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Les templiers, modèles des combattants du Moyen Âge ?

Chapeau : Après nos précédentes études des combattants de l’Antiquité que furent le
gladiateur romain et l’hoplite grec, poursuivons avec l’un des guerriers qui fut à la fois moine
et chevalier pendant le Moyen Âge classique (XI-XIIIème siècles), à savoir le templier.
Intro : Aux yeux de ses contemporains, ce fut probablement le templier qui incarna le mieux
l’idéal du « croisé ». C’est sûrement la raison pour laquelle, jusqu’à nos jours, son image
magnifiée a perduré alors qu’elle était également chargée de légendes. Les secrets qui
entourent son souvenir – en particulier ceux qui concernent son trésor – sa puissance puis
sa disparition injuste ont contribué à lui conférer une aura mythique. La présentation qui suit
tentera de restituer une image aussi précise que possible de ces « Soldats du Christ » en
veillant à ne pas se laisser séduire par la version populaire par trop hagiographique de cet
ordre chevaleresque devenu symbolique de son époque complexe. Pour ce faire, le présent
article s’appuiera principalement sur les travaux du chercheur et universitaire Alain
Demurger – ancien enseignant à la Sorbonne – et en particulier sur l’un de ses nombreux
ouvrages, Vie et mort de l’ordre du Temple (1989).

La naissance d’un ordre international en Méditerranée


C’est le premier exemple d’ordre religieux et militaire de l’histoire, probablement créé vers
1119, soit 20 ans après la prise – très violente – de Jérusalem en 1099, lors de la première
croisade lancée par le pape Urbain II à Clermont. L’initiative de sa création revient à
quelques chevaliers des croisades, dont le champenois Hugues de Payns, qui souhaitent
incarner les idéaux de celles-ci, à savoir la défense du tombeau du Christ à Jérusalem et la
protection des pèlerins qui s’y rendent.
À l’origine, ces chevaliers se constituent en « Milice des pauvres chevaliers du Christ », une
milice qu’A. Demurger compare parfois à la Légion étrangère ! Très vite, les noms familiers
de Temple et de templiers s’imposent, en référence aux écuries de l’ancien Temple de
Salomon qui leur sert de quartier général.
Son premier maître, Hugues de Payns, invente une figure nouvelle : celle du moine-
chevalier. Pour concilier l’image du saint et du chevalier, l’Eglise modifie sa conception de la
théologie de la guerre. Au quatrième siècle, à la suite de la conversion de Constantin,
l’empire romain devient un empire chrétien et le christianisme doit donc s’adapter. Saint-
Augustin est le premier qui ébauche une théorie de la guerre « juste », reprise au XIIème
siècle par Bernard de Clairvaux – canonisé vingt ans après sa mort par le pape – qui écrit : «
Quand il met à mort un malfaiteur, le croisé ne commet pas un homicide mais un malicide. Il
venge le Christ de ceux qui font le mal ; il défend le chrétien. La mort qu’il inflige est au profit
du Christ ; celle qu’il reçoit, au sien propre. ». Nous le voyons bien par ce passage : de la
guerre juste, la réflexion évolue vers la guerre sainte. (A noter qu’on utilise fréquemment –
surtout après les attentats du 11/09 – la notion de Jihad pour désigner la « guerre sainte »
menée par les musulmans mais sans faire la distinction entre le « grand et petit Jihad »...)
Donc lorsqu’elle est tournée vers l’extérieur de la chrétienté, contre les païens (comme les
cathares) et les « infidèles » (comme les musulmans), la guerre juste devient sainte !
Pour cela, l’Eglise accepte la chevalerie et lui fait une place dans la société chrétienne, dans
l’ordre du monde voulu par Dieu et théorisé au XIème siècle par Adalberon de Laon, un
évêque français. Sa célèbre tripartition de la société, qui va perdurer jusqu’à la Révolution
française, comprends donc trois ordres : le premier est constitué de ceux qui prient (ordre
régulier et séculier), le second de ceux qui combattent dirigé par la noblesse qui porte l’épée,
et enfin le troisième – avec la population la plus nombreuse –, ceux qui travaillent dans les
campagnes et aussi dans les villes. À condition d’être guidé et discipliné, le chevalier peut
donc servir l’œuvre de Dieu, grâce à l’Eglise qui dispose de plusieurs armes :
- La sanction classique de l’excommunication, c’est-à-dire l’exclusion de L’Eglise catholique.
- Une pénitence adaptée au chevalier avec les croisades, huit en tout dont sept avec les
templiers !
