à une étiquette de momie qui donne «f ,~»« -^ ^ "«***» »
~~* (f ^^i)^i; f-l.iîli1^ «fille royale Tiâa, de
Menkheprourê (Thoutmosis IV), de la maison des enfants royaux". L'étiquette
en question figure avec plus d'une dizaine d'autres (la plupart sont
aujourd'hui au musée' d'Edimbourg) qui portent, semble-t-il, les noms des
enfants de Thoutmosis IV ; elles ont dû servir lors d'une réinhumation
précipitée, puisqu'elles ont été trouvées avec un lot de momies réensevelies
dans une tombe de Sheikh Abd el Gournah (180). On a rattaché à cet Tiâa,
inconnue par ailleurs, deux mentions d'une Fille royale Tiâa, l'une sur un
vase canope acheté à Louxor (181); l'autre sur la tombe de Sebekhotep, dont
l'épouse plutôt que la mère, Méryt, est dite "nourrice de la Fille du Roi, de
son corps, Tiâa" : elle est représentée tenant la princesse comme un enfant
sur son sein (182). Or on sait que le .père de Sobekhotep, le trésorier Min,
était contemporain de Thoutmosis III (183), mais d'un autre côté Sebekhotep
a servi sous le règne de Thoutmosis IV, il est donc possible de voir dans
cette Tiâa une fille de Thoutmosis IV, plutôt que de Thoutmosis III (184).

(180) PM 1/2, 671 (tombe sans n° ) ; étiquettes aujourd'hui réparties entre


le Royal Scottish Muséum (1956.154-167) et des collections privées
cf. Pétrie, History II, 144-145.
(181) Newberry, PSBA 25 (1903), p. 359.
(182) PM 1/1, 125-127 (T.Théb. 63) = Urk. IV, 1583, 5-10.
(183) Cf. Urk. IV, 1027.1029. Sur Min : voir Helck, Verwaltung, p. 468-469.
(184) Sur l'identité de la Fille du Roi Tiaâ avec la reine (Tiâa I) : Van
de Wale, RdE 15 (1963), p. 83-84 ; Helck , GM 53 (1981-82), p. 25.
La thèse contraire est suffisamment établie maintenant grâce à Gay
Robins; GM 58 (1982) p. 55-56 qui a montré que Méryt n'était pas
1' épouse de Min.
- 86

Il est certain qu'il a. existé une Fille de Roi Tiaâ sous Thoutmosis IV,
nommée d'après sa grand mère et attestée au moins par l'étiquette
d'Edimbourg (la lecture Mn-nPrw-Re et non Mn-hpr-R0 semble certaine).

Quant à Tiâa III, son existence est également sûre, même si son lien
généalogique avec Siptah (dont elle a été considérée tour à tour comme la
femme ou la mère) reste confus (185). Quatre documents, rapprochés par Aldred
(186) attestent l'existence d'une Epouse du Roi et Mère du Roi Tiâa, qui fut
aussi Epouse du Dieu, leur position au voisinage de la Tombe de Siptah ainsi
que leur style atteste le lien de cette princesse avec la fin de la 19e
dynastie.

Restent les documents attribuables avec beaucoup de vraisemblance à


Tiâa I. Chr. Zivie (187), après Gauthier (188), en a dressé la liste dont
nous écartons seulement une pièce (énumérée par erreur, alors qu'il s'agit
de Tiâa III) (189) et où nous ajoutons quelques documents (n° 3 et 9).

1 - Fragment d'une stèle de Karnak (190) : Tina est représentée avec Amenophis
II, elle est "Grande Epouse du Roi , dame du Double Pays".
2 - Fragment d'une stèle de Louxor (191), le centre représente deux scènes
symétriques : Amon adoré par Thoutmosis IV suivi une fois de sa mère (Tiâa),
une fois d'un autre personnage féminin qui peut être sa femme (Mouté*mouia ?).
L'inscription donne pour Tiâa "Grande Epouse du Roi".

(185) Hayes, (Scepter II, p. 357 : "one of the more important members of
Si-Ptah's harim") ; Thomas (Royal Necropoleis, p. 117-118; épouse de
Siptah); Aldred (JEA 49 (1963), p. 41-46 : mère de Siptah et épouse
d'Amenmes) ; Faulkner (CAH II/2, p. 237 : femme d'Amenmes et mère
de Siptah ?); Vandier (RdE 23 (1971), p. 183-184 : Tiaâ = nom égyptien
de Souterer, épouse syrienne de Séthi II et mère de Siptah).
(186) JEA 49 (1963), p. 41-46.
(187) Zivie, Guiza au 2e millénaire , p. 270, n. 3.
(188) LR II, 287-288.300.
(189) Fragments d'un modèle de sarcophage, attribué à la suite de PM 1/2, 588 à
Tiâa I, cf. Aldred (art, cité, p. 42 , n.2 et 46, n.3).
(190) Legrain, RT 26 (1904), p. 223 = Urk. IV, 1316, 6-10.
(191) Abdul Qader Muhammad, ASAE 61 (1968), p. 248-249 ; pi. 25.
- 87 -

3 - Fragment de statue provenant probablement du Fayoum (192), Tiâa" est


assise à côté d'un roi dont le nom a disparu, elle est donnée comme "Mère
du Roi Grande Epouse du Roi , son aimée, aimée de Soukhos, de Crocodilo-
polis. Elle est vivante (cnh.tî)".
4 - Statue provenant de Karnak (193), Tiaâ est assise à côté de Thoutmosis
IV, elle est "Grande Epouse du Roi , son aimée, Mère du Roi" . Elle est défunte
(mJH-ljrw).
5 - Bloc de Thoutmosis IV extrait du IVe Pylône de Karnak (194) : scène de
fondation à laquelle participe Thoutmosis IV et sa mère Tiaâ (titres
effacés) .
6 - Linteau de porte trouvé à Karnak-Nord (195) : il représente en deux
scènes symétiques Amon adoré par Aménophis II suivi à chaque fois d'une
reine celle de gauche est appelée ^i&CTl ((^Oî^i
mais un examen minutieux montre que le cartouche de Tiaa a été regravé sur
celui de Méryt - Râ (la transformation dut intervenir à la mort de celle-ci) ;
celle de droite porte exactement la même titulature, mais le nom est perdu.
7 - Colosse d'Aménophis II, "parchevé" par Thoutmosis IV devant le Ville
Pylône de Karnak (196); une statuette de Tiaâ est visible le long de la
' *
jambe droite, elle est donnée comme l[^7"v?,y 1
,

8 - Tombe de -nn$ , époque de Thoutmosis IV (197) : parmi les dons de nouvel


an figurent des statuettes en or du roi et de la reine ("Grande Epouse du Roi,
Tiâa, tnh.tî").

(192) CGC 1167 = Urk. IV, 1564, 8-11.


(193) CGC 42080 = Legrain, Statues et statuettes I, p. 46-47 ; pi. 49 ; Tefnin
(CdE 49 (1974), p. 19-20) considère, au terme d'une minutieuse étude
iconographique, que le roi primitivement représenté était Aménophis II.
(194) PM II, 72. Chevrier, ASAE 51 (1951), p. 550-568 [fig.l^ .
(195) Barguet , Karnak-Nord IV, 53-54 ; pi. 50-51.
(196) PM II, 176; Barguet, Temple d'Amon-Rê, p. 259 ; Habachi, ASAE 38
(1938), p. 80-83 qui omet le cartouche de Tiâa ; nous avons utilisé
des notes inédites conservées dans les Archives P. Lacau, MSS/RC,
A XII, a,6).
(197) T.Thèb. 76 : Save-Soderbergh, Four Eighteenth Dynasty Tombs, pi. 72,
fig. 1 et p. 50-51.
9 - Deux et peut-être trois spécimens de récipients ovales en faïence
bleue décorés d'un relief cordé (198). Des objets de ce modèle sont
souvent associés aux oushebti dans le matériel funéraire pour figurer une
sorte de sac nécessaire pour les travaux des champs. Ceux-ci sont au nom de
la "Grande Epouse du Roi, Tiâà".
10 - Le dernier document attribuable à cette reine est le seul qui la fasse
connaître comme Epouse du Dieu ; il s'agit de deux fragments appartenant à
une (ou peut-être deux) statue(s) trouvée(s) dans le temple funéraire
d'Aménophis II à Guizeh (199), ces fragments peuvent être postérieurs à la
mort du roi (200). L'original est malheureusement perdu ; le texte que nous
donnons provient d'une copie inédite du Prof. Grdseloff, d'après les
archives conservées à l'Ashmolean Muséum d'Oxford et qui nous a été aimaiblement
communiquée par J. Malek (201).

Nous ne reproduisons ici que la titulature de la reine :

ν ι j

ι±

(198) Brooklyn
Glazes, p.Muséum,
19 n°Ace15 n° ; 59.33.2
Pétrie, = Buttons
Riefstahl,
and Design
Ancient Scarabs,
Egyptian pi.Glass
24 and
[18.7.43] ; Newberry, PSBA 24 (1902), p. 249.
(199) PM III/l, p. 40. Selim Hassan, Great Sphinx, p. 34.36.77-78.240, fig.
63-64. Ce dernier ouvrage ne donnait qu'une mauvaise photographie
des textes, ainsi qu'une traduction anglaise. Christiane Zivie qui
a reproduit ce texte dans son ouvrage (Guiza au 2e millénaire, p. 160-
164), ne connaissant que l'édition de S. Hassan, donne une version
lacuneuse et parfois erronée du texte.
(200) Le nom de Thoutmosis IV figure en haut de la ligne 4 du document Β .
Le titre de Mère du Roi revient trois fois.
- 89 -

Traduction :
A - "La princesse, la grande de faveurs, grande de charme, douce d'amour, dame
du Double Pays dans son entier (202), celle qui voit Horus et Seth (203),
la Mère du Roi , Tiâa.
" Celle qui remplit le palais de son parfum (204), la Mère du Roi , Ti&a.
" Celle pour qui, une chose à peine dite, on l'accomplit (205), l'Epouse
du Roi Tiâa.
" Suivante d1 Horus (206), prophète de Ba-pet (207), l'Epouse du Dieu, Tiâa.

(201) Archivés aujourd'hui I, 141-142.


(202) Hnwt t3wy tmw : Pétrie, Illahun, Kahun and Gurob, pi. 12, n° 6 ; Macadam,
ϋΕΑ '37~TT95TTT pi. 6 ; Urk. IV, 25, 5 ; Vandersleyen, CdE 52 (1977),
p. 240 (n.5 de la p. 239 in fine) ; Naville, Deir el Bahari VI, 164 -.Habachi
JNES 16 (1957), p. 92, fig. 3.

,
<203) Vii)t Hr Sth , titre de reines attesté à toutes les époques. Pour
l'Ancîë"n~EÏïïpire : Kuchman, Newsletter SSEA 7/5 (mai 77), 22, pour
le Moyen Empire, ibid. 9/1 (1979) p. 24 ; pour le Nouvel Empire :
Urk. IV, 224, 16 ; LD Text III, p. 148 ; Gardiner, RAD, 23.

