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praticien C. Delorme
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Médecine de la douleur
pour le praticien
Chez le même éditeur
Autres ouvrages :
Bien débuter – Prise en charge de la douleur, par C. Berlemont, S. Moncayo. 2018. 264 pages.
Douleurs – Soins palliatifs – Deuils – Éthique, par A. De Broca. 2e édition. 2018. 360 pages.
La douleur en ORL, par J.-M. Prades. 2014. 240 pages.
Douleurs thoraciques en urgence, par J.-L. Ducassé. 2005. 288 pages.
Guide pratique du traitement des douleurs, par T. Binoche, C. Martineau. 2e édition. 2005. 368 pages.
Le médecin, le malade et la douleur, par P. Queneau, G. Ostermann. 4e édition. 2004. 648 pages.
Interpréter et traiter les douleurs épigastriques, par M.-A. Bigard. 2003. 192 pages.
Collection Pour le praticien
Médecine
de la douleur
pour le praticien
Ouvrage collectif coordonné par
A. Serrie
MD, PhD. HDR, Professeur Associé des Universités, Spécialiste des hôpitaux, Praticien hospitalier, chef de service,
service de Médecine de la douleur et de Médecine palliative Hôpital Lariboisière, Hôpital Robert Debré Paris,
Rédacteur en chef de la revue spécialisée « Douleurs », membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine,
Président de l’ONG Douleurs Sans Frontières.
C. Delorme
Praticien hospitalier. Médecin généraliste. Médecin spécialiste de l'évaluation et du traitement de la douleur.
Responsable du CETD du CH de Bayeux, coordinatrice du réseau régional douleur Normandie et coordinatrice des
SOS du CLCC de Caen.
M.-L. Navez
Praticien hospitalier, Anesthésiste, Médecin spécialiste de l'évaluation et du traitement de la douleur,
Ex-responsable du CETD du CHU de Saint-Étienne. Enseignante Douleur Université Rhône Alpes Auvergne.
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Médecine de la douleur pour le praticien, coordonné par Alain Serrie, Claire Delorme, Marie-Louise Navez.
© 2020, Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-76067-9
e-ISBN : 978-2-294-76231-4
Campus : 978-2-294-76984-9
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Les praticiens et chercheurs doivent toujours se baser sur leur propre expérience et connaissances pour évaluer et utiliser toute
information, méthodes, composés ou expériences décrits ici. Du fait de l'avancement rapide des sciences médicales, en particulier,
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priété intellectuelle).
Légendes et crédits de la couverture (de gauche à droite et de haut en bas), Copyright © 2019 Adobe Stock :
1. Lombalgies
2. Examen clinique
3. Explorations à visée diagnostique
4. Céphalées
5. Thérapies pharmacologiques
6. Outils d'évaluation de l'intensité, Copyright © 2019 BSIP.
7. Infiltrations
8. Thérapies non pharmacologiques
9. Prise en charge globale
Les illustrations 1.01, 1.02, 4.02, 17.05, 18.11, 18.18, 18.19, 26.02b ont été réalisées par Carole Fumat.
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risation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie : 20, rue des
Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
Liste des collaborateurs
XV
XVI Liste des collaborateurs
Vianney Descroix, Professeur des universités, UFR Bernard Laurent, Professeur des universités. Praticien
d'Odontologie de l'Université de Paris. Praticien hospitalier. hospitalier. Neurologue. CETD de Saint- Étienne, INSERM
Consultation de la douleur chronique orofaciale et hypnose U 1028 neuropain.
médicale, Service d'Odontologie, GH APHP Sorbonne Soliman Le Bigot, Avocat au barreau de Paris. Droit de la
Université (Pitié-Salpêtrière). santé. Cabinet LBM Avocats.
Marie-Christine Djian, Anesthésiste-réanimateur. CETD. David L e Breton, Professeur de so ciologie et
Unité de neuromodulation. Hôpital Foch, Suresnes. d'anthropologie, Université de Strasbourg. Membre de
Anne Donnet, Praticien hospitalier. Neurologue. l'Institut Universitaire de France.
Responsable du CETD du CHU de Marseille. Nathalie Lecoules, Médecin urgentiste. Service des urgences
Denis Dupoiron, Praticien hospitalier. Anesthésiste- adultes, pôle médecine d'urgence, CHU de Toulouse.
réanimateur. Responsable du service d'Anesthésie-Douleur de Jean-Pascal Lefaucheur, Professeur des universités.
l'Institut de cancérologie de l'Ouest, site Paul Papin, Angers. Praticien hospitalier. Physiologie, CHU Henri Mondor.
Mathilde Duval, Médecin, équipe mobile de soins palliatifs. Romain Lefaucheur, Neurologue. Service de neurologie,
Service de médecine de la douleur et de médecine palliative CHU de Rouen.
de l'hôpital Lariboisière AP-HP. Célia Lloret Linares, MD, PhD. Ramsay Générale de Santé,
Xavier Emmanuelli, Médecin anesthésiste-réanimateur. Co Maladies nutritionnelles et métaboliques. Hôpital Privé
fondateur de Médecins sans frontières et fondateur du Samu Pays de Savoie.
Social. Caroline Maindet, Praticien hospitalier. Présidente du
Alain Eschalier, Professeur des universités. Président CLUD. Centre de la douleur. CHU de Grenoble-Alpes.
de l'Institut Analgesia. Faculté de médecine de Caroline Makowski, Praticien hospitalier. Service
Clermont-Ferrand. d'Hématologie. Pôle cancer et maladies du sang, CHU de
Isabelle Fayolle-Minon, Praticien hospitalier. Docteur en Grenoble-Alpes.
Médecine Physique et Réadaptation. Service MPR et CETD, Pierre Manoli, Praticien hospitalier. Ophtalmologiste. CHU
Pôle neuro ostéo loco-moteur. CHU de Saint-Étienne. de Saint-Etienne Hôpital Nord.
Denys Fontaine, Professeur des universités, université Fabien Marchand, Enseignant-chercheur. UMR Inserm-
Côte d'Azur. Praticien hospitalier. Département de UCA Neuro-dol - Faculté de médecine. Université
neurochirurgie du CHU de Nice. Clermont-Auvergne.
Jean-Michel Gautier, Infirmier anesthésiste PhDc. Cadre Nicolas Mathieu, Gastro-entérologue MICI. Département
de santé. CHU de Montpellier. d'hépato gastroentérologie et oncologie digestive, CHU de
Marie-Emmanuelle Géraud, Médecin de l'équipe mobile Grenoble.
de soins palliatifs à l'hôpital Paul Brousse AP-HP. Raphaël Minjard, Psychologue clinicien. Psychanalyste.
Pierric Giraud, Praticien hospitalier. Responsable du CETD Docteur en psychopathologie et psychologie clinique.
du CH Annecy Genevois. Maître de conférences. Enseignant-chercheur. Centre de
Morgane Guillou-Landréat, Maître de conférences des Recherche en Psychopathologie et Psychologie Clinique
universités. Praticien hospitalier. Addictologie, CHRU de (CRPPC), Université de Lyon.
Brest. EA SPURBO 7479, Soins primaires, santé publique Xavier Moisset, Neurologue. Service de neurologie,
et registre des cancers de bretagne occidentale, faculté de NeuroDol U-1107. CHU de Clermont-Ferrand, Hôpital
médecine de Brest. Gabriel Montpied.
