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Repli industriel, organisation du travail

et relations entre générations


à Peugeot-Sochaux (*)
Les effectifs des lignes de tendent reposent encore sur un postulat bations mettent en jeu les ressorts des
de croissance ou de maintien de l’acti- systèmes existants.
montage de l’usine de vité datant de la période de forte crois- Le centre de production de Sochaux,
sance. Or, depuis les années 1980, ce autrefois centre unique de la société
carrosserie de Peugeot-Sochaux postulat est mis à mal sous l’effet du Peugeot, a vu son importance relative
sont passés de plus de 40 000 à resserrement des perspectives d’expan- diminuer et ne produit plus qu’environ
sion des marchés en Europe, de l’ou- 15 % des véhicules de PSA ; en vingt
moins de 20 000 salariés en verture de nouveaux espaces de ans, ses effectifs sont passés de plus de
l’apparition de nouveaux constructeurs, 40 000 à moins de 20 000 salariés.
vingt ans. L’organisation du de la modification des règles d’échan- L’étude des lignes de montage de l’usine
ge. Cette nouvelle donne a entraîné de carrosserie de Peugeot-Sochaux per-
travail et les relations salariales l’accentuation de la concurrence et a met de préciser les effets de ce change-
ont été profondément modifiées. conduit les firmes européennes à réali- ment de perspective sur l’organisation
ser des gains de productivité à un ryth- du travail et la relation salariale.
Les différence d’âge entre me qui aurait paru effréné et irréaliste Nous nous centrerons sur la question
quelques années plus tôt. Par ailleurs, de la polyvalence, un maillon essentiel
ouvriers, autrefois peu elle a fait apparaître des surcapacités de de l’organisation et des jeux sociaux
importantes, sont devenues non production. Les Le centre de production dans les ateliers
entreprises ont de Sochaux, autrefois centre d’assemblage. La
seulement un critère primordial choisi d’éviter, unique de la société Peugeot, définition de cette
dans la plupart des ne produit plus qu’environ fonction et son
de distinction, mais surtout un cas, les fermetures 15 % des véhicules de PSA attribution parmi
d’usine et ont pré- les ouvriers du
facteur de structuration des féré réviser à la baisse les capacités de montage accentue les différences entre
relations entre opérateurs dans production et les effectifs d’un certain générations d’ouvriers. Ces différences
nombre de leurs centres de production. prennent d’autant plus de poids que les
l’atelier et, même, dans l’usine. Sous l’effet de cette double pression, la filières traditionnelles d’évolution pro-
grande majorité des anciennes usines fessionnelle sont mises à mal et avec
d’Europe se trouve prise dans un mou- elles un facteur de régulation sociale
par Jean-Pierre Durand,
vement de resserrement d’activité et de dans l’atelier (2).
Professeur de sociologie et
recherche de performance. A ces ten-
directeur du Centre Pierre Naville,

Université d’Evry
dances s’ajoute le choix des entreprises (*) Cet article est une production du GERPISA
de rompre avec le gigantisme de cer- (Groupe d’études et de recherche permanent sur
et Nicolas Hatzfeld l’industrie et les salariés de l’automobile),
Maître de conférences en histoire taines usines et de limiter la taille de www.univ-evry.fr/labo/gerpisa.
(1) Voir, pour un exposé détaillé de la définition de
à l’Université d’Evry leurs centres de production. Un tel la relation salariale, Jean-Pierre Durand, Paul
changement bouleverse l’organisation Stewart, Juan-José Castillo : Le travail en groupe
dans l’industrie automobile mondiale, Paris, La
du travail. Le retournement de perspec- Découverte, 1998.
tive bouscule les modes de relation (2) La situation présentée ici est principalement
issue de la recherche menée en 1996 par Jean-
salariale qui prévalaient dans les grands Pierre Durand et Nicolas Hatzfeld, laquelle a

Q u’apparaît-il lorsque se grippe


une dynamique démogra-
phique ? Dans les usines auto-
mobiles européennes, l’essentiel des
centres industriels d’Europe et met en
question certains de leurs fondements
restés jusque-là implicites. C’est notam-
ment le cas des trajectoires profession-
donné lieu à un chapitre intitulé « L’efficacité de la
tradition : l’usine Peugeot-Sochaux », dans le livre
de Jean-Pierre Durand, Paul Stewart, Juan-José
Castillo (dir), L’avenir du travail à la chaîne. Une
comparaison internationale dans l’industrie auto-
mobile, La Découverte, 1998. Pour ces deux tra-
vaux, nous avons bénéficié du soutien de la
systèmes d’organisation du travail et nelles ouvrières et du rapport entre les Direction de la recherche de PSA ainsi que de la
Direction des ressources humaines et de celle de
des relations salariales (1) qui les sous- générations de salariés, dont les pertur- carrosserie, que nous tenons à remercier ici.