(204) Mh
sô~us~la"
h3 m rôrmë~snïïm
sty î3d.s. wjCette
h m sty
épithète
îdt.s, est
cf. attestée,
Gabet, RT dès
12 le
(1892),
Moyen 217
Empire
et
Kuchman, Newsletter SSEA" ~97l~TT979 ) , p. 24 (qui transcrit par erreur
sndjm m). Elle reparait, juste après Tiaa, sur une inscription de
Moutémouia (BM 43, cf. Sharpe, Egyptian Inscriptions, I, 37 £cl).
C'est un titre plusieurs fois attesté pour les Divines Adoratrices de
Basse Epoque, cf. Leclant, Recherches sur les monuments thébains de
la 25e dynastie, p. 375, n. 5.
(205) Ddt tjt nbt, ïr.tw n.s, titre attesté, avec des variantes grammaticales,
clés T^AncTenTimpTrë et même dès la 2e dynastie, cf. Gitton, BIFAO 78
(1978), p. 386 où figure la bibliographie.
(206) Ht-Hr titre de reines connu exclusivement jusqu'ici à l'Ancien Empire,
cf. Wb .III, 344, 6 ; Kuchman, Newsletter SSEA 7/3, p. 10 et pi. 2
qui résume les exemples connus et propose que Jjt-Hr
~ vienne de îmy(t)-^t
' ~
Hr .

(207) Hm-ntr B^-pf, encore un titre connu exclusivement à l'Ancien Empire ;


pour la~lecture du signe ^ dans ce titre; cf. Fairman, ASAE 43 (1943)
p. 309; sur les exemples connus jusqu'à présent, cf. Kuchman , art, cité,
pi. 2. La reine Ahmes est dite mryt Bî et dJtt B* dans la scène de
théogamie cf .Brunner, Geburt des GottRonigs, p. 75 et suiv.
-90 -

" La jeune fille de Pe, la jouvencelle de Dep (208), Tiaà.


11 L'héritière de Geb (209), contrôleur des bouchers de la maison
de l'accacia (210), 1 ' Epouse royale du Roi du Nord, l'Epouse du Dieu,
Tiâa.
" L'Epouse du Roi, l'Epouse du Dieu, Tiâa, la Main du Dieu, aux bras purs,
Tiâa" .

Β - "La princesse dans pr-wr, la dame de toutes les femmes (211) 1 'Epouse
du Dieu , à la belle démarche dans la maison d'Amon (212), la Mère du
Roi , Tiâa.

La titulature de la reine est étonnamment développée. Plusieurs de ses


titres sont classiques pour des reines (notamment dans le cadre de la séquence
rt-p*"t, wrt hswt etc...). Mais certains étaient sûrement tombés en désuétude
à la 18e dynastie. Toute une série est visiblement copiée sur les mastabas
voisins des reines de l'Ancien Empire. Plusieurs paraissent nouveaux ou au
moins sans exemple jusqu'ici. Le rôle cultuel de l'Epouse du Dieu (appelée une
fois Main de Dieu) est particulièrement mis en valeur ; elle est w*bt *Vy
"aux bras purs" (sous-entendu : pour tenir le sistre) (213) et nfrt-nmtt m Pr-
'Imn, "à la belle démarche dans la maison d'Amon". Il s'agit d'un véritable
programme. Derrière l'archaïsme et l'enflure de la titulature, on devine
l'insistance sur la participation de Ti^aa au programme religieux de Thoutmosis IV.
Mais ce document est unique.

(208) Sdtt Ρ , hwnt Dp, nous ne connaissons pas de parallèle à ce titre.


Voir néanmoins~~wj d sdtt qui figure dans des titulatures de la Ile
dynastie (KuchmânT Newsletter SSEA 9/1, p. 24).

(209) Sjtyt -Gb, cf. Wb . III, 412,13 qui ne connaît ce titre que pour le
roi. Cf. néanmoins Ί^Τ *>J porté par Ahmes mère d'Hatshepsout
(Urk. IV, 224, 10). J1
(210) Hrp ssmtyw îm3t, la lecture de ce titre, exclusivement attesté par
des reines 3ë Τ 'Ancien Empire, a été obtenue par Fischer (Orientalia
29 (I960), p. 184 J3a.3b] ) et Edel (Pas Akazienhaus, p. 28-29); liste
des exemples connus à cette date dans Kuchman, Newsletter SSEA 7/3 ,
pi. 2 .
(211) ynwt hmwt nbt , titre de reine à partir du Moyen Empire, cf. Gitton,
ÏÏTFAO 7ΰ (1978), p. 390, n.l. Variante dans une titulaire
d'Hatshepsout : hnwt hmwt-nswt, Urk· IV, 603,9 .
(212) Nfrt-nmtt m Pr-^Imn, titre inconnu dans la titulature des Epouses du
Dieu, mais~prôchë~~c[' expressions comme hnmt-st m Pr-3Imn (Berlin 6908=
"Aflyptische Inschriften Berlin II, 58-59 ) .
- 91 -

La date de la mort de Tiâa n'est pas connue. On n'a pas conserver


sa momie et l'emplacement de sa tombe est inconnu (214). Son nom ne figure
pas dans les listes des rois et des reines des tombeaux ramessides. Elle
semble néanmoins avoir conservé un culte jusqu'à la 20e dynastie, puisque son
domaine thébain est mentionné par le papyrus Wilbour (215).

Que conclure sur Tiaa I ? Si elle fut sûrement Epouse du Dieu à


un moment de sa vie, son ascendance royale est problématique, aucun
document ne l'atteste, sauf l'inscription de la T.Théb. 63 qui mentionne
"une fille royale de son corps, Tiâa", mais celle-ci peut être attribuée avec
plus de vraisemblance, on l'a vu, à la fille de Thoutmosis IV (216). L'absence
systématique des titres de Fille du Roi, Soeur du Roi sur tous les autres
documents est troublante et ne peut être attribuée, comme pour Epouse du Dieu,
à l'évolution de sa carrière. On ne pourra donc conclure avec Hayes (qui
d'ailleurs confondait le dossier de Tiâa I et celui de Tiaa III) qu'elle
était sûrement la demi-soeur et l'épouse d'Aménophis II (217). Barbara
Gross Mertz (218), dans son désir de reconstituer la lignée héréditaire des
Epouses du Dieu, voulait faire d'elle une soeur de Mérytamon, mais aucune
évidence ne ressort des textes.

On a plutôt l'impression que c'est tardivement que Ti£à a reçu le titre


d'Epouse du Dieu, probablement au cours du règne de son fils. Sa mise en
avant comme épouse principale d'Aménophis II parait également tardive (voir
la réfection du linteau de Karnak-Nord)^ sans doute n'eut-elle jamais ce titre
du vivant de son mari (219). les inscriptions de Guizeh dans leur surabondance
traduisent une récente promotion, due à des raisons moins héréditaires que

(213) W'bt cwy hr sssty, cf. Gitton, art. cité, p. 393, n.1-3.
(214) Aucune des momies trouvées dans la tombe n° 35 de la Vallée des Rois
(Aménophis II) ne peut , semble-t-il, lui être attribuée (Thomas,
Royal Necropoleis, ρ . 238-239 ) .
(215) Pr-Tic3 (...) m Pr-^Imn, cf. Gardiner, The Wilbur Papyrus II, p. 132
CR° A, col. 257 Î5J · Située, semble-t-il, à Karnak : Otto, Topographie
des thebanichen Gauas, p. 37 et Helck, Materialien, I, p. 55 . On con-
sidère généralement qu'il s'agit de Tiâa I (Helck, ibid. ; Aldred,
JEA 49 (1963), p. 41, n.5 ; Hayes, Scepter II, p. 142) mais il pourrait
également s'agir de Tiâa III.
(216) Malgré Winlock, The Tomb of Queen Meryet-Amun, p. 62, n.26.
(217) Scepter II, p. 146.
- 92 -

de convenance. Tiaâ n'a sans doute aucun lien de parenté avec celle qui
l'avait précédée (Mérytrê) et seul l'affermissement de sa position dans
la famille royale sous le règne de Thoutmosis IV (qui n'était peut-être pas
le fils aîné d'Aménophis II) (220) lui permet d'hériter de la fonction
prestigieuse d'Epouse du Dieu . Quel personnage avait dans l'intervalle
assuré les tâches cultuelles d'Adoratrice du Dieu ? Nous l'examinerons
dans un prochain chapitre.

§ 6 : Moutémouia.

La dernière princesse de la 18e dynastie que l'on a considérée comme


l'héritière de cette fonction est Moutémouia, épouse de Thoutmosis IV et
mère d'Ame'nophis III (231). En réalité celle-ci n'est mentionnée comme
Epouse du Dieu ni dans l'inscription de la scène de théogamie gravée à
Louxor (222), ni dans le long texte figurant sur la barque votive aujourd'hui
au British Muséum (223). Elle est connue comme Grande Epouse du Roi et
Mère du Roi à l'exclusion de tout autre titre dynastique. Certains y voient,
comme on sait, une princesse étrangère, d'origine mittanienne. Le seul
document qui paraissait lui donner le titre sacerdotal de hmt-ntr est une
statue de Denderah (224) qui nomme sur le pilier dorsal une ^wl^ **=*' ^1-" *^*

(218) Certain Titles, p. 133, n. 1.


(219) Voir néanmoins le document n° 1 (supra ρ .86 ) qui parait dater
d'Aménophis II, mais qui est trop fragmentaire pour qu'on puisse en
faire une pièce de dossier.
(220) Les fouilles de Guizeh ont fait apparaître les stèles des trois
fils d'Aménophis II; .appelés respectivement princes A, Β et C par
Selim Hassan, bien que le nom du dernier soit conservé ( ■'imn-m- -*Ipt )
dont l'un au moins aurait pu être le fils aîné et l"héritier TegrETme
(cf. Zivie, Guiza au 2e millénaire, p. 93-110). On connaît aussi le
matériel funéraire d'un Fils Royal Wbn-snw (CGC 5031 et 24269-24273)
qui fut peut-être le premier propriétaire de la tombe 42 de la Vallée
des Rois (Thomas, Royal Necropoleis, p. 239).
(221) Sander-Hansen, Gottesweib , p. 7 \}2j; Mertz, Certain Titles, p. 133.
(222) Brunner, Die Geburt des Gottkonigs . Le titre principal de la reine,
est, on s'en douterait, celui de mwt-nswt (pi. 7.8.9. etc.), le
titre en lacune qui figure dans la copie de Brunner après celui-ci
doit être restitué fwl [Ol ** d'après Zettel Wb Luxor 174.
- 93 -

On s'accorde aujourd'hui à y voir une reine postamarnienne, probablement


Mout-Touy (225).

La série des Epouses divines d'origine royale s'arrête donc à Tiâ«


pour la 18e dynastie. Les autres exemples parfois cités sont tous
aberrants (226).

La lignée sera reprise avec Satrê mère de Séthi 1er.

