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Collection de la Maison de

l'Orient méditerranéen. Série


épigraphique

42. La gestion des biens sacrés dans les cités grecques, G. Thür
et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003. Vorträge zur
griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte (Marburg 30
September - 4 Oktober 2003), Vienne, 2006, p. 233-246.
Léopold Migeotte

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Migeotte Léopold. Migeotte Léopold. 42. La gestion des biens sacrés dans les cités grecques, G. Thür et H.A. Rupprecht
(éd.), Symposion 2003. Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte (Marburg 30 September - 4
Oktober 2003), Vienne, 2006, p. 233-246.. In: Économie et finances publiques des cités grecques. Volume II. Choix
d’articles publiés de 2002 à 2014. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2015. pp. 103-115.
(Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique, 54);

https://www.persee.fr/doc/mom_0985-6471_2015_ant_54_1_3613

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und vierten Jahrhunderts v. Chr., Berlin, 1963, p. 13-21.
3. Voir notamment A. Kränzlein, Eigentum und Besitz im griechischen Recht des fünften

42 (Mélanges M. Casevitz).
Rome, 1999, p. 253-258). Voir aussi mon article à paraître sous le titre « Téménè dèmosia »
ed in Oriente. Actes de la Xe Rencontre franco-italienne sur l’épigraphie du monde romain,
La gestion des biens sacrés dans les cités grecques * l’époque romaine », dans Il capitolo delle entrate nelle finanze municipali in Occidente
cités grecques et les revenus de leurs sanctuaires. L’exemple de l’Asie Mineure à
situation resta sensiblement la même jusqu’à la période romaine (A. D’Haucourt, « Les
Il s’agit ici des sanctuaires intégrés ou rattachés aux cités grecques et participant
Ch. Lécrivain, « Prosodoi », Dictionnaire des Antiquités IV, Paris, 1926, p. 706. La
propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine, Paris, 1893, p. 363-367, et
aux traditions civiques. Il n’est donc pas question des « États sacerdotaux » ni des Rurales 9 (1998), p. 211-212. Sur la diversité des biens sacrés, voir déjà P. Guiraud, La
« sanctuaires théocratiques » ni des « villages sacrés » ni d’autres types de sanc- antique. Bilan historiographique illustré par quatre exemples », Histoire et Sociétés
tuaires, connus surtout en Asie Mineure, dont l’étude pose des problèmes différents 2. Cf. M. Brunet, G. Rougemont et D. Rousset, « Les contrats agraires dans la Grèce
1
et qui ont fait l’objet de plusieurs études récentes . On sait que, dans chaque cité, un 1990, p. 79-90.
certain nombre de biens matériels, meubles et immeubles, étaient considérés comme P. Bilde et alii (éd.), Religion and Religious Practice in the Seleucid Kingdom, Aarhus,
« sacrés », hiéra. Aux yeux des Grecs, ils « appartenaient » alors à une divinité pré- Pise, 1988, p. 182-190), et de S. Isager, « Kings and Gods in the Seleucid Empire », dans
cise et non aux sanctuaires, qui étaient eux-mêmes des biens sacrés, ni aux prêtres
Asia Minore », Athenaeum 65 (1987), p. 227-231 (repris dans Epigrafia e storiografia,
2 des. Voir également les articles de B. Virgilio, « Strutture templari e potere politico in
qui leur étaient attachés . Or, les sources elles-mêmes présentent souvent les sanc- Asia Minor, Oxford, 2002, volumes dans lesquels sont étudiés aussi les sanctuaires polia-
tuaires et leurs biens comme « appartenant » à une cité ou à une communauté, en Minore, Florence, 1985, et B. Dignas, Economy and the Sacred in Hellenistic and Roman
3
utilisant exactement les mêmes tournures que dans les autres cas de « propriété » : soit tolie gréco-romaine, Leyde, 1982, L. Boffo, I re ellenistici e i centri religiosi dell’Asia
des verbes comme ei\nai, givgnesqai, uJpavrcein, proshvkein ou kaqhvkein accompagnés 1. Notamment P. Debord, Aspects sociaux et économiques de la vie religieuse dans l’Ana-
p. 233-246.
nistischen Rechtsgeschichte (Marburg 30 September-4 Oktober 2003), Vienne, 2006,
* G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003. Vorträge zur griechischen und helle- G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003. Vorträge zur griechischen und helle- *
nistischen Rechtsgeschichte (Marburg 30 September-4 Oktober 2003), Vienne, 2006,
p. 233-246.
1. Notamment P. Debord, Aspects sociaux et économiques de la vie religieuse dans l’Ana- des verbes comme ei\nai, givgnesqai, uJpavrcein, proshvkein ou kaqhvkein accompagnés
tolie gréco-romaine, Leyde, 1982, L. Boffo, I re ellenistici e i centri religiosi dell’Asia utilisant exactement les mêmes tournures que dans les autres cas de « propriété » : soit
3
Minore, Florence, 1985, et B. Dignas, Economy and the Sacred in Hellenistic and Roman tuaires et leurs biens comme « appartenant » à une cité ou à une communauté, en
Asia Minor, Oxford, 2002, volumes dans lesquels sont étudiés aussi les sanctuaires polia- qui leur étaient attachés . Or, les sources elles-mêmes présentent souvent les sanc-
des. Voir également les articles de B. Virgilio, « Strutture templari e potere politico in 2
cise et non aux sanctuaires, qui étaient eux-mêmes des biens sacrés, ni aux prêtres
Asia Minore », Athenaeum 65 (1987), p. 227-231 (repris dans Epigrafia e storiografia,
Pise, 1988, p. 182-190), et de S. Isager, « Kings and Gods in the Seleucid Empire », dans « sacrés », hiéra. Aux yeux des Grecs, ils « appartenaient » alors à une divinité pré-
P. Bilde et alii (éd.), Religion and Religious Practice in the Seleucid Kingdom, Aarhus, certain nombre de biens matériels, meubles et immeubles, étaient considérés comme
1990, p. 79-90. et qui ont fait l’objet de plusieurs études récentes . On sait que, dans chaque cité, un
1
2. Cf. M. Brunet, G. Rougemont et D. Rousset, « Les contrats agraires dans la Grèce tuaires, connus surtout en Asie Mineure, dont l’étude pose des problèmes différents
antique. Bilan historiographique illustré par quatre exemples », Histoire et Sociétés « sanctuaires théocratiques » ni des « villages sacrés » ni d’autres types de sanc-
Rurales 9 (1998), p. 211-212. Sur la diversité des biens sacrés, voir déjà P. Guiraud, La aux traditions civiques. Il n’est donc pas question des « États sacerdotaux » ni des
propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine, Paris, 1893, p. 363-367, et
Il s’agit ici des sanctuaires intégrés ou rattachés aux cités grecques et participant
Ch. Lécrivain, « Prosodoi », Dictionnaire des Antiquités IV, Paris, 1926, p. 706. La
situation resta sensiblement la même jusqu’à la période romaine (A. D’Haucourt, « Les
cités grecques et les revenus de leurs sanctuaires. L’exemple de l’Asie Mineure à
l’époque romaine », dans Il capitolo delle entrate nelle finanze municipali in Occidente La gestion des biens sacrés dans les cités grecques *
ed in Oriente. Actes de la Xe Rencontre franco-italienne sur l’épigraphie du monde romain,
Rome, 1999, p. 253-258). Voir aussi mon article à paraître sous le titre « Téménè dèmosia »
(Mélanges M. Casevitz).
42
3. Voir notamment A. Kränzlein, Eigentum und Besitz im griechischen Recht des fünften
und vierten Jahrhunderts v. Chr., Berlin, 1963, p. 13-21.

und vierten Jahrhunderts v. Chr., Berlin, 1963, p. 13-21.


3. Voir notamment A. Kränzlein, Eigentum und Besitz im griechischen Recht des fünften

42 (Mélanges M. Casevitz).
Rome, 1999, p. 253-258). Voir aussi mon article à paraître sous le titre « Téménè dèmosia »
ed in Oriente. Actes de la Xe Rencontre franco-italienne sur l’épigraphie du monde romain,
La gestion des biens sacrés dans les cités grecques * l’époque romaine », dans Il capitolo delle entrate nelle finanze municipali in Occidente
cités grecques et les revenus de leurs sanctuaires. L’exemple de l’Asie Mineure à
situation resta sensiblement la même jusqu’à la période romaine (A. D’Haucourt, « Les
Il s’agit ici des sanctuaires intégrés ou rattachés aux cités grecques et participant
Ch. Lécrivain, « Prosodoi », Dictionnaire des Antiquités IV, Paris, 1926, p. 706. La
propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine, Paris, 1893, p. 363-367, et
aux traditions civiques. Il n’est donc pas question des « États sacerdotaux » ni des Rurales 9 (1998), p. 211-212. Sur la diversité des biens sacrés, voir déjà P. Guiraud, La
« sanctuaires théocratiques » ni des « villages sacrés » ni d’autres types de sanc- antique. Bilan historiographique illustré par quatre exemples », Histoire et Sociétés
tuaires, connus surtout en Asie Mineure, dont l’étude pose des problèmes différents 2. Cf. M. Brunet, G. Rougemont et D. Rousset, « Les contrats agraires dans la Grèce
1
et qui ont fait l’objet de plusieurs études récentes . On sait que, dans chaque cité, un 1990, p. 79-90.
certain nombre de biens matériels, meubles et immeubles, étaient considérés comme P. Bilde et alii (éd.), Religion and Religious Practice in the Seleucid Kingdom, Aarhus,
« sacrés », hiéra. Aux yeux des Grecs, ils « appartenaient » alors à une divinité pré- Pise, 1988, p. 182-190), et de S. Isager, « Kings and Gods in the Seleucid Empire », dans
cise et non aux sanctuaires, qui étaient eux-mêmes des biens sacrés, ni aux prêtres
Asia Minore », Athenaeum 65 (1987), p. 227-231 (repris dans Epigrafia e storiografia,
2 des. Voir également les articles de B. Virgilio, « Strutture templari e potere politico in
qui leur étaient attachés . Or, les sources elles-mêmes présentent souvent les sanc- Asia Minor, Oxford, 2002, volumes dans lesquels sont étudiés aussi les sanctuaires polia-
tuaires et leurs biens comme « appartenant » à une cité ou à une communauté, en Minore, Florence, 1985, et B. Dignas, Economy and the Sacred in Hellenistic and Roman
3
utilisant exactement les mêmes tournures que dans les autres cas de « propriété » : soit tolie gréco-romaine, Leyde, 1982, L. Boffo, I re ellenistici e i centri religiosi dell’Asia
des verbes comme ei\nai, givgnesqai, uJpavrcein, proshvkein ou kaqhvkein accompagnés 1. Notamment P. Debord, Aspects sociaux et économiques de la vie religieuse dans l’Ana-
p. 233-246.
nistischen Rechtsgeschichte (Marburg 30 September-4 Oktober 2003), Vienne, 2006,
* G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003. Vorträge zur griechischen und helle- G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003. Vorträge zur griechischen und helle- *
nistischen Rechtsgeschichte (Marburg 30 September-4 Oktober 2003), Vienne, 2006,
p. 233-246.
1. Notamment P. Debord, Aspects sociaux et économiques de la vie religieuse dans l’Ana- des verbes comme ei\nai, givgnesqai, uJpavrcein, proshvkein ou kaqhvkein accompagnés
tolie gréco-romaine, Leyde, 1982, L. Boffo, I re ellenistici e i centri religiosi dell’Asia utilisant exactement les mêmes tournures que dans les autres cas de « propriété » : soit
3
Minore, Florence, 1985, et B. Dignas, Economy and the Sacred in Hellenistic and Roman tuaires et leurs biens comme « appartenant » à une cité ou à une communauté, en
Asia Minor, Oxford, 2002, volumes dans lesquels sont étudiés aussi les sanctuaires polia- qui leur étaient attachés . Or, les sources elles-mêmes présentent souvent les sanc-
des. Voir également les articles de B. Virgilio, « Strutture templari e potere politico in 2
cise et non aux sanctuaires, qui étaient eux-mêmes des biens sacrés, ni aux prêtres
Asia Minore », Athenaeum 65 (1987), p. 227-231 (repris dans Epigrafia e storiografia,
Pise, 1988, p. 182-190), et de S. Isager, « Kings and Gods in the Seleucid Empire », dans « sacrés », hiéra. Aux yeux des Grecs, ils « appartenaient » alors à une divinité pré-
P. Bilde et alii (éd.), Religion and Religious Practice in the Seleucid Kingdom, Aarhus, certain nombre de biens matériels, meubles et immeubles, étaient considérés comme
1990, p. 79-90. et qui ont fait l’objet de plusieurs études récentes . On sait que, dans chaque cité, un
1
2. Cf. M. Brunet, G. Rougemont et D. Rousset, « Les contrats agraires dans la Grèce tuaires, connus surtout en Asie Mineure, dont l’étude pose des problèmes différents
antique. Bilan historiographique illustré par quatre exemples », Histoire et Sociétés « sanctuaires théocratiques » ni des « villages sacrés » ni d’autres types de sanc-
Rurales 9 (1998), p. 211-212. Sur la diversité des biens sacrés, voir déjà P. Guiraud, La aux traditions civiques. Il n’est donc pas question des « États sacerdotaux » ni des
propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine, Paris, 1893, p. 363-367, et
Il s’agit ici des sanctuaires intégrés ou rattachés aux cités grecques et participant
Ch. Lécrivain, « Prosodoi », Dictionnaire des Antiquités IV, Paris, 1926, p. 706. La
situation resta sensiblement la même jusqu’à la période romaine (A. D’Haucourt, « Les
cités grecques et les revenus de leurs sanctuaires. L’exemple de l’Asie Mineure à
l’époque romaine », dans Il capitolo delle entrate nelle finanze municipali in Occidente La gestion des biens sacrés dans les cités grecques *
ed in Oriente. Actes de la Xe Rencontre franco-italienne sur l’épigraphie du monde romain,
Rome, 1999, p. 253-258). Voir aussi mon article à paraître sous le titre « Téménè dèmosia »
(Mélanges M. Casevitz).
42
3. Voir notamment A. Kränzlein, Eigentum und Besitz im griechischen Recht des fünften
und vierten Jahrhunderts v. Chr., Berlin, 1963, p. 13-21.
104 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

p. 233-255, et « Centri religiosi e territori nell’Anatolia ellenistica », dans C. Bearzot,


persone nell’Anatolia ellenistica. Documenti recenti e problemi antichi », Dike 4 (2001), de compléments au génitif ou au datif, soit des pronoms ou des adjectifs possessifs.
6. Outre les volumes signalés à la note 1, voir L. Boffo, « Lo statuto di terre, insediamenti e Vers 220, par exemple, dans sa lettre aux Mylasiens au sujet du sanctuaire de
annoncé à la note 2. Labraunda, Philippe V a employé les deux types de tournures : « le sanctuaire ne
4
arte, società 2. Una storia greca 2. Definizione, Turin, 1997, p. 345-357, et mon article revient pas aux Chrysaoriens ni aux autres Cariens, mais il est vôtre » .❘
p. 177-178, A. Maffi, « Forme della proprieta », dans S. Settis (éd.), I Greci. Storia, cultura, 234 Cette confusion de vocabulaire peut sembler déroutante. En fait, elle est liée au
of Athens I, Oxford, 1968, p. 200-205, A. Biscardi, Diritto greco antico, Milano, 1982, flou qui entourait, chez les Grecs, la notion même de propriété. Dans la pratique,
(Conférence du 6 février 1959), ASNP 10 (1980), p. 1311-1328, A.R.W. Harrison, The Law
(1964), p. 333-340. Voir aussi L. Gernet, « Aspects du droit de propriété en Grèce »
celle-ci existait évidemment à différents niveaux, sacré, public et privé. Mais,
faut cependant lire le compte rendu de H. J. Wolff, Zeitschrift der Savigny Stiftung 81 comme dans beaucoup d’autres domaines, les Grecs agissaient et s’exprimaient à ce
5. L’ouvrage fondamental sur ces questions reste celui d’A. Kränzlein (note 3), sur lequel il propos sans aucun formalisme et sans se référer à de claires notions de droit. Pour
références aux études antérieures). Voir aussi la note 45. signifier la propriété, l’appartenance ou la possession, ils utilisaient une grande
en Acarnanie : organisation financière et fiscale », AncW 32 [2001], p. 164-170, avec les variété de termes et de tournures plus ou moins équivalents, sans distinguer réelle-
koino;n ei\men to; iJero;n pavntwn tw'n ∆Akarnavnwn (cf. mon article « Les concours d’Aktion ment la propriété de la possession. En fait, ils n’ont jamais défini ces notions de
Actium fut pris en charge par la Confédération acarnanienne, en 216, le décret stipula : manière théorique, en termes légaux ou juridiques, et percevaient la propriété avant
queurs : touvtwn kai; ta; iJera; aijei; givgnesqai. De même, quand le sanctuaire d’Apollon à
aux Grecs faisait toujours passer les sanctuaires d’un pays conquis aux mains des vain-
tout de manière concrète, comme un droit d’usage. Ils ne lui donnaient pas non plus
(IV, 98, 2) s’est exprimé pour rappeler qu’une règle ou une tradition (nomos) commune le caractère absolu et exclusif auquel la tradition du droit romain nous a accoutumés,
tauvth". Parmi de nombreux autres exemples, on peut voir également comment Thucydide si bien que la propriété pouvait subir des restrictions nettement plus importantes que
5
to;n tovpon kai; th;n cwvran th;n kata; Labrauvnda ei\nai tou' dhvmou kai; ta; prosovdia ta; ejk celles que nous connaissons aujourd’hui . Ce caractère fluctuant et ces limites ont
Voir aussi les lignes 22-26 : to; iJero;n uJmevteron ei\nai iJdruqe;n uJpo; tw'n progovnwn kai; marqué notamment les relations, complexes et difficiles à définir, dans le monde
hellénistique, entre les rois, les dynastes, les sanctuaires, les cités et les peuples
ou[te Crusaoreu'sin proshvkeiªnº o≥u[≥t≥e ªtoi'"º loip≥oi'" Karsi;n ajll∆ uJmevteron ei\nai.
tions. Part I : 1-12 (Period of Olympichus), Lund, 1969, 5, lignes 14-16 : to; ªme;nº iJero;n 6
4. J. Crampa, Labraunda. Swedish Excavations and Researches III 1. The Greek Inscrip- dépendants . Quant à la propriété des biens sacrés, elle revenait indubitablement

dépendants . Quant à la propriété des biens sacrés, elle revenait indubitablement 4. J. Crampa, Labraunda. Swedish Excavations and Researches III 1. The Greek Inscrip-
6 tions. Part I : 1-12 (Period of Olympichus), Lund, 1969, 5, lignes 14-16 : to; ªme;nº iJero;n
ou[te Crusaoreu'sin proshvkeiªnº o≥u[≥t≥e ªtoi'"º loip≥oi'" Karsi;n ajll∆ uJmevteron ei\nai.
hellénistique, entre les rois, les dynastes, les sanctuaires, les cités et les peuples
marqué notamment les relations, complexes et difficiles à définir, dans le monde Voir aussi les lignes 22-26 : to; iJero;n uJmevteron ei\nai iJdruqe;n uJpo; tw'n progovnwn kai;
celles que nous connaissons aujourd’hui . Ce caractère fluctuant et ces limites ont
5
to;n tovpon kai; th;n cwvran th;n kata; Labrauvnda ei\nai tou' dhvmou kai; ta; prosovdia ta; ejk
si bien que la propriété pouvait subir des restrictions nettement plus importantes que tauvth". Parmi de nombreux autres exemples, on peut voir également comment Thucydide
le caractère absolu et exclusif auquel la tradition du droit romain nous a accoutumés, (IV, 98, 2) s’est exprimé pour rappeler qu’une règle ou une tradition (nomos) commune
aux Grecs faisait toujours passer les sanctuaires d’un pays conquis aux mains des vain-
tout de manière concrète, comme un droit d’usage. Ils ne lui donnaient pas non plus
queurs : touvtwn kai; ta; iJera; aijei; givgnesqai. De même, quand le sanctuaire d’Apollon à
manière théorique, en termes légaux ou juridiques, et percevaient la propriété avant Actium fut pris en charge par la Confédération acarnanienne, en 216, le décret stipula :
ment la propriété de la possession. En fait, ils n’ont jamais défini ces notions de koino;n ei\men to; iJero;n pavntwn tw'n ∆Akarnavnwn (cf. mon article « Les concours d’Aktion
variété de termes et de tournures plus ou moins équivalents, sans distinguer réelle- en Acarnanie : organisation financière et fiscale », AncW 32 [2001], p. 164-170, avec les
signifier la propriété, l’appartenance ou la possession, ils utilisaient une grande références aux études antérieures). Voir aussi la note 45.
propos sans aucun formalisme et sans se référer à de claires notions de droit. Pour 5. L’ouvrage fondamental sur ces questions reste celui d’A. Kränzlein (note 3), sur lequel il
comme dans beaucoup d’autres domaines, les Grecs agissaient et s’exprimaient à ce faut cependant lire le compte rendu de H. J. Wolff, Zeitschrift der Savigny Stiftung 81
(1964), p. 333-340. Voir aussi L. Gernet, « Aspects du droit de propriété en Grèce »
celle-ci existait évidemment à différents niveaux, sacré, public et privé. Mais,
(Conférence du 6 février 1959), ASNP 10 (1980), p. 1311-1328, A.R.W. Harrison, The Law
flou qui entourait, chez les Grecs, la notion même de propriété. Dans la pratique, of Athens I, Oxford, 1968, p. 200-205, A. Biscardi, Diritto greco antico, Milano, 1982,
Cette confusion de vocabulaire peut sembler déroutante. En fait, elle est liée au 234 p. 177-178, A. Maffi, « Forme della proprieta », dans S. Settis (éd.), I Greci. Storia, cultura,
revient pas aux Chrysaoriens ni aux autres Cariens, mais il est vôtre » .❘ arte, società 2. Una storia greca 2. Definizione, Turin, 1997, p. 345-357, et mon article
4
Labraunda, Philippe V a employé les deux types de tournures : « le sanctuaire ne annoncé à la note 2.
Vers 220, par exemple, dans sa lettre aux Mylasiens au sujet du sanctuaire de 6. Outre les volumes signalés à la note 1, voir L. Boffo, « Lo statuto di terre, insediamenti e
de compléments au génitif ou au datif, soit des pronoms ou des adjectifs possessifs. persone nell’Anatolia ellenistica. Documenti recenti e problemi antichi », Dike 4 (2001),
p. 233-255, et « Centri religiosi e territori nell’Anatolia ellenistica », dans C. Bearzot,