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La polyvalence, Les deux pistes principales de sortie de maîtriser ces divers aspects du travail
ligne sont la promotion comme polyva- au niveau de l’équipe, l’agent de maî-
enjeu multiple lent puis comme moniteur, sur la ligne trise dispose, en plus des monteurs eux-
même, ou bien la mutation vers mêmes, d’ouvriers assurant les deux
Les questions d’organisation du travail, d’autres secteurs. Dans le passé, les res- fonctions spécifiques de polyvalents et
de rapport des opérateurs à leur travail ponsables du personnel s’arrangeaient de moniteurs.
ou entre eux, sont souvent envisagées pour affecter ailleurs les monteurs qui, En plaçant les monteurs de son équipe
comme des questions « au présent », la quarantaine passée, n’avaient pas sur les postes, l’agent de maîtrise doit
dont le jeu s’effectue pour l’essentiel réussi à progresser suffisamment et ne veiller à l’adaptation la meilleure pos-
dans l’instant ou de façon relativement pouvaient plus guère espérer le faire : sible des opérateurs aux postes de mon-
stable. Les espaces de travail, l’organi- au-delà de quarante-quatre ans, en tage, en fonction des aptitudes
sation de la production, les relations fonction d’une règle non écrite, ces physiques et des facteurs psycholo-
professionnelles sont examinés sur une monteurs étaient alors orientés en giques. L’adaptation se renforce avec le
base synchronique, ou bien dans un général vers des secteurs de prépara- temps, qui permet à chaque monteur
temps correspondant à celui de l’évolu- tion, non soumis aux exigences du flux. d’améliorer la maîtrise de son poste.
tion des organisations elles-mêmes. En cas de besoin, le délégué syndical Pour faire face aux aléas, le polyvalent
Or le jeu des relations salariales fait intervenait pour pousser à la roue. remplace les monteurs pour des
apparaître un autre point de vue de la Or la réduction des emplois et des absences impromptues ou de durée
part des opérateurs, qui revient à les embauches qu’a connue la Carrosserie relativement courte : maladie, forma-
penser en termes de « traversée », à depuis les années quatre-vingt a boule- tion ponctuelle, convocation particuliè-
partir de la vie professionnelle considé- versé ces pratiques. La mobilité profes- re, congé individuel, passage à
rée comme une trajectoire. L’entreprise sionnelle s’est réduite, les activités de l’infirmerie, retard… En dehors de ces
prend d’ailleurs en compte ce projet de préparation ont été externalisées vers remplacements, il fournit une aide
parcours professionnel dans sa gestion des fournisseurs (4). Les perspectives de variée et plus ou moins formalisée
des salariés, à travers l’individualisation promotion ou de repli se sont estom- selon le choix de l’AM1 (5), à l’intérieur
des salaires. pées, et il est devenu beaucoup plus d’un module ou dans toute l’équipe. Ce
Ainsi la classification n’est pas le seul rare de voir les monteurs sortir de chaî- polyvalent doit jouir de la confiance du
domaine dans lequel les monteurs pro- ne et, par contre, plus fréquent de voir chef et sa fonction est précaire car il ne
jettent leurs espoirs professionnels. des ouvriers y travailler jusqu’à leur dispose d’aucun statut spécifique.
L’aspiration à sortir du travail sur un départ en préretraite. Phénomène plus Enfin, la fonction du moniteur, chargé
poste en ligne est sans doute plus forte ; significatif encore, des ouvriers d’autres de la qualité de la production, est
elle jouit d’ailleurs d’une large légitimi- secteurs ou d’autres usines de Peugeot- davantage formalisée et se trouve
té malgré un discours managérial sur la Sochaux se voient périodiquement consolidée par des distinctions croisées
réhabilitation du métier de monteur. envoyés en ligne de montage alors que, qui contribuent à dégager ces ouvriers
Selon une opinion répandue dans l’en- bien souvent, ils sont affectés de res- des monteurs. Il n’est pas, en principe,
treprise, il est nor- Il est inquiétant de voir réintégrés à trictions médicales affecté à des tâches de montage ni
mal d’être sorti de la chaîne des ouvriers qui avaient à l’origine de leur comptabilisé dans la main-d’œuvre
ligne à partir d’un
réussi à en sortir au fil des années inadaptation relati- directe (MOD). Le moniteur est l’assis-
certain âge, du ve dans leur secteur tant du chef.
fait des exigences de cette activité. d’origine. Le plus inquiétant sans doute
Cette opinion dominante rejoint les aux yeux des monteurs, et plus large-
conclusions d’une enquête de vaste ment des opérateurs de la ligne, est d’y
envergure effectuée sur les effets de voir réintégrés des ouvriers qui avaient
l’âge sur les aptitudes au travail gestuel réussi à en sortir au fil des années : cela
précis (3). Celle-ci conclut que la pro- constitue une forme de destruction des
(3) S. Volkoff, A. Laville, A.-F. Molinié et M.-C.
portion de gens ayant du mal à effec- trajectoires professionnelles pour les Maillard, « Effectuer des gestes précis dans le tra-
vail : est-ce plus difficile avec l’âge ?-(Une
tuer ce type de tâches augmente avec ouvriers et représente aujourd’hui une approche statistique) », Le travail humain, Paris,
l’âge, surtout lorsque les gestes sont rupture des traditions sociales de l’en- PUF, volume 60 n°1, mars 1997.

