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DEVOIR.COM VOL CXV N O 92 / LE VENDREDI 26 AVRIL 2024 / 2,26 $ + TAXES = 2,60 $

ACTUALITÉS
ZEITGEIST
Le français, CULTURE JOSÉE BLANCHETTE
langue à la dérive, P’tit Belliveau
dit le linguiste dans l’allée J’ai skip la manif
Lionel Meney | A 8 de l’honnêteté B8

III RATTRAPAGE CHIRURGICAL cadence dans les blocs opératoires. Le III ENVIRONNEMENT
cabinet du ministre de la Santé, Chris-

L’argent dort tian Dubé, rétorque qu’il a rappelé aux

établissements de santé l’existence de
cet argent et que « la conclusion des
conventions collectives permettra
d’accélérer l’utilisation des sommes
Le secret
dans les coffres disponibles ».
Le ministre Dubé et le président de
la FMSQ, le Dr Vincent Oliva, avaient
présenté en mai 2023 le plan de rattra- imposé de
Seuls 60 des 400 millions de dollars prévus page des interventions chirurgicales
visant à reprendre le retard accumulé
par le gouvernement Legault ont été dépensés

MARIE-EVE COUSINEAU
Près d’un an après l’annonce du plan
de rattrapage des interventions chi-
rurgicales, 60 des 400 millions de
dollars prévus pour réduire les listes
d’attente ont été dépensés, selon
l’Institut de la pertinence des actes
médicaux (IPAM). La Fédération des
médecins spécialistes du Québec
(FMSQ) salue ce premier pas, mais si-
gnale au gouvernement qu’il a accès
à toute la cagnotte pour accélérer la
durant la pandémie de COVID-19.
Une enveloppe de 400 millions de
dollars — provenant de la poche des
médecins spécialistes et réinvestie
grâce aux travaux de l’IPAM — y était
Northvolt
L’entreprise suédoise demande
rattachée. Elle devait servir à payer
des heures supplémentaires volontai-
res aux équipes de professionnels dans
la signature d’une entente secrète
les blocs opératoires. Selon le cabinet
de Christian Dubé, les 60 millions de
de confidentialité au « comité
de liaison avec la communauté »
VOIR PAGE A 4 :


ALEXANDRE SHIELDS
Des hippopotames pris de court par la sécheresse PÔLE ENVIRONNEMENT
LE DEVOIR

Northvolt souhaite imposer une en- Je ne

tente de confidentialité aux membres signerais
du « comité de liaison avec la com- jamais
munauté » qu’elle a décidé de mettre
sur pied dans le cadre du développe- un tel
ment de son complexe industriel. En document.
cas de non-respect, elle se réserve le C’est
droit de recourir aux tribunaux. Une vraiment
façon de museler les citoyens qui choi- fait pour
siraient de s’y impliquer, selon deux
experts de ces questions. menotter
Le Devoir a obtenu copie du projet les citoyens.
d’« entente de non-divulgation » sou- Je ne vois
mis aux membres du comité, que rien
Northvolt présente comme une « dé- de positif
marche d’information citoyenne » et
« un lieu d’échange et de dialogue ». dans cette
Cette entente rédigée dans un langage entente.
juridique très technique est conçue

»
JEAN BARIL
pour encadrer de façon stricte quelles
informations présentées par l’entrepri-
se les membres du comité peuvent
diffuser ou non.
Le document précise d’ailleurs que
« l’existence et le contenu de la pré-
sente entente doivent également être
considérés comme des Informations
confidentielles ».
Celle-ci prévoit aussi qu’en cas de
« litige », les parties devront passer par
Des hippopotames se sont retrouvés coincés jeudi dans un canal asséché près du village de Nxaraga, dans le delta de l’Okavango, au une procédure d’arbitrage dont les pro-
Botswana. Selon les scientifiques, la sécheresse qui sévit en Afrique australe est principalement due au phénomène météorologique cédures et les décisions seront « stric-
El Niño, et non aux changements climatiques. MONIRUL BHUIYAN AGENCE FRANCE-PRESSE tement confidentielles ». Et qu’en cas
de « violation » d’« une des conditions
ou dispositions » de cette entente à si-
gner, Northvolt se réserve le droit de
III CRITIQUE MUSIQUE PHILIPPE RENAUD recourir aux tribunaux.
COLLABORATEUR En soulignant d’entrée de jeu « l’im-

L’émouvante
LE DEVOIR portance d’une communication ouver-

D
te et d’une collaboration dans le parta-
ge des informations en lien avec les
décisions environnementales prises par

tombée
isparu le 15 novembre 2023, Karl Trem-
blay chante de son dernier souffle sur la moitié des chan-
Northvolt », mais aussi en insistant sur
le désir de transmettre des informa-
tions « en toute transparence » et en
disant vouloir respecter le droit des
participants de « commenter publique-

de rideau sons de Pub Royal, le douzième et ultime album original

des Cowboys Fringants, dans lequel le récit fictif, mis en
scène dans la comédie musicale du même nom, s’entremê-
le à la dure réalité. Impossible de départager les deux : le
ment sur ces questions », l’entreprise
fixe des critères définissant ce qui sera
considéré comme une « information
confidentielle ».

des Cowboys
personnage du « vieux rockeur » Johnny Flash du vrai
Karl ; celui de la serveuse Loulou Lapierre de Marie-Annick
Lépine, qui s’illustre avec une autorité inouïe sur l’album
du groupe qu’elle a cofondé avec Jérôme Dupras, Jean-
François Pauzé et son défunt conjoint.
« Dans la présente entente, on en-
tend par informations confidentielles
toutes les informations fournies ou di-
vulguées avant ou après la signature
de la présente entente, qu’elles soient

Fringants Tout sur cet album nous ramène au regretté Karl, en

commençant par les cuivres et le vieux piano droit servant
l’introduction instrumentale (Des espoirs de cause) qui évo-
quent les jazz funerals de La Nouvelle-Orléans. La fanfare
communiquées par écrit, oralement ou
visuellement, et indépendamment de

VOIR PAGE A 4 :   
de cuivres nous souhaite ensuite Bienvenue chez nous, com-
Dans Pub Royal, le douzième et posée pour la comédie musicale ; Tremblay et Lépine chan-
tent cette « zone démilitarisée entre la vie et la mort » à
ultime album original du groupe, tour de rôle sur un rythme trompeusement enjoué évoquant INDEX
à la fois l’ambiance des cabarets jazz, l’explosivité des en- Avis légaux............B4
Karl Tremblay chante son last call sembles tziganes et le souvenir des albums des Colocs. Culture....................B1
La guitare acoustique, couleur dominante de l’œuvre des Économie...............B6
Cowboys, reprend ses droits sur la magnifique Loulous vs Édito.......................A6 Pour suivre
Loulou, rappelant combien Pauzé est un mélodiste inspiré. Idées.......................A7 l’actualité
Météo.....................B6 en continu,
VOIR PAGE A 5 :    Mots croisés...........B6 consultez nos
Monde....................B7 plateformes
Sudoku...................B6 numériques
 2 ACTUALITÉS
LA
De belles
nominations
pour
Le Devoir
Le quotidien décroche
huit nominations aux
Prix d’excellence en
publication numérique
ANNABELLE CAILLOU
LE DEVOIR
Le Devoir se démarque une nou-
velle fois cette année aux Prix
d’excellence en publication nu-
mérique. Il se retrouve parmi les
médias les plus cités avec pas
moins de huit nominations, dont
une dans la catégorie Excellence
générale en publication numéri-
que : grande publication.
Les Prix d’excellence en publi-
cation numérique sont un con-
cours pancanadien récompensant
les réalisations des créateurs et
créatrices de contenu numérique.
Le Devoir a ainsi décroché une
nomination dans la catégorie
Meilleur reportage thématique —
changement climatique pour
« Partir en fumée. L’été 2023, le
début du reste de nos vies », de la
journaliste Sarah Boumedda. Le
reportage revient — cartes et mul-
titudes de données à l’appui — sur
les feux de forêt qui ont pris une
grande ampleur à l’été 2023.
Sarah Boumedda se retrouve
aussi nommée dans la catégorie
Meilleur article de fond, avec sa
collègue Sandrine Vieira, pour
« Langues maternelles en péril.
Pourquoi les enfants d’immigrants
perdent-ils leur langue maternel-
le ? ». Dans ce reportage, elles
donnent la parole à quatre person-
nes issues de l’immigration au
Québec qui décrivent comment
leur langue maternelle s’est effacée
au fil du temps, le français ayant
pris le dessus, et les conséquences
de cette perte sur leur identité.
Dans la catégorie Meilleur article
de fond — format long, c’est le tra-
vail de la journaliste Magdaline
Boutros et du photographe Valérian
Mazataud qui reçoit une nomina-
tion. Pour réaliser « De Khorgos à
Samarcande. Carnet de voyage sur
les nouvelles routes de la soie »,
ils ont sillonné le Kazakhstan et
l’Ouzbékistan afin de comprendre
comment l’influence de Pékin
s’étend dans ces anciennes répu-
bliques soviétiques.
Du côté de la vidéo, la produc-
tion « Menacée par les change-
ments climatiques, la route 132
devra-t-elle être déplacée ? » a
été sélectionnée dans la catégorie
Meilleure vidéo en ligne — for-
mat long. Jasmine Legendre, Jean
Balthazard et Laurence Thibault
y documentent le déclin de la
route 132, qui permet notamment
à ceux qui l’empruntent de faire
le tour de la Gaspésie.
Le reportage vidéo « Des cen-
tres d’inhalation supervisée pour
sauver des vies » est quant à lui
nommé dans la catégorie Meilleure
vidéo en ligne — mini-documentai-
re. Dans celui-ci, Améli Pineda,
Stéphanie Vallet et Guillaume Le-
vasseur s’intéressent aux centres
d’inhalation supervisée qui offrent
un lieu sécuritaire pour mieux en-
cadrer la prise de stimulants.
Dans la catégorie Meilleure
conception numérique, c’est le
reportage interactif « Comment
dirigeriez-vous Hydro-Québec ? »
qui a été cité. Présenté sous forme
de jeu, il propose aux lecteurs d’en-
trer dans la peau du p.-d.g. de la so-
ciété d’État et de prendre les
meilleures décisions possibles afin
de garder le cap sur les cibles clima-
tiques du gouvernement Legault.
Enfin, le récit « Les coulisses
d’une guerre. Immersion à tra-
vers Telegram » est nommé dans
la catégorie Meilleur récit unique
et hors catégorie. Le reportage
fait revivre les premiers jours de
l’invasion de l’Ukraine à travers
les échanges en ligne disponibles
au grand public.
Les lauréats seront annoncés le
7 juin prochain, lors de la soirée
de remise des prix à Toronto.
Honda construira son usine
de batteries de véhicules
électriques en Ontario
ALLISTON — Honda s’apprête à cons-
truire une usine de batteries pour vé-
hicules électriques à côté de son usine
d’assemblage d’Alliston, en Ontario,
qu’elle rééquipera pour produire des
véhicules entièrement électriques, le
tout dans le cadre d’un projet de
15 milliards de dollars qui devrait in-
clure jusqu’à 5 milliards en investisse-
ments publics. L’annonce a été effec-
tuée jeudi matin à Alliston, en présen-
ce du premier ministre du Canada,
Justin Trudeau, et de son homologue
de l’Ontario, Doug Ford. Il est prévu
que le gouvernement fédéral accorde
au constructeur automobile japonais
environ 2,5 milliards de dollars sous
forme de crédits d’impôt pour la fa-
brication de technologies propres et
les investissements dans la chaîne
d’approvisionnement de véhicules
électriques. L’Ontario s’est quant à lui
engagé à fournir jusqu’à 2,5 milliards
de dollars directement. Les deux usi-
nes devraient créer 1000 emplois
supplémentaires, en plus de conserver
les 4200 emplois existants.
La Presse canadienne
Une marée humaine célèbre la démocratie au Portugal
Jeudi, des dizaines de milliers de personnes ont inondé la principale avenue de Lisbonne pour commémorer le cinquantenaire de la révolution des Œillets, un coup
d’État sans effusion de sang mené par de jeunes officiers pour mettre fin à 48 ans de dictature et à 13 années de guerres coloniales en Afrique. Point d’orgue de
centaines d’initiatives étalées sur plusieurs semaines, le traditionnel défilé populaire le long de l’avenue de la Liberté a rassemblé une immense foule dans l’après-midi.
Des véhicules militaires ont défilé dans les rues sur la place Carmo à Lisbonne en transportant d’anciens soldats qui ont pris part à la révolution du 25 avril.
« 25 avril, toujours ! Fascisme, jamais plus », ont crié les manifestants, œillets rouges à la main ou à la boutonnière. PATRICIA DE MELO MOREIRA AGENCE FRANCE-PRESSE
Le PQ s’inquiète de
l’émergence d’une voie
parallèle en logement social
QUÉBEC — La décision du gouverne-
ment Legault d’investir 117 millions
de dollars dans le projet philanthro-
pique de logements pour aînés du
fondateur du Groupe Maurice in-
quiète le Parti québécois, parce qu’il
a été choisi à l’extérieur des appels
de projets habituels. Lors de l’étude
des crédits jeudi, le député des Îles-
de-la Madeleine, Joël Arseneau, a
souligné que le projet Unitaînés
avait été choisi de façon « discré-
tionnaire » par le gouvernement.
Mais la ministre responsable de
l’Habitation, France-Élaine Duran-
ceau, le défend bec et ongles et pro-
met même d’en soutenir d’autres
du même genre. À ses yeux, non
seulement Unitaînés est un bon
projet, mais il devrait être imité.
C’est une « recette bien particulière
à laquelle on croit », a-t-elle dit.
« Notre risque est géré. » Unitaînés
est le nom d’un OBNL créé par Luc
Maurice, le fondateur du groupe de
résidences privées pour aînés du
même nom. Ce dernier a soumis un
projet visant à construire 1000 lo-
gements abordables pour des aînés
à faible revenu. Québec et Ottawa
ont décidé d’investir ensemble
235 millions dans l’aventure. Le pro-
jet est en outre considéré comme
philanthropique parce que M. Mau-
rice prévoit faire un don de 5 mil-
lions dans l’ensemble.
Le Devoir
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DU QUÉBEC La condamnation pour
viol de Weinstein annulée
en appel à New York
Nous
pouvons
déjà dire
Le Québec aura son Musée natio-
nal de l’histoire, le MNHQ, à l’instar
d’une multitude d’autres nations
NEW YORK — La plus haute cour de
l’État de New York a annulé jeudi la
condamnation pour viol de Harvey
sans
hésitation
dans le monde. Le gouvernement
promet qu’il racontera quatre siè-
cles d’histoire québécoise, « des
Weinstein en 2020, estimant que le
juge du procès historique #MeToo
Premiers Peuples, en passant par avait porté préjudice à l’ex-magnat du
que cette
annonce-là
est
les colons européens, jusqu’à au-
jourd’hui », avec l’objectif de gon-
fler de fierté les jeunes, les familles
cinéma avec des décisions inappro-
priées, dont celle de laisser les fem-
mes témoigner sur des allégations qui
»
historique et les touristes qui le visiteront. « Il ne faisaient pas partie de l’affaire. Le
FRANÇOIS LEGAULT y a des journées plus le fun que tribunal a ordonné un nouveau pro-
d’autres en politique », a d’emblée cès. L’homme de 72 ans purge une
lancé le premier ministre François peine de 23 ans dans une prison new-
Legault. Le Québec n’avait pas an- yorkaise depuis sa condamnation
noncé la création d’un nouveau pour acte sexuel criminel, pour avoir
musée national depuis 40 ans : pratiqué de force un cunnilingus sur
après le Musée national des beaux- une assistante de production télévi-
arts du Québec et le Musée d’art suelle et cinématographique en 2006,
contemporain de Montréal, le der- et pour viol au troisième degré pour
nier en date, le Musée de la civili- avoir agressé une aspirante actrice en
sation, avait vu le jour sous René 2013. Il restera en prison, car il a été
Lévesque. Cette nouvelle institu- reconnu coupable à Los Angeles en
tion doit ouvrir au printemps 2026 2022 d’un autre viol et condamné à
dans le pavillon Camille-Roy, érigé 16 ans de prison. Weinstein a été ac-
au milieu du XIX siècle dans l’en-
e
quitté à Los Angeles des accusations
ceinte du Séminaire de Québec. concernant l’une des femmes qui ont
témoigné à New York.
Associated Press
TERRES AGRICOLES Le ministre Boulet invite les employés de
l’IVAC à dénoncer leurs conditions de travail
1/3
QUÉBEC — Le ministre du Travail, Jean Boulet, a invité
jeudi les employés du régime de l’indemnisation des vic-
times d’actes criminels (IVAC) à « dénoncer » leurs con-
ditions de travail. « Qu’on lève la main. S’il y a des em-
ployés qui ont des difficultés particulières, qu’ils le dé-
Le ministère de l’Agriculture, des noncent », a déclaré M. Boulet. Le ministre est respon-
Pêcheries et de l’Alimentation ne sable de la Commission des normes, de l’équité, de la
parvient pas à assurer une protec- santé et de la sécurité du travail (CNESST) de qui relève
tion adéquate du territoire agrico- l’IVAC. M. Boulet a laissé entendre qu’il ignorait l’am-
le québécois, constate la commis- pleur de la détresse chez les employés de l’IVAC, mais
saire au développement durable, dit avoir été mis au courant d’une « période de transi-
Janique Lambert, dans un audit de tion » et d’un nombre de dossiers « important ». Il a dé-
performance rendu public jeudi. claré qu’il s’était entretenu avec le président-directeur
Une situation qui pourrait entraî- général par intérim de la CNESST, Bruno Labrecque, à
ner l’étiolement à long terme du la suite de la parution d’un article dans Le Devoir. Ce
secteur bioalimentaire. « Si on ne texte faisait état du sentiment d’abandon et d’impuissan-
le prend pas en charge, il y a cer- ce des employés de l’IVAC chargés d’annoncer à des vic-
tainement un risque sur l’autosuf- times d’actes criminels que leurs prestations prendront
fisance alimentaire », a déclaré la fin en octobre 2024. Une réforme de l’IVAC adoptée en
commissaire devant les journalis- 2021 a élargi l’accès à ce régime, et les employés doi-
tes en présentant son rapport. vent, en effet, gérer un millier de dossiers en attente.
Pourtant, entre 1988 et 2022, Le Devoir
« 6772 hectares des meilleures
terres ont été exclus », constate-t-
elle, au profit des « infrastructures
routières et énergétiques », des Rectificatifs
« résidences », des « zones com-
merciales et industrielles » et des L’extrait de texte « Maternelle 4 ans », publié en page A 2
« carrières, sablières et graviè- de notre édition du 25 avril, mentionnait que Québec
res ». Résultat : à peine le tiers des n’avait pas ouvert de nouvelles classes de maternelle
zones agricoles serait en culture à 4 ans dans la dernière année. Or, il en a plutôt ouvert 74.
l’heure actuelle. Une réalité qui a Par ailleurs, le texte « L’art de recycler des bouts de mu-
entraîné une augmentation extra- sée », publié en page B 3 de notre édition du 24 avril,
ordinaire de la valeur des terrains mentionnait que Berirouche Feddal présentait chez
(+84 % de 2012 à 2022, selon la McBride Contemporain sa toute première exposition solo
Financière agricole du Québec). à vie. C’est plutôt sa première exposition solo en ce lieu.
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
« Je ne suis pas contre l’idée d’un plafond, mais je pense qu’on n’est pas rendus là encore », dit le ministre Steven Guilbeault.
JUSTIN TANG LA PRESSE CANADIENNE
III ENVIRONNEMENT
Guilbeault ne veut
pas forcément
un plafond
sur la production
de plastique
La question divise les États réunis à Ottawa
pour en négocier les termes d’un traité mondial
SANDRINE VIEIRA
CORRESPONDANTE PARLEMENTAIRE
À OTTAWA
LE DEVOIR
Contrairement à ce qui avait été rappor-
té dans les médias, le ministre fédéral
de l’Environnement, Steven Guilbeault,
ne croit pas que le traité mondial pour
mettre fin aux déchets plastiques doit
nécessairement inclure un plafond à la
production.
« Je ne suis pas contre l’idée d’un
plafond, mais je pense qu’on n’est pas
rendus là encore », spécifie-t-il en en-
trevue au Devoir jeudi.
Plus tôt cette semaine, des médias
avaient rapporté que le ministre souhai-
tait voir un plafond sur la production
dans le futur traité international contre
la pollution plastique. Cette question
divise les États actuellement réunis à
Ottawa pour en négocier les termes.
Un plafond sur la production de
plastique est le principal point de dis-
corde dans la salle de négociations :
pour de nombreuses organisations en-
vironnementales, la seule façon de ré-
soudre la crise du plastique est de ré-
duire la quantité produite à la source,
tandis que d’autres pays veulent plutôt
promouvoir de meilleures pratiques de
recyclage.
Le ministre Guilbeault affirme que
ses propos ont été mal interprétés lors-
qu’il s’est adressé aux journalistes en
marge des négociations.
« On m’a demandé si c’était possi-
ble d’avoir un traité au rabais pour
[être assurés] d’avoir un traité, et si
c’était possible d’avoir un traité sans
plafond. J’ai répondu que non, on avait
besoin d’un traité ambitieux. Tout le
monde a conclu que je disais que ça
prenait un plafond », explique-t-il.
Reste que le Canada « n’est pas
contre » cette avenue. « Si c’est le
consensus de l’ensemble des pays, on
va se rallier. Mais je pense que cette
idée-là peut paraître simple en théorie,
mais excessivement complexe en pra-
tique », prévient le ministre.
Un plafonnement de la production
plastique ne ferait pas la distinction
entre les plastiques dommageables
pour l’environnement et la santé, et
ceux qui le sont moins. La juridiction
des provinces quant à l’utilisation de
ressources naturelles compliquerait
aussi la mise en œuvre d’un plafond à
l’échelle canadienne, explique-t-il.
« Je ne suis pas certain qu’on soit
rendus à cette étape-là. Il y a beau-
coup d’autres choses qu’on peut faire
d’ici la fin de l’année pour avoir un
traité ambitieux », argue le député
de Laurier–Sainte-Marie.
Ottawa a déjà annoncé le lancement
d’un registre fédéral sur les plastiques
qui obligera les producteurs de pro-
duits de plastique à déclarer les types
et les quantités de plastique qui en-
trent sur le marché.
Ce registre ne permettra pas de ré-
duire la consommation plastique, con-
vient M. Guilbeault, mais ce dernier
croit fermement qu’il fournira les in-
formations nécessaires pour mieux
combattre la pollution.
Des compromis pour avancer
En novembre dernier, les négociations
avaient été prises dans une impasse à
Nairobi, au Kenya, où des pays étaient
fortement en désaccord sur les termes
relatifs aux limites de production des
plastiques.
Alors que le temps presse pour con-
clure une entente d’ici la fin de l’an-
née, plusieurs groupes espèrent que les
tactiques de retardement et d’obstruc-
tion de certains États ne feront pas dé-
railler l’actuelle ronde de négociations.
Même si les positions clivantes repré-
sentent toujours un défi, Steven Guil-
beault a bon espoir que les négociations
se déroulent plus rondement cette fois-
ci. « À Nairobi, les Kényans ont produit
un premier texte de négociation qui, de
l’avis de certains, ne reflétait pas les dif-
férentes positions qui avaient été énu-
mérées. Ç’a créé un certain ressac. »
Le projet de texte de l’accord est
alors passé de 35 pages à plus de 70
ACTUALITÉS
pour représenter tous les points de
vue des délégations. Si plusieurs or-
ganisations écologistes y ont vu un
recul important, le ministre Guil-
beault estime que cela facilitera les
négociations en cours à Ottawa — car
être trop « intransigeant » dès le dé-
part aurait pu mener à un échec hâtif
des négociations.
« Le fait que les pays qui étaient plus
réfractaires ont vu que leurs idées
avaient été mises de l’avant dans le
texte, au même titre que les autres, ça
nous permet maintenant de commen-
cer à faire de l’élagage et à négocier,
parce qu’ils sont plus prêts à avancer. »
Le ministre Guilbeault espère qu’en-
viron 70 % du texte du traité sera fina-
lisé d’ici la fin des négociations à Otta-
wa, pour ensuite en arriver à la conclu-
sion d’un accord lors de la cinquième
et dernière ronde de négociations, pré-
vue en Corée du Sud en novembre.
« Le recyclage n’est pas
la solution »
Alors que certains pays espèrent un
traité qui miserait essentiellement sur
la gestion du plastique, l’ancien mili-
tant écologiste est catégorique : la so-
lution à la crise du plastique ne peut
passer que par le recyclage. Officielle-
ment, Ottawa est favorable à un texte
qui privilégiera l’économie circulaire.
« Il faut que les plastiques que nous
utilisons, et que nous allons continuer
à utiliser, restent dans l’économie, et
qu’on se dirige vers une économie cir-
culaire. Il faut des solutions à toutes les
étapes », soutient Steven Guilbeault.
Les emballages en plastique et les
plastiques à usage unique représentent
plus de 50 % de tous les déchets plas-
tiques produits au Canada, mais moins
de 14 % sont recyclés.
La Russie, la Chine et l’Arabie saou-
dite ont été critiquées à plusieurs re-
prises pour avoir ralenti les négocia-
tions au cours des dernières sessions.
Mais plusieurs organisations accusent
aussi les États-Unis, le premier pro-
ducteur mondial de pétrole et de gaz,
de ne pas avoir été proactifs dans les
pourparlers.
« On est peut-être moins alignés sur
nos voisins du Sud qu’on est souvent
dans d’autres dossiers, admet le mi-
nistre. Cela étant dit, on a d’excellen-
tes relations avec la délégation améri-
caine. Je suis en contact avec des gens
à la Maison-Blanche. Je n’ai pas d’in-
quiétudes quant à la position des
États-Unis dans ces négociations-là. »
Les négociations sur le traité à Otta-
wa ont débuté mardi et dureront sept
jours.
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22 39 46
BOULE BLANCHE }}}}}}ď
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Ce soir, 26 MILLION$
A3
Sale temps
pour le français
CHRISTIAN RIOUX
O
n l’aura appris dans un magazine fran-
çais. Enfin, presque. Plutôt un magazine
américain publié en France. Cela nous
en dit déjà beaucoup. C’est en effet le
magazine Vogue qui nous aura révélé la
nouvelle au détour d’une phrase. Une
toute petite information glissée entre deux lignes d’une
longue entrevue. Mais elle aussi en dit beaucoup. Ainsi,
Céline Dion parlerait anglais à ses enfants.
On n’en fera pas une histoire. Chacun règle sa vie privée
comme il l’entend. Mais chacun sait aussi comment nom-
bre d’enfants élevés dans cette sorte de bilinguisme très
particulier que l’on trouve au Canada ont toutes les chan-
ces de finir par parler cette variété de français elle aussi
très particulière qui caractérise par exemple le premier mi-
nistre canadien. Je prends cet exemple parce qu’il est le
plus parlant, mais on pourrait citer des milliers de cas sem-
blables où les mots sont tous en français, mais tout le reste
en anglais. La pensée aussi.
Le même jour, je suis tombé sur cet article nous révélant
que les élèves d’une école secondaire de l’ouest de Montréal
réclamaient le droit de s’exprimer en anglais hors des cours.
Ici, on n’assiste pas à la disparition du français, mais à une
forme de bilinguisation généralisée que l’on pourrait quali-
fier de louisianisation. On pardonnera au correspondant
étranger, pourtant à mille kilomètres de Vaudreuil, de ne
pas rester insensible à une telle nouvelle. D’autant qu’il au-
rait pu entendre sensiblement la même chose dans un collè-
ge de la banlieue parisienne. Bien sûr, ici, il ne s’agit pas de
l’anglais, mais on y constate le même désintérêt et le même
renoncement à l’égard de la culture française.
Le point commun entre Vaudreuil et Romans-sur-Isère,
c’est ce qu’il faut bien appeler la submersion migratoire.
Dans les deux cas, une population issue de l’immigration
en est venue à constituer une majorité suffisamment im-
posante pour freiner ou carrément stopper son intégra-
tion. Bref, la majorité n’a plus le nombre pour imposer sa
langue, ses mœurs et sa culture. À ce stade, ce n’est plus
une question de bon ou de mauvais vouloir, de services
adéquats ou inadéquats, encore moins de bienveillance et
d’accueil. Simplement de nombre.
C’est l’académicien Jean Clair qui écrivait, après avoir
longtemps vécu aux États-Unis, qu’il avait quitté ce pays le
jour où il avait découvert avec stupeur qu’il rêvait en an-
glais. Pas sûr que les jeunes de Vaudreuil et de Romans-
sur-Isère rêvent dans la langue et la culture de Molière.
Contrairement à ce qu’on nous serine à cœur de jour, il
faut des années pour développer un attachement à une cul-
ture ou à une langue et en déployer toutes les racines. C’est
encore plus vrai, à l’époque de l’effondrement scolaire, pour
une langue où l’écrit a toujours mené le bal avec ses liai-
sons, ses terminaisons, ses genres grammaticaux, l’extrême
finesse de son « e » muet et ces multiples nuances qui en
font toute la difficulté, mais aussi l’extraordinaire beauté.
Laisser croire que l’on devient Français ou Québécois et
qu’on parle correctement le français en quelques années
ou même en une seule génération est déjà un mensonge
— demandez-le à la gouverneure générale du Canada !
Pour ne pas dire une escroquerie inventée par ces gestion-
naires du désordre planétaire pour qui les migrants ne
sont au fond qu’une forme de bétail humain que l’on dé-
place d’un continent à l’autre au gré des besoins du mo-
ment. Rien de plus normal que cette déculturation — aus-
si appelée « décivilisation » — d’une population apatride
qui n’a plus les repères de son pays d’origine et à qui il
faudra un temps long pour en acquérir de nouveaux.
Comment s’étonner dans ce contexte que la langue et la
culture du maître s’imposent tout naturellement ?
Car la mondialisation, elle, n’attend pas. Ajoutez à ce
constat l’idéologie décoloniale — qui, étrangement, s’ex-
prime le plus souvent en anglais — et vous comprendrez
pourquoi dans ces milieux, en France comme au Québec,
le français et sa culture sont souvent considérés avec une
certaine morgue. De là à ce que les défenseurs du français
soient demain qualifiés d’extrême droite, il n’y a qu’un
pas. Je suis prêt à prendre les paris.
Tout cela survient, comme l’écrit le sociolinguiste Lio-
nel Meney, à un moment où l’on assiste à « la réduction
progressive du territoire du français, du nombre de situa-
tions dans lesquelles son usage est possible, voire néces-
saire, sa perte d’influence comme langue de communica-
tion internationale, de la diplomatie, des sciences, des
techniques du commerce, des sports et de la culture ».
Dans son dernier livre (Le naufrage du français, le triom-
phe de l’anglais, PUL), Meney fait le relevé minutieux de
la progression de l’anglais en France et de sa pénétration
jusque dans la morphologie de la langue. Vous l’aurez
compris, Meney n’est pas de ces linguistes qui se conten-
tent de dire béatement que « la langue évolue ».
Un poncif auquel l’écrivain Alain Borer avait fort juste-
ment répondu que si « la langue évolue, le cancer aussi ».
2024-04-24
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7986977

