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DEPUIS 1985, UN MERCREDI SUR DEUX UNE

PUBLICATION
DU SITE
Nº816
Les hommes, les affaires, les réseaux PARIS, LE 22 JANVIER 2020

Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Sahel Paris veut convaincre Trump Afrique de l'Ouest Qui sont les Côte d'Ivoire Tokyo veut revenir Guinée Moustapha Naïte, carte
de limiter son désengagement NP.2 parrains d'Embalo ? NP.3 sur les bords de la lagune Ébrié NP.6 jeune d'Alpha Condé NP.8

Afrique Shirley Smith, ce dernier a activement parti-
cipé aux campagnes présidentielles d'Obama,
qui l'avait nommé représentant des jeunes
LE MODÈLE EN démocrates en 2009. Plusieurs fois reçu au
Département d'Etat, Succès Masra est appré-
MARCHE S'EXPORTE cié à Washington, qui n'avait pas hésité à
Ciblage électoral. Cet activisme croissant est
scruté de près par les chefs d'Etat ouest-afri-
cains, toujours sous le choc des mobilisations
citoyennes burkinabè de 2014. En quête de
jouvence politique, les présidents tentent eux
aussi de se convertir aux nouvelles méthodes.

SUR LE CONTINENT envoyer son chargé d'affaires à N'Djamena

Qu'il est loin le temps où Alpha Condé et
Laurent Gbagbo reprenaient les recettes du
Parti socialiste (PS). Désormais, ce sont les
méthodes des campagnes présidentielles
de Barack Obama en 2008 et Emmanuel
Macron en 2017 qui s'imposent dans toute
l'Afrique francophone.
Joue-la comme Obama. Depuis le début
du mois de janvier et à l'approche des légis-
latives tchadiennes qui doivent se tenir cet
été ( LC n°809), le mouvement d’opposi-
tion Les Transformateurs, lancé par Suc-
cès Masra (34 ans), multiplie les "lalekou"
(porte-à-porte). Pour ce faire, le parti s'inspire
largement de la "Grande Marche" qu'avait
lancée Emmanuel Macron au printemps
2016. Il a aussi développé sa propre appli-
cation permettant notamment de récolter de
précieuses données. Diplômé de Sciences
Po Paris en 2009, Succès Masra est un cama-
rade de promotion rue Saint-Guillaume de
deux proches du président français : son
ancien conseiller spécial Ismaël Emelien
et Mounir Mahjoubi, qui fut secrétaire d'Etat
au numérique jusqu'en mars 2019. Succès
Masra a également tissé un important réseau
outre-Atlantique, où il a été parrainé par un
Obama's boy des premières heures, l'Amé-
ricano-Sénégalais Thione Niang. Proche de
l'ancienne élue démocrate au Sénat de l'Ohio
pour assister au lancement de son mouve-
ment en juin 2019 (‌ LC n°802).
Alors que ses relations avec Yaoundé sont
glaciales, Washington regarde aussi avec inté-
rêt l'activisme de Cabral Libii (39 ans), dont
le mouvement 11 Millions de citoyens est lui
aussi largement calqué sur celui qu'avait lancé
Emmanuel Macron en 2016. S'il est présent
sur la scène politique ivoirienne depuis plus
de vingt ans, Guillaume Soro (47 ans) a de
même repris le modèle de La République
en marche (LREM) pour mettre sur pied
son mouvement Générations et peuples
solidaires (GPS), lancé en octobre. Très
proche de plusieurs députés de la majorité
présidentielle en France, l'ancien président
de l'Assemblée nationale avait participé à la
première convention de LREM en juillet 2017.
La nouvelle Internationale. Plusieurs de ces
jeunes leaders politiques ont même lancé le
16 décembre à Niamey une alliance Inter-
africaine progressiste sur le modèle de
l'Internationale socialiste. Outre Succès
Masra figurent parmi ses membres l'ancien
candidat à la présidentielle sénégalaise de
2019 Ousmane Sonko (45 ans), le Burki-
nabè Abdoulaye Soma (40 ans) ou encore le
candidat à la présidentielle guinéenne Siaka
Barry (41 ans). L'alliance tente de surfer sur
les mouvements de contestation citoyens
qui ont émergé sur le continent ces dernières
années à l'instar du Balai citoyen qui avait
chassé Blaise Compaoré en 2014.
A Dakar, Macky Sall s'est ainsi attaché les ser-
vices de la société de data électorale français
Spallian ( LC n°800). Au sein de son cabinet,
Macky Sall dispose même de son propre data
scientist : Oumar Ba. Agé d'une trentaine
d'années, cet ingénieur sénégalais avait lui
aussi activement participé aux campagnes
présidentielles de Barack Obama en 2008 et
2012 lorsqu'il était étudiant aux États-Unis.
L'ingénieur a notamment travaillé avec le
data scientist - très actif en Afrique - Lex Paul-
son, ancien membre de l'équipe d'Obama.
Depuis le début du mois de janvier, Oumar
Ba sillonne tout le pays en vue de préparer
les futures élections locales de 2020.
Si Cambridge Analytica a été actif dans
les années 2010 en Afrique anglophone, où
le cabinet a opéré au Nigeria et au Kenya,
l'Afrique francophone reste encore un ter-
rain de conquête pour les data scientists.
Outre Spallian, déjà établi au Sénégal et
qui prospecte en Côte d'Ivoire, le cabinet
français eXplain (ex-Liegey Muller Pons),
organisateur de la Grande Marche d'Emma-
nuel Macron en 2016, a ainsi eu de premiers
contacts avec plusieurs responsables poli-
tiques africains. Pionnière sur le créneau du
ciblage électoral, la plateforme américaine
NationBuilder, lancée par Jim Gilliam en
2009, regarde aussi vers les capitales ouest-
africaines. Quant au cabinet de commu-
nication "historique" d'En marche, Little
Wing, très proche d'Ismaël Emelien, il vient
de s'engager il y a deux mois avec la prési-
dence gabonaise ( LC n°814).

Au palais
GUINÉE
LÉGISLATIVES : ALPHA
CONDÉ ÉCHOUE À ABIDJAN
Jusqu'à la dernière minute, le pré-
sident guinéen Alpha Condé a tenté
de convaincre l'opposition de par-
ticiper aux élections législatives de
février. Il a notamment sollicité l'appui
du premier ministre ivoirien Amadou
Gon Coulibaly et du ministre de l'inté-
gration Ally Coulibaly pour tenter de
convaincre l'opposant Sidya Touré, à la
tête l’Union des forces républicaines
(UFR) - et très proche du pouvoir d'Abi-
djan - de prendre part au scrutin. Face
à l'échec de la médiation menée par
Gon, Alpha Condé s'est même tourné
directement vers Alassane Ouattara,
sans davantage de succès. En dépit
de relations tumultueuses entre les
deux présidents, ceux-ci se rendent
régulièrement des services mutuels
lorsqu'il s'agit de leur opposition.
Mi-décembre, Alpha Condé avait ainsi
répondu favorablement aux pressions
amicales d'Abidjan de ne pas recevoir
Guillaume Soro à Conakry. En 2015, les
autorités ivoiriennes avaient dérouté
vers le Ghana un vol d’Air Burkina
dans lequel était présent Moussa Dadis
Camara, l’ex-chef de la junte militaire
en Guinée qui devait rejoindre Conakry.

