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L’ASASIF REVISITÉ*
Manfred Bietak**
* Nous voudrions remercier nos anciens collègues de Thèbes-Ouest, Josef Dorner, Diethelm
Eigner, Elfriede Reiser Haslauer, Heinz Satzinger † et Helga Singer †. Nous sommes également
obligé à Julia Budka et Claus Jurman pour la relecture du manuscrit ainsi que pour d’importantes
remarques. Sauf en cas de mention contraire, les illustrations ont été réalisées par Nicola Math.
Pour la traduction française nous remercions beaucoup Mme Marie Malherbe.
** Professeur émérite d’égyptologie à l’université de Vienne ; ancien directeur de l’Institut
autrichien d’archéologie du Caire.
1. Publié par l’Académie des sciences autrichienne (Österreichische Akademie der Wissens‑
chaften) : M. Bietak, Theben-West (Luqsor). Vorbericht über die ersten vier Grabungskampag-
nen (1969-1971) (Sitzungsberichte der Philosophisch-historischen Klasse der Österreichischen
Akademie der Wissenschaften 278/4), Vienne, 1972 ; M. Bietak – E. Reiser-Haslauer, Das Grab
des Anch-Hor Obersthofmeister der Gottesgemahlin des Amun, Nitokris, 2 vol., (Untersuchun-
gen der Zweigstelle Kairo des Österreichischen Archäologischen Institutes V-VI), Vienne, 1978-
1982 ; J. Budka, Bestattungsbrauchtum und Friedhofsstruktur im Asasif. Eine Untersuchung der
spätzeitlichen Befunde anhand der Ergebnisse der österreichischen Ausgrabungen in den Jahren
1969–1977 (Untersuchungen der Zweigstelle Kairo des Österreichischen Archäologischen Insti-
tutes 34), Vienne, 2010 ; D. E igner, Die monumentalen Gräber der Spätzeit in Theben-West : Eine
baugeschichtliche Analyse (Untersuchungen der Zweigstelle Kairo des Österreichischen Archäo-
logischen Institutes VII), Vienne, 1984.
2. G. Foucard, « La belle fête de la vallée », BIFAO 24 (1924), p. 1-209 ; S. Schott, Das schöne
Fest vom Wüstentale. Festbräuche einer Totenstadt (AAWMainz 11), Wiesbaden, 1953 ; M. Bietak –
E. Reiser-Haslauer, Das Grab des Anch-Hor I, p. 19-29 ; E. Graefe, LÄ VI (1986), s. v. « Talfest »,
col. 187-189 ; S. Wiebach, « Die Begegnung von Lebenden und Toten im Rahmen des thebanischen
Talfestes », SAK 13 (1986), p. 263-291.
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par le fait que dans l’enceinte du temple de Montouhotep II, les six épouses
secondaires du roi étaient toutes prêtresses d’Hathor11. Un fragment de relief,
aujourd’hui au musée de Hanovre (Hannover 1935.200.82)12, montre le roi
dans la posture du rejeton divin buvant au pis de la vache Hathor – une scène
bien connue du sanctuaire d’Hathor d’Hatchepsout et de la chapelle d’Hathor
de Thoutmosis III (pl. 1)13. Des représentations d’Hathor dans le sanctuaire
du temple de Montouhotep sont disposées en scènes cultuelles importantes14 ;
c’est ainsi que dans la scène où Montouhotep II se présente face au dieu
créateur Min-Amon, elle se tient juste derrière le roi (pl. 2)15. Hathor est
jusqu’ici présentée comme patronne de Dendérah16. Elle est encore associée
au sanctuaire de Nebhetepreʿ Montouhotep II à l’époque du Nouvel Empire17.
Hathor tenait un rôle important dans ce que l’on appelait la « belle fête de
la vallée », au cours de laquelle le dieu Amon de Thèbes traversait le Nil de
son temple de Karnak vers la rive ouest, pour se rendre en procession festive
au sanctuaire d’Hathor (pl. 3-5). Les prêtres d’Amon du temple funéraire du
roi Nebhepetreʿ Montouhotep II et de Seʿanchkareʿ Montouhotep III passaient
la nuit précédant la fête sur le mont El-Qurn (« la corne »), dont la forme
pyramidale s’élève au-dessus du cirque de Deir el-Bahari – destination finale
du cortège. Les prêtres avaient le devoir d’observer le départ de la procession
festive à l’aube ; ils laissèrent leurs noms et titres sur les parois rocheuses en
de nombreux graffiti18.