A4 ACTUALITÉS
Besoins
criants
CHIRURGIE
SUITE DE LA PAGE A 1
dollars dépensés jusqu’à présent ont
été « rendus disponibles aux établisse-
ments » de santé dans ce but précis.
Le vice-président de la FMSQ, le
Dr Serge Legault, se réjouit que
60 millions aient ainsi été « déga-
gés ». « C’est une bonne nouvelle, dit-
il. À ma connaissance, je ne crois pas
que ces sommes aient été versées aux
équipes locales pour le plan. Nous ap-
plaudirons quand elles le seront. » La
FMSQ encourage les administrations
locales à diffuser leur plan pour que
celui-ci se « mette en marche ».
À la fin mars, Québec a raté sa pre-
mière cible de 7600 patients en attente
d’une intervention chirurgicale depuis
plus d’un an : 11 861 personnes figu-
raient toujours sur cette liste. Le cabi-
net du ministre de la Santé a fait valoir
que ce nombre était de 22 200 en sep-
tembre 2022. Il ajoute qu’une « lettre »
a été envoyée « dans les dernières se-
maines » aux établissements afin de
leur rappeler les 400 millions de dol-
lars de l’IPAM prévus d’ici 2027 « pour
optimiser » les blocs opératoires.
« Nous suivons le travail de nos ges-
tionnaires de très près afin de s’assurer
que les résultats soient au rendez-vous
pour les patients », affirme le cabinet
dans une déclaration écrite, précisant
que le rattrapage « ne va jamais assez
vite à notre goût ».
Selon le cabinet de Christian Dubé,
« la conclusion des conventions collec-
tives permettra d’accélérer l’utilisation
des sommes disponibles ». L’entente de
principe rejetée par les 80 000 mem-
bres de la Fédération interprofession-
nelle de la santé (FIQ) prévoyait une
enveloppe de 40 millions de dollars
pour la mise en place de mesures inci-
tatives dans le cadre du rattrapage des
interventions chirurgicales, peut-on lire
sur le site de la FIQ. Un comité paritai-
re devait convenir « de mesures à met-
tre en place, et ces dernières devraient
entrer en fonction en octobre 2024 ».
L’Outaouais « en mode survie »
Les effets du plan de rattrapage tar-
dent à se faire sentir sur le terrain.
« Les efforts sont très ponctuels dans
un centre et dans un autre, et il y a
peu d’efforts bien coordonnés, systé-
matiques, où il y a des priorités [opé-
ratoires] supplémentaires qui sont à
combler », indique le président de
l’Association québécoise de chirurgie,
le Dr Patrick Charlebois.
« Il y a encore des salles, quotidien-
nement, où il y a des cas annulés en fin
de journée pour différentes raisons. »
Des blocs opératoires ne roulent tou-
jours pas à 100 %, ajoute-t-il. « Il man-
que encore de personnel. »
La situation est critique en Outao-
uais. Pendant les vacances d’été, le
CISSS régional prévoit ouvrir un maxi-
mum de quatre salles d’opération au
total dans ses trois hôpitaux (Hull, Ga-
tineau et Buckingham), contre 7 ac-
tuellement et 12 avant la pandémie.
Les équipes prioriseront les opérations
urgentes, comme les césariennes et
« certains cas d’oncologie », selon le
Dr Wadih Matar, chef du département
des interventions chirurgicales au
CISSS de l’Outaouais. « Tu ne peux
pas faire des cas électifs. On est carré-
ment en mode de survie. »
La pénurie de personnel est particu-
lièrement criante à l’hôpital de Gati-
neau, où une seule salle demeurera ou-
verte cet été. Les employés du CISSS
partent pour travailler en Ontario, où les
salaires sont plus élevés. « Au bloc opé-
ratoire de l’hôpital de Gatineau, on est
à 29 % du personnel qu’on avait avant
la pandémie », indique le Dr Matar. Ce-
la inclut les heures supplémentaires ef-
fectuées par le personnel en place et les
retraités venus prêter main-forte, préci-
se-t-il. Impossible d’envisager un rattra-
page dans ce contexte, ajoute-t-il.
À l’échelle de la province, le gouver-
nement s’est fixé pour objectif d’at-
teindre d’ici le 31 décembre le nombre
prépandémique de patients en attente
d’une intervention chirurgicale depuis
plus d’un an, soit environ 2500.
Pour y arriver, il devra appliquer le
plan de rattrapage « à 100 % », juge le
Dr Serge Legault. Il faudra donc effec-
tuer les opérations prévues au program-
me et « payer les gens en conséquen-
ce » s’il faut étirer la journée, ainsi que
trouver des équipes pour réaliser des in-
terventions chirurgicales « en temps dé-
favorable, par exemple entre 18 h et
21 h ». « Si on était capables de mettre
ça en place, on aurait une vraie chance
d’atteindre les cibles, de briser la courbe
pour qu’elle baisse plus vite », pense-t-il.
III TRANSPORTS
« Plus facile pour les maires
de quêter à Québec », dit
Legault, qui défend Guilbault
Après avoir exclu les transports en commun des missions
de l’État, la ministre a suscité un flot de critiques
ALEXANDRE ROBILLARD
CORRESPONDANT PARLEMENTAIRE
À QUÉBEC
LE DEVOIR
Le premier ministre François Legault a
traité les maires de quêteux, jeudi, et a
renouvelé sa confiance envers sa mi-
nistre des Transports, Geneviève Guil-
bault, à la suite d’une controverse sur
la responsabilité de l’État par rapport
au transport collectif.
Face aux critiques de l’opposition et
du monde municipal, M. Legault a pris
la défense de sa ministre, qui a affirmé
que « gérer le transport collectif et les
sociétés de transport, ce n’est pas une
mission de l’État ».
« J’ai totalement confiance en Ge-
neviève Guilbault », a-t-il dit lors
d’une conférence de presse sur un pro-
jet de musée qui remplacera celui des
Espaces bleus.
En fin de matinée, jeudi, Mme Guil-
bault a tenu à préciser le sens de ses pro-
pos au sujet du transport en commun,
exprimés la veille alors que les crédits
budgétaires de son ministère étaient étu-
diés en commission parlementaire.
« Il y a une question de nuance là-
dedans. Peut-être que mes propos hier
ont été mal exprimés ou ont porté à
confusion, a-t-elle dit dans un point de
presse. Mais je veux être très, très clai-
re. Je maintiens que le gouvernement
n’a pas à s’ingérer dans le quotidien
des sociétés de transport. Néanmoins,
il nous appartient de soutenir le trans-
port collectif. »
Mercredi, Mme Guilbault a exclu le
transport collectif des missions de
l’État en répondant aux questions de
« C’est un peu une façon
d’intimider le citoyen »
NORTHVOLT
SUITE DE LA PAGE A 1
la forme », qui sont obtenues de
Northvolt dans le cadre des « discus-
sions » du comité. Les informations
qui sont déjà de nature publique n’en
font pas partie.
S’ensuit un long paragraphe préci-
sant ce qui ne peut être divulgué :
« Les Informations confidentielles de
Northvolt peuvent inclure (sans toute-
fois s’y limiter) les plans de produits,
les conceptions de produits, les don-
nées sur les coûts, les prix des pro-
duits, les coûts des matières premiè-
res, les informations sur les clients, les
résultats financiers, les plans de mar-
keting ou stratégiques, les opportuni-
tés commerciales, la recherche, le dé-
veloppement, le savoir-faire, le per-
sonnel, les spécifications, les processus
de fabrication, les dessins, les logiciels,
les données, les échantillons et les
prototypes préparés, détenus ou appar-
tenant à Northvolt et à l’une de ses Le site de
sociétés affiliées, où qu’elles se trou- la future usine
vent dans le monde, ainsi que toutes de Northvolt
les copies, notes et tous les produits OLIVIER ZUIDA
dérivés préparés par la partie réceptri- ARCHIVES LE DEVOIR
ce qui contiennent des informations
confidentielles, qu’elles soient ou non
spécifiquement identifiées comme
étant confidentielles. »
Les membres peuvent toutefois di-
vulguer des informations selon les mo-
dalités « prévues » par l’entente, et ce,
« après avoir obtenu le consentement
écrit préalable de Northvolt ».
De « bonnes pratiques » ?
Northvolt confirme avoir « invité » les
membres du comité à signer une « en-
tente de confidentialité » « afin de
permettre aux membres d’obtenir un
maximum d’informations qui ne se-
raient pas immédiatement disponibles
pour le grand public ».
L’entreprise ajoute que celle-ci fait
partie des « bonnes pratiques » déter-
minées par le gouvernement du Qué-
bec et elle assure que ce document
« ne limite pas les membres dans
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
l’opposition au sujet des déficits des
sociétés de transport, pour lesquels des
maires réclament du financement au
gouvernement du Québec.
Quêteux
Jeudi, M. Legault a affirmé qu’il n’était
pas surpris que les élus municipaux ré-
clament son aide pour éponger ce
manque à gagner de plus d’un demi-
milliard de dollars.
Le premier ministre s’est targué
d’être à la tête du gouvernement qui a
le plus investi dans le transport en
commun. Il a répété, comme il le fait
depuis des années, que les employés
municipaux reçoivent des salaires plus
élevés de 30 % que ceux du gouverne-
ment québécois.
« Il faut aussi que les villes fassent
leur part, a-t-il dit. Je comprends que les
maires veuillent avoir plus d’argent du
gouvernement du Québec, je ne tombe
pas sur le derrière. Ça fait assez long-
temps que je suis en politique pour sa-
voir que pour les maires, c’est toujours
plus facile de quêter à Québec que de
faire le ménage dans leurs dépenses. »
Le temps d’une paix
Appelé jeudi à commenter les propos
de la ministre Guilbault, le maire de
Québec, Bruno Marchand, l’a désa-
vouée. « Je n’ai pas confiance en
Mme Guilbault parce qu’il n’y a pas de
vision de la mobilité durable », a-t-il
déclaré lors d’un point de presse à
l’hôtel de ville.
M. Marchand l’a accusée d’avoir
une vision rétrograde qu’il a associée
au début du XXe siècle tel que dépeint
dans un feuilleton télévisé.
leurs commentaires publics sur le projet
et/ou à propos de Northvolt, à l’ex-
ception des informations confidentiel-
les identifiées par l’accord de confi-
dentialité ».
« Nous avons l’intention de respec-
ter ces bonnes pratiques, qui rappel-
lent par ailleurs que les motifs et les
conditions de demandes de confiden-
tialité doivent être établis au préalable
par le comité. C’est pourquoi la pré-
sente entente a été soumise aux mem-
bres pour commentaires d’ici la pro-
chaine rencontre du comité. Nous
sommes en attente de leurs retours »,
explique Northvolt par courriel.
Des critiques
Juriste spécialisé en environnement et
professeur retraité du Département
des sciences juridiques de l’UQAM,
Jean Baril dénonce ce genre de dé-
marche. « Je ne signerais jamais un tel
document. C’est vraiment fait pour
menotter les citoyens. Je ne vois rien
de positif dans cette entente, et mon
conseil à quiconque serait le suivant :
ne signez pas ce document. Rien ne
« Selon moi, on revient au Temps
d’une paix et de Joseph-Arthur, on re-
vient très loin en arrière », a-t-il dit.
Le député de Québec solidaire Étien-
ne Grandmont a affirmé que l’État
québécois finançait la construction et
l’entretien des infrastructures de trans-
port en commun ainsi que le service
aux usagers. « Il y a un deal historique
entre le gouvernement du Québec, les
sociétés de transport et les usagers aus-
si pour faire fonctionner le transport
collectif », a-t-il expliqué jeudi.
« Ministre de l’Asphalte »
Selon Québec solidaire, les propos de
Mme Guilbault témoignent d’une perte
du sens de l’État dans le contexte des
changements climatiques, où ses inter-
ventions sont importantes.
« Le rôle que la ministre se donne,
en fait, il est très clair, a dit M. Grand-
mont ensuite en chambre. Elle, c’est la
ministre de l’Asphalte, et ça explique
beaucoup de choses. Ça explique pour-
quoi son gouvernement n’a jamais li-
vré aucun projet au Québec. »
Le député du Parti québécois Pas-
cal Paradis a critiqué la conception
que Mme Guilbault se fait de ses res-
ponsabilités.
« Que les opérations soient celles
des sociétés de transport et donc des
villes, c’est une chose, mais qu’on
nous dise que ce n’est pas la responsa-
bilité du gouvernement que d’avoir
une vision, que d’imprégner cette vi-
sion-là à travers tout le Québec, je
trouve ça… oui, le mot, c’est “surréa-
liste” », a-t-il dit en point de presse.
Le député libéral Monsef Derraji a
quant à lui estimé que la ministre dé-
montrait son désintérêt pour ses res-
ponsabilités.
« Quelle déclaration maladroite de la
ministre de la Mobilité durable ! a-t-il
affirmé en point de presse. Elle a oublié
que, dans son titre, il y a le[s] “Trans-
ports” et la “Mobilité durable”. »
J’ai totalement confiance
en Geneviève Guilbault
»
FRANÇOIS LEGAULT
démontre la volonté de transparence
affichée par Northvolt dans les pre-
mières lignes de l’entente. »
« Nous ne sommes pas dans le do-
maine du partage public d’informa-
tions. Nous sommes dans le domaine
d’un partage d’informations avec un
certain nombre de personnes qui se se-
ront engagées à ne pas communiquer
d’informations et à ne pas participer à
un débat public sous peine de graves
conséquences », ajoute-t-il après avoir
pris connaissance du document.
Selon lui, l’objectif d’un tel comité
n’est pas d’exposer des renseigne-
ments confidentiels comme ceux ins-
crits dans l’entente. Il s’explique donc
mal les clauses de confidentialité im-
posées. « Les citoyens veulent avoir
des informations de nature environ-
nementale et sociale. Ils ne recher-
chent pas des informations de nature
commerciale. »
Même son de cloche du côté de
Marie-Ève Maillé, médiatrice en envi-
ronnement spécialisée dans l’évalua-
tion des répercussions sociales et de
l’acceptabilité sociale des grands pro-
jets. « Cette façon de faire n’est pas
de nature à faciliter un lien de con-
fiance avec la communauté. À mon
avis, c’est contraire à l’objectif et à
l’esprit d’un comité de suivi. »
« C’est un peu une façon d’intimi-
der le citoyen, qui peut se dire : “Je
n’ai le droit de parler de rien.” Même
le fait qu’une entente existe est confi-
dentiel. Je ne vois donc pas de quoi ils
pourraient parler sur la place publique,
si ce n’est des informations déjà ren-
dues publiques », souligne Mme Maillé.
La formation du comité a été an-
noncée au début du mois de février,
après l’émergence de plusieurs ques-
tions en ce qui a trait à la transparen-
ce dans le développement du plus
important projet industriel de l’histoi-
re du Québec. Northvolt a alors expli-
qué par voie de communiqué qu’elle
créerait un comité « dont la constitu-
tion et les mécanismes de fonctionne-
ment s’inspirent des bonnes pratiques
de l’industrie », et ce, afin de mettre
« à contribution » les citoyens de la
région « dans le suivi des activités
de construction et d’opération de
Northvolt Six ».
Ce comité compte 21 personnes,
dont des citoyens, mais aussi des re-
présentants de l’entreprise et des mu-
nicipalités de McMasterville et Saint-
Basile-le-Grand, une membre du Co-
mité action citoyenne Projet Northvolt
et deux représentants des chambres de
commerce de la région.
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
Il y a « urgence » de revoir
la formation continue de la
main-d’œuvre, disent les cégeps
Québec doit faciliter l’accès à ces formations pour améliorer la productivité
des travailleurs, plaide leur fédération
ZACHARIE GOUDREAULT
LE DEVOIR
Il y a « urgence » d’agir pour revoir
l’encadrement de la formation continue
au Québec et en faciliter l’accès, au
moment où l’économie de la province
connaît des métamorphoses importan-
tes, martèle la Fédération des cégeps
dans un rapport dont Le Devoir a obte-
nu copie sous embargo.
« Que ce soit du point de vue dé-
mographique, écologique ou technolo-
gique, les transitions que nous sommes
appelés à vivre ont et auront des con-
séquences sur le rehaussement et le
maintien dans le temps des compéten-
ces de la main-d’œuvre », relève un
avis de 39 pages que la Fédération des
cégeps a soumis au ministère de l’Em-
ploi et de la Solidarité sociale.
L’organisation, qui reçoit l’appui
du Bureau de coopération interuni-
versitaire et de la Fédération des
centres de services scolaires du Qué-
bec dans sa démarche, décrit ainsi
« l’urgence » de réformer la législation
Comme une forme de testament
MUSIQUE
SUITE DE LA PAGE A 1
Marie-Annick Lépine s’affirme, son
chum Karl vient lui répondre, nous
donnant un premier coup de poing au
ventre, soulagé par l’humour de taver-
ne du texte de Y’est 3 heures on ferme !
qui vient après — toute chantée par
Tremblay, sauf pour la réplique de la
matrone Lépine : « Sorry boys, y’est
3 h, on ferme ! »
La face A se termine par la chanson
qui suscitera le plus de réactions de la
part des fans, écrite (comme Bienvenue
chez nous et Loulous vs Loulou) pour la
comédie musicale. Intense ballade
rock qui sonne comme si on avait gref-
fé Ordinaire de Charlebois à While my
Guitar Gently Weeps de George Harri-
son et qui s’étire sur plus de sept mi-
nutes, interprétée par Karl Tremblay,
La fin du show sera écoutée comme
une forme de testament. Une brutale
québécoise entourant la formation
continue au travail.
Depuis 1995, la Loi sur le dévelop-
pement et la reconnaissance des com-
pétences de la main-d’œuvre oblige
une partie des entreprises de la pro-
vince à investir un montant équivalent
à au moins 1 % de leur masse salariale
dans la formation et le développement
des compétences de leur personnel.
Depuis, la Loi a subi plusieurs assou-
plissements, au point où elle ne s’ap-
plique actuellement qu’aux entreprises
ayant une masse salariale de plus de
deux millions de dollars. Elle ne con-
cerne désormais qu’un peu plus de la
moitié des travailleurs de la province,
alors que 85 % des employés de la
province avaient accès en 2005 à des
formations offertes par des entreprises
ou des établissements d’enseignement
supérieur, relève le rapport de la Fédé-
ration des cégeps.
Elle fait donc état d’un « recul de la
formation en emploi » dans la province.
« Au Québec, on a un dispositif
pour soutenir la formation qui, visible-
réflexion sur la vie qui mène à la mort
et sur la mort qui ne mène à rien
(« Chaque vie finit d’la même maniè-
re / C’est la seule justice sur la Terre /
Tous égaux dans le cimetière »). Un
texte qui sort de la bouche de Johnny,
mais chanté par Karl, qu’on n’imagi-
nerait ensuite jamais écrire au «je»
une strophe comme : « J’veux pas
d’votre pitié ni rien d’autre / Ma vie
fut ben plus cool qu’la vôtre ».
La face B s’ouvre sur une autre ins-
trumentale (On fait quoi maintenant ?),
suivie de la plus étonnante chanson de
cet album, qui ne sonne comme aucu-
ne autre de la discographie du groupe :
chantée par Karl, l’impeccable Ques-
tions sans réponses, futur succès radio,
a un je-ne-sais-quoi de pop-punk qui
nous rappelle le son de Violent Fem-
mes. Elle est aussi, sur le plan esthéti-
que, à l’image de l’ensemble de Pub
Royal, un album — coréalisé par Da-
niel Lacoste et Gus Van Go, aux com-
mandes du précédent Les antipodes
(2019) — sur lequel d’audacieuses dé-
ACTUALITÉS
ment, ne répond pas aux besoins ac-
tuels de notre économie », tranche en
entrevue le président-directeur général
de la Fédération des cégeps, Bernard
Tremblay. Dans ce contexte, « un
coup de barre » s’impose, plaide-t-il.
Des inégalités et des ratés
Le document note par ailleurs des in-
égalités dans l’accès des travailleurs à
ces formations. « Les entreprises plus
petites et la main-d’œuvre peu quali-
fiée ont davantage de besoins en for-
mation et y ont généralement moins
recours », souligne le document. Ces
formations sont pourtant essentielles
pour rendre la main-d’œuvre plus pro-
ductive, au moment où le marché du
travail évolue rapidement au gré des
nouvelles technologies, souligne
M. Tremblay.
« On aura beau faire toute l’innova-
tion du monde, si on n’a pas des gens
pour prendre le relais, pour appliquer
cette innovation-là, bien, ça va rester
sur les tablettes et ça va être d’autres
pays qui vont en bénéficier », lance-t-il.
cisions d’arrangement poussent le son
des Cowboys ailleurs, sans toutefois
être en rupture avec son essence.
Les cuivres ont une nouvelle per-
sonnalité, moins accessoire que sur
les précédents albums ; le violon de
Marie-Annick, ingrédient essentiel du
son des Cowboys, est moins présent,
n’apparaissant d’abord que sur la qua-
trième chanson (Y’est 3 heures on fer-
me !), même qu’on lui préfère le son
du mélodica pour faire contrepoint à
la mélodie de Questions sans réponses.
Un peu partout, le ton des guitares est
plus féroce, plus électrique.
Même en utilisant avec parcimonie
son violon, Marie-Annick Lépine brille
plus que jamais sur Pub Royal. En fin
d’album, elle livre l’une de ses propres
compositions, sur un air de ballade
country rétro assortie d’une guitare
twang totalement inédite dans le réper-
toire du groupe. Vraisemblablement
composé après le départ de son mari,
le texte de Les cheveux blancs s’adresse
aux jeunes filles du couple : « Vous al-
lez voir mes puces / Que la vie est sou-
vent injuste, souvent injuste / Surtout
pour ceux qui partent avant / Avant les
cheveux blancs », chante-t-elle d’une
voix empreinte de douceur et de rési-
gnation qui ne peut faire autrement
A5
Les employés qui souhaitent suivre
ces formations à temps partiel et ac-
quérir de nouvelles connaissances liées
à leur emploi tout en continuant de
travailler à temps plein sont par ailleurs
pénalisés par les programmes d’aide fi-
nancière actuellement offerts par Qué-
bec, note le rapport. Le document sou-
ligne également que les employés les
moins scolarisés sont aussi ceux qui
ont le moins accès à ces formations :
« Les gens qui sont sur le plancher, si
on veut, on a tendance un peu à les né-
gliger », déplore Bernard Tremblay.
« Donc, visiblement, on est devant
quelque chose qui n’est pas adapté
pour les transitions de carrière, quel-
que chose qui n’est pas adapté au re-
haussement des compétences et au
développement de nouvelles compé-
tences », poursuit-il, en référence à
l’encadrement actuel de la formation
continue au Québec.
La Fédération des cégeps réclame
ainsi une révision législative pour facili-
ter l’accès à la formation continue liée
à l’emploi, « de manière à rehausser
les compétences de toute leur main-
d’œuvre » québécoise. Cette dernière
presse en parallèle Québec de mieux
encadrer « l’évaluation de la qualité
des formations qui sont offertes » dans
la province. Car, actuellement, plu-
sieurs formations « un peu bonbons »
— qui n’ont pas vraiment pour effet
d’améliorer les compétences des em-
ployés — sont offertes par des entrepri-
ses qui souhaitent simplement répon-
dre aux exigences législatives imposées
par Québec, glisse M. Tremblay.
« En 2024, attester de la formation
simplement par un acte de présence,
selon moi, ça ne fonctionne plus »,
lance Bernard Tremblay. « Ce dont on
a besoin, ce sont des formations struc-
turées qui nous permettent d’attester
de l’acquisition de compétences »,
conclut-il.
Le reflet d'une
photo de Karl
Tremblay devant
le Centre Bell
avec les
spectateurs
qui ont assisté
à la cérémonie
en son hommage
en novembre
dernier.
HUBERT HAYAUD
ARCHIVES LE DEVOIR
Pub Royal