combinés à des efforts passés ou pré- treprise. (4) Gorgeu Armelle, Mathieu René et Pialoux
Michel, Organisation du travail et gestion de la
sents et à des exigences de temps. Il est La fermeture des perspectives tradition- main d’œuvre dans la filière automobile, Dossier
du centre d’études de l’emploi, Paris, La documen-
de plus en plus important pour ces tra- nelles de promotion s’explique aussi tation française, 1998 ; Gorgeu Armelle et Mathieu
vailleurs d’avoir une bonne posture de par les effets de l’organisation du travail René, Recrutement et production au plus juste. Les
nouvelles usines d’équipement automobile en
travail, une bonne organisation du dans l’équipe. Celle-ci doit concilier France, Dossier du Centre d’études de l’emploi
n°7, 1995
poste et enfin, élément sans doute le des logiques de la production distinctes
plus problématique, une marge à et parfois contradictoires entre elles : (5) AM1 : agent de maîtrise de premier niveau,
encore appelé chef d’équipe en 1996, alors que la
l’égard des contraintes de temps. Bref, réaliser toute la production dans des transformation des équipes en unités élémentaires
de production en 1998-1999 le fait redéfinir RU
l’âge tend à réduire l’adaptabilité du conditions instables de flux et d’effectif, (responsable d’unité). Au dessus de l’AM1 se situe
monteur. en visant la qualité totale. Pour mieux l’AM2 qui succède à l’ancien contremaître.

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Des marges de souplesse l’occasion de sortir du carcan du poste, d’une dizaine d’années. La polyvalence
d’accéder à un espace d’activité beau- permet d’avoir sa chance de se distin-
considérables et économes coup plus ample et à une diversité de guer pour ensuite voir s’ouvrir une tra-
en emploi tâches qui rompt la monotonie du tra- jectoire de promotion, vers un poste de
vail et élargit le réseau de repères. moniteur en restant sur la ligne, ou vers
Du point de vue de la gestion de la pro- Enfin, la polyvalence est par excellence une fonction de polyvalent d’atelier. En
duction, la polyvalence constitue une un domaine de différenciation parmi ce sens, la polyvalence est une promes-
des principales ressources de souplesse les ouvriers en ligne. Sur ce terrain, les se pour une partie des monteurs.
puisqu’elle permet de disposer les opé- jeunes se retrouvent particulièrement Pour d’autres, la polyvalence est un
rateurs en fonction des particularités de favorisés par leur vivacité et leurs res- miroir aux alouettes et une source de
chaque situation. Cette polyvalence sources physiques, nerveuses et men- déception. En effet, une grande partie
comporte différents registres. D’un tales. Les anciens, par contre, rejettent des anciens déclarent avoir déjà, par le
côté, les polyvalents en titre représen- en grande majorité les situations de passé, été polyvalents à un titre ou à un
tent une polyvalence large, mais polyvalence : un poste tranquille, voilà autre : polyvalent, dépanneur (au sens
concentrée sur peu d’ouvriers. De la demande générale des plus de qua- de remplaçant), retoucheur hors ligne,
l’autre côté, les monteurs sont encoura- rante ans. Ceci vient en partie de la exceptionnellement moniteur. Ils se
gés à acquérir et à entretenir une cer- volonté d’économiser leur effort. sont donnés à fond et ont cru réussir.
taine aptitude polyvalente, par exemple En allongeant la profondeur de champ, Remis en poste, ils ont en tête que leur
sur un second ou un troisième poste. l’aptitude à occuper deux, trois postes chance est derrière eux. Ce constat en
Cette polyvalence est certes limitée, voire plus, peut donner lieu à une forme d’échec et de repli pèse forte-
mais, largement distribuée, elle procure forme de reconnaissance sous forme ment dans leur rejet de la polyvalence,
à l’entreprise des marges de souplesse d’augmentations individuelles permet- quelles que soient leurs aptitudes.
considérables et économes en tant d’accéder à une classification Les réticences d’une partie des anciens
emplois : l’encadrement vise donc à la supérieure. Surtout, la polyvalence est vis-à-vis de la polyvalence sont renfor-
développer. la voie quasi unique, en ligne, pour être cées par l’ambiguïté du statut de poly-
Par définition, la polyvalence est pour vu à l’épreuve ou pour conquérir de valent, qui traduit un enjeu stratégique
l’opérateur nettement plus exigeante nouvelles légitimités dès lors qu’il n’y a à l’échelle de l’usine. La direction du
que la tenue d’un poste, puisqu’elle plus de différences d’assiduité, de personnel refuse en effet d’institution-
remet plus ou moins en jeu l’acquis ponctualité, de qualité ou de disponibi- naliser la fonction de polyvalent,
d’accoutumance et d’assimilation du lité. Celles-ci se sont en effet estompées comme c’était le cas de celle de dépan-
poste par le monteur qui l’occupe. Mais sous les pressions de la conjoncture neur autrefois. Elle refuse les rigidités
elle atténue les désagréments physiques notamment, et du fait du caractère plus sociales, salariales et d’organisation qui
et mentaux liés à la répétition et offre sélectif du recrutement depuis plus en découleraient et craint de verser à