La fête connut des changements au cours de son histoire de quelque deux
mille ans. Les événements officiels, comme la traversée vers l’Ouest à la rame et
la visite du temple funéraire, nous sont connus principalement par les inscrip‑
tions et reliefs de temples. Les événements privés, se déroulant en majeure
partie dans les tombes de la nécropole, ne sont connus que par les fresques
des tombes, étant donné que la « belle fête de la vallée » n’est mentionnée
que très rarement dans les inscriptions19. Dans la plupart des cas, la référence
à cette fête est donc une supposition très vraisemblable ; dans certains cas
cependant, l’allusion à d’autres fêtes ne peut être exclue. Les représentations
qui nous sont familières remontent essentiellement à la xviiie dynastie, alors
que pendant la période ramesside, les événements profanes de la fête n’appa‑
raissent plus, et que les références à la « belle fête de la vallée » se limitent
au rituel. Dans notre connaissance du déroulement de la fête, beaucoup d’élé‑
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20. S. Schott, « Das Löschen von der Fackeln in Milch », ZÄS 73 (1937), p. 1-25.
21. Le fait qu’il ne soit pas mentionné de retour pour Héra (Hathor) montre que celle-ci était
chez elle au point final de la procession.
22. D. A rnold, Der Tempel des Königs Mentuhotep ii, pl. 22, 23.
23. La supposition du déplacement à la rame est plus réaliste pour une traversée du Nil qu’une
navigation à la gaffe. Malheureusement, l’emplacement du supposé safran dans le relief n’a pas
été conservé. L’époque de Sésostris I er offre pourtant une comparaison, montrant un safran plutôt
qu’une gaffe : L. Gabolde, Le « grand château d’Amon » de Sésostris Ier à Karnak. La décoration
du temple d’Amon-Rê au Moyen Empire (MAIBL, n.s. 17), Paris, 1998, pl. IX. Thoutmosis III
est également figuré ramant lorsqu’il fait passer la barque cultuelle d’Amon sur l’autre rive. Cf.
Fr. Burgos – Fr. Larché, La chapelle Rouge I. Fac-similés et photographies des scènes, Paris,
2006, p. 113.
24. Sh. Allam, Beiträge zum Hathorkult, p. 1, 15, 39, 47 sq., 59-75, 97 ; L. Gestermann, « Hathor,
Harsomtus und Mnṯw-ḥtp.w ii », dans Studien zur Sprache und Religion Ägyptens, Zu Ehren von
Wolfhart Westendorf überreicht von seinen Freunden und Schülern 2 : Religion, Göttingen, 1984,
p. 763-776 ; récemment L. Morenz, « Hathor in Gebelein ».
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On peut relativement bien expliquer à partir de quel moment cette fête est
devenue une fête de nécropole, où Amon rendait visite aux morts et aux rois
défunts dans la nécropole. Ce changement remonte vraisemblablement déjà
au long règne de Nebhepetreʿ Montouhotep II. L’étude du plan de la fameuse
« vallée », de l’emplacement de son temple funéraire avec de profondes tombes
rocheuses intégrées, de la chaussée montante, avec le groupement des tombes
de ses fonctionnaires (pl. 1) conduit à la conclusion que toute la nécropole de
la xie dynastie représentait dans le paysage un tout cohérent. Les tombes se
regroupent d’un côté en hauteur, dans les galeries situées au nord du cirque,
de l’autre en contrebas, tout le long de la chaussée montante conduisant des
champs jusqu’au quartier du temple funéraire. Les tombes ne sont toutefois
pas disposées en fonction du temple funéraire du souverain, mais orientées
soit vers l’est en direction du temple d’Amon, soit vers la chaussée montante.
Si l’on garde à l’esprit que cette chaussée, large de 40 mètres environ, était
pavée et sécurisée au nord et au sud par un double mur de clôture, il apparaît
une grande différence avec les rampes d’accès aux pyramides de l’Ancien
Empire, étroites et couvertes. Cette largeur et cette ouverture donnent à la
chaussée de Montouhotep le caractère net d’une voie processionnelle, scène
d’un cortège pour la « belle fête de la vallée ». La disposition des tombes
par rapport à la voie processionnelle et au temple d’Amon sur l’autre rive
du Nil révèle clairement que les propriétaires des tombes avaient le vœu de
pouvoir participer à la « belle fête de la vallée » pour l’éternité. Dans cette
optique, la fête et la nécropole deviennent un organisme cohérent au regard
de la conception de l’au-delà des anciens Égyptiens.