Les Cowboys
Fringants,
La Tribu
que nous tirer les larmes. Là où La fin
du show pèche par excès, dans la durée
comme dans le texte un brin empesé,
l’élégante et fragile Les cheveux blancs
touche droit au cœur.
Et quelle finale que Merci ben ! Du
Cowboys Fringants pur jus, rappel,
dans le son et le rythme, des années
formatrices des débuts du groupe,
chantée en duo par Lépine et Jean-
François Pauzé — n’eût été le texte en
forme de bilan de carrière, la chanson
aurait pu apparaître sur Motel Capri
(2000) ou Break syndical (2002). Il faut
applaudir les Cowboys de ne pas avoir
succombé à la nostalgie en offrant un
album qui détonne du son classique
forgé au tournant du millénaire.
Pub Royal boucle la boucle en faisant
des clins d’œil à la grande histoire des
Cowboys Fringants — le titre de l’album
fait référence à une chanson de l’album
Octobre (2015), on retrouve le personna-
ge de Gina Pinard rencontré sur le pre-
mier album, 12 grandes chansons (1997),
et dans le texte de Merci ben !, comme
dans celui de La fin du show, sont res-
sassés de glorieux (et moins glorieux)
moments d’excès et d’extase.
Ceux que ces musiciens ont vécus,
et qu’ils nous ont fait vivre pour une
dernière fois sur cet ultime album.
 LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024

A6
ÉDITORIAL
DIRECTEUR BRIAN MYLES Directeur des finances Stéphane Roger
Rédactrice en chef Marie-Andrée Chouinard Chef des technologies Sylvain Coutu
Vice-présidente du développement Christianne Benjamin Directrice des ressources humaines Caroline Marcaillou

LE DEVOIR // FONDÉ PAR HENRI BOURASSA LE 10 JANVIER 1910 > FAIS CE QUE DOIS !

III ÉTUDE DE L’OQLF

En français,
s’il vous plaît

À
la faveur d’une nouvelle étude publiée par l’Office qué-
bécois de la langue française (OQLF), le Québec se
gratte de nouveau le « Bonjour-Hi » en se demandant
si le français va bien ou mal. C’est devenu un refrain
connu, et chaque fois il met en scène les deux mêmes
fameux camps, qui surfent sur des données identiques
pour arriver à des constats opposés : alors que tout va
bien pour les uns, il y a danger pour les autres.
Au risque de passer pour des rabat-joie ou de som-
MARIE-ANDRÉE bres défaitistes, nous sommes dans le camp des in-
CHOUINARD quiets, pour qui le déclin du français se confirme dou-
cement, tranquillement, au fil du temps qui passe. La
langue française est une affaire de statistiques, et on
peut l’ausculter sous divers angles mathématiques.
Mais si ces mêmes chiffres réussissent à provoquer
des réactions inverses, c’est bien que la langue est
d’abord et avant tout affaire de cœur. Quand on a eu
mal à sa langue en la voyant plusieurs fois malmenée
au gré de l’Histoire, on ne peut pas baisser la garde.
L’OQLF publie une étude après l’autre. La dernière
en date, Langue d’accueil et langue de service dans les
commerces du Québec en 2023, fait suite à deux coups de sonde à la facture
similaire effectués en 2010 et en 2017. À l’aide d’observateurs chargés de
visiter des commerces dans quelques villes du Québec, l’organisme vou-
lait valider le respect de la Charte de la langue française dans les entre-
prises. L’article 5 de la Charte stipule que « les consommateurs de biens
ou de services ont le droit d’être informés et servis en français ». En en-
trant dans les quelque 7300 commerces visés par l’exercice, les observa-
teurs devaient relever dans quelle langue on les accueillait — Bonjour, Hi,
Bonjour-Hi — et on les servait.
Pour ce qui est de la langue d’accueil, le constat est éloquent. Entre
2010 et 2023, l’usage du français a perdu 13 points de pourcentage dans LETTRES malgré une grosse campagne M. Lefebvre n’a aucun scrupule
les commerces de l’île de Montréal (passant de 84,2 % en 2010 à 74,6 % municipale, à peine 30 % des à partir avec « le beurre et l’ar-
en 2017 et à 71 % en 2023). Pendant ce temps, l’anglais grignotait électeurs se sont présentés gent du beurre ».
5 points de pourcentage de plus ; l’accueil bilingue, 8 points. Le recours au Cher Paul St-Pierre aux urnes. Henri Marineau
« Bonjour-Hi », que certains associent beaucoup trop simplement à une La priorité devrait être de nous Québec, le 25 avril 2024
marque élémentaire de courtoisie, continue donc de gagner du terrain. Plamondon promettre un bon gouvernement
Or, Montréal n’est pas une ville bilingue. Le premier article de sa charte qui redonnera le pouvoir aux ci-
énonce on ne peut plus clairement que c’est une « ville de langue françai- Vous parlez de faire l’indépen- toyens, pas aux fonctionnaires. Une histoire
se ». Pourquoi alors s’astreindre à un bilinguisme d’accueil qui ne corres- dance lors d’un premier man- Yvon Robert
pond pas le moins du monde à ce que la ville aspire à demeurer, c’est-à-dire dat, d’organiser un référendum. Le 25 avril 2024 en deux livres
une métropole riche de sa diversité, mais à l’affirmation francophone forte ? Pour moi, c’est mettre la char-
On entend d’ici soupirer. Quel mal peut bien faire une politesse bilingue rue devant les bœufs. Un tout nouveau livre de Sophie
si ensuite la langue de service est presque essentiellement en français (le On a perdu le contrôle des Partir avec le beurre Grégoire fait la une un peu par-
rapport note en effet que, sur l’île de Montréal, seuls 2,6 % des observa- systèmes d’éducation et de san- tout, à la radio de Radio-Canada,
teurs envoyés par l’OQLF n’ont pas pu être servis en français) ? Un mal té, on manque de places en gar- et l’argent du beurre dans La Presse et j’en passe.
aussi insidieux que néfaste, car non seulement cette pratique brise-t-elle derie, nos finances publiques C’est la promesse d’un livre sur
l’esprit des lois, elle contribue en plus à dépeindre Montréal comme une sont en déroute, Hydro-Québec Le moins qu’on puisse dire, la croissance personnelle, inspiré
ville bilingue dès l’entrée, peu importe qui on est — touriste, résident fran- peine à nous alimenter en élec- c’est que le député Éric Lefebvre du parcours de sa vie. Le succès
cophone, allophone ou anglophone. L’OQLF note d’ailleurs une progres- tricité, le transport en commun ne manque pas de culot. En ef- du livre est garanti, tant sa pro-
sion des plaintes sur la langue de service d’année en année. est en déficit ; dites-moi com- fet, après avoir démissionné de motion est grandiose.
Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, ne se réjouit ment un référendum sur l’indé- son poste de député de la Pratiquement en même
pas lui non plus de ces résultats, qui montrent que le français n’a pas la pendance du Québec corrigera CAQ, Éric Lefebvre a choisi de temps sort un tout nouveau li-
vigueur espérée. Un plan d’action sur la langue française, dont les grandes nos problèmes. demeurer à l’Assemblée natio- vre d’Alain Deneault, L’écono-
lignes ont été dévoilées dans La Presse cette semaine, sera présenté inces- Pourquoi ne pas d’abord nale à titre d’indépendant. Le mie de la pensée. C’est le
samment. M. Roberge se défend de vouloir servir du réchauffé, comme nous montrer comment un député d’Arthabaska et ex- 5e d’une série sur l’économie.
on l’a laissé entendre, mais si la Coalition avenir Québec (CAQ) veut frei- gouvernement du PQ corrigera whip en chef du gouvernement Trop difficile à lire, me direz-
ner le déclin du français, comme elle dit être en mesure de le faire, les ac- les problèmes que nous vi- aura beau invoquer qu’il conti- vous ? Ou bien ça n’intéresse
tions devront être vigoureuses et cibler les générations à venir. vons ? Ensuite, il sera temps de nuera d’être attentif aux dolé- personne ?
Sur ce seul et unique front, il y a fort à faire, car les jeunes n’ont pas faire un référendum pour la ances de ses électeurs, il devra Je me demande dès lors
mal à leur langue comme les plus expérimentés, pour le dire avec des prise en main du Québec par se contenter d’être un député comment élever la pensée d’un
égards, en souffrent. Pour ces jeunes-là, qui conversent en bande d’amis les Québécois. d’arrière-ban, avec toutes les peuple. Comment donner accès
francophones en empruntant ici et là à d’autres idiomes (dont l’anglais), Dans les années 1980, sous conséquences que cette situa- à des notions qui, une fois vul-
l’accueil bilingue à Montréal n’est que le prolongement naturel d’une l’administration du PQ, j’ai pré- tion provoque, notamment un garisées, nous permettent de
galanterie linguistique consentie à Montréal, au Québec, parcelle de sidé un comité pour proposer la nombre restreint d’interven- comprendre le monde dans le-
l’échiquier mondial. Rien de bien plus grave que cela. Nous sommes des décentralisation du Québec. Le tions en Chambre. quel on vit ? Pourquoi ne pas
citoyens du monde ! premier ministre du temps, René Toutefois, et c’est là où le bât faire confiance à l’intelligence
Mais nous sommes les citoyens d’un sympathique bastion francophone Lévesque, n’a pu convaincre ses blesse effrontément, celui-ci se- collective ? Ne faudrait-il pas
dont les fortifications ont besoin de mortier. Plusieurs actions sont néces- députés du bien-fondé du projet, ra candidat pour le PCC lors commencer à s’y intéresser et à
saires. La sélection d’immigrants francophones contribuera évidemment ils ne faisaient pas confiance aux des prochaines élections fédé- rendre visible ce contenu
à freiner la chute du français, et il faudra s’assurer aussi que soient levés Québécois. Imaginez ! On veut rales et, à ce titre, il n’y a au- moins « vendable » en permet-
les nombreux obstacles placés sur la route des immigrants temporaires faire un pays et on ne peut mê- cun doute dans mon esprit qu’il tant à son auteur d’avoir plu-
dans l’apprentissage du français. me pas contrôler nos écoles, nos sera rémunéré par le PCC de sieurs tribunes ?
Pour un français digne de ce qu’il est comme socle identitaire et cultu- hôpitaux, on a tout centralisé, les Pierre Poilievre, et cela, dans le Alors, peut-être qu’il y aura
rel, les écoles et les milieux culturels québécois devraient pouvoir établir citoyens ont perdu confiance en- contexte où il recevra de sur- une promesse de grandissement
un maillage permanent afin d’offrir un foisonnement d’activités culturelles vers les gouvernements, on ne va croît son salaire de député à collectif.
en français. L’éducation et la culture ont beaucoup à offrir pour maintenir même plus voter aux élections même les poches des contri- Hélène Sylvain
en vie ou faire fleurir la fierté d’une langue comme le français. municipales. À Saint-Jérôme, buables. En termes clairs, Saint-Jérôme, le 23 avril 2024

