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Présentation du cours « Hydrogéologie »

Le cours d' « Hydrogéologie » traite de manière simplifier et sommaire les eaux souterraines,
avec leurs distributions, leurs mouvements, leurs caractères physico-chimiques, .. etc. ainsi
que tous les phénomènes que peuvent subir les fluides dans le milieu souterrain, en fonction
du type de réservoir.
Suite à une présentation du cycle de l'eau et les principaux systèmes hydrogéologiques, le
bilan hydrologique dans un contexte global et ses différentes composantes sont présentés avec
la mise en relief de l'importance des facteurs contrôlant l'infiltration depuis la surface
terrestre jusqu'au niveau de la nappe. Ensuite, les relations étroites entre la roche encaissante
et la ressource hydrique sont exposés et analysés. La dernière partie est consacrée à la
présentation des techniques d'identification et de caractérisation des aquifères, au captage des
nappes et à la gestion des ressources en eau souterraines, y compris les critères d'exploitation
d'une nappe et sa vulnérabilité à la pollution et la surexploitation.
Cet enseignement illustre les étapes à suivre pour arriver à localiser précisément le lieu
d'implantation et la mise en place de puits de captages. En effet, la compréhension du modèle
de fonctionnement hydrodynamique des systèmes aquifères et le sui~ de l'évolution de leurs
caractéristiques physico-chimique et hydrogéologique sont indispensables pour mener à bien
un projet hydrogéologique.
A travers cet enseignement, on montre aux étudiants que la réussite d'une étude
hydrogéologique nécessite aussi le recoupement de plusieurs approches : la partie géologique
du terrain, avec les formations existantes (appelées formations lithostratigraphiques), la partie
hydrodynamique et son aspect physico-chimique. Enfin, la partie pratique 11 in situ",· très
importante pour évaluer les paramètres d'écoulement (pompages d'essài).
Ce cours a pour objectif d'initier les étudiants aux sujets de la gestion intégrée des
ressources en eau. Il vise à donner une formation générale de base sur l'écoulement des eaux
souterraines, préparer l'étudiant pour l'évaluation des caractéristiques des milieux
susceptibles de donner de l'eau souterraine et rendre l'étudiant apte à solutionner des
problèmes généraux touchant les eaux souterraines.
Cours d'Ilvdrogiologie

HYDROGEOLOGIE

Page
CH-1 - LES SYSTEMES HYDROLOGIQUES.............................................. 1

I- L'HYDROLOGIE? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... . . . . . . . . . . .. . . . ... 1


II- RESSOURCES EN EAU............................................................ 1
III- CYCLE DE L'EAU...................................... ........................ . ... 2
IV- LES SYSTEMES HYDROLOGIQUES........................................... 3

CH - II - LE BILAN HYDROLOGIQUE . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . 5

I- PRINCIPAliX RESERVOIRS D'EAU.............. . .............................. 5


II- NOTION DE BILAN................................................................. 5
II-1-LES PRECIPITATIONS .................................... ·..................... 6
Il-2-LES EAUX DE SURFACE....................................................... 6
II-3- EVAPORATIO>l -TRANSPTRATION........................................... 7
II-4- INFILTRATION............................. ..................................... 7

CH-III- COMPLEXE «EAU -AIR- SOLIDE».......................................... 9

I - RELATION EAl' - ROCHE....................................... ................. 9


I - 1- Facteurs statiques . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 9
I - 2- Facteurs dynamiques....................................................... 10
II- CIRCULATION DES EAUX SOUTERRAINES............................... 11
II - 1- Régime laminaire et régime turbulent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... 11
II - 2- Ecoulement permanent et écoulement transitoire...................... 11
II - 3- Perméabilité et Transmissivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. .. . 12
II - 4- Equation de Darcy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . ... 12
II - 5- Classification des roches en fonction de leur per~éabilité........ ... 13

CH-IV- LES SYSTEMES AQUIFERES...................................................... 15

1- IDENTIFICATION GEOLOGIQUE DE L'AQUIFERE......................... 15


I-1- Formations lithostratigraphiques et hydrogéologiques................... 15
I-2- Surfaces limites du réservoir................................................. 15
I-3- Les formations hydrogéologiques et les aquifères........................ 15
II- IDENTIFICATION HYDRODYNAMIQUE DE L'AQUIFERE........... .... 15
III-TYPES D'AQUIFERES ET DE NAPPES........................................ 16
III-1- Nappes libres, nappes phréatiques et nappes perchées..... . ........... 16
III-2- Nappes captives et nappes artésiennes . . . .. . .. . . . . . . .. . . .. . . . . . . . . . . .. ... 17
III-3- Nappes semi-captives ... . . . . . .... ... . .. .. .. . . . . . . . . ... ... . . . . . . . . .. ..... . . . 18
IV- TYPES DE SURFACES PIEZOMETRIQUES ET PROFILS DE
PRESSSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 18
IV-1- Niveau, pression et surface piézométriques....... .. .. . . . . ... . .. . .. .. ... 18
IV-2- Types de nappes.............................................................. 19
V-CARTOGRAPHIE DE L'AQUIFERE............................................. 20
V-1- Morphologie de la surface piézométrique.................. . .......... ... 20
V-2- Etablissement des cartes en courbes isopièzes... .. . .. .... .... . . . .. . ..... 21
V-3- Interprétation des cartes en courbes isopièzes.... .. . .. . . . . . . . .. . .. .... ... 21
V-4- Structure élémentaires de la surface piézométriqu~.... .. . .. ... . .. ... . .. 22
V-5- Anomalies dans la surface piézométrique. .. ... .. .. .. . .. .. . . . . .. . .. . .. .... 23

CH-V - ECOULEMENT DES EAUX SOUTERRAINES VERS


LES OUVRAGES DE CAPTAGE................................................... 26

I - REGIME D'EQUILIBRE OU REGIME D'ECOULEMENT PERMANENT 26


I-1- Formule de Dupuit ......... .... ................ ..... ..... ............ ......... 26
1-2- Utilisation de la formule de Dupuit. .. . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... . . . ... 28
II- REGIME DE NON-EQUilIBRE................................................... 30
II-1- Formule de non-équilibre.................................................. 30
II-2- Application des formules de non-équilibre.............................. 32

CH-VI-LES ESSAIS DE POMPAGE DANS LES PUITS ET FORAGES.. .......... 34

I- COMPORTEMENT DYNAMIQUE DES NAPPES SOUMISES AU


POMPAGE............................................................................. 34
II- ESSAIS DE POMPAGE SUR UN PUITS: POMPAGES D'ESSAIS......... 35
II-1- But des essais de débits...................................................... 35
II-2- Exécution des essais de débits............................................. 36
II-3- Effet du pompage sur l'aquifère - Cône de dépression.................. 36
Ill- DETERMINATION DES CARACTERISTIQUES DU PUITS............... 38
III-1- Enregistrement des paramètres hydrodynamiques...................... 38
III-2- Etablissement de la courbe caractéristique du forage.................. 38

CH-VII- RESERVES DES NAPPES......................................................... 39

I- CLASSIFICATION DES RESERVES.............................................. 39


II- CALCUL DES RESERVES......................................................... 39
Il-1- Réserves régulatrices......................................................... 39
II-2- Réserves Totales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... . .. . . . 40
III- RENOUVELLEI\ŒNT DE LA RESSOURCE.................................. 40
IV- QUALITE DES RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINES.............. 41
IV-1- Vulnérabilité des eaux souterraines à la contamination . . . . . . . . . . . . . . . 41
IV-2- Effet de la surexploitation................................................. 42

Bibliographie........................................................................................... 43
Cours d'Hydrogéologie

CH-1 : LES SYSTEMES HYDROLOGIQUES

I- l'hydrologie?