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 104

104 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

p. 233-255, et « Centri religiosi e territori nell’Anatolia ellenistica », dans C. Bearzot,


persone nell’Anatolia ellenistica. Documenti recenti e problemi antichi », Dike 4 (2001), de compléments au génitif ou au datif, soit des pronoms ou des adjectifs possessifs.
6. Outre les volumes signalés à la note 1, voir L. Boffo, « Lo statuto di terre, insediamenti e Vers 220, par exemple, dans sa lettre aux Mylasiens au sujet du sanctuaire de
annoncé à la note 2. Labraunda, Philippe V a employé les deux types de tournures : « le sanctuaire ne
4
arte, società 2. Una storia greca 2. Definizione, Turin, 1997, p. 345-357, et mon article revient pas aux Chrysaoriens ni aux autres Cariens, mais il est vôtre » .❘
p. 177-178, A. Maffi, « Forme della proprieta », dans S. Settis (éd.), I Greci. Storia, cultura, 234 Cette confusion de vocabulaire peut sembler déroutante. En fait, elle est liée au
of Athens I, Oxford, 1968, p. 200-205, A. Biscardi, Diritto greco antico, Milano, 1982, flou qui entourait, chez les Grecs, la notion même de propriété. Dans la pratique,
(Conférence du 6 février 1959), ASNP 10 (1980), p. 1311-1328, A.R.W. Harrison, The Law
(1964), p. 333-340. Voir aussi L. Gernet, « Aspects du droit de propriété en Grèce »
celle-ci existait évidemment à différents niveaux, sacré, public et privé. Mais,
faut cependant lire le compte rendu de H. J. Wolff, Zeitschrift der Savigny Stiftung 81 comme dans beaucoup d’autres domaines, les Grecs agissaient et s’exprimaient à ce
5. L’ouvrage fondamental sur ces questions reste celui d’A. Kränzlein (note 3), sur lequel il propos sans aucun formalisme et sans se référer à de claires notions de droit. Pour
références aux études antérieures). Voir aussi la note 45. signifier la propriété, l’appartenance ou la possession, ils utilisaient une grande
en Acarnanie : organisation financière et fiscale », AncW 32 [2001], p. 164-170, avec les variété de termes et de tournures plus ou moins équivalents, sans distinguer réelle-
koino;n ei\men to; iJero;n pavntwn tw'n ∆Akarnavnwn (cf. mon article « Les concours d’Aktion ment la propriété de la possession. En fait, ils n’ont jamais défini ces notions de
Actium fut pris en charge par la Confédération acarnanienne, en 216, le décret stipula : manière théorique, en termes légaux ou juridiques, et percevaient la propriété avant
queurs : touvtwn kai; ta; iJera; aijei; givgnesqai. De même, quand le sanctuaire d’Apollon à
aux Grecs faisait toujours passer les sanctuaires d’un pays conquis aux mains des vain-
tout de manière concrète, comme un droit d’usage. Ils ne lui donnaient pas non plus
(IV, 98, 2) s’est exprimé pour rappeler qu’une règle ou une tradition (nomos) commune le caractère absolu et exclusif auquel la tradition du droit romain nous a accoutumés,
tauvth". Parmi de nombreux autres exemples, on peut voir également comment Thucydide si bien que la propriété pouvait subir des restrictions nettement plus importantes que
5
to;n tovpon kai; th;n cwvran th;n kata; Labrauvnda ei\nai tou' dhvmou kai; ta; prosovdia ta; ejk celles que nous connaissons aujourd’hui . Ce caractère fluctuant et ces limites ont
Voir aussi les lignes 22-26 : to; iJero;n uJmevteron ei\nai iJdruqe;n uJpo; tw'n progovnwn kai; marqué notamment les relations, complexes et difficiles à définir, dans le monde
hellénistique, entre les rois, les dynastes, les sanctuaires, les cités et les peuples
ou[te Crusaoreu'sin proshvkeiªnº o≥u[≥t≥e ªtoi'"º loip≥oi'" Karsi;n ajll∆ uJmevteron ei\nai.
tions. Part I : 1-12 (Period of Olympichus), Lund, 1969, 5, lignes 14-16 : to; ªme;nº iJero;n 6
4. J. Crampa, Labraunda. Swedish Excavations and Researches III 1. The Greek Inscrip- dépendants . Quant à la propriété des biens sacrés, elle revenait indubitablement

dépendants . Quant à la propriété des biens sacrés, elle revenait indubitablement 4. J. Crampa, Labraunda. Swedish Excavations and Researches III 1. The Greek Inscrip-
6 tions. Part I : 1-12 (Period of Olympichus), Lund, 1969, 5, lignes 14-16 : to; ªme;nº iJero;n
ou[te Crusaoreu'sin proshvkeiªnº o≥u[≥t≥e ªtoi'"º loip≥oi'" Karsi;n ajll∆ uJmevteron ei\nai.
hellénistique, entre les rois, les dynastes, les sanctuaires, les cités et les peuples
marqué notamment les relations, complexes et difficiles à définir, dans le monde Voir aussi les lignes 22-26 : to; iJero;n uJmevteron ei\nai iJdruqe;n uJpo; tw'n progovnwn kai;
celles que nous connaissons aujourd’hui . Ce caractère fluctuant et ces limites ont
5
to;n tovpon kai; th;n cwvran th;n kata; Labrauvnda ei\nai tou' dhvmou kai; ta; prosovdia ta; ejk
si bien que la propriété pouvait subir des restrictions nettement plus importantes que tauvth". Parmi de nombreux autres exemples, on peut voir également comment Thucydide
le caractère absolu et exclusif auquel la tradition du droit romain nous a accoutumés, (IV, 98, 2) s’est exprimé pour rappeler qu’une règle ou une tradition (nomos) commune
aux Grecs faisait toujours passer les sanctuaires d’un pays conquis aux mains des vain-
tout de manière concrète, comme un droit d’usage. Ils ne lui donnaient pas non plus
queurs : touvtwn kai; ta; iJera; aijei; givgnesqai. De même, quand le sanctuaire d’Apollon à
manière théorique, en termes légaux ou juridiques, et percevaient la propriété avant Actium fut pris en charge par la Confédération acarnanienne, en 216, le décret stipula :
ment la propriété de la possession. En fait, ils n’ont jamais défini ces notions de koino;n ei\men to; iJero;n pavntwn tw'n ∆Akarnavnwn (cf. mon article « Les concours d’Aktion
variété de termes et de tournures plus ou moins équivalents, sans distinguer réelle- en Acarnanie : organisation financière et fiscale », AncW 32 [2001], p. 164-170, avec les
signifier la propriété, l’appartenance ou la possession, ils utilisaient une grande références aux études antérieures). Voir aussi la note 45.
propos sans aucun formalisme et sans se référer à de claires notions de droit. Pour 5. L’ouvrage fondamental sur ces questions reste celui d’A. Kränzlein (note 3), sur lequel il
comme dans beaucoup d’autres domaines, les Grecs agissaient et s’exprimaient à ce faut cependant lire le compte rendu de H. J. Wolff, Zeitschrift der Savigny Stiftung 81
(1964), p. 333-340. Voir aussi L. Gernet, « Aspects du droit de propriété en Grèce »
celle-ci existait évidemment à différents niveaux, sacré, public et privé. Mais,
(Conférence du 6 février 1959), ASNP 10 (1980), p. 1311-1328, A.R.W. Harrison, The Law
flou qui entourait, chez les Grecs, la notion même de propriété. Dans la pratique, of Athens I, Oxford, 1968, p. 200-205, A. Biscardi, Diritto greco antico, Milano, 1982,
Cette confusion de vocabulaire peut sembler déroutante. En fait, elle est liée au 234 p. 177-178, A. Maffi, « Forme della proprieta », dans S. Settis (éd.), I Greci. Storia, cultura,
revient pas aux Chrysaoriens ni aux autres Cariens, mais il est vôtre » .❘ arte, società 2. Una storia greca 2. Definizione, Turin, 1997, p. 345-357, et mon article
4
Labraunda, Philippe V a employé les deux types de tournures : « le sanctuaire ne annoncé à la note 2.
Vers 220, par exemple, dans sa lettre aux Mylasiens au sujet du sanctuaire de 6. Outre les volumes signalés à la note 1, voir L. Boffo, « Lo statuto di terre, insediamenti e
de compléments au génitif ou au datif, soit des pronoms ou des adjectifs possessifs. persone nell’Anatolia ellenistica. Documenti recenti e problemi antichi », Dike 4 (2001),
p. 233-255, et « Centri religiosi e territori nell’Anatolia ellenistica », dans C. Bearzot,

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 104
G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 105

l’esempio di una controversia interstatale cretese », Athenaeum 85 (1997), p. 35-52.


aux dieux, mais les Grecs pouvaient dire également, sans contradiction, que les
Fr. Guizzi, « Conquista, occupazione del suolo e titoli che danno diritto a la proprietà :
sanctuaires appartenaient aux cités. l’attribution dans le monde impérial de Rome », CCG II (1991), p. 125-164, et de
Il est vrai qu’on trouve, dans un arbitrage de Magnésie-du-Méandre entre Itanos taires de J.-M. Bertrand, « Territoire donné, territoire attribué : note sur la pratique de
et Hiérapytna, à la fin du IIe siècle, une définition de la kurieiva kata; tw'n tovpwn, dovrati krathvsante" h] parav tino" tw'n kreissovnªwn scovnte"º. Voir aussi les commen-
littéralement la « maîtrise (ou l’autorité) sur les territoires », notion proche de notre rieiva" h] para; progovnwn pªaralabovnºte" aujtoi; ªh] priavmenoi kat∆º ajrgurivou dovsin h]
droit de propriété. Cette kyrieia découlait, d’après le texte, soit d’un héritage, soit Londres, 1996, 158-II, lignes 133-134 : ªa[nºqrwpoi ta;" kata; tw'n tovpwn e[cousi ku-
7 7. S.L. Ager, Interstate Arbitrations in the Greek World, 337-90 B.C., Berkeley-Los Angeles-
d’un achat, soit d’une conquête, soit d’un don . On voit que cette définition, formu-
lée à l’occasion d’un conflit d’ordre public, valait également pour le domaine privé.
p. 253-269.
Fr. Landucci et G. Zecchini (éd.), Gli stati territoriali nel mondo antico, Milan, 2003,
Mais, même si elle était présentée comme universelle, elle décrivait plutôt les origi-
nes de la kyrieia et ne peut pas être considérée comme une véritable règle de droit,
puisque les juges de Magnésie ont éprouvé le besoin de la formuler à leur propre tâches « sacrées » et les tâches « civiles ». Plus rarement, la gestion était partagée
usage. de l’Assemblée et des magistrats ou des prêtres locaux, qui pouvaient cumuler les
Dans chaque cité, les biens des dieux tendaient à obéir au même modèle de se faisait également dans des subdivisions de la cité, comme les dèmes, par le moyen
gestion et posaient, mutatis mutandis, le même problème de juridiction. Celui-ci est divers magistrats qui assuraient les tâches d’exécution. Dans d’autres cas, la gestion
connu depuis longtemps, mais il a reçu au fil du temps des réponses contradictoires sions, par le Conseil qui exerçait un contrôle continu et recevait les comptes, et par
et parfois excessives. J’y reviens ici en retournant aux textes anciens pour tenter de la cité, la gestion était exercée par l’Assemblée des citoyens, qui prenait les déci-
voir comment les Grecs eux-mêmes l’ont abordé.❘ d’une autorité publique, selon trois types principaux. Au plus haut niveau, celui de
familles ou des associations privées. Mais, la plupart du temps, ils agissaient au nom
I. La gestion des biens sacrés 235 élargie à la communauté de leurs usagers. Ceux-ci pouvaient être des individus, des
par des prêtres et ont joui d’une assez large autonomie. Par la suite, leur gestion s’est
Il est évident qu’aucune divinité ne pouvait s’occuper personnellement de ses
comme de nombreuses études l’ont montré, la plupart des sanctuaires ont été gérés
biens. Jusqu’à la période archaïque et même jusqu’au début de la période classique,
biens. Jusqu’à la période archaïque et même jusqu’au début de la période classique,
comme de nombreuses études l’ont montré, la plupart des sanctuaires ont été gérés
Il est évident qu’aucune divinité ne pouvait s’occuper personnellement de ses
par des prêtres et ont joui d’une assez large autonomie. Par la suite, leur gestion s’est
élargie à la communauté de leurs usagers. Ceux-ci pouvaient être des individus, des 235 I. La gestion des biens sacrés
familles ou des associations privées. Mais, la plupart du temps, ils agissaient au nom
d’une autorité publique, selon trois types principaux. Au plus haut niveau, celui de voir comment les Grecs eux-mêmes l’ont abordé.❘
la cité, la gestion était exercée par l’Assemblée des citoyens, qui prenait les déci- et parfois excessives. J’y reviens ici en retournant aux textes anciens pour tenter de
sions, par le Conseil qui exerçait un contrôle continu et recevait les comptes, et par connu depuis longtemps, mais il a reçu au fil du temps des réponses contradictoires
divers magistrats qui assuraient les tâches d’exécution. Dans d’autres cas, la gestion gestion et posaient, mutatis mutandis, le même problème de juridiction. Celui-ci est
se faisait également dans des subdivisions de la cité, comme les dèmes, par le moyen Dans chaque cité, les biens des dieux tendaient à obéir au même modèle de
de l’Assemblée et des magistrats ou des prêtres locaux, qui pouvaient cumuler les usage.
tâches « sacrées » et les tâches « civiles ». Plus rarement, la gestion était partagée puisque les juges de Magnésie ont éprouvé le besoin de la formuler à leur propre
nes de la kyrieia et ne peut pas être considérée comme une véritable règle de droit,
Mais, même si elle était présentée comme universelle, elle décrivait plutôt les origi-
Fr. Landucci et G. Zecchini (éd.), Gli stati territoriali nel mondo antico, Milan, 2003,
lée à l’occasion d’un conflit d’ordre public, valait également pour le domaine privé.
p. 253-269.
d’un achat, soit d’une conquête, soit d’un don . On voit que cette définition, formu-
7. S.L. Ager, Interstate Arbitrations in the Greek World, 337-90 B.C., Berkeley-Los Angeles- 7

Londres, 1996, 158-II, lignes 133-134 : ªa[nºqrwpoi ta;" kata; tw'n tovpwn e[cousi ku- droit de propriété. Cette kyrieia découlait, d’après le texte, soit d’un héritage, soit
rieiva" h] para; progovnwn pªaralabovnºte" aujtoi; ªh] priavmenoi kat∆º ajrgurivou dovsin h] littéralement la « maîtrise (ou l’autorité) sur les territoires », notion proche de notre
dovrati krathvsante" h] parav tino" tw'n kreissovnªwn scovnte"º. Voir aussi les commen- et Hiérapytna, à la fin du IIe siècle, une définition de la kurieiva kata; tw'n tovpwn,
taires de J.-M. Bertrand, « Territoire donné, territoire attribué : note sur la pratique de Il est vrai qu’on trouve, dans un arbitrage de Magnésie-du-Méandre entre Itanos
l’attribution dans le monde impérial de Rome », CCG II (1991), p. 125-164, et de sanctuaires appartenaient aux cités.
Fr. Guizzi, « Conquista, occupazione del suolo e titoli che danno diritto a la proprietà :
aux dieux, mais les Grecs pouvaient dire également, sans contradiction, que les
l’esempio di una controversia interstatale cretese », Athenaeum 85 (1997), p. 35-52.

105 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 105

l’esempio di una controversia interstatale cretese », Athenaeum 85 (1997), p. 35-52.


aux dieux, mais les Grecs pouvaient dire également, sans contradiction, que les
Fr. Guizzi, « Conquista, occupazione del suolo e titoli che danno diritto a la proprietà :
sanctuaires appartenaient aux cités. l’attribution dans le monde impérial de Rome », CCG II (1991), p. 125-164, et de
Il est vrai qu’on trouve, dans un arbitrage de Magnésie-du-Méandre entre Itanos taires de J.-M. Bertrand, « Territoire donné, territoire attribué : note sur la pratique de
et Hiérapytna, à la fin du IIe siècle, une définition de la kurieiva kata; tw'n tovpwn, dovrati krathvsante" h] parav tino" tw'n kreissovnªwn scovnte"º. Voir aussi les commen-
littéralement la « maîtrise (ou l’autorité) sur les territoires », notion proche de notre rieiva" h] para; progovnwn pªaralabovnºte" aujtoi; ªh] priavmenoi kat∆º ajrgurivou dovsin h]
droit de propriété. Cette kyrieia découlait, d’après le texte, soit d’un héritage, soit Londres, 1996, 158-II, lignes 133-134 : ªa[nºqrwpoi ta;" kata; tw'n tovpwn e[cousi ku-
7 7. S.L. Ager, Interstate Arbitrations in the Greek World, 337-90 B.C., Berkeley-Los Angeles-
d’un achat, soit d’une conquête, soit d’un don . On voit que cette définition, formu-
lée à l’occasion d’un conflit d’ordre public, valait également pour le domaine privé.
p. 253-269.
Fr. Landucci et G. Zecchini (éd.), Gli stati territoriali nel mondo antico, Milan, 2003,
Mais, même si elle était présentée comme universelle, elle décrivait plutôt les origi-
nes de la kyrieia et ne peut pas être considérée comme une véritable règle de droit,
puisque les juges de Magnésie ont éprouvé le besoin de la formuler à leur propre tâches « sacrées » et les tâches « civiles ». Plus rarement, la gestion était partagée
usage. de l’Assemblée et des magistrats ou des prêtres locaux, qui pouvaient cumuler les
Dans chaque cité, les biens des dieux tendaient à obéir au même modèle de se faisait également dans des subdivisions de la cité, comme les dèmes, par le moyen
gestion et posaient, mutatis mutandis, le même problème de juridiction. Celui-ci est divers magistrats qui assuraient les tâches d’exécution. Dans d’autres cas, la gestion
connu depuis longtemps, mais il a reçu au fil du temps des réponses contradictoires sions, par le Conseil qui exerçait un contrôle continu et recevait les comptes, et par
et parfois excessives. J’y reviens ici en retournant aux textes anciens pour tenter de la cité, la gestion était exercée par l’Assemblée des citoyens, qui prenait les déci-
voir comment les Grecs eux-mêmes l’ont abordé.❘ d’une autorité publique, selon trois types principaux. Au plus haut niveau, celui de
familles ou des associations privées. Mais, la plupart du temps, ils agissaient au nom
I. La gestion des biens sacrés 235 élargie à la communauté de leurs usagers. Ceux-ci pouvaient être des individus, des
par des prêtres et ont joui d’une assez large autonomie. Par la suite, leur gestion s’est
Il est évident qu’aucune divinité ne pouvait s’occuper personnellement de ses
comme de nombreuses études l’ont montré, la plupart des sanctuaires ont été gérés
biens. Jusqu’à la période archaïque et même jusqu’au début de la période classique,
biens. Jusqu’à la période archaïque et même jusqu’au début de la période classique,
comme de nombreuses études l’ont montré, la plupart des sanctuaires ont été gérés
Il est évident qu’aucune divinité ne pouvait s’occuper personnellement de ses
par des prêtres et ont joui d’une assez large autonomie. Par la suite, leur gestion s’est
élargie à la communauté de leurs usagers. Ceux-ci pouvaient être des individus, des 235 I. La gestion des biens sacrés
familles ou des associations privées. Mais, la plupart du temps, ils agissaient au nom
d’une autorité publique, selon trois types principaux. Au plus haut niveau, celui de voir comment les Grecs eux-mêmes l’ont abordé.❘
la cité, la gestion était exercée par l’Assemblée des citoyens, qui prenait les déci- et parfois excessives. J’y reviens ici en retournant aux textes anciens pour tenter de
sions, par le Conseil qui exerçait un contrôle continu et recevait les comptes, et par connu depuis longtemps, mais il a reçu au fil du temps des réponses contradictoires
divers magistrats qui assuraient les tâches d’exécution. Dans d’autres cas, la gestion gestion et posaient, mutatis mutandis, le même problème de juridiction. Celui-ci est
se faisait également dans des subdivisions de la cité, comme les dèmes, par le moyen Dans chaque cité, les biens des dieux tendaient à obéir au même modèle de
de l’Assemblée et des magistrats ou des prêtres locaux, qui pouvaient cumuler les usage.
tâches « sacrées » et les tâches « civiles ». Plus rarement, la gestion était partagée puisque les juges de Magnésie ont éprouvé le besoin de la formuler à leur propre
nes de la kyrieia et ne peut pas être considérée comme une véritable règle de droit,
Mais, même si elle était présentée comme universelle, elle décrivait plutôt les origi-
Fr. Landucci et G. Zecchini (éd.), Gli stati territoriali nel mondo antico, Milan, 2003,
lée à l’occasion d’un conflit d’ordre public, valait également pour le domaine privé.
p. 253-269.
d’un achat, soit d’une conquête, soit d’un don . On voit que cette définition, formu-
7. S.L. Ager, Interstate Arbitrations in the Greek World, 337-90 B.C., Berkeley-Los Angeles- 7

Londres, 1996, 158-II, lignes 133-134 : ªa[nºqrwpoi ta;" kata; tw'n tovpwn e[cousi ku- droit de propriété. Cette kyrieia découlait, d’après le texte, soit d’un héritage, soit
rieiva" h] para; progovnwn pªaralabovnºte" aujtoi; ªh] priavmenoi kat∆º ajrgurivou dovsin h] littéralement la « maîtrise (ou l’autorité) sur les territoires », notion proche de notre
dovrati krathvsante" h] parav tino" tw'n kreissovnªwn scovnte"º. Voir aussi les commen- et Hiérapytna, à la fin du IIe siècle, une définition de la kurieiva kata; tw'n tovpwn,
taires de J.-M. Bertrand, « Territoire donné, territoire attribué : note sur la pratique de Il est vrai qu’on trouve, dans un arbitrage de Magnésie-du-Méandre entre Itanos
l’attribution dans le monde impérial de Rome », CCG II (1991), p. 125-164, et de sanctuaires appartenaient aux cités.
Fr. Guizzi, « Conquista, occupazione del suolo e titoli che danno diritto a la proprietà :
aux dieux, mais les Grecs pouvaient dire également, sans contradiction, que les
l’esempio di una controversia interstatale cretese », Athenaeum 85 (1997), p. 35-52.

105 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246


106 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

Paris, 2002 (Corpus des inscriptions de Delphes IV), p. 250, n. 14.


entre une cité et un groupe de cités ou de peuples, comme dans le cas de l’Amphic-
Antiquity, Cambridge, 2000, p. 14-15, Fr. Lefèvre, Documents amphictioniques, Athènes-
dans E. Lo Cascio et D.W. Rathbone (éd.), Production and Public Powers in Classical tionie de Delphes ; la situation pouvait alors être complexe, car divers organes se
8
p. 212 et 218, C. Ampolo, « I terreni sacri nel mondo greco in età arcaica e classica », côtoyaient et mêlaient parfois leurs compétences .
(note 2), p. 706, A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, Le tavole greche di Eraclea, Rome, 1968, Ce contrôle progressif des biens sacrés est connu de manière assez précise à
12. Voir, parmi beaucoup d’autres, P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 374, Ch. Lécrivain, loc. cit. Athènes : à partir du milieu du Ve siècle, la cité a multiplié les épimélètai, les épistatai
11. Politique, notamment VI, 8, 18-19. Voir aussi IV, 15, 2-3. et les hiéropoioi, à qui elle a confié l’achat des animaux de sacrifice, le maintien de
nombreux exemples dans les notes, p. 435-440). l’ordre lors des cérémonies, la gestion des finances des sanctuaires et à qui elle a
9
10. Voir les références données à la note 8 et P. Debord, op. cit. (note 1), p. 257-262 (avec de demandé des comptes . Ailleurs, surtout à la période hellénistique, de nombreuses
(1984), p. 75-123. inscriptions mentionnent des collèges spécialement chargés des biens des dieux : tréso-
10
9. Cf. R.S.J. Garland, « Religious Authority in Archaic and Classical Athens », ABSA 79 riers sacrés, exétastai, naopes, néocores, hiéromnémons, hiéropes, etc. . Au IVe siècle,
et R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, Leyde, 1968, p. 299-301. Aristote avait déjà noté que le « soin » ou « service » (épiméleia) des dieux était
Fédération Internationale des Associations d’Études Classiques, Paris, 1951, p. 387-392, d’une nature particulière et devait être assuré par des prêtres et divers magistrats
financier dans les rapports de l’État et du temple en Grèce », Actes du Ier Congrès de la 11
puis notamment P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 369-370, Fr. Sokolowski, « Problème
comme des épimélètes, des hiéropes, des naophylaques et des trésoriers . Les uns
« Über griechische Schatzverwaltung », WS 10 (1888), p. 278-307, et 11 (1889), p. 65-87, et les autres avaient sans doute à cœur les intérêts des dieux et des sanctuaires, mais
8. Sur cette évolution, voir les articles fondamentaux, et trop peu cités, de H. Swoboda, tous étaient redevables à la cité ou à l’une de ses composantes. Or, cette respon-
sabilité ultime conférait aux pouvoirs civils une marge de manœuvre considérable,
dont il faut examiner les limites et la définition.