LIBRE OPINION mon expérience : il existe des per-

sonnes qui t’accepteront tel que tu

Lettre à un jeune immigrant es. N’en doute pas, et permets-toi

Younes El Moustir
L’auteur habite à Montréal.
À toi, cher adolescent ou jeune
adulte immigrant qui me lit, je
sais que tu affrontes et que tu as
eu à affronter de nombreux défis
depuis ton arrivée au Canada.
Être immigrant, c’est parfois se
sentir déconnecté de la société
dans laquelle on évolue. On sou-
haite si fort s’y intégrer, et pour-
tant, tout conspire à nous rappeler
qu’on est différents.
Être immigrant et appartenir à
la communauté LGBTQ+, c’est en
quelque sorte faire face à une
double discrimination. Nous di-
vergeons à la fois de notre société
d’accueil et, bien souvent, des at-
tentes que notre famille a pour
nous. On se retrouve doublement
isolés, avec peu de points de repè-
re pour nous aider à naviguer à
travers notre quotidien. Cette si-
tuation peut engendrer beaucoup
de solitude et de tristesse, comme
ça a été le cas pour moi.
Je ne prétends pas tout savoir
sur la meilleure manière d’affron-
ter ces épreuves, mais je peux tout
de même te dire ce qui a fonc-
tionné pour moi. Tout d’abord, si
tu es croyant comme moi, je tiens
à te rassurer. Dans ma vision des
choses, je me dis que le Créateur
est parfait et que, si je suis né ain-
si, c’est qu’Il a voulu que je sois
comme ça. Ça m’aide à m’accep-
ter tel que je suis.
Mon orientation sexuelle est
une partie naturelle de mon
identité, et je n’ai aucunement à
en avoir honte, ni toi d’ailleurs.
Ne crains rien : tu es tout à fait
normal. Permets-toi de t’accepter
tel que tu es dans toutes tes
nuances et ta complexité. Au lieu
de repousser ta véritable nature,
embrasse-la. C’est le premier pas
vers une vie meilleure, je te l’as-
sure. Être en paix avec qui tu es
te donnera la possibilité de créer
des liens plus authentiques avec
les autres, de les rencontrer avec
le cœur et, ainsi, d’être fonda-
mentalement plus heureux.
Ensuite, entoure-toi de gens qui
t’aiment et te soutiennent. Si tu as
la chance d’avoir une famille
compréhensive à l’égard de ta si-
tuation, chéris cela. Si ce n’est pas
le cas, sache qu’il y aura des gens
sur ta route qui sauront t’apporter
l’aide et le soutien dont tu as be-
soin, que ce soient des amis, des
collègues, ou encore certains or-
ganismes et groupes de soutien.
La famille qui nous a mis au
monde, c’est précieux, mais la fa-
mille que l’on choisit est tout aus-
si, sinon plus, importante. Crois-en
Être immigrant et
appartenir à la communauté
LGBTQ+, c’est en quelque
sorte faire face à une
double discrimination. Nous
divergeons à la fois de notre
société d’accueil et, bien
souvent, des attentes que
notre famille a pour nous.
d’être réellement toi, en toute au-
thenticité. N’autorise personne à
te définir. Tu es bien plus que ton
orientation sexuelle ou ton identité
de genre. Tu es un individu unique
avec ta propre personnalité, tes rê-
ves et tes talents. Ne laisse per-
sonne te dire qui tu es, ce que tu
devrais faire et qui tu devrais ai-
mer. Toi seul sais ce qui nourrit
ton âme, ne laisse pas les autres te
le dicter. Lève la tête bien haute et
soit fier de qui tu es.
Ma génération et les suivantes
sont les premières générations
d’immigrants à assumer plus ou-
vertement qui elles sont et à faire
leur coming out, pour ceux et celles
que ça concerne. Nous sommes
des pionniers, ne l’oublie pas. Bien
sûr, cela vient avec certains défis,
mais notre présence, notre ouver-
ture et, surtout, notre décision de
ne plus nous taire aideront les jeu-
nes des générations à venir à être
davantage eux-mêmes, j’en suis
certain. Ce que nous faisons est
important, garde cela en tête et,
lorsque tu fais face à des difficul-
tés, dis-toi que tu traces un che-
min qui en aidera bien d’autres.
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
Directrice de l’information Malorie Beauchemin
Adjoints Baptiste Barbe, Fanny Bédard, Valérie Duhaime,
Christian Duperron, Louis Gagné, Émilie Larivée-Tourangeau,
Dominique Reny, Louise-Maude Rioux Soucy
III POLITIQUE QUÉBÉCOISE
Oui, notre culture
peut être éternelle
Guillaume Déziel
L’auteur est stratège en culture numérique,
modèles d’affaires et blockchain.
Suis-je amoureux du ministre Lacom-
be ? J’hallucine… Mardi, on pouvait lire
en titre d’un article du Devoir : « Les
œuvres devraient circuler librement
sur les plateformes, indique Mathieu
Lacombe ». Honnêtement, je ne pen-
sais jamais voir ça de mon vivant.
Ayant été parmi les premiers au
Québec à défendre la « culture libre »
en musique, notamment dans le cadre
d’une mise en marché de Misteur Va-
laire en 2007, j’avais dès lors expéri-
menté les effets d’un modèle fondé
sur la gratuité. Mais somme toute as-
sez payant, finalement.
Lorsque nous avions choisi de rendre
les albums Friterday Night et Golden
Bombay gratuits en téléchargement libre,
j’étais bien loin de me douter qu’ils bé-
néficieraient de 68 000 téléchargements
uniques en provenance de 58 pays diffé-
rents ; en échange des noms, des cour-
riels et de la géolocalisation de tous
nos fans. J’étais encore plus loin de
comprendre que nous foulerions le Mé-
tropolis en seulement cinq envois de
courriels ; à générer plus de 52 000 $
de revenus en une seule soirée pour
seulement 321,25 $ en publicité Face-
book. Jamais je n’aurais pu m’imaginer
mener, cinq ans plus tard, un groupe
de musique électro à rouler un demi-
million de chiffre d’affaires… Et tout cela
grâce à l’utilisation d’une licence Crea-
tive Commons de type BY-NC-SA ;
bien en dehors de la canalisation tradi-
tionnelle du droit d’auteur.
Une culture qu’on se paye…
deux fois !
En 2022, j’avais fait paraître dans Le
Devoir une lettre d’opinion intitulée
Think big ’sti ! ou quand le gros
a toujours la cote
La déclaration de Bob Gratton date de plus de 40 ans ; tout porte
à croire qu’elle est toujours d’actualité
Steeve Duguay
L’auteur est intervenant communautaire
auprès d’usagers du réseau de la santé
et des services sociaux.
Think big ’sti ! Qui ne se souvient pas
de cette déclaration de Bob « Elvis »
Gratton, personnage coloré, joué avec
brio par Julien Poulin, créé et réalisé
par Pierre Falardeau, en 1985 ? Une
scène d’anthologie dans ce film qui te-
nait à dénoncer la soumission du peu-
ple québécois à la culture américaine.
Pour Gratton, tout doit être gros. Il vit
dans une grosse maison et conduit un
gros véhicule. Gratton lui-même est
plutôt bien enrobé, adipeux. La gros-
seur, dans le film de Falardeau, est
une représentation de l’abondance, de
la prospérité et de la réussite.
L’an dernier, la sociologue Dahlia
Namian a publié, chez Lux Éditeur, La
société de provocation. Essai sur l’obscé-
nité des riches. L’ouvrage de la sociolo-
gue traite de l’exhibitionnisme totale-
ment décomplexé des ultrariches dans
notre société. Un essai bien intéressant
que je vous invite à lire.
Oui, les mieux nantis de notre socié-
té n’hésitent pas à exhiber leur prospé-
rité, leur réussite par le biais de leurs
avoirs, de leurs possessions. Cette il-
lustration de la prospérité, chez les
biens nantis, se veut ostentatoire et
très souvent obscène. Elle a pour but
de tracer une très nette démarcation
entre le riche, celui qui a réussi, et le
commun des mortels. Mais qu’en est-il
de la représentation de la réussite chez
les gens faisant partie de ce que l’on
appelle, avec plus ou moins de justes-
se, la classe moyenne ?
Je suis amateur de motocyclettes.
Du mois d’avril au mois de novembre,
c’est d’ailleurs mon principal mode de
locomotion. J’utilise ma moto principa-
lement pour me rendre au boulot.
J’éprouve un véritable plaisir à condui-
re cette dernière sur les petits chemins
Directrice artistique Claire Dazat
Directeur de la production Christian Goulet
« L’aspirateur américain ». Devant le
fait accompli du rachat du catalogue
des Films Séville par une entreprise
américaine, j’y faisais le constat « que
notre culture, celle qu’on se paye tous
ensemble, ne nous appartient finale-
ment pas ». J’y dénonçais que nous,
les contribuables, payons « à 90 %
une œuvre cinématographique qui, au
bout du compte, tombera à 100 % en-
tre les mains d’une entreprise inc. »,
et j’ajoutais que c’était « comme si on
payait tous pour la construction d’un
tronçon d’autoroute qui, au moment
de son inauguration, était cédé totale-
ment à l’entrepreneur privé qui l’a
construit (sans prendre de risque). Et
en lui permettant même d’y installer
des postes de péage ».
J’ajouterais aujourd’hui que le princi-
pe du financement culturel au Québec
se résume platement à nationaliser les
risques et à privatiser les profits ; sans
aucune obligation de respecter les ar-
tistes, de promouvoir, de valoriser nos
produits culturels ou de les rendre ac-
cessibles. Tous pour un ; un pour… un.
Une épiphanie ministérielle
qu’on n’attendait plus…
Or, voilà que le ministre Lacombe
semble avoir une vision inopinément
lucide de ce que devrait être l’avenir
de notre culture : désormais libre ; li-
bérée d’un droit d’auteur la canalisant
vers des plateformes multinationales
qui n’ont que les blockbusters améri-
cains ou leurs propres productions
comme grandes priorités…
Et soyons bien honnêtes : 95 % des
revenus d’un film québécois se mani-
festent au plus tard dans les sept pre-
mières années de vie de l’œuvre (si ce
n’est pas dans la première…). Après
quoi, des miettes entrent au compte-
gouttes sur des dizaines d’années. Rien
de campagne menant à mon bureau.
Pour moi, la conduite d’une motocy-
clette est un acte quasi méditatif. La
conduite de ma moto est aussi un
moyen de réduire mon empreinte en-
vironnementale. C’est un moyen de
transport qui consomme très peu d’es-
sence et produit peu d’émissions.
L’année dernière, j’ai décidé de
changer ma motocyclette vieillissante
(une « vintage » construite en 2000)
pour une nouvelle monture. Je recher-
chais un modèle économique ayant un
moteur de faible cylindré. Rapidement,
en consultant les sites des construc-
teurs de motocyclettes, j’ai constaté
que les fabricants offraient des modè-
les de plus en plus gros, ostentatoires
et dotés d’une motorisation de plus en
plus imposante. En bref, outre les
scooters, il n’existe pratiquement plus
de petites motos sur le marché nord-
américain.
J’ai eu la chance de voyager. Dans la
majorité des pays que j’ai visités, la
motocyclette est, avec l’âne et le vélo,
le véhicule des moins nantis, des pau-
vres. Elle permet de se déplacer à fai-
ble coût. Dans nombre de ces pays, les
motocyclistes se déplacent sur des
montures chinoises, légères et ayant
de très petits moteurs. Ce n’est pas le
cas au Québec.
Il y a de cela quelques mois, ma
conjointe a décidé de changer sa voi-
ture. Elle possédait une voiture sous-
compacte, construite en 2007. Nous
avons constaté que les sous-compactes
sont pratiquement absentes des catalo-
gues des fabricants. Même les voitures
compactes semblent avoir disparu de
ces catalogues. Nous sommes à l’ère
des véhicules utilitaires sport (VUS) et
des camions de style pick-up ! Des vé-
hicules de plus en plus gros et dotés
d’une multitude de gadgets électroni-
ques ayant davantage pour but de gon-
fler la facture que d’apporter un véri-
table agrément de conduite.
pour faire vivre les artisans qui ont des
droits de suite ou des droits d’auteur…
Sauf que ces grenailles, combinées à
des milliers d’autres poussières de re-
venus générées par l’exploitation glo-
bale d’un catalogue, font au cumul le
bonheur d’une poignée de distribu-
teurs se promenant en voitures de luxe
depuis des lustres.
Des fleurs, après les pots
C’est rare que j’abuse de l’encre du jour-
nal Le Devoir pour lancer des fleurs à un
ministre. J’admets avoir plutôt garroché
de multiples pots aux cinq ministres de
la Culture qu’on a vus passer, entre
Christine St-Pierre et Mathieu Lacombe.
Mais quand deux neurones se con-
nectent dans la tête d’un ministre pour
le bien de notre collectivité, je tombe
dans une incontournable obligation de
déclarer — et sans aucune retenue —
mon amour profond pour ce genre de
position.
Non seulement je salue cette vision
du ministre Lacombe, mais, tant qu’à y
être, je l’inviterais à offrir la vie éternel-
le numérique à « notre » Passe-Partout
national. Oui. Celui avec Marie Eykel.
Parce que cette œuvre éducative cul-
te, payée en 1977 à coups de millions
par mes parents et leur génération, est
aujourd’hui (et jusqu’en 2047…) occul-
tée par une mélasse juridique et syndi-
cale sclérosée, coulant tout droit d’une
autre époque ; elle est aussi évacuée
du Web à cause des (petits) intérêts
d’une poignée d’individus, déjà morts
pour certains, et ce, au détriment des
(grands) intérêts d’une collectivité bien
vivante et unique au monde.
Parce que, oui, notre culture peut
être éternelle.
Il s’agit simplement, pour le minis-
tre Lacombe, de transformer d’un
coup de décret ministériel magique un
« produit » cadenassé, inutilement
mercantile, en une « œuvre » utile, li-
bre, affranchie du (trop long) droit
d’auteur ; une œuvre qu’on pourra
ainsi se prescrire entre nous, de géné-
ration en génération, sans friction,
sans gêne, sans attendre encore 23 ans
et, surtout, sans enfreindre la loi. Et
cela sur le Web, directement, sans en-
trave, de personne à personne, et bien
au-delà du pouvoir et du bon vouloir
de Netflix ou d’autres cyberentreprises
paternalistes culturelles américaines.
Montrer au monde qu’ils existent
Je vois de plus en plus de gros véhicules
sur les routes du Québec. Étrangement,
la hausse du prix de l’essence ne sem-
ble pas vouloir freiner ce phénomène
d’accroissement de la taille des véhicu-
les. Pourquoi donc ? Ne sommes-nous
pas conscientisés quant aux impacts en-
vironnementaux que provoque la sur-
consommation d’énergies fossiles ?
Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
L’accroissement de la taille des biens
est aussi observable dans le secteur de
l’immobilier. Les maisons sont de plus
en plus grandes, de plus en plus spa-
cieuses et luxueuses. Alors que nous vi-
vons une crise du logement sans précé-
dent, les nouvelles constructions domi-
ciliaires semblent conçues pour de très
grandes familles. Pourtant, les familles
sont de moins en moins grandes au
Québec. Qu’est-ce qui explique ce fait ?
L’humain tend, par sa nature, à fré-
quemment vouloir s’élever au-dessus
de la mêlée. Certains par les idées, les
actions, d’autres par leurs avoirs. Pour
une grande partie de la population, la
représentation de soi s’opère par le re-
flet de l’autre. La réussite sociale s’ex-
hibe par la grosseur des biens possé-
dés. J’ai d’ailleurs en tête l’image d’un
maire d’une petite municipalité qui
conduit un gros VUS de luxe ayant
une plaque minéralogique personnali-
sée portant ses initiales… Il tient sûre-
ment à être reconnu !
La déclaration de Bob Gratton date
de plus de 40 ans. Tout porte à croire
qu’elle est toujours d’actualité. Gratton
ne faisait pas partie des ultrariches de
notre société. Il représentait la « classe
moyenne » de la société québécoise.
Cette classe dont plusieurs membres
préconisaient, et préconisent toujours,
l’exhibition de leurs biens et de la
grosseur de ces derniers pour montrer
au monde qu’ils ont réussi. Pour mon-
trer au monde qu’ils existent.
Think big ’sti !
IDÉES
A7
Le temps,
c’est du sang
AURÉLIE LANCTÔT
I
l est impossible de ne pas remarquer les
affiches colorées dès qu’on sort de la sta-
tion de métro Lionel-Groulx, dans le sud-
ouest de Montréal. La façade du bureau
de circonscription du ministre fédéral de
l’Immigration, des Réfugiés et de la Ci-
toyenneté (IRCC), Marc Miller, est placardée d’affiches
en solidarité avec la Palestine.
Lorsque je m’approche, Samar Alkhdour se tient immo-
bile au bord du trottoir, droite comme un i, en faisant un
signe de paix avec les doigts. Dans un VUS luxueux im-
mobilisé au feu rouge, conducteur et passager lui brandis-
sent le doigt d’honneur en la filmant. Lorsque la lumière
tourne au vert, ils décampent.
Ça arrive souvent, je lui demande, avant même d’avoir
pu me présenter ? Ça arrive, dit-elle avec un grand souri-
re, mais ce n’est pas grave. Il y a au moins autant de
klaxons d’encouragements.
Ce jour-là, Samar Alkhdour en est à son 21e jour de sit-
in devant le bureau du ministre Marc Miller. Du lundi au
vendredi, beau temps mauvais temps, elle s’assoit à côté
de la porte sur sa chaise de camping, avec un petit tableau
aux lettres amovibles sur lequel on lit : « Jour 201 du gé-
nocide à Gaza. 45 000 Palestiniens assassinés. »
Quelques jours avant, elle interrompait une allocution de
M. Miller à Montréal. Les images ont fait le tour du Web.
« Monsieur Miller, je suis Samar Alkhdour. Vous avez tué
ma fille à Gaza en janvier et vous avez ignoré mes appels à
l’aide, sans cœur et sans merci », l’entend-on dire au mi-
cro. « Marc Miller, child killer », scande-t-elle pendant
qu’on la conduit dehors.
Lorsque nous nous assoyons pour discuter, elle m’avertit :
« Je ne veux pas que le portrait dépeint de moi soit celui
d’une mère en deuil hystérique. Ce n’est pas ça, le sujet. »
Le deuil fait nécessairement partie de l’histoire ; une histoi-
re d’immigration qui précède largement l’attaque du Hamas
le 7 octobre 2023 et le début du bombardement incessant de
Gaza, et qui tourne au cauchemar en raison de l’étourdissan-
te bureaucratie d’IRCC. Samar Alkhdour faisait une maîtrise
en développement international lorsqu’elle a demandé l’asile
au Canada, en 2019, avec son mari et ses deux plus jeunes
enfants. Or, sa fille aînée, Jana, atteinte de paralysie cérébra-
le, a dû rester derrière — faute d’accès à un transport adapté
au moment où le reste de la famille a fui Gaza.
En 2021, la famille a obtenu le statut de réfugié au Canada.
Mais même en multipliant les démarches, les formulaires, les
appels, et ce, pendant des années, impossible de mettre en
branle le rapatriement de Jana. Même pour une enfant lour-
dement handicapée, dont la famille a dû émigrer d’urgence,
on ne pouvait pas faire simple et faire vite. L’humanité, ce
n’est pas la force du système d’immigration canadien.
Puis est arrivé le 7 octobre. La sécurité de Jana, et celle
de toute la famille de Samar restée derrière, était plus que
jamais compromise. Samar a redoublé d’ardeur pour faire
sortir sa fille le plus vite possible, sachant qu’elle ne survi-
vrait pas longtemps dans les conditions dramatiques de
Gaza. Le 22 janvier, lorsque le feu vert a finalement été
donné pour le rapatriement, il était trop tard. Elle était
décédée deux semaines auparavant, de malnutrition.
La tragédie est d’une profondeur abyssale, mais Samar
insiste : cette histoire ne doit pas être lue comme un dra-
me individuel, mais bien comme l’échec programmé d’un
système qui conçoit la vie des Palestiniens comme une
quantité négligeable.
Désormais, Samar tente de faire bénéficier sa sœur,
son beau-frère et leurs enfants du programme de visas
d’urgence créé par le gouvernement canadien pour éva-
cuer 1000 Gazaouis ayant de la famille au Canada. Un
échec retentissant, de l’aveu même du ministre Miller,
qui confiait au mois de mars que son programme ne pou-
vait rien pour les Gazaouis.
Frais d’évacuation exorbitants à la frontière égyptienne,
risques pour la sécurité, lourdeur et confusion dans le
traitement des demandes. Lorsque l’on compare ce pro-
gramme à celui mis sur pied pour accueillir les réfugiés
ukrainiens, le deux poids, deux mesures est frappant.
930 000 Ukrainiens acceptés, des mesures de soutien à
l’accueil, une solidarité citoyenne immédiate, consensuelle.
« C’est très bien que les Ukrainiens aient bénéficié de
tout cela, me dit Samar. Maintenant, il faut faire la même
chose. Si on l’a fait pour un certain groupe de personnes,
on peut le faire pour un autre. »
Voilà la défense à laquelle s’accroche le gouvernement
canadien : oui, mais justement, ce n’est pas tout à fait la
même chose. À quoi tient la différence, au juste, sinon à
la déshumanisation d’une population non blanche à qui
l’hospitalité est toujours offerte avec de lourds bémols ?
Le gouvernement canadien aime beaucoup jouer la car-
te de l’impuissance sur la question palestinienne. Vous sa-
vez, on ne peut rien diplomatiquement, on fait ce qu’on
peut. Oui, ce serait bien qu’Israël consente au cessez-le-
feu et respecte le droit international, mais que voulez-
vous ? La Cour internationale de justice poursuit son exa-
men du crime de génocide à Gaza. D’ici là, que dire ?
Le Canada se comporte comme s’il n’était pas un pays du
G7 ayant des liens économiques considérables avec Israël, et
qu’il n’était pas en mesure de faire pression là où ça compte
pour, d’une part, assurer un sauf-conduit aux personnes ad-
missibles à l’asile et, d’autre part, faire cesser le massacre.
Chaque jour compte, conclut Samar. Chaque jour où le
monde entier choisit de détourner le regard, d’abandon-
ner les Palestiniens à leur sort, des personnes meurent.
« À Gaza, le temps, c’est du sang », tranche-t-elle. Com-
bien de temps encore laisserons-nous filer l’horloge ?
Chroniqueuse spécialisée dans les enjeux de justice
environnementale, Aurélie Lanctôt est doctorante en droit
à l’Université McGill.

A8
ACTUALITÉS
« Je suis relativement pessimiste. Je ne vois pas comment on pourrait rétablir la situation du français », se désole le linguiste Lionel Meney en entrevue au Devoir.
III ESSAI Dans la sphère de la francophonie,
la France compte la population fran-
Le français, çaise la plus importante. Son économie
est la plus forte. Or, l’Hexagone est
plongé dans une mondialisation dont
la dimension l’invite à faire fi du fran-
çais, regrette Lionel Meney.
langue
Le problème de la langue française
peut désormais sembler mineur. Peut-
être l’est-il, en effet, concède Lionel
Meney, comparé aux défis que posent
le réchauffement climatique, les nou-
velles épidémies, la politique agressive
à la dérive
Les langues sont en concurrence
de la Russie, la crise au Moyen-Orient,
le terrorisme islamiste, l’immigration
incontrôlée, l’insécurité, la désindustri-
alisation, l’explosion de la dette publi-
que… « Pourtant, il met en jeu l’identité
nationale et la cohésion sociale. » Ce
dans un ensemble que l’anglais qui n’est pas rien non plus, affirme-t-il.
domine désormais non sans L’état des choses
« Je consacre une bonne partie de mon
conséquence, explique le linguiste livre à la question des chiffres mirobo-
lants que nous offre chaque année l’Or-
Lionel Meney dans une enquête ganisation internationale de la Franco-
phonie (OIF). Cela fait longtemps que
je mettais en doute ces chiffres qui sont
répétés par les médias, à mon avis sans
un sens critique suffisant. »
JEAN-FRANÇOIS NADEAU À entendre l’OIF, nous sommes au-
LE DEVOIR jourd’hui 321 millions de francophones
dans le monde. Des projections invi-
B
ien sûr qu’il y a des raisons de se pré- tent à croire que ce chiffre gonflera à
occuper de l’avenir du français au la hauteur de 767 millions d’individus
Québec, estime Lionel Meney. Le lin- d’ici 2065. L’OIF représente 88 pays,
guiste vient de faire paraître une en- soit 16 % de la richesse mondiale. Le
quête intitulée Le naufrage du français, français continuerait de la sorte de
le triomphe de l’anglais. « Ce n’est pas rayonner considérablement. Mais ces
normal qu’à Montréal, on en soit là », données apparaissent dopées, critique
laisse-t-il tomber en entrevue. « Te- Lionel Meney.
nez, l’autre jour à l’aéroport : ma fem- Le linguiste et lexicographe arrive
me avait besoin d’assistance. La per- au mieux à 84 millions de francopho-
sonne qui s’est présentée ne parlait nes dans le monde. Il ne faut pas se
pas un mot de français. Juste anglais. raconter d’histoires, dit-il. « En Afri-
Disons que ça pose un problème dans que, le français n’est le fait que d’une
une ville comme Montréal. » toute petite minorité », liée aux effets
En même temps, s’empresse-t-il de la colonisation. « La vaste majorité
d’ajouter, pour comprendre la dimen- des gens parlent leur langue nationale.
Le naufrage sion du problème auquel fait face le Ce qui est tout à fait normal. »
du français, français, il ne faut surtout pas rester le Nous perdons de vue le fait que « la
le triomphe nez collé sur le cas du Québec. Le lin- langue exprime la puissance des gens
de l’anglais guiste déplore d’ailleurs le laisser-aller qui la parlent vraiment ». Or, le fran-
Enquête du côté des responsabilités assumées çais ne représente que 2 % des textes
Lionel Meney, par les États, à commencer par la rédigés à l’ONU et 2 % de ceux rédigés
Presses France. « Si la bataille du français se au Secrétariat du Conseil de l’Union
de l’Université perd en France, qu’est-ce qui va rester européenne.
Laval, Québec, pour le Québec, en Amérique du Chemin faisant, observe le linguiste,
2024, 266 pages Nord ? Ce sera difficile… » la langue anglaise est devenue elle-
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LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
même le fait d’un commerce. L’ensei-
gnement des langues constitue un riche
marché. En 2020, le British Council es-
timait à deux milliards le nombre d’in-
dividus qui étudiaient l’anglais. Certai-
nes entreprises font fortune grâce à
cela. Le New Oriental Education &
Technology Group, une entreprise chi-
noise d’une capitalisation boursière de
14 milliards de dollars, enseigne par
exemple l’anglais à travers 771 « lear-
ning centers », note Lionel Meney.
« L’anglais n’appartient plus aux An-
glais. Même la Chine se l’approprie. La
langue anglaise est devenue un produit.
Et on veut le produit. »
Partout, note-t-il, la réalité est que le
français a décroché face à l’anglais. En
France pour commencer, regrette-t-il.
Qu’on le veuille ou non, l’anglais est
devenu une langue mondiale. L’heure
est venue de reconnaître que l’anglais
doit occuper une place dans l’espace
français, « à moins de se ghettoïser »,
avance Lionel Meney. Il précise aussi-
tôt que cela doit se faire dans le cadre
d’une législation scrupuleusement res-
pectée. « Si l’expansion du domaine de
l’anglais semble inévitable, au moins,
pour sauver ce qui peut encore l’être,
faut-il organiser la cohabitation des
deux langues », en particulier du côté
de la France. Or, le droit en Europe
joue contre le français, plaide-t-il.
Regard sur le New French
Une partie du travail de Lionel Meney
consiste à examiner ce qu’il nomme le
New French. « En 1964, l’écrivain Étiem-
ble parlait du “franglais”. Je constate
que les choses ont progressé du côté du
pire. Nous sommes passés du “fran-
glais” au New French. »
La langue des grands patrons de la
finance mondialisée pénètre de plus
en plus notre mode d’expression. Elle
y importe des milliers de mots, des si-
gles et des acronymes, modifie le sens
de mots français, introduit des pré-
fixes, des suffixes et des calques dans
la grammaire, des images dans la
phraséologie. Le linguiste estime qu’on
ne saisit pas encore assez à quel point
la langue française subit l’anglais, au-
tant dans son lexique et sa grammaire
que dans son utilisation. Comment ex-
pliquer l’emploi de mots tels que che-
cker, chiller, drive, fake news, follower,
ghoster, liker, outlet, people, podcast,
AVIS PUBLICS AVIS DE DÉCÈS
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FRANCIS VACHON LE DEVOIR
shopper, streaming ? Quantité d’angli-
cismes sont entérinés chaque année
par les lexicographes, regrette-t-il.
L’anglais exerce une double pression
sur le français. Une pression non seu-
lement sur le corpus de la langue, avec
son lot d’anglicismes, mais aussi et
surtout sur son statut, sur sa situation
en matière d’influence dans le monde
et dans les sociétés francophones.
Des milliers de langues
en concurrence
Les langues, au nombre de 5000 à
6000 dans le monde, sont en concur-
rence, expose Lionel Meney. Elles for-
ment un ensemble structuré que l’an-
glais apparaît désormais dominer. L’an-
glais trône au premier rang, avec au
moins 1,3 milliard de locuteurs. Il est sui-
vi d’une douzaine de langues centrales
et majeures : l’allemand, l’arabe, le chi-
nois, l’espagnol, le français, le malais, le
portugais, le russe, le swahili et le turc.
On se retrouve ensuite à un autre
étage de l’édifice linguistique. Là lo-
gent l’italien, le néerlandais, le polo-
nais et plusieurs autres langues. Enfin,
nous trouvons un bloc qui comprend
98 % des langues du monde. Or, ces
langues sont parlées par seulement
10 % de la population.
« Je suis relativement pessimiste. Je
ne vois pas comment on pourrait réta-
blir la situation du français », se désole
le linguiste. Dans le monde des scien-
ces, il est indéniable que tout se joue
désormais en anglais. « Auparavant,
on comptait le français, l’anglais et l’al-
lemand comme grandes langues scien-
tifiques. La France a perdu des territoi-
res intellectuels. » De nos jours, la part
du français dans les publications scien-
tifiques s’est effondrée : alors que celle
des publications en anglais dépasse les
90 %, celle du français ne dépasse pas
le 1 %, sauf en sciences sociales et hu-
maines, où elle atteint 7 %.
« Je pense qu’on peut au moins stabi-
liser les choses, à l’échelle de nos vies.
Ce livre, je l’ai fait pour sensibiliser. »
Le Québec n’est pas hors du monde,
dit-il. « Je voulais que nous cessions de
nous nourrir d’illusions. Peut-être que
montrer ce qui se passe ailleurs est plus
que jamais important. »
Face au naufrage du français, Lionel
Meney estime en somme qu’il faut
s’employer à ramer.
Le Devoir peut, à l’occasion, mettre la liste d’adresses de
ses abonnés à la disposition d’organisations reconnues
dont la cause, les produits ou les services peuvent inté-
resser ses lecteurs. Si vous ne souhaitez pas recevoir de
correspondance de ces organisations, veuillez en aver-
tir notre service à la clientèle. Le Devoir est publié du
lundi au samedi par Le Devoir inc., dont le siège social
est situé au 1265, rue Berri, 8e étage, Montréal (Québec)
H2L 4X4. Il est imprimé par Imprimerie Mirabel inc.,
12800, rue Brault, Saint-Janvier de Mirabel, division de
Québecor Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Mon-
tréal, qui a retenu pour la région de Québec les services
de l’imprimerie du Journal de Québec, 450, avenue
Béchard, Québec, qui est la propriété de Corporation
Sun Media, 612, rue Saint-Jacques Ouest, Montréal. Envoi
de publication — Enregistrement no 0858. Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2007.
 LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024

ÉCONOMIE
Le parcours atypique
de professionnels
dans le livre Où es-tu,
job de rêve ? | B 6

MONDE
Macron plaide
pour une « Europe CULTURE
de la puissance » Course colorée contre la montre
B7 avec le film Linda veut du poulet ! | B 5

Le musicien
acadien P’tit
Belliveau lance
son troisième
album complet.
Il y a un peu
de tout dans ce
buffet musical.
VALÉRIAN MAZATAUD
LE DEVOIR

III MUSIQUE

P’tit Belliveau dans l’allée de l’honnêteté

L’artiste acadien lance un disque éclaté, libre de plusieurs contraintes

PHILIPPE PAPINEAU dans tous les sens comme les quilles Ma carrière comme compositeur de me fascine, les textures, les sons. De la