L'hydrologie est la science qui étudie les eaux terrestres, leur origine, leur mouvement
et leur répartition sur notre planète, leurs propriétés physiques et chimiques, leurs interactions
awc l'environnement physique et biologique et leur influence sur les activités humaines.
L'hydrologie est une science extrêmement complexe ; elle fait appel à de nombreuses
disciplines, certaines sont rattachées à la physique du globe telles que la climatologie, la
géologie, la physique, l~ statistiqu!? l'informatique, la géographie, ....etc.
En outre, elle se subdivise en plusieurs branches, suivant le niveau de la biosphère que l'on
emisage:
la limnologie : étude des lacs ;
l'hydrogéologie : étude des eaux souterraines;
la potamologie : étude des eaux de surface (fleuves, rivières, torrents et ruisseaux);
pédohydrologie : étude de l'eau dans la zone aérée du sol;
etc.

L'hydrogéologie est la Science de l'eau souterraine à caractère pluridisciplinaire. C'est


w1c discipline des Sciences de la Terre orientée vers les applications. Elle a pour objectifs,
l'étude du rôle des matériaux constituant le sous-sol et des structures hydrogéologiques avec
application des lois physiques et chimiques pour étudier la distribution, les caractéristiques de
gisement, les modalités de l'écoulement et les propriétés physiques et chimiques des eaux
souterraines. Elle applique les connaissances acquises sur la prospection, le captage, la
planification de l'exploitation et la gestion de l'eau souterraine. L'hydrogéologie s'occupe des
eaux souterraines, leurs distributions, leurs mouvements, leurs caractères physico-chimiques,
.. etc ... C'est une science qui étudie les phénomènes que peuvent subir les fluides dans le
milieu souterrain, en fonction du type de réservoir.
Elle permet de suivre l'évolution des pollutions pouvant se propager dans les sols et les eau.x
souterraines, et de déterminer les moyens les plus appropriés pour les combattre.
Elle est également indispensable lors de la mise en place de puits de captages, afin de localiser
précisément le lieux d'implantation ; ceci par l'étude des nappes d'eaux disponibles sur le
terrain.
Pour cela, plusieurs approches d'études se recoupent : la partie géologique du terrain, avec les
formations existantes (appelées formations lithostratigraphiques), la partie hydrodynamique et
son aspect physico-chimique. Enfin, la partie pratique "in situ", très importante pour évaluer
les paramètres d'écoulement (pompages d'essai).

II- Ressources en eau

Les ressources en eau, tant du point de vue de la qualité que de celui de la quantité, sont l'un
des principaux paramètres à prendre en compte dans l'élaboration d'un projet. Le champ
d'application spécifique de la ressource embrasse tout ce qui a trait aux différents types
d'aménagement et toutes autres activités consommatrices d'eau:
l'alimentation en eau humaine et animale ;
les activités agricoles et industrielles, consommatrices d'eau et/ou ayant incidence sur
la qualité de l'eau.

Les ressources en eau sont influencées par :


1- des facteurs naturels qui modulent les apports :
forme et dimensions du bassin versant ;
caractéristiques topographiques, pluviométriques, pédologiques, géologiques, ... du
bassin versant ;
réseau hydrographique (nature et forme, ... ) et sa relation avec le modelé
géomorphologique.

2- des facteurs anthropiques : qui modifient les conditions naturelles précédentes. C'est
encore, l'intervention de l'homme, directement ou indirectement sur la qualité et la
quantité d'eau (sur-exploitation, urbanisme, pollution, ...... , etc.)

III- Cycle de l'eau

Le cycle de l'eau ou cycle hydrologique est un concept plutôt théorique (Fig. 1). Il englobe les
phénomènes du mouvement, de la perte et du renouvellement des eaux sur la terre. On doit
ainsi préciser que cette définition implique que les mécanismes régissant le cycle
hydrologique ne surviennent pas seulement les uns à la suite des autres, mais sont aussi
concomitants. Pour mieux faire comprendre ceci, la figure 1 illustre de façon qualitative le
cycle de l'eau et les mécanismes le régissant.

L'eau dans la nature suit un vaste cycle sous trois états principaux : gazeux, liquide et solide.
La vapeur d'eau atmosphérique se condense en nuage qui engendre les précipitations (P), sous
forme de pluie, de neige ou de grêle. Parvenue sur le sol, une partie des précipitations
s'écoulent à sa surface vers le réseau hydrographique et les étendues d'eau libres (lacs, mers,
océans) qu'elle alimente: c'est le ruissellement de surface (R) qu'il ne faut pas confondre
avec l'écoulement. Une autre quantité, l'infiltration (1), franchit la surface, pénètre dans le sol
et le sous-sol où elle alimente les eaux souterraines constituant le stock d'eau du sol et les
réserves des nappes aquifères.

Le cycle de l'eau est étudié dans des territoires emboîtés, de tailles décroissantes : globe
terrestre, continents ou océans et systèmes hydrologiques. Dans chaque domaine, deux
aspects sont considérés : la quantité d'eau stockée avec un rôle régulateur et la circulation
d'eau assurant les échanges, c'est à dire le renouvellement.
Quelque soit la représentation quantitative du cycle hydrologique, elle reste toujours
approximative et il ne faudra pas s'étonner de voir certains auteurs proposer des chiffres
différents; cela dépend des modes de calcul utilisés et des pourcentages attribués aux divers
mécanismes de transport de l'eau.
La circulation de l'eau à la surface de la terre (Fig. 1) assure les échanges entre les quantités
d'eau stockées sous 3 états, vapeur, liquide et solide au sein des grands réservoirs que
constituent l'hydrosphère (océans, eaux continentales, glaces), l'atmosphère (vapeur d'eau) et
la biosphère (eau présente chez les êtres vivants). Ce cycle, mis en mouvement par l'énergie
solaire et la force de gravité, s'avère relativement stable dans le temps c'est à dire que toute
perte dans l'un des compartiments terrestres est compensée par un gain dans l'un ou l'autre des
compartiments.
A l'échelle mondiale, les experts estiment que 65 % des précipitations qui arrivent sur la terre
s'évaporent, 24 % ruissellent et 11 % s'infiltrent, chiffres qui vont subir bien évidemment des
variations significatives selon les latitudes
Cours d 'Hydrogéologie

IV- Les systèmes hydrologiques

Le cycle de l'eau est planétaire et perpétuel. Pour l'exécution des études hydrogéologiques il
est nécessaire de le fractionner, conventionnellement, en domaines d'espace et en durées
accessibles aux observations, expérimentations et mesures, donc en systèmes hydrologiques.
L'étude du cycle de l'eau situe les systèmes hydrologiques dans leur environnement et permet
d'analyser leur comportement hydrodynamique.
Trois domaines d'espaces interdépendants, emboîtés, peuvent être circonscrits, Ils identifient 3
systèmes hydrologiques, dans l'ordre de grandeur décroissant (Fig. 2):
- le bassin hydrologique
Le bassin hydrologique est circonscrit par les lignes de crêtes topographiques, délimitant le
bassin versant d'un cours d'eau et de ses affluents. Il correspond donc, en surface au bassin
hydrogéographique. Il est admis que ses limites se superposent, au mieux, à celles du bassin
hydrogéologique. Ces conditions sont en général réalisées pour les grandes unités, de l'ordre
de quelques centaines de millier de km2 •
- le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines
Le bassin hydrogéologique est la fraction de l'espace du bassin hydrologique située sous la
surface du sol. C'est le domaine des eaux souterraines. En général, il correspond à un bassin
sédimentaire. Ses limites sont imposées par la structure hydrogéologique.
- l'aquifère avec sa nappe d'eau souterraine
L'aquifère, identifié par la géologie, est l'unité de domaine d'étude des eaux souterraines. Le
bassin hydrogéologique est constitué d'un ou de plusieurs aquifères.