« dépendance » de la seconde . D’autres ont étudié l’affermage des terres sacrées et


12
II. Limites de la gestion publique
ou une sorte de fiction et en ont conclu que la première était une « annexe » ou une
La plupart des savants ont été frappés par le caractère apparemment illimité du
entre la fortune sacrée et la fortune publique comme un principe sans portée réelle 236
pouvoir des cités et l’ont parfois qualifié d’absolu. Plusieurs ont traité la distinction❘
pouvoir des cités et l’ont parfois qualifié d’absolu. Plusieurs ont traité la distinction❘
236 entre la fortune sacrée et la fortune publique comme un principe sans portée réelle
La plupart des savants ont été frappés par le caractère apparemment illimité du
ou une sorte de fiction et en ont conclu que la première était une « annexe » ou une
12
II. Limites de la gestion publique « dépendance » de la seconde . D’autres ont étudié l’affermage des terres sacrées et

dont il faut examiner les limites et la définition.


sabilité ultime conférait aux pouvoirs civils une marge de manœuvre considérable,
tous étaient redevables à la cité ou à l’une de ses composantes. Or, cette respon- 8. Sur cette évolution, voir les articles fondamentaux, et trop peu cités, de H. Swoboda,
et les autres avaient sans doute à cœur les intérêts des dieux et des sanctuaires, mais « Über griechische Schatzverwaltung », WS 10 (1888), p. 278-307, et 11 (1889), p. 65-87,
puis notamment P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 369-370, Fr. Sokolowski, « Problème
comme des épimélètes, des hiéropes, des naophylaques et des trésoriers . Les uns
11 financier dans les rapports de l’État et du temple en Grèce », Actes du Ier Congrès de la
d’une nature particulière et devait être assuré par des prêtres et divers magistrats Fédération Internationale des Associations d’Études Classiques, Paris, 1951, p. 387-392,
Aristote avait déjà noté que le « soin » ou « service » (épiméleia) des dieux était et R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, Leyde, 1968, p. 299-301.
riers sacrés, exétastai, naopes, néocores, hiéromnémons, hiéropes, etc. . Au IVe siècle,
10 9. Cf. R.S.J. Garland, « Religious Authority in Archaic and Classical Athens », ABSA 79
inscriptions mentionnent des collèges spécialement chargés des biens des dieux : tréso- (1984), p. 75-123.
demandé des comptes . Ailleurs, surtout à la période hellénistique, de nombreuses
9 10. Voir les références données à la note 8 et P. Debord, op. cit. (note 1), p. 257-262 (avec de
l’ordre lors des cérémonies, la gestion des finances des sanctuaires et à qui elle a nombreux exemples dans les notes, p. 435-440).
et les hiéropoioi, à qui elle a confié l’achat des animaux de sacrifice, le maintien de 11. Politique, notamment VI, 8, 18-19. Voir aussi IV, 15, 2-3.
Athènes : à partir du milieu du Ve siècle, la cité a multiplié les épimélètai, les épistatai 12. Voir, parmi beaucoup d’autres, P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 374, Ch. Lécrivain, loc. cit.
Ce contrôle progressif des biens sacrés est connu de manière assez précise à (note 2), p. 706, A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, Le tavole greche di Eraclea, Rome, 1968,
côtoyaient et mêlaient parfois leurs compétences . p. 212 et 218, C. Ampolo, « I terreni sacri nel mondo greco in età arcaica e classica »,
8
tionie de Delphes ; la situation pouvait alors être complexe, car divers organes se dans E. Lo Cascio et D.W. Rathbone (éd.), Production and Public Powers in Classical
Antiquity, Cambridge, 2000, p. 14-15, Fr. Lefèvre, Documents amphictioniques, Athènes-
entre une cité et un groupe de cités ou de peuples, comme dans le cas de l’Amphic-
Paris, 2002 (Corpus des inscriptions de Delphes IV), p. 250, n. 14.

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 106

106 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

Paris, 2002 (Corpus des inscriptions de Delphes IV), p. 250, n. 14.


entre une cité et un groupe de cités ou de peuples, comme dans le cas de l’Amphic-
Antiquity, Cambridge, 2000, p. 14-15, Fr. Lefèvre, Documents amphictioniques, Athènes-
dans E. Lo Cascio et D.W. Rathbone (éd.), Production and Public Powers in Classical tionie de Delphes ; la situation pouvait alors être complexe, car divers organes se
8
p. 212 et 218, C. Ampolo, « I terreni sacri nel mondo greco in età arcaica e classica », côtoyaient et mêlaient parfois leurs compétences .
(note 2), p. 706, A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, Le tavole greche di Eraclea, Rome, 1968, Ce contrôle progressif des biens sacrés est connu de manière assez précise à
12. Voir, parmi beaucoup d’autres, P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 374, Ch. Lécrivain, loc. cit. Athènes : à partir du milieu du Ve siècle, la cité a multiplié les épimélètai, les épistatai
11. Politique, notamment VI, 8, 18-19. Voir aussi IV, 15, 2-3. et les hiéropoioi, à qui elle a confié l’achat des animaux de sacrifice, le maintien de
nombreux exemples dans les notes, p. 435-440). l’ordre lors des cérémonies, la gestion des finances des sanctuaires et à qui elle a
9
10. Voir les références données à la note 8 et P. Debord, op. cit. (note 1), p. 257-262 (avec de demandé des comptes . Ailleurs, surtout à la période hellénistique, de nombreuses
(1984), p. 75-123. inscriptions mentionnent des collèges spécialement chargés des biens des dieux : tréso-
10
9. Cf. R.S.J. Garland, « Religious Authority in Archaic and Classical Athens », ABSA 79 riers sacrés, exétastai, naopes, néocores, hiéromnémons, hiéropes, etc. . Au IVe siècle,
et R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, Leyde, 1968, p. 299-301. Aristote avait déjà noté que le « soin » ou « service » (épiméleia) des dieux était
Fédération Internationale des Associations d’Études Classiques, Paris, 1951, p. 387-392, d’une nature particulière et devait être assuré par des prêtres et divers magistrats
financier dans les rapports de l’État et du temple en Grèce », Actes du Ier Congrès de la 11
puis notamment P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 369-370, Fr. Sokolowski, « Problème
comme des épimélètes, des hiéropes, des naophylaques et des trésoriers . Les uns
« Über griechische Schatzverwaltung », WS 10 (1888), p. 278-307, et 11 (1889), p. 65-87, et les autres avaient sans doute à cœur les intérêts des dieux et des sanctuaires, mais
8. Sur cette évolution, voir les articles fondamentaux, et trop peu cités, de H. Swoboda, tous étaient redevables à la cité ou à l’une de ses composantes. Or, cette respon-
sabilité ultime conférait aux pouvoirs civils une marge de manœuvre considérable,
dont il faut examiner les limites et la définition.

« dépendance » de la seconde . D’autres ont étudié l’affermage des terres sacrées et


12
II. Limites de la gestion publique
ou une sorte de fiction et en ont conclu que la première était une « annexe » ou une
La plupart des savants ont été frappés par le caractère apparemment illimité du
entre la fortune sacrée et la fortune publique comme un principe sans portée réelle 236
pouvoir des cités et l’ont parfois qualifié d’absolu. Plusieurs ont traité la distinction❘
pouvoir des cités et l’ont parfois qualifié d’absolu. Plusieurs ont traité la distinction❘
236 entre la fortune sacrée et la fortune publique comme un principe sans portée réelle
La plupart des savants ont été frappés par le caractère apparemment illimité du
ou une sorte de fiction et en ont conclu que la première était une « annexe » ou une
12
II. Limites de la gestion publique « dépendance » de la seconde . D’autres ont étudié l’affermage des terres sacrées et

dont il faut examiner les limites et la définition.


sabilité ultime conférait aux pouvoirs civils une marge de manœuvre considérable,
tous étaient redevables à la cité ou à l’une de ses composantes. Or, cette respon- 8. Sur cette évolution, voir les articles fondamentaux, et trop peu cités, de H. Swoboda,
et les autres avaient sans doute à cœur les intérêts des dieux et des sanctuaires, mais « Über griechische Schatzverwaltung », WS 10 (1888), p. 278-307, et 11 (1889), p. 65-87,
puis notamment P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 369-370, Fr. Sokolowski, « Problème
comme des épimélètes, des hiéropes, des naophylaques et des trésoriers . Les uns
11 financier dans les rapports de l’État et du temple en Grèce », Actes du Ier Congrès de la
d’une nature particulière et devait être assuré par des prêtres et divers magistrats Fédération Internationale des Associations d’Études Classiques, Paris, 1951, p. 387-392,
Aristote avait déjà noté que le « soin » ou « service » (épiméleia) des dieux était et R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, Leyde, 1968, p. 299-301.
riers sacrés, exétastai, naopes, néocores, hiéromnémons, hiéropes, etc. . Au IVe siècle,
10 9. Cf. R.S.J. Garland, « Religious Authority in Archaic and Classical Athens », ABSA 79
inscriptions mentionnent des collèges spécialement chargés des biens des dieux : tréso- (1984), p. 75-123.
demandé des comptes . Ailleurs, surtout à la période hellénistique, de nombreuses
9 10. Voir les références données à la note 8 et P. Debord, op. cit. (note 1), p. 257-262 (avec de
l’ordre lors des cérémonies, la gestion des finances des sanctuaires et à qui elle a nombreux exemples dans les notes, p. 435-440).
et les hiéropoioi, à qui elle a confié l’achat des animaux de sacrifice, le maintien de 11. Politique, notamment VI, 8, 18-19. Voir aussi IV, 15, 2-3.
Athènes : à partir du milieu du Ve siècle, la cité a multiplié les épimélètai, les épistatai 12. Voir, parmi beaucoup d’autres, P. Guiraud, op. cit. (note 2), p. 374, Ch. Lécrivain, loc. cit.
Ce contrôle progressif des biens sacrés est connu de manière assez précise à (note 2), p. 706, A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, Le tavole greche di Eraclea, Rome, 1968,
côtoyaient et mêlaient parfois leurs compétences . p. 212 et 218, C. Ampolo, « I terreni sacri nel mondo greco in età arcaica e classica »,
8
tionie de Delphes ; la situation pouvait alors être complexe, car divers organes se dans E. Lo Cascio et D.W. Rathbone (éd.), Production and Public Powers in Classical
Antiquity, Cambridge, 2000, p. 14-15, Fr. Lefèvre, Documents amphictioniques, Athènes-
entre une cité et un groupe de cités ou de peuples, comme dans le cas de l’Amphic-
Paris, 2002 (Corpus des inscriptions de Delphes IV), p. 250, n. 14.

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 106
G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 107

13 (note 1), p. 149-151.


des terres publiques comme une seule entité administrative . D’après A.M. Andreades,
tions grecques, Paris, 1945, p. 36, R. Bogaert, op. cit. (note 8), p. 301, et P. Debord op. cit.
la distinction entre fonds sacrés et fonds publics était purement apparente et les deux 19. Voir des exemples chez L. Robert, Le sanctuaire de Sinuri près de Mylasa I. Les inscrip-
14
budgets étaient virtuellement fusionnés . Pour M.I. Finley, la technique adminis- (ta'" povlio" pa'san ta;n ejpikarpivan h\men).
trative consistant à manipuler de l’argent par l’intermédiaire d’un temple, à Athènes et teumevna kai; oijkodomhmevna pavnta ta'" povlio" e[ssontai) et p. 19-20, lignes 151-152
15
ailleurs, « had no special significance, legally or otherwise » . A.R.W. Harrison a nié 18. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 17, lignes 107-112 (ta; ejn ta'/ ga'/ pefu-
16
que la propriété sacrée ait constitué, à Athènes, « a separate legal category » . Paris, 1984 (BCH Suppl. X), p. 275-277.
Quelques savants ont même accusé les cités de traiter les biens des dieux avec désin- (314-167 avant J.-C.). Étude d’une communauté civique et de ses institutions, Athènes-
17
volture, sans scrupule, de manière arbitraire et même malhonnête . 17. Notamment Fr. Sokolowski, loc. cit. (note 8), p. 392, et Cl. Vial, Délos indépendante
Il est vrai que les cités et leurs composantes appliquaient habituellement aux critique, Québec-Paris, 1984, p. 78, 79, 107 et 328.
biens sacrés, en particulier aux biens-fonds, les mêmes procédures administratives le même sens, L’emprunt public dans les cités grecques. Recueil des documents et analyse
qu’aux biens publics et qu’elles devaient alors être guidées, au moins en partie, par
Congress on Boiotian Antiquities (and other) Epigraphy, Amsterdam, 1994, p. 5 et, dans
tiennes », dans J.M. Fossey (éd.), Boeotia Antiqua IV. Proceedings of the 7th International
leur propre intérêt. Ainsi, à Héraclée de Lucanie, à la fin du IVe siècle ou au début « étaient en fin de compte des biens publics » : cf. « Ressources financières des cités béo-
du IIIe, le contrat des terres de Dionysos prévoyait non seulement des pénalités pour 16. Op. cit. (note 5), p. 235. Sans aller aussi loin, j’ai moi-même écrit que les biens sacrés
les fermiers qui manqueraient à leurs devoirs, mais aussi la confiscation de leurs Brunswick, 1952, p. 95.
plantations et de leurs constructions au profit de la cité ; en outre, si un fermier 15. Studies in Land and Credit in Ancient Athens, 500-200 B.C. The Horos-Inscriptions, New
mourait sans enfants et intestat, tous les fruits de sa terre revenaient également à la p. 192-193.
18
cité . Il est vrai aussi que les fonds sacrés étaient parfois détournés de leur desti- 14. A History of Greek Public Finance I, traduction de C.N. Brown, Cambridge Mass., 1933,
nation et que les sanctuaires pouvaient être victimes de malversations et d’usur- and Hellenistic Greece », Chiron 18 (1988), p. 279-329.
19
pations , voire de pillages. Il arrivait même à des cités d’engager ou d’hypothéquer et « Social and Economic Implications of the Leasing of Land and Property in Classical
des biens sacrés lors de leurs emprunts, par exemple des phiales et des bois sacrés à nation », La Béotie antique. Lyon-Saint-Étienne 16-20 mai 1983, Paris, 1985, p. 317-323,
13. Ainsi notamment R. Osborne, « The Land-Leases from Hellenistic Thespiai : a Re-exami-

13. Ainsi notamment R. Osborne, « The Land-Leases from Hellenistic Thespiai : a Re-exami-
nation », La Béotie antique. Lyon-Saint-Étienne 16-20 mai 1983, Paris, 1985, p. 317-323, des biens sacrés lors de leurs emprunts, par exemple des phiales et des bois sacrés à
et « Social and Economic Implications of the Leasing of Land and Property in Classical pations , voire de pillages. Il arrivait même à des cités d’engager ou d’hypothéquer
19
and Hellenistic Greece », Chiron 18 (1988), p. 279-329. nation et que les sanctuaires pouvaient être victimes de malversations et d’usur-
14. A History of Greek Public Finance I, traduction de C.N. Brown, Cambridge Mass., 1933, cité . Il est vrai aussi que les fonds sacrés étaient parfois détournés de leur desti-
18
p. 192-193. mourait sans enfants et intestat, tous les fruits de sa terre revenaient également à la
15. Studies in Land and Credit in Ancient Athens, 500-200 B.C. The Horos-Inscriptions, New plantations et de leurs constructions au profit de la cité ; en outre, si un fermier
Brunswick, 1952, p. 95. les fermiers qui manqueraient à leurs devoirs, mais aussi la confiscation de leurs
16. Op. cit. (note 5), p. 235. Sans aller aussi loin, j’ai moi-même écrit que les biens sacrés du IIIe, le contrat des terres de Dionysos prévoyait non seulement des pénalités pour
« étaient en fin de compte des biens publics » : cf. « Ressources financières des cités béo- leur propre intérêt. Ainsi, à Héraclée de Lucanie, à la fin du IVe siècle ou au début
tiennes », dans J.M. Fossey (éd.), Boeotia Antiqua IV. Proceedings of the 7th International
qu’aux biens publics et qu’elles devaient alors être guidées, au moins en partie, par
Congress on Boiotian Antiquities (and other) Epigraphy, Amsterdam, 1994, p. 5 et, dans
le même sens, L’emprunt public dans les cités grecques. Recueil des documents et analyse biens sacrés, en particulier aux biens-fonds, les mêmes procédures administratives
critique, Québec-Paris, 1984, p. 78, 79, 107 et 328. Il est vrai que les cités et leurs composantes appliquaient habituellement aux
17. Notamment Fr. Sokolowski, loc. cit. (note 8), p. 392, et Cl. Vial, Délos indépendante volture, sans scrupule, de manière arbitraire et même malhonnête .
17
(314-167 avant J.-C.). Étude d’une communauté civique et de ses institutions, Athènes- Quelques savants ont même accusé les cités de traiter les biens des dieux avec désin-
Paris, 1984 (BCH Suppl. X), p. 275-277. que la propriété sacrée ait constitué, à Athènes, « a separate legal category » .
16
18. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 17, lignes 107-112 (ta; ejn ta'/ ga'/ pefu- ailleurs, « had no special significance, legally or otherwise » . A.R.W. Harrison a nié
teumevna kai; oijkodomhmevna pavnta ta'" povlio" e[ssontai) et p. 19-20, lignes 151-152
15
trative consistant à manipuler de l’argent par l’intermédiaire d’un temple, à Athènes et
(ta'" povlio" pa'san ta;n ejpikarpivan h\men).
budgets étaient virtuellement fusionnés . Pour M.I. Finley, la technique adminis-
19. Voir des exemples chez L. Robert, Le sanctuaire de Sinuri près de Mylasa I. Les inscrip- 14
la distinction entre fonds sacrés et fonds publics était purement apparente et les deux
tions grecques, Paris, 1945, p. 36, R. Bogaert, op. cit. (note 8), p. 301, et P. Debord op. cit.
des terres publiques comme une seule entité administrative . D’après A.M. Andreades,
(note 1), p. 149-151. 13

107 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 107

13 (note 1), p. 149-151.


des terres publiques comme une seule entité administrative . D’après A.M. Andreades,
tions grecques, Paris, 1945, p. 36, R. Bogaert, op. cit. (note 8), p. 301, et P. Debord op. cit.
la distinction entre fonds sacrés et fonds publics était purement apparente et les deux 19. Voir des exemples chez L. Robert, Le sanctuaire de Sinuri près de Mylasa I. Les inscrip-
14
budgets étaient virtuellement fusionnés . Pour M.I. Finley, la technique adminis- (ta'" povlio" pa'san ta;n ejpikarpivan h\men).
trative consistant à manipuler de l’argent par l’intermédiaire d’un temple, à Athènes et teumevna kai; oijkodomhmevna pavnta ta'" povlio" e[ssontai) et p. 19-20, lignes 151-152
15
ailleurs, « had no special significance, legally or otherwise » . A.R.W. Harrison a nié 18. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 17, lignes 107-112 (ta; ejn ta'/ ga'/ pefu-
16
que la propriété sacrée ait constitué, à Athènes, « a separate legal category » . Paris, 1984 (BCH Suppl. X), p. 275-277.
Quelques savants ont même accusé les cités de traiter les biens des dieux avec désin- (314-167 avant J.-C.). Étude d’une communauté civique et de ses institutions, Athènes-
17
volture, sans scrupule, de manière arbitraire et même malhonnête . 17. Notamment Fr. Sokolowski, loc. cit. (note 8), p. 392, et Cl. Vial, Délos indépendante
Il est vrai que les cités et leurs composantes appliquaient habituellement aux critique, Québec-Paris, 1984, p. 78, 79, 107 et 328.
biens sacrés, en particulier aux biens-fonds, les mêmes procédures administratives le même sens, L’emprunt public dans les cités grecques. Recueil des documents et analyse
qu’aux biens publics et qu’elles devaient alors être guidées, au moins en partie, par
Congress on Boiotian Antiquities (and other) Epigraphy, Amsterdam, 1994, p. 5 et, dans
tiennes », dans J.M. Fossey (éd.), Boeotia Antiqua IV. Proceedings of the 7th International
leur propre intérêt. Ainsi, à Héraclée de Lucanie, à la fin du IVe siècle ou au début « étaient en fin de compte des biens publics » : cf. « Ressources financières des cités béo-
du IIIe, le contrat des terres de Dionysos prévoyait non seulement des pénalités pour 16. Op. cit. (note 5), p. 235. Sans aller aussi loin, j’ai moi-même écrit que les biens sacrés
les fermiers qui manqueraient à leurs devoirs, mais aussi la confiscation de leurs Brunswick, 1952, p. 95.
plantations et de leurs constructions au profit de la cité ; en outre, si un fermier 15. Studies in Land and Credit in Ancient Athens, 500-200 B.C. The Horos-Inscriptions, New
mourait sans enfants et intestat, tous les fruits de sa terre revenaient également à la p. 192-193.
18
cité . Il est vrai aussi que les fonds sacrés étaient parfois détournés de leur desti- 14. A History of Greek Public Finance I, traduction de C.N. Brown, Cambridge Mass., 1933,
nation et que les sanctuaires pouvaient être victimes de malversations et d’usur- and Hellenistic Greece », Chiron 18 (1988), p. 279-329.
19
pations , voire de pillages. Il arrivait même à des cités d’engager ou d’hypothéquer et « Social and Economic Implications of the Leasing of Land and Property in Classical
des biens sacrés lors de leurs emprunts, par exemple des phiales et des bois sacrés à nation », La Béotie antique. Lyon-Saint-Étienne 16-20 mai 1983, Paris, 1985, p. 317-323,
13. Ainsi notamment R. Osborne, « The Land-Leases from Hellenistic Thespiai : a Re-exami-