Des restes de la chaussée montante ont été retrouvés par nos fouilles,
relatifs aussi bien à son pavement en briques de terre crue recouvert d’une
couche de chaux qu’au double mur d’enceinte (pl. 6). Le long de la bordure
se trouvaient à intervalles réguliers des balises en pierre calcaire, à l’aide
desquelles on avait contrôlé les alignements aussi bien que la pente de la
chaussée. Immédiatement au nord de la chaussée furent dégagées des tombes
de la xie dynastie. Ces tombes se poursuivent à l’ouest de notre territoire sur
la concession allemande et à l’est sur la concession italienne (pl. 1). Il y a
également des traces de tombes de la xie dynastie au sud de la rampe, mais il
s’agit là d’un terrain peu fouillé.
La « belle fête de la vallée » pourrait être par ailleurs associée à un temple
funéraire situé dans la vallée voisine au sud, temple qu’Herbert E. Winlock
attribue à Seʿankhkareʿ Montouhotep III25, tandis que Dorothea Arnold,
appuyée sur une solide argumentation, l’attribue au contraire au fondateur de
la xiie dynastie, Amenemhat Ier26.
Ce temple se situe également au fond d’un cirque, et était de même acces‑
sible par une longue chaussée montante, laquelle ne fut peut-être jamais
achevée. Le plan de cette chaussée est aujourd’hui identifié avec l’Asasif-sud,
par analogie avec son homonyme nord conduisant à Deir el-Bahari. La signi‑
fication de ce site méridional pour la « belle fête de la vallée » devient de plus
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27. M. Ullmann, König für die Ewigkeit. Die Häuser der Millionen von Jahren. Eine
Untersuchung zu Königskult und Tempeltypologie in Ägypten (ÄAT 51), Wiesbaden, 2002,
p. 53-59.
28. PM II, p. 429-431 ; P. Der M anuelian, Studies in the Reign of Amenophis II, p. 268.
29. PM II, p. 431-443 ; M. Ullmann, König für die Ewigkeit, p. 339 sq.
30. Voir infra.
31. PM II, p. 384 sq.
32. Ibid., p. 343 ; D. A rnold, The Temple of Mentuhotep at Deir el-Bahari, pl. 42 ; A. Dodson,
« Amenhotep I and Deir el-Bahri », Journal of the Ancient Chronology Forum 3 (1989-90),
p. 43.
33. PM I/12, p. 421 (TT 358).
34. A. Dodson, « Amenhotep I and Deir el-Bahri », p. 42-44.
35. PM II, p. 340-377 ; à propos du culte solaire de ce temple, voir J. Karkowski, The Temple
of Hatshepsut: The Solar Complex (Deir el-Bahari VI), Varsovie, 2003.
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36. Sur sa fonction : D. A rnold, Wandrelief und Raumfunktion in ägyptischen Tempeln des
Neuen Reiches (MÄS 2), Berlin, 1962 ; Id., « Vom Pyramidenbezirk zum „Haus der Millionen
Jahre“ », MDAIK 34 (1978), p. 1-8 : G. Haeny, « Zur Funktion der „Häuser für Millionen
Jahre“ », dans R. Gundlach – M. Rochholz (éd.), Ägyptische Tempel – Struktur, Funktion und
Programm (Akten der Ägyptologischen Tempeltagungen in Gosen 1990 und in Mayence 1992)
(HÄB 37), Hildesheim, 1994, p. 101-106 ; M. Ullmann, König für die Ewigkeit, p. 661-670, 674-
676, et dernièrement S. Schröder, Millionenjahrhaus. Zur Konzeption des Raumes der Ewigkeit
im konstellativen Königtum in Sprache, Architektur und Theologie, Wiesbaden, 2010.
37. M. Bietak, Theben-West (Luqsor), p. 11 ; M. Bietak – E. R eiser-H aslauer, Das Grab des
Anch-Hor I, p. 26.
38. PM II, p. 98-102 ; Fr. Burgos – Fr. Larché, La chapelle Rouge.
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56. K. Sethe, Amun und die acht Urgötter von Hermopolis : Eine Untersuchung über Ursprung
und Wesen des ägyptischen Götterkönigs (APAW 4), Berlin, 1929 ; K. M. Cooney, « The Edifice
of Taharqa by the Sacred Lake : Ritual Function and the Role of the King », JARCE 37 (2000),
p. 34-37 ; M. Ullmann, « Origins of Thebes, p. 9 sq.