Pour obtenir des données comparables, base de l'évaluation et des prévisions, il est nécessaire
de disposer de références communes, moyennes annuelles et moyennes mensuelles étant le
plus communément retenues. Cet aspect temporel fait également intervenir la notion d'année
hydrologique qui correspond à une période de 12 mois, choisie en fonction des conditions
climatiques régionales. Cette année est fixée pour la Tunisie de septembre à août.
- - - - - - · - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - C o u r s d'Hydrv_o/ogifi

Fig. 1 : Cycle de l'eau

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Fig. 2 : Bassin hydrologique, bassin hydrogéologique et aquifère.


Cours d'Hydragéalogie

CH - II - LE BILAN HYDROLOGIQUE

1- PRINCIPAUX RESERVOIRS D'EAU

Dans le cycle de l'eau, il y a un transfert incessant entre les différents réservoirs qui
constituent l'hydrosphère : l'océan, les roches continentales, les glaciers polaires, les lacs, les
fleuves et l'atmosphère.
Les volumes disponibles dans le monde ont été estimés comme suit :

• Total hydrosphère: 1358,3 millions de krn3 soit une mince couche d'épaisseur
d'environ 2,7 Km.
• Les océans: 1320 millions de krn3 , soit 97,2 %
• Les eaux continentales: 38,3 millions de krn3 , soit 2,8 %
• Neiges et glaciers : 30 millions de krn3, soit 78,3 % des eaux continentales
• L'eau souterraine à moins de 800 rn: 4 millions de krn3 , soit 10,4 %
• L'eau souterraine à plus de 800 rn : 4 millions de krn3 , soit 10,4 %
• L'humidité du sol : 0,07 millions de km3, soit 0,002 %
• Les lacs d'eau douce : 0,12 millions de k:m3 , soit 0,003 %
• Les lacs d'eau salée : 0, 1 millions de krn3 , soit 0,0026 %
• Les rivières: 0,001 millions de krn3 , soit 0,00003 %
• L'atmosphère : 0,013 millions de krn3, soit 0,0003 %

II- NOTION DE BILAN

En examinant les étapes du cycle hydrologique, on se rend compte que l'eau, à l'échelle
du globe, passe par différents « plans » ; ce sont les eaux atmosphériques, les eaux de surface
et les eaux souterraines. Les mécanismes de passage des ressources aquatiques d'une étape à
l'autre sont :
1 - l'évaporation et la transpiration (évapotranspiration) (E);
2 - la précipitation (P);
3 - le ruissellement souterrain et de surface (R);
4 - l'infiltration (1).

A noter que les eaux souterraines s'écoulent, soit en profondeur, soit en surface, vers le réseau
hydrographique et les océans et réapparaissent ainsi dans le cycle de l'eau.

Ainsi le bilan d'eau d'une région donnée peut être décrit par la formule suivante :

P=E+R+I

Le problème est certainement beaucoup plus facile à énoncer qu'à résoudre. C'est à dire que
dans la pratique, on peut envisager une très bonne précision pour le calcul d'un bilan régional,
mais les difficultés des mesures précises de chacun de ces termes sont telles que toutes les
évaluations ne peuvent qu'être approchées.
Le cycle global débute par la transformation, chaque année hydrologique moyenne, de 577
000 Krn 3 d'eau en vapeur sous l'action de l'évaporation (E). La vapeur d'eau s'élève dans
l'atmosphère où elle se condense en nuages, lesquels engendrent les précipitations (P). Le
volume de 577 000 Krn3/an égal à celui de l'évaporation, équilibre le cycle global d'eau.
Il - 1- LES PRECIPITATIONS

Les précipitations groupent toutes les eaux météoriques recueillies par un bassin versant ou
une zone collectrice déterminée. Elles se représentent sous formes liquide (pluie, brouillard,
rosée) ou solide (neige, grêle, givre).
«la précipitation est la quantité d'eau météorique, totale, liquide ou solide, qui tombe sur une
surface horizontale, appelée section pluviométrique. Généralement, c'est la surface
collectrice du pluviomètre ».

La hauteur de précipitation est définie comme la hauteur de la lame d'eau qui s'accumule sur
une surface horizontale, si toutes les précipitations y étaient immobilisées. Elle est assimilée
au volume total d'eau, tombé, en m3 divisé par la section pluviométrique, évaluée en m 2 . La
hauteur de précipitation peut se rappo1ier à divers intervalles de temps Gour, mois, année ... ).
On l'exprime généralement en hauteur de précipitation ou lame d'eau précipitée par unité de
surface horizontale (mm== 1 l/m2). On définit aussi son intensité (mm/h) comme la hauteur
d'eau précipitée par unité de temps.

Les mesures ponctuelles acquises au niveau des pluviomètres ou des pluviographes sont
analysées et soumises à différents traitements statistiques. Les mesures pluviométriques sont
exprimées en hauteur de précipitation journalière ou instantanée exprimée en mm. Cette
dernière représentation est particulière aux pluviomètres enregistreurs ou pluviographes.

L'exploitation des données hydrologiques recueillies par les différentes stations de mesure,
installées sur une section pluviométrique nous conduit à les convertir en données synthétiques
et statistiques :
- tableaux et graphiques chronologiques ;
- courbe des hauteurs de précipitations cumulées ;
- tableaux et données statistiques.

Parmi les méthodes généralement proposées pour calculer la moyenne des pluies à partir de
l'ensemble des mesures ponctuelles obtenues à plusieurs stations pluviométriques sur le bassin
ou à proximité, on distingue la méthode de la moyenne arithmétique, la méthode des
polygones de Thiessen ou l'utilisation d'isohyètes. Le choix de· la méthode dépendra
notamment de la longueur de la série de données dont on dispose, la densité du réseau de
mesure, et la variation du champ pluviométrique.

11-2-LES EAUX DE SURFACE

Les eaux de pluie qui atteignent la surface du sol et qui arrive à échapper à l'infiltration
et à l'évaporation vont donc se déplacer à la surface du sol. Ce mouvement se fait sous forme
de lame d"eau étalée et de faible épaisseur: C'est le ruissellement. Il se fait suivant les pentes
du bassin versant pour atteindre les cours d'eau pour former ensuite la composante
écoulement qui se fait au sein du réseau hydrographique.
Le ruissellement est l'une des composantes hydrologiques les plus difficiles à mesurer. Il
dépend de la pente topographique (relief), de la végétation, de la nature du sol, ... etc.
Les auteurs cherchent toujours à évaluer la composante ruisselée d'une façon indirecte .:t ont
défini le coefficient de ruissellement comme étant le rapport entre la lame d'eau ruisselée (R)
et la lame d'eau précipitée (P), (Cr= RI P).