(223) BM 43, publiée par Sharpe, Egyptian Inscriptions I, 37 fcj ; le


texte est reproduit dans Zettel Wb BM n° 370-371 ; elle porte
néanmoins par trois fois le titre rare de Mère du Dieu. Ce dernier titre
est mystérieux et mériterait une étude détaillée. On connaît une
officiante appelée rtiwt-ntr η 53w, sans doute la prêtresse
spécifique du nome lycopolite (Helcïc, Ritualszene auf der Umfassungsmauer
Ramses IL, p. 34, n.30 ; Berlandini, Hommage à la mémoire de Serge
Sauneron I, p. 107). On connaît aussi une prêtresse mwt-ntr à Létopolis
(Edfou I 330,5). Quelques reines du Nouvel Empire portent le titre de
mwt-ntr, toutes après Moutemouia : Satré* (Champollion , ND I , 394);
Tôûy~fPetrie, Historical Scarabs, pi. 45 [n° 1460J = Hall, Catalogue
of Egyptian Scarabs in BM, I , 205 [n° 2044J ) , Néfertary-Mérytenmout
(lD III, 195 d et aussi Drioton, ASAE 49 (1949), p. 134-139). Ahmes
Néfertary reçoit ce qualificatif, seulement à titre posthume et dans des
inscriptions ramessides (Gitton ; AN , p. 70). Le titre devient
courant pour les reines et les mères de roi à l'époque libyenne (stèle
de Pasenhor, stèle d'Harpason), en lien, semble-t-il, avec la montée
du culte du Dieu-enfant (Horus, Khonsou etc..) dont l'héritier royal
est la transposition terrestre. Il est peu probable que mwt-n£r ait eu
un sens distinct de celui de mwt-nswt ("belle-mère du roi" ?). Il
n'est pas sans importance que la première reine ayant porté sûrement
le titre de mwt ntr soit Moutemouia, immortalisée par la scène de
théogamie de Louxor : le thème de la maternité divine découle de
celui du mariage divin avant de prendre son autonomie.
(224) PM V, 115 ; Weigall, ASAE 8 (1907), p. 46 ; Urk. IV, 1771 .
Photographie aimablement communiquée par Jean Daumas .
(225) Hari, Horemheb et la Reine Moutnedjémet, p. 207-208 a voulu l'attribuer
à la femme d 'Horemheb, mais celle-ci ne porte nulle par ailleurs le
titre de mwt-nswt. Cf. encore Aldred JEA 54 (1968) p. 103-104 et 56
(1970) p. 195-196, pour qui cette statue est sûrement postérieure à
l'époque amarienne; et Aling, Newsletter ARCE 95 (automne 1975 - hiver
1976), p. 1.
(226) Cf. Sander-Hansen, Gottesweib, p. 7, n.4 qui écarte, à juste titre, la
mention d'une hmt-ntr wrt Tyl en CGC 52173, qui provient sans doute
d'une erreur (au lieu de hmt-nswt wrt).
•QUATRIEME PARTIE

LES ADORATRICES DU DIEU ET LES SUPERIEURES DES RECLUSES

D'AMON DURANT LA 18e DYNASTIE.


- 95 -

CHAPITRE 1 - LES ADORATRICES DU DIEU

Outre les cas où Adoratrice (de Dieu) semble un doublet, dans les
textes administratifs en hiératique, d'Epouse du Dieu (notamment dans la
formule Pr-Dw3(t) = Pr-Hmt-ntr), deux personnages reçoivent dans nos
textes le titre de Dw3t-ntr. Aucune d'elles n'est d'ascendance royale (1).

Il s'agit d'abord de Senseneb, homonyme de la mère de Thoutmosis 1er,


qui est la fille du vizir d'Hatshepsout Hapouseneb, avant de devenir l'une
des deux épouses de Puyemrê (1 bis). Les deux seuls titres qui lui sont
attribués (aussi bien dans les monuments de son père que de son mari) sont
ceux de chanteuse (sm yt) d'Amon et d'Epouse du Dieu (une fois Epouse divine
d'Amon) (1 ter). La graphie présente la variante ^j , à côté de la forme
en a, *'
qui deviendra classique j^(2).

L'autre cas est celui de la prêtresse Houy que nous avons examiné
plus haut (supra, p. 79 )· Cette dernière serait, d'après nous, la mère
d'Hatshepsout II-Mérytrê. Elle porte le double titre de "^ * ^^ Q ^ et de
C3JL· ç- J v a
l 2> c=- | *ŒK , ce qui soulignerait, s'il en était besoin, le lien entre cette
fonction et le dieu d' Héliopolis.

(1) Un troisième cas signalé par Graefe (SAK 3 (1975), p. 75) d'après PM 1/1,
278 concernerait une certaine Maât-Ka, épouse de Senna, chef des
orfèvres d'Amon sous Amenophis II, mais de la T.Théb. 169 est inédite et
le nom inconnu par ailleurs. On peut se demander s'il ne s'agit pas d'une
erreur .
(1 bis) Sur les liens de Hapouseneb et de Puyemrê avec la cour par leurs
mères qui y exerçaient les fonctions respectivement de nourrice ou de dame
du harem, cf. Kees, Priestertum, p. 10.

(1 ter) LD III 28, 4 = LD Text IV 90 [*] ; Stèle de Puyemrê (CGC 34047) ; et


T.Théb. 39, où elle figure avec son mari, (Davies Puyemrê I, p. 54, n.l ;
pi. 9 ; II, p. 5, n.5 ; pi. 48.62.64).
(2) Voir notamment Davies, o.c. , p. 54, n.l .
- 96 -

Ces deux cas isolés sont à peu près contemporains, tous deux se situent
au début du règne de Thoutmosis III, ou même (pour Senseneb) un peu avant. Il
est impossible de savoir si ces deux, personnages avaient un lien de parenté.
Mais une chose est sûre : la seconde (Houy) a donné le jour à une reine,
devenue Epouse du Dieu.

On pourrait voir dans l'institution de ce nouveau titre une mesure


temporaire destinée à assurer la continuité de la fonction d'Epouse du Dieu
tombée en déshérence à la mort de Néfrourê, ou peut-être non exercée en
raison de l'extrême jeunesse de la princesse.
- 97 -

CHAPITRE 2 - LES SUPERIEURES DES RECLUSES D'AMON

§ 1 : Les recluses et leurs supérieures.

Le titre de "supérieure des recluses" mériterait à lui seul une


étude détaillée (3). On lui a supposé une date ancienne à cause de sa
forme (wrt hnr analogue à wr πβν*, wr 5 Pr-Dhwty), mais, jusqu'à présent,
les premiers exemples remontent à la 18e dynastie (4). On connaît bien
à l'Ancien Empire et pendant la 1ère Période Intermédiaire, des ïmyt-r5 hnr
(5) mais le doublet est à lui seul la preuve que la formule wrt hnr n'était
pas encore typée ou qu'il s'agit de deux fonctions différentes.

De très nombreuses divinités sont susceptibles d'avoir une "supérieure


des recluses". A. Blackman (6) énumère : Onouris, Harsaphes, Khonsou, Min,
Soukhos, Thot, Osiris, Iounmoutef et, peut-être, Khnoum d'Hermopolis et Oupouat
d'Assiout sans compter Amon. Le titre n'est pas réservé aux clergés des
dieux masculins ; il est attesté pour Moût, Bastis, Isis et Nephtys. On
connaît aussi des "supérieures des recluses du Roi" (7) qui, dans un cas,
est la reine elle-même, Néfertary-Méritenmout, épouse de Ramses II.

(3) Le titre a été pour la première fois repéré et correctement lu par Devéria,
Le Papyrus judiciaire de Turin, p. 130-131 qui traduit hnrwt par "cloîtrées",
Voir ensuite Gardiner, ZKS 48 (1911), p. 50, η . 2; Blacfcnarî, JEA 7 (1921),
p. 15-16 ; Lefebvre, Histoire des Grands Prêtres, p. 34-35. Voir aussi Wb
III 297, 11-14 ; 298, 1.
(4) Un des premiers exemples semble être une stèle d'Abydos CGC 34080, datant
du début de la 18e dynastie (époque d'Hatshepsout-Thoutmosis III) où
est mentionné une £&' *—

(5) Wb III, 297, 11 qui cite CGC 1380 et Mariette, ; Mastabas C15 ; ajouter
CGC 28006.
(6) Art, cité p. 16.
(7) Wb III, 247, 12 qui cite l'inscription de Néfertary Mérytamon à Louxor
(reproduite par nous dans BIFAO 78 (1978), p. 397) où la reine est dite
- 98 -

Quelques-unes sont wrt-hnr sans précision de culte (8).

Une première question se pose donc sur la nature même de ce groupe


de recluses désigné par un collecitf tjnr (ou &nrt) (9). Dans un des
premiers exemples connus (10), il est déterminé par les signes de l'homme
et de la femme ( x'w ) et nous avons vu que des déesses peuvent être
β ··
gratifiée d'un hnr . La traduction par "harem" ou "concubines" parait donc
problématique (11). Il n'est pas douteux que le terme peut revêtir ce sens,
à l'instar de pr-hnr qui désigne clairement le harem du palais dans le dossier
de la conspiration contre Ramses 111(12), mais c'est seulement lorsque le
contexte l'exige, car hnrt , dérivant du verbe hnr "emprisonner" pourrait
bien désigner toutes celles (et tous ceux ! ) qui vivent dans une certaine
réclusion, soit dans un palais, soit dans un temple. C'est évidemment
dans ce monde de servantes du palais que les rois devaient prendre leurs
compagnes plus ou moins éphémères, mais on sait qu'il existe un autre mot pour
désigner les concubines royales, hkrt-nswt (13). On ne s'étonnera pas de
voir une reine en titre "supérieure des recluses", si ces dernières ne sont
pas toutes, forcément, des concubines !

wrt-hnrt η Hr nb ch. Une statue de Kawa (Macadam, Kawa I , pi. 4, p. 3-4)


ment ι onne~unë tfâmë"T3-m-wJjJ-sy qui est supérieure des recluses de
Nb-hprw-Rc (Toutankhamon ) , c'est peut-être elle qui, sur la même statue,
iïït donnée comme supérieure' des recluses d'Amon nb-nswt-t5wy (l'Amon
local de Kawa). Il est peu vraisemblable que Touiânkhamon ait habité
Kawa, les recluses semblent donc plutôt attachées au culte du roi
divinisé.
(8) CGC 34056. 34080. Ces deux monuments proviennent d'Abydos.
(9) La forme «► ( *f qUi peut être un féminin pluriel (hnrwt), ou un
collectif (hnryt, cf. hbyt, Lacau-Chevrier, Une Chapelle d'Hatshepsout
à Karnak , p. 200) est attestée dès la 18e dynastie (BM 1280, cf. supra
p. 79 ), malgré Wb III, 298, 1 (seit D. 19).
(10) CGC 28006.
(11) Elle n'a été remise en cause, à notre connaissance, que par D. Nord
dans une communication à 1' American Research Center in Egypt signalée
dans Newsletter ARCE 87 {Oct. 1973), p. 35 .
(12) Pap. judiciaire de Turin 4, 2.3.5.6. ; 5,3 , cf. de Buck, JEA 23
(1937), p. 161, note (p) ; Pap. Lee 1, 3-4, cf. Goedicke, JEA 49
(1963), p. 84-85.
(13) Wb XII, 401, 6 .
- 99 -

II reste à expliquer le lien qui existe entre hnrt et ïpt (14).