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Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Sahel présence militaire dans la bande sahélo- chef d'état-major de l'armée française Fran-
saharienne (BSS). çois Lecointre, lors d'un tête-à-tête avec son
homologue américain Mark Milley.
COMMENT PARIS Tractations sur la Corne. Parmi les arguments
que souhaite mettre en avant la ministre des Bluff américain. Alors qu'un allégement du
VEUT CONVAINCRE armées figure notamment le soutien apporté dispositif américain au Sahel est d'ores et déjà

DONALD TRUMP par Paris aux opérations américaines dans la

DE LIMITER SON
DÉSENGAGEMENT
Washington joue depuis un mois
une partie de poker menteur avec
ses alliés au Sahel en agitant
le spectre de son retrait
comme il y a un an.
Le 28 janvier, la ministre française des
armées Florence Parly s'envolera pour
une visite de deux jours à Washington, où
elle doit longuement évoquer l'engage-
ment militaire américain au Sahel avec le
secrétaire d'Etat à la défense Mark Esper.
Cette rencontre intervient alors que l'admi-
nistration Trump souffle méthodiquement
le chaud et le froid sur la pérennité de sa
Corne de l'Afrique, et plus particulièrement
en Somalie. Dans ce pays en proie à la milice
djihadiste Al-Shabaab, la France fournit aux
Etats-Unis du renseignement électronique et
télécom. Cet appui - principalement technique
- se fait via les installations de la Direction du
renseignement militaire (DRM) et de la DGSE
déployées à Djibouti. Paris veut valoriser, voire
augmenter cet apport, et proposer à Washing-
ton un "mécanisme de réciprocité" sur le Sahel.
Mais, rompu à l'art du deal, Donald Trump
pourrait trouver la proposition française trop
faible au regard de l'appui crucial fourni par la
Defense Intelligence Agency (DIA) en images
satellites et en drones aux opérations françaises
de Barkhane. Paris devrait par ailleurs pro-
poser de soutenir la position de Washington
dans le cadre du renouvellement de mandat
de l'Amisom, la mission de l'ONU en Somalie,
sur lequel doit se pencher le Conseil de sécurité
en mai. Une partie de ces propositions a déjà
été mise sur la table le 16 janvier à Paris par le
acté, les contours et surtout le calendrier de
ce retrait restent encore flous. Si Mark Esper
est partisan, comme l'était son prédécesseur
Jim Mattis, d'un désengagement substantiel
et rapide, le Département d'Etat, à commen-
cer par son "M. Afrique" Tibor Nagy, plaide
à l'inverse pour un allégement souple et pro-
gressif. Le Département d'Etat doit procéder
dans les prochaines semaines à la nomination
d'un envoyé spécial pour le Sahel qui sera
chargé de piloter le dossier.
Last but not least, Washington attend un sou-
tien diplomatique fort de Paris sur le dossier ira-
nien après l'assassinat de Qassem Soleimani,
et l'appui américain à Barkhane pourrait servir
de monnaie d'échange. En attendant un calen-
drier officiel qui pourrait être tranché "dans un
mois ou deux" selon les déclarations de Mark
Milley, Paris entend convaincre Washington
que l'engagement américain au Sahel pour
contenir la menace djihadiste perdra toute
"value for money", selon l'expression favorite
de Trump, si les Etats-Unis se retirent trop tôt.

Mission spéciale
CONGO
ONDAYE-EBAUH ET
EBOUKA-BABACKAS AU
COUDE À COUDE POUR LE
MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE
Denis Sassou Nguesso devrait bientôt
procéder au remaniement initialement
annoncé pour la mi-janvier, après le
congrès du Parti congolais du travail
(PCT) du 28 décembre, pour rempla-
cer son ministre des finances et du
budget Calixte Nganongo. Victime
d’un accident vasculaire cérébral, ce
dernier, principal interlocuteur du Fonds
monétaire international (FMI), est en
soins intensifs depuis décembre dans
un établissement hospitalier de la région
parisienne. Deux personnalités Mbochi
du département de la Cuvette - comme
le président - sont citées pour occuper
ce poste stratégique. Le premier, Cédric
Ondaye-Ebauh (47 ans), est l’actuel
directeur général de l’exploitation à la
Banque des Etats de l’Afrique centrale
(BEAC) à Yaoundé. Il a été entre 2009
et 2016 directeur national de la BEAC
à Brazzaville et gouverneur suppléant
du Congo au FMI. La candidature de
ce dernier est ardemment soutenue
par Jean-Dominique Okemba, neveu
du chef de l’Etat et patron des services
de renseignement congolais. Il est au
coude à coude avec l'actuelle ministre
du plan, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-
Babackas (56 ans), qui assure l'intérim
de Calixte Nganongo depuis décembre.
Cette dernière compte pour soutiens
le ministre de l'aménagement Jean-
Jacques Bouya ainsi que le ministre
de l'économie Gilbert Ondongo.
MAURITANIE
PREMIÈRE MINI-TOURNÉE
EUROPÉENNE POUR
MOHAMED OULD GHAZOUANI
En dépit des tensions persistantes avec
son prédécesseur Mohamed Ould
Abdel Aziz, le président mauritanien
Mohamed Ould Ghazouani a démon-
tré qu'il ne courait aucun risque à sortir
plusieurs jours du pays. Il a d'abord
participé au sommet du G5 Sahel le
13 janvier à Pau, puis est resté quelques
jours à Paris où il s'est entretenu avec
Emmanuel Macron à l'Elysée dans la
matinée du 17 janvier. Dans la foulée,
le chef de l'Etat mauritanien a rejoint
Londres le 19 janvier pour participer
au UK-Africa Investment Summit. En
marge du sommet, il a rencontré Boris
Johnson lors d'un bref tête-à-tête.
Mohamed Ould Ghazouani pourrait
par ailleurs se rendre à Brazzaville le
25 janvier, à l'invitation de Denis Sas-
sou Nguesso, pour prendre part à un
sommet sur la situation en Libye, sous
réserve que ce dernier soit maintenu.
MALI
ZEÏNI MOULAYE
NOUVEAU CONSEILLER
DIPLOMATIQUE D'IBK
Le diplomate malien Zeïni Moulaye
a été nommé début janvier conseiller
spécial en charge des questions diplo-
matiques du président Ibrahim Bouba-
car Keïta (IBK). Ancien ministre, Zeïni
Moulaye était jusqu'à présent ambas-
sadeur du Mali en Arabie saoudite.
Originaire de Gao (Nord), il supervisera
plusieurs dossiers sensibles, à l'instar
du retour des Forces armées du Mali
(FAMa) à Kidal encouragé par plusieurs
capitales occidentales. Lors du huis clos
du sommet de Pau qui s'est tenu le
13 janvier, IBK s'est notamment engagé
à redéployer l'armée non seulement à
Kidal, mais aussi à Gao, Tombouctou et
Menaka. 1 400 anciens rebelles sont
actuellement formés dans des garni-
sons du sud pour y être déployés.
GUINÉE
LANSANA KOUYATÉ
REGARDE VERS 2020
Premier ministre de Guinée entre 2007
et 2008, le président du Parti de l’es-
poir pour le développement national
(PEDN), Lansana Kouyaté, prépare
activement depuis Paris sa candidature
à la présidentielle de 2020. Arrivé qua-
trième à l'élection de 2010 avec 7,75 %
des voix, il avait rallié Alpha Condé au
second tour avant de basculer dans
l'opposition en 2011. Ancien haut
fonctionnaire des Nations unies et
de la Communauté économique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao),
Lansana Kouyaté a notamment été
l'envoyé spécial de l'Organisation
internationale de la francophonie
(OIF) pour la Côte d'Ivoire au moment
de la crise de 2002. Fervent opposant
au troisième mandat d'Alpha Condé,
Lansana Kouyaté devrait rejoindre
Conakry mi-février.