10
Cours d'Hydrogéologie

Plusieurs études d'estimation réalisées sur différents bassins versants ont permis d'avancer des
valeurs du coefficient de ruissellement selon la nature et le type de surface de ruissellement :
Forêt: Cr= 12% , Prairie: Cr= 6,5% , Sol nu: Cr= 48,8 % ,
Pavés : Cr = 60 % , Macadam: Cr = 90 %

11-3- EVAPORATION -TRANSPIRATION

Le mouvement ascendant de l'eau à partir de la surface de la terre est permanent. Son


intensité dépend de l'environnement climatique, biologique et géologique. Le mouvement
peut être direct par évaporation de l'eau à partir de la surface du sol ou aussi par sublimation
(évaporation directe de la glace ou de la neige) et indirecte par transpiration qui engendre
l'eau transitant à travers les plantes essentiellement.
L'évaporation et plus particulièrement l'évapotranspiration jouent un rôle essentiel
dans l'étude du cycle de l'eau. En hydrologie, on utilise le terme d'évapotranspiration qui
prend en compte la combinaison de l'évaporation directe à partir des surfaces d'eau libre et des
sols nus et de la transpiration végétale. Ce phénomène est essentiellement fonction de
l'alimentation en eau, donc du degré d'humidité du sol, lequel fréquemment limite sans
action.

Etant données les difficultés qu'il y a lieu à mesurer la transpiration des végétaux ainsi
que l'évaporation à partir des sols nus, on a groupé ces deux termes en un seul :
évapotranspiration et on désigne par :
- l'évapotranpiration potentielle qui représente la quantité d'eau évapotranspirée si les
réserves en eau étaient suffisantes pour compenser les pertes maximales.
- l 'évapotranspiration rée !le qui représente les pertes d'eau dans les conditions
naturelles d'humidité du sol. C'est à dire la quantité d'eau réellement évaporée compte
tenu de l'eau disponible.
• Si l'eau est disponible en excès, ETR = ETP
• Si l'eau est insuffisante, ETR < ETP.

11-4-INFILTRATION

11-4-1- Définitions et paramètres de l'infiltration

L'infiltration qualifie le transfert de l'eau à travers les couches superficielles du sol, lorsque
celui-ci reçoit une averse ou s'il est exposé à une submersion. L'estimation de l'importance du
processus d'infiltration permet de déterminer quelle fraction de la pluie va alimenter les
écoulements souterrains et donc aussi participer à la recharge des nappes souterraines. L'eau
d'infiltration remplit en premier lieu les interstices du sol en surface et pénètre par la suite
dans le sol sous l'action de la gravité essentiellement. L'infiltration influence de nombreux
aspects de l'hydrologie, du génie rural ou de l'hydrogéologie. Afin d'appréhender le processus
d'infiltration, on peut définir :
L'infiltration est le volume total d'eau infiltrée pendant une période donnée. Elle est égale à
l'intégrale dans le temps du régime d'infiltration (d'après Musy, Soutter, 1991):
• La conductivité hydraulique à saturation Ks est un paramètre essentiel de l'infiltration.
Il représente la valeur limite du taux d'infiltration si le sol est saturé et homogène. Ce
paramètre entre dans de nombreuses équations pour le calcul de l'infiltration.
• La capacité d'infiltration ou capacité d'absorption (ou encore infiltrabilité) représente
le flux d'eau maximal que le sol est capable d'absorber à travers sa surface, lorsqu'il reçoit une
Cours d'Hydrogéologie

CH-III- COMPLEXE «EAU - AIR - SOLIDE »

I -RELATION EAU - ROCHE

Les relations entre la roche encaissante et l'eau sont de deux natures principales
relevant de deux grandes familles de facteurs :

1 - 1 - Facteurs statiques

Il s'agit de tous les facteurs solides ou liquides donc de la roche ou de


l'eau qui jouent un rôle
dans le fonctionnement du réservoir telle que la granulométrie, la porosité, la teneur en eau,
.... etc.
a - la granulométrie: Il s'agit de déterminer la proportion la plus fine de la roche car c'est elle
qui peut influencer la circulation d'eau, par sont intercalation entre les gros grains.
Généralement, le diamètre le plus recherché est d 10 qui représente le diamètre efficace en
donnant une indication sur les 10% des grains les plus fins (Fig. 3).
On définit le coefficient d'uniformité U = d60/d10.
Si U < 2, l'échantillon est dit uniforme
Si U > 2, l'échantillon est dit varié.

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0
2 0.5 0..2 0.1 0,05
diamètre des grains en mm

Fig. 3 : Détermination du coefficient d'uniformité

b - la porosité : Elle traduit le volume du vide contenu dans la roche. Elle est exprimée en %.
- la porosité totale : c'est le rapport entre le volume du vide et le volume total de la roche :

n = Vv / Vt x 100 (%)

- la porosité efficace : elle traduit la partie eau gravifique (libre) qui intéresse l'exploitation :

11e=Ve/Vtx 100(%)

La porosité dépend essentiellement de la nature de la roche elle-même, de la forme des


grains et de leur arrangement (Figs. 4 et 5).
• quelques valeurs de porosité :

- Roches meubles : Graviers n = 25 à 35 % ne= 20 à 30 1%


Sables n = 25 à 40 % ne= 20 à 35 %
Argiles n = 45 à 55 % ne= 0à 5%
Limons n = 35 à 55 % ne= 15 à 25 %
- Roches compactes : Calcaires, craies, grès : n = 0,5 à 50 % ne = 0 à 50 %

Fig. 4 : Différents types d'arrangement des grains

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Fig. 5 : Différents types de porosité

1 - 2 - Facteurs dynamiques

Le déplacement d'une masse d'eau dans un réservoir est la résultante-d'un certain nombre de
forces agissantes le long de tout le trajet de l'amont vers l'aval. L'eau se déplace des points à
fort potentiel (charge hydraulique) vers les points à faible potentiel.
Les principaux facteurs dynamiques qui agissent sur l'eau sont par ordre d'impo·tance
décroissante :
la gravité : elle gère la presque totalité des eaux en circulation ;
• quelques valeurs de porosité :

- Roches meubles : Graviers n = 25 à 35 % ne= 20 à 30 %


Sables n = 25 à 40 % ne= 20 à 35 %
Argiles n = 45 à 55 % ne= 0à 5%
Limons n = 35 à 55 % ne = 15 à 25 %
- Roches compactes : Calcaires, craies, grès : n = 0,5 à 50 % ne = 0 à 50 %

Fig. 4 : Différents types d'arrangement des grains

îyj)t:.s d-c pOrtl~Îll~ -tJ-t.:S U11Ïitèd,;:nu: .(;l:o-logfqU~!'); (.~} Zll~"ltL':iJhl ~:r.Hmf.l~rP, r'H>n fQMSt)l~dio; (.h) fO-Cht
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Fig. 5 : Différents types de porosité

1 - 2 - Facteurs dynamiques

Le déplacement d'une masse d'eau dans un réservoir est la résultante· d'un certain nombre de
forces agissantes le long de tout le trajet de l'amont vers l'aval. L'eau se déplace des points à
fort potentiel (charge hydraulique) vers les points à faible potentiel.
Les principaux facteurs dynamiques qui agissent sur l'eau sont par ordre d'impo-tance
décroissante :
la gravité : elle gère la presque totalité des eaux en circulation ;
Cours d 'Hydrogéologie

la capillarité te tension superficielle: elle intéresse l'eau capillaire, qui surmonte la


zone saturée ;
les forces d'attraction moléculaire (qui ne participent pas à la circulation d'eau).
Ces forces définissent trois grands types d'eau existant dans le sous-sol (Fig. 6):
l'eau gravifique : elle est gérée par la force de gravité. Elle intéresse la plus grande
partie d'eau exploitable. Elle se trouve donc dans la partie saturée;
l'eau capillaire : elle surmonte immédiatement la zone saturée sous l'effet de la
tension superficielle ;
l'eau de rétention : c'est la partie d'eau retenue par les grains du terrain.