57. Sur les innovations cultuelles et politiques de la reine Hatchepsout, voir V. G. Callender,
« The Innovations of Hatshepsut’s Reign », BACE 13 (2002), p. 29-46.
58. G. Posener, « La piété personelle avant l’âge amarnien », RdE 27 (1975), p. 195-210. Cette
interprétation a été signalée à notre attention par Orly Goldwasser (Université hébraïque de
Jérusalem).
59. PM II, p. 426–429 ; M. Ullmann, König für die Ewigkeit, p. 84-87.
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Dans la période tardive de son règne, Thoutmosis III érigea pourtant à Deir
el-Bahari, entre le temple de Montouhotep et celui d’Hatchepsout, un autre
« château de millions d’années » nommé « Djeser-akhet », plus haut que les
temples de ses deux prédécesseurs dans la vallée, dédié à l’hébergement
d’Amon-Reʿ pendant la fête60. Il construisit de même son propre sanctuaire
d’Hathor, qui fut achevé sous son fils Aménophis II comme destination finale
de la fête61.
Ce nouveau temple Djeser-akhet était accessible par une chaussée
montante large et ouverte qui lui était propre et qui montait depuis les terres
fertiles62. Comme chez Hatchepsout, les murs d’enceinte de cette chaussée
étaient de calcaire blanc poli (pl. 2b)63. Dans la partie inférieure de la
chaussée se trouvaient des restes de trous de plantation pour des arbres d’une
profondeur allant jusqu’à onze mètres, et qui ont été recensés par l’expédition
du Metropolitan Museum et les fouilles autrichiennes (pl. 9)64. Les trous
les plus à l’ouest étaient seulement au stade de creusement, quand les autres
étaient au contraire déjà remplis de terre du Nil et garnis de plantes, ainsi que
le montrent des restes de racines tendres. Tout apparaît donc comme si cette
allée n’avait été aménagée que dans les dernières années de règne de ce grand
roi. Après sa mort, le projet fut immédiatement abandonné, on n’arrosa même
plus les arbres de l’allée65.
La chaussée de Thoutmosis III fut aménagée parallèlement à celle de
Nebhepetrʿ Montouhotep II, même si le mur de clôture nord de cette dernière
fut sacrifié par ces travaux. Pour donner à cette chaussée, qui est à voir
également comme voie processionnelle pour la « belle fête de la vallée », un
gradient régulier, il fallut tailler le massif désertique dans sa moitié orientale.
De nombreuses tombes de la nécropole de la xie dynastie furent ainsi sacrifiées,
comme déjà par les travaux d’Hatchepsout concernant sa chaussée (pl. 9).
Contrairement au cas de la xie dynastie, on ne trouve que relativement
peu de tombes de l’époque de Thoutmosis III à proximité des rampes
d’Hatchepsout et de Thoutmosis III. Celles-ci se trouvent essentiellement
sur le versant nord d’El-Khokha, accolées aux chaussées (pl. 10)66. Tout
60. PM II, p. 377-381 ; J. Lipinska, The Temple of Tuthmosis III. Architecture (Deir el-
Bahari II), Varsovie, 1977 ; Ead., The Temple of Tuthmosis III. Statuary and Votive Monuments
(Deir el-Bahari IV), Varsovie, 1984 ; Ead., « The Temple of Thutmose III at Deir el-Bahri »,
dans C. H. Roehrig (éd.), Hatshepsut. From Queen to Pharaoh, The Metropolitan Museum
of Art, New York – New Haven – Londres, 2005, p. 285-288. Sur les inscriptions hiératiques
de visiteurs dans le temple, voir M. Marciniak, Les inscriptions hiératiques du Temple de
Thoutmosis III (Deir el-Bahari I), Varsovie, 1974.
61. PM II, p. 380 sq. ; P. Der M anuelian, Studies in the Reign of Amenophis II, p. 264.
62. Sur les phases de la rampe, voir J. Budka, « Non-textual Marks from the Asasif (Western-
Thebes) : Remarks on Function and Practical Use Based on External Textual Evidence », dans
P. Andrássy – J. Budka – F. Kammerzell (éd.), Non-textual Marking Systems, Writing and
Pseudo Script from Prehistory to Present Times (LingAeg Studia monographica 8), Göttingen,
2009, p. 179-203.