Les deux représentations de la vie au travail (*)

Regards sur : chez Didier, l’ancien chez Gabriel, le jeune


le travail - à chacun son poste, et des polyvalents pour tous - logique de la virtuosité : aller vite, ce n’est pas donné à tous
- respecter les modes opératoires, assurer la qualité - seuls les maladroits ont des accident
pour avoir la paix - la polyvalence diffuse, c’est bon pour l’équipe
l’autre - inconscients de la nécessité pour les monteurs - inconscients des difficultés de l’entreprise et de la concurrence
groupe de se défendre - pantouflards égoïstes
d’âge - mettent en danger les acquis ouvriers - un poids et une menace pour l’entreprise
- s’agitent naïvement au travail
les avantages - gagnés contre le patron - accordés par l’entreprise
sociaux - accordés par l’État et les instances paritaires - supérieurs chez Peugeot aux autres entreprises
- en baisse chez Peugeot
la logique de - solidarité ouvrière - solidarité d’entreprise
solidarité - rôle protecteur des instances publiques
les syndicats - syndicalisme de lutte : une nécessité. Pourtant se - syndicalistes de contestation : des paresseux
et les grèves syndiquer, c’est perdre sa liberté propre. - pour un syndicalisme participatif anti-grève protégeant
- le syndicat autonome sert la direction et agit contre l’entreprise
les intérêts des ouvriers - grèves : mettent en danger l’entreprise ; celle de 89 a saboté le
- c’est grâce aux grèves que viennent les acquis : celle lancement de la 605
de 89 a permis l’embauche de jeunes
le contexte - bloqué par l’austérité - chômage, galères : les anciens, à l’abri, ne se rendent plus
socio-éco- compte des difficultés
nomique
la promotion - une illusion classique qui fait marcher les jeunes - «aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre
monteurs des années «
- les jeunes échoueront comme les anciens - si les anciens sont encore en poste, c’est qu’ils ne méritent pas
mieux
(*) Ce tableau est tiré d’une controverse effective entre deux ouvriers, saisie lors d’une période d’observation participante effectuée par l’un d’entre
nous sous forme de travail en ligne de montage durant plusieurs mois