Fig. 6 : Eau dans la zone sous saturée

II - CIRCULATION DES EAUX SOUTERRAINES

Les eaux souterraines en mouvement sont soumises essentiellement aux forces de


gravité. Leur circulation peut être verticale ou horizontale. L'analyse du déplacement d'une
masse d'eau peut se faire suivant différents régimes d'écoulement.

II - 1 / Régime laminaire et régime turbulent

L'écoulement d'un fluide peut être laminaire ou turbulent. Dans un écoulement laminaire,
chaque particule du fluide se déplace en forme de lame ou couche entre lesquelles il n'y a pas
de mélange, c'est à dire que l'eau se déplace avec la même vitesse et les paramètres de la
nappe sont constants en fonction du temps. Si les vecteurs de vitesse sont parallèles ~
.parall@les en tout point, l'écoulement est dit uniforme. Par contre, si la vitesse et la pression
en un point donné présente des fluctuations aléatoire autour d'une valeur moyenne, le régime
est dans ce cas turbulent.

II - 2 / Ecoulement permanent et écoulement transitoire

Si en un point donné du milieu aquifère la vitesse d'écoulement reste constante à tout instant
(en valeur et en direction), l'écoulement est dit permanent, donc un régime d'équilibre. Par

15
-
Cours d'Hydrogéolqgjg_

contre, si cet écoulement est perturbé par des facteurs naturels ou artificiels, ces conditions de
non-équilibre traduisent un écoulement transitoire où la vitesse d'écoulement en un point
donné change, en valeur et/ou en direction, dans le temps.
L'écoulement transitoire peut être laminaire ou turbulent selon les vitesses
d'écoulement et les caractéristiques du milieu.

II - 3 I Perméabilité et Transmissivité

a - la charge hydraulique ; aussi appelée hauteur piézométrique, correspond à la hauteur


d'équilibre de l'eau en un point donné de l'espace, c'est à dire à la hauteur à laquelle
s'élèverait et se stabiliserait l'eau pour se mettre en équilibre avec la pression atmosphérique.

b - la perméabilité (K) d'un matériau représente son aptitude à laisser circuler l'eau à travers
lui. Elle est exprimée en m/s.

c - la transmissivité (T) d'un aquifère est le produit de la perméabilité du matériau aquifère


par son épaisseur. (T = K.e (m2/s).

d - le coefficient d'emmagasinement (S) est la capacité d'un aquifère à libérer de l'eau sous
l'effet d'un abaissement de la charge hydraulique : c'est le volume d'eau libérée par un
volume unitaire de ce matériau pour une baisse unitaire de charge hydraulique.
S = Volume récupérable I Volume vidangé.

II - 4 /Equation de Darcy

Darcy a obtenu expérimentalement (en 1856) la formule représentant l'écoulement de


l'eau dans un milieu poreux (ex. sable, Fig. 7).

z,

Plan de référence

Fig. 7 : Détermination du gradient hydraulique et des pertes de charge

Q = V S = Ki S avec i = 8H /L

8H = perte de charge hydraulique


i = gradient hydraulique
L = trajet de l'écoulement

16
Cours d'Hydrogéologie

K =perméabilité de l'aquifère
Q =débit d'écoulement
S =section à travers laquelle passe l'eau

Sur le terrain, on le calcule en plaçant deux piézomètres distants de L mètres. Le gradient est
le rapport entre la différence de niveau dh des piézomètres et la distanèe L (Fig. 8).

piézomètre
1 2

surface
piézométriq

niveau de base

gradient hydraulique: H1 - H2
L

Fig. 8: calcul du gradient hydraulique avec 2 piézomètres.

~) Mesure de la perméabilité des roches dans les laboratoires

Dans les laboratoires, la perméabilité des roches est étudiée par l'observation de la
filtration de l'eau à travers des échantillons de roches dans des appareils spéciaux. Dans ce but
on utilise largement les appareils appelés perméamètres.

On utilise deux types de perméamètres, suivant l'ordre de grandeur de la perméabilité du sol


(Figure 1):
• sol de grande perméabilité (sable): perméamètre à charge constante;
• sol de faible perméabilité (argile) : perméamètre à charge variable.

dl: sol
~~:1p:k,i!.Q

-:{~:

----- -~--
-;:,:,::.·:·:·:0::.-:-:·::.·::::·:·:·:·:·:·::_:_:_:_.;:_.:_.:-:,;_:

•· Penn.éamètre à charge constante b- Pennéamitre à charge variable


Figure 1 : Perméamètres
Le principe de ces appareils consiste à relier le débit Q de l'eau à Ia charge H constante ou variable.

17
6.1 Perméamètre à charge constante

L'échantillon prélevé est ramené aux dimensions requises pour l'appareil de mesure. Il est
ensuite mis à saturation, puis l'éprouvette est traversée par un fluide de telle façon que la
charge au sommet de l'échantillon soit constante.
La détermination de la perméabilité se fait à partir de la mesure du débit d'écoulement Q et du
gradient hydraulique .JH :
L

L1H Q L
Q= KS-=>K=----- (5.2)
L S !1H

6.2. Perméamètre à charge variable

Dans ce type d'appareil, la charge hydraulique appliquée au sommet de


l'échantillon est variable. On utilise l'expression suivante :

ln -h
(h
J
= -KS
sL
(t - t 0 ) (5.3)
0

Soit : a= KS il correspond à la pente de la droite obtenue en traçant un diagramme


sL
semi-log de h/ho en fonction de t-t0 . Connaissant a on déduit K.

6.3 Mesure de la perméabilité in situ

L'inconvénient des mesures en laboratoire est d'opérer sur des échantillons trop petits
pour fournir une représentation valable de la perméabilité d'un sol, par suite des hété-
rogénéités locales. Les perméabilités mesurées en laboratoire sont toujours inférieures à celles
mesurées in situ.
In situ il existe plusieurs méthodes pour déterminer la valeur du coefficient de perméabilité,
parmi lesquelles ~exige un régime d'écoulement permanent: c'est l'essai Dupuit.
e_U/.L
7) Ordre de grandeur de la perméabilité

Pour fixer les ordres de grandeur, on rencontre fréquemment les valeurs suivantes:

-Graviers, sables grossiers K = 10- 1 à io-) m/s


-Sables fins K = 10-5 à 10-0 n-îÏS
, -Silts K = 10-(J à 10-~ m/s
-Marnes K = 10-ô à 10- m/s
>---
-Tourbe K=2.lffism/s
-
-Argiles K <10-';I m/s
-Calcite K= 10- 11 m/s
-Granite (non fracturé, non
- altéré) K=l0- 11 mis
~ ---

La plus grande perméabilité appartient aux terrains karstiques à grandes fissures (calcaires,
dolomites) ainsi qu'aux terrains meubles à gros grains (galets, sable). Par contre, les terrains à réseau
Cours d'Hydrogéologie

serré de joints (par exemple schistes argileux) et les terrains meubles composés de fractions fines
(limons sableux et argileux) sont faiblement perméables à l'eau.

' Définition des perméabilités kh et kv, des terrains stratifiés

De nombreux sols .sédimentaires sont constitués par des couches St1perposées de gra·
nulométries et A!fltltl- de perméabilités variables. La perméabUité est parmi les propriétés des
sols les plus sensibles à l'anisotropie.
SoJt un terrain stratifié d 1 épaisseur H constitué den couches horizontales d1 épaisseur H1
et de perméabilité k 1. On peut définir un terrain fictif homogène q~i, dans tes mêmes conditions
de perte de charge, halsse filtrer le même débit.
{1 Cas d'un écoulement parallèle au plan de stratification

soit k h le coefficient de petrnéabmté du terrain fictif homogène.