Ecartons tout de suite les exemples où un fonctionnaire du harem royal
(ss-nswt) est attaché au hnr ou au Pr-hnr (15), c'est simplement la preuve
du lien qui existe entre ces deux réalités au sein du palais royal, ce que
nous avons reconnu. Quand il s'agit des divinités, les choses sont loin
d'être claires. Tout d'abord le lien entre le hnr d'Amon et le nom de Louxor
(ipt tst) est une pure et simple supposition de Blackman (16), nous n'avons
aucune preuve d'un rapport particulier entre les recluses et le temple
méridional d'Amon. La phrase de 1' autobiographe d'Abâ dans laquelle se
trouve les mots ~^ *— 'ν [·}»» <~ est si obscure que Breasted a renoncé à
la traduire (17). De plus, le sens premier de îpt prête lui aussi à
contestation (18).

Les recluses des temples semblent avoir des liens très étroits avec
les activités musicales, si appréciées des dieux d'Egypte, tout comme les
dames du palais avaient pour principale tâche de réjouir le roi par le
chant et le jeu des instruments (19). Leur supérieure était donc un
personnage en vue dans les fêtes des différentes divinités.

La fonction de supérieure des recluses généralisée, semble-t-il, dans


tous les temples d'Egypte au Nouvel Empire a dû correspondre à la
multiplication des officiantes nécessitée par les nombreuses sorties processionnelles
dont on a la trace à partir de cette époque. La supérieure des recluses est
en quelque sorte le pendant féminin du "premier prophète" qui s'implante

(14) Blackman, art, cité, p. 15.


(15) de Meulenaere, CdE 50 (1975), p. 91.
(16) Art, cité, p. 15 ; elle est reprise par Piankoff, Mythological
Papyri I, p. 18.
(17) Caire JE 36158, Cf. PM 1/2, 786, Daressy, ASAE 5 (1904) p. 96
(traduction : Breasted, AR IV, 491) : ^ ®^ "V, f«Z, Q ^ J^ £T *£-
λί=^ "*-— . Nous proposons de traduire hypothetiquement : "il fait
son apparition avec les hautes plumes, son père (celui de Nitocris),
Amon, en direction de son Ipet, pour ses recluses qui sont avec elle
(l'Adoratrice de Dieu), lors de sa fête".
(18) Cf. la conférence de D. Nord, cité plus haut.
- 100 -

un peu partout à la même époque (20).

Au vu des titulatures de nombreuses supérieures les recluses


d'Amon qui mentionnent avec insistance Hathor dame de Nbt-Htpt (21), on
pourrait soutenir que le titre de wrt-hnr a gardé des relations avec le
le culte heliopolitain.

§ 2 : Les recluses d'Amon.

Les mieux connues des supérieures des recluses sont évidemment celles
d'Amon (abrégées désormais : SRA) . Nous les suivons dès la première moitié
de la 18e dynastie, jusqu'à la Troisième Période Intermédiaire.

Le groupe des recluses d'Amon nous est présenté de façon réaliste sur
les parois de la Chapelle Rouge, dans le cadre de la fête de la Vallée et de
fête d'Opet (22). Derrière le harpiste et les ballerines qui attendent la
barque du dieu à son retour de Louxor (fête d'Opet), trois musiciennes sont
figurées, agitant de la main droite le sistre, elles sont suivies de trois
musiciens représentant le choeur. Elles portent une longue robe collante et
sont coiffées de la grande perruque tripartite. Elles récitent un hymne :
"L'odeur des aliments, l'odeur des aliments, comme est agréable, l 'odeur.
Le domaine d'Amon, il est parfumé de (l'odeur des) offrandes et des provisions'
La légende les désigne comme les "recluses du temple" *T^ α ιυηη. I IJf ι
Ce sont sont doute elles qui sont encore représentées sur le bloc symétrique,
qui présente le retour de la procession fluviale à Deir el Bahari (fête de
la Vallée) : elles portent, cette fois-ci, la menât, en plus du sistre (23),

(19) Dans Sinouhé Β 268-269, ce sont la reine et les enfants royaux qui
apaisent le roi par le jeu de la menât et des sistres : cf. Gardiner,
Notes on the Story of Sinuhe, p. 100-103 ; Brunner, ZKs 80 (1955), p. 5-11:
Westendorf, SAK 5 (1977) p. 293-304.
(20) Aucun document ne parait attester ce titre avant la 18e dynastie (le
texte sur lequel se fonde Lefebvre, Histoire des Grands Prêtres,
p. 63-65, pour faire remonter l'institution du Premier Prophète d'Amon
à la 2e période Intermédiaire ne date lui-même que de la 20e dynastie ;
même si on tient à l'historicité de Khonsouemha t , on peut penser que
le titre hm-ntr tpy η 'Imn est une réinterprétation tardive).
(21) Voir ci-dessus les SRA Touy et Mérytrê.
(22) Lacau-Chevrier, o^. , p. 200, § 299, 1; pi. 9.
(23) Ibid. p. 202, § 300, 1 où elles ne sont désignée par aucune légende.
- 101 -

Un bloc plus difficile à situer (il pourrait prendre place soit avant
l'embarquement à Louxor, soit après le débarquement à Karnak) représente
une théorie d'officiants qui escortent la barque. Trois femmes, désignées
explicitement comme "recluses du Temple", précèdent sept "prophètes" porteurs
d'enseignes à tête animale et un prêtre-lecteur (hry-hbt) (24).

Les recluses ainsi désignées paraissent liées au groupe des chanteuses


d'Amon et des joueuses de sistres. Sans doute, toutes les "chanteuses d'Amon"
ne font pas partie des "recluses", car la première catégorie est très vaste
et regroupe presque toutes les dames de qualité de Thèbes qui ne s'astreignaient
certainement pas à une vie cloîtrée (25). Mais nous serions tentés d'y voir
un groupe plus restreint formant un choeur permanent, auquel venait se joindre,
II
pour les fêtes, les "chanteuses" séculières. On évoque aussitôt les
chanteuses de l'intérieur" étudiées par J. Yoyotte (26) dont l'existence est
attestée à Thèbes au moins à partir de l'époque libyenne : elles pourraient
bien avoir été la suite de nos recluses.

Le groupe des recluses d'Amon parait avoir été si nombreux à


certaines époques qu'il a fallu le diviser en philae , dotée chacune de sa
supérieure (27).

La localisation des recluses d'Amon dans l'agglomération thébaine


n'est pas connue. Elles paraissent, au moins les blocs de la Chapelle Rouge,
liées au temple de Karnak, mais elles peuvent s'être déplacées avec la
barque d'Amon. Le rapprochement que nous ferons plus loin entre Supérieure
des recluses et Epouse du Dieu pourrait nous inviter à chercher leur lieu
d'implantation au nord de la nécropole thébaine au voisinage du domaine
de 1 'Adoratrice, mais les deux fondationsrestent distinctes au moins à la

(24) Ibid. p. 203, § 304, 1.


(25) II n'existe aucune étude sérieuse sur les "chanteuses d'Amon" ;
quelques notations dans Blackman, art, cité , p. 9 ; Lefrebvre, o.c. ,
p. 33-34.
(26) CRAIBL 1961, p. 45-51.
(27) Wrt hnrt η 'Imn m sj 3-nw (Naville, Papyrus funéraires de la XXIe
çlynasTTë 7 pT~2)"";~^3 wrt ^hnr η ?Imn-R* m s3 tpy (CGC 42223).
- 102 -

18e dynastie (27 bis).

§ 3 : La Supérieure des recluses d'Amon.

Une fois appelée "supérieure des recluses de la maison d'Amon"


(Touyou), une autre fois "dans Karnak" (Mérytrê), la SRA a joué un rôle
particulier dans le clergé thébain tout au long du Nouvel Empire et dans
la période suivante.

Enumérons rapidement les principales titulaires de la fonction dans


l'ordre chronologique, autant qu'il est possible de la reconstituer (le nom
des rois sous le règne desquels elles ont exercé leur fonction est indiqué
entre parenthèses).

18e dynastie
- Houy (Thoutmosis III), autres titres : "supérieure des recluses
dans la maison de Rê", "Adoratrice divine d'Amon", "Adoratrice divine dans
la maison d'Atoum" (28).
_ Satamon (Thoutmosis III), autre titre : "fille de Roi"(29) .
_ Touyou (Thoutmosis IV), autres titres : "concubine royale, supérieure
des recluses de Min, chanteuse (hsyt) du Dieu Bon, chanteuse d'Hathor",
mère de la reine Tyi (30).
_ Ipény (Aménophis III), femme du vizir Ptahmose (31).

(27 bis) Une tablette publiée par P. Vernus (RdE 33 (1981), pi. 6, p. 107)
mentionne le Pr-wrt-hjnrwt à côté du Pr-Dwjt dans une liste de domaines
approvisionnés au milieu de la 18e dynastie.
(28) BM 1280, cf. supra, p. 80
(29) CGC 34117 = Urk. IV 1940.
/
(30) Davis-Maspero, The Tomb of Houiya et Touiyou, p. XVI-XVII.
(31) Lyon 88 = Urk. IV, 1915, 5.
- 103 -

19e dynastie

- Touy (Séthi 1er), mère de Ramses II (32).


_ Ouadjrenpet (Séthi 1er ?) (33).
_ Mérytrê (Séthi 1er), femme du grand-prêtre d'Amon Nebnéterou et mère
du vizir Pasar (34), autres titres : "joueuse de sistre d'Hathor

Bentanta (Ramses II), autre titre : "fille de Roi" (38).


-, Tyi (Ramses II), fille ou peut-être petite fille de la précédente (39)
Takhât (Ramses II), femme du grand-prêtre Nebounenef (40).
- Isis (Ramses II), femme du grand-prêtre Ounnéfer (41).
Mertséger (Ramses II), femme du grand-prêtre Bakenkhonsou (42).
- Moutnéfert (Ramses II), femme du Vice-Roi de Kouch Sétaou; C2^ —\^)jn
(42 bis ).
20e dynastie
-Hénoutméter (début de la dynatie ou fin de 19e ?), épouse du 3e
prophète d'Amon, Amenhotep, mère de Tjanefer (43).
_Néfertary (début de la dynastie), belle soeur de la précédente,
épouse du 3e prophète d'Amon Tjanefer, mère d'Amenemope (44).

(32) LD Text III, 148.