13. Ainsi notamment R. Osborne, « The Land-Leases from Hellenistic Thespiai : a Re-exami-
nation », La Béotie antique. Lyon-Saint-Étienne 16-20 mai 1983, Paris, 1985, p. 317-323, des biens sacrés lors de leurs emprunts, par exemple des phiales et des bois sacrés à
et « Social and Economic Implications of the Leasing of Land and Property in Classical pations , voire de pillages. Il arrivait même à des cités d’engager ou d’hypothéquer
19
and Hellenistic Greece », Chiron 18 (1988), p. 279-329. nation et que les sanctuaires pouvaient être victimes de malversations et d’usur-
14. A History of Greek Public Finance I, traduction de C.N. Brown, Cambridge Mass., 1933, cité . Il est vrai aussi que les fonds sacrés étaient parfois détournés de leur desti-
18
p. 192-193. mourait sans enfants et intestat, tous les fruits de sa terre revenaient également à la
15. Studies in Land and Credit in Ancient Athens, 500-200 B.C. The Horos-Inscriptions, New plantations et de leurs constructions au profit de la cité ; en outre, si un fermier
Brunswick, 1952, p. 95. les fermiers qui manqueraient à leurs devoirs, mais aussi la confiscation de leurs
16. Op. cit. (note 5), p. 235. Sans aller aussi loin, j’ai moi-même écrit que les biens sacrés du IIIe, le contrat des terres de Dionysos prévoyait non seulement des pénalités pour
« étaient en fin de compte des biens publics » : cf. « Ressources financières des cités béo- leur propre intérêt. Ainsi, à Héraclée de Lucanie, à la fin du IVe siècle ou au début
tiennes », dans J.M. Fossey (éd.), Boeotia Antiqua IV. Proceedings of the 7th International
qu’aux biens publics et qu’elles devaient alors être guidées, au moins en partie, par
Congress on Boiotian Antiquities (and other) Epigraphy, Amsterdam, 1994, p. 5 et, dans
le même sens, L’emprunt public dans les cités grecques. Recueil des documents et analyse biens sacrés, en particulier aux biens-fonds, les mêmes procédures administratives
critique, Québec-Paris, 1984, p. 78, 79, 107 et 328. Il est vrai que les cités et leurs composantes appliquaient habituellement aux
17. Notamment Fr. Sokolowski, loc. cit. (note 8), p. 392, et Cl. Vial, Délos indépendante volture, sans scrupule, de manière arbitraire et même malhonnête .
17
(314-167 avant J.-C.). Étude d’une communauté civique et de ses institutions, Athènes- Quelques savants ont même accusé les cités de traiter les biens des dieux avec désin-
Paris, 1984 (BCH Suppl. X), p. 275-277. que la propriété sacrée ait constitué, à Athènes, « a separate legal category » .
16
18. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 17, lignes 107-112 (ta; ejn ta'/ ga'/ pefu- ailleurs, « had no special significance, legally or otherwise » . A.R.W. Harrison a nié
teumevna kai; oijkodomhmevna pavnta ta'" povlio" e[ssontai) et p. 19-20, lignes 151-152
15
trative consistant à manipuler de l’argent par l’intermédiaire d’un temple, à Athènes et
(ta'" povlio" pa'san ta;n ejpikarpivan h\men).
budgets étaient virtuellement fusionnés . Pour M.I. Finley, la technique adminis-
19. Voir des exemples chez L. Robert, Le sanctuaire de Sinuri près de Mylasa I. Les inscrip- 14
la distinction entre fonds sacrés et fonds publics était purement apparente et les deux
tions grecques, Paris, 1945, p. 36, R. Bogaert, op. cit. (note 8), p. 301, et P. Debord op. cit.
des terres publiques comme une seule entité administrative . D’après A.M. Andreades,
(note 1), p. 149-151. 13

107 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246


108 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

Calymna, vers 300, ou les terres d’Apollon à Akraiphia, au IIIe siècle, et à Sicyone
26. Voir mon article cité à la note 22, p. 182, avec des références à des études antérieures.
20
et R. Hamilton, Treasure Map. A Guide to the Delian Inventories, Ann Arbor, 2000. vers 200, ou des vases sacrés à Olbia au IIIe siècle ou au début du IIe .❘
25. Cf. notamment D. Harris, The Treasures of the Parthenon and Erechteion, Oxford, 1995,
237 Peut-être y avait-il à Héraclée une sorte d’osmose entre les finances sacrées et
21
les finances publiques . Mais les mesures prises par la cité visaient les plantations,
d’études anciennes offerts à M. Lebel, Québec, 1980, p. 168-171.
24. Voir mon article « Engagement et saisie de biens publics dans les cités grecques », Mélanges
les constructions et les récoltes, non la terre elle-même, et pouvaient répondre à des
23. Outre les textes de Diodore cités en notes 39 et 42, voir ibid., 24, 5.
raisons particulières, que nous ignorons. De leur côté, la plupart des usurpations et
Madrid, 1998, p. 182, n. 2.
des détournements sont connus par des textes qui révèlent en fait la volonté des cités
grecques », Actas del IX Congreso Español de Estudios Clásicos, Historia y Arqueologia, 22
données à la note 19 et mon article « Finances sacrées et finances publiques dans les cités (ou des rois) de mettre fin aux abus et de rétablir les dieux dans leurs droits . Les
22. Les exemples en sont nombreux et celui d’Héraclée est caractéristique. Voir les références pillages, comme celui du sanctuaire de Delphes par les Phocidiens lors de la troisiè-
21. Cf. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 212. me guerre sacrée (355-346), étaient réprouvés comme sacrilèges et le stratège Philo-
cants. mèlos lui-même a plusieurs fois tenté de justifier ses actes en invoquant des droits
mal pourquoi B. Dignas, op. cit. (note 1), p. 27-28, n’a pas trouvé ces exemples convain- ancestraux des Phocidiens sur le sanctuaire, en promettant de respecter l’oracle et les
23
tuaires, de même que leurs biens publics, étaient « libres » d’hypothèque. Je comprends fonds sacrés, de ne rien faire d’illégal et même de rendre des comptes . Quant aux
traité d’isopolitie, au IIe siècle, les cités de Stiris et de Médéon ont déclaré que leurs sanc- biens engagés ou hypothéqués, si les bois et les phiales de Calymna ont effective-
20. Voir mon Emprunt public (note 16), 16, 17, 44 et 59. Voir aussi le nº 28 : en concluant un ment été saisis par les créanciers, les terres sacrées d’Akraiphia et de Sicyone, de
même que les vases d’Olbia, ont été libérés avant de connaître le même sort. En fait,
c’était normalement sous la forme d’emprunts remboursables, généralement avec les exemples de tels engagements sont peu nombreux et la plupart montrent que les
les fonds monnayés étaient utilisés à des fins civiles, comme à Athènes et à Délos, cités tenaient à sauvegarder les biens de leurs dieux. En outre, les hypothèques sur
servaient à la frappe de monnaies qu’en cas d’extrême urgence . D’autre part, quand les terres sacrées portaient normalement sur les revenus que les créanciers pouvaient
24
26
n’étaient habituellement fondus qu’en vue de fabriquer de nouvelles offrandes et ne en saisir plutôt que sur la propriété elle-même .
sacrés étaient pieusement conservés durant des générations . Les objets précieux Comme le prouvent les nombreux inventaires qui nous sont parvenus, les trésors
25
25
Comme le prouvent les nombreux inventaires qui nous sont parvenus, les trésors sacrés étaient pieusement conservés durant des générations . Les objets précieux
en saisir plutôt que sur la propriété elle-même . n’étaient habituellement fondus qu’en vue de fabriquer de nouvelles offrandes et ne
26
24
les terres sacrées portaient normalement sur les revenus que les créanciers pouvaient servaient à la frappe de monnaies qu’en cas d’extrême urgence . D’autre part, quand
cités tenaient à sauvegarder les biens de leurs dieux. En outre, les hypothèques sur les fonds monnayés étaient utilisés à des fins civiles, comme à Athènes et à Délos,
les exemples de tels engagements sont peu nombreux et la plupart montrent que les c’était normalement sous la forme d’emprunts remboursables, généralement avec
même que les vases d’Olbia, ont été libérés avant de connaître le même sort. En fait,
ment été saisis par les créanciers, les terres sacrées d’Akraiphia et de Sicyone, de 20. Voir mon Emprunt public (note 16), 16, 17, 44 et 59. Voir aussi le nº 28 : en concluant un
biens engagés ou hypothéqués, si les bois et les phiales de Calymna ont effective- traité d’isopolitie, au IIe siècle, les cités de Stiris et de Médéon ont déclaré que leurs sanc-
fonds sacrés, de ne rien faire d’illégal et même de rendre des comptes . Quant aux tuaires, de même que leurs biens publics, étaient « libres » d’hypothèque. Je comprends
23
ancestraux des Phocidiens sur le sanctuaire, en promettant de respecter l’oracle et les mal pourquoi B. Dignas, op. cit. (note 1), p. 27-28, n’a pas trouvé ces exemples convain-
mèlos lui-même a plusieurs fois tenté de justifier ses actes en invoquant des droits cants.
me guerre sacrée (355-346), étaient réprouvés comme sacrilèges et le stratège Philo- 21. Cf. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 212.
pillages, comme celui du sanctuaire de Delphes par les Phocidiens lors de la troisiè- 22. Les exemples en sont nombreux et celui d’Héraclée est caractéristique. Voir les références
(ou des rois) de mettre fin aux abus et de rétablir les dieux dans leurs droits . Les données à la note 19 et mon article « Finances sacrées et finances publiques dans les cités
22 grecques », Actas del IX Congreso Español de Estudios Clásicos, Historia y Arqueologia,
des détournements sont connus par des textes qui révèlent en fait la volonté des cités
Madrid, 1998, p. 182, n. 2.
raisons particulières, que nous ignorons. De leur côté, la plupart des usurpations et
23. Outre les textes de Diodore cités en notes 39 et 42, voir ibid., 24, 5.
les constructions et les récoltes, non la terre elle-même, et pouvaient répondre à des
24. Voir mon article « Engagement et saisie de biens publics dans les cités grecques », Mélanges
les finances publiques . Mais les mesures prises par la cité visaient les plantations,
21 d’études anciennes offerts à M. Lebel, Québec, 1980, p. 168-171.
Peut-être y avait-il à Héraclée une sorte d’osmose entre les finances sacrées et 237
25. Cf. notamment D. Harris, The Treasures of the Parthenon and Erechteion, Oxford, 1995,
vers 200, ou des vases sacrés à Olbia au IIIe siècle ou au début du IIe .❘
20 et R. Hamilton, Treasure Map. A Guide to the Delian Inventories, Ann Arbor, 2000.
Calymna, vers 300, ou les terres d’Apollon à Akraiphia, au IIIe siècle, et à Sicyone
26. Voir mon article cité à la note 22, p. 182, avec des références à des études antérieures.

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 108

108 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

Calymna, vers 300, ou les terres d’Apollon à Akraiphia, au IIIe siècle, et à Sicyone
26. Voir mon article cité à la note 22, p. 182, avec des références à des études antérieures.
20
et R. Hamilton, Treasure Map. A Guide to the Delian Inventories, Ann Arbor, 2000. vers 200, ou des vases sacrés à Olbia au IIIe siècle ou au début du IIe .❘
25. Cf. notamment D. Harris, The Treasures of the Parthenon and Erechteion, Oxford, 1995,
237 Peut-être y avait-il à Héraclée une sorte d’osmose entre les finances sacrées et
21
les finances publiques . Mais les mesures prises par la cité visaient les plantations,
d’études anciennes offerts à M. Lebel, Québec, 1980, p. 168-171.
24. Voir mon article « Engagement et saisie de biens publics dans les cités grecques », Mélanges
les constructions et les récoltes, non la terre elle-même, et pouvaient répondre à des
23. Outre les textes de Diodore cités en notes 39 et 42, voir ibid., 24, 5.
raisons particulières, que nous ignorons. De leur côté, la plupart des usurpations et
Madrid, 1998, p. 182, n. 2.
des détournements sont connus par des textes qui révèlent en fait la volonté des cités
grecques », Actas del IX Congreso Español de Estudios Clásicos, Historia y Arqueologia, 22
données à la note 19 et mon article « Finances sacrées et finances publiques dans les cités (ou des rois) de mettre fin aux abus et de rétablir les dieux dans leurs droits . Les
22. Les exemples en sont nombreux et celui d’Héraclée est caractéristique. Voir les références pillages, comme celui du sanctuaire de Delphes par les Phocidiens lors de la troisiè-
21. Cf. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 212. me guerre sacrée (355-346), étaient réprouvés comme sacrilèges et le stratège Philo-
cants. mèlos lui-même a plusieurs fois tenté de justifier ses actes en invoquant des droits
mal pourquoi B. Dignas, op. cit. (note 1), p. 27-28, n’a pas trouvé ces exemples convain- ancestraux des Phocidiens sur le sanctuaire, en promettant de respecter l’oracle et les
23
tuaires, de même que leurs biens publics, étaient « libres » d’hypothèque. Je comprends fonds sacrés, de ne rien faire d’illégal et même de rendre des comptes . Quant aux
traité d’isopolitie, au IIe siècle, les cités de Stiris et de Médéon ont déclaré que leurs sanc- biens engagés ou hypothéqués, si les bois et les phiales de Calymna ont effective-
20. Voir mon Emprunt public (note 16), 16, 17, 44 et 59. Voir aussi le nº 28 : en concluant un ment été saisis par les créanciers, les terres sacrées d’Akraiphia et de Sicyone, de
même que les vases d’Olbia, ont été libérés avant de connaître le même sort. En fait,
c’était normalement sous la forme d’emprunts remboursables, généralement avec les exemples de tels engagements sont peu nombreux et la plupart montrent que les
les fonds monnayés étaient utilisés à des fins civiles, comme à Athènes et à Délos, cités tenaient à sauvegarder les biens de leurs dieux. En outre, les hypothèques sur
servaient à la frappe de monnaies qu’en cas d’extrême urgence . D’autre part, quand les terres sacrées portaient normalement sur les revenus que les créanciers pouvaient
24
26
n’étaient habituellement fondus qu’en vue de fabriquer de nouvelles offrandes et ne en saisir plutôt que sur la propriété elle-même .
sacrés étaient pieusement conservés durant des générations . Les objets précieux Comme le prouvent les nombreux inventaires qui nous sont parvenus, les trésors
25
25
Comme le prouvent les nombreux inventaires qui nous sont parvenus, les trésors sacrés étaient pieusement conservés durant des générations . Les objets précieux
en saisir plutôt que sur la propriété elle-même . n’étaient habituellement fondus qu’en vue de fabriquer de nouvelles offrandes et ne
26
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les terres sacrées portaient normalement sur les revenus que les créanciers pouvaient servaient à la frappe de monnaies qu’en cas d’extrême urgence . D’autre part, quand
cités tenaient à sauvegarder les biens de leurs dieux. En outre, les hypothèques sur les fonds monnayés étaient utilisés à des fins civiles, comme à Athènes et à Délos,
les exemples de tels engagements sont peu nombreux et la plupart montrent que les c’était normalement sous la forme d’emprunts remboursables, généralement avec
même que les vases d’Olbia, ont été libérés avant de connaître le même sort. En fait,
ment été saisis par les créanciers, les terres sacrées d’Akraiphia et de Sicyone, de 20. Voir mon Emprunt public (note 16), 16, 17, 44 et 59. Voir aussi le nº 28 : en concluant un
biens engagés ou hypothéqués, si les bois et les phiales de Calymna ont effective- traité d’isopolitie, au IIe siècle, les cités de Stiris et de Médéon ont déclaré que leurs sanc-
fonds sacrés, de ne rien faire d’illégal et même de rendre des comptes . Quant aux tuaires, de même que leurs biens publics, étaient « libres » d’hypothèque. Je comprends
23
ancestraux des Phocidiens sur le sanctuaire, en promettant de respecter l’oracle et les mal pourquoi B. Dignas, op. cit. (note 1), p. 27-28, n’a pas trouvé ces exemples convain-
mèlos lui-même a plusieurs fois tenté de justifier ses actes en invoquant des droits cants.
me guerre sacrée (355-346), étaient réprouvés comme sacrilèges et le stratège Philo- 21. Cf. A. Uguzzoni et Fr. Ghinatti, op. cit. (note 12), p. 212.
pillages, comme celui du sanctuaire de Delphes par les Phocidiens lors de la troisiè- 22. Les exemples en sont nombreux et celui d’Héraclée est caractéristique. Voir les références
(ou des rois) de mettre fin aux abus et de rétablir les dieux dans leurs droits . Les données à la note 19 et mon article « Finances sacrées et finances publiques dans les cités
22 grecques », Actas del IX Congreso Español de Estudios Clásicos, Historia y Arqueologia,
des détournements sont connus par des textes qui révèlent en fait la volonté des cités
Madrid, 1998, p. 182, n. 2.
raisons particulières, que nous ignorons. De leur côté, la plupart des usurpations et
23. Outre les textes de Diodore cités en notes 39 et 42, voir ibid., 24, 5.
les constructions et les récoltes, non la terre elle-même, et pouvaient répondre à des
24. Voir mon article « Engagement et saisie de biens publics dans les cités grecques », Mélanges
les finances publiques . Mais les mesures prises par la cité visaient les plantations,
21 d’études anciennes offerts à M. Lebel, Québec, 1980, p. 168-171.
Peut-être y avait-il à Héraclée une sorte d’osmose entre les finances sacrées et 237
25. Cf. notamment D. Harris, The Treasures of the Parthenon and Erechteion, Oxford, 1995,
vers 200, ou des vases sacrés à Olbia au IIIe siècle ou au début du IIe .❘
20 et R. Hamilton, Treasure Map. A Guide to the Delian Inventories, Ann Arbor, 2000.
Calymna, vers 300, ou les terres d’Apollon à Akraiphia, au IIIe siècle, et à Sicyone
26. Voir mon article cité à la note 22, p. 182, avec des références à des études antérieures.

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 108
G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 109

27 (1892-1903), Leyde, 1992, p. 328.


intérêt . Il est évident que, si les comportements humains n’étaient pas toujours
Delphes. Centenaire de la “Grande fouille” réalisée par l’École française d’Athènes
irréprochables, les biens des dieux étaient protégés par des règles et des tabous et « Un document financier inédit de la fin du IIe siècle av. n. è.», dans J._Fr. Bommelaer (éd.),
que les hommes ne pouvaient pas en faire n’importe quoi. Rappelons d’ailleurs que et 672, ligne 72 (kaqw;" kai; ta\lªlºa damovsia kai; poqivera pravssontai). Voir aussi D. Mulliez,
ceux-ci pouvaient connaître la volonté divine par la consultation des oracles et des 33. Sylloge3, 671A, ligne 4 (ªw{sºper kai; oiJ ta; a[lla poqivera kai; damªovºsia ªceºirivzonte"),
exégètes. Certes, on peut dénigrer ces recours à cause des manipulations auxquelles 32. Voir L. Robert, op. cit. (note 19), 10, 14 et 25, et les commentaires p. 25-26 et 53-55.
28
ils étaient exposés, mais les Grecs y croyaient et les❘utilisaient fréquemment . 238 le second).
Sans doute s’en servaient-ils davantage pour des questions cultuelles que pour des p. 26, n. 50, a mal interprété l’opinion que j’ai défendue dans le premier article et a ignoré
problèmes financiers ou administratifs, mais ces différents aspects étaient toujours plusieurs références en note 17, et mon article cité à la note 22 (B. Dignas, op. cit. [note 1],
liés dans la pratique. En voici deux exemples. En 352/1, les Athéniens ont consulté des cités grecques. Bilan et perspectives de recherche », Topoi 5 (1995), p. 15, avec
(note 1), p. 13-35, vient de le rappeler. Voir aussi mon article « Les finances publiques
l’Apollon de Delphes pour savoir si la terre sacrée d’Éleusis pouvait ou devait être
29 31. Comme H. Swoboda, loc. cit. (note 8) l’avait déjà montré et comme B. Dignas, op. cit.
mise en culture . À la fin du IIIe siècle ou au début du IIe, c’est après avoir consulté
1992, 28.
un oracle, probablement celui d’Apollon Ptoïos, que la cité de Tanagra décida de 30. Voir mon livre Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Genève-Québec,
30
rebâtir en ville le sanctuaire et le temple de Déméter et de Corè . 29. Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 32.
Comme on le voit, les positions extrêmes ne sont guère défendables et la plupart
28. Voir entre autres R.S.J. Garland, loc. cit. (note 9), p. 80-120.
des savants reconnaissent que, malgré le resserrement des contrôles administratifs,
l’Antiquité ».
la fortune divine a généralement perduré comme catégorie spécifique et ne fut pas
31 27. Cf. ibid., p. 184-185, et mon article à paraître « L’endettement des cités grecques dans
confondue avec la fortune publique . Certes, il pouvait y avoir des exceptions.
Outre le cas d’Héraclée, déjà mentionné, mais dont l’interprétation n’est pas évidente,
on peut relever celui de Sinuri où, dans le milieu restreint de la syngéneia locale, trouve en effet à Delphes , alors que la distinction entre fonds sacrés et fonds publics
« les revenus sacrés et communs », aiJ; iJerai; kai; koinai; provsodoi, étaient gérés par 33
dans d’autres textes, ne veut pas dire que les deux fortunes étaient confondues. On la
32
le même collège de trésoriers, ce qui signifie peut-être qu’ils ne faisaient qu’un . Mais ce type de formule, comparable à celle des « fonds publics et sacrés » qu’on lit
Mais ce type de formule, comparable à celle des « fonds publics et sacrés » qu’on lit le même collège de trésoriers, ce qui signifie peut-être qu’ils ne faisaient qu’un .
dans d’autres textes, ne veut pas dire que les deux fortunes étaient confondues. On la 32
« les revenus sacrés et communs », aiJ; iJerai; kai; koinai; provsodoi, étaient gérés par
33
trouve en effet à Delphes , alors que la distinction entre fonds sacrés et fonds publics on peut relever celui de Sinuri où, dans le milieu restreint de la syngéneia locale,
Outre le cas d’Héraclée, déjà mentionné, mais dont l’interprétation n’est pas évidente,
confondue avec la fortune publique . Certes, il pouvait y avoir des exceptions.
27. Cf. ibid., p. 184-185, et mon article à paraître « L’endettement des cités grecques dans 31
la fortune divine a généralement perduré comme catégorie spécifique et ne fut pas
l’Antiquité ».
des savants reconnaissent que, malgré le resserrement des contrôles administratifs,
28. Voir entre autres R.S.J. Garland, loc. cit. (note 9), p. 80-120.
Comme on le voit, les positions extrêmes ne sont guère défendables et la plupart
29. Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 32.
rebâtir en ville le sanctuaire et le temple de Déméter et de Corè .
30. Voir mon livre Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Genève-Québec, 30
un oracle, probablement celui d’Apollon Ptoïos, que la cité de Tanagra décida de
1992, 28.
mise en culture . À la fin du IIIe siècle ou au début du IIe, c’est après avoir consulté
31. Comme H. Swoboda, loc. cit. (note 8) l’avait déjà montré et comme B. Dignas, op. cit. 29
l’Apollon de Delphes pour savoir si la terre sacrée d’Éleusis pouvait ou devait être
(note 1), p. 13-35, vient de le rappeler. Voir aussi mon article « Les finances publiques
des cités grecques. Bilan et perspectives de recherche », Topoi 5 (1995), p. 15, avec liés dans la pratique. En voici deux exemples. En 352/1, les Athéniens ont consulté
plusieurs références en note 17, et mon article cité à la note 22 (B. Dignas, op. cit. [note 1], problèmes financiers ou administratifs, mais ces différents aspects étaient toujours
p. 26, n. 50, a mal interprété l’opinion que j’ai défendue dans le premier article et a ignoré Sans doute s’en servaient-ils davantage pour des questions cultuelles que pour des
le second). 238 ils étaient exposés, mais les Grecs y croyaient et les❘utilisaient fréquemment .
28
32. Voir L. Robert, op. cit. (note 19), 10, 14 et 25, et les commentaires p. 25-26 et 53-55. exégètes. Certes, on peut dénigrer ces recours à cause des manipulations auxquelles
33. Sylloge3, 671A, ligne 4 (ªw{sºper kai; oiJ ta; a[lla poqivera kai; damªovºsia ªceºirivzonte"), ceux-ci pouvaient connaître la volonté divine par la consultation des oracles et des
et 672, ligne 72 (kaqw;" kai; ta\lªlºa damovsia kai; poqivera pravssontai). Voir aussi D. Mulliez, que les hommes ne pouvaient pas en faire n’importe quoi. Rappelons d’ailleurs que
« Un document financier inédit de la fin du IIe siècle av. n. è.», dans J._Fr. Bommelaer (éd.), irréprochables, les biens des dieux étaient protégés par des règles et des tabous et
Delphes. Centenaire de la “Grande fouille” réalisée par l’École française d’Athènes
intérêt . Il est évident que, si les comportements humains n’étaient pas toujours
(1892-1903), Leyde, 1992, p. 328. 27