En exprimant que :
... la perte de charge est la même pour toutes les couches
(le gradient hydrauJlque i est donc aussi le même)
.. le débit total est ta somme des débits de chaque couche
on démontre que 1•on a :

{2 Cas d'un écoulement perpendiculaire au plan de stratification


~ -·--
Soit k v le ooeffJciant de perméabilité du terrain fictif homogène.
~ -
En exprimant que:
~ la perte de charge totale est Ja somme des pertes de Charge de chaque couche
.. 1e débit est le même pour toutes les couches
(la vitesse de décharge v est dono aussi la même)
on démontre que l 1 on a :
H
kv=-
ou encore:
~H1
i-=1 k1

---
-
--
Cours d'Hvdrogép!ogie

Remar:gue : La perméabilité du terrain fictif homogène est beaucoup plus élevée dans le sens
des couches que dans le sens perpendiculaire aux couches. Dans le cas d'un terrain constitué
. k
de deux couches on peut facilement démontrer que -1L > 1 => dans les terrains stratifiés, la
. kv
perméabilité est plus grande parallèlement à la stratification que perpendiculairement.
II -11 Classification des roches en fonction de leur perméabilité
a - les roches aquifères :Âe sont des roches poreuses, perméables, emmagasinent de l'eau et
la laisse circuler. Ces roches forment l'essentiel de nappes d'eau exploitables (Fig. 9).
b - les roches aquicludes : JÇe sont des roches poreuses qui peuvent emmagasiner de l'eau
mais de très faible pennéabilité. L'eau y circule très difficilement. Ces roches sont semi-
perméables ou intercalaires.
c - les roches aquifuges: be sont des roches où l'eau ne circule pas du tout.Ji:e sont des
roches imperméables.

- si K > 10 cm/s =====~ roche très perméable


-si lû>K> 10-4cm/s =======~ roche perméable
- si 10-4 > K > 10-7 cm/s =======~ roche peu perméable
- si K < 10-7 cm/s =======~ roche imperméable

Chaque aquifère est caractérisé par sa perméabilité K, sa transmissivité T et son coefficient


d'emmagasinement S :)se sont les caractéristiques hydrogéologiques de l'aquifère.
La quantité d'eau récupérée V= ~H.S
avec S =coefficient d'emmagasinement
M-I = perte de charge

Sable et gravier Roches Ignées Calcaire

Fig. 9 : Exemples de formations géologiques perméables


-
Cours d'Hydrogéologie

CH-IV- LES SYSTEMES AQUIFERES

1- IDENTIFICATION GEOLOGIQUE DE L'AQUIFERE

1-1- Formations lithostratigraphiques et hydrogéologiques

Une formation lithostratigraphique est constituée par un corps de terrain de nature homogène :
sable, calcaire, grès, granite, argile, gypse, etc. Elle est désignée par le nom de la région (ou
de la localité) où elle a été observée et décrite ou par un terme d'étage. Exemples : calcaire de
Champigny, alluvions de la Crau, sables albiens du bassin de Paris.
Elle est identifiée par 3 ensembles de données fixes : surfaces limites, localisation dans le
sous-sol et structure.

1-2- Surfaces limites du réservoir

Les surfaces limites du réservoir, inférieure ou substratum, supérieure ou toit, et latérales


(affleurements, passage latéral de faciès, failles), identifient les conditions aux limites
géologiques.
• Localisation dans le sous-sol : la géologie stratigraphique et structurale d'un bassin
sédimentaire localise, à différentes échelles les formations lithostratigraphiques dans
le sous-sol.
• Structure du réservoir
La pétrologie, la sédimentologie, l'analyse structurale et la géochimie déterminent les
caractéristiques physiques et chimiques du réservoir. C'est-à-dire sa structure. Une importance
est apportée à la granulométrie et à la fissuration. La distribution des données dans l'espace est
exprimée par des coupes et cartes structurales.

1-3- Les formations hydrogéologiques et les aquifères

Une formation hydrogéologique est une formation lithostratigraphique ou leur combinaison,


ayant des fonctions globales vis-à-vis du stockage et de l'écoulement de l'eau souterraine.
La caractéristique essentielle d'une formation hydrogéologique est son degré de perméabilité.
La perméabilité, aptitude d'un réservoir à conduire l'écoulement d'eau, dans des conditions
hydrodynamiques imposées, permet un classement en 3 grandes catégories; perméables,
imperméables et semi-perméables.
Une structure hydrogéologique, constituée d'une alternance de formations hydrogéologique
perméables et semi-perméables identifie un aquifère multicouche.

II- IDENTIFICATION HYDRODYNAMIQUE DE L'AQUIFERE

La configuration ou enveloppe, de l'aquifère porte sur ses dimensions et les caractéristiques de


ses limites géologiques et hydrodynamiques.
La base de l'aquifère, appelé substratum, est constituée par une formation hydrogéologique
imperméable; Par contre sa limite supérieure est de 3 types :
• Hydrodynamique avec fluctuations libr~s : aquifère à nappe libre
• Géologique imperméable : aquifère à nappe captive
• Géologique semi-perméable: aquifère à nappe semi-captive

21
-
Cours d'Hydrogéo~ogj&

III-TYPES D'AQUIFERES ET DE NAPPES

Lorsqu'un matériau aquifère n'est pas recouvert par un autre matériau ""fnoin~ .
perméable, ce matériau constitue alors un aquifère libre. Lorsque le matériau aquifère est
recouvert d'un matériau imperméable, il constitue un aquifère captif. Si le matériau sus-jacent
est moins perméable, mais sans pouvoir être considéré imperméable, alors le matériau
aquifère constitue un aquifère semi-captif.
La définition des aquifères libre, captif et semi-captif peut aussi être approchée au
moyen des conditions de recharge verticale de l'aquifère. Lorsque l'infiltration des
précipitations entraîne une recharge verticale directe de l'aquifère, alors celui-ci constitue un
aquifère libre. Lorsque les précipitations ne peuvent s'écouler verticalement de manière à
recharger librement l'aquifère, celui-ci est qualifié d'aquifère captif. Lorsque cette recharge est
partielle, l'aquifère est dit semi-captif.
La nappe d'eau souterraine représente spécifiquement la partie saturée en eau du
matériau aquifère. Les qualificatifs " libre, captif et semi-captif " s'appliquent aussi pour
caractériser les nappes.
Lorsque la surface de la nappe d'eau souterraine (ou la surface de l'eau de la nappe
souterraine) fluctue librement dans le temps, cette nappe est qualifiée de nappe libre (ou de
nappe à surface libre). Lorsque la position de la surface de la nappe ne peut pas varier, la
nappe est captive ou semi-captive. La nappe captive ou semi-captive est une nappe sans
surface libre. Le degré de captivité de la nappe est déterminé par le contraste de perméabilité
des matériaux.