«
LE DEVOIR
Monique : 232 ! » hurle
le haut-parleur du sa-
lon de quilles, inter-
rompant l’élan — vocal
— de Jonah Guimond,
alias P’tit Belliveau. Il faut le dire :
c’est lui qui a choisi d’inviter la presse
dans ce local étonnamment achalandé
plutôt que dans un classique café pour
discuter de son troisième album com-
plet. Ce n’est pas parce qu’il y joue
vraiment, mais on peut faire des liens :
ce disque comprend des titres efficaces
comme le parcours d’une boule qui
roule à toute vitesse sur le bois huilé,
et des influences musicales qui partent
CULTURELLES
NOS SUGGESTIONS
après un abat. Et, chose certaine, P’tit
Belliveau y emprunte de pleins de fa-
çons l’allée de l’honnêteté.
Sur ces 39 minutes divisées en 12
chansons, il s’est écouté. C’est un peu
pourquoi le Néo-Écossais installé dans
la baie Sainte-Marie a attendu ce troi-
sième disque pour lui donner son
nom : P’tit Belliveau. Pour se trouver,
le polyvalent créateur a eu d’abord be-
soin de son Greatest Hits Vol. 1 en
2020, puis d’Un homme et son piano en
2022 — sans oublier un interlude sous
la forme d’un mini-album de reprises
d’une star acadienne du country, Bap-
tiste Comeau.
« Même aujourd’hui, c’est pas super
vieux comme projet, explique le musi-
cien de 28 ans dans son parler acadien.
paroles, c’est encore nouveau. C’est un
apprentissage. Puis maintenant, j’ai
beaucoup appris à propos de moi-mê-
me. Puis comment est-ce que je vais
écrire, qu’est-ce que je suis capable de
faire ? Tout ça pour dire que je me
sens comme si je peux être plus libre.
J’ai besoin de moins de contraintes,
puis c’est vraiment amusant de tra-
vailler comme ça. »
Moins de contraintes auto-imposées,
donc. Et ça paraît sur ces nouvelles
chansons, lancées de manière indé-
pendante et qui sont plus éclectiques
que jamais. « Y a quand même plein
de country dedans, mais je m’ai per-
mis d’ouvrir la coquille un peu plus,
puis d’insérer beaucoup de styles, ad-
met-il. La musique comme medium, ça
musique noise, désorganisée, juste
quasiment pas écoutable, jusqu’à de la
musique pop, [à la] Dua Lipa, puis tout
in between, j’aime tout, tout, tout. »
Il y a d’ailleurs un peu de tout dans
ce buffet musical. Il y a du rap-pop sur
la très radiophonique Comfy avec Fou- P’tit Belliveau
Ki, du punk des années 1990 sur Ring P’tit Belliveau,
ring, des lignes de synthétiseur kitsch indépendant.
un peu partout. Ici et là, P’tit Belliveau Disponible
sort même ses guitares métal — la po- aujourd’hui.
chette du disque est même enluminée
de son nom sous forme d’un logo typi-
que des groupes de ce genre.
« C’est juste une honnêteté que j’ai
par rapport à tout’ [ces styles-là] », dit
celui qui a presque tout fait seul en
VOIR PAGE B 3 :


Plage et héritages Telle une bédé d’espionnage Le lent déclin Le fils, le père et les autres
Dans la riche ville Les séries télévi- Après son balado Olivier Kemeid
balnéaire floridien- sées finissent sou- Quelqu’une d’im- s’est inspiré du
ne de Palm Beach, vent par se res- mortelle, c’est sur Hamlet de Shake-
en 1969, les coiffu- sembler. En voici scène que l’autrice speare pour créer
res sont bouffantes une qui sort du Camille Paré- La vengeance et
et les couteaux vo- lot : IXE-13 et la Poirier raconte sa l’oubli, dont il assu-
lent bas. Bien déci- course à l’uranium relation avec sa re aussi la mise en
dée à accéder à la a des allures de grand-mère, Pauli- scène. Un peu. Son
haute société, film noir et de ne Trudel. La co- intrigue, plantée
VALÉRIE Maxime prend MARCO bande dessinée. ANNABELLE médienne est seule AMÉLIE dans un décor mo-
DUHAIME d’assaut le club pri- FORTIER L’auteur Gilles CAILLOU devant le public, GAUDREAU derne bien loin de
vé où les femmes des mieux nantis se Desjardins, passionné du monde de mais sa grand-mère n’est jamais loin, la cour danoise, offre une vision fort
côtoient, règnent sur la vie sociale lo- l’espionnage, nous emmène dans le sa voix lui donnant la réplique durant intéressante et différente des tour-
cale et, surtout, se trahissent. Il y a de Montréal d’après-guerre, quand les toute la pièce. Il faut dire qu’elle pos- ments et intentions des personnages
tout dans la comédie Palm Royale : Russes cherchaient à obtenir les ma- sède des heures d’enregistrement de créés par le grand Will, qui donne à
des crimes, des secrets de famille, des tériaux pour une bombe atomique. leurs conversations entre 2017 et 2021. réfléchir sur nos propres dilemmes
fortunes à prendre, des robes colorées On se laisse happer par l’ambiance Je viendrai moins souvent offre un pré- moraux. Une variation contemporai-
et un nombre impressionnant de galas vaporeuse des nuits de l’époque, par cieux et touchant récit du déclin de sa ne qui mérite le détour, entre autres
de bienfaisance. Et l’attrait principal les manigances des espions et par grand-mère, poussant la réflexion sur pour le jeu inspiré des interprètes,
réside dans la superbe distribution fé- les personnages profondément tour- la vieillesse, la maladie, la mémoire, le tout particulièrement Gabriel Lemire
minine, avec Kristen Wiig, Leslie mentés (Marc-André Grondin, Julie deuil. À voir du 8 au 12 octobre au et Mireille Naggar, qui brillent dans
Bibb, Allison Janney et Laura Dern en Le Breton, Vincent Leclerc, Hugolin théâtre Périscope à Québec. À l’affi- les rôles du fils et de la mère. Au
tête. Sur Apple TV+. Chevrette). Sur Club Illico. che chez Duceppe jusqu’au 27 avril. Quat’Sous jusqu’au 11 mai.

B2
CULTURE
III ÉCRANS
La production audiovisuelle en net recul
Le volume de réalisation d’émissions et de films a fléchi d’environ 20 % au Québec, selon des chiffres préliminaires
ÉTIENNE PARÉ
Après des années fastes durant la pan-
démie, les investissements dans les
émissions de télé et les films québé-
cois ont considérablement ralenti dans
la dernière année. On estime qu’en un
an, le volume de production dans l’au-
diovisuel a baissé entre 18 et 20 %.
C’est ce qu’indiquent des données
préliminaires compilées par l’Associa-
tion québécoise de la production mé-
diatique (AQPM), qui tenait cette se-
maine son congrès annuel à Saint-
Hyacinthe. Ces chiffres, qui excluent
les tournages étrangers, concernent la
période allant d’avril 2023 à mars
2024. Il s’agit d’un revirement par rap-
port à la tendance observée au cours
de la pandémie.
« Les budgets avaient augmenté du-
rant la pandémie. Durant cette pério-
de, Québecor a lancé la plateforme
Vrai et Bell a lancé sa chaîne généra-
liste Noovo. La demande pour du con-
tenu original était forte. Ça a beau-
coup ralenti aujourd’hui. On sent qu’il
y a une consolidation », a expliqué
Hélène Messier, présidente-directrice
générale de l’AQPM.
Durant les années pandémiques, le
volume de la production de films qué-
bécois avait légèrement diminué. Mais
en télévision, il avait plutôt connu une
croissance exceptionnelle en dépit de
III ART PUBLIC
Apparence de conflit d’intérêts
pour un prix artistique de 120 000 $
Le lauréat d’un concours à Saint-Hyacinthe a des liens d’affaires
avec une firme associée au projet
MARCO FORTIER
Un concours visant à doter une biblio-
thèque de Saint-Hyacinthe d’une
œuvre d’art numérique soulève la con-
troverse. L’artiste ayant remporté le
prix de 120 000 $ est un « collabora-
teur de longue date » de l’entreprise
cadabra, une des partenaires principa-
les du projet. Or les personnes ayant
un lien d’emploi avec la firme
n’étaient pas admissibles au concours.
L’artiste multidisciplinaire Étienne
Paquette, qui a une longue feuille de
route dans les arts numériques, a
remporté ce prix convoité. Artiste in-
dépendant, il a été décrit comme un
« membre de l’équipe cadabra », no-
tamment en tant que directeur de
création, sur plusieurs publications et
projets de l’entreprise — sur Insta-
gram, LinkedIn, Facebook, X et d’au-
Cristal du long métrage
Festival d’Annecy 2023
Linda veut La garde blanche
du poulet !
Chiara Malta,
Sébastien Laudenbach
dès le 26 avril
cinematheque.qc.ca
335, boul. de maisonneuve
est berri-uqam
Les derniers mois ont été
difficiles pour notre
industrie. Mais il y avait
beaucoup d’optimisme lors
de notre congrès. Plus que
je l’aurais cru.
»
HÉLÈNE MESSIER
la chute des revenus publicitaires qui
affectait les diffuseurs. En 2019-2020,
les producteurs indépendants se parta-
geaient 664 millions de dollars pour
tourner des contenus télévisuels ; deux
ans plus tard, cette somme s’élevait à
848 millions.
À l’époque, le nombre important de
tournages québécois posait même des
problèmes de pénurie de main-d’œuvre
sur les plateaux ; c’est beaucoup moins
vrai aujourd’hui. Les producteurs indé-
pendants, qui sont derrière la plupart
des émissions en ondes au Québec,
ont été rattrapés par la crise qui frappe
l’industrie.
« C’est certain que quand les diffu-
seurs suppriment des postes, il y a aus-
si une rationalisation dans la produc-
tion. Si chaque diffuseur investit deux
ou trois millions en moins dans la pro-
tres plateformes — au cours des der-
nières années.
Un spectacle « d’expérience immer-
sive » au parlement canadien, présen-
té à compter du 17 août 2023, décrit
aussi Étienne Paquette comme un
« directeur, scénariste et designer »
chez XYZ Technologies inc. et sa filia-
le cadabra.
Règles claires
Les règles du concours, publiées le
7 juillet 2023, sont pourtant claires :
« Les personnes ayant un lien d’emploi
avec l’une ou l’autre de ces institu-
tions, soit : la Ville de Saint-Hyacinthe,
la firme cadabra, les Bibliothèques pu-
bliques de Saint-Hyacinthe et le Centre
d’histoire de Saint-Hyacinthe, qu’elles
aient un statut permanent, occasionnel
ou auxiliaire, ne sont pas admissibles
au concours. »
La Ville de Saint-Hyacinthe indique
Prix Magnus-Isacsson
Prix du jury étudiant
RIDM 2023
Julien Elie
dès le 26 avril
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
duction, ça se traduit par moins de
commandes d’émissions pour nous »,
note Hélène Messier, en faisant allu-
sion aux récentes compressions à TVA,
à Radio-Canada et chez Bell.
Optimisme
La conjoncture demeure difficile dans
le milieu de la télévision, mais l’AQPM
s’attend tout de même à une stabilisa-
tion du volume de production cette
année. Une baisse semblable à celle
enregistrée lors de l’année 2023-2024
n’est pas anticipée.
D’abord parce que le crédit d’impôt
offert aux producteurs a été bonifié
dans le dernier budget du gouverne-
ment Legault. Mais aussi parce que le
Conseil de la radiodiffusion et des té-
lécommunications canadiennes, le
CRTC, doit présenter dans les pro-
chains mois un nouveau cadre régle-
mentaire qui pourrait forcer les gran-
des plateformes en ligne à réinvestir
une partie de leurs profits dans l’éco-
système télévisuel canadien.
La ministre du Patrimoine, Pascale
St-Onge, a également réitéré cette se-
maine sa volonté de porter de 33 % à
40 % la part du financement fédéral
destiné à l’audiovisuel aux productions
francophones. « Les derniers mois ont
été difficiles pour notre industrie. Mais
il y avait beaucoup d’optimisme lors
de notre congrès. Plus que je l’aurais
cru », a constaté Hélène Messier.
être « bien au fait que M. Paquette
avait collaboré avec la firme XYZ inc.
(cadabra) par le passé, et ce, dès le dé-
but du processus de sélection ».
« Nous avons donc effectué plu-
sieurs vérifications concernant la natu-
re de ces précédentes relations d’affai-
res. Il appert que M. Paquette est un
artiste indépendant qui n’a jamais eu
de lien d’emploi formel avec XYZ inc.,
bien qu’il ait travaillé avec cette der-
nière par le passé à titre de sous-trai-
tant. Le jury a donc statué qu’il était
admissible au concours », précise dans
un courriel Lyne Arcand, directrice des
communications de la Ville.
Le lauréat Étienne Paquette a con-
firmé au Devoir qu’il avait informé la
Ville de ses liens avec XYZ Technolo-
gies et cadabra pour « éviter tout mal-
entendu, parce que je voulais être cer-
tain d’agir en tout respect des règles ».
Il assure n’avoir eu accès à aucune in-
formation privilégiée. L’artiste travaille
à son compte et indique n’avoir jamais
été salarié des entreprises associées au
projet de Saint-Hyacinthe.
Un chantier ambitieux
Cette œuvre sera la première d’un
parcours artistique ambitieux, au coût
estimé de 576 000 $, visant à célébrer
le 275e anniversaire de fondation de
Saint-Hyacinthe.
Une série de silos lumineux seront
aménagés le long du « pôle culturel »
regroupant la bibliothèque T.-A.-St-
Germain, le Centre des arts Juliette-
Lassonde, le Musée d’art et société
(Expression) et le Centre d’histoire de
Saint-Hyacinthe.
La firme XYZ Technologues et sa fi-
liale cadabra ont été choisies dès le
départ pour coordonner ce vaste chan-
tier mettant en valeur l’histoire de la
ville. Selon les chiffres obtenus par Le
Devoir, l’entreprise a obtenu 245 000 $
pour élaborer le concept, ainsi que
pour fournir les équipements et la pro-
grammation des technologies.
Il faut ajouter à cela le contrat de
120 000 $ (plus 30 000 $ pour des
imprévus) remporté par Étienne Pa-
quette, collaborateur de longue date
de la firme multimédia.
Tous les contrats ont été accordés
avec l’autorisation du conseil munici-
pal et sans appel d’offres public, puis-
Pas de grève en vue
L’AQPM est toujours à la table
des négociations avec l’Union
des artistes (UDA). Les pourpar-
lers achoppent notamment sur
la question des droits de suite
offerts aux acteurs. « Les négo-
ciations sont plus longues que ce
que l’on aurait cru au départ »,
a reconnu jeudi Hélène Messier,
qui ne s’attend pas à la signatu-
re d’une convention collective
avec l’UDA avant cet été,
au moins.
La menace d’une grève s’est
cependant dissipée, selon Mme
Messier. L’été dernier, plusieurs
dans le milieu craignaient que
l’UDA et l’AQTIS 514 IATSE, le
syndicat des techniciens, déclen-
chent une grève commune. Cela
aurait eu pour effet de complè-
tement paralyser l’industrie au-
diovisuelle du Québec. Appré-
hendant sérieusement un conflit
de travail, des producteurs
avaient même préféré devancer
leurs dates de tournage. Finale-
ment, l’AQPM et l’AQTIS 514
IATSE se sont entendus sur une
nouvelle convention collective
cet hiver.
que la Loi sur les cités et villes prévoit
que cette obligation ne s’applique pas
aux contrats reliés au domaine artisti-
que ou culturel, précise la porte-parole
Lyne Arcand.
Concours « inusité »
L’apparence de conflit d’intérêts en-
tourant le concours pour la réalisation
de l’œuvre numérique fait tiquer
Étienne Rochon, connu sous le nom
d’artiste d’Arthur Desmarteaux. Il fai-
sait partie des finalistes du concours.
En constatant les liens étroits entre le
lauréat Étienne Paquette et la firme
cadabra, l’artiste montréalais a eu
l’impression que les dés étaient pipés.
« On peut se demander si ce con-
cours n’était finalement qu’une façade
pour obtenir l’approbation populaire
d’un projet déjà décidé en coulisses »,
fait-il valoir au Devoir.
« J’ai mis beaucoup d’efforts pour
monter mon dossier. Ça m’a occupé
pendant deux mois au cours de l’au-
tomne », ajoute-t-il.
L’artiste multidisciplinaire estime
« inusité » que les participants au con-
cours aient dû se plier à certaines con-
traintes édictées par la firme XYZ
Technologies. Par exemple, les œuvres
soumises devaient intégrer 420 guir-
landes lumineuses munies de 21 000
ampoules, fournies par cadabra.
Étienne Rochon, qui a créé des
œuvres en Corée du Sud, en Australie,
au Mexique, en France et en Irlande
(en plus du Québec), s’étonne aussi
qu’un budget supplémentaire de
30 000 $ pour les imprévus ait été
ajouté au projet d’œuvre ayant rem-
porté le concours — ce qu’il ignorait au
moment de soumettre sa proposition.
Cette réserve vise à « pallier cer-
tains imprévus et à assurer l’intégra-
tion de l’œuvre aux infrastructures
existantes, explique la porte-parole de
la Ville. Cette contingence avait été
prévue avant de lancer le concours et
sans égard au choix de l’œuvre et de
l’artiste. »
576 000
$
C’est le coût estimé d’un parcours
artistique ambitieux visant à célébrer
le 275e anniversaire de fondation de
Saint-Hyacinthe et dont l’œuvre choisie
sera la première présentée.
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024

CULTURE B3

L’attrait pour
l’épouvante est
aussi profond
que sincère chez
Onur Karaman.
VALÉRIAN MAZATAUD
LE DEVOIR

III CINÉMA QUÉBÉCOIS

L’horreur intime d’Onur Karaman

Le cinéaste révèle la situation familiale douloureuse qui se cache derrière son poétique film d’épouvante Emptiness

FRANÇOIS LÉVESQUE Lors du dénouement, le tableau se

LE DEVOIR
Dans une maison de ferme isolée, Su-
zanne est sur le point de perdre pied.
Sans relâche, elle essaie de compren-
dre ce qui est arrivé à son conjoint,
mystérieusement disparu. Sous prétex-
te de veiller sur elle, Linda et Nicole ne
la quittent pas, l’une affichant une
J’ai commencé
à écrire ce scénario-là avec
énormément de rage, mais
de fil en aiguille, c’est
devenu comme une espèce
de poème tendre ;
un poème visuel. Il reste
quand même beaucoup
précise, chaque pièce du casse-tête
tombant en place.
Épouvante métaphorique
Tourné en majorité en noir et blanc,
Emptiness exsude une aura de sombre
désespérance qui a l’heur d’envoûter.
« Le noir et blanc et les touches mo-
nochromes, c’est venu de mes visites
La longue nuit de Suzanne
Avec ce film énigmatique construit autour du
point de vue d’une protagoniste perturbée, Onur
Karaman (Là où Attila passe, Le coupable, Respire)
se paie la traite côté atmosphère. Avec soin, le ci-
néaste forge une ambiance tout de ruralité gothi-
que, faite d’isolement,de sentiments réprimés,
d’intentions troubles et de menace sourde (il y a
une certaine parenté avec La petite fille qui aimait

bienveillance affectée, l’autre, une ani-
mosité mal dissimulée. À la fois propri-
étaire et prisonnière, Suzanne erre,
hantée, terrifiée… Dans Emptiness (Le
vide), d’Onur Karaman, l’effroi resserre
son emprise, un tour d’écrou à la fois.
L’allusion au classique de Henry Ja-
mes The Turn of the Screw (Le tour
d’écrou) n’est pas innocente. De fait, le
film du réalisateur, scénariste et pro-
ducteur montréalais d’origine turque
repose lui aussi sur les perceptions non
fiables d’une héroïne qui est soit en
proie à d’authentiques phénomènes
surnaturels, soit la victime d’hallucina-
tions tout droit sorties de son imagina-
tion. Dès lors, comment distinguer la
réalité du fantasme ? De cette ambi-
guïté naît la tension.
« C’est étrange, parce que je tra-
vaille sur ce projet depuis 2015, mais
c’est seulement la semaine dernière
que je me suis vraiment rendu compte
des raisons qui m’ont poussé à faire ce
film », confie Onur Karaman.
« Ça remonte à l’annonce que ma
grand-mère était atteinte d’une mala-
die dégénérative apparentée à l’alzhei-
mer et à la démence. J’ai trouvé ça tel-
lement injuste, parce que ma grand-
maman, c’est quelqu’un qui a aidé
plein de gens, toute sa vie ; elle a été
au chevet de plein de monde et les a
accompagnés jusqu’à la fin. Et là, de la
savoir seule de l’autre côté de l’océ-
an… Tout ce qu’on pouvait faire,
c’était d’embaucher une aide à domi-
cile pour veiller sur elle, mais en mê-
me temps, comment savoir si cette
personne s’en occupe toujours bien, au
quotidien ? Donc, y avait tout ça, et je
pense que ce film, c’est beaucoup ma
réaction de colère face à l’injustice de
la maladie de ma grand-mère », résu-
me avec émotion le cinéaste.
»
de noirceur…
ONUR KARAMAN
D’où cette héroïne obsédée par un
passé fuyant, et dont l’univers est cir-
conscrit à une propriété aux recoins de
plus en plus sombres, de plus en plus
étrangers…
« J’ai commencé à écrire ce scénario-
là avec énormément de rage, mais de fil
en aiguille, c’est devenu comme une es-
pèce de poème tendre ; un poème vi-
suel. Il reste quand même beaucoup de
noirceur… » Cette noirceur pourchasse,
parfois littéralement, sous forme de fu-
mée, une Suzanne plongée en plein dé-
sarroi. Peinant à cerner ce qu’elle cher-
che pourtant désespérément, et tentant
vainement d’échapper à elle ne sait trop
quoi, Suzanne est par surcroît confrontée
aux commentaires sibyllins de Nicole et
Linda. Plane le doute, croît l’angoisse…
« Je devais m’assurer de maintenir
un équilibre, qui était très fragile. En
écoutant les histoires de ma grand-
mère, un truc qui m’a frappé, c’est
comment, pour elle, la ligne du temps
arrêtait d’être une ligne : ça devenait
un point où toutes les époques se su-
perposaient. Il n’y avait plus de dé-
marcation entre le passé et le présent :
le temps arrêtait d’exister. J’ai donc in-
tégré ça à la perception du personnage
de Suzanne. À cause de ça, et c’est im-
portant de le mentionner, le film
n’obéit pas à une structure narrative
standard. C’est comme un puzzle vi-
suel, et tous les morceaux sont là pour
que les spectateurs puissent compren-
dre ce qu’il en est. »
au Musée des beaux-arts. Je me suis
dit que je pourrais utiliser ça dans le
film, de manière symbolique. »
Ainsi le noir et blanc représente-t-il
une autre forme de prison pour Suzan-
ne, avec un bref moment en couleur, à
la fin, crève-cœur dans sa fugacité…
« Les gens ont l’impression que
c’est plus facile de tourner en noir et
blanc, mais c’est le contraire. C’est
très compliqué. Mon but, avec cette
décision-là, c’était de donner au film
une dimension intemporelle. »
Sur le plan technique, Emptiness est
un tour de force, Onur Karaman ayant
travaillé avec, selon ses dires, un bud-
get d’environ 150 000 dollars. Et en-
core, le film faillit ne jamais voir le
jour : « Aux institutions de finance-
ment, on me suggérait de m’en tenir
aux drames sociaux plutôt que d’es-
sayer de faire de l’horreur. »
Onur Karaman tint bon.
« Ça a été le tournage le plus tough de
ma vie. La plupart des cinéastes ne se
risqueraient pas à faire un film avec si
peu de moyens. On a des shots compli-
quées, des effets visuels… Je suis hyper-
fier de ce film-là. Ça représente plein de
choses intimes pour moi, mais c’est aus-
si une bonne carte de visite qui prouve
que je peux réaliser de l’horreur. »
Cet attrait pour l’épouvante est en
l’occurrence aussi profond que sincère
chez Onur Karaman. Pour le compte,
cela a davantage à voir avec la « te-
neur » que la « frayeur ».
« Dans mon film, au fond, je traite
du vieillissement, et c’est un sujet
dont la plupart des gens ne veulent
pas entendre parler. Et c’est pour ça
que j’aime l’horreur : parce que c’est
un genre qui permet d’aborder toutes
sortes de sujets difficiles par le biais
de la métaphore. »
trop les allumettes, de Simon Lavoie, ainsi qu’avec
Relic, de Natalie Erika James).
Cryptique à dessein, le récit repose sur un trio
de femmes aux tempéraments contrastés : la dé-
semparée Suzanne, la mielleuseLinda et la tei-
gneuse Nicole, ces deux dernières paraissant
s’être invitées chez la première sous prétexte de la
soutenir.Que veulent réellement Linda et Nicole ?
Et pourquoi Suzanne est-elle irrésistiblement atti-
rée par la grange au-dehors ? Autant de questions
qui émergent graduellement, et auxquelles Onur
Karaman prend tout son temps pour répondre. De
fait, le suspense qu’alimente le cinéaste à coups
de détails insolites et de motifs récurrents est à
combustion lente.
Mis en scène de manière stylisée en dépit d’un
microbudget, à grand renfort d’angles prononcés
et de compositions savamment sinistres, Emptiness
jouit d’une direction photo en noir et blanc (mais
pas uniquement) raffinée renvoyant volontiers à
l’expressionnisme allemand. Si, ultimement, la clé
du mystère s’avère un brin prévisible, la résolution
n’en est pas moins satisfaisante — et poignante.
Telles les apparitions spectrales qui pourchassent
Suzanne, des images restent, entêtantes…
Le vide (V.O. s.-t.f. de Emptiness)




1/2
Drame d’horreur d’Onur Karaman. Scénario d’Onur
Karaman. Avec Stéphanie Breton, Anana Rydvald,
Julie Trépanier, Marc Thibaudeau, Alexandre Dubois,
Rebecca Rowley. Québec, 2023, 76 minutes.
Au cinéma du Parc.