109 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 109

27 (1892-1903), Leyde, 1992, p. 328.


intérêt . Il est évident que, si les comportements humains n’étaient pas toujours
Delphes. Centenaire de la “Grande fouille” réalisée par l’École française d’Athènes
irréprochables, les biens des dieux étaient protégés par des règles et des tabous et « Un document financier inédit de la fin du IIe siècle av. n. è.», dans J._Fr. Bommelaer (éd.),
que les hommes ne pouvaient pas en faire n’importe quoi. Rappelons d’ailleurs que et 672, ligne 72 (kaqw;" kai; ta\lªlºa damovsia kai; poqivera pravssontai). Voir aussi D. Mulliez,
ceux-ci pouvaient connaître la volonté divine par la consultation des oracles et des 33. Sylloge3, 671A, ligne 4 (ªw{sºper kai; oiJ ta; a[lla poqivera kai; damªovºsia ªceºirivzonte"),
exégètes. Certes, on peut dénigrer ces recours à cause des manipulations auxquelles 32. Voir L. Robert, op. cit. (note 19), 10, 14 et 25, et les commentaires p. 25-26 et 53-55.
28
ils étaient exposés, mais les Grecs y croyaient et les❘utilisaient fréquemment . 238 le second).
Sans doute s’en servaient-ils davantage pour des questions cultuelles que pour des p. 26, n. 50, a mal interprété l’opinion que j’ai défendue dans le premier article et a ignoré
problèmes financiers ou administratifs, mais ces différents aspects étaient toujours plusieurs références en note 17, et mon article cité à la note 22 (B. Dignas, op. cit. [note 1],
liés dans la pratique. En voici deux exemples. En 352/1, les Athéniens ont consulté des cités grecques. Bilan et perspectives de recherche », Topoi 5 (1995), p. 15, avec
(note 1), p. 13-35, vient de le rappeler. Voir aussi mon article « Les finances publiques
l’Apollon de Delphes pour savoir si la terre sacrée d’Éleusis pouvait ou devait être
29 31. Comme H. Swoboda, loc. cit. (note 8) l’avait déjà montré et comme B. Dignas, op. cit.
mise en culture . À la fin du IIIe siècle ou au début du IIe, c’est après avoir consulté
1992, 28.
un oracle, probablement celui d’Apollon Ptoïos, que la cité de Tanagra décida de 30. Voir mon livre Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Genève-Québec,
30
rebâtir en ville le sanctuaire et le temple de Déméter et de Corè . 29. Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 32.
Comme on le voit, les positions extrêmes ne sont guère défendables et la plupart
28. Voir entre autres R.S.J. Garland, loc. cit. (note 9), p. 80-120.
des savants reconnaissent que, malgré le resserrement des contrôles administratifs,
l’Antiquité ».
la fortune divine a généralement perduré comme catégorie spécifique et ne fut pas
31 27. Cf. ibid., p. 184-185, et mon article à paraître « L’endettement des cités grecques dans
confondue avec la fortune publique . Certes, il pouvait y avoir des exceptions.
Outre le cas d’Héraclée, déjà mentionné, mais dont l’interprétation n’est pas évidente,
on peut relever celui de Sinuri où, dans le milieu restreint de la syngéneia locale, trouve en effet à Delphes , alors que la distinction entre fonds sacrés et fonds publics
« les revenus sacrés et communs », aiJ; iJerai; kai; koinai; provsodoi, étaient gérés par 33
dans d’autres textes, ne veut pas dire que les deux fortunes étaient confondues. On la
32
le même collège de trésoriers, ce qui signifie peut-être qu’ils ne faisaient qu’un . Mais ce type de formule, comparable à celle des « fonds publics et sacrés » qu’on lit
Mais ce type de formule, comparable à celle des « fonds publics et sacrés » qu’on lit le même collège de trésoriers, ce qui signifie peut-être qu’ils ne faisaient qu’un .
dans d’autres textes, ne veut pas dire que les deux fortunes étaient confondues. On la 32
« les revenus sacrés et communs », aiJ; iJerai; kai; koinai; provsodoi, étaient gérés par
33
trouve en effet à Delphes , alors que la distinction entre fonds sacrés et fonds publics on peut relever celui de Sinuri où, dans le milieu restreint de la syngéneia locale,
Outre le cas d’Héraclée, déjà mentionné, mais dont l’interprétation n’est pas évidente,
confondue avec la fortune publique . Certes, il pouvait y avoir des exceptions.
27. Cf. ibid., p. 184-185, et mon article à paraître « L’endettement des cités grecques dans 31
la fortune divine a généralement perduré comme catégorie spécifique et ne fut pas
l’Antiquité ».
des savants reconnaissent que, malgré le resserrement des contrôles administratifs,
28. Voir entre autres R.S.J. Garland, loc. cit. (note 9), p. 80-120.
Comme on le voit, les positions extrêmes ne sont guère défendables et la plupart
29. Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, 32.
rebâtir en ville le sanctuaire et le temple de Déméter et de Corè .
30. Voir mon livre Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Genève-Québec, 30
un oracle, probablement celui d’Apollon Ptoïos, que la cité de Tanagra décida de
1992, 28.
mise en culture . À la fin du IIIe siècle ou au début du IIe, c’est après avoir consulté
31. Comme H. Swoboda, loc. cit. (note 8) l’avait déjà montré et comme B. Dignas, op. cit. 29
l’Apollon de Delphes pour savoir si la terre sacrée d’Éleusis pouvait ou devait être
(note 1), p. 13-35, vient de le rappeler. Voir aussi mon article « Les finances publiques
des cités grecques. Bilan et perspectives de recherche », Topoi 5 (1995), p. 15, avec liés dans la pratique. En voici deux exemples. En 352/1, les Athéniens ont consulté
plusieurs références en note 17, et mon article cité à la note 22 (B. Dignas, op. cit. [note 1], problèmes financiers ou administratifs, mais ces différents aspects étaient toujours
p. 26, n. 50, a mal interprété l’opinion que j’ai défendue dans le premier article et a ignoré Sans doute s’en servaient-ils davantage pour des questions cultuelles que pour des
le second). 238 ils étaient exposés, mais les Grecs y croyaient et les❘utilisaient fréquemment .
28
32. Voir L. Robert, op. cit. (note 19), 10, 14 et 25, et les commentaires p. 25-26 et 53-55. exégètes. Certes, on peut dénigrer ces recours à cause des manipulations auxquelles
33. Sylloge3, 671A, ligne 4 (ªw{sºper kai; oiJ ta; a[lla poqivera kai; damªovºsia ªceºirivzonte"), ceux-ci pouvaient connaître la volonté divine par la consultation des oracles et des
et 672, ligne 72 (kaqw;" kai; ta\lªlºa damovsia kai; poqivera pravssontai). Voir aussi D. Mulliez, que les hommes ne pouvaient pas en faire n’importe quoi. Rappelons d’ailleurs que
« Un document financier inédit de la fin du IIe siècle av. n. è.», dans J._Fr. Bommelaer (éd.), irréprochables, les biens des dieux étaient protégés par des règles et des tabous et
Delphes. Centenaire de la “Grande fouille” réalisée par l’École française d’Athènes
intérêt . Il est évident que, si les comportements humains n’étaient pas toujours
(1892-1903), Leyde, 1992, p. 328. 27

109 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246


110 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

y est bien attestée. Il s’agissait donc d’une tournure elliptique. Ainsi, la règle était bien
dhvmou prostasivan.
40. IG II2, 1006, ligne 70 : ªth;n gegoneºi'an tou' iJerou' ªajpo; ajrcºaivwªnº crovnwn uJpo; ªtºou'
la séparation entre la fortune publique et la fortune sacrée. Il reste à voir comment le
plusieurs références en notes 12 et 13.
large du terme à Delphes, voir la discussion de Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 250, avec
principe de la propriété divine cohabitait avec la pratique de l’administration civile.
iJerou' prostasiva" ajmfisbhtw'n). Voir aussi la note 42. Sur la signification plus ou moins
ktuovnwn ajkurwvsei), 24, 5 (th'" de; progonikh'" prostasiva" ajmfisbhtw'n), 27, 3 (th'" tou' III. Définition de la gestion publique
toi'" Fwkeu'sin), 24, 1 (th'" prostasiva" eja;n ejgkrath;" gevnhtai ta; dovgmata tw'n ∆Amfi-
La meilleure méthode consiste à chercher dans les textes anciens comment les
39. XVI, 23, 6 (e[fh dei'n ajmfisbhtei'n peri; th'" tou' manteivou prostasiva" wJ" ou[sh" patrivou
Grecs ont formulé le droit de gestion des cités. On découvre alors une grande variété
28 et 35 (même expression).
38. Helléniques, III, 2, 31 (tou' mevntoi proestavnai tou' Dio;" tou' ∆Olumpivou iJerou') et VII, 4, de mots et de tournures, aussi bien chez les auteurs que dans les inscriptions et sans
p. 455 et n. 3 (article de 1923) et C.B. Welles, op. cit. (note précédente), p. 360.
qu’aucune évolution notable ne soit perceptible dans leur usage du Ve au Ier siècle
37. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques I, Paris, 1968, p. 451 et n. 1, avant J.-C. Beaucoup étaient manifestement synonymes. On les trouve parfois utili-
in Greek Epigraphy, New Haven, 1934, p. 360. 239 sés dans des expressions composées ou au superlatif, dans le cas des adjectifs,❘par
(article de 1913), et C.B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period. A Study souci de précision ou d’insistance, ce qui révèle a contrario la faiblesse de certaines
36. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques IV, Paris, 1952, p. 187, n. 2 notions de base. Ils se partagent en quatre groupes.
Grèce centrale », Arch. Ephemeris 1969, p. 53 (OMS VII, p. 759). 1. Il s’agit d’abord du substantif prostasiva et du verbe correspondant prois-
35. Voir entre autres les références données par L. Robert, « Inscriptions d’Athènes et de la tavnai. On sait qu’ils étaient fréquemment utilisés aux périodes classique et hellénis-
34. Par exemple Thucydide II, 65, 11 et VI, 89, 4, et Démosthène, 19 (Sur l’ambassade), 295. tique, comme le substantif prostavth", pour signifier la position éminente d’un
34 35
citoyen dans la cité , la présidence de fêtes et de concours par des magistrats , le
36
droits ancestraux de la cité sur l’Amphiaraion d’Oropos . protectorat d’un État sur un autre ou la dignité d’un roi ou d’une cité (du moins
40 37
en l’honneur d’un cosmète, voté en 122/1, a employé prostasiva pour rappeler les dans le cas du substantif) . Or, pour décrire les droits de gestion de la cité de Pisa
38
tuaire de Delphes lors de la troisième guerre sacrée . De même, un décret athénien sur le sanctuaire d’Olympie, Xénophon a plusieurs fois utilisé proistavnai et Dio-
39
dore a qualifié de prostasiva les prétentions du Phocidien Philomèlos sur le sanc- dore a qualifié de prostasiva les prétentions du Phocidien Philomèlos sur le sanc-
39
sur le sanctuaire d’Olympie, Xénophon a plusieurs fois utilisé proistavnai et Dio- tuaire de Delphes lors de la troisième guerre sacrée . De même, un décret athénien
38
dans le cas du substantif) . Or, pour décrire les droits de gestion de la cité de Pisa en l’honneur d’un cosmète, voté en 122/1, a employé prostasiva pour rappeler les
37 40
protectorat d’un État sur un autre ou la dignité d’un roi ou d’une cité (du moins droits ancestraux de la cité sur l’Amphiaraion d’Oropos .
36
citoyen dans la cité , la présidence de fêtes et de concours par des magistrats , le
34 35
tique, comme le substantif prostavth", pour signifier la position éminente d’un 34. Par exemple Thucydide II, 65, 11 et VI, 89, 4, et Démosthène, 19 (Sur l’ambassade), 295.
tavnai. On sait qu’ils étaient fréquemment utilisés aux périodes classique et hellénis- 35. Voir entre autres les références données par L. Robert, « Inscriptions d’Athènes et de la
1. Il s’agit d’abord du substantif prostasiva et du verbe correspondant prois- Grèce centrale », Arch. Ephemeris 1969, p. 53 (OMS VII, p. 759).
notions de base. Ils se partagent en quatre groupes. 36. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques IV, Paris, 1952, p. 187, n. 2
souci de précision ou d’insistance, ce qui révèle a contrario la faiblesse de certaines (article de 1913), et C.B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period. A Study
sés dans des expressions composées ou au superlatif, dans le cas des adjectifs,❘par 239 in Greek Epigraphy, New Haven, 1934, p. 360.
avant J.-C. Beaucoup étaient manifestement synonymes. On les trouve parfois utili- 37. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques I, Paris, 1968, p. 451 et n. 1,
p. 455 et n. 3 (article de 1923) et C.B. Welles, op. cit. (note précédente), p. 360.
qu’aucune évolution notable ne soit perceptible dans leur usage du Ve au Ier siècle
de mots et de tournures, aussi bien chez les auteurs que dans les inscriptions et sans 38. Helléniques, III, 2, 31 (tou' mevntoi proestavnai tou' Dio;" tou' ∆Olumpivou iJerou') et VII, 4,
28 et 35 (même expression).
Grecs ont formulé le droit de gestion des cités. On découvre alors une grande variété
39. XVI, 23, 6 (e[fh dei'n ajmfisbhtei'n peri; th'" tou' manteivou prostasiva" wJ" ou[sh" patrivou
La meilleure méthode consiste à chercher dans les textes anciens comment les
toi'" Fwkeu'sin), 24, 1 (th'" prostasiva" eja;n ejgkrath;" gevnhtai ta; dovgmata tw'n ∆Amfi-
III. Définition de la gestion publique ktuovnwn ajkurwvsei), 24, 5 (th'" de; progonikh'" prostasiva" ajmfisbhtw'n), 27, 3 (th'" tou'
iJerou' prostasiva" ajmfisbhtw'n). Voir aussi la note 42. Sur la signification plus ou moins
large du terme à Delphes, voir la discussion de Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 250, avec
principe de la propriété divine cohabitait avec la pratique de l’administration civile.
plusieurs références en notes 12 et 13.
la séparation entre la fortune publique et la fortune sacrée. Il reste à voir comment le
40. IG II2, 1006, ligne 70 : ªth;n gegoneºi'an tou' iJerou' ªajpo; ajrcºaivwªnº crovnwn uJpo; ªtºou'
dhvmou prostasivan.
y est bien attestée. Il s’agissait donc d’une tournure elliptique. Ainsi, la règle était bien

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 110

110 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

y est bien attestée. Il s’agissait donc d’une tournure elliptique. Ainsi, la règle était bien
dhvmou prostasivan.
40. IG II2, 1006, ligne 70 : ªth;n gegoneºi'an tou' iJerou' ªajpo; ajrcºaivwªnº crovnwn uJpo; ªtºou'
la séparation entre la fortune publique et la fortune sacrée. Il reste à voir comment le
plusieurs références en notes 12 et 13.
large du terme à Delphes, voir la discussion de Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 250, avec
principe de la propriété divine cohabitait avec la pratique de l’administration civile.
iJerou' prostasiva" ajmfisbhtw'n). Voir aussi la note 42. Sur la signification plus ou moins
ktuovnwn ajkurwvsei), 24, 5 (th'" de; progonikh'" prostasiva" ajmfisbhtw'n), 27, 3 (th'" tou' III. Définition de la gestion publique
toi'" Fwkeu'sin), 24, 1 (th'" prostasiva" eja;n ejgkrath;" gevnhtai ta; dovgmata tw'n ∆Amfi-
La meilleure méthode consiste à chercher dans les textes anciens comment les
39. XVI, 23, 6 (e[fh dei'n ajmfisbhtei'n peri; th'" tou' manteivou prostasiva" wJ" ou[sh" patrivou
Grecs ont formulé le droit de gestion des cités. On découvre alors une grande variété
28 et 35 (même expression).
38. Helléniques, III, 2, 31 (tou' mevntoi proestavnai tou' Dio;" tou' ∆Olumpivou iJerou') et VII, 4, de mots et de tournures, aussi bien chez les auteurs que dans les inscriptions et sans
p. 455 et n. 3 (article de 1923) et C.B. Welles, op. cit. (note précédente), p. 360.
qu’aucune évolution notable ne soit perceptible dans leur usage du Ve au Ier siècle
37. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques I, Paris, 1968, p. 451 et n. 1, avant J.-C. Beaucoup étaient manifestement synonymes. On les trouve parfois utili-
in Greek Epigraphy, New Haven, 1934, p. 360. 239 sés dans des expressions composées ou au superlatif, dans le cas des adjectifs,❘par
(article de 1913), et C.B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period. A Study souci de précision ou d’insistance, ce qui révèle a contrario la faiblesse de certaines
36. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques IV, Paris, 1952, p. 187, n. 2 notions de base. Ils se partagent en quatre groupes.
Grèce centrale », Arch. Ephemeris 1969, p. 53 (OMS VII, p. 759). 1. Il s’agit d’abord du substantif prostasiva et du verbe correspondant prois-
35. Voir entre autres les références données par L. Robert, « Inscriptions d’Athènes et de la tavnai. On sait qu’ils étaient fréquemment utilisés aux périodes classique et hellénis-
34. Par exemple Thucydide II, 65, 11 et VI, 89, 4, et Démosthène, 19 (Sur l’ambassade), 295. tique, comme le substantif prostavth", pour signifier la position éminente d’un
34 35
citoyen dans la cité , la présidence de fêtes et de concours par des magistrats , le
36
droits ancestraux de la cité sur l’Amphiaraion d’Oropos . protectorat d’un État sur un autre ou la dignité d’un roi ou d’une cité (du moins
40 37
en l’honneur d’un cosmète, voté en 122/1, a employé prostasiva pour rappeler les dans le cas du substantif) . Or, pour décrire les droits de gestion de la cité de Pisa
38
tuaire de Delphes lors de la troisième guerre sacrée . De même, un décret athénien sur le sanctuaire d’Olympie, Xénophon a plusieurs fois utilisé proistavnai et Dio-
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dore a qualifié de prostasiva les prétentions du Phocidien Philomèlos sur le sanc- dore a qualifié de prostasiva les prétentions du Phocidien Philomèlos sur le sanc-
39
sur le sanctuaire d’Olympie, Xénophon a plusieurs fois utilisé proistavnai et Dio- tuaire de Delphes lors de la troisième guerre sacrée . De même, un décret athénien
38
dans le cas du substantif) . Or, pour décrire les droits de gestion de la cité de Pisa en l’honneur d’un cosmète, voté en 122/1, a employé prostasiva pour rappeler les
37 40
protectorat d’un État sur un autre ou la dignité d’un roi ou d’une cité (du moins droits ancestraux de la cité sur l’Amphiaraion d’Oropos .
36
citoyen dans la cité , la présidence de fêtes et de concours par des magistrats , le
34 35
tique, comme le substantif prostavth", pour signifier la position éminente d’un 34. Par exemple Thucydide II, 65, 11 et VI, 89, 4, et Démosthène, 19 (Sur l’ambassade), 295.
tavnai. On sait qu’ils étaient fréquemment utilisés aux périodes classique et hellénis- 35. Voir entre autres les références données par L. Robert, « Inscriptions d’Athènes et de la
1. Il s’agit d’abord du substantif prostasiva et du verbe correspondant prois- Grèce centrale », Arch. Ephemeris 1969, p. 53 (OMS VII, p. 759).
notions de base. Ils se partagent en quatre groupes. 36. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques IV, Paris, 1952, p. 187, n. 2
souci de précision ou d’insistance, ce qui révèle a contrario la faiblesse de certaines (article de 1913), et C.B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period. A Study
sés dans des expressions composées ou au superlatif, dans le cas des adjectifs,❘par 239 in Greek Epigraphy, New Haven, 1934, p. 360.
avant J.-C. Beaucoup étaient manifestement synonymes. On les trouve parfois utili- 37. Cf. M. Holleaux, Études d’épigraphie et d’histoire grecques I, Paris, 1968, p. 451 et n. 1,
p. 455 et n. 3 (article de 1923) et C.B. Welles, op. cit. (note précédente), p. 360.
qu’aucune évolution notable ne soit perceptible dans leur usage du Ve au Ier siècle
de mots et de tournures, aussi bien chez les auteurs que dans les inscriptions et sans 38. Helléniques, III, 2, 31 (tou' mevntoi proestavnai tou' Dio;" tou' ∆Olumpivou iJerou') et VII, 4,
28 et 35 (même expression).
Grecs ont formulé le droit de gestion des cités. On découvre alors une grande variété
39. XVI, 23, 6 (e[fh dei'n ajmfisbhtei'n peri; th'" tou' manteivou prostasiva" wJ" ou[sh" patrivou
La meilleure méthode consiste à chercher dans les textes anciens comment les
toi'" Fwkeu'sin), 24, 1 (th'" prostasiva" eja;n ejgkrath;" gevnhtai ta; dovgmata tw'n ∆Amfi-
III. Définition de la gestion publique ktuovnwn ajkurwvsei), 24, 5 (th'" de; progonikh'" prostasiva" ajmfisbhtw'n), 27, 3 (th'" tou'
iJerou' prostasiva" ajmfisbhtw'n). Voir aussi la note 42. Sur la signification plus ou moins
large du terme à Delphes, voir la discussion de Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 250, avec
principe de la propriété divine cohabitait avec la pratique de l’administration civile.
plusieurs références en notes 12 et 13.
la séparation entre la fortune publique et la fortune sacrée. Il reste à voir comment le
40. IG II2, 1006, ligne 70 : ªth;n gegoneºi'an tou' iJerou' ªajpo; ajrcºaivwªnº crovnwn uJpo; ªtºou'
dhvmou prostasivan.
y est bien attestée. Il s’agissait donc d’une tournure elliptique. Ainsi, la règle était bien

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 110
G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 111

2. Dans d’autres textes, on rencontre ejxousiva, terme plus tardif, semble-t-il (fin
46. Voir entre autres A. Kränzlein, op. cit. (note 3), p. 24, 89 et 100.