III-1- Nappes libres, nappes phréatiques et nappes perchées

On parle de nappe libre lorsque l'altitude de l'eau dans le puits con-espond toujours à la
charge hydraulique de l'eau dans la nappe, comme à celle dans la frange capillaire. Mais, si la
surface d'une nappe libre est proche de la surface du sol (généralement à quelques mètres ou
quelques dizaines de mètres de profondeur), alors cette nappe est appelée une nappe
phréatique (Fig. 10). En effet, ce sont ces nappes phréatiques qui étaient généralement les
seules exploitées par des puits de surface. Les caractéristiques physiques et hydrodynamiques
de ces nappes sont identiques à celles des autres nappes libres. Leur spécificité provient plutôt
de la proximité de leur surface libre avec la surface du sol, permettant un prélèvement
important par les végétaux, des possibilités d'évaporation directe ou ·reliée avec la remontée
capillaire, et des conditions de recharge rapide.
1'. Parfois, localement ou temporairement, ces nappes deviennent affleurantes, c'est-à-
dire que leur surface atteint la surface du sol ou même la dépasse. Cela se manifeste alors par
la présence de zones humides, de marais et même de lacs et on aura des échanges entre les
eaux superficielles et souterraines.
Certaines nappes beaucoup plus limitées latéralement constituent des nappes perchées,
suspendues au-dessus de la nappe libre régionale. Fréquemment, ces nappes perchées
présentent un" débordement" constituant une alimentation verticale à la nappe libre sous-
jacente.
Les nappes libres sont principalement alimentées (rechargées) par l'infiltration
verticale des précipitations depuis la surface du sol, par des échanges avec les écoulements de
surface et par des apports latéraux aux limites de ces nappes provenant d'autres nappes.

22
Cours d'Hydrogéologie

Fig. 10: Nappe libre (phréatique et perchée).

111-2- Nappes captives et nappes artésiennes

Les nappes captives sont des nappes encadrées par deux niveaux imperméables
constituant le toit et le mur de l'aquifère. L'alimentation de ces nappes captives ne peut donc
avoir lieu que latéralement. Leur alimentation, de même que leur mise en charge, provient
donc de lieux parfois très distants du lieu d'exploitation de l'eau. La zone d'alimentation, c'est-
à-dire la zone de recharge de l'aquifère, est nécessairement en un point plus élevé que celui de
son exploitation. Dans cette zone, la nappe est généralement libre, ou du moins semi-captive.
Dans le secteur amont, l'alimentation provient, comme pour toute nappe libre, de l'infiltration
des précipitations depuis la surface du sol, des échanges avec les écoulements de surface et
des apports latéraux aux limites. C'est l'altitude de la surface de la nappe libre dans ce secteur
qui engendre les charges hydrauliques observables en aval dans les secteurs captifs (Fig. 11 ).
Parfois, dans certaines nappes captives, la charge hydraulique est supérieure à la surface du
sol. Ainsi, si un puits est réalisé dans cette nappe, l'eau y jaillit naturellement du sol et la
nappe est dite artésienne. Ce type de nappes sont parfois qualifiées de nappes jaillissantes.

Fig. 11 : Nappe captive et nappe artésienne


_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Cours d'HvdrQgefsifogie

111-3- Nappes semi-captives

Lorsque le toit de l'aquifère ne peut être considérée comme imperméable, bien que nettement
moins perméable que l'aquifère lui-même, alors un échange peut avoir lieu entre cet aquifère
et son toit. Une telle nappe est dite semi-captive. Un écoulement vertical ascendant ou
descendant aura lieu selon la charge hydraulique de cette nappe soit supérieure ou inférieur à
celle sus-jacentes (Fig. 12).

CONtllTION [}E RE\CiiP.:RGê

--r
11
1-
21
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1 "----

Fig. 12 : Drainance verticale

IV- TYPES DE SURFACES PIEZOMETRIQUES ET PROFILS DE DEPRESSSION

La surface piézométrique des nappes est déterminée par les caractéristiques de leur
écoulement qui, dans les conditions naturelles de gisement les eaux souterraines, dépendent
de différents facteurs :
- les conditions géomorphologiques et stmcturales régionales qui imposent :
- le niveau et la pression piézométriques;
- le type de nappe et son profil de dépression ;
- les caractéristiques de la couche aquifère: lithologie (perméabilité), section et substratum ;
- les conditions d'alimentation et de drainage.

IV-1- Niveau, pression et surface piézométriques


Supposons un puits creusé dans une couche aquifère libre en écoulement. La surface
de l'eau, en période de repos, se stabilise à un niveau déterminé en équilibre avec la surface
piézométrique des eaux souterraines, c'est le niveau piézométrique.
Cours d'Hydrogéologie

Dans le puits, nous pouvons mesurer la hauteur d'eau h, distance comprise entre la surface de
l'eau et le terrain naturel.
• La pression piézométrique H, exprimée en hauteur d'eau, est : H = z - h (en m)
z, étant l'altitude du terrain naturel par rapport au niveau de la mer.
• On appelle piézomètres des puits artificiels, en général de faible diamètre, forés dans la
couche aquifère, pour mesurer le niveau piézométrique.
• La pression piézométrique est donc exprimée par la hauteur d'eau en mètres correspondant
à l'altitude du niveau piézométrique.
• Pour une source, le niveau piézométrique est la cote de l'émergence naturelle : H = z
• Dans le cas d'une nappe captive, la pression ou niveau piézométrique est : H = z + h
IV-2- Types de nappes
Dans une nappe libre en écoulement, le lieu des points d'application des pressions
piézométriques est la surface piézométrique. Celle-ci s'identifie approximativement avec la
surface libre des eaux souterraines, limite supérieure de la zone de saturation. Les pressions
piézométriques étant, par suite des pertes de charge, décroissantes dans le sens de
l'écoulement.
Dans l'écoulement en régime laminaire, les filets liquides sont parallèles entre eux et à
l'axe d'écoulement. Les filets liquides supérieurs constituent la surface piézométrique. Un plan
vertical passant par un des filets liquides de la surface piézométrique détermine le profil de
dépression.

La forme de la surface piézométrique permet de distinguer deux grands types de


nappes:
- les nappes cylindriques ou plates ;
- les nappes à filets liquides convergents ou divergents.

IV~2-1- Nappes cylindriques ou plates

Les nappes cylindriques ou plates sont caractérisées par une surface piézométrique
cylindrique dont les génératrices sont horizontales et perpendiculaires aux filets liquides, donc
à l'axe du courant. Dans la nappe cylindrique tous les profils de dépression sont identiques
(Fig. 13).

Fig. 13 : Nappe cylindrique


Cours d 'Hydrogé0~

IV-2-2- Nappes à filets convergents ou divergents


Les nappes cylindriques parfaites sont rares dans les conditions naturelles de gisement des
eaux souterraines. En général, la surface piézométrique revêt une forme conique, parabolique
ou hyperbolique (Fig. 14).

Fig. 14: Nappe à filets convergents et divergents

a- Nappes à filets convergents


Dans ce type de nappes, les filets liquides convergent vers le la zone d'exploitation et les
lignes équipotentielles sont des circonférences concentriques. Les nappes à filets convergents
irrégulières sont les plus fréquentes.
b- Nappes à {ilets divergents
Dans les plaines et les cônes alluviaux, nous observons des couches aquifères dont les filets
liquides divergent dans le sens de l'écoulement. Ce sont des nappes en éventail.

V- CARTOGRAPHIE DE L'AQUIFERE

La cartographie de l'aquifère a pour but de représenter sa configuration, sa structure et


de schématiser les fonctions du réservoir et son comportement hydrodynamique.
Les cartes sont de 2 types : structurales et piézométriques.
- Les cartes structurales, représentent la morphologie et la position des surfaces limites.
- Les cartes piézométriques représentent à une date donnée, la distribution spatiale des
charges et des potentiels hydrauliques. Elles figurent également les conditions aux limites
hydrodynamiques. Elles sont les documents de base de l'analyse et de la schématisation des
fonctions cap~ives et conductrices du réservoir, et du comportement hydrodynamique de
l'aquifère. C'est la synthèse la plus importante d'une étude hydrogéologique.