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Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Côte d'Ivoire Divisions. Ce scénario tend considérable-
ment les relations au sein du RHDP, où un
front anti-Gon se dessine. Outre son "déficit
ALASSANE de charisme" et sa personnalité "réservée",
les principaux détracteurs du premier
de la défense, Hamed Bakayoko, qui devrait
faire campagne aux côtés du poulain du pré-
sident ivoirien. En retour, Hamed Bakayoko
pourrait être nommé premier ministre.

OUATTARA VEUT
FAIT TAIRE LE
FRONT ANTI-GON
Alors que la potentielle candidature
du premier ministre Amadou Gon
Coulibaly à l'élection présidentielle
ne cesse de diviser le RHDP,
Alassane Ouattara entend faire
passer son poulain en force.
"A 95%, ce sera Gon." Tel est le mantra que
récite Alassane Ouattara dès qu'il est
questionné sur le nom du futur candidat
du Rassemblement des houphouëtistes
pour la démocratie et la paix (RHDP), le
parti de la majorité, à l'élection présiden-
tielle d'octobre. Si le chef de l'Etat ivoirien,
en bon tacticien, va continuer d'entretenir
jusqu'au printemps l'hypothèse de briguer
un troisième mandat, il est en réalité bel et
bien décidé à céder son siège à son "frère"
Amadou Gon Coulibaly.
ministre évoquent désormais ouvertement
ses problèmes de santé. Amadou Gon Cou-
libaly a en effet subi ces dernières années
une lourde intervention chirurgicale, pour
laquelle il est toujours suivi. Certains cadres
de la majorité s'inquiètent ainsi de sa capa-
cité à pouvoir mener une campagne qu'ils
jugent "intense et physique", une perspective
qui préoccupe jusqu'au principal intéressé.
En dépit de ces voix dissonantes, le chef de
l'Etat ivoirien entend faire passer en force
la candidature de son premier ministre.
La présidence a financé depuis septembre
plusieurs plans de communication destinés
à rehausser le profil de Gon et prépare une
série de reportages visant à mettre en valeur
les activités de ce dernier depuis son arrivée
à la primature, il y a trois ans.
Un voyage d'Amadou Gon Coulibaly à
Washington est aussi dans les cartons. Mi-
janvier, le premier ministre a fait une tournée
de plusieurs jours aux allures de campagne
électorale dans la région de Goh, dans le
centre-ouest du pays, fief historique de Lau-
rent Gbagbo. Pour appuyer la candidature
de Gon, Ouattara mise sur son fidèle ministre
Bal des ambitieux. Plusieurs cadres du
RHDP - au premier desquels son directeur
exécutif Adama Bictogo - continuent néan-
moins de plaider pour l'organisation d'une
primaire. Un scénario qui aiguise les appé-
tits de plusieurs ministres de la majorité
présidentielle, à l'instar de Marcel Amon
Tanoh. Le ministre des affaires étrangères
tente depuis plusieurs semaines de réunir
ses soutiens en vue d'un hypothétique duel
interne au parti ( LC n°811). Ce dernier
a néanmoins été sèchement recadré fin
décembre par le président ivoirien sur ses
ambitions présidentielles.
Autre prétendant, le ministre de l’en-
seignement supérieur, Albert Toikeusse
Mabri. Issu de l’Union pour la démocratie
et la paix (UDPCI), parti allié au RHDP, il
est poussé par plusieurs de ses militants
à se lancer dans la course.
L'ensemble de ces tractations se déroule
sous le regard attentif du président du
Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio, et
du secrétaire général de la présidence,
Patrick Achi, qui se gardent jusqu'à pré-
sent de s'immiscer dans la partie.

AFRIQUE DE L'OUEST Hababou, Miclet : qui sont les parrains d'Embalo ?

Les activités de consultant
du nouveau président de
Guinée-Bissau ont doté
Umaro Sissoco Embalo d'un
solide réseau parmi les
apporteurs d'affaires les
plus actifs sur le continent.
Début janvier, c'est en compagnie
de l'homme d'affaires franco-israélien
Philippe Hababou Solomon, fami-
lier des présidences ouest-africaines,
que le nouveau président de Guinée-
Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a
rendu visite à ses homologues séné-
galais Macky Sall et congolais Denis
Sassou Nguesso. L'avion sur lequel
voyageaient les deux hommes est
l'appareil qu'affrète habituellement
Solomon pour ses trajets africains.
Au Congo, Denis Christel Sassou
Nguesso et Claudia Sassou
Nguesso, deux des enfants du chef
de l'Etat congolais, ont assisté à l'en-
tretien avec le nouveau président de
Bissau. Ce dernier a ensuite poursuivi
sa tournée au Tchad, au Maroc et au
Kenya, mais cette fois sur un avion
prêté par le Nigeria. Comme le pré-
sident nigérian Muhammadu Buhari,
Umaro Sissoco Embalo est en effet
musulman et Peul, et a misé toute
sa campagne présidentielle sur ce
double héritage.
Déjà, lorsqu'il était premier ministre
(2016-2018), Umaro Sissoco Embalo
pratiquait beaucoup le vol sur avion
affrété par des entreprises. Très
proche de l'homme d'affaires fran-
çais Richard Talbot, fondateur du
groupe de logistique Getma, devenu
Necotrans ( LC n°815), le nou-
veau chef de l'Etat bissau-guinéen
a effectué de nombreuses tournées
sur des avions loués par le groupe
français. C'est même Necotrans qui
avait financé le voyage de l'équipe
de Bissau à la Coupe d'Afrique des
nations (CAN) 2017, au Gabon. Les
footballeurs avaient voyagé sur un
avion Global Jet, la compagnie
monégasque de Mike Savary. La
facture, conséquente, est toujours
sur les livres de compte de l'agence
Necotrans Sénégal, rachetée par le
groupe Bolloré en 2018.
C'est également Richard Talbot qui
a présenté Umaro Sissoco Embalo à
une autre de ses relations, l'homme
d'affaires Vincent Miclet. Talbot et
Miclet ont été associés en Angola
au capital du terminal logistique 5M
(l'un des "M" était l'initiale de Miclet) et
sont restés en contact jusqu'à la mort
de Talbot en 2013. Depuis, Miclet,
qui vit désormais entre le Maroc et
le Venezuela, a continué à fréquen-
ter Umaro Sissoco Embalo. Dans
le quartier d'Alto Bandim, à Bissau,
l'homme d'affaires français dispose
d'une luxueuse villa. Il a également
négocié une concession près du port
pour édifier un dépôt de carburant.
Dernier relais, mais non des
moindres, du réseau continental du
nouveau président de Guinée-Bissau :
la Libye. De confession musulmane -
il arbore en permanence un keffieh
et n'hésite pas à user d'expressions
arabes -, Umaro Sissoco Embalo a
été pendant des années le poulain
du "M. Afrique" de l'ex-guide libyen
Mouammar Kadhafi, Béchir Saleh,
et a largement bénéficié de ses sub-
sides. C'est même grâce à la Libye
qu'Embalo a, littéralement, gagné
ses galons : il a introduit feu l'ex-
président de Guinée-Bissau Malam
Bacai Sanha sous la tente de Kadhafi
et a en échange été promu général
auprès du chef d’état-major Antonio
Indjai.
Les très nombreux réseaux d'af-
faires du nouveau président de
Guinée Bissau brouillent considéra-
blement son image sur place : dans
les centres urbains, sa trajectoire a
suscité la défiance et lui a valu de
moins bons résultats dans la capitale
Bissau et la province de Biombo. Mais
il a pu corriger ce handicap grâce au
soutien de la communauté musul-
mane, qui représente 40% de la
population du pays.

