Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1 Généralités
Elle représente une part prépondérante dans le quotidien des soignants que ce soit pour
effectuer des soins ou pour accompagner les personnes. Les enjeux de ces activités de
manutention sont doubles et cruciaux à la fois pour les personnes prises en charge et les
soignants ou accompagnants.
D’une part, la qualité de la manutention a un impact sur la qualité et sécurité des soins. En
effet, une question se pose sur la place du soignant en matière de recherche
d’autonomie des personnes vulnérables. La pratique adéquate de la manutention permet de
prévenir, de retarder la dépendance des personnes vulnérables et ainsi de préserver leur
potentiel moteur et cérébral.
D’autre part, la maîtrise des manutentions a un rôle considérable dans le bien-être des aidants
et des soignants. Les professionnels peuvent prévenir les TMS par l’application de bonnes
techniques de manutention à savoir les gestes et postures sécuritaires. Une prise de conscience
des contraintes ergonomiques et une maîtrise des techniques de manutention contribuent
à l’évolution et à l’amélioration des conditions de travail. Les objectifs à atteindre sont
l’autonomie du soigné et l’économie du soignant. (9)
2 LES TRANSFERTS
On appelle transfert le fait de passer d’une position à une autre. Il y a deux types de
transferts :
a Le transfert couché - assis :
Chez le sujet âgé ce transfert peut être gêné par des vertiges, souvent liés à une baisse de
tension. Il faut donc être patient et laisse au cœur du malade le temps de s’adapter au
changement de position ; il faut aussi le faire boire.
Le malade doit être en sécurité : il faut veiller à ce qu’il ne tombe pas du lit, soit quand
on le tourne soit quand il est placé au bord du lit. Outre son intérêt évident, il est
indispensable que le patient ressente qu’il est en sécurité, sinon il risque d’avoir des
réactions de défense, la plus nuisible étant la rétropulsion dont on parlera plus loin.
L’intervenant doit être en sécurité : il faut qu’il soit à l’aise pour travailler, qu’il
connaisse les techniques lui permettant d’économiser son dos, notamment les
techniques de glissé.
La manipulation ne doit pas être traumatisante : il faut faire attention aux peaux
fragiles que la moindre prise un peu appuyée va léser, au point qu’il sera nécessaire de
manipuler le patient avec un drap ; on a trop souvent tendance à essayer de lever le
malade en saisissant un poignet et en tirant dessus. C’est particulièrement dangereux,
compte tenu de la fragilité des membres supérieurs chez la personne âgée. Le risque
est la lésion de l’épaule, plus rarement du poignet ou du coude.
Quand on veut transférer un patient du lit au fauteuil il faut se préparer, surtout si on est seul.
La position du fauteuil est fondamentale : il faut réfléchir à l’endroit où on le met pour que le
trajet à accomplir par le patient soit le plus court possible mais sans gêner l’intervenant. Il ne
faut pas oublier enfin que les fauteuils roulants ont des systèmes de verrouillage des roues ; on
doit toujours les verrouiller avant tout transfert.
b Le transfert assis - debout :
Il faut donc se méfier des jambes qui fléchissent sous le poids du sujet, et insister pour que les
jambes soient toujours bien tendues et les genoux bien verrouillés.
L’équilibre obtenu est alors souvent instable : le patient a du mal à trouver ses appuis et à se
tenir dans cette nouvelle position, il faut donc être particulièrement vigilant ; les choses
s’arrangent très souvent dans le secondes qui suivent. Tout comme le transfert couché - assis,
le transfert assis - debout doit être préparé : on doit avoir mis en place les sécurités qui
permettront d’éviter un traumatisme grave si les choses se passent mal ; pas question par
exemple de lever seul un patient trop lourd.
3 les déplacements
On appelle déplacement le fait pour un sujet de marcher (ou d’utiliser son fauteuil roulant).
Cette activité peut être parasitée par plusieurs phénomènes.
Le principal système responsable de l’équilibre est situé dans les oreilles. Lorsque le
patient reste couché ce système se dérègle en quelques jours, et il n’indique plus la
verticale. Le patient a l’impression d’être vertical quand il est penché en arrière.