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nouveau dans une logique ancienne de vis-à-vis de l’entreprise, des syndicats ou sur les nécessités de la mobilisation au
classifications figées. Elle rejoint en des grèves. Ces distinctions ont joué travail, s’affirme non-gréviste et se
cela une partie de l’encadrement qui dans le passé ponctuellement un rôle démarque des syndicats contestataires.
veut maintenir la polyvalence comme majeur. Actuellement toutefois, la diffé- La structure par âge du personnel
une dimension collective et générale rence d’âge entre ouvriers, autrefois peu ouvrier et l’histoire particulière qu’elle
du « métier de monteur ». En l’état des importante, est devenue non seulement exprime permettent de comprendre
choses, la polyvalence n’est donc pas un critère primordial de distinction, mais cette position spécifique des jeunes
une fonction instituée et reste soumise surtout un facteur de structuration des parmi le personnel. Cette population
à réévaluation. Par contre, une autre relations entre opérateurs dans l’atelier d’ouvriers travaillant sur les lignes de
partie de l’encadrement d’atelier y voit et, même, dans l’usine. Cette structura- montage de carrosserie présente un
un moyen de fixer un corps d’ouvriers tion apparaît dans le tableau, ci-contre, profil atypique : les jeunes générations
particulièrement fiables au sein de présentant deux représentations de la vie sont peu représentées et les effectifs par
chaque équipe et plus encore de satis- au travail issues d’une controverse entre âge croissent jusqu’à l’approche de la
faire une demande ouvrière. Celle-ci deux monteurs d’une même équipe. Il cinquantaine ; c’est aux âges respectifs
est double : il s’agit d’abord de la ne s’agit ici que d’un cas, de deux indi- de 45 ans à l’habillage caisse et de 48
reconnaissance d’un rôle, d’un acquis vidus porteurs de La polyvalence, qui joue un rôle ans au montage-
en quelque sorte protégé. Ensuite, l’at- leur singularité, et
essentiel dans la structuration des voiture que l’on
tribution d’un rôle distinctif à la polyva- non d’idéal type.
collectifs de travail, est un facteur trouve les
lence donne de la clarté, de la lisibilité Leur controverse est cohortes les plus
de différenciation entre opérateurs
et de la consistance aux perspectives de pourtant largement nombreuses. Une
promotion. Ainsi, la polyvalence pré- représentative des positions adoptées telle diminution des effectifs des
sente une sorte de double fond : derriè- dans l’usine parmi les jeunes et les tranches d’âge les plus jeunes indique
re l’instrument de gestion de la anciens. Les oppositions portent sur la une réduction de l’embauche depuis
production au plus près des ressources situation nationale et régionale, sur la près de vingt ans à un niveau très infé-
humaines disponibles, on voit se dessi- situation économique de l’entreprise, rieur à celui des départs. Dans les âges
ner un repère fondamental à l’échelle sur les relations sociales qui y règnent et les plus élevés, les effectifs décroissent
de la « carrière », le premier pas dans le rapport au travail, soit un large éven- rapidement : on trouve très peu d’ou-
les perspectives de promotion person- tail de domaines. De plus, les arguments vriers âgés de plus de 55 ans, et plus
nelle des monteurs. se combinent en deux systèmes d’expli- aucun après 57 ans, à cause de plans
Le lien entre la polyvalence et les pers- cation opposés de façon presque systé- sociaux qui ont permis périodiquement
pective d’évolution explique le caractè- matique, qui se constituent eux-mêmes des départ en préretraite. Par ailleurs, la
re souvent tranché des points de vue au cours de la confrontation. population ouvrière est particulière-
affichés par les monteurs sur le sujet : La différence d’attitude entre les jeunes ment peu nombreuse dans les tranches
ce n’est pas seulement le dispositif et les anciens est elle-même ancienne, de 30 – 33 ans et 39 – 43 ans, étroite-
technique qui est en cause, mais la pro- en particulier dans le domaine de la ment concordantes dans les deux ate-
messe de promotion largement illusoi- virtuosité gestuelle pratiquée au travail liers. La partie « jeune » de l’effectif
re. Cela n’empêche pas nombre par les jeunes et désapprouvée par les global est donc composée par deux
d’anciens d’accepter de la pratiquer, personnels plus anciens (6). Dans le groupes : les 34 – 38 ans et les 26 – 29
eux aussi, lorsqu’ils sont sollicités sur début des années 1960, la distinction ans, ces derniers en nombre nettement
ce terrain sous l’effet de circonstances de la jeune génération s’est retrouvée à moins important. Les creux marqués
pressantes : l’AM1 sait, en effet, s’en Sochaux à travers une succession de suggèrent des moments de chute de
souvenir en cas de nécessité. Ainsi la grèves au cours desquelles les jeunes l’embauche, moments dont la marque
polyvalence joue un rôle essentiel dans affichaient une combativité virulente et est en partie atténuée par les diffé-
la structuration des collectifs de travail : désordonnée. Elle s’est retrouvée sur le rences d’âge au moment de l’em-
sa fonction en fait un enjeu majeur des terrain du turn-over au cours des bauche.
jeux stratégiques, un facteur de diffé- années 1970. L’importance exceptionnelle des
renciation entre opérateurs. La particularité actuelle des différences ouvriers âgés apparaît mieux si l’on
d’âge réside, d’une part, dans la place rapporte cette structure par âge à celle
prééminente que cette distinction entre des années 1960-1970, où la croissan-
Une structure démogra- jeunes et anciens prend sur toutes les ce de l’usine était forte et où la jeunes-
phique déséquilibrée autres et, d’autre part, dans les posi- se dominait de façon écrasante. Toutes
tions et les arguments à partir desquels catégories rassemblées, le Centre
D’autres distinctions que celles de l’âge s’effectue le clivage. Le groupe des comptait, en 1963, pas moins de 62 %
traversent pourtant les ouvriers des jeunes rassemble ici un certain nombre de salariés de moins de 35 ans, tandis
lignes de montage, dont plusieurs pren- de références : Français, diplômés, il que le départ en retraite s’effectuait à
nent leur source hors de l’usine : diffé- met en avant les avantages relatifs de 65 ans, et non entre 57 et 60 ans
rences de statut, d’origine, de résidence l’emploi chez Peugeot, reprend les
et de mode de vie ou encore d’attitude thèmes de la direction de l’entreprise (6) Le Courrier des Usines, n°5, 1er. Octobre 1946