(33) Mariette, Catalogue général du Monuments d'Abydos, p. 424 M.137J .
(34) Lefebvre , Histoire des Grands Prêtres, p. 246-247, qui cite notamment
T.Théb. 106 (LD Text III, 254 ; LD III, 132 q) ; CGC 561 (ajouter CGC
630); Louvre 5212 (auj. A. 75, cf. Vandier, RdE 16 (1964), p. 81).
(35) Louvre A 75, texte : Lefebvre, o.c. , p. 138.
(36) "Grande chanteuse du Dieu qui est en elle" (CGC 561).
(37) "Belle favorisée de Thébes" (T.Theb. 106 = Champollion, ND I, 847)
(38) Daressy, RT 14 (1893), p. 32.
(39) Lefebvre (o.c, p. 247) la range parmi les enfants de Nebnéterou. Helck
(Verwaltung p. 450) considère qu'elle est la fille de Pasar , PM 1/1,
219 qu'.elle est sa femme. Il faudra attendre la publication complète
de la T.Thèb. 106 pour avoir une certitude.
(40) Lefebvre, o.c . , p. 248 qui cite T.Théb. 157 d'après LD Text III, 239.
(41) Lefebvre o.c. , p. 249-250 qui cite le monument généalogique de Naples
d'après Brugsch, Thésaurus p. 954 £9] ; voir l'arbre généalogique de
la famille dans : Reisner, JEA 6 (1920), p. 45-47 ; Kees, Priestertum,
p. 121-122.
- 104 -

-Touy (début de la dynastie), épouse du 2e prophète d'Amon, Hornakht ;


autre titre : "chanteuse de Thot d'Hermopolis" (45).
_Adjtou (Ramses III), femme du grand-prêtre d'Amon Ramsesnakht (46).
_Tamérit (Ramses III-Ramses IV), fille de la précédente et belle-soeur
de Néfertary, femme du 3e prophète d'Amon et 1er prophète de Moût, Améné-
mopé (47).
-Nedjéimet (Ramses IX), épouse du grand-prêtre Hérihor (48).

A partir de la 21e dynastie ; le titre de SRA est de plus en plus


réservé à la famille des grands prêtres (49). il est complété par celui de
hryt wrt hnr tpyt η *Imn, "première grande supérieure des
(42 bis )Habachi, £. Hist. E^. 10 (1957), p. 53-54, 65
(42) Lefebvre, o.c, p. 136, n.l.
(43) T. Théb. 148 ; voir maintenant Gaballa-Kitchen, MDIAK 37 (1981), 164,
fig. 3 [illj .
(44) Ibid . p. 164, fig. 3 [vi] .
(45) Louvre A 128 = Piehl, Inscriptions hiéroglyphiques I, pi. 11 [6J .
(46) Gaballa-Kitchen, art, cité, p. 167 fig. 4 [illj . Lefebvre, o.c, 265,
qui ne disposait pas de publication intégrale, fait d'Adjaout la fille
de Ramsesnakht.
(47) Ibid. , p. 167 fig. 4 Γΐΐΐΐ .
(48) Elle a continué à porter ce titre après l'accession au trône de son
mari (cf. Kitchen, The Third Intermédiate Period, p. 41), mais elle
le porte déjà quand celui-ci n'est encore que généralissime et grand
prêtre (Leide Stèle V 65, cf. Boeser, Beschrijving VI, 13, pi. 28).
Il faut peut-être ajouter aux mentions de ce titre sur son matériel
funéraire (Kitchen, o.c. p. 42-43), l'inscription figurant sur un
fragment de vase canope au musée Borély à Marseille, au nom de la SRA
Tanedjemet (Maspero, Catalogue du Musée égyptien de Marseille, p. 182
(n° 1006] ).
(49) A la 21e dynastie, toutes les "(Grandes) SRA* semblent avoir été les
épouses des Grands- Prêtres d'Amon (pour les noms propres nous suivons
ici les désignations de Kitchen) :
HrSre Β épouse de Piankh Kitchen p. 44-45
Istemkheb A épouse de Pinedjem 1er Kitchen p. 61-62
Henttawy A épouse de Pinedjem 1er Kitchen p. 49-52
Tayu-héret épouse de Masaharta (?) Kitchen p. 68
Istemkheb C épouse de Menkheperrê Kitchen p. 63
Gaout-soshen fille de Menkheperrê Kitchen p. 67
Istemkheb D fille de Menkheperrê
et épouse de Pinedjem II (?) Kitchen p. 64
Henttawy C fille de Smendes II Kitchen p. 56-57
Nesikhons A fille dé Pinedjem II Kitchen p. 66
Nesikhons Β fille de {_... J Kitchen p. 66
Un tableau un peu différent dans Wente, JNES 26 (1967) p. 157, n. 16;
Voir sur Le titre de SRA à cette période Piankoff, Mythological Papyri I,
18 et n.70.
- 10 5 -

recluses d'Amon" (50), sans doute à cause de la subdivision du personnel


d'Amon en multiples phylae, qui dut nécessiter la création de plusieurs
postes de supérieures de recluses. Le titre est encore attesté à l'époque
libyenne dans la famille des grands prêtres (51); mais tend à disparaître,
semble-t-il. A l'époque grecque, on connaît l'emplacement des "tombes des
concubines" d'Amon (52).

Pour nous limiter aux trois dynasties du Nouvel Empire, quelques


conclusions peuvent déjà être tirées, malgré les lacunes de notre
documentation. Nous examinerons plus loin le cas des membres de la famille
royale qui ont porté ce titre (Satamon, Touy, Bentanta), mais, en ce qui
concerne les quinze SRA non royales, une constatation massive s'impose :
leur lien avec les responsables du clergé masculin d'Amon. Sous Séthi 1er
et Ramses II, l'habitude semble être prise de nommer à la tête des
recluses l'épouse du Premier Prophète d'Amon ; vu le renouvellement des
titulaires de cette fonction, les SRA se sont également succédées en assez grand
nombre durant leur règne. Un essai de transmission héréditaire semble
néanmoins apparaître avec Tyi, mais l'incertitude qui pèse sur son lien de
parenté avec Pasar interdit pour l'instant d'en dire plus. La coutume ne
semble pas s^tre maintenue à la fin de la dynastie, puisque Tamout, femme
de Romê-Roy, n'est que chanteuse au Temple d'Amon (53). La 20e dynastie
marque un recul dans la dignité de SRA, puisque seule l'épouse du grand-
prêtre Ramsesnakht à porté ce titre, les autres SRA sont alliées à des
dignitaires religieux de rang inférieur mais on constate une nette tendance
à la. transmission héréditaire. Néanmoins avec Nedjemet (et avec sa mère
Hrerê" ?) (54), le titre est revenu dans la famille des grands- prêtres .

On peut constater que les SRA sont souvent liées à d'autres cultes :
Houy à celui de Rê et d'Atoum (à Thèbes ou à Héliopolis ?), Touyou à celui
de Min (de Coptos ?), Mérytrê, qui est d'origine memphite, à celui d'Hathor
( d 'Héliopolis) , Touy à celui de Thot. Elles avaient probablement exercé des
fonctions provinciales avant d'être mises (par leur mariage ou pour d'autres
raisons) à la tête du clergé féminin d'Amon.

(50) Sur ce titre Cerny, CAH II/2, p. 650 ; Gardiner, JEA 48 (1962), p. 63.
(51) CGC 42210.42223.
(52) Diodore, I, 47.
(53) Lefebvre, o.c, p. 257.
- 10 6 -

Il importera de compléter cette liste et de repérer dans tous les cas


les attaches familiales de nos SRA.

On connaît des membres du personnel des supérieures des recluses :


notamment un "chef des serviteurs" (55), ce qui suppose une domesticité
nombreuse .

Aucune Supérieure des recluses n'est représentée , à notre


connaissance, dans l'exercice de ses fonctions cultuelles.

§ 4 : Leurs relations avec la famille royale.

Trois SRA paraissent avoir directement appartenu à la famille royale,


sans compter les deux qui ont donné le jour à une reine sans être elles-
mêmes rattachées par leur ascendance ou leur mariage à la dynastie : Touyou
et Houy.

Un document difficile à dater, mais qui remonte au plus tôt au règne


de Thoutmosis III, nous parle d'une princesse Satamon qui fut en même temps
SRA. Il s'agit de la stèle abydeenne de Nebkebny, nourrice royale, qui
porte sur son sein la princesse dont la titulature est ainsi disposée (56) :

4^(?^?)

La légende pose un problème de lecture. Le cartouche semble ajouté


après coup, le texte se terminait peut-être primitivement à j?* , le nom
d'Amon, attendu à la suite du titre, a dû être pris pour le début du nom
de la princesse, ce qui a entraîné l'haplographie, corrigée ensuite par une

(54) Kitchen, o.c. , p^ 43-44 propose de distinguer la SRA Hrerê (attestée


entre autre par Cerny, Late Ramesside Letters, 61^2.4.14), de la mère
de Nedjémet (et de Hérihor) qui porte le même nom, mais la conclusion
ne s ' impose pas absolument .
(55) Louvre D 42 (Zettel WB 85) : hry-sdmw-C s n t} hryt wrt hnrt tpyt n
'Imn, Nb-n-shjw-n.f . ~ _

(56) CGC 34117 = Urk. IV, 1940, 1


- 107 -

répétition du nom entier, mis cette fois dans un cartouche.

Cette Satamon n'est pas l'Epouse du Dieu du début de la dynastie,


elle ne peut être non plus la fille d'Amenophis III (57). C'est
probablement une fille de Thoutmosis III, morte en bas âge, elle portait déjà
le titre de SRA dont elle ne pouvait encore exercer les fonctions. N'est-
ce pas le signe qu'elle était destinée à remplacer l'Epouse du Dieu,
titre détenu à l'époque soit par Mérytamon, soit par Hatshepsout II
Mérytrê ?

Touy, épouse de Séti 1er et mère de Ramses II, est appelée sur une
statue trouvée à Médient Habou "supérieure des recluses d'Amon, joueuse de
sistres fde Moût chanteusej de Hathor de Nbt-htpt, porteuse de menât de
Hathor de G···"] , G· · ·"} de Horakhtë, celle qui apaise Atoum ..." (58).
C'est une titulature typiquement sacerdotale, où l'élément hathorique est
prédominant, ce qui est normal quand il s'agit de musique. On ignore dans
quelles circonstances Touy a exercé ces fonctions, si elle les a jamais
exercées.

L'exemple le plus curieux nous est fourni par Bentanta, fille aînée
de Ramses II et qui porte, sur l'inscription de la procession des enfants
royaux à Louxor, le titre de wrt-hnrt- n(t) y Imn (59). Les autres princes-
v/
ses reçoivent également des titres sacerdotaux : G . . .] de Hathor (n°4) ,
chanteuse de Hathor dame de Htpt (n°5), chanteuse d'Amon (n°7). Le titre
porté par Bentanta indique, semble-t-il, une certaine prééminence sur ses
soeurs et demi-soeurs. Ramses II parait avoir réparti sur ses enfants des

(57) C'est un cartouche de Thoutmosis III qui figure dans le cintre de la


stèle et deux des personnages représentés sont officiants dans le temple
funéraire de ce roi. Gauthier, (LR II 340 [4*1 ) classe cette stèle
parmi les documents attribués à la fille d'Amenophis III, de même Helck,
Materialien I , 96 date du règne de ce roi les deux officiants K n- *Imn
et Nsw . Mais les graphies, notamment celle du signe de la lune (écrit
*^*>. ) invitent à une datation plus ancienne : au plus tard au milieu
de la dynastie (cf. Vandersleyen, CdE 52 (1977), p. 233).
(58) LD Text III, 148 = Kitchen, Ramesside Inscriptions II, p. 848 [294] ,
il s'agit d'une statue trouvée à Medinet Habou mais qui doit provenir
du Ramesséum. Il faut probablement joindre au dossier de Touy, la
célèbre statue de la "reine à la menât" trouvée également au Ramesséum
(CGC 600, Exposition Ramses le Grand (Paris 1976), p. 73 = Kitchen,
o.c, G? , p . 845 (293] ) : le nom a malheureusement disparu mais la
titulature est très voisine de celle qui vient d'être citée, la même
intention s'y marque d'attribuer à la reine les titres des principales
prêtresses des dieux d'Egypte [«* ^ ] J<¥4i??iHÎI*-«$P £~^>]#^

(59) Daressy, RT 14 (1893), p. 32.


