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EXAMEN PARTIEL

EPREUVE DE DROIT DES SERVICES PUBLICS

SUJET UNIQUE

Introduction.

Le régime des services publics est scindé en deux ; il existe des services publics
administratifs majoritairement soumis au droit administratif et des services publics industriels
et commerciaux soumis majoritairement au droit privé, il existe un cœur de règles communes
à tous les services publics : on les nomme les lois de Rolland du nom du professeur qui les
systématisées dans les années 1930. Ces lois sont au nombre de trois : la continuité,
l’adaptabilité et l’égalité avec son corollaire le principe de laïcité. Seuls la continuité et
légalité feront l’objet de notre travail.

Selon les faits de l’espèce, Suite à la décision du Chef de l’Etat du Gondwana instaurant l’état
d’urgence sanitaire, le gouvernement a mis en œuvre un programme de soutien et
d’accompagnement des personnes vulnérables. L’un des volets du programme est l’octroi
d’une aide financière à ces personnes vulnérables d’un montant de 60000 Eco aux femmes et
de 50000 Eco aux hommes. Les membres de l’association Nouveau Lendemain, une
organisation qui défend les valeurs fondamentales de la République, contestent d’une part les
modalités de l’aide financière en affirmant que rien ne justifie constitutionnellement cette
discrimination au détriment des citoyens de sexe masculin et déplore les critères d’éligibilité
au bénéfice de la mesure financière ; d’autre part, le personnel du Centre hospitalier
universitaire Saint Périgni, unique infrastructure hospitalière réquisitionnée pour la prise en
charge des victimes de la Covid, dépose un préavis de grève pour réclamer l’amélioration des
conditions de travail

Les problèmes juridiques ici posés sont les suivants : quelles sont les grandes lignes du projet
de requête à déposer devant la juridiction administrative ? Et quels sont les arguments
juridiques expliquant la pertinence et les limites de l’initiative du personnel du Centre
hospitalier universitaire Saint Périgni ?

Nous parlerons des grandes lignes du projet de requête devant la juridiction administrative (I)
puis nous aborderons les arguments juridiques expliquant la pertinence et les limites de
l’initiative du personnel du centre hospitalier (II)

I / Les grandes lignes du projet de requête devant la juridiction administrative

Le principe d’égalité a valeur constitutionnelle depuis 1968 et est Principe Général de Droit
depuis la décision du Conseil d’Etat, Société des concerts du Conservatoire, 1951. Il joue un
rôle particulier sur l’action administrative, s’appliquant tant aux usagers qu’aux agents du
service. Le principe d’égalité qui est appréhendé par le juge administratif au travers d’une
conception proportionnelle : ainsi, à situation identique, traitement identique ; à situation
différente, possibilité de traitement différent. En d’autres termes, si toutes les personnes
placées dans la même situation doivent être traitées de la même façon, l’Administration n’est
pas obligée de traiter différemment des personnes placées dans des situations différentes ; il
n’existe, ainsi, pas de droit à la différence. Le principe d’égalité traduit la dimension
solidariste du service public tous y ont droit dans les mêmes conditions, ce qui impose un
maillage complet du territoire. Egalité des chances, corriger les inégalités existant par la
discrimination positive (parité). Selon l’état actuel de la jurisprudence administrative, le
principe d’égalité ne joue que pour les personnes dans des situations comparables et non pour
celles relevant de situations différentes. Le principe d'égalité est, de tous les principes
constitutionnels, celui qui est le plus souvent invoqué devant le Conseil constitutionnel. Il est
peu de saisines où le grief ne soit pas soulevé et il l'est assez souvent avec succès (confer sur
ce point la thèse de Ferdinand Mélin Soucramanien primée en 1997 par le Conseil
constitutionnel). A tout seigneur tout honneur : l'article 6 de la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789. Or cet article 6 dispose que "la loi doit être la même pour
tous", principe que le Conseil a néanmoins assoupli en admettant des modulations lorsque
celles-ci reposent sur des critères objectifs et rationnels au regard de l'objectif recherché par le
législateur et que cet objectif n'est lui-même ni contraire à la Constitution, ni entaché d'une
erreur manifeste d'appréciation; Le Préambule de la Constitution de 1946 qui ouvre les droits
sociaux sur une base universelle par exemple chacun a le devoir de travailler et le droit
d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail ou son emploi en raison de ses
origines, de ses opinions ou de ses croyances, les seules limitations admissibles des droits
économiques et sociaux touchant les étrangers en situation irrégulière. Il résulte de cette
multiplicité de sources textuelles que le principe d'égalité ne s'applique ni avec la même
intensité, ni selon les mêmes règles d'une matière à l'autre (citoyenneté, fiscalité, loi pénale,
séjour des étrangers, protection sociale etc.), ce qui rend difficile toute synthèse de la
jurisprudence en la matière. Une autre difficulté réside dans les contradictions apparues entre
la jurisprudence et la volonté politique, dont certaines ont été surmontées par une révision
constitutionnelle, ainsi pour la parité hommes femmes dans la vie politique par exemple.

II / Les arguments juridiques expliquant la pertinence et les limites de l’initiative du


personnel du centre hospitalier.