63. M. Bietak, Theben-West (Luqsor), p. 16 sq., fig. 1.
64. H. E. Winlock, Excavations at Deir el Bahari 1911-1931, New York, 1942, p. 9-13 ;
M. Bietak, Theben-West (Luqsor), p. 17, fig. 1 ; J. Budka, Bestattungsbrauchtum, p. 45, fig. 3.
65. M. Bietak, Theben-West (Luqsor), p. 16 sq.
66. M. Bietak – E. R eiser-H aslauer, Das Grab des Anch-Hor II, p. 234, fig. 112 A.
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67. Ibid.
68. S. Schott, Das schöne Fest, p. 7.
69. Ibid., p. 5-9.
70. Ibid., p. 44 sq.
71. Ibid., p. 76-78, pl. XI.
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« château de millions d’années ». Comme nous l’avons vu, plusieurs rois possédaient au
moins deux « châteaux de million d’années » sur la rive occidentale, au premier rang desquels
Hatchepsout et Thoutmosis III.
76. PM I, 22, p. 628-630.
77. K. Jansen-Winkeln, « The Chronology of the Third Intermediate Period : Dyns. 22-24 »,
dans E. Hornung et al. (éd.), Ancient Egyptian Chronology (Handbook of Oriental Studies 1,
83), Leyde – Boston, 2006, p. 234-264, voir p. 262 sq.
78. Sur l’archaïsme de la période tardive, voir H. Brunner, « Zum Verständnis der
archaisierenden Tendenzen in der ägyptischen Spätzeit », Saeculum 21 (1970), p. 151-161 ;
D. E igner, Die monumentalen Gräber der Spätzeit, p. 17 sq. ; P. Der M anuelian, Living in
the Past : Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty (Studies in Egyptology),
Londres, 1994 ; pour une autre tentative d’interprétation, voir S. Neureiter, « Eine neue
Interpretation des Archaismus », SAK 21 (1994), p. 219-254 ; I. Nagy, « Remarques sur les souci
d’archaïsme en Égypte à l’époque Saïte », AcAnt (B) 21 (1973), p. 53-64. Sur l’archaïsme en
général : J. K ahl, « Archaism », dans W. Wendrich (éd.), UCLA Encyclopedia of Egyptology,
http://digital2.library.ucla.edu/viewItem.do?ark=21198/zz0025qh2v, Los Angeles, 2010.
79. D. Eigner, Die monumentalen Gräber der Spätzeit, p. 28-34, fig. 2.
80. Voir supra, n. 27.
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(TT 279), Padihorresnet (TT 296) et Padineith (TT 197) de la xxvie dynastie
(pl. 13). Les axes entre les pylônes de brique de la superstructure des tombes
se coupent au milieu de la rampe, environ 75 m devant le sanctuaire d’étape,
en un point81 où les barques processionnelles arrivant de Karnak étaient le
plus tôt visibles depuis les tombes précitées82. Les sorties également munies
de pylônes dans les installations souterraines des tombes de Montouemhat
et de Padineith commencent à l’extrémité sud de la voie processionnelle
d’Hatchepsout. Indépendamment de ces indices topographiques très clairs
montrant une cohérence entre les tombes tardives et l’allée processionnelle,
des représentations de scènes de la « belle fête de la vallée » nous sont aussi
parvenues de tombes du Nouvel Empire, comme l’holocauste83 effectué par le
propriétaire de la tombe en direction de Karnak ; nous retrouvons en outre la
remise des bouquets montés dans les tombes d’ʿAnkh-Hor, de Montouemhat et
de Pabasa84. Tous ces thèmes ont été recopiés de tombes de la xviiie dynastie.
Comme les temples funéraires du Nouvel Empire n’étaient plus du tout en
usage, la destination de la « belle fête de la vallée » ressuscitée ne pouvait plus
qu’être la voie processionnelle d’Hatchepsout, avec son sanctuaire d’Hathor
à Deir el-Bahari.
Dans le sens d’un retour aux origines, il y eut d’autres agglomérations de
sépultures de la période tardive dans l’Asasif-sud, avec des tombes monumen‑
tales des xxve et xxvie dynasties85, ainsi que vers Médinet Habou, le centre
religieux au sud de Thèbes-Ouest (pl. 14). Le long de la voie procession‑
nelle menant au temple de Ramsès III se trouvent la chapelle et les installa‑
tions d’inhumation des épouses divines d’Amon des xxve et xxvie dynasties86.