Emmanuel Hirsch, Professeur d'éthique médicale, M i c h e l Mo r e l Fat i o , Mé d e c i n s p é c i a l i s t e e n
Université Paris-Sud-Paris-Saclay. Médecine Physique Réadaptation et en Médecine de
Adrian Kastler, Maitre de conférences des universités, la Douleur. Enseignant en Médecine de la douleur et
praticien hospitalier. Neuroradiologue, algoradiologue. Médecine palliative, et au DU Thérapie cognitive et
Service de Neuroradiologie, CHU de Grenoble-Alpes. comportementale de la douleur chronique. Coordinateur
Bruno Kastler, Professeur des universités, université du CETD du Centre de Médecine Physique Réadaptation
Paris Descartes. Praticien hospitalier. Algoradiologue, Coubert. Consultant au CETD de l'Hôpital Saint Antoine
cardiologue. Radiologie adulte, Hôpital universitaire AP-HP.
Necker. Vianney Mourman, Praticien hospitalier. Responsable
Sophie Lacan, Psychologue clinicienne. Thérapeute de l'équipe mobile de soins palliatifs, Hôpital Lariboisière
EMDR. Centre d'Évaluation et de Traitement de la Douleur AP-HP. Enseignant-chercheur, Espace Éthique d'île de
chronique, Hôpital Privé Les Franciscaines. France.
Sophie Lalande, Médecin généraliste. Chef de clinique Isabelle Nègre, Chef du centre anti douleur de Bicêtre et de
des universités de médecine générale de Brest. Pôle Santé l'équipe mobile douleur du Groupe hospitalier Paris Sud.
Universitaire de Lanmeur. Julien Nizard, Professeur des universités, université de
Michel Lanteri-Minet, Praticien hospitalier. Neurologue. Nantes. HDR en Thérapeutique et Médecine de la Douleur.
Chef de service du CETD du CHU de Nice. Chef du Centre Fédératif Douleur Soins de Support, CHU de
Françoise Laroche, Praticien hospitalier. Professeur Nantes.
associé douleur. Rhumatologue. Responsable du Centre Michel Olivier, Anesthésiste-réanimateur. Algologue.
de la douleur. Présidente du Collège National des Co-Président du Comité de LUtte contre la Douleur
Enseignants de la Médecine de la Douleur. Hôpital Saint- (CLUD). Coordination Anesthésie-réanimation. Hôpital
Antoine, Paris. Pierre-Paul Riquet, CHU Purpan, Toulouse.
Liste des collaborateurs XVII
Nabilah Panchbhaya, Gynécologue-obstétricien. Chirurgie Xavier Roblin, Professeur associé gastro-entérologie. CHU
gynécologique et obstétrique. Hôpital Lariboisière AP-HP. de Saint-Étienne.
Roland Peyron, Professeur associé. Praticien hospitalier. Serena Santucci, Project Manager INOVPAIN. Fédération
Neurologue. Service de neurologie et CETD. CHU de Hospitalo-universitaire INOVPAIN, CHU de Nice.
Saint-Étienne. Éric Serra, Professeur de Médecine de la douleur associé des
Gisèle Pickering, Professeur des Universités, Praticien université, Université de Picardie Jules Verne, Amiens. Chef
Hospitalier. Chef du Service de Pharmacologie Clinique. de service du CETD et du Département Interdisciplinaire de
Médecin coordinateur du Centre d'Investigation Clinique Soins de Support pour le Patient en Oncologie (DISSPO),
Inserm 1405. Centre Hospitalier Universitaire et Faculté de CHU Amiens-Picardie.
Médecine de Clermont-Ferrand. Patrick Sichère, Rhumatologue. Service de rhumatologie,
Philippe Poulain, Praticien hospitalier. Anesthésiste- Hôpital Delafontaine.
réanimateur de formation. Unité de Soins palliatifs. Grégory Tosti, Médecin algologue et hypnothérapeute.
Polyclinique de l'Ormeau, Tarbes. Centre de la douleur, Hôpital Ambroise Paré.
Jean-Michel Prades, Professeur des universités. Chef de Barbara Tourniaire, Praticien hospitalier. Centre de
Service d'ORL. CHU de Saint-Étienne, Hôpital Bellevue. la douleur et de la migraine de l'enfant. CHU Hôpital
Responsable du Laboratoire d'Anatomie de la faculté de Trousseau.
Médecine. Erwan Treillet, Praticien hospitalier. Responsable de l'UF
Patrice Queneau, Membre de l'Académie nationale Douleur. Service médecine de la douleur et médecine
de médecine, Doyen honoraire de la faculté de palliative, Hôpital Lariboisière.
médecine de Clermont-Ferrand, Professeur émérite de Richard Trèves, Professeur des universités, Rhumatologue,
thérapeutiques. Membre correspondant de l'Académie nationale de
Sylvie Raoul, Praticien hospitalier. Neurochirurgien, CHU médecine. Service de rhumatologie, CHU de Limoges.
de Nantes. Pierre Volckmann, MD PhD. Médecin de Médecine
Thibault Riant, Anesthésiste-réanimateur. Médecin de la physique. Centre orthopédique Paul Santy (Lyon 8).
douleur. CETD M Bensignor hôpital privé du Confluent. Laboratoire P2S, faculté de médecine Lyon Est Université
Centre fédératif nantais de pelvipérinéologie. CHU de Nantes. Claude Bernard Lyon I.
Cécile Robert, Infirmière Anesthésiste Ressource Douleur Claire Vulser, Praticien hospitalier. Responsable du CETD,
en transversal au CLUD – CHUGA. Hôpital européen George Pompidou (HEGP).
Préface
Lorsque mon confrère et ami le Pr Alain Serrie m'a sollicité la cervicalgie à la douleur abdominale et cardiovasculaire,
pour cette tâche, je n'ai pas hésité longtemps, mais un peu ou encore la douleur cancérologique. La quatrième partie de
réfléchi, par la culture et mes racines de neuro-anatomiste et l'ouvrage, en onze chapitres, approche la variabilité « selon
neuroradiologue. Ce pour trois raisons. le patient », depuis le handicap jusqu'à l'addiction. La cin-
D'abord, première raison : l'objectif de cette œuvre col- quième partie, finement désignée « selon le contexte », affine
lective, aux quatre-vingt-neuf coauteurs rédacteurs, telle encore les situations d'exception, des soins palliatifs aux
que définie par son titre qui l'adresse au praticien. Soulager grands syndromes neurologiques. La sixième et dernière
la femme et l'homme, bébé ou vieillard, telle est la mission partie traite des aspects sociétaux, de la douleur chronique à
première du seul médecin, hier, des professions de santé la vulnérabilité, et se clôture par une approche socioprofes-
aujourd'hui. Qu'il s'agisse des chirurgiens, des pharmaciens, sionnelle, jusqu'à l'éthique.
