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ISBN : 978-2-3260-6090-6
Vision d’avenir
Remerciements
Quelques mots sur les auteurs
Notes
Index
Chapitre 1
L’adaptabilité totale
Depuis des décennies, nous, les auteurs, affirmons avec force que, si
les perturbations économiques ont été aussi douloureuses, c’est bien
parce que les responsables n’ont pas réussi à adapter leurs
stratégies et leurs méthodes de travail aux exigences hors norme de
bouleversements qui s’enchaînaient à un rythme effréné. De notre
côté, nous avons conçu et développé, à travers le monde, des
centaines de programmes d’implication destinés aux équipes
managériales, coachant les cadres afin qu’ils exploitent les
innovations et les technologies exponentielles pour nous construire
un avenir meilleur. Par expérience, c’est toujours une gageure de les
convaincre que leur mode de fonctionnement, englué dans le passé,
est terriblement inadapté au futur qui les attend. En quelques
décennies, les compétences requises pour gérer une équipe n’ont
cessé d’évoluer, et il est temps d’admettre combien il est utile de
suivre ces tendances. Le mode de travail classique ne fonctionne
plus depuis longtemps, mais nous nous sommes cramponnés à nos
habitudes, comme si nous étions suspendus du bout des ongles au-
dessus d’un ravin.
Et soudain, en 2020, le monde entier a été frappé par une crise
d’une violence que peu d’entre nous auraient pu imaginer.
Augmenter d’un cran notre adaptabilité professionnelle est devenu
une nécessité cruelle, et non plus simplement la marque des
meilleurs. D’un seul coup, toutes les pratiques que nous, Keith
Ferrazzi et Kian Gohar, conseillions depuis des années aux managers
sont passées d’optionnelles à franchement vitales. En une année,
l’adversité a transformé davantage notre vision de l’entreprise qu’on
ne l’avait jusque-là observé en plusieurs décennies. Tout le monde
s’est trouvé confronté à un drôle de nouveau monde du travail, un
laboratoire gigantesque à mille et un égards, quelque chose qui nous
offrait une toile vierge sur laquelle on pouvait réinventer sa façon de
travailler, de mener ses expérimentations et son choix d’invités dans
les conversations.
Selon nous, une conjoncture très favorable s’est dessinée et nous
étions tout excités d’entendre quantité de gens confier à quel point
la crise leur avait permis de tirer le meilleur de leurs équipes et
d’euxmêmes. « Ça, nous savons le faire, s’est félicitée Cathy Clegg,
responsable des initiatives de transformation chez General Motors.
C’est là que GM brille véritablement. » Comme elle, d’autres –
lorsqu’ils ont été contraints d’improviser – ont relevé le défi avec un
niveau inédit de ténacité, d’innovation et de ce qu’on appelle le
savoir-être du leadership : humilité et vulnérabilité. On nous a
accordé la permission d’explorer sans limites, de même qu’au
Burning Man, on peut se sentir libre de rouler à vélo en pleine nuit
sur les étendues immenses et non balisées du désert.
Au moment où les responsables ont dû mettre la paperasserie de
côté et déléguer davantage les prises de décision, les résultats sont
arrivés à une vitesse encore jamais vue. Immédiatement, les
entreprises ont réagi en instaurant une collaboration plus intense et
une communication plus aboutie. Les employés étaient plus francs
entre eux, plus directs, car, urgence oblige, toute velléité d’évitement
du conflit et de communication passive-agressive était proscrite. Les
gens sont aussi devenus plus généreux. Ils sont sortis de leur bulle.
Parce qu’ils se souciaient réellement des autres, plutôt que de dire
que ce n’était pas leur problème, ils ont proposé leur aide. La crise a
permis aux équipes de passer à l’action. Et elle les a fait progresser.
Aux quatre coins de la planète, les grosses entreprises autant que
les PME ont été amenées à découvrir de nouveaux process, de
nouveaux marchés et de nouveaux business models, qui se sont
révélés être des sources durables de compétitivité. À Londres, des
restaurants étoilés au guide Michelin se sont lancés dans la livraison
à domicile et les box prêtes à cuisiner3. Stagekings, fabricant
australien de décors de théâtre, a bifurqué vers la création d’espaces
de bureau à domicile sous la marque IsoKing – et a même envisagé
de s’implanter en Europe4. Le négociant en épices Diaspora Co.,
bloqué par le confinement de ses fournisseurs en Inde, a préservé
sa trésorerie grâce à un système de précommandes et vu ses ventes
bondir de 35 %5. À Taïwan, où les compagnies aériennes privées de
passagers se sont rabattues sur l’acheminement de marchandises,
China Airlines a eu la bonne surprise de réaliser un excellent
deuxième trimestre6. Malgré un contexte professionnel des plus
perturbés, les entreprises se sont rendu compte qu’à condition de
déchiffrer le code de l’adaptabilité totale et d’en maîtriser les
rouages, elles pouvaient très bien s’en sortir.
En même temps, la crise a stressé et usé beaucoup de monde.
Les heures de travail étaient longues et, parce qu’ils avaient été
improvisés en catastrophe, les systèmes de fortune ont connu leur
lot de défaillances. Loin de bénéficier d’un soutien digne de ce nom
pour s’adapter aux nouvelles conditions de travail, bon nombre
d’entreprises se sont contentées de « s’adapter à la crise ». Sans les
bons outils ni le bon encadrement, certaines se sont senties
débordées, en situation d’échec. Beaucoup de gens ont eu du mal à
voir la magie, le vaste champ des possibles engendré par les
circonstances. Eux voulaient que tout s’arrête. Ils n’avaient qu’une
envie : revenir à leur poste.
Cet état d’esprit m’a frappé avec un sentiment d’urgence proche
de l’affolement. Et si le nouveau monde du travail était
définitivement plombé par son association avec la Covid ? Et si, en
raison de la puissance folle des traditions et de l’inertie, les
mauvaises habitudes reprenaient leurs droits dès la fin de la
pandémie ? Les crises sont si exténuantes qu’il est normal de vouloir
retrouver un confort familier. Toutefois, si on devait en passer par là
et recommencer à travailler comme avant, un tel retour en arrière
serait un autre désastre, qui durerait bien après que la pandémie eut
été rangée dans les archives de l’histoire.
Chez Ferrazzi Greenlight, où notre mission est d’accélérer les
transformations d’équipe, certains groupes dont nous nous
occupions se sont extrêmement bien adaptés à la situation, tandis
que d’autres innovaient dans des secteurs très différents. Tout
naturellement, je me suis mis à élaborer une méthodologie
constituée d’idées fortes et de bonnes pratiques glanées chez les
autres. En organisant de petites réunions virtuelles entre clients afin
qu’ils échangent leurs idées, j’ai pris conscience que l’idéal serait de
créer un lieu de débats central, où on se partagerait les bonnes
astuces des entreprises les plus performantes.
En ce qui nous concerne, chez Ferrazzi Greenlight, nous avons
vite compris qu’il ne fallait surtout pas revenir à la case départ. Pas
question de perdre un élan aussi durement acquis ! Nous avons donc
décidé de transformer les différentes expériences et leçons tirées de
la crise en un succès éclatant pour nos clients, nos entreprises et
chacun d’entre nous. Nous allions préserver toutes les pratiques
soigneusement affinées durant la pandémie. Dans la foulée, nous
nous sommes promis d’apporter à la vie professionnelle davantage
de sens, d’objet et d’humanité.
Ne nous contentons pas de revenir travailler.
Allons de l’avant !
Les bases de notre documentation