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comme en 1994. La répartition entre puis la confirmation d’un emploi s’inscrire dans la durée, et à agglomé-
groupes d’âges se trouve inversée durable. Tout aussi important, elle rer différents niveaux de relations. Le
aujourd’hui : les salariés de moins de induit un lien direct, vécu, entre leur rapport à l’entreprise n’est pas super-
35 ans ne représente que 18,2 % à la propre situation et l’activité de l’entre- posable à celui qu’entretiennent les
fin de 1994. prise : dans les trois équipes étudiées, opérateurs avec le travail proprement
Les particularités de la structure par c’est presque uni-
La longue période de non- dit. Ce type de
âges du personnel et de son évolution quement à l’occa-
recrutement creuse un distinction appa-
s’expliquent en grande partie par l’his- sion du lancement raît, par exemple,
fossé entre deux générations
toire de l’embauche. Celle-ci s’effondre des nouveaux de façon toujours
à partir de 1979 et reste presque nulle modèles qu’ont été réalisées les der- frappante lors des élections profes-
de 1980 à 1988, puis après 1991. Une nières embauches. Cela explique qu’on sionnelles ou à l’occasion de grèves.
faible réouverture de l’embauche a lieu puisse trouver l’un d’eux, comme Dans ces situations, certains opéra-
au cours des deux années 1989 et 1990 Gabriel, faire la leçon à un ancien teurs manifestent une relation à l’en-
qui correspondent à la mise en service comme Didier en lui reprochant de treprise que leur attitude au travail ne
d’un nouvel atelier et peut-être plus n’avoir jamais connu les « galères » et laissait guère présager.
encore au lancement de la 605. les difficultés de l’emploi et de n’avoir La composition des pôles identitaires
La courbe de l’évolution des pas d’excuse, en quelque sorte, pour parmi les ouvriers des lignes de monta-
embauches fait apparaître la rupture avoir accepté de travailler en ligne alors ge met en question, de façon mêlée,
radicale introduite par la crise de l’en- que le marché de l’emploi était encore l’organisation du travail, l’agencement
treprise au début des années 1980 avec relativement facile. Cette différence de la relation salariale et la composi-
pour conséquence la politique éner- d’expérience donne une résonance dif- tion démographique.
gique de gains de productivité menée férente, dans les deux générations, au Compte tenu de la structure atypique
dans l’entreprise depuis 1983 : alors discours de la direction sur ce thème. des âges du personnel de l’usine, les
que la logique antérieure combinait années à venir soulèvent le problème
croissance et mobilité, Peugeot ferme d’une sorte de transition démogra-
alors presque complètement ses portes.
Renouvellement phique. Il s’agit tout d’abord de savoir
En rompant la continuité du recrute- démographique et dans quelles conditions les anciens
ment, la longue période de non-recru- réformes d’organisation vont achever leur période d’activité
tement creuse un fossé entre deux professionnelle. Ils ont connu une his-
générations. L’examen des distinctions entre jeunes et toire en deux temps. Embauchés durant
Les sources statistiques dessinent donc anciens parmi les monteurs amène à les années 1970, ils ont pris leurs
la spécificité du clivage entre jeunes et étudier de façon spécifique le rôle d’une repères et leurs perspectives dans cette
anciens. Non seulement les jeunes sont perspective de longue durée dans les période faite d’embauche facile et
très minoritaires, mais ils sont d’autant références identitaires et dans les rela- d’heures supplémentaires, de main
plus séparés de la grande masse d’ou- tions entre opérateurs. L’examen des tra- d’œuvre courtisée et de mobilité pro-
vriers plus âgés que le nombre d’ou- jectoires d’ouvriers de plusieurs équipes fessionnelle. La pénibilité du travail en
vriers de 30 à 34 ans est très faible. Les montre que les parcours professionnels chaîne était alors pensée comme tem-
conditions de recrutement accentuent des monteurs ne correspondent pas tous poraire et trouvait ses compensations.
encore l’écart : alors que les anciens à une stagnation ou bien à une promo- Les années 1980-1990 leur ont apporté
sont entrés parmi des vagues annuelles tion en tant que polyvalents et que le vieillissement sur pied, le chômage
de milliers de nouveaux embauchés, moniteurs. Une proportion importante technique – indemnisé – et les désillu-
les jeunes n’entrent qu’après quelques des monteurs âgés - environ un tiers, soit sions professionnelles. L’immobilisation
années de difficultés. L’embauche chez autant que de promus - a connu un par- des trajectoires en poste sur chaîne et la
Peugeot constitue toujours un formi- cours professionnel tourmenté, avec une stagnation professionnelle que connaît
dable espoir, dans la mesure où l’entre- promotion suivie d’une régression. Dans la génération majoritaire sur la fin de sa
prise a conservé dans la région la la majorité de ces
En 1963, 62 % de salariés avaient carrière appelait
réputation de puissance que lui vaut sa cas, il est difficile de
moins de 35 ans tandis que ceux de des solutions
position hégémonique, mais aussi du dissocier les raisons nouvelles. Or jus-
moins de 35 ans ne représentent
fait de sa réputation de veiller à préser- individuelles des qu’à une période
que 18,2 % à la fin de 1994
ver l’emploi de ses salariés. L’entrée effets du resserre- récente, les pro-
cependant n’est plus royale. Depuis des ment des perspectives de promotion, ou jets et réflexions sur l’organisation dans
années, en effet, les jeunes ouvriers de la simple mobilité interne à l’atelier. l’usine négligeaient le poids de ces pro-
entrent dans l’usine avec le statut d’in- Au fil des enjeux et des événements, blèmes. Les préoccupations ergono-
térimaires et peuvent le rester plus d’un des combinaisons se nouent donc miques ont pris une importance
an après une succession de filtrages parmi les opérateurs sur la chaîne et croissante et font l’objet de plusieurs
sévères. Leur relation au travail à la autour d’elle. Ces combinaisons, par
chaîne est donc différente de celle de leur renouvellement, suscitent des (7) Koïchi Shimizu, Le toyotisme, Paris, Editions La
leurs aînés : elle signifie l’espérance, références identitaires qui tendent à Découverte, 1999, 120p.