des biologistes, des « accoucheurs » (chirurgiens et médecins Enfin, née avec la médecine, à ses sources hippocra-
de gynécologie-obstétrique, comme l'on dit aujourd'hui), tiques (donc égyptiennes, cumulées entre le delta du Nil et
des vétérinaires, des chercheurs scientifiques et sociolo- les pyramides), son observation du symptôme et son écoute
giques, des administratifs, tous concourent à cet objectif construisant le syndrome algique né de l'examen clinique
commun : soulager, attribuer ou supprimer ces sensations et paraclinique, puis son suivi thérapeutique, résument
de souffrance. Là est la raison d'être de l'Académie nationale l'engagement du médecin. Au service de son prochain, à
de médecine, depuis deux siècles. Mais combien plus pro- côté du progrès scientifique et technologique heureux, en
fonde (éternelle dans les genres humain et animal, végétal accélération continue depuis trois siècles, le praticien, sans
et minéral, etc.) elle est. Cette souffrance est maladie, en un quelconque « retour en arrière » dispose dans ce livre-
soi, qu'elle soit d'origine psychique, mentale ou d'origine outil, à l'inverse, d'une qualité de synthèse moderne. Syn-
organique. Du Rétable d'Issenheim (1515) au Cri du nor- thèse entre les âges et les progrès, elle actionne plusieurs
végien Edvard Munch (1893–1917), l'art s'est emparé de cet dizaines d'auteurs, ayant tous accepté qu'un seul d'entre eux
état de vie. De la Vénus à la Corne, avec ses vingt-quatre unisse les spécialités, les savoirs et les expériences sous une
entailles « lunaires » dans la grotte paléontologique d'il y a seule bannière, celle de ce mot universel qu'est la « dou-
vingt siècles, aux dieux égyptiens implorés, la situation est leur ». Il faut en saluer l'auteur, dont cette performance
semblable. « Où, quand, comment, pourquoi ? » interroge le n'est pas la moindre des qualités. Il est d'abord anesthésiste-
patient. « Comment choisir et trier dans notre arsenal pour réanimateur, la plus moderne, la plus complète, et, désor-
soulager, comment le dire et le résumer pour le patient ou mais (sauf erreur comptable), la plus « peuplée » de nos
la patiente ? » Loin de l'intelligence dite « artificielle » (IA), spécialités médicales, à travers ce qui est devenu l'« urgen-
qu'elle soit « télé » (à distance en grec) ou non, le « praticien » tologie ». Nommée seulement « réanimation », du temps de
évoqué dans le titre, est seul. l'auteur de ces lignes (qui la pratiqua en milieu hospitalo-
Ensuite, la construction du livre est un scanning (de universitaire de neurochirurgie aux urgences pendant plu-
l'anglais to scan, balayer) des situations de patients, venus sieurs années), elle est devenue première en cinquante ans,
consulter et résumant ainsi leur état : « j'ai mal ». Une pre- tant par son attractivité pour nos plus jeunes que par son
mière partie, du symptôme au syndrome, définit les mots efficacité. L'Académie nationale de médecine peut s'enor-
et situations. Le chapitre 1 résume les situations, de l'aigu gueillir de cet ouvrage, notamment grâce à la publication
au chronique, de l'enfant au patient âgé. Le chapitre sui- des Recommandations initiées par le doyen honoraire
vant schématise les actions du médecin, à propos de « cinq Patrice Queneau (CHU de Saint-Étienne), que vous trouve-
grands principes de prise en charge de la douleur, aux rez à la fin de cet ouvrage. Puisse cet ouvrage, ayant bénéfi-
auteurs complémentaires ». La deuxième partie aborde cié du talent éditorial d'Elsevier, être diffusé auprès du plus
immédiatement la thérapeutique, au fil de six chapitres, grand nombre.
depuis le médicament, en passant par la radiologie interven- Il s'agit des médecins praticiens, bien sûr, mais aussi de
tionnelle et la neurochirurgie fonctionnelle ou de stimula- toutes celles et tous ceux qui appartiennent aux « professions
tion, jusqu'à l'effet placebo. La troisième partie aborde les de santé », du plus ancien au plus jeune, encore étudiant.
situations pathologiques, locales ou générales, en approche Pr Emmanuel Alain Cabanis
croisée, topographique et étiologique, en treize chapitres, de Président de l'Académie nationale de médecine.
XVIII
Préface
En 1998, une enquête Baromètre Santé (Santé Publique Tous ces chiffres nous incitent à revenir aux fonda-
France) réalisée auprès de plus de 4 000 jeunes de moins de 20 mentaux et réfléchir à une meilleure prise en charge des
ans révélait que plus de 37 % d'entre eux avaient pris un médi- patients douloureux afin de combattre l'errance diag
cament contre la douleur sur les trente derniers jours. Vingt nostique, thérapeutique mais aussi le mésusage médica-
ans plus tard, le constat est inflationniste avec une prévalence menteux. Cet ouvrage essentiel, fort de ses 56 chapitres,
annuelle de la consommation en antalgiques sur ordonnance rassemble tout ce qu'il faut savoir sur les douleurs, leurs
passée de 56 % en 2004 à près de 65 % en 2017 (+ 16 %). Selon caractéristiques, les différentes stratégies thérapeutiques.
le livre blanc publié par la SFETD en 2017 (Société Française Il regroupe de très nombreux experts qui sont également
d'Étude et de Traitement de la Douleur), plus de 12 millions des acteurs de terrain, au plus près des patients. Cet
de Français souffrent de douleurs chroniques, soit un Français ouvrage princeps permettra sans aucun doute de mieux
sur cinq. D'après un rapport de 2011 de l'Académie nationale orienter les praticiens dans leurs choix thérapeutiques. Il
de médecine des États-Unis, la douleur chronique concerne est grand temps de considérer la douleur non pas comme
116 millions d'adultes soit plus d'un citoyen américain sur un symptôme mais comme une maladie et d'inscrire la
trois, avec un coût annuel estimé entre 560 et 635 milliards de prise en charge du patient douloureux dans un parcours
dollars. Dans notre pays, la douleur constitue le premier motif de santé plus adapté, plus fluide et centré autour du
de consultation, dans les services d'urgences et chez le méde- patient.
cin généraliste. Malgré cela, moins de 3% des patients dou- Pr Frédéric Aubrun
loureux chroniques bénéficient d'une prise en charge dans un Président de la SFETD
centre spécialisé (il y en a 243 en France en 2019).
XIX
Abréviations
XX
Abréviations XXI
PLAN DU CHAPITRE
Douleur aiguë . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Douleur chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Encéphale
Contrôles inhibiteurs
issus de l'encéphale
Tronc cérébral
Neurones sérotoninergiques
et noradrénergiques
Contrôles Inhibiteurs Descendants (C.I.D.)
Corne Dorsale
Faisceaux de la Moelle Épinière
spinaux (CDME)
ascendants
– Moelle épinière
NNPS
Ganglion de la
racine dorsale
Périphérie
Figure 1.1 Intégration du message nociceptif et contrôle modulateur. CDME : corne dorsale de la moelle épinière ; CID : contrôle inhibiteur
descendant ; NNPS : neurone nociceptif postsynaptique.