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Diplomatie
RDC Kabila et Tshisekedi se déchirent
sur le cas Dan Gertler
Le conseil des ministres du
10 janvier a été l'occasion d'une
violente passe d'armes autour
de l'affaire Gécamines/Dan
Gertler entre Félix Tshisekedi
et les associés de son partenaire
de coalition et prédécesseur
Joseph Kabila.
L'enquête que mène tambour battant le
parquet de Kinshasa sur les 128 millions €
prêtés par la société Fleurette Mumi à
la société nationale minière Gécamines
inquiète le Front commun pour le Congo
(FCC), le parti de l'ex-président Joseph
Kabila, désormais partenaire du gouverne-
ment de Félix Tshisekedi. Incontournable
dans les mines et le pétrole durant les deux
mandats de Kabila, l'homme d'affaires
israélien Dan Gertler est très proche de
l'ex-président et de sa famille.
Latentes depuis la plainte, cet été, de
Gertler contre la Gécamines, les tensions
entre les deux partenaires ont éclaté lors du
conseil des ministres du 10 janvier. Membre
du FCC, le vice-premier ministre en charge
de la justice Tunda Ya Kasende a demandé,
GUINÉE Abiy
Ahmed Ali joue les
médiateurs de l'UA chez Alpha Condé
Inquiet de la détermination
du président guinéen à solliciter
un troisième mandat, l'Union
africaine, en bonne intelligence
avec Washington, a dépêché
le premier ministre éthiopien
Abiy Ahmed Ali à Conakry.
Le 7 janvier au soir, ce n'est pas en
famille que le premier ministre éthiopien
Abiy Ahmed Ali a fêté le Genna, le Noël
orthodoxe éthiopien, mais à plus de 1 000
kilomètres de chez lui, à Conakry, sur la
terrasse de l'hôtel Sheraton de la capi-
tale guinéenne. La cérémonie a permis
de rompre la glace avec son hôte, le pré-
sident guinéen Alpha Condé. Abiy Ahmed,
auréolé du Prix Nobel de la paix qui lui a
été décerné en octobre dernier, était venu
tenter de le convaincre de renoncer à ses
projets de troisième mandat ( LC n°806),
et ce au nom de l'Union africaine (UA). Les
deux dirigeants ont discuté en tête-à-tête
une bonne partie de la nuit autour d'un
énorme gâteau préparé pour l'occasion.
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Premier cercle
lors de ce conseil, que la Gécamines soit
déchargée du dossier et qu'une task force
ministérielle soit chargée de régler l'affaire.
Le président Félix Tshisekedi s'est opposé à
cette solution et a insisté pour laisser le par-
quet de Kinshasa enquêter jusqu'au bout
sur le prêt et les conditions auxquelles il a
été accordé. Le président de la Gécamines,
Albert Yuma, est un fidèle de Kabila que
Tshisekedi avait déjà tenté d'affaiblir en mai
en nommant un directeur général adjoint.
A peine rejetée, la proposition d'une "task
force Gertler" a été réintroduite par Azarias
Ruberwa, le ministre de la décentralisation,
lui aussi membre du FCC, pour se voir une
nouvelle fois repoussée par Tshisekedi, qui
a mis fin aux débats avec humeur. Outre la
volonté de ne pas épargner son partenaire,
Félix Tshisekedi sait qu'il ne signera jamais
avec le Fonds monétaire international
(FMI) tant que les dossiers de l'ère Yuma
à la Gécamines ne sont pas apurés, et sin-
gulièrement ceux impliquant Dan Gertler
(‌ LC n°805). Depuis le mois de décembre,
les tensions entre le FCC et le Cap pour
le changement (CACH) de Tshisekedi se
sont multipliées.
Lui-même président de l'UA entre 2017 et
2018, Alpha Condé avait très mal pris les cri-
tiques à peine voilées formulées l'été dernier
par plusieurs dirigeants africains sur ses pro-
jets politiques intérieurs. En signe de mauvaise
humeur, le président guinéen avait accueilli
début juillet 2019 à Conakry, quelques jours
avant que ne s'ouvre le sommet annuel de
l'Union africaine à Niamey, le président de
l'Etat auto-proclamé du Somaliland, non
reconnu par l'UA.
Pour tenter de ranger son hôte à ses
arguments, Abiy Ahmed a non seulement
évoqué l'opposition de ses pairs africains
à un éventuel troisième mandat, mais éga-
lement celle des Etats-Unis. Comme l'avait
révélé La Lettre du Continent, le secrétaire
d'Etat Mike Pompeo avait très clairement
signifié à Alpha Condé, en septembre,
l'opposition de Washington à un troisième
mandat ( LC n°811).
Mais les arguments d'Abiy Ahmed se sont
heurtés au soutien inconditionnel offert par les
deux principaux alliés de Conakry, la Turquie
et la Russie, aux projets d'Alpha Condé.
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Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir
CÔTE D'IVOIRE
LAURENT GBAGBO VEUT METTRE
LE FPI EN ORDRE DE BATAILLE
A l'approche de la présidentielle d'octobre, l'ancien
président Laurent Gbagbo cherche à resserrer les
rangs du Front populaire ivoirien (FPI), en proie à de
violentes luttes intestines. Depuis début décembre, il
prépare activement le congrès du parti qui se tiendra
au mois de mai et durant lequel il devrait être investi
président de la formation. Le 5 janvier, lors d'un dîner
avec Pascal Affi N'Guessan, ce dernier a consenti à
troquer son siège de président du FPI contre celui de
vice-président ( LC n°813). Après un froid glacial
avec sa première épouse Simone Gbagbo ( LC
n°809), Laurent Gbagbo cherche par ailleurs à norma-
liser ses relations avec cette dernière. Il tente de négo-
cier depuis plusieurs semaines un divorce à l'amiable.
Simone Gbagbo conditionne ce dernier au poste de
présidente du FPI. Une option inenvisageable pour
l'ex-chef de l'Etat, qui serait disposé à lui offrir un poste
de vice-présidente du parti. Depuis le début du mois de
décembre, Laurent Gbagbo confie à l'ensemble de son
cercle proche qu'il sera bel et bien le candidat du FPI
au scrutin d'octobre, en dépit des menaces judiciaires
qui continuent de peser sur lui ( LC n°815). Pour
resserrer ses troupes, l'ancien président a missionné
son fidèle conseiller et ami Ahoua Don Mello lors d'un
tête-à-tête, le 3 décembre à Bruxelles. Ce dernier est
notamment chargé d'élaborer un plan pour la "recon-
quête du pouvoir" ( LC n°798).
AFRIQUE
LES "FRÈRES"
SE RÉUNISSENT À COTONOU
Plusieurs centaines de francs-maçons d’Afrique,
d’Europe et d’Amérique sont attendus à Cotonou à
l’occasion de la 28e édition des Rencontres huma-
nistes et fraternelles africaines et malgaches
(Rehfram), prévue les 7 et 8 février. Les travaux se
tiendront à huis clos au Palais des congrès, en bor-
dure d’océan, autour du thème "Comment repenser
l’éducation pour garantir la liberté aux générations
futures". La veille, une conférence se tiendra sur
l’initiation égyptienne "d’hier à d’aujourd’hui" ainsi
que sur les rites vaudous, dont le Bénin est le ber-
ceau. Elle sera animée par l’égyptologue congolais
Théophile Obenga, disciple de Cheikh Anta Diop,
et l’universitaire et ministre de l'enseignement
secondaire béninois Mahougnon Kakpo.
FRANCE / CÔTE D'IVOIRE
ABIDJAN RÉNOVE LE CHÂTEAU
D'HOUPHOUËT À VILLEPINTE
Après les travaux de réhabilitation de l’hôtel de
Beaumont, dans le 7e arrondissement parisien, le
gouvernement ivoirien vient d’entamer la rénovation
du château de la Citole, dans la banlieue nord de Paris,
où résida de 1950 à 1955 le futur président de la Côte
d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny. Propriété de la ville
de Villepinte, cette belle demeure du XVIIe siècle tom-
bée en ruines a été cédée en juillet 2019 à l’Etat ivoirien
pour 700 000 €. Abidjan s'était engagé auprès de la
municipalité à réhabiliter le château "à l’identique"
dans un délai de quatre ans. Le bâtiment devrait être
rebaptisé La Maison de la Côte d’Ivoire en France.
22 JANVIER 2020 - Nº816