88 A n n a l e s d e s M i n e s
initiatives de la part des responsables Par ailleurs, la conjoncture actuelle par- l’usine s’inscrivent dans la continuité
de Peugeot-Sochaux, seuls ou en ticulièrement favorable au démarrage des principes de rationalisation, y com-
concertation avec des partenaires de carrière des jeunes risque de ne pris ceux placés sous inspiration japo-
sociaux. Ces efforts ont toutefois du mal durer que quelques années. En effet, les naise. Le Centre de Sochaux entretient
à dépasser, voire à suivre la progression départs de monteurs vont devenir mas- pourtant dans plusieurs ateliers des
des restrictions médicales et autres dif- sifs dans quelques années, lorsqu’ils formes d’organisation fondées sur un
ficultés au travail parmi ces ouvriers vont concerner les cohortes nom- travail enrichi, sur une autonomie rela-
anciens. breuses de sala-
Environ un tiers des monteurs tive des opérateurs
On voit, au contraire, se juxtaposer des riés. En fait, c’est
âgés a connu un parcours et sur des temps de
rigidités discordantes, comme le main- un renouvelle-
professionnel tourmenté, avec une cycle longs, parfois
tien des horaires en 2x8 et l’accumula- ment profond du d’une à deux
promotion suivie d’une régression
tion des jours chômés ou bien la personnel qui heures. Par contre,
réaffirmation des règles déterminant les s’annonce pour les années à venir. Les sur les lignes d’assemblage de montage
charges de travail et le maintien des res- cohortes d’anciens arrivant à l’âge de la voiture et d’habillage carrosserie, le
trictions médicales dans un statut d’ex- retraite ou de la préretraite sont parmi classicisme l’emporte, y compris dans
ception malgré leur nombre croissant. les plus nombreuses dans le personnel le nouvel atelier d’assemblage final mis
Il y a là un écart avec la démarche de et dans les dix prochaines années, la en activité en mai 1999 qui, outre des
Toyota : connaissant également un moitié du personnel devrait quitter installations et convoyeurs modernes,
vieillissement – moindre – de son per- l’usine (8). Leur départ signifiera donc prévoit le doublement de la vitesse de
sonnel, cette entreprise institue un allé- l’effritement rapide du bloc des défilement des caisses et la division par
gement des charges de travail des anciens, hégémonique dans l’ambian- deux des temps de cycle pour les opé-
ouvriers âgés (7). C’est en fin de comp- ce actuelle. Pour la première fois rateurs. Un telle accentuation de la
te l’Etat et le financement public qui, en depuis près de vingt ans, cette hémor- répétitivité des tâches est renforcée par
France, contribuent à répondre au ragie devrait être en partie compensée une intensification des études de poste
vieillissement, considéré comme pré- par une reprise durable de l’embauche. visant à réduire les opérations non
maturé, des salariés en acceptant des À cela s’ajoute la redéfinition de l’acti- directement productives, en particulier
plans de départ en préretraite permet- vité du Centre de production de les temps de déplacement. Cette
tant d’écourter leur vie professionnelle. Sochaux, dans le cadre de la réorgani- modernisation de l’outil et des
De leur côté, les jeunes trouvent dans sation industrielle du groupe PSA. méthodes est accompagnée par des
l’usine des conditions favorables à leur Destiné, avec le site de Mulhouse, à démarches volontaristes de transforma-
promotion. Une fois dans la place, les produire les modèles de milieu de tion des relations de travail.
jeunes disposent de plusieurs atouts gamme des deux marques Peugeot et
spécifiques : leur formation, la sélection Citroën, Sochaux reçoit, en 2000, la
qu’ils ont traversée, leur fraîcheur au fabrication du nouveau modèle 307 sur
Projets de management
travail, leur caractère très minoritaire et lequel l’entreprise fonde de très gros participatif
les encouragements de leur maîtrise qui espoirs. Il s’annonce donc un renouvel-
se traduit déjà par quelques postes de lement qui modifiera profondément Une recomposition des collectifs, enga-
polyvalent ou de moniteur. De plus, ils non seulement les proportions entre les gée à l’échelle de l’entreprise entière,
sont peu nombreux à briguer les places différentes générations mais aussi les entreprend de transformer les équipes
qui se libèrent. En consolidant les compositions identitaires parmi les classiques en UEP (unités élémentaires
jeunes en groupe de confiance destiné ouvriers. En effet, si les anciens reste- de production). Celle-ci vise à renforcer
à la promotion, les responsables peu- ront sans nouvelles perspectives, les la cohésion et l’autonomie du collectif
vent céder à cette démographie jeunes vont se trouver rapidement de base. Ainsi le responsable d’une
conjoncturelle. Ils prennent alors des appelés en nombre beaucoup plus UEP voit se renforcer ses attributions en
risques pour l’avenir : les trentenaires, important. Leur recrutement sera donc matière de gestion des hommes,
dont la promotion est menacée, ont au moins sélectif qu’au moment de notre d’équipement, des relations avec les
moins vingt ans d’activité profession- enquête. L’entreprise devrait, selon services de ressources humaines, d’en-
nelle à accomplir et risquent de renfor- toute vraisemblance, redécouvrir la tretien, d’outillage ou de la qualité, tous
cer le groupe des mécontents. De médiocre attirance des jeunes pour le désignés comme fonctions d’appui. Au
même, les jeunes moniteurs risquent de travail en usine (9). Surtout, l’espoir des sein de l’UEP, le projet vise à modifier
ne plus guère progresser, pendant les jeunes ouvriers d’obtenir rapidement les relations hiérarchiques par le renfor-
décennies qu’il leur reste à travailler, et une promotion risque d’être beaucoup cement de la communication interne,
de bloquer eux aussi les routes de la plus difficile à satisfaire et une partie par la distribution de certaines respon-
promotion à leurs successeurs, les d’entre eux, peut-être la majorité, aura
jeunes à recruter durant la prochaine pour seule perspective de travailler en (8) Au 31.08.1997, 53,4 % des ouvriers de
décennie, d’autant que nombre de ligne durant des décennies. Peugeot-Sochaux a plus de 46 ans.
(9) L’année 2001 a largement confirmé ces lignes
postes d’agent de maîtrise sont destinés Concernant l’organisation du travail écrites avant le lancement du dernier modèle et sa
à de jeunes diplômés. proprement dite, les orientations de réussite commerciale.