■ l'hypothalamus intervient dans le contrôle des réactions (figure 1.2) : les activités activatrices segmentaires péri-
végétatives de la douleur, mais aussi dans la libération phériques (véhiculées par les fibres nociceptives) et les
d'hormones jouant un rôle dans le contrôle du stress ; activités inhibitrices segmentaires périphériques (véhi-
■ le complexe amygdalien, structure du système limbique, culées par les fibres non nociceptives). Ce mécanisme de
intervient dans les réactions affectives et émotionnelles régulation spinale est lui-même soumis à des contrôles
de la douleur. descendants d'origine supraspinale ;
Les sites de projection corticaux sont multiples et les inte- ■ les contrôles inhibiteurs descendants, à l'origine de voies
ractions entre ces sites sont nombreuses. Tout d'abord, les descendantes dans la moelle épinière, issues de la subs-
neurones du thalamus VPL projettent leurs axones vers les tance grise périaqueducale (SGPA) et mésencéphalique,
aires somesthésiques S1 et S2 : les caractéristiques du mes- et de la médulla rostroventrale (RVM) sérotoninergique
sage nociceptif y sont décodées, ce qui permet la genèse de (noyau raphé magnus [NRM] et noyaux paragigantocel-
la perception de la sensation douloureuse (qualité, localisa- lulaire et gigantocellulaire). La stimulation de ces noyaux
tion, intensité et durée). Ensuite, différents noyaux de l'encé- est à l'origine d'une analgésie résultant de ces contrôles
phale impliqués dans la douleur projettent leurs axones vers inhibiteurs sur les neurones nociceptifs non spécifiques
les aires corticales préfrontales, le cortex insulaire et le cor- de la CDME. Les axones des neurones sérotoninergiques
tex cingulaire antérieur, impliquées dans les réactions émo- de la RVM se projettent sur tous les segments spinaux (du
tionnelles plus élaborées à la douleur. segment cervical au segment sacré), dans la CDME. On y
La douleur peut être modulée en fonction de de la situa- associe les systèmes de contrôles inhibiteurs descendants
tion psychologique du sujet, mais aussi en fonction de son noradrénergiques issus du locus cœruleus et du locus
environnement (affectif, socioculturel, religieux, géogra- subcœruleus, qui fonctionnent sur le même modèle ;
phique, etc.), mais aussi de sa situation psychologique. Cette ■ les contrôles facilitateurs descendants, issus du tronc
modulation résulte de la mise en jeu de contrôles inhibiteurs cérébral, exacerbent les stimulations nociceptives au
exercés par des structures spinales et supraspinales. On dis- niveau spinal. Une stimulation de la RVM à des intensi-
tingue cinq catégories de systèmes de contrôle : tés élevées déclenche des effets analgésiques (figure 1.2),
■ les contrôles segmentaires spinaux de la CDME, modé- mais, à des intensités plus faibles dans la même région,
lisés en 1965 par Melzack et Wall dans la « théorie du déclenche des effets facilitateurs pro-algiques, avec une
portillon » (« gate control theory »), qui reposent sur discrimination anatomique entre des sites inhibiteurs
l'équilibre d'une balance entre deux activités exercées sur antalgiques et d'autres facilitateurs pro-algiques. L'équi-
les neurones nociceptifs non spécifiques de la CDME [1] libre entre les deux systèmes descendants concurrents
Chapitre 1. De la douleur aiguë à la douleur chronique 7
Analgésie Douleur
– + Corne Dorsale de
I.I. : I.I. la Moelle Épinière
Interneurone (CDME)
Inhibiteur
– Encéphale
N.N.P.S. : NNPS
Neurone Nociceptif + +
Post-Synaptique
Figure 1.2 Contrôle médullaire de la douleur. CDME : corne dorsale de la moelle épinière ; II : interneurone inhibiteur ; NNPS : neurone noci-
ceptif postsynaptique.
déterminerait le degré d'excitabilité des neurones de la matoire sont à l'origine de l'abaissement du seuil de réponse
CDME, qui à son tour modulerait la transmission de des nocicepteurs et de la potentialisation de l'activité élec-
l'information douloureuse vers les structures centrales ; trique des fibres qui va être exacerbée.
■ les contrôles inhibiteurs diffus induits par une sti-
mulation nociceptive (CIDN) sont déclenchés depuis
tout territoire corporel distinct du champ excitateur des Sensibilisation centrale
neurones nociceptifs non spécifiques activés (stimula- Elle résulte de cette double propriété et s'exprime par une
tion hétérotopique), à condition que le stimulus hété- activation considérable des neurones nociceptifs de la
rotopique soit nociceptif. Ces CIDN constitueraient le CDME. La transmission glutamatergique y joue un rôle
support neurophysiologique de la contre-irritation, pro- important, par l'intermédiaire de l'un des récepteurs du glu-
cessus par lequel une douleur peut masquer une autre tamate (neurotransmetteur libéré par les fibres nociceptives
douleur ; périphériques activées), le récepteur NMDA (un récepteur
■ plus récemment, des contrôles issus de diverses struc- canal perméable aux cations), exprimé par les neurones
tures cérébrales, en particulier de différentes aires du nociceptifs de la CDME. Le BDNF (Brain-Derived Neuro-
cortex et du système limbique, ont été décrits. trophic Factor), stocké dans les terminaisons centrales des
fibres sensorielles nociceptives dans la CDME, jouerait
un rôle de neuromodulateur dans la douleur chronique. Il
Douleur chronique pourrait réguler l'excitabilité des neurones nociceptifs post-
Lorsqu'elle devient chronique, la douleur est à l'origine de synaptiques de la CDME.
mécanismes de sensibilisation, périphérique et centrale, qui
vont modifier l'activité des systèmes physiologiques de la Références
douleur aiguë décrits ci-dessus.
[1] Melzack R, Wall PD. Pain mechanisms : a new theory. Science 1965 ;
150 : 971–9.
[2] IASP https://www.iasp-pain.org/Education/Content.aspx ?Item
Sensibilisation périphérique Number=1698#Nociplasticpainhttps://w w w.iasp-pain.org/
Elle résulte du prolongement dans le temps des processus Education/Content.aspx ?ItemNumber=1698#Nociplasticpain ;
lésionnels périphériques. Les molécules de la soupe inflam- 2018.
Chapitre
2
De la physiologie
et la physiopathologie
de la douleur à la
pharmacologie des antalgiques
Alain Eschalier, Christine Courteix, Fabien Marchand, Denis Ardid
PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 De la physiopathologie à la pharmacologie . . 11
De la physiologie à la pharmacologie . . . . . . . 9 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
L'action antinociceptive de ces molécules réside dans leur ce soit dans la CPME (zone extracéphalique) ou au niveau
capacité à moduler les mécanismes physiologiques et ainsi du noyau du trijumeau (région céphalique).