Il revendique aussi le droit d’être que j’explore tous ces côtés-là. » « frogs » québécois, assure P’tit Belli-
multiple dans ce qu’il raconte : P’tit Rendu là dans cette discussion sans veau, qui explique ce choix par son
Belliveau chante aussi bien son amour dalot, c’est le concept même du dis- simple amour des batraciens qui peu-

multiple des camions (Gros truck) que de tou-

BELLIVEAU
SUITE DE LA PAGE B 1
studio. Cette palette de sons fait par-
tie de son monde et il a moins peur
d’en insuffler les couleurs dans sa
création. « Je suis quand même ca-
pable, honnêtement, d’accepter que
c’est weird. But again, c’est point ça
mon but. »
chants souvenirs familiaux (L’église de
St. Bernard). Et il estime que faire ain-
si n’est que se montrer plus vrai, voire
« nu » devant son auditoire.
« Je trouve dommage ces “nor-
mes” de la musique au Québec où il
faut souvent soit être sérieux, soit
drôle, mais pas les deux. Les artistes
se limitent dans ça. Y a personne
qui est juste sérieux, puis y a per-
sonne qui est juste drôle, on est les
deux. Moi, je veux explorer l’huma-
nité en général, puis essayer de
peinturer des portraits de ma vie qui
peuvent s’appliquer à ta vie. Et puis,
si je veux faire ça d’une façon hon-
nête, d’une façon complète, il faut
que qui est mis à mal par P’tit Belli-
veau — le disque pensé comme un
tout cohérent, aux ambiances liées
par un certain fil.
« C’est juste point quelque chose
qui m’excite that much anymore, assu-
re-t-il. [Cet album] c’est une playlist,
quasiment, comme des singles assem-
blés. Y a quelque chose de romantique
dans le fait de créer une œuvre, mais
pour moi, c’est rendu qu’une œuvre,
c’est une chanson, puis j’y mets beau-
coup d’amour, puis de temps de réali-
sation et de production. »
Reste qu’au centre de ce disque se
trouvent trois morceaux liés par le thè-
me des grenouilles — ce qui explique
la pochette ! Rien à voir avec les
plent son terrain et le marécage qui s’y
trouve — et qui ne sont pas stressés
par le monde « fou » dans lequel l’hu-
main évolue.
« Elles ont juste l’air dumb, silly,
puis slimy, puis je les aime. Elles
s’amusent dans la boue. C’est comme
mes amies, dit le végétarien. [En ce
moment] on voit les œufs de gre-
nouilles, puis dans deux semaines ça
va être des têtards. Puis à la fin de
l’été, ce sera de grosses grenouilles. Tu
vois toute leur vie chaque année. À
l’école, c’est une des premières choses
en science qu’on apprend et qui nous
marque. Ouais, c’est le début de notre
carrière d’être fasciné par la vie. » On
l’appuie sans réserve.
 LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024

B4 AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES

CANADA
AVIS DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE PROVINCE DE Q QUÉBEC
Appel d’offres public Avis est par les présentes donné que la faillite de 3R
COUR SUPÉRIEURE
APPEL D’OFFRES N° P24-023 SYNERGIE INC., ayant son siège social au 3B-125 Rue
DISTRICT DE JOLIETTE
No: 705-22-022834-244
Services d’accompagnement en De La Fayette, Repentigny, Québec, J6A 8K3, est survenue FINANCEMENT AUTO TD
Inspection des chariots élévateurs
et plateformes élévatrices
développement organisationnel et le 23 avril 2024 et que la première assemblée des créanciers (CANADA)INC.
sera tenue le 13 mai 2024 à 10 h par vidéoconférence. Si Demanderesse
en gestion du changement vous désirez participer à l’assemblée des créanciers, prière c.
Les documents sont disponibles sur le système MAXIME ISABELLE
Documents disponibles : système électronique de faire parvenir un courriel à l’adresse info@roysyndic.ca
électronique d’appel d’offres (SÉAO) www.seao.ca ou d’appel d’offres (SÉAO) www.seao.ca ou au 1-866- DXPRLQVKHXUHVDYDQWO¶KHXUH¿[pHSRXUO¶DVVHPEOpHD¿Q
TESSIER
Défendeur
au 1-866-669-7326, à partir du lundi 29 avril 2024. 669-7326, à partir du vendredi 26 avril 2024. d’obtenir les coordonnées pour vous y joindre. Avis public
p de notification
AVIS D’APPEL D’OFFRES SP24-07
Information : 450-442-8600, poste 8246. Information : yves.desmarais@stm.info M. ROY & ASSOCIÉS INC. ((articles 136 et 137 C.p.c.)
Avis estt donné
donn
onné à MAXIME
LOCATION D’UNE PELLE HYDRAULIQUE Pour être validement reçue, toute soumission doit être : Syndic de l’actif de ISABELLE TESSIER de vous
Dépôt des soumissions : STM, 800, De La
SUR PNEUS 9086-8670 Québec inc. présenter au greffe de la
• Transmise électroniquement, uniquement par Gauchetière Ouest, bureau 1170, Montréal, au plus (Restaurant Le Vieux-Cartier) Cour Supérieure du district
Documents d’Appel d’Offres disponibles : tard le mardi 28 mai 2024 à 13h30. Ouverture Par : Mathieu Roy, de Joliette situé au 200 rue
l’intermédiaire du SÉAO; ou St-Marc à Joliette, dans les
le 26 avril 2024 publique suivra. La STM ne s’engage à accepter ni LL.B., LL.M., PAIR, SAI
• Remise en personne ou par courrier, à l’attention du la plus favorable ni aucune des soumissions. Syndic autorisé en insolvabilité 30 jours afin de recevoir la
Ouverture des soumissions : demande introductive d’in-
Service de l’approvisionnement au siège du RTL situé 117, chemin des Anglais stance qui y a été laissée à
le 28 mai 2024, à 10 h Référence : 6000029168 Mascouche (Québec) J7L 3N7
au 1150, boul. Marie-Victorin, Longueuil, durant les votre attention. Vous devez
Les documents d’Appels d’Offres peuvent être obte- Nicole N. Barezi Tél. : 450 585-2222 répondre à cette demande
nus en s’adressant au Système électronique d’appel heures d’ouverture. Secrétaire corporative Télécopieur : 1-833 756-8742 dans le délai indiqué dans
roysyndic.ca l’avis d’assignation qui l’ac-
d’offres (SEAO) à l’adresse suivante: www.seao.ca ou La soumission doit être reçue au plus tard le compagne, sans quoi un
au : 1 866 669-7326. 16 mai 2024 à 11h. jugement par défaut pourrait
être rendu contre vous et
La Ville de Boucherville ne s’engage à accepter ni la Une ouverture publique des vous pourriez devoir payer
meilleure ni aucune des soumissions reçues. AVIS DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE les frais de justice. Le présent
soumissions reçues suivra avis est publié aux termes
Josée Brassard, Chef de service approvisionnements Avis est par les présentes donné que la faillite de 9309-3052 d’une ordonnance rendue le
au même lieu.
'LUHFWLRQGHV¿QDQFHVHWGHVDSSURYLVLRQQHPHQWV
Le Service de
Appel d’offres public Québec inc. (Paysagement CAB). ayant son siège social
au 9684 Boul Des Mille-Îles, Laval, Québec, H7A 4C3), est
23 avril 2024 par Me Louise
Bonin Gacs, greffière
survenue le 23 avril 2024 et que la première assemblée spéciale, de la Cour
l’approvisionnement. Remplacement d’unités de des créanciers sera tenue le 13 mai 2024 à 11 h par Supérieure dans le dossier
numéro 705-22-022834-244.
rtl-longueuil.qc.ca climatisation – Centre de transport vidéoconférence. Si vous désirez participer à l’assemblée
Il ne sera pas publié à nou-
Appel d’offres Lasalle des créanciers, prière de faire parvenir un courriel à l’adresse veau, à moins que les circon-
LQIR#UR\V\QGLFFDDXPRLQVKHXUHVDYDQWO¶KHXUH¿[pHSRXU stances ne l’exigent.
Documents Appel d’offres public : système O¶DVVHPEOpHD¿QG¶REWHQLUOHVFRRUGRQQpHVSRXUYRXV\MRLQGUH Repentigny, le 24 avril 2024
électronique d’appel d’offres (SÉAO) www.seao.ca Savoie et Savoie, avocats
M. ROY & ASSOCIÉS INC. Avocats de la partie
ou au 1-866-669-7326, à partir du vendredi 26 avril Syndic de l’actif de demanderesse
2024. Information : sandra.simard@stm.info. 9086-8670 Québec inc.
Service des infrastructures du réseau routier (Restaurant Le Vieux-Cartier)
Direction de la réalisation des projets Dépôt des soumissions : STM, 800, De La Par : Mathieu Roy, AVIS DE CLOTURE
d’infrastructures urbaines Gauchetière Ouest, bureau 1170, Montréal, au LL.B., LL.M., PAIR, SAI D'INVENTAIRE
plus tard le jeudi 16 mai 2024 à 13h30. Ouverture Syndic autorisé en insolvabilité Avis est par les présentes
Catégorie : Travaux de construction donné qu’à la suite du décès
publique suivra. La STM ne s’engage à accepter ni 117, chemin des Anglais de Lise Sabourin, survenu le
Appel d’offres : 464410 la plus favorable ni aucune des soumissions. Mascouche (Québec) J7L 3N7 17 octobre 2023, à Gatineau,
Tél. : 450 585-2222 Québec, un inventaire des
Descriptif : Travaux d’égout et de conduite d’eau Garantie de soumission : Cautionnement de Télécopieur : 1-833 756-8742 biens de la défunte a été fait
secondaire, de voirie, d’éclairage et d’utilités publiques soumission équivalent à 10 % roysyndic.ca par la liquidatrice successo-
(CSEM, Bell, Hydro-Québec) dans la rue Aylmer, de rale, Me Christine Lacombe,
Référence : 6000030432 notaire aux termes d’un acte
la rue Milton à la rue Prince-Arthur Ouest dans l’arron- reçu devant Me Judy Martin,
dissement du Plateau-Mont-Royal Nicole N. Barezi notaire, le 22 avril 2024, sous
Secrétaire corporative AVIS AUX CRÉANCIERS DE AVIS DE CLÔTURE le numéro 8783 de ses min-
L’ouverture des soumissions prévue pour le 30 avril LA PREMIÈRE È ASSEMBLÉE D’INVENTAIRE utes. Lise Sabourin, était en
2024 est reportée au 27 juin 2024, à 13 h 30, dans Dans l'affaire de la faillite de (Avis dans un journal
j : son vivant retraitée et domi-
9083-3989 Québec inc. C.c.Q., art.795,
5 al. 2)
OHVORFDX[GX6HUYLFHGXJUHIIHVLWXpVGDQVO¶pGL¿FH Avis est par les présentes Avis est par les présentes
ciliée au 40, rue Guilford-
Booth, Gatineau, Québec,
Lucien-Saulnier, 155, rue Notre-Dame Est, rez-de- donné que la faillite de 9083- donné que suite au décès de J9H 7E8.
chaussée, Montréal (Québec) H2Y 1B5. 3989 Québec inc., personne Marcel BÉRUBÉ, le 7 janvier Cet inventaire peut être con-
morale dûment constituée et 2024, en son vivant résidant sulté par les intéressés à
Fait à Montréal, le 26 avril 2024 Appel d’offres public ayant son siège social au
203-5660, ch. de Chambly,
au 332-173, boulevard Ar-
mand-Frappier, Sainte-Julie,
l’adresse suivante :
LL & ASSOCIES, CABINET
/HJUHI¿HUGHOD9LOOH Longueuil (Québec) J3Y 7E5 Québec, J3E 0C8, un inven- JURIDIQUE, S.E.N.C.R.L.
Emmanuel Tani-Moore, avocat Travaux d’installation d’une unité est survenue le 17 avril 2024 taire des biens a été fait par a/s Me Christine Lacombe,
et que la première assemblée le liquidateur successoral notaire
Avis d’appel d’offres public AO-AMD-24-005 de climatisation, protections des créanciers sera tenue le Alain BÉRUBÉ, le 22 avril 405-15, rue Gamelin
mécaniques et modules d’interfaces 7 mai 2024 à 10h00, par 2024, conformément à la Loi. Gatineau (Québec) J8Y 6N5
Des Soumissions sont demandées et devront être vidéoconférence Teams. Si Cet inventaire peut être con- 819-205-9800 poste 221
Avis public d’Appel d’offres reçues, avant 10 h, à la date ci-dessous, adressées à adressables - Atelier Villeray vous désirez joindre la sulté par les intéressés à clacombe@llassocies.ca
l’Agence de mobilité durable, au 2100, rue Drummond, vidéoconférence, veuillez l’étude de Linda M. A. FAIT À GATINEAU,
Documents Appel d’offres public : système nous en informer par courriel LAMARRE, notaire, sise au LE 22 AVRIL 2024
bureau 500, Montréal (Québec) H3G 1X1 pour : électronique d’appel d’offres (SÉAO) www.seao.ca au: judith.fauchon@nbsyndic. 936 rue Montarville, Saint- ME CHRISTINE LACOMBE,
Catégorie : Travaux de construction ou au 1-866-669-7326, à partir du vendredi 26 avril com. Bruno-de-Montarville, NOTAIRE ET LIQUIDATRICE
Fait à Laval, le 22 avril 2024 Québec, J3V 5A7.
Appel d’offres : Réaménagement du stationnement 24 2024. Information : Mahdi.Fenek@stm.info Nathalie Brault Syndic inc. Fait à
'LYLVLRQGHVUHVVRXUFHV¿QDQFLqUHVHWPDWpULHOOHV Ce projet de construction vise à transformer et convertir Dépôt des soumissions : STM, 800, De La Syndic autorisé Saint-Bruno-de-Montarville,
en insolvabilité le 23 avril 2024. AVIS DE CLÔTURE
Direction des services administratifs et du greffe un stationnement sous la gestion de l’Agence de mobilité Gauchetière Ouest, bureau 1170, Montréal, au 305-400, boul. St-Martin O. Linda M. A. LAMARRE, D’INVENTAIRE
Des Soumissions, sont demandées et devront être durable, en stationnement éco responsable. plus tard le jeudi 16 mai 2024 à 13h30. Ouverture Laval (Québec) H7M 3Y8 notaire Prenez avis que l’inventaire
Tél: 450-238-1445 des biens de feu Ray Fer-
reçues, DYDQWK, à la date ci-dessous, au Le projet vise notamment à la: publique suivra. La STM ne s’engage à accepter ni Web : www.nbsyndic.com nand MONAHAN, du 932, rue
bureau du citoyen de l’arrondissement de Saint- la plus favorable ni aucune des soumissions. AVIS DE CLÔTURE de la Nipissis Terrebonne
- démolition & excavation du pavage, trottoir et D'INVENTAIRE J6W 5H2, décédé le 2 avril
Laurent, 777, boulevard Marcel-Laurin, Saint-Laurent bordure existants Garantie de soumission : Cautionnement de 2024, a été dressé et clos par
AVIS AUX CRÉANCIERS DE Succession de Pierrette
(Québec) H4M 2M7 pour : soumission équivalent à 10%. Faubert Pichette Jean-Guy Dumas, liquidateur,
- installation de puisards, regards-puisards, regards LA PREMIÈRE È ASSEMBLÉE
&DWpJRULH Travaux Dans l'affaire de la faillite de AVIS est par les présentes en date du 2 avril 2024 et
- raccordement au réseau existant Référence : 6000030340 donné qu’à la suite du décès déposé au greffe de Me
Groupe Eloje inc.
$SSHOG¶RIIUHV 24-004 Nicole N. Barezi Avis est par les présentes de Pierrette Faubert Pichette Pierre H. Archambault, no-
- installation d’un bassin de rétention souterrain en en son vivant domiciliée au taire, le 23 avril 2024 où il
'HVFULSWLI 7UDYDX[GHUpDPpQDJHPHQWGXERXOH- Secrétaire corporative donné que la faillite de
110, rue du Château, unité peut être consulté au 589
YDUGeGRXDUG/DXULQ1RUGHQWUHOHERXOHYDUG conduites PEHD Groupe Eloje inc., personne
morale dûment constituée et 1201, Gatineau, Québec, J9A Saint-Thomas, Longueuil, Qc
'pFDULHHWODUXH*RKLHUGDQVO¶$UURQGLVVHPHQW - installation de conduites d’égout pluvial en PVC ayant son siège social au 1T4, survenu à Gatineau, lee 6 J4H 3A7 Longueuil,
août 2023,
2023 un inventaire des le 24 avril 2024
6DLQW/DXUHQW - préparation du lit et mise en place des fondations 203-5660, ch. de Chambly,
biens a été fait conformément Pierre H. Archambault,
Longueuil (Québec) J3Y 7E5
'DWHG¶RXYHUWXUH Mercredi 22 mai 2024 granulaires est survenue le 17 avril 2024 à la loi par les liquidateurs lee notaire
'pS{WGHJDUDQWLH 10 % de la valeur de la Soumission et que la première assemblée 29 janvier 2024.
- construction de trottoirs, bordures et dalles de béton, Cet inventaire peut être con-
5HQVHLJQHPHQWV Pour toute question s’adresser parfois colorées et estampées
des créanciers sera tenue le
sulté par les intéressés, à AVIS DE CLOTURE
7 mai 2024 à 11h00, par
à : saint-laurent.soumissions@montreal.ca vidéoconférence Teams. Si l'étude de Me Sylvie Pichette, D'INVENTAIRE
'RFXPHQWV Les documents relatifs à cet Appel - installation de musoirs en granit vous désirez joindre la notaire, au 177, Promenade Prenez avis de la clôture de
d’offres seront disponibles à compter du 26 avril 2024 - terrassement des surfaces végétalisées vidéoconférence, veuillez du Portage, Gatineau, I'inventaire des biens de la
nous en informer par courriel Québec, J8X 2K4, succession de Jennifer
sur le SEAO. - chaussée en enrobé bitumineux et marquage au: judith.fauchon@nbsyndic. tél. 819-777-5511. SlOUl, en son vivant domi-
9LVLWHVXSHUYLVpHGHVOLHX[ N/A (rue existante) com. Donné ce 23 avril 2024 ciliée au 281, rue Pine, en la
Fait à Laval, le 22 avril 2024 Jean et Sylvie Pichette, ville de Châteauguay,
Les personnes et les entreprises intéressées par - chaussée en pavés de béton (zone de roulement Nathalie Brault Syndic inc. liquidateurs province de Québec, J6J
ce contrat peuvent se procurer les documents de du stationnement) Syndic autorisé 5W6, décédée le 7 juin
soumission en s’adressant au Service électronique en insolvabilité 2023,lequel inventaire peut
- remplacement d’éclairage existant 305-400, boul. St-Martin O. AVIS AUX CRÉANCIERS DE être consulté par les
d’appels d’offres (SEAO) en communiquant avec Laval (Québec) H7M 3Y8 LA PREMIÈRE
È ASSEMBLÉE intéressées à l'étude de la
un de ses représentants par téléphone au 1-866- - travaux d’électricité Tél: 450-238-1445 Dans l'affaire de la faillite de notaire soussignée au 40,
669-7326 ou au 514-856-6600, ou en consultant le Web : www.nbsyndic.com 9465-0215 Québec Inc. boulevard D'Anjou, Château-
- plantation de végétaux Avis est par les présentes guay, Québec, JGK 189.
site Web www.seao.ca. Les documents peuvent être donné que la faillite de 9465- Fait à Châteauguay,
Le stationnement est situé au 6650 rue Boyer dans le 23-04-2024,
obtenus au coût établi par le SEAO. l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie AVIS AUX CRÉANCIERS DE 0215 Québec Inc. est sur-
venue le 23 avril, 2024 et que Me Geneviève BANVILLE,
Chaque Soumission doit être placée dans une enve- LA PREMIÈREÈ ASSEMBLÉE la première assemblée des notaire.
Date d’ouverture : le 23 mai 2024
Mots croisés

ORSSHFDFKHWpHHWSRUWDQWO¶LGHQWL¿FDWLRQIRXUQLHHQ Dans l'affaire de la faillite de créanciers sera tenue le 15

Date limite de réception des plaintes : le 08 mai Vêtements Sienablü inc.
annexe du Cahier des charges. Avis est par les présentes
2024 donné que la faillite de
Les Soumissions reçues seront ouvertes publique- Vêtements Sienablü inc., per-
Dépôt de garantie : 10%
ment dans les locaux au Service du greffe, immé- sonne morale dûment cons-
GLDWHPHQWDSUqVO¶H[SLUDWLRQGXGpODL¿[pSRXUOHXU Renseignements : Pour toute question, s’adresser à : tituée et ayant son siège so-
appeloffres@agencemobilitedurable.ca cial au 4190, Seré, Montréal
réception. (Québec) H4T 1A6 est sur-
Les personnes et les entreprises intéressées par ce venue le 17 avril 2024 et que
La Ville de Montréal ne s’engage à accepter ni la plus
contrat peuvent se procurer les documents d’appel la première assemblée des
basse ni aucune des Soumissions reçues et n’as- créanciers sera tenue le 7
d’offres en s’adressant au Service électronique
sume aucune obligation de quelque nature que ce d’appel d’offres (SÉAO) en consultant le site Web
mai 2024 à 14h00, par
soit envers le ou les Soumissionnaires. vidéoconférence Teams. Si
www.seao.ca. Les documents peuvent être obtenus vous désirez joindre la
Montréal, le 26 avril 2024 au coût établi par SÉAO. vidéoconférence, veuillez
nous en informer par courriel
Le Secrétaire du Conseil d’arrondissement au: judith.fauchon@nbsyndic.
Benoit Turenne com.
Fait à Laval, le 22 avril 2024
Arrondissement de Saint-Laurent Nathalie Brault Syndic inc.
Syndic autorisé
en insolvabilité
305-400, boul. St-Martin O.
Laval (Québec) H7M 3Y8
Tél: 450-238-1445
Avis légaux Web : www.nbsyndic.com
et appels d’offres AVIS DE CLÔTURE
D’INVENTAIRE
(C.c.Q. article 795)
Avis est donné qu’à la suite
du décès de Simon NOLIN,
survenu le 17 juin 2023, en
son vivant domicilié au 3435,
Tombées et réservations boul. Gouin Est, appartement
mai, 2024 à 11h00, au bu-
reau du syndic par
conférence téléphonique.
Composez 514-312-2743 et
entrez le code 671702..
DEVLETIAN & ASSOCIÉS
ASSO INC.
Syndic autorisé
en insolvabilité
Jerry J. Devletian,
CPA, CIRP, SAI
210-5000 Jean-Talon O.,
Montréal, QC H4P 1W9
Téléphone: (514) 777-8888
AVIS DE CLÔTURE
D’INVENTAIRE
Prenez avis de la clôture de
l’inventaire des biens de la
succession de Conrad
Langevin, en son vivant
domicilié au 350 rue
Lachance, Appt 306, Saint-
Jean-sur-Richelieu (Québec)
J3A 1K9, décédé le 21 no-
vembre 2023.
Cet inventaire dressé sous
seing privé peut être consulté
par toute personne ayant un
intérêt au 1786-A, rue Saint-
André Montréal (Québec)
H2L 3T8.
Michel Langevin et Yves
Langevin, liquidateurs