- 108 -

titres honorifiques du clergé de Thèbes et d'Héliopolis (60). Il est


difficile de savoir dans quelle mesure cela correspondait à un exercice
effectif. Aucune liste ne donne ces titres aux Filles de Ramses m.

Le titre de SRA a donc été attribué à des princesses, concurremment


avec de grandes dames de Thèbes. Pour Satamon, qu'il est par ailleurs
difficle de situer, ce titre semble avoir été donné par anticipation à
une enfant qui n'était pas en âge de l'exercer. Pour Touy et Bentanta,
on peut se demander s'il s'agit de fonctions effectives, attendu que la
charge semble exercée à la même époque par des prêtresses dont on connaît
les noms.

Le titre semble néanmoins avoir eu un réel prestige point de figurer


dans des titulatures princières. Cela n'aurait pas existé, s'il n'avait
pas eu un lien plus ou moins direct avec celui d'Epouse du Dieu.

§ 5 : La Supérieure des recluses d'Amon et l'Epouse du Dieu.

Le lien de la SRA avec l'Epouse du Dieu est manifeste dès le premier


document connu, la statue de Houy publiée ci-dessus (supra, p. 79 ). Cette
dame, qui est d'ascendance roturière et qui se vante d'être la mère d'une
Epouse du Dieu (probablement Hatshepsout II-Mérytrê), réunit, entre autres
titres , ceux de SRA et d'Adoratrice du Dieu. Elle possède en outre des
titres analogues dans le clergé de Rê et d'Atoum, ce qui prouve qu'elle
exerce professionnellement les fonctions du culte et qu'il ne s'agit pas
de distinctions honorifiques. Si elle n'est pas elle-même Epouse du Dieu
en titre, c'est, c'est sans doute parce qu'elle n'appartient, ni par son
ascendance, ni par son mariage, à la famille royale. Mais elle est
désignée comme Adoratrice du Dieu, ce qui était sans doute senti déjà à
l'époque comme un doublet du titre d'Epouse du Dieu . Elle devait donc avoir
dans la pratique les mêmes fonctions liturgiques et économiques et
supervisait notamment la maison de l'Epouse du Dieu (ou de l'Adoratrice).

(60) Ainsi pour le fameux Khaemouast qui fut grand prêtre de Ptah à Memphis
( F . Gomaà , Chaemwese , Sohn Ramses II. und Hoher-priester von Memphis') .
- 109 -

Dès lors, il est peu douteux que le personnel concerné par ces deux
titres ne faisait qu'un, les recluses n'étant autres que les prêtresses,
dont l'Epouse du Dieu (alias Adoratrice) avait la responsabilité plus ou
moins effective. Le texte d'Aba cité ci-dessus, même s'il est difficile a
interpréter dans sa totalité, dit explicitement que "ses recluses (celles
d'Amon) sont avec elle (l'Adoratrice du Dieu, Nitocris)" (61).

Le dossier du procès des pilleurs de la nécropole thébaine nous parle


des tombes des "chanteuses (sm yt) de la Maison de l'Adoratrice d'Amonrê-
sonther" , ce qui pourrait être une expression pour désigner nos "recluses"
(62).
Mais surtout il existe au moins deux cas où la même reine est
désignée à la fois comme Epouse du Dieu et SRA . Il s'agit d'abord de Touy
dont nous venons de parler et qui porte les deux titres sur la même
inscription (63). Il s'agit surtout d'Ahmes Néfertary, qui est appelée dans une
scène rituelle d'époque ramesside : "Epouse du Dieu, mère du Dieu,
Supérieure des recluses d'Amon" (64). Notons d'ailleurs que Pasar, pour qui
fut gravée cette scène, appartenait à une famille de SRA par sa mère et
peut-être par sa femme.

On a donc la preuve qu'au moine à une certaine époque, il a existé


une quasi-équivalence entre les deux titres : SRA s 'appliquant de
préférence à la titulaire effective des fonctions cultuelles d'Epouse du Dieu,
tandis que le dernier titre était réservé à un membre de la famille royale.
C'est un peu le même cas qui se reproduit à une époque plus récente quand
l'héritière de la Divine Adoratrice avant d'accéder à cette charge est
considérée comme "grande chanteuse de l'intérieur d'Amon", titre qui devait
être à peu près l'équivalent de celui de SRA (65).

Il dut exister une période où l'Epouse du Dieu étant déjà promise


à la virginité consacrée, le titre de SRA était porté au contraire par

(61) Daressy, ASAE 5 (1904), p. 96


(62) P. Abbot 3, 17.
(63) LD Text III, 148.
(64) LD III, 132 .
(65) CRAIBL 1961, p. 49.
- no -

les épouses des grands prêtres d'Amon ou par des filles destinées à être
mariées. C'est ainsi que plusieurs SRA sont mères de Rivines Adoratrices (66),

L'existence d'une lignée parallèle de SRA suppléant l'Epouse du Dieu


explique que, même aux époques où il ne semble avoir existé aucune Epouse
du Dieu , la fonction ait été exercée, et même représentée comme c'est le
cas dans le temple de Louxor, où l'on voit une hmt-ntr remplir son rôle
traditionnel dans le sanctuaire, alors qu'on ne connaît aucune Epouse du Dieu
sous Amenophis III (67).

(66) Ainsi Hénoutaouy (Henttawy A de Kitchen), mère de Maâtkarê et


Isisemkheb mère d'une Epouse du Dieu appelée aussi Hénouttaouy
(Henttawy D; pour Kitchen, Third Intermediate Period p. 64, elle
est fille Istemkheb D, fille de Menkheperrê ; pour Yoyotte,
BSFE 64 (1972) p. 46, elle est la fille d'une épouse de Menkheperrê)
Sander-Hansen, qui n'a pas repéré le statut célibataire des
Epouses du Dieu de la 21e dynastie, suppose que Pinedjem I eut deux
épouses : l'une Epouse du Dieu, l'autre SRA (Gottesweib, p. 8, n. 6)
(67) Gayet, Louxor pi. 35 (LVI), pi. 51.
Ut

C 0 N C L U S ? ?
- 112 -

Au terme de cette étude, il nous reste à récapituler les résultats


enregistrés au fur et à mesure et tenter une brève histoire de la fonction
d'Epouse du Dieu à la 18e dynastie.

Celle-ci nous parait avoir existé anciennement comme un sarcerdoce


spécifique du dieu Amon et certaines autres divinités procréatrices (Min,
le Taureau de Mendès ...). L'influence du mythe héliopolitain, sensible dans
le doublet "main du Dieu", parait également ancienne.

A la suite de quelles circonstances Ahmes Néfertary, ou avant elle


une de ses parentes, se trouva- t-elle en possession de ce titre ? la
question reste posée. En tout cas, il n'appartient à aucune des reines de
la fin de la 17e dynastie, ni à la grande Ahhotep. Il s'agit donc
probablement d'une promotion individuelle, dans le cadre de la réorganisation de
la religion égyptienne perceptible à l'aurore de la 18e dynastie.

Ce qui aurait pu n'être qu'une dévolution provisoire liée à des


circonstances historiques particulières, prit, du fait de la célèbre donation,
une ampleur et une durée inattendue. L'Epouse du Dieu se vit confier la
responsabilité d'un personnel sacerdotal sans doute assez nombreux (les
recluses) et la direction d'une fondation importante, au nord de
l'agglomération thébaine. Surtout, la transmission héréditaire fut explicitement
prévue. Séparée théoriquement de la succession au trône, la fonction
d'Epouse du Dieu ne put dans la pratique en être dissociée, puisque la fille
de l'Epouse du Dieu appartenait inévitablement à la famille royale.

La liste des Epouses du Dieu de la 18e dynastie laisse apparaître trois


séquences dans laquelle la succession mère-fille parait avoir fonctionnée
normalement .
Ahmes Néfertary - Mérytamon (I)
Hatshepsout - Néfrourê
Mérytrê - Mérytamon (II)

Si l'on dut passer, après Mérytamon (I), Néfrourê, Mérytamon (II),


à une titulaire qui n'était certainement pas la fille de la précédente
-113 -

Epouse du Dieu (respectivement Hatshepsout, Mérytrê, Tiaâ) c'est peut-être -


on peut au moins risquer l'hypothèse - parce que la succession matrilinéaire
se trouvait en défaut, l'Epouse du Dieu en titre n'ayant aucune fille
survivante. Le titre tombant en déshérence était repris, après un délai
difficile à mesurer par la reine suivante. Dans un cas au moins on peut deviner
l'étape intermédiaire : Houy à qui fut confiée la fonction d'Adoratrice du
Dieu à la mort de Néfrourê, vit sa fille élevée à la suite de son mariage
avec Thoutmosis III, au rang d'Epouse du Dieu.

L'histoire de la fonction à la 19e et à la 20e dynastie que nous


n'avons pas encore pu mener à bien, devrait confirmer dans les grandes
lignes l'évolution que nous venons de dessiner. La discontinuité (encore
plus sensible) entre titulaires successifs de la fonction pourrait là
encore s'expliquer par les aléas de la succession matrilinéaire : ni Néfertary
Méritenmout, ni aucune des reines du temps de Ramses II n'est fille de
Touy, ce qui pourrait expliquer qu'aucune ne porte le titre d'Epouse du
Dieu détenu par l'épouse de Séthi 1er.

Il est curieux de penser que l'institution des Divines Epouses


vierges de la Troisième Période Intermédiaire résoudra à sa façon le
problème posé dès la 18e dynastie : là où les hasards de la naissance n'avaient
pu assurer une réelle continuité, le mécanisme de l'adoption permettra une
véritable succession de "mère" à "fille".

Un autre fait apparaît patent à partir du milieu de la dynastie,


c 'est ladissociation pratique qui dût s'établir du fait des circonstances
entre l'Epouse du Dieu (toujours une princesse, mais avec des éclipses
dans l'exercice de la fonction) et l'Adoratrice du Dieu ou Supérieure des
Recluses d'Amon, (une prêtresse assurant la continuité de la fonction et
les tâches cultuelles y afférant). On le voit avec le cas d'Houy qui, bien
que mère de l'Epouse du Dieu Mérytrê , n'est pas elle-même Epouse du Dieu ,
mais Divine Adoratrice et Supérieure des Recluses.