à réduire la perception nociceptive. La première cible est la Cette synapse est régulée, entre autres, par des opioïdes
détection/transduction du signal nociceptif qui permet au endogènes qui ont des cibles pré- et postsynaptiques, en par-
stimulus appliqué (thermique, mécanique, chimique) d'être ticulier les récepteurs µ. Ces cibles sont les cibles naturelles
transformé en influx nerveux puis conduit le long des fibres des opioïdes exogènes, qui ont donc un effet régulateur, en
afférentes primaires. La première étape met en jeu des sen- l'occurrence inhibiteur, de la transmission nociceptive sur
seurs qui, activés par les stimuli élémentaires, permettent la la voie de passage unique, ce qui explique leur efficacité.
genèse de l'influx nerveux via des mouvements ioniques. La Ainsi, au niveau présynaptique, les opioïdes inhibent la
conduction de l'influx est également due à des mouvements libération des neuromédiateurs en inhibant indirectement
ioniques transmembranaires dépolarisants (sodiques ou cal- les canaux calciques nécessaires au phénomène d'exocytose
ciques) et hyperpolarisants (potassiques) rendus possibles et, au niveau postsynaptique, ils induisent une hyperpolari-
grâce à une famille de protéines : les canaux ioniques. Une fois sation des neurones de projection, réduisant leur aptitude
véhiculé, l'influx est transmis au niveau de la corne postérieure à répondre à la stimulation des neuromédiateurs libérés
de la moelle épinière (CPME), ou du noyau du trijumeau, via dans la fente synaptique. Cet effet, initialement observé
la première synapse établie entre les terminaisons des fibres avec la morphine [3] et d'autres opioïdes (fentanyl, codéine,
afférentes et les neurones de projection. Ce dernier conduit codéthyline) [4] chez des animaux soumis à des stimuli
l'influx vers les structures supraspinales, où d'autres synapses nociceptifs ponctuels, et non dans des modèles de douleur
sont établies au sein de différents noyaux projetant l'influx persistante, traduit bien l'effet des opioïdes sur le processus
jusqu'aux structures d'intégration telles que les aires somesthé- nociceptif physiologique. Cela a été à l'origine de la prise
siques. Chacun de ces transferts synaptiques est soumis à des en charge de situations de douleurs aiguës par administra-
mécanismes neurochimiques qui assurent la transmission du tion péridurale, voire dans un contexte de rachianesthésie.
message et la régulation de celle-ci. À chacune de ces étapes, L'activation des récepteurs δ peut également moduler cette
les acteurs neurochimiques physiologiquement impliqués aux transmission, mais aucune molécule agissant spécifique-
niveaux neuronal (neuromédiateurs et récepteurs) ou glial ment sur ce récepteur n'est aujourd'hui commercialisée.
(médiateurs et récepteurs) peuvent être des cibles de médi- La répartition des récepteurs µ étant relativement ubiqui-
caments, activateurs ou inhibiteurs exogènes, susceptibles de taire dans le système nerveux, d'autres sites d'action, supras-
moduler in fine la perception du message nociceptif. pinaux, participent à l'effet antinociceptif des opioïdes. Leur
Trois types de médicaments, classiques, sont susceptibles action supraspinale a d'ailleurs été évoquée avant le site médul-
d'interférer avec ces mécanismes physiologiques : les anesthé- laire. Ainsi, la présence de récepteurs µ au niveau bulbaire,
siques locaux, les opioïdes et le paracétamol. Les anesthésiques thalamique, amygdalien et cortical et dans la SGPA sous-tend
locaux sont des bloqueurs de canaux sodiques, protéines l'action supraspinale des opioïdes non seulement sur la trans-
dépolarisantes qui participent à la conduction de l'influx ner- mission du message, mais également sur son intégration et sur
veux, en particulier le long des fibres afférentes primaires. Le les dimensions émotionnelles de la douleur [5, 6].
blocage de ces canaux réduit la conduction de l'influx nerveux, Le paracétamol s'inscrit également dans cette famille des
donc de différents stimuli parmi lesquels les stimuli nocicep- médicaments antinociceptifs. Même si son efficacité est
tifs. Ainsi, la lidocaïne (associée à la prilocaïne), bloqueur limitée, il augmente les seuils de réaction à des stimuli noci-
non spécifique des canaux sodiques, est utilisée sous forme ceptifs chez le sujet sain, rongeur [7] ou humain [8]. Actif
de crème pour prévenir les douleurs nociceptives induites par en dehors de tout phénomène inflammatoire, cet antalgique
les soins ou, comme d'autres anesthésiques locaux (ropiva- module les systèmes de contrôle de la nociception, avec un
caïne, bupivacaïne), dans l'anesthésie locorégionale. Parmi ces effet impliquant la SGPA puis les contrôles inhibiteurs des-
canaux, les canaux Nav1.7, très présents au niveau des fibres cendants bulbospinaux. Il exerce cet effet, via son métabolite
afférentes primaires, jouent un rôle important en physiologie actif, l'AM404, en mobilisant plusieurs systèmes de neuro-
et en physiopathologie de la douleur. Ainsi, une mutation par médiation au sein de la SGPA : le système endocannabinoïde
perte de fonction du gène codant ce canal est retrouvée chez (récepteurs TRPV1 et CB1), glutamatergique (libération de
des sujets congénitalement insensibles à la douleur, ce qui glutamate et récepteurs métabotropiques mGluR5), gabaer-
témoigne de son rôle physiologique [2]. gique (libération de GABA) et le système sérotoninergique
Poursuivant le cheminement de l'influx nociceptif dans bulbospinal [9]. Cet effet, qui se manifeste dans ces situa-
une perspective pharmacologique, nous arrivons à la pre- tions secondaires à des stimuli nociceptifs mais sans inflam-
mière synapse entre les fibres afférentes primaires et les mation est indépendant des cyclo-oxygénases.
neurones de projection, synapse mettant en jeu principa- On pourrait sans doute ajouter à la liste le néfopam dont
lement des acides aminés excitateurs (aspartate, glutamate) les études réalisées chez l'animal laissent à penser qu'il est
et des neuropeptides (substance P et CGRP [peptide relié capable de modifier des processus de contrôle physiologique
au gène calcitonine]), chacun agissant sur une cible récep- de la douleur [10].
torielle postsynaptique. L'application d'un stimulus noci- Ainsi ces différents médicaments disponibles sur le mar-
ceptif, fût-il aigu, induit, sous l'effet de la dépolarisation des ché ont-ils la capacité de moduler, à différents niveaux et
fibres afférentes primaires, la libération de ces médiateurs et, selon différents mécanismes, le message nociceptif induit
ainsi, la transmission du message nociceptif vers les centres par des stimulations brèves relevant plus de la physiologie
supérieurs. Il s'agit, en quelque sorte, de la voie de passage que de modifications physiopathologiques durables. Cela
unique par laquelle transitent tous les influx nociceptifs, que n'exclut pas que ces mêmes produits puissent être actifs
Chapitre 2. De la physiologie et la physiopathologie de la douleur à la pharmacologie 11
v is-à-vis de douleurs aiguës, accompagnées de modifica- fibres afférentes primaires provoquent un renforcement de
tions physiopathologiques plus ou moins maintenues ou la transmission synaptique dans le premier relais neuronal
de douleurs chroniques sous-tendues par des mécanismes spinal et trigéminal. Cela aboutit, entre autres, à l'activation
physiopathologiques installés. des récepteurs NMDA aux acides aminés excitateurs, source
d'hyperexcitabilité des neurones de projection et, donc, de
transmission majorée vers les centres supérieurs. Activation
De la physiopathologie NMDA et neuro-inflammation participent à la sensibili-
à la pharmacologie sation spinale qui fait le lit de la douleur chronique et sont
alors accompagnées de modifications d'expression protéique
La douleur source d'une souffrance qui relève d'un traite- (enzymes, canaux, récepteurs) qui entretiennent le phéno-
ment s'accompagne de modifications physiopathologiques mène. Phénomène également entretenu par l'impact que de
dont la nature, l'intensité et la durée varient en fonction des telles modifications peuvent induire au niveau des centres
contextes pathologiques. Ainsi, on distingue classiquement supérieurs impliqués dans la transmission et la modulation
les mécanismes physiopathologiques observés dans les dou- du message nociceptif et de ceux impliqués dans la dimension
leurs par excès de nociception, aiguës ou chroniques, même affectivo-émotionnelle. Ainsi la douleur chronique devient-
s'il est vraisemblable que plusieurs mécanismes peuvent être elle un syndrome multidimensionnel dont la prise en charge
en cause pour chacun de ces contextes, et ceux observés ne peut être que multimodale.