Diplomatie
CÔTE D'IVOIRE Fury Road à Akwaba
Il aura suffi de quelques lignes dans la der-
nière édition de La Lettre du Continent pour
faire déflagrer les tensions qui s'accumulaient
depuis plusieurs mois entre la diplomatie
française et l'agence publique Ageroute sur le
rond-point d'Akwaba ("bienvenue" en baoulé).
Tout part d'un crédit de 400 millions $
approuvé en juin 2018 par la Banque mon-
diale (et non l'agence japonaise JICA, comme
l'a écrit par erreur La Lettre du Continent).
Le projet, baptisé "Greater Abidjan Port City
Integration", prévoit entre autres de financer
la construction d'une rampe enjambant le
rond-point d'Akwaba, systématiquement
engorgé. L'Ageroute hérite du dossier et fait
concevoir une rampe par des ingénieurs.
Problème : celle-ci est trop haute et offre
AFRIQUE DE L'OUEST Les djihadistes campent
sur la frontière Bénin/Burkina
Plusieurs capitales ouest-africaines s'in-
quiètent ouvertement des risques de sanctua-
risation de groupes djihadistes dans le parc du
W, une réserve de biosphère transfrontalière
de près d’un million d’hectares répartie entre
le Niger, le Burkina Faso et le Bénin. Dans une
note dont La Lettre du Continent a pris connais-
sance, le renseignement béninois indique en
effet que l'aire burkinabè du parc serait depuis
plusieurs semaines sous le contrôle de djiha-
distes, qui en auraient fait une base arrière.
En mai 2019 déjà, deux Français avaient été
enlevés dans le parc de la Pendjari, l’autre
CAMEROUNBiya fait tomber une pluie
diplomatique sur la CAN 2021
Officiellement, c'est la saison des pluies qui
justifie que la Coupe d'Afrique des nations
de football (CAN) ait été avancée de juin à
janvier 2021. Mais en réalité, les négociations
à huis clos entre le Malgache Ahmad Ahmad,
qui préside depuis 2017 la Confédération
africaine de football (CAF), et le secrétaire
général de la présidence camerounaise
Ferdinand Ngoh Ngoh ont porté sur des
enjeux bien plus larges que la météo. La CAF
avait en effet un problème majeur : la CAN
2021 tombait le même mois que la nouvelle
formule de la Coupe du monde des clubs de
la FIFA, et l'organisation du football africain
devait à tout prix convaincre Yaoundé d'avan-
cer la CAN d'environ six mois. Une gageure
car le Cameroun, qui s'est déjà vu privé de
la CAN 2019 pour impréparation, n'allait pas
Tous les articles depuis 1992 sur AfricaIntelligence.fr
Premier cercle
un point de vue imprenable sur la base des
Forces françaises en Côte d'Ivoire.
Au printemps 2019, la diplomatie française
se fend donc d'un courrier offensif pour signa-
ler le problème aux autorités ivoiriennes.
L'initiative est très mal reçue par l'Ageroute,
qui met ouvertement en question la pos-
sibilité pour la France de s'immiscer dans
un chantier de travaux publics. S'ensuit une
longue négociation pour aménager les droits
fonciers que confère l'accord signé en 2012
entre l'armée française et la Côte d'Ivoire,
négociation finalisée lors du passage de la
ministre des armées Florence Parly à Abidjan,
le 22 décembre. L'Ageroute a repris le dessin
de sa rampe, qui sera plus éloignée de la base
et moins haute.
grande réserve naturelle servant de fron-
tière entre le Bénin et le Burkina. Leur guide
béninois avait été tué et les otages libérés
quelques jours plus tard au Burkina ( LC
n°800). Face au risque croissant de contagion
djihadiste aux pays côtiers, un sommet de
la Communauté économique des Etats
d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s'était tenu
le 14 septembre à Ouagadougou. Durant le
sommet, les chefs d'Etat avaient notamment
évoqué la mise en place d'un mécanisme
de coopération sécuritaire pour tenter de
contenir la menace djihadiste.
renoncer de bonne grâce à cinq mois de tra-
vaux supplémentaires pour achever les routes
et les hôtels nécessaires au championnat. Ce
d'autant plus que le nombre total des équipes
est passé de 16 à 24…
Au final, c'est le président Paul Biya lui-même
qui a pesé pour que ses conseillers acceptent
toutes les conditions de la CAN, et il assume
même publiquement la responsabilité du chan-
gement de date, opportunément attribué à la
météo. Motif : malgré ses 38 ans de règne, le
chef de l'Etat camerounais n'a jamais présidé
de CAN à domicile, ce alors que l'équipe des
Lions indomptables a remporté cinq fois le
trophée. La dernière édition de la Coupe à
s'être tenue au Cameroun était celle de 1972 :
Paul Biya n'était alors que secrétaire général de
la présidence sous l'égide Ahmadou Ahidjo.
5/8
Exemplaire destiné exclusivement à Daniel KOUADIO - Abonné n°AA040961
Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir
Case à devinettes
VISITE
Quel dossier brûlant devrait être évoqué
par le secrétaire d'Etat américain Mike
Pompeo avec Félix Tshisekedi lors de
sa visite à Kinshasa, fin février ?
PRIME DE RISQUE
Pourquoi Richard Adou, le procureur de la
République près du tribunal de première
instance d’Abidjan-Plateau, et deux magistrats
bien au fait des dossiers politico-judiciaires ont-
ils négocié en vain une "prime de risque" auprès
de Sansan Kambilé, le ministre de la justice ?
HÔTEL
Quel groupe de BTP français lorgne
l'hypothétique projet de construction d'un
hôtel Hyatt sur la corniche de Dakar ?
PARKING DE LUXE
Alors que Malabo menace de fermer son
ambassade en France dans le cadre de l'affaire
des Biens mal acquis, de quelle couleur est le
nouveau bolide Pagani Huayra Roadster que
vient de s'offrir Teodorin Obiang Nguema ?
DISCRÉTION
Que faisait à N'Djamena Michel
Djotodia le 21 janvier ?
CENTRAFRIQUE
UN AN APRÈS, L'ACCORD
DE KHARTOUM PLUS
QUE JAMAIS MIS À MAL
Alors que le secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis aux
affaires africaines Tibor Nagy était à Bangui du 19 au
21 janvier, il a longuement fait part à Faustin Archange
Touadéra de sa préoccupation quant au non-respect
de l'accord de Khartoum signé le 6 février 2019 par
plusieurs groupes armés. Depuis trois mois, les heurts
entre ces derniers se sont multipliés et leur zone
d'action s'est étendue, en violation de l'accord. C'est
notamment cas de l'Union pour la paix en
Centrafrique (UPC), dirigée par le chef rebelle Ali
Darassa, ex-Séléka, dont les hommes mènent régu-
lièrement des incursions armées non loin des secteurs
sous contrôle des anti-Balaka sur la frontière sud-
soudanaise. Prévue dans le cadre de l'accord de
Khartoum, la mise en place de brigades mixtes entre
anciens membres des groupes armés et des Forces
armées centrafricaines (FACA) pour sécuriser cer-
taines zones s'avère particulièrement complexe et
sujette à de vives tensions. Alors que l'élection prési-
dentielle doit se tenir en décembre prochain, l'instabi-
lité croissante dans le pays inquiète l'ensemble des
chancelleries occidentales à Bangui. Faustin Archange
Touadéra, qui entend briguer un second mandat, est
plus que jamais isolé, alors qu'une coalition politique
emmenée par Karim Meckassoua et l'ancien pré-
sident François Bozizé est en préparation. Bozizé
demeure très populaire auprès des militaires centrafri-
cains, majoritairement issus de son ethnie Mgbaya.
22 JANVIER 2020 - Nº816
 Exemplaire destiné exclusivement à Daniel KOUADIO - Abonné n°AA040961
Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Côte d'Ivoire Retour. Sur les docks du port d'Abidjan, Toa
Corp se retrouve à quelques encablures de
son rival chinois de la China Harbour Engi-
TOKYO VEUT neering Co (CHEC), attributaire du contrat
d’extension du port d’Abidjan en 2015. Depuis
REVENIR SUR plus de six ans, Toa prospectait activement à
du 20 au 30 août 2019, le premier ministre
nippon Shinzo Abe avait évoqué la mise en
place de crédits supplémentaires pour sou-
tenir les opérateurs japonais en Afrique. Pour
avancer ses pions, Tokyo entend ainsi mettre
à contribution sa principale agence de coo-