V-1- Morphologie de la surface piézométrique

La surface piézométrique présente une morphologie, comparable à celle d'une surface


topographique. On peut y tracer des courbes de niveaux joignant les points d'égale pression ou
d'égal niveau piézométrique. Ce sont les courbes isopièzes. Elles se confondent avec les
courbes équipotentielles. Ainsi les courbes isopièzes sont les courbes de niveaux de la surface
piézométrique d'une nappe. Les lignes de courant sont perpendiculaires aux courbes isopiè·~.ès,
l'ensemble formant un réseau orthogonal. Le profil de dépression est observé dans le plan
vertical passant par une ligne de courant.
V-2- Etablissement des cartes en courbes isopièzes

L'inventaire des exutoires de la nappe phréatique étudiée, naturels (sources, marais) ou


artificiels (puits et sondages) permet de calculer le niveau piézométrique. Les mesures doivent
être effectuées, pour les puits et sondages, dans les conditions d'équilibre et pour l'ensemble
des points d'eau d'une même nappe, dans le laps de temps le plus court possible (1 à 2 jours).
Tous les points d'eau sont portés avec leur cote piézométrique sur une carte en courbes de
niveaux dont l'échelle est adaptée au problème à résoudre. On trace alors les courbes isopièzes
en joignant les points d'égal niveau piézométrique. L'équidistance des courbes est choisie en
fonction du gradient hydraulique, de l'échelle et de la densité des points d'observation.
La carte obtenue traduit la forme de la surface piézométrique de la nappe étudiée à une
époque déterminée. Les mêmes documents, dressés à des périodes différentes, permettent de
suivre l'évolution des couches aquifères souterraines et de calculer les fluctuations de leurs
réserves.

V-3- Interprétation des cartes en courbes isopièzes

Les cartes en courbes isopièzes permettent :


- de calculer la profondeur de la surface piézométrique ;
- de tracer les lignes de courant et de déterminer la direction de l'écoulement qui est
matérialisée par les lignes de courant. C'est la droite de plus grande pente tracée sur les
courbes isopièzes, donc la normale à ces dernières;
- de déterminer le gradient hydraulique ;
- de construire le profil de dépression dont l'interprétation permet d'avoir des conclusions
importantes sur les caractéristiques hydrologiques des couches aquifères et le rapport
alimentation-drainage.

La première opération pour l'interprétation des cartes en courbes isopièzes consiste à


tracer les Hgnes de courant ou les filets liquides. Dans les cas simples nous élevons les
perpendiculaires aux courbes isopièzes. Une flèche indique le sens de l'écoulement, déduit des
niveaux piézométriques (Fig. 15).

A débit constant, les variations de perméabilité se traduisent donc des changements de


pente du profil de dépression. Plus la perméabilité est forte, plus le profil est aplati et
inversement. L'espacement des courbes isopièzes augmente avec la perméabilité.
Inversement, lorsque cette dernière diminue les courbes isopièzes se resserrent. D'après la loi
de Darcy:
Le gradient hydraulique est calculé sur un profil tracé dans un plan vertical passant par
une ligne de courant (ligne de plus grande pente). Il est donné par la formule :

i = (Hl -H2) / L

or V = k i on aura ainsi Q = S1 k1 i1 = S2 k2 b

pour le cas d'une nappe plate, S étant constant, donc:

Le gradient hydraulique, donc la pente du profil de dépression, est ainsi à débit


constant inversement proportionnel au coefficient de perméabilité. Le rapport i 1/i 2 peut être
calculé par l'espacement des courbes isopièzes d'où l'on déduit k2/k1.
Le profil de dépression dépend de la structure du milieu aquifère. Il varie avec sa
section, sa structure et la forme et la structure du substratum imperméable.

Fig. 15 : Interprétation des courbes isopièzes

V-4- Structure élémentaires de la surface piézométrique

Sur les cartes en courbes isopièzes apparaissent des zones où les structures
hydrologiques sont homogènes : ce sont les nappes régulières qui peuvent être étudiées par
l'examen de trois caractéristiques des courbes :

V-4-1- Courbure des courbes isopièzes


Le type à concavité orientée vers l'amont traduit un bombement général de la surface
libre donc un haut niveau piézométrique et une forte courbure du prç>:fil de dépression. Il est
donc l'expression soit d'un débit important, soit d'une faible perméabilité ou de la
superposition des deux. A perméabilité moyenne, il traduit un drainage plus faible que
l'alimentation, donc une zone fortement irriguée, région privilégiée pour des captages.
Le type à concavité orientée vers l'aval marque une zone déprimée, donc de débit
faible ou de forte perméabilité, ou des deux. C'est en général la structure des zones de
drainage intense.

V-4-2- Espacement des courbes isopièzes

L'espacement des courbes isopièzes exprime directement le gradient hydraulique et


traduit la forme du profil de dépression. Il peut être constant ou variable.
Espacement constant: L'espacement des courbes est constant lorsque le profil de
dépression est linéaire. En dehors des nappes captives, ce type est rare dans les conditions
naturelles. Des courbes serrées indiquent un fort gradient hydraulique donc un débit important
ou une faible perméabilité. Dans le cas contraire, la pente est faible, le débit est réduit ou la
perméabilité forte.
Espacement variable : Ce type traduit des courbures dans le profil de dépression. Son
étude permet de reconnaître les courbes paraboliques, hyperboliques, elliptiques et
irrégulières.
Les couches aquifères des alluvions des vallées et des plaines, occupées par des cours d'eau,
présentent des caractéristiques particulières qui peuvent être étudiées par l'analyse des courbes
isopièzes. Les relations hydrauliques entre les eaux libres et soutt;rraines présentent trois
modes d'écoulement par rapport à la nappe aquifère:
- drainage de la nappe phréatique par le cours d'eau (Fig. 16);
- alimentation de la nappe phréatique par le cours d'eau ;
- relations mixtes.

V-5- Anomalies dans la surface piézométrique


Une protubérance est constituée par des courbes isopièzes fermées, elliptiques ou
circulaires plus ou moins régulières. Elle traduit une anomalie de la surface libre avec un
relèvement du niveau piézométrique. Cette structure est provoquée par trois causes qui
agissent isolément ou simultanément: alimentation locale, perméabilité ou irrégularité de
substratum imperméable (Fig. 18).
Une alimentation locale importante à partir de la surface du sol, par exemple l'irrigation,
provoque une remontée du niveau piézométrique de la nappe.
Une zone de perméabilité plus grande, comme la présence d'une lentille de terrain très
perméable, relève la surface libre.
Des zones surélevées dans le substratum imperméable, provoquant une diminution de la
section d'écoulement, surélève le niveau piézométrique.

Les dépressions dans la surface piézométrique peuvent être dues à des pertes
profondes, à des diminutions locales de la perméabilité (lentilles imperméables), à une
dépression du substratum imperméable et plus fréquemment à l'action d'un pompage
important ( cône de dépression) (Fig. 18).
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Fig. 16 : Interprétation des courbes isopièzes

Les seuils hydrauliques apparaissent sur les cartes hydrologiques par des courbes
isopièzes brusquement rapprochées, très serrées, marquant donc une chute rapide de la pente
de la surface libre de la nappe et par des alignements de sources artésiennes. Ces structures
aquifères sont dues à des conditions géologiques particulières, liées à d'importantes fractures
profondes intéressant le substratum et le complexe aquifère. Ici la faille joue le rôle d'un
barrage souterrain naturel, par la mise en contact de couches de perméabilité différentes
(Fig. 18).
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Fig .18 : Différentes anomalies dans la surface piézométrique

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