dans les douleurs neuropathiques chroniques. Nous décri- Dans ce contexte physiopathologique, plusieurs stades
rons ces mécanismes sans évoquer les mécanismes physio- d'intervention pharmacologique sont possibles vis-à-vis de
pathologiques de la migraine et ceux, plus hypothétiques, la dimension sensori-discriminative de la douleur inflam-
des douleurs nociplastiques. Douleurs par excès de noci- matoire. Ainsi, les médiateurs et leurs récepteurs situés sur
ception et douleurs neuropathiques peuvent être traitées par les nocicepteurs constituent des cibles potentielles pour
des médicaments de nature différente, dont l'utilisation et des médicaments antalgiques à action prioritairement
l'existence même sont plus souvent nées de l'empirisme cli- périphérique.
nique, voire du hasard, que d'une conception issue directe- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), inhi-
ment des connaissances physiopathologiques. Néanmoins, il biteurs des cyclo-oxygénases, exercent un effet analgésique
est possible de rattacher telle ou telle famille de médicament périphérique en inhibant prioritairement la synthèse de pros-
antalgique aux mécanismes physiopathologiques avérés ou taglandines qui jouent un rôle d'activateur et de sensibilisateur
supposés de tel ou tel type de douleur. des nocicepteurs. Cet effet sur les nocicepteurs (qui n'est pas
exclusif) associé à l'effet anti-inflammatoire explique l'intérêt
des AINS pour maîtriser la douleur inflammatoire. À ce méca-
Douleurs par excès de nociception, nisme peut s'ajouter un effet central des AINS qui traversent
douleur inflammatoire la barrière hémato-encéphalique ; effet central dû également à
Comme évoqué dans le chapitre « Chemin de la douleur l'inhibition de cyclo-oxygénases spinales, à l'origine de la syn-
aiguë à la douleur chronique : du symptôme au syndrome », thèse de prostaglandines d'origine neuronale et/ou gliale.
la triade lésion-inflammation-douleur constitue le fondement Mais au-delà de l'exemple classique des AINS, d'autres
de nombreuses douleurs aiguës du quotidien (douleurs post- produits peuvent exercer une action périphérique bénéfique
traumatiques, postopératoires, musculaires, etc.), mais aussi dans ce type de douleur. C'est le cas des anticorps anti-NGF
de douleurs chroniques dans lesquelles la situation inflamma- (tanézumab, fasinumab, fulranumab), dont la commercialisa-
toire est plus ou moins persistante (arthrites, poussées d'ar- tion pourrait survenir dans un délai assez bref, qui empêchent
throse, etc.). La physiopathologie de ces douleurs implique la fixation de ce facteur de croissance neuronal sur son récep-
une activation et une sensibilisation des nocicepteurs qui teur TrkA et inhibent ainsi un des mécanismes d'activation et
aboutit, outre la douleur spontanée, à une diminution des de sensibilisation des nocicepteurs. L'efficacité de cette bio-
seuils de réaction à un stimulus nociceptif et une augmen- thérapie a été démontrée il y a plusieurs années dans diverses
tation des réponses à un stimulus supraliminaire (hyperal- situations de douleurs par excès de nociception chez l'animal
gésie). Les mécanismes à l'origine de ces changements sont [11, 12] et, plus récemment, chez l'humain, par exemple dans
fortement liés à la « soupe inflammatoire » induite par la les douleurs arthrosiques [13].
lésion tissulaire originelle. Ainsi, des médiateurs issus du Toujours à la périphérie, il est légitime d'évoquer la possibi-
plasma, de mastocytes, de neutrophiles, de macrophages ou lité d'activer les récepteurs opioïdes situés sur les nocicepteurs
du tissu lésé lui-même, voire des fibres afférentes via le réflexe et dont l'expression est augmentée en situation inflammatoire
d'axone, convergent vers le site lésionnel et activent leurs pour accueillir des opioïdes endogènes libérés par les cellules
récepteurs spécifiques localisés sur les nocicepteurs condui- immunocompétentes mobilisées dans cette situation. Une
sant à la genèse de l'influx nerveux. Cet afflux de médiateurs équipe allemande a conçu un fentanyl modifié, susceptible
et l'activation des nocicepteurs aboutissent à un excès d'influx d'agir uniquement à pH bas, ce qui est le cas d'un état inflam-
nociceptif à l'origine des douleurs ressenties. Les familles de matoire, et d'induire ainsi un effet antalgique [14].
médiateurs sont très variées : cytokines (TNF- α, IL-1β, etc.), Mais le site d'action périphérique n'est bien évidemment
bradykinine, histamine, sérotonine, lipides (prostaglandines, pas le seul site d'action possible pour réduire les douleurs
etc.), adénosine triphosphate (ATP), ions H +, nerve growth par excès de nociception, particulièrement les douleurs
factor (NGF), etc. L'activation importante des nocicepteurs inflammatoires. Les médicaments antinociceptifs (opioïdes,
et les nombreux potentiels d'action induits au niveau des paracétamol, néfopam) sont aptes à réduire, plus ou moins
12 Partie 1. Chemin de la douleur aiguë à la douleur chronique : du symptôme au syndrome
efficacement, ce type de douleur en inhibant la transmission massive de calcium, à l'origine de phénomènes intracellu-
du message selon les mécanismes évoqués plus haut. Ils laires qui aboutissent à l'hyperexcitabilité de ces neurones.
deviennent donc antihyperalgésiques, s'opposant aux per- Cette hyperexcitabilité est renforcée par une levée des sys-
turbations observées dans la douleur inflammatoire, parmi tèmes inhibiteurs spinaux (interneurones gabaergiques, qui
lesquelles, justement, l'hyperalgésie, mais aussi, bien sûr, la peuvent aussi devenir source d'excitabilité !), ou bulbospi-
douleur spontanée. naux noradrénergiques. Des phénomènes d'origine gliale
D'autres produits, comme la kétamine, peuvent être (libération de cytokines TNF-α, IL-1β, BDNF) participent
qualifiés d'antihyperalgésiques. Antagoniste du récepteur aussi à cette hyperexcitabilité via la neuro-inflammation
NMDA, elle inhibe un élément clé de l'excès de nociception induite. Ainsi, dans ce contexte de sensibilisation centrale,
et de la sensibilisation centrale. Cela justifie son utilisation l'augmentation de l'activité des neurones de deuxième ordre
possible contre la douleur postopératoire, contexte qui conduit à une augmentation de leur réponse à différentes
bénéficie aussi de son effet anti-inflammatoire, qui relève modalités sensorielles (dont des stimuli mécaniques de faible
de plusieurs mécanismes [15]. Son action d'inhibition de intensité) et participe à étendre leur champ récepteur.