LES BORDS DE Abidjan pour tenter de s'adosser à plusieurs

LA LAGUNE ÉBRIÉ
Face à la percée des intérêts
chinois en Côte d'Ivoire, Tokyo
cherche à positionner ses
entreprises sur plusieurs projets
d'envergure et use de son agence
de développement JICA et de la
banque JBIC.
Le 16 janvier, le groupe japonais Toa
Corp a fait son entrée sur le port d’Abi-
djan où il doit construire un nouveau
terminal céréalier. Estimés à près de
59,9 milliards F CFA (91 millions €), les
travaux sont directement financés par
la JICA (Agence japonaise de coopéra-
tion internationale).
projets d'infrastructures. Pour pousser ses
intérêts, le groupe originaire de la préfecture
d'Hyogo s'appuyait jusqu'à son départ de
la primature, en 2017, sur Daniel Kablan
Duncan, actuel vice-président.
Le remplacement de ce dernier par Ama-
dou Gon Coulibaly, réputé proche de Pékin, a
considérablement freiné les projets de Tokyo
dans le pays. Plusieurs groupes avaient même
quitté le pays, à l'instar du conglomérat Mit-
sui. Le géant tokyoïte dirigé par Tatsuo Yasu-
naga avait plié bagage fin 2018 après une
prospection infructueuse de plusieurs mois et
alors même qu'il avait fait de la Côte d'Ivoire
sa priorité ouest-africaine. Mitsui est déjà
bien implanté en Afrique de l'Est, où il opère
notamment en Ouganda et au Mozambique.
Crédits japonais. Lors de la Conférence inter-
nationale de Tokyo sur le développement de
l'Afrique (Ticad), qui s'est tenue à Yokohama
pération internationale, la JICA, ainsi que la
Japan Bank for International Cooperation
(JBIC). Cette dernière doit notamment déjà
financer les travaux d'aménagement pour
l'expansion du port de Namibe, dans le sud
de l'Angola, estimés à près de 650 millions $
et réalisés par le groupe Toyota Tsusho.
A Abidjan, la JICA a quant à elle financé,
en 2016, la construction de l'échangeur de
l’amitié ivoiro-japonaise sur le boulevard
Valéry-Giscard-d’Estaing, entre les quar-
tiers de Treichville et Marcory. Inauguré le
16 décembre 2019 par Alassane Ouattara et
l'ambassadeur japonais à Abidjan Yoshifumi
Okamura, le projet avait été réalisé en étroite
collaboration avec l’Agence de gestion des
routes et le cabinet d'ingénierie français
Prodetis. Symbole du rapprochement entre
Abidjan et Tokyo, le président ivoirien s'est
rendu en octobre en personne à la cérémo-
nie d'intronisation du nouvel empereur du
Japon, Naruhito.

Business
GABON
NOUREDDIN BONGO
RESSERRE LES LIENS
AVEC L'AFC
Financier fidèle des zones écono-
miques spéciales au Gabon, au
premier rang desquelles celle opé-
rée par Olam à Owendo, la banque
panafricaine Africa Finance Corp
(AFC) s'apprête à devenir un parte-
naire du gouvernement gabonais. Sur
instruction écrite du 29 décembre du
nouveau coordinateur général de la
présidence Noureddin Bongo, le
directeur de la Société équatoriale
des mines a en effet reçu ordre de
signer "avant le 10 janvier" un par-
tenariat avec l'AFC pour financer la
réalisation d'une carte géologique
complète du pays qui puisse être
disponible "avant avril 2020". Fils du
président Ali Bongo, Noureddin Bongo
est également l'ancien numéro deux
d'Olam Gabon, premier bénéficiaire
des 240 millions $ investis depuis 2016
dans le développement des zones éco-
nomiques spéciales au Gabon ( AMI
n°452). L'AFC est également action-
naire de Nouvelle Gabon Mining
(NGM), un producteur de manganèse
dont la production est évacuée via le
terminal minéralier d'Olam à Owendo.
CÔTE D'IVOIRE
CELPAID EN QUÊTE
D'INVESTISSEURS
Ayant perdu plusieurs marchés d'enver-
gure au bénéfice des grands opéra-
teurs téléphoniques actifs dans le pays,
la société de paiement mobile Celpaid
Finances, fondée par le ministre de
l’économie numérique Mamadou
Sanogo, cherche des investisseurs
pour se recapitaliser. Celpaid a long-
temps prospéré sur des contrats avec
les ministères et les agences publiques :
la société a notamment opéré pour le
compte du ministère de l’éducation le
système d'inscription à distance des
élèves de Côte d’Ivoire. Mais, bien que
baron du parti présidentiel
Rassemblement des houphouëtistes
pour la démocratie et la paix (RHDP),
Mamadou Sanogo n'a pu empêcher
l'ouverture des marchés de paiement
par mobile envers l'administration
ivoirienne aux grands opérateurs télé-
coms Orange, MTN et Moov. Et
Celpaid a perdu plusieurs de ses
contrats au bénéfice de ces sociétés.
SÉNÉGAL
MADANI TALL, PROMOTEUR
D'ONU CITY À DAKAR
C'est Envol immobilier, la société
co-fondée par le Malien Madani
Tall, ex-directeur des opérations
de la Banque mondiale en Afrique
de l’Ouest de 2008 à 2013, qui va
mener le chantier de la Maison des
Nations unies voulue par le président
Macky Sall dans la ville nouvelle de
Diamniadio, à proximité de l'aéro-
port de Dakar. Ce mégaprojet vise
à centraliser toutes les agences des
Nations unies établies au Sénégal,
notamment les représentations
régionales de l'Organisation des
Nations unies pour l’alimentation
et l’agriculture (FAP), du Haut-
Commissariat aux réfugiés (HCR), de
l'Organisation internationale pour
les migrations (OIM) et de l'Office
des Nations unies contre la drogue
et le crime (ONUDC). Très introduit
dans les présidences africaines dont
il a été l'interlocuteur pendant cinq
ans, Madani Tall mène également
le contrat de construction de l'Uni-
versité de San Pedro, dans la ville
ivoirienne éponyme ( LC n°784).
CONGO
SKYTIC TELECOM ET MAMBS
SERVICES VICTIMES DE
LA GUERRE DES CHEFS
L'incident survenu le 16 janvier sur
le câble sous-marin West African
Communication System a privé le
Congo d'Internet, le réseau de
secours Central African Backbone
construit par Huawei n'ayant jamais
réussi à prendre le relais. Skytic
Telecom et Mambs Services, les
deux sociétés chargées de l'entre-
tien du réseau de secours, n'ont en
effet pas été payées. Un pataquès
qui trouve sa source dans la bataille
de leadership qui oppose l'actuel
ministre des télécoms Léon Juste
Ibombo à son prédécesseur, Thierry
Lézin Moungalla. Le premier, pro-
tégé du colonel Edgar Nguesso,
neveu du président Denis Sassou
Nguesso et DG du domaine prési-
dentiel, s'attache notamment à détri-
coter les initiatives de l'ancien
ministre, dont le parrain au sein du
régime n’est autre que Denis Chris-
tel Sassou Nguesso, fils du pré-
sident, successeur putatif et député
d’Oyo, le fief présidentiel.