M a i 2 0 0 1 89
sabilités parmi les monteurs et par une recherche fait ressortir, par les tensions DURAND J.-P., STEWART P., CASTILLO J-J. (dir.),
L’avenir du travail à la chaîne.Une comparaison
animation de type participatif. Par inédites qu’elle relève, combien les internationale dans l’industrie automobile mondia-
le, Paris, La Découverte, 1998.
ailleurs, la coopération, la polyvalence fondements de l’organisation du travail DURAND Jean-Pierre et HATZFELD Nicolas,
et la mobilité entre postes sont stimu- sont difficiles à contourner. Or il appa- « L’efficacité de la tradition : l’usine Peugeot-
Sochaux », in Jean-Pierre Durand, Paul Stewart,
lées au sein du collectif. L’objectif est raît que la pérennité de cette organisa- Juan-José Castillo (dir.), L’avenir du travail à la chaî-
de compenser l’appauvrissement du tion requiert la mobilité de ceux qui la ne, op. cit.
GORGEU Armelle, MATHIEU René et PIALOUX
travail et les risques, physiologiques et pratiquent. Les chaînes peuvent diffici- Michel, Organisation du travail et gestion de la
main d’œuvre dans la filière automobile, Dossier
mentaux, entraînés par la répétition lement perdurer, en se renouvelant, si du Centre d’Études de l’Emploi, Paris, La documen-
accentuée des opérations en même les emplois qu’elles suscitent ne sont tation française, 1998, 134 p.
GORGEU Armelle et MATHIEU René, Recrutement
temps que de donner de la souplesse pas perçus comme temporaires par les et production au plus juste. Les nouvelles usines
aux collectifs de travail. La référence ouvriers qui les occupent. • d’équipement automobile en France, Dossier du
Centre d’Études de l’Emploi n° 7, 1995, 128 p.
aux réformes engagées chez Renault est GOUX J-P., Mémoires de l’enclave, Paris, Mazarine,
1986, 460 p.
explicite et permet, dans ce cas comme GUIGO Denis, « L’empire du consensus », Annales
dans d’autres, de reformuler des projets des Mines, série Gérer et comprendre, Paris, n(6,
mars 1987, p. 19-26 (1( partie) ; n( 7, juin 1987, p.
de management participatif déjà impul- 24-33 (2( partie).
sés dans l’usine. BIBLIOGRAPHIE HATZFELD Nicolas, Les gens d’usine. Cinquante
ans d’histoire à Peugeot-Sochaux (1948-1998),
Une clé importante de l’avenir de la Paris, Éditions de l’Atelier, 2002 (à paraître).
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BEAUD Stéphane, « Le rêve de l’intérimaire », in site industrielle, 1945-1974, Paris, Economica,
sochalienne réside dans la réanimation Pierre Bourdieu (dir.) La misère du monde, pp. 349- 1990, 469 p.
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d’un courant de promotion, ou tout au BEAUD Stéphane, PIALOUX Michel, Retour sur la tances ouvrières. La «modernisation» des ateliers de
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1993) », Actes de la recherche en sciences sociales,
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