l'hyperalgésie aux opioïdes est aussi une raison de son utili- Ces phénomènes spinaux ont des effets sur les structures
sation dans ce contexte. supraspinales de la « pain matrix » (terme qui désigne un
Enfin, des produits moins classiques pour la douleur ensemble de structures cérébrales activées en réponse à un
inflammatoire pourraient, au moins selon des études chez stimulus nociceptif) qui participent ainsi non seulement au
l'animal, avoir également un intérêt dans ces douleurs. C'est phénomène douloureux mais également aux comorbidités
le cas, par exemple, des antiépileptiques : plusieurs études associées à cette douleur chronique.
menées dans des modèles animaux de douleur inflamma- Deux classes thérapeutiques sont les traitements de pre-
toire révèlent leur efficacité [16]. Les mécanismes suspectés, mière intention de ces douleurs : les antidépresseurs et les
variés et sans doute différents en fonction du type d'antié- antiépileptiques [17]. Les éléments physiopathologiques de
pileptique, peuvent s'exercer sur les fibres afférentes et/ou ces douleurs, tels que décrits ci-dessus, fournissent le subs-
dans la CPME (inhibition de la sous-unité α2δ des canaux tratum à leur mécanisme d'action sur la dimension senso-
calciques, blocage des récepteurs NMDA, activation de ridiscriminative, tel qu'admis aujourd'hui. Cela n'exclut
canaux potassiques, etc. [gabapentinoïdes] ; inhibition de pas que leurs effets psychotropes puissent aussi participer à
canaux sodiques [carbamazépine, oxcarbazépine]) ou sur l'amélioration générale des patients.
les contrôles descendants (activation des voies sérotoniner- Concernant les antidépresseurs, le premier constat est
giques ou noradrénergiques). que seuls les inhibiteurs mixtes de la recapture de la noradré-
naline et de la sérotonine (IRSNA) sont efficaces, alors que
les inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine
Douleurs neuropathiques (ISRS) ne le sont pas. Ce constat, clairement confirmé par
Les douleurs neuropathiques sont des douleurs chroniques des études cliniques, exclut un mécanisme sérotoninergique
secondaires à une lésion ou une maladie du système ner- alors même que la sérotonine est un modulateur majeur du
veux somatosensoriel. Les altérations de ce système, qui message nociceptif. Il existerait donc une forme de résis-
peuvent être d'origine traumatique, métabolique, isché- tance des douleurs neuropathiques à l'effet antalgique de la
mique, neurodégénérative, tumorale, iatrogène, infectieuse, sérotonine, résistance qui mérite exploration. Quoi qu'il en
etc., conduisent à un déséquilibre entre les systèmes exci- soit, ces données montrent qu'il est nécessaire qu'une com-
tateurs (facilités) et inhibiteurs (réduits) de la transmission posante noradrénergique soit mobilisée pour que les anti-
nociceptive. Ce déséquilibre aboutit à une hyperexcitabilité dépresseurs (imipraminiques ou IRSNA) soient efficaces.
liée à des modifications anatomiques, électrophysiologiques, L'hypothèse privilégiée est que ces antidépresseurs inhibent
moléculaires, périphériques et/ou centrales. L'hyperexcita- la recapture de la noradrénaline libérée par les terminaisons
bilité sous-jacente dépend des capacités neuroplastiques du spinales des voies inhibitrices descendantes bulbospinales.
système nerveux, qui affectent les canaux ioniques, l'activité Par ce mécanisme, les antidépresseurs renforcent un sys-
des neurones de projection et les systèmes inhibiteurs et tème de contrôle inhibiteur dont l'activité est réduite dans
facilitateurs. les douleurs neuropathiques. Nombre d'entre eux sont des
Ainsi, on observe, dans les neuropathies périphériques, produits pharmacologiquement « sales », car ils agissent sur
une augmentation de l'expression et une modification de plusieurs cibles moléculaires : canaux ioniques ou récep-
la distribution et de la fonction de certains canaux ioniques teurs NMDA, α-adrénergiques ou encore histaminergiques,
dépolarisants tels que les canaux sodiques, calciques ou TRP etc. Ces effets, considérés comme annexes à l'inhibition de
(Transient Receptor Potential). L'ensemble de ces phéno- la recapture, peuvent néanmoins participer à l'action théra-
mènes conduit à une excitabilité accrue des fibres afférentes, peutique de ces molécules. En effet, certaines de ces cibles
à des décharges ectopiques, par exemple au niveau d'un sont impliquées dans la physiopathologie des douleurs neu-
névrome, à une libération accrue de neurotransmetteurs et, ropathiques. Ainsi, le blocage des canaux sodiques pourrait
donc, à une augmentation de la transmission synaptique spi- participer à l'effet des imipraminiques et de la venlafaxine.
nale vers les neurones de projection. On observe également Il convient d'évoquer ici le tramadol, antalgique opioïde qui
une diminution de l'expression de canaux hyperpolarisants possède aussi la capacité d'inhiber la recapture de séroto-
de type potassique. Ainsi, les récepteurs NMDA, localisés sur nine et de la noradrénaline, ce qui lui confère une certaine
les neurones de projection, sont activés à la suite de décharges légitimité dans la prise en charge des patients souffrant de
continues issues des fibres afférentes, ce qui permet l'entrée douleurs neuropathiques.
Chapitre 2. De la physiologie et la physiopathologie de la douleur à la pharmacologie 13
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Chapitre
3
Imagerie cérébrale
de la douleur
Roland Peyron
PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Douleurs chroniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Physiologie de la douleur . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Solutions antalgiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Empathie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
patients atteints d'épilepsie rebelle préchirurgicale, des élec- puisque le sujet n'est pas lui-même soumis à la sensation
trodes enregistrant les crises sont implantées. Elles peuvent physique de douleur [6].
servir à stimuler le cerveau directement. Seuls 11 % de plus de
4 000 stimulations disséminées dans tout le cerveau ont déclen-
ché une sensation douloureuse sans équivoque, mais toutes ces Douleurs chroniques
stimulations étaient de localisation operculaire (S2) et/ou insu- Appliquer l'imagerie fonctionnelle aux douleurs chroniques,
laire postérieure [3]. Cela suggère que la capacité des aires oper- notamment neuropathiques vise à explorer des mécanismes
culo-insulaires à générer de la douleur est forte, à la différence physiopathologiques. Des réorganisations du thalamus, des
des autres aires cérébrales, y compris celles du gyrus cingulaire. aires insulaires, operculaires et du cortex préfrontal sont
Si l'on stimule la peau avec un laser, les électrodes enregistrant observées. Plus précisément, la tomographie par émission
des réponses proportionnelles à la perception douloureuse sont de positons (TEP) permet d'aborder les questions de la
essentiellement observées dans ces mêmes aires [2]. Les aires médiation chimique des informations nociceptives ou des
capables de générer de la douleur ont donc aussi une capacité réorganisations cérébrales qui font la pathologie, ou encore
discriminative leur permettant de distinguer une stimulation de la médiation de phénomènes antalgiques. Des anomalies
thermique indolore d'une stimulation douloureuse, alors que du système endorphinique ont ainsi été rapportées dans plu-
d'autres régions peuvent avoir d'autres fonctions, attentionnelle sieurs pathologies douloureuses chroniques.
(pariétal postérieur et préfrontal), émotionnelle (insula anté-
rieure et cortex orbitofrontal) ou motrice (système moteur).