Même si ces dernières n’étaient pas situées le long de l’accès au temple de la
xviii e dynastie proche du sanctuaire de la colline primitive, des constructions
funéraires des xxve et xxvie dynasties montrent, par leur proximité avec ce
sanctuaire, qu’on était conscient de l’ancienne signification de cet endroit. On
favorisa l’emplacement le long de la voie processionnelle vers le « château de
millions d’années » de Ramsès iii, parce que celui-ci était demeuré dans la
mémoire comme grand centre administratif et grand « château de millions
d’années » de la xxe dynastie.
La « belle fête de la vallée » se perpétua jusqu’à la fin de la période
ptolémaïque et à l’époque romaine, ainsi qu’il ressort du passage précité
de Diodore (1, 97, 9), et d’une série d’autres extraits de textes grecs87 et du
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papyrus de Leyde T 32.288. À côté d’autres festivités thébaines, c’était une fête
principalement dédiée aux morts, et qui à travers son caractère joyeux devint
une institution qui aidait à dépasser la tristesse et créait un lien fort entre les
vivants et les morts. C’était une fête qui unifiait aussi le roi à son peuple.
1a.
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Les 4 planches qui manquent doivent être reproduites en couleurs, n’est-ce pas? (le cahier contenant les
planches en couleurs de l’ouvrage sera présenté à part)
2a.
2b.
Planche 2 : 2a-b. Hathor derrière le roi Nebhepetreʿ Montouhotep II, qui offre un sacrifice au
dieu créateur Min-Amon. Relief du sanctuaire du temple de Montouhotep II à Deir el-Bahari
(d’après D. Arnold, Der Tempel des Königs Mentuhotep von Deir el-Bahari II, Die Wandreliefs des
Sanktuares, pl. 25, 26).
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Planche 3 :
Le roi Nebhepetreʿ
Montouhotep conduit
la barque d’Amon
à la rame sur le Nil
(d’après D. Arnold,
Der Tempel des
Königs Mentuhotep II,
pl. 22, 23).
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6a.
6b.
Planche 6 : Photographies de la chaussée de Nebhepetreʿ Montouhotep II, avec une plaque
de mesure en pierre calcaire et un pavement de brique crue (d’après M. Bietak, Theben-West
[Luqsor]. Vorbericht über die ersten vier Grabungskampagnen [1969-1971], pl. 4b).
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Planche 7 : Plan de Deir el-Bahari avec les temples de Montouhotep II, Hatchepsout et Thoutmosis
III, leurs chaussées, et des tombes de l’époque de Thoutmosis III et Aménophis II (d’après D.
Arnold, Grabung im Asasif 1963-1970, I. Das Grab des Jnj-jtj.f. Die Architektur, fig. 1).
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9a.
9b.
Planche 9 : 9a-b. Vestiges d’une tombe à piliers de la XIe dynastie entaillée par les travaux de
la chaussée, avec vestiges d’un corridor menant à la chambre cultuelle. On distingue aussi les
restes des trous d’arbres de la chaussée de Thoutmosis III (clichés J. Budka).
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Planche 10 :
Banquet pendant
la « belle fête
de la vallée »,
du tombeau de
Nakht (d’après
A. el-Gh. Shedid,
Das Grab des
Nacht. Kunst und
Geschichte eines
Beamtengrabes
der 18. Dynastie
in Theben-West,
p. 46).
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11a.
11b.
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12a. 12b.
Planche 16. Les superstructures tombales de l’époque tardive dans l’ouest de l’Asasif et la focali‑
sation de leurs axes à mi-chemin de la chaussée montante d’Hatchepsout comme indication
de la validité de la « belle fête de la vallée » à l’époque tardive. 12a. D’après D. Eigner, Die
monumentalen Gräber der Spätzeit in Theben-West: Eine baugeschichtliche Analyse, p. 101,
fig. 73. 12b. D’après M. Bietak – E. Reiser-Haslauer, Das Grab des Anch-Hor I, fig. 1).
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Planche 17. Nécropoles de l’époque tardive le long d’anciennes voies processionnelles vers Deir
el-Bahari, au sud de l’Asasif et à Médinet Habou (d’après D. Eigner, Die monumentalen Gräber
der Spätzeit, fig. 2).
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