La question du service public, de son contenu et de ses modalités se pose aujourd’hui aussi
bien dans toute l’Union européenne que partout ailleurs dans le monde entier. Au Togo, le
service public n’est pas seulement une forme d’organisation. C’est une institution. Les entités
responsables du service public sont investies de missions qui excèdent largement celles de
prestataires de services. Elles ont une mission politique : consolider le lien social dans notre
pays. De cet impératif découlent les principes clés de notre service public dont celui de la
continuité du service dans le temps et dans l’espace national. Le droit de grève,
solennellement inscrit dans le Préambule de la Constitution de 1946, a toujours été difficile à
concilier avec ce principe, à tel point que la Troisième République Française l’interdisait aux
fonctionnaires. À l’inverse, les usagers d’aujourd’hui ne peuvent faire appliquer dans les faits
le principe de continuité du service public, pourtant lui aussi constitutionnel.
Dans le cas d’espèce, un préavis de grève en période d’urgence sanitaire semble saugrenu. En
effet, la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire est autorisée en cas de  catastrophe
sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population. Pour les
défenseurs des libertés collectives, les droits accordés aux agents publics ne peuvent être
limités ; pour les usagers du service public, l'activité doit fonctionner en continu. Il est alors
difficilement question de compromis. Même le droit a toutes les difficultés à résoudre le
conflit normatif qui oppose droit de grève et continuité du service public.
Pourtant, le débat relatif à la continuité des services publics en cas de grève des agents est
aujourd'hui susceptible de s'enrichir d'une perspective nouvelle avec l'émergence de la notion
de service essentiel. D'emblée, les deux concepts de  grève  et de  continuité  dans la notion du
service public, paraissent fondamentalement se contredire :

Théoriquement, ils sont même antinomiques, du fait que la grève évoque l'idée d'un arrêt,
d'une cessation collective temporaire du travail et, donc, du disfonctionnement temporaire du
service public ; tandis que la continuité renvoie au fonctionnement ininterrompu, continu du
service public, sans limitations autres que celles autorisées par des textes légaux ou
réglementaires à ce sujet, MIGNARD se demande comment l'on pourrait très bien assurer la
continuité du service public sans pour autant limiter le droit de grève ?

Il se dégage donc de ce contraste la difficulté à intégrer l'idée de grève dans le fonctionnement


du service public au titre de droit à exercer par les agents dudit service .en effet, en droit
social, la grève des travailleurs a pour but de faire pression sur l'employeur au sujet d'une
contestation d'ordre professionnel, visant à obtenir les meilleures conditions de travail et ce,
du fait qu'il s'agit d'une relation contractuelle liant les deux parties ;par contre, en droit de la
fonction publique, cette dernière ne reposant pas sur une base contractuelle, mais plutôt sur
celle purement réglementaire, il s'avère donc malaisé à évoquer la grève dans un service
public comme moyen d'obtenir la modification du règlement ou du statut.

Sur le plan pratique, par contre, l'on admet que grève  et  continuité  puissent se concilier et
cohabiter ensemble dans le fonctionnement d'un service public. En effet, par la possibilité
reconnue seulement à une fraction d'agents d'un service public -ceux liés à ce dernier par un
contrat de travail-, d'exercer limitativement et scrupuleusement la grève, il est donc
indubitable par ce fait même que l'on admet qu'un assouplissement soit apporté à la rigueur de
la continuité, principe fondamental et gage de l'intérêt général dans un service public, pour
transiger avec les exigences et les prérogatives les plus irréductibles du personnel dudit
service, aboutissant ainsi à la réglementation et à la limitation de la grève, droit à valeur
constitutionnelle: c'est en pratique la ratio legis du service minimum dans un service public.

En effet, l'organisation d'un service minimum lors de déclenchement d'une grève au sein d'un
service public, répond à plusieurs nécessités, notamment la plus fondamentale est la garantie
de l'intérêt général. Cette dernière notion, je l'appréhende plus simplement en termes d'un
ensemble de nécessités humaines de la communauté dont la satisfaction conditionne pourtant
l'accomplissement des destinées. Perçu de cette façon, l'intérêt général doit être aménagé,
entretenu et -somme toute- garanti, de manière à lui éviter, au moins dans la moindre mesure
du possible, tout quelconque gêne. Ainsi, l’appréciation de cette exigence sera différente dans
le cas du service public hospitalier et dans celui du service public de l’enseignement : dans le
premier cas continuité signifie permanence, alors que dans le second cas des interruptions
sont tout à la fois concevables et même nécessaires. En conséquence, fonctionner
continuellement n’est pas forcément fonctionner continûment ; tout dépend de la nature du
service. Ces considérations attestent du caractère fondamental de ce principe et expliquent que
ce dernier ait fait l’objet d’une consécration tant par le Conseil d’Etat que par le Conseil
constitutionnel : ainsi, il est un principe général du droit pour le premier (Conseil d’Etat, 13
juin 1980, Dame Bonjean), et un principe à valeur constitutionnelle pour le second (CC, 25
juillet 1979, Droit de grève à la radio et à la télévision).

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