Deux exemples en pathologie confirment ces données : l'épi- Solutions antalgiques
lepsie, modèle de décharge neuronale, peut produire des symp- Du point de vue du soignant, s'intéresser aux mécanismes
tômes douloureux si l'origine de la crise ou sa propagation est susceptibles d'apporter un soulagement est important. Des
operculaire ou insulaire [4]. À l'inverse, une lésion focale du études ont évalué les effets sur l'activité cérébrale d'un cer-
cerveau dans la région de S2 et de l'insula postérieure peut abo- tain nombre de solutions antalgiques : la diversion, l'hyp-
lir la fonction nociceptive, le patient se trouvant dans l'incapa- nose, les opiacés ou l'effet placebo, qui créent des activités
cité de percevoir une stimulation nocive de 50 °C ou la piqûre concentrées dans le cortex frontal médian, le cingulaire ros-
de l'infirmière en vue d'une prise de sang [5]. tral, et le cortex orbito-frontal. Il est admis que ces structures
puissent être à l'origine de contrôles inhibiteurs via la SGPA
et que cette région puisse être impliquée dans des méca-
Empathie nismes antalgiques physiologiques. La neurostimulation
Une partie de ce même réseau se trouve activée quand du cortex moteur, technique empirique, soulage la douleur
la douleur est générée à la vue de la souffrance d'au- des patients dans 60 % des cas sans que l'on en comprenne
trui (empathie). Logiquement, les aires perceptives ou les mécanismes. Les activités qu'induit ce neurostimulateur
discriminatives décrites plus haut ne sont pas recrutées, concernent les aires à distance, le thalamus, le cortex
Chapitre 3. Imagerie cérébrale de la douleur 17
c ingulaire rostral ou la SGPA. Dans ces deux dernières aires, [2] Frot M, Magnin M, Mauguiere F, Garcia-Larrea L. Human SII and
les activités sont corrélées à l'effet antalgique [7]. Cela nous posterior insula differently encode thermal laser stimuli. Cereb Cortex
rappelle que la neurostimulation de la SGPA a été développée, 2007 ; 17 : 610–20.
[3] Mazzola L, Isnard J, Peyron R, Mauguiere F. Stimulation of the human
de manière empirique elle aussi, avec certains succès théra-
cortex and the experience of pain : Wilder Penfield's observations revi-
peutiques, dans les années 1950, et que le cortex cingulaire sited. Brain 2012 ; 135 : 631–40.
rostral pouvait être considéré comme une cible potentielle [4] Isnard J, Guénot M, Ostrowsky K, Sindou M, Mauguière F. The role of the
pour la neurostimulation de ces patients, d'autant que ces insular cortex in temporal lobe epilepsy. Ann Neurol 2000 ; 48 : 614–23.
structures sont accessibles à l'imagerie de par leur richesse en [5] Garcia-Larrea L, Perchet C, Creac'h C, Convers P, Peyron R, Laurent B,
récepteurs opioïdes. et al. Operculo-insular pain (parasylvian pain) : a distinct central pain
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Chapitre
4
Principes d'évaluation
des syndromes douloureux
chroniques de l'enfant
Barbara Tourniaire
PLAN DU CHAPITRE
Évaluer l'intensité de la douleur . . . . . . . . . . . 21 À qui, et quand adresser un enfant ou un
Une évaluation globale nécessaire adolescent en structure douleur ? . . . . . . . . . . 24
dans la douleur chronique de l'enfant. . . . . . . 23
Battle of Fihl.
Mistaking inaction for remissness, and
themselves reduced to straits, the Byzantine army, on a certain
morning, thought to fall upon the Arabs unawares. They little knew
the vigilance of Shorahbîl, who night and day was on the watch
ready for action. Fetching a circuit, the Romans suddenly appeared
on the Moslem flank. They met a warm reception, and there ensued
a battle as fierce and obstinate as any that had yet taken place. All
day the Romans held their ground; but by nightfall the impetuosity of
the Arabs had its way. Sacalâr, the Byzantine captain, fell, and his
army broke and fled. The greater part, caught in the marsh, there
met their fate; and few escaped the sword. ‘Thus the Lord wrought
for his people,’ writes the pious crusader; ‘and the morass which we
thought a curse turned in His hands into a blessing.’ And so the plain
of Esdraelon again looked down upon another great and sanguinary
conflict, which, following on the defeat of Wacûsa, decided for many
a long century the fate of Syria.
The loss of the Mussulmans was comparatively small. The booty
was immense, and served to sharpen the Arab appetite for further
victory.
No enemy now was left in sight. Omar,
therefore, remembering the last behest of Khâlid’s contingent sent back
Abu Bekr, that when the Lord gave victory to Irâc.
in Syria the contingent of Khâlid should be sent to Irâc, gave orders
accordingly. Its ranks, thinned by the fighting they had undergone,
were before the march made up to their former strength by transfer
of volunteers from the Syrian army. Thus recruited, the contingent
(under command, not now of Khâlid, but of Hâshim, son of Otba)
recrossed the desert just in time to take part in the great battle of
Câdesîya. Abu Obeida, with Khâlid and other chiefs of note, returned
to Damascus. Shorahbîl and Amru were left to reduce to order the
province of the Jordan. The task was easy.
The fire of patriotism had never burned Province of Jordan reduced.
brightly anywhere in Syria; and what there
might have been was now extinguished by the listless cowardice of
the Byzantine Court. To the Bedouin class, weary of Roman
trammels, the prospect of an Arabian rule was far from unwelcome.
Neither were the Jews and Samaritans unfavourable to the invaders;
indeed, we find them not infrequently giving aid and information to
the enemy. Even the Christians cared little for the maintenance of a
government which by courtly and ecclesiastical intolerance had done
its best to alienate their affection.
Beisân for some time held out; but the
garrison, when their sallies had been Progress east of the Jordan,
repeatedly repulsed with slaughter, at last
capitulated. Tiberias followed its example, and both obtained the
terms of Damascus. Adzraât,[246] Ammân, Jerash, Maâb, and
Bostra, all tendered their submission. And so the whole tract from
the Jordan eastward to the Haurân and the desert, was brought
under control, and garrisons were distributed throughout the leading
towns.
Yezîd extended similarly his authority
from Damascus towards the desert as far and in Central Syria.
as Tadmor. Westward he deputed his
brother Muâvia, who, meeting little opposition, reduced Sidon and
Beyrût, and pushed his conquests as far north as Arca.[247]
Damascus itself, largely occupied by Arabs, quickly assumed the
garb of a Moslem city. The Byzantine power and influence lingered
longer on the coast; and once and again, from seaward, they retook
what the Arabs had gained. It was not, indeed, until the Mussulmans
began to cope with the naval forces of the Mediterranean, that their
authority was riveted along the littoral, as it had long been in the
interior.
The conquests of Syria have reached
us, as I have before said, in a form vague Bareness of Syrian tradition.
and most perfunctory. With the court of
Damascus, its early local traditions almost entirely disappeared;
while those of the East preserved by the learned coteries of Kûfa,
Bussora, and Baghdad, alone have reached us with any fulness and
accuracy. In this we may see a reason for the comparative bareness
of tradition in respect of the early history of Damascus and the rest of
Syria under Moslem rule.
Leaving for the present Abu Obeida and Khâlid to make their
advance on Hims, we must return again to stirring scenes on the
plains of Chaldæa.
CHAPTER XVI.
YEZDEGIRD SUCCEEDS TO THE THRONE OF PERSIA.—
BATTLE OF CADESIYA.