Opinions
1013, Montréal, Québec, AVIS DE CLÔTURE
Avant midi, 2 jours avant la date H1H 1B1, un inventaire des D'INVENTAIRE
biens du défunt a été dressé AVIS est donné de la clôture
de parution par Nicole NOLIN, liquida- d'inventaire pour la Succes-
trice. sion Danièle BÉDARD, du
Publication du lundi Cet inventaire peut être con-
sulté par les intéressés au
870 Chemin du Bord du Lac,
App. Z-1, Dorval, Québec,
Réservation et matériel avant domicile de la liquidatrice au
94, avenue de la Rivière,
H9S 5X7, décédée le 23 no-
vembre 2023.
9 h le vendredi Fossambault-sur-le-Lac, L'inventaire préparé par la
Québec, G3N 0B9. liquidatrice COLETTE
Abonnez-vous Donné à Montréal, TRACZYK, est situé à :
Publication du mardi ce 22 avril 2024. Notaire Pierre Robert,
Réservation et matériel avant 514 985-3355 Caroline REILLY, notaire,
pour la liquidatrice
3374, Notre-Dame, Lachine,
Qc, H8T 1W7.
midi le vendredi abonnement.
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LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
III CRITIQUE CINÉMA
Course colorée contre la montre
Sébastien Laudenbach et Chiara Malta offrent avec Linda veut du poulet !
un film d’animation trépidant, où les couleurs sont maîtresses
ANNE-FRÉDÉRIQUE HÉBERT-DOLBEC
Linda est injustement punie lorsque sa
mère l’accuse à tort d’avoir volé sa ba-
gue pour l’échanger contre le nouveau
chapeau d’une amie. Quand la mère dé-
couvre que le bijou a plutôt été avalé par
le chat, elle est prête à tout pour se ra-
cheter. En échange de son pardon, Lin-
da demande à sa mère de cuisiner du
poulet aux poivrons, la recette fétiche de
son père, décédé des années plus tôt.
L’entreprise se révèle toutefois plus
complexe que prévu. Alors qu’une
grève générale illimitée garde tous
les magasins de la ville sous clé,
trouver un simple poulet prend des
allures de course contre la montre,
dans laquelle se verront impliquer un
fermier, des policiers et tous les en-
fants du quartier.
Avec Linda veut du poulet ! — lauréat
III CRITIQUE CINÉMA
Écume de fanatisme
Le film The King Tide se drape d’un inquiétant mystère et de poésie austère
pour une intrigante, quoique frustrante, allégorie religieuse
FRANÇOIS LÉVESQUE
Sur une île rocheuse, une petite com-
munauté tissée serrée mène, en autar-
cie, une vie aussi dure que le sol envi-
ronnant. Çà et là, des maisons se dres-
sent face au vent et à l’océan, éparses
comme la végétation. Jadis abondante,
la pêche suffit dorénavant à peine à
nourrir les derniers résistants.
Puis, un jour, tel un récit biblique,
un bébé est recueilli dans une barque
échouée. Bobby et Grace, un couple
sans enfant, adoptent la petite, qu’ils
prénomment Isla. Dotée de pouvoirs
qui enchantent la population, Isla se
retrouvera malgré elle, après dix an-
nées bénies, au cœur d’un funeste
conflit.
Intrigante, quoique frustrante allé-
gorie religieuse, The King Tide (La
grande marée) accoste, drapé d’inquié-
tant mystère et de poésie austère.
Affaire de pouvoir
Le film montre simplement, et effica-
cement, comment Bobby (Clayne
Crawford), Grace (Lara Jean Choroste-
cki), ainsi que la mère de cette derniè-
re, Faye (Frances Fisher), sont deve-
nus les citoyens les plus importants de
l’île du fait qu’ils contrôlent l’accès à
Isla (Alix West Lefler) ainsi qu’à ses
dons de guérison. Comme dans la plu-
part des religions organisées, tout est
affaire de pouvoir : qui le possède, qui
souhaite l’obtenir, à quel point, à quel-
les fins, etc.
Derrière l’apparente félicité liée, due
du Cristal du Festival du film d’anima-
tion d’Annecy et du César du meilleur
film d’animation —, les cinéastes Sé-
bastien Laudenbach (La jeune fille sans
mains, 2016) et Chiara Malta (Simple
Women, 2019) exploitent avec génie le
potentiel de l’imaginaire enfantin pour
transformer un événement en appa-
rence banale en une histoire foison-
nante et trépidante, qui fait appel tant
aux sens qu’aux émotions.
Aussi drôle que sensible, le scénario
des deux coréalisateurs explore avec
intelligence les questions du deuil, de
la fragilité des souvenirs, des relations
mère-fille, de l’amitié et de la solidari-
té sans que leur histoire perde une
seule once de dynamisme.
Dirigé par deux maestros du rythme
et de la composition, le long métrage
reprend les codes du film d’action pour
multiplier les rebondissements et les
émotions fortes. Le tout est judicieuse-
Alix West Lefler dans le film The King Tide VVS FILMS
entre autres, aux pêches miraculeuses
qu’engendre Isla, la population est
plus divisée qu’il n’y paraît. C’est sur-
tout vrai en ce qui concerne Beau
(Aden Young), un médecin dont Isla a
rendu la pratique obsolète.
Un jour, une tragédie frappe et Isla
n’y peut rien changer. Cet événement
agit comme un catalyseur, ou plutôt,
un agent révélateur. C’est particulière-
CULTURE
Dirigé par deux maestros
du rythme et de la
composition, le long métrage
reprend les codes du film
d’action pour multiplier les
rebondissements et les
émotions fortes
ment entrecoupé de séquences chan-
tées, empruntées à la comédie musicale,
qui instille à l’œuvre une grande poésie.
S’il est savoureux sur le plan narra-
tif, le film s’avère absolument éblouis-
sant d’un point de vue formel et vi-
suel. Sébastien Laudenbach a esquissé
des personnages expressifs et ludiques,
auxquels il a associé des couleurs. Lin-
da est jaune et sa maman, orangée, sa
tante est rose, les policiers sont bleus
et sa meilleure amie est dans les tein-
tes de vert ; un arc-en-ciel avec lequel
ment vrai de Faye, dont l’altruisme
apparent dissimule en fait un fanatis-
me terrifiant.
Et tout cela est intrigant et intéres-
sant, mais de manière intermittente,
par vagues.
Tableaux vivants
En effet, dès que le scénario écrit par
pas moins de quatre personnes (Albert
B5
Une scène
du film Linda
veut du poulet !
GEBEKA FILMS
les cinéastes ne créent rien de moins Linda veut
que de la magie. du poulet !
Ainsi, lorsque ces personnages se




déploient dans la ville afin de mettre Film d’animation
la main sur le fameux poulet, ils pren- de Sébastien
nent la forme de lueurs de couleur qui Laudenbach
dansent, virevoltent, se croisent, se et Chiara Malta.
poursuivent, comme un symbole à la Avec les voix de
fois de la singularité et de la force du Mélinée Leclerc,
nombre. Une scène, dans laquelle tous Clotilde Hesme
les enfants tentent de faire tomber la et Lætitia Dosch.
poule d’un arbre, en lançant tour à France-Italie,
tour chandails, chapeaux et accessoi- 2023,
res entre les branches, est mémorable. 76 minutes.
Avec ce récit d’aventures rocambo-
lesque qui divertira autant les petits
que leurs parents, Chiara Malta et Sé-
bastien Laudenbach célèbrent l’espiè-
glerie, la détermination et la pensée de
l’enfance, rappelant au passage l’im-
portance d’écouter ceux qui, d’un sim-
ple souhait, ont le pouvoir de rassem-
bler et de faire communauté.
Shin, William Woods, Kevin Coughlin, La grande
Ryan Grassby) délaisse tout ce qui tou- marée
che la notion de système de croyances (The King Tide)
— son élaboration, ses dynamiques de


 1/2
pouvoir, ce qui motive les gens à y ad- Drame de
hérer ou à en changer —, le récit com- Christian
me tel devient un peu quelconque. Sparkes.
Des secrets sont mis au jour, mais Scénario
au moins, on n’essaie jamais de trans- d’Albert Shin,
former la raison de l’isolement volon- William Woods,
taire de la communauté en une grande Kevin Coughlin,
révélation bidon à la The Village (Le Ryan Grassby.
village), de M. Night Shyamalan. Avec Alix West
En définitive, The King Tide consti- Lefler, Frances
tue un bon cas de figure d’un film où Fisher, Lara Jean
la forme non seulement éclipse le Chorostecki,
fond, mais le transcende. Influencé, Clayne
comme il nous le confiait en entrevue, Crawford, Aden
par le style du peintre américain An- Young. Canada,
drew Wyeth (inspiration de Terrence 2023, 100
Malick pour Days of Heaven / Les minutes.
moissons du ciel), ainsi qu’en prenant En salle.
pour référence certaines œuvres de
son propre père, le peintre terre-neu-
vien Ian Sparkes, Christian Sparkes
compose une succession de tableaux
vivants d’une beauté tantôt idyllique,
tantôt sinistre. Visuellement, c’est ré-
ellement splendide.
Les interprètes sont en outre très
habités, surtout la toujours excellen-
te Frances Fisher (Titanic, Reptile),
glaçante en matriarche capable du
pire au nom de l’idée qu’elle s’est
faite du bien.
En cela, le film rappelle combien
l’humain n’a pas son pareil pour men-
tir et pervertir, et ainsi transformer en
fléau ce qui avait au départ des allures
de divin cadeau.
 LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024

B6
ÉCONOMIE
III TRANSPORTS Il n’a jamais été
question pour

Baisse l’autrice
Béatrice
Bernard-Poulin

des revenus d’exercer un

emploi de
« 9 à 5 » et

chez d’être enfermée

dans un bureau.
VALÉRIAN MAZATAUD

Bombardier LE DEVOIR

CHRISTOPHER REYNOLDS
LA PRESSE CANADIENNE

Le lendemain du dévoilement de son

nouveau logo, Bombardier a fait état
jeudi d’une croissance de son carnet
de commandes au premier trimestre
malgré le ralentissement de la deman-
de mondiale d’avions d’affaires.
La société a augmenté son carnet de
commandes au premier trimestre de
5 % par rapport à l’an dernier, à
14,9 milliards $US. Un indicateur clé
de la demande à court terme de pro-
duits d’une entreprise — le rapport en-
tre les commandes reçues et les livrai-
sons facturées — est passé à 1,6. III ÉDITION
Ces chiffres optimistes contrastent chez Amazon Music. Il y a aussi les té-

Où es-tu, job de rêve ?

avec une baisse des revenus d’une
année à l’autre de 12 %, ou 1,28 mil-
liard $US, au cours du trimestre ter-
miné le 31 mars, un résultat inférieur
aux attentes des analystes.
Cette baisse s’explique en partie
par des livraisons d’avions plus fai-
bles que prévu au cours du trimestre
— 20 contre 22 un an plus tôt —,
mais le président et chef de la direc-
tion, Éric Martel, a déclaré que ce
chiffre était en phase avec les objec-
tifs pour 2024, qui sont de livrer en-
tre 150 et 155 avions dans l’ensemble
de l’année. L’année dernière, envi-
ron 40 % de ses nouveaux avions
ont atterri chez des clients au cours
du dernier trimestre.
« Nous constatons beaucoup d’activi-
té entourant la famille Global », a-t-il
affirmé, faisant référence à la plus gran-
de des deux séries d’avions produites
par la société montréalaise. Le Challen-
ger est l’autre, Bombardier ayant livré le
dernier de ses Learjet en 2022.
Bombardier a utilisé 57 % de liqui-
dités de plus au dernier trimestre
que l’année précédente, dépensant
387 millions $US pour soutenir l’ac-
célération de la production.
« Même si nous continuons à avoir
besoin de davantage d’investissements
en fonds de roulement à court terme,
nous serons bien placés au cours du
second semestre et bien au-delà », a
déclaré M. Martel aux analystes lors
d’une conférence téléphonique, jeudi.
Le cours de l’action de Bombardier
a augmenté de 4,74 $, soit de plus de
8 %, atteignant 61,74 $ à la clôture,
jeudi, à la Bourse de Toronto.
moignages de Chloé Ouellet, cheffe
propriétaire d’un restaurant, d’Alizée
Lienard, géologue dans le Grand
Nord, et de Kevin Perreault, courtier
immobilier.
Les parcours atypiques d’une trentaine de professionnels, « Je voulais que les parcours soient
les plus diversifiés possibles pour mon-
dont le footballeur Marc-Antoine Dequoy et l’humoriste trer la multitude de possibilités de car-
rière qui existe », relate l’autrice, qui a
Emna Achour, sont rassemblés dans un nouveau livre aussi recueilli les témoignages d’ex-
perts, notamment dans le secteur du
conseil en orientation et de la planifi-
cation financière.
CLÉMENCE PAVIC Pour les jeunes
« Ma mère est ergothérapeute. Mon
LE DEVOIR père est comptable. Vraiment, j’ai été (et les moins jeunes)
super privilégiée, parce qu’ils n’ont ja- Lors d’un récent événement public,
Il existe mille et une façons de trouver mais émis des doutes par rapport à Béatrice Bernard-Poulin a été surprise
sa voie professionnelle. Mais un petit mes choix. Par contre, ils m’ont dit : de voir l’intérêt suscité par son livre
coup de pouce ne fait pas de mal. on ne peut pas t’aider, parce qu’on ne chez des personnes ayant déjà un em-
Dans son nouveau livre, Allô, job de connaît pas ça », raconte-t-elle. ploi et une carrière bien établie.
rêve !, l’autrice Béatrice Bernard-Pou- Son livre, Béatrice Bernard-Poulin le « C’est drôle, parce qu’à la base, j’ai
lin prête sa plume aux récits d’une dédie donc à ceux dont les aspirations vraiment écrit ce livre en ayant en tête
trentaine de professionnels — dont le professionnelles « sortent un peu de les adolescents et les jeunes adultes
footballeur Marc-Antoine Dequoy et l’ordinaire et qui n’ont personne au- comme public. J’ai été étonnée, “fla-
l’humoriste Emna Achour — afin tour d’eux pour leur dire quoi faire ». bergastée”, même, du nombre d’adul-
d’inspirer ceux qui veulent sortir des Dans son livre, elle donne en exem- tes qui m’ont dit : “Ah ! C’est ce qu’il
sentiers battus. ple l’histoire d’Emna Achour, ex-jour- me faut.” »
Allô, job « D’une façon, c’est un peu égoïste. naliste sportive reconvertie en humo- Avec les transformations sur le mar-
de rêve ! J’ai écrit ce livre-là parce que j’aurais riste et chroniqueuse, celle de Marc- ché du travail, notamment celles liées
Béatrice aimé le lire quand j’étais plus jeune », Antoine Dequoy, footballeur des à la pandémie, les gens se sont mis à
Bernard-Poulin, raconte Béatrice Bernard-Poulin en Alouettes de Montréal, ou encore cel- réfléchir au sens de leur travail, cons-
Logiques, entrevue. les de Pierre-Luc Cloutier et d’Emy tate l’autrice.
Montréal, 2024, Il n’a jamais été question pour elle Lalune, deux créateurs de contenu sur « Peut-être que certaines personnes
280 pages d’exercer un emploi de « 9 à 5 » et les réseaux sociaux. gagnent l’argent dont ils ont besoin,
d’être enfermée dans un bureau. On trouve aussi le parcours de per- mais ils ne ressentent pas une valida-
« Très jeune, je voulais être chanteuse. sonnes méconnues, comme Joëlle Ber- tion au travail. Et donc ils se deman-
Après, je voulais être VJ à Musique- trand, qui, avec son diplôme de 5e se- dent justement ce que l’avenir leur ré-
Plus. Puis, journaliste en zone de con- condaire et après un an d’études pro- serve. C’est une réflexion importante à
flit », raconte celle qui est aujourd’hui fessionnelles, a travaillé chez Evenko, avoir. On passe tellement d’années de
entrepreneuse du Web. puis Universal Music, avant d’atterrir notre vie à travailler ! » souligne-t-elle.

MOTS CROISÉS SUDOKU

SUDOKU

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 


1 
 
2     
  
  
3  
 
4 "#$

  
 
5  
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9 ,-)*./,)     /8-+(    
(0()*(     /9(0:     
10    ",)+(12/0      ,0-6      
3-))-4/5      (:;(    
11

 
12
5591

HORIZONTALEMENT  
1. Qui augure bien de la suite. 4. Interjection pour appeler.
2. Dissimula. - Grande épée - Plaque de neige isolée. - 

   
 
droite. Division de l’histoire.   !   A C  ! A  ! C  
3. Lawrencium. - Nomade. - 5. Qui ont l’aspect du marbre. & !< & !< & !< & !< & C!<

Bande originale. 6. 5XLVVHOHW3URQRPLQGp¿QL Placez un chiffre Solution du dernier numéro

"/)* =:'> "/)* = !:'> "/)* =A:'> "/)* =:'> "/)* = !:'>
4. Et ainsi de suite. - 7. Au golf, trou réalisé en un coup. de 1 à 9 dans chaque    
   )6(7/-77?@ 71*B*/)6(7/-77?@ 1,5/18=,2/06/6@ 71*B*)1,5/18@ 71-/@
Incontournable. - Conclusion. - La moitié d’un costume de case vide. Chaque
5. Droit ou à queue. - Opposé à scène. ligne, chaque colonne
      
 
l’aval. 8. Qui se développe dans toutes et chaque boîte 3x3
      
6. Écrire sur un clavier. - les directions.
délimitée par un trait
      
Encaustiquer. 9. Le soleil s’y lève. - Manière de
7. Teinte de vert. - Dont on se s’habiller. - Acide et aigre. plus épais doivent
     

sert souvent. 10. Code de l’Utah. - Unité contenir tous les chiffres
8. Guidée. - Faciles à suivre. monétaire principale de la de 1 à 9. Chaque chiffre    
  
     C   A    E  C
9. Principe spirituel. - Constata. - Hongrie. - Bismuth. apparaît donc une seule  
     & !< & !< & A!< & !< & C!<
Accessoire de golfeur. 11. Installée par un plombier. fois dans une ligne, "/)* =:'> "/)* =:'> "/)* =C:'> "/)* = :'> "/)* =E:'>
10. Néon. - Soucis. - Radon. 12. Sens inverse au sens normal.     
 
dans une colonne et 71*B*/)6(7/-77?@ )6(7/-77?@ 71-/7?5D0/@ ,66,5/6)1,5/18@ 71-/@
11. Liquide noir secrété par la 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 dans une boîte 3x3.   
   
pieuvre. - Pierre précieuse. 1 $ 7 / $ 1 7 , ' ( * 2 

   
 
 
12. Administration des 2 6 2 8 3 , ( 5 ( 6 2 %
¿QDQFHVSXEOLTXHV 3 6 8 % , 7 $ & 7 , / (
$ 5 , & $ 1 , ( & ( 6
NE MANQUEZ PAS
4 GRILLE INTERMÉDIAIRE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
CITATION MYSTÉRIEUSE 724

Placez les lettres

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1
SOLUTION PUBLIÉE DANS LA PROCHAINE ÉDITION DU DEVOIR

contenues dans les

5 2
3
colonnes au-dessus
de la grille dans les
cases du bas, de
manière à former
une citation qui se
lira de gauche à
droite.
4

NOS PAGES DE JEUX

6 ( ) 2 5 ( 7 / 7
T-FERRON

6
HANNEQUAR
5 ÉTIENNE

6
ÉS MOTS ENCHAÎNÉS
ENC
CHA
HAÎNÉS 724
MOTS CROISÉS DU SAMEDI
Mots-croisés du samedi
MOTS FLÉCH 7

VERTICALEMENT 7 , $ / / 2 1 6 8 5 ( SUDOKU
SUDOKU


 
8
9
10
Formez une chaîne de mots à partir des trois
dernières lettres de chaque mot et à l’aide des
définitions. Les noms propres sont permis et les
accents peuvent changer.
I
II
III
IV
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

11
DU DEVOIR

   A E
 V

1 2 5 2 , 7 $ 0 , (
4746

8   12 VI

   E  A    !
ÉDITION

1. Qui ne peut s’empêcher de voler.

 HORIZONTALEMENT 1. Brûler VII
  1. Elles quittent le foyer. 4. Ici, ils se croisent. -
 Poissons osseux.
2. Quittera bientôt ses fonctions VIII
PROCHAINE

2. Marilyn... - Moitié du fils. (Nom propre)

 3. Grossier. - Trophée d’un 5. Manganèse. - Vraiment 3. Degré
IX
pas loin. - Inflorescence.

$ 5 ( & 7 2 5 2 ) 0

drôle de gala.
 4. Plus de vingt (mot composé) X

9  4. Pas frais. - Tendons. 6. Usure graduelle. - Célèbre

DANS LA

 bataille. 5. Souterrain
5. Suffixe. - Compagnie. -

& & & & &

Horizontalement
Horizonta Verticalement
Transformé en glace. 7. Bout de chemise. - Coupe 6. Auteure Québécoise
 I. Devient com
commun après 1. A belle carrure. 2. Voudrait

!< !< A!< !< C!<

la tête. - Deux.
PUBLIÉE

 6. Lithium. - Jeune enfant. 7. Éteint les feux (nom propre) réduction. II. Mesuré dans ses laisser quelque chose de propre à

2. Sans prendre parti.

Tous les samedis
7. Héroïne légendaire 8. Plaît-il ?. - Abhorré. - Ville 8. Flotte (nom propre, deux mots)
s épluchages. Passe
dépenses et ses nos enfants. 3. Petit renflement.
 du Maroc. par Caen. III. Façonna du bout des Devient noble sous les coups. 4.
grecque. - Réfuta. - Ligne.
SOLUTION

9. A sa pomme Espace de temps. IV. A

doigts. Espac Ouverture de compte à Wall

10 7 $ 7 2 8 ( 5 7 $ / (
8. Ne pas dire. - Devenir 9. Sans animaux. - Tubes trouvé un siège.
siè Institution ou Street. Jamais entendue. 5. Bien
 d’éclairage. 10. Grosse bouteille Retenues avant de
édifice. V. Ret malmené. Dans le coin. 6. Pas
 moins gros.

10. Nervi. - Amertume. partir. Drôle dde bonhomme venu toujours sage. Déplacement dans
9. Anomalie de position d’un de Pologne. V VI. On le retrouve les airs. 7. Négation. Met du temps
 organe. - Blesse les coeurs 11. Acte de la pensée. dans tous les boulots. Grand à agir. En liste. 8. Très éloquentes.
 de ses flèches. 12. Elle gronde. - Sert à fixer chasseur de lla Bible. VII. Armé 9. Pour n’oublier personne.
 10. Elle a un groin. - Harpon à l’aviron. chez Barak Obama.
O Donne le Populations asiatiques. 10. Devra

"/)* =A:'> "/)* =C:'> "/)* = :'> "/)* = :'> "/)* =:'>
724

  


du dernier
numéro
 plusieurs pointes. L’INTERVALLE vertige à la bergerie.
be Accord. VIII. être réparée. Fit l’innocent. 11.