Si les documents hiératiques parlent de "Maison de l'Adoratrice" là


où les textes hiéroglyphiques continuent à dire "Maison de l'Epouse du
Dieu", c'est que, dans la pratique, l'Adoratrice devait exercer la direction
effective de l'institution. Celle-ci ne recevait le titre d'Epouse du Dieu
que dans les scènes rituelles figurées sur les parois des grands temples
114 _

thébains où l'ordre invariable des cérémonies devait appeler cette


officiante spécialisée (Chapelle Rouge de Karnak, Temple de Louxor).

La conjonction des deux titres ne se retrouve de façon stable qu'à


la Troisième Période Intermédiaire, lorsque l'Epouse du Dieu, désormais
spécialisée dans son rôle religieux, n'aura plus besoin d'être doublée par
une prêtresse faisant fonction (reste à fixer le statut du titre de SRA
qui, à cette époque, semble se séculariser).

Nous avons donc la chance exceptionnelle de pouvoir suivre sur plus


d'un siècle une institution prestigieuse qui manifeste 1 'intrication des
considérations religieuses, juridiques et dynastiques, dont la civilisation
égyptienne offre d'autres exemples.
/??

INDEX
- 116 -

NOMS PROPRES CITES

(r . ) = reine
(e.d.) = Epouse du Dieu
(s.r.a.) = Supérieure des recluses d'Amon
(g. p. a.) = grand prêtre d'Amon

Abâ : 99, 109.


Adjou (s.r.a.) : 104.
Ahhotep (r.), épouse de Séqenenrê Taâ II et mère d'Amosis : 9 - 23, 47, 49,
54, 55 (n.52), 59. .
Ahhotep (r.), épouse de Kamosis (?) : 10-12.
Ahhotep (r.), prétendue épouse d'Amenophis 1er : 9-12, 44, 45, 59 .
Ahmes , premier enfant de Séqenenrê Taâ II et d'Amose : 13, 15-16.
Ahmes , premier enfant d'Amenophis 1er et Ahmes Néfertary (Ahmes Sapaïr ?) : 15
(n.30), 18, 29, 47 (n.19).
Ahmes , cf. roi Amosis.
Ahmes (r.) épouse de Thoutmosis 1er et mère d'Hatshepsout : 22, 25, 39 (n.38),
44 (n.4), 48, 59-61 ,62 (n.79),64 (n.50),90 (n.209).
Ahmes , fille de Tétishéri : 17 (n.38d).
Ahmes , fille de Satdjehouty : 18.
Ahmes (autres) : 15, 16 (n.34), 17 (n.38).
Ahmes Henoutempet : 16.
Ahmes Hénout Toméhou/Témehou : 19 (n.44, 48-49).
Ahmes Inhapy (r.) : 18 .
Ahmes Mérytamon, cf. Mérytamon.
Ahmes Nebtta (Nebtaouy) : 11 (n.ll), 16 (et n.36), 44, 59 (et n. 64).
- 117 -

Ahmes Néfertary : 2, 9, 10, 11 (n. 10-11), 13 (n.21); 14, 15, 16 (n.34), 17


(n.38), 18, 19 (n.47), 21 (n. 55-56), 22, 23 (et n.61), 24, 25,
27-42, 44 (n.4), 45, 47 (n.19), 48, 49, 51, 55 (et n.52), 56,
57, 58, 61,62, 64 (n.90),69 (n.118), 93 (n.223).
Ahmes Pennekhbet : 65 (n.I8) , 67 , 69
Ahmes Sapaïr : 15 (n.30), 44, 54.
Ahmes Satkamose, cf. Satkamose.
Ahmes Toumeres (Toursy) : 16 (et n.37), 17 (n.38e), 25.
Amenemhat, prétendu fils d'Amenophis 1er : 11.
Amenamhat , fils de Thoutmosis III mort jeune : 74 (et n.142).
Amenhotep , prêtre : 103.
Aménémopé , prince : 92 (n.220).
Aménémopé , prêtres : 103, 104.
Amehmes : 6 1

Amenophis 1er : 2, 9, 10, 11 (et n.ll), 12 20, 21, 22, 24, 25, 33, 35, 39,
40 (et n.43), 44, 45, 46, 47, 53, 54, 55,57 (et n.52) 58, 59
(et n.64, 66), 60, 61., 79 (n. 172).
Amenophis II : 35 (n. 28), 5.2, 73, 74, 75, 76,77 (n.159), 78, 79, 83, 84
86, 87^et n.193), 88,91 (et n.214), 95 (n.l).
Amenophis III : 79 (n.171), 81 (n.173), 92, 107.
Amenophis IV : 81 ·
Amosis : 9, 10, 11 (n.10), 12 (et n.16), 13, 14, 16 (n.34. 35), 17, 18 (et n.42)
20 (et n.52), 21, 23, 24, 25, 28, 30, 31, 32 (et n.ll), 33, 41, 44
(n.4), 45, 46, 47 (n.19), 48 (et n.23), 49, 54, 55, 56, 57, 58, 59
60

Anherkhâouy : 19 (n.44e), 47 (n.17).


Bakenkhonsou : (g. p. a.) : 103.
Bénermérout : 79,82
Bentanta (s.r.a.) : 103, 105, 107, 108.
Binpou : 15 (n.30).
Douy : 5.
Hapou Seneh (g. p. a.) :R3 , 95.
Harpason : 93 (n. 223).
- 118 -

Hatshepsout I (r., e.d.) : 11 (n.ll), 22, 35 (n.28), 36 (n. 30-31), 40 (et n.43-
44), 50,53,57 (n. 57), 59 f. 60 (et n. 67) , 61-66 , 67 . 69 (et
n. 121-122), 71 (n.130) , 72 . 73 > 76 . 66 · »1 . 8Q (n.211).
Hatshepsout II Mérytrê (r.,e.d.) : 70, 71, 73, 74, 75-78, 79, 82 (et n.130).
83,, 84,, 92 , 97 (n.4), 107, 108.
Henoutmeter (s.r.a.) : 103.
Henoutaouy (r.) : 104 (n.49), 110 (n.66).
Henout-Tomehou/Temehou cf. Ahmes Hénout Toméhou.
Herihor : 104.
Hornakht : 104.
Houy (s.r.a.) : 79 - 8*, 95, 96, 102.
Ipeny (s.r.a.) : 102.
Iouf : 22.
Isis mère de Thoutmosis III : 73
Isis fille de Thoutmosis III :8l (et n. 173).
Isis (s.r.a.) : 103.
Isisemkheb (r.) : 104 (n.49), 110 (n.66).
Iyméritnebes (e.d.) : 5-6 .
Kamosis : 10-12-15 (n.30), 16 (n.34), 17, 18, 23, 24, 46, 47 (n.17), 48, 54,56.
Khâbekhnet : 14 (n.25), 15 (n.30), 17 (n.37), 19 (n.44 d), 47 (et n.17), 48,
49 (n. 29), 57, 60 (n.28).
Khaemouast : 108 (n.60).
Khonsouemhat ( g . p . a . ) : 100 (n.20).
Maat-ka (sic ?) : 95 (n.l).
Maatkarê (e.d.) : 111 (n.66).
Meh : 50 (n.36), 56 (n.54).
Menkheperrê , fils de Thoutmosis III : 81, 82 (et n. 172).
Menkheperrê , cf. Thoutmosis III.
Mentouhotep, cf. Seankhkarê Mentouhotep.
Mertseger (s.r.a.) : 103.
- 119 -

Meryt : 85 (j»t n. 184) .


Mérytamon (e.d.), fille d'Amosis et d'Ahmes Néfertary : 11 (n.10), 18, 22, 44,
45, 47, 49-56, S7 (et n.57), 58, 59 , 61, 66, 69 (n. 118).
Mérytamon (e.d.) fille de thoutmosis III : 70, 73, 74, 78-79, 81, 82, 83, 84.
86, 107.
Mérytamon , autre fille de Thoutmosis III : 79, 81, 82.
Méretnebes : 5 (n.4).
Mérynebef : 5 (n.4), 6 (n.6).
Mérytrê : Hatshepsout Mérytrê.
Mérytrê (s.r.a.) : 100 (n.21), 103, 105.
Min : 85 (et n.184).
Minhotep : 67
Moutemouia : 79 , 84 , 93 (n.223).
Moutnedjemet (r.) : 93 (n.225).
Moutnefert : 61, 73
Mouttouy (r., e.d., s.r.a.) : 93, 100 (n. 2l}l03, 107 (n.58), 108.
Nebiounet : 81, 8.2.
Nebkebny : 106.
Nebnéterou ( g . p . a . ) : 103.
Nebounenef (g. p. a.) : 103.
Nedjemet (r., s.r.a.) : 104.
Néfertary Merytenmout ( r . ) : 97 (n.7).
Néfertary (s.r.a.) : 103.
Néfertary (s.r.a.) : 103.
Néfertary, fille de Thoutmosis III : 74 .
Nefroubity : 60.
Néfrourê (e.d.) : 57 (n.17), 63, 65 (et n.94), 66, 72, 73, 74.
Nesou : 107 (n.57).
Nitocris (e.d.) : 99 (n.17), 109.
Nofrou (e.d.) : 6, 7 (n.10), 13 (n.20).
- 120 -

Nofrou , mère de Tétishéri : 13.


Nofrou (r.) : 7 (n.10).
Ouadjmes : 14 (n.25), 60.
Oubsenou : 9?
Ounnefer (s.r.a.) : 103.
Païfâdjar : 23 (n. 62).
Pasar : 103, 109.
Pasenhor : 93 (n.223).
Pinedjem 1er : 10 (n.3), 110 (n.66).
Pouyemrê : 83 95.
Ptahmose : 102.
Qenamon : 107 (n.87) .
Rai : 19 (n.47).
Ramses II : 48 (n.25), 55 (n.31), 71 (n.129).
Ramses III : 34, 98.
Ramses IV : 77
Ramses VI : 35 (et n.24).
Ramses IX : 104.
Ramses nakht (g. p. a.) : 104, 105.
Ramses Siptah : 85 .
Rome Roy (g. p. a.) : 48 (n.25), 105.
Sapaïr, cf. Ahmes Sapaïr.
Satamon (e.d.) fille d'Amosis et d'Ahmes Néfertary : 24, 44, 45, 56, 57 (et
n.58), 58 .
Satamon (s.r.a.) fille de Thoutmosis III : 102, 105, 106, 107, 108.
Satamon fille d'Amenophis III : 107 (et n. 57).
Satdjehouty : 18.
Satiâh (r.) : 47 (n.17), 65, 73, 74, 78 (n.163).
- 121 -