Tous les articles depuis 1992 sur AfricaIntelligence.fr 6/8 22 JANVIER 2020 - Nº816

Diplomatie
GABON L'enquête Scorpion se penche
sur la dette intérieure
L'opération anti-corruption
Scorpion a ouvert le dossier
sensible des mécanismes qui
permettaient aux entreprises
bien introduites d'obtenir le
remboursement de leurs
créances sur l'Etat.
Plusieurs fonctionnaires arrêtés et incarcé-
rés dans le cadre de la très médiatique opé-
ration anti-corruption Scorpion ( LC n°813)
ont été interrogés par les gendarmes de la
Direction générale des recherches (DGR)
sur un dossier bien moins médiatique, mais
potentiellement explosif : les mécanismes de
remboursement de la dette intérieure. L'Etat
gabonais totalise des impayés colossaux vis-
à-vis de ses fournisseurs locaux et s'est attelé
en 2018, sous la pression du Fonds monétaire
Premier cercle
international (FMI), à apurer cette dette en
créant une structure de négociation avec le
patronat local appelée Club de Libreville.
Les enquêteurs de la DGR cherchent à établir
si les remboursements de créance n'étaient
pas attribués en priorité aux entreprises qui
s'acquittaient d'un paiement sur un compte
contrôlé par une poignée de fonctionnaires.
Le remboursement des créances de TVA
sur le trésor gabonais accumulées par les
industriels actifs dans le pays ( AEI n°827
et AEI n°828) avait déjà, l'an dernier,
donné lieu à des montages acrobatiques.
Les opérateurs avaient été remboursés de
leurs avances de TVA, qui totalisaient plu-
sieurs milliards de F CFA, sur un compte hors
du pays alimenté par les traders qui
revendent les parts de l'Etat gabonais dans
la production nationale.
Exemplaire destiné exclusivement à Daniel KOUADIO - Abonné n°AA040961
Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir
Décideurs
SÉNÉGAL QUI SONT LES
ASSOCIÉS D'AKON POUR LANCER
SA CRYPTOMONNAIE ?
Le chanteur américano-sénégalais Akon s'est
entouré d'un board américain pour lancer son
projet ultramédiatisé Akoin, qui ambitionne
de devenir la plus importante cryptomonnaie
panafricaine. A sa tête figure le producteur
américain Jon Karas. Le board est complété
par Ryan Scott et Lynn Liss - co-fondateurs de
l'entreprise de conseil sur la blockchain ICO
Impact Group -, qui sont respectivement CEO
et COO. Quant à Akon, il est "chef visionnaire"
du projet. Né Alioune Badara Thiam, le
rappeur est le seul de la direction à avoir un
réseau en Afrique. Proche de Macky Sall, il a
signé un bail le 7 janvier avec le ministre du
tourisme Alioune Sarr qui lui donne accès
à 800 ha au sud de Dakar. Akon souhaite y
construire sa propre ville, Akon City, où les
échanges se feraient grâce à sa cryptomonnaie.
Dans ce secteur, Luno, créé en Afrique du Sud,
qui revendique plus de 3 millions de clients, ou
encore BitPesa, lancé au Kenya et présent en
Afrique de l'Est, sont déjà actifs sur le continent.

CÔTE D’IVOIRE LA GRANDE

ANGOLA/RDC Cremonini, discret géant
italien de l'agroalimentaire
L'entreprise familiale Cremonini
de Modène est l'un des
principaux distributeurs de
viande en Afrique centrale.
Le président congolais Félix Tshisekedi
aura vu plus de prélats que d'entrepreneurs
lors de son séjour à Rome en début de
semaine ( LC n°814), mais il a tout de
même fait une exception pour les dirigeants
du très discret groupe de la famille
Cremonini, dont la filiale Inalca est l'un
des principaux opérateurs agroalimentaires
en Afrique centrale.
Le groupe dispose de quatre plateformes
de distribution en Angola et en RDC et a
dépensé en 2017 près de 7 millions € pour
acquérir un terrain à Luanda, où Inalca
construit depuis deux ans un gigantesque
entrepôt frigorifique. Ce centre vise à s'im-
poser comme le principal débouché des
éleveurs de bétail angolais, ce à un moment
où le président João Lourenço veut déve-
lopper l'agriculture et l'élevage pour com-
penser la baisse des revenus du pétrole.
Cremonini a d'ores et déjà des liens avec
le gouvernement local : ces dernières
années, le groupe a investi ses bénéfices
en kwanza, difficiles à rapatrier, dans des
obligations émises par les autorités de
Luanda. En 2017, le groupe familial en déte-
nait pour 11 millions €.
BRADERIE DE VAMSY GOMA,
PETIT-FILS DE SASSOU NGUESSO
La société de VTC Africab fondée par Vamsy
Goma, le petit-fils du président congolais Denis
Sassou Nguesso, a mis fin à ses activités
en Côte d'Ivoire début janvier. Pour solder
ses dettes, la société a organisé une grande
braderie mi-janvier à Abidjan pour vendre aux
enchères l'ensemble de son parc automobile.
Vamsy Goma aura tout tenté pour redresser
Africab, surendetté, qui n'était plus en mesure
de payer son personnel et ses fournisseurs
depuis plusieurs mois en dépit du soutien de
Claudia Sassou Nguesso. Vamsy Goma, qui
se tient loin d'Abidjan depuis plusieurs mois, a
décidé de s’installer à Kinshasa, en RDC. Son
épouse est en revanche restée dans cette
ville, où elle dirige l'agence de communication
Advertising & Digital for Africa (ADA), en
contrat avec le ministère des transports ivoiriens.