3. Rez-de-chaussée. - Bonnet

  Réb
Enfant de Rébecca. Mise à nu à la L’histoire au jour le jour. Capitale

* ( 1 6 0 2 8 / ( 5
Solution T-FERRON
 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
5590

Entre le premier et le dernier mot, et en ne changeant

HANNEQUAR 11. Elles sont bavardes. -

11
bergerie. IX. Petit sac dans les du Massachusetts. 12. Reprennent
hiffre ÉTIENNE 1 S C H E M A P E P I N
qu’une seule lettre à chaque étape (changement, ajout
Expriment leur désaccord.
DES FÉRUS
2 C L A P S O U P A P E f
feuilles. Atom
Atome. X. Fait grand le dossier en mains.
ou retrait d’une lettre), trouvez les mots intermédiaires.
GRILLE
bruit.

dans Le D magazine
12. Ont des arilles. - Engin 3
4
H I L A R E
N O T R E
C I T E R
P E N E E
Les accents sont permis, mais aucun nom propre.
Philippe Dupuis
spatial. 5 O E T I R E A E D E
6 C A R N A D I R I MUTER Solution d
du n° 563
VERTICALEMENT 7 K I E V G O N D O L E
Horizontalement
Horizontalem Verticalement
I. Présomptions.
Présomptio II. Saboteur. Uoi 1. Pseudonyme. 2. Rat. Epieur. 3.
1. État d’agitation. - Symbole 8 S E L A N D V I P

d’hiver. - Chrome. ( 6 6 $ < ( 6 ( ; (

(oui) III. Etrier.
Etrie Enfin. IV. Ee. Ebre. Henné. 4. Soierie. Cu. 5. Ote.
mathématique. 9 S A U N E C E P A G E

12
Came. Et. V. Dé.
D Réexaminé. VI. Eu. Uht. 6. Mercerie. 7. Pu. Axel.
10 I N V E N D U R I E L
2. Comme le radon.

)6(7/-77?@ (66-F-7-*?&$,2/06/@ 71-/7?5D0/@ 71*B*)1,5/18@ 71-/@

Ophiures. Tr. VII. Niée. Il. Ns. VIII. Cp. 8. Trémas. Bah. 9. Nem. Niño.
4745

11 E C A R T L I E R N E
Yen. Ue. Bines
Y Bines. IX. Munch. Canope. 10. Ouf. Snob. 11. Noient. Epi. 12.
3. Distrait. - Unités de 12 D E L E S T E S E T S
X. Ereutopho
Ereutophobie. Sintérisée.
volume. Solution du dernier numéro T-FERRON
HANNEQUAR
ÉTIENNE

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Philippe Dupuis est également l’auteur
redaction@ledevoir.com MOTS CROISÉS
CROI PROBLÈME N° 564
BLANC
GRILLE
des mots-croisés du Monde

Solution du dernier numéro CORRIGÉ

SOLUTIONS DE LA SEMAINE D
DERNIÈRE
ERNIÈ
È RE SUDOKU : SOLUTION
DU PROBLÈME D’HIER
   
  
Épreuve de révision Antidote | no 121      

 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
1
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6
7
8
9
10
11
12
5591
0276&52,6(6

HORIZONTALEMENT
1. Qui augure bien de la suite. 4. Interjection pour appeler.
2. Dissimula. - Grande épée - Plaque de neige isolée. -
droite. Division de l’histoire.
3. Lawrencium. - Nomade. - 5. Qui ont l’aspect du marbre.
Bande originale. 6. Ruisselet. - Pronom indéfini.
4. Et ainsi de suite. - 7. Au golf, trou réalisé en un coup.
Incontournable. - Conclusion. - La moitié d’un costume de
5. Droit ou à queue. - Opposé à scène.
l’aval. 8. Qui se développe dans toutes
6. Écrire sur un clavier. - les directions.
Encaustiquer. 9. Le soleil s’y lève. - Manière de
7. Teinte de vert. - Dont on se s’habiller. - Acide et aigre.
sert souvent. 10. Code de l’Utah. - Unité
8. Guidée. - Faciles à suivre. monétaire principale de la
9. Principe spirituel. - Constata. - Hongrie. - Bismuth.
Accessoire de golfeur. 11. Installée par un plombier.
6ROXWLRQ
10. Néon. - Soucis. - Radon. 12. Sens inverse au sens normal.
6ROXWLRQ
11. Liquide noir secrété par la 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
pieuvre. - Pierre précieuse. 1 $ 7 / $ 1 7 , ' ( * 2
12. Administration des 2 6 2 8 3 , ( 5 ( 6 2 %
finances3publiques.
5 2 0 ( 7 4 7$ 5 (, & 8
3 6 8 % ,
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1. Qui 5 s’empêcher
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5590

d’hiver. - Chrome. 12 ( 6 6 $ < ( 6 ( ; (

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0du dernier
2 numéro
1 7
SUDOKU

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Niveau de difficulté: MOYEN 8142
3 6 2

Placez un chiffre Niveau de difficulté: MOYEN

Solution du dernier numéro8142
de 7 6 chaque
1 à 9 dans 1 5 4 7 8
6 1 53 4 89 3 92 2
case vide. Chaque
9 8 5 2 1 3 7 6 4
ligne, chaque colonne
9 8boîte53x3 2
et chaque 1 3 3
4 2 97 7 66 8 54 1
délimitée par un trait 4 2 8 7 6 5 9 1 3
plus
3 épais4doivent
2 9 7 5 76 3 18 9 25 6 41 8
contenir tous les chiffres
de 1 à 9. Chaque chiffre 1 9 6 3 8 4 5 2 7

4 donc
apparaît 2 une 8 seule 7 6 8 5
5 4 69 2 1
7 1 3 39
fois dans une ligne,
2 3 9 8 5 1 4 7 6
dans une colonne et
5 une7boîte 3
dans 3x3. 1 9 6 2
1 7 46 3 94 2 88 5
Niveau de difficulté: FACILE 8141
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
Venise veut contrer le surtourisme avec des billets d’entrée à 5 euros
Jeudi, Venise, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, devenait la première ville au monde à imposer des frais pour y entrer, à l’instar d’un parc thématique. La Ville a mis en place ce que le maire qualifie
d’une « expérimentation » afin de contrer le surtourisme. À ce stade, l’expérience a toutefois une portée très limitée : pour 2024, seuls 29 jours de grande affluence sont concernés par cette nouvelle taxe,
qui sera appliquée presque tous les week-ends de mai à juillet. Une manifestation en fin de matinée non loin de la gare a rassemblé dans une ambiance bon enfant quelque 300 personnes. « Nous ne sommes
pas un musée ou une réserve naturelle, mais une ville. On ne devrait pas payer » pour y accéder, s’insurge ainsi Marina Dodino, une Vénitienne. En pic de fréquentation, 100 000 touristes dorment à Venise,
en plus des dizaines de milliers de visiteurs journaliers. En comparaison, on compte quelque 50 000 habitants dans le centre-ville, qui ne cesse de se dépeupler. MARCO BERTORELLO AGENCE FRANCE-PRESSE
Macron plaide pour
une « Europe de la puissance »
Le discours attendu du président français à la Sorbonne visait à limiter la casse
alors que l’opposition au fédéralisme européen monte
CHRISTIAN RIOUX
À PARIS
LE DEVOIR
À
la traîne dans les sondages derrière le
Rassemblement national, le président
français, Emmanuel Macron, a tenté
jeudi de relancer sa campagne par un
long discours sur l’Europe prononcé
dans le grand amphithéâtre de la Sor-
bonne. À un mois et demi des élec-
tions européennes, il avait donné ren-
dez-vous à ses partisans dans ce haut
lieu du savoir où, en septembre 2017,
il avait présenté son projet pour la
« refondation d’une Europe souverai-
ne, unie et démocratique ».
Sept ans plus tard, alors que les par-
tis eurosceptiques sont en tête dans de
nombreux pays européens, l’atmos-
phère n’était visiblement plus la mê-
me. « Nous n’avons pas tout réussi »,
a-t-il admis d’entrée de jeu. Au rang
des réussites, le président pointe néan-
moins la production de vaccins pour
sortir de la pandémie, la politique de
l’énergie, le soutien à l’Ukraine et un
pacte sur l’immigration.
« L’Europe est mortelle »
Dans un discours-fleuve de près de
deux heures, souvent technique et res-
semblant parfois à celui d’un p.-d.g. de
multinationale, le président a essen-
tiellement plaidé pour « une Europe
de la puissance ». Parodiant le poète
Paul Valéry, il a estimé que « notre
Europe aujourd’hui est mortelle. Elle
peut mourir et cela dépend unique-
ment de nos choix ».
Dans ce plaidoyer tous azimuts en
faveur de l’Union européenne (UE),
qu’il presse d’intervenir dans pres-
que tous les domaines, le président a
particulièrement insisté sur la défen-
se. Décrivant un territoire « dans
une situation d’encerclement », il
soutient « une Europe qui se fait res-
pecter et qui assure sa sécurité […],
qui assume d’avoir des frontières et
qui les protège ».
Sans proposer une armée européen-
ne, il avance le concept nébuleux
d’« intimité stratégique » et propose
de créer une académie militaire et de
doter l’UE d’« une capacité […] de cy-
bersécurité ». Visant à mots couverts
les nombreux pays de l’Union, mais
surtout l’Allemagne, dont l’armée
s’approvisionne principalement aux
États-Unis, il a plaidé pour « une pré-
férence européenne dans l’achat de
matériel militaire ».
Le président veut par ailleurs doubler
le budget européen afin que l’UE de-
vienne un « leader mondial d’ici
2030 » dans cinq secteurs stratégiques,
dont l’intelligence artificielle, les nou-
velles énergies et l’espace. Tout en dé-
fendant au passage l’accord de libre-
échange entre le Canada et l’UE
(AECG), il propose un certain protec-
tionnisme dans les domaines de la dé-
fense, de l’énergie et de l’espace.
En matière d’immigration, un sujet
prioritaire avec le pouvoir d’achat
pour une majorité de Français, il dit
vouloir « retrouver la maîtrise de nos
frontières [européennes] », mais fusti-
ge la décision des Britanniques de dé-
placer leurs demandeurs d’asile au
Rwanda, où seront examinés leurs
dossiers. Un choix cependant plébisci-
té par 67 % des Français.
En terminant, Emmanuel Macron
s’est félicité que les nationalismes en
Europe ne proposent plus de sortie de
l’UE. Mais, dit-il, « ils proposent juste
de ne plus avoir de règles de copro-
priété, de ne plus investir, de ne plus
payer le loyer ». Jouant cartes sur ta-
ble, le président ne craint pas d’affir-
mer que l’Europe est pour lui « un
projet qui n’a pas de bornes ».
Bardella largement en avance
Malgré les affirmations de l’Élysée évo-
quant un grand discours institutionnel,
ce dernier a été perçu par un grand
nombre d’observateurs comme une
dernière tentative de réchapper la cam-
pagne de sa tête de liste au scrutin eu-
ropéen, Valérie Hayer. Les plus récents
MONDE
sondages n’accordent plus que 17 %
des voix à la liste présidentielle, en
baisse constante depuis un mois, loin
derrière celle du Rassemblement natio-
nal (RN), menée par Jordan Bardella,
qui plane autour de 31 %.
Mais la mauvaise surprise pour le
groupe Renaissance vient surtout du
bon résultat du Parti socialiste, qui
n’avait pourtant fait que 1,74 % à la
dernière présidentielle. Menée par Ra-
phaël Glucksmann, la liste atteint 12 %.
Des votes largement grugés au parti
présidentiel, mais qui expliquent aussi
les mauvaises performances de la gau-
che radicale : des écologistes (7 %) à
La France insoumise (5,5 %) en passant
par le Parti communiste (2,5 %).
La veille de l’intervention d’Emma-
nuel Macron, une cinquantaine de per-
sonnalités du monde intellectuel
avaient signé une tribune très remar-
quée dans Le Figaro dénonçant « le
tour de vis fédéraliste » de l’Union eu-
ropéenne. Pour les signataires, comme
l’ancien ministre socialiste Arnaud
Montebourg, l’ancien président du Con-
seil constitutionnel Pierre Mazeaud et
les philosophes Marcel Gauchet, Pierre-
André Taguieff et Michel Onfray,
« l’Union n’en finit plus de dériver vers
une supranationalité écrasante. D’année
en année, la devise “Unis dans la diver-
sité” a cédé sous une centralisation uni-
formisatrice effaçant les identités et les
souverainetés nationales ».
La tribune vise particulièrement une
résolution adoptée en novembre 2023,
pour l’instant non contraignante, qui
proposait de généraliser la majorité
qualifiée sur toutes les décisions. Une
idée qui fait son chemin à Bruxelles
sans n’avoir jamais été soumise aux
peuples des pays membres, disent les
signataires, qui n’hésitent pas à parler
de l’UE comme d’une « “prison des
peuples” reposant sur des dogmes
aveugles qu’il est interdit d’interroger ».
Les premières réactions sont surtout
venues de la droite. Pour Jordan Bar-
della, en s’impliquant à ce point dans la
campagne des européennes, Emmanuel
B7
Macron vient de mettre sa légitimité en
jeu. « Si la liste d’Emmanuel Macron
devait perdre cette élection, si elle était
distancée par la liste d’opposition, le
président de la République, chef de la
majorité non seulement minoritaire
mais défaite, devra en tirer toutes les
conséquences. » Il ne propose rien de
moins que de « sanctionner le gouver-
nement français et l’Europe de Ma-
cron » et d’« ouvrir la voie à l’alternan-
ce ». En clair, cela impliquerait la disso-
lution de l’Assemblée nationale et une
élection dont tous les sondages annon-
cent que le RN sortirait gagnant.
La tête de liste de Reconquête, Ma-
rion Maréchal, a jugé que « la souve-
raineté européenne pour Emmanuel
Macron, c’est l’avancée vers un État
fédéral européen » et « la fin du droit
de veto de la France dans toutes les
décisions ». Pour la tête de liste Les
Républicains, François-Xavier Bella-
my, Macron est « un président qui
parle beaucoup, mais qui, en fait,
quand il s’agit d’agir, produit très peu
de résultats ». « Sept ans à détruire
nos industries et services publics et à
organiser l’impuissance », et « deux
heures pour s’en plaindre des effets »,
a raillé la tête de liste de La France in-
soumise, Manon Aubry.
Limiter la casse
Lors de sa nomination, on avait présen-
té le plus jeune premier ministre de la
Cinquième République, Gabriel Attal,
comme une arme anti-Bardella. Quatre
mois plus tard, on constate que le pre-
mier ministre s’est très peu impliqué
dans la campagne. Un sondage récent
du Figaro laisse même penser que le
jeune président du RN l’emporterait
contre lui dans un match présidentiel.
Ce discours était-il indiqué dans ce qui
prend de plus en plus la forme d’un ré-
férendum sur la présidence d’Emma-
nuel Macron ? 66 % des Français esti-
ment que le président ne devrait pas
s’impliquer plus dans cette campagne.
À la différence des autres scrutins,
l’élection européenne mobilise généra-
lement à peine un électeur sur deux, si
bien que l’enjeu pour tous les candidats
consiste à réduire le nombre d’absten-
tions chez leurs partisans. À peine six
électeurs sur dix qui ont voté Emma-
nuel Macron à la dernière présidentielle
disent se retrouver dans la liste de Va-
lérie Hayer. Ce qui fait dire à la plupart
des analystes que le but de cette inter-
vention était surtout de limiter la casse.
Un constat sur lequel s’entendent aussi
bien Le Figaro, pour qui ce discours vi-
sait à « ranimer le macronisme », que
Le Monde, pour qui le président est « à
la recherche d’un second souffle ».
Chose certaine, la campagne vient
de commencer.

B8
ZEITGEIST
J’ai skip la manif
(Pis dans une vie antérieure, j’étais une pieuvre)
I
l y a des semaines où je me demande
quel est le sens de nos vies. Prenez
mardi de la semaine dernière : nous
étions 800 cobayes les yeux fermés à
avoir retiré nos souliers. On se serait
crus dans un Best Western de Saint-
Hyacinthe, a noté ma chum Marie.
Surtout durant la période vox pop
JOSÉE après le Voyage intérieur. C’était le ti-
BLANCHETTE tre du spectacle. Notre gourou chauve,
doublé d’une harpiste en bas de nylon,
n’était nul autre que l’écrivain français
Bernard Werber (Les fourmis, Les tha-
natonautes), un auteur culte en Russie
et en Corée du Sud, ai-je appris. Il y a
vendu des millions de bouquins.
Le but de ce voyage à 80 $ au théâ-
tre Outremont n’était pas révélé d’em-
blée, mais nous avons vite compris qu’il
s’agissait d’une régression dans une vie
antérieure. C’était une première pour
moi, et je ne suis toujours pas certaine
d’avoir été ce monsieur barbu en san-
dales aperçu derrière la porte no 2.
« Énéwé », je souffre peut-être
d’aphantasie, une incapacité à visuali-
ser. Avec un peu d’imagination, j’aurais
pu être une pieuvre dans un aquarium
de Boston en 1942. Sur plus de deux
heures de « spectacle » intérieur, j’ai dû
en dormir 10 minutes, je m’en confesse.
Bernard Werber marche fort avec ce
« PowerPoint » spirituel vaguement in-
trospectif. Il sera même à l’Olympia de
Paris en octobre prochain.
Ça manque cruellement d’intimité et
de crédibilité, mais qui suis-je pour con-
tester un voyage zéro GES et sans GPS ?
Le mercredi, mes deux gars — mon-
sieur B et son bro, mon S adoptif semi-
cherejoblo@ bridé made in Taiwan — sont venus
ledevoir.com prendre une bière et manger des tacos.
Instagram : Monsieur S, 22 ans, s’était fait brutaliser
josee.blanchette par deux policiers et je voulais consta-
JO BLOG
Kanaval, la force des petits
Le magnifique film Kanaval, d’Henri Pardo, est à la
fois émouvant et difficile, d’une beauté douloureuse,
soutenu par la force du petit Rico, 9 ans. Ce jeune
Haïtien est déraciné de sa terre natale pour atterrir
dans le Québec rural blanc (de neige et de peau) des
années 1970 avec sa mère. Le thème de l’arrachement
et de la reconstruction n’est pas sans rappeler Ru. Le
film est porté par le petit Rayan Dieudonné et le co-
médien Martin Dubreuil, son complice bègue et père
d’accueil. Les deux comédiens crèvent l’écran. À voir.
Prix du public à Cinemania, Kanaval sort en salle
le 3 mai. https://bit.ly/4d4avfo
La plus grande leçon que
nous enseignent nos enfants
est de vivre dans le moment
présent, de manière
authentique et sans condition
»
SHEFALI TSABARY (DANS ENTRE NOUS,
DE SOPHIE GRÉGOIRE TRUDEAU)
ter les dégâts. Plus de peur que de mal.
Il a grillé une lumière jaune à vélo le
lundi matin en allant à ses cours. Les
flics l’ont pourchassé, lui ont sauté des-
sus, l’ont jeté à terre, menotté, ont en-
voyé son vélo valser « dans » la rue
Saint-Denis avec son téléphone. Une
scène de The Out-Laws ou des Bougon.
Une brave citoyenne du Plateau a
osé : « Ce n’est pas un peu excessif
comme intervention ? » Nous aurions
aimé qu’elle les filme. Les jeunes poli-
ciers n’ont pas répondu. Ils démante-
laient un gang de rue asiatique. La suite
se discutera en cour. Bravo au SPVM !
– J’ai mis les mains en l’air, mô-
man ! Je sais qu’il faut faire ça quand
tu es racisé.
– Brave petit. Veux-tu un autre taco ?
S’enjailler
Selon mon horoscope chinois, le jeudi
s’annonçait tranquille. Je suis allée voir
les quatre filles de S’enjailler sur la
scène du théâtre d’Aujourd’hui. Quelle
bonne idée. Par curiosité ou par ennui,
j’avais invité une amie Facebook que
je ne connaissais pas. La curiosité est
la plus grande des qualités, disait
l’écrivain H. G. Wells.
S’enjailler, c’est faire la fête en Côte
d’Ivoire. Les quatre comédiennes noires
utilisent le mot en « n » durant leur dé-
licieuse performance où la langue déri-
ve de tous bords tous côtés, empruntant
aux expressions de rue et au zeitgeist.
J’ai dû être une black queen dans une
vie antérieure. J’étais une des leurs.
Le vendredi, mon ex (alias « mon
jeune amant français ») voulait aller
voir un film. Il m’a textée : « Y’a rien
qui me chaille. Tu veux voir La bê-
te ? » Le film parlait de vies antérieu-
res que l’héroïne tentait de résoudre
pour enfin retrouver son grand amour
qui revenait à chaque incarnation.
Après le film (6/10, et j’ai roupillé
15 minutes), mon Français d’une autre
vie m’a invitée à un party. Il était déjà
tard et je me faisais tirer la manche.
LEDEVOIR // LE VENDREDI 26 AVRIL 2024
« Allez, passe une tête ! Au pire, tu t’en
vas ? » Il se rendait dans un show de
(jeunes) musiciens d’une ruelle du Pla-
teau, là où la rue Laval se transforme
en cul-de-sac, devant le parc Nelligan.
« C’est dans un loft. Y’aura du
synthwave », m’avait avertie mon ex,
qui joue du sovietwave et qui fournis-
sait la IPA. « OK, mais Cendrillon
s’éclipse avant minuit. » Ma curiosité
n’a pas été déçue. Quarante paires de
souliers dans l’entrée d’un loft/studio
de musique, une énergie de milléna-
riaux un tantinet intellos. J’avais l’im-
pression de remonter dans une vie an-
térieure (mon époque universitaire
Berri/Duluth) de ma vie actuelle.
– Tu fais quoi demain ? ai-je deman-
dé à mon Frenchy.
– Ah, bah demain, je sais pas… mais
c’est « for-touwèni » !
Mon « for-touwèni »
Le samedi après-midi, en effet, à 4 h 20
(googlez 420), ça s’enjaillait dans tous
les parcs montréalais, envahis par les
gros bats et les gummies au THC.
C’était Noël à la SQDC. J’ai décidé de
passer mon tour. Mais la vie allait me
rattraper.
À 4 h 20 du matin, le téléphone son-
ne. « Allô, momz ? Je te réveille ? »
Non, fils chéri, je ne dors que dans mes
régressions antérieures. Ça ne va pas ?
Ça pissait le sang. Scène de crime
dans la Petite Italie. Le SPVM aurait
bouclé le secteur. Le couteau était trop
aiguisé et il était tard (ou tôt, c’est selon).
J’ai fait une sainte Justine de moi-même
et j’ai vidé la pharmacie, pris le livre de
mon amie Sophie Grégoire Trudeau
(c’est notre amie à toutes) et le dernier
Astérix au cas où nous déciderions d’al-
ler squatter l’urgence quelques jours.
Une mère est une mère est une pieu-
vre. Peu importe de quelle vie on parle.
Finalement, ça s’est terminé par un
touchant moment mère-fils entre confi-
dences, rires et soupirs de soulagement,
en regardant le soleil se lever. Après la
confection d’une catin approximative,
mon B s’est assoupi sur mon épaule à
6 h du mat’. Lorsque je suis ressortie si-
lencieusement de sa chambre, il avait
l’index en l’air, comme s’il posait une
question à l’univers.
J’en ai profité pour nettoyer les traces
d’hémoglobine, ranger l’appart, faire la
vaisselle post-party 420, lancer une
brassée de lavage, aller faire une épice-
rie, cuisiner son potage préféré (épinard
et cari, riche en fer) et du jus vert (ça
réveille les morts), prendre rendez-vous
avec une amie ex-infirmière pour qu’el-
le refasse sa catin (merci MS !), passer
à la pharmacie lui payer une trousse
d’urgence, des gummies (sans THC) et
des M&M (un kid est un kid, même à
20 ans), et me sentir utile comme une
mère veilleuse un dimanche.
J’en ai conclu que j’ai été une mère
italienne badass dans une autre vie.
Faque, j’ai « skip la manif » de la
Terre mère. Vous m’excuserez. J’ai pen-
sé à vous. Paraît qu’il n’y avait pas foule
et que la fin du monde peut attendre.
La vie ressemble
parfois à une
chanson de
Beau Dommage
sur un 33 tours
qui saute : un
peu de ruelle,
un peu de drame
et l’impression
de retourner
dans nos vies
antérieures.
MARIE-FRANCE
COALLIER LE DEVOIR
Ressortie de chez mon B en
ayant l’impression d’avoir vécu
une toune de Beau Dommage.
Juste à ce moment, j’ai croisé la
ruelle Beau-Dommage et sa mu-
rale (en arrière du « 6760,
Saint-Vallier »). Le sens de la vie
est ici : https://bit.ly/49QrsqW
Adoré le li-
vre Ruelles, de
la photographe
Ariel Tarr et de
l’autrice Floren-
ce Sara G. Fer-
raris. Ce magni-
fique ouvrage
d’histoire des
ruelles montréalaises fait égale-
ment appel aux archives. C’est
un livre joyeux, qui fait place à
l’intime et à la communauté.
On y trouve une mention de la
ruelle Beau-Dommage et des
entrevues avec Pierre Huet, Mi-
chel Rivard et Michel Trem-
blay. Un véritable plaisir pour
les yeux. Ça respire la vie, les
fêtes de ruelles du vendredi
soir, les surprises, les chats er-
rants et les enfants qui ont
échappé aux écrans : « elles
propulsent les premières fois de
l’adolescence aux premières lo-
ges et ancrent le début de l’âge
adulte dans un décor urbain en
pleine ébullition ».
Dégusté
L’enfant dans le
miroir, de Nelly
Arcan, illustré
par Arizona
O’Neill. Quelle
superbe nouvel-
le édition de ce
livre que je
n’avais pas lu !
On y retrouve l’obsession de
l’image de Nelly et cette enfant
captive du miroir. Les illustra-
tions, généreuses, font écho à
chaque page. Dans cette quête
de beauté pré-réseaux sociaux,
tout est déjà en place pour qu’on
se perde et se croit immortels.
Un objet littéraire réussi.
Ceux qui n’ont pas compris
le passé, ceux qui n’ont pas
compris le passé de
l’humanité en général, ceux
qui n’ont pas compris leur
propre passé en particulier,
ceux-là seront condamnés
à le reproduire
»
EDMOND WELLS (PERSONNAGE DE BERNARD WERBER)