de la période hellénistique et période romaine), mais bien connu dans le domaine aujtw'n ajei; dia; bivou (lignes 23-27).
41 aujtw'n ajei; dia; bivou kai; ei\nai paradovsimon tªo;º progegrammevnon iJero;n toi'" ejggovnoi"
politique, légal ou juridique pour désigner le pouvoir, l’autorité, la magistrature . mono" tw'n polita'n aJmw'n kai; ei\nai aujtou;" iJerei'" tou' ∆Apovllwno" kai; ejggovnªoºu"
On le trouve chez Diodore, renforcé par prostasiva, pour qualifier les mêmes pré- 45. Ei\nai to; iJero;n to; tou' ∆Apovllwno" Filhvmono" tou' Qeoxevnou kai; Qeoxevnou tou' Filhv-
42
tentions de Philomèlos sur le sanctuaire de Delphes , et chez Polybe pour désigner peuple lors des Grandes Apellai, fête d’Apollon.
le contrôle du sanctuaire que Philippe V et ses alliés voulaient rendre à l’Amphic- comme l’écrivait Fr. Sokolowski, mais d’une loi (nomos, ligne 36), qui fut votée par le
43
tionie lors de la guerre de 220-217 . Mais c’est une loi de Gytheion, du début du 44. IG V 1, 1144, Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 61. Il ne s’agissait pas d’un simple décret,
er 44
I siècle, qui est la plus explicite . Elle remettait entre des mains privées le❘sanc- 240 peri; to; iJero;n ejxousivan.
tuaire et la prêtrise d’Apollon et, en précisant les devoirs et les pouvoirs des nou- 43. IV, 25, 8 : sunanakomiei'sqai de; kai; toi'" ∆Amfiktuvosin e[grayan tou;" novmou" kai; th;n
veaux maîtres, décrivait en fait les prérogatives qui étaient jusque-là celles de la cité. touvtou".
Après avoir signifié le transfert, d’une manière générale, par le verbe ei\nai et ses 42. XVI, 23, 5 : to; ga;r palaio;n tou' manteivou th;n ejxousivan kai; prostasivan ejschkevnai
45
compléments , elle ajoutait les précisions suivantes concernant les prêtres (lignes J. et L. Robert, Bull. épigr. 1977, 523.
31-35) : kai; e[cein aujtou;" ta;n ejxousivan tou' te iJerou' kai; tou' qeou' kai; tw'n ajpo; de Sardes I, Paris, 1964, p. 26, « Aphrodisias », Hellenica XIII, Paris, 1965, p. 196, et
tou' iJerou' pavntwn, prostasivan poioumevnou" kai; ejpimevleian kaqw;" a]n aujtoi;
41. Outre le dictionnaire de Liddell-Scott-Jones, voir L. Robert, Nouvelles inscriptions

proairw'ntai. On voit que le terme-clé, qui ouvrait l’énumération et s’appliquait au


dieu aussi bien qu’au sanctuaire et à toutes ses dépendances, était ejxousiva : il signi- introduction, on retrouve kurieiva dans des inscriptions hellénistiques pour exprimer
fiait la responsabilité générale du culte et du lieu où celui-ci se déroulait, comme du mari sur son épouse . Outre la kurieiva kata; tw'n tovpwn que j’ai évoquée en
46
dans les passages de Polybe et de Diodore cités plus haut. Quant à la prostasiva qui politique, légal ou juridique, notamment l’autorité bien connue du père sur sa fille et
vient ensuite, elle est complétée par ejpimevleia, ce qui donne à la tournure un sens exprimer un pouvoir ou une autorité sur des personnes ou sur des biens, au sens
pratique, à propos duquel la liberté des prêtres était explicitement affirmée : il s’agissait, semblent avoir été aussi fréquents que prostasiva, proistavnai et prostavth" pour
semble-t-il, de la présidence des affaires sacrées et du soin qu’elle exigeait. 3. On trouve aussi kurieiva et les mots apparentés kuvrio" et kurieuvein. Ils
3. On trouve aussi kurieiva et les mots apparentés kuvrio" et kurieuvein. Ils semble-t-il, de la présidence des affaires sacrées et du soin qu’elle exigeait.
semblent avoir été aussi fréquents que prostasiva, proistavnai et prostavth" pour pratique, à propos duquel la liberté des prêtres était explicitement affirmée : il s’agissait,
exprimer un pouvoir ou une autorité sur des personnes ou sur des biens, au sens vient ensuite, elle est complétée par ejpimevleia, ce qui donne à la tournure un sens
politique, légal ou juridique, notamment l’autorité bien connue du père sur sa fille et dans les passages de Polybe et de Diodore cités plus haut. Quant à la prostasiva qui
46
du mari sur son épouse . Outre la kurieiva kata; tw'n tovpwn que j’ai évoquée en fiait la responsabilité générale du culte et du lieu où celui-ci se déroulait, comme
introduction, on retrouve kurieiva dans des inscriptions hellénistiques pour exprimer dieu aussi bien qu’au sanctuaire et à toutes ses dépendances, était ejxousiva : il signi-
proairw'ntai. On voit que le terme-clé, qui ouvrait l’énumération et s’appliquait au
tou' iJerou' pavntwn, prostasivan poioumevnou" kai; ejpimevleian kaqw;" a]n aujtoi;
41. Outre le dictionnaire de Liddell-Scott-Jones, voir L. Robert, Nouvelles inscriptions
de Sardes I, Paris, 1964, p. 26, « Aphrodisias », Hellenica XIII, Paris, 1965, p. 196, et 31-35) : kai; e[cein aujtou;" ta;n ejxousivan tou' te iJerou' kai; tou' qeou' kai; tw'n ajpo;
J. et L. Robert, Bull. épigr. 1977, 523. compléments , elle ajoutait les précisions suivantes concernant les prêtres (lignes
45
42. XVI, 23, 5 : to; ga;r palaio;n tou' manteivou th;n ejxousivan kai; prostasivan ejschkevnai Après avoir signifié le transfert, d’une manière générale, par le verbe ei\nai et ses
touvtou". veaux maîtres, décrivait en fait les prérogatives qui étaient jusque-là celles de la cité.
43. IV, 25, 8 : sunanakomiei'sqai de; kai; toi'" ∆Amfiktuvosin e[grayan tou;" novmou" kai; th;n tuaire et la prêtrise d’Apollon et, en précisant les devoirs et les pouvoirs des nou-
peri; to; iJero;n ejxousivan. 240 I siècle, qui est la plus explicite . Elle remettait entre des mains privées le❘sanc-
er 44
44. IG V 1, 1144, Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 61. Il ne s’agissait pas d’un simple décret, tionie lors de la guerre de 220-217 . Mais c’est une loi de Gytheion, du début du
43
comme l’écrivait Fr. Sokolowski, mais d’une loi (nomos, ligne 36), qui fut votée par le le contrôle du sanctuaire que Philippe V et ses alliés voulaient rendre à l’Amphic-
peuple lors des Grandes Apellai, fête d’Apollon. tentions de Philomèlos sur le sanctuaire de Delphes , et chez Polybe pour désigner
45. Ei\nai to; iJero;n to; tou' ∆Apovllwno" Filhvmono" tou' Qeoxevnou kai; Qeoxevnou tou' Filhv-
42
On le trouve chez Diodore, renforcé par prostasiva, pour qualifier les mêmes pré-
mono" tw'n polita'n aJmw'n kai; ei\nai aujtou;" iJerei'" tou' ∆Apovllwno" kai; ejggovnªoºu"
politique, légal ou juridique pour désigner le pouvoir, l’autorité, la magistrature .
aujtw'n ajei; dia; bivou kai; ei\nai paradovsimon tªo;º progegrammevnon iJero;n toi'" ejggovnoi" 41
aujtw'n ajei; dia; bivou (lignes 23-27). de la période hellénistique et période romaine), mais bien connu dans le domaine
2. Dans d’autres textes, on rencontre ejxousiva, terme plus tardif, semble-t-il (fin
46. Voir entre autres A. Kränzlein, op. cit. (note 3), p. 24, 89 et 100.

111 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 111

2. Dans d’autres textes, on rencontre ejxousiva, terme plus tardif, semble-t-il (fin
46. Voir entre autres A. Kränzlein, op. cit. (note 3), p. 24, 89 et 100.

de la période hellénistique et période romaine), mais bien connu dans le domaine aujtw'n ajei; dia; bivou (lignes 23-27).
41 aujtw'n ajei; dia; bivou kai; ei\nai paradovsimon tªo;º progegrammevnon iJero;n toi'" ejggovnoi"
politique, légal ou juridique pour désigner le pouvoir, l’autorité, la magistrature . mono" tw'n polita'n aJmw'n kai; ei\nai aujtou;" iJerei'" tou' ∆Apovllwno" kai; ejggovnªoºu"
On le trouve chez Diodore, renforcé par prostasiva, pour qualifier les mêmes pré- 45. Ei\nai to; iJero;n to; tou' ∆Apovllwno" Filhvmono" tou' Qeoxevnou kai; Qeoxevnou tou' Filhv-
42
tentions de Philomèlos sur le sanctuaire de Delphes , et chez Polybe pour désigner peuple lors des Grandes Apellai, fête d’Apollon.
le contrôle du sanctuaire que Philippe V et ses alliés voulaient rendre à l’Amphic- comme l’écrivait Fr. Sokolowski, mais d’une loi (nomos, ligne 36), qui fut votée par le
43
tionie lors de la guerre de 220-217 . Mais c’est une loi de Gytheion, du début du 44. IG V 1, 1144, Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 61. Il ne s’agissait pas d’un simple décret,
er 44
I siècle, qui est la plus explicite . Elle remettait entre des mains privées le❘sanc- 240 peri; to; iJero;n ejxousivan.
tuaire et la prêtrise d’Apollon et, en précisant les devoirs et les pouvoirs des nou- 43. IV, 25, 8 : sunanakomiei'sqai de; kai; toi'" ∆Amfiktuvosin e[grayan tou;" novmou" kai; th;n
veaux maîtres, décrivait en fait les prérogatives qui étaient jusque-là celles de la cité. touvtou".
Après avoir signifié le transfert, d’une manière générale, par le verbe ei\nai et ses 42. XVI, 23, 5 : to; ga;r palaio;n tou' manteivou th;n ejxousivan kai; prostasivan ejschkevnai
45
compléments , elle ajoutait les précisions suivantes concernant les prêtres (lignes J. et L. Robert, Bull. épigr. 1977, 523.
31-35) : kai; e[cein aujtou;" ta;n ejxousivan tou' te iJerou' kai; tou' qeou' kai; tw'n ajpo; de Sardes I, Paris, 1964, p. 26, « Aphrodisias », Hellenica XIII, Paris, 1965, p. 196, et
tou' iJerou' pavntwn, prostasivan poioumevnou" kai; ejpimevleian kaqw;" a]n aujtoi;
41. Outre le dictionnaire de Liddell-Scott-Jones, voir L. Robert, Nouvelles inscriptions

proairw'ntai. On voit que le terme-clé, qui ouvrait l’énumération et s’appliquait au


dieu aussi bien qu’au sanctuaire et à toutes ses dépendances, était ejxousiva : il signi- introduction, on retrouve kurieiva dans des inscriptions hellénistiques pour exprimer
fiait la responsabilité générale du culte et du lieu où celui-ci se déroulait, comme du mari sur son épouse . Outre la kurieiva kata; tw'n tovpwn que j’ai évoquée en
46
dans les passages de Polybe et de Diodore cités plus haut. Quant à la prostasiva qui politique, légal ou juridique, notamment l’autorité bien connue du père sur sa fille et
vient ensuite, elle est complétée par ejpimevleia, ce qui donne à la tournure un sens exprimer un pouvoir ou une autorité sur des personnes ou sur des biens, au sens
pratique, à propos duquel la liberté des prêtres était explicitement affirmée : il s’agissait, semblent avoir été aussi fréquents que prostasiva, proistavnai et prostavth" pour
semble-t-il, de la présidence des affaires sacrées et du soin qu’elle exigeait. 3. On trouve aussi kurieiva et les mots apparentés kuvrio" et kurieuvein. Ils
3. On trouve aussi kurieiva et les mots apparentés kuvrio" et kurieuvein. Ils semble-t-il, de la présidence des affaires sacrées et du soin qu’elle exigeait.
semblent avoir été aussi fréquents que prostasiva, proistavnai et prostavth" pour pratique, à propos duquel la liberté des prêtres était explicitement affirmée : il s’agissait,
exprimer un pouvoir ou une autorité sur des personnes ou sur des biens, au sens vient ensuite, elle est complétée par ejpimevleia, ce qui donne à la tournure un sens
politique, légal ou juridique, notamment l’autorité bien connue du père sur sa fille et dans les passages de Polybe et de Diodore cités plus haut. Quant à la prostasiva qui
46
du mari sur son épouse . Outre la kurieiva kata; tw'n tovpwn que j’ai évoquée en fiait la responsabilité générale du culte et du lieu où celui-ci se déroulait, comme
introduction, on retrouve kurieiva dans des inscriptions hellénistiques pour exprimer dieu aussi bien qu’au sanctuaire et à toutes ses dépendances, était ejxousiva : il signi-
proairw'ntai. On voit que le terme-clé, qui ouvrait l’énumération et s’appliquait au
tou' iJerou' pavntwn, prostasivan poioumevnou" kai; ejpimevleian kaqw;" a]n aujtoi;
41. Outre le dictionnaire de Liddell-Scott-Jones, voir L. Robert, Nouvelles inscriptions
de Sardes I, Paris, 1964, p. 26, « Aphrodisias », Hellenica XIII, Paris, 1965, p. 196, et 31-35) : kai; e[cein aujtou;" ta;n ejxousivan tou' te iJerou' kai; tou' qeou' kai; tw'n ajpo;
J. et L. Robert, Bull. épigr. 1977, 523. compléments , elle ajoutait les précisions suivantes concernant les prêtres (lignes
45
42. XVI, 23, 5 : to; ga;r palaio;n tou' manteivou th;n ejxousivan kai; prostasivan ejschkevnai Après avoir signifié le transfert, d’une manière générale, par le verbe ei\nai et ses
touvtou". veaux maîtres, décrivait en fait les prérogatives qui étaient jusque-là celles de la cité.
43. IV, 25, 8 : sunanakomiei'sqai de; kai; toi'" ∆Amfiktuvosin e[grayan tou;" novmou" kai; th;n tuaire et la prêtrise d’Apollon et, en précisant les devoirs et les pouvoirs des nou-
peri; to; iJero;n ejxousivan. 240 I siècle, qui est la plus explicite . Elle remettait entre des mains privées le❘sanc-
er 44
44. IG V 1, 1144, Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 61. Il ne s’agissait pas d’un simple décret, tionie lors de la guerre de 220-217 . Mais c’est une loi de Gytheion, du début du
43
comme l’écrivait Fr. Sokolowski, mais d’une loi (nomos, ligne 36), qui fut votée par le le contrôle du sanctuaire que Philippe V et ses alliés voulaient rendre à l’Amphic-
peuple lors des Grandes Apellai, fête d’Apollon. tentions de Philomèlos sur le sanctuaire de Delphes , et chez Polybe pour désigner
45. Ei\nai to; iJero;n to; tou' ∆Apovllwno" Filhvmono" tou' Qeoxevnou kai; Qeoxevnou tou' Filhv-
42
On le trouve chez Diodore, renforcé par prostasiva, pour qualifier les mêmes pré-
mono" tw'n polita'n aJmw'n kai; ei\nai aujtou;" iJerei'" tou' ∆Apovllwno" kai; ejggovnªoºu"
politique, légal ou juridique pour désigner le pouvoir, l’autorité, la magistrature .
aujtw'n ajei; dia; bivou kai; ei\nai paradovsimon tªo;º progegrammevnon iJero;n toi'" ejggovnoi" 41
aujtw'n ajei; dia; bivou (lignes 23-27). de la période hellénistique et période romaine), mais bien connu dans le domaine
2. Dans d’autres textes, on rencontre ejxousiva, terme plus tardif, semble-t-il (fin
46. Voir entre autres A. Kränzlein, op. cit. (note 3), p. 24, 89 et 100.

111 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246


112 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES
p. 250, n. 14.
les droits de particuliers, de cités ou de dieux sur des terres, notion encore une fois
de kyrios pour des sanctuaires gérés par des cités, voir aussi Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12),
très proche de notre droit de propriété : ainsi dans un règlement frontalier entre
47
du Colloque de Strasbourg 15-17 juin 1993, Strasbourg, 1995, p. 299-302. Sur l’emploi
V siècle », dans Ed. Frézouls et A. Jacquemin (éd.), Les relations internationales. Actes Ambracie et Charadros, vers 166, à propos d’une chôra contestée , dans l’un des
e
ejp eblhvqh zhmivh (Hérodote, VI, 92). Aspects des relations extérieures d’Argos au décrets de Kymé en l’honneur d’Archippè, à la fin du IIe siècle, pour des terres
48
53. V, 53, 1 : kuriwvtatoi de tou' iJerou' h\san ∆Argei'oi. Voir à ce sujet M. Piérart, « ÔUp∆ ∆Argeivwn promises à la cité par la bienfaitrice , et dans deux décrets d’Olymos, dans la
Polybe pour désigner les pouvoirs reconnus au Peuple ou au Sénat romains. seconde moitié du IIe siècle ou au début du Ier, pour des terrains nouvellement acquis
49
e er
II siècle ou au début du I ). Voir ibid., note 52, des exemples de kurivan e[cein chez par le sanctuaire . Dans un arbitrage de Pergame entre Mytilène et Pitanè, entre
kurieivan dans un accord d’isopolitie entre Xanthos et Myra, dans la seconde moitié du
241 150❘et 133, on lit même une expression renforcée, pagkthtikh; kurieiva, qui confir-
52. J. Bousquet et Ph. Gauthier, loc. cit. (note 47), p. 331-332 (des ambassadeurs e[conte" th;n
mait à Pitanè la « pleine possession » ou la « pleine propriété » d’un territoire con-
chez L. et J. Robert, La Carie II. Le plateau de Tabai et ses environs, Paris, 1954, p. 298. 50
testé sur le continent . Mais kurieiva pouvait également signifier la « maîtrise » ou
51. Dans des formules comme w|n hJ povli" kuriva ejstivn. Voir plusieurs exemples et références 51
« les pleins droits » d’une cité sur ses propres taxes et revenus et les « pleins
toire contesté. Voir L. et J. Robert, Claros I. Décrets hellénistiques, Paris, 1989, p. 73-75. 52
Colophon en l’honneur de Ménippos, à la fin du IIe siècle, également à propos d’un terri- pouvoirs » donnés par une cité à des citoyens en mission particulière .
oJmologoumevªnhn kurieivan th;n pagkthtikºhvn). De même, la pankthsiva du décret de Dans le domaine qui nous occupe, Thucydide a utilisé le superlatif kuriwvtatoi
(ªsugcwrou'meºn de; kai; tªh'" cwvra" eij" to;n ajei; crovºnon th;n ajnamfisªbhvºthªtºon kai; pour rappeler qu’en 419 les Argiens occupaient une position dominante au sanctuaire
53
50. S.L. Ager, op. cit. (note 7), 146, lignes 137 (hJ pagkthtikh; tªh'º" cªwvra" kurieºiva) et 143 d’Apollon Pythaieus à Asiné . Plus tard, Polybe a employé kuvrio" pour signifier
« Eigentumsrechte ».
Dans son édition des textes d’Olymos, W. Blümel a interprété le terme dans le sens de
lignes 6-7 (ªajnagravyai de; tou'toº to; yhvfisma kai; ta;" kuªrieivaº" tw'n ajgorasqevntwn). 47. SEG 35, 665 et 1845, A, ligne 39 (ª- - kºurieivan ta'" cwvra"), et B, ligne 10 (kurivou"
49. I. Mylasa II, 802, ligne 6 (ajnagrayamevnou" ta;" kurieiva" aujtw'n eij" tou;" qeouv"), et 829, ei\men ∆Ambrakiwvta"). Voir aussi S.L. Ager, op. cit. (note 7), p. 518, 18, avec des
48. SEG 33, 1041, ligne 5 : w|n th;n kurieivan parecwvrei tw'/ dhvmw/. références aux publications antérieures. Cet exemple et les suivants sont mentionnés par
J. Bousquet et Ph. Gauthier, « Inscriptions du Létôon de Xanthos », REG 107 (1994),
ment sur des textes athéniens de la période classique.
p. 332, n. 52, qui les ont interprétés dans le sens d’un droit de possession ou de propriété.
On sait qu’A. Kränzlein, op. cit. (note 3) avait exclu ce sens, en se fondant essentielle- On sait qu’A. Kränzlein, op. cit. (note 3) avait exclu ce sens, en se fondant essentielle-
p. 332, n. 52, qui les ont interprétés dans le sens d’un droit de possession ou de propriété.
ment sur des textes athéniens de la période classique.
J. Bousquet et Ph. Gauthier, « Inscriptions du Létôon de Xanthos », REG 107 (1994),
références aux publications antérieures. Cet exemple et les suivants sont mentionnés par 48. SEG 33, 1041, ligne 5 : w|n th;n kurieivan parecwvrei tw'/ dhvmw/.
ei\men ∆Ambrakiwvta"). Voir aussi S.L. Ager, op. cit. (note 7), p. 518, 18, avec des 49. I. Mylasa II, 802, ligne 6 (ajnagrayamevnou" ta;" kurieiva" aujtw'n eij" tou;" qeouv"), et 829,
47. SEG 35, 665 et 1845, A, ligne 39 (ª- - kºurieivan ta'" cwvra"), et B, ligne 10 (kurivou" lignes 6-7 (ªajnagravyai de; tou'toº to; yhvfisma kai; ta;" kuªrieivaº" tw'n ajgorasqevntwn).
Dans son édition des textes d’Olymos, W. Blümel a interprété le terme dans le sens de
« Eigentumsrechte ».
d’Apollon Pythaieus à Asiné . Plus tard, Polybe a employé kuvrio" pour signifier
53 50. S.L. Ager, op. cit. (note 7), 146, lignes 137 (hJ pagkthtikh; tªh'º" cªwvra" kurieºiva) et 143
pour rappeler qu’en 419 les Argiens occupaient une position dominante au sanctuaire (ªsugcwrou'meºn de; kai; tªh'" cwvra" eij" to;n ajei; crovºnon th;n ajnamfisªbhvºthªtºon kai;
Dans le domaine qui nous occupe, Thucydide a utilisé le superlatif kuriwvtatoi oJmologoumevªnhn kurieivan th;n pagkthtikºhvn). De même, la pankthsiva du décret de
pouvoirs » donnés par une cité à des citoyens en mission particulière . Colophon en l’honneur de Ménippos, à la fin du IIe siècle, également à propos d’un terri-
52 toire contesté. Voir L. et J. Robert, Claros I. Décrets hellénistiques, Paris, 1989, p. 73-75.
« les pleins droits » d’une cité sur ses propres taxes et revenus et les « pleins
51 51. Dans des formules comme w|n hJ povli" kuriva ejstivn. Voir plusieurs exemples et références
chez L. et J. Robert, La Carie II. Le plateau de Tabai et ses environs, Paris, 1954, p. 298.
testé sur le continent . Mais kurieiva pouvait également signifier la « maîtrise » ou
50
mait à Pitanè la « pleine possession » ou la « pleine propriété » d’un territoire con-
52. J. Bousquet et Ph. Gauthier, loc. cit. (note 47), p. 331-332 (des ambassadeurs e[conte" th;n
kurieivan dans un accord d’isopolitie entre Xanthos et Myra, dans la seconde moitié du
150❘et 133, on lit même une expression renforcée, pagkthtikh; kurieiva, qui confir- 241
e er
par le sanctuaire . Dans un arbitrage de Pergame entre Mytilène et Pitanè, entre
49 II siècle ou au début du I ). Voir ibid., note 52, des exemples de kurivan e[cein chez
seconde moitié du II siècle ou au début du Ier, pour des terrains nouvellement acquis
e
Polybe pour désigner les pouvoirs reconnus au Peuple ou au Sénat romains.
promises à la cité par la bienfaitrice , et dans deux décrets d’Olymos, dans la
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53. V, 53, 1 : kuriwvtatoi de tou' iJerou' h\san ∆Argei'oi. Voir à ce sujet M. Piérart, « ÔUp∆ ∆Argeivwn
décrets de Kymé en l’honneur d’Archippè, à la fin du IIe siècle, pour des terres ejp eblhvq h zhmivh (Hérodote, VI, 92). Aspects des relations extérieures d’Argos au
e
Ambracie et Charadros, vers 166, à propos d’une chôra contestée , dans l’un des V siècle », dans Ed. Frézouls et A. Jacquemin (éd.), Les relations internationales. Actes
47
très proche de notre droit de propriété : ainsi dans un règlement frontalier entre du Colloque de Strasbourg 15-17 juin 1993, Strasbourg, 1995, p. 299-302. Sur l’emploi
de kyrios pour des sanctuaires gérés par des cités, voir aussi Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12),
les droits de particuliers, de cités ou de dieux sur des terres, notion encore une fois
p. 250, n. 14.
42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 112
112 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES
p. 250, n. 14.
les droits de particuliers, de cités ou de dieux sur des terres, notion encore une fois
de kyrios pour des sanctuaires gérés par des cités, voir aussi Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12),
très proche de notre droit de propriété : ainsi dans un règlement frontalier entre
47
du Colloque de Strasbourg 15-17 juin 1993, Strasbourg, 1995, p. 299-302. Sur l’emploi
V siècle », dans Ed. Frézouls et A. Jacquemin (éd.), Les relations internationales. Actes Ambracie et Charadros, vers 166, à propos d’une chôra contestée , dans l’un des
e
ejp eblhvqh zhmivh (Hérodote, VI, 92). Aspects des relations extérieures d’Argos au décrets de Kymé en l’honneur d’Archippè, à la fin du IIe siècle, pour des terres
48
53. V, 53, 1 : kuriwvtatoi de tou' iJerou' h\san ∆Argei'oi. Voir à ce sujet M. Piérart, « ÔUp∆ ∆Argeivwn promises à la cité par la bienfaitrice , et dans deux décrets d’Olymos, dans la
Polybe pour désigner les pouvoirs reconnus au Peuple ou au Sénat romains. seconde moitié du IIe siècle ou au début du Ier, pour des terrains nouvellement acquis
49
e er
II siècle ou au début du I ). Voir ibid., note 52, des exemples de kurivan e[cein chez par le sanctuaire . Dans un arbitrage de Pergame entre Mytilène et Pitanè, entre
kurieivan dans un accord d’isopolitie entre Xanthos et Myra, dans la seconde moitié du
241 150❘et 133, on lit même une expression renforcée, pagkthtikh; kurieiva, qui confir-
52. J. Bousquet et Ph. Gauthier, loc. cit. (note 47), p. 331-332 (des ambassadeurs e[conte" th;n
mait à Pitanè la « pleine possession » ou la « pleine propriété » d’un territoire con-
chez L. et J. Robert, La Carie II. Le plateau de Tabai et ses environs, Paris, 1954, p. 298. 50
testé sur le continent . Mais kurieiva pouvait également signifier la « maîtrise » ou
51. Dans des formules comme w|n hJ povli" kuriva ejstivn. Voir plusieurs exemples et références 51
« les pleins droits » d’une cité sur ses propres taxes et revenus et les « pleins
toire contesté. Voir L. et J. Robert, Claros I. Décrets hellénistiques, Paris, 1989, p. 73-75. 52
Colophon en l’honneur de Ménippos, à la fin du IIe siècle, également à propos d’un terri- pouvoirs » donnés par une cité à des citoyens en mission particulière .
oJmologoumevªnhn kurieivan th;n pagkthtikºhvn). De même, la pankthsiva du décret de Dans le domaine qui nous occupe, Thucydide a utilisé le superlatif kuriwvtatoi
(ªsugcwrou'meºn de; kai; tªh'" cwvra" eij" to;n ajei; crovºnon th;n ajnamfisªbhvºthªtºon kai; pour rappeler qu’en 419 les Argiens occupaient une position dominante au sanctuaire
53
50. S.L. Ager, op. cit. (note 7), 146, lignes 137 (hJ pagkthtikh; tªh'º" cªwvra" kurieºiva) et 143 d’Apollon Pythaieus à Asiné . Plus tard, Polybe a employé kuvrio" pour signifier
« Eigentumsrechte ».
Dans son édition des textes d’Olymos, W. Blümel a interprété le terme dans le sens de
lignes 6-7 (ªajnagravyai de; tou'toº to; yhvfisma kai; ta;" kuªrieivaº" tw'n ajgorasqevntwn). 47. SEG 35, 665 et 1845, A, ligne 39 (ª- - kºurieivan ta'" cwvra"), et B, ligne 10 (kurivou"
49. I. Mylasa II, 802, ligne 6 (ajnagrayamevnou" ta;" kurieiva" aujtw'n eij" tou;" qeouv"), et 829, ei\men ∆Ambrakiwvta"). Voir aussi S.L. Ager, op. cit. (note 7), p. 518, 18, avec des
48. SEG 33, 1041, ligne 5 : w|n th;n kurieivan parecwvrei tw'/ dhvmw/. références aux publications antérieures. Cet exemple et les suivants sont mentionnés par
J. Bousquet et Ph. Gauthier, « Inscriptions du Létôon de Xanthos », REG 107 (1994),
ment sur des textes athéniens de la période classique.
p. 332, n. 52, qui les ont interprétés dans le sens d’un droit de possession ou de propriété.
On sait qu’A. Kränzlein, op. cit. (note 3) avait exclu ce sens, en se fondant essentielle- On sait qu’A. Kränzlein, op. cit. (note 3) avait exclu ce sens, en se fondant essentielle-
p. 332, n. 52, qui les ont interprétés dans le sens d’un droit de possession ou de propriété.
ment sur des textes athéniens de la période classique.
J. Bousquet et Ph. Gauthier, « Inscriptions du Létôon de Xanthos », REG 107 (1994),
références aux publications antérieures. Cet exemple et les suivants sont mentionnés par 48. SEG 33, 1041, ligne 5 : w|n th;n kurieivan parecwvrei tw'/ dhvmw/.
ei\men ∆Ambrakiwvta"). Voir aussi S.L. Ager, op. cit. (note 7), p. 518, 18, avec des 49. I. Mylasa II, 802, ligne 6 (ajnagrayamevnou" ta;" kurieiva" aujtw'n eij" tou;" qeouv"), et 829,
47. SEG 35, 665 et 1845, A, ligne 39 (ª- - kºurieivan ta'" cwvra"), et B, ligne 10 (kurivou" lignes 6-7 (ªajnagravyai de; tou'toº to; yhvfisma kai; ta;" kuªrieivaº" tw'n ajgorasqevntwn).
Dans son édition des textes d’Olymos, W. Blümel a interprété le terme dans le sens de
« Eigentumsrechte ».
d’Apollon Pythaieus à Asiné . Plus tard, Polybe a employé kuvrio" pour signifier
53 50. S.L. Ager, op. cit. (note 7), 146, lignes 137 (hJ pagkthtikh; tªh'º" cªwvra" kurieºiva) et 143
pour rappeler qu’en 419 les Argiens occupaient une position dominante au sanctuaire (ªsugcwrou'meºn de; kai; tªh'" cwvra" eij" to;n ajei; crovºnon th;n ajnamfisªbhvºthªtºon kai;
Dans le domaine qui nous occupe, Thucydide a utilisé le superlatif kuriwvtatoi oJmologoumevªnhn kurieivan th;n pagkthtikºhvn). De même, la pankthsiva du décret de
pouvoirs » donnés par une cité à des citoyens en mission particulière . Colophon en l’honneur de Ménippos, à la fin du IIe siècle, également à propos d’un terri-
52 toire contesté. Voir L. et J. Robert, Claros I. Décrets hellénistiques, Paris, 1989, p. 73-75.
« les pleins droits » d’une cité sur ses propres taxes et revenus et les « pleins
51 51. Dans des formules comme w|n hJ povli" kuriva ejstivn. Voir plusieurs exemples et références
chez L. et J. Robert, La Carie II. Le plateau de Tabai et ses environs, Paris, 1954, p. 298.
testé sur le continent . Mais kurieiva pouvait également signifier la « maîtrise » ou
50
mait à Pitanè la « pleine possession » ou la « pleine propriété » d’un territoire con-
52. J. Bousquet et Ph. Gauthier, loc. cit. (note 47), p. 331-332 (des ambassadeurs e[conte" th;n
kurieivan dans un accord d’isopolitie entre Xanthos et Myra, dans la seconde moitié du
150❘et 133, on lit même une expression renforcée, pagkthtikh; kurieiva, qui confir- 241
e er
par le sanctuaire . Dans un arbitrage de Pergame entre Mytilène et Pitanè, entre
49 II siècle ou au début du I ). Voir ibid., note 52, des exemples de kurivan e[cein chez
seconde moitié du IIe siècle ou au début du Ier, pour des terrains nouvellement acquis Polybe pour désigner les pouvoirs reconnus au Peuple ou au Sénat romains.
promises à la cité par la bienfaitrice , et dans deux décrets d’Olymos, dans la
48
53. V, 53, 1 : kuriwvtatoi de tou' iJerou' h\san ∆Argei'oi. Voir à ce sujet M. Piérart, « ÔUp∆ ∆Argeivwn
décrets de Kymé en l’honneur d’Archippè, à la fin du II siècle, pour des terres
e
ejp eblhvq h zhmivh (Hérodote, VI, 92). Aspects des relations extérieures d’Argos au
e
Ambracie et Charadros, vers 166, à propos d’une chôra contestée , dans l’un des V siècle », dans Ed. Frézouls et A. Jacquemin (éd.), Les relations internationales. Actes
47
très proche de notre droit de propriété : ainsi dans un règlement frontalier entre du Colloque de Strasbourg 15-17 juin 1993, Strasbourg, 1995, p. 299-302. Sur l’emploi
de kyrios pour des sanctuaires gérés par des cités, voir aussi Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12),
les droits de particuliers, de cités ou de dieux sur des terres, notion encore une fois
p. 250, n. 14.
42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 112
G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 113

guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, Rome, 1988, p. 114.


qu’Onomarchos et Philomèlos avaient fait main basse sur les fonds sacrés de
54 lisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde
Delphes . Dans un décret de 228-226, l’autorité sur le sanctuaire d’Apollon Ptoïos 41B, lignes 58-61. Sur le contexte, voir aussi J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impéria-
fut exprimée elle aussi par l’adjectif kuvrio", mais son partage entre plusieurs 59. D. Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Athènes-Paris, p. 250-269,
titulaires fut détaillé ainsi : kurivou" d∆ ei\nai oijkonomou'nta" ta; kata; to; iJero;n tovn iJerou' ªkºurieivan.
te profhvthn kai; to;n iJereva tou' ∆Apovllwno" tou' Ptwi?ou kai; th;n povlin tw'n 58. IG II2, 1006, lignes 27-28 : th;n gegonei'an ejk palaiw'n crovnwn uJpo; tw'n patevrwn tou'
∆Akraifieivwn kai; to; koino;n tw'n Boiwtw'n kaqw;" kai; e[nprosqen kai; to;n ajgwno- 57. Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 246-251, lignes 6-7, avec traduction et commentaire.
55
qevthn to;n eiJrhmevnon ejpi; to;n ajgw'na tw'n Ptwi?wn . On voit que cette énumération ment de la cité, était évoquée par le verbe dioikei'n.
mêlait deux niveaux d’autorité, la kyrieia proprement dite, qui convenait à la cité la gestion que le prêtre de Labraunda continuait à exercer sur la terre sacrée, avec l’agré-
d’Akraiphia et au koinon des Béotiens, et l’administration pratique, oikonomia, qui 56. Dans deux inscriptions de Mylasa (J. Crampa, op. cit. [note 4], 1, lignes 2-3, et 3, lignes 20-21),
56
relevait du prophète, du prêtre et de l’agonothète désigné pour le concours . En 189, 55. IG VII, 4135 ; Sylloge3, 635A ; Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 73, lignes 12-16.
le préteur Spurius Postumius transmit à l’Amphictionie de Delphes une décision du 54. IX, 33, 4 : ajsebw'" kai; paranovmw" ejgevnonto kuvrioi tw'n tou' qeou' crhmavtwn.
Sénat romain accordant divers privilèges au sanctuaire et à la cité et ajoutant que les
Delphiens se gouverneraient en toute indépendance, « en étant maîtres de la terre ta'i povlei tw'n Delfw'n . Il est vrai que cette décision avait une portée plus réduite
59
sacrée et du port sacré, comme c’était la tradition pour eux depuis le début » : twn ª.ºpevdwke M≥ªavºn≥io" ∆Akivlio" straªthºgo;" u{pato" ÔRwmaivwn ta;n ejpimevleªiºan
ªoijkou'nºta" kai; politeuvonta" aujtou;" kaq∆ aujªtou;" kai;º kurieuvonta" th'" te (ou rendu) à la cité de Delphes l’épiméleia de deux terres consacrées à Apollon : touv-
57
iJera'" cwvrªa" kai; tou' iJerou' liºmevno", kaqw;" pavtrion aujtoi'" ejx ajrch'" ªh\nº . de biens fonciers et immobiliers, confisqués à des étrangers, mais il a également donné
Enfin, dans❘un décret athénien en l’honneur des éphèbes, voté la même année et 242 a non seulement restitué ou attribué « au dieu et la cité » de Delphes un grand nombre
gravé sur la même pierre que le décret cité plus haut en l’honneur de leur cosmète, décret de Gytheion, avec un sens concret. Or, en 191/0, le consul M. Acilius Glabrio
les droits d’Athènes sur l’Amphiaraion étaient rappelés dans des termes quasi identi- d’Aristote, précisément au sujet du « soin » ou du « service » des dieux, et dans le
58
ques, mais cette fois avec kurieiva . prêtres qui avaient bien accompli leur tâche. On l’a rencontré plus haut dans un texte
4. Dans d’autres textes encore, on trouve ejpimevleia, terme banal, plus vague et plus faible, qu’on lit dans de multiples inscriptions honorant des magistrats ou des
plus faible, qu’on lit dans de multiples inscriptions honorant des magistrats ou des 4. Dans d’autres textes encore, on trouve ejpimevleia, terme banal, plus vague et
prêtres qui avaient bien accompli leur tâche. On l’a rencontré plus haut dans un texte ques, mais cette fois avec kurieiva .
58
d’Aristote, précisément au sujet du « soin » ou du « service » des dieux, et dans le les droits d’Athènes sur l’Amphiaraion étaient rappelés dans des termes quasi identi-
décret de Gytheion, avec un sens concret. Or, en 191/0, le consul M. Acilius Glabrio gravé sur la même pierre que le décret cité plus haut en l’honneur de leur cosmète,
a non seulement restitué ou attribué « au dieu et la cité » de Delphes un grand nombre 242 Enfin, dans❘un décret athénien en l’honneur des éphèbes, voté la même année et
de biens fonciers et immobiliers, confisqués à des étrangers, mais il a également donné iJera'" cwvrªa" kai; tou' iJerou' liºmevno", kaqw;" pavtrion aujtoi'" ejx ajrch'" ªh\nº .
57
(ou rendu) à la cité de Delphes l’épiméleia de deux terres consacrées à Apollon : touv- ªoijkou'nºta" kai; politeuvonta" aujtou;" kaq∆ aujªtou;" kai;º kurieuvonta" th'" te
twn ª.ºpevdwke M≥ªavºn≥io" ∆Akivlio" straªthºgo;" u{pato" ÔRwmaivwn ta;n ejpimevleªiºan sacrée et du port sacré, comme c’était la tradition pour eux depuis le début » :
59
ta'i povlei tw'n Delfw'n . Il est vrai que cette décision avait une portée plus réduite Delphiens se gouverneraient en toute indépendance, « en étant maîtres de la terre
Sénat romain accordant divers privilèges au sanctuaire et à la cité et ajoutant que les
54. IX, 33, 4 : ajsebw'" kai; paranovmw" ejgevnonto kuvrioi tw'n tou' qeou' crhmavtwn. le préteur Spurius Postumius transmit à l’Amphictionie de Delphes une décision du
55. IG VII, 4135 ; Sylloge3, 635A ; Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 73, lignes 12-16. relevait du prophète, du prêtre et de l’agonothète désigné pour le concours . En 189,
56
56. Dans deux inscriptions de Mylasa (J. Crampa, op. cit. [note 4], 1, lignes 2-3, et 3, lignes 20-21), d’Akraiphia et au koinon des Béotiens, et l’administration pratique, oikonomia, qui
la gestion que le prêtre de Labraunda continuait à exercer sur la terre sacrée, avec l’agré- mêlait deux niveaux d’autorité, la kyrieia proprement dite, qui convenait à la cité
ment de la cité, était évoquée par le verbe dioikei'n. qevthn to;n eiJrhmevnon ejpi; to;n ajgw'na tw'n Ptwi?wn . On voit que cette énumération
55
57. Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 246-251, lignes 6-7, avec traduction et commentaire. ∆Akraifieivwn kai; to; koino;n tw'n Boiwtw'n kaqw;" kai; e[nprosqen kai; to;n ajgwno-
58. IG II2, 1006, lignes 27-28 : th;n gegonei'an ejk palaiw'n crovnwn uJpo; tw'n patevrwn tou' te profhvthn kai; to;n iJereva tou' ∆Apovllwno" tou' Ptwi?ou kai; th;n povlin tw'n
iJerou' ªkºurieivan. titulaires fut détaillé ainsi : kurivou" d∆ ei\nai oijkonomou'nta" ta; kata; to; iJero;n tovn
59. D. Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Athènes-Paris, p. 250-269, fut exprimée elle aussi par l’adjectif kuvrio", mais son partage entre plusieurs
41B, lignes 58-61. Sur le contexte, voir aussi J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impéria- Delphes . Dans un décret de 228-226, l’autorité sur le sanctuaire d’Apollon Ptoïos
lisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde 54
qu’Onomarchos et Philomèlos avaient fait main basse sur les fonds sacrés de
guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, Rome, 1988, p. 114.

113 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 113

guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, Rome, 1988, p. 114.


qu’Onomarchos et Philomèlos avaient fait main basse sur les fonds sacrés de
54 lisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde
Delphes . Dans un décret de 228-226, l’autorité sur le sanctuaire d’Apollon Ptoïos 41B, lignes 58-61. Sur le contexte, voir aussi J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impéria-
fut exprimée elle aussi par l’adjectif kuvrio", mais son partage entre plusieurs 59. D. Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Athènes-Paris, p. 250-269,
titulaires fut détaillé ainsi : kurivou" d∆ ei\nai oijkonomou'nta" ta; kata; to; iJero;n tovn iJerou' ªkºurieivan.
te profhvthn kai; to;n iJereva tou' ∆Apovllwno" tou' Ptwi?ou kai; th;n povlin tw'n 58. IG II2, 1006, lignes 27-28 : th;n gegonei'an ejk palaiw'n crovnwn uJpo; tw'n patevrwn tou'
∆Akraifieivwn kai; to; koino;n tw'n Boiwtw'n kaqw;" kai; e[nprosqen kai; to;n ajgwno- 57. Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 246-251, lignes 6-7, avec traduction et commentaire.
55
qevthn to;n eiJrhmevnon ejpi; to;n ajgw'na tw'n Ptwi?wn . On voit que cette énumération ment de la cité, était évoquée par le verbe dioikei'n.
mêlait deux niveaux d’autorité, la kyrieia proprement dite, qui convenait à la cité la gestion que le prêtre de Labraunda continuait à exercer sur la terre sacrée, avec l’agré-
d’Akraiphia et au koinon des Béotiens, et l’administration pratique, oikonomia, qui 56. Dans deux inscriptions de Mylasa (J. Crampa, op. cit. [note 4], 1, lignes 2-3, et 3, lignes 20-21),
56
relevait du prophète, du prêtre et de l’agonothète désigné pour le concours . En 189, 55. IG VII, 4135 ; Sylloge3, 635A ; Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 73, lignes 12-16.
le préteur Spurius Postumius transmit à l’Amphictionie de Delphes une décision du 54. IX, 33, 4 : ajsebw'" kai; paranovmw" ejgevnonto kuvrioi tw'n tou' qeou' crhmavtwn.
Sénat romain accordant divers privilèges au sanctuaire et à la cité et ajoutant que les
Delphiens se gouverneraient en toute indépendance, « en étant maîtres de la terre ta'i povlei tw'n Delfw'n . Il est vrai que cette décision avait une portée plus réduite
59
sacrée et du port sacré, comme c’était la tradition pour eux depuis le début » : twn ª.ºpevdwke M≥ªavºn≥io" ∆Akivlio" straªthºgo;" u{pato" ÔRwmaivwn ta;n ejpimevleªiºan
ªoijkou'nºta" kai; politeuvonta" aujtou;" kaq∆ aujªtou;" kai;º kurieuvonta" th'" te (ou rendu) à la cité de Delphes l’épiméleia de deux terres consacrées à Apollon : touv-
57
iJera'" cwvrªa" kai; tou' iJerou' liºmevno", kaqw;" pavtrion aujtoi'" ejx ajrch'" ªh\nº . de biens fonciers et immobiliers, confisqués à des étrangers, mais il a également donné
Enfin, dans❘un décret athénien en l’honneur des éphèbes, voté la même année et 242 a non seulement restitué ou attribué « au dieu et la cité » de Delphes un grand nombre
gravé sur la même pierre que le décret cité plus haut en l’honneur de leur cosmète, décret de Gytheion, avec un sens concret. Or, en 191/0, le consul M. Acilius Glabrio
les droits d’Athènes sur l’Amphiaraion étaient rappelés dans des termes quasi identi- d’Aristote, précisément au sujet du « soin » ou du « service » des dieux, et dans le
58
ques, mais cette fois avec kurieiva . prêtres qui avaient bien accompli leur tâche. On l’a rencontré plus haut dans un texte
4. Dans d’autres textes encore, on trouve ejpimevleia, terme banal, plus vague et plus faible, qu’on lit dans de multiples inscriptions honorant des magistrats ou des
plus faible, qu’on lit dans de multiples inscriptions honorant des magistrats ou des 4. Dans d’autres textes encore, on trouve ejpimevleia, terme banal, plus vague et
prêtres qui avaient bien accompli leur tâche. On l’a rencontré plus haut dans un texte ques, mais cette fois avec kurieiva .
58
d’Aristote, précisément au sujet du « soin » ou du « service » des dieux, et dans le les droits d’Athènes sur l’Amphiaraion étaient rappelés dans des termes quasi identi-
décret de Gytheion, avec un sens concret. Or, en 191/0, le consul M. Acilius Glabrio gravé sur la même pierre que le décret cité plus haut en l’honneur de leur cosmète,
a non seulement restitué ou attribué « au dieu et la cité » de Delphes un grand nombre 242 Enfin, dans❘un décret athénien en l’honneur des éphèbes, voté la même année et
de biens fonciers et immobiliers, confisqués à des étrangers, mais il a également donné iJera'" cwvrªa" kai; tou' iJerou' liºmevno", kaqw;" pavtrion aujtoi'" ejx ajrch'" ªh\nº .
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(ou rendu) à la cité de Delphes l’épiméleia de deux terres consacrées à Apollon : touv- ªoijkou'nºta" kai; politeuvonta" aujtou;" kaq∆ aujªtou;" kai;º kurieuvonta" th'" te
twn ª.ºpevdwke M≥ªavºn≥io" ∆Akivlio" straªthºgo;" u{pato" ÔRwmaivwn ta;n ejpimevleªiºan sacrée et du port sacré, comme c’était la tradition pour eux depuis le début » :
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ta'i povlei tw'n Delfw'n . Il est vrai que cette décision avait une portée plus réduite Delphiens se gouverneraient en toute indépendance, « en étant maîtres de la terre
Sénat romain accordant divers privilèges au sanctuaire et à la cité et ajoutant que les
54. IX, 33, 4 : ajsebw'" kai; paranovmw" ejgevnonto kuvrioi tw'n tou' qeou' crhmavtwn. le préteur Spurius Postumius transmit à l’Amphictionie de Delphes une décision du
55. IG VII, 4135 ; Sylloge3, 635A ; Fr. Sokolowski, op. cit. (note 29), 73, lignes 12-16. relevait du prophète, du prêtre et de l’agonothète désigné pour le concours . En 189,
56
56. Dans deux inscriptions de Mylasa (J. Crampa, op. cit. [note 4], 1, lignes 2-3, et 3, lignes 20-21), d’Akraiphia et au koinon des Béotiens, et l’administration pratique, oikonomia, qui
la gestion que le prêtre de Labraunda continuait à exercer sur la terre sacrée, avec l’agré- mêlait deux niveaux d’autorité, la kyrieia proprement dite, qui convenait à la cité
ment de la cité, était évoquée par le verbe dioikei'n. qevthn to;n eiJrhmevnon ejpi; to;n ajgw'na tw'n Ptwi?wn . On voit que cette énumération
55
57. Fr. Lefèvre, op. cit. (note 12), p. 246-251, lignes 6-7, avec traduction et commentaire. ∆Akraifieivwn kai; to; koino;n tw'n Boiwtw'n kaqw;" kai; e[nprosqen kai; to;n ajgwno-
58. IG II2, 1006, lignes 27-28 : th;n gegonei'an ejk palaiw'n crovnwn uJpo; tw'n patevrwn tou' te profhvthn kai; to;n iJereva tou' ∆Apovllwno" tou' Ptwi?ou kai; th;n povlin tw'n
iJerou' ªkºurieivan. titulaires fut détaillé ainsi : kurivou" d∆ ei\nai oijkonomou'nta" ta; kata; to; iJero;n tovn
59. D. Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Athènes-Paris, p. 250-269, fut exprimée elle aussi par l’adjectif kuvrio", mais son partage entre plusieurs
41B, lignes 58-61. Sur le contexte, voir aussi J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impéria- Delphes . Dans un décret de 228-226, l’autorité sur le sanctuaire d’Apollon Ptoïos
lisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde 54
qu’Onomarchos et Philomèlos avaient fait main basse sur les fonds sacrés de
guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, Rome, 1988, p. 114.