Business
AFRIQUE DE L'OUEST
GREAT MINDS, NOUVEL
ORGANISATEUR DUBAÏOTE
DE FORUMS AFRICAINS
Agence d'événementiel et de commu-
nication établie à Dubaï, Great Minds
Event Management (GM) a participé
à l'organisation de l'Africa Maritime
Security Forum, qui s'est tenu à Dakar
du 20 au 22 janvier. L'événement, qui
réunit des représentants des princi-
pales marines africaines, est organisé
en partenariat avec plusieurs groupes
du secteur de la défense à l'instar de
MBDA, Israel Shipyards, ou encore
du contructeur d'embarcations turc
TAIS. Depuis un an, GM prospecte
en Afrique de l'Ouest, où il avait déjà
participé à l'organisation du forum
Future Banking Tech West Africa, en
avril à Lagos. En juillet, il avait aussi
travaillé avec l'International Maritime
Defence Exhibition and Conference
(IMDEC) qui s'est tenue à Accra les 24
et 25 juillet. Le 16 janvier, Abou Dhabi
a par ailleurs livré par vol cargo sept
blindés de type Typhoon Kamaz aux
Forces armées maliennes (FAMa).
dans le cadre d'un don émirati de
30 véhicules.
TURQUIE/CÔTE D'IVOIRE
LES DÉBOIRES DE ZANGABA
MÜHENDISLIK À SAN PEDRO
L'offre du groupe turc Zangaba
Mühendislik sur les travaux de réa-
ménagement de la voie principale du
port de San Pedro (sud-ouest) a été reto-
quée fin janvier. Sur ce dossier, Zangaba
Mühendislik était notamment associé au
groupe ivoirien EKDS Nouvelle fondé
par l’homme d’affaires Koné Daouda
Soukpafolo, proche du premier
ministre Amadou Gon Coulibaly. L’offre
du consortium, fixée à 9 milliards F CFA
(14 millions €), a été jugée trop coûteuse
par la commission d'appel d'offres. Le
marché a finalement été remporté par
le groupe STBC Holding avec une offre
à 7,8 milliards F CFA (11 millions €). Parmi
les autres candidats figuraient Colas
Gabon et le groupe tunisien Soroubat.

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Diplomatie
Côte d'Ivoire
INZA FOFANA
À LA TÊTE DES
TROUPES DE CHOC
DE OUATTARA
Depuis plusieurs mois, l’Unité de lutte
contre le grand banditisme (ULGB)
commandée par le colonel Inza Fofana
et basée à Sebroko, l’ex-quartier géné-
ral des Nations unies, s'affirme comme
le principal vecteur d'action de la pré-
sidence pour les opérations les plus
sensibles. Ainsi, ce sont les hommes de
l’ULGB, appuyés par des éléments du
Centre de commandement des déci-
SÉNÉGAL Amadou Hott, VRP de Dakar
à Londres
Le ministre de l'économie et du plan
sénégalais Amadou Hott a profité de sa
présence à Londres, où il accompagnait
le chef de l'Etat Macky Sall au UK-Africa
Investment Summit, pour rencontrer le
PDG de la Standard Chartered Bank,
Saif Malik. La banque britannique
cherche à s'adosser à plusieurs projets
d'infrastructures au Sénégal. Elle est
déjà liée avec l'Etat sénégalais via un
BURKINA FASO Mahamadou
emmène Kaboré à Pau
C'est à bord d'un jet Falcon 8X
appartenant à la société d'aviation
Liza Transport International (LTI)
de l'homme d'affaires Mahamadou
Bonkoungou que Roch Marc Christian
Kaboré s'est rendu au sommet du G5
Sahel à Pau, le 13 janvier. Proche du
président burkinabè, Mahamadou
Bonkoungou met régulièrement à sa
disposition plusieurs de ses appareils
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Premier cercle Réseaux d’affaires
sions opérationnelles (CCDO) et de
la Force de recherche et d’assistance
de police (FRAP), qui ont mené l’opé-
ration contre les députés proches de
Guillaume Soro le 23 décembre, jour
où l'ancien président de l'Assemblée
nationale aurait dû rentrer en Côte
d'Ivoire ( LC n°814).
A la tête de l’ULGB, Inza Fofana,
surnommé "Gruman" et issu des
rangs de la rébellion nordiste ( LC
n°795), forme un duo avec le colonel
Zakaria Koné. L'ULGB échappe tota-
lement au contrôle du ministre de la
défense Hamed Bakayoko et du chef
d’état-major des armées, le général Las-
sina Doumbia (une indépendance visible
à l'œil nu puisque le siège de l’ULGB est
situé immédiatement en face des bâti-
ments de l'état-major). Les commandants
de l'unité prennent directement leurs
ordres à la présidence ivoirienne.
accord de financement de 238 millions €
pour la construction du stade olympique
de Diamniadio. Les travaux, qui seront
lancés le 20 février, doivent s'étendre
sur dix-sept mois. Ancien vice-président
de la Banque africaine de développe-
ment (BAD), Amadou Hott a un temps
travaillé à Londres pour le compte de la
Société générale, au début des années
2000.
Bonkoungou
pour les déplacements internationaux
de Kaboré. L'homme d'affaires fait
gracieusement voler plusieurs chefs
d'Etat ouest-africains à l'instar d'Al-
pha Condé, Faure Gnassingbé ou
encore Patrice Talon (voir l'enquête
Africa Intelligence du 06/05/19 ).
En échange, Mahamadou Bonkoungou
cherche à obtenir d'importants chan-
tiers pour son groupe de BTP Ebomaf.
LA LETTRE DU CONTINENT est une publication d'Africa Intelligence, un portail édité par Indigo
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Hommes de pouvoir
LA CHAÎNE DE COMMANDEMENT DE L'ULGB
BIRAHIMA TÉNÉ OUATTARA
Souvent surnommé "Photocopie", Birahima
Téné Ouattara, le frère cadet du chef de
l’Etat et ministre des affaires présidentielles,
est celui qui transmet les directives
présidentielles à l'ULGB. Homme des affaires
réservées, Birahima Téné Ouattara supervise
également la sécurité de son frère aîné.
ISSIAKA OUATTARA
Décédé aux Etats-Unis début janvier, le sous-
chef d’état-major Issiaka Ouattara, ancien
comzones, a longtemps été le principal
rival du colonel Inza Fofana au sein de
la petite communauté ultra-concurrentielle
des forces spéciales ivoiriennes. Fofana
avait succédé en juillet 2014 à Issiaka
Ouattara, alias "Wattao", à la tête du
Centre de commandement des décisions
opérationnelles, l'unité d'intervention
mixte créée en 2013 à l'initiative du
ministre de la défense Hamed Bakayoko.
GUINÉE Moustapha
Naïte, carte jeune
d'Alpha Condé
Le président guinéen Alpha Condé vient de confier
plusieurs dossiers stratégiques au ministre des tra-
vaux publics Moustapha Naïte (43 ans). Ingénieur
de formation et diplômé de l'université américaine
de Northeastern, il est notamment chargé de piloter
les travaux de construction de la route dorsale de
plus de 550 km qui doit partir de Conakry jusqu'à la
frontière malienne. Cette dernière est réalisée dans
le cadre d'un partenariat public-privé (PPP) avec le
fonds d'investissement nigérian dirigé par Samaila
Zubairu, Africa Finance Corp (AFC), qui avait obtenu
fin 2018 une facilité de crédit de 300 millions $ de
l'Exim Bank of China. Le projet doit permettre de
désengorger la capitale guinéenne et d'offrir un
accès direct du port de Conakry vers le Sahel. Pour
venir concurrencer les ports voisins d'Abidjan et
de Dakar, Moustapha Naïte vient par ailleurs de
solliciter une étude de faisabilité pour la construction
d'une route du littoral qui partira du port de Conakry
pour rejoindre la nouvelle dorsale. Ces deux projets
devraient voir le jour à l'horizon 2025. Ministre des
travaux publics depuis mai 2018, Moustapha Naïte
avait été ministre de la jeunesse de 2014 à 2018. A
ce poste, il avait activement participé à la campagne
présidentielle d'Alpha Condé de 2015.
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22 JANVIER 2020 - Nº816

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