- Des règles à la suite de conciles (réunion des évêques de la chrétienté) comme la « Paix
de Dieu » qui vise à protéger certaines personnes (les pauvres), à mettre à l’abri certains
biens (de l’Eglise) et certains lieux (églises et cimetières) de l’agressivité des chevaliers.
Sans oublier la « Trêve de Dieu » qui enjoint la chevalerie de s’abstenir de violence certains
jours (le dimanche) et lors de certaines fêtes (Pâques et le carême). Plusieurs ordres
militaires vont donc voir le jour : les chevaliers teutoniques qui vont fonder une théocratie
dans le nord de l’Europe (au niveau de la mer Baltique) ; et les chevaliers hospitaliers, liés
au Krach des chevaliers, la forteresse dans l’actuelle Syrie rendue célèbre par T.E Lawrence
(l’officier britannique qui inspira le film culte Lawrence d’Arabie) qui la qualifia de « plus beau
château du monde ». A noter que les hospitaliers récupèrent les biens du Temple après sa
dissolution !

Le fonctionnement d’un ordre très hiérarchisé


« Êtes-vous chevalier et né de mariage légitime ? » et « Êtes-vous excommunié, par votre
faute ou autrement ? » sont des questions posées au candidat au moment de la réception
dans l’ordre. Elles montrent bien la double vocation militaire et religieuse du Temple et aussi
que la cérémonie n’a rien d’une initiation secrète ; mais qu’elle s’inscrit dans le rituel de
l’hommage féodal par la déclaration de volonté, par les mains jointes, l’agenouillement avec
le maître qui relève le frère – comme le suzerain pour son vassal –, le baiser sur la bouche –
un symbole de paix –, et enfin la remise du manteau. Tout cela se trouve déjà dans la
cérémonie d’entrée en vassalité. L’ordre est conçu et créé par et pour l’aristocratie féodale
de l’Europe du Moyen Âge classique ! D’ailleurs, les templiers font aussi travailler à leur
service des serfs, à savoir des paysans non-libres...
Seuls les chevaliers, issus surtout de la petite et moyenne noblesse, ont le droit de porter le
manteau blanc – remis par l’ordre – symbole de pureté. Les frères sergents, issus
principalement de la paysannerie, portent quant à eux un manteau de bure, à savoir un tissu
de laine aux couleurs brun (comme pour les franciscains) ou noir (comme pour les
dominicains). A noter que l’autre ordre lié aux croisades, les hospitaliers, refusent eux la
différence d’habit ! Quel que soit sa couleur, le manteau est orné d’une croix pattée rouge
sur l’épaule gauche – en référence au cœur et au sang versé par Jésus – symbole
d’appartenance à l’ordre et de son engagement à partir en croisade à tout moment.
Sous le manteau, pour être adoubé, le chevalier doit se faire confectionner un équipement
complet comportant une armure complète avec notamment un haubert (la cotte de maille)
ainsi qu’un heaume (le casque en fer) et un écu comme bouclier. Les templiers sont
reconnaissables aussi à l’apparence physique avec les cheveux courts et le port de la barbe
– ceux qui échappent à l’arrestation en 1307 se hâtent de la raser ! – et visibles de loin avec
leur bannière. Le chevalier qui la porte au combat a une lourde responsabilité, partagée par
ses « confrères » qui l’entourent. Abaisser la bannière au combat est lourdement sanctionné
– pendant un an et un jour – car il subit « les fers », il doit aussi manger par terre ainsi que
rendre son manteau !
Concernant l’armement, le templier reçoit aussi au moment de son entrée dans l’ordre, une
épée droite à double tranchant, et à une main au départ car l’épée à deux mains fait son
apparition qu’à la fin du XIIème siècle. Saint Bernard justifie de cette manière qu’un moine
porte l’épée : « Ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée ; il est le ministre de Dieu, et il l’a
reçue pour exécuter ses vengeances […] ». Le nouveau membre de l’ordre perçoit aussi
trois couteaux (dont un assorti à l’épée), une masse d’arme ; et surtout une lance qui est
l’arme par excellence pour un cavalier !