113 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246


114 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

que celle de 189, pour laquelle le préteur a employé kurieuvein, comme on l’a vu.
J’ai indiqué les dates d’A. Chaniotis.
164-III (lignes 49-52) et 164-V (lignes 92-94), avec les références aux études antérieures.
1996, nº 56, p. 327 (lignes 8-11) et 329 (lignes 11-13), S.L. Ager, op. cit. (note 7), Mais, qu’il y ait eu ou non controverse au sujet de ces deux terres, l’épiméleia dési-
60. A. Chaniotis, Die Verträge zwischen kretischen Poleis in der hellenistischen Zeit, Stuttgart, gnait ici le droit de gestion confié à la cité et non simplement le soin qu’on attendait
d’elle. Quelques décennies plus tard, en 115, lors d’un conflit entre Latô et Olonte,
des juges de Cnossos attribuèrent aux Latiens, entre autres, le sanctuaire d’Arès et
quement grecque entre le « profane » et le « sacré ». d’Aphrodite situé à Déra, avec les téménè attenants, en utilisant simplement la tour-
sorte d’équilibre, certes fragile et parfois rompu, mais qui traduisait l’osmose typi- nure h\men Lativwn. Deux ans plus tard, cinq legati romains confirmèrent le jugement
des traditions. Ainsi, la propriété divine et la gestion civile cohabitaient dans une en précisant que l’ejpimevleia du sanctuaire et de sa terre revenaient au peuple dans
leur responsabilité commune, situation qui pouvait favoriser le respect des règles et le territoire duquel ils se trouvaient : oJpotevroi" de; ejn oJrivoi" iJero;n “Areo" ejn ªtºh'≥i
de même que les biens publics étaient les biens de tous, les biens sacrés étaient sous D≥ªerºaivai ejsti;n kai; hJ cwvra touvtou tou' iJerou', ejkeivnou tou' dhvmou ejpimevleian dokei'
60
eux-mêmes, réunis en Assemblée ou en Conseil et investis des charges exécutives : ei\nai . Or ce texte était une traduction, d’ailleurs maladroite, du latin, où ejpimev-
civiques étaient aux mains, non d’un « État » abstrait et lointain, mais des citoyens leia transposait probablement cura. Il est remarquable que, dans un cas semblable
être exprimée, on l’a vu, par kyrieia. Il faut rappeler en outre que les pouvoirs qui mettait en cause un droit général de gestion sur un sanctuaire et sur sa terre, un
tion du gestionnaire est celle de la délégation de pouvoir, qui pouvait précisément Romain ait utilisé un terme aussi faible, qui n’avait assurément aucune portée juridique.
liberté d’action de la part des cités. La notion qui paraît la plus appropriée à la posi-
En fait, on le voit bien, tous ces termes étaient plus ou moins équivalents et
On comprend donc que la propriété divine se soit accommodée d’une grande
pouvaient s’appliquer à des prétentions illégitimes aussi bien qu’à des situations
IV. Conclusion normales, comme dans le cas de Delphes. Le contrôle des cités était souvent expri-
mé par des termes signifiant la présidence, le pouvoir ou l’autorité, mais pouvait
propriété, la copropriété, la possession ou la libre disposition. également être qualifié, tout simplement, d’épiméleia. Même des Romains, certes
par analogie, des notions qui n’étaient pas familières à l’esprit grec, comme la nue contraints de s’adapter aux habitudes grecques, mais a priori sensibles aux réalités❘
mes comparables. À nous donc de fuir également tout formalisme et d’éviter, sauf 243 juridiques, ont utilisé indifféremment kyrieia et épiméleia pour résoudre des problè-
juridiques, ont utilisé indifféremment kyrieia et épiméleia pour résoudre des problè- 243 mes comparables. À nous donc de fuir également tout formalisme et d’éviter, sauf
contraints de s’adapter aux habitudes grecques, mais a priori sensibles aux réalités❘ par analogie, des notions qui n’étaient pas familières à l’esprit grec, comme la nue
également être qualifié, tout simplement, d’épiméleia. Même des Romains, certes propriété, la copropriété, la possession ou la libre disposition.
mé par des termes signifiant la présidence, le pouvoir ou l’autorité, mais pouvait
normales, comme dans le cas de Delphes. Le contrôle des cités était souvent expri- IV. Conclusion
pouvaient s’appliquer à des prétentions illégitimes aussi bien qu’à des situations
On comprend donc que la propriété divine se soit accommodée d’une grande
En fait, on le voit bien, tous ces termes étaient plus ou moins équivalents et
liberté d’action de la part des cités. La notion qui paraît la plus appropriée à la posi-
Romain ait utilisé un terme aussi faible, qui n’avait assurément aucune portée juridique. tion du gestionnaire est celle de la délégation de pouvoir, qui pouvait précisément
qui mettait en cause un droit général de gestion sur un sanctuaire et sur sa terre, un être exprimée, on l’a vu, par kyrieia. Il faut rappeler en outre que les pouvoirs
leia transposait probablement cura. Il est remarquable que, dans un cas semblable civiques étaient aux mains, non d’un « État » abstrait et lointain, mais des citoyens
ei\nai . Or ce texte était une traduction, d’ailleurs maladroite, du latin, où ejpimev-
60 eux-mêmes, réunis en Assemblée ou en Conseil et investis des charges exécutives :
D≥ªerºaivai ejsti;n kai; hJ cwvra touvtou tou' iJerou', ejkeivnou tou' dhvmou ejpimevleian dokei' de même que les biens publics étaient les biens de tous, les biens sacrés étaient sous
le territoire duquel ils se trouvaient : oJpotevroi" de; ejn oJrivoi" iJero;n “Areo" ejn ªtºh'≥i leur responsabilité commune, situation qui pouvait favoriser le respect des règles et
en précisant que l’ejpimevleia du sanctuaire et de sa terre revenaient au peuple dans des traditions. Ainsi, la propriété divine et la gestion civile cohabitaient dans une
nure h\men Lativwn. Deux ans plus tard, cinq legati romains confirmèrent le jugement sorte d’équilibre, certes fragile et parfois rompu, mais qui traduisait l’osmose typi-
d’Aphrodite situé à Déra, avec les téménè attenants, en utilisant simplement la tour- quement grecque entre le « profane » et le « sacré ».
des juges de Cnossos attribuèrent aux Latiens, entre autres, le sanctuaire d’Arès et
d’elle. Quelques décennies plus tard, en 115, lors d’un conflit entre Latô et Olonte,
gnait ici le droit de gestion confié à la cité et non simplement le soin qu’on attendait 60. A. Chaniotis, Die Verträge zwischen kretischen Poleis in der hellenistischen Zeit, Stuttgart,
Mais, qu’il y ait eu ou non controverse au sujet de ces deux terres, l’épiméleia dési- 1996, nº 56, p. 327 (lignes 8-11) et 329 (lignes 11-13), S.L. Ager, op. cit. (note 7),
164-III (lignes 49-52) et 164-V (lignes 92-94), avec les références aux études antérieures.
que celle de 189, pour laquelle le préteur a employé kurieuvein, comme on l’a vu.
J’ai indiqué les dates d’A. Chaniotis.

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 114

114 42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES

que celle de 189, pour laquelle le préteur a employé kurieuvein, comme on l’a vu.
J’ai indiqué les dates d’A. Chaniotis.
164-III (lignes 49-52) et 164-V (lignes 92-94), avec les références aux études antérieures.
1996, nº 56, p. 327 (lignes 8-11) et 329 (lignes 11-13), S.L. Ager, op. cit. (note 7), Mais, qu’il y ait eu ou non controverse au sujet de ces deux terres, l’épiméleia dési-
60. A. Chaniotis, Die Verträge zwischen kretischen Poleis in der hellenistischen Zeit, Stuttgart, gnait ici le droit de gestion confié à la cité et non simplement le soin qu’on attendait
d’elle. Quelques décennies plus tard, en 115, lors d’un conflit entre Latô et Olonte,
des juges de Cnossos attribuèrent aux Latiens, entre autres, le sanctuaire d’Arès et
quement grecque entre le « profane » et le « sacré ». d’Aphrodite situé à Déra, avec les téménè attenants, en utilisant simplement la tour-
sorte d’équilibre, certes fragile et parfois rompu, mais qui traduisait l’osmose typi- nure h\men Lativwn. Deux ans plus tard, cinq legati romains confirmèrent le jugement
des traditions. Ainsi, la propriété divine et la gestion civile cohabitaient dans une en précisant que l’ejpimevleia du sanctuaire et de sa terre revenaient au peuple dans
leur responsabilité commune, situation qui pouvait favoriser le respect des règles et le territoire duquel ils se trouvaient : oJpotevroi" de; ejn oJrivoi" iJero;n “Areo" ejn ªtºh'≥i
de même que les biens publics étaient les biens de tous, les biens sacrés étaient sous D≥ªerºaivai ejsti;n kai; hJ cwvra touvtou tou' iJerou', ejkeivnou tou' dhvmou ejpimevleian dokei'
60
eux-mêmes, réunis en Assemblée ou en Conseil et investis des charges exécutives : ei\nai . Or ce texte était une traduction, d’ailleurs maladroite, du latin, où ejpimev-
civiques étaient aux mains, non d’un « État » abstrait et lointain, mais des citoyens leia transposait probablement cura. Il est remarquable que, dans un cas semblable
être exprimée, on l’a vu, par kyrieia. Il faut rappeler en outre que les pouvoirs qui mettait en cause un droit général de gestion sur un sanctuaire et sur sa terre, un
tion du gestionnaire est celle de la délégation de pouvoir, qui pouvait précisément Romain ait utilisé un terme aussi faible, qui n’avait assurément aucune portée juridique.
liberté d’action de la part des cités. La notion qui paraît la plus appropriée à la posi-
En fait, on le voit bien, tous ces termes étaient plus ou moins équivalents et
On comprend donc que la propriété divine se soit accommodée d’une grande
pouvaient s’appliquer à des prétentions illégitimes aussi bien qu’à des situations
IV. Conclusion normales, comme dans le cas de Delphes. Le contrôle des cités était souvent expri-
mé par des termes signifiant la présidence, le pouvoir ou l’autorité, mais pouvait
propriété, la copropriété, la possession ou la libre disposition. également être qualifié, tout simplement, d’épiméleia. Même des Romains, certes
par analogie, des notions qui n’étaient pas familières à l’esprit grec, comme la nue contraints de s’adapter aux habitudes grecques, mais a priori sensibles aux réalités❘
mes comparables. À nous donc de fuir également tout formalisme et d’éviter, sauf 243 juridiques, ont utilisé indifféremment kyrieia et épiméleia pour résoudre des problè-
juridiques, ont utilisé indifféremment kyrieia et épiméleia pour résoudre des problè- 243 mes comparables. À nous donc de fuir également tout formalisme et d’éviter, sauf
contraints de s’adapter aux habitudes grecques, mais a priori sensibles aux réalités❘ par analogie, des notions qui n’étaient pas familières à l’esprit grec, comme la nue
également être qualifié, tout simplement, d’épiméleia. Même des Romains, certes propriété, la copropriété, la possession ou la libre disposition.
mé par des termes signifiant la présidence, le pouvoir ou l’autorité, mais pouvait
normales, comme dans le cas de Delphes. Le contrôle des cités était souvent expri- IV. Conclusion
pouvaient s’appliquer à des prétentions illégitimes aussi bien qu’à des situations
On comprend donc que la propriété divine se soit accommodée d’une grande
En fait, on le voit bien, tous ces termes étaient plus ou moins équivalents et
liberté d’action de la part des cités. La notion qui paraît la plus appropriée à la posi-
Romain ait utilisé un terme aussi faible, qui n’avait assurément aucune portée juridique. tion du gestionnaire est celle de la délégation de pouvoir, qui pouvait précisément
qui mettait en cause un droit général de gestion sur un sanctuaire et sur sa terre, un être exprimée, on l’a vu, par kyrieia. Il faut rappeler en outre que les pouvoirs
leia transposait probablement cura. Il est remarquable que, dans un cas semblable civiques étaient aux mains, non d’un « État » abstrait et lointain, mais des citoyens
ei\nai . Or ce texte était une traduction, d’ailleurs maladroite, du latin, où ejpimev-
60 eux-mêmes, réunis en Assemblée ou en Conseil et investis des charges exécutives :
D≥ªerºaivai ejsti;n kai; hJ cwvra touvtou tou' iJerou', ejkeivnou tou' dhvmou ejpimevleian dokei' de même que les biens publics étaient les biens de tous, les biens sacrés étaient sous
le territoire duquel ils se trouvaient : oJpotevroi" de; ejn oJrivoi" iJero;n “Areo" ejn ªtºh'≥i leur responsabilité commune, situation qui pouvait favoriser le respect des règles et
en précisant que l’ejpimevleia du sanctuaire et de sa terre revenaient au peuple dans des traditions. Ainsi, la propriété divine et la gestion civile cohabitaient dans une
nure h\men Lativwn. Deux ans plus tard, cinq legati romains confirmèrent le jugement sorte d’équilibre, certes fragile et parfois rompu, mais qui traduisait l’osmose typi-
d’Aphrodite situé à Déra, avec les téménè attenants, en utilisant simplement la tour- quement grecque entre le « profane » et le « sacré ».
des juges de Cnossos attribuèrent aux Latiens, entre autres, le sanctuaire d’Arès et
d’elle. Quelques décennies plus tard, en 115, lors d’un conflit entre Latô et Olonte,
gnait ici le droit de gestion confié à la cité et non simplement le soin qu’on attendait 60. A. Chaniotis, Die Verträge zwischen kretischen Poleis in der hellenistischen Zeit, Stuttgart,
Mais, qu’il y ait eu ou non controverse au sujet de ces deux terres, l’épiméleia dési- 1996, nº 56, p. 327 (lignes 8-11) et 329 (lignes 11-13), S.L. Ager, op. cit. (note 7),
164-III (lignes 49-52) et 164-V (lignes 92-94), avec les références aux études antérieures.
que celle de 189, pour laquelle le préteur a employé kurieuvein, comme on l’a vu.
J’ai indiqué les dates d’A. Chaniotis.

42. LA GESTION DES BIENS SACRÉS DANS LES CITÉS GRECQUES 114
G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 115

***
Post-scriptum. Plusieurs questions abordées ici reviennent dans les articles nº 43
(mentionné à la note 2) et 46 de ce volume, p. 117-125 et 151-164. Sur le problème,
toujours discuté, de la propriété sacrée et de la gestion publique, voir aussi D. Rousset,
« Sacred Property and Public Property in the Greek City », JHS 133 (2013), p. 113-133,
et mon livre Les finances des cités grecques aux périodes classique et hellénistique,
Paris, 2014, p. 20-25. – D’après Th. Corsten, Vom Stamm zum Bund. Gründung und
territoriale Organisation griechischer Bundesstaaten, Munich, 1999, p. 88, le texte
d’Actium (p. 104, n. 4) pourrait dater de peu après 212 au lieu de 216. – J’ai consi-
déré les bosquets hypothéqués et saisis à Calymna (p. 107-108) comme des biens
sacrés en me fondant sur l’un des sens habituels du mot alsos, comme je l’avais fait
dans mon article cité à la note 24, p. 165-167, et dans mon livre mentionné à la
note 16, nº 59, mais il pouvait s’agir de propriétés publiques : voir infra, p. 162, n. 35.
– Sur l’oracle relatif à la terre sacrée d’Éleusis (p. 109), voir P. Bonnechère, « Oracles
et grande politique en Grèce ancienne. Le cas l’Orgas sacrée et de la consultation de
Delphes en 352/351 avant J.-C. », Mètis N.S. 10 (2012), p. 263-288, et 11 (2013),
p. 289-302. – L’époque des décrets d’Olymos (p. 112) pourrait être remontée de
quelques décennies : voir ma mise au point dans mon livre cité ci-dessus, p. 160. –
L’inscription de Delphes mentionnée à la note 55 se trouve aussi dans le recueil de
Fr. Lefèvre cité à la note 12, nº 76. – Mes articles cités dans les notes 4, 16, 22, 24 et 455-476. Celui de la note 27 se trouve dans celui-ci, p. 281-293.
31 ont été repris dans le premier volume, p. 393-400, 221-232, 439-444, 49-59 et 31 ont été repris dans le premier volume, p. 393-400, 221-232, 439-444, 49-59 et
455-476. Celui de la note 27 se trouve dans celui-ci, p. 281-293. Fr. Lefèvre cité à la note 12, nº 76. – Mes articles cités dans les notes 4, 16, 22, 24 et
L’inscription de Delphes mentionnée à la note 55 se trouve aussi dans le recueil de
quelques décennies : voir ma mise au point dans mon livre cité ci-dessus, p. 160. –
p. 289-302. – L’époque des décrets d’Olymos (p. 112) pourrait être remontée de
Delphes en 352/351 avant J.-C. », Mètis N.S. 10 (2012), p. 263-288, et 11 (2013),
et grande politique en Grèce ancienne. Le cas l’Orgas sacrée et de la consultation de
– Sur l’oracle relatif à la terre sacrée d’Éleusis (p. 109), voir P. Bonnechère, « Oracles
note 16, nº 59, mais il pouvait s’agir de propriétés publiques : voir infra, p. 162, n. 35.
dans mon article cité à la note 24, p. 165-167, et dans mon livre mentionné à la
sacrés en me fondant sur l’un des sens habituels du mot alsos, comme je l’avais fait
déré les bosquets hypothéqués et saisis à Calymna (p. 107-108) comme des biens
d’Actium (p. 104, n. 4) pourrait dater de peu après 212 au lieu de 216. – J’ai consi-
territoriale Organisation griechischer Bundesstaaten, Munich, 1999, p. 88, le texte
Paris, 2014, p. 20-25. – D’après Th. Corsten, Vom Stamm zum Bund. Gründung und
et mon livre Les finances des cités grecques aux périodes classique et hellénistique,
« Sacred Property and Public Property in the Greek City », JHS 133 (2013), p. 113-133,
toujours discuté, de la propriété sacrée et de la gestion publique, voir aussi D. Rousset,
(mentionné à la note 2) et 46 de ce volume, p. 117-125 et 151-164. Sur le problème,
Post-scriptum. Plusieurs questions abordées ici reviennent dans les articles nº 43
***

115 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246 115

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Post-scriptum. Plusieurs questions abordées ici reviennent dans les articles nº 43
(mentionné à la note 2) et 46 de ce volume, p. 117-125 et 151-164. Sur le problème,
toujours discuté, de la propriété sacrée et de la gestion publique, voir aussi D. Rousset,
« Sacred Property and Public Property in the Greek City », JHS 133 (2013), p. 113-133,
et mon livre Les finances des cités grecques aux périodes classique et hellénistique,
Paris, 2014, p. 20-25. – D’après Th. Corsten, Vom Stamm zum Bund. Gründung und
territoriale Organisation griechischer Bundesstaaten, Munich, 1999, p. 88, le texte
d’Actium (p. 104, n. 4) pourrait dater de peu après 212 au lieu de 216. – J’ai consi-
déré les bosquets hypothéqués et saisis à Calymna (p. 107-108) comme des biens
sacrés en me fondant sur l’un des sens habituels du mot alsos, comme je l’avais fait
dans mon article cité à la note 24, p. 165-167, et dans mon livre mentionné à la
note 16, nº 59, mais il pouvait s’agir de propriétés publiques : voir infra, p. 162, n. 35.
– Sur l’oracle relatif à la terre sacrée d’Éleusis (p. 109), voir P. Bonnechère, « Oracles
et grande politique en Grèce ancienne. Le cas l’Orgas sacrée et de la consultation de
Delphes en 352/351 avant J.-C. », Mètis N.S. 10 (2012), p. 263-288, et 11 (2013),
p. 289-302. – L’époque des décrets d’Olymos (p. 112) pourrait être remontée de
quelques décennies : voir ma mise au point dans mon livre cité ci-dessus, p. 160. –
L’inscription de Delphes mentionnée à la note 55 se trouve aussi dans le recueil de
Fr. Lefèvre cité à la note 12, nº 76. – Mes articles cités dans les notes 4, 16, 22, 24 et 455-476. Celui de la note 27 se trouve dans celui-ci, p. 281-293.
31 ont été repris dans le premier volume, p. 393-400, 221-232, 439-444, 49-59 et 31 ont été repris dans le premier volume, p. 393-400, 221-232, 439-444, 49-59 et
455-476. Celui de la note 27 se trouve dans celui-ci, p. 281-293. Fr. Lefèvre cité à la note 12, nº 76. – Mes articles cités dans les notes 4, 16, 22, 24 et
L’inscription de Delphes mentionnée à la note 55 se trouve aussi dans le recueil de
quelques décennies : voir ma mise au point dans mon livre cité ci-dessus, p. 160. –
p. 289-302. – L’époque des décrets d’Olymos (p. 112) pourrait être remontée de
Delphes en 352/351 avant J.-C. », Mètis N.S. 10 (2012), p. 263-288, et 11 (2013),
et grande politique en Grèce ancienne. Le cas l’Orgas sacrée et de la consultation de
– Sur l’oracle relatif à la terre sacrée d’Éleusis (p. 109), voir P. Bonnechère, « Oracles
note 16, nº 59, mais il pouvait s’agir de propriétés publiques : voir infra, p. 162, n. 35.
dans mon article cité à la note 24, p. 165-167, et dans mon livre mentionné à la
sacrés en me fondant sur l’un des sens habituels du mot alsos, comme je l’avais fait
déré les bosquets hypothéqués et saisis à Calymna (p. 107-108) comme des biens
d’Actium (p. 104, n. 4) pourrait dater de peu après 212 au lieu de 216. – J’ai consi-
territoriale Organisation griechischer Bundesstaaten, Munich, 1999, p. 88, le texte
Paris, 2014, p. 20-25. – D’après Th. Corsten, Vom Stamm zum Bund. Gründung und
et mon livre Les finances des cités grecques aux périodes classique et hellénistique,
« Sacred Property and Public Property in the Greek City », JHS 133 (2013), p. 113-133,
toujours discuté, de la propriété sacrée et de la gestion publique, voir aussi D. Rousset,
(mentionné à la note 2) et 46 de ce volume, p. 117-125 et 151-164. Sur le problème,
Post-scriptum. Plusieurs questions abordées ici reviennent dans les articles nº 43
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115 G. Thür et H.A. Rupprecht (éd.), Symposion 2003 (2006), p. 233-246

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