Satkamose (e.d.?) : 24, 44, 45 -48, 58


Satrê (r.,e.d.) : 93 (n.223).
Seankhkarê Mentouhotep : 16 (n.37).
Senna : 95 (n.l).
Sobekhotep : 85
Sepakhtenrê Taâ I : 12 (n.15), 15 (et n.29), 17, 54 (n.48).
Senenmout : 36 (et n.31), 63, 64, 67(et n.I06), 68 (n.110), 69,70.
(et n. 123-124).
Senmen : 67,68 (n.lll), 71, 72.
Sennefer : 76 (et n.155), 77 (n.159).
Senseneb , prêtresse : 83 96.
Senseneb , mère de Thoutmosis 1er : 47 (n.17), 61.
Shépenoupet (e.d.) : 78 (n.172).
Seniou : 37.
Séqenenrê Taâ II : 9, 12, 13, 14, 15 (n. 29-30), 17 (n.38), 18, 19, 47,54, 59.
Séthi 1er : 93.
Séthi II : 86 (n.185).
Siptah : 86 (et n.185).
Sobekensas (r.) : 13 (n.21), 22.
Taâ 1er, cf. Senakhtenrê Taâ.
Taâ II, cf. Séqenenrê Taâ.
Taemouadjsy : 98 (n.7).
Takhât (s.r.a.) : 103.
Tamerit (s.r.a.): 104.
Tétishéri (r.) : 12, 13, 17 (n.38d), 21, 41, 49 (n.28).
Thoutmosis 1er : 11, 18 (n.42), 21 (n.55), 22, 44, 47 (n.19), 54, 57, 60, 61
62 (et n.76), 64 (n.93). '
Thoutmosis II : 59 (n.67),61 , 62, 63 (et n.83), 66, 67 (et n.I06), 73, 76.
- 122 -

Thoutmosis III : 17 (n.38d), 22, 35 (?. 28), 36 (?. 28. 30), 48 (n.25), 49, 50
(n.37), 52, 53 (et n.43), 54, 63, 66, 67, 69 (et n. 121 ), 70
(et n. 130), 73, 74 (n.137), 75 (et n. 145), 77 (n. 154), 78
(et n. 163), 79, 81, 82, 83, 84, 85, 97, 107.
Thoutmosis IV : 35 (n. 28), 84, 85, 86, 87, 88 (n.200), 91, 92.
Tiâal (r., é.d.) : épouse d'Amenophis II : 76, 84, 92, 94.
Tiâa II : fille de Thoutmosis III : 85, 86 (et n. 184 ).
Tiâa III (r., é*.d.) : 85, 86 (et n. 185 ).
Tjanefer : 103.
Tjenna : 13.
Toumeres : cf. Ahmes Toumeres.
Toutankhamon : 98 (n.7).
Touy : cf. Moût touy.
Touy (s.r.a. 20e dyn.) r 104.
Touyou (s.r.a.) : 102, 105.
Tyi (r. ) : 93 (n.226).
Tyi (s.r.a. ) : 102, 105.
- 123 -

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Ancient Egypt, Londres.

Ann. CdE = Annuaire du Collège de France, Paris.

Ann. EPHE, Ve section = Annuaire de l'Ecole pratique des Hautes Etudes,


Ve section, Paris.

Annuals University of Liverpool = Annals of Archaeology and Anthropology , Liver-


pool.

ASAE = Annales du Service des Antiquités de l'Egypte, Le Caire.

BdE = Institut français d'Archéologie orientale, Bibliothèque d'étude,


Le Caire.

BE = Bibliothèque égyptologique.

Berlin Abh = Abhandlungen der Preussischen Akademie der Wissenschaften, Berlin

Bi. Aeg. = Bibliotheca Aegyptiaca, Bruxelles.

??? = Bulletin de l'Institut français d'Archéologie orientale, Le Caire.

BMMA = Bulletin of the Metropolitan Muséum of Art, New York.

BMQ = The British Muséum Quartely, Londres.

BSAE = British School of Archeology in Egypt (and Egyptian Research Account),


Londres.
BSFE = Bulletin de la Société Française d'Egyptologie, Paris.
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Bulletin (Sbornik) de l'Ermitage Impérial, St Petersburg.

CASAE = Cahier n° supplément aux Annales du Service des Antiquités de


1 'Egypte, Le Caire.

CdE = Chronique d'Egypte, Bruxelles;

CGC = Catalogue général du Musée du Caire, Le Caire.

C. Hist. Eg. = Cahiers d'Histoire Egyptienne, Le Caire.

CRAIBL = Comptes rendus. Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris.

EEF = Egypt Exploration Fund, Archaelogical Reports, Londres.

EES = Egypt Exploration, Society, Londres

FIFAO = Fouilles de le l'Institut Français d'Archéologie Orientale, Le Caire.

GM = Gottinger Miszellen. Bertrage zur âgyptologischen Diskussion, Gôttingen.

Gôttingen Nachr. = Nachrichten von der Gesekkschaft der Wiss en schaften


sur Gôttingen, Gôttingen.

HAB = Hildescheimer âgyptologische Beitràge, Mildescheim.

JARCE = Journal of American Research Center in Egypt, Boston puis Cambridge.

JEA = The Journal d' Egyptian Archaelogy, Londres.

JNES = Journal of Near Eastern Studies, Chicago.

Kêmi = Revue de philologie et d'archéologie égyptiennes et coptes, Paris.

Kush, Journal of the Sudan Antiquities service, Khartoum.

LAS = Leipziger âgyptologische Studien, Gluckstadt

M'AS = Munchner âgyptelogische Studien, Berlin.

MDIAK = Mitteilungen des Deutschen Instituts Fur agyptische AltertumsKunde in


Kairo, Berlin.
MMAF = Mémoires publiés par les membres de la Mission archéologique
française au Caire, Paris.
- 137

Newsletter ARCE = American Research Center in Egypt, Newsletter, Boston,


puis le Caire, Princeton.

Newsletter SSEA = The Society for the Study of Egyptian Antiquities,


Newsletter, Toronto.

OLZ = Oriental istische Literaturzeitung, Leipzig.

Oriens Antiquus, Revista del Centro per le Antichità e la Storia dell'Arte


del Vicino Oriente, Rome.

Orientalia = Commentarii periodici Pontificii Instituti Biblici, Rome.

PSBA = Proceedings of the Society of Biblical Archaelogy, Londres.

RAPH = Recherches d'Archéologie, de Philologie et d'histoire, Le Caire.

RdE = Revue d'Egyptologie publiée par la Société Française d'Egyptologie, Paris


et Le Caire.

Revue du Louvre = Revue du Louvre et des Musées de France, Paris.

RT = Recueil de travaux relatifs à la Philologie et l'archéologie égyptiennes


et assyriennes, Paris.

Saeculum, Fribourg et Munich.

SAK = Studien zur altâgyptischen Kultur, Hambourg.

SAOC = Studies in Ancient Oriental Civilizations , Chicago.

Serapis/Sarapis, The American Journal of Egyptology, Chicago.

Unt. = Untersuchungen Zur Geschichte und AltertumsKunde Aegyptens, Leipzig.

ZAS = Zeitschrilt fur agyptische Sprache und AltertumsKunde, Leipzig.

0O0
- 138 -

DOCUMENTS INEDITS

Arch. Grdselaff = Notes et photographies prises par Bernhard Grdseloff


(1915-1950) déposées à 1' Ashmolean Muséum, Oxford.

Arch. Harris, MS Alex = Wilkinson MSS X, 79-80.

Arch. Lacau = Archives P. Lacau, déposées au Centre Wladimir Golenischeff ,


19 Av. d'Iéna, 75016 PARIS.
- Photos
- MSS R.C. = relevés et Copies
- MSS CI. = Cahiers d'inspection;

Wilkinson MSS = Notes prises par J.C. Wilkinson (1821-1855) déposées à 1 'Ashmolean
Muséum, Oxford.

Zettel Wb = Fiches pour l'établissement de A. Ermann et H. Crapon ,


Wôrterbuch der âgyptischen Sprache, copie déposées au cabinet
d'Egyptologie du Collège de France, Place Marcellin Berthelot,
75005 PARIS.

oOo
- 139 -

TABLE DES ILLUSTRATIONS

pi . I : Main d'ivoire au nom d'une Epouse du Dieu Ahmes, Turin Cat. 6921.

pi. II : Stèle du héraut de la mère royale ^-m-tw, New York, MMA, 19.3.32.

pi. III : Stèle de Kasr Ibrim, en l'an 8 d'Amenophis 1er, Londres, BM 1835

pi. . IV-V-VI-VII : Statue de la Supérieure des recluses d'Amon Houy,


Londre, BM 1280

pi. VIII : Fragment représentant l'image de trois reines, Louvre LP 2102.

pi. IX : Stèle de provenance inconnue, New York, MMA 54.185.

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PI. I. Main d'ivoire au nom d'une Epouse du Dieu Ahmes, Turin, Cat. 6921.
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Illustration non autorisée à la diffusion

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Illustration non autorisée à la diffusion


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Illustration non autorisée à la diffusion


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Illustration non autorisée à la diffusion
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Illustration non autorisée à la diffusion
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TABLE DES MATIERES

Page

INTRODUCTION 2

PREMIERE PARTIE : LE TITRE D'Epouse du Dieu avant Ahmes Néfertary 4


Chapitre 1 : Les Epouse du Dieu du Nouvel Empire 5
Chapitre 2 : Ahhotep et les origines du titre d'Epouse du Dieu 9
§ 1 : Les deux Ahhotep 9
§ 2 : L ' ascendance d ' Ahhotep 12
§ 3 : Le mariage d ' Ahhotep et ses enfants 14
§ 4 : La mort d ' Ahhotep 20
§ 5 : Ahhotep , Epouse du Dieu 21
§ 6 : Qui fut la première Epouse du Dieu '. 23

DEUXIEME PARTIE : LA FONCTION D'EPOUSE DU DIEU SOUS AHMES NEFERTARY 27


Chapitre 1 : La stèle de donation et sa portée 28
Chapitre 2 : Le domaine de l'Epouse du Dieu : situation, personnel,
fonction 32
Chapitre 3 : Activité religieuse et activité sacerdotale d 'Ahmes
Néfertary 39

TROISIEME PARTIE : LE TITRE D'EPOUSE DU DIEU APRES AHMES NEFERTARY 43


Chapitre 1 : Les successeurs immédiats 44
§ 1 : Position du problème 44
§ 2 : Satkamose 45
§ 3 : Mer y tamon 49
§ 4 : Satamon 55
§ 5 : Conclusion 56
Chapitre 2 : De Mérytamon à Néfrourê 58
§ 1 : Ahmes 58
§ 2 : Hatshepsout 59
§ 3 : Nefrouré 65
Chapitre 3 : De Néfrourê à Moutémo.uia 72
§ 1 : Satiâh 72
§ 2 : Hatshepsout Mérytré 74
§ 3 : Mérytamon 77
§ 4 : La statue de Houy 78
§ 5 : Tiâa 83
§ 6 : Moutémouia 91

QUATRIEME PARTIE : LES ADORATRICES DU DIEU ET LES SUPERIEURES DES RECLUSES


D ' AMON DURANT LA I8E DYNASTIE 94
Chapitre 1 : Les Adoratrices du Dieu 95
Chapitre 2 : Les supérieures des recluses d'Amon 97
§ 1 : Les recluses et leurs supérieures 97
§ 2 : Les recluses d ' Amon 100
§ 3 : La supérieure des recluses d ' Amon 102
§ 4 : Leurs relations avec la Famille Royale 106
§ 5': La supérieure des recluses d'Amon et l'Epouse du Dieu.... 108

CONCLUSION 111
INDEX 115
Noms propres cités 116
Ouvrages cités χ 23
Revues et Collections 128
Documents inédits 138
Table des illustrations .139

oOo

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