Pointons une évidence : il n’y a pas de chevalier sans cheval ! Ainsi, l’histoire du Temple est
intimement liée à cet animal qui montre son importance – car sa perte entraînait comme
sanction « la mise à pied » du fautif – et la hiérarchie interne dans la milice. En effet, les
sergents ne reçoivent qu’une seule monture alors que les chevaliers trois ! Et parmi les
dignitaires de l’ordre, le maître et le maréchal en reçoivent quatre, dont un cheval « turcoman
» (un pur-sang arabe) très utile pour ce dernier, car le maréchal est responsable des
opérations militaires et il forme « la pointe » lors d’une charge de cavalerie ! D’où aussi
l’importance de cette question au moment de l’admission : « N’avez-vous pas quelque
infirmité cachée qui rendrait impossible [...] votre participation au combat ? »
Une rapide étude de la cause de la mort des 23 maîtres du Temple montre que seuls trois
sont morts au combat en deux siècles, deux sont exécutés et un est mort en captivité. A
noter qu’à la suite de la grande bataille de Hattin en 1187 – qui entraine la perte de
Jérusalem par les templiers – leur rival Saladin décide d’épargner le maître du Temple pour
provoquer la « zizanie » dans l’ordre et au sein des Etats Latins d’Orient, car le maître n’a
pas voulu suivre les conseils de son maréchal…

Du modèle à sa chute
Comme tout ordre monastique, le Temple fonctionne avec une règle stricte que rédige Saint-
Bernard quelques années après sa création. On y retrouve – comme dans de nombreux
ordres monastiques – le triple vœu d’obéissance, de chasteté et de pauvreté. Il y a débat
pour savoir si le célèbre sceau avec deux templiers sur un même cheval fait référence au
vœu de pauvreté. Mais du fait que les chevaliers possèdent trois chevaux et les dignitaires
quatre montures, cela rend cette explication très discutable selon moi. Le sceau serait plutôt
une référence à ses deux chevaliers fondateurs et aux valeurs de l’union et du dévouement.
Photo 1 Herpin. Le sceau du Temple avec les lances visibles. Acheté à Vézelay, lieu de
départ de la deuxième croisade lancée par Saint-Bernard.
Le même Saint-Bernard a fait l’éloge des templiers : « J’hésite à les appeler moines ou
chevaliers [...] ces deux noms à la fois, eux à qui ne manquent ni la douceur du moine, ni la
bravoure du chevalier ». Un signe du prestige de l’ordre à sa création est la mission – en
plus d’assurer la « police de la route » – de garder les « Lieux saints » liés à la vie de Jésus.
L’exemple de Guillaume le Maréchal, considéré par les chroniqueurs de l’époque et par
Georges Duby – le plus fameux de nos médiévistes – comme étant le « meilleur chevalier du
monde » (contemporain de Richard Cœur de Lion), montre bien que l’ordre est un modèle
pour ses contemporains ! En effet, bien que n’étant pas templier lui-même, Guillaume a le
privilège à sa mort d’être recouvert par un manteau blanc – apporté par le maître
d’Angleterre – et d’être enterré à Londres à Temple Church.
Même si le prestige de cette milice à l’époque est réel ; les critiques par leurs contemporains
sont cependant nombreuses. On leur reproche leur orgueil, leur fierté et leur arrogance. Mais
ces critiques sont valables à tous les ordres militaires au XIIIème siècle (teutonique et
hospitalier) car elles viennent du clergé séculier (des prêtres aux cardinaux) qui sont jaloux
des privilèges et de l’indépendance des ordres. Par exemple, le Temple est sous l’autorité
directe du pape, une faveur qui entraîne beaucoup de jalousie. Mais certaines critiques
touchent les templiers directement, comme en témoignent les expressions suivantes : «
boire comme un templier » et « méfiez-vous d’un baiser d’un templier ».
Cette dernière expression peut faire référence aux calculs politiques et diplomatiques menés
par l’ordre. Par exemple, plusieurs courants critiquent le Temple. Cela va du courant des «
pacifistes » – incarnés par les poètes et troubadours – qui remettent en cause l’idée même
des pertes liées aux croisades (Saint Louis est mort par exemple de la peste en 1270 au
retour d’une croisade) et aussi au courant des missionnaires qui pensent qu’il faut convertir
les « sarrasins ». De plus, il y a une critique récurrente d’une mauvaise entente avec les
autres ordres, qu’il faut cependant pour moi nuancer en fonction du contexte, différent dans
le temps sur deux siècles ; et dans l’espace principalement, sur deux parties de la
Méditerranée (orientale avec les croisades et occidentale avec la « Reconquête » de la
péninsule ibérique). D’où l’idée pour certains, comme le roi de France Philippe IV, de
fusionner l’ordre des templiers et des hospitaliers pour limiter ainsi leur puissance et leur
autonomie, avec le rêve même pour ce dernier d’en devenir le maître unique ! Une critique
spécifique au Temple serait son avarice en comparaison avec l’ordre des hospitaliers, mais
comme son nom l’indique, pour ce dernier, il s’agit d’un ordre charitable avec une mission
bien différente de celle des templiers. Alors que dans le même temps, le Temple lui, garde
les trésors des puissants comme celui de Philippe IV à Paris ; mais cet argent ne lui
appartient pas, et rappelons que l’usure est condamnée par l’Eglise ! Mettons de côté la
légende liée au Trésor de l’ordre du Temple – très vivace en France – du fait du nombre
d’anciennes commanderies (qui servent de base aux templiers) existantes comme à Rennes
le Château, Coulommiers. La toponymie témoigne de la présence de nombreuses
commanderies en France comme à Savigny-sur-Temple et le Lot-sur-Temple.