Le sujet âgé a peur de tomber sur la face ; il tend donc à prendre son équilibre sur les
talons.
La rétropulsion est très facile à repérer :
Il faut éviter à tout prix de laisser le malade au lit. Toutes les occasions sont bonnes de
le verticaliser : la toilette au lit doit disparaître au profit d’une toilette assise. Les repas
doivent être pris assis au bord du lit (ce qui évite les fausses routes).
Quand il est assis il faut que le siège n’aggrave pas la rétropulsion. C’est le cas
notamment des bons fauteuils qui permettent au sujet d’être confortablement assis,
c’est à dire de se laisser aller à la rétropulsion et de perdre leur tonus vertébral. Si on
veut que le sujet garde sa verticalité il faut qu’il y ait un effort. Un bon siège a un
dossier strictement vertical : la minime inclinaison des fauteuils spécialisés suffit à
déclencher la rétropulsion. De même il faut que le patient ait les pieds au sol (ou sur
un marchepied et les cuisses strictement horizontales. Enfin le fait de l’attacher sur son
siège lui fournit un appui grâce auquel il va pouvoir enclencher le mécanisme de la
rétropulsion.
Quand il est debout et qu’on veut le faire marcher, il faut observer comment il réagit
au contact de l’aidant : très souvent on le fait marcher en se mettant face à lui et en
prenant ses mains ; on verra vite qu’alors il a tendance à tirer sur les mains de l’aidant,
ce qui aggrave la rétropulsion ; mais si on se met derrière lui et qu’on le pousse, il va
s’appuyer sur l’aidant en aggraver aussi la rétropulsion.
CHAPITRE 4 PREVENTIONS DES TROUBLES LIES AU DECUBITUS
Le décubitus correspond à la disposition du corps sur un plan horizontal dans cette position,
l’ensemble de l’organisme n’est plus soumis aux contraintes de l’orthostatisme (force de
gravité). Les conséquences principales sont liées au fait que les structures musculaires
concernées par la gravité non plus à assurer la stabilité debout ou au cours de la déambulation.
Les organes sensoriels ne reçoivent plus les mêmes informations. Ainsi, le décubitus est à
l’origine de modifications que l’on pourrait appeler physiologie. De multiples appareils en
effet, en dehors de cette situation physiologique exceptionnelle, l’homme est amené a des
situations prolongées en décubitus dans les circonstances particulières, qu’il s’agisse de
lésions traumatiques ou de maladie. Aux effets de la perte de gravité, s’ajoutent les effets de
la cause du décubitus et les effets de l’immobilisation.
I Complications thromboemboliques
A Mécanismes
B Facteurs favorisants
• des antécédents récents chirurgicaux (chirurgie des membres inférieurs, du petit bassin,
polytraumatisme) ;
C Traitement préventif
Le traitement préventif repose sur les héparines de bas poids moléculaire (HBPM), d'autres
mesures doivent être associées telles qu'une contention veineuse élastique (bas
antithrombotique ou bandes de contention), des manœuvres de drainage manuel par massage,
l'apprentissage d'une respiration abdomino-diaphragmatique qui favorise le retour veineux
II Complications bronchopulmonaires
A Mécanismes
• un encombrement bronchique ;
• une atélectasie ;
Les troubles de la déglutition, quelle que soit leur cause, peuvent induire des pneumopathies
d'inhalation.
B Facteurs favorisants
Les facteurs favorisant une hypersécrétion bronchique ou altérant l'élimination des sécrétions
bronchiques sont :
• le tabagisme ;
C Traitement préventif
Il convient d'assurer une hydratation correcte du patient, une prise des repas en position
assiseou demi-assise dès que possible, et de réaliser une kinésithérapie de désencombrement,
dès que des signes évoquant un encombrement bronchique sont perçus.
Les escarres sont d'origine ischémique par compression des parties molles sur le plan d'appui.
Elles peuvent survenir à partir de 3 à 4 heures d'appui, et parfois même 2 heures en cas de
pression importante.