Cependant, ce ne sont pas les critiques traditionnelles comme l’avarice et l’orgueil (qui font
parties des 7 pêchers capitaux que l’on peut associer à Saint Thomas D’Aquin au XIIIème
siècle) qui entraînent la chute de l’ordre mais les accusations d’hérésie, de pratiques
homosexuelles et même d’idolâtrie ! Ces attaques viennent des hommes de Philippe IV qui
ordonnent – par une opération de police inédite – l’arrestation de tous les templiers dans le
royaume de France un vendredi 13 (de l’an 1307), ce qui participe vivement à la croyance
populaire attachée au vendredi 13 ! Le roi force ainsi la main au pape Clément V, qui doit se
résoudre un mois plus tard, à prendre la même décision (de faire arrêter les templiers) au
sein de toute la Chrétienté. Pour obtenir les aveux, on va faire appel à l’inquisition et même
utiliser la torture ! Jacques de Molay, le dernier maître du Temple arrêté en France, passe
dans un premier temps aux aveux – sous la torture – avant de se rétracter. Sa ligne de
défense est de comparaître uniquement devant le pape. Plusieurs historiens considèrent
qu’il n’est pas l’homme de la situation – notamment à cause d’une intelligence limitée –. Il est
certainement dépassé par le jeu politique entre le roi de France et le pape et il a
probablement compris trop tard son erreur, lorsqu’il n’est pas entendu directement par le
pape mais par une commission d’enquête composée de trois légats pontificaux ! Cette
commission débouche sur un bûcher pour le dernier maître du Temple – ainsi que de ces
principaux dignitaires – en 1314. Son exécution entraîna une autre légende liée à la célèbre
malédiction des templiers, portée par Jacques de Molay et que l’on retrouve dans la culture
populaire récente…
Les templiers dans la « pop culture »
On peut affirmer que les templiers sont les combattants du Moyen Âge qui inspirent le plus la
production culturelle contemporaine. On trouve de nombreux exemples accessibles en
français comme :
- Dans une célèbre suite romanesque, Les rois maudits, écrits à partir de 1955 par Maurice
Druon (membre de l’Académie française et coauteur célèbre du Chant des partisans). Ce
dernier commence le premier de ses sept romans par la malédiction qu’aurait lancé Jacques
de Molay en 1314 sur le bûcher : « Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à
paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits !
Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! » Même si le pape et
le roi sont bien morts dans l’année qui suit, ces propos rapportés s’appuient en fait sur une
légende inventée à posteriori par un chroniqueur italien décédé au XVIème siècle ! A noter que
ces romans ont fait l’objet de plusieurs adaptations télévisées en 1972 et 2005, et que dans
la dernière, c’est Gérard Depardieu qui interprète le rôle du dernier maître de l’Ordre du
Temple.
– Dans la Bande Dessinée : celle parue en 2009 de Falba et Bono intitulée Confessions d’un
templier qui commence justement par Jacques de Molay qui passe à la torture. Celle aussi
sortie en 2013 intitulée « Templier », d’Istin et Léoni, met en avant l’opposition à Saladin et
surtout les trésors du Temple comme l’or et même l’Arche d’Alliance ! Dans les deux B.D.,
on peut dire que l’histoire est « romancée » et dès la couverture on constate une
représentation identique du templier. En effet, nous avons l’image d’un combattant avec les
cheveux longs mais sans casque, une longue épée qui est sortie et ensanglantée, et
arborant un corps très musclé, à croire que les templiers pratiquent aussi la musculation !
Sur son torse – musclé donc – une croix pâtée rouge bien visible que l’on retrouve aussi en
arrière-plan sur un gonfanon – l’étendard de l’ordre –.
Photo 2 Herpin . Représentation du templier dans les B.D.