B Facteurs favorisants
On distingue :
– les frictions, exerçant une agression directe de la peau : elles peuvent survenir lors de
mouvements répétés du patient,
– les lésions préexistantes des plans cutanés (cicatrices, brûlures, excoriations, plaies, atrophie
des plans de couverture),
– les incontinences urinaire et fécale : elles induisent une macération et une agression
chimique de la peau, et exposent la peau à un milieu septique,
– l'âge
C Localisations
Les localisations les plus fréquentes sont la région sacrée et les talons chez le patient en
décubitus dorsal (notamment lors du redressement de la tête de lit)
• en décubitus ventral : dos du pied, crête tibiale et épines iliaques antérieures (attention
également à la position de la sonde urinaire) ;
• en décubitus latéral : grand trochanter, condyles fémoraux, tête de fibula, malléoles, bord
latéral du pied et du talon ; acromion, coude et oreille ;
Les escarres sont source de douleurs et, dès le stade d'ouverture cutanée, exposent à un risque
infectieux. Elles contribuent à la perte d'autonomie et augmentent la durée de séjour.
D préventions
A Hypotension orthostatique
Hg de la pression diastolique dans les 3 premières minutes d'orthostatisme, par rapport aux
chiffres de référence notés après période de repos en décubitus.
Traitement préventif
1 Mécanismes
En outre, des œdèmes de dénutrition peuvent survenir, en particulier chez le sujet âgé.
2 Traitement
• des contractions musculaires actives des membres inférieurs ou, à défaut, des contractions
induites par électromyostimulation.
V Complications locomotrices
L'hypomobilité retentit graduellement sur l'os, les structures péri-articulaires et les muscles.
• l'installation correcte au lit (en utilisant selon les besoins des blocs de mousse ou des
coussins)
• les mobilisations des articulations, passives puis dès que possible actives, précédées de la
prise d'antalgiques si ces manœuvres provoquent des douleurs.
Complications musculaires
Les muscles subissent :
Traitement préventif
La prévention associe :
• les mobilisations articulaires et les étirements musculaires : ils contribuent à conserver une
longueur musculaire correcte, et sont d'autant plus importants qu'il existe un trouble du tonus
musculaire ;
Ces mesures doivent être entreprises le plus tôt possible et se poursuivre tout au long de
l'immobilisation.
VI Complications urinaires
A Mécanismes
En décubitus, le bas-fond vésical n'est plus déclive, ce qui nuit à la vidange complète de la
vessie. La présence d'un résidu après miction expose au risque d'infection urinaire
A Reflux gastro-œsophagien
Favorisé par le décubitus (mais non par l'immobilité), le reflux gastro-œsophagien expose à
des complications respiratoires. Sa fréquence augmente avec la durée du décubitus.
Sa prévention passe par la position assise ou demi-assise pendant une heure après les repas.
B Fausses routes
Liées à une anomalie ou un retard du réflexe de déglutition, les fausses routes sont plus
fréquentes chez la personne âgée et les patients cérébro-lésés. Elles doivent être
systématiquement recherchées. Elles exposent le patient à des complications respiratoires
(encombrement bronchique, infections).
La prévention des fausses routes impose au minimum une position semi-assise pour la prise
des repas, en privilégiant la prise des repas par le patient lui-même. Une bonne hygiène
bucco-dentaire est nécessaire.
Selon l'importance des troubles de la déglutition, sont proposées :
• des postures de la tête en légère flexion lors de la déglutition, pour favoriser la protection
C Constipation
1 Survenue et conséquences
La constipation est fréquente chez le sujet alité, plus particulièrement chez le sujet âgé. La
présence et, idéalement, la quantité de selles doivent être notées pour permettre un diagnostic
précoce.
2 Prévention et traitement
La prévention fait appel à des apports liquidiens suffisants, une alimentation équilibrée et une
verticalisation précoce, le tout associé à des massages abdominaux. Les médicaments
susceptibles de ralentir le transit intestinal (morphine, anticholinergiques) doivent être évités
autant que possible.