- Dans un roman, le Da Vinci Code de l’américain Dan Brown publié en 2003. Ce best-seller
vendu à près de 100 millions d’exemplaires nous décrit deux endroits situés au Royaume-
Uni qui seraient liés au Temple : tout d’abord Temple Church construit à la fin du XIIème siècle
à Londres avec cette description intéressante dans le roman : « Les templiers étaient des
guerriers. Leurs églises leur servaient de forteresses, et de banques ». Puis, l’épilogue du
roman se situe en Ecosse à Rosslyn Chapel, dans une chapelle construite au XVème siècle
par... des templiers ! Rappelons que l’ordre a été dissous plus d’un siècle auparavant ! Mais
le roman met en avant le thème de la filiation avec différentes sociétés secrètes comme le
Prieuré de Sion et la Franc-Maçonnerie... A noter que le roman a été adapté en 2006 en jeu
vidéo, et bien sûr au cinéma avec comme acteurs principaux Tom Hanks, Audrey Tautou et
Jean Reno.
- Au cinéma : difficile de dire si dans le film sorti en 1989 Indiana Jones et la dernière
croisade de Steven Spielberg, les rôles principaux du film – joués par Harrison Ford et Sean
Connery – rencontrent un templier ! En effet, il y a bien un chevalier qui les attend pour
plusieurs épreuves sur le site – magnifique – de Pétra en Jordanie. Cependant, il n’y a pas
(de mémoire) de référence directe aux templiers dans le film. A noter que l’histoire se
déroule aussi à Venise, en référence à la quatrième croisade, détournée en 1204 par Venise
pour piller sa rivale commerciale, Constantinople (cité orthodoxe à l’époque). De nombreux
téléfilms (de qualité nous dirons très discutables…) sont sortis au XXIème siècle dont les titres
ne laissent pas de doutes concernant la référence à l’ordre, avec par exemples Le sang des
templiers, Arn le chevalier du Temple, Prince Killian et le trésor des templiers. Ainsi que deux
films avec Nicolas Cage : Le dernier des templiers et National Treasure, traduit en France
par Benjamin Gates et le trésor des templiers !
Mais c’est certainement le film Kingdom of Heaven, réalisé en 2005 par Ridley Scott, qui
représente, selon moi le plus d’intérêt, notamment parce que la distribution compte au
casting des acteurs réputés (comme Eva Green, Orlando Bloom, Jeremy Irons ou bien Liam
Neeson. Et surtout du fait que le film mette en avant des templiers – présentés comme
avides et violents – et aussi des hospitaliers ainsi que des personnages célèbres du Moyen
Âge comme Richard Cœur de Lion et Saladin, le prestigieux chef des musulmans. Avec ce
dernier personnage illustre, le thème de la diplomatie et des regards croisés entre
combattants de l’époque est mis en avant.
- Dans un jeu vidéo : Assassin’ Creed sorti en 2007 qui met en avant un assassin qui croise
Richard Cœur de Lion – présent dans le jeu – et dont la mission est d’assassiner neuf
hommes dont Robert de Sablé, le maître du Temple. Les assassins désignent les membres
d’une secte chiite – dont le nom provient du Haschisch ! – qui combattent souvent les
sunnites en Méditerranée, ce qui a entraîné à quelques occasions des alliances entre
assassins et templiers... Devant le succès mondial de ce jeu, sont sortis une adaptation
cinématographique en 2016 – avec Marion Cotillard – et une douzaine d’autres jeux,
parcourant différentes époques comme la Grèce antique avec Leonidas (cf. article précédent
sur les combattants de Dragon Magazine.).
En conclusion, alors que nous aurions pu a priori considérer comme improbable toute
comparaison entre un ordre chevaleresque du Moyen Âge européen installé au Proche-
Orient et un art martial d’origine japonaise et « moderne », notre analyse comparative de
l’histoire de l’ordre du Temple a permis de mettre en lumière divers éléments convergents au
niveau martial. Nous pouvons constater qu’il n’est pas totalement incongru de mettre en
perspective la naissance et la diffusion d’un ordre militaire médiéval avec celles de notre art
martial. Nous y retrouvons les rôles d’un fondateur et de ses différents successeurs, son
organisation hiérarchique et son fonctionnement, sa représentation dans les médias et dans
la culture populaire. Et tous comptes faits, ce qui apparait en filigrane, ce sont les valeurs
que la discipline véhicule autant que les critiques qu’elle rencontre qui semblent
étonnamment se faire